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La lisière Elfique est en place à la frontière du 27 octobre au 27 novembre . L'entrée ou la sortie du Royaume Elfique sont donc compliquées entre ces deux dates.
Nous jouons actuellement en Octobre-Novembre-Décembre de l'an 7 de l'ère d'Obsidienne (équivalent de l'an 1760 d'Argent).



 
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Luna Duruisseau
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MessageSujet: Source Source Icon_minitimeDim 17 Mai 2015 - 4:23

Nuit du 7 au 8 janvier de l’an 5 de l’ère d’Obsidienne


Il faisait bien sombre et la pénombre se mouvait au rythme des pas de Luna. Elle y voyait difficilement, mais elle avançait lentement à travers ce dédale sans fin. La main droite posée sur le mur de pierre, elle pouvait sentir les gravures sous ses doigts dont émanait une faible lueur bleutée comme les cristaux jadis à Aigue-Royale. Les runes qui y étaient gravées lui semblaient étrangement familières et pourtant, elle n’arrivait pas à replacer l’endroit où elle se retrouvait. Il fallait avancer à travers ce labyrinthe, mais pour aller où? Ça, elle l’ignorait, mais hors de question de reculer, car les ténèbres derrière elle semblaient bien trop opaques et effrayantes pour qu’il s’agisse d’une option. Non, elle devait avancer. C’était la seule chose dont elle était certaine.

Poursuivant son chemin, il mena la Larme de Néant à un endroit si lumineux qu’elle dut plisser des yeux le temps que ses pupilles s’y habituent. Les murs étaient devenus circulaires et le chemin se poursuivait plus loin, mais elle devait contourner une fontaine pour cela. L’endroit en soi était rassurant, la végétation y poussait et de nombreuses plantes fleuries grimpaient le long des murs. Elle s’y sentait en sécurité et avait la vague impression de se retrouver au centre du labyrinthe du jardin impérial de Gloria la Magnifique. Le seul souci c’était que cette Gloria n’existait plus. Un remous dans l’eau attira son attention et piquée par la curiosité, elle s’en approcha pour découvrir qu’un anneau de la rébellion se cachait au fond. Lorsqu’elle voulut y plonger sa main, c’est alors que son regard croisa celui de son reflet. La princesse de lumières se figea sur place : ce n’était pas une jeune femme blonde aux yeux bleus qu’elle vit, mais une dame qui ne ressemblait à rien du tout et dont le regard était vide. Un rire macabre retentit et rien n’aurait pu la faire plus paniquer que cet Esprit qu’elle redoutait tant et l’idée de s’emparer de la bague s’envola tandis qu’elle prenait ses jambes à son cou. Elle s’enfonça dans le couloir inexploré.

Ses pas martelaient durement le sol sans savoir où ils emmenaient la jeune femme. Droite ou gauche? Décidant de prendre la gauche, elle changea d’avis rapidement en voyant apparaître une myriade de petits yeux rouges luminescents. Elle courut et courut, zigzagant à travers le dédale jusqu’à ce que les aboiements s’estompent et que le silence redevienne maître des lieux. Tournant un coin, elle vit apparaître une fente lumineuse au loin. Complètement perdue dans cet endroit ténébreux, la lumière lui apparut comme étant salvatrice. Plus que quelques mètres et elle t’atteindrait. Plus que quelques mètres et elle atteindrait la sortie! Elle en avait la certitude.

Cinq…
Quatre…
Trois…
Deux…
Un…

Une grande porte métallique se dressait devant elle et tandis que Luna se glissait dans l’entrouverture, un grand coup la projeta contre le mur qui venait d’apparaître derrière elle. Le monde avait changé. Il n’y avait plus de labyrinthe et à la place, c’était une geôle froide et humide des plus lugubres.

Si tu pensais connaître la souffrance, le désespoir, la solitude ou l'angoisse, laisse moi te dire qu'il n'en est rien.

Un homme chauve mesurant près de deux mètres s’était avancé vers elle et il poussa vers la gamine une petite elfette. Mais avant que Luna puisse refermer ses bras contre elle, le Monstre la ramena à lui en tirant sur sa magnifique chevelure d’argent. Il empoigna fermement sa tête avant de la fracasser contre le mur sous le regard effrayé de Luna.

Un hurlement réveilla la soldate et elle réalisa avec horreur qu’il s’agissait de sa propre voix. Elle étouffa un sanglot tandis qu’elle porta son poing gauche à son cœur. Ce dernier battait horriblement vite et ne put commencer à se calmer que lorsqu’elle put retracer la présence d’Enetari sur le continent. Elle soupira de soulagement en la sachant en vie. Mais son cœur se serra à l’idée que ça ne signifiait pas qu’elle allait bien pour autant. Elle enfouit sa tête dans ce qui lui servait d’oreiller pour étouffer le mal qu’elle avait. Par chance, elle n’avait pas réveillé les autres qui dormaient dans le même logement qu’elle ou peut-être l’avait-elle fait, mais qu’ils étaient devenus habitués à ce que les soldats soient tourmentés par les cauchemars.

La gamine pivota dans son lit dans tous les sens afin d’essayer de trouver le sommeil. Mais il lui fut impossible de fermer l’œil et elle resta alors là à fixer le plafond. Se retournant à nouveau, son regard se posa sur la pierre de communication qui trônait sur sa table de chevet. L’idée de l’utiliser lui traversa l’esprit, mais elle la rejeta. Il devait être le milieu de la nuit et Dawan devait dormir paisiblement, lui. Ce serait égoïste de sa part que de le réveiller pour si peu… Du moins, c’était l’avis qu’elle avait pour l’instant.

Les minutes passèrent tandis que Luna fixait la pierre. Cela faisait un moment qu’elle n’avait pas vu son ami. Plus elle résistait et plus elle avait envie d’entendre sa voix, de l’entendre chanter et de l’entendre prononcer « Luna » comme seul lui le faisait.

- Source. Murmura-t-elle.

Elle avait finalement craqué. Et puis, ne s’étaient-ils pas dit qu’ils pouvaient se communiquer n’importe quand et pour n’importe quelle raison, tous les deux?

- Dawan…? Pardonne-moi de te déranger… Est-ce que tu dors? Lui demanda-t-elle doucement, utilisant la magie conférée par l’objet.

C'était presque dans un murmure que la princesse des lumières avaient prononcé ces mots. Si on écoutait attentivement, on pouvait y dénoter de la fatigue, mais surtout un léger tremblement.

[ Joyeux Anniversaire @Dawan Sywel ^^ ]
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Baptistrel Chanteciel

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MessageSujet: Re: Source Source Icon_minitimeMer 20 Mai 2015 - 17:00

Avait-il déjà discerné nuit et jour? Il ne se souvenait plus. La nuit était un jour comme les autres, sous terre. Elle l'avait toujours été. Déjà, au sein d'Aigue-Royale, Il n'y avait plus eu de raison de les dissocier. Au Protectorat, il lui semblait que même l'or fondant sur les roches ne témoignait plus de l'idée de jour. Considérations futiles.. Que le jour ou la nuit existent et soient distincts n'avaient aucune sorte d'importance.
Ce qui importait, c'était d'être là. C'était de pouvoir se porter au-devant de Fabius et de l'Ordre sans leur causer de tort. Ce qui importait, c'était de bien calculer son temps, pour tenir cet effort, tenir fermement la bride de ses pensées. Pour cela, il fallait à certains moments la lâcher totalement, et voir ces chevaux fous galoper sans aucun guide. Mais c'était là un rythme qui était venu seul, sans qu'il eut besoin de prendre quelque décision que ce soit.

Il dormait peu. Oh, il avait toujours aimé veiller, dans ces moments où le ciel se parait de noir, où les êtres s'enveloppaient de leurs manteaux nocturnes. Il avait mis cela sur le compte de son totem, oiseau nocturne, qui devait apprécier de retrouver son environnement. Depuis sa fuite, avec Fabius, il lui semblait, le temps qu'il accordait aux ombres pour son sommeil s'était rétréci, sans que cela influe sur son état en journée. Il fallait que ce soit la fatigue qui l'emporte dans les royaumes chimériques, ou il ne parvenait plus à les rejoindre.
Devant lui s'étalaient les feuilles, le vélin, les plumes et les encres. De part son apprentissage il savait choisir les éléments à utiliser. Il avait déjà beaucoup, beaucoup écrit. Son poignet était fatigué. Mais cette douleur-là lui était plaisante, il en redemandait. Une faible lueur magique l'éclairait et projetait l'ombre de sa main de l'autre côté des mots. Son diadème avait été jeté sur son lit lorsqu'il était rentré, tournoyant comme s'il portait sa robe favorite. Il avait eu tôt fait d'enfiler cette fine chemise de nuit qui était sienne. Penché sur son écritoire, il ne voyait pas ces filament blonds qui tombaient parfois devant son nez, et s'arrêtait parfois, surpris de voir que les lettres disparaissaient de temps à autre, avant de réaliser que c'étaient ses cheveux qui les cachaient. Il avait deux textes qui l'occupaient. Un relativement sérieux, sur lequel il ne pouvait se permettre d'écrire ce qui lui chantait, et un autre, qui était ce qui lui chantait. Concrètement, il s'agissait de la feuille sur laquelle il écrivait les mots qui le démangeaient.

Bientôt, la feuille ne lui fut plus suffisante, car c'était quelque chose de tout autre qui accaparait son esprit, qui ne pouvait s'écrire. Il traça des lignes. Cela ne suffit pas. Alors, prenant tout juste le temps de nettoyer sa plume, il se leva. Un geste de main, la sphère fut éteinte. Il était dans le noir. Disparu l'écritoire, disparu le lit avec son diadème, la table de chevet où trônait le présent de Luna, l'étui qui contenait sa vièle et son joyau. Le coffre qui contenait ses affaires, les babioles récupérées ici et là, plus ou moins cassées, les cailloux qu'il avait trouvés jolis, les plantes qu'il entretenait. Plus rien.
C'était comme s'il était brusquement entouré de rien. Un endroit infiniment grand où il était seul.
Les premiers pas lui renvoyèrent un écho très léger, que seul la musique de la nuit rendait audible. Il dansait. sa voix s'éleva peu à peu. Une rengaine sombre, une lamentation qu'il teintait de joie. Tout se mélangeait. Il avait envie que ces mots-là n'aient pas le même sens, pas celui qu'on leur attribuait habituellement. Qu'ils s'adaptent à ce que lui imaginait. Et autour de lui, la verdure dégoulinait de lui, trempait ses bras, collait ses cheveux à sa nuque et à son visage. Ô pluie, puisses-tu toujours abreuver le souffle des prisonniers.
Jamais plus dormir, jamais plus oublier. Souffle le vent sur les mémoires du passé. Le sang ne cesse jamais de couler, le vent ne cesse jamais de tourner.

