17 Avril

Il faisait nuit dans les plaines de Sombreval aux alentours du fleuve, et sur tout Armanda en général, une nuit sans lune. Et donc particulièrement sombre, un environnement où seuls les vampires, les loups au sang de vampire, et les prédateurs nocturnes pouvait vraiment être à l'aise car il était dur de s'y repérer sinon sans une source d'éclairage à portée de main. C'était sans doute le moment adéquat pour aller se reposer, mais il était dur pour un protégé comme Weren, et les quelques hommes l'accompagnant de se reposer en plein milieu de la théocratie, surtout que c'était le moment idéal pour contourner quelques patrouilles théocrates composés en majorité d'humains qui rôdaient dans les environs.

En somme actuellement Christan était à la recherche d'Aldakkin du Néant, d'après ce qu'il avait pu apprendre ce dernier se situait donc plus au Nord, et il ferait certainement bien de se presser pour arriver au plus vite à retrouver le prêcheur, après tout si ce dernier était reprit par les séides de Vraorg ce serait sans aucun doute une catastrophe. Déjà que le prêcheur était une figure d'importance pour le peuple alayien, et de plus de ce qu'il avait pu apprendre de la bouche de cet elfe nommé Aldaron. Il était d’une importance primordiale que sieur Aldakkin revienne au sein du protectorat au plus vite vu que Vraorg voulait personellement sa mort.

Enfin pour le moment il fallait aussi pour cela voyager vite, et c'était bien car ils avaient des chevaux justement. Ces canassons leurs permettraient d'atteindre au plus vite les Nord où retrouver le seigneur prêcheur, ensuite il fallait si possible éviter de se faire repérer par une patrouille de théocrates car même s'il serait primordiale de se déplacer vite, si Christan, et ses hommes se faisaient capturer avant ils n'iraient pas bien loin, et ce serait pareil s'ils se faisaient tuer, néanmoins cela ne les privait pas d'une chose. Qui était aussi la priorité de tout les protégés, il fallait si possible secourir les évadés, et le plus possible de préférence.

Et cela voulait donc dire qu'il devait prendre un peu de temps quand il en avait l’occasion, enfin s'il le pouvait pour secourir des évadés en danger, et tâcher si possible de les amener en un lieu plus sûr, enfin de déléguer un, ou deux hommes pour les ramener au sein du protectorat, il devait rester en tout 6 soldats avec Christan pour aider ce dernier, c'était une petite escorte, mais l'avantage c'est qu'un petit nombre était bien plus discret au sein de la théocratie que plus d'hommes.

Enfin au cours de cette progression nocturne Christan, et ses hommes avaient repérés un petit campement théocrates, sans doute celui d'une unité de moins de dix hommes. Et ils avaient pu aussi remarquer un prisonnier, ou deux au milieu du camp grâce au feu de camp qui éclairait ce campement. Sans doute qu'il serait une idée d'aller récupérer ces prisonniers, profiter de l'effet de surprise, peut-être si possible égorger les théocrates dans leurs sommeils, mais avant tout libérer les évadés, et s'enfuir avant qu'il ne se passe quoi que ce soit de trop fâcheux. Océan l'un des esprits dirigeant le protectorat, l'avait dit. Les protégés devaient risquer leurs vies pour les évadés, et de nuit ce serait sans doute le moment idéal, il y avait des chances que les théocrates soit 1, ou 2 hommes plus nombreux que l'unité de Christan, mais étant donné que pour le moment les chiens de Vraorg ne les avait pas repérés, il pourraient profiter de l'effet de surprise, récupérer les prisonniers, et dans l'idéal s'enfuir avant qu'une patrouille environnante n'arrive par exemple au secours des séides du blanc. Il fallait juste tâcher de frapper vite, et fort…

« Toi avec ton arbalète abat cette sentinelle, suite à cela avancez à bon rythme vers le campement. N'oubliez pas si vous le pouvez, essayer de tuer ces chiens, mais ne risquez pas vôtre vie plus que de nécessaire, et surtout nôtre priorité sont les deux prisonniers avant tout. » Dit-il calmement pour donner la plan d'action à ses hommes, la sentinelle théocrate proche du campement ne tarda pas très vite à s'effondrer quand un carreau d'arbalète lui traversa la gorge, visiblement sa chute au sol n'avait pas encore été remarqué, il disposaient donc d'une très légère marge de temps pour attaquer.. Ils avaient placer bien entendu leurs chevaux assez loin du campement, pas trop près pour qu'on ne les remarque pas, et pas trop loin pour pouvoir aller d'un pas pressé les chevaucher quand le moment de fuir arriverait .

