- Fin Mai de l'an 5 de l’ère d'obsidienne

Après avoir quitté l'étendue aride des plaines de l'Est, Loren chevaucha en direction de l'immensité brûlante du désert d'Esfelia, menant derrière lui la monture qui transportait le corps inanimé de l'Alayien.

Ce dernier s'était probablement évanoui peu de temps avant qu'ils quittent le marais où lui et Christan avait procédé à son interrogatoire. Certes, ils avaient "légèrement" malmené leur captif afin de lui faire avouer les motifs de sa traîtrise, néanmoins, cela ne représentait qu'un juste châtiment pour les crimes commis durant ces trois dernières années.

Malgré tout, le vampire demeurait conscient qu'il devait ramener le transfuge vivant au Protectorat. Et étant donné la gravité de ses blessures, mieux valait lui administrer quelques soins et l'abreuver d'eau fraîche, sans quoi la chaleur caniculaire qui régnait dans le désert aurait raison de lui.

De plus, en pleine journée, l'étendue de sable fin se révélait un péril mortel pour les vampires, les elfes et les humains en raison de sa température torride et de l'éclat aveuglant du soleil.

Le jour était sur le point de se lever et les premières lueurs de l'aurore coloraient l'horizon de teintes éburnéennes. Dès lors, l'intendant jugea plus sage de s'arrêter et de s'abriter dans la fraîcheur d'une caverne, en attendant de reprendre la route à la faveur de la nuit.

Une fois à l'intérieur du refuge troglodyte, le nocturne déposa le corps ligoté et sans connaissance d'Alauwyr sur le sol. Puis, il lui lança un regard glacial: décidément, ce crétin semblait vraiment mal en point et le trimballer sans ménagement sur un destrier vampirique n'allait pas améliorer son état physique. Que du contraire. Par ailleurs, sa côte fêlée risquait de causer la perforation d'un organe interne si elle n'était pas maintenue en place à l'aide d'un bandage.

Le visage de son prisonnier arborait un teint blafard et ses traits tirés ne laissaient aucun doute quant à son état d'épuisement. Mais loin d'attendrir le vampire, cette constatation lui arracha un sourire amusé. Quel humain pitoyable, pensa t'il avant de lui murmurer à l'oreille d'une voix suave:

- Mon petit Alauwyr, ouvre grand tes petits yeux, il est temps de se réveiller. Puis il attendit quelques secondes une réaction de l'intéressé, en vain. Et constatant que l'homme demeurait inconscient, celui-ci poussa un soupir exaspéré:

- Bon, tu as fini de faire l'andouille ! Je n'ai pas que ça à faire que d'attendre que monsieur veuille bien arrêter de paresser ! dit-il en donnant une gifle sur la figure balafrée de l'alayien.

- Je dois te faire boire un peu d'eau fraîche et soigner ta maudite blessure, histoire d'éviter que tu ne meurs en cours de route. Cela serait tellement dommage que tu t'en tires à si bon compte.

Ayant terminé sa phrase, l'intendant déchira un long morceau de toile afin d'en faire des larges bandes destinées à confectionner le bandage du soldat. Ensuite, il alla chercher une gourde contenant de l'eau afin de l'abreuver avec le précieux liquide. Toutefois, cette réserve serait insuffisante pour tout leur voyage et ils devraient s'arrêter dans l'Oasis en cours de route afin de se réapprovisionner en eau potable.

La gifle fut largement plus efficace pour tirer Alauwyr de son inconscience qu'une voix faussement suave et mielleuse. L'humain eut du mal à revenir à lui malgré le coup apporté par Lören. Le vampire avait bien compris dans quel état il se retrouvait actuellement. Malgré tout, il réussit à se faire violence pour ouvrir les yeux et regarder un instant autour de lui ce qui l'entourait. A voir la pénombre et la température fraîche qui le faisait un peu frissonner, ils se trouvaient dans une caverne. Nul doute que c'était pour se protéger de l'impitoyable chaleur du désert.

Aux répliques de Lören, il garda le silence. De toute façon, avec ce vampire, le moindre mot qui sortirait de la bouche ne serait qu'un prétexte pour se faire encore humilier. De toute façon, Lören devait le maintenir en vie. A voir déjà en train de déchirer un long morceau de toile pour constituer des bandes, l'Alayien sut que Lören allait parer au soucis le plus urgent, à savoir bander sa poitrine pour sa côte brisée. Chose certaine fut que son ''tortionnaire'' ne prit pas de gants pour le bander. Alauwyr crut s'évanouir à nouveau quand les bandes se serrèrent autour. Puis Lören lui apporta une gourde où il put boire au goulot. L'eau lui apaisait une gorge déjà bien sèche. Il veilla à boire lentement pour d'une part ne pas s'étouffer et ne pas donner satisfaction au vampire. Car ce dernier se délectait de tout de toute manière. A penser à cela, la journée allait être atrocement longue.

[color=#660000]''Que je meure ou pas, dans les deux cas, tu ne pourras qu'être ravi...''/color]

Il serra les dents à son flanc qui l'élançait. Le bandage avait réveillé les douleurs et cela pulsait comme on tambourinerait ses côtes comme un tambour. Il espéra que cela passerait dans quelques heures. Et ce si Lören lui fichait la paix pour espérer dormir et récupérer un peu. Il n'avait pas besoin de se voir dans un miroir pour voir la fatigue qui marquait son visage. A la sentir lui suffisait. Chose certaine était qu'il n'avait guère récupérer en travers de la selle sur la première étape de leur voyage.

''Si tu désires tellement me maintenir en vie, permets moi au moins d'être vêtu plus décemment et de ne plus être en travers de selle...La fraîcheur de la nuit et être en travers de selle ne feront qu'effets négatifs...Aurais-tu oublié la supériorité des vampires sur les humains, celle que tu targuais tellement ? ''

Il grimaça intérieurement. S'il ne tendait pas une perche pour que Lören la rattrape et se délecte en lui rappelant avec plaisir que les vampires étaient supérieurs dans bien des domaines. Pour sûr qu'il allait être heureux. Avec leur fichue supériorité physique, ces suceurs de sang oubliaient la condition qui avait été la leur avant de devenir des morts marchants et buveurs de sang. Au point qu'ils en oubliaient celle des vivants qu'ils côtoyaient. Sur le coup, l'Alayien se demanda comment la dent longue allait parer à sa propre soif sanguine. Le mordre ? Non, il avait besoin de l'humain vivant. Il était possible que le vampire prenne sa dose en le saignant de temps à autre. Un moyen pour lui d'assouvir sa soif, mais s'il ne veillait pas à l'état d'Alauwyr. Un bien étrange dilemme que le guerrier chassa de son esprit. Ce n'était pas son soucis premier

Lorsque la gifle de Loren claqua sur le visage livide d'Alauwyr, y laissant une marque écarlate, celui-ci parut enfin revenir à lui. Ses paupières palpitèrent pendant un bref instant avant qu'il n'ouvre les yeux. Les prunelles sombres et ternes de l'Alayien trahissaient l'état d'intense fatigue dans lequel il se trouvait. Puis, l'homme balaya rapidement les lieux du regard avant de fixer l'intendant avec sa témérité habituelle.

Au lieu de répliquer avec insolence aux propos de l'intendant, le captif se mura, au contraire, dans un silence hostile. Loren le regarda froidement, se contentant d'afficher un léger sourire moqueur. Si cet imbécile préférait s'enfermer dans une attitude mutique et arrogante, grand-bien lui fasse mais l'essentiel était qu'il le ramène vivant à bon port. Et pour cela, le vampire devait le maintenir en vie et lui administrer des soins afin que sa blessure ne s'aggrave pas.

Sans ménagement, il s'empara des larges bandes de tissus et s'en servit pour bander fortement la poitrine du soldat et maintenir sa côte fêlée en place. Pendant que l'intendant effectuait cette pénible besogne, Alauwyr arbora une grimace de douleur ou de dégoût, peut-être les deux. De plus, ce dernier frissonna quand les mains glacées du vampire touchèrent sa peau tiède recouverte d'ecchymoses. Nul doute que ce "contact" physique avec une créature de l'ombre ne devait procurer aucun plaisir, voire même susciter chez l'Alayien une intense répulsion. Néanmoins, le nocturne trouvait par ce biais une nouvelle occasion d'humilier cet homme fier et empli de préjugés à l'égard de sa race. Tant mieux, cet avorton l'avait bien mérité. Ensuite, Loren approcha le goulot de la gourde des lèvres gercées de l'humain et ce dernier avala goulûment le précieux liquide.

En dépit de sa fatigue, Alauwyr trouva malgré tout le moyen de lancer une remarque acerbe au vampire.

- Certes, je te mentirai si je te disais que ta mort ne me procurerait aucune joie. Cependant, pour l'instant, ce n'est pas au programme mon "mignon" et tu vas devoir me supporter jusqu'à notre arrivée au Protectorat. Mais surtout cache ta joie, à te regarder tu sembles vraiment ravi de voyager en si agréable compagnie, ironisa Loren en fixant son prisonnier d'un air méprisant.

Celui-ci n'avait guère fière allure avec sa figure tuméfiée, son crâne entièrement glabre et ses yeux cernés de noir.

L'intendant sortit de son sac des vieux vêtements rapiécés qu'il avait emportés avec lui, en prévision du voyage. Il se doutait bien qu'étant donné les conditions climatiques extrêmes qui régnaient dans le désert, mieux valait prévoir le nécessaire.

Le vampire s'approcha d'Alauwyr et défit ses liens afin de lui permettre de s'habiller, tout en le surveillant du coin de l'œil. Toutefois, celui-ci doutait du fait que l'Alayien tente quoique ce soit, étant donné sa faiblesse physique et la dangerosité du désert. En effet, privé d'un guide, l'humain n'avait aucune chance de survivre s'il tentait de s'enfuir.

- Dépêche toi de t'habiller ! dit-il d'une voix autoritaire. Ce n'est pas le grand luxe mais c'est suffisant pour protéger ta misérable carcasse pendant notre voyage. Je t'autorise à monter en selle, néanmoins quand nous repartirons tu auras de nouveau les mains liées. Puis Loren regarda l'Alayien dans les yeux en le toisant de haut avant de continuer d'un ton narquois. La supériorité des vampires est incontestable, il n'y a qu'un idiot pour en douter. Mais je me souviens surtout que tu étais assez stupide pour me menacer avec ton épée à Caladon et que tu t'es pris récemment une belle raclée de ma part et de mon homme de main près de la frontière. C'est effectivement inoubliable.