C'étaient des tissus d'ombres qui coulaient comme l'eau sur lui, et leur parfum était soyeux.Il le décida, et des bras chauds l'entourèrent, bienveillants et protecteurs. Ô Mort ! Puisse-t-il éternellement guider les âmes. Là, dans ce coin de pièce, il y avait un autel qui lui était dédié. À lui, et à Feu. Conformément au souhait d'Elewyn. Conformément à l'argent sur son poignet. Sa voix s'appropriait l'air autour de lui, s'y mêlait, emplissait l'espace d'un même mouvement. Il chantait l'envie qu'il avait de voir les siens sans craintes un jour, à travers des mots qui n'y ressemblaient pas. Il chantait les fleur qui naissent sous la neige, et les lunes qui s'illuminent quand fondent les ténèbres.
Dawan... Oui ! Dawan, c'était lui, c'était lui ! C'était ce petit elfe qui se promenait dans Aigue-Royale, et qui ignorait que... Oh, Luna ! Un doux rire interrompit la chanson de Dawan, alors qu'il rouvrait les yeux. Un geste de la main, à nouveau la pièce s'éclaira. Luna put le voir, debout, puis à moitié assis par terre, appuyé à son lit (mais voyait-elle ce dernier ?), en chemise de nuit, les cheveux plus sauvages et indomptés encore qu'à l'ordinaire. Son éternel doux sourire sur les lèvres, ss grands yeux gris voilés malgré l'étrange lueur qui y brillait. Il avait perdu un peu de poids, en trois ans. Elle devait nettement pouvoir constater ses membres plus fins, son visage de même. Aux mouvements de son corps et à ses traits, il avait tout pour être une charmante elfette, malgré ses cheveux courts.
Il observait la silhouette brumeuse de sa petite soeur humaine, la princesse des lumières. Oh, il avait entendu le tremblement dans sa voix, il savait mieux que nul autre ce qui s'y cachait. Qui donc avait osé faire du mal à son humaine ? Nul ne devait toucher cette créature des Esprits !Elle était déjà bien trop fragile, oh, si fragile...

"- Si je dors... Si je... si je dors..." Son regard se perdait à nouveau dans les ombres. Il commença à chanter, doucement, une comptine: "Si je dors, fille et reine, viendrez-vous me réveiller, lorsque le jour sera tombé, et qu'il nous faudra échapper, au sombre regard de nos parents, au sombre regards et aux tourments..." Il s'étira. "Accordez-moi, petite reine, de partager votre royaume. La lumière y est si pleine que nous en sortons de feu et de ciel." Il se tourna vers Luna. Reprenant une voix encore légèrement modifiée par la chanson: "J'ai cru entendre de la peine en toi... Oh, ma jolie Luna ~ Et si tu me disais ce qui ne va pas ? Il arrive qu'en disant les choses les émotions qui s'y attachent s'érodent ou s'envolent, comme chassées de nous. Oh, ne crains rien, si tu crois plutôt que cela donnerait davantage de réalité à tes tracas. Dis-moi juste ce que tu attends de moi. À te voir ainsi, belle amie, il devient des plus précieux pour moi de pouvoir chasser ce qui hante ta voix."
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MessageSujet: Re: Source Source Icon_minitimeMar 26 Mai 2015 - 5:29

Est-ce que son chanteur dormait? Décidément, ce n’était pas le cas et Luna ne put empêcher le mince sourire de se dessiner sur ses lèvres lorsqu’elle s’en rendit compte. Dawan chantait. Elle ne le voyait pas dans toute cette obscurité, mais elle pouvait entendre sa douce voix réconfortante. C’était l’effet qu’elle avait sur Luna et dans tout son égoïste, elle était satisfaite de son choix et de l’avoir contacté. Déjà, elle sentait que ça allait mieux et elle se sentait apaisée par son chant.

Elle sourit davantage lorsque le rire de l’elfe retentit. Pourquoi s’esclaffait-il? Elle l’ignorait et la réponse l’importait peu. Ça lui faisait du bien d’être en la présence d’une personne de joyeuse humeur, bien qu’ils ne soient en contact tous les deux que par la pierre de communication. C’était presque comme s’ils étaient face à face l'un et l'autre dans une même pièce, presque… Elle espérait toutefois que Dawan était réellement de bonne humeur et que ce dernier se portait bien, que ce n’était pas une façade. Mais connaissant le chanteur, ce n’était pas son genre, non? C’était plutôt le sien malheureusement.

Une lumière chassa les ténèbres et à travers la brume, la gamine put enfin apercevoir la silhouette de son ami. Elle fit de même de son côté, apportant une douce lumière grâce à la forme lumineuse d’un chat provenant de son sort unique. Durant les premières secondes, elle ne le distingua pas très bien. Il fallut attendre que sa vision s’habitue à la pénombre et que l’elfe s’approche davantage pour apercevoir ses traits fins. À son sourire, elle lui répondit d’un sourire également. Elle en avait eu des plus joyeux et des plus légers, mais il était tout de même sincère. Elle était contente de le voir, lui, et n’aurait voulu voir personne d’autre que lui surtout qu’ils n’avaient pas l’occasion de se rencontrer aussi souvent qu’elle l’aurait voulu dans le Protectorat. C’était compréhensible puisqu’il y avait tant à faire au sein du désert.

La princesse des lumières ferma les yeux et se laissa doucement bercer par la chanson de Dawan. Malgré tout, elle ne serait pas capable de s’endormir. Pas maintenant tandis qu’elle était encore bouleversée par son mauvais rêve. Son cœur était anxieux par ce que son esprit lui avait fait voir et ce, même si elle savait parfaitement que le tout était le fruit de son imagination.

- Ô Dawan! Murmura-t-elle tendrement en premier.

Il avait deviné qu’elle avait vécu de meilleurs jours ou nuits, dans ce cas-ci. Était-ce parce que c’était toujours le cas lorsqu’elle le contactait? Il lui semblait que non pourtant. Elle aimait lui parler de tout et de rien de même qu’elle aimait lorsqu’il en faisait de même. Elle aimait chanter avec lui. Elle aimait jouer de la vièle avec lui. Elle aimait glisser dans le monde elfique en sa compagnie. Ils n’avaient pas besoin de se voir réellement pour se considérer proches. Non, s’il avait deviné qu’elle n’allait pas bien, c’était qu’il la connaissait suffisamment pour cela.

- Ni návë valin i tye návë sanomë. (Je suis heureuse que tu sois là.) Prononça-t-elle lentement dans la langue de son ami, prenant quelques secondes à chaque mot pour réfléchir au mot qu’elle voulait employer ainsi qu’à la prononciation.

L’elfique de Luna s’améliorait, mais elle ne le pratiquait pas suffisamment pour être en mesure de le maîtriser. Elle se demanda si l’elfe allait comprendre ce qu’elle avait voulu lui dire.

- Juste que tu sois là… Tu as fait déjà énormément pour moi, je n’en demande pas plus. Merci Dawan. Il est si tard… Ce n’est pas raisonnable que je te contacte à pareil moment… Poursuivit la jeune humaine, reprenant son langage maternel.

Elle posa son regard sur lui et lui fit un petit sourire qui s’éteignit rapidement.

- Non… Ça va. J’ai juste fait un rêve… un mauvais rêve. Prononça-t-elle dans un murmure avec un soupçon d’amertume dans la voix.

Elle savait que c’était absurde d’être troublée par un cauchemar. Elle était une grande fille maintenant et elle ne devrait pas être aussi affectée par ce genre d’événements. Pourtant, bien que rien qui s’était passé dans son rêve ne fût vraiment réel, la tristesse et les craintes qu’elle éprouvait en ce moment l’étaient. Encore plus maintenant qu’elle y repensait et qu’elle pensait à tous les gens auxquels elle était séparée. Elle détourna le regard pour le poser sur son animal de lumière et du revers de sa main, elle essuya ses yeux avant que l’humidité puisse s’y installer.

- Tu crois qu’ils… qu’ils…? Poursuivit-elle sans parvenir à achever sa phrase.

La princesse des lumières mêla l’azur au gris.
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MessageSujet: Re: Source Source Icon_minitimeJeu 28 Mai 2015 - 15:09



Elle réussit à arracher un sourire à son coeur, changeant sa langue natale pour l'elfique. Il aimait chaque mot qu'elle prononçait ainsi. C'était un bout de sa forêt qui ne mourrait pas. Pas tout de suite, du moins. S'était-il passé une journée sans qu'il pensa aux arbre, à la maison qui l'avait vu grandir, à Tomingorllo ? Il en doutait. Dans les moments où il débridait ses pensées, il savait qu'elles portaient ce souvenir devenu brûlant, interdit par les nécessités. Il le savait... Mais il ne se souvenait pas trop de ces moments. Il croyait se rappeler vaguement d'une fois où il s'était posé au milieu des cavernes, où le jeu de sa vièle s'était fait sombre et tourmenté. Tomingorllo... Jamais il n'aurait pu concevoir un temps où le son de ce mot se composait de nostalgie. Il s'était imaginé que si ce devait être le cas, sa vie aurait sans doute perdu une grande part de son intérêt. Le fait était que Tomingorllo n'était plus, mais que l'Ordre était toujours là. Alors il fallait continuer, parce qu'il était toujours sur le chemin qui lui était échu.
Il aurait pu n'avoir aucun espoir. Au fond de lui, il savait pertinemment que son peuple n'avait que de faibles chances de perdurer encore. Devoir être le souffle manquant de Silarae et petit-homme-une-orbite l'avait poussé à se raccrocher à ces faibles chances, là où il aurait pu tomber. Mais parfois, lorsqu'il écrivait pour Luna, il se souvenait que ce n'était pas l'espoir qui animait sa plume, mais la certitude que l'écrit survivait à l'oral. Ô Mort, puisses-tu épargner les âmes encore une année...

