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Morbide destin - PV Aldaron

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MessageSujet: Morbide destin - PV Aldaron Morbide destin - PV Aldaron Icon_minitimeLun 13 Juil 2015 - 17:50

Mai de l'an 5 de l'âge d'obsidienne



Il avait bien failli rattraper Korentin trop tôt. Fort heureusement, une autre piste l'avait détourné du souverain humain, lui permettant de regagner un peu d'avance. C'était ainsi qu'il se retrouvait soudain aux abords de Caladon, l'âme aussi lourde que le cœur de plomb qui jugulait ses sentiments. Le danger qu'il représentait pour la ville était aussi réel que son besoin de s'engouffrer dans les rues blanches. Il ne pouvait pas se retourner vers Korentin pour le moment, ce serait la fin, s'il le faisait. Sa marque risquait de le pousser à tuer son pair dragonnier et alors… mais non, il ne pouvait pas se le permettre. Et parce qu'il avait l'égoïste besoin de ne pas lui faire du mal, il devait laisser peser la menace sur ces innocents. Et il ne pouvait que s'en vouloir atrocement pour cela. Il s'en voulait oui, comment aurait-il pu ne pas le faire ? Mais cela ne changeait rien. Il lui faudrait porter cette honte de plus, il lui faudrait endurer le déshonneur… c'était la seule façon de procéder, le seul chemin qui le guiderait vers la liberté. Il n'avait aucune alternative et pas le temps d'en rechercher une de toute façon. Il s'était engagé sur cette voie, il devait aller jusqu'au bout. L'espoir, infime, ténu, presque imperceptible, qu'il avait lui-même rallumé, il ne pourrait supporter de se l'ôter pour des valeurs qu'on l'avait forcé à piétiné longtemps auparavant et à mainte reprise. Tant qu'à se souiller, autant que cela, cette fois, soit pour lui permettre de retrouver sa liée et sa liberté.

Il ne pouvait que se raccrocher à cela pour supporter l'épreuve. Car cette chasse alternative était effectivement une épreuve. Comment l'avait-il perçu exactement ? Il ne le savait plus, mais à présent, il reconnaissait les battements de ce cœur. Il les connaissait relativement bien, et le propriétaire mieux encore. Trop pour ne pas avoir des scrupules, trop pour ne pas le chasser la mort dans l'âme, une fois de plus. Une fois de trop peut-être. Il ne pourrait pas le sauver comme il avait réussi à le faire avec l'humain, et s'imaginer le sacrifier pour Korentin le rendait malade même au travers du poison qui le liait. Pourtant il devait se porter au-devant de lui… Alors il avança. Il s'approcha de la ville par l'entrée principale, laissant sa haute faux racler par instant par terre. Sur son passage, on s'écartait, on l'observait avec peur, avec dégoût également parfois, avec haine, souvent. Il avait mal de cette haine, il se lamentait de cette peur… une peur qui se mit bientôt à empuantir la ville, même de la part des gardes et des militaires, des pro-théocrates. La ville entière exsudait la peur par tous ses pores, comme une maladie vénérienne se rependant dans un bordel Glorien. Sa venue était de mauvais augures, il le savait pertinemment, il savait ce qu'il était à leurs yeux… l'exécuteur de Vraorg, celui qui matait les révoltes dans le sang et les hurlements d'horreur lorsque sa magie se déchainait.

Oui il savait… Il était un signe de malheur, un envoyé mortel et délétère. Un porteur de ruines. Pourtant ce n'était pas ce qu'il voulait être. Jamais il n'avait voulu les blesser, les terroriser… bien au contraire, il brûlait de les protéger, il brûlait de les aider. Il voulait se repentir, faire amende honorable, mais était-ce seulement possible. Non. En vérité, il doutait que ce ne soit jamais possible. Plus maintenant. Il s'était enfoncé beaucoup trop loin dans l'obscénité hérétique de Vraorg pour cela. Il n'y avait plus aucune échappatoire pour lui… et il se détestait pour cela, il se détestait d'autant plus d'avoir ce mince espoir brûlant à présent en lui. Et il se détestait de devoir probablement souffler sur celui de l'elfe. Son sang n'aurait jamais dû couler par sa main. Pourtant il doutait même de parvenir à se retenir… il tenterait, il le ferait, il le lui devait mais… mais il ne se pensait pas assez fort et il n'avait aucune porte de sortie. Intérieurement, il faisait une fois de plus son deuil, il se lamentait, alors même qu'une infime, agonisante partie de lui se réjouissait qu'il soit allé aussi loin. Il était encore plein de force. Il était encore si débrouillard… Si seulement… Pardonne moi…Si je pouvais t'épargner… Il le ferait. S'il avait pu tous les épargner. Et il se haïssait toujours plus.

Les sentiments se seraient bousculés en lui, s'il n'avait pris le cœur de plomb. A la place, il ne restait que ceux qui se montraient les plus objectifs. Mais ça ne changeait rien. Pourquoi est-ce que ce devait être lui ? Pourquoi pas un autre ? Pourquoi le destin se montrait-il aussi cruel ? Etait-ce là sa punition ? La question tournait dans son esprit, accompagnée d'une morbide fascination. Il s'était finalement arrêté, avait parlé sans même s'en rendre compte, les mots comme des lambeaux de son cœur déchiré. Il ne voulait pas lui faire du mal… mais avait-il seulement le choix ? S'il l'avait pu, il se serait contenté d'admirer sa réussite. Pourquoi devait-il souffrir ? Pourquoi lui, pourquoi maintenant ? Qu'elle farce était-ce donc là… Morbide, morbide farce… au goût de désespoir.


@Aldaron Triade
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MessageSujet: Re: Morbide destin - PV Aldaron Morbide destin - PV Aldaron Icon_minitimeLun 13 Juil 2015 - 22:06

Les reviviscences traumatiques de Morneflamme ne lui laissaient aucune nuit de répit. Aldaron aurait tant donné pour pouvoir enfin s'endormir profondément mais la peur lui interdisait, le danger qui rodait chaque seconde ne lui octroyait pas cette chance. Nul havre de paix : il se savait condamné à errer. Une part de lui s'accrochait à la vie, au présent, et une autre le retenait prisonnier quand bien même son évasion remontait à présent à trois mois. Trois mois de traque pour trois ans de pénitence. Sa sentence n'avait-elle donc aucun terme ? Elle s'étirait au travers du temps, au travers de l'espace. Nul lieu sûr, nul temps sûr. Et pourtant, ces dix derniers jours, sa situation s'était relevée vers des heures meilleures : aidé du serval, de Dawan et de son Maître, le dirigeant du Marché Noir avait retrouvé sa sœur et des nuits sécurisées chez Mellila. Sa solitude était achevée et bientôt, ils partiraient vers les Terres Protégés. Un certain batelier prendrait en charge les deux Triade pour qu'ils puissent faire route au gré des flots, le plus rapidement, vers le Protectorat. L'armée Impériale se faisait de plus en plus nombreuses dans les environs. Il fallait passer très prochainement ou il serait trop tard. Son court séjour à Caladon lui avait donné des forces. Bain, soin, amour fraternel, potion de sommeil pour forcer son repos... Tout prenait la tournure la plus adéquate pour leur départ prochain. Ou presque.

Il n'avait pas prévu cette lourde aura de terreur qui s'était soudain abattu sur la ville. Il n'avait pas prévu sa présence, n'avait osé imaginer l'issu de ce combat qu'il savait déjà perdu d'avance. Non. Comme pour beaucoup d'images inavouables, il l'avait nié. Il avait refusé cette éventualité comme pouvant appartenir au champ des possibles. Hélas, elle faisait une entrée fracassante et percutait son esprit de plein fouet. Il avait pris l'habitude de se fondre dans la masse, il avait derrière lui toute la protection du marché noir. Il savait où il pouvait se cacher, il savait comment échapper aux gardes. Plus d'un ferait diversion pour défendre un Triade. Ainsi il avait pu découvrir la ville marchande dans toute sa splendeur. Il avait parcouru les étalages à visage caché, découvert ses alliés, ses ennemis, entré dans leur quotidien avec toute l'aisance qui était sienne. Mais aucun rempart ne saurait le protéger de ce vampire-là. Aucune diversion, aucune cachette, aucune aide ne serait suffisante pour lui échapper. Dès qu'il l'eut vu s'avancer au sein de cette cité, dès qu'il sentit son aura, il le sut et il n'avait pas besoin d'un Totem Corbeau pour entendre les ailes de l'oiseau battre l'air tout proche de lui. Si proche que son souffle en fut coupé de surprise.

