15 août de l'an 7 d'obsidienne
22h30 – Palais d'Aldaria.

Cette journée d'été serait marquée d'une pierre blanche pour Orfraie. Elle se souvenait. Grâce à Aramis, elle se souvenait. Sa meilleure amie – elle le savait maintenant – lui avait rendu sa mémoire. Oh, c'était encore difficile à appréhender pour la vampiresse car il y avait des siècles de souvenirs à trier, à comprendre... Mais le plus important : Elle savait. Elle savait qui elle avait été. Elle savait qui était cette ancienne elle. Orfraie avait l'impression d'être face à la vie d'une autre – et cela était vrai – mais elle s'en fichait. Combien même elle avait l'impression de se souvenir d'une autre vie, elle savait qu'il s'agissait de la sienne. Toutefois, à ces souvenirs manquaient une chose : les sentiments. Si l'ancestrale se souvenait, elle ne pouvait appréhender les sentiments liés à ses souvenirs. Lorsque quelques heures plus tôt, Aramis avait cessé de chanter, Orfraie avait su qui elle avait été pour son ancienne elle sans pour autant ressentir tout l'amour qu'elle avait jadis éprouvé pour l'impératrice. Si cela était étrange, elle ferait avec et créerait de nouveaux souvenirs et de nouveaux sentiments. C'est pourquoi elle avait prit l'impératrice des Elfes dans ses bras et l'avait appelé « mon amie ». En souvenir du passé, un passé révolu, mais en gage d'une amitié sincère et forte à venir.

Par la suite, la Lame Écarlate s'était isolée toute la journée. Elle devait faire le tri. Dans un coin de son esprit, elle avait gardé – bien entendu – le contact avec Firindal. Celui-ci c'était rendu auprès d'Harthea pour lui parler. De quoi ? Le dragonnet avait réussi à rester mystérieusement secret.

Harthea… Ce nom raisonnait d'une bien étrange façon aux oreilles de l'ancienne princesse. A présent, elle pouvait appréhender leur relation dans toute sa complexité. Entre amour et amitié. Elle s'en rendait compte, alors qu'à l'époque elle n'avait même pas dû y faire attention. Leur rencontre à la Cour, comment elles étaient devenues amies. Comment, plus tard, elle était devenue la marraine de ses enfants puis comment elle s'en était occupés lors de l'exil des Elfes, lorsqu'elle avait guidé l'armée vers Sandur… Sandur… Les Elfes… Avec le retour de ses souvenirs, Orfraie se sentait … tristement seule. Elle avait été abandonné par son peuple, elle qui avait tout donné, tout sacrifié pour eux… jusqu'à sa vie. Elle qui avait décidé de renaître pour continuer le combat avait été reniée par les siens. Elle se sentait trahit … et se promit d'avoir une sérieuse discussion avec qui de droit. N'était- elle pas, après tout, la tante de l'Empereur et la meilleure amie de l'Impératrice ?

Lorsque la nuit fut tombée sur Aldaria, Orfraie quitta sa solitude. Elle rassura mentalement Firindal quant à ses intentions, puis prit la direction de l'aile attribuée aux Elfes. Après Aramis, c'était à Harthea qu'elle souhaitait parler. Voilà des jours et des jours qu'elles ne s'étaient pas croisées, mais Orfraie avait encore le goût de ses lèvres sur les siennes. A présent qu'elle se souvenait, l'ancienne princesse sentait une douce euphorie s’emparer d'elle. Elle voulait voir Harthea, elle voulait lui rendre son baiser, elle voulait la redécouvrir, elle voulait l'aimer comme elle le méritait. Elle qui lui avait tendu la main sans rien attendre, elle qui l'aimait malgré ce qu'elle était devenue.

Vêtue d'une tunique Elfique vert de jade – en raccord avec Firindal – et sa longue chevelure tressée de façon guerrière, Orfraie parcourait rapidement les couloirs du palais. Elle courrait presque et ne s'arrêtait aucunement devant les regards surprit des gens qu'elle croisait. Ce fut lorsqu'elle arriva en vue de l'aile des Elfes qu'elle ralentit l'allure… tout cela promettait d'être intéressant et c'est avec force qu'elle poussa les doubles portes qui donnaient sur l'aile attribuée au beau peuple.

Les portes s'ouvrirent avec fracas, dévoilant une vampire au regard brillant. Une dizaine de paires d'yeux se posèrent instantanément sur elle… suivit de biens des murmures. Elle les entendait tous parfaitement. Tous étaient étonnés de la voir, certain s'en réjouissait, d'autres au contraire la haïssaient pour ce qu'elle était venue. A tous, elle leur accorda un regard froid et distant, un regard qui en disait long sur ce qu'elle pensait. Il y avait une volée de marche. Orfraie la descendit doucement, le pas mesuré et le port altier, telle la princesse qu'elle avait été durant des siècles. Ils s'écartaient sur son passage tandis que la vampire humait discrètement l'air, à la recherche d'un parfum en particulier.

Il ne lui fallut que quelques secondes pour le trouver et suivre la piste, passant toujours devant plusieurs Elfes. Une nouvelle porte se dressait devant elle, une porte à demi ouverte. Sans plus attendre, Orfraie l'ouvrit.