L'ombre reposait sur ses épaules et autour de son ventre comme les bras d'un amant. elle absorbait ces pensées-là et, mêlée à l'écho trop faible de son ancien chant, absorbait le plus sombre de ses pensées. Ne restait alors que la joie d'entendre sa petite humaine faire vivre son langage, et un sentiment plus diffus, plus confus, mais inoffensif. Il avait véritablement la sensation de bras autour de lui.
Un signe de main, un signe de tête, il signifiait à Luna qu'il n'y avait aucun inconvénient à ce qu'elle le contacte à pareille heure. "Ne crains rien. J'étais réveillé avant que tu viennes à moi. Mon temps t'est désormais dévolu."
Le soleil des nuits Protégées versa un sang sans couleur. Dawan eut un mouvement, comme un sursaut, et cessa de s'appuyer à son lit. Hâtivement, du regard, il chercha autour de lui, une main posée sur le bras d'ombres autour de son ventre. Il lui sembla croiser le regard desdites ombres. Un regard tendre, bienveillant, encourageant. Comme si elles le poussaient, du bout de leur museau, à se rapprocher de Luna. Il se tourna à nouveau vers elle. "Luna, Luna... Entends-moi... Tu m'entends, Luna ?" Sa petite main s'était tendue vers la silhouette brumeuse de son amie. Il la ramena à lui, étira un très léger sourire. "Pourquoi n'y a-t-il pas de lune à tes côtés ? Ithilên..." Enfant de lune. Dawan s'assit en tailleur, le dos bien droit, ses mains sur ses chevilles. Il regrettait que Luna ne puisse sentir le contact des ombres comme lui le sentait. Alors il chanta. D'abord, des notes sans paroles, simples voyelles tenues. Peu à peu, elles se changèrent en comptine.

"Apparaissent, une à une,
Les étoiles au clair de Lune.
Au coeur du ciel elles éclairent
Et nos songe et nos prières.
Brillent brillent éternelles,
Les étoiles au sein du ciel..."


Il répéta, en elfique, cette comptine toute gentillette. Se détacher des larmes de Luna, pour mieux les sécher. Il n'aimait pas la savoir mal. Son regard se perdit vers le plafond. Les ombres lui paraissaient enlacer son torse. "Sais-tu jolie Luna, ce que je vis autrefois ? Entres roches et solitude, une scène de douce quiétude. Mon espoir, pour une fois, ranimé par l'Alayia..." Sa voix gardait les inflexions de la comptine. Il chercha sur l'expression de Luna ce qu'elle pouvait ressentir. Etait-elle surprise ? Comme on pouvait l'être d'entendre un elfe parler ainsi d'un Alayien. "Christan Weren le général, Leohana mellon-en-roval. Tous avaient leurs armes rangées, tous deux à présents alliés. Il suffit de peu, tu vois, pour faire un beau songe, Luna." Il paraissait avoir douze ans humains. Pas plus. Il s'était doucement balancé d'avant en arrière. Croyant être soutenu par les ombres, ils s'était laissé aller plus encore, croyant qu'elles le rattraperaient. Cela n'avait pas été le cas, aussi laissa-t-il échapper un petit bruit de souffle surpris quand il se retrouva allongé, avec une petite douleur sur l'arrière du crâne.
Il se sentit stupide, cela le fit rire un peu. Et Luna ? Elle pouvait, elle. Si d'autres riaient de lui, il n'était pas sûr que son coeur s'y plaise. Mais si Luna riait, il savait qu'elle riait avec lui. Oh, sa Luna... Il se redressa, prit la pierre de communication et la posa sur le lit, avant de s'accouder sur ce dernier, lui faisant face, sa tête reposant sur ses mains, observant la princesse.

"Un rêve peut-il avoir raison de toi ? Je t'ai vue t'entraîner... Mais je crois que tu ne m'as pas vu. Nous ne faisions que passer, Fabius et moi... Ne peux-tu pas défaire ton rêve comme on défait un adversaire ? N'oublie pas de revenir vers moi... Luna ! Tu t'es fait des amis parmi les... Parmi tes collèges ?"

Sa voix avait repris des tons plus adultes. Il avait peut-être cent quarante ans. Mais le regard qu'il posait sur la silhouette de Luna était tout songeur.
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MessageSujet: Re: Source Source Icon_minitimeMer 3 Juin 2015 - 15:55

Luna prit une grande respiration puis ferma les yeux, se laissant doucement bercer par la voix de son chanteur favori. Il avait réussi à la convaincre qu’elle ne le dérangeait pas et elle lui en était reconnaissante. Mais s’il ne dormait pas, que faisait-il encore éveillé à cette heure de la nuit? Avait-il des soucis ou des monstres qui l’empêchaient de fermer l’œil? Travaillait-il sur quelque chose dont il voulait absolument terminer? Peut-être qu’elle s’inquiétait pour rien à son sujet et que son cycle circadien avait simplement été chamboulé avec cette nouvelle vie dans le désert dont le jour signifiait des températures extrêmement brûlantes. Pourquoi se faisait-elle du souci d’ailleurs quant à Dawan? La réponse était si simple : il était son ami et elle lui souhaitait tout ce qu’il y avait de meilleur pour lui, rien de moins. Bien que si simple, c’était une chose devenue si compliquée à obtenir, voire impossible malheureusement. La vie était difficile dans le désert, mais elle n’en diminuerait pas ses standards pour autant.

Ses larmes cessèrent et elle les effaça une dernière fois de son visage. Il n’existait rien comme une jolie chanson pour chasser les peurs d’une enfant et c’était comme cela qu’elle se sentait à cette heure de la nuit. Ses pensées voguèrent à travers le temps, à travers ses souvenirs, et elle s’accrocha à la voix de sa mère qui lui chantait également une berceuse lorsqu’elle en avait le besoin. Cette pensée ne l’attrista pas davantage et même qu’elle apporta un baume sur son cœur. Elle se rappelait… Elle se rappelait de la douceur de sa voix et de toute l’affection qui se logeait dans son regard. Elle pouvait ressentir le même effet avec Dawan. C’était une belle comptine que celle-ci et elle se concentra sur chaque mot que prononçait l’apprenti-baptistrel, autant dans sa langue natale qu’en elfique. Elle sourit en se rendant compte qu’elle comprenait toujours ce qu’il lui disait, ce qui voulait dire qu’elle faisait de plus en plus de progrès.

Elle ouvrit ses paupières et jeta un regard perplexe à son ami lorsque son chant se transforma en une question. Mais de quoi parlait-il? Elle ne comprenait pas où il voulait en venir avec son Alayia, ses roches, sa solitude, sa quiétude ou son espoir. Elle écarquilla des yeux lorsqu’il mentionna le nom de Christan Weren et ses muscles se crispèrent aussitôt. Cependant ils se détendirent presque aussi rapidement en entendant que la rencontre entre sa sœur et l’Alayien s’était bien passée, si on peut le dire ainsi. Le mastodonte en armure était un être qui lui était difficile à cerner et elle ne savait plus trop comment elle devait le considérer. Ennemi ou allié? Pouvait-on réellement changer avec les années? Leohana était chanceuse de ne pas avoir à se poser la question aussi profondément que la Larme de Néant. Comment allait cette dernière, d’ailleurs?

- Qu’est-ce que Weren voulait à ta sœur? Dit-elle.

Elle ne put cacher son amertume dans sa voix. Certes, Luna ne le détestait plus autant qu’auparavant, mais elle était loin de l’aimer.

- Manen… va Leohana? (Comment… va Leohana?) Prononça-t-elle par la suite. Elle avait fait une longue pause suite au « Manen » et finalement avait renoncé à retrouver dans sa mémoire fatiguée la traduction de « aller » en elfique.

Un moment plus tard, Dawan s’était mis à rire pour une raison qui échappait à Luna. Elle ne mêla pas son rire au sien, mais elle sourit gaiement à le voir ainsi. Ça lui fit du bien de voir quelqu’un qui semblait être de bonne humeur. Se faisait-elle du souci pour aucune raison? Mais c’était plus fort qu’elle, ses monstres surgissaient la nuit lorsqu’elle s’en attendait le moins et qu’elle n’était pas préparée pour ça.

La princesse des lumières le fixa, réfléchissant au moment où Dawan avait pu la croiser sans qu’elle ne le remarque. Elle abandonna finalement : ça pouvait être à n’importe quel moment. Lorsqu’elle s’entraînait, souvent, le monde n’existait plus autour d’elle. Avant de prononcer quoi que ce soit, elle prit la pierre dans ses mains et la posa également sur le lit face à elle. Ainsi, elle se rapprochait davantage de son ami même si ce n’était qu’à travers la brume.

- Des amis…? Euuh… Elle fit une pause avant de poursuivre. J’ai rencontré quelques personnes sympathiques. J’aime bien mon commandant, Caleb Folmer, et j’ai la connaissance d’une Glacernoise. Dit-elle lentement.

C’était les deux personnes qui lui venaient en tête. Les autres étaient plutôt des collègues. Elle se battrait sans problème à leurs côtés, mais elle ne pouvait se vanter d’avoir des affinités avec eux pour autant. Pouvait-elle les considérer comme des amis, cependant?

Elle laissa échapper un soupir.

- Si seulement… murmura-t-elle. Si seulement je pouvais chasser mes craintes comme on peut chasser un ennemi… J’ai rêvé… J’ai rêvé à Enetari cette nuit. Elle me manque. Je sais qu’elle est là, de l’autre côté de la barrière… Mais va-t-elle seulement bien…? poursuivit-elle dans un murmure également.

En ces trois ans, Luna n’avait cessé d’aimer l’elfette et de penser à elle. Elle savait que les choses ne seraient plus jamais pareilles, mais ça ne changeait rien. Comme une amie, comme une sœur, comme son soleil; elle l’aimait, un point c’est tout. Son regard se posa aussitôt sur la bague qu’elle portait à son annulaire gauche. Dawan devait bien être le seul à connaître toute la signification derrière ce bijou.