Ça ne dura qu'un seul instant, bref, à peine deux secondes perdues dans l'infini temporel. Achroma. Il aurait tant aimé le revoir, mais libre de ses faits et gestes. Non pas un pantin sous le joug du Voleur de Cœur, non pas un pantin qui inspirait ainsi tant de peur. Non pas un homme qu'il ne saurait raisonner, même avec les arguments les plus poignants qu'il soit. Les propos d'Achroma que ses oreilles elfiques perçurent lui glacèrent le cœur et terminèrent d'achever ses espoirs. Il n'avait aucune issue. Il ne pouvait pas rester là, n'aurait pas le temps de fuir, ne pourrait le battre. Il pouvait le prendre par surprise. Le dragonnier le repérerait bientôt. Il connaissait le battement de son cœur, il avait jadis sentit son souffle de vie frapper son visage, un soir si lointain maintenant. Il n'attendit pas plus longtemps, et saisit arc et flèche, faisant choir ce qui gardait jusque là son anonymat. Son visage à découvert n'alerta personne, tous étaient bien trop préoccupés par le Haut-Juge. Et par la flèche qui vint frôler l'oreille d'Achroma dans un sifflement qui accompagnait son murmure :

« Je le sais... »

Il aurait pu toucher sa tête. Il aurait pu, ç'aurait d'ailleurs été sa seule chance de survie. Le tuer, avant que lui n'en ai le temps. Il aurait pu, peut-être, avec l'effet de surprise, il était assez doué à l'arc pour savoir tirer entre les deux yeux de sa victime. Mais pas là. Il n'avait pas pu. De faiblesse, au tout dernier instant, il avait dévié son tir. Achroma n'avait pas eu besoin de parer quoique ce soit. Aldaron s'était condamné et avait consumé sa seule éventuelle chance de sortir de là vivant. Son esprit se vida soudain, comme s'il avait été frappé d'amnésie. Leurs regards se croisèrent, une si courte seconde, mais suffisamment de temps pour que l'elfe en soit assassiné par avance. Ça le révulsait. Un grief de plus contre Vraorg, de rage mêlé. De toutes les mains, pourquoi fallait-il que ce soit celle d'Achroma qui lui ôte la vie ? Il ne voulait pas mourir, il avait refusé pendant trois années à Morneflamme. Quel amusement cela serait pour Vraorg d'apprendre la nouvelle ! Un évadé assassiné. Pas n'importe quel évadé et pas n'importe quel assassin : deux êtres qui n'auraient jamais voulu se retrouver face à face au cours de cette traque. Un régal !

Aldaron s'était brusquement détourné pour fuir, courir. Immédiatement. Un bond, deux bonds, plusieurs bonds* l'aidaient dans sa fuite qui avait pour objectif fou de mettre la plus grande distance possible entre lui et son assaillant. Le semer ? Un doux rêve, mais il s'y accrochait. Même si pour cela il devait s'épuiser magiquement et physiquement. Il avait déjà repoussé ses limites en matière de survie : Morneflamme avait été un bon entraînement. Tout l'acharnement qu'il projetait dans sa fuite montrait combien il s'accrochait à cette vie. Il serait tenace même si aucun espoir n'existait véritablement.

* Magie humaine – niveau correct
[Autre] Bond
Le mage est propulsé en avant par magie, gagnant en vitesse et lui permettant d'avancer d'un ou plusieurs mètres. Jusqu'à trente pour un grand maître mage, celui-ci pourra également passer au travers de certaines choses, à condition de bien calculer la distance afin de ne pas se rematérialiser dans un objet solide.
Geste clé : Cligner des yeux.
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MessageSujet: Re: Morbide destin - PV Aldaron Morbide destin - PV Aldaron Icon_minitimeMar 14 Juil 2015 - 20:07


Il sentit le cœur souffrir, comme seul un vampire l’aurait pu. Il le sentit dans sa musique, ces battements singuliers qui soudain se pressaient, tremblaient… Proche. Il était proche désormais, il le sentait. Il le sentait, et si la marque le contraignait à le démasquer, le traquer, le trouver et le tuer, lui n’avait pas la force de le faire. Seul la magie et la sensation d’implacable obligation le muselaient. Qu'il aurait aimé que cette rencontre soit placée sous de meilleurs auspices ! Qu’il aurait aimé… pouvoir l’accueillir en allié, une fois encore, en compagnon et camarade, respecté, apprécié… mais tous ses souhaits étaient vains désormais, car pour sauver sa liberté, il allait devoir l’abattre, il allait devoir se faire le bourreau de ses volontés. De leurs volontés à tous deux en vérité. Avec la perte d’Aldaron, c’était une partie de lui qu’il perdrait également… C’était se trancher une patte pour espérer pouvoir être délivré des fers qui le retenait. Il serait sans doute libre, oui, si tant est que tout cela puisse fonctionner, mais il n’en serait pas moins estropié le restant de ses jours. Sentir son cœur souffrir fut une torture de plus. Il aurait tant voulu le lui épargner… l’épargner lui…

Il savait ? Vraiment ? Il savait… avait-il réellement espéré son pardon ? Non il ne le pouvait, il n’y avait aucun droit. Le lui demander en toute sincérité, en espérant l’obtenir, c’était l’insulter, lui cet amant d’un soir, ce compagnon d’arme, cet allié qu’il avait cru éternel, aussi éternel sans doute que son affection pour son fils. Si mort il devait dispenser, il ne souhaitait pas l’outrager pour autant. Non, cela jamais. Jamais plus. Chacune des exactions qu’il avait été forcé de commettre avait déjà suffi, car plus encore que de l’entacher lui, elles avaient entachées ceux qui croyaient en lui, et Aldaron en faisait partie. Et c’était également pour cela qu’il tenterait de lui donner une mort propre. Aussi propre que possible. Il le lui devait… il lui devait au moins cela, s’il ne pouvait payer toutes ses dettes. Il savait… étrangement, c’était comme un coup de poignard en plein cœur, en pleine âme. Un de plus. Soulagement aurait dû être son ressenti, mais non au contraire, il se sentait plus oppressé et désolé encore… Il aurait mieux valu de la haine, du dégoût ou du mépris. C’était ce qu’on lui avait dédié jusque-là et il s’y était… habitué…

C’était terrible à dire, mais il était habitué, oui. Il avait finis par courber l’échine et accepter la violence qu’on projetait sur sa personne. Et lui savait… quelle injustice était-ce là ? Plus encore que de les opposer l’un à l’autre, fallait-il vraiment qu’ils aient, en plus, parfaitement conscience de leurs déboires réciproques ? Ce n’était plus seulement cruel c’était… au-delà de tout. Et si glacé par cette réalisation, il ne sentit absolument pas la flèche qui passa près de lui, même si son sifflement lui fit un instant cligner des yeux. Il l’avait trouvé, sa proie, sa victime… son sacrifice injustifié. Il était là, si près, tout près, tellement près qu’il pouvait sentir son odeur au travers de cette foule, qu’il pouvait gouter sa peau à la saveur rendue rance par l’amertume. Instinctivement, il se passa la langue sur les lèvres, alors que ses oreilles s’emplissaient davantage encore des bourdonnements de ce délicat palpitant qu’il devait éteindre. Il savait… quel triste drame était-ce là, quelle triste farce ? N’avait-il pas suffisamment amusé ses tortionnaires ? Fallait-il qu’il danse encore au son odieux de leurs hérésies ?