Ayant terminé sa phrase, le vampire se rendit jusqu'à son destrier vampirique et sortit d'un sac un tonnelet à vin muni d'un petit robinet. Puis il remplit un gobelet d'un liquide écarlate tout en continuant à fixer Alauwyr de ses prunelles mordorées.

- Tu veux goûter ? fit-il en ricanant.


HRP: désolé pour ma réponse tardive, j'ai eu quelques petits problèmes avec mon ordinateur.

L'Alayien serra les lèvres pour se forcer à se taire. Il savait très bien que Lören aurait toujours une chose à redire pour le rabaisser. Le vampire s'était fixé de ''l'éduquer'' de toute façon. Autant prendre sur lui tout en se résignant à son sort actuel, même s'il était dans l'humiliation. Oh il aurait pu encore se rebiffer, une fois encore, mais pour récolter quoi au final ? Une nouvelle voie d'ennuis ? Il était déjà en piteux état et devait éviter d'en rajouter. Il n'avait pas fait tout ce périple pour s'éteindre stupidement sur le sable du désert.

Lören lui permit un semblant de liberté en lui tranchant les liens qui l'entravaient. Il ne se dispensait pas de le surveiller tout en le houspillant de se dépêcher. Ils avaient bien le temps, la journée n'était pas très avancée. Mais inutile d'approfondir les raisons de la voix autoritaire de Lören. Il savourerait chaque seconde, chaque moment pour asticoter l'humain, pour assurer sur lui une pression constante. Au moins, la petite amélioration pour son cas en plus des fripes que lui lança le vampire fut de pouvoir monter à cheval, même s'il allait en pâtir douloureusement. Les sévices du suceur de sang ne s'étaient pas encore faits oublié.

Après avoir massé ses poignets tourmentés et marqués par les solides entraves, il prit les habits rapiécés. Se vêtir fut un calvaire, en raison de ses côtes blessés. Malgré le bandage qui lui enserrait la poitrine, il dut procéder doucement, finissant par haleter à cause de la douleur qui lui labourait le flanc. Une fois qu'il eut terminé, le vampire se dirigea vers sa monture pour se servir auprès d'un tonnelet sorti de ses effets personnels. Un court moment d'inobservation de la part de Lören, qui pourrait être mis à profit par n'importe quel prisonnier désireux de retrouver la liberté à tout prix. Sauf qu'Alauwyr n'était pas un imbécile. Il savait très bien que ce ne serait que désespéré pour mieux crever dehors.

Il se contenta de trouver une position assez confortable pour s'asseoir adossé contre la paroi rocheuse de leur abri naturel. Avec un peu de chance, le vampire le laissera dormir quelques heures pour espérer récupérer un peu. Puis le vampire se retourna vers lui, ricanant après lui avoir proposé le contenu de son verre. Alauwyr grimaça de dégoût.

''Non.... et j'ai déjà bu. ''

Il garda le silence tout en évitant de croiser le regard du vampire. Il revient sur le sujet que Lören s'était plu à lui rappeler avec une certaine gaieté.

''Tu m'aurais fichu la paix avec cette elfe, je n'aurai pas eu à sortir ma lame. De toute façon, pour ce que cela change... Cela ne modifiera rien sur l'instant présent. ''

Il se replongea dans le silence, croisant les bras contre sa poitrine tout en serrant les dents. Même un geste aussi simple était atroce à supporter. Dire qu'à cheval, même en selle, ce ne sera guère mieux. Il retint de demander à son ''tortionnaire'' pour combien de temps ils en avaient encore de voyage. Ce ne serait que tendre une perche à Lören pour entendre de nouveaux sarcasmes à son égard. Donc autant limiter comme il le pouvait, même si c'était là quasi une mission impossible.

Doucement, il se cala contre le mur, se recroquevillant un peu plus. Pour essayer de dormir, il devait essayer de pas avoir trop froid. Tâche rude vu que la fatigue le faisait aussi frissonner. Sans demander un quelconque avis à Lören, il ferma les yeux pour espérer s'endormir et se reposer un peu.

Loren gardait ses prunelles mordorées rivées sur l'Alayien, guettant la moindre de ses réactions; cependant, ce dernier ne desserrait pas les lèvres malgré la lueur mauvaise qui luisait dans son regard sombre. Il préférait certainement s'éviter une flopée d'ennui ou manifester son hostilité en s'enfermant dans un silence méprisant.

Pour un peu, le vampire en venait presque à regretter les cinglantes répliques de son prisonnier, au moins, celles-ci avaient le mérite de le distraire. A présent, un calme glacial régnait dans la caverne pendant qu'Alauwyr tentait tant que bien que mal de se vêtir avec les vêtements rapiécés et grossiers que lui avait donné l'intendant. Ce dernier le surveillait du coin de l'œil, bien que cette précaution soit inutile dans la mesure où le soldat captif ne possédait aucune échappatoire. Sortir de cette grotte et fuir à travers la fournaise du désert signifiant à coup sûr la mort et l'humain le savait.

Toutefois, le nocturne ne parvenait pas à se départir totalement de sa méfiance à son égard. Après tout, deux précautions valait mieux qu'une. Pendant qu'Alauwyr se déshabillait, le vampire remarqua les marques violacées des multiples ecchymoses qu'il avait sur une grande partie du corps. Lui et Christan n'y étaient pas aller de main morte et il faudrait sans doute le conduire à la caverne des blessés, dès leur arrivée au Protectorat, afin de soigner ses plaies.

Alauwyr serrait les dents, mais son visage grimaçant ne laissait aucun doute sur les souffrances qu'il enduraient rien qu'en enfilant les vieux habits. Une fois, sa séance d'habillage terminée, le captif Alayien s'adossa contre la muraille pierreuse de leur abri troglodyte, pour se reposer avant qu'ils ne reprennent la route vers leur destination. Et lorsque Loren lui proposa de partager sa boisson, celui-ci refusa sèchement, ce qui n'était guère étonnant étant donné le breuvage en question. Pourtant, le vampire aurait trouvé amusant de voir un humain boire un verre de sang en sa compagnie. En effet, depuis qu'il avait rejoint le camp des protégée, ce dernier se nourrissait de sang issu de dons volontaires, mettant ainsi sa fierté de prédateur de côté. C'était le seul moyen de coexister pacifiquement avec les autres races du Protectorat et de respecter les lois édictées par les esprits. Néanmoins, ce nouveau "régime" alimentaire lui demandait une volonté de fer pour restreindre ses pulsions meurtrières, même s'il était suffisant pour le nourrir.

Puis Alauwyr garda le silence un instant, évitant de croiser le regard du vampire, avant d'ajouter d'un ton cinglant que Loren l'avait poussé à dégainer son arme en lui posant des questions sur l'elfe:

Le vampire arbora un sourire en coin, en ricanant, avant d'ajouter d'un ton moqueur:

- Tu n'avais qu'à répondre à mes questions au lieu de faire "l'imbécile". N'importe quel autre soldat humain se trouvant à ta place m'aurait obéi sans broncher, avant de déguerpir sans demander son reste. En Théocratie, les humains craignent les vampires et se soumettent à leur volonté, mais toi tu te crois plus malin que les autres. Regarde où ça t'a mené. Tu es le seul artisan de ton propre malheur avec ta grande gueule et ta maudite fierté. Si tu t'étais soumis à moi de ton plein gré ce jour là, tu n'aurais pas dû endurer tous ces coups et cette humiliation que tu vis à présent.

Alauwyr croisa les bras sur sa poitrine en grimaçant de douleur, puis s'adossa contre la paroi de la grotte, recroquevillé dans l'espoir de trouver une position confortable, avant de fermer les yeux afin de somnoler un peu.

Loren haussa les épaules et décida de marcher un peu, à pas feutrés, à l'intérieur dans un des couloirs de la caverne qui était relativement profonde. Les vampires ne dormaient jamais et il restait encore plusieurs heures à tuer avant la tombée de la nuit. A présent, il ne craignait plus que son prisonnier tente de fuir car celui-ci était en trop piteux état et semblait résigné à le suivre, même de mauvaise grâce, jusqu'au Protectorat.

Tout d'un coup, le nocturne eut un mauvais pressentiment et revint au milieu de la caverne, à l'endroit où se trouvait les chevaux et le soldat. Ce dernier se trouvait toujours à la même place, en train de dormir, mais la forme sombre et serpentine d'un reptile glissait autour des chevilles de l'Alayien.

Cette espèce de serpent était connue pour la dangerosité de son venin, mortel en à peine quelques heures en cas de morsure. Pour l'instant, Alauwyr demeurait assoupi mais il pouvait se réveiller à tout moment, effrayer l'animal en faisant un mouvement brusque et récolter une belle morsure sur ses chevilles. Et si Loren s'approchait pour se saisir du reptile, sans prendre d'infinies précautions, l'issue serait certainement la même et fatale pour l'humain. A présent, le serpent s'était enroulé autour des chevilles du prisonnier et sa tête triangulaire montait le long de son mollet.

L'Alayien épuisé avait réussi à trouver un sommeil profond malgré l'inconfort de leur abri. Il ne sentit donc pas immédiatement la venue du froid reptile. Même quand ce dernier entreprit de monter le long de son mollet après s'être enroulé autour de ses chevilles. Lentement et sûrement, le dangereux serpent rampa le long de cette peau qu'il trouva délicieusement chaude comme il fallait. Cette espèce vivait dans le désert, mais sous le soleil implacable, pour éviter de sécher sous les rayons mortels, il trouvait refuge soit sous le sable, soit dans des recoins rocheux, comme cette caverne. Animal à sang froid, il appréciait toujours le contact d'une douce chaleur et celle du prisonnier du vampire n'avait pu que l'attirer.

Malgré tout, le contact glissant et froid qui remontait le long de sa jambe ne put que tirer de sa torpeur l'endormi. L'esprit embrumé, Alauwyr ne chercha pas immédiatement à savoir ce qui se tramait. Seulement quand il sentit le passage froid d'une chose remuante. Là, il crut encore à un sale tour de Lören, retenant à peine une grimace dégoûtée... qu'il perdit vite quand il aperçut le vampire à quelques pas de lui, tirant une étrange tête, comme si quelque chose n'allait pas.

