16 juillet

Cela avait été soudain, rage colère, haine, douleur, souffrance, tristesse, abattement, désespoir, tout avait ainsi déferlé dans son esprit, il n'y avait pas cru au début, mais quand il avait assimilé la chose, quand il avait compris que c'était la vérité. L'impossible, l'ignoble, l'impensable, la terrible vérité... Christan avait eu l'impression de se faire lacérer l'âme, aucune souffrance ne pouvait égaler celle-là pour lui. Oui aucune, il ne savait même plus où donner de la tête, son esprit était perdu dans cet abîme qu'était devenu son âme.

Et sa réaction sans être illégale avait était criante de son état. Et personne ne lui avait rien reprocher car tout les autres fidèles comprenaient qu'il ait pu réagir ainsi, et maintenant, poussé par la colère, et le désespoir… Et maintenant il était en train d'errer, sa démarche n'était pas du tout aussi assuré que d'ordinaire, c'est presque comme s'il boitait sous le poids de tout ce qui le ravageait, et pesait sur lui. Le genre d'état digne d'une blessure grave, et c'était bien l'état dans lequel il était, mais la blessure n'était pas physique, non elle était d'une toute autre nature...

Et il errait ainsi au sein de Sandur pour en sortir, se rendre à l'extérieur e la muraille là où il n'y avait guère monde... Il ne faisait pas attention à ceux qu'il croisait en chemin, ne prenait même pas la peine de remarquer de quelle race ils étaient, ou quoi que ce soit d'autres. Car en cet instant ce genre de choses n'avaient plus vraiment d'importance pour lui. Plus rien n'avait vraiment d'importance au fond. Et Weren avait l'impression qu'une partie de lui venait de mourir, et pas que. Juste une ombre errante en armure ayant perdue sa raison de vivre… Voilà ce qu'il était en cet instant...

Et il s'arrêta au bout d'un moment, resta là longuement immobile, sans rien dire… Regardant quelque chose qui n'était pas là. Sa respiration était calme, son regard… Morne, épuisé. Sa respiration se faisait tout à coup plus rapide, plus grave, plus douloureuse. Son cœur battait à tour rompre, il avait mal. Il avait l'impression qu'on lui serrait le cœur d'une main, qu'on lui labourait la cervelle, il souffrait… Il avisa l'un des murs composant la muraille de Sandur, lentement il s'en approcha.

Et il frappa la pierre du mur à main nue, conscient qu'il allait se faire mal il le fit quand même… Ses mains mêmes munies de gantelets devinrent rapidement douloureuses, et après quelques coup il enleva son casque… Et donna un coup de tête, la douleur était cinglante. Il resta suite à cela collait au mur en serrant les poings… il n'y avait personne autour pensa t-il, et il resta là immobile, finissant par tomber à genoux alors que ça tête était posé contre le mur, et il restait là silencieux… Qu’il y avait-il à dire ? Rien, il n'avait même plus envie d'être en colère, même plus envie de quoi que ce soit d'autre. L'unique était partie… Et rien ne la ramènerait, il avait échouer… Il avait perdu celle à laquelle il avait tout dédier, les infidèles avaient vaincus, Vraorg avait vaincu… L'alayia avait perdu, son combat n'avait servit à rien pensa t-il en serrant les dents alors que ses poings étaient crispés, il avait envie d'hurler sa douleur, mais elle était trop forte. Il gémissait alors que ses dents refusaient de se déserrer, sa douleur physique alors qu'il recommençait à frapper le mur avec le poings n'arrivant même pas à le distraire de sa douleur psychologique. Il n'était même pas mort, le pire étant qu'il était vivante, et qu'elle était morte. Sur toute la ligne il avait échouer, et en plus il était encore vivant pour subir la honte de l'échec… Pire que la mort, cent fois pire…

« J'ai échoué… J'ai échoué... » Fini-il par murmuré, plusieurs fois… A répétition, dans sa voix nulle colère, mais une amertume infinie, un regret immense, une douleur qui brûlait son âme aussi sûrement que brûlerait son corps s'il s'était jeter à vif dans les flammes de milles dragons. Il ne faisait pas attention sur l'instant à quiconque pouvait arriver non loin, et pour cela qu'il ne remarqua pas celle qui venait d'arriver pour une raison, ou une autre...

Cela aurait été une journée tout à fait normale si l’éclat des voix inquiètes n’avaient soulevé l’étrange comportement d’un général alayien. Les habitants de Sandur qui avaient croisé le chemin de Christan avaient su lire en lui qu’il valait mieux ne pas le déranger même si son visage était voilé par son casque. Certains avaient été suffisamment curieux pour vouloir lui demander ce qu’il se passait, mais personne n’avait été suffisamment courageux pour l’arrêter et passer à l'action. Au final, les gens avaient préféré l’ignorer. Ils l’avaient laissé tranquille et avait vaqué à leurs occupations usuelles. Voilà que les rumeurs s’élevaient dans le Protectorat, les unes plus farfelues que les autres.

Luna n’était au courant de rien tandis qu’elle s’entraînait avec quelques autres soldats. Elle avait revêtu son armure « Vengeance » pour l’occasion afin de simuler une vraie bataille. Après tout, si une autre bataille éclatait entre les Protégés et les Théocrates, elle la porterait et elle voulait s’habituer au poids qu’elle occasionnait sur son corps. Certes, elle souhaitait qu’il n’y ait pas de guerres, mais cela lui apparaissait impossible. Tôt ou tard, tout éclaterait et elle voulait être prête. Dracos n’avait pas voulu qu’elle participe à la bataille des marais sanglants, mais qui sait ce qu’il lui réservait prochainement?

La jeune soldate croyait en la chance, mais elle ne croyait pas au destin. Selon elle, rien n’était tracé d’avance. Chaque geste, chaque personne pouvait avoir un impact et elle voulait faire une différence. Elle voulait pouvoir faire une différence. C’est pourquoi elle était une soldate, c’était la manière dont elle avait choisi de s'impliquer. Elle s’entraînait et se battrait, le tout pour protéger les siens. Elle croyait en un monde sans Vraorg et sur ce point, elle n’avait pas perdu espoir malgré le fait que les Esprits Supérieurs étaient introuvable et que les forces blanches cognaient à la porte du Protectorat.

L’entraînement venait de se terminer. Aujourd’hui, elle avait laissé de côté son arc pour s’armer plutôt de son bouclier, Mur Thoracique, et d’Éclat, sa lame fine. Elle avait fait soupirer à de nombreuses reprises ses partenaires de combat, ne parvenant pas à bloquer assez rapidement leurs coups, mais elle s’était améliorée. C’était au moins ça… Mais c’était loin d’être suffisant. Ils avaient décidé de prendre une pause et de reprendre un peu plus tard.

C’est lorsqu’elle fut assise à la table commune des soldats qu’elle apprit les nouvelles concernant Christan. Entre la rumeur qu’il s’était fait possédé par une entité quelconque et celle qui disait qu’il ne fallait pas s’approcher au risque de recevoir un coup de hache, elle discerna une vérité : quelque chose n’allait pas chez son ennemi-allié.