Dans la pièce, il y avait plusieurs gardes – elle les reconnu à leurs armures – et certain visage lui était même familier. Tous les regards étaient de nouveau posés sur elle. Que ce soit les gardes et les courtisans présents dans cette nouvelle pièce ou ceux qui l'avaient suivit et qui se trouvaient derrière elle. Toutefois, Orfraie n'en avait rien à faire. Son regard bleu royal s'était posé sur une personne en particulier. Sur elle. Sur Harthea. Elle n'était qu'à quelques pas à peine…

« Je me souviens. » Fit-elle une première fois en commençant à avancer vers Harthea. « Je me souviens de tout. Je me souviens de notre rencontre à la Cour. Je me souviens de notre amitié. » Il ne restait que quelques pas… Orfraie s'était tut quelques instants et le silence s'était fait le plus complet. Encore quelques pas… puis … « Je me souviens. »

Et elle l'attira contre elle. La vampire passa une main autour de sa taille, l'autre venant se poser sur sa joue et elle plaqua ses lèvres sur les siennes. Elle se fichait des regards, elle se moquait de ce qu'ils diraient. Seule la femme dans ses bras comptait. Cette femme et tout ce qu'elle représentait.

Au moment où Orfraie attira la jeune femme contre elle, elle entendit les respirations des occupants de la pièce se retenir. Il était vrai qu’elle aurait pu tout aussi bien la mordre, aussi l’ancienne princesse comprenait leur peur. Toutefois ce furent ses lèvres qui se posèrent sur celle d’Harthea. Il y eut des intonations choquées dans son dos, mais également des murmures ravies. Sans nul doute, certain Elfes l’appréciant encore tandis que d’autre la détestait – voir la haïssait – pour ce qu’elle était devenue. Mais elle s’en moquait. Seule la femme dans ses bras comptait en cet instant.

Au début, l’Ancestrale sentit celle-ci se tendre, surprise au possible. Puis elle la sentit lui rendre son baiser avec douceur. Orfraie n’avait jamais était une fervente défenseur des effusions amoureuses en public. A dire vrai, elle n’aimait pas forcément cela car elle se sentait alors scruté… Mais en cet instant, cela lui plaisait assez, une fois n’étant pas coutume. En plus de surprendre Harthea et de lui montrer ce qu’elles pouvaient devenir, Orfraie fermait le clapé des Elfes tout autour. Et cela était divinement bon. Elle leur montrait qu’elle était capable d’avancer sans eux, contre eux s’il le fallait.
Lorsque l’ancienne princesse voulue libérer Harthea de ses lèvres et la laisser respirer, la Capitaine eu le surprise de sentir celle-ci revenir à la charge et prolonger leur baiser. Il n’en fallait pas plus à Orfraie, qui répondit avec douceur, le bout de ses doigts s’enfonçant dans la chevelure blonde.

Elles finirent toutefois par se séparer… mais elles restèrent très proches, dans leur bulle, totalement inconsciente de ce qui se passait autour d’elles. La main gauche de l’ancienne elfe, celle qui s’était perdue sur la taille d’Harthea, remonta vers son visage et la vampire le prit en coupe entre ses doigts délicieusement chauds. Orfraie sourit doucement aux mots de l’Elfe, dévoilant joyeusement ses crocs à qui voulait les voir… Elle s’en fichait, ils le savaient tous déjà.

« Je serais venue. Je te serais revenue. Je reviens toujours. Même la mort n’a pas réussi à me garder. » répondit simplement la vampire. Elle se hissa sur la pointe de ses pieds afin de poser un baiser sur le front d’Harthea, en un geste protecteur. Ensuite, Orfraie l’attira contre elle, venant nicher son visage dans son cou. Cela aurait pu être particulièrement dangereux, mais l’Elfe était immunisée à son venin et l’odeur de son sang n’évoquait donc pas un repas pour l’Ancestrale. Celle-ci respira donc son parfum, retenant l’émotion qui menaçait de la submerger. Elle ne tenait pas à verser une larme – même de joie – car cela n’avait rien de glamour. Les larmes de sang m’étaient souvent mal à l’aise.

Après quelques minutes, plongées dans le plus grand silence, l’Ancestrale et l’Elfe se séparèrent. Orfraie tourna alors son regard vers tout ceux qui se trouvaient là et avaient assisté à la scène. Ils avaient soit des mines réjouies – eux, elle les aimait déjà – soit des mines déconfites – eux l’amusaient – soit une expression de pure colère, voir de haine - à eux elle adressa un sourire amusait, un sourire qui dévoila une dentition particulièrement affûtée.

« Ne me regardez pas ainsi, tels des ahuris. Je suis toujours moi, avec quelques différences certes… Mais… toujours moi. » Elle laissa échappa un petit rire, ses doigts flirtant avec ceux d’Harthea. « Et vous savez que c’est tout à fait mon genre. » Ajouta l’ancienne princesse en passant un bras autour de la taille d’Harthea, s’attirant des regards encore plus colériques de la part de ceux qui, déjà, ne la toléraient plus.

