Un petit vol au clair de lune (pv Roeric et Isyndar)TERMINER

Début avril de l'an 5 d'Obsidienne

Une fois encore, Lorën faisait l'aller-retour entre le Protectorat et Caladon afin de rencontrer son fidèle homme de main, posté là-bas. Toujours à l'affût d'un bon plan lui permettant de s'enrichir et d'éventuelles informations concernant les Théocrates, il prenait régulièrement le risque de s'aventurer dans les sombres plaines de l'Est.

Au cours de ces derniers mois, la présence des impériaux s'était fortement accrue dans ces terres arides et le nocturne devait faire preuve de la plus grande circonspection. C'est pour cette raison que ce dernier n'hésitait guère à recourir à certains subterfuges, tel l'emploi d'un déguisement, destiné à le faire passer "inaperçu". L'intendant avait revêtu une longue cape avec une large capuche qui dissimulait presque entièrement ses traits et possédait des vêtements féminins ainsi qu'une perruque dans son sac. Il lui était déjà arrivé de se "travestir" en femme afin de ne pas éveiller les soupçons lorsqu'il se rendait à Caladon. Nombre de vampires et de soldats impériaux connaissaient son visage et mieux valait demeurer incognito étant donné sa défection.

Ces précautions s'avéraient d'autant plus nécessaire qu'autrefois, Loren avait occupé le poste de grand intendant de l'armée vampirique. Et ce dernier possédait suffisamment de lucidité pour savoir que sa trahison ne demeurerait pas impunie s'il tombait entre les mains des Théocrates.

Toutefois, cette fois-ci, la chance lui souriait et il n'avait pas encouru, en vain, le risque d'un châtiment de ses anciens alliés. Son fidèle espion l'avait informé du trajet d'un convoi destiné à amener des ravitaillements à un campement Théocrate stationné dans les plaines de l'est. L'intendant était parvenu à retrouver sa trace et avait observé, de loin, les hommes chargés de l'escorter établir leur campement pour la nuit. Cependant, les stocks demeuraient sous la surveillance attentive de plusieurs soldats.

Comme la plupart de ses congénères, Lorën possédait plus de force qu'un humain; pourtant, il n'était guère de taille à en affronter plusieurs, à fortiori, armés jusqu'aux dents. En effet, l'intendant se révélait un piètre combattant en raison de son endurance et de sa force physique plus faibles que celles de la moyenne des vampires. Pourtant, il devait trouver un moyen de s'emparer de ces stocks coûte que coûte. Le protectorat manquait terriblement de ressources et celles-ci jouaient un rôle crucial dans l'effort de guerre.

Le soleil vespéral venait de disparaître à l'horizon et l'obscurité nocturne recouvrit les plaines de l'est d'un voile couleur d'ébène. Dans le firmament constellé d'étoiles, l'astre lunaire brillait d'un éclat blafard et plongeait les lieux dans une atmosphère sépulcrale et silencieuse.

Le nocturne s'éloigna lentement, réfléchissant à la meilleure façon de procéder pour voler les stocks Théocrates. Peut-être pourrait-il faire diversion ? Il rejeta rapidement cette première idée; même muni d'un déguisement, ce procédé s'avérait très risqué, d'autant plus qu'il était seul. Les effrayer ? Presque impossible, voire même risible, un vampire isolé ne serait pas suffisant pour mettre en fuite des combattants aguerris.

La seule solution envisageable était d'aller chercher du renfort afin de dérober ce ravitaillement impérial. Hélas, dans cet endroit désert, perdu au milieu des plaines de l'Est, il était improbable de rencontrer des alliés et le campement protégé le plus proche se trouvait à plusieurs heures d'ici. Le temps de s'y rendre et de revenir avec un détachement de soldats, le convoi aurait déjà levé le camp.

Lorën était perdu dans ses pensées, quand brusquement ses sens sur-aiguisés de vampire l'informèrent d'une présence toute proche.

Chaque jour qui passait se ressemblait inlassablement. Se reposer le jour, quand le soleil est à son zénith et qu'il serait fou même pour une dragonne de rester trop longtemps dans ce chaud accablant à voler au dessus des cieux pour veiller aux frontières. Et puis il fallait le dire, c'est que surtout Isyndar n'aimait pas la chaleur et le soleil qui tapait contre ses écailles. Elle avait choisit un vampire cela devait aussi être pour cela. Vivre dans l'ombre, l'obscurité et la fraîcheur qu'elle appréciait beaucoup plus. Après tout, ne l'avait-on pas trouvé dans une île où la neige régnait en maître ?
Et puis, tout le monde faisait plus ou moins pareil : vivant plus aux heures fraîche tentant de se reposer quand cela était impossible de se mouvoir sans se mettre à perdre des litres de sueurs, et ressentir bien vite la soif. Et cela même avec la protection des Esprits. La ville de Sandur restait agréable à vivre mais passer ses limites, il aurait été folie que de tenter de sortir en pleine journée, même pour rejoindre la première oasis.

Dans ce qui leur servait de lieux de vie, dans un des bâtiments hauts de la ville, Isyndar somnolait encore un peu. Bientôt elle et son lié seraient en vol pour veiller aux frontières du protectorat. Depuis quelques temps les troupes de Vraorg s'avançaient vers l'est, ce qui ne présageait rien de bon. Il fallait veiller au grain, et tous deux y veillaient avec ténacité. Si ce dragon qui se prenait pour un bipède pensait pouvoir mettre la main mise sur cet îlot de paix perdu dans le désert, il se mettait une écaille dans l’œil. Tant qu'elle pourrait voler, elle ferait tout pour que cela ne parvienne pas à se réaliser. Nom d'un souffle de dragon !

Le soleil commençait à baisser et aux pas de son lié, la dragonne de l'ombre comprit qu'il serait bientôt temps de revêtir son armure. Elle trônait dans un coin de la pièce, comme un trophée. Isyndar devait s'en montrer digne. Une si belle œuvre à l'histoire si glorieux. C'était une question d'honneur et un peu d’orgueil.

A peine une heure plus tard, la dragonne pouvait enfin s'adonner à son plaisir de la journée, en étendant ses larges ailes au dessus du désert. Il faisait encore très chaud. Le soleil avait chauffer le sol qui continuait à les abonder de ses caresses suffocantes. Mais l'astre couchant avait cesser de les marteler. Et ce n'était pas pour déplaire au couple de liés qui filait vers les limites du protectorat. Toujours dans un silence inquiet. Que trouveraient-ils là bas ? Plus de théocrates ? Une bataille ? La relève du matin n'avait rien dit en ce sens, mais tout pouvait changer en un rien de temps.

