10 Juillet de l'An 5 (EO)

Anghelan. Elle pouvait se repasser ce mot dans la tête des millions de fois sans qu’il ne perde de son intensité. Elle se rappelait encore de l’ordre de mission donné par Korentin Kohan ; Elle était restée pro et n’avais pas sauté de joie, laissant simplement un mince sourire étirer ses lèvres. Mais intérieurement, depuis qu’on lui avait confié cette mission, elle était sur un petit nuage. Elle rêvait déjà d’aborder la terre natale des hommes à l’aide de navire qu’on l’envoyait chercher, et revenir ensuite avec des armées venues des origines de son peuples pour reprendre Gloria à Vraorg, et rebâtir l’Empire.
Ce qui explique pourquoi elle était d’aussi bonne humeur alors qu’elle naviguait sur un vieux rafiot douteux sur lequel il était nécessaire d’écoper chaque jour, et de manger le poisson que ses hommes étaient si fiers d’avoir réussi à attraper. Oh, on ne pouvait pas dire qu’on lui avait refilé des bras cassés, non. Mais même si Korentin Kohan avait mandaté certains de ses meilleurs effectifs, ces gens n’étaient pas SES hommes, aussi la Noble était, de base et en accord avec sa mauvaise foi, assez peu encline à leur pardonner quoique ce fut. Délicieuse enfant.
Reconnaissons que dans ses grandes envolées pensives, Abbygail avait tendance à zaaper quelques détails, à commencer par la notion de « Bateau vivant ». D’une part, pour une pragmatique, c’était dur à comprendre. La magie, ça fait du son, de la lumière, et surtout, ça vous pète au nez, disons que c’est suffisamment concrets pour qu’elle soit forcée de l’admettre. Alors qu’un bateau vivant, tant qu’elle le verrait pas.. Non, elle avait essayé de se représenter la chose, et elle avait fini par se dire que si c’était vrai, il y avait de la chance pour que ce vieux bateau super-sage se paye sa tête d’être venue sur un bateau de pêche trisomique. Disons qu’elle n’avait pas assez de conception absurde pour estimer que cette réflexion avait un quelconque intérêt.

Elle avait préféré se focaliser sur des détails plus tangibles. Après plusieurs jours à caboter sournoisement pour éviter quelques courants qui auraient volontiers disloqué la coque du vieux bateau, Abbygail avait ordonné que l’on s’empare de la première crique venue pour faire halte. Ils avaient remonté une bonne partie de la côte Ouest, et selon les indications, il serait bientôt temps de quitter les imprécations du littoral pour s’aventurer dans des eaux plus troubles. La jeune noble tenait à ce que le rafiot soit retapé à la perfection et que ses hommes prennent une soirée de pause avant que les choses compliquées ne commencent. Aussi avait-on mis en câle sèche dans la matinée du 10 pour une journée détente & bricolage sous l’œil sévère de la vicomtesse.
La coque avait été entièrement retravaillée, les mats étayés, les voiles rebouchées, et s’il était d’apparence miteuse, le bâtiment n’en était pas moins comme neuf. Au soir, Abbygail avait autorisé à ce que deux hommes, avec toutes les précautions nécessaires, aillent essayer de trouver de quoi faire un peu de viande. Trois autres surveillaient les passages menant à la crique tandis que les cinq derniers se la coulaient douce, prêts à remplacer leurs coéquipiers sous l’œil perçant de leur chef.
A être sincère, elle n’avait aucune envie d’aller au dehors et de se retrouver nez à nez avec les dégats de Vraorg le Dégénéré, elle avait hâte de repartir, ne serait-ce que parce qu’elle n’était pas à l’aise sur la terre ferme sans son cheval.
Oui.. Parce qu’on embarque un destrier de bataille sur une galère de combat, pas sur un rafiot pecheur. Au reste, son armure n'étant pas réparée, elle avait fixé son manteau noire au lion d'or sur une armure de maille, efficace, mais loin de lui suffire, elle qui était habituée à la plaque. Au moins sa tresse, elle, tenait en toute occasion.

Aussi se vengeait-elle de toutes ces raisons d’être frustrée en s’imaginant rapporter sa bannière sur la terre de ses aïeux, de rapporter glorieusement le Vol au Vent à un Kohan, ou encore en revoyant pour la millième fois les détails de la carte qu’on lui avait copié, pour savoir ou aller. La soirée s’annonçait calme.. L'épée et la canne au côté, Abbygail commençait même à doucement piquer du nez.. Il fallait se lever tôt, demain.

Et le bruit des vagues était, quelque part, si reposant. On était loin de tout, ici, on en oubliait presque les ennuis de ce temps, se contentant des rêves du lendemain.

C'était vraiment une sale histoire tout cela, mais au moins il était arrivé non loin de son objectif, cette plage où il devait soit disant rencontrer cette femme à l'épée au lion, en tout cas d'après ce que l'esprit du Néant lui avait révélé, et cela sans que les sept autres esprits supérieurs lui mettent la main dessus. Mais… Il était encore sur Armanda, donc difficile de souffler car c'était bien sur Armanda que les esprits supérieurs comptaient le traquer, et autant dire que même la magie de Néant qui avaient empêcher ces derniers de le repérer par magie, ne le sauverait pas éternellement s'il traînait…

Enfin la dame au lion d'or était sans doute sans seul espoir, sinon l'autre choix ce serait de se planquer dans les galeries vampiriques, et il doutait que ce soit un choix si excellent que cela, avec tout ce qui traînait dans les dîtes galeries… Mais comment la convaincre ? Cela il y réfléchissait bien, lui qui n'avait jamais été un grand orateur… Déjà qu'il aurait bien du mal à jouer la comédie pour qu'on ne s'aperçoive pas qu'il était, lui le traître un ennemi publique du protectorat malgré lui. Mmhhh il y réfléchit, et ancien mercenaire il se dit qu'il devrait aborder la chose comme un contrat, essayer de convaincre le client en montrant qu'il valait le coup qu'on l'engage.

