----------Lorsque l'inquisitrice Aerin avait souhaité avoir un entretien avec le haut général des armées impériales, alias Lorenz Wintel, elle ne s'était pas attendu à ce qu'on lui réponde qu'elle devrait se rendre dans les salles de tortures du palais. Au moins la réponse avait été rapide et elle n'avait pas du patienter trop longtemps dans Gloria à ne rien faire. Toutefois, de la part de ce prince déchu qu'elle avait auparavant trahit, qu'il la fasse venir dans un tel lieu lui semblait être une farce bien narquoise. Au vu du temps qu'elle avait passé au sein du conseil, Lorenz aurait du se rappeler qu'elle n'était pas porté sur la torture, et que cette manière de faire la répugnait. Ou du moins pour ce qui est d'une torture physique au premier degré. Torturer quelqu'un uniquement par la parole ou l'entrave lui semblait une solution bien plus adaptée et même plus efficace. L'ancestrale n'était pas de ce genre de félin qui joue avec ses proies. Ainsi, soit Wintel ne s'était nullement intéressé à ses conseillers, chose qui après tout n'aurait pas été si étonnante, soit il savait la répugnance de Vanaël envers la torture physique et l'avait consciemment invitée en ce lieu sinistre. Elle n'aurait pas pensé que ce puisse être par soucis de confidentialité, habituée qu'elle l'était à user de sorts de bulle de silence.
----------Qu'elle que puisse être la réponse, Vanaël s'engouffra dans les escaliers sombres qui descendaient en dessous du palais. Elle aviserait alors de comment réagir face à Lorenz Wintel. Deux vampires l'accompagnait, ainsi qu'ils le faisaient presque tout le temps tant qu'elle le leur permettait. C'était après tout pour eux une manière de gagner en reconnaissance et de se distinguer parmi les leurs. Un humain ouvrait la marche, garde qu'il était comme bien d'autres et ayant pour tâche de guider les tortionnaires utilisant ce lieu que beaucoup maudissaient. Le défaut avec ces humain était qu'ils essayaient parfois de parler ou de tenir une discussion, chose qui pour la vampire paraissait ironique et inutile dans un tel lieu. Pour les quelques fois où elle y allait, elle n'avait pas la tête à prendre part à une conversation, aussi, un guide portable aurait été préférable. Entendez là une carte.

----------Finalement l'inquisitrice déboula dans la grande salle de réception, comme le lui annonça fièrement l'humain, content qu'il semblait l'être de lui avoir désigné le lieu sous cet aspect presque agréable à l'oreille. Le bruit strident des victimes se faisait entendre, arrachant comme à chaque fois un regard dégouté de l'ancestrale sur l'ensemble de l'édifice et de son infrastructure. Alors que l'humain lui faisait signe de le suivre pour traverser les différentes pièces composant la salle de torture, Vanaël décida de le congédier, déclarant qu'il était devenu inutile. Il s'écarta alors gauchement, frustré ou déçu d'avoir ainsi été écarté. Un palmipède aurait eu l'air plus adroit dans sa démarche. La vampire s'était laissé accompagner pour la forme, mais n'avait à juste titre pas réellement de raison de se faire ainsi escorter. Elle connaissait les lieux. Son regard vint finalement se porter sur cet étage appelé la mezzanine, et plus précisément sur la silhouette distincte du haut général. Bien, elle n'aurait pas à l'attendre, c'était déjà un bon point. Le trio vampirique s'engagea alors dans l'escalier menant à cette salle originalement pensée, certainement par un constructeur des plus sadiques. Oui, bien sûr, c'était à Vraorg que l'on devait ces louanges. Une sorte d'estrade pour observer les prisonnier et autres torturés... voilà qui montrait bien à quel point la cruauté des espèces pouvait ne pas avoir de bornes.

"Mon général.." répondit l'inquisitrice avant de le saluer en baissant légèrement l'échine, une fois qu'elle fut arrivée devant lui, ainsi que ceux dont il s'était entouré.