Au bout d'un long moment de vol, la dragonne demanda à son lié.

« -Veux-tu que nous allions non loin de leur camp, avant de passer voir les sentinelles ? Je me fondrais dans la nuit et toi avec moi. »

Un murmure d'accord et la dragonne vira dans un virage serré sur la gauche pour se rendre au dessus d'un des postes avancés des théocrates. Son armure leur servirait de masque de protection, et le dragon et son lié ne seraient qu'un courant d'air passant au dessus de l'ennemi.
Un camp militaire, rien de plus ni de moins, hormis un bipède un peu plus loin, caché comme prêt à jouer un mauvais tour ou bien à chercher un coin tranquille pour se soulager un peu de la nourriture de guerre. Rien de plus difficile en cette période que de trouver un peu de tranquillité pour satisfaire un besoin naturel.

« -Veux-tu que je l’agrippe pour en faire un prisonnier ? Il peut se soulager dans les airs ! »

hrp : vraiment désolé :S

***

Il n’aimait pas cet endroit. Il n’aimait pas le sable, il n’aimait pas la chaleur, il n’aimait pas le soleil. Il n’aimait pas les politiques et les gratte-papiers, il n’aimait pas les planqués ou les lâches. Bref, il n’aimait pas cette ville, ce qu’elle était, ce qu’elle représentait. On avait beau lui suriner que c’était un symbole d’espoir, de résistance face à Vraorg. Pour lui ces mots étaient vides de sens. Ce n’était qu’une cité construite à la hâte par des perdants et des réfugiés. Quand il venait, il n’avait déjà plus qu’une envie, repartir.

Ce fut donc sans regret qu’il enfourcha Isyndar pour mettre le cap vers des territoires plus intéressants. Moins chauds déjà. Et habités par des guerriers d’un côté comme de l’autre. Des gens qui n’avaient pas encore abandonnés, qui ne s’étaient pas résignés. C’était si facile pourtant. De se dire que de toute manière cette histoire les dépassait. Qu’il s’agissait d’une guerre entre Esprits, ni plus ni moins. D’accepter la situation, simplement, et de se contenter de survivre.

Rien que cette idée lui donnait la nausée.

Roëric volait donc en compagnie d’Isyndar. Ou plutôt, sa liée volait et lui, quoique partageant ses émotions et ses sens, se contentait de la vue. Enfin, finalement, la nuit tombât. Le vampire préférait vivre et agir de nuit. C’était pareil pour sa liée.

"Oui, fondons-nous dans la nuit."

La pensée n’avait été qu’un murmure, mais la dragonne le comprit sans mal. L’avantage d’être lié au-delà des mots. Le camp était de toute évidence théocrate, et alors qu’ils allaient l’observer d’un peu plus près, Isyndar lui fit remarquer qu’une silhouette se détachait du camp.

"Non, il risque d’alerter le camp en criant. De plus, c’est très probablement un vampire, c’est le cas de beaucoup de théocrates. Il va falloir la jouer plus fine cette fois."

Roëric lui transmis son plan de manière presque instantanée ; une série d’images défilant d’un esprit à un autre. Puis le duo se mit en mouvement. Le Maître-Lame se laissa tomber de la dragonne, atterrissant avec souplesse juste devant l’ennemi et dégainant sa lame dans un même geste. Isyndar sortit des ombres, juste derrière celui-ci, pour lui couper toute retraite. Le Maître-Lame mit un doigt sur ses lèvres pour bien faire comprendre à leur cible qu’elle ne devait pas faire un bruit. Puis il fit un signe de tête à l’attention du vampire (car c’en était bien un) et en direction sa liée.

Vous venez avec nous.

Après le coucher du soleil, la fraîcheur nocturne avait succédée aux températures caniculaires qui régnaient durant la journée dans ces plaines arides. Une brise tiède se mit à souffler, charriant un air sec et sablonneux. Les cœurs palpitants de plusieurs soldats humains qui se trouvaient dans le campement militaire tout proche battaient calmement, ils ne devaient pas avoir remarqué sa présence. Tout d'un coup, les sens aiguisés de Loren perçurent un bruissement d'ailes dans l'obscurité nocturne. Quelque chose approchait. Soudain, une ombre dans le firmament étoilée masqua la pâle lueur lunaire et fondit sur lui avant même qu'il n'ait pu esquisser un geste pour fuir.

Une silhouette masculine se laissa tomber avec souplesse, juste devant lui, et pointa son épée dans sa direction. Loren s'aperçut rapidement qu'il avait affaire à un vampire car aucun cœur ne battait dans la poitrine de l'inconnu qui se dressait face à lui. Celui-ci semblait aguerri au combat et la rapidité de ses mouvements indiquait des réflexes hors du commun: dès lors toute tentative de résistance ou d'échappatoire paraissait vouée à l'échec.

D'autant plus qu'il sentit une présence apparaître, à peine quelques mètres derrière lui, afin de lui barrer toute retraite éventuelle. A travers la pénombre, ses prunelles mordorées de prédateur discernèrent la forme reptilienne d'un dragon. Un dragon et son lié, rien que ça ! Que pouvaient ils bien faire dans ce lieu désert au beau milieu de la nuit ? S'agissaient-ils d'ennemis ou d'alliés ? A ce stade, l'intendant n'était sûr de rien car il ignorait leur identité. Mieux valait donc faire preuve d'une extrême prudence et demeurer sur ses gardes, le temps d'aviser de la meilleure stratégie à suivre pour se dépêtrer de cette situation délicate.

Après avoir mit son doigt devant sa bouche pour lui intimer de se taire, le dragonnier s'adressa à l'intendant d'un ton grave et autoritaire qui n'admettait aucune réplique. La voix d'un individu habitué à commander.

"vous venez avec nous"

Loren détailla attentivement la physionomie du vampire qui se tenait devant lui, tentant d'identifier ses traits. Ce dernier arborait une chevelure d'un blanc neigeux, aussi glacée que son regard d'acier qui luisait d'un éclat adamantin. Son visage ovale, aux joues creuses, affichait une expression de froideur marmoréenne. Quant à sa silhouette svelte et élancée, aux mouvements félins, elle témoignait de l'incroyable machine à tuer que devait incarner ce dragonnier.

