----------Une nuit de plus qui recouvrit la citée dépravée, et pourtant... la citadelle, empreinte du pouvoir de Vraorg, ne cessait de paraître d'une noirceur plus sombre encore. La lune n'était qu'à peine visible en ce jour, seule quelques éparses étoiles faisaient profiter de leur lumière. Et pourtant... elle paraissait si faible, si insignifiante face à l'ombre maléfique qu'avait créé cette entité auto-proclamée, bafouant les lois qui régissaient depuis nombres millénaires leur continent. Le voleur de cœur le considérait-il encore comme sien d'ailleurs ? Ou se pensait-il aussi ici supérieur à cette appartenance ? Ne se souvenait-il pas que c'était là, sur cette terre, qu'il avait vu le jour, jadis, en des temps désormais connu de lui seul ? Ou du moins dans des détails aussi croquants. Au vu du mal dont avait été victime la nature, la chose était évidente, il avait tout renié, pour obtenir quoi ? Puissance ? C'était là la seule chose qu'il avait gagné à vouloir voler le cœur de dame Néant. La seule et unique chose... Alors que le prix était lui si élevé ! Il avait tout perdu, son existence, son dragonnier, ses proches, mais aussi sa terre. S'il considérait encore celle qu'il surveillait de son regard assassin comme étant Armanda, il se lorgnait d'illusions. Elle n'en était plus que le cadavre.
----------C'était sur ces sombres pensées que Vanaël, inquisitrice malgré elle, gravit les marches noires de jais d'un escalier de taille moyenne. Il aurait permit de faire passer des caisses d'armes, des balistes, pourvu qu'elles soient démontées, ou même un cheval, si tant est qu'il eusse bien désiré emprunter ces marches étroites sans risquer d'y faire ripper un sabot. L'ancestrale en atteint quant à elle le sommet sans difficulté aucune, ayant pour seul bagage sa robe de nuit, laquelle reflétait de sa teinte celle qui assombrissait les cieux. Sa lame était aussi à sa ceinture, autant arme d'apparat qu'accessoire de souffrance sinon de mort, elle ne la quittait jamais après tout. Et jamais assez on le répéterais, cette fine lame disparaissant dans la rapidité de ses assauts était une extension de bras, tout simplement. Les pas de la vampire laissaient émettre un son étouffé, preuve que ses chausses fussent de bonne qualité. De la même manière qu'elle s'était aperçue du peu de bruit qu'elles produisaient son odorat lui permit de se rendre compte du point auquel la muraille était vide de monde. Quelques garde éparses disposés par intervalles réguliers, mais loin de là une surveillance intense. Après tout, qu'est-ce que l'enclave intérieur pouvait bien craindre ? Ce n'était pas comme si quiconque eut les moyens de la franchir autrement que par les portes qui l'ornait du long.
----------Un coin de calme était donc à la disposition de l'ancestrale, malgré que les pensées l'ayant conduite en ces lieux n'avaient rien de bien reposantes. Elle n'avait ici que la vue des bas quartiers de Gloria. Pas de jardins, ni de bâtisses somptueuses abritant tel ou tel favori de Vraorg, non, rien qu'un entassement glauque et malodorant d'habitations, au sein de laquelle vivait une population tout aussi "joyeuse". C'était dans ses moments d'isolement que la millénaire en venait à se demander si elle avait pu faire le bon choix. Oui forcément, elle l'avait fait. Elle le savait qu'elle allait endurer de voir à quel point Vraorg pouvait ainsi réduire un peuple. Elle savait qu'accepter sa suprématie ne l'aidera pas, loin de là, à vivre selon ses convictions. Mais ce n'était plus là la question.
----------Ce ne l'avait jamais été d'ailleurs. Achroma... Il était la seule, l'unique raison de sa présence, de sa soumission. Et tant qu'il serait prisonnier, d'âme et de corps, son but ne serait atteint. Jusque là, elle ferait son possible pour l'aider. Malheureusement, les trois années qui s'étaient écoulées semblaient avoir démontrer que c'était peine perdue. Et pourtant... trois courtes années seulement s'étaient écoulées. C'était si dérisoire. Comme tout avait pu être chamboulé si vite ? La chose était insensée. Trop pour être concevable.
----------Le regard perdu au loin, fixant cette limite floue constituant les limites de Gloria, Vanaël était debout, les pieds en butée sur la rambarde de pierre. Elle avait les bras croisés, chacun enfoui dans une des amples manches de sa robe. L'esprit vagabondant dans des pensées obscures, sa vue concentrée à ne rien regarder, ses autres sens étaient comme endormis. Aussi ne se rendit-elle compte que tardivement de l'arrivée d'un nouveau venu, un vampire que désormais, elle connaissait relativement bien. Furent ses paroles qui la réveillèrent de son égarement, ou bien son esprit qui comprenait enfin le message transmis par ses sens ? Peu importait réellement... Que venait-il faire ici, elle n'en avait aucune idée, et elle n'en avait cure. Il était le bienvenue, comme bien souvent.