On entendit alors quelque chose tomber, puis trois petits êtres vinrent s’accrocher aux jambes de la vampire. Celle-ci éclata tout simplement de rire en reconnaissant les enfants de la blonde, ses filleuls à elle. Lâchant la taille d’Harthea, elle mit un genoux à terre afin d’être à leur hauteur et les trois enfants, dont une humaine, vinrent l’enserrer. « Où étais-tu marraine ? » et « Comment vas tu ? » furent les mots qu’elle perçut. Lorsqu’ils se séparèrent de leur marraine, celle-ci put les regarder tour à tour avant de leur répondre. « Je… J’accomplissais mon devoir envers notre peuple. Mais les choses ne se sont pas déroulées… comme je l’espérais. Mais je vais bien. Très bien, même, maintenant que je vous ai retrouvé. » leur répondit Orfraie avec douceur, ses doigts venant décoiffer les cheveux de Claur avec tendresse. Par « retrouvé », la vampire voulait surtout dire « maintenant que je me souviens de vous »… Mais il aurait été long et compliqué de leur expliquer maintenant. Ces enfants, elle ressentait tout leur amour pour elle et même si elle-même n’arrivait pas à se remémorer les sentiments qu’elle avait eut pour eux… elle les aimait déjà.

Du coin de l’œil, Orfraie vit les courtisans se retirer, certain lui lançant un regard mauvais auxquels elle répondit par un haussement de sourcil dont elle avait le secret, l’air de dire « un problème ? ». Toutefois son attention fut vite accaparée par les enfant, à qui elle répondit. Un monde dont elle n’avait plus eu connaissance était en train de se reconstituer doucement autour de la vampire. Elle espérait que tout se passerait pour le mieux et qu’elle pourrait redécouvrir à son rythme toutes ces choses dont elle n’avait plus eu conscience pendant des mois.

De nouveaux mouvements dans son champ de vision firent lever la tête à Orfraie, qui croisa alors le regard du lieutenant d’Harthea. Elle le reconnu – cela était définitivement étrange ! - et lui sourit. Elle savait qu’il avait été un Rôdeur sous ses ordres et qu’il avait même était présent lorsqu’elle avait demandé à Lewyn de la mordre. La vampire se promit d’aller à sa rencontre lorsqu’elle en aurait le temps, elle lui devait bien cela.

Les enfants partis se coucher, Orfraie se retrouva seule avec Harthea. Un long frisson parcouru son dos alors que son esprit imaginait milles et unes façons de poursuivre cette soirée. Demain, elle aurait à parler avec ses filleuls, avec – probablement – les elfes… Mais ce soir, toute son attention était pour la magnifique femme qui se trouvait à côté d’elle et qui, avec douceur, lui prit la main. L’ancienne princesse suivit docilement la blonde jusqu’au canapé, où elle s’assit à ses côtés. Seules, elles avaient maintenant tout le temps de s’apprivoiser et de se découvrir. Autrefois seulement amies, il en serait désormais bien différent. Orfraie le voyait ainsi et Harthea également, elle l’avait prouvé à maintes reprises.

Les paroles de la Capitaine de la Garde Royale lui tirèrent un sourire triste. L’Ancestrale s’en voulait d’avoir ainsi fait peur à ses proches. Il était vrai qu’elle n’avait pas réellement pensé aux conséquences que sa transformation aurait sur eux juste avant de demander à Lewyn de la mordre. Toutefois, il n’était plus temps de ressasser cela. Ce qui était fait ne pouvait être changé.

« Ceci n’est pas un rêve. » répondit la vampire dans un murmure. Un léger sourire se dessina sur ses lèvres tandis qu’elle posait sa main sur la joue de la blonde. « Laisses moi te le prouver... » rajouta l’ancienne princesse tandis qu’elle comblait l’espace qu’il y avait entre elles.

La vampire lui offrait la plus belle des preuves afin qu’Harthea ne puisse plus douter. Et ce ne furent pas seulement leurs lèvres qui se rencontrèrent, mais leurs corps. Orfraie – agilement – vint tout simplement s’asseoir sur les genoux de sa belle, prenant son visage en coupe entre ses mains. Si le baiser fut d’abord doux et délicat, l’Ancestrale laissa bien vite sa fougue reprendre le dessus.

N’y avait-il pas meilleure preuve que celle-ci ? N’y avait-il pas plus parlant ? Orfraie se sentait particulièrement vivante en cet instant, alors qu’elle sentait Harthea lui répondre, les doigts de celle-ci partant à la découverte de son corps, encore par dessus le tissu de sa tunique. Orfraie s’offrait totalement, Harthea également. Elles se découvraient et se redécouvraient.

Du canapé, elles finirent dans le lit, les vêtements d’un côté et les draps de l’autre. Sous la lueur de la lune, elles n’étaient plus que deux corps liés, entrelacés et affamés. Si pour la blonde il s’agissait d’une première, ce n’était pas le cas d’Orfraie. Celle-ci prit donc naturellement les choses en main, initiant Harthea à un plaisir nouveau et au combien délicieux…


Plus tard dans la nuit, les deux amantes s’étaient allongés l’une à côté de l’autre, face à face. Harthea avait passé un bras autour de sa taille, possessive, et Orfraie s’était blottit contre elle. Elle respirait tranquillement son parfum, apaisée. La brûlure de sa gorge s’était envolée et ne reviendrait pas, car Harthea évoquait tous sauf un repas. Ou alors, pas ce genre de repas… Un sourire se dessina sur les lèvres d’Orfraie à cette pensée et celle-ci nicha son visage contre la poitrine de l’Elfe.