----------Ce qu'elle pensait de cet humain ? Voilà qui était comique ! Il lui demandait son avis, à elle ? Alors que pendant des siècles, il l'avait ignoré ? Visiblement, ces trois ans passés à servir le Voleur de Cœur l'avait changé, il n'était plus le même. Depuis quand Lorenz Wintel se souciait-il de l'avis de personnes qui lui étaient inférieures ? Hormis ceux qu'il appréciait, et Dracos sait qu'ils sont peu, la millénaire n'avait jamais eu l'impression aussi infime soit-elle que le prince noir se soit soucié de l'avis du reste de son peuple. Et pourtant, maintenant qu'il avait été déchu, maintenant que Vanaël n'était qu'une inquisitrice, maintenant.. il lui demandait son avis. Retenant sa surprise de même que le sourire qu'elle aurait bien souhaité afficher en tant que prémisse d'un fou rire, Vanaël resta de marbre, et tourna simplement son regard afin d'observer plus en détail ce fameux.. Comment s'appelait-il déjà celui-ci ? Godric ? Ah non, Gontran !
----------Un homme à la trentaine bien entamée, dont les cicatrices semblait sur son corps aussi communes que des grains de beauté ou des taches de son. Son visage anguleux se démarquait par une tignasse noiraude, à l'aspect huileux qui aurait certainement fait tourner de l'œil n'importe quelle personne issue de la noblesse. Un ventre bedonnant tentait de se faire la malle en dessous de sa tunique, signe apparent qu'il passait autant de temps dans les salles de tortures que dans les tavernes. Quant à son visage, il était semblable à nombre de vauriens vivants dans la basse ville. À croire qu'il s'était dégotté ce poste pour avoir été plus sadique que ses pairs...

"Il semblerait qu'il prend son travail autant à cœur qu'il apprécie faire souffrir ceux qu'il traite."

----------Trop même au goût de la vampire pour qu'il puisse être efficace dans son travail. À vouloir être trop sadique et à trop mutiler ses cibles, on en oublie le principal objectif. C'est censé être un interrogatoire dans la plupart des cas, pas une mise à mort. Mais ça, elle se garderait bien de le dire, elle ne comptait ni faire tuer cet homme, ni aider à obtenir des renseignements. L'inquisitrice faisait son travail, purement et simplement. Au moins elle en faisait vis à vis de cela, au mieux elle se portait. Et c'était déjà suffisamment éprouvant de torturer des personnes sans être consentant pour ne pas aller faire tuer d'apparents innocents. Enfin, innocents en terme de travail. Il ne fallait pas regarder le nombre de morts et de frôlent-la-mort qui l'était devenus par sa faute.

----------Le spectre de Lorenz, cette créature sortie tout droit d'un cauchemar daignait se montrer de manière perfide. À l'image de son créateur après tout. Elle agissait de fidèlement au prince déchu, bien qu'elle ne s'encombre pas de fausses impressions. Qu'elle suive tant, qu'elle soit à ses côtés en permanence renforçait l'idée qu'ils étaient liés, et ce plus intimement qu'un simple lien de maître à esclave. L'on ne pouvait dissocier l'un de l'autre... Si Vanaël n'était ps une mage de talent, et n'atteignait qu'à peine les chevilles du désormais "Haut général", elle était toutefois suffisamment intelligente pour avoir perçu la complexité de cette relation entre les deux êtres. Aussi espérait-elle pouvoir en profiter pour percevoir d'une meilleure façon les humeurs de Lorenz. Bien que ce ne soit pas aisé d'interpréter au travers des mouvements de cet être nommé Ankmär ce que derrière en ressentait le créateur. L'ancestrale ne percevait après tout pas toute les nuances comportementale de cet être de magie. Entité unique en son genre, il n'y avait aucuns moyens pour Vanaël de confirmer ses spéculations, Lorenz étant aussi impassible qu'un meuble qu'en a ce qui était d'être quelque peu expressif.