Et son apparence physique n'était guère glorieuse, car quand on fuyait précipitamment les esprits on ne prenait pas trop le temps de se laver, Alford pu faire quelques trucs, mais lui-même ce sentait assez sale. Sa barbe avait poussé plus que de raisons, et… Bon il serait très difficile à reconnaître au moins. Mais il devait avoir l'un d'un réfugié de Morneflammes, ou ou un criminel en fuite qui échappé à la théocratie… Criminel en fuite pour les théocrates ? Tiens ce serait une idée cela. Pensa t-il...

Il avisa d'ailleurs une crique alors qu'il réfléchissait à ceci, la fameuse crique ? Il s'y avança très calmement avec son cheval, il était seul. Et puis quand il se pensa assez proche, et pour éviter de se faire trouer par d'éventuels archers.

Il descendit donc de son cheval, et avança donc calmement vers le camp, se doutant qu'un, ou deux soldats devaient le tenir en joue dès qu'ils l'avaient remarqué car après tout c'était des professionnels. Alford leva donc calmement les mains sans faire de geste brusque, et se rapprocha du camp. Alors que son amulette apaisante était affiche à son cou, juste histoire qu'on ne lui tire pas dessus avant de lui laisser une chance de s'expliquer.

Et une fois assez proche du camp il dit calmement… Alors que quelques soldats s'approchaient pour évaluer la menace. « J'aimerai parler à vôtre chef je vous prie… J'ai quelque chose d'important à lui dire. » Les alentours étaient calmes, comme le rivage assez reposant à voir de loin. Son âme de voyageur en était d'une certaine manière touché, en un autre temps il en aurait sans doute profité pour contempler ceci, mais malheureusement il ne pouvait pas, le devoir… Le même devoir qui avait fait de lui un traître à la rébellion de Korentin Kohan, un bourreau sous le règne de Fabius Kohan, le même qui avait fait qu'il avait subit le joug de Vraorg, et qu'il en avait été libéré pour avoir les esprits aux trousses parce qu'il détenait quelque chose dans son sang que ces derniers voulaient récupérer. Non, mais il se demandait franchement comment… Encore qu'il parte de son village natale car il avait préféré être mercenaire, et voyager plutôt que de rester au champ. Mais là… Il avait surtout un talent pour être là au pire endroit, au pire moment. Enfin… Il doit bien y avoir pire que quatre esprits supérieurs sur sept voulant vôtre tête ? Si ce n'est pas les sept… Mmmh ce qui était bien par contre c'est qu'avec un tel train de vie on pouvait dire qu'Alford ne s’ennuyait pas pas le moins du monde.

Hum Alford réfléchissait, bon, euh… Il était déjà partie pour se faire fouiller là, et amener au camp sans doute, mais fouiller d'abord, et cela dépendait aussi de l'humeur du dit chef. Mais visiblement les soldats lui laissèrent une chance, mais entreprirent de lui retirer ses ses armes, qui étaient constitués de son arbalète lourde, et d'une épée de lumière. Une arme pour tuer les vampires en somme, ou au moins être plus efficace si on les touche, et il portait sur lui sinon sa simple cotte de maillebrume, et son armure en os de dragon. Donc déjà il n'avait pas la dégaine du troufion de base, les armures en os de dragon ça ne courraient pas les rues après tout, et elles valaient un prix astronomique même pour un noble, mais pour sa part Gorder s'était contenté de la prendre sur le cadavre d'un vampire après une bataille.. Mais c'est une vieille histoire. Mais ça justifiait qu'il ait cette armure alors que beaucoup de gens plus riches que lui ne peuvent pas s'en vanter.

Mais pour tout avouer il avait surtout mit cette armure car elle dissimulait en grande partie son visage, et ce n'était guère plus mal, par contre ça pesait son poids, mais bon... Et après quelques fouilles des gardes il fut bien emmener au camp. Bon il était temps de se préparer à ce qui allait suivre, et franchement. Lui qui avait un talent formidable pour des fois vexer les femmes sans le vouloir, il se demandait si celle sur laquelle il allait dépendait étant le genre de femme qu'il avait du mal à gérer… Quoique il se débrouillait mieux qu'avant de ce côté là, mais il n'était vraiment pas un homme sachant gérer la gente féminine de toute manière…

Mais bon c'était une protégé, elle devait être moins terrible que les théocrates, enfin il présumait. Mais de toute manière à ce prix là qu'on lui envoie quelque chose de bien méchant à la tête se dit-il, pas comme s'il n'allait pas devoir s'y faire de toute manière…

D'ailleurs petit détail pouvant avoir son importance, il pu voir au passage qu'un homme semblait dans un état déplorable, le pauvre. Il survivrait sans doute, mais disons que s'il ne bénéficiait pas des soins d'un baptistrel il n'allait plus pouvoir bénéficier des ses jambes pendant un bon moment… Bon l'autre avait sans doute dû se faire chopper par un animal agressif, après tout ces 3 dernières années la faune était bien plus agressives qu'auparavant, et même si c'était mal de profiter de cela, Alford le savait bien. C'est sans doute un prétexte idéal pour rejoindre le groupe de la dame, bon restait à gérer cette dernière. Autant voir la spécimen de plus près avant de voir quoi faire…

Spoiler:

« Comment ça, « pas possible » ? »

Impossible, et toutes ses périphrases synonymes étaient pour la vicomtesse des aveux très contrariant qu’elle tolérait peu. En l’occurrence, sur une équipe de dix hommes, elle avait pris un mage capable de soigner, en plus de quelques vétérans aptes à soulager les maux basiques pour épargner un usage intensif de la magie à chaque petite coupure. Hors, c’était justement ce guérisseurs qui, la tête ailleurs, lui disait qu’il ne pouvait pas se soigner. Lorsqu’Abbygail demanda la nature des blessures du camarade, ce fut sans surprise qu’on lui révéla, outre les jambes à moitié détachée de son corps par des coups de crocs, un grave coup à la tête qu’il s’était fait en chutant lorsque le fauve l’avait tiré.