Enfin pour sa part Christan avait laissé un arbalétrier veiller sur les chevaux, 4 autres hommes iraient occuper les théocrates du campement sans doute que ce ne serait pas trop dur pour eux vu que ces chiens pour là plupart seraient à peine sortit de leurs sommeils. Et Weren, et un de ses homme se chargerait des deux prisonniers du campement. Après tout on devait tâcher de ne pas s'attarder ici plus que de nécessaire si possible.

Du coup ils n'attendirent pas, et attaquèrent donc le petit campement avec la ferme intention de récupérer les prisonniers des théocrates. Et de se replier dès que ce serait chose faîte. Faire le plus de perte possible aurait certes été une idée tentante, mais bien trop risqué. Car le priorité était avant tout de ne pas s'attarder plus que de nécessaire.

Qui aurait prédit que leur camp allait se faire attaquer... personne. Même durant le temps d'un acte des plus simples et des plus élémentaires. D'ailleurs, on pourrait dire que c'était même des plus ridicules tellement que les probabilités que cela se passe sur la même ligne de temps étaient plus que minces...

Avant que le camp ne soit attaqué, Alauwyr avait quitté le camp le temps d'aller se soulager. Même en plein milieu de la nuit, certaines choses ne pouvaient pas attendre. L'Alayien s'était même suffisamment éloigné pour ne pas avoir à avoir le regard niais des autres membres du groupe ou encore pour entendre leurs voix. Certains en avaient eu d'agaçantes. S'éloigner lui permit aussi de pouvoir s'isoler. Par moment, il appréciait être en présence que de lui-même, autant pour méditer à bien des songes que de regarder les étoiles. La voûte céleste n'était guère différente de là où il la contemplait autrefois en Alayia. A revoir certaines étoiles familières, bien des questions fusaient dans son esprit. Des questions qu'il hésitait à répondre. En cinq longues années à marcher sur Armanda maintenant et certaines n'avaient jamais eu de réponses claires. Peut-être parce que trop mitigées ? Ne correspondant pas à sa propre vision ?

Un cri d'alerte coupa court à ses pensées et par réflexe, il sortit son épée et remonta le foulard pour couvrir son visage. Celui-ci prit la couleur sombre de son armure. Nul besoin que des Protégés qu'il avait pour rencontrer avant la venue de Vraorg le reconnaissent. Il avait pris cette précaution depuis une ou deux petites rencontres assez perturbantes. Après tout, il était là pour se battre, pas pour entendre les paroles d'un adversaire qui refuserait de se battre en reconnaissant les traits de l'Alayien.

Après le cri d'alerte, il arriva à voir dans le jeu des flammes du campement des silhouettes qui se battaient entre elles. Les Protégés leur étaient tombés dessus. Ne connaissant par leur nombre, Alauwyr opta pour une approche la plus discrète possible. Aux premiers abords, ils ne paraissaient guère nombreux, mais ils avaient réussi à surprendre les soldats du campement. La raison était évidente : sauver les prisonniers. Par Néant, jamais ils n'auraient dû rester si proche de la frontière. Mais les choses étant ce qu'elles étaient...

Il réussit à se rapprocher de sa première proie, qui se retourna en entendant son approche. Alauwyr n'avait pas cherché non plus à maximiser son approche. D'un coup d'épée, il réussit à repousser une arbalète armée. Le tireur qui avait abattu la sentinelle guettait le moment pour décocher son trait sur un théocrate. L'occasion lui avait été coupé par l'arrivée d'Alauwyr. Se ressaisissant, il recula vivement de quelques pas pour tenter de tirer son carreau sur le théocrate qui se dressait face à lui. Il n'eut pas le temps d'appuyer sur la détente que le tranchant de l'épée fendit les chairs de son flanc, en dessous de son armure. Un hoquet de surprise et de souffrance et il écarquilla les yeux avant de voir l'Alayien lever son épée pour l'abattre sur lui... le noir fut son seul échappatoire.

Alauwyr ne perdit pas plus de temps une fois son premier adversaire réduit à néant. Sans attendre, il jeta son dévolu sur un autre adversaire, de carrure imposante à ce qu'il vit dans le reflet des flammes du feu de camp. D'un pas résolue, il se dirigea vers lui avant de stopper. Sa main se resserra sur la poignée de son arme. Impossible....Quand son ennemi se retourna pour lui faire face, le doute ne fut plus de mise. L'impossible devint réalité. Il prit son épée à deux mains, tout aussi déterminé. Le destin jouait parfois bizarrement et menait ses pions à des moments perturbants. Le regard plissé, il se tenait déjà prêt pour le combat

En face de lui se dressait un Protégé qu'il avait connu autrefois : Christan Weren.