Du coin de l'œil, Loren jeta un regard en direction du dragon qui l'accompagnait: la créature mythique possédait une apparence très différence de celle de Moebius, le dragon bleuté qu'il avait rencontré dans le désert plusieurs mois auparavant. Contrairement au Saphir Bienveillant, l'animal était singulièrement petit pour un dragon et sa peau écailleuse affichait des teintes sombres, d'un gris inconnu et brillant.

L'intendant acquiesça de la tête pour faire signe qu'il était prêt à les suivre; de toute façon, celui-ci n'avait guère le choix. Néanmoins, il s'enhardit à murmurer d'une voix si basse qu'elle n'était audible que pour un autre vampire suffisamment proche.

- Je crois que je n'ai guère le choix. Puis comment résister à une si charmante invitation ? ajouta-il, en fixant la lame acérée du dragonnier tendue vers lui. Mais avant de vous suivre, pourrai-je au moins qu'est-ce que vous attendez de moi ?

Dans son esprit, les pensées se bousculaient; ce dragonnier il le reconnaissait... Cette figure à l'expression dure, ce regard glacé, cette chevelure argentée, cela ne pouvait être que Roeric le célèbre épéiste...Quant à la créature reptilienne qui l'accompagnait, c'était Isyndar sa liée: la dragonne de l'ombre.

« -Tu ferais presque peur tonnant ainsi de ta voix. »

lui dit-elle en laissant leurs esprits communiqués, laissant l'autre vampire dans l'ignorance de cet échange, avant de tonner un peu fermement dans celui de cet inconnu.

« -La raison de ta présence en ces lieux, à savoir qui tu es, et pourquoi tu guettes les théocrates ? Tu es un des leurs ? »

La dragonne ne lâchait pas le vampire du regard, ses oreilles et son attention tournées vers le camp pour le moment silencieux. Elle sonda l'esprit de son lié pour lui parler un peu douteuse.

« -Roëric, je crois avoir vu son visage au protectorat, je ne le jurai pas mais il ressemble à un homme croisé. »

Mais la dragonne n'était plus très sûre. Sa mémoire était excellente, mais le protectorat grouillait de nombreuses personnes. Aussi diverses que variées. Puis de nouveaux visages, il y en avait souvent.

« -Ne tardons pas. Je n'aime pas rester au sol trop longtemps. Nous ne savons pas si c'est un piège. »

Après tout, il fallait mieux prévenir que guérir, et la prudence faisait parti de son instinct. Surtout quand son lié se trouvait non loin d'elle et trop proche d'un groupe de théocrates.

« -Et je n'ai pas envie de passer encore pour une bien cruelle créature. »

Car c'était là l'épreuve la plus rude pour la dragonne de l'ombre. Elle qui avait vécu et grandit pour n'être que paix. Cherchant à parler, à comprendre, à échanger, bien plus qu'à agir gueule ouverte et toutes griffes dehors, brisant os, peau et répandant la peur et la douleur. Même en ayant vécu auprès de la Horde, qui n'était pas une guilde d'enfants paisibles, reconnaissait en eux, des personnes de respect, n'usant la force que pour s'en sortir, usant de la menace mais jamais de la violence en premier.
Mais aujourd'hui, elle était une arme. Une ombre volante surveillant une maigre frontière, n'étant que menace pour ceux qui tentent de s'en approcher un peu trop où qui s'en prennent à ceux qui cherchent des noises aux protégés ou aux hommes de son lié. Et Isyndar n'aimait pas ce rôle qu'on lui donnait. La caste draconnique n'avait pas ce rôle. Même si pour l'heure, de caste il n'y en avait que le souvenir. Difficile avec des dragons cherchant à vous réduire à l'état de cendres qui se mêleraient au sable du désert.

Alors oui, qu'ils prennent ce vampire et aillent au loin pour voir ce qu'il pouvait bien faire là. Ami, ennemi, cela pouvait tout aussi bien se voir en lieu sûr et il sera sot de tenter quelque chose avec un dragon et son lié.

"Tu trouves ? Tant mieux, c’est l’effet recherché après tout."

La peur était une arme puissante qui pouvait éviter bien des combats quand on savait l’utiliser. En l’occurrence, si son effet était réussi, cela n’impressionna pas plus que ça son interlocuteur. Mais les vampires avaient un sens différent des choses, et il relevait de l’exploit que d’en effrayer un. Il ne fut donc pas surpris par la réponse donnée, mais laissa bien volontiers Isyndar y répondre. Un dragon tonnant dans votre esprit, voilà qui avait le don de déstabiliser même les plus robustes.

"Il ne me dit rien, mais ma mémoire est digne d’un seau troué, je te fais confiance pour ces choses-là."

Heureusement d’ailleurs, car la vie de Roëric Alokor était digne d’un ouvrage raccommodé auquel il manquerait la moitié des pages et dont celles restantes seraient parsemés de trous. Il n’avait jamais eu une très bonne mémoire et devenir vampire n’avait rien arrangé.

Le Maître-Lame hocha la tête aux pensées de sa liée, tout en lui envoyant une bouffée d’affection mentale. Il connaissait bien les désirs de la dragonne. Certes, la guerre ne le dérangeait pas, dû moins pas autant qu’Isyndar, mais il n’avait pas pour autant envie d’y passer l’éternité. Il serait salutaire de revenir à quelque chose de plus constructif. Il prit donc la parole à haute voix, pour être entendu du vampire.

Si vous êtes un protégé, avez-vous de quoi le prouver et une mission à remplir ici ? Dans le cas contraire, nous partons.

Il désigna le dos de la dragonne signifiant ainsi comment ils mettraient les voiles, et tant pis si son interlocuteur avait le mal de l’air. Sa liée était mal à l’aise à traîner trop longtemps dans les parages, et pour être tout à fait honnête, Roëric n’aimait pas non plus être à portée de flèche des théocrates.

Loren demeura un peu interloqué face à l'étrange situation qui se produisait en cet instant: en effet, ce n'était pas tous les jours qu'on avait l'occasion de croiser une dragonne et son lié. Il se remémora les paroles de Moebius quant au fait que certains bipèdes considéraient une rencontre avec ces créatures mythiques comme une chance inespérée voire un merveilleux trésor en raison de sa rareté.

Toutefois, on ne pouvait pas dire que cette première rencontre avec Roeric et Isyndar, sa liée, se déroulait sous les meilleurs auspices, que du contraire. Le ton teinté d'animosité de l'illustre épéiste et la lame brandit en direction de l'intendant ne laissait planer aucun doute sur ses intentions belliqueuses. Cependant, Loren n'eut pas le temps de tenter de cerner davantage le mystérieux dragonnier aux cheveux d'argent car le rugissement de la dragonne de l'ombre retentit dans son esprit.