Les yeux toujours posés sur « Lunetari », les lèvres de la jeune femme s’étaient mises à bouger et une voix presque étouffée s’était élevée. Elles reformulaient l'ode à Thanïlle.
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MessageSujet: Re: Source Source Icon_minitimeJeu 4 Juin 2015 - 1:09

[HJ: je suis presque désolé pour la longueur du post. T'avais qu'à pas m'inspirer, c'est ta faute. eliow ]

"- Weren, il…"

Alors que Luna réfléchissait, lui tentait d'imbriquer les quelques morceaux de mémoire qui lui revenaient pour arriver à cette information. Il avait surtout retenu le son de sa propre voix, la comptine Alayienne, les excuses de Christan, et le bruit des burins… Mais avant, c'était avant qu'il fallait chercher ! Avant le choc contre la pierre ! Il se souvenait… Oh, au final, on pouvait très bien dire que le général Weren n'avait rien voulu à sa soeur. C'était elle qui, la première, avait pointé son arc sur l'Alayien. Mais au moment où Dawan ouvrait à nouveau la bouche pour proposer cela, une autre pensée s'interposa, et l'arrêta net. Dans un souffle, il répondit alors:

"- Est-ce si important ? "

Il avait senti dans sa voix qu'elle n'envisageait pas que l'origine de leur rencontre soit pacifique. Tenait-elle à ce point à garder une sombre image de leurs nouveaux alliés ? Etait-ce là ce que l'on apprenait aux jeunes combattants, l'entretien de la haine et des premières pensées liées à un individu ? Non, non. Quand bien même cela l'eut été, Luna ne se serait pas laissée avoir, il le savait ! Son rêve devait encore la hanter. Il fallait le chasser, chasser les fausses notes dans la voix de sa petite humaine. Là, ne voyait-elle pas ce qui était bien plus important ? Il laissa échapper une note. Alea, la note des alliances entre les êtres. Comprenait-elle, ainsi, que le moment où Leohana et Christan avait échangé le mot "allié" valait plus que toutes les rancoeurs elfiques qu'ils pouvaient avoir ?

"- J'ignore comme elle va, ma fière Leohana. D'apparence, en tout cas, pas plus mal que maints du Protectorat. Elle me parait toujours faite d'une énergie dont la source jamais ne se tarit."

Finalement, Luna eut un geste qu'il comprit comme concernant la pierre de communication. Tiens, elle paraissait un peu moins brumeuse ainsi, un peu plus nette. Il se hissa sur son propre lit, s'y assit en tailleur. Il était encore trop vif pour quelqu'un qui aurait dû aller dormir. Ses gestes n'avaient néanmoins pas cette sorte de brutalité qui incombait parfois aux nocturnes. Ses yeux gris détaillaient la silhouette intangible, trop ouverts pour cette heure indue. Il retrouvait dans les traits tous justes éveillés de sa petite Luna quelque chose que seuls les vivants les plus juvéniles possédaient, sans qu'il sache pourquoi.Ses mains posées sur ses propres chevilles, sa tête dodelinant légèrement, il songeait que non, non, elle ne pouvait pas avoir persisté à nier que Christan Weren avait un bon côté. Il songeait que nul, nul ne devait blesser sa jolie, jolie Luna. Même dans un entrainement, même pour jouer. Oh, et si cela arrivait ? Il espérait qu'elle penserait à le trouver, ou trouver un de ses collègues aux soins savants ! Il faudrait, il faudrait…

"- Caleb Folmer. Caleb…."

Le petit Enwr répétait, tout bas, ce nom qu'il avait déjà entendu ici et là, au hasard de ses déambulations Fabiussiennes. Il n'aimait pas les histoires de guerre, ne comprenait que vaguement leur système et, ne pouvant apporter quoi que ce soit aux conversations, profitait généralement des moments où ces dernières se tournaient vers l'armée pour laisser son esprit s'évader vers d'autres cieux. Mais Folmer, oui, il connaissait. Désormais, ce ne serait plus un nom parmi d'autres. Ce serait "ami de Luna". Enfin, avec ce mot que les elfes avaient pour désigner les personnes que l'on "aime bien".
Il ne savait plus pourquoi il avait posé la question. Mais cela n'avait pas d'importance. La voix de Luna reprit, il se tut immédiatement pour l'écouter. Ses murmures avaient quelque chose d'étrange, qui le chatouillaient entre ses oreilles. Enetari… C'était donc cela. Elle pouvait bien avoir tous les amis qu'elle voulait, tous les présents qu'il avait à lui offrir, tous les chants et toutes les symphonies, qui donc aurait pu remplacer son aimée ? Oh, il n'était pas à sa place, non non, au fond, il ne pouvait savoir. Il ne pouvait extrapoler ses propre sentiments et admettre qu'ils étaient ceux de Luna. Mais il voyait bien sa peine… Que n'aurait-il pu lui apporter sa tendre amie, sur l'heure ! Enetari avait sans doute auprès de Luna des pouvoirs que lui n'avait pas. Une embrassade, une étreinte, et Luna aurait oublié son vilain rêve, pour sûr… Non, non, ne pas s'imaginer que les émotions de Luna… Mais c'était si difficile ! Relevant son regard de la bague à sa main droite, il l'observa à nouveau. Elle l'avait imité. Comment pouvait-il ne pas avoir l'impression que les sentiments de sa princesse aux yeux d'azurs n'étaient pas aussi clairs que l'eau à sa source ? Ou alors, il confondait. Ou alors, il était perdu. Un bref instant, il eut une sorte de vertige. Qu'est-ce qui vraiment émanait de lui, qu'est-ce qui venait de l'extérieur ? Qu'est-ce que son esprit savait et interprétait, qu'est-ce qui n'était que perception ?
La voix de Luna s'élevait peu à peu. Ce fut elle qui ramena Dawan au sein de ce monde alors qu'immobile il contemplait un monde où tout se mêlait sans qu'il parvienne à se raccrocher à quoi que ce soit. Mais cette voix, c'était la princesse des Lumières, et elle brillait comme la lumière au bout d'un tunnel. Il la percevait, oui. Elle provenait de la pierre. Elle chantait bien. Quel dommage qu'elle ne puisse devenir Enwr… Ils auraient fait les quatre cents coups, au sein du Domaine ! Il lui aurait montré tout Tomingorllo. Mais si, Tomingorllo existait encore ! Il existait dans son coeur, alors c'est comme si ce n'était jamais disparu. Il devait même pouvoir le rendre réel… S'ils avaient eu l'éternité devant eux, si cela avait intéressé Luna, il aurait pu chanter leur ancien Domaine mètre par mètre, pour lui donner une forme dans le temps et l'espace. La voix de Luna contenait en elle le symbole de l'affection que Dawan portait à cette petite humaine, une affection qui désormais se passait des limites de leurs espèces respectives. Il était comme tous les êtres qui sont chers au coeur: immortelle. Une immortalité placée comme une certitude dans un être vivant. Le monde pouvait tomber, il y avait toujours Luna. Alors cela voulait dire qu'il existait, que les lois établies ici bas gardaient une cohérence…

Il s'y était raccroché, peu à peu tout reprenait une place plus conventionnelle, comme si les contours de son enveloppe corporelle se définissaient plus clairement. Comme cela se faisait, une partie de sa conscience reconnut l'ode. Oui, Thanïlle ! Pourtant c'était une toute autre chanson qui hantait le petit Dawan, et qui se mêlait à celle-là. C'était la chanson à laquelle il avait songé lorsque, pour la première fois, il avait surpris les deux jeunes femmes dans une proximité qui outrepassait les limites admises entre deux bipèdes de leur condition.
Les liens se créaient, et la sensation douce des ombres sur lui aidait à le maintenir ici, autant que les deux musiques mêlées. Bientôt son murmure se mêla à celui de Luna. Bientôt il se fit plus hésitant. Il murmura le nom de son amie, comme pour attirer son attention. Sur l'air de l'ode, il reprit une toute autre histoire. L'histoire d'un jeune homme, un humain, un ébéniste, aux cheveux d'or, qui un jour s'éprend d'une femme fabuleuse. Elle est pleine de malice, pleine d'esprit bien que ne connaissant pas les lettres, pleine de vie et prompte à s'aventurer sur les sentiers parfois dangereux de la vie. Leurs coeurs viennent à se mêler, ils vivent une douce et tendre histoire d'amour bercée par la tendresse des deux grands astres qui veillent sur le monde. Mais bientôt et par la force des choses, les voilà séparés. Les affaires tant du jeune homme que de son père l'emmènent loin de cette belle enfant. Le temps passa, les mains du jeune homme à leur ouvrage, son âme à son aimée. Si bien que lorsque vint le jour de le marier, lorsque son père vit l'opportunité d'une élégante alliance, il reprocha à son enfant son attachement envers un amour qu'il disait fantôme. Alors le jeune homme tint un discours à son père, pour lui montrer que de l'amour il ne savait que peu de choses. Oui, il avait eu une femme, et avec elle il avait pu partager moult gestes affectueux. Mais Amour était plus que cela. Amour était un vent, un vent capable de faire se mouvoir les Hommes, certes, mais également un vent beaucoup plus puissant. Il pouvait créer les tempêtes, il pouvait porter la voix au loin. Si entre certains amants l'amour était une douce brise qui faisait tout juste se rider l'eau de la mer, pour lui il s'agissait d'une tempête incontrôlable. Des vents si puissants qu'ils parcouraient la distance, qu'ils parcouraient le temps, sans jamais faiblir. Il affirmait son amour si puissant qu'il pouvait ne revoir sa dulcinée qu'aux derniers jours de sa vie d'Homme sans jamais avoir cessé d'éprouver pour elle la même passion, là où d'autres s'érodaient en caresses et en baisers.

Il ne termina pas la chanson. Luna n'en saurait la fin. Ou alors, elle l'inventerait. Y avait-il seulement une fin ? Une fin correcte ? Il ne savait pas. Il n'osait prétendre quoi que ce soit. C'était un monde nouveau qu'il effleurait là. Au final, il était encore hésitant. Sa voix avait peu à peu faibli, comme il réalisait que la fin de l'histoire lui était floue, lui échappait. Pourtant, le reste était venu tout seul ! Où avait-il entendu ce conte ? L'avait-il seulement entendu ? Il ne savait pas… Pas trop… L'ongle de son pouce s'était porté à ses lèvres, et il paraissait s'adresser aux ombres à ses côtés:

"- Cette bague, n'est-ce pas celle enchantée qui vous relie ? Ne penses-tu pas qu'elle peut tarir tes craintes sur Enetari ?"