« Madame, il s’est légèrement soigné pour ne pas totalement perdre l’usage de ses jambes mais.. Je crois qu’en l’état, il est incapable d’achever sa guérison. Son esprit semble être trop fragile, trop touché pour qu’il mène à bien la moindre magie. »

En effet, le concerné somnolait déjà. Quel coup du sort, ils n’étaient pas partis que déjà son soigneur était touché. Comment comprendre cette péripétie ? Encore un méchant coup de Destin ? Abbygail detestait cette situation. Elle admettait les pertes, mais elle refusait d’abandonner sciemment un homme, mais elle ne pouvait pas non plus prendre un boulet inutile à bord dans une quête si importante dont elle ignorait pourtant les risques potentiels.
Il fallait donc laisser le blessé ici.. Et lui laisser un homme et des vivres pour le garder. Elle avait le choix entre le laisser en arrière ici et maintenant en terrain à peu près sure, ou être obligée de le faire plus tard dans des situations plus urgentes et plus dangereuses.. Mais elle n’aimait pas l’idée non plus de commencer à dix, et qu’ils ne soient que huit à faire voile depuis ce point..

« Madame.. ? Les sentinelles nous rapportent quelqu’un, je crois.. »

Immédiatement, la vicomtesse releva la tête, sa natte blonde voltigeant légèrement. Elle braque ses yeux anthracite sur ce bonhomme qui semblait tomber trop bien pour qu’il ne soit pas louche. Elle s’avança avec lenteur, mais tout de même avec l’envie de lui tirer son sort très vite, à celui-là. Mais le feu dans ses yeux finit par s’éteindre lorsqu’en plus de lui signaler qu’il avait coopérer, elle posa son regard sur l’amulette.
Noble jusque dans sa pose, la main sur la garde de son épée et le menton légèrement relevé, Abbygail n’en toisait pas moins son désagréable invité surprise d’un air inquisiteur et peu sympathique, prêtes à toutes les néfastes nouvelles qu’il pouvait incarner : RIEN ne s’opposerait à ce qu’elle trouve le bateau pour se rendre à la Terre des Hommes, point.

« Mes hommes m’ont dit que vous n’aviez opposé aucune résistance, que vous ne cherchiez pas à vous cacher, et j’en viens à me dire que si vous êtes ici, ce n’est pas par le fruit d’un hasard. »

Elle prit le temps d’une pause pour ménager son souffle et son interlocuteur.

« J’ai pourtant sur cette terre bien plus d’ennemis que d’amis, aussi je vous conseille d’être passablement convainquant quant à ce que justifie votre présence ici, et ce que justifierai votre indulgence, ou bien je veillerai à ce que vous ne soyez plus en état de compromettre la sécurité de mes hommes. »

… Et de la mission par la même occasion. L’armure de cet homme était impressionnante, et tant qu’on ne pouvait pas se fier à lui, elle était également inquiétante. Cette personne savait se battre, et était rudement engoncée dans une carapace des plus prestigieuse et solide. Elle ne pouvait s’empêcher de voir dans la présence de ce personnage intriguant comme un second coup du sort l’aidant à ne pas trop souffrir de la perte d’un, et peut-être de deux hommes. Mais hors de question d’en laisser transparaître quoique ce fut. Le Protectorat lui avait ouvert l’esprit sur pas mal de réalité métaphysiques, mais elle n’en restait pas moins pragmatique sur le fond. Cet homme représentait pragmatiquement une menace, et c’était dans les faits qu’il aurait à s’en défendre.

« Allons, j’attends. »

Elle reporta à plus tard l’avis qu’elle devait se faire sur ses blessés, espérant tout de même que cet énergumène-là soit porteur de bonnes nouvelles.

Ah ça pour ne pas être déçu, il avait vu des femmes intimidante, et celle-là était bien situés dans sa liste de femme très intimidantes. Non, mais bon à la limite ce n'est pas comme s'il n'était pas habitué à vivre des situation risqués, et désagréables à force, mais les femmes… C'était toujours un domaine qu'il n'avait pas particulièrement maîtrisé, même après ces trois année. Elle avait un maintien noble, et solide et semblait être un petit peu forte, mais bon Gorder savait bien que l'habit ne faisait pas le baptistrel après tout… Enfin l'amulette devait avoir un petit effet, un petit effet espéra t-il car il est clair qu'elle devait avoir un mental en acier, après tout c'était une guerrière… Et elle n'était guère disgracieuse, même si à son maintien et tout on pouvait deviner une guerrière expérimenté.

Et il écouta silencieusement la femme, et elle avait de la jugeote en plus, m'enfin c'était une bonne chose il présumait, et elle devinait qu'il n'était pas ici par hasard, bien il n'aurait pas à s'enquiquiner fichtrement à devoir se justifier Et elle lui expliqua qu'il valait mieux qu'il se justifie bien sinon il risquait de le regretter.

Et avant qu'elle ne lui dise de se presser il se mit à réfléchir. Une menace ? Mmmh il était un épéiste de talent, mais sans épée il n'irait pas loin, sa magie n'était pas digne d'un maître mage, bon il pourrait peut-être mettre hors combat un, ou deux adversaires s'il prenait une épée, mais sincèrement même le plus grand épéiste du continent ne pouvait gérer 10 personnes en même temps. Surtout des soldats d'élites. Mais bon sa prudence était salutaire après tout vu qu'elle ne le connaissait pas.