Bien entendu un cri d'alerte ne tarda guère à retentir, et cela voulait donc dire qu'il était maintenant trop tard pour reculer, et qu'il fallait se presser pour libérer les prisonniers, et fuir au plus vite. Il faudrait donc vite retourner chercher les chevaux avant que des renforts arrivent, et profiter de l'obscurité alentour pour semer les poursuivants, raison pour laquelle d'ailleurs il avait bien mieux valu faire cela de nuit. Enfin dans tout les cas autant ne pas trop s'attarder à penser car il fallait agir vite, après tout les serviteurs du blanc laissent rarement une deuxième chance de vaincre à leurs ennemis, et en tant que protégé Christan, et ses hommes devaient être sur leurs gardes, et ne pas comettre d'imprudence.

Dans tout les cas ses hommes firent plutôt bien leur travail, et il pu atteindre sans grande difficulté les deux prisonniers avec l'aide d'un de ses hommes malgré l'opposition d'un archer prit au dépourvu au passage. Il restait donc à se charger de sortir ces évadés de là… Hmm une elfe, et un humain. Sans doute que les théocrates n'avaient pas dû capturer l'elfe sans mal même si cette dernière semblait épuisé. Les alayiens n'aimant aucunement toucher les elfes, Christan prit néanmoins sur lui, et sortir sa dague de jet pour trancher les liens de celle-ci qui s’avéraient étrangement solides… D'accord la meilleure idée serait sans doute d'essayer de la détacher en un autre lieu. « Toi là, tâche de les emmener jusqu'au chevaux dès que possible. Nous allons pendant ce temps essayer de les occuper. » Dit-il autoritaire au soldat l'accompagnant, l’autre n'aimerait sans doute pas, mais il fallait le faire, et alors que l'autre humain pour sa part avait pu voir ses liens coupés Christan entendit des pas non loin, et se retourna.

Il n'était guère étonnant de tomber sur des adversaires qui savaient se battre, ou sur des vétérans endurcis, même affaiblie une elfe avait dû être très dur à capturer pour ce groupe d'hommes, mais ils y étaient arrivés, et du premier regard Christan conclut qu'il était tombé sur un farouche guerrier, en tant que vétéran lui-même pouvait facilement juger de la valeur de quelqu'un d'un regard en général, et c'est donc un solide adversaire qui se présentait face à lui, un épéiste. Une épée est une bien piètre arme en temps normal face à une armure, mais ce genre d'arme est plus rapide qu'une hache, et peut-être utilisé sur un point faible, une arme qui pouvait donc être dangereuse si Weren avait l'arrogance de se croire invincible face à son adversaire, mais malheureusement pour ce dernier Christan se donnait toujours à fond dans un combat sans sous-estimer son ennemi, et de toute manière il n'était pas non plus ici pour un combat à mort qui durerait certainement trop longtemps pour qu'il puisse se replier en toute sécurité au passage. Il fallait donc faire vite !

Il prit donc sa hache de guerre à deux mains, et se mit en position de garde. Tout le monde dans l'unité savait qu'il fallait partir au plus vite, Christan tâcherait donc d'occuper cet adversaire le temps que le soldat parte avec les prisonniers, puis prestement il devrait se replier. Weren se mit donc en garde, et partit à l'assaut profitant de l'allonge de son arme pour tâcher de maintenir son adversaire à distance, silencieux Weren se concentrait car son but n'était pas de tuer l'autre, même s'il ne cracherait pas sur cette possibilité, mais surtout de le maintenir à distance, et l'obliger à se concentrer sur le combat, et sur rien d'autre. Pendant ce temps les autres soldats de l'unité de Weren tâchait de tenir occupé les théocrates le temps de faire fuir les prisonniers. Et se battaient donc plutôt de manière à ne pas prendre trop de risque.

Les fers se croisaient et les cris retentissaient des combats qui se déroulaient autour d'eux. Alauwyr se ficha pour l'instant comme d'une guigne des autres soldats théocrates en proie avec les ennemis. Là se dressait devant lui Christan. Le voyant prendre sa hache de guerre à deux mains, il se mit en garde, guettant le moindre mouvement qui pourrait annoncer une charge bovine dont il était tellement spécialiste. Encore sous le choc d'avoir retrouvé un homme qu'il croyait mort depuis tout ce temps... et qui se tenait devant lui serrant ses lourdes mains sur le manche de sa hache de guerre. Là jamais il n'aurait cru cela possible.