Un instant, leurs regards se croisèrent. Et en un instant, il comprit que, non, il n’en n’aurait jamais finis. Que même s’il parvenait à s’échapper, il ne pourrait jamais fuir… et il en frissonnait. Resterait-il figé, là sur place, près de lui, agneau attendant le loup ? Non… non il fuyait. Bien… avec un peu de chance il… non… stupidité, naïveté, Aldaron n’irait hélas pas bien loin. La magie, il la comprenait, instinctivement, comme il comprenait son corps et son âme, depuis si longtemps… Il savait ce qu’il voulait faire, il pouvait même deviner la trajectoire quelques instants avant qu’il ne bondisse. Alors il suivit, immédiatement, serrant sa faux à s’ne faire blanchir les jointures. Lentement, il le rattrapa, mais lentement également, des pensées parasites virent envahir son esprit… Sa télépathie rendue instable par l’établissement incomplet du réveil des liens de dragonniers, il captait des émotions et des fragments de pensées provenant de toute cette énorme ville, et malgré l’effet du cœur de plomb… cela l’atteignait… Ses propres émotions, difficilement muselées, semblaient tambouriner contre ses tempes, semblaient gratter sous son crâne…

Il avait l’impression de plonger dans un délire, dans une démence furieuse qui faisait vaciller sa raison. La potion n’était tout simplement pas suffisante pour un être de sa proportion, de sa puissance. Il se sentait lentement pulser, prêt à exploser, l’intense sentiment d’injustice comme un fluide pour propulser tout ce que son âme renfermait, et qui trouvait un écho dans chaque pensée qu’il absorbait. Soudain, les liens de plombs lui paraissaient plus odieux encore que ses souffrances et sa torture, soudain, il se sentait complètement retenu, enchaîné, emprisonné, plus encore que par sa marque c’était tout l’intolérable de cette comédie cosmique qui lui donnait la nausée… et soudain, alors qu’il le voyait, qu’il le rattrapait, et qu’il le sentait de nouveau s’échapper plus loin, il relâcha sa magie, pour en appeler au gémisseur sinistre…



Gémisseur sinistre [Sort vampirique - Grand-maître mage]

Le lanceur fait apparaître une créature incorporelle qui suit la cible continuellement, gémissant à son encontre en prenant la voix d'êtres chers ou en contant d'horribles récits à son propos. Il ne disparaît que lorsque le lanceur le désir ou quand on trouve le moyen d'atteindre la créature.
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MessageSujet: Re: Morbide destin - PV Aldaron Morbide destin - PV Aldaron Icon_minitimeJeu 16 Juil 2015 - 21:20

[HRP : En blanc, ce qui se passe dans le monde imaginaire (et un peu bancal maintenant) d'Aldaron, peut-être que par télépathie, Achroma peut le voir (?). Les paroles et le reste du RP sont visibles et audibles dans le monde réel]

Poursuivi. Aldaron aurait pu s'y attendre : la réaction de son bourreau ne se fit pas attendre. L'elfe fuyait, sans vraiment de but initialement, puis inéluctablement, l'envie de sortir de Caladon se fit de plus en plus impérieuse: de nombreux alliés du Marché Noir logeaient dans cette cité. Il lui fallait éviter autant que possible les dommages collatéraux d'une part, mais d'autre part, le trépas d'un Triade dans la ville marchande théocrate aurait un retentissement tout spécifique. La terreur s'imprégnerait dans les rues et dans les cœurs, si leur dirigeant venait à choir ici même de la main du jouet favori de Vraorg. Le travail de Mellilla se ferait plus ardu. Quelques craintifs retourneraient leur veste, trahisons s'en suivraient. S'il devait mourir, Aldaron préférait être au plus loin d'ici même si un impact sur son Marché, il y en aurait. Depuis l'annonce de son évasion, il avait été pour toutes ces ombres du marché, comme un symbole d'espoir. Sa destruction en briserait plus d'un, à commencer par son frère et sa sœur.

Il n'eut toutefois pas le temps d'aller aussi loin. Ce quartier transpirait de pauvreté : les maisons étaient de plus en plus petites, des rues assez floues, les habitants moins parés de pierreries chatoyantes. Tous s'écartaient. Non pas de peur de l'évadé, mais plus de son assaillant. Il lui restait encore du chemin à parcourir, mais il sentait l'ombre d'Achroma le draper de mort, seconde après seconde. Puis soudain, dans son esprit, tout passa de la lumière à l'obscurité sans passer par la pénombre. Des voix, dans sa tête. Ou en dehors. Son regard d'émeraude, inquiet, s'orienta de part et d'autres autour de lui. A la recherche de ses gens qui connaissait bien, qui lui étaient chers, et qui hurlaient. Il s'en rendit compte, il s'était arrêté. Dans la brume matinale aux alentours, il ne distinguait rien ni personne. Il n'entendait que sa propre respiration, haletante, irrégulière. Et ses voix. Sa sœur, son frère, qui hurlaient par dessus tous les autres,comme si on leur arrachait les membres un à un. La salle de torture, des instruments sortis tout droit de Morneflamme lui revenaient, hérissant par leur sombre retour les poils de tout son corps. Sa sœur était à Caladon. Mais son frère non. A moins qu'il n'ait été traîné ici de force... La panique le gagnait. Non, la Triade ne pouvait pas tomber, pas ici, pas maintenant.

*C'est par ta faute, évadé...*


Siffla une voix de vipère dans sa tête. Sa faute. Par sa faute. Son frère et sa sœur étaient venus le chercher. Ils étaient en danger ici par sa faute. Lui et son évasion. Lui et son insurrection contre le Dragon Blanc. Lui et son refus de s'y soumettre.

« Corinne ! Cercëe ! »

appela-t-il. Où était Achroma ? Ne le poursuivait-il pas ? Il avait disparu. Il n'entendait plus sa voix, ne croisait plus son regard qu'il sentait pourtant lourd à son égard. Il les entendait hurler sans savoir où ils étaient : la Triade, son empereur, l'apprenti chanteur aux boucles blondes, la vampiresse à la chevelure sanglante, des humains, des dizaines d'humains.... Il entendait les rugissements de douleur des dragons. Un immense brasier fit place à la brume où des êtres chers encore vivants se débattaient contre des flammes définitivement trop voraces. L'odeur de souffre accentua son malaise qui monta en flèche à l'instant même où il comprit où il était. Morneflamme. La cour, les cadavres des prisonniers jonchaient le sol. Ses amis brûlaient, leur douleur étaient clamée haut et fort, si bel et si bien que le marchand devenait sourd à tout autre son. Les dragons périssaient. Aldaron hurlait sûrement lui-même, mais il ne s'entendait plus, il n'était pas même certain d'avoir encore suffisamment de voix pour cela. La cacophonie résonnait en écho morbide dans sa tête qu'il tenait entre ses mains, catastrophé entre ces lambeaux de chairs qui fondaient à vue d’œil et cette symphonie dissonante aux accords renversés et aux notes dépassant amplement les quatre temps réglementaires. Les corps se tordaient, saisis par le rythme d'une danse d'épouvante. Sa respiration se coupait, ses poumons agressés par le souffre le laissaient pâlir alors que son corps se secouait de spasmes. Ses pieds se prirent dans les macchabées au sol, ses mains tombèrent sur le torse d'un cadavre à la longue chevelure platine et se crispèrent instinctivement sur les vêtements de ce vampire. Il niait cette évidence, les yeux exorbités par cette vision. Achroma ne pouvait pas être mort. Il le refusait. Ils ne pouvaient pas être en train de brûler, tous, à Morneflamme. Le sort d'Achroma avait activé ses reviviscences traumatiques pour former cette illusion destructrice de laquelle il ne parvenait à se libérer. Ça dévorait son esprit comme une chimère, et ce, même lorsqu'il rouvrit ses yeux d'un vert tremblant sur Caladon.

*Ta faute, évadé... Ta faute*


L’Aîné l'avait rattrapé, ou bien était-ce lui qui s'était figé sur place lorsque l'effroi avait pénétré son esprit ? Il avait entre ses doigts sa propre chevelure sombre. Avait-il été frappé par le dragonnier ou Achroma l'avait-il regardé souffrir dans un plaisir sadique ? Etait-il debout ? Au sol ? Il n'en savait rien. Il ne sentait plus rien, pas même son propre corps tant chacun de ses nerfs étaient déjà à vifs.