----------En revanche, la millénaire n'était pas aussi impassible, et elle n'avait pu retenir un tressaillement à l'apparition aussi soudaine que sournoise d'Ankmär. Un pas en arrière, un brusque pivotement de la tête pour faire face à ce spectateur indésirable furent sa réaction. Elle n'avait pas oublié qu'il existait, mais cela faisait un certain temps qu'elle n'avait pas croisé l'ancestral, et elle n'était plus habituée à la présence de son compagnon spectrale. Vanaël redoutait à chaque fois qu'il puisse l'attaquer, son apparence hostile et manifestement synonyme de violence ne pouvait l'empêcher de penser que Lorenz pouvait s'il le désirait rendre cette chose matériel et capable de dommages physiques directs. Dialoguer avec des dragons lui avait permis de supporter à peu près la présence maléfique du spectre, qui, elle s'en doutait, veillait à ce que Lorenz entende ce qu'il désirait. La vérité. Elle n'avait en revanche pas envisagé que lui même puisse réussir à lui mentir.

----------Cinq brefs mots furent la seule réaction du prince déchu, signe apparent qu'il avait perdu en loquacité. Serpent qu'il était, sa langue était devenue bien peu prompt à communiquer.. Le signe qu'il digérait mal sa déchéance ? Ou l'appréhension de connaître comme il le demandait les raisons de la venue de cette ancestrale millénaire qu'il avait voulu tuer quelques années plus tôt pour.. "désobéissance" ? Ou peut-être une haine et une farouche envie de la tuer, qu'il réprimait en s'exprimant le moins possible, signe manifeste que finalement arrivait un stade où il peinait à se contrôler ? Pour l'inquisitrice, c'était la première supposition qui lui vint à l'esprit, ainsi qu'un soupçon de la deuxième. Chose qu'elle ne pouvait alors que se complaire d'observer sine qua non du désaccord d'opinion qu'elle nourrissait depuis des dizaines voir des centaines d'années à son égard. Si elle même avait chuté en grade, ce n'était là que dérisoire de son point de vue face à celle de ce... compère ancestral. Le ton qu'il avait pris pour parler ne laissait cependant pas de place au doute, Lorenz Wintel se sentait encore prince, malgré qu'il n'en ait plus le titre.

"Je suis venue vous solliciter pour un travail, que cela ne vous déplaise.. En tant qu'inquisitrice, il m'arrive de tomber sur des nids de hors-là-loi plus importants que prévu, chose à laquelle notre.. ordre, ne peut faire face. Nous devons donc vous demander votre aide, à vous, l'armée. En référer au plus haut gradé était de prime abord l'option la plus judicieuse."

----------Aller droit au but et ne pas s'encombrer de paroles inutiles, ou encore faire de son mieux pour se montrer efficace.. C'était bien là l'intention de l'inquisitrice, pour laquelle cette rencontre n'était qu'une étape nécessaire au bon déroulement de sa mission. Avait-elle eu auparavant la curiosité de voir qu'elle serait la réaction du prince déchu au fait de devoir la voir de nouveau, dans leur rôles respectifs ? Fort probable, après tout, il était très certainement satisfaisant de le voir ainsi rabaissé, malgré le fait qu'il ait acquit une autorité inquiétante sur la théocratie. Lorenz au bas de son trône, c'était le début d'un renouveau, et la possibilité de rebâtir un royaume pour les vampires à l'image de ce qu'il se devait d'être. Indépendant, puissant, craint et respecté. Sans pour autant que cela n'en devienne une menace pour les autres peuples et donc la cause future d'une guerre.
Oui, l'ancestrale s'était plu à l'idée de devoir aller lui demander d'exécuter une tâche qu'elle ne pouvait faire. Autant elle se rabaissait elle-même en avouant ne pas être capable de s'en occuper seule, autant c'était presque comme si elle le considérait comme une arme dont on pouvait se servir librement, ou presque, en cas de problème majeur. Aller demander à Lorenz d'éliminer cette poche de résistance, c'était le considérer comme un outil, idée qui avait fort plut à Vanaël lorsqu'elle avait été confronté à son "léger" problème.