Il ne savait plus. Plus trop. Il entendait la voix du jeune ébéniste dans sa tête qui faisait tournoyer les vents et qui travaillait son bois en attendant que le temps le rapproche de sa belle. Dawan était très occupé à espérer très très fort qu'ils se retrouveraient bien plus tôt, et que les vents violents de leurs sentiments puissent devenir de puissants créateurs.
L'autre musique ne l'avait pas quitté néanmoins. Il eut un petit sursaut, un sourire. Il attrapa son oreiller pour le serrer contre lui. Ses blondes mèches barraient partiellement son regard, il n'en avait cure. Luna paraissait juste un peu plus floue. Plus doucement, comme pour bercer Luna, il commença alors ce chant qui lui trottait dans la tête. Aucun prénom: Luna les devinerait aisément. C'était deux jeunes femmes au pays des chimères, là où jamais le sang ne tachait les habits. C'était l'histoire de la célébration de leur amour et de leurs poignets Liés. L'histoire de l'elfette qui arrachait son humaine chérie aux griffes d'un ours gigantesque qui paraissait vouloir les séparer. Une chevauchée idyllique au sein de plaines duveteuse, plus vertes que ce qui leur avait été donné de voir jusqu'alors. Et sans souci, leurs mains pouvaient se toucher. Elles étaient plus libres que les habitants des cieux, et proches autant qu'elles le souhaitaient.
Sa voix s'éteignit peu à peu, à nouveau. Il se laissa tomber sur le matelas, son habituel fin sourire sur les lèvres. Sourire qu'il perdit un bref instant en voyant la pierre de communication bondir sous l'effet de son mouvement, qu'il retrouva sitôt que la pierre eut repris sa position originelle. Ouf, rien de cassé ! Quel imprudent il était ! Un souffle un peu fort, ébauche de rire. Il avait gardé son oreiller contre lui.

"- Espérons que votre réunion ne saurait tarder. Accrochons-nous aux rêves qui réchauffent nos coeurs, ils sauront nous guider…"


Dernière édition par Dawan Sywel le Mer 10 Juin 2015 - 10:33, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Source Source Icon_minitimeMer 10 Juin 2015 - 4:13

Luna hocha négativement la tête puis haussa les épaules. En effet, ce n’était pas vraiment important. L’important c’était que Weren n’avait pas fait de mal à la petite sœur de Dawan et ça ne semblait pas être le cas sinon il ne lui en parlerait pas de cette façon. Si elle pouvait éviter de penser à cet individu en armure, c’était même mieux. Elle concentra plutôt ses pensées sur cette petite Sywel et son frère lui arracha un sourire à parler d’elle ainsi. Réalisait-elle à quel point il l’affectionnait tant? Elle pouvait le ressentir au son de sa voix et aux mots qu’ils avaient choisis. Elle l’avait d’ailleurs remarqué à la façon dont il posait son regard grisâtre sur elle. À plusieurs reprises, Luna les avaient aperçu ensemble de loin, mais elle n’avait jamais eu l’occasion de rencontrer Leohana en bonne et due forme. On pourrait presque croire que les esprits s’amusaient à ce que les deux jeunes femmes ne puissent se rencontrer. Lorsque Luna n’était pas occupée par ses tâches de soldate ou d’entraînement, c’était l’elfette qui était occupée par… Par quoi? Elle l’ignorait et ça n’avait aucune importance. Elle avait beau ne jamais lui avoir parlé en personne, elle avait pratiquement l’impression de la connaître et de vouloir la prendre dans ses bras pour qu’aucun ne puisse jamais la blesser. Pouvait-elle être sa petite sœur à elle aussi? Cette idée lui fit sourire davantage et elle se perdit ensuite dans ses pensées, dans un monde sans violence où la Larme de Néant avait un grand frère pour l’embêter et un petit bonhomme à prendre soin, ainsi qu’une mère sortant de la cuisine avec de bonnes brioches et un père fière de montrer le bout de bois dans lequel il venait de sculpter la forme d’un animal.

Par la suite, la protégée de Korentin était sortie de ses songes, avait ramené Dawan près d’elle et s’était installée confortablement sur son lit. Elle sourit en entendant le nom de son commandant et mais ne prononça pas un seul mot. Dès sa première rencontre avec Caleb, elle l’avait appréciée et elle avait su qu’elle pouvait compter sur lui. Elle savait également qu’il aiderait Dawan si jamais celui-ci avait besoin d’aide ou de quoi que ce soit. S’ils avaient à se rencontrer, nuls doutes qu’ils s’entendraient bien. Après tout, qui pouvait détester Dawan et Dawan était-il capable de détester quelqu’un? C’était deux choses qui lui paraissaient impossibles.

La princesse des lumières s’était à nouveau perdue dans ses pensées tandis qu’elle demandait à Thanïlle de veiller sur sa Enetari. Son parfum enivrant, son sourire moqueur, cette étincelle se logeant dans ses yeux gris comme nulle autre lorsqu’une idée venait de lui traverser l’esprit, ses douces lèvres sur les siennes, la sensation de sa main caressant sa peau, l’amoureuse se rappelait de tout comme si c’était hier. C’était à la fois libérateur et si cruel… Qu’est-ce qu’elle lui manquait! La voix de Dawan prononçant son pronom la tira de ses pensées et elle détacha son regard de Lunetari pour le poser sur le chanteur. Elle reconnaissait l’air sur lequel il prononçait ses paroles, mais c’était la première fois qu’elle entendait ces dernières. C’était l’histoire de deux amoureux qui avaient été séparés et dont l’amour ne tarirait jamais. C’était une belle histoire, mais à la fois triste parce ces deux âme-sœurs n’avaient pu vivre leur amour ensemble. L’elfe laissa la fin en suspens et au lieu d’inventer celle-ci, la citrouille d’amour s’imagina sur son lit de mort, ridée et usée par le temps, sourire en voyant son magnifique soleil arriver près d’elle. Elles s’échangeaient un dernier « Je t’aime ». La jeune femme secoua la tête afin de chasser cette pensée, elle ne voulait pas y penser. Il fallait se concentrer sur l’instant présent, mais il n’y avait pas d’Enetari dans l’instant présent. Son regard se posa sur Dawan. Non, il n’y avait peut-être pas d’Enetari, mais elle avait la chance d’être avec celui qu’elle considérait comme étant son meilleur ami.

- Oui, c’est bien cette bague… Je ne l’ai jamais retirée depuis l’avènement de Vraorg. Je me rappelle encore quand je l’avais offerte à Enetari. Quand je la lui avais remise, je m’étais dit que c’était une façon pour que l’on soit toujours ensemble malgré la distance et malgré tous ceux qui seraient contre notre relation… C’était plutôt à son père que je pensais à ce moment-là. Jamais je n’aurais cru qu’on soit séparée de la sorte. Elle émit un petit rire, plus nerveux qu’autre chose. Lunetari, c’était une façon d’avoir toujours l’autre avec soi. Poursuivit-elle dans un murmure.

C’est un regard attristé et empli d’affection qu’elle posa sur la bague et elle tourna l’anneau autour de son doigt sans toutefois la retirer. Heureusement que la jeune amoureuse avait pensé à faire sur mesure ce bijou, sinon elle était pratiquement certaine qu’elle serait devenue folle à ne pas savoir ce qu’était devenue sa Terendul.

Du coin de l’œil, elle aperçut l’image de Dawan se mouvoir brusquement et tout redevenir calme. Elle leva un œil curieux sur lui, se demandant ce qui s’était bien passé, mais au final, ça n’avait pas vraiment d’importance. La communication restait intacte et elle put entendre parfaitement les encouragements de son ami.

- Oui, tu as raison. Je devrais arrêter de trop m’en faire. Enetari se trouve à Gloria. Je le sens lorsqu’elle se déplace d’un endroit à un autre. Elle va bien, j’en suis certaine… Ou du moins, elle ne va pas mal. Dit-elle lentement. Après tout, pouvait-on vraiment bien aller lorsqu’on était près de Vraorg? Elle avait du mal à se l’imaginer. Ce qui était important, c’était qu’Enetari n’était pas enfermée à quelque part et si elle pouvait se déplacer, c’était qu’elle avait une certaine liberté. Elle n’était pas maltraitée… Pas pour l’instant… Le cœur de Luna rata un battement à cette pensée. Un jour… Un jour, je franchirai cette barrière et j’irai la retrouver. Murmura-t-elle d’une voix déterminée.

L’idée de quitter la protection des Esprits lui faisait peur, mais moins que de ne jamais revoir Enetari ainsi que ses proches qui se trouvaient de l’autre côté.

- Un jour, il n’y aura plus de Vraorg… Ce n’est pas qu’un rêve, c’est une certitude. Poursuivit-elle. Et à ce moment-là, on ira se promener dans les forêts elfiques que les Esprits voudront bien recréer… Toi, moi, Ene et Leoh’… Qu'est-ce que tu en dis?

Était-ce un rêve pouvant devenir réalité?

- Dawan? Tu as des tracas dont tu voudrais parler…? Demanda-t-elle gentiment.