Légèrement désarçonné par le grondement tonitruant d'Isyndar, résonnant dans son esprit, Loren ne put s'empêcher de se crisper, mais il tenta de garder le parfait contrôle de ses émotions et se tourna dans sa direction. Fort heureusement, il avait eu l'occasion de croiser dans l'Oasis un dragon couleur d'azur, nommé Moebius et d'aborder divers sujets avec lui, ce qui rendait ces fascinantes créatures un peu moins effrayantes et mystérieuses à ses yeux.

Isyndar et Roeric appartenaient au camp des protégés, tout comme l'intendant vampirique. Dès lors, celui-ci n'avait rien à craindre de leur part et l'attitude hostile qu'ils manifestaient à son égard s'expliquait probablement par l'ignorance de son identité.

La voix mentale de la dragonne résonna de nouveau dans l'esprit du vampire et elle lui demanda la raison de sa présence en ces lieux retirés, de décliner son identité et s'il possédait un lien avec le camp Théocrate.

- Je suis ici car mon homme de main m'a informé que ce camp Théocrate abritait un important ravitaillement et j'ai pensé qu'il pourrait être utile de dérober quelques marchandises car le Protectorat manque cruellement de ressources. Néanmoins, étant seul, j'ai vite compris que c'était peine perdue et j'allais chercher du renfort quand vous êtes apparus juste devant moi. Je n'ai plus rien à voir les Théocrates, je suis également un protégé tout comme vous.

Cependant, le nocturne ne se faisait pas d'illusions; sa présence en pleine nuit dans cet endroit reculé, à proximité d'un campement Théocrate, ne pouvait pas manquer d'éveiller certains soupçons.

Lorsque Roeric s'adressa à l'intendant d'une voix dénuée d'aménité afin de lui demander de fournir des preuves de son allégeance aux protégés; Loren se contenta de répondre d'une voix calme:

- Mon nom est Loren Arcae et je sers l'effort de guerre des esprits contre Vraorg en travaillant comme intendant. Etant donné que je ne peux fournir aucune preuve à ce sujet, je crois que je n'ai pas d'autre choix que de vous suivre, ajouta t'il en fixant avec acuité le dragonnier et sa liée. Décidément, ces deux là ne plaisantaient pas, mais peut-être que l'un d'entre eux reconnaîtrait son nom car les vampires étaient relativement rares parmi les protégés. Par ailleurs, le vampire espérait que Roeric ne ferait pas allusion à l'ancienne loyauté de l'intendant vampirique au terrible prince noir, Lorenz Wintel.

Roeric lui désigna le dos de la dragonne et Loren comprit en voyant son air farouche et décidé qu'il n'avait guère intérêt à protester de quelque manière que ce soit. Ce dernier n'avait jamais enfourché une telle monture et faire un petit vol au clair de lune ne lui disait rien qui vaille; néanmoins, à la guerre comme à la guerre. Par ailleurs, le nocturne n'éprouvait aucune envie de passer pour un couard, affolé à l'idée de voler sur le dos d'un dragon, surtout en présence de Roeric. Même s'il ne connaissait que vaguement ce dragonnier, sa fierté de vampire lui rendait obscène l'idée d'apparaître comme un être faible. Loren s'exécuta et grimpa sur le dos d'Isyndar en arborant un air impassible puis attendit patiemment la suite des événements.

« -Oui mais ta mémoire d'avant je ne l'ai pas. De ta vie chez les vampires... Tu aurais dû me rencontrer bien avant afin de t'aider en ce sens mon petit seau. »

Mais leur vie aurait-elle été la même ? Surement pas. Mais Isyndar ne s'y attarda pas et revint sur le fou voleur de théocrates.

« -Une mission ??? Seul ?? Ici ?? Comme ça ?? Êtes-vous fou ou tenez-vous à mourir de nouveau et de façon définitive ? Après tout, chacun sa façon de voir sa vie et sa mort. »

Mais bon, ce serait du gâchis ! Chacun avait sa propre force et valeur. Chaque personne comptait dans ce rouage et chaque perte était un maillon en moins.
Aux paroles de son lié, Isyndar releva sa tête se dressant de sa hauteur. Certes plus petite que ses congénères, elle n'en restait pas moins impressionnante. Un dragon, pas un cheval de selle. Bougonne, elle effleura l'esprit de son lié.

« -Quoi je vous sers de monture de vol alors que ce fou se met seul dans la panade. Ma bonté me perdra. Et votre audace à tous deux aussi. »

Isyndar cligna des yeux en d'un air furieux, elle posa son regard sur son lié, avant de redresser vite la tête vers un bruit menu.

« -Vite, leur éclaireurs viennent de renifler quelque chose, et cette chose ne doit pas être moi. »

Et pas besoin de plus pour sentir le mouvement qui se faisait ressentir derrière leur maigre protection. La dragonne les pressa un peu et décolla avant que les premiers cris se firent entendre ainsi que les premières flèches.
Bouillonant, Isyandar tonna dans leur esprit.

« -Bien sûre que c'était peine perdue d'y aller seul prendre un ravitaillement face à tant d'hommes, tous ne sont pas humains. Et perdre un protégé de plus n'est pas envisageable, mais quand il est fou. Un intendant compte, mais ne va pas à la recherche du matériel. »

Mais il s'attendait à quoi. Le sable était peut être rentré dans les méandres de son cerveau. Mais pas son lié, vampire ou pas, il allait se prendre une petite leçon draconnique, non mais.

« -Un peu plus vous étiez une passoire et nous en avons guère besoin. »

Le ton se voulait moraliste. Même si elle ne le connaissait pas, du moins, son visage lui parlait vaguement, mais ce n'était pas une raison pour faire n'importe quoi. Isyndar était assez protectrice avec tous ces protégés qui au final étaient tous dans le même bain. De sable. Sondant l'âme de son lié Isyndar l’interrogeât.

« -Tu connais ce Loren ?? Tu en a entendu parlé quand tu vivais chez les vampires ? »

Isyndar le trouvait bien étrange ce vampire, intendant, qui cherchait à aller seul dans une mission de ce genre. Il n'était pas éclaireur ni militaire et encore moins du genre à être sur le terrain. Encore un qui s'imaginait que la guerre était une partie de plaisir. La dragonne laissa s'échapper une volute de fumée qui s'effaça très vite dans le ciel étoilée.