En tout cas elle semblait avoir du caractère, bon sang. A la limite son ancien frère d'arme Falkire ce serait entendu avec ce genre de femme, mais lui franchement il avait du mal quand elles avaient un caractère en acier trempé… Bon par quel bout la prendre celle-là ? Surtout éviter de la vexer en tant que femme pensa Alford en parlant calmement, et avec réflexion. Mais ave bien moins maladresses que celle ont il aurait pu faire part en trois ans, après tout ces trois années l'avaient assez endurcies...

« Vous avez vu juste madame. Je ne suis pas ici par le fruit du hasard, bien au contraire. » Quand à pourquoi il était ici, il devrait expliquer comment il l'avait découverte ? Elle poserait probablement à la question, il essaya donc de gagner du temps d'une autre manière pour pouvoir y réfléchir un peu.

« Moi aussi je ne manque guère d'ennemi, bon je vais être franc je suis recherché par toute la théocratie, j'ai disons… Arracher de son cou la tête d'un prestigieux commandant théocrate pour ses exactions. Et du coup je suis en cavale, et je m'étais dit que rejoindre le protectorat serait une idée, mais comme les troupes théocrates sont à la frontière de celui-ci… J'ai cruellement besoin de l'aide des protégés, et je m’étais dit donc qu'en faisant d'une pierre deux coup en apportant mon aide je pourrai rentrer au protectorat. » Son discours se tenait-il ? Probablement en grande partie, mais restait à voir les points qui gêneraient son interlocutrice… Et il reprit calmement pour éviter qu'elle s'attarde trop dessus.

« Je suis un bretteur errant, je peux vous offrir mes talents de bretteur, et d'arbalétrier… Quand à ma loyauté je présume que si j'avais voulu faire capoter vôtre mission… Sachant où vous vous trouviez je n'aurai eu qu'à prévenir les sbires du blanc. » Il ne savait pas si faire remarquer ce dernier point était vraiment nécessaire, mais bon... En soit la chose lui semblait très logique.

Est-ce que c'était une femme qui aimait qu'on flatte son ego ? Se demanda t-om// Il ne savait pas, mais elle devait se sentir en confiance s'il voulait qu'elle ne se montre pas trop méfiante, et puis en y pensant s'il devait se trimbaler avec elle il ne savait où autant essayer d'obtenir sa protection. Néant lui avait dit après tout que c'était elle qui le mènerait en un endroit où il serait hors de portée des esprits, il reprit donc calmement, et pratique. Quand cette conclusion traversa son esprit.

« Je désirai donc offrir mes services uniquement au protectorat à la base, mais en vous voyant je me dit que vous me semblez disons être une grande guerrière. Je pense que sous vos ordres je pourrai probablement faire de grandes choses… N'auriez vous pas besoin par hasard d'un garde du corps ? Non vous en avez déjà beaucoup… Mais un champion, ou un maître d'arme ? Après tant d'années à errer en bretteur solitaire je ne serai pas contre le fait de pouvoir offrir mes services à quelqu'un de vôtre acabit à vrai dire… Y compris après cette guerre, ce serait sans doute un moyen d'user de mes compétences pour des buts clairement définit... Qu'en dîtes vous ? » Il espérait bien donner l'impression de l'homme du peuple qui désirait devenir chevalier, quoiqu'un homme du peuple avec une armure en os de dragon, mais vu sa façon de parler il faisait mercenaire du petit peuple pas nobliau. Et même s'il ne serait pas contre de devenir chevalier un jour, son but était tout autre pour le moment. Et cette femme était nécessaire à ceci.

Tact, et subtilité on y repasserait, mais bon on verrait ce que cela donnerait d'être aussi entreprenant. Mais il avait besoin de cette femme pour échapper aux esprits de toute manière, et donc se rapprocher d'elle, et être direct en ce sens là pouvait être une idée. Alford était plutôt du genre indépendant, mais s'il devait faire un serment où ce genre de chose nécessaire, eh bien il le ferait. Après tout ces affaires ne le concernaient pas que lui, mais aussi tout Armanda. Et puis mettre ainsi les pieds dans le plat permettrait peut-être d'éviter certains sujets fâcheux.

Enfin au fond ce qui était bien c'est qu'il avait aussi l'impression d'être à nouveaux un mercenaire cherchant un contrat, et visiblement un contrat à assez long terme, et ça lui faisait fichtrement plaisir. Après tout le mercenariat était plus cher à son cœur que d'être un soldat du blanc. Enfin mercenaire, mais surtout le fait qu'un mercenaire pouvait voyager, voyage qui était la grande passion de sa vie, et il bien intéressé par l'endroit où elle l'emmènerait cette femme s'il arrivait à la convaincre. Alors il prenait l'air professionnel du mercenaire offrant ses services.

Abbygail n’étant pas totalement bornée, elle avait conscience de certains de ces défauts. Pas de tous, bien sur, mais suffisamment pour remarquer que cet homme tablait juste sur pas mal de point, et qu’il avait été suffisamment adroit –surement malgré lui ?- pour intriguer la jeune capitaine, et lui donner matière à réfléchir. Et ce dont elle n’avait pas conscience mais qu’elle avait pleinement apprécié, c’est qu’il était passé de « Servir le Protectorat » à « vous servir vous », ce qui ne la laissait absolument pas insensible, il n’est pas un secret que la jeune noble avait parfois un ego qui ne demandait qu’à être caressé dans le sens du poil.