Toutefois, la voix d’Harthea vint briser cet instant, ramenant Orfraie à la réalité. Celle-ci ne bougea pas d’un pouce mais écoutait son amante avec attention. Elle non plus n’avait pas envie de quitter les bras de la blonde, ni même de la laisser repartir à Estëllin. La vampire sentait l’angoisse de sa douce et releva la tête afin de pouvoir l’observer. Sa main gauche vint se poser sur sa joue avec tendresse. Sa douce poursuivit et Orfraie l’écoutait, pensive. Quelque part, son esprit chercha du réconfort auprès de Firindal avant de revenir vers Harthea.

« L’avenir s’annonce compliqué pour nous. Je suis lucide, je sais que les Elfes ne m’accepteront pas à bras ouvert, du moins les plus conservateurs d’entre eux. Mais je ne peux pas leur en vouloir pour cela, ils ont tant souffert à cause des vampires... » L’immortelle vint poser le bout de son nez contre celui de l’Elfe, les yeux fermés. « Je suis forte. J’affronterais notre peuple s’il le faut car je veux qu’ils découvrent, qu’ils comprennent qu’il ne faut pas juger toutes une race pour les exactions d’une partie de celui-ci, même grande. J’ai l’espoir qu’ils se montrent un peu plus ouvert grâce à Firindal. Après tout, lui et moi sommes désormais les porteurs de la magie et, de ce fait, les gardiens de leurs vies. » L’Ancestrale effleura les lèvres de sa belle, ses doigts glissant le long de son dos. « Et vous serez là. Toi, Aerlinn, Claur et Priscillia. Les Rôdeurs, les Gardes Royaux. Et ma propre famille, je suppose... »

Orfraie était sereine. Elle se sentait si bien en cet instant. Elle sourit doucement en sentant Harthea la serrer un peu plus fort, elle même s’approchant au maximum du corps nu de l’Elfe, un bras autour de sa taille fine. La princesse des Ombres espérait avoir trouvé les mots pour rassurer son amante, ne souhaitant pas que celle-ci s’inquiète de trop.

Un sourire naquit donc sur ses lèvres lorsque la douce elfe lui répondit. Elle aimait sa façon de l’appeler « mon amour »mais plus que tout, elle aimait savoir qu’elle serait là. C’était un sentiment bien agréable que de savoir ne pas être seule face à toute une race. C’était également une véritable déclaration d’amour que lui fit Harthea, ce qui laissa Orfraie toute chose. Si son coeur avait pu encore battre, sans doute se serait-il emballé.
Concernant Firindal, la vampire avait des doutes. L’espoir de l’Elfe était louable, mais l’ancestrale sentait que sans lui les choses seraient bien différentes… Seul l’avenir leur dirait qui avait raison. Harthea parvint toutefois à tirer un léger rire à la vampire juste avant de se taire. Pauvres pissenlits.

La vampire n’eut toutefois pas l’occasion de répondre car des lèvres exigeantes se posèrent sur les siennes. Elle sentit les mains de l’Elfe descendre vers ses hanches, partant s’approprier de nouveau le corps de la vampire. Celle-ci sourit lorsque la blonde se détacha légèrement d’elle afin de reprendre son souffle. « Gourmande. » eut-elle tout juste le temps de dire…

Elles se redécouvrirent, Orfraie s’offrant totalement aux envies de sa douce. Elle se dévoilait totalement dans la plus grande simplicité, souhaitant qu’Harthea la connaisse toute entière. Elle ne lui cachait plus rien de ce qu’elle était devenue, de ce qu’elle avait été.


Plus tard dans la nuit, alors qu’Harthea somnolait dans les bras de l’immortelle, celle-ci surprit son regard à descendre vers sa jugulaire. La vampire fronça les sourcils alors qu’elle sentait une chaleur bien connue se rependre dans sa gorge, jusqu’à la brûler. C’était moins intense que d’ordinaire, mais Orfraie reconnue cette inconfortable chaleur : la soif. Elle devinait le sang palpiter dans l’artère qu’elle observer et – bien que l’odeur du sang d’Harthea ne lui disait rien – elle avait envie d’y plonger ses crocs.

La princesse des ombres se fit violence pour réprimer son instinct, récitant mentalement son mantra. Devant ce soudain changement, via le lien, Orfraie sentit Firindal s’agiter et commencer à lui envoyer des pensées réconfortantes et apaisantes. Cela lui fit du bien et lui permit de presque réprimer son envie, mais la vampire préféra jouer la carte de la sécurité… Alors, aussi doucement que possible, elle se sépara d’Harthea et quitta le lit. Nue, elle se dirigea vers la fenêtre des appartements d’où la lumière de la lune filtrait. Le regard au loin, sa main se posa instinctivement sur sa gorge, la massant sans que cela calme la gêne. Si elle n’arrivait pas à calmer sa soif – même si celle-ci était légère – elle devrait quitter les appartements de son amante pour aller se nourrir. Elle ne voulait pas prendre de risque.

En cet instant, qu’il était pénible d’être un vampire. Depuis sa transformation, Orfraie avait connu des hauts et des bas, parfois intenses, sans pour autant regretter son choix. Elle avait toujours compté avec la soif, prenant garde… Mais à cet instant précis, elle se détestait de ressentir pareil envie. Elle massait donc sa gorge tout en sachant que cela était inutile : ce geste n’avait jamais calmé sa soif et cela n’allait pas fonctionner maintenant.