La dragonne de l'ombre se posa un peu plus loin dans ce qui était une petite oasis. Quelques arbustes ras, une mare d'eau, juste de quoi se sustenter un peu et de prendre des forces un temps.

[Désolée du retard]

Roëric aurait volontiers sourit aux pensées de sa liée, mais ils n’étaient pas seuls, et leur interlocuteur ne devait pas voir la moindre faille dans son armure. Il resta donc de marbre, fixant de ses prunelles grisâtres le vampire qui lui faisait face. Celui-ci réussit à garder son calme malgré l’apostrophe d’un dragon, et c’était suffisamment impressionnant pour que l’épéiste le rehausse dans son estime.

Il hocha la tête suite aux propos de sa liée.

C’est… très audacieux de votre part, mais beaucoup moins crédible que la version où vous êtes un théocrate cherchant à nous rouler.

Cela étant dit, il y avait peu de vampire au Protectorat et sa mémoire défaillante le titillait inlassablement au sujet de… quelque chose. Toujours cette fichue sensation qu’il était en train d’oublier une information importante. Il devrait engager une secrétaire. Une femme évidemment. Mais les humaines étaient trop fragiles, les elfes trop snobs et les vampiresses trop orgueilleuses. Sans compter que ces derniers temps, il n’avait plus une minute à lui, et ne pouvait donc écrire dans son journal.

Lorën Arcaë… Pourquoi est-ce que cela lui disait quelque chose ? Mais sa réflexion fut interrompue par les pensées furieuses d'Isyndar. Un nouveau sourire faillit lui échapper, mais il réussi in extremis à rester impassible. Inutile d’ajouter du sel sur l’orgueil blessé de la dragonne. Alors qu’il allait essayer de l’amadouer, à grand renfort de compliments, de flatteries et phrases voilés du genre : « seuls les dragons les plus forts peuvent porter deux vampires »… L’ennemi lui sauva la mise en bousculant leur emploi du temps. Ni une ni deux, ils se retrouvèrent en plein ciel.

"Peut-être… Je crois… Je n’en suis pas sûr."

Rien de tel qu’un petit vol au clair de lune pour vous remettre les idées d’aplomb. Et pendant que son petit camarade vampire se faisait copieusement disputer par sa dragonne, le Maître-Lame passa en revue sa mémoire. Finalement, ce fut lorsqu’ils atterrirent puis descendirent d’Isyndar que cela lui revint.

Ah ! J’y suis. Lorën Arcaë. Vous faites des allers-retours entre le Protectorat et Caladon si je ne m’abuse ? On m’a transmis votre signalement. Cheveux noirs et longs, peau blanche, très mince, plutôt laid… (Il fit une brève pause puis ajouta à l’intention du vampire.) Je n’y comprends rien en matière de beauté, mais le reste semble correspondre.

Reste à savoir ce qu’on va faire maintenant. Si on rentre chercher des renforts, il sera probablement trop tard. Ils seront partis ou la garde sera tellement renforcée que ça n’en vaudra plus la peine. Vous aviez un plan, intendant ?

L'esprit pragmatique du Maître-Lame avait déjà oublié qu'il menaçait ce vampire quelques minutes plutôt. Pour l'instant il le croyait. Et en cas de trahison, il prendrait les mesures nécessaires et Isyndar les sortiraient de là. Comme d'habitude.

HRP: désolée pour le retard de réponse.

Loren demeurait immobile, fixant la forme sombre de la dragonne de l'ombre avec une étrange fascination. Elle ne ressemblait en rien à Moebius, le saphir bienveillant; néanmoins, il émanait de cette créature reptilienne une aura qui ne manquait pas d'attirer le nocturne. Peut-être en raison de l'affinité qu'éprouvait la plupart des vampires pour tout ce qui rappelait l'obscurité.

Quand l'intendant répondit à la question d'Isyndar, celle-ci le fixa d'un air interdit et sa voix draconique résonna à nouveau dans son esprit. De toute évidence, l'animal mythique le prenait pour un fou ou un menteur et cela n'était guère étonnant. Si on se fiait aux circonstances, le vampire n'avait aucune chance de pouvoir dérober des marchandises aux Théocrates, du moins pas sans l'aide de solides renforts.

- Je suis déjà mort une fois, répondit Loren en arborant un léger sourire. Toutefois, je tiens suffisamment à ma carcasse pour me montrer suffisamment discret et furtif. Je ne comptais pas attaquer seul ou tenter quoique ce soit contre ce camp Théocrate et j'étais sur le point d'aller chercher de l'aide quand vous avez surgi juste devant moi.

Ayant terminé sa phrase, il se tourna en direction de Roeric qui dardait sur lui ses prunelles d'acier. Le vampire à la chevelure argentée mettait sérieusement en doute sa version et le soupçonnait d'appartenir au camp Théocrate. Cependant, ce n'était ni le lieu ni le moment pour se perdre dans des palabres interminables.

Loren obtempéra aux ordres du dragonnier et de sa liée qui lui enjoignait de grimper sur son dos. C'était la première fois qu'il allait s'envoler dans les cieux étoiles en chevauchant une telle monture. Mais il n'avait guère le choix et restait à espérer qu'il ne soit pas atteins du mal de l'air.

L'intendant venait à peine d'enfourcher Isyndar, lorsque soudain il entendit le sifflement de flèches décochées dans leur direction et les cris d'alerte des gardes. Apparemment, la présence de l'épéiste vampirique et de la dragonne de l'ombre n'était pas passée inaperçue auprès des sentinelles chargées de surveiller les alentours du camp Théocrate. Mieux valait déguerpir avant l'arrivée du comité de bienvenue !

Furieuse, la créature reptilienne gronda dans leur direction afin d'effrayer les impudents qui osaient les attaquer. Et dès après, elle prit son envol, filant vers le firmament moiré de satin noir avec une grâce aérienne. Une fois en vol, Isyndar ne manqua pas de faire la morale à Loren en le sermonnant sur son attitude inconsidérée.

L'intendant préféra garder le silence, ne sachant trop quoi dire pour sa défense: en effet, en ces temps troublés, le moindre individu protégé s'avérait précieux et son rôle indispensable dans l'effort de guerre ne lui permettait pas de prendre des risques pour sa sécurité.