« Votre histoire semble plausible, et je me vois mal vous abandonner sur ce riva alors que vous êtes, de cœur, effectivement des nôtres. Je n’ai malheureusement pas de quoi attester la réalité de vos dires.. Aussi je garderai ma méfiance intacte vis-à-vis de vous.. »

Eh, méfiante la petite. L’œil impitoyable de la jeune femme cherchait visiblement à percer l’armure d’Alford en espérant y trouver des réponses à ses questions. Après tout c’était vrai.. Abbygail avait une copie d’une carte de navigation vaguement codée, et elle ainsi que son équipage était au sol.. S’il avait réellement été Théocrate, il les aurait cueilli à l’aide d’on ne sait quelle magie ainsi qu’une cinquantaine de vampire, et c’en eut été finis de cette mission. Aussi confia-t-elle cet aveu, presque à contre-coeur, car il ne fallait pas avoir l'air de le vouloir :

« Je vous accorde le bénéfice du doute, mercenaire. »

Ce point-là d’ailleurs n’était pas sans l’avoir interpellé. Il ne s’était pas pointé en disant « Je suis un protégé, prenez-moi ! » mais « Je suis un mercenaire, je veux un boulot ! ». C’était une note vraisemblablement sincère. Abbygail sortit son épée sans le moindre pré-avis, sa rapière, la lame batârde étant restée dans son dos. Le geste eut pu être inquiétant si elle ne s’était pas ensuite fendue d’un léger sourire.

« J’en dis, mercenaire, qu’il va être temps d’estimer vos compétences et d’envisager un prix. Vous avez intérêt à être aussi solide que ce que vous vous vendez, autrement vous serez désigné d’office pour nous attendre ici avec le blessé. »

Autant dire que c'était la mission la moins gratifiante que celle qui consistait à faire le garde malade sur une crique abandonnée. Et oui, c'était dangereux, qui plus est. Abbygail salua, avant de prendre la ligne. Comme souvent, on pouvait remarquer un jeu de jambe assez étrange, chez elle : elle ne bougeait presque pas. Ses jambes douloureuses la forçaient à adopter un style d’escrime assez fixe, assez singulier. Mais la jeune vicomtesse n’avait plus à prouver quelle excellente bretteuse elle était. Mais elle voulait tout de même monter les enjeux.

« Si vous vous montrez digne de m’accompagner, je vous ramène ensuite au Protectorat, avec ma recommandation. Et alors je verrai ce que je veux bien faire de vous personnellement.. »

S’il croyait qu’Abbygail allait accepter qu’il lui file le train comme ça, après à peine deux minutes de dialogues, il se foutait le doigt dans l’œil, et jusqu’au coude, té ! Les usages, mon bon Alford, les usages ! Abbygail était noble, et faire partie de son entourage, ça se méritait. Et il fallait également préciser que la nécessité n’était pas pour rien dans cette mise à l’Epreuve, et que la confiance en était quand même au degré 0, donc il avait tout à faire le bonhomme. Tandis qu’elle s’assouplissait le poignet, elle lâcha platement.

« Je vous préviens, à chaque question indiscrète, vous perdrez un peu de ma confiance, sachant que de toute manière, je n’y répondrais pas. Tout ce que nous préparons ici ne vous regardera que lorsque je serai contrainte et forcée de vous le révéler, c’est-à-dire quand nous arriverons à notre destination. »

Abbygail voulait éviter deux choses.. La première, c’est qu’Alford ait conscience que s’il revenait avec le Vol au Vent, il pourrait peu ou prou être un héros au Protectorat, et donc doubler la vicomtesse. La seconde.. C’est que même, tout ceci tombait trop juste pour que ce soit naturel. Il savait forcément autre chose, et moins elle en dirait, plus il serait capable de se trahir. Mais Abbygail tenait presque à l’emmener, au moins pour pouvoir le surveiller. La traversé ne serait pas exempte de risques, et elle voulait pouvoir le pousser elle-même dans la gueule d’un requin si jamais il tentait quoique ce soit. D’autant qu’il n’avait effectivement pas besoin d’être DANS le bateau pour pouvoir le signaler à peu près. Si c’était un traitre, autant le garder à portée de lame. On en mourrait tout pareil, mais ou moins mourrait-on détendu.

Toujours fut-il que lorsqu’Alford fut en garde, Abbygail commença. Son style d’escrime était à son image : sévère, juste et efficace. Ses bottes étaient imaginatives et gracieuse, et ne manquaient certainement pas d’audace. Mais ce qui pouvait être surprenant avant tout.. C’était la capacité d’Abbygail à se défendre et à contre attaquer. Son absence de mobilité au niveau des jambes avait été compensée par une souplesse du poignet remarquable, à l’escrime : on eut dit que sa rapière était un mur, et qu’a chaque coup porté dedans, elle dégageait la lame de son assaillant pour profiter au maximum de son arme légère et porter un sévère contre-coup. Et tout ceci avec une élégance folle, et ce bruit agréable qui vallait à sa lame le nom de « Chant du Cygne » lorsqu’elle fendait l’air.

« J'aurai trouvé décevant que vous ne sachiez pas faire de prudence, donc vôtre méfiance à mon égard me rassure sur ce point. » Dit-il calmement quand elle disait qu'elle gardait sa méfiance vis à vis de lui, et il en était en grande partie sincère car franchement si elle avait été du genre à accorder aussi facilement sa confiance il aurait commencé à se poser deux trois questions sur ses chances de survie à son service. Après il allait tâcher de gagner sa confiance, enfin il essayerait en tout cas, ce qui n'était pas forcément gagner, mais qu'on se le dise. La prudence était mère de sûreté, et un mercenaire comme lui même bien plus ouvert d'esprit que le commun le savait très bien…

« Je vous en suis grée madame. » Dit-il ensuite en s'inclinant légèrement quand elle dit qu'elle lui laisser le bénéfice du doute, le plus drôle c'est qu'il ne lécher pas le moins du monde les bottes. Alford même s'il s'était endurci pouvait en lâchant un les efforts pour ne pas s'exposer trop avoir toujours autant de facilité à être aimable. Et le mercenaire avait trouvé mains avantages à sa gentillesse naturelle, bien réguler on pouvait être facilement apprécié, et passer pour le bon bougre qu'il était. Donc autant jouer dessus de temps en temps surtout envers la gente féminine, mais aussi éviter si possible un commentaire maladroit… Avec de la chance il se recevrait donc pas un coup de pied dans l’entrejambe un jour où il n'aurait pas son armure sur lui...