La stupéfaction fut jugulée pour ensuite être refoulé. Même s'il appréciait Christan, il connaissait d'office sa position vis à vis des traîtres et comme Alauwyr tenait personnellement à rester en vie. Christan aurait bien ri à ce genre de retrouvailles, lui qui avait toujours rêvé d'un combat épique. Son rêve ne se réalisera pas. Alauwyr veillerait à ne pas se faire avoir. Même si l'Enferraillé était bien plus puissant sur ses coups que lui, Alauwyr gardait l'avantage de son agilité et de la maîtrise de son épée. Encore une chance que son fouloir qui s'adaptait à son armure ainsi que la capuche lui dissimulaient les traits de son visage. Par contre, il gardera le silence. Il n'avait rien pour la camoufler et c'était un très piètre imitateur.

Sans attendre, car il ne devait pas omettre que Christan était avec les autres protégés pour récupérer sans aucun doute possible leurs prisonniers, il prit les devants pour le combat et le harcela de coups. Comme son adversaire s'était campé, pourquoi ne pas en profiter ? Et là, point de joute amical, point d'entraînement. Le combat était bien réel. Mais il n'arrivait pas à se défaire à l'idée qu'il affrontait un vieux frère d'armes. Après les quatre cents coups qu'ils avaient fait ensemble, il était difficile de songer qu'il saura sans doute amener à lui planter son fer dans ses chairs pour que les théocrates n'aient pas à perdre la face en perdant les protégés. Mais pas de place à la sensibilité !

Il grogna quand il dut reculer pour esquiver un coup de hache qui passa horizontalement. L'air siffla, comme une promesse de mort. Mais quelque chose clochait. Les coups manquaient de désir de porter les coups. Comme si... Il ne se posa pas plus de questions et relança une nouvelle séries de coups harcelants, dans le but de le fatiguer rapidement.

Le guerrier en face de lui serrait dans sa main une épée visiblement à une main, sans doute qu'il comptait en user en combat, arme rapide, mais bien plus courte que sa hache de guerre, cela permettrait donc à Christan de ne pas trop laisser le monopole de l'initiative à son adversaire car ce dernier serait obligé de s'approcher pour donner un coup, et Weren n'aurait pas trop de mal à le maintenir à distance sauf si l'autre n'avait pas froid aux yeux, et ce serait bien car ce genre d'adversaire était plutôt appréciable. Surtout quand on voulait un combat à mort qui se terminait rapidement. Court, mais intense.

Il suffirait juste de bien manier sa hache, et il pourrait tenir son adversaire en respect assez longtemps pour pouvoir ensuite se replier avec ses hommes. Même si l'idéal serait de pouvoir mettre à terre l'épéiste pour pouvoir se replier plus tranquillement. Enfin il verrait bien, les chevaux devaient être à moins d'une centaine de mètre, cela devrait être faisable avec un peu d'effort. L'avantage qu'il avait dans ce combat, son armure, pouvait aussi être un désavantage pour le repli. Mais bon trêve de ce genre de pensée, généralement les meilleurs plans finissent toujours par voler en éclat dans le feu de l'action, et c’est toujours le feu de l'action qui déterminé les résultats d'une opération.

Son adversaire voulu l'attaquer en premier ? Bien… Christan manœuvra donc pour donner un coup de hache d’une grande amplitude comme pour le prévenir que s'il s'approchait davantage il pourrait s'en mordre les doigts. Christan ne comptait sûrement pas s'épuiser malgré le fait que son adversaire semblait vouloir le harceler, et il manœuvra de façon à tenter de le repousser sèchement, il donna donc un coup de hache de bas en droite jusqu'en haut à gauche pour obliger son adversaire à faire une roulade en arrière, ou un saut en arrière pour esquiver. Cette épéiste était bien plus agile que lui, mais à force de subir ce genre d'attaque Christan commençait à avoir se défendre. Non, mais sérieusement à chaque fois qu'il combattait un épéiste que ce soit un vampire exceptionnellement doué à l'épée, Alauwyr, ce bougre-ci, ou Luna ils misaient sur le harcèlement ! A la longue on finissait par développer deux trois techniques de défenses contre cela, après tout en combat ce qui est essentiel c'est de pouvoir savoir changer sa façon de se battre d'un moment à l'autre. Mais il ne doutait pas que son adversaire sache le faire donc autant se montrer prudent face à cette anguille. Surtout quand elle aurait compris qu'il fallait changer d'angle d'attaque.