« Cesse. »

souffla-t-il. Un ordre. Faible ordre. Une supplique était plus réaliste. L'horreur dévastait son être et le réduisait en cendre. Aldaron serra les dents, son regard s'enflamma par une détermination inébranlable, celle qu'il avait laissée exploser à Morneflamme et qui lui avait octroyé une survie acharnée. Impérieux, il gronda, comme le tonnerre, ce qui ressembla d'avantage à un ordre :

« Cesse. »

Puis il reprit, détachant chacun des mots tant par difficulté à les prononcer, l'esprit accaparé, que par nécessité de se faire pleinement comprendre :

« Ce n'est pas ma faute. »
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MessageSujet: Re: Morbide destin - PV Aldaron Morbide destin - PV Aldaron Icon_minitimeVen 17 Juil 2015 - 20:16


Il restait figé sur place, le corps tremblant légèrement, les yeux écarquillés, révulsés, devant sa propre création. Cette chose immonde, il savait ce qu’elle était, il savait ce qu’elle faisait, mais il n’avait pas compris quelle sorte d’atroce instinct lui avait dicté de l’utiliser. Pourquoi celui-ci entre tous ? Alors qu’il aurait très bien pu souffler sa vie d’un croc du dragon, pourquoi avait-il fallu qu’il use de ce sort-ci, qui tenait plus de la torture que d’autre chose. Il avait dit qu’il le tuerait proprement ! Il avait dit… qu’il ne le ferait pas souffrir… pourquoi… pourquoi se conduisait-il ainsi ? Qu’est-ce qui l’y poussait ? Qu’est-ce qui l’obligeait à se transformer en monstre ? Il ne voulait pas être un monstre, il ne l’avait jamais désiré et le désirait encore moins à présent. Pour tout le respect qu’il lui vouait… Aldaron méritait une mort propre, pas cela, pas cet outrage ! Aucune réponse ne lui venait alors même qu’il observait la chose qui continuait de gémir de si obscène façon. A quoi s’était-il donc attendu ? Que pensait-il qu’il se passerait lorsqu’il invoquerait pareille chose, créature si révoltante ? Impossible d’en être certain, et pourtant ce dont il était certain, c’était que le résultat le choquait lui-même…

Ces voix… il en connaissait la plupart, la sienne y compris. Sans doute était-ce elle qui le choquait le plus. S’entendre soit même, de cette façon, c’était à vous donner la nausée. Sur l’instant, entendre cette cacophonie hérétique et immonde lui donnait envie de faire cesser le sortilège. Il fallait qu’il l’arrête ! C’était… infect. Et pourtant il ne parvenait pas à rassembler la volonté nécessaire pour le faire, pour y mettre fin. Il restait là, observant fixement la forme prostrée de l’elfe, en tremblant, et ne faisait rien, vidé de toute détermination. Une obscure et perverse fascination rampait en lui et l’obligeait à observer cette scène de bout en bout, à en détailler chaque reliquat. Et plus il observait, plus il se haïssait de ce qu’il avait fait… et plus la chose gagnait en puissance, tout au fond de lui. Un plaisir comme il n’en ressentait que pendant les exécutions. Un plaisir dangereux, sinistre et même macabre. Non ce ne pouvait être lui, cela, pourtant c’était bien lui et il avait l’impression de ne plus être capable de la moindre dignité. Savait-il même ce que cela signifiait à présent ? Parviendrait-il jamais à agir avec droiture, une fois de plus, alors que tout le poussait à l’immorale jouissance ?

Je…

Il se sentit, enfin, réagir… alors même que les mots et les pensées venaient se fracasser sur son être. Même l’impression restait étrange, comme s’il évoluait dans un rêve ou un environnement aqueux. Les gestes étaient lents, plein d’une langueur forcée, de celui qui s’éveille d’un songe. Ou d’un cauchemar, au vu de leur situation. Il sentait le cœur de l’elfe battre tambour dans ses oreilles… Faire cesser le sort, faire cesser le sort, oui il le devait, il le fallait… faire cesser le sort, oui… mais il n’y arrivait pas, il n’y arrivait pas ! Il manquait de force ! Non, pas de force… la force le gorgeait, la force l’emplissait, c’était la volonté qui manquait. C’était la volonté qui le fuyait. Mettre fin à la conjuration semblait une épreuve bien trop ardue pour être réalisable. Et ce plaisir… Non, non il devait réussir il devait… Lentement, sa main se leva, lentement, il chercha, aveugle et à tâtons, son emprise magique. Par miracle, il la découvrit et fit disparaître la créature. Pourtant, loin d’être en paix, quelque chose le poussa à fouiller encore. Une force, une emprise démente…

Il ne pouvait s’effrayer en raison du cœur de plomb, pourtant il frémit, ses yeux se baignant de larmes. Un instant, leurs regards se croisèrent, et le sien se délitait, à la fois jubilant et dément, et aussi désespéré et paniqué… Il ne savait pas ce qui le poussait à agir, quelle terrible malice le transformait en poupée, mais ce n’était pas lui… ce n’était certainement pas lui ! Il n’était pas ainsi ! Il avait ses hontes, ses fautes, mais il n’était pas ça ! Il ne voulait pas lui faire du mal, il ne voulait pas ! Ce n’était tout simplement pas possible…

Ce n’est pas… ce n’est pas… Le moi ne fut qu’un souffle brisé alors que sa magie déferlait une fois encore sur sa cible. Les milles coupures vinrent lentement déchiqueter la chair délicate, et il se sentit haleter de dégoût et de triomphe tout à la fois. Le monde sembla sombrer, perdre connaissance, perdre substance… ou bien était-ce lui qui oblitéra la suite de sa mémoire ? Il ne savait pas. Il n’en avait aucune idée, mais ce qu’il savait, c’était que la suite ne fut qu’un gigantesque gouffre dans sa mémoire jusqu’à ce qu’il revienne à lui, à quatre pattes au-dessus de sa proie, se repaissant du sang issu de ses blessures…
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MessageSujet: Re: Morbide destin - PV Aldaron Morbide destin - PV Aldaron Icon_minitimeSam 18 Juil 2015 - 18:22

Les yeux exorbités, il fixait la dépouille d'Achroma étendue sur le sol. Les cris diminuaient en intensité autour de lui et pourtant, dans le funeste silence qui naissait, il percevait encore leur ignoble agonie rebattre ses oreilles comme une marque indélébile qu'on lui aurait laissé en offrande. Il observait autour de lui, le calme morbide revenu. Les cadavres carbonisés jonchaient le sol. L'odeur nauséabonde lui rappelait sournoisement le dallage piégé qui les avait attendu à la sortie de Morneflamme. Un silence sinistre régnait alors que le vent se paraît des cris des défunts. Il était seul. Le son de ses propres sanglots parvint à ses oreilles alors que ses entrailles se serraient avidement. Seul, il n'avait plus aucun être cher en ce monde, il avait tous péri et une voix sifflante lui rappelait encore que c'était de sa faute. A genoux près d'Achroma, il hurla contre ce vide, ce gouffre dans lequel il s'effondrait, il hurlait à plein poumons, priant les Esprits pour que quelqu'un l'entende, quelqu'un lui répondre, mais il n'eut que l'écho de sa propre solitude. Il laissa son front retomber sur le torse du millénaire, convulsé, détruit. Il avait beau laisser exploser sa rage, elle le dévorait encore et ne semblait vouloir partir. Il ne parvenait pas à tout évacuer, il était saisi de tremblements tellement intenses que même en attachant solidement ses membres, ils auraient continué.

Le silence était revenu. Son âme avait été soufflée comme une flamme et s'envolait en fumée. Ses yeux se vidaient de tout sentiment. Ni douleur, ni haine ne pouvait l'atteindre. Là où il était, plus rien ne pouvait à présent le toucher. Son monde était devenu plus horrible encore que la réalité, il y était dévasté, ici, il ployait lentement sous le joug d'une mort psychique. Ce furent des yeux vides, les yeux d'un mort qui croisèrent le regard rongé par folie et désespoir d'Achroma. Il le fixa, longuement et un animal rampant ranimait ses yeux. Il s'accrochait à la vie. Il renaissait, plus faible et plus bouleversé encore. Dans ses yeux, l'animal plantait ses ongles dans le sol qu'il raclait. Il s'y agrippait. Dans ses yeux, mort et résurrection se livraient un combat sans pareil, Morneflamme lui avait appris à survivre. Et il survivait autant qu'il le pourrait. Cette chose en lui se battait encore, nonobstant l'espoir déchu de s'en sortir, nonobstant sa lassitude, nonobstant son envie d'en finir une bonne fois pour toute. Il n'avait aucun contrôle sur cette chose étrange qui sommeillait en lui et qui s'acharnait à vouloir le garder en vie, à n'importe quel prix.