Et quand à la noble dame dégaina sa rapière l'un des hommes non loin rendit son épée de lumière à Gorder… Et ce dernier la dégaina calmement d'un geste expert alors que la dame disait qu'il était temps de vérifier ses compétences, en somme de négocier. Et il dit calmement alors qu'elle disait qu'elle serait déçu qu'il se montre un incompétent. « Je serai moi-même fort peiné de vous décevoir noble dame. J'ai hâte de voir la force de vôtre bras, et la grâce de vôtre geste d'arme. » Dit-il en semblant tout à coup plus martial...

Et il se mit en position de garde, une position assez particulière, vu qu'Alford avait une belle brûlure au cuissot, une brûlure dû à la magie des esprits, et du coup il boitait de manière modérée. La chose était bien évidemment fort gênante en combat, mais avec de l’entraînement il était arrivé à s'y habituer. Il fallait juste qu'il évite de se baser sur l'appui de sa jambe boiteuse… Il adopta donc une posture qui lui permettrait de miser sur le réflexe, et la force ses deux grandes qualités physiques alors que la noble dame voulait visiblement lui faire une proposition assez agréable. A laquelle il répondit avec un certain enthousiasme.

« Nul doute qu'avec une proposition aussi avantageuse je ne peux que faire de mon mieux. » Dit-il alors qu'il se préparait calmement à la suite. Sa position de garde, et son calme démontraient déjà qu'il n'était pas un épéiste débutant. La façon même dont il tenait son épée devait être excellente après tout s'il espérait se battre à son plus haut niveau.

« Soit. C'est vous qui donnez les ordres après tout. » Dit-il calmement, même si au fond il connaissait une certaine partie de l'histoire grâce au Néant, et que le but de cette histoire se nommait épée des astres… Donc en somme autant ne pas faire son difficile surtout s'il voulait gagner sa confiance, certes ça ne lui plaisait pas forcément de ne pouvoir davantage demander des détails, mais un mercenaire avec une certaine expérience devait savoir faire preuve de souplesse avec son client...

Il restait donc à faire une démonstration martiale dorénavant. Et cette dernière ne tarda pas, d'une manière sévère, et efficace la noble l'attaqua avec une certaine imagination, et grâce. Alford changea donc rapidement de posture, et enchaîna les parades en faisant tournoyer sa lame. Essayant avant tout d'économiser ses gestes pour parer efficacement, rapidement, et sans trop se fatiguer. Visiblement elle semblait audacieuse, et la prudence, et l'opportunisme pourraient être deux vertus essentielles dans ce combat. Après tout un bretteur de talent devait avant tout savoir s'adapter à son adversaire, raison pour laquelle Alford avait un style de combat changeant selon les situations.

Dans tout les cas alors qu'il attaqua à son tour il pu constater la souplesse, et l’élégance du geste d'Abbygail. Mais Alford même s'il devait avouer que c'était plaisant à voir ne comptait absolument pas la laisser mener la danse comme ça lui chantait… Après tout s'il ne démontrait pas son talent à l'épée tout serait fichu donc autant y aller fort...

Gorder fit donc danser son épée, son style de combat était sauf académique, ou traditionnel, il était autodidacte, et crû comme celui de tout mercenaire, mais effroyablement efficace après des années entraînement intensifs. Pas gracieux, mais harmonieux, et surtout efficaces avant tout. Son épée de lumière virevoltait en même temps que la rapière de la noble. Elle n'était pas un cygne comme l'épée de la noble, mais une lame de lumière bleuté, il n'usa pas de la lumière aveuglante de cette dernière pour ne pas user d'un avantage déloyal, mais cette lame émettait quand même un léger rayonnement bleuté, et doux. Une belle lame qu'Alford avait trouvé dans un repaire de voleur il y a lontemps, et qu'il appréciait utiliser. Les deux lames se rencontrèrent donc à maintes reprises, et ce avec une intensité, et régularité assez rare. Témoignant du grand talent martiale des deux bretteurs.

Toutes l'expérience d'escrimeur d'Alford remonta à cet instant, ses techniques ainsi que es manières de se battre. Attaque, contre attaque, parade, feinte tout s'enchaîner à un rythme effréné. Et elle se défendait très bien cette chevalière. Ce combat était telle une danse, presque une œuvre d'art en soit. Et Alford l'appréciait plutôt, après tout ce n'était pas tout les jours qu'on affrontait un adversaire de ce niveau qui l'obligeait à faire de son mieux.

Puis alors que le combat avançait il commençait à prendre l'avantage, désormais peu à peu elle se cantonnait à l'a défense, et non à l'attaque. Il fit un geste expert de son épée pour la désarmer, mais toute aussi experte elle l'évita d'une manière, ou d'une autre, et les combattants eurent un court instant de répit.

« Si vous me permettez cette simple demande, pourriez vous me faire l'honneur de me donner vôtre nom si je l'emporte ? » Dit-il concentré, puis il repassa à l'attaque juste après la réponse éventuelle de la noble… Déterminé à en finir il oublia tout le reste, les environs, les hommes autour. Il n'y avait plus que lui, cette femme, et leurs épées virevoltants. Il décida de donner tout ce qu'il avait pour terminer ce combat...

Et la combat se termina bien après qu'il ait finalement détourné l'épée de la chevalière après quelques passes d'armes habiles des deux épéistes, et alors que sa lame se calait sous la gorge de la noble, Alford pour sa respirait fort, et suait à grosses gouttes après un tel effort, mais il avait un sourire au lèvre, celui du duelliste qui a fait un beau combat. Il l'avait emporté au final, mais la chose avait été très plaisante, et intense, et il dit donc calmement avec une certaine dose de respect dans la voix...

« Vous êtes sans conteste l'une des meilleurs bretteuses que j'ai jamais rencontré... » Et il était certain qu'elle avait du potentiel, le temps aidant elle pourrait devenir encore meilleur. Donc cette défaite au fond ne serait qu'a charge de revanche si un jour tel était son souhait.