Pourquoi s’était-elle levée de table et avait dit à ses compagnons de ne pas l’attendre? Pourquoi s’était-elle alors dirigée vers la sortie de Sandur, là où se trouvait Christan selon certains. Elle ne savait pas vraiment ce qui l’avait poussée à continuer d’avancer lorsqu’elle l’avait vu près de la muraille. Elle avait fait du bruit avec ses pieds afin de signaler sa présence, par précaution de ne pas le surprendre inutilement. Elle était restée silencieuse un moment tandis que l’homme frappait la muraille.

- Mur un ; Christan zéro. Prononça-t-elle lentement.

Ce n’était pas pour se moquer de lui que la protégée de Korentin avait dit cela, bien que cela puisse sembler comme tel. C’était la façon qu’elle avait trouvé pour briser la glace et attirer l’attention de l’Alayien. Une façon maladroite de détendre l’atmosphère d’une certaine façon.

Luna avait su lire le désarroi dans ses yeux. Il était rare que l’on pouvait voir la tête de la brute sombre. Cela signifiait que les choses allaient vraiment mal pour Christan, n’est-ce pas? Mais la gamine n’en était pas certaine. Elle ne savait pas ce qui se passait dans sa tête et dans son cœur. Les seuls indices étaient les mots qu’il avait prononcés. Mais qu’avait-il échoué?

Il y a trois ans, la gamine ne se serait pas gênée une seule seconde pour sauter sur l’occasion et se moquer de son ennemi. Mais aujourd’hui, c’était différent, Christan n’était plus son ennemi. Elle ne le voyait plus ainsi du moins. Il n’était pas un ami avec lequel elle envisagerait de passer une soirée, il se trouvait plutôt dans la catégorie « c’est compliqué ». Malgré tout, le voir dans un tel état était déchirant et elle ne lui souhaitait pas de malheurs. Pas aujourd’hui.

- Christan. Murmura-t-elle doucement.

Il n’y avait pas d’animosité, de colère ou de dégoût dans sa voix. Elle était plutôt réconfortante et se voulait rassurante. Lentement, la jeune soldate s’était avancée vers lui et elle s’était arrêtée afin de ramasser son casque. Elle avait continué pour ne s’arrêter qu’à quelques centimètres de lui et lui tendit son casque.

- Que se passe-t-il? Tu fais peur aux gens… Poursuivit-elle calmement. C’était vrai, son comportement inquiétait les Protégés. Mais Luna n’avait pas peur de lui. Elle devait être la seule qui avait eu l’idée de venir le voir. Si tu veux que je parte, je partirai.

La princesse des lumières n’était pas là pour confronter le mastodonte en armure. Elle ne cherchait pas la querelle et ne voulait pas se battre contre lui. Elle connaissait leur relation tendue et s’imaginait que se confier à elle était la dernière chose qu’il désirait. Se trompait-elle?

Il entendit des bruis de pas… Visiblement quelqu'un s'approchait… Christan mécaniquement jeta un regard vers l'origine de ce bruit. Et il vit la gamine. Gamine qui visiblement attendit sérieusement, et qui murmura des paroles qui auraient pu sonner de diverses manières. Mais en l'entendant le sans cœur serra juste les poings. Christan 0, mur 1 ! Non, Christan 0, Vraorg 1 bon sang ! Il avait juré de détruire tout les ennemis de l'unique qui se présentaient à lui, et maintenant qu'il échouait cet ennemi avait certainement contribué à la mort du Néant...

Et à la présence de Luna, même s'il aurait préféré en partie être seul il ne trouva pas grand-chose à dire, il n'était pas vraiment d'humeur à chercher conflit avec elle de toute manière. Au final de toute manière… Que devait-il faire maintenant que le Néant n'était-même plus là pour le guider ? Il n'en savait rien, mais ce qu'il savait avant tout c'est… Qu'il avait agit toute son existence au nom du Néant… Il cherchait donc maintenant au nom de quoi agir. Au nom de quoi sa vie d'homme, sa vie de guerrier aurait un sens, maintenant que Néant n'était plus ?

La rage, la colère, c'est ce qu'il ressentait généralement devant l'échec, et alors il jurait de recommencer, et de vaincre jusqu'à ce qu'il périsse. Mais là Néant était morte, sa mort à lui lui semblait bien futile en comparaison, l'échec était cette fois-ci total. Que pouvait-il faire maintenant ? Même sa présence au protectorat, son combat avait eu pour but de libérer Néant, et de servir sa volonté. Que pouvait-il donc faire maintenant qu'il n'y avait plus aucune volonté à servir ? Cela il n'en savait rien...

Et entendre la gamine l'appelait doucement par son prénom avait presque l'effet d'une épée plantée à chaud dans le cœur qui se retournait. Prit en pitié pour sa faiblesse voilà ce que ça lui faisait… N'était-il pas fort ? Non il ne l'était pas, sinon il ne l'aurait pas échouer, sinon on ne l'aurait pas prit en pitié. Sa faiblesse venait de voler en éclat en ce jour, et il ce sentait détruit intérieurement...

De toute manière il ne l'empêcha pas de s'approcher de lui, ou de ramasser son casque, et alors elle lui posait une question… Une question qui le réveilla un peu, mais ce n'était que pour mieux ressentir la douleur cuisante de l'échec...

« Tu ne l'as pas appris toi aussi ? » Dit-il d'un coup assez. Vague, vide, en faîte on ne pouvait ni deviner ses émotions à l'instant, ou autre chose. Il semblait ailleurs quand il parlait comme si plus grand-chose n'avait d'importance pour lui. Il prit le casque qu'elle lui tendit calmement, et la regarda. Il n'était pas d'humeur à être en colère contre-elle, ou se défouler ? A quoi cela servirait-il après tout ? Au contraire cela lui ferait oublier son échec, et il ne devait surtout pas oublier son échec car c'était la juste punition qu'il méritait pour avoir faillait pensa t-il en serrant les dents...

« Plus grand-chose n'a d'importance de toute manière… Que tu reste, ou que tu parte au fond, cela ne changerait de toute manière rien... » Dit-il vague, après tout il avait perdu Néant, est-ce que cela le préoccupait vraiment d'envoyer balader cette gamine ? Elle voulait des réponses, il pouvait bien lui répondre pensa t-il… « Néant est morte, morte, et enterrée. » Dit-il en se relevant, et en serrant les poings… Rien que dire ses mots l'avaient fait hoqueter de douleurs… Comment cela pouvait-il être possible… ? « J'ai échouer à servir ma déesse. Je devais la libérer de Vraorg le blanc, mais… J'ai trop tardé, maintenant elle est morte. J'ai été faible encore une fois… FAIBLE ! » Dit-il tout à coup prix par un sursaut de colère il frappa à nouveau le mur du poing…

« Pourquoi ne puis-je pas régler cela en tuant un ennemi … ? Pourquoi ne puis-je pas le régler d'une toute autre manière…. ? L'impuissance est pour les faibles… L'échec pour les indignes... » Murmura t-il sombre, puis après un moment de silence il poursuivit ensuite.