Ce n'était pas lui, pas Achroma. Il le savait. Il ne le reconnaît pas le moins du monde. Il ne doutait pas de sa capacité magique à créer une telle horreur, mais comment avait-il appris à manipuler une telle chose ? Comme avait-il eu l'envie d'apprendre à manipuler cette abomination ? C'était sordide, indigne de lui. Non, il ne le reconnaissait pas là, c'était peut-être ce qui le terrorisait le plus : l'homme qui se dressait devant lui n'était pas Achroma. Ce n'était qu'un sadique voleur de corps, un esprit malsain logé au sein d'un dragonnier, qui avait jadis éveillé son admiration. Ce qu'il était devenu aujourd'hui était méprisable. Il avait l'envie, même si incapable, de le détruire. Il salissait son nom, il maculait l'espoir qu'il avait placé en lui, il souillait son lien, leur relation. Oui, il voulait l'annihiler mais, quand bien même il ne le pouvait, il ne le désirait pas franchement. Il voyait en cette chose infecte les débris du vampire qu'il adorait et qu'il était près à suivre. Ça s'agitait au fond de lui. Il les voyait ces pleurs, ces tremblements, ce déchirement. Il les voyait bien sûr. Il aurait voulu l'aider, lui tendre la main pour le soutenir, et aller exterminer, avec les dents s'il le fallait, cette bête outrancière qui avait pris place en lui. Il en était incapable.

Prostré, les deux genoux à terre, l'elfe baissa la tête et ses cheveux voilèrent son visage d'un drap de deuil. Il tâchait d'apaiser le petit animal en lui qui voulait survivre et qui se débattait, il dut bientôt le brider et lui ôter ses espoirs vains qui lui faisaient plus de mal de que bien. La première coupure lui arracha un hoquet de douleur, les cent suivantes le firent hurler à l'agonie tant que la douleur du dirigeant de Marché Noir se répandit dans toute sa fourmilière, et puis ce fut le silence. Crier ne servait plus à rien. La créature qui logeait dans l'âme d'Achroma ne le laisserait pas en paix et ne le prendrait pas en pitié. Il refusait de la laisser se délecter de sa souffrance. Il en était hors de question. Il ferma les yeux, serra les dents et son âme morte trouva du réconfort dans un second monde imaginaire, plus profond que le premier, vide, en dehors du temps et de l'espace. Il s'y agrippa avec ferveur tant la douceur qu'il trouvait ici n'avait son égal en rien dans le réel. Il s'y lovait et y pleurait, hurlait de tout son soul. C'était comme si cet environnement lui apportait tout le réconfort dont il avait besoin. Il s'y vidait de toute sa souffrance, se libérait de sa douleur psychique et physique pour approcher ce qui ressemblait le plus à de la félicité. Ses cris s'éteignirent, il se sentait las, il se sentait faible... Mais il avait accepté sa mort. Ses sens ne percevaient plus rien. Ni les sons, ni les coureurs, ni même les sensations de son propre corps. Tout avait disparu. Seules les images de son passé refaisaient surface, sa petite enfance, sa mère au portrait oublié, son père, les femmes, Gloria, les humains, le marché noir d'Aigue-Royale, Morneflamme... Il occultait les mauvais moments, ils n'avaient plus aucune importance à ses yeux. Il s'en moquait. Il ne restait dans son esprit en écho, que les rires, les voix de son frère et de sa sœur, les souffles des femmes qui furent bien nombreuses tout au long de son existence. Il ressentait les étreintes, les caresses à nouveaux, frissonnait.

Il se souvenait aussi du contact des lèvres glaciales de l'Aîné sur sa peau, la confiance qu'il avait eu pour lui. Il gardait en mémoire ses bras l'encerclant et se laissait bercer, consoler par cette euphorie sentimentale.
Il rouvrit les yeux sur le ciel brumeux de Caladon. Il était allongé sur le dos, les bras en croix, une douleur aiguë traversait tout son corps mais il se sentait incapable de souffrir de cela à présent. Chaque parcelle de sa peau se faisait lambeau pourpre. Il avait perdu beaucoup de sang et en perdait encore. Sa mort serait lente, il allait se vider progressivement jusqu'à ce qu'il perde conscience et se meure. Aldaron ne bougeait pas, il aurait pu essayer de se soigner mais il avait mis en cage cet être en lui qui rêvait tant de survivre. Il n'était ni triste ni heureux, il était désabusé et presque indifférent à son propre décès. Il sentait qu'on s'abreuvait son sang quelque part au niveau de son artère aorte, un choix de connaisseur pour une nocturne créature. Il posa son regard vide sur lui avant de se reposer sur les cieux.

« Bourreau... »

appela-t-il d'une voix rauque et tremblante.

« Rendez-moi Achroma... »

supplia-t-il marquant ainsi une distinction entre le millénaire et l'être sordide qui venait de lui dérober sa vie. Il leva une main ensanglantée et vint caresser avec tendresse la chevelure platine du vampire, qui elle même baignait dans ce sombre liquide.

« Je vous en prie... Mon sort est scellé... »

Il ne pouvait plus rien pour sa propre survie. Il voulait lui dire adieu, croiser son regard céladon une dernière fois avant de s'éteindre. Il le voulait, le désirait tant.

« Achroma. »

souffla-t-il alors que sa main retombait mollement au sol, mettant un terme aux caresses compatissantes à son égard.

« J'ai... Froid. »
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MessageSujet: Re: Morbide destin - PV Aldaron Morbide destin - PV Aldaron Icon_minitimeDim 19 Juil 2015 - 18:03


L’odeur du sang emplissait les lieux, lourde et entêtante, et il semblait incapable de ne pas la humer avec insistance et attention, alors que de sa langue, il recueillait les perles carmines dévalant la peau défaite et outragée. Le goût de cette purpurine liqueur n’était pas le plus agréable qui soit, mais l’odieuse souffrance qui ravageait ce corps réceptacle suffisait à compenser cent fois l’amertume si désagréable. Une amertume d’aloès, rien de plus approprié en cet instant. Et alors qu’il scellait ses lèvres souillées sur une plaie palpitante, qu’il en aspirait le nectar, la répugnance et l’horreur bondirent en lui, toute son âme se cabrant violemment et se rebellant. Pourtant, pour toutes ses tentatives et sa furie paniquée, il ne parvenait simplement pas à s’arrêter… Ce n’était pas seulement la marque, ce n’était pas seulement Vraorg et sa honte, c’était plus ancien, bien plus profond… c’était quelque chose qui avait germé de lui, avait été nourris en lui… pendant un millénaire entier. C’était une chose dont il s’était détachée mais qui n’était pas morte et que Vraorg avait magnifié et renforcée. Il en avait peur. Plus encore que le dégoût, il en avait terriblement peur car il avait toujours pensé ne pas être capable de se contrôler.

Et ses craintes s’avéraient fondées. Le faible appel lui fit relever la tête, aspirant au passage une goutte de sang venue roulée sur sa lèvre inférieure. Son regard caressa le visage en pleine tourmente sans offrir la moindre expression qui indiqua qu’il ait pu réellement entendre la supplique. Et pourtant il entendit. La créature sanguinaire qu’il devenait entendit, mais le dragonnier également et il rua plus encore, se démenant pour trouver la force de reprendre les rênes de son propre corps et de sortir de cette intolérable démence sanglante… Il ne voulait pas lui faire ça… il ne voulait pas le détruire ainsi… c’était immonde… c’était… triste ? Oui triste, terriblement triste. Il ne voulait pas devenir cela, se savoir capable de céder au besoin de souffrance et de sang, se savoir esclave de son propre sadisme incompréhensible et subir la jouissance perverse qu’il apportait ensuite, comme une vague de soulagement éphémère, comme une drogue dure dont il devait absolument avoir une dose pour se sentir bien. Il ne voulait pas être comme cela… Ce n’était pas lui et ça ne pouvait pas être lui. Mais pour toutes ses récriminations, il se sentait vidé de toute force.

