Elle a toujours adoré les livres. La lecture, l’écriture et la connaissance a toujours fait partie intégrante de sa vie. Cherchant toujours à apprendre, à connaître, elle passait ses journées plongées dans les livres de son père. C’était lui qui lui avait tout appris, ancien précepteur de son ancien lieu de résidence. Quand il ne faisait pas assez beau pour lui permettre d’aller à l’extérieur, ou quand l’ouvrage était trop passionnant, elle restait à la maison, blottie dans des fauteuils, écoutant les bruits étouffés de l’extérieur. Quand elle n’avait plus rien à lire, où qu’elle voulait profiter de l’extérieur, de l’air frais ou chaud, des bruits, se sentir vivante, elle allait se promener à l’extérieur pari les marchands, les commerçants. Marchant un peu partout sans but précis, s’arrêtant souvent pour parler avec eux tous, elle apprenait beaucoup plus que l’on pouvait de prime d’abord y penser. Apprenant la gestuelle, la bonne communication, comment obtenir ce qu’elle voulait à force de persuasion subtile, ainsi apprit-elle les subtilités des commerçants, perçant à jour leurs secrets de bonne vente. Écoutant les histoires, elle prenait note avec naturel de la façon adéquate de raconter, de captiver son auditoire et bientôt, sa démarche, son assurance en prirent un coup et personne ne pouvait ne pas se retourner sur son passage. Sa grâce et l’assurance qu’elle dégageait étaient hypnotiques, donnant envie de la connaître, de s’en approcher, de devenir son amie.

1751. Léonie avait près de dix ans lorsque les Dragons revinrent. Réveillée au milieu de la nuit par un sentiment étrange au creux de sa poitrine, quelque chose qui sommeillait en elle, qui grondait, pulsait et vivait, elle ne comprit pas ce que cela était et se rendormit, la tête confuse. Les gens commençaient à parler de dragon et de magie. Il y avait aussi la Guerre avec les Vampires, mais Léonie était trop jeune et n’était pas du tout volontaire dans ce domaine. Simplement, elle glanait ici et là des informations pour se tenir au courant, rien de plus, rien de moins. 1754. (An 2) Âgée de 13 ans, elle commençait à aller un peu partout, à réellement glaner des informations. Mais elle était trop jeune pour réellement prendre part à ce conflit de politique.

1755. (An 3) Contraint de se déplacer, elle dû se réfugier ailleurs avec sa famille, son père peinant avec ses maigres ressources pour qu’ils ne manquent de rien, enfin, pour l’essentiel du moins. Ce n’est pas tous les jours facile mais elle a appris à survivre avec l’essentiel, mais ce n’était pas assez pour la jeune fille. À Caladon, elle chercha sans relâche, dans cette ville refuge, un travail pour aider son père désespérément. La vie devenait dure et elle ne supportait pas tant de voir son père ainsi épuisé après chaque journée. Trouvant de l’emploi auprès d’une commerçante du nom de Mellila, les deux devinrent rapidement amies et confidentes. Maintenant, elle pouvait être avec la Théocratie comme elle le voulait, maintenant elle pouvait s'afficher comme elle le voulait. Elle n'avait certes pas le choix, mais ça lui plaisait bien. Elle y était pour se tenir au courant, pour se dire qu’elle était d’un côté. Qu’elle prenait des informations ici et là chez les Protégés, pour le compte de la Théocratie, pour connaître les possibles issues de tout cela. Devenant une aide précieuse, la jeune fille, avec son air innocent et le fait que tous voulaient l’approcher, l’adorer, en firent rapidement une espionne précieuse, capable de récolter des tas d’informations, d’inciter les gens à parler sans qu’ils comprennent qu’elle glanait des informations. Personne n’avait effleuré l’idée qu’elle puisse ne pas être si innocente. Léonie était si calme, si polie et si douce ! La pureté même ! Mais hélas, les apparences sont parfois trompeuses. Elle ne quitta pas Mellila après la guerre, appréciant la compagnie de sa confidente et amie. Léonie devint sa commerçante la plus fidèle, la plus réputée et doucement, elle se faisait un nom. De plus, dans le Marché Noir, c’était bien, ça aidait, et en dehors, beaucoup plus facile de ne pas se faire prendre.

Puis la guerre se termina. Les journées se succédaient sans équivoque, sans anicroches. Tout semblait si paisible, mais pourtant rien ne l’était. Elle ne regrettait pas son choix de vie, mais parfois passer ses journées à lire et déambuler sans but dans son ancienne ville lui manquait, mais ce n’était que son arrivée dans le monde adulte, la guerre et toute la politique qui avait pris son innocence d’enfant. Elle rayonnait subtilement, comme une étoile éclaire notre chemin dans la nuit, nous laissant une impression de calme et de quiétude que personne n’osait troubler. Maintenant, le Marché Noir dissolu, fermé, elle restait avec Mellila comme commerçante et faisait désormais partie de la Guilde des Marchands.