« Que vais je faire... » Murmura t-il tout à coup à nouveau au dessus de la chose, dans un murmure comme s'il ne connaissait pas la réponse de toute manière, et en s'effondrant à nouveau, mais dos au mur cette fois-ci, il devait bien faire pâle figure…

« J'ai perdu ma terre natale, j'ai perdu ma déesse… J'ai tout perdu, et mon peuple n'est que l'ombre de ce qu'il était auparavant… Tout ce que j'ai fais je l'ai fais en son nom, je croyais que c'était juste… Et j’apprends sa mort, et d'autres choses… Comme quoi elle n'était même pas elle-même quand elle nous as guidé... Tout ce que j'ai fait d'honorables, ou de déshonorables. Ce pourquoi je me suis suis battu… Au final tout cela n'avait pas de sens… Tout cela à cause de... » Puis un nom parcouru son esprit, un nom qui sonnait chaud comme un brasier dans ses entrailles, un nom qu'il prononça, et dans lequel il déversa une haine si intense que ce n'était même pas haine, ou ire, mais obsessions au-delà de la haine même… « Vraorg... » Et son envie sur l'instant étant de se lever, et d'aller arracher à vif le cœur du blanc, de le voir souffrir atrocement, de le dépecer, et moult autres choses horribles. De le faire souffrir, d'une souffrance qui transcenderait la souffrance elle-même, voilà ce que désirait Weren en cet instant. Mais il savait que c'était impossible, et à cette pensée il prit sa tête entre ses mains, et se souvenant que la gamine était là il dit vague...

"Mais... Pourquoi es-tu là? Pourquoi te préoccupe tu de moi?"

Pathétique… Il ne devait pas exister meilleur terme pour décrire l’état de Christan Weren en cet instant. Jamais Luna n’aurait cru voir ce moment prendre vie, le moment où son ex-ennemi était dans un état lamentable, dévasté, brisé et dont le moral ne pouvait probablement jamais tomber plus bas. C’était l’occasion parfaite pour s’en prendre à lui et lui rappeler qu’il était ce qu’il détestait le plus, c’est-à-dire un être faible. Il n’aurait la force de répliquer et elle pouvait le piétiner jusqu’à ce qu’il éclate en mille morceaux. La gamine avait rêvé de cet instant plus d’une fois et dans ses rêves, elle n'avait pas résisté à la tentation de se moquer et de faire résonner son rire haineux.

Mais la réalité était une toute autre histoire. Elle n’avait nulle envie de se moquer et la peine de l’Alayien était pratiquement palpable. Elle n’était pas son amie, mais le voir ainsi l’affectait. Avoir été ennemis les avaient-ils rapprochés? Définitivement, un lien s’était formé entre Christan et Luna. Ils étaient proches l’un de l’autre malgré toute l’étrangeté et la complexité de ce lien. La réalité c’était qu’elle n’avait pas envie de rire.

Elle le regarda doucement, soulagée du fait qu’il n’avait pas déversé sa colère contre elle. Certes, elle s’était moqué de son piètre combat contre le mur, mais elle n’avait pas envie de le remplacer. Il lui prit le casque d’entre les mains et pendant l’ombre d’un instant, la gamine devint sa confidente. Néant était tout pour Christan. Normal étant donné son passé et ses origines. Elle l’écouta tranquillement, ne laissant pas ses émotions prendre le dessus sur elle. Elle avait haï Néant. Elle l’avait crainte. Mais maintenant qu’elle n’était plus et qu’elle connaissait désormais la vérité, elle ne savait plus quoi en penser. Ce n’était certainement pas sauter de joie qui lui venait à l’esprit.

- Euh… Balbutia-t-elle.

Pourquoi était-elle là? Bonne question. La soldate avait beau réfléchir aux raisons qui l’avaient poussée à rejoindre Christan, elle se frappait à un mur d’incompréhension. Elle ne savait pas. La logique aurait été qu’elle le laisse tranquille et qu’elle l’ignore. Mais au lieu, elle avait fait une pause à son entraînement et avait abandonné ses compagnons pour venir voir le mastodonte en armure. Ce n’était certainement pas parce qu’il comptait pour elle, jamais elle n’accepterait cette idée…! Ce devait donc être parce qu’elle était prise de folie…

- Tu sais quoi…? J’en sais rien… J’ai aucune bonne raison d’être ici et pourtant, c’est ici que je suis. Il y a des choses qui nous dépassent, je suppose. Poursuivit-elle.

Il n’y avait pas d’animosité dans sa voix, pas de malices ni de dégoût. Elle haussa les épaules.

- Je peux? Demanda-t-elle poliment.

La gamine s’était ensuite installée aux côtés de l’Alayien, à une distance raisonnable sans être trop proche ni trop loin. Elle s’adossa au mur et ramena ses jambes contre elle. Son regard accrocha sa bague et elle soupira.

- Je l’ai appris aussi, ne t’inquiète pas. Néant, morte, qui l’aurait cru? Pas moi en tout cas. Et pourtant, j’ai souhaité sa mort. Tu ne sais pas à quel point… Dit-elle puis elle s’arrêta un petit moment. Christan savait-il à quel point la gamine avait eu de la rancœur envers cet Esprit Supérieur? Je lui en ai tant voulu d’avoir été sa Larme de Néant. À cause d’elle… J’ai tant souffert. Souffla-t-elle.

C’était à son tour de se confier. Elle ne le regarda pas, fixant simplement un point devant elle. Pourquoi lui disait-elle cela maintenant? Une autre question sans réponse, elle ne savait pas.

- J’aurais pensé que la nouvelle m’aurait remplie de joie. Reprit-elle lentement. Mais non… Je ne sais plus quoi en penser. Avoua-t-elle.

Il s’avérait que celle que Luna détestait n’avait pas été elle-même. Elle avait détesté une Néant « manipulée » par Vraorg, inconsciente de ses gestes. Elle lui en avait voulu. Elle lui en voulait encore d’ailleurs, mais pas autant qu’elle en voulait à Vraorg. Depuis le début, c’était de sa faute.

- Tu sais ce que Néant a dit avant de s’éteindre? Demanda-t-elle.

Oui la question était plus que légitime, qu'est-ce qu'elle faisait là ? Est-ce que ce n'était pas elle qu'il avait essayer de tuer à de multiples reprises il y a plusieurs années de cela? Quoique il y avait surtout eu Aigue Royale en faîte, mais cela avait été assez significatif pour faire la différence… Puis il y avait eu cette fois où elle lui avait rendu visite dans sa cellule, cette histoire de protectorat, et où elle lui avait parlé, mais il restait que ça le surprenait. N'étaient-ils pas ? Ils étaient quoi déjà ? Car même le terme d'ennemi n'était pas adéquat, et ami il supposait que non… C'était compliqué en faîte.