Malgré son état, Alauwyr prit la précaution de ne pas bouger. Si cela était un tour de son ''tortionnaire'', il devait d'abord l'identifier. Chose rude déjà d'avance si cela s'avérait être une immondice magique. Il déchanta vite quand il sentit la petite chose remuer. Elle était désormais sur le haut de son mollet. L'Alayien baissa juste le regard pour entre-apercevoir un bout de queue écailleuse et effilée. Il manqua de se crisper quand il comprit que c'était un serpent et non un tour malsain de la part de ce fichu vampire. Nul besoin de se demander si celui-là était venimeux. Dans le désert, dans la rude loi de manger ou de se faire manger, le venin était une des armes les plus communes dans cet univers de dune et de grains de sable. Quelle poisse !

Ne pas bouger n'était plus que l'unique solution, tout en attendant que le reptile sans patte daigne se retirer. Mais à savoir quand il se sauverait, là était la question. Donc ne pas faire le moindre geste. Pourtant, dans un sens, il serait si facile de remuer la jambe pour provoquer le serpent pour que celui-ci le morde et que tout cesse. Une idée des plus absurdes que rejeta immédiatement l'épéiste. Sa lourde fatigue lui imposait un tel déraisonnement qu'il refusait une telle fin. Pire que la lâcheté ! Il pourrait tenter d'attraper vivement l'écailleux problème pour le jeter au loin, mais il n'était pas certain de la promptitude de ses propres gestes. Attendre était l'unique solution, sauf si Lewyn prenait l'audace d'intervenir.

Si le vampire entreprenait de ne rien faire, Alauwyr était prêt à attendre le temps qu'il faudra... Peut-être qu'avec l'arrivée de la nuit, le serpent décidera de partir. L'Alayien était capable de sang-froid, mais cela ne lui empêchera pas quelques gouttes de sueur le long de ses tempes. Déjà que sa situation était déjà bien précaire à la base, mais là, il gagnerait le pompon.

Le coeur battant sa tension grandissante, il essaya de ne pas penser à la présence du vampire et encore moins au froid reptile. Un frémissement lui apprit que le reptile remua et qui redescendait doucement vers le sol. Sans remuer, sentant les battements de son coeur à ses temps, l'humain guettait le déplacement du lézard comme il put, rien qu'avec les yeux. tranquillement, le serpent rechercha le contact du sol et sa tête triangulaire apparut enfin, sa langue bifide sortant à un rythme régulier pour sentir l'air. Puis l'animal stoppa, se redressant. Il avait fini par sentir la tension de son porteur. Ce fut suffisant pour que la main crispée de l'Alayien l'attrape pour le jeter au loin. L'instant s'était montré critique et le serpent vola dans les airs tout en sifflant de protestation, avant d'atterrir à quelques mètres de l'humain.

Alauwyr sentit sa respiration devenir rapide, comprenant qu'il s'était presque retenu de respirer pendant que le saurien sans patte après pris du bon temps sur son mollet. Sale bête ! Quelle poisse ! Ce sera quoi la prochaine fois ? Déjà il guettait les moqueries de Lören. Nul doute que celui là en aura encore bien profité. et avec tout cela, son envie de se reposer s'était étiolé...

Tandis que le reptile sombre continuait sa lente ascension le long du mollet dénudé de l'Alayien, celui-ci émergea des méandres de son sommeil. Il jeta un regard étonné et légèrement hargneux au vampire, soupçonnant une nouvelle fourberie de la part de son tortionnaire. Cependant, lorsque le soldat captif scruta le visage préoccupé de ce dernier, il comprit qu'il n'était guère à l'origine de la menace qui planait sur lui. Fort heureusement, l'humain n'eut pas l'imprudence de faire un mouvement brusque ou de se lever précipitamment. Gardant son sang-froid et la parfaite maîtrise de lui-même, celui-ci baissa lentement les yeux afin d' identifier la chose glacée qui se tortillait contre sa jambe. C'est alors qu'il aperçut le reptile, à la langue fourchue, qui semblait attiré par la douce chaleur de son corps.

Retenant son souffle, il décida de demeurer parfaitement immobile, espérant que l'animal venimeux se désintéresserait de lui et qu'il échapperait à une morsure mortelle. Pendant, ce temps là, Loren continuait à fixer la scène avec attention, évaluant de quelle manière il pourrait intervenir et s'emparer de l'écailleux sans mettre les jours d'Alauwyr en danger. Pour l'instant, ce dernier avait adopté la solution la plus avisée, qui consistait à garder son calme et une immobilité presque totale. Peut-être valait-il mieux attendre un peu avant de tenter d'éloigner le serpent de sa proie. A ce stade, la moindre erreur pouvait se révéler fatale à l'épéiste et l'intendant ne désirait courir aucun risque. Non pas que celui-ci se préoccupa de l'Alayien, outre mesure, cependant il préférait le ramener sain et sauf au Protectorat, comme convenu avec le commandant Christan Weren.

Alauwyr restait figé, telle une statue de pierre, mais des gouttes de sueur perlèrent le long de son front blême. Et Loren put percevoir l'accélération des battements de son cœur dans sa poitrine et son extrême tension nerveuse. L'humain avait peur, cela ne faisait aucun doute, mais en dépit de cela, il semblait décidé à garder son sang-froid.

Au bout de quelques instants, le reptile commença à descendre, faisant serpenter son corps noir et visqueux le long de la chair tiède de l'Alayien. Quand l'écailleux fut au niveau du sol, Alauwyr en profita pour se baisser, l'attraper et le jeter aussi loin que possible de lui. L'animal fit un vol plané et atterrit à quelques mètres du prisonnier. Prompt à régir, avec la rapidité qui caractérisait les vampires, Loren s'élança sur la créature reptilienne et broya sa tête triangulaire avec le talon de sa botte.

Puis, après avoir ramassé le serpent mort, il se tourna vers l'épéiste et lui lança le cadavre de l'animal afin que celui-ci le rattrape.

- Décidément, tu as un véritable don pour t'attirer des ennuis ! Ma parole, je n'ai jamais rencontré un tel poissard de toute mon existence, et Dracos sait qu'elle est longue par rapport à celle d'un humain, dit-il en riant. Je crois que je ferais mieux de rester près de toi afin de monter la garde pendant que tu dors. Le peu de temps que je me suis tenu éloigné de toi a suffi à attirer un serpent venimeux, prêt à te mordre le mollet. En plus, si tel avait été le cas, il aurait été délicat pour moi d'essayer de te sauver en aspirant le venin...sauf si tu tenais à être transformé en l'un des miens.

Ensuite le vampire s'avança dans sa direction et scruta le visage blafard de son prisonnier avant de poser sa main glacée sur son front encore ruisselant de sueur.

- Tu es tout pâlichon et ton front est moite. Tu as encore de la fièvre ? Tu m'as l'air bien fragile pour un combattant soi disant aguerri. Le protectorat se trouve à une distance d'environ quatre ou cinq jours d'ici. Et en chemin, nous nous arrêterons dans l'Oasis qui se trouve au milieu du désert afin de refaire des provisions d'eau pour que tu puisses te désaltérer et voir s'il y a là bas des aliments tels que des fruits ou d'autres choses comestibles pour un humain.

Puis Loren ajouta d'un ton froid en regardant l'Alayien droit dans les yeux:

- Mais ne crois pas que je fais cela car je me souci de ton "bien-être", au contraire, il est plus amusant pour moi de te garder en vie et de te voir subir le juste châtiment de tes crimes plutôt que de te voir périr "bêtement" de faim ou d'épuisement. De plus, il te reste encore à apprendre l'humilité qui te fais cruellement défaut pour l'instant.

L'Alayien rattrapa bien la carcasse encore souple du reptile, le tenant toujours d'une main tremblante. Il le regarda un instant avant de le jeter avec dégoût un peu plus loin. Bien que son estomac désirait avoir quelque chose de solide, il ne pouvait se résoudre à manger une bestiole venimeuse sans la connaître. Qui sait si Lören ne lui écrasant sa tête avec sa botte n'avait pas permis l'épanchement du venin de l'animal rampant dans ses chairs. Autant avoir faim un jour de plus que de s'empoisonner pour mourir lentement mais sûrement et à entendre Lören qui aurait pu tenter de le sauver par la simple transformation en vampire... Il chassa cette pensée immonde.

Il se retint de faire un mouvement de recul à l'approche très proche de Lören, qui le scruta avant de poser sa main aussi froide que celle d'un cadavre sur son front. Ses mâchoires se crispèrent à ce contact. Il ne pouvait le fuir. De toute manière, cela aurait été une perte de temps. Puis il attendit en silence que le vampire eut fini de faire sa petite tirade rabaissante.

''Il y a une grande différence entre maintenir un être vivant en vie et à se soucier de son bien-être. Si je te portais tellement malheur, tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même. Tu t'es montré volontaire pour me retrouver et me ramener auprès de Christan, pour te proposer après de me ramener au Protectorat''

Il se tut rapidement, autant pour prendre le temps de reprendre un semblant de souffle que pour ruminer ce qu'il venait de balancer à Lören. L'humilité qu'attendait le dent-longue était très loin. Il resongea à la fièvre possible que Lören avait prétendument senti. Blême, oh oui il devait l'être. Il n'avait pas besoin de refaire une analyse pour considérer être en pleine forme. C'était le contraire. Après pour la fièvre. Peut-être qu'il en avait. Manquerait plus qu'elle prenne de l'ampleur, ce serait bien sa veine.

''Avant que tu ne me tombes dessus, toi et ton acolytes, j'avais déjà des jours derrière moi de privation. Aguerri oui, pour avoir réussi à ne pas me faire prendre par les théocrates, le temps d'espérer passer la frontière avant de me constituer prisonnier. Mais même un vivant aguerri ne peut échapper à sa propre nature d'être vivant. Un vivant a besoin de dormir, boire et manger. Il ne possède pas une constitution surnaturelle. Ce n'est pas une lampée de sang qui suffira à récupérer comme de rien n'était...''

Un reproche ? Loin de là. Juste une parole emplie de vérité.

''Si j'étais aussi fragile que tu le penses, j'aurai peut-être préféré me donner la mort en tentant une fuite impossible dans le désert, où à paniquer au premier instant que j'aurai senti ce serpent sur moi. Fragile rime avec faiblesse et bien que j'en même pas large face à toi, je tiens à rester en vie... Même si pour l'instant, c'est rude''

Admettre ça le faisait grincer des dents. Manquerait plus qu'il demande merci au vampire de lui avoir épargné la présence du serpent venimeux tiens. Il se surprit à fermer les yeux en songeant qu'il y avait encore au maximum cinq jours de voyage. Un temps bien long à bien y regarder. Plus long qu'il sera douloureusement contraignant. Voyager à cheval avec une côte cassée n'était guère l'idéal mais il n'avait pas le choix... Et si la malchance se rajoutait à ça.... Se reposer et récupérer de ses forces déclinantes serait la meilleure des solutions. A songer à cela, il sentit d'ailleurs le sommeil déjà le regagner. Lutter ne servirait à rien que de lui apporter les effets contraires à ce qu'il avait besoin.