----------Restant d'ivoire, observant du coin de l'œil le spectre qu'était Ankmär, Vanaël attendait ainsi la réaction de Lorenz. Elle n'avait pas pris en compte leur ancien poste respectif, jugeant la chose inutile. Cela aurait été répondre à cette infime provocation de la part du tueur de dragon, c'était dérisoire d'agir ainsi.

----------Une fois de plus, la manière de penser de Lorenz Wintel échappait à la compréhension de Vanaël. Une fois il se montrait des plus discrets et ne pipait mot, l'autre, il se permettait d'inutiles commentaires que l'ancestrale aurait cru venir de la bouche d'un jeune vampire pas encore à même de tenir une conversation ni de comprendre toute les subtilités de cet art. Pour l'ancestrale vampire, c'était là, certainement, un test à son égard. Une parole toute maitrisée pour la décontenancé et l'empêcher de le cerner, de comprendre sa manière d'agir. Aussi ne réagit-elle pas lorsqu'il fit remarquer que "Judicieux" n'était peut-être pas le mot juste. Ignorant qu'il était, il ne pouvait savoir pour quelles raisons Vanaël l'avait sollicité lui, et non pas un autre vampire de moindre rang. Déjà une fois, elle avait offert des informations à Kylian Wallam, dans le but, là aussi, de détruire une poche de résistance. Aurait-elle pu demander à un quelconque lieutenant ? Surement, mais les pertes en auraient été d'autant plus importantes. Et le sacrifice de vie à une cause n'était pas productif. L'efficacité primait avant tout. Même si cela requérait la mobilisation d'un haut général. Quel que puisse être son nom.

----------Ainsi lui expliqua-t-elle en détail ce qu'elle avait découvert.

----------Une poignée de mois plus tôt, alors que l'inquisitrice Aerin traquait un fugitif ; lequel allait-elle faire accuser de trahison pour vente d'armes à l'ennemi, et donc aussi vol d'armes; elle avait été prise en embuscade. Ou plutôt, l'on avait essayé de lui tendre une embuscade, laquelle s'était soldé par un massacre et un affrontement front à front. Une trentaine d'humains et d'elfes contre une dizaine de vampires. L'inquisitrice Aerin s'en était tirée, ainsi que deux de ses sbires, tandis qu'en face, hormis cinq fuyards, tous étaient morts. Dans l'ensemble, cela avait été un échec pour les deux camps. Toutefois, poussée par l'emprise de la marque de justice sur son esprit, Vanaël avait insisté pour continuer, désireuse de retrouver ce fugitif. Au plus elle se rapprochait de son but, au plus le détour se prolongeait, de sorte de ne pas se retrouver capturée à cause d'un quelconque piège ou d'une sentinelle qui aurait sonné l'alerte. Au final, elle n'avait pu s'introduire dans la zone, mais avait pu en faire le pourtour. Le résultat en était effrayant. Un village entier, caché dans les terres hostiles des plaines de sombreval, qui contenait exclusivement des ennemis de l'Empire. Comment avait-il pu se développer autant sous le regard de l'Albâtre seigneur ? Le mystère était entier, mais n'allait certainement pas le demeurer.
----------Des espions furent envoyés, par le biais de marchands, de commerçants, ou encore de hérauts. Le fruit de ceci en fut le recueillement de précieuses informations, à savoir la population importante de ce village, dépassant le millier, le soutien d'un autre village dont le nom et l'emplacement demeurait encore inconnu, la grande proportion d'Alayiens, et donc d'armes plus sophistiquées que ce que les Armandéens ont l'habitude de voir, et enfin le possible lien de ce village avec le marché noir. Encore et toujours, il était présent, encore et toujours, il signait de ses rumeurs le fait que Vraorg n'était pas tout puissant, et que quelque part, d'autre résistaient. Non, pas quelque part... partout. Si Vanaël l'avait pu, elle aurait gardée ces informations pour elle, et ce serait même contenté de jeter les armes pour les rejoindre, seulement, la marque le lui interdisait. Il lui fallait continuer de traquer les ennemis de Vraorg, continuer d'agir en tant que diamantine inquisitrice. Et c'était là qu'entrait en jeu la nécessité de la présence de Lorenz Wintel, Haut général des armées.