Et il passa donc à autre chose, le combat ne devait pas durer, et il devait faire en sorte que ça aille rapidement vers sa fin. Alors qu'il avait pour optique de refoulé son adversaire un peu à distance il n'attendit par pour attaquer. La hache enduite d'un empois de nécrose siffla dans l'air alors qu'il frappait de toutes ses forces. Son but ? Il avait vu le feu de camp derrière son adversaire, si ce dernier marchait dessus cela le gênerait assez pour que Christan puisse se replier rapidement ensuite. Parce que déjà les hommes de Christan pour certains avaient déjà récoltés quelques blessures, et s'apprêtaient à se replier rapidement car les prisonniers étaient déjà assez éloignés. Il ne valait mieux pas trop s'attarder ici de ce fait. Sinon l'épéiste pourrait bientôt bénéficier du soutien de plusieurs alliés, et cela deviendrait assez vite bien plus compliqué.

Les coups de hache étaient donnés dans des mouvements lourds, mais secs et méthodiques pour le contraindre de reculer. Le regard froncés face à ses assauts, Alauwyr ne pouvait que reculer pour esquiver les coups qui, s'ils venaient à le toucher, le broieraient en plus de le découper en deux. Et là il comprit ce que Christan voulait faire : il voulait gagner du temps pour que les prisonniers s'échappent. Mille et une question passèrent dans son esprit quand il fit un pas rapide en arrière pour éviter un coup porté par le haut. Ces questionnements furent chassés aussi vite qu'ils étaient venus. Ce n'était pas le moment de réfléchir à des soucis autre que ce combat ; sauf une : devait-il neutraliser voir tuer Christan ? Un vrai dilemne. Car avec cela, les prisonniers allaient être libérés et s'échapperaient. Ce serait passer un sale quart d'heure par les supérieurs si son groupe arrivait à survivre.

Il tourna juste une seconde la tête pour évaluer ce qui se passait autour de lui, autant pour jauger la situation que de prévenir une attaque en traître derrière lui. Cet acte, même bref, manqua d'être mortel. Il esquiva à temps un pas sur le côté, les yeux écarquillés de sa bêtise aussi stupide de se détourner de son adversaire. La hache avait frappé le sol avec un tel fracas qu'il en avait ressenti le choc à travers le sol ! Il n'y allait pas de main morte le bougre ! Et comme l'Alayien ne tenait pas à se faire hacher menu.

Une chaleur commençait à s'insinuer dans le bas de sa botte et il eut le temps de bondir sur le côté tout en voyant le feu du campement tout proche de lui. Par Néant ! en reculant, il n'avait pas fait attention où il mettait les pieds ! Il lâcha un bas juron avant de se faufiler en vitesse derrière Christan, pour le prendre de cours et se mettre dans son dos dans une petite idée d'une offensive; Le combattre tout en se posant des questions existentielles le gênaient. Il devait cesser d'avoir l'esprit encombré. Bien difficile quand ses yeux s'étaient posé un tout bref instant sur le feu tout proche. Un frisson l'avait parcouru avant qu'il ne chasse ses muscles crispés par la proximité ''effrayante'' des petites flammes dansantes.

Il réussit presque à être dans le dos de son adversaire ; car bien entendu Christan ne perdrait pas de temps à se retourner pour garder le contact. Dans ce qu'il voulait faire, la vitesse serait la plus déterminante pour accomplir ce qui allait suivre. Alauwyr était bien déterminé à ne pas y laisser la peau, donc lui aussi allait combattre d'une autre façon. Ayant combattu plusieurs fois en toute amitié l'enferraillé. Il sauta pour donner un coup d'épaule dans la cuirasse de Christan, avant qu'il ne soit à portée du tranchant de sa hache. Le but ? Le renverser, que le poids de son armure le fasse tomber ! Le tout sans que lui-même ne soit précipité dans la chute, en récupérant vivement son équilibre. Une action de même pas quelques secondes.

Autour d'eux, le combat prenait une autre tournure. Les prisonniers étaient poussés, harangués pour se dépêcher pour fuir le campement. Un théocrate poussa un gargouillement quand un Protégé réussit à lui enfoncer sa fine lame entre les côtes. Doucement, l'avantage revenait aux Protégés, qui accomplissaient les ordres prévus.

Il esquivait bien l'épéiste, et il avait raison de jouer sur l'esquive. Il avait la technique, et était assez malin pour savoir que parer une hache avec une épée n'était pas vraiment le plus approprié, si le bougre avait eu un bouclier cela aurait pu être une tactique efficace par contre même si les coups l'auraient un peu déstabilisés. Comme quoi il faut savoir bien s'équiper, la hache était une arme de force, et très agressives, Christan savait à quel point il était compliqué de parer avec une hache, on pouvait bloquer les coups, mais difficilement les dévier sauf si on savait parer avec le fer ce qui est bien plus dur qu'avec une épée. Au final quand on maniait une hache, il fallait...