''Si tu ne veux pas me voir périr... que je dorme...''

On peut dire qu'il s'y engouffra rapidement. En même temps, après avoir sapé ses dernières forces, que pouvait-il faire d'autres...

Quand il réussira à se réveiller, ce sera pour constater qu'il sera déjà en selle, les mains attachées au pommeau de la selle de sa monture, comme Lören l'avait prévenu à ce sujet là. Comme s'il risquait encore de talonner son cheval pour prendre la fuite... Au moins, le seul avantage avait été qu'il était resté en selle. Il n'aura pas besoin de lever les yeux pour voir que la nuit était encore bien sombre. Sans doute étaient-ils à la seconde moitié de celle-ci. Il se contentera de grimacer à cause de ses muscles endoloris par sa posture avachi et son flanc blessé. Hors de question de gémir à cause de cela.

Dans quelques heures tout au plus, l'aube se lèvera à nouveau pour laisser place encore, au soleil implacable.

[HRP : j'ai fait un poil une avancée temporelle :p Si jamais cela ne te convient pas, préviens moi que je change...]

Au moment où le vampire lança le cadavre du reptile en direction de l'Alayien, ce dernier l'attrapa au vol et fixa l'animal un bref instant avant de le jeter au loin d'un air dégoutté. L'expression de répulsion qui s'affichait sur le visage livide de son captif ne manqua pas d'amuser Loren. Décidément, cet Alauwyr ne finissait pas de l'amuser par son comportement empli d'entêtement et son effronterie.

Celui-ci n'avait pas daigné utiliser la chair du serpent pour se sustenter malgré la faim dévorante qui devait lui tenailler les entrailles. Cela faisait plusieurs jours que le soldat n'avait rien avaler comme nourriture solide et ses traits fatigués et les cernes bistres qui s'étiraient sous ses yeux sombres témoignait de sa faiblesse physique. Du reste, ses côtes commençaient à saillir sous sa peau marquée par la teinte violacée des ecchymoses.

Lorsque Loren s'approcha de son prisonnier et déposa la paume de sa main glacée sur son front blême, l'homme ne put s'empêcher de frissonner et son visage se crispa; sans doute de peur ou de dégoût, pensa le vampire.

Néanmoins, l'épéiste, sans perdre sa fouge et sa verve habituelle, s'empressa de répliquer de manière cinglante à la tirade de Loren.

Le nocturne le regarda droit dans les yeux avant d'esquisser un sourire moqueur:

- Sache que pour un prédateur tel qu'un vampire, garder un humain en vie est déjà un privilège en soi. Tu ne voudrais pas non plus que je te chante une jolie berceuse pour t'endormir tant qu'à faire ? Quant au fait que tu me portes malheur, il n'en est rien, c'est plutôt toi le malchanceux de nous deux et je n'allais pas perdre une occasion de m'amuser avec toi car malgré ton caractère de cochon tu constitue un divertissement agréable. Certes, tu ne possède pas la beauté et les charmes d'une belle fille de joie et tu n'as pas ce qu'il faut pour m'attirer mais j'ai rarement rencontré un humain tel que toi.

Loren haussa les épaules lorsque Alauwyr lui rappela la triste condition humaine; hélas, le bougre disait vrai, ces créatures étaient à la fois faibles et éphémères:

- Et j'imagine que c'est ta stupide fierté qui t'empêche de te repaître de la chair de ce reptile. Cela dit, je ne suis pas certain qu'il soit comestible mais tu comprendras aisément qu'on ne trouve pas facilement de nourriture dans ce désert. Il te faudra probablement patienter jusqu'à notre arrivée dans l'oasis.

La dernière réplique du prisonnier Alayien ne manqua pas d'intriguer et d'amuser Loren:

- Vraiment ? Tu tiens donc à ta misérable carcasse, pourquoi donc ? Tu n'es qu'un misérable humain et peut-être que personne ne déplorerait ta mort ? Possèdes tu seulement une femme ou un seul ami qui s'en inquiéterait ? Quant à Christan, crois moi après ta trahison tu ne représente qu'un vulgaire déchet à ses yeux. Si autrefois, il était l'un de tes proches et te faisait entièrement confiance, considère que ce n'est plus le cas désormais.

Ensuite, le nocturne ne put s'empêcher de regarder Alauwyr froidement, plongeant son regard mordoré dans les yeux foncés du soldat.

- Même dans cet immense désert, je me serais arrangé pour retrouver ta trace. Et si tu pensais "m'échapper" en te donnant la mort grâce à la morsure de ce serpent. J'aurai contré l'effet de ce poison grâce à une autre forme de poison, du venin vampirique, et tu serais devenu l'un des miens, condamner à errer pour l'éternité et perdant jusqu'au dernier des souvenirs de cette existence humaine que tu sembles chérir tant. D'ailleurs, je serai curieux de savoir si même transformé en vampire, tu garderais ton fichu caractère et ton incroyable arrogance.

Puis l'intendant répondit d'une voix calme et doucereuse:

- Toutefois, cela me fait très plaisir de voir que tu as fini par admettre que tu n'as aucune chance d'avoir le dessus sur moi. Je suis ravi de te l'entendre dire et de voir que mes leçons commencent à porter leurs fruits. Tu dois te rentrer dans le crâne que tu es un être faible et qu'il importe que tu fasses preuve de soumission envers ceux qui te sont supérieurs. Moi par exemple. Je t'autorise à dormir jusqu'à notre départ et étant donné ma grande sollicitude à ton égard, je veillerai à ce qu'aucun danger ne te menace puisqu'il est nécessaire de te ramener vivant au Protectorat.

Épuisé, le captif sombra rapidement dans un profond sommeil et ne s'éveilla même pas quand le vampire décida de reprendre la route vers leur destination finale. Il le mis donc en selle en prenant soin de lui ligoter solidement les poignets afin de s'assurer que son prisonnier de tenterait pas de fuir durant leur chevauchée.

Ensuite, ils reprirent leur périple dans ce désert hostile, éclairé par la pâle lumière d'une lune opalescente, et que seule la nuit rendait praticable. Aux premières lueurs de l'aube, les contours de l'Oasis apparurent et l'intendant décida d'y faire une halte afin de s'abriter de la morsure brûlante du soleil, refaire des provisions d'eau et trouver de la nourriture pour Alauwyr. De plus, ils pourraient y rechercher un abri de fortune en attendant de reprendre leur route une fois la nuit tombée.

Loren arrêta les chevaux et jeta un coup d'œil à l'Alayien qui semblait émerger des brumes de son sommeil. Autour d'eux, des palmiers se dressaient fièrement et apportaient un peu d'ombre dans la fournaise que représentait le désert en pleine journée. Les arbres entouraient un cours d'eau dont le miroir scintillant brillait sous la caresse des rayons du soleil.

Le nocturne descendit de sa monture et se dirigea vers Alauwyr pour le faire descendre à son tour.

- Voilà nous sommes arrivés à l'Oasis. Nous allons faire une halte ici afin que tu puisses te reposer, boire et manger étant donné ton extrême faiblesse due à ta nature d'humain. Puis Loren dévisagea son captif avant d'ajouter:

- Mais, il y a aussi une chose que je dois faire avant que nous repartions. Il y a sans doute très longtemps que tu n'as pas pris de bain car tu empestes encore plus qu'un putois. Je vais y remédier de ce pas ! Ayant terminé sa phrase, le vampire traîna le soldat jusqu'au cours d'eau qui formait une sorte de lac et le précipita dans l'eau fraîche en ricanant.

HRP: cela me convient parfaitement. Par contre, désolée pour mon retard de réponse:-( je suis pas mal occupée irl en ce moment mais ça devrait s'arranger bientôt.

[HRP : pas de soucis :p]

Alauwyr tourna la tête pour observer l'Oasis. Hormis des palmiers, des dattiers, de l'eau, le vampire et les chevaux, il ne semblait y avoir personne d'autres dans ce recoin de verdure perdu beau au milieu du désert. Une bonne chose, ainsi il ne se confrontera pas à des protégés au vue de son état, mais une mauvaise chose, car qui sait ce que le vampire avait encore comme idées néfastes pour lui marteler l'esprit avec ses incessantes histoires de soumission. N'avait-il donc pas assez prouvé à ce suceur de sang qu'il ne ferait rien d'autres que d'obtempérer à ses choix ? Qu'il ne pourrait se sauver nulle part ? Qu'il acceptait son sort actuel ? Peut-être pas assez au goût de Lören. De quoi pester. Tout ce que l'humain demandait était d'avoir la paix d'une certaine manière et d'être à la place qui serait sienne une fois dans les mains des protégés ; c'est à dire prisonnier. A y songer, peut-être qu'effectivement, son arrogance était encore trop vive pour être quelqu'un de résigné à être dans le rôle qui l'attendait. Mais bon sang ! A croire qu'il en fallait toujours plus.

Il grimaça autant à cette perspective qu'à la naissance grandissante de l'aube. Dans moins d'une heure, le soleil sera déjà bien mordant. Il se rappelait la chaleur à moitié étouffante de l'air, quand il s'était enfoui sous le sable quand il avait été dans les mains de Tomyn. Est-ce que l'ombre des palmiers suffirait à éviter les brûlures de l'astre souverains ? Ce sera là la découverte du jour.

Le temps que Lören vienne à lui, il ressassait encore les paroles énoncées par le vampire avant qu'il ne tombe dans les mains du sommeil. Pourquoi tenait-il tant à sa carcasse de vivant, alors que personne ne le regretterait ? Une question qu'il pourrait lui donner bien des minutes de réflexion, mais d'ordinaire solitaire, il en voyait guère de réponse. Même si la remarque évoquée sur Christan lui avait apporté un étrange pincement. Qu'est ce que ce vampire pouvait comprendre de toute façon de la valeur de la volonté de rester en vie ? Il serra les dents. Il avait d'autres préoccupations en tête de toute façon pour cerner la véritable réponse.