Et étrange, cette relation en elle-même était étrange, depuis quelques temps il ressentait une sorte de respect pour elle, et visiblement cela devait être réciproque, mais que cela aille au point qu'elle aille le voir, et qu'elle ne se moque pas de lui… Néant de toute manière ces histoires de combat à mort semblaient avoir perdu du sens depuis la mort de l'unique. L'invasion alayienne elle même avait perdu son sens ! Bon sang, ils auraient pu à la limite rester sur ces îles au milieu de l'océan, peut-être que c'était moins grand qu'Armanda, mais ils auraient pu s'y développer probablement, au lieu de risquer l'extinction de leur peuple actuellement. Mais bon si Néant avait été elle-même, l'alayia ne serait probablement pas tomber. Au fond Vraorg avait fait du mal depuis très longtemps…

Et franchement elle semblait hésitante, et il ne savait pas quoi dire, il n'avait jamais aimé qu'on lui témoigne de la pitié, ou de la compassion. Il avait l'impression que c'était l'apanage des faibles, mais là franchement. Déjà que son univers commencé à s'écrouler, il se rendait compte qu'il l'était bien, faible… Et puis à quoi cela aurait servit de défouler sa colère sur elle ? Une lutte sans valeur, et sans intérêt… Ne s'était-il déjà pas beaucoup battu pour des luttes sans valeur, et sans intérêt ? Il y encore quelques temps de cela il croyait que son combat avait été juste il y a trois ans, puis il apprend que Néant n'était pas elle-même. Qu'aurait-elle désiré ? Peut-être pas l'invasion ? Peut-être le massacre des créatures de magie, peut-être autre chose… Il n'en savait rien, et l'unique n'était plus là pour les guider, ou leur donner une ligne de conduite. L'alayia se retrouvait maintenant orpheline...

Et elle même ne savait pas pourquoi elle était là, eh bien… Au final ce n'était pas comme s'il en avait vraiment quelque chose à faire au final, après tout elle était là, c'était la seule chose qu'il fallait remarquer, le comment du pourquoi au fond n'était qu'un détail. Qui au fond n'aurait pas beaucoup changer ce fait, elle était bien là… D'ailleurs le fait qu'elle ne sache même pas qu'elle était là pouvait être interpréter de mille, et une manière… Pour sa part Christan répondit étrangement pensif.

« Oui, sans doute… Et puis de toute manière qu'importe la raison pour laquelle tu es là car tu l'es, et c'est ce qui importe le plus je suppose... » Puis franchement il n'était pas tant d'humeur que cela à chipoter… Par contre il hésita quand elle lui demanda si elle pouvait s'installer à côté de lui, et finalement il acquiesça lentement de la tête. Il ne voyait aucune raison sur l'instant de refuser après tout, et elle s'installa donc, et commença à parler du Néant...

Le fait de parler du Néant en lui-même faisait assez mal, mais au fond c'était à cela qu'il pensait, et elle parla du fait qu'elle avait souhaité sa mort… Et du fait qu'elle avait tant souffert à cause de Néant. Christan aurait pu s'énerver, mais au fond Néant avait été bouleversé, elle n'était plus elle-même, et voilà tout ce qui s'était produit… Ce n'était pas une Néant cruelle que Christan avait aimé, mais une Néant qui était comme une mère pour son peuple, et qui savait ce qui était juste. Il avait cru en la fin de la magie car pour lui elle ne connaissait que des catastrophes, il avait cru à la fin des vampires car pour lui ce n'était que des prédateur pour le genre humain, des parasites, et il avait cru à la fin des elfes car c'était une nécessite, mais même ces choses là semblaient… Presque différentes maintenant, sauf sur certains points...

Et la gamine avoua qu'elle n'avait rien ressenti, et sûrement pas du soulagement à la mort de Néant, elle aussi avait sans doute apprit la vérité, comme tout le monde. Mais au final, les grand perdants de l'histoire se nommaient alayien… Mais que Néant aurait-elle voulu ? Cela il se posait encore la question, mais sûrement pas tout cela, car ceci avait mené à la victoire prochaine de Vraorg presque…

Et après un long moment de silence il répondit à la question de Luna…

« Non je ne sais pas... » Dit-il, peut-être qu'on l'avait dit, mais il était partit avant sans doute, disons qu'il n'avait pas été d'humeur à rester plus longtemps, et suite à cela Christan commença à dire, de la hargne pouvant se sentir dans sa voix, mais contre qui ? Par contre Luna, contre le destin...

« Stupide, tout cela était tellement stupide bon sang ! Ces histoires d'invasions, la chute de l'alayia, sans Vraorg rien de ceci ne ce serait passé… » Et il dit ensuite la vérité.

« Je croyais depuis le début agir pour le bien de l'humanité… La magie pour moi est destructrice… J'ai vu l'alayia détruite par elle, je vois Armanda en train d'être détruite par elle, j'ai vu des milliers d'hommes mourir de façon atroces à causes d'elles, d'autres torturés, voir pire… Tant de mal, tant de souffrances, la magie offre tant de puissances dans la main de simples mortels, je ne voulais pas priver les Armandéens de la magie pour les affaiblir, mais pour les sauver, et pour que mon peuple les guide… Les vampires pour moi quand à eux étaient une autre preuve que la magie faisait le mal, ils dévorent les hommes, ils veulent en faire leurs esclaves et il fallait libérer l'humanité de ces derniers, et les elfes. Je croyais aussi en leurs extermination lors de l'invasion car ils étaient fait de magie, et leur destruction était nécessaire de même que les dragons, car la magie pour moi nous auraient tous détruit… Et je croyait que Néant étant en train de nous mener vers un futur paisible, et prospère, mais apprendre qu'elle a été manipulé par Vraorg… J'avais aimé une Néant qui voulait le bien de la race humaine, une Néant qui savait ce qu'il fallait faire pour cela, ce que j'ai fait en son nom était nécessaire pour moi. Il fallait être implacable, et ne pas reculer pour éviter un mal suprême… Mais Néant a été manipulé, l'unique que je voulais servir n'était pas celle que je servais... »

Puis alors qu'il pensait à cela il reprit abattu.

« Et la vie est toujours autant une chienne… Nous n'avons pas avancé, nous avons été bien mené par le bout du nez, mon peuple était grand, prospère, puissant. Et l'avenir est… Que va t-il arriver ? Je ne sais pas… Je veux me venger de Vraorg, mais si nous arrivons à le détruire qu'arrivera t-il ? Que faire ? Je suppose que les autres peuples tiendront à leurs vengeances, même si nôtre intérêt à nous ne sera plus la guerre... » Lui-même ne voyait plus l'intérêt de faire une guerre sur le moment, après ces épreuves l'alayia serait exsangue et elle devrait se ressourcer, mais si les autres peuples les attaquaient il faudrait se défendre voilà la seule certitude qu'aurait Christan.

Mais en somme en plus d'être abattu par le mort du Néant il se posait beaucoup de questions sur l'avenir... Et une chose, un souvenir lui revint douloureusement, et il ne savait pas pourquoi, mais il se mit à en parler car il fallait que ça sorte...