Pendant un long moment, ils survolèrent les plaines arides, nimbées dans la pâle lumière du clair de lune avant de se poser au sol dans un endroit sûr. Et ce n'est qu'une fois qu'ils descendirent que le dragonnier parut soudain se remémorer l'identité de l'intendant. Il déclina des informations au sujet de Loren avant de titiller ce dernier au sujet de son apparence physique.

Piqué au vif, le vampire ne put s'empêcher de faire la moue avant de répliquer d'un ton moqueur:

- Certes je devine sans peine que vous n'y entendez rien en matière de beauté, mais sachez que je plais beaucoup à nombre de belles jeunes femmes...vous par contre...

Après cela, Roeric l'interrogea pour savoir s'il disposait d'un plan crédible susceptible de leur permettre de s'emparer des marchandises du campement. Le temps qu'ils aillent chercher des renforts, les Théocrates auraient le temps de déguerpir et étant donné leur nombre réduit, mieux valait limiter les risques.

- Je pense qu'il vaut mieux y aller de manière "subtile" plutôt que de foncer dans le tas, surtout que nous ne sommes pas passés inaperçus auprès du campement tout à l'heure. Lorsque je les espionnait j'ai vu un chariot tirés par des chevaux, à un peu à l'écart, et rempli de marchandises. Bien sûr, il est gardé par des soldats mais j'ai peut-être une idée. Plusieurs sentinelles humaines font des tours de gardes autour du campement à des intervalles réguliers, en solitaire ou à deux. Nous pourrions nous dissimuler derrière des buissons et attendre qu'elles passent à un endroit un peu isolé. Puis nous emparer de leur tenues militaires pour nous déguiser afin de prendre leur place et nous positionner à proximité du chariot avec les autres soldats Théocrate. Et c'est là qu'Isyndar entrerait en scène, grâce à votre don vous pourriez lui demander de survoler le campement pour faire diversion et d'effrayer les soldats, voir les attirer loin du chariot. Ce qui nous permettrez de le voler et de nous enfuir avec notre larcin, le plus vite possible.

Ensuite, Loren haussa les épaules avant d'ajouter:

- Je sais que ça semble un peu "tordu" comme plan mais pour le moment c'est le seul qui me vient à l'esprit. Mais peut-être avez une autre idée.

La situation n'avançait guère et cela inquiétait et rendait nerveuse la dragonne de l'ombre. Le danger n'était pas éloigné et bien au contraire. A rester là à discuter chiffon ils allaient se faire prendre.

« -Tu y vas un peu fort, ce n'est pas un elfe mais il ne ressemble pas non plus à un monstre non plus. »

Mais bon pour le moment, Isyndar avait une autre inquiétude.

« -Le plan serait de partir Roëric, à trois, enfin seule je ne pourrais pas les tenir. A part si je brûle le camp d'en haut. Et que vous regardiez en bons spectateurs. »

Au moins, ce serait plus sûre pour eux tous. Et ils seraient vite à l'abri avec par la suite derrière eux une escorte pour revenir s'il fallait intervenir contre ces théocrates.

« -Il faut croire que nous sommes le couple de dragonniers qui tombent à pic. »

Isyndar plaisantait à peine avec son lié à qui elle envoya ce doux songe. Avant de renchérir sur l'autre vampire en tonnant dans son esprit. La douce dragonne de l'ombre ne lui ferait aucun mal mais qu'il ne cherche pas à s'en prendre à son lié, même en parlant physique. Comme si cela pouvait être le lieu. Car aux yeux de la dragonne, la question ne se posait même pas. Son dragonnier était le mieux, point barre fin de la discussion.

« -Je ne vous conseille pas de vous aventurer sur ce terrain cher intendant, du moins pas devant sa dragonne. »

Les dragons mâles semblaient concorder avec les attitudes des bipèdes mâles. Mais une chose étaient sûre Isyndar voulait décoller. Se battre oui, n'importe comment non. Même pour mettre un grain de sable dans le rouage des théocrates. Parfois le retour de bâton est bien plus violent que le premier coup.

« -Et ces messieurs veulent bien stopper ce combat de coqs on pourrait peut être se décider quand à ce qu'on fait avant d'être prisonnier, mort, ou blessé. Je vous avoue que aucun des des trois ne me dit. »

Isyndar Les laissa s'installer plutôt prompt à aller fissa vers Sandur et passer un savon à ce vampire qui vient près d'un camp seul, se balader et tenter d'observer sans prendre en compte qu'il courrait un danger et maintenant par la même occasion, elle et son lié aussi. Mais avec Roëric, il avait un accord tacite, elle le suivrait s'il avait l'idée que cela serait utile qu'ils y aillent. C'était leur métier, leur devoir après tout. La dragonne sonda les esprits des deux hommes en expliquant son point de vue.

« -Bien sûr que c’est tordu. Et le plan où ils tirent sur les ailes de la dragonne est où ? Je préfère encore le mien de voler au dessus de ce camp et de les enflammer, vous à l'abri sur mon dos. Ça ira bien plus vite et ce sera bien moins dangereux. Et ça m'évitera d'aller vous chercher au fond d'une tente ligotée comme des mal propre.»

"Je ne fais que citer la description qu’on m’a remise. Allez donc vous plaindre aux bureaucrates qui l’ont rédigé."

Un sourire effleura brièvement le visage du vampire. En voilà un qui était plutôt susceptible. Pour sa part, le bretteur se moquait pas mal de son aspect et accessoirement de celui des autres. Au bout du compte, la seule chose qui importait vraiment, c’est si vous étiez fort, ou pas. Que ce soit d’un point de vue physique ou mental.

Les femmes, c’est surtout beaucoup de problème. Problèmes que je laisse volontiers aux autres.

Voilà qui était dit, et pour en revenir à des sujets plus importants, ils abordèrent maintenant le plan de Lorën. Lequel était complètement fou et donc tout à fait du goût du Maître-Lame. Enfin quelqu’un qui s’y entendait dans la prise de risque. Sa dragonne était toujours beaucoup trop prudente… Quoi ? Oui, certes, elle lui sauvait la mise presque à chaque fois. Mais c’était le « presque » qui comptait !

C’est… intéressant. Quoiqu’il en soit, il est vrai que les protégés manquent à peu près de tout. Autant que cette nuit n’ait pas servie à rien. Cela étant dit, Isyndar marque un point. Divertir tout un campement de théocrates c’est un coup à se prendre une flèche au mauvais endroit. Nous n’avons qu’à faire les deux. Lorën et moi nous nous infiltrons dans le camp et dès que je te donne le signal, tu y mets le feu. Une fois qu’ils seront trop occupés à essayer de sauver ce qui peut l’être, tu nous rejoins et on met les voiles.