Le vampire le fit descendre de sa monture, qui ne peut s'empêcher de lui lancer un pic sur sa condition faiblarde, avant de l'attraper et de le traîner de force... vers le plan d'eau. Il lui fut extrêmement facile malgré son état de fatigue que Lören allait lui offrir un bain pour l'odeur infect qui était sienne. Normal en même temps, quand on ne se lavait pas pendant des jours et que prisonnier du vampire, il ne pouvait que se souiller....Il ne put empêcher son coeur de tambouriner d'une certaine pression angoissante dans sa poitrine. Le vampire serait très capable de le jeter au milieu de l'étendue d'eau et comme il ne savait pas très bien nager.

Lören le précipita dans l'eau tout en ricanant. Heureusement, le fond était à portée de pieds et Alauwyr cracha de l'eau en se redressant péniblement. Il s'apprêtait à répliquer quelque chose quand le sable sur lequel ses pieds reposaient s'écoula sous lui. Manque de chance une fois encore, il avait été précipité sur un fond sableux qui retombait plus à pic vers le centre de l'eau de l'oasis. Il en fut donc quitte pour une immersion totale non volontaire et qui le surprit au point qu'il avala de l'eau de travers. Il se débattit pour refaire surface et réussit à peine à briser la frontière aqueuse pour tenter de reprendre son souffle avant de resombrer. Il eut la soudaine impression de se revoir lutter dans le courant du fleuve quand il s'était jeté du pont la dernière fois, pour fuir les théocrates qu'il avait reniés. Un début de panique le prit à ces souvenirs qui lui étreignaient l'esprit.

Il ne se débattit guère longtemps, déjà épuisé par un manque de force flagrant. Ses poumons le tourmentaient déjà, à vouloir respirer alors qu'il n'y avait que de l'eau autour de lui. Périr noyé en plein milieu du désert, cherchez donc l'ironie de la situation. Bien qu'affaibli, Alauwyr ne tenait pas à se résigner comme ça. Pas après tout le chemin parcouru, même s'il savait très bien que c'était loin d'être fini. Il se débattit avec un dernier effort du désespoir et sentit sous son genou le sol ferme du fond, là où il avait glissé sur l'instant. Il réussit à s'y raccrocher et il refit surface. Heureusement qu'à cet endroit, l'eau n'était guère profonde et il put se mettre à genou, toussant autant qu'il le pouvait pour chasser la traîtresse d'eau qui avait réussi à se tracer un chemin jusqu'à ses poumons. Il réussit entre deux toux à jeter un regard à la limite réprobateur au vampire, avant de malmener sa pauvre poitrine pour chasser ce qui restait encore à évacuer.

Il ne put s'empêcher de trembler. L'épisode du pont repassait encore en boucle dans sa tête. Satané vampire... en même temps, il ne pouvait rien en savoir.... Une bonne chose d'ailleurs. Une fois son souffle plus ou moins repris, il réussit à souffler là aussi à la limite de l'ironie :

''Sa Seigneurie souhaite que je me frotte suffisamment pour chasser la crasse qui empeste sur moi ? ''

Dans un sens, malgré sa petite mésaventure de l'instant, la fraîcheur de l'eau avait le mérite de lui soulager les maux qui se rappelaient régulièrement à ses doux souvenirs. .

A leur arrivée, l'Alayien détailla le paysage de l'Oasis, ses arbres fruitiers et son plan d'eau, nimbés par la lueur rosée de l'aube. Dans le désert d'Esfelia, la verdure et les cours d'eaux étaient rares et constituaient une bénédiction pour la faune et la flore locale.

A présent, les deux compères se trouvaient à mi-chemin de leur destination finale, le protectorat. Toutefois, mieux valait conserver sa vigilance car l'étendue sablonneuse du désert et la fournaise qui régnait en pleine journée, en raison de la réverbération des rayons du soleil, représentaient un piège mortel pour les humains, les elfes et les vampires.

En tant que créature de l'ombre, Loren n'appréciait guère la lumière de l'astre du jour et supportait mal les températures caniculaires qui régnaient dès l'aurore. Seule la fraîcheur de la nuit, permettait aux voyageurs de jouir d'un semblant de répit durant leur long périple.

Pour l'instant, le mieux à faire était de se réapprovisionner en eau potable et de chercher si les arbres fruitiers de l'Oasis permettait de récolter quelques aliments comestibles, tels que des dattes pour nourrir Alauwyr. Loren, quant à lui, n'avait guère besoin de consommer de la nourriture destinée aux humains, que du contraire, elle ne ferait que le rendre malade.

Ensuite, il descendit de sa monture et fit également descendre son prisonnier dont les yeux sombres étaient embués de sommeil. L'odeur pestilentielle qui émanait de ce dernier l'informait qu'un bon bain ne serait pas du luxe. Bien entendu, dans ce désert l'eau représentait un véritable trésor qu'il serait criminel de gaspiller, mais puisqu'ils se trouvaient dans cette oasis et à proximité d'un point d'eau, autant en profiter.

Le vampire traîna l'humain qui avançait de mauvaise grâce jusqu'au cours d'eau et le poussa afin de l'immerger dans l'onde fraiche. Mais à son grand regret, l'épéiste avait encore pied, ce qui n'était pas l'idéal pour le décrasser ! L'homme fusilla Loren du regard et ouvrit la bouche, prêt à lancer une réplique emplie de hargne, comme il en avait l'habitude. Soudain, le sol sablonneux de l'étendue d'eau parut se dérober sous ses pieds et il sombra dans les flots bleutés. L'intendant aperçut quelques bulles remonter à la surface puis Alauwyr émergea à son tour, se débattant afin de ne pas couler à pic. De toute évidence, le soldat ne savait pas nager et ses gestes maladroits faisaient jaillir des gerbes d'eau qui éclaboussaient Loren, trempant ses habits.

Après maintes efforts, sous le regard condescendant du nocturne, le captif parvint enfin à regagner la berge et s'écroula sur la terre ferme, en toussant pour recracher l'eau qui encombrait ses poumons. Une fois que celui-ci eut repris son souffle, il demanda au vampire sur un ton ironique si ce dernier ne souhaitait pas qu'il se frotte pour ôter la crasse qui maculait son corps.

Loren le fixa froidement de ses prunelles dorées et lui lança d'un ton moqueur:

- Bien entendu que ta "seigneurie" désire que tu te frottes et que tu retires toute cette saleté ! Tu n'as pas conscience de tes "odeurs" mais pour un être à l'odorat aussi délicat que le mien, c'est une véritable infection ! En plus, tu vas me faire le plaisir d'ôter tes vêtements pour te laver !

Disant cela, Loren s'approcha d'Alauwyr et entreprit de retirer les oripeaux dont celui-ci était vêtu. Puis, il lui ordonna d'un signe de tête autoritaire de retourner dans l'eau.

- En plus, sombre crétin, tu as osé m'éclabousser pendant que tu te débattais, à cause de toi, je suis complètement trempé !

Disant cela, l'intendant retira tous ses vêtements et les déposa sur la berge pour les faire sécher afin de pouvoir les remettre plus tard. Puis, t'en qu'à faire, il pouvait très bien prendre un bain lui-aussi avant qu'ils repartent en direction du Protectorat. Le vampire plongea donc à son tour dans l'étendue d'eau.

Alauwyr se contenta de regarder le vampire avec une froideur plus réservée cette fois. Comme si ce dernier ne désirait pas prendre un bain lui aussi peut-être. Prétexter qu'il l'avait mouillé alors que lui-même l'avait jeté à la flotte.... Il préféra taire le sarcasme qui lui chatouillait la gorge. Il préférait éviter un nouveau courroux du suceur de sang et comme ce dernier avait vu qu'il ne savait guère nager.... autant ne pas lui tendre une perche pour jouer encore avec lui.

Il attendit que le vampire ait plongé dans l'eau -plus précisément qu'il se soit éloigné de lui- pour retirer le haut de ce qui lui servait de vêtement pour le frotter dans l'eau. Cela fait, il alla déposer le vêtement sur le bord pour le faire sécher avant de s'attaquer à son pantalon. Il veilla à être à une bonne hauteur d'eau, car il était hors de question de se dévoiler au vampire. Lören serait capable de se moquer de lui de toute façon. Au moins pourra-t-il voir les nombreuses cicatrices qui balafraient sa poitrine et celles qui zébraient son dos, trace de coups de fouet peu légers. Si cela ne démontrait pas de son entêtement.

Avant de remettre son pantalon, Alauwyr prit une poignée de sable pour se frotter avec. Guère agréable, mais le faisant sous l'eau, le frottement rêche était à demi-épargné contre sa peau. Frotter qu'il désirait l'autre hein, sinon, il aurait encore à redire. Lören serait capable de passer une inspection sanitaire et odorante pour s'assurer que l'Alayien avait fait ce qu'il fallait. Monseigneur avait tellement le nez sensible ! Il fallait dire aussi que depuis sa capture, un humain ne pouvait que se souiller si on le laissait attacher et d'autres choses contraignantes qui lui interdisait de faire... vous savez quoi.

Après avoir ''astiqué'' sa peau, il attendit un peu dans l'eau, se déplaçant un peu par moment pour trouver un endroit plus propre pour boire encore un peu d'eau. Ce qui le perturbait un peu était de pas sentir l'eau couler de ses cheveux.... ces derniers ayant été coupé, la sensation était étrange comme dérangeante. Il retint un grognement et chassa le récent souvenir de la coupe imposée dans une certaine forme d'humiliation.

Son pantalon remis, il sortit de l'eau pour se rapprocher d'un dattier et heureusement, il n'eut qu'à tendre un bras pour attraper une bonne grappe. Au début un peu suspicieux sur les fruits, il se rappela en avoir mangé une fois. Il s'assit dans le sable, commençant à manger une datte après l'autre, veillant à les manger lentement. Il ne devait pas se rendre malade en voulant combler un estomac qui hurlait son vide depuis plusieurs jours. Après en avoir mangé quatre, et d'avoir recraché les noyaux, il opta pour une pause, le temps de fixer l'eau qui refluait paresseusement sur le bord sableux... Qui venait de la nage de l'autre là... Le vampire. Il ne doutait pas que celui-ci gardait un oeil sur lui, peut être tenté de prendre un des chevaux et de tenter sa chance. Folie que cela. A quoi bon.

Il reprit sa grappe et arracha une nouvelle datte. Ce n'était guère un plat consistant, mais c'était mieux que de devoir encore voyagé l'estomac vide. Rien de songer à ce qui l'attendait déjà l'emplit de lassitude. Oh il savait depuis le début que ce ne serait pas facile, mais vient un moment où même un esprit endurci finit par doucement flancher. Il avait déjà eu ce ressenti une fois, quand il s'était retrouvé prisonnier avec Alford, dans les mains de Tomyn. Mais maintenant, les choses étaient différentes... Largement différente. Il se contenta alors de regarder l'eau sur la plage, pendant qu'il mâchait son maigre repas du moment.