----------Le haut général Wintel était-il satisfait de savoir tout cela ? Rien ne le laissait penser, au contraire. Vanaël le suivit alors qu'il se rapprochait de la balustrade, regardant par la même occasion les horreurs qui se déroulaient en contrebas. Pour son plus grand... plaisir. Ce n'était pas en se voilant la face qu'elle ferait avancer les choses, autant affronter la réalité en face, aussi déplaisante puisse-t-elle être.

----------Quant à la raison de son retour, outre le fait qu'il fallait un contingent disposant d'une grosse force de frappe, et donc jouissant de la présence de Lorenz, l'inquisitrice avait en effet d'autres motifs. Voir Lorenz déchu de son trône et de son rang en était peut-être, bien que ce soit plus inconsciemment que l'ancestrale ait été motivée par cette raison. Non, ce qui la poussait à revoir celui qui jadis avait décidé de la faire tuer était tout autre, et bien moins perfide.

"Comme toujours, il est d'une parfaite impossibilité de vous omettre un détail, quelque puisse en être l'importance. Je suis ici pour vous proposer une entente. À vous comme à moi, je suppose que notre situation n'est pas celle à laquelle nous aspirions, aussi, je vous propose de mettre de côté nos différents pour un temps tout du moins, et de supporter d'un même bord ce qui en cette ère nous contraint dans notre avancement. Notre libre arbitre en est peut-être tronqué, nous avons peut-être perdu en autonomie, mais notre ambition, elle, n'en sera jamais atténuée. Aussi comptais-je sur cela pour vous savoir, certes pas un allié, ma présomption n'ira pas jusqu'à ce point, mais une personne neutre, à qui je ne nuirais pas, et qui d'un même bord en ferait de même à mon égard."

----------Ce qui en soit était vrai, Vanaël Aerin ne souhaitait pas nuire à Lorenz. Et même si être princesse des vampires était une chose qui lui avait plu lorsqu'on le lui avait fait miroiter, au final, le pouvoir ne l'intéressait pas dans sa forme la plus brute. Elle préférait tirer les ficelles, conseiller, assister celui qui prendrait la responsabilité du pouvoir. L'ombre qui susurre à l'oreille du seigneur et exauce ses désirs, lui permet d'avoir ce qu'il souhaite tout comme elle l'incite à accomplir les ambitions auxquelles elle-même aspire. Exploiter les autres afin d'en tirer profit, tout en restant hors de portée des opposants, protégée par la figure suprême de l'autorité de son peuple. être importante, de par sa position et ses relations, mais non pas forcément par son nom et ses hauts faits. Se démarquer des autres par l'estime qu'on lui porte, par les espoirs qu'on place en elle, et non pas par le fait d'être quelqu'un que tous jalousent et désirent devenir.

----------La forme spectrale d'Ankmär continuait son inspection silencieuse, sondant l'esprit de l'ancestrale sans qu'elle ne s'en rende compte, bien que... La millénaire se doutait ne pouvoir penser librement, que ce soit simplement à cause de Lorenz, ou par la l'omniprésence de ce spectre sinistre à ses côtés. Elle sentait ses pupilles la fixer avec insistance, mais son regard d'émeraude fixait sans ciller celui qui jadis fût son Prince, et qui, l'espérait-elle, saurait voir en elle l'opportunité d'exploiter quelques talents. Car de son avis, elle ne l'avait pas trahit. Elle avait simplement prit une initiative qui s'était révélée punissable. Aurait-elle réussit à revenir au camp, qu'elle aurait pu affirmer sa place au sein des siens. Lorenz et Merithyn absents, elle aurait eu de quoi faire valoir son autorité. Mais cela, elle ne l'avait jamais su. Après tout, qui aurait pu l'en informer ? La chose en devenait d'autant plus injustifié qu'elle eut été punie d'avoir désirée se lancer à l'exploration, à l'assaut de l'une de ces perles, alors que d'un même bord, le Prince des vampires avait quitté les siens pour prendre de court une prophétie. Une certaine ironie dans cette histoire, à laquelle Vanaël était totalement inconsciente.