"Te souviens tu de quand je t'ai parlé de l'homme qui avait tué la seule femme que j'avais aimai?" Dit-il ensuite à Luna pensif... Avant de conclure. "Cette femme était ma mère, et cet homme était mon père. Après ce qu'il a fait à ma mère je n'ai pu que l'égorger pour la venger, et depuis ce jour..." Il serra les dents, de ses yeux s'écoulèrent quelques larmes. Non il ne devait pas pleurer! C'était l'apanage des faibles! Mais pourtant il ne pouvait s'empêcher de pleurer, et de dire d'une voix tremblante comme si ça ressortait. "Depuis ma naissance, cette pourriture me haïssait, ne cessait de m'humilier, et de me rendre la vie difficile parce que j'étais le rejeton de sa maîtresse qui est morte en me donnant la vie. Il n'y avait bien que ma mère adoptive qui me donnait un peu de consolation, mais la vie est une chienne... Quand je cru avoir gagné le respect de mon père tout a basculé, et il a tout gâché... Plus jamais je ne veux que qui que ce soit me fasse cela, je voulais devenir le plus fort pour ne pas être faible... Je me disais que s'il fallait être du côté des oppresseur, et non des oppressés au moins je serai protégé... Mais même là je n'ai jamais été assez fort... Je ne veux plus que quiconque me fasse cela..." Acheva t-il avant de plonger dans un silence moribond... Et alors qu'il fulminait en son for intérieur il dit à la gamine. "La vie est si fragile, et l'on perd si facilement ceux qui nous sont cher... Ne soit pas faible comme je l'ai été, ne laisse à personne une chance de te détruire, telle est la vie, implacable, cruelle, et injuste... A croire que les hommes sont nés en ce monde pour souffrir, et que la mort est une délivrance..."

Que Christan accepte volontiers qu’elle s’installe à ses côtés avait étonné Luna, mais certainement pas autant que le fait que le mastodonte en armure venait de s’effondrer en larmes. C’était un choc pour la gamine de le voir ainsi et un silence prit le règne de l’endroit. Que devait-elle faire dans des situations comme cela? Elle ne savait pas du tout et c’est pourquoi elle resta silencieuse. Elle jeta un bref coup d’œil en sa direction puis détourna le regard afin de fixer un iguane qui se déplaçait sur le sable.

Même si elle l’aurait voulu et même si elle ne considérait pas l’Alayien comme un ami, la jeune soldate n’était pas capable de rester de marbre face à la réaction et aux propos de son ancien ennemi. Elle était affectée par son désarroi et par sa franchise. Il avait parlé avec son cœur et c’était à elle, la gamine qu’il avait juré de tuer il y a trois ans, qu’il venait de se confier. Luna pouvait ne pas être d’accord avec les raisons qui avaient poussé les Alayiens à débarquer sur Armanda et les actions qu’ils avaient commises au nom de l’Esprit qu’ils chérissaient plus que tout. Mais elle était capable de faire preuve d’empathie et de comprendre pourquoi ils avaient agi de la sorte. Pour le bien de l’humanité que Christan avait dit et sous cet angle, cela faisait du sens. Au nom du bien… Ou pour le bien d’une cause, qu’est-ce que les gens pouvaient être cruels. Tout ce que les Alayiens avaient fait était de suivre Néant qui les dirigeait. Était-ce vraiment de leur faute si leur déesse n’avait pas été elle-même et qu’elle les avait conduits à ériger toutes ces croyances à l’encontre de la magie?

Luna avait simplement acquiescé d’un signe de tête lorsque le Sans-cœur lui avait demandé si elle se rappelait de l’homme qui avait tué la seule personne qu’il aimait. Bien sûr qu’elle s’en rappelait, il lui en avait parlé lorsqu’elle était venue le voir dans la prison d’Aigue-Royale et elle n’avait pas oublié depuis. Mais c’était de sa mère dont il était question?! Elle avait été surprise par la révélation, croyant qu’il s’agissait plutôt d’une femme dont il était tombé amoureux. Cela voulait dire que Christan et Luna avaient un autre point commun : leur mère adoptive avait été injustement tuée. Elle était bien placée pour savoir que « adoptive » ne signifiait pas moins qu’une vraie mère.

- La vie est cruelle… Souffla-t-elle finalement après plusieurs minutes de silence. Il y a toujours quelque chose pour nous le rappeler, quoique l’on fasse et aussi fort que l’on peut être. Il y aura toujours quelqu’un plus fort que soi… Ou encore, plus fourbe… dit-elle d'une voix teintée de dégoût.

Vraorg et Néant formaient un bel exemple. Existait-il plus puissant qu’un Esprit Supérieur? On pouvait croire que non, mais le dragon blanc était la preuve que même un Esprit pouvait être déjoué. Néant s’était fait voler son cœur et voilà ce que ça donnait maintenant. Si même un Dieu pouvait tomber, qu’en était-il d’êtres aussi banals que les humains?

- Néant… Murmura-t-elle doucement. Néant, elle a dit que vous étiez libres désormais. Elle a dit que les Alayiens avaient réussi… Que vous l’aviez bien servie.

Ces mots étaient probablement une maigre consolation, mais Luna pensait que Christan aimerait savoir ce que Néant avait dit avant de mourir.

- La faiblesse, c’est d’abandonner. Être fort, c’est d’être capable de se relever après avoir tombé. Christan, si tu laisses tomber maintenant, tu ne pourras plus jamais te regarder en face. Dit-elle avec conviction.

Elle laissa planer un autre silence puis posa son regard bleuté sur l’homme triste. N’avait-elle pas raison? S’il abandonnait maintenant, il n’était pas mieux que mort. La main de la gamine vint frapper l’armure de l’Alayien au niveau du torse, faisant résonner le métal. Le coup n’avait pas été d’une grande force et le but était simplement de lui remettre les idées en place, telle une claque au visage. Mais cela, elle n’aurait pas osé. Elle bondit sur ses pieds, se mettant face à Christan.

- Relève-toi. On a un ennemi commun et tu as une Néant à venger. Ajouta-t-elle.

À cela, la soldate lui avait tendu la main dans un symbole d’entraide.

La vie était ainsi, cruelle, et terrible. Weren avait bien cru qu'en étant plus dur, plus cruelle, et impitoyable qu'elle il ne pourrait pas se laisser briser à nouveau, mais il avait eu tort... Quelle force, et quelles raisons poussaient ainsi les hommes à vivre une existence malheureuse, et douloureuse ? A la fin forcément funeste, et sans consolation. Au final rien n'était éternel, même le Néant. Le temps avait raison de tout, et l'espoir n'était qu'un vain mot dans ce monde où finalement rien n'était promit à durer au final… Rien que ces questionnements suffisait à ce que Christan ce que demande qu'elle intérêt avait eu ses innombrables combats, et sa lutte… Une questions douloureuse dont il craignait la réponse.