Elle avait beaucoup parlé d’elle et de ce qui la tracassait, formuler ses craintes l’avaient aidée à remettre ses idées en place et à regagner confiance. Elle se sentait mieux, beaucoup mieux déjà. Elle lui sourit. Comprendrait-il qu’elle était là pour lui s’il avait besoin d’elle? Dawan était d’apparence joyeuse, mais elle savait qu’il n’était pas rare que les gens cachent leurs soucis derrière leur sourire. Elle faisait malheureusement partie de ces gens. Était-ce le cas de son ami?
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MessageSujet: Re: Source Source Icon_minitimeVen 12 Juin 2015 - 18:29

Ce petit anneau que Luna et Enetari portaient toutes deux était une bénédiction. Il aurait aimé avoir le même… Mais il lui en aurait fallu plusieurs à chaque doigt. Pour être sûr que ceux à qui il tenait allaient toujours bien, et avoir en lui cette certitude qui parfois défaillait pour laisser place à un vide vertigineux. Qu'est-ce qui annulait ce vide, déjà ? Qu'est-ce qui ramenait à lui le sentiment que ces êtres étaient immortels et invincibles ? Qu'est-ce qui lui faisait oublier que le temps d'un battement de cils, Luna était devenue adulte ?
Il serra un peu plus fort son oreiller contre lui, avec la cruelle impression qu'un instant les bras d'ombre l'avaient abandonné. Il éteignit la lumière d'un très léger mouvement de main. Peut-être n'y avait-il que sa concentration vacillante pour le protéger de ce monde. Peut-être même qu'elle n'était là que pour cela. Les anneaux, autour de ses doigts… Il en fallait au moins douze. Il en fallait aussi un pour chaque Enwr. Un pour chaque patient. Un pour chaque ami… Il n'avait pas assez de doigts. Cela l'aurait tant apaisé… Et sa Luna, la princesse des heures sans soleil, qui était soldate maintenant… Comment pouvait-il ne pas se faire un sang d'encre pour ceux qu'il aimait, quand ces derniers s'amusaient à mener une vie dangereuse ? Ô Feu, ô Mort, puissiez-vous les protéger tous. Mais quelle idée de s'affronter dans des combats à mort…

Les visages défilaient dans son esprit, les voix, les actes… Comme un regard d'obsidienne s'imposait, la voix de Luna exprima ses pensées. Alors il eut à nouveau la crainte de s'être mélangé avec ce qui l'entourait, au point de ne pouvoir distinguer ce qui émanait de lui et ce qui venait de l'extérieur. Mais non, elle avait dit "la", c'était bien la voix de Luna, c'était pour l'elfette… Lui, ce n'était plus un elfe. Peut-être pourrait-il lui demander des nouvelles d'Enetari, pour sa lumineuse amie ? Il essayerait… Cela lui ferait plaisir, pour sûr. Peut-être pourrait-il leur arranger un rendez-vous, une rencontre ? Il verrait, il verrait… Il fallait y penser…
Son regard fixait l'ombre au-dessus de lui, qui aurait peut-être été un plafond si'l y avait eu de la lumière. Un de ses poings était venu se poser contre ses lèvres, comme pour l'empêcher de parler. C'était vain, sa gorge était assez nouée comme cela. Son coeur était tout mis à mal, tout mal à l'aise, du sentiment de la fragilité de ce qui l'entourait. Il avait perdu sa forêt… Tout pouvait tomber. Déjà le monde lui paraissait être une roche qui devenait poussière entre ses doigts. Il n'aimait pas ce sentiment. Il fallait que cela disparaisse. Son esprit s'accrocha un peu mieux à ce regard d'ombre, qui apaisait une partie de ses craintes, sans raison.

La voix de Luna apaisa une autre partie de ses craintes. Elle était là… Et elle était son amie. Un baume qu'il appliquait à son coeur sans réfléchir, et sans se donner de limites. Il aurait pu s'y noyer. Les mots de la princesse étaient beaux, déterminés. Il aurait voulu y croire aussi et porter la même certitude. Il avait du mal à y croire véritablement. Le recul des Esprits, la barrière… La puissance d'Elewyn, et celle d'Edwyn… Inférieures à celles de Vraorg. Il porta le bracelet près de son oreille et de sa joue, y frotta faiblement sa tête. Elewyn… Elle n'était pas morte. Pas tant qu'il y avait un petit elfe pour se souvenir d'elle. Sur son bureau, les croquis qui essayaient de la dépeindre n'étaient pas rares. Un manuscrit la décrivait avec force détails. Si un autre mortel l'avait lu, il aurait sans doute été surpris, à ce propos, de tant de précision. Les dessins l'étaient moins. La main de Dawan était plus habile avec un instrument qu'avec du graphite, ou de la craie, bien plus courante en ses lieux, mais moins précise.
Il ne répondit pas à la question de Luna. Il était alors occupé à lutter contre une pensée qui voulait s'exprimer, et contre ce qui l'empêchait de s'exprimer. Les Esprits… Vraorg… Pourquoi ce que disait Luna le gênait ? Pourquoi ne parvenait-il à s'y jeter à corps perdu ? À y… croire ? Voulait-il vraiment se poser ses questions ? C'était peut-être là le seul fruit de sa fatigue…

Avoir des amis était bon. Vraiment. C'était le pilier restant quand la structure alentour s'effondrait. C'était le magma quand tout paraissait brûler. Une ressource insoupçonnée, et puissante. Il avait beau remercier les Esprits d'avoir mis Luna sur sa route, même pour un faible instant, Dawan ignorait la totalité de la chance qu'il avait. Elle fit éclater ses tracas comme une bulle de savon, sa question ramena la mine inquiète de Dawan vers elle.

"- Luna…"

Son prénom était joli à prononcer. Ce sont le rassurait. Quand d'autres le prononçaient, son attention était tout de suite captée. Mais qu'avait-elle dit ? S'il avait des tracas… Non ! Non, il n'en avait pas. Il ne devait pas en avoir. Ce n'était pas son rôle, pas sa place. Il était soigneur, et non pas patient. Et non, non, il ne voulait pas voir Luna s'inquiéter pour lui, tout comme il ne voulait pas entendre sa voix répandre les potentielles sombres pensées qui l'habitaient. Il ne fallait pas en parler. Pas en parler.
Il regarda frénétiquement à droite, à gauche. Comme à la recherche de quelque chose. Il savait ce qu'il voulait dire, mais ne parvenait pas à trouver les mots. Les tracas en questions étaient occupés à donner leurs noms, et lui à les chasser. Les uns après les autres. Il s'inquiétait pour les vies, pour les Esprits. Il s'inquiétait pour son apprentissage, pour Fabius, pour elle, sa jolie Luna, et Enetari… Et les théocrates… Et ce théocrate… Mais il ne fallait pas en parler. Non, non. Il se redressa, son visage appuyé contre le coussin, comme caché. Ses mains vinrent dans ses cheveux. L'instant d'après, il se tournait à nouveau vers la silhouette brumeuse de Luna. Sa mine n'était plus inquiète. Une étrange lueur brillait dans ses yeux.

"- Veux-tu prier avec moi ?"

Il prit très délicatement la pierre de communication. Dans le noir de sa chambre, il s'avança vers ce qu'il savait être l'autel qu'il dédiait à Feu et Mort. Il mit la pierre à côté, et s'agenouilla, ses mains sur ses genoux.

"- Je comprendrai si tu ne veux pas." Prier n'était pas monnaie courante, en Armanda. Lu, il estimait que c'était normalement quelque chose qui se faisait seul, pour de multiples raisons. Mais il était prêt à partage cet instant avec Luna, si elle le voulait également. "Elewyn m'a dit de chercher la protection de Feu et de Mort. Elle a dit… Que nous avions trop déçu les autres." Nerveusement, il jouait avec les bracelets à ses poignets. Celui d'Elewyn, et celui de Kedrildan, l'amulette de protection. Il observait Luna, et lui offrait un sourire tout doux. Sa voix avait parlé sans engouement particulier, mais sans tristesse non plus.
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MessageSujet: Re: Source Source Icon_minitimeLun 15 Juin 2015 - 6:05

- P… rier? Prononça Luna.

La jeune femme n’avait pu cacher l’hésitation au sein de sa voix. Ses yeux, toujours fixés sur l'ombre qui entourait le blondinet, s’étaient ouverts bien grands suite à ces mots. Il l’avait prise par surprise. Elle ne s’était pas attendue à ce qu’il lui demande une telle chose. Elle s’était plutôt attendue à des confidences de sa part ou à ce qu’il lui dise que tout allait bien. Elle avait perçu son inquiétude pendant l’ombre d’un instant suite à sa question, mais cette anxiété lui avait semblé disparaître rapidement.

Prier? Il voulait… prier?

La princesse des lumières se mordit la lèvre inférieure comme elle le faisait toujours lorsqu’il y avait quelque chose qui la tracassait. Quel était le souci derrière ces simples mots? Pour n’importe qui d’autres, c’était banal, mais pas pour Luna. Fixant son ami, elle ne le voyait plus à travers la brume de la pierre de communication. Tout était devenu bien sombre. Tout était noir. Et ce n'était pas parce qu'il avait éteint la lumière de son côté.

Prier? Il fallait prier. Non, elle ne voulait pas prier. Non! Jamais! Elle ne voulait pas. Plutôt mourir que de prier. Prier, mais prier qui? Néant, quelle question! Non, elle ne voulait pas. Mais elle ne voulait pas mourir non plus. Pourquoi n’y avait-il que ces deux choix? Pourquoi fallait-il qu’elle soit ici? Pourquoi fallait-il que ce soit elle? Non! Ne referme pas la porte! La fente de lumière disparaissait… Non, il était trop tard. Il faisait noir. Trop noir… Noir comme il n’existait pas plus sombre, plus ténébreux, plus Néant. Un frisson lui parcourut l’échine. Elle avait froid. Elle avait faim. Elle avait peur. Elle avait soif. Elle n’avait le goût de rien. Elle avait la nausée. Elle n’avait plus faim. Elle n’avait plus soif. C’était un cauchemar, un véritable cauchemar éveillé. Pourquoi? Y avait-il seulement une réponse à cette question? Parce que… Néant a besoin de toi pour servir ses projets, Luna… C’est un grand honneur qui t’est fait. C’était un grand honneur? Honneur qui rime avec horreur. Qu’avait fait la protégée de Korentin pour mériter tout cela? Peu importe, il fallait prier. Prier Néant? Mais elle ne voulait pas prier. Des choses horribles arriveraient si elle priait. Existait-il des événements plus horribles que ce qu’elle vivait en ce moment? Elle ne voulait pas le savoir. Elle ne voulait pas prier et le découvrir. Elle ne voulait pas. Je te déteste! Je la déteste! Tu n’es qu’un Monstre! Ou peut-être était-ce elle le monstre? Après tout, elle ne voulait pas mourir. Elle voulait vivre. Cela faisait-elle d’elle une horrible personne? Elle voulait voir le soleil se lever et sentir ses doux rayons caresser sa peau. Elle voulait de ce pain. Elle voulait que sa bouche ne soit plus aussi sec que le désert d’Esfelia. Il faut prier pour le pain et l’eau, Luna. Prier? Elle n’avait pas voulu et pourtant, qu’entendait-elle? Sa voix résonner dans cet endroit sombre sans espoir, murmurant des mots qu’elle ne voulait pas entendre, prononçant ce qu’elle ne voulait pas prononcer. Ô Néant. Ô vrai rien, mais pesanteur extrême. Non. Il ne fallait pas prier. Mais charge insupportable à qui veut s’élever. Mer sans rive où partout chacun se peut trouver. Mais sans trouver partout qu’un néant en soi-même. Chaque mot, elle s’en rappelait à la perfection comme gravés indéfiniment dans son âme. Elle se rappelait avoir prié et prié. Prié tous les Esprits de bien vouloir la sortir de là. Prié Mort de bien accepter ces pauvres malheureux au crâne fracassé, giclant partout autour d’elle, et enfermés dans le Rien par sa faute. Était-ce vraiment de sa faute? Elle n’avait pas prié. Résultat : ils étaient morts. Cette fausse Autone, ce faux Ombre, cette fausse Auphélie et ce faux Matis. Peu importe qui ils étaient réellement, ils étaient morts. Si elle avait prié Néant comme l’avait voulu le Prêcheur, ils ne le seraient pas. Ou peut-être pas…? Elle ne savait plus. Elle n’était plus. Elle ne pensait plus. Te sens-tu prête à servir Néant? Tout ce qu’elle voulait, c’était que ça finisse. Pour ce faire, il fallait prier. Répète après moi, mon enfant.