La seule préoccupation qui lui vint là était : su'est ce que Lören allait encore lui inventer encore....

Pendant qu'il se prélassait dans la fraîcheur de l'eau, Loren observait l'Alayien du coin de l'œil. Ce dernier se contenta de lui renvoyer un regard glacial et retira le haut de son vêtement pour nettoyer la saleté qui le maculait.

Puis, il entreprit de le faire sécher au soleil sur la berge avant de s'attaquer à son pantalon. Toutefois, l'intendant ne manqua pas de remarquer les efforts de l'humain pour masquer sa nudité, ce qui lui arracha un sourire amusé. Que de précautions et de pudeur inutiles. Du reste, le vampire eut tout le loisir de contempler les marques des balafres qui parsemaient la poitrine et le dos du soldat. La juste rétribution de son arrogance, pensa Loren, même si celui-ci n'y était pas allé de main morte. Il était fort probable que l'épéiste conserverait quelques cicatrices indélébiles comme souvenirs de leur rencontre. Mais après tout, il l'avait bien mérité et n'était nullement à plaindre. Peut-être même appréciait-il de se faire ainsi flagellé, sinon pourquoi tant d'arrogance et d'entêtement.

Alauwyr s'empara d'une poignée de sable et s'en servi pour étriller son corps afin de le débarrasser des impuretés. Leur voyage n'avait pas été de tout repos et étant donné les conditions difficiles de cette traversée de désert, il était difficile de faire des haltes fréquentes. L'Alayien devait donc soulager certains besoins "naturels", du mieux possible, dans des conditions très rudimentaires.

Après avoir réalisé une toilette sommaire à l'aide des grains de sable et remis son pantalon, le captif sortit de l'eau et s'éloigna en direction des arbres fruitiers. Leurs larges branches prodiguait un peu d'ombre dans la fournaise que représentait le désert d'Esfelia et des fruits bien mûrs se trouvaient à portée de main. Visiblement ce détail n'avait pas échappé à l'homme qui s'empara d'une datte bien mûre et la porta à sa bouche, après s'être installé confortablement sur le sol de sable fin.

Loren continuait à le surveiller, bien qu'il douta du fait que son prisonnier tente quoique ce soit pour s'évader. Le bon sens le lui interdisait: il n'irait pas bien loin sans être rattrapé et quand bien même parviendrait il à fausser compagnie au vampire que le désert serait son tombeau. En effet, cette immensité de sable doré était un piège mortel pour quiconque osait s'y aventurer en pleine journée sans l'aide d'un guide. Or le vampire était le seul à connaître le chemin menant au Protectorat et Alauwyr ne pouvait pas ignorer un détail d'une telle importance.

L'intendant continua à nager un long moment dans ce bain tiède que représentait le cours d'eau au milieu de l'Oasis. Puis, quand il estima avoir terminé ses ablutions, il se décida à sortir de l'eau et remis ses vêtements. Le nocturne avait abandonné son déguisement féminin pour revêtir ses vêtements habituels, leur teinte fuligineuse accentuait son aspect ténébreux et contrastait avec sa carnation diaphane.

Ensuite, il s'avança en direction du soldat occupé à déguster des dattes: maigre pitance lui permettant de regagner quelques forces avant qu'ils ne reprennent leur périple jusqu'au Protectorat.

- Je vois que tu as trouver un petit casse-croûte et que ces dattes te semblent plus appétissantes que le cadavre du serpent dans la caverne, dit-il d'un ton narquois. Pour moi cela ne fait aucune différence car la nourriture que consomme des humains me donne la nausée, mais il est vrai que ceux de ta race désapprouvent le fait que nous les vampires sucions du sang pour nous nourrir. A croire que nous devrions nous laissez mourir de faim pour vous complaire. D'ailleurs tu ne t'es pas gêné lors de notre première rencontre à Caladon pour me faire la morale à ce sujet.

Ayant terminé sa phrase, Loren darda ses prunelles dorées où brillaient une lueur d'acier sur le visage balafré d'Alauwyr, le toisant de toute sa hauteur.

L'humain mâchonnait doucement son repas pendant qu'il regardait le vampire profiter de l'eau pour se baigner. Qu'il se prélasse donc, même si techniquement, il avait besoin de prendre un bain qu'un humain. Un vampire était mort d'une certaine façon. Il ne souffrait donc plus de la sueur poisseuse, de la peau qui s'engraissait et bien d'autres choses encore typique d'un être vivant. Il aurait pu balancer ce genre de réplique provocante.... Mais l'envie lui en manquait et ce serait courir le risque de se faire malmener en correction par le suceur de sang. Il avait déjà eu sa dose pendant sa ''correction''... Si Lören avait été seul face à lui, peut être que les choses auraient été différente. Au lieu de cela, il avait fallu qu'il le cherche à la demande de Christan tout en profitant de son désir de lui faire payer l'humiliation de la dernière fois..... Deux vampires ! Pour être sûr de piéger l'humain ! Et maintenant en plein milieu du désert.

Il cracha un noyau de datte pendant que le vampire revenait tranquillement vers le bord pour s'essorer et se revêtir d'une autre façon..... dans le même style qu'à leur première rencontre, qui lui donnait un air peut être plus sérieux que dans un accoutrement de femme. Peut-être que Lören reprenait ses vrais atours, comme pour transmettre un message clair et précis à l'Alayien. Alauwyr n'avait pas besoin de se creuser les méninges pour y comprendre quelques futilités quelconque. Il était à la merci de ce vampire et dépendait entièrement de lui pour rester en vie.... Ce message là était déjà très clair. De toute façon, il était ni désespéré ni stupide au point de tenter de s'échapper. Et il ne répondrait alors plus à son désir de rejoindre les Protégés...

Quand le vampire se décida à le rejoindre, Alauwyr avait eu le temps de se sustenter de deux dattes supplémentaires. Il aurait préféré avoir la paix, mais il ne pouvait guère répliquer ce genre de chose face au vampire. Il garda donc le silence, mâchonnait la chair du fruit. Puis quand la sangsue eut terminé son petit sermon, Alauwyr réfléchissant encore à quoi répondre. Il ne voulait pas redébattre de ce qui était de la nourriture. Mais le regard hautain du vampire qui le dominait de toute sa hauteur était clair. Il ne le laisserait pas en paix tant qu'il n'aurait pas ouvert la bouche.

Il recracha un autre noyau et darda un regard quelque peu épuisé sur Lören.

''C'est mieux que de s'évanouir faute d'un estomac rempli. Et tu as besoin que je reste en vie n'est ce pas ? Tu devrais être ravi de voir que je ne me laisse pas mourir de faim... Pour le serpent, il était venimeux et après que tu lui aies éclaté la tête de ta botte, je n'ai pas voulu courir le risque de m'empoisonner. Le venin de certaines bestioles dans le désert est assez fort pour tuer un homme. Mais cela, tu le sais déjà....''

Un vampire pouvait se faire mordre autant de fois qu'il le voulait par un de ces satanés serpents, il ne risquait même pas l'infection ou la nécrose

''Si on compare un homme à ce dattier......Un vampire va jusqu'à tuer sa prise humaine pour se sustenter.... Moi je me contente de manger les dattes de cet arbre, qui sera encore en vie la prochaine fois et il redonnera encore des fruits.... Je ne crois que les vampires partageant la vie des protégés tuent leurs alliés. Ces derniers par acte volontaire offrent leur sang pour que vous puissiez subsister....Pourquoi tuer alors ? Pour le plaisir de sentir le baiser de Mort sur vos proies ? Et ne reviens pas sur des animaux pour ce qui est de l'alimentation humaine.... On en assez discuté la dernière fois...Je sais très bien que tu auras le dernier mot quand à ce genre de discussion....''

Il perdait de toute façon d'avance. Autant le dire d'une certaine façon...

''Je présume que tu veux attendre le crépuscule pour repartir ? ''

A moins de se creuser un trou dans le sable pour trouver un peu plus de fraîcheur pour tenter de se reposer un peu avant le départ, ils n'auraient guère d'autres choix. Une longue journée à patienter en perspective donc....

Après que Loren ait lancé une pique au soldat Alayien occupé à se sustenter, ce dernier recracha un noyau de datte et leva vers lui un regard sombre où luisait une pointe de lassitude. Depuis le début de leur voyage à travers le désert, l'humain semblait avoir perdu sa verve habituelle et prêt à coopérer, ce qui ne lui ressemblait guère. L'intendant le scruta froidement, tentant de cerner la raison de ce revirement. Peut-être que cette petite "correction" administrée en présence de Christan Weren portait finalement ses fruits. Toutefois, la raison la plus probable à l'attitude coopérante du captif devait être sa lucidité concernant la situation précaire dans laquelle il se trouvait. En effet, sans l'aide du vampire, l'homme n'avait aucune chance de sortir de cette immensité sablonneuse et de parvenir au Protectorat vivant.

Alauwuyr recracha un nouveau noyau et darda ses prunelles foncées sur son tortionnaire. Puis, il répondit qu'il valait mieux se rassasier plutôt que de mourir de faim; sans compter que les restes du serpent étaient probablement venimeux.

Loren éclata de rire:

- Certes, je compte te ramener en un seul morceau mais avoue que le spectacle de te voir déguster un reptile n'engendre pas l'hilarité. Mais tu as raison, si tu avais été empoisonné par cet animal, tu serais mort ou j'aurais dû te métamorphoser en vampire pour te préserver d'un tel sort. Néanmoins, je doute qu'un Alayien aussi fier que toi ait supporté cette idée, pas vrai ? Dit-il en esquissant un sourire moqueur.

Ensuite, l'Alayien répliqua que son acte de manger une datte ne détériorait pas l'arbre fruitier. Contrairement au fait de sucer le sang de victimes humaines jusqu'à la mort.

L'intendant croisa ses bras sur sa poitrine et regarda froidement l'Alayien.

- Je croyais pourtant que les Alayiens n'étaient pas de fervents protecteurs de la nature. Dois-je en déduire que depuis ton arrivée sur Armanda tu aurais abandonné certaines de leurs convictions ? Quant au fait de sucer du sang pour nous nourrir, je te signale que les dons des protégés n'ont lieu que parce que nous combattons Vraorg et non pas par "altruisme" envers les vampires. Autrefois, notre race a dû se terrer dans des galeries souterraines juste pour avoir le droit d'exister car aux yeux des elfes et des humains nous n'étions rien d'autre que des abominations. Toutefois, depuis que j'ai rejoint le camp des protégés, je n'ai plus tué personne mais j'imagine que cela ne changera la vision de "suceur de sang" et de monstre que tu as de moi.