Il lui fallu encore de longues minutes et beaucoup d’autres arguments pour convaincre la dragonne de l’ombre. Mais finalement, le plan se mit en place, et les deux vampires se retrouvèrent non loin du camp. Roëric activa les propriétés de son armure. Couplé à ses capacités vampiriques, elles le rendirent pratiquement invisible. Camouflés, ils attendirent, puis prirent la place de deux gardes.

Le reste ne se déroula pas trop mal tout compte fait. Ils trouvèrent assez rapidement la tente abritant le ravitaillement, laquelle était pleine à craquer, ainsi que l’avait certifié les renseignements du vampire.

"Isyndar, nous sommes du côté sud-est du campement. Attaque à l’opposé, je te préviens dès que nous sommes prêts."

Cette pensée était à peine parvenue à sa liée, que les deux noctambules se chargeaient autant que faire se peut. Bien évidemment, c’est à l’instant même où il crut que tout était joué que ce tout bascula. Une unité de soldats ennemis pénétra sous la tente d’un air plutôt furieux. Roëric dégaina son épée noire et le combat s’engagea. Chargé à bloc, le vampire était handicapé, mais restait le meilleur épéiste et vampire de surcroît. Ils parvinrent à sortir de la tente tant bien que mal mais ils étaient encerclés.

"Chère liée, pour l’extraction c’est maintenant ou jamais."

Il ajouta pour son comparse de la nuit, ses paroles saccadées car il combattait en même temps.

Alors, Lorën, vous vous amusez bien ? Rien de tel que d’être encerclé par une cinquantaine de soldats pour se dégourdir les jambes !

Après que l'intendant ait lancé une pique à Roeric concernant son succès auprès des jeunes femmes; le rugissement d'Isyndar résonna dans son esprit. La dragonne marquait farouchement sa désapprobation concernant les propos du vampire. Toutefois, Loren savait que son avis était partial et qu'elle défendrait son lié coûte que coûte. Il esquissa un sourire amusé et jeta un regard en coin à la créature mythique presque entièrement dissimulée dans l'ombre.

Celle-ci lui déconseilla de s'aventurer sur un terrain aussi "périlleux", ce à quoi le nocturne répondit d'une voix calme et malicieuse:

- Comme vous voudrez ma chère; après tout, la beauté et le charisme sont des notions fort subjectives. Par ailleurs, je crains que l'affection que vous portez à votre lié...n'obscurcisse quelque peu votre jugement, sans remettre en cause vos capacités de discernement, naturellement.

Roeric, quant à lui, riposta en disant que les femmes étaient sources de problèmes qu'il préférait laisser aux autres.

- Aucune créature ne génère autant de tracas qu'une femme, mais il faut croire que j'ai un tempérament aventurier car leur fréquentation apporte un peu de piment dans mon existence terne d'immortel.

Après cela, la dragonne leur signala qu'il valait mieux cesser ce combat de coqs étant donné la situation périlleuse et délicate dans laquelle ceux-ci se trouvaient. Et pour le coup, Loren admit qu'elle n'avait pas tort.

A l'annonce de son plan destiné à voler le ravitaillement des Théocrates, Isyndar ne put s'empêcher de manifester son scepticisme à l'idée d'une action aussi téméraire et préconisa d'agir avec davantage de prudence.

Si la dragonne de l'ombre demeurait circonspect, l'épéiste en revanche sembla relativement emballé par l'idée de Loren. A croire que ce vampire aimait vivre dangereusement mais cela était compréhensible car s'il n'aimait pas les femmes, il devait bien trouver son plaisir ailleurs.

Loren et Roeric s'infiltrèrent à l'intérieur du campement, en se camouflant, avant de ne pas faire repérer par les gardes Théocrates. Ensuite, ils se faufilèrent dans la tente, pleine à craquer, abritant le ravitaillement.

Puis, ils se chargèrent d'autant de matériel que possible; quand tout d'un coup, une unité de soldats ennemie pénétra dans la tente, les prenant sur le fait. Encerclés, les deux vampires n'avaient guère d'autre choix que de riposter.

Loren tira également son épée; certes, il n'était pas très puissant pour un vampire mais sa force demeurait supérieure à celle de n'importe quel humain. Le claquement métallique des lames en train de s'entrechoquer résonna sous la tente.

Pendant qu'ils combattaient, Roeric demanda à Loren, sur le ton de la plaisanterie, s'il s'amusait bien et appréciait d'affronter une cinquantaine de soldats pour se dégourdir les jambes.

- Ma foi, cela ne vaut pas les danses lascives de certaines filles de joie mais comme vous dites, ça permet de faire un peu d'exercice.

Loren se demandait à quel moment Isyndar allait entrer en scène car avec autant de soldats, il était peu probable que les deux vampires puissent leur tenir tête indéfiniment.

Le vampire embrocha un soldat qui se précipitait sur lui, la lame pointée en avant; toutefois, d'autres surgirent et se ruaient dans sa direction, il se sentait submergé par le nombre. Cependant, son orgueil de prédateur l'empêchait de demander un petit coup de main à Roeric. Car si l'intendant savait s'y prendre quand il s'agit d'art de la séduction, c'était beaucoup moins le cas lors d'un combat difficile.

A un moment, le nocturne recula et trébucha sur une pierre qui se trouvait sur le sol, ce qui le fit tomber à la renverse.

HRP: Désolée pour le retard de réponse.

Toujours la même chose avec ces mâles, que se soit bipèdes ou bien dragons. Ayalos, Verith, et même Shaynar. Une pointe de nostalgie lui envahit l'esprit en repensant à son ami, son amant. Même si elle ne désirait pas forcément passer sa vie à côté de ce compagnon de vol, il lui manquait. Lui et sa façon de voir le monde, sa force et son courage. Un ami, un confident, une écaille sur qui compter. A part son lié, il fut un des rares pour qui Isyndar traverserait des océans. Peut être qu'un jour elle le ferait qui sait ?
En attendant, Isyndar allait devoir encore jouer les sauveteuses envers son dragonnier qui allait encore jouer les coqs ou les bretteurs pour se faire mousser face à son compatriotes vampiriques. Remarque, son lié avait ce goût du risque, cette envie de faire vibrer son cœur qui autrefois battait.

« -En attendant les femmes, vous êtes bien contents de les retrouver... »

Et toc, et dans un vol d'ailes discret, la dragonne de l'ombre s'envola pour s'occuper de son rôle de détourneur d'attention.