Son combat au final avait échoué, et que resterait-il ? Vraorg avait encore sous la main le cœur de l'unique. Il avait encore les moyens de répandre l'infamie, et d'user ainsi d'un pouvoir qui n'était pas le sien. D'un pouvoir qui ne devait être dans les mots d'aucun mortel… Oui au final les hommes avaient fauté, les elfes avaient fauté, les vampires avaient fauté, et les dragons aussi. Tous avaient fauté à l'égard du Néant. Et voici le résultat, et alors qu'elle était redevenue elle-même finalement l'unique n'était même plus là pour les guider par sa sagesse sans limite… Eux mortels prompt à l'erreur, et à l'égarement… Ils avaient perdu tout repère, et Christan ne savait plus décidément au nom de quoi lutter.

Et il en était même venu à cela, les choses avaient tellement changé. Dire que cette gamine il l'avait à l'époque considérait comme une sale peste bonne à tuer, et là… C'était définitivement très compliqué, mais il ne ressentait plus vraiment de haine à son égard. Au final elle était comme lui il avait été, et comme lui était encore… Elle aussi serait briser par la vie à un moment où à un autre. Non elle avait déjà certainement subit de la part de cette existence douloureuse, et terrible. Le monde n'était pas blanc, le monde n'était facile, le monde était un champ de bataille, et ceux qui voulaient survivre n'avaient pas le droit de se montrer faible, et pour rester en vie il fallait accepter ce terrible constat finalement… Paix était futilité.

Et ironiquement cet enseignement Weren le devait à son père. Ce sale chien lui avait tout appris quand au fait que son prochain pouvait être un ennemi redoutable, et qu'au final l'on ne pouvait totalement compter sur soi-même. Que le fort écrase le faible, et que pour être libre, et insoumis il fallait chercher la force. Il lui avait appris ces dures leçons, et ces dernières étaient au final d'autant plus vraies aujourd'hui… Il avait tué beaucoup d'hommes au cours de sa vie, avait beaucoup lutté. Il avait à maintes reprises frôlé la mort, et comprit le sens du mot souffrance. La guerre était ainsi, la vie était ainsi. Le monde n'était pas beau, le monde n'était pas paisible, et l'unique lui avait apporté l'espoir en cette terre désolé, et nimbé par le sang, mais cet espoir s'était éteint. Maintenant il fallait faire un choix, déposer les armes et mourir, ou prendre celle-ci en main, et se jeter à nouveau furieusement dans la bataille permanente qu'était l'existence.

« J'avais jurer de les massacrer, tout ceux qui me voulaient du mal, j'avais juré de devenir plus fort que tout ceux qui étaient plus fort que moi. J'avais juré de devenir impitoyable pour que plus personne ne me porte de coup en traître… J'avais pensé qu'il fallait être aussi cruel au final, et aussi impitoyable que l'existence elle-même pour atteindre ses buts, et que la vie soit supportable… Je l'avais cru… Je m'était trompé. » Dit-il alors qu'amertume, tristesse, et une rage caché se mélangeaient dans ses propos.

Et Luna lui dit les paroles de Néant que n'avaient pas entendu Christan… Les alayiens avaient réussi, les alayiens l'avaient bien servit… Bien servit… Oui ils avaient donné le meilleur d'eux-mêmes, mais Néant avait été trompé… Néanmoins l'unique était indulgente, et juste. La vraie unique, une mère bienveillante pour l'humanité. Si seulement elle avait été elle-même quand elle avait dirigé le peuple alayien alors tout aurait été différent. Maintenant tout était différent, mais cela suffit à légèrement mettre du baume à cœur à Weren… De savoir qu'il avait bien servit.

« Si seulement elle avait été elle-même ces dernières années tout aurait sans doute été différent… Mais le passé ne peut-être changé... » Dit-il car il le savait si bien, car c'était bien le passé qui nous forgeait, et le passé qui nous brisent aussi après tout…

Puis la jeune bretteuse dit ce qu'elle pensait. Être faible c'était abandonné, c'était renoncer, être fort s'était se relever c'était vaincre, ou du moins tenté à nouveau après avoir échouer. Cela pouvait presque semblait naïf, mais c'était si vrai au fond… Et après un long moment de silence il brisa ce dernier...

« Tu as raison… La vie… Est une bataille. Mon père ne m'a pas brisé, la fin de mon continent natal ne m'a pas brisé, la vie ne m'a pas brisé. Et Vraorg ne me brisera pas ! Ce n'est pas ce qu'elles auraient voulu toutes deux, ce n'est pas ce que je veux… La vie est un combat, un combat qui doit être mener jusqu'au bout. » Dit-il comme dans un murmure alors que la flamme dans ses yeux brillait à nouveau… Oui il était temps de se relever, oui le temps d'un nouveau départ… Oui il était temps…

« Si je dois mourir, si je dois échouer ce sera en me battant… Je refuse, et je ne dois pas rendre les armes, et je refuse de me détourner de mon vrai but… Finalement tu as raison Luna, il ne faut jamais abandonner... » Dit-il en se relevant lentement avant de serrer doucement la main de la gamine avant de dire alors qu'il arborait un sourire sincère, le genre qu'il n'avait pas arboré depuis 29 ans… Il avait apprécié l'attention dont faisait part Duruisseau, et même si cela était étrange pour lui ça le touchait...

« Je dois t'avouer quelque chose Luna… Je t'apprécie bien, tu es une guerrière enthousiaste, et tu est réaliste. Tu me ressemble, et est pourtant si différente… Je ne sais pas si nous vaincrons Vraorg, je ne sais pas si après cela nous devrons à nouveau les armes l'un contre l'autre si cela devait arriver… Mais sache une chose. Mon respect t'es acquis, et si je souhaite que nous n'ayons pas à nouveau à nous battre l'un contre l'autre. Ce sera néanmoins un honneur de mourir en me battant à tes côtés contre le blanc… Merci d'être qui tu es Luna, et j'espère sincèrement que la vie ne te brisera pas comme elle m'avait brisé... » Dit-il alors déterminé, et franc avant de finir… Même si la peine se lisait encore bien dans sa voie...

« Il est temps que les choses changent, les fantômes du passé ce sont pas encore dissipés… Mais Néant nous l'a dit nous sommes libres… Libre à moi donc de prendre par la suite une nouvelle voie, une voie que je devrai emprunter, et dont je tâcherai d'être fier… Mais… J'ai un dernier devoir en tant que fidèle du Väsà à accomplir… La vengeance... » Murmura t-il non pas comme une décision, puis il resta silencieux juste après car il ne sut pas vraiment quoi rajouter, et il attendait que Luna s'exprime en faîte...

Christan s’était trompé. Ces mots résonnèrent longtemps dans l’esprit de Luna. Elle n’avait plus l’impression d’avoir en face d’elle le même homme qu’elle avait croisé jadis dans les corridors d’Aigue-Royale. Le pire, c’était qu’elle était capable de se mettre à sa place et de comprendre ce qui l’avait poussé à agir comme il l’avait fait. Le mal était malheureusement partout, vicié, il s’immisçait dans la vie de tous et chacun sous de nombreuses formes. Comme Luna, Christan n’avait pas été épargné par la cruauté. Mais il n’avait pas choisi le même chemin qu’elle pour passer à travers les difficultés, choisissant plutôt la voie de la force et de la cruauté. C’était maintenant qu’il réalisait que ça ne résolvait pas tous les problèmes, même que ça en causait d’autres.