Orfraie entendit Harthea bouger dans le lit. Elle comprit que la jeune femme la cherchait, elle qui avait promit de rester auprès d’elle. La vampire l’entendit se lever, entraînant le drap avec elle. Toutefois, la Princesse des Ombres ne bougea pas d’un pouce, continuant à fixer la ville qui s’étendait au pied du balcon. Elle ne bougea que lorsqu’Harthea vint l’enlacer par derrière, les mains sur ses hanches nues. Orfraie posa délicatement sa main gauche sur celle de sa douce, gardant l’autre au niveau de sa gorge, continuant à se masser.

Harthea fit alors quelque chose de totalement insensé. Elle fit couler son propre sang et le présenta à l’Ancestrale, dont le regard se porta immédiatement sur le liquide vermeille. Depuis sa transformation, Orfraie cette couleur magnifique. Ce rouge profond et brillant…Doucement, elle saisit le poignet de sa main droite – celle qui jusqu’alors se trouvait sur sa gorge – en l’approcha de son visage. L’odeur du sang de l’Elfe n’avait rien de vraiment appétissant, mais la curiosité de la vampire était grande. Quel goût pouvait-il avoir ?

L’Ancestrale écouta les mots de son amante d’une oreille, trop concentrée sur le liquide qui s’écoulait sous ses yeux. Harthea ne pouvait voir son visage car elle se trouvant dans son dos, mais si cela avait été le cas, elle se serait rendu compte de la forte attraction d’Orfraie pour le sang. Elle n’avait pas encore mordue, toutefois, ce qui représentait un exploit… Un exploit qu’elle ne poussa guère plus avant.

Harthea avait emmené son poignet devant la bouche d’Orfraie et celle-ci ne pu résister plus longtemps. Elle resserra légèrement sa prise sur le bras de son amante et posa ses lèvres sur la blessure. Un léger gémissement lui échappa lorsque le sang se mit à couler dans sa bouche. Le goût n’était pas terrible, c’était plutôt amer, mais cela eu tout de même le don d’apaiser sa soif. La vampire ramena son autre main vers le bras d’Harthea pour mieux le tenir et – n’y tenant plus – plongea doucement ses crocs dans la chairs offertes. Elle sentit Harthea tressaillir sous la douleur, mais l’Elfe ne se retira pas pour autant.

Les paupières closes, la vampire prit ce dont elle avait besoin. Donner ainsi son sang à une nouvelle née était suicidaire, mais par chance le sang immunisé des Elfes avait un goût peu fameux. C’est cela qui permit à Orfraie de s’arrêter et de retirer ses crocs. Elle garda toutefois le poignet entre ses doigts quelques instants, Harthea pouvant sentir le souffle de la vampire sur sa peau puis la blessure se refermer rapidement, ne laissant aucune marque. Elle relâcha alors le bras de son amante et demeura immobile, le regard lointain. Comment Harthea allait-elle réagir à présent ? Orfraie avait peur. Mais l’Elfe devait savoir à quoi s’attendre, totalement. Aussi, l’Ancestrale retira le collier qu’elle portait autour du cou. Aussitôt, sa peau redevint glacée et son odeur redevint celle d’un vampire. Elle ne se retourna pas, lui offrant toujours son dos nu et musclé.

« C’est ce que je suis. Es-tu certaine de vouloir cette vie la ? » Murmura Orfraie, peu assurée.

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Objet retiré :

Harthea était restée lorsque Orfraie l’avait mordu. Elle n’avait pas bougé, elle lui avait permit de boire son sang pour soulager sa soif. Elle l’avait même embrassé dans le cou, l’avait rassuré par ces gestes tendres.
Doucement, lorsque la vampire eut prit ce dont elle avait besoin, elle conduisit son amante jusqu’au lit. Perdre une telle quantité de sang aussi rapidement rendait faible, elle ne tenait donc pas à ce que Harthea se blesse en tombant, ou quoi que ce soit de ce genre la.

Orfraie ôta alors le collier qui maintenait l’illusion de la vie, se dévoilant sans artifices aux yeux de l’Elfe, attendant son jugement… Dire que la vampire ne le craignait pas était un mensonge. Si Harthea la repoussait à présent, la vampire ne savait pas comment elle réagirait. Mais quelque part, au fond de son coeur, elle se doutait, elle savait que l’Arwen ne l’abandonnerait pas. Pas maintenant et surtout… jamais.

L’Ancestrale vont s’asseoir à son tour lorsque l’Elfe commença à lui répondre. Elle ramena une partie du drap contre elle, dissimulant sa nudité. Elle ramena ensuite ses genoux contre sa poitrine et posa son menton dessus, écoutant attentivement.
Plus Harthea parlait, plus le sourire de la vampire se faisait grand, dévoilant sans gêne ses crocs de nouveaux immaculés. Par Dracos, j’aime cette femme… se dit-elle lorsque Harthea avoua l’aimer depuis toute petite. Il était vrai que les deux femmes avaient plusieurs siècles d’écarts.
Lorsque la blonde eut fini de parler, Orfraie sentit sa vue se brouiller et sa vision devenir étrangement rouge. Elle savait ce que cela annonçait : des larmes. Des larmes de sang. La vampire n’aimait pas pleurer car cela était assez effrayant pour un vampire, mais face à Harthea elle n’eut pas le coeur à lui cacher cette autre partie de ce qu’elle était devenue. Ce fut, toutefois, une unique larme de sang qui dévala sa joue, une larme que l’Ancestrale effaça bien vite.