Puis il se dégagea doucement après tout avoir une lame sous sa gorge ne devait être guère confortable. Et étant donné qu'on devait négocier son prix alors qu'il s'écartait il dit professionnel en se montrant conciliant.

« Je vous laisse donc réfléchir à ce que vous désirez faire de mes services noble damoiselle. Et ce qu'ils valent à vos yeux » Dit-il ensuite avec une expression posé, et réfléchit en laissant la noble y réfléchir effectivement, et décider de la suite. Il rengaina ensuite son épée, et attendit calmement.

Cette personne avait achevé de surprendre Abbygail : il était courtois, semblait bien éduqué.. Oh, bien sur, il cherchait à plaire, mais on ne trouvait pas si souvent un mercenaire capable d’avoir un minimum d’usages. Elle avait un peu abandonné l’idée d’être traitée, au Protectorat, avec les égards dus à son rang : « Vicomtesse du Vallion », c’était comme qui dirait peine perdue.. Et voici qu’un type sorti d’on ne sait ou venait l’affubler bien mieux que n’importe qui ces derniers temps des honneurs de son sang.
Et en plus.. Il était doué à l’épée.

Le réel talent d’un epeiste ne se mesure pas à la guerre : à la guerre, chacun fait comme il peut, et il est rare qu’on ait l’occasion de montrer l’étendue de ses capacités : soit on tombe sur des adversaires en dessous de son niveau, soit ils sont au-dessus, soit vous vous prenez une flèche perdue qui vous fauche sans vous demander combien d’années vous vous êtes entrainé. Non.. Le seul moyen pour un épéiste de s’exprimer à fond, c’est de se battre contre un homologue d’un niveau équivalent. Et Alford était ce genre de personne.

A ce niveau, ce n’était plus un combat, mais une danse. Les lames se comprenaient, se choquaient, se cherchaient et se quittaient dans un balet incessant et entêtant. Au départ, c’était elle qui venait le chercher.. Puis il semblai qu’Alford ait pris le temps de se remettre ses talents en mémoire, mettant la ligne au centre.. Et enfin, la vicomtesse put prouver ses remarquables capacités en défense. Dans ce genre de cas, la vicomtesse espérait clairement pouvoir prendre la main avec ses passes de contre-attaques, mais plus le duel s’éternisait, et plus Alford étouffait ses manœuvres. L’issu du duel s’était devinée quelques temps avant la fin : à moins d’une faute, et aucun des deux n’ne avais fait jusqu’alors, à force de contraindre son adversaire à reculer, le mercenaire ne pouvait que finir par prendre la victoire. Sur une passe, Alford dégagea la garde d’Abbygail, et vint placer son épée sous sa gorge.

La jeune femme fit tomber la pointe d’un doigt, hochant la tête, reconnaissant sa défaite dignement, avant d’arquer les genoux et d’appuyer ses mains dessus, soufflant elle aussi.

« Bonne bretteuse, peut-être, mais vous avez été meilleur, et sans vantardise, c’est rare.. Je suis la Vicomtesse du Vallion.. Vous avez bien mérité de le savoir. Mais en ce qui me concerne, connaitre votre nom ne sera pas une demande, mais une nécessité.. »

Alford avait demandé un nom, et il l’avait.. Aucun prénom n’avait été cité dans l’arrangement tacite, et elle ne s’en portait pas plus mal, au contraire. L’idée même d’être appelée « Abbygail » par un mercenaire dont elle ne savait rien la faisait frissonner. Quant à la réflexion, c’était malheureusement simple, beaucoup trop simple.

« Bien.. Il serait idiot de vous laisser ici veiller mon blessé, aussi je vous embarque. Thomas, fit-elle en s'adressant à l'un des soldats de quart qui s'était réunit autour d'eux pour le duel, vous resterez ici, si nous ne revenons pas dans une semaine, priez et tachez de regagner le Protectorat par vos propres moyens, car c’est que nous serons morts. Prenez des vivres.. Quant à vous.. »

Thomas avait été le seul à oser applaudir la défaite de son supérieur.. Tant pis pour lui. Abbygail rengaina sa rapière. Elle ne voulait même pas demander d'ou venait cette armure, ou même cette épée, elle avait le sentiment que la réponse ne lui plairait pas, ou qu'elle serait fausse, elle prés'inquieteras s’inquiéter elle-même.

« Vous êtes une énigme, une imparable énigme avec laquelle je vais devoir composer. Pour ce qui est de la valeur de vos talents, je n’ai absolument pas de quoi me les offrir, je ne voyage pas avec des sacsd’ors, et vous seriez bien ne peine de les dépenser vu là ou on est et là ou on va.. Donc voici ce que je vous propose : je vous octroie le droit de m’accompagner, et ma parole que nous irons au Protectorat, et une fois sur place, on avise d’une rémunération, et des suites de votre carrière. »

Le bilan d’un tel contrat c’était « Faites confiance, parce que pour le moment je vous donne que dalle mais je vous promets la Lune. », et si c’était si rude, c’était que la jeune noble avait grossit le trait : est-ce qu’un mercenaire pouvait décemment accepter un tel marché ? Si oui, était-il désespéré à ce point ? Si non.. Avait-il de base plus à gagner que ce qu’on lui proposait.. ? Ou savait-il déjà qu’il pourrait grandement tirer profit de cette situation s’il rentrait au Protectorat, alors même qu’il était censé ne rien savoir de la mission.

*Bon sang.. Korentin Kohan va me tuer si je lui ramène un mercenaire trouvé sur le bord de la route.. C’était quand même une mission secrète..* Elle l'imaginait déjà en train de lui reprocher d'avoir fait un bateau et d'une épée légendaire une attraction touristiques.. Pire, elle s’imaginait Alforf lui volant son butin, forcée de revenir les mains et de dire en plus que c'est totalement sa faute..