"Tôr rendúath..."

----------Un salut, d'égal à égal, ainsi qu'en témoignait son poing droit fermé soutenant sa paume gauche, de même que la légère inclinaison de son bassin. Qu'il soit d'un rang dit supérieur l'indifférait quelque peu, elle ne le considérait pas réellement comme supérieur pour autant. Il était un vampire, ayant vécu une vie d'elfe auparavant, à la différence que les deux existences qu'ils avait connu étaient plus disproportionnées que les siennes. Qu'elle eut été dérangée ne l'empêcha nullement de se retourner vers la cité, ainsi que vers les landes qui l'entourait. Ses mains quant à elles, avaient retrouvé le lotis de soie de ses amples manches.

----------Il est curieux de constater que c'est souvent dans les moments où l'on s'y attend le moins que l'on nous cherche. À peine Eliowyr avait-il terminé sa première phrase que l'ancestrale lui porta plus juste attention. Il avait pris la peine de venir la chercher ici, en périphérie de la ville haute ? Pourvu que Vanaël eu eut un cœur, il se serait réchauffé pour une telle attention. Lentement, au fur et à mesure que les mots étaient accueillis par ses fines oreilles, la vampire tourna la tête vers son compagnon de la nuit. La nouvelle était là étonnante, et quelque peu déconcertante. Durant presque trois ans, un peu moins si l'on ôtait la période où ils ne s'étaient pas encore rencontrés, elle l'avait aidé à comprendre ses souvenirs ressurgissant, et ils avaient longuement parlé afin d'en faire ressurgir d'autres. Cela avait été de long moment de solitude partagée, à tenter de décortiquer les méandres du passé, et quiconque les aurait écouté y aurait trouvé de quoi rédiger l'histoire. Elle eut alors, curieusement, une pensé pour cet historien avide de connaissances, qu'elle tacha de rejeter aussitôt de son esprit, peu désireuse d'avoir tel personnage en tête. Et aujourd'hui, ou plutôt, en cette nuit, voilà que le millénaire Eliowyr déboulait, de bout en train, pour lui annoncer que finalement, il avait retrouvé ses souvenirs. Dracos !

----------Vanaël avait sentit, merci ô totem, qu'il s'était réfréné sur son annonce, ce qui la laissa ainsi penser qu'il aurait pu être plus précis quant à ce renouveau. Si elle ne le fit pas remarquer, elle garda tout de même pour elle cela, comptant bien lui demander de toute manière plus de précision. Après tout, elle était curieuse de savoir qui remercier pour l'avoir aidé dans cette quête de soi, et surtout, par quels moyen s'y était-elle prise. Reconnaissante que le jeune vampire ait jugé utile de l'informer, la millénaire lui sourit, un mince trait étirant ses lèvres dans une mimique bienveillante. « Je vous remercie d'avoir fait le chemin jusqu'ici pour m'en informer, j'apprécie votre attention.» Elle marqua alors une légère pause, terminant de se tourner afin de faire face de toute sa personne à Eliowyr. Elle l'observa d'un œil amical, détaillant ses traits ainsi que sa silhouette. Son visage blafard , son maintien, sa manière de s'habiller, chaque point de sa personne était la proie de son regard. De la même manière qu'une mère qui observe son fils revenir d'un long périple, elle s'adressa de nouveau à lui, la froideur de sa voix se perdant dans des tons plus chaleureux. «Il est vrai que vous semblez avoir changé, vous paraissez... plus sur de vous.»[/i][/color] Un autre légère pause. Une hésitation. « Puis-je ?» Demanda-t-elle tandis que sa main droite esquissait lentement un mouvement vers son visage. Son autre main était donc retombée le long de son corps, ne pouvant bien sur se glisser dans une manche ayant pris la fuite pour une "caresse" « Je n'ai pas votre toucher, mais apprécier de cette manière la figure de quelqu'un est parfois plus riche d'information que la vue.»