« Je le veux. » fut les seuls mots que l’Immortelle prononça avant de se rapprocher d’Harthea. Elle la prit dans ses bras après les avoir débarrassé des draps et lui montra, par les gestes et le corps, l’étendu de ce qu’elle ressentait en cet instant. Le froid et le chaud réuni.

Le soleil se levait à peine lorsque Orfraie ouvrit les yeux. Elle n’avait pas vraiment dormit – elle ne dormait jamais – mais étais restée auprès d’Harthea le reste de la nuit, veillant sur son sommeil. l’Immortelle avait ainsi découvert qu’écouter la respiration lente et régulièrement de son amante avait la capacité de grandement l’apaiser. Cela la fit sourire, tandis qu’elle tournait son regard vers la jeune femme endormit. Orfraie avait remit son collier dans la nuit, ne souhaitant pas qu’Harthea attrape froid à son contact, mais cela ne l’empêcha pas de remonter les draps sur ses épaules tandis que la vampire prenait appui sur son coude afin de mieux l’observer, un doux sourire aux lèvres.

L’instant était… paisible. La vampire observait Harthea dormir, la trouvant particulièrement belle. Elle semblait si paisible, une main sur son bras comme pour s’assurer que Orfraie ne partirait pas comme une voleuse au levé du jour.

Un nouveau sourire naquit sur les lèvres de la belle nocturne lorsque celle-ci se rendit compte de ce que son lié préparait. Elle sentait sa faim et elle sentait qu’il approchait, bien décidé à ce que sa liée lui donne de quoi manger.
Firindal avait un grand appétit, lui qui se dépensait beaucoup et ne cessait de grandir jour après jour. Le dragonnet qu’Orfraie avait eut au creux de ses bras quelque semaines plus tôt avait déjà prit en taille et en poids, bien qu’il soit encore suffisamment petit et léger pour tenir sans problème sur les épaules de la vampire. Celle-ci, d’ailleurs, aimait beaucoup le porter ainsi, tout comme Firindal aimait se percher là haut.

Finalement, le dragonnet fit son entré sous le regard attendrit d’Orfraie. Qu’il était beau… Elle lui sourit et l’observa grimper sur le lit le plus doucement possible afin de ne pas réveiller la belle endormit. La Liée de Feu accueillie la présence de Firindal avec joie et lui envoya des vagues d’amour, lui transmettant par la même occasion le bonheur qu’elle ressentait maintenant qu’il était près d’elle. Alors, avec tendresse, elle vint longuement le caresser, attirant le jeune reptile contre sa peau. Ce n’était pas la première fois qu’il le voyait nue et cela lui importait peu. L’elfe n’était pas pudique et le concept de nudité était étranger au dragonnet.

# Oui, elle m’a accepté. # approuva mentalement la Liée en portant son regard sur la femme qui se trouvait à côté d’elle. Firindal pouvait ressentir tout l’amour qu’Orfraie portait à Harthea. Un amour puissant mais différent de celui qu’elle ressentait envers son Lié. Il s’agissait là de deux sentiments différentes, incomparables mais puissants.

Par la suite, un doux rire échappa à la vampire, qui porta un regard emplit d’amour à son lié. Qu’il était adorable… Orfraie sentait son coeur fondre en sa présence. Elle ne pouvait pas lui résister, il était si mignon. Avec tendresse, elle déposa un baiser sur son front écailleux, puis se tourna vers Harthea. # Laisses moi la réveiller, je ne tiens pas à partir comme une voleuse. # Dit-elle mentalement avant de porter son attention sur son amante.

Elle vint se caler contre elle et déposa un baiser sur son épaule, remontant lentement jusqu’à son cou. Orfraie sentit Firindal bouger et se placer face à Harthea, de tel sorte que lorsqu’elle ouvrirait les yeux ce serait le dragonnet qu’elle verrait en premier. La vampire approcha alors ses lèvres de son oreille et en mordilla le lobe avant de se mettre à chuchoter, ses doigts caresser son épaule dénudés. « Réveille toi, ma douce. J’ai un estomac sur pattes à nourrir...» rajouta Orfraie en souriant, lançant un regard amusé vers Firindal. « Et je souhaite officiellement te présenter ce dit estomac sur pattes. »

Orfraie sentait le bonheur de son Lié et souriait. Comment ne pas être heureuse en cet instant ? Sa demi-âme était là ainsi que la femme qui l'aimait. Et qu'elle aimait, cela elle l'avait comprit désormais. Un coup de foudre ? Ou les réminiscence de mon passé… songeait-elle. La vampiresse ne savait pas vraiment mais en cet instant cela lui importait peu.

Harthea se réveillait doucement et Orfraie trouvait celle-ci particulièrement mignonne avec ses yeux encore endormis. L'Arwen fini par tourner son visage vers elle, mais alors que l'immortelle allait poser un tendre baiser sur ses lèvres, la porte s'ouvrit violemment, laissant le passage libre à trois petites furies. La vampire eut à peine le temps de saisir le drap et de le remonter sur leurs corps nus que les enfants d'Harthea étaient montés sur le lit.