« Bien, si cet accord de principe vous va.. Allez-vous reposer et n’oubliez pas que je vous ai à l’œil. Soyez debout et apte à 6h demain matin, et j’espère que vous savez naviguer, je ne veux pas de bouches inutiles à bord. »

La vicomtesse éprouvait pour lui un respect sincère, car elle avait été battue dans les formes… Mais loin d’en montrer quoique ce fût, elle toisait même Alford avec la volonté de bien lui faire comprendre à quel point il était une épine dans son talon, mais hélas une épine nécessaire. Elle voulait qu’il sente qu’il avait toujours à gagner sa place.. Et derrière ces préoccupations pragmatiques, elle testait, par ses rections, sa loyauté, le scrutant de ses yeux anthracites et sévère sans courroux, mais sans douceur non plus. Elle envisageait déjà comment faire en sorte qu’il ne soit de toute façon pas en mesure de faire défaut, tout en pouvant être utile au groupe.

Cela avait été un combat magnifique tout simplement, Alford n'avait eu de cesse ces dernières années de perfectionner sa maîtrise de l'épée, et tomber sur des adversaires lui donnant l'impression de donner le meilleur de lui-même, et d'une certaine façon de progresser était rare, et cette Abbygail en faisait partie, il avait peut-être vaincu, mais de cette victoire il apprendrait beaucoup, et elle aussi. Pour cela qu'il était surtout content de ce combat. L'épée était un art cela Alford le savait bien, et un art qu'il tâchait sans cesse de cultiver pour se perfectionner. Pas tant pour tuer avec son épée que pour s'accomplir avec, après tout l'escrime était beau, et être bon à l'épée pouvait aussi servir à assommer, ou désarmer un adversaire là où si l'on avait été moins talentueux on aurait dû l'éventrer. Raison supplémentaire pour Gorder de se perfectionner sans cesse. Surtout que ces derniers temps il se retrouvaient souvent liés à des histoires de grande ampleur, et si un combat devait être déterminant pour l'avenir il se devrait de vaincre…

Et c'était pour cela qu'il était respectueux envers son adversaire vaincu, alors comme ça c'était une vicomtesse ? Visiblement même si elle semblait un peu rude, elle avait des airs plutôt sympathiques, oui Alford était comme. Doué pour trouver les qualités des autres, et aussi pour tenter de ressentir de l'empathie pour eux, après tout c'était une bonne façon de ne pas juger les autres à tort, et de bien se comporter avec eux… Et quand au fait qu'elle demandait son nom, un nom sortit de sa poche immédiatement. Faux bien entendu.

« Jerôme. Je me nomme Jerôme, honoré de vous connaître dame du Valion. » Essaya t-il de dire le plus poliment possible, après tout les quelques temps passé en tant que bourreau de Fabius Kohan lui avaient permit d'assimiler certains codes de politesses. Quand au nom qu'il avait mentionné c'était celui d'un vieil ami qu'il avait perdu de vue depuis le temps… Mais bon il n'aurait pas pu donner son vrai prénom après tout, au risque de finir dans de sales draps…

Puis par la suite Alford retînt un soupir de soulagement quand Abbygail désigna un autre homme pour garder le blessé, cela voulait donc dire qu'il était prit, bien. Elle n'avait pas prit la mouche qu'il l'ait vaincu ce qui était assez appréciable, et puis elle se battait bien... Gorder se dit donc qu'avec le temps elle pourrait certainement progresser, m'enfin sur ce il l'écouta à nouveau attentivement car elle semblait vouloir rajouter quelque chose.

« Je n'ai pas le choix de toute manière donc j'accepte, quand au salaire je n'ai jamais été vraiment très attiré par l'or, j'aime surtout voyager, découvrir le monde, et me apprendre des choses aussi... Quand à l'argent je peux me contenter du salaire moyen d'un mercenaire ne vous inquiétez pas. Je vous fait donc confiance, après tout me semblez avoir un solide sens de l'honneur. » Dit-il calmement, et avec une certaine sincérité, et de toute manière il fallait qu'il la suive. Donc autant ne pas faire son difficile.

Enfin de toute manière il verrait bien plus tard, et puis au pire quand cette guerre sera terminé il pourrait peut-être se poser un peu pour quelques temps au service de cette noble, et puis elle ne semblait pas être de ces nobles à rester immobile longtemps au même endroit donc cela l'arrangeait, et puis il verrait bien en temps voulu. Mais pour le moment cet histoire d'esprit, et d'Armanda en péril passait en priorité. Et cette vicomtesse y jouerait sans doute un rôle donc autant faire en sorte qu'elle puisse jouer ce rôle.

« Oui je sais un peu naviguer… Et ne vous inquiétez pas je tâcherai d'être à l'heure madame. Ce serait peu professionnel de ma part d'être en retard après tout. » Dit-il avec une dernière révérence courtoise. Il avait comprit qu'il ne valait mieux pas jouer au rigolo avec elle, mais elle semblait disons très respectable, il alla donc se reposer sans faire d'histoire jusqu'à demain matin… Mais d'abord il alla chercher ses animaux rester un peu à l'écart.

[Le lendemain…]

Le lendemain il se leva assez tôt du coup pour ne pas être en retard, peut-être une bonne heure en avance, et après s'être préparé en attendant que tout le monde soit prêt il passa le temps en entretenant son équipement, et s'occupant un peu des animaux qu'il avait à charge. Il devrait laisser le cheval ici, ainsi que le chien, mais cela ne le privait pas de les nourrir un peu, et de s'occuper d'eux. Enfin il attendit donc, et pensa au fait que la comtesse devait sans doute être du genre stricte, et protocolaire, il patienta donc calmement en finissant de se préparer.

Et lorsqu'Abbygail fut revenu il fut temps de partir aller chercher la fameuse vogue la galère, Alford ne savait pas sur quoi il allait tomber, mais il restait dans les faits déterminer, et il espérait que tout se passe bien.