- Veux-tu prier avec moi ? répéta-t-elle, distraite.

La princesse des lumières battit des paupières maintes fois. Ce n’était pas la voix d’un serviteur du Néant qu’elle avait entendu et qui l’avait sortie de ses pensées. Sa vision s’éclaircit sur brume cachant le visage de Dawan. Elle ne le voyait plus! Son cœur s’affola jusqu’à ce qu’elle entendit à nouveau sa voix à travers l’obscurité de la chambre de l’elfe, lui expliquant que ce n’était pas grave si elle ne le voulait pas. Elle posa une main sur son cœur, rassurée que les ténèbres n’ait pas englouti son ami. Instinctivement, elle chercha des yeux le félin lumineux qui l’apaisait par son simple rôle de chasser les ténèbres. Elle était au Protectorat avec Dawan presque à ses côtés. Tout allait bien. C’était encore le fruit de son imagination qui était trop fertile.

- Oh! Feu et Mort? Laissa-t-elle échapper d’une voix teintée de surprise.

Le soulagement avait détendu ses traits; prier l’Esprit du Feu et l’Esprit de la Mort, pas celui du Néant. Elle s’était emparée de son oreiller qu’elle avait entouré de ses bras. Installée sur le ventre sur son lit, elle lui sourit. S’il savait ce qu’elle serait prête à faire pour lui. Si seulement il était possible de se l’imaginer.

- Je… Je ne suis pas très… comment dire… douée pour prier. Dit-elle en premier.

Douée n’était pas le bon terme, elle était plutôt inconfortable dans cette situation. Disons que sa dernière expérience quant aux prières ne l’avait pas aidée à la mettre à l’aise.

- Mais je veux bien prier pour Feu et Mort. Tu m’aideras, dis? Poursuivit-elle doucement.

Il y eut un long silence. Prier… Mais pour dire quoi? La jeune femme essaya de chasser Néant de ses pensées, de même que les prières qu’on lui avait inculquées et qu’elle avait apprises par cœur. Ces mots qu’elle avait alors prononcés n’avaient jamais été sincères. Elle pensa aux Esprits qui avaient érigé une barrière leur permettant d’être protégé de l’influence de Vraorg. Son regard se promena jusqu’à son poignet où se trouvait un bracelet rouge orangé que lui avait offert Feu et qui l’aidait lors de ses combats. Elle pensa à Mort qui acceptait en son sein les personnes qui décédaient et qui, avec Vie, permettait qu’ils soient réincarnés en ce monde. Sa mère, son père, ses frères, les gens dont elle avait retiré la vie prématurément, ses confrères d’armes qui étaient tombés au combat et bien d’autres, tous étaient réunis grâce à l’Esprit de la Mort. Était-ce le cas d’Elewyn? Elle ne l’avait jamais connue et pourtant, à travers Dawan, elle avait presque l’impression de l’avoir rencontrée.

- Ô Esprit du Feu. Ô Esprit de la Mort. Écoutez nos voix. Nous ne sommes que deux humbles Armandéens. Mais je vous en prie de bien vouloir entendre nos prières. Feu! Nous avons besoin de vous pour nous éclairer la voie. Nos cœurs brillent de notre passion. Donnez-nous le courage d’avancer. Donnez-nous la force de poursuivre malgré les obstacles. Nous n’y arriveront malheureusement pas seuls. Permettez-nous de protéger les gens que nous tenons à cœur…

La princesse des lumières fit une petite pause. C’était étrange que de prier. Faisait-elle cela correctement?

- Mort. Je vous prie de bien vouloir prendre soin de tous et chacun dont leur temps s’est arrêté. Protégez ceux que nous aimons de l’oubli et veillez sur eux. Puissent-ils se réincarner rapidement… poursuivit-elle doucement.

La larme de Néant fit une deuxième pause. Elle se mordit la lèvre. Prier Mort lui semblait plus difficile et penser à toutes les âmes qu’il retenait apportait un sentiment de tristesse et de vide. La mort ne signifiait pas la fin puisque les gens se réincarnaient. C’était donc un renouveau. Mais ces gens, ne pouvaient-ils pas mourir plutôt et ne pas avoir besoin justement de revenir sur Armanda sous une autre forme?
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Baptistrel Chanteciel

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MessageSujet: Re: Source Source Icon_minitimeLun 15 Juin 2015 - 23:44

[HJ: avant-propos ! Un chant de Dunes ^^]


Il aurait pu ne voir aucune anomalie dans la réaction de la petite humaine. Répéter ce qu'il disait, cela lui arrivait aussi, quand les idées peinaient à tenir en place. Elle aurait pu n'être que fatiguée, et prête à retourner au pays sans conscience, auquel cas il n'aurait plus eu qu'à lui souffler quelques doux mots pour qu'elle ferme les yeux en oubliant ce qui l'ennuyait. Il avait une histoire de prête, avec des petits animaux, pour endormir sa jeune humaine. Mais il avait très bien perçu, malgré la brume, il avait perçu qu'elle n'allait pas bien. Il commençait à la connaître. Il avait même suffisamment entendu sa voix pour percevoir quand de subtils tressaillements de tracas la malmenaient. Cela le mit mal à l'aise. S'il concevait que les armandéens n'avaient pas la prière dans leurs habitudes, il ne voyait pas en quoi ce qu'il avait proposé était si… Sombre.
C'était en tout cas l'intuition qu'il avait. Mais dans les ténèbres, tout peut paraître sombre. Il ralluma une sphère de lumière, au creux de sa main. Si Luna en parut un peu plus lumineuse, lui se sentait moins à son aise, écarté des bras d'obscurité qui l'enlaçaient. Dawan avait fixé sur la petite humaine son grand regard sans couleur, cherchant ce qui pouvait avoir ainsi enrayé le son de sa voix, ayant admis que ce ne pouvait être la prière. Il s'anima tout de même, penchant la tête d'un air de chouette intriguée, en l'entendant s'étonner des noms de Feu et Mort. Cela, en revanche, ne le fit pas réagir outre mesure. Des Sept, Feu et Mort n'étaient pas les plus appréciés, ceux qui gagnaient en priorité le coeur des bipèdes. Terre était le principal favori… Ce qui se comprenait. Il avait du charme.

Quelques vagues mouvements de tête en signe d'approbation, pour lui dire qu'il entendait bien ses difficultés, qu'il était prêt à l'aider. Comme toujours. Pourtant, cette idée d'être "doué" pour prier lui paraissait suspecte. Depuis quand fallait-il une disposition particulière pour la prière ? Depuis quand y avait-il de façons meilleures que les autres de prier ? La prière était un mot des mortels aux Esprits. Nul ne pouvait leur mentir. C'était bien stupide de chercher à mentir dans une prière… Où était l'intérêt, alors ? D'autant plus que les Esprits devaient sentir les mensonges immédiatement. C'était du moins ce qu'imaginait Dawan. Admettant que nul ne mentait, comment un message pouvait être meilleur qu'un autre ?
Enfin, songeant à cela, il omettait que lui-même mettait des barrières particulières à ses prières. Pas de réclamations, les Esprits avaient bien assez à faire. Pas de plaintes non plus. Cela demandait toujours une certaine préparation, un moment où, habituellement, il s'asseyait devant l'autel et attendait d'être prêt, d'avoir en tête tout ce qu'il fallait. Mine de rien, l'exercice lui était très énergivore. Sans encore que le petit en eut conscience, il lui avait néanmoins plus apporté à lui qu'aux Esprits.
Luna aurait sans doute besoin du même temps que lui, pour trouver la prière avant de la formuler. Peut-être voudrait-elle l'écrire ? Dawan s'apprêta aussi. Il disposait d'un vague tapis, bout de tissu un peu épais, sur lequel il s'asseyait pour se séparer du sol. Ses mains toujours sur ses genoux, il ferma les yeux, prit une première profonde inspiration. Compter jusqu'à huit, expirer, compter à nouveau jusqu'à huit… Des chiffres, pour chasser de son esprit les tracas de Luna, et ses propres tracas. Chasser l'image toujours angoissante de la carte qui le narguait dans un coin de Fort-Espérance, chasser les images sanglantes et les sombres annonces. Il pensa à la barrière. Oui, cette image, il pouvait la garder. La distance qui les séparait de leurs amis restés en théocratie, par contre, il fallait l'oublier. Un sentiment vint, qui était celui qu'il avait ressenti tantôt au son d'un higen. Il le maintint en lui. Celui-là, il pouvait le transmettre aux Esprits comme une offrande, c'était un beau sentiment. Il retrouva un peu de confiance, et cet amour particulier, dénué de tout attachement physique, que l'on voue aux idées les plus belles.