Attaquer ! Attaquer ! Attaquer ! Qui savait manier une hache savait que même un jeu défensif à la hache devait être teinté d'agressivité, il fallait attaquer, attaquer quand une occasion se présentait, tout en mesurant les coups pour éviter trop de failles dans son jeu d'attaques. Profiter de l'allonge de l'arme pour tenir l'adversaire à distance, et ne pas relâcher le rythme des assauts sans pour autant baisser sa garde. C'était une arme offensive, et pas défensive, on pouvait bien entendu pour se défendre user d'un bouclier, arme que Christan savait manier, mais quand on use d'une hache à deux mains comme il le faisait à l'instant la meilleure défense restait de loin l'attaque implacable, et soutenue.

D'ailleurs voyant que son adversaire faisait attention courtement à autre chose Christan manœuvra, il déplaça le manche de sa hache pour tenir ses deux mains au dessus de sa tête, dans un mouvement fluide, et en partie circulaire il mit la hache en position pour donner ensuite un coup de haut en bas de toute ses forces, coup qui aurait fait de beaux dégâts si son adversaire n'avait pas esquivé, enfin il aurait dû se douter que cela n'aurait pas été aussi facile pensa t-il en tirant de toutes ses forces pour retirer sa hache qui avait percuter le sol, heureusement le dit sol était assez dur, et sec, et l'arme ne s'était pas trop enfoncé. En même temps il aurait fallu être stupide pour enfoncer son arme dans un sol boueux en plein combat… Autant d'ailleurs ne pas trop jouer sur ce genre d'attaque car sinon cela pourrait lui jouer un très mauvais tour.

Et il vit d'ailleurs que l'histoire du feu de camp n'avait pas trop fonctionné, encore en train de reprendre pleinement en main la hache prête à porter une autre attaque violente son adversaire pour sa part essayait de le prendre par derrière, il court il court le furet. Bon sang il avait l'impression de voir la gamine en plein combat, cet adversaire là était néanmoins plus fort que Luna, mais moins agile. Néanmoins il savait bien user de son agilité, un soldat expérimenté en somme. Analyser le jeu de l'adversaire, et tenter de profiter des failles de ce dernier voilà ce que chacun d'eux faisait, il fallait que ce combat s'achève bientôt, il ne devait pas rester trop longtemps ici pensa Weren… Et le fait qu'il n'affronte pas une bleusaille compliqué les choses...

Heureusement il avait des réflexes honorables, et ne tarda pas à se retourner quand on adversaire voulu en profiter pour lui donner un coup à l'épaule ce bougre ! S'il tombait Weren était mort, dans un mouvement d'urgence ce dernier convertit donc sa hache en un support, il en usa comme d'un bâton en la plantant au sol pour se soutenir dessus en plus de ses jambes, et reprendre l'équilibre au plus vite. Cela dura quelques secondes aussi, secondes périlleuses, et par réflexe il donna un coup circulaire immédiatement après s'être remit pour si jamais son adversaire avait essayé de se rapprocher pour en profiter… Car là il aurait eu une occasion en or s'il n'avait pas dû reprendre son équilibre après avoir prit son élan pour percuter Christan...

Il ne pouvait plus tarder pensa t-il en regardant les environs, les soldats alayiens alentours commençaient déjà se replier avec les prisonniers… Il se retourna face à son adversaire, et réfléchit dans l'urgence… Il faisait nuit noir, et tout naturellement. Tout naturellement il était dur de poursuivre quelqu'un dans l'obscurité… Il devait donc en tirer parti, mais avant cela il devait trouver un moyen de gêner son adversaire assez longtemps pour pouvoir se mettre à courir dans l'obscurité nocturne.

Et autant faire simple, il se contenta donc de prendre temporairement sa hache à une main, et de défaire rapidement de l'autre sa cape avant de la jeter sur son adversaire. Ce n'était pas une tactique de combat honorable, lui-même n'aurait guère apprécié en user, mais là il voulait se replier pas combattre, et avec de la chance cela gênerait son adversaire juste assez longtemps pour qu'il ne soit pas immédiatement sur ses talons quand il serait sortir du camp, et donc suite à ceci Christan se retourna, et courut ensuite vers les chevaux, comptant bien profiter de la nuit noire pour pouvoir échapper à ses poursuivants. Les renforts théocrates n'allèrent guère tarder à arriver, et il serait suicidaire de trop s'attarder dans les environs après tout. Ce combat l'avait en partie fatigué, et même s'il aurait bien aimé le poursuivre, il valait mieux éviter une mort stupide, et inutile. Et puis de toute manière il comptait s'acheter une cape d'un autre genre autant donc que celle-ci serve...