A la dernière réponse du soldat, Loren haussa les épaules avant de répondre sèchement:

- Nous n'avons guère le choix, ce désert est une vraie fournaise en pleine journée et nous risquons la mort si nous y aventurons avant la tombée de la nuit. Au moins, tu pourras en profiter pour t'empiffrer de dattes, boire et faire quelques provisions avant notre départ.

Ayant terminé sa phrase, le vampire alla s'installer sous l'ombre d'un dattier tout en gardant les yeux rivés sur son prisonnier.

Alauwyr cessa de manger son repas fruitier et chassa l'idée qu'il l'assaillit quand à la réplique de Lören. Devenir vampire.... Il avait entendu parler de la perte de mémoire qui se produisait pendant la transformation. Comment réagirait-il à cela, en ne sachant pas qui il avait été avant ? Et comment se comporterait-il en se rappelant de ses fragments de son ancienne existence ? Que d'interrogations qui le firent frémit. Oh que oui il les chassa rapidement de son esprit et essaya de calmer ses légers tremblements. L'épuisement et bien d'autres choses qu'il ne préférait pas définir -oh il savait ce qui le taraudait- n'aidait guère. Donc aucun mot ne sortit de sa bouche, mais son attitude ne pourrait échapper à Lören

Il jeta le reste de sa grappe, n'ayant plus d'appétit. Au moins put-il répondre à une autre affirmation du vampire, même si le ton était bien plus froid et bien plus déterminée. Comme si la fierté vampirique avait besoin de prendre place dans chacun des mots que le prétendu Intendant évoquait.

''Je vais finir par croire que tu cherches à m'émouvoir avec une cause défendable... Ne me fais pas croire que les Protégés sont tous forcés de faire don de leur sang pour vous garder en vie et profiter de vos forces dans leurs rangs... Certains doivent bien se montrer bien plus dévoués que tu ne le penses. Peut-être ne les as-tu tout simplement pas remarqués...Des a priori comme celle que tu venais d'énoncer. A croire que c'est surprenant d'entendre un Alayien défendre un peu de verdure n'est ce pas....''

Il resta un moment silencieux, ne quittant pas du regard le vampire qui se tenait face à lui, ses yeux froids braqués sur lui

''Tu n'as tué personne parce que tu le voulais bien sans doute... même les protégés doivent avoir des prisonniers pour crime de sang qui méritent bien un trépas. Et que cela ne serait que soulagement de voir un vampire lui accorder le sort qui lui mérite pour le bien commun, humains vampires.... Ma vision reste ce qu'elle est, comme la tienne envers moi. Et oui un Alayien peut apprécier la beauté et le charme autre que dans l'artificiel. Cela t'étonne ? ''

C'est tout ce qu'il répondit à Lören sur ce terrain là. Et c'était déjà beaucoup dit de la bouche d'Alauwyr. Puis il se contenta d'observer le vampire qui s'installa à l'ombre d'un dattier. Une fois cela de fait, l'Alayien s'affaira lui aussi à trouver un peu d'ombre. Se reposer était primordial pour lui. Sustenté et abreuvé, il pouvait se permettre un peu de repos.

Une fois cela de fait, si le vampire ne s'amusait pas à l'enquiquiner par simple jeu sadique, il pourra à la tombée du jour, se préoccuper de s'alimenter encore un peu, de boire de l'eau de l'oasis ; en veillant à ne pas se rendre malade bien entendu. Faire des provisions sera plus qu'une nécessité pour lui. Le vampire avait sa propre source de subsistance et il était hors de question pour l'humain de boire du sang...par conviction !

Une fois que tout cela sera prêt, il n'aura plus qu'à se mettre sur le dos de la monture. Il aura tendu les bras pour attendre de se faire ligoter à sa selle comme précédemment. Même si le désert n'offrait qu'aucun échappatoire, il ne doutait pas que Lören chercherait à s'assurer de sa présence bien accrochée à des liens.

Loren gardait les yeux braqués sur l'Alayien, occupé à déguster des dattes, il semblait avoir perdu un peu de sa superbe depuis le début de leur périple. Et son crâne rasé, laissant apparaître sa peau glabre accentuait son allure valétudinaire. Il faisait bien de se sustenter et de s'abreuver, sans quoi l'intendant ne donnait pas cher de sa misérable carcasse humaine.

L'idée de le métamorphoser en créature de l'ombre l'amusait car d'avance il imaginait la répulsion qu'un tel sort serait à même d'inspirer au fier guerrier. Cependant, le vampire savait pertinemment qu'il serait difficile voire impossible de mettre une telle menace à exécution. De plus, une fois transformé en nocturne, cet Alauwyr risquait de devenir bien moins amusant qu'il ne l'était à présent.

A dire vrai, d'une certaine façon, l'intendant appréciait de se mesurer à lui et la résistance de ce dernier fournissait un excellent stimulant à leurs joutes verbales. D'ordinaire, la plupart des humains craignaient les vampires et rares étaient ceux qui osaient se dresser fièrement face à l'un d'entre eux. En effet, il fallait être fou ou inconscient pour défier l'un de ses prédateurs.

Loren esquissa un sourire amusé:

- Vraiment ? J'avoue n'avoir pas souvent croisé cette prétendue bonté humaine dont tu te fais le chantre. D'ailleurs, puisque tu en parles si bien, serais-tu prêt à offrir un peu de ton sang "généreusement" à l'un des miens si tu le pouvais ou s'agit-il juste de belles paroles, aussitôt prononcées aussitôt envolées ? Il ajouta en plongeant ses prunelles ambrées dans les yeux sombres du soldat:

- Cela m'intéresserait beaucoup de voir de quelle manière tu te comporteras une fois que tu auras rejoint les rangs des protégés et j'avoue que voir un Alayien faire don de son sang me surprendrait beaucoup. Mais je suis prêt à parier que tu n'en feras rien à cause de ta maudite fierté, sans compter que nombre des tiens désapprouveraient un tel geste, représentant presque une insulte à Néant. Je sais pertinemment si les Alayiens ont choisi de tolérer les elfes et les vampires, c'est uniquement dans le but de sauver leur "déesse". Une fois que la guerre contre Vraorg sera achevée, je ne donne pas cher d'une telle alliance. Qu'à tu à répondre à cela ? Quant à cet amour de la nature qui commence à poindre en toi, si tel est bien le cas, tu pourras facilement de rapprocher des elfes. A supposer que tu sois sincère et qu'il ne s'agisse pas d'une sombre manigance, visant à dissimuler une quelconque perfidie.

Loren resta fièrement debout, face à l'Alayien, les bras croisés contre sa poitrine, le toisant de toute sa hauteur. Soudain, ses sens sur-aiguisés perçurent un changement dans l'atmosphère, l'air semblait plus lourd, chargé d'une aura électrique et il lui semblait que le vent soufflait de plus en plus fort, soulevant des nuages sablonneux, comme si une tempête se préparait...

Alauwyr était bien le genre d'hommes à être tellement borné qu'il lui fallait un traumatisme ou une grande remise à sa place pour accepter de se plier à ce qu'il affrontait. Face à un vampire, c'était un peu comme cela. Même s'il avait été généreusement rossé par Lören et son homme de main, avant que Christan ne vienne s'y rajouter. Mais ce n'était pas pour autant qu'il redoutait le vampire qui lui jetait son regard glacial et dominateur. Il prenait plus ses précautions dans ses réponses envers lui. Après tout, l'Alayien dépendait entièrement de lui pour sa propre survie. Oh il pourrait garder le silence, mais sous les répliques du vampire, il ne pouvait guère rester silencieux. Le vampire se délectait de cette conversation... et cela occupait le temps du prisonnier.

Il se retenait de tourner les yeux quand le regard perçant et ambré du vampire se plongèrent intensément dans ses yeux. Lören attendait une réponse précise, comme un défi.

''Si je devais le faire ? Oh non, ce ne serait pas par simple bonté d'âme.... Si toi tu venais à crever de soif, ici et maintenant... ma vie dépend de la tienne, comme je te l'ai dit précédemment. Il serait tout à mon intérêt de m'ouvrir une veine pour que tu survives et donc que je garde toutes mes chances de rester en vie en même temps que toi....''

La répugnance d'un tel acte serait vite mis au second plan quand il est question de survie. D'ailleurs, tout en apportant sa réponse, Alauwyr n'avait même pas grimacé à cette idée que tout Alayien aurait trouvé abjecte. Soit il était trop las pour en grimacer, soit ses pensées étaient plus sincères en profondeur qu'en surface. Mais comment le savoir réellement ? hormis de passer à l'acte ?

''Je croirais entendre Christan.... A force de le côtoyer, là où tu me vois me ressembler à un elfe, toi, tu penches Alayien...Après si tu veux te lancer dans le côté devin pour tes prédictions d'avenir, je t'encourage à attendre un peu, car c'est vite précipité que de croire que les Alayiens retourneront leur veste comme cela après trois longues années. A défaut de le savoir, Vraorg a volé le coeur de Néant.... Sa défaite pourrait changer bien des choses...''

il s'apprêtait à répondre quand le temps changea subtilement. Enfin subtilement.... Pas vraiment quand le vent souleva de plus en plus de sable. Les grains qui s'envolaient se montraient de plus en plus mordants et quand Alauwyr redressa le regard pour voir dans la direction d'où venait le vent....

''Une tempête de sable....''

Bien qu'il n'y avait jamais été confronté à un des maux les plus virulents du désert, l'Alayien avait entendu parler de la force et de la violence de ces tempêtes. Et ils n'étaient pas à l'abri....

Il ne leur fallut guère de temps pour remonter sur leurs montures et tenter de fuir cette tempête qui les rattraperait rapidement. A moins de trouver un abri... Et quand le sable les enveloppa, sifflant à leurs oreilles, mordant et griffant leur peau et visage, Alauwyr perdit de vue Lören. Sa monture trouva le moyen de faire un violent écart provoquant sa chute. Le première réflexe d'Alauwyr fut de se protéger le visage de son bras.....

Le vent soulevait des tornades de sable qui tournoyaient dans l'atmosphère de plus en plus fort autour d'eux. Son mugissement devenait de plus en plus insupportable et assourdissant, surtout pour l’ouïe fine du vampire.