Vide… il se sentait vide, sous ce plaisir immonde. Pourtant il n’avait pas toujours été vide. Oui, mais quand ? Qu’avait-il eut en lui ? Des sentiments, tenus en laisse par une potion, des liens, tous détruits… tous… il détruisait les derniers. C’était cela. Espérait-il avoir moins mal, en cédant, en devenant cette chose ? Tout tournait, rien n’avait plus de logique, de raison… raison, ô douce raison… où était-elle ? Là, peut-être ? Là, dans le bout de ses doigts qui soudain s’élevaient, là, dans la magie qui soudain vibrait. Allait-il l’achever, proprement, cette fois ? Non, ce n’était pas cela. Mort ne venait pas, c’était à Vie qu’appartenaient ces pas. De la magie oui, de la magie guérisseuse. Il n’était pourtant pas douer avec… Avait-il réussit ? Il semblerait bien que oui. Pourtant il se sentait encore… il ne se sentait pas lui-même, malgré cette soudaine maîtrise, malgré la dissipation d’une fièvre encore latente… Il aurait voulu que tout s’arrête enfin, il aurait voulu être délivré, là, tout de suite. Mais faiblesse maîtresse, il revenait sur son sacrifice, il revenait sur…

Tout ? Leurs regards se croisant, céladon contre sapin, mais au poison qui, déjà, bouillonnait à nouveau. Vulgaire traquenard semblait-il alors, tandis que les plaies se fermant, la magie se faisait, à nouveau, mauvaise et malveillante… Un nouveau sort, soudainement, là, sur le bout des doigts, dont il ne savait encore rien… Une supplique à ses lèvres, un appel, un appeau, un aveux, un sanglot…

Et l’ombre vint, enfin.
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MessageSujet: Re: Morbide destin - PV Aldaron Morbide destin - PV Aldaron Icon_minitimeDim 26 Juil 2015 - 23:47

Viens, lui avait-il dit. Alors elle venait. Là il se trouvait. Elle cherchait sa trace, le pistait, le guettait telle la chasseresse qu’elle était. Sauf que cette fois, sa proie s’appelait Achroma. Cette fois, c’était son propre dragonnier qu’elle poursuivait. Et elle comptait bien le trouver.
Remontant un peu en altitude, la dragonne se laissa aller dans les courants aériens, profitant du spectacle qui s’offrait à elle et dont elle ne se lasserait jamais. La beauté des paysages célestes apportaient calme et sérénité, plus que nul bipède ne pourrait le connaitre. Inutile de les voir de plus près, elle connaissait le patchwork harmonieux formé sur le sol, le parfum délicat de chaque arbre, le rôle de chaque insecte. Elle préférait ne pas songer à ce qui l’attendait. Achroma était toujours aussi tourmenté, et elle-même ne se sentait pas beaucoup mieux. Elle refusait de s’attendre à quoi que ce soit. Tant qu’il était enchainé tel qu’il l’était à Vraorg, il n’était pas vraiment lui-même. Ou plutôt, il n’agissait pas comme il le devait. Elle le connaissait si bien, et pourtant il lui échappait encore, parfois. Elle haïssait cette impuissance, cette incompétence. Peut-être était-ce aussi pour cela, d’ailleurs, qu’elle s’était empressée d’acquiescer à sa demande. Non seulement parce qu’il lui manquait plus que les mots n’auraient pu l’exprimer, mais aussi, peut-être, pour se faire pardonner. De ne pas être que qu’elle aurait dû être, quoi qu’elle mette au défi quiconque le lui reprocherait de faire mieux.

Il était là. Elle sentait son esprit, tout près, elle pouvait presque percevoir les traits de son visage, ce faciès unique, en concentrant son esprit dessus. Juste sous elle, elle pouvait distinguer les deux corps, et l’odeur de la mort qui planait, toute proche. Elle n’hésita pas. Il n’était plus temps pour cela. Se posant dans un nuage de poussière, la dragonne dévisagea avec dégoût, tristesse, colère, compassion, horreur, amour désespéré celui qui partageait son âme, effondrée de le voir dans une telle situation.

*Il suffit. Cesses, Achroma, ce n’est pas toi, cette créature monstrueuse, cet être repu de violence et de cherchant la souffrance.*

Sa voix mentale chercha à s’ancrer dans l’esprit de son lié, quémandant toute la place qu’elle pouvait y occuper, espérant le ramener à la raison, à la fois douce et ferme. Dans le même temps, sa patte le repoussa quelques mètres à l’écart de sa victime, laissant cette dernière baignant dans son sang sans plus s’en préoccuper, se positionnant simplement près d’elle, la plongeant dans l’ombre de sa présence. Il lui fallait des soins, elle le savait, elle le sentait, elle le voyait mais… Pas tout de suite. Encore quelques instants, et elle prendrait soin de le guérir. Le plus blessé n’était pas, à ses yeux, celui que n’importe qui d’autre aurait pris pour la victime. Non, son bourreau avait tout autant besoin d’aide. Et ce d’autant plus qu’il lui importait encore plus que la pauvre chose à terre. Elle veillerait à ce qu’il survive. Mais pour cela, elle devait éloigner l’atroce bête qu’était devenu Achroma, qui le possédait, qui mutilait son intégrité mentale. Si ce dernier achevait sa proie, il ne servirait plus à rien de vouloir apaiser ses plaies. Elle sentait son combat intérieur, elle ne se serait pas même étonnée de le voir se prendre à sa propre personne tant le combat était ardu. Et elle percevait sans mal la belle conscience de celui qu’elle avait choisi, qui luttait, si fort, contre la mauvaise.

*Je ne te laisserai pas le prendre, Achroma. Pas celui-ci. Je ne veux pas te voir encore te briser, te faire souffrir. Sens ma présence, vaincs-le ! Vaincs celui que tu n’es pas, prends ma force, chasses cette folie ! Je suis là, âme de mon âme. Reviens-moi.*

Elle savait son combat, mais lui seul pouvait le gagner. Il était en guerre contre lui-même, contre ce que l’aliénation lui guidait de faire. La seule chose qu’elle pouvait faire était de l’appeler, doucement, de chercher à le faire revenir. Puis, enfin, elle se glissa doucement dans l’esprit de l’oreilles-pointues, insufflant en lui une vague de réconfort et de chaleur mentale. Elle ne l’oubliait pas. Un peu de patience, juste quelques instants... Qu'il ne meure pas alors même qu'elle cherchait à l'éloigner des griffes de son bourreau.


HRJ : en espérant que ca vous conviendra ^^'


Dernière édition par Silarae le Sam 28 Nov 2015 - 16:04, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Morbide destin - PV Aldaron Morbide destin - PV Aldaron Icon_minitimeJeu 30 Juil 2015 - 23:31

Aldaron avait froid. Mais ce n'était pas une froideur qui venait de l'extérieur, ni du corps glacial du vampire à ses côtés. Non, elle était plus sournoise que cela. C'était le froid de son propre être, la mort sinueuse, profonde, qui s'infiltrait et raidissait ses muscles. Il était incapable de trembler à cette indésirable température. Son regard fixait le céladon qui lui faisait face. Il s'en abreuvait comme on se soûle d'opium pour s'endormir. Il ne le lâchait, ne le délaissait à aucun instant, il était ivre de ses yeux, mais il fallait au moins cela pour le préparer à ce morbide destin qui planait au dessus de lui. Il s'y noyait et la façon dont il le fixait, intense, était dérangeante, intrusive, combattante. Il le transperçait, fines aiguilles aux lames aiguisées, blessaient son âme déjà recroquevillée. Son effraction était d'une violence perverse : elle ne frappait guère de front, elle était sournoise, comme de l'eau délicate qui s'infiltrait jusqu'au cœur de la roche avant de se cristalliser, glaciale et destructrice. Il avait froid, ne l'avait-il pas dit ? Il était cette eau. Il ne le voulait, il en était pourtant cruel. Ce n'était pas Achroma qu'il voulait détruire de la sorte, c'était son bourreau. Insensible bourreau. Dans ses yeux d'insurgé régnait tout la force de son vain combat et le désir tout aussi indétrônable de retrouver la paix. Il voulait oublier, se perdre, il délaissait son âme, sombrait, pliait, ployait, subjugué.