Par Néant, au lieu de tomber, Christan réussit à garder son équilibre avec l'aide du manche épais de son arme avant de décocher un coup circulaire. Alauwyr se baissa juste à temps pour éviter le passage tranchant qui aurait qui lui ouvrir le sommet du crâne ; lui qui avait commencé à se rapprocher pour espérer lui faire un croc en jambe et le faire tomber à terre et le neutraliser. Mal lui avait prit d'avoir perdu de précieuses secondes pour retrouver son équilibre après avoir espérer faire choir son ancien ami. Trois années lui avaient été profitable à lui aussi visiblement pour s'améliorer. Une bonne chose comme une mauvaise en fin de compte. Car Alauwyr rechignait réellement à porter un coup blessant voir fatal à l'Enferraillé. Christan pour sa part n'hésitera pas. Plus encore s'il venait à apprendre qui était son adversaire.

Une fois la hache passé, il se redressa et fit un pas en arrière s'attendant déjà que la lourde hache virevolte vers lui pour lui imposer de reculer encore. Au lieu de cela, ce fut la cape de Christan qui lui tomba sur la tête. La surprise d'un geste si anodin, si.... peu honorable l'avait presque scotché sur place. Cela suffit à Christan pour prendre la fuite. Grommelant de cette attaque sournoise et en entendant son adversaire courir lourdement dans une direction opposée, Alauwyr tourna la tête pour évaluer la situation. Les prisonniers n'étaient plus là. Les soldats théocrates terminaient soit de combattre les plus faibles des Protégés ; c'est à dire très peu de têtes, soit ils tentaient de se remettre en état de combattre soit après avoir été blessés ou assommé. Sans chercher plus à comprendre, l'Alayien se mit à la poursuite de son ancien compagnon d'arme, bien décidé à ne pas le laisser fuir.

Ca bataillait au sein de son propre esprit encore. Laisser fuir Christan ou le poursuivre pour le combattre se confrontaient en même temps l'un contre l'autre. Entre le soldat actuel qu'il était et l'ancien, les deux s'affrontaient pour prendre les commandes. Alauwyr sut trancher vivement. Même si Christan n'était encore qu'à quelques mètres, l'épéiste stoppa net, glissant sur le sol mi herbeux mi poussiéreux. Il prit le risque d'ouvrir la bouche pour héler le fuyard. La provocation avait toujours été un petit avantage pour titiller Christan, surtout si on abordait un certain domaine qu'il n'appréciait pas du tout ! Il veilla à camoufler au maximum sa voix qui allait porter jusqu'aux oreilles de Christan

''Fuis pendant que tu le peux encore ! J'avais ouïe dire qu'un certain Weren ne reculait jamais devant un combat ! Que fuir n'était que pour les faibles et les lâches ! L'emprise du temps fait bien des dégâts ! ''

Qui sait comment il allait réagir l'autre. A sa place, Alauwyr aurait gardé l'idée de repartir avec les prisonniers. Par contre, si jamais Christan apprenait plus tard qui il était, il prendrait cher. Christan était ce qu'il était mais il avait une fâcheuse tendance à la rancune.

Se retrouver vautrer par terre au milieu d'un camp théocrate... Même s'il aurait pu se relever cela aurait été une situation de très mauvais augure surtout que cela lui aurait fait perdre du temps, et il ne doutait pas que son adversaire en aurait profité, ce sale fourbe ! Enfin cet épéiste avait de l'audace cela Christan devait bien l'avouer, après tout ce n'est pas tout le monde qui aurait osé faire du rendre dedans à une armure pour faire tomber l'homme à l'intérieur, et pourtant les initiés au combat contre les soldats en armures lourdes savaient que jeter à terre un guerrier en armure était sans doute la meilleure façon de le vaincre lorsqu'on maniait une épée, Christan avait vu nombres d'épéistes abandonnaient leurs armes face à des soldats en armures lourdes, et y aller à main nue pour jeter à terre leurs adversaires, le combat en armure d'une certaine façon nécessitait donc une certaine maîtrise du pugilat, sauf si on aimait le goût de la poussière…

Mais ce combat se révélait amusant finalement, dommage qu'il faille y mettre un terme, après tout on ne pouvait pas malheureusement traîner éternellement ici, et il fallait bien allait récupérer les chevaux avant que des renforts théocrates n'arrivent pour compliquer encore la situation, déjà que les théocrates semblaient s'être quasiment remit de leurs surprises initiales aux alentours, et reprenaient peu à peu la situation en main, oui il fallait se replier, et vite !