« -Roëric, un jour je te promets je te laisse te débrouiller tout seul à revenir sans flèches aux fesses. »

Que se soit dit, tout de même. Isyndar alla cracher son feu céleste sur l'autre bout du campement. Des cris se mirent à briser le silence de la nuit, de peur, puis des ordres, aboyés par les sergents ou capitaines. La dragonne gardait tout autant son attention sur son lié que sur les soldats qui se mirent à jeter des projectiles dans sa destination. Mais la chance était avec elle et son armure fit le reste la protégeant des yeux des théocrates. Et bien vite son lié vint lui murmurer des mots doux à son esprit. Ironique elle lui répondit en se dirigeant vers son lié adoré.

« -Déjà ? Tu perds en furtivité mon cher, j'ai à peine eu le temps de lancer un premier jet de flammèches non loin des chevaux. Au moins avez-vous trouvé votre bonheur à défaut de la mort. »

La bataille des coqs est finie ? Isyndar d'un battements d'ailes se dirigea vers le duo en venant à eux aussi bien par l'esprit que la présence de la dragonne.

« -Prépare toi, je vire la tente avec mes griffes. Baissez-vous. Le tour suivant la corde est à vous. Hissez vous. »

Aussitôt dit aussitôt fait et Isyndar accrocha la tente dans laquelle se trouvait son lié et alla la jeter bien plus loin, avant de revenir à une vitesse folle. Le savoir au milieu de toute cette agitation l'énervait. Isyndar attrapa ses colis en laissant traîner la corde accroché à sa selle.

« -Et maintenant que vous avez fait vos mâles, que vous avez faillit mourir, je vous dépose vers une autre mission ? Un autre camp théocrate ? »

Se redressant et battant des ailes pour fuir au plus haut, au plus loin, Isyndar gronda dans leur esprit.

« -Il y a des coups de pieds aux fesses qui se perdent... Toujours pareil, avec toi... un jour tu y passeras... Pas possible un dragonnier pareil... »

hrp : conclusion pour moi, merci pour ce rp ^^

Le Maître-Lame lâcha un simple grognement pouvant signifier tout et n’importe quoi devant la répartie du vampire. Pour sa part, son existence n’avait jamais vraiment été terne à aucun moment de sa vie. Sa faculté pour se fourrer constamment dans les pires ennuis faisant office de remède contre cet étrange mal. C’était d’autant plus vrai depuis qu’il était devenu dragonnier et que l’étendue de ses problèmes n’avaient fait qu’augmenter. Puisque ceux du continent étaient aussi et de facto, devenus les siens. Drôle de destinée.

A l’attention de sa liée, avec un brin d’humour et aussi beaucoup de sérieux, il ajouta d’une pensée.

"Allons, chère liée, tu m’aimes beaucoup trop pour ça. Je serais beaucoup moins amusant en porc-épic, je te l’assure."

Enfin, pour en revenir à nos moutons, les deux vampires étaient donc bel et bien encerclés par une cinquantaine d’opposants. Chose que son comparse semblait prendre aussi bien que Roëric, à savoir en tirant son épée et une boutade pour la bonne humeur. Toujours risquer sa vie dans la bonne humeur, ça évitait les ondes négatives et les faux pas que ça entraînait. Autant mettre sa peau en jeu avec les Esprits de son côté.

Je ne ferais aucun commentaire à cette honteuse campagne de calomnies. Je suis extrêmement discret. Discret, c’est même mon deuxième prénom. Ils sont simplement entrés au mauvais endroit, au mauvais moment. Ça arrive.

Le vampire était tellement occupé à parer une attaque qu’il en avait oublié de penser et avait parlé à voix haute. Tant pis. Sur ces entrefaites, la tente s’envola, suivit des deux nocturnes. Une évasion pour le moins haute en couleur mais qui ne manquait pas de classe. Comme un garçon sage devant une grande maman dragonne pas contente du tout, il se laissa gronder sans moufter. Fallait dire qu’elle le tenait littéralement entre ses griffes.

Il leur fallut un moment avant de rejoindre un campement protégé. Les dragons y étaient toujours bien accueillis, mais ceux transportant des vivres et du matériel l’était plus encore. A l’attention de Lorën, Roëric déclara.

Ce n’était pas un si mauvais plan que ça après tout.

Pendant que les deux vampires continuaient à combattre leurs assaillants; Loren entendit des cris qui s'élevaient du campement théocrate, à l'extérieur de la tente où ils se trouvaient. Cela signifiait que la dragonne de l'ombre avait commencé à faire diversion en enflammant le camp. Elle tombait exactement au bon moment car malgré ses pouvoirs décuplés de créature de l'ombre, l'intendant sentait qu'il ne ferait pas le poids longtemps face à la multitude de soldat armé. Quant à Roeric, en dépit de ses compétences exceptionnels d'épéiste, il ne pourrait pas lui non plus contenir une telle masse d'adversaires.

Fort heureusement, Isyndar se dirigea vers eux d'un battement d'ailes et accrocha la tente pour la jeter au loin, tout en s'emparant par la même occasion des précieux colis. Loren ne put s'empêcher de pousser un soupir de soulagement en voyant la créature mythique arriver à la rescousse.

Lui et Roeric s'accrochèrent à la reptilienne qui aussitôt décolla sans demander son reste en direction du ciel étoilé. Une fois en vol, Roeric glissa à l'intendant que finalement ce n'était pas un si mauvais plan:

Loren esquissa un sourire narquois en plongeant son regard mordoré dans les prunelles grisâtres de son congénère.

- Naturellement que ce n'est pas un mauvais plan ! c'est moi qui l'ait imaginé, je possède une intelligence et une sagacité tout à fait remarquables. Certes, je n'ai pas vos compétences au combat mais je préfère utiliser ma tête plutôt que mes muscles mon cher. Et ce fut payant, du moins cette fois...

Puis il se tourna en direction de la dragonne de l'ombre et lui dis d'un ton enjôleur.

- Admirablement synchrone, vous êtes arrivé pile au bon moment. Mais comme on dit avant l'heure c'est pas l'heure et après l'heure c'est plus l'heure. En tout cas, merci à vous deux de votre collaboration, ces fournitures seront très précieuses pour les protégés.

HRP: voilà je conclus également ici. Merci à vous deux pour le RP !

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Un petit vol au clair de lune (pv Roeric et Isyndar)TERMINER

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