----------Son geste en attente, elle continua tout de même de parler, la curiosité piqué à vif par cette inconnue aide. « À qui doit-on le mérite de vous avoir permit de réussir cette quête ? Je serais curieuse de la rencontrer... Et surtout de savoir comment cette personne s'y est-elle prise enfaite.» Elle ne cessait de le détailler du regard, si bien que cela aurait pu passer pour du manque de respect si l'on ne prenait en compte que leur poste respectif. Regarder de haut les autres était quelque chose de fort pénible pour une conseillère l'ayant été des siècles durant... Elle était a cheval sur la politesse, oui, bien sur, mais quant aux preuves de respect, de soumission, et d'infériorité... il ne fallait pas non plus trop lui en demander. Elle n'estimait ainsi pas utile de s'en accommoder ici, puisque de son avis, ils étaient entre ... proches.
----------Les pensées de l'ancestrale se bousculaient à l'idée de savoir qui l'avait aidé. Bien sûr, cela pouvait être les Dragons, elle leur connaissait des pouvoirs digne de miracles, mais ce n'était la que supposition, ne pouvant être certaine de la teneur exacte de leurs pouvoirs. Il restait la possibilité d'un artefact trouvé qui permette telle guérison, bien que les chances d'en trouver un semblable ne devait pas être loin du zéro. Quant aux autres solutions, ma foi... elles ne tenaient pas la route et ne valaient même pas la peine d'y penser plus qu'il ne le fallut pour les rejeter de l'esprit.

----------Se laissant aller à cette étrange requête, Vanaël caressa du bout des doigts le visage d'Eliowyr, avec une retenue polie. Elle avait remarqué ce ton d'outre-tombe, et y avait été réceptive. Fermant les yeux, elle se laissa à la vue que lui procurait ses doigts, explorant ce que le temps avait inscrit à terme sur cette peau parcheminée. Elle sentie les sinistres marques qu'avaient laissés ses combats, mais au delà de ceci, elle constata ce qui semblait être de la gêne. Non pas que les pores de sa peau s'emplissaient de sueur, chose impossible pour les vampires qu'ils étaient, mais plutôt une sorte de léger tremblement, à peine perceptible. L'impression qu'il se retenait d'une réaction. Elle aurait pu le questionner, très certainement, mais cela aurait surement été indélicat et l'ancestrale tenait à conserver leur intimités. Il aurait risqué de lui cacher quelque chose, de ne pas vouloir lui dire ce qu'il en était réellement. Ce n'était pas vraiment un manque de confiance, mais plus un respect pour lui, pour ce qu'ils vivaient. Vanaël n'avait ni envie de le froisser, ni envie d'attiser la marque qui la menaçait en tout temps.

----------Si le contact avec la peau fraiche et usée d'Eliowyr était agréable, il était aussi une porte qui s'ouvrait vers un sentiment de nostalgie. Ces moments d'intimité partagée, autant dans les bras glacés d'Achroma que dans ceux plus chaleureux d'Aldaron, ce sentiment d'être aux côtés de quelqu'un, d'être désirée. Cette impression délicate qui imprégnait les sens alors que le contact s'affermissait... Tout ceci, perdu, abandonné à jamais très certainement... Fut-ce la gêne qu'elle ressentie sur la peau de con compère millénaire qui la fit agir ainsi ? Ou celle qui l'animait elle-même ? Quoi qu'il en fut, Vanaël retira sa main, restant en suspens quelques secondes alors que l'extrémité de ses doigts continuèrent d'effleurer pendant de longs instants la joue d'Eliowyr.