Ils enfourchèrent rapidement leurs montures tentant de fuir la furie de la tempête qui se déchaînait autour d'eux. Toutefois, ce fut peine perdue car une rafale sablonneuse sépara l'Alayien de l'intendant. Poussé par la violence des éléments, le nocturne n'eut d'autre choix que de se réfugier dans une cavité rocheuse. Il avait pu trouver cet abri mais par Dracos, l'humain était resté à l'extérieur et ne ferait probablement pas long feu étant donné les circonstances. Loren ne put s'empêcher de grimacer à cet idée, non pas qu'il appréciait particulièrement ce fieffé Alauwyr mais il avait promis à Christan de le ramener vivant au Protectorat. La seule chose à souhaiter, c'était que cet imbécile ait pu trouver abri dans l'une des cavités naturelles qui se trouvaient dans le désert.

L'intendant attendit de longs instants mais dehors la tempête tonnait sans discontinuer. Peu à peu, sa colère fit place à de l'inquiétude et à de la résignation car dans des conditions climatiques pareilles, il était peu probable que l’épéiste survive longtemps. D'ailleurs, peut-être était il déjà mort, enseveli sous un linceul de sable d'or. Loren poussa un profond soupir: quelle malchance que cette tempête se soit déclenchée si soudainement alors que le ciel était encore limpide à peine quelques heures auparavant. Le vampire fit la moue et s'adossa contre la paroi rocheuse en attendant que le temps se calme. Peu à peu, il lui sembla que le grondement du vent diminuait, peut-être pourrait bientôt partir à la recherche du cadavre de son compagnon car il était fort peu probable que ce dernier ait pu survivre après un tel déferlement orageux.

La nuit venait de tomber et rendait la fournaise du désert supportable, ce qui permit à Loren de se glisser hors de son abri troglodyte. Dehors, un voile de poussière sablonneuse semblait avoir tout recouvert. Les sens sur-développés du vampire se mirent en alerte à l’affût du moindre élément.

HRP: Désolée pour le retard.

Le sable mordait, griffait, aveuglait, étouffait. Vêtu aussi simplement que pouvait l'être un prisonnier, l'Alayien n'avait aucun de se protéger du souffle raclant du désert, où des milliers de grains de sable le harcelaient de milliers de coups de micro poignards sur la peau mise à nue de ses mains, bras et visage. Un bras et une main devant le visage ne le protégeait guère et même en se mettant dos à l'assaut du vent empli de sable, il ne voyait plus rien, contraint de fermer les paupières pour s'en protéger.

Et maintenant ? Il ne pouvait rester là. Sa monture s'était perdu dans la tempête, voir déjà ensevelie et morte, chose qui risquait de lui arriver s'il ne bougeait pas...mais pour aller où ? Sans point de repère, même s'il survivait, sa vie ne tenait plus qu'à un fil. Il pourrait maudire le vampire de l'avoir mené en plein désert. Il pourrait maudire ce fieffé Enferraillé qui avait eu d'autres préoccupations plus importantes. Maudire le destin.... Tout maudire. Ses pensées qui viraient sombrement pendant qu'il titubait pour ne ps s'effondrer dans le vent cessèrent quand il se sentit tomber violemment. Le sol dur lui coupa le souffle et il grimaça en serrant les dents pour ne pas hurler.... Quoique avec le mugissement du vent....Il remarqua qu'il était tombé dans une petite anfractuosité et que le vent sifflait vers une entrée qui remontait en pente douce vers l'extérieur. Au moins avait-il trouvé un abri pour le temps de la tempête.

Quand la tempête cessa complètement, la nuit était tombée depuis peu. Ce fut l'air frais de la nuit qui tira de sa vague torpeur le guerrier qui s'était recroquevillé dans un recoin pour attendre. Il sortit prudemment de son abri et grimaça en voyant les dunes qui s'étendaient à perte de vue devant et autour de lui. Il se retourna pour balayer les environs quand il vit la silhouette de Lören lui faisant face. Il manqua de tomber en arrière de surprise. La stupeur se lisait encore sur son visage éreinté face au vampire qui semblait.... d'une certaine mesure heureux de le revoir, à voir son sourire sarcastique. Alauwyr ravala une réplique... il était trop épuisé pour cela et se posait la question de comment reprendre le périple maintenant....

Un hennissement se fit entendre derrière un dune et la monture de Lören fit son apparition avec le cheval de son acolyte.... Un autre hennissement plus lointaine se fit entendre aussi.... Il fallut tendre le regard pour voir qu'un groupe de cavaliers se rapprochaient d'eux au petit trot....Alauwyr se laissa tomber les fesses dans le sable. A ces lieux désertiques, cela ne pouvait qu'être des protégés.

''Des amis à toi je présume ? Tu vas être ravi d'avoir des renforts maintenant.....'

[HJ : pas de soucis ]

La tombée de la nuit apportait enfin un peu de fraîcheur dans l'enfer torride que représentait le désert en pleine journée. La lune brillait dans le firmament étoilé et ses rayons argentés éclairaient les dunes de sable. Le vampire commença à avancer dans cette obscurité qu'il connaissait si bien pour l'avoir savouré dans les souterraines et qui plaisait particulièrement à sa nature de créature de l'ombre; il commença à avancer à la recherche d'Alauwyr ou de son cadavre; en tout cas, si l'Alayien avait survécu, par miracle, l'intendant saurait bien retrouver sa trace car le terrible prédateur n'avait jamais laissé s'enfuir une proie.
Tout d'un coup, les sens sur-développés du nocturne perçurent les battements d'un coeur à humain, à proximité. En ce lieu isolé, ceux-ci ne pouvaient appartenir qu'à l'épeiste et le vampire sentit une vague de soulagement, non pas qu'il appréciait cette andouille de soldat mais il s'était engagé à le ramener vivant au protectorat. Et pour un être aussi orgueilleux que Loren, perdre Alauwyr en route constituait une erreur stupide indigne de sa sagacité naturelle.
Tandis qu'il se rapprochait de l'endroit d'où lui parvenaient les battements cardiaques, l'intendant aperçut une silhouette en train d'émerger d'une anfractuosité et qui secouait le sable dont elle était recouverte. A cette vue, un sourire carnassier s'afficha sur le visage du vampire et il se planta en face de l'homme qui sursauta dès qu'il le reconnut. Nul doute n'était permis, c'était bien ce crétin d'Alayien !

- Alors chenapan, on cherche à fausser compagnie à papa ! mais pour la grande évasion, c'est raté, n'est-ce pas ? Je crois que je suis incapable de me passer de toi et toi de moi, dit-il en éclatant de rire.

Soudain, le hennissements de deux chevaux retentit derrière eux et ils virent apparaître leurs deux montures qui avaient survécu comme par miracle à la tempête. Quelques minutes plus tard, d'autres hennissement de chevaux résonnèrent dans le silence du désert et les deux accolytes aperçurent plusieurs cavaliers qui s'avançaient dans leur direction.
Des protégés. Bientôt les nouveaux arrivants leur proposèrent de les escorter jusqu'à la cité rebelle, et l'un des hommes, le chef du convoi, un homme assez grand, brun avec un nez en forme de bec d'aigle, leur proposa de prendre un raccourci afin d'arriver à destination le plus vite possible car le temps était instable en cette période de l'année et d'autres tempêtes étaient à craindre. Les voyageurs s'acheminèrent en direction de celle-ci et enfin l'endroit fut en vue, dressant ses habitations de fortunes et les cavernes où logeaient les protégés. Dès après leur arrivée en ville, Loren confia au chef du convoi qu'il devait partir au plus vite. Juste avant de s'éclipser, il se tourna vers Alauwyr et lui déclara d'un coup mi-mielleux et mi-acide qu'il ne comptait pas le laisser s'en sortir si facilement et qu'il le tiendrai à l’œil. Puis, il disparut dans les rues tortueuses de la cité
protégée.

HRP: voilà ma conclusion, merci pour le rp !

Alauwyr ravalait toujours une réflexion sarcastique à l'égard du vampire. Bien sûr qu'il ne pouvait malheureusement pas se passer de lui pour le moment. Le désert ne faisait pas de cadeaux à qui se perdait ou se retrouvait seul sans vivres et eau. Mais l'Alayien aurait eu de quoi l'abreuver d'injures face à la réplique infantilisante qui lui était offert de la bouche de Lören. Quand à l'arrivée des secours potentiels....

Il s'agissait d'un groupe de protégés qui se proposait déjà de les amener par un raccourci à travers le désert. Le voyage s'écourtait donc. Un petit soulagement pour l'épéiste, mais qui l'angoissait malgré tout. Il se retrouverait plus vite dans les mains de Christan. A savoir cela, il ne put s'empêcher de porter une main à son flanc douloureux. Cet enflure serait capable de lui en péter une autre par excès de colère. Il ferma les yeux pour chasser toute pensée quand à leurs ''retrouvailles''. Il se fatiguait déjà de trop rien que d'y penser et il avait besoin de garder le peu de forces qui lui restait pour la suite du voyage.

Un voyage qui se passa sans heurts, où on le surveillait comme il se devait. Nul doute que le vampire avait raconté la raison de son voyage à travers le désert. Ramener des prisonniers était toujours un bon moyen d'apporter de nouvelles informations sur ce qui se passait de l'autre côté de la frontière. Mais avant qu'on n'interroge Alauwyr.... Il avait été étonné d'ailleurs qu'on ne le fasse pas dès la mise en route du convoi. Peut-être que son allure amaigri poussait ses escorteurs de ne pas le malmener immédiatement... Ou sous la demande de Lören. Ca, il ne chercherait pas à le savoir.

Le voyage se termina sans encombre une fois en vue de la ville de Sandur. Quand le campement fut monté, Alauwyr n'aspirait qu'à fermer les yeux et sombrer dans le noir le plus total. Lören ne l'oubliait pas pour autant. En effet, ce dernier devait se rendre visiblement ailleurs et ne put s'empêcher de déclarer au prisonnier, toujours sur son ton agaçant, qu'il était loin d'en avoir fini avec lui. En même temps, Lören tenait profondément à lui faire payer le prix de l'arrogance de l'humain lors de leur première rencontre. L'épisode du désert n'avait été semblait-il, une mise en bouche pour le vampire.

Alauwyr se contenta de le regarder, totalement las. Il avait d'autres pensées sur l'instant, mais n'oublierait pas les paroles de Lören, qui étaient énoncées comme une promesse certaine de se réaliser un jour prochain.


[HRP : merci à toi pour cette aventure et j'espère rp à nouveau avec toi un jour prochain o/]