Brûlant, dévorant, un soin l'arrachait à la Mort. La glace entrait en ébullition, sans transition aucune. Une violence salvatrice illuminait à nouveau des yeux, comme un nouveau-né inspirant la première bouffée de son existence. Ses plaies se refermaient, sans grande tendresse, mais closes elles étaient et son regard s'inonda d'interrogations. Quel était ce traitement ? Revenait-il à la raison ? Parvenait-il à prendre le contrôle de cette terrible marque ? Achroma écrasait-il le bourreau à l'invocation désespérée d'un elfe à l'agonie ? Et pour combien de temps ? Le soigner n'était-il pas un moyen de pouvoir le torturer ensuite à nouveau ? Il ne voulait y croire. Sa crédulité préférait lui faire croire que ce vampire avait eu la force de prendre le dessus, même si c'était en contradiction totale avec tout ce qu'il savait sur cette marque. Risible et pourtant irrésistible désarrois quand de ténèbres ornés son soulagement délaissa, au bord d'un gouffre volcanique, les lambeaux de cet elfe désabusé.

« Achroma. »

Appela-t-il alors, comme si cela mettrait un terme à cette folie furieuse qu'il sentait renaître, comme s'il espérait pouvoir le tenir en laisse et l'éloigner à la vigueur de ses propos. Jadis il avait eu foi en la force persuasive de son totem. Aujourd'hui il était mort.

« ACHROMA ! »

hurla-t-il, la voix blanchie par la terreur, sa main était venue enserrer le poignet de son assassin avec ferveur, comme pour lui rappeler qu'il n'avait pas du tout envie de mourir. Autant un peu plus tôt il aurait accepté son sort, accablé par sa douleur psychique, atterré par les blessures de son corps, autant les soins avaient libéré de sa cage la petite créature en lui qui ne désirait que la survie à tout prix. Il avait hurlé, comme si ça pouvait d'avantage résonner et faire écho dans l'esprit du vampire. Comme si pouvait ébranler sa détermination à le tuer. Comme si... Non. Il n'y aurait rien de tout cela. Il resserra son emprise sur son poignet, loin d'être capable de le bléser véritablement, loin de pouvoir l'entraver. Il resserrait son emprise, et cela était peut-être cruel de sa part, mais s'il devait mourir là, il comptait marquer sa peau vampiresse à la terreur qu'il lui inspirait. A tout jamais, il voulait lui laisser l'abominable ancrage dans sa mémoire de cette étreinte tant violente que morbide.

L'ombre vint, mais elle ne fut pas celle qu'il attendait. Non pas sinistre. Elle était d'une blancheur ternie par une séparation bien trop longue. L'éclat lui parut néanmoins céleste lorsque l'écailleuse s'engagea dangereusement dans les cieux de Caladon avant de se poser avec toute la délicatesse d'un dragon au dessus de lui. Délivré d'Achroma, Aldaron s'était recroquevillé, roulé en boule, comme un œuf couvé par la dragonne salvatrice. Caché derrière sa patte écailleuse, il s'y sentait presque en sécurité. Il aurait voulu verser là toutes les larmes de son corps, à l'abri. Il bascula difficilement à quatre pattes, visage face à la terre, saisit de violents vertiges dus à la faible quantité de sang qui devait lui rester dans le corps. Il manquait de vaciller et de retomber à plat ventre, mais une chose, née à Morneflamme s'éveillait en lui. Cet instinct de survie. Cette créature bien nourrie au cours de ces trois dernières années. Cet être qui l'avait rendu capable de tuer de si chers humains à son cœur pour assurer sa propre survie, égoïste et condamnable. Sa pulsait en lui, comme un deuxième cœur qui lui redonnait vie. Oh que oui... Il vivrait.

Cette seule idée dans l'âme, il assembla les diverses possibilités, importantes informations qu'il avait à présent en sa possession et la force lui vint de se relever, dents serrées, regard meurtrier. Folle était la dragonne protectrice de rester ici. Larmes et sang jonchaient son chemin comme des fleurs fanées. Il ne voulait pas périr, la dragonne devenait son alliée.

« Fuyez !! Prévenez-là !! »

Ordonna-t-il à cet homme qui partait en courant. Il savait ce qu'il faisait par cette sommation impérieuse. Cet homme-là était sien, l'ombre du Marché Noir planait sur cette cité. Elle, c'était Corinne. Sa sœur était à Caladon et elle saurait quoi faire de cette information. Elle saurait prévenir le serval. Et le serval Vie. Et Vie... Puisse-t-il le délivrer. Achroma était bien loin de Vraorg... Et il voulait vivre pour le retrouver. Il s'agrippa de toute ses forces accablées à Silarae saisissant les écailles pointues de son dos comme une sangsue s'accroche à sa victime. L'instinct de survie ferait des miracles. Il s'accrocherait à elle... Mais il devait la faire décoller : et maintenant !

« Vous ne pouvez résonner ce qui est inscrit dans son âme ! Partez ! Il est hors de contrôle ! »

Violent, intrusif pour lui qui n'était pas dragonnier, il hurla ce commandement à en faire trembler les murs de Caladon :

*VOLEZ !*


Dernière édition par Aldaron Triade le Dim 9 Aoû 2015 - 18:19, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Morbide destin - PV Aldaron Morbide destin - PV Aldaron Icon_minitimeVen 31 Juil 2015 - 15:15


Tremblement de la terre et des corps, tremblement de l’âme, alors que l’ombre s’abattait sur eux. Il en relevait les yeux, le voile de transe scarificatrice se déchirant comme le placenta d’un nouveau-né, et de son regard aveuglé et horrifié, contemplait la créature venue interrompre cette funeste tragédie. Blancheur ternie, mais blancheur tout de même, elle heurtait ses yeux comme son être, fouillait en lui pour sembler, un bref moment, faire voler en éclat les barrières de plomb entourant son cœur à l’agonie. Compréhension était longue à l’atteindre, tandis qu’il se redressait à demi, perdu qu’il était dans le chaos fouillis de ses propres, incohérentes, pensées. Il la voyait sans la voir, ne comprenant même plus ce qu’elle était, alors, avant que la voix ne perce une nouvelle fois au travers de la fièvre rouge et poisseuse qui le tuméfiait… Il comprenait sans comprendre, comme si quelque chose déformait ses réactions et ses pensées. Non. Pas ‘comme si’. Quelque chose déformait bien tout ce qui l’entourait et le constituait. Cesser ? Une part de lui hurlait elle-aussi pour que cela cesse, une autre, sombre et sinueuse, s’amusait de l’ordre. Cesser ? Pourquoi donc ? C’était une telle jouissance… un tel plaisir… pourquoi aurait-il voulu cesser alors qu’il se repaissait tant et tant… on l’avait jugulé, on l’avait affamé pendant si longtemps, pourquoi, alors que la bride était si lâche, aurait-il décidé de ne pas se gaver ? Cesser ? Il essayait. Par tout ce qui existait, il le voulait, il voulait que cela cesse… il voulait tout arrêter et implorer pardon mais il n’y arrivait pas ! Chaque instant qu’il ne passait pas à ravager sa proie et tout ce qu’il pouvait atteindre était gagné au prix d’une lutte acharnée et désespérée qui le détruisait. Non ce n’était pas… si c’était lui, mais sans être lui… il n’était pas ça, ça c’était…

Ca avait été lui et ça le serait encore, ça pouvait encore l’être. On ne se défaisait jamais totalement de son passé, pas quand il était aussi ancré, aussi gravé dans la chair et l’âme. Ça avait été lui et ça l’était de nouveau. Et il le savait sans l’accepter. Il ne voulait pas être cela mais, par faiblesse imposée, il l’était et le resterait… il n’avait pas le choix Si ce n’était pas lui qu’est-ce que c’était ? Au fond, tout au fond, il avait toujours nourrit cela, même si jamais il n’aurait voulu… jamais il n’aurait voulu qu’ils le voient ! Ce n’était pas ce à quoi il s’était destiné, il avait abandonné tout ça… mais c’était dur, et de plus en plus dur. S’il souffrait pourquoi les autres ne devraient pas aussi souffrir ? C’était vain… vain et vil mais pouvait-il nier l’avoir pensé, s’en être ainsi excusé ? Il ne pouvait pas et la honte… si seulement il vainquait, la honte le tuerait, la honte aurait raison de lui… allait-il mourir ainsi ? Elle… ils devaient partir. Elle était là pour lui mais c’était une erreur… il avait commis une erreur… ne serait-elle pas, elle aussi, corrompue ? Un danger pour elle aussi alors ? Il la sentait, s’insinuer de nouveau en lui, mélange d’atroce douleur et de soulagement intense… elle l’empêcherait de faire du mal à l’elfe, elle le protégerait de lui… peut-être, oui peut-être pourrait-il ainsi en réchapper ! Non, impossible ça ne suffirait pas. Plus rien ne suffirait. Et si ce n’était pas lui alors ce serait… tous les autres oui, pourquoi pas ? Pourquoi ne pourraient-ils pas étancher sa soif et ses besoins ? Une ville entière… un de perdu, des centaines de retrouver ? Le choc soudain, on le repoussait… Silarae le repoussait. Oui Aldaron allait vivre, heureusement. Soulagement, soulagement, joie tristesse… Frustration, colère, malice…