----------Elle l'avait approché, lui, le fils d'Achroma, pour lui fournir de l'aide, et espérer en obtenir. Elle l'avait approché car tout deux venaient de perdre un être cher qui leur était commun, considérant alors comme justifier de se tenir les coudes. Elle l'avait approché parce qu'elle, parce qu'elle avait besoin d'alliés, de personnes en qui faire confiance, et qu'en ces temps des plus troublés, elle en avait désespérément besoin. Ils s'étaient rapprochés l'un de l'autre par intérêts, mais aussi peut-être, dans le cas de la vampire cheveu-de-feu par manque. Le manque d'une personne à qui elle pouvait manifester ses craintes, ses peurs, toutes ces choses qu'elle ne pourrait décemment jamais partager avec quiconque s'en entacher l'image qu'elle désirait montrer aux autres. Cette image d'une femme d'importance, d'une personne dont on aurait judicieuse idée de s'attirer les bonnes grâces. D'une prédatrice dure, ainsi qu'Achroma avait pris plaisir à le lui dire, comme le diamant.
----------Une image qui n'était peut-être pas totalement détruite aujourd'hui, mais qui de diamant était passé à l'obsidienne, et d'importante à soumise. Si l'on eu put contrôler ces loup-vampires qui rôdaient par hordes dans les plaines de Sombreval, surement n'aurait-elle pas eu meilleure image... Une chienne chassant pour un maître implacable, dont le collier l'empêchait de manifester de la compassion ou de la pitié envers ses proies sous peine de ployer sous la folie. Oui, c'était bien ce qu'elle était. Seulement, elle cherchait de quoi combler cette pauvreté d'existence.

----------Les pensées prises dans une tourmente, la vampire ne put rester placide, se mordant la lèvre pour se libérer, l'espérait-elle, de cette confusion dans laquelle elle venait de s'empêtrer. Envie tentatrice à laquelle elle avait succombé, par volonté de se rapprocher de ce millénaire, ou peut-être, de lui exprimer un quelconque sentiment d'amitié. Il était en effet un ami pour l'instant, un allié aussi, surement, bien qu'ils n'eussent eut l'un comme l'autre pas d'occasion de se prouver leur loyauté respective. Leurs rencontres étaient polies, respectueuses, et si elle avait réussit à ôter cette barrière que Vraorg avait créé en leur attribuant des postes d'importance, cela n'allait pas bien plus loin. C'était, en trois ans, une progression bien minime certes, mais faire preuve de patience était après tout quelque chose en laquelle Vanaël pouvait se targuer d'être talentueuse, même parmi les vampires. Pas la meilleure en ce domaine, mais bien au dessus de la moyenne, c'était certain.

----------Entendant les paroles toujours aussi caverneuses d'Eliowyr, l'ancestrale finit par détourner le regard. Le contact aussi succinct fut-il avait eu le mérite de la faire se sentir gênée, par cette proximité, par le fait qu'ils soient tout deux face à face, par leur proximité d'antan avec Achroma, par trop de facteurs pour qu'elle puisse rester de marbre. Elle faisait de nouveau face à la ville basse, observant l'horizon bien qu'il ne fut pas visible de par l'obscurité, exprimant à sa façon un pardon pour cet acte qu'elle venait de faire. Lequel n'avait au final servit qu'à raviver des douleurs, ou presque. Elle éleva à son tour la voix, pour sa part aussi fraiche que la neige qui autrefois faisait briller les monts Glacernois.

"Il est triste qu'une magie capable de tels miracles puisse aussi être exploitées à des desseins bien plus chaotiques...
Quant à votre personne... y a t-il une manière de vous aider à vous guider au travers de ces abysses ? Il est douloureux de ressasser le passé, mais parfois, il le faut pour parvenir à le comprendre. Si je puis continuer de vous être d'un quelconque soutien à ce propos, n'hésitez pas."

----------Les dragons, Ô créatures de puissance ! Encore une fois, une triste pensée naquis dans l'esprit de Vanaël pour l'asservissement auquel ils étaient eux aussi contraints de par l'existence de Vraorg, erreur de la nature, si tant est que l'on puisse considérer son existence comme naturelle...