Et il ne fut d'ailleurs pas mécontent de voir que sa petite tactique avec la cape avait eu son effet, bon ce n'était pas forcément des plus normal pour lui de faire ainsi en plus du fait qu'il avait perdu une cape dans l'histoire, mais le résultat était là. Son adversaire avait été prit au dépourvu, et Weren entreprit d'en profiter de ce pas pour se replier.

Bon il ne rêvait pas non plus, il savait qu'envoyé une cape sur la tête de quelqu'un ça ne le déroute pas plus de quelques secondes, ou du moins le temps qu'il se démêle de la cape, mais au moins cela lui donnait un peu d'avance, et puis il faisait tellement sombre en dehors du camp que cela l'aiderait à fuir, pas étonnant que les dents pointues aiment attaquer de nuit, cela devait être un formidable avantage de pouvoir se cacher dans l'obscurité après un assaut fulgurant, c'était fourbe comme tactique, mais cela devait briller d'efficacité.

Et c'est qu'en plus l'épéiste s'amusait à le chercher, eh bien soit… Même s'il aurait été tentant de venir revenir essayer de corriger ce sale nodocéphale dans l'instant, Christan dû remettre cela à plus tard, car il n'était pas npn plus stupide. Mais sans oublier au passage de dire d'une voix grave, augurant une promesse.

« Souviens toi de tes propos le jour, ou nous nous reverrons. Car ma hache sonnera bien mieux que dix milles mots. » Simple, concis, claire car de un il n'avait pas de temps à perdre, et de deux un coup de hache était la seule façon de communiquer que méritait un théocrate selon lui. Dans tout les cas il se souviendra de cet épéiste, cette affaire se réglerait plus tard en temps, et en heure pensa t-il alors que lui, et ses hommes se rapprochaient peu à peu des chevaux, tandis les théocrates non loin qui s'étaient élancés à leur poursuite représentaient une bonne raison de se presser… Heureusement il était hasardeux de poursuivre quelqu'un dans une telle obscurité, surtout que bien peu de théocrates avaient pensé à prendre de l'éclairage avec eux... Sans doute que l'un d'entre-eux aura bientôt l'idée de le faire par magie, mais pour le moment autant ne pas traîner.

Si Christan éprouva de l'hésitation à se retourner pour venir museler l'impudent, il n'en fit rien et se contenta de répliquer comme il se devait avant de reprendre de plus belle sa fuite. L'objectif des protégés avait été atteint : les prisonniers n'étaient plus dans les mains des théocrates. Pendant que les autres soldats se lançaient à la poursuite de ennemis en fuite, Alauwyr se contenta de rester droit, baissant légèrement son épée et le regard plissé sur la silhouette de Christan qui s'éloignait. Pour sûr qu'il l'oublierait pas. Christan était peut-être un individu à l'esprit qui misait sur la brutalité, mais il oubliait rarement ses propres dires. Au moins la chose certaine était qu'il n'avait pas su reconnaître le style de combat de son ancien ami. Il avait déjà affronté Alauwyr dans quelques affrontements amicaux. Peut-être que la manière de combattre de l'Alayien à la crinière grisée avait un peu changé, ou alors Christan était trop accaparé par sa mission. Qui sait

Serrant brièvement les dents, il détourna la tête. La prochaine rencontre sera plus fracassante. Là tout se jouerait. Le Destin aimait s'amuser de la sorte. Il rangea au fourreau son épée et jeta un dernier regard là où la silhouette imposante de Christan s'était encore tenue.

''La-dessus, je te fais confiance...''

Il avait marmonné pour lui. Poursuivre Christan n'aurait servi à rien, si ce n'était de se prendre une flèche s'il avait posté des archers un peu plus haut pour couvrir leur fuite. C'est ce qu'il aurait fait lui à sa place. Un bref instant, il songea encore à ce qu'il aurait pu commettre en revoyant son ancien ami. Aurait-il du se dévoiler ou le suivre ? D'autres questions se bousculèrent dans son esprit. Que cela le perturbait ! Il grinça des dents et décida d'aller aider les survivants à ramasser les blessés, les soigner et à lever le camp. Mieux ne valait pas traîner dans le coin. Nul doute qu'il recroiserait Christan. Maintenant qu'il le savait en vie et que l'Enferraillé chercherait sans doute à rabattre le caquet pour lui renfoncer ses sales paroles dans le fond de la gorge à coup de hache... Quelle tête aurait-il quand il saura ? Difficile à dire.

[HRP : merci pour cette partie o/]