Ce fut un chaud-froid. Il se sentit faible, malade, brisé en deux, littéralement… c’était… comme… comme une hache, fendant son âme et son esprit en deux, la béance avalant du vide et blanchissant ses pensées jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien. Etait-il vainqueur ou vaincu ? Avait-il vaincu ? Mais même cette ultime question sembla disparaître sous la chape de froid brûlant. La voix de Silarae, la voix d’Aldaron, la voix d’Eliowir… il entendait… non, il n’entendait plus rien… et ses yeux, exorbités, ne voyaient plus rien… ils regardaient fixement devant lui, son corps figé, frémissant… Puis lentement, le bruit des cœurs, le bruit des souffrances et de l’horreur de la ville vint l’emplir comme un réceptacle vide qui fendilla les morceaux de son esprit, faisant enfler en lui, lentement, les prémices d’un typhon violent. Le moindre mouvement aurait pu le défaire, le relâcher, sur eux, sur eux tous, toutes ces âmes infortunées…un blanc, un instant, avant que les mouvements de l’elfe, de la dragonne, ne brise l’étau, le barrage…non, Non, NON ! Il en avait assez, d’eux tous, ces misérables vermisseaux qui… Mais il lui tordait le cou, encore, dans un ultime effort, le dernier, et alors, la magie, véritable râle, d’agonie, de victoire, vint, comme le sang s’épanchant de son être martyrisé pour se répandre sans un son, étoile scintillante et muette, vortex de puissance brute explosant autours de lui, le libérant, rejetant hors de lui tout ce qu’il pouvait de la douleur et de la folie, la muselant soudain, dans une ultime passe d’arme contre lui-même…

Plus rien soudainement. Plus de lueur, plus de lumière, plus de silence, de chaleur… froid… et vide, il se sentait vide et tremblant, mais son esprit ne résonnait plus de cette atroce cacophonie qui le tuait à petit feu… libre ! Joie tremblante, incapable d’y croire, puis horreur suprême et le rire macabre, que lui-seul pouvait entendre et la torsion dans ses tripes, de l’horreur qui menaçait presque de le faire basculer de nouveau, tandis qu’il s’accrochait à son ancre…

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MessageSujet: Re: Morbide destin - PV Aldaron Morbide destin - PV Aldaron Icon_minitimeDim 16 Aoû 2015 - 0:41

Elle sentait leur douleur à tous deux. Le poison de la peur vibrait en celui de l’oreille-pointues, et elle sentait les émotions qui lui vrillait l’être tout entier. Quant à son lié… Il aurait été impossible à Silarae d’ignorer le duel qui hantait sa conscience et le déchirer. Elle était là pour lui, pour lui et son esprit devenu fou. Elle était là pour le soigner et le ramener là où elle pourrait de nouveau l’atteindre. Pour se sauver elle-même de son desespoir qui la broyait. Elle ne vivait que pour cela, comme si son existence l’avait mené à ce combat. Toute l’entité qu’elle était haletait de se sortir de ce marécage invisible dans lequel elle s’était engluée, et de ramener auprès d’elle son cher Achroma. Elle préférait savoir la plaie nette et sanglante plutôt que cette boursouflure nauséabonde dans son âme malade. Et qu’importait ce qu’en pensait celui qu’elle venait de sauver, cet elfe tout aussi brisé. Brisés… Ils n’étaient que des cadavres d’eux-mêmes, des illusions faites d’émotions négatives. Des chimères endeuillées au souffle glacé. Quelle étrange rencontre que celle qu’ils vivaient…

Elle n’aurait pas bronché à la simple supplique, mais l’ordre qu’il se permit de lui donner, outrageant la prérogative de son dragonnier et usant du mental, lui fit repousser Aldaron au sol d’un léger coup d’aile, trop faible pour le blesser d’une quelconque façon que ce fut, mais suffisant pour signifier qui était en force, tandis que sa voix se faisait emplie de fureur et de colère, sans même qu’elle ne se rende compte de son agressivité. Prisonnière de sa colère et de ses tourments, elle ne supportait pas le moindre faux pas même d’un esprit aussi ravagé que celui d’Aldaron :

*Comment oses-tu te comporter de la sorte, toi que je viens de sauver ? Ne m’insulte pas, quelle qu’en soit ta raison ! Je n’ai aucun commandement à recevoir de ta part, elfe.*

Tendue par la situation, la Blanche se reprit à suivre les méandres tortueux de l’esprit de son lié, soufflant l’amour et la douceur, lui parlant tantôt fermement, tantôt comme à un mourant, lui offrant sa force et son énergie dans ce combat où lui seul pouvait vaincre, spectatrice dont l’espoir justifiait toutes les mesures. Enfin, elle le quitta l’espace d’une seconde, une seconde d’éternité, une seconde de solitude, une seconde où elle revint à la seconde créature à ses pattes, cette chose pitoyable qu’elle considéra finalement avec mansuétude, laissant son amour pour son lié s’exprimer au travers de ses mots, n’étant rien d’autre qu’une simple constatation. Comme s’il était trop tard pour pouvoir regretter quoi que ce soit, comme si elle avait trop souffert pour que sa douleur perce encore ses termes, comme si elle n’énonçait qu’une vérité universelle que tous devraient connaitre et comprendre.

*Son âme est la mienne, jeune elfe. S’il se perd, je me perdrais avec. Je ne peux le laisser ainsi, malade, envahi par la Folie. Dussé-je y passer les trois prochaines années de ma vie. Mais je ne peux partir en l’abandonnant de la sorte. Je l’ai déjà trahi en n’ayant pu le protéger. Je me trahirais moi-même de ne pouvoir le sauver. Qu’importe ce qui doit suivre, il le faut, simplement.*

Sa voix était douce mais ferme, ne tolérant pas la moindre contradiction. Et quand bien même il y en aurait une qu’elle ne l’écouterait pas. Il devait comprendre, et s’il ne le pouvait, lui-même ne pourrait apaiser toutes ses plaies, car lui aussi était empli de folie. Peut-être différente, peut-être moins présente, mais elle marquait son âme à sa manière. Silarae avait besoin de son vampire, lui-même avait besoin d’elle. L’oreilles-pointues trouverait ce qui l’apaiserait, mais avant tout, il devait revoir dans son bourreau l’âme réelle qui s’était distordue.

Il revint. Il était là, elle l’effleurait doucement, comme une chose trop fragile que son esprit craignait de briser. Elle le retrouvait, mais cela l’effrayait. La Blanche avait peur. Peur de voir celui qui partageait son âme s’effondrer de nouveau, sombrer encore une fois, l’entrainant avec lui.

*Achroma. Je suis là, je suis venue pour toi. Je suis venue pour nous deux.*

Elle voulait le rassurer. Qu’il ne songe à rien d’autre qu’à cela, qu’il s’éloigne de cette horreur qui l’emplissait. Qu’importait, qu’importait tant qu’il était de retour ! Tant qu’il vivait ! Tant qu’il l’aimait ! Qu’il reste, ne serait-ce que pour ces quelques instants, dans le mensonge du soulagement et de la joie ! Il avait déjà trop souvent été éteint, elle ne voulait pas qu’il le soit pour cela, encore. Et elle était égoïstement soulagée de le revoir tel qu’il était, de ne plus assister à ce duel dans sa conscience, à ce combat brutal et impalpable. Aspirant une partie de ses sentiments, elle lui déversa les siens dans un mélange de tendresse et d’apaisement. Envahissante, elle ne songeait pas même à moins peser contre son esprit, le pressant contre elle dans une étreinte silencieuse, cherchant à l’éveiller de nouveau. Et sous son aile, elle abritait toujours un petit oisillon traumatisé. Ami, ennemi... tout cela n'avait plus guère de sens en cet instant.
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