"Mais peut-être préféreriez-vous que l'on aborde un autre sujet, plutôt que de rester à parler de vous et ainsi vous replonger dans ses souvenirs qui vous paraissent surement comme... ceux d'une autre personne."

----------Elle s'était exprimée avec une voix plus agréable, doucereuse, proposant cette solution alternative. Elle même millénaire et vampire ancestrale, elle était passée par là, et si elle avait retrouvée ses souvenirs d'antan d'un manière plus longue mais moins brutale, elle imaginait le sentiment d'étrangeté que devait avoir ces souvenirs sortis des limbes du passé. Appartenant à une autre personne, similaire physiquement, se rapprochant de soi par certaines de ses réactions, et pourtant si différente. De par ses relations, son milieu de vie, et même ses manières de pensées. Elle continua alors, n'ayant fait qu'une légère pause afin de reprendre son souffle.

"J'ai trouvé un grimoire, assez ancien je présume, qui traite de magie mais je crains de ne pas être assez compétente en la matière pour en cerner les rouages, accepteriez-vous de tenter l'expérience ?"

----------Elle avouait une faiblesse de sa part, en effet, mais après tout c'était là un moyen de montrer qu'elle avait besoin d'aide et qu'elle le considérait digne de confiance pour lui faire part de ses points faibles.

----------De la même manière qu'elle s'était tournée sur elle-même pour faire face à la ville en contrebas plutôt qu'à Eliowir, ce dernier avait reculé d'un pas, mouvement pour lequel Vanaël ne s'offusqua pas le moins du monde. Après tout, elle avait eu la même réaction de 'rejet', elle comprenait qu'il ait pu trouver la situation dérangeante. Et si elle pouvait essayer de deviner les raisons qui l'avait poussé à cela, elle ne chercha pas à le faire, l'ancestrale respectait son choix, il était en droit d'agir ainsi, plus peut-être qu'elle même si l'on devait jauger le niveau de droit de leur réaction. Sa voix lorsqu'il répondit trahissait la gêne qui l'habitait, ou du moins la difficulté de la situation.
----------Il faisait ensuite le choix de poursuivre seul le chemin sinueux au travers de ses souvenirs, une décision louable, que l'on ne pouvait que respecter. Vanaël avait beau avoir proposé son aide pour qu'il assimile et traverse cette épreuve, elle n'avait en aucun cas l'assurance que son offre pouvait être acceptée. Qu'elle ne le soit pas n'était alors en rien étonnant ou dérangeant, c'était un fait, rien de plus. Eliowir avait décidé de prendre entre ses seules main son passé, soit, l'on ne pouvait pas le lui reprocher ou l'en empêcher.
----------L'ancestrale avait elle même passée de nombreuses années, plusieurs décennies même, à chercher son passé, à essayer de reconstituer ce puzzle immensément complexe. Elle avait continuer à y œuvrer indépendamment de sa volonté au fil des siècles suivants, et de cette manière avait une idée presque précise de la vie qu'elle avait menée de son vivant d'elfe. Mais pour autant, jamais elle ne considérer ces deux vies comme une seule et même existence, malgré le fait qu'elle s'attache à la possibilité de pouvoir rencontrer à nouveau son fils. L'elfe était morte, la vampire avait beau se rappeler se souvenir de certains moments avec d'autres elfes, de certains lieux, le fait que désormais elle était une vampire créait une certaine barrière vis à vis de cela. Les ressentis qu'elle se souvenait avoir éprouvé lorsqu'elle se baladait dans la forêt, sa joie à l'idée de pouvoir parler avec d'autre personnes, son enthousiasme et sa sympathie pour les rencontres avec des humains, tout cela n'était plus.

"Le plaisir est partagé, de même que l'honneur, Muintôr. Avoir l'occasion de pouvoir profiter de votre savoir et de vos connaissance en la matière, c'est une vraie aubaine."

----------Elle sourit légèrement lorsque qu'Eliowir fit mention de sa curiosité, ne pouvant en effet faire autre chose que de confirmer cette idée. Là dessus, ils était semblables.