Aerlinn vint aussitôt se blottir contre elle et la vampire eut un temps d'arrêt, ne sachant comment réagir, avant de refermer doucement ses bras autour du corps de la jeune Elfe, l'attirant dans une douce étreinte… Le tout en maintenant le drap contre elle pour ne pas finir nue devant les enfants. En cet instant, la vampire était heureuse de ne plus être en mesure de rougir.

Le rire d'Harthea – que Orfraie trouva magnifique – l’entraîna à son tour et l'ancienne princesse rit de bon cœur. Via le lien, celle-ci était en mesure de sentir à quel point le jeune dragonnet était intrigué par les enfants.

« Je vous présente Firindal, mon Lié. » Dit-elle simplement. Son regard se posa tour à tour sur chacun des enfants puis sur le dragonnet. Elle lui dit alors, aussi bien de vive voix que mentalement. « Mon Jade, je te présente Aerlinn, Claur et Priscillia : les enfants d'Harthea et mes filleuls. » L'immortelle tenta alors d'expliquer à Firindalce qu'était un « filleul » via le lien, en transmettant l'idée de ce que c'était et de ce que cela voulait dire. « Soyez doux et gentils avec lui, d'accord ? Il est encore jeune. » Rajouta Orfraie en couvant le jeune dragon d'un regard emplit d'amour, amour qu'elle lui transmis par vague via leur lien. « Et si vous nous laissiez, votre mère et moi, nous préparer ? »

Ce réveil avait quelque chose d’irréel. Harthea, ses enfants, Firindal… Tout ce petit monde dans la même pièce, joyeux et aimants… Orfraie ne pouvait s’empêcher de sourire doucement. Elle prenait toutefois garde à ne pas dévoiler ses crocs aux enfants. Pour ce point, l’Ataliel souhaitait d’abord en discuter avec les mères des trois garnements.
A Claur, Orfraie offrit un clin d’œil, amusée par sa question posée de façon si innocente. Ce dernier lui offrit un grand sourire avant de quitter la chambre alors que Firindal se glissait entre elle pour sauter ensuite sur le dos. Un doux sourire naquit alors sur les lèvres charnues de l’immortelle, qui observa la petite troupe quitter enfin la chambre.

Désormais de nouveau seules, les deux amantes avaient encore un peu de temps pour elle. L’Ataliel sourit doucement à la remarque de la blonde. Elle aussi souhaitait ce genre de réveil tous les matins, bien que dans son cas elle ne dormait jamais. Dans œil gourmand, la princesse des ombres observa l’elfe s’étirait, celle-ci dévoilant son gêne ses courbes féminines. La vampire retira alors le drap qui les couvrait à peine et vint se glisser au-dessus de son amante, posant ses lèvres sur les siennes sans hésitation. « Temps que tu seras à Aldaria je serais là tous les matins. Nous… aviserons pour la suite. » Rajouta l’ancienne princesse en se glissant hors du lit, dévoilant à son tour ses courbes sans la moindre gêne, sa longue chevelure lie-de-vin flirtant avec le creux de ses reins. Pour la suite, lorsque les Elfes retourneraient à leur cité, Orfraie ne savait que faire. Elle se savait ne pas être la bienvenue là-bas… Il lui faudrait en parler plus longuement avec son amante et avec Aramis… En attendant, l’Ancestrale ne souhaitait pas donner de faux espoirs à la jeune Elfe.

La Capitaine des Lames récupéra sa tunique, abandonnée sur une chaise la veille au soir. Par chance, Orfraie n’était pas du genre à suer aussi ne se sentait-elle pas sale. Toutefois, elle prendrait le temps de se laver un peu plus tard, lorsque Harthea serait occupée à ses devoirs. L’Ataliel terminait de coiffer ses cheveux lorsqu’elle revint auprès de son amante. Celle-ci était vêtue et portait même son épée à la ceinture. La vampire vint passer un bras dans le creux de ses reins et l’attira contre elle, caressant sa joue de sa main libre avant de se pencher vers elle et de l’embrasser tendrement. Lorsqu’elles quitteraient l’intimité de cette chambre, Orfraie allait devoir se soumettre aux regards et potentielles remarques des siens… D’avance, elle en était fatiguée.

« Allons-y, ne les faisons pas trop attendre. » Dit-elle après avoir déposé un dernier baiser sur les lèvres d’Harthea. Elle prit alors sa main et c’est ensemble qu’elles quittèrent la chambre. À peine arrivée dans l’autre pièce, le regard d’Orfraie se posait sur l’Elfe présent qu’elle reconnut comme étant l’ami d’enfance d’Harthea. « Lómion, ravie de te voir. » fit-elle simplement, surprenant tous ceux qui n’étaient pas présent la veille. Elle qui n’était pas censé se rappeler de lui… L’homme sourit, mais haussa un sourcil en voyant leurs mains liées. Orfraie lui adressa un sourire franchement amusé, mais ne s’attarda pas davantage sur lui. En effet, son regard fut attiré sur la dame de compagnie d’Harthea qui avait un regard franchement hostile. La vampire haussa cette fois un sourcil inquisiteur, mais n’ouvrit pas la bouche. Le regard de l’immortelle s’attarda ensuite sur les quelques gardes présents. L’un d’eux les regarder avec un petit sourire que l’immortelle rendit alors qu’elle s’approcher de Firindal dont elle caressa tendrement les écailles. L’Ataliel était tendu et partagea ses craintes avec son lié, s’accroupissant devant la table où il se trouvait pour être à sa hauteur. « Tu ne manges rien, Marraine ? » Demanda innocemment Claur. Instinctivement, la vampiresse se tendit puis son regard passa d’Harthea aux gens présents dans la pièce. Sans surprise, l’ancienne princesse était le centre de l’attention. « Non. Je n’ai pas faim. » Répondit-elle simplement, un très léger trémolo dans sa voix.