Il n’était plus le monstre qu’elle avait longtemps considéré qu’il était. Il était un homme, avec ses défauts mais aussi ses qualités, allié sous la bannière du Protectorat et animé par le même but qu’elle : vaincre le Voleur de Cœur et mettre fin à la tyrannie.

- Bien différent… Si Néant avait été elle-même, elle n’aurait pas fait de moi son vaisseau. Je n’aurais pas causé le chaos à Aigue et je ne vous aurais pas ouvert le passage durant l’Aube Rouge. Il n'y aurait pas eu de perles non plus… dit-elle lentement sans émotions. Cet épisode de sa vie ne l’affectait plus comme avant. Et on ne se serait jamais rencontré.

Un fin sourire vint se dessiner sur ses lèvres. C’était ironique quand on y pensait. Elle ne détestait plus Christan et même une partie d’elle était reconnaissante de l’avoir rencontrée. Après tout, n’était-ce pas en partie par sa faute, ou devrait-on plutôt dire grâce à lui, qu’elle avait cherché à se surpasser et à devenir plus forte, à un point tel qu’elle finirait par le battre. Où en était-elle dans cet objectif? Serait-elle en mesure de tenir face à lui?

Les paroles que Luna avaient prononcées semblaient avoir eu un effet positif sur l’Alayien puisqu’il semblait reprendre confiance en lui. La flamme de la détermination brillait dans ses yeux. Ainsi, il ressemblait beaucoup plus au Christan Weren qu’elle connaissait.

- Je sais. J’ai toujours raison. Dit-elle à la blague.

Un léger sourire se dessina sur ses lèvres. C’était le genre de la gamine de balancer une plaisanterie et elle ne croyait pas que le colosse s’offusquerait pour si peu.

Il se releva enfin! Une poignée de main fut échangée entre l’Armandéenne et l’Alayien en pure sympathique et complicité. Tiens, il souriait? Elle lui rendit son sourire, sincère et chaleureux. Elle le regarda droit dans les yeux, la détermination pouvant s’y lire également. Son regard vacilla, elle cligna des yeux et fronça les sourcils face aux paroles de Christan. Il la… complimentait…?! Impossible. Elle en resta estomaquée quelques secondes, attendant qu’il lui dise qu’il se moquait et que les insultes retentissent. Mais rien, il était sincère. Elle sourit.

- Weren. Je t’ai longtemps détesté. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Je ne te déteste pas. Pour ne pas dire qu’elle l’appréciait bien, en fait. Hey! Pas le droit de mourir de la main d’un autre. Si tu dois mourir, c’est moi qui te tuerai. Compris?

Luna n’était pas sérieuse lorsqu'elle disait vouloir pas le tuer, mais elle était sincère sur le point qu’elle ne voulait pas qu’il meurt.

- Allez, viens! On doit être prêt à recevoir Vraorg comme il se doit.

Oui ce n'était pas pour autant qu'il devait renoncer, il devrait juste réfléchir… Oui réfléchir, mais il refusait toujours bien entendu que qui que ce soit le soumette sans son consentement, juste qu'il allait devoir aborder les choses d'une autre manière… Tout ce sang, toutes ces morts… Ce n'était pas prêt d'être terminé, mais autant le faire pour autre chose que pour un ennemi sans le savoir, oui… Le monde restait impitoyable, le monde restait injuste. Néanmoins, néanmoins maintenant les choses avaient changé… Néant n'était plus, cette perte était terrible, et il portait le deuil avec souffrance, et savoir qu'en plus elle avait été manipulé de bout en bout par Vraorg…

Quel âge avait-il aujourd'hui ? 43 ans… Oui 27 ans de guerre avec cela, 27 ans à se battre sans le savoir au nom de Vraorg… Et Alauwyr dans tout cela ? Christan ne savait pas quoi dire, mais il aurait des choses à dire à Iskuvar, des choses qui auraient leurs importances… Ils allaient devoir changer de voie tout deux… Quand au reste on verrait bien.

Quand à Moebius le dragon bleu. La réaction qu'il entretenait avec ce dernier était compliqué… il faudrait sans doute qu'ils se revoient, de même que certains autres… Mais en cette instant c'était Duruisseau qu'il voyait. Oui ils ne ce seraient jamais rencontré… Est-ce qu'ils le regrettaient, ou non ? Malheureusement c'était aussi compliqué que leur relation.

« Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort... » Dit-il pensif avant d'ajouter. « Il est de tradition de rajouter que ce qui nous rend plus fort finira par nous tuer par contre. » En regardant légèrement sur les côtés il acheva ensuite. « Je dois compter les personnes que j'apprécie sur les doigts d'une mains, et celles qui veulent ma mort sur… Non je perdrai des heures à les compter, néanmoins tu es vraiment un phénomène Duruisseau, tu es la première personne que je n'ai absolument pas pu classer dans l'une des deux catégories pendant un moment, enfin jusqu'à maintenant... » Acheva t-il énigmatique même si elle devait connaître la réponse parfaitement bien.

Enfin elle n'était pas encore à son niveau cela il le savait, mais il avait effectivement observé la jeune bretteuse… Elle était devenu une bonne épéiste depuis le temps, mais il lui restait encore à travailler plusieurs choses avant d'arriver à son égal, mais c'était impressionnant de voir à quelle vitesse elle avait progressé… Pas de doute à ce sujet, Duruisseau deviendrait certainement une guerrière de talent. Quand à lui ? Il verrait bien… Oui il verrait bien, mais il avait l'impression que la hache de guerre ne serait pas enterré de sitôt…

Quand à la plaisanterie de Luna, hum il se contenta de la regarder d'un air entendu sans vraiment savoir quoi répondre à vrai dire, à l'instant il n'était pas vraiment dans l'état d'esprit pour cela… Néanmoins elle avait le sens l'humour cela était certain… Quoique si il trouva bien quelque chose à répondre finalement.

« Il faudra vraiment que tu m'explique comment tu peux rester toujours aussi… Quoique ce n'est pas important, reste comme tu es Duruisseau. La vie te sera bien moins douloureuse si tu garde cette manière de la percevoir... » Enfin dans tout les cas il n'était point offusqué du tout, il n'était pas vraiment de toute manière d'humeur à être offusquer à bien y réfléchir.

Puis il rit à la manière d 'un guerrier quand Luna plaisanta en disant qu'il n'avait pas le droit de mourir de la main d'un autre, mais seulement de sa main à elle. « Ne t'inquiète pas je n'ai pas oublié nôtre promesse. Mais bon à ce rythme avant que tu me batte j'aurai le temps de devenir sénile, et de ne plus pouvoir me mouvoir qu'en me soutenant sur un bâton. » Plaisanta t-il lui aussi, avant de rajouter ensuite...