----------Posant son poing fermé contre sa poitrine, Vanaël s'inclina en réponse à la légère révérence de son compagnon, lui faisant preuve du même respect qu'il manifestait. Elle le remerciait de plus par ce geste, reconnaissante qu'il soit intéressé par ses recherches et accepte ainsi de l'aider. Elle croisa son regard un court instant, bien que... ce n'était pas vraiment 'réel', mais ses prunelles s'y attachèrent un moment, avant de finalement descendre vers le bras qu'Eliowir tendait. Vanaël ouvrit ainsi la marche, s'apprêtant à descendre l'escalier de la muraille par lequel elle était arrivée, afin de se rendre dans ses appartements.

----------Le trajet n'était pas long, mais suffisamment pour discuter un petit peu, et expliquer plus en détails son problème avant de l'y confronter.

"Mon rôle d'inquisitrice m'amène à voyager dans des lieux plus éloignés et différents les uns que les autres, si bien que parfois, je fais des découvertes intéressantes qui me permettent de me changer les idées... Ce grimoire dont je vous parle en fais partie. Je l'ai trouvé dans la bibliothèque d'une cible, et au vu de son emplacement, il n'avait pas du être remarqué à sa juste valeur. Or... il se trouve qu'après y avoir jeté un coup d'œil, et même après l'avoir lu et relu, je ne parviens à en comprendre que quelque bribes. Il semble que cela fait mention du sang de vampire, mais impossible de distinguer ce qu'est cet aspect de la magie."

----------Ils n'avaient pas pressés le pas, mais leur pas léger et le chemin qu'ils empruntèrent leur permirent d'arriver rapidement à destination. Le lieu de vie de l'inquisitrice était simple, elle avait beau vivre dans l'opulence, les décorations futiles et la surcharge de babioles n'était pas dans ses habitudes, sa vie dans les galeries l'avait au contraire habitué à vivre avec uniquement ce dont elle avait besoin. La porte d'entré donnait ainsi sur un bureau, où elle passait le plus clair de son temps à lire ou écrire des manuscrits, de sorte que plusieurs d'entre eux s'entassaient de part et d'autre du meuble, avec sur le devant un nécessaire à plume. Une ouverture se situait sur le mur de droite, où l'on devinait sa chambre. À défaut d'y dormir réellement, avoir un lit pour entrer en transe était bien pratique, c'était aussi là qu'elle entreposait ses vêtements et accessoires. Un bain était accessible depuis cette pièce, isolé du reste.
----------Mais revenons au bureau. Vanaël invita celui qui allait certainement devenir son prochain mentor, au moins dans le domaine de la magie, à la suivre jusque derrière celui-ci. Une porte se situait en effet derrière, et après que la vampire l'eut ouvert, ce fut une bibliothèque d'une taille plus que raisonnable qui se dévoila sous leurs yeux. Plusieurs étagères étaient vides, pas loin de la moitié à vrai dire, mais il y demeurait tout de même une belle collection d'ouvrages. L'ancestrale se dirigea ainsi vers un rayon, et saisit un manuscrit protégé par une couverture en cuir de couleur pourpre, décoré par des entrelacs écarlates. Les coins étaient de cuivre, bien que ces derniers ne fussent pas oxydés malgré l'ancienneté apparente de l'ouvrage. Elle retourna alors au bureau, et posa sur le bureau le livre, pour se tourner finalement vers Eliowir.

"Voici le fameux. Il semble dater d'hier, et pourtant... je suis quasiment certaine qu'il est bien plus ancien que cela...Enfin, je vous laisse en juger par vous même."