« Ne m’appelez pas ainsi. Je ne le suis plus. » C’était contenté de répondre Orfraie à Lomion alors qu’elle rejoignait Firindal. Personne ne le lui avait confirmé – qu’elle n’était plus une princesse – mais cela coulait de source. Et puis, les nobles étaient bavards… et avec son ouïe, l’Ataliel pouvait aisément épier les conversations.

Suite à la remarque de Claur, Orfraie sentit tout le monde se tendre dans la pièce. S’attendaient-ils tous à ce que la vampiresse saute à la gorge de l’un d’entre eux ? C’était mal connaître l’Ataliel et sa force mentale. Elle refusait de leur faire ce … plaisir. De leur donner raison. Un léger soupir lui échappa tandis qu’elle continuait à caresser son Lié, souriant doucement. Sa présence l’apaisait et la rendait heureuse. Toutefois, une partie de son attention était tournée vers Harthea et Lomion, ces derniers s’entretenant à l’écart. Malheureusement pour eux, l’Ataliel avait l’ouïe suffisamment fine pour entendre le cœur d’Harthea se mettre à battre plus vite suite aux révélations de son frère d’âme. Ainsi, ses parents étaient ici ? Orfraie se souvenait des grandes lignes de cette histoire, les enfants d’Harthea l’ayant pris soin de la conter à son ancienne elle.

C’est alors que trois diplomates firent leur entrer. Orfraie se releva à aussitôt, fronçant les sourcils tandis que son regard – inquiet – se portait sur son amante. Elle avait noté le léger chancèlement d’Harthea et était prête à se porter à sa hauteur si le besoin s’en faisait sentir. Toutefois, les paroles acerbes d’un des diplomates mirent … Le feu aux poudres. En moins de temps qu’il ne fallut pour le dire, Harthea avait logée la pointe de son épée sous la gorge du malheureux, Firindal lui aussi prêt à se jeter sur lui, tous crocs et griffes dehors.
Les paroles de son amante la touchèrent, toutefois. Comme promit, Harthea la défendait, corps et âme… mais Orfraie ne voulait pas que sa douce s’attire des problèmes pour elle. Celle-ci lança donc un regard aux enfants – qui signifiait « silence et ne bougez pas. » puis s’approcha doucement de la Capitaine de le Garde. La vampire sentait tous les regards sur elle mais n’en avait que faire, toute son attention était posée sur la belle blonde dont elle percevait toute la tension. Ses muscles étaient clairement visibles sous sa peau et – plus que tout autre chose – son rythme cardiaque avait grimpé crescendo.

L’ancienne princesse jeta un regard glacial aux trois diplomates, mettant dans ce coup d’œil tout son dégout et sa haine pour eux. Elle vint ensuite récupérer Firindal, envoyant à ce dernier des ondes de calme et de sérénité tout en lui demandant de grimper sur ses épaules. Lorsqu’elle eut récupéré le petit dragon, l’Ataliel se plaça entre les diplomates et la lame de son amante. Le geste paru, par ailleurs, étonner tout le monde.

« Ne t’en prend pas à eux. Leur ignorance et leur imbécilité consiste déjà en une juste punition. » Commença doucement Orfraie, la voix calme et douce. Elle s’approcha, posant deux doigts sur le tranchant de la lame pour dévier celle-ci. L’Ataliel aurait pu utiliser son anneau d’élévation pour forcer Harthea à l’écouter et à lui donner son épée, mais la vampiresse sentait que l’Elfe l’écouterait, même sans cela. « Et ils devront vivre toute leur misérable existence avec cela. » Continua Orfraie, qui laissa ses doigts caresser le dos de la main d’Harthea. « N'oublie jamais ce que tu es, car le monde ne l'oubliera pas. Puise là ta force, ou tu t'en repentiras comme d'une faiblesse. Fais-t’en une armure, et nul ne pourra l'utiliser pour te blesser. » Récita alors Orfraie tout en saisissant délicatement l’épée, la retirant de la main de sa campagne. « Leurs mots ne me touche n’y ne me blesse. » poursuivit l'ancienne princesse, à demi sincère seulement… Toutefois, cela ne s’entendait pas…
Avec une infini douceur, la vampiresse posa enfin la paume de sa main sur la joue délicieusement chaude d’Harthea, la forçant doucement à la regarder dans les yeux. « Et je sais que tu es au-dessus de cela étalement. Ne laisse pas la colère prendre le pas sur ta raison. Les effets de celle-ci sont beaucoup plus graves que les causes. » Conclut Orfraie avec douceur, montrant une fois de plus qu'elle pouvait faire preuve d'un calme absolu... alors qu'elle avait simplement envie de planter ses crocs dans la gorge du diplomate.