« Interdiction de le tuer à ma place. » Ajouta t-il ensuite à la dernière remarque de Luna sur Vraorg avant de suivre cette dernière pour conclure au passage. Reprenant soudain un ton sérieux...

« Duruisseau... » Alors qu'elle devait se questionner il rajouta ensuite. « Si tu as besoin de quelque chose... N'hésite pas à venir me le demander, disons que ce sera un prêté pour un rendu... Tu es vraiment une énigme pour moi Duruisseau il n'empêche... Sur ce si je survit je devrai affronter un certain dragon bleu une dernière fois. » Il acheva encore une fois avec un air énigmatique quand il dit affrontement… Car ce serait bien un affrontement, mais de quel genre ? Cela il le verrait bien…

« Et si je meurs… Puis je compter sur toi pour quelque chose ? Apporter mes excuses à un certain Alauwyr Iskuvar… Après tout comme je serai mort je peux me le permettre, et si je survit ne lui raconte surtout pas ce qui vient de passer ici… J'ai quand même ma fierté après tout. » Acheva t-il solennel, après tout il risquait de perdre en fierté si l'autre apprenait qu'il avait pleuré… Ah non qu'il ne l’apprenne pas, surtout pas...

Elle était un phénomène? Luna écarquilla des yeux, attendant la suite des paroles de Christan. Cette conversation allait de surprise en surprise et elle ne savait plus à quoi s’attendre. En temps normal, elle se serait attendu à des insultes et de la moquerie, mais là c’était une toute autre histoire. Une sorte de paix venait de s’établir entre les deux Protégés qui avaient longuement souhaité tuer l’autre. Elle non plus de savait plus trop dans quelle catégorie le placer, ennemi ou ami? Elle allait faire simple et le mettre non-ennemi à tendance amicale. Ce n’était peut-être pas simple comme elle l’avait voulu au final.

Qu’elle reste comme elle était? Elle eut un sourire aux lèvres. C’était rare qu’on ne souhaitait pas qu’elle change. On la voyait parfois trop indisciplinée ou encore trop rêveuse. Mais était-ce si mal d’espérer au mieux? La vie n’avait pas été très gentille avec elle, lui offrant coups durs après coups durs. Mais c’était simple : on peut embrasser la vie ou la détester. Elle avait fait son choix et croyait fermement que dans chaque ombre se cache une parcelle de lumière. Sa relation avec Christan prouvait son point.

- Je finirai par te battre. Mentionna-t-elle de sa voix assurée, posant ses poings sur ses hanches. Et je te ferai boire une potion de jouvence s’il le faut! Ajouta-t-elle à la blague. Mais je compte bien te battre avant. Tu verras! Ne fais surtout pas l’erreur de me sous-estimer.

Mais avant, le dragon blanc devrait être vaincu et peu importe par la main de qui. Elle voulait le voir mort, un point c’est tout. Que ce soit par sa main, celle de Christan, d’un autre soldat ou par une intervention des Esprits. N’importe quoi! Il pouvait bien s’étouffer avec sa saline si ça lui permettait d’atteindre son but. C’est pourtant un regard complice qu’elle lança à Christan.

- Je t’aiderai. Dit-elle.

Elle ajouta un clin d’œil.

- Oui, il y a bien quelque chose… prononça-t-elle lentement. Elle fit une pause afin d’ajouter un certain suspens. Appelle-moi Luna.

Elle n’ajouta pas d’autres détails à ce sujet. La jeune soldate n’aimait pas beaucoup son nom de famille et ne se reconnaissait jamais lorsqu’on l’appelait ainsi. Enfin si, elle savait qu’on s’adressait à elle, mais ça sonnait toujours étrange à ses oreilles. Un dragon blanc et ensuite, c’était le tour d’un dragon bleu? Il était sérieux? Il voulait vraiment se battre contre Moëbius? Mais il n’avait aucune chance! En tout cas, elle était minime.

- Tu es fou. Dit-elle simplement.

Il l’était et il devait le savoir. Mais il était assez grand pour prendre ses propres décisions.

- Tu peux compter sur moi. Lui promit-elle. Elle avait fait la connaissance d’Alauwyr et savait de quel Alayien il s’agissait. Tout ceci restera entre nous.

Elle ajouta un sourire et un clin d’œil. Personne n’avait à savoir ce qui s’était passé près de la muraille de Sandur.

- Allez, viens!


[HJ: Ce sera une conclusion pour moi ^^" Merci d'avoir RP avec moi C'était sympa et on s'en refera d'autres Tu désires reposter après moi?]

Bon là il était dans son moment, Luna devait s'en douter, mais Christan était rarement capable de parler comme cela, et d'être aussi ouvert envers quelqu'un. Et il ne risquait pas de l'être à nouveau de sitôt, mais ce qui est vrai c'est que la gamine avait su s'avérer marquante pour lui mine de rien… Elle lui faisait tant penser à lui-même…

« La détermination est essentielle à la victoire, nous verrons bien ce que ça donnera à l'avenir. » Avant d'ajouter sérieusement. « Je ne te sous-estime pas, car comme comme je te l'ai déjà dit j'étais faible à une époque, et voilà ce que je suis devenu aujourd'hui. La détermination, et la volonté peuvent beaucoup accomplir, ne jamais renoncer voilà la clé pour triompher. » Dit-il simplement, après tout s'il était toujours en vie c'est car il tenait encore debout, à Luna de faire de même… Et il serait ainsi certain qu'elle pourrait devenir une grande guerrière à l'avenir. Mais cela demanderait du temps bien entendu.

« Face à tant de détermination Vraorg est déjà mort. Charge à nous de le lui faire savoir. » Dit ensuite Christan solennel à Luna comme s'il prononçait une sentence de mort à l'égard du dragon blanc en cet instant.

« Luna… Cela me paraîtra étrange, mais d'accord. » Dit-il ensuite quand Duruisseau lui demanda de l'appeler Luna, lui qui appelait là plupart des hommes, et femmes par un surnom, ou leur nom de famille… Disons qu’appeler quelqu'un par son prénom n'était guère dans ses habitudes. Mais il le ferait.

« Je n'ai jamais dit que ce serait un combat à mort… Ni quel genre de combat. Juste que j'ai des choses à régler avec lui, et quel que ce soit la forme dont cela se fera ce sera difficile. » Précisa t-il ensuite à Luna qui disait qu'il était fou, sans doute qu'il l'était un peu, mais certaines choses devaient être régler, et il était certain que quand il reverrait Moebius cela serait disons assez délicat.

« Bien… Je te suis... » Acheva t-il ensuite en suivant calmement la gamine, oui il était temps pour le moment de se concentrer sur l'essentiel, le vengeance, pour le reste il verrait bien ensuite s'il était encore vivant… La détermination de Christan était remarquons néanmoins à cet instant à nouveau aussi solide que de l'acier tout juste forgé à froid...