----------La magie, encore et toujours ! C'était bien ce qu'elle avait supposé, et même remarqué oui, mais entendre qu'on le lui confirme ne faisait qu'accroitre son ressentiment à l'égard de cette puissance qui différait aléatoirement d'une personne à l'autre. L'on avait beau s'entraîner autant que l'on le pouvait, certains n'atteignait jamais le niveau le plus bas d'autres, qui pourtant leur était cadet de plusieurs siècles. C'était problématique pour la vampire, dont les forces magiques n'étaient pas des plus élevées. À cause de cela, voilà qu'elle dépendait de personnes plus puissantes magiquement, à qui elle devait ainsi partager certains de ses secrets. En soi, cela ne la gênait pas pour cette fois, elle n'avait aucune gêne à partager un pan de sa vie à Eliowir, après tout, ils se connaissaient désormais plus qu'un peu, et le respect ainsi que l'amitié qu'elle lui vouait suffisait à ce qu'il fasse partie des personnes auprès desquelles Vanaël était prête à dévoiler ses secrets.
----------Lever la magie qui protégeait le livre ? Voilà qui semblait risqué. Il n'y avait pas le droit à l'échec, aussi infime puisse-t-il être, auquel cas ce serait la perte du manuscrit. La moindre erreur pouvait conduire à la suppression de l'ouvrage, sans aucuns retour en arrière possible. L'ancestrale allait devoir tout laisser entre les mains de son compère, le sort de son précieux en dépendait.

"Vous parvenez déjà à identifier quels effets à la magie qui est appliquée par une simple observations ? Je n'en espérais pas tant. Des portes et des clés sont créés par magie, en un nombre que j'imaginais bien moins important. Et ce même pour de simple bipèdes tels que nous."

----------Car pour ce qu'il en est de Vraorg, des Esprits Supérieurs, des Dragons ou bien des Tarenths, elle avait déjà par plusieurs fois constaté de leur supériorité en terme de magie, et des prouesses qu'ils étaient en état de réaliser. Le modelage d'Armanda au fil de l'affrontement entre Vraorg et les Esprits en avait été une preuve plus qu'évidente. Il aurait fallu être stupide, même arriéré, pour ne pas se rendre compte de leur puissance !
----------Alors oui, elle avait mésestimé les capacités magiques d'Eliowir, et était ainsi joyeusement surprise qu'il soit parvenu à identifier d'un simple contact la nature des protections entourant le manuscrit. Le temps qu'elle passerait, ou plutôt, qu'il passerait à ôter de ses enchantements ce livre en serait de même réduit, comparé aux prédictions de l'ancestrale. C'était une bonne chose, elle avait hâte de s'enquérir de son contenu. Malheureusement pour elle, et aussi pour Eliowir, elle était trop jalouse et protectrice envers ses biens pour pouvoir ne serait-ce que penser à le lui prêter le temps qu'il fasse son.. travail. D'une parce qu'elle désirait voir et essayer de comprendre comment il s'y prenait, bien qu'elle n'eut aucune certitude quant à ce sujet, après tout elle n'avait pas la compétence magique pour percevoir les actions qu'il entreprendrait. D'autre part parce qu'elle ne faisait jamais suffisamment confiance aux autres au points de leur donner l'un de ses biens. Elle tenait à profiter à elle seule du contenu du livre, et de pouvoir l'étudier seule aussi, dans la mesure où elle en serait capable. Après, oui, en effet, si Vanaël se rendait compte qu'elle ne comprenait pas tout, ou qu'elle ne parvenait pas à l'appliquer faute de maîtrise ou d'une parfaite compréhension de l'ouvrage, surement redemanderait-elle de l'aide à un 'mentor' tel qu'Eliowir l'était en terme de magie. Mais elle n'en était pas encore à ce stade, et pour l'instant, le manuscrit demeurerait entre ses mains, ou du moins sous son attention. C'est d'ailleurs ce qu'elle confirma en prenant l'ouvrage entre ses doigts délicats, pour le tenir par la tranche, les bras tendus devant elle.

"Je ferais en sorte de vous accorder plus de temps afin que vous puissiez accéder à ma bibliothèque. Il me tarde de constater du succès de cette petite entreprise. Ma porte vous restera ouverte au cas où vous auriez besoin d'une aide, quelle qu'elle soit. De quelque sujet et de quelque intentions fusse-t-elle nourrit."

----------Qu'il soit mauvais ou bon, qu'il soit pour ou contre Vraorg, il était un allié de poids, elle la millénaire estimait devoir faire tout ce qui était en son pouvoir pour l'y aider. Certes, son rôle d'inquisitrice l'empêcherait peut-être d'agir selon son envie dans certaines circonstances, mais elle faisait là la promesse d'essayer de l'aider du mieux qu'elle pouvait.