Le jeune elfe eut presque un sursaut quand la voix de Luna se glissa dans la pénombre. Un instant il crut être celui qui était prié. Mais non, non… Elle parlait au nom d'eux deux ? Pensait-elle à ce point connaître le coeur de Dawan ? Certes, il était un livre ouvert à qui le voulait, et clair comme les eaux de l'oasis, mais tout de même, il n'aurait pas imaginé… Pour le coup, il eut une moue un peu surprise, en observant la princesse de brume. Il la laissa faire, quand bien même sa prière n'était pas celle que lui aurait faite. Elle avait sans doute ses raisons, qui aurait-il été pour y porter un jugement ? Il l'entendit vouloir protéger… Etait-ce pour cela qu'elle avait pris les armes ? Il savait que c'était parfois un raisonnement des congénères bipèdes. Pas très logique. Pour protéger, il fallait un bouclier, pas une épée..! Et… Pourquoi s'arrêter sur les gens qui étaient chers à leurs coeurs ?
Néanmoins, Dawan avait été sensible à la douceur qui avait émané des mots de la soldate. Elle avait été sincère, avait exprimé ses souhaits d'une façon qui lui paraissait empreinte de pureté, comme le geste naïf d'un animal, loin de toutes les interprétations, de tous les codes qu'avaient inventés ceux qui marchaient sur deux pattes. Une pureté qui était plus que bienvenue pour qui voulait s'adresser sans ambages. Cillant lentement, il détourna son regard pour le poser sur les bouts de charbon, sur l'autel, sur ces cendres, cette coquille d'oeuf de lézard, vide. Luna avait parlé, mais il restait des choses à dire. Il avait l'impression d'avoir absorbé une part de la volonté de l'humaine, et voulait la rendre. Ses yeux fermés, il voulut prier comme il le faisait à son habitude. Cela ne lui offrit pas de satisfaction. Alors bientôt son souffle se fit musique, chant grave autant que cela était possible avec sa voix, qui ronronna tout d'abord au creux de sa gorge pour s'éclaircir petit à petit, puis finalement s'exprimer:

"- Ô Océan, père de nos Mers, de nos fleuves et rivières, sois en ce jour remercié, tant pour la pluie que tu versa, pour les jours enneigés, le givre et le verglas. Sois remercié d'avoir offert un coeur d'eau jusqu'au coeur du désert. Aujourd'hui, avec mon amie, nous portons en nous ton fruit."

Il imitait la façon de faire de Luna, l'adaptait à ses habitudes, ses pensées. Le chant qu'il portait était très lent, avec quelque chose d'un peu lourd dans l'écho qui revenait des parois de pierre de cette pièce.

"- Ô Vie, sois remercié pour les âmes qui de toi naquirent, sois remercié pour celles qui en ce monde ont pu revenir. Non-loin de moi, une âme m'entend chanter. Son existence est ma joie, pour ce jour et ceux passé à ses côtés. Ô, Vie, sois remercié pour chaque flamme brûlant au sein de chaque être vivant. Pour ceux que nous côtoyons, pour ceux que nous ne voyons. Sois remercié, ô Vie, de ta création."

C'était venu tout seul, il n'avait pu s'en empêcher. Et ses pâles mains s'étaient rejointes, ses doigts croisés. Il marqua un temps, avant de continuer, sa voix portant une reconnaissance qu'il n'avait pas à accentuer pour qu'elle soit perceptible:

"- Ô Vent, sois remercié pour le souffle qui nous est vital, pour ta présence en notre terre natale. La roche tu sculptas, les eaux tu ridas. Souvenir qui m'est précieux celui de ton chant dans les bas-cieux. Les feuilles au-dessus de moi se froissant. Désormais, les dunes portent ton chant. Ô Vent… "

Et le chant des Dunes était beau. Ce qui pouvait passer pour de la nostalgie était un compliment, il savait que Vent comprendrait. En effet, il arrivait qu'au hasard des dunes ces dernières produisent un son à nul autre pareil. Il l'avait découvert en venant jusqu'ici, s'en était beaucoup émerveillé, s'en émerveillait encore. Un côté positif à cet exil sinistre. C'était à Vent qu'il le devait. Vent, et Terre.

"- Ô Végétal, sois remercié. Loin au sud, je le sais, tu couvres les plaines. Puissent tes herbes un jour n'être plus souillées de l'écarlate de nos haines. Grande est ma hâte de me retrouver où poussent ceux que tu as créé."

Il avait bien hâte également de retrouver les plaines. Mais l'amour de la vie végétale n'était pas le seul élément qui constituait cette hâte. Cela, il n'en fallait pas parler. Ses mains vinrent saisir sa tunique, la serrer un peu, à cette pensée.

"- Ô Terre, sois remercié, toi qui a su nous abriter. En Aigue-Royale, en Terres Protégées… En Théocratie, combien d'êtres en toi peuvent se réfugier ? Aux végétaux tu es comme père et mère, sois remercié, ô Terre…"

Il restait quelque chose, il le sentait. Quelque chose en lui qui n'avait pas été exprimé, qu'il avait oublié. Rouvrant les yeux, Dawan afficha un air troublé. Qu'avait-il oublié encore… Roh, maître Eawyn dirait encore qu'il était distrait ! Après tous les efforts qu'il faisait dans le sens contraire… Peut-être que lui-même commençait à fatiguer. Non, il n'était pas fatigué. Aurait-il oublié un Esprit ? Océan, Terre, Vie….

"- Néant."

C'avait été un souffle, dès que le mot lui était revenu, comme si l'entendre permettait de ne plus l'oublier. Il n'avait pas encore l'habitude… Mais petit à petit, cela lui venait. Les Esprits étaient Huit, et Néant était l'aînée. Elle n'avait rien de fondamentalement mauvais. Son coeur volé, pouvait-on le lui reprocher ? Pouvaient-ils, eux, jeunes gens au coeur volé également, faire le moindre reproche à Néant ? Durant des siècles elle avait été oubliée d'Armanda. Il n'était donc pas trop tôt pour commencer à lui offrir une prière, au même titre que ses frères. Dawan ne parlait plus, et ses doigts étaient venus se poser contre ses lèvres, tandis qu'il fixait son autel d'un air grave. Cela ne dura que quelques secondes, durant lesquelles il revit Aigue-Royale, et Merithyn qui lui parlait de la fin du monde. Ils avaient besoin de Néant.

"- J'ignore si elle entendra nos prières. J'espère que celui qui lui ôta son coeur ne s'en verra pas flatté à sa place… Mais il m'apparait plus probable que cela la touche. Si les prières pouvaient reconstruire le coeur des Esprits…"

Il s'arrêtait, levait les yeux vers le plafond, sans vraiment le voir, se balançant doucement d'avant en arrière. Il réfléchissait. Pas simple, cette histoire. Mais quand tout serait fait, ils se sentiraient mieux, c'était sûr !

"- Je crains qu'une prière en elfique ne soit pas pour lui plaire. Je ne sais pas trop… Et si, au final, elle nous aimait bien ? Dommage que nous ne l'ayons connue avant ces sombres événements… Mais si elle se vexait qu'un elfe prie pour elle ? Je ne sais pas… Je… Je demanderai à un Alayien. Luna ? Toi qui est humaine, pourrais-tu prier pour nous deux ? Comprends-tu ce qui anime mon coeur, sauras-tu le lui dire…?"
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MessageSujet: Re: Source Source Icon_minitimeMer 17 Juin 2015 - 5:45

Durant tout le temps où Luna avait parlé, elle avait fermé ses yeux. La première raison était pour mieux se concentrer sur ce qu’elle disait et ne pas se laisser distraire par ce qui l’entourait. Elle ne devait pas laisser ses pensées s’égarer et pourtant, il était s’y facile de se laisser vagabonder vers d’autres lieux et d’autre temps. Elle se concentra sur ce que représentaient Feu et Mort. Généralement, ce n’était pas les Esprits les plus aimés des Armandéens, mais la princesse des lumières les appréciait bien. On disait de Feu qu’il était un être égoïste. Or, n’était-ce pas ce dernier qui lui avait remis un joyau afin de l’aider dans ce combat contre Vraorg? Peut-être n’était-ce qu’un geste profitable pour lui afin d’avoir un avantage sur ce jeu d’échecs à grandes envergures, mais c’était un geste qu’il avait tout de même posé. Feu était le soleil et les flammes. Il n’y aurait pas de vie sans lui. Que dire de Mort? Elle avait souvent entendu parler de lui de la bouche d’Ombre, du temps où elle était sa pupille. Il était l’Esprit qu’il vénérait alors. Elle ignorait si c'était encore le cas. Combien d’âmes l’assassin lui avait-il apporté? Elle se surprit à se demander ce que cet Être Supérieur pensait à chaque fois qu’une personne venait le rejoindre. Était-il triste, content ou indifférent? Elle chassa cette pensée. Elle devait se concentrer. Il était craint parce qu’il signifiait la fin d’un cycle. Mais se retrouver entre ses bras n’était pas un mauvais élément en soi. C’était le calme, la sérénité et l’attente du renouveau. Toutefois, il était inquiétant de ne pas savoir quand viendrait l’heure fatidique et il était certainement plus inquiétant encore de le savoir. Mais il valait bien mieux embrasser Mort que de disparaître dans le Néant à tout jamais. À nouveau, la gamine chassa cette idée et prit une grande respiration.

Feu et Mort, pas Néant. Feu et Mort seulement. Ses prières n’auraient pas d’impact direct. Ils pouvaient s’incarner sur le continent s’ils le désiraient, nul besoin de prendre possession d’une jeune femme blonde pour faire leur sale besogne. Ils entendraient ses paroles et c’est tout. Ça n’irait pas plus loin.

Lentement, la Larme de Néant avait prononcé sa prière. La deuxième raison pour qu’elle ait gardé les yeux fermés était pour ne pas voir Dawan. Elle ne voulait pas le voir la regarder. Elle ne voulait pas le sentir la juger, même s’il lui assurait le contraire. Savait-il à quel point elle faisait un grand effort pour lui en ce moment? Elle devait se concentrer et elle savait que sa volonté vacillerait aussi rapidement qu’une bougie à l’extérieur lors d’un grand vent. Elle avait bien fait, car la moue surprise de son ami l’aurait immédiatement arrêtée et elle n’aurait pas poursuivi sa prière. Pour elle, cela lui avait semblé normal de parler au nom des deux. C’est ainsi qu’elle avait interprété sa demande de prier avec lui. Si chacun devait prier pour soi-même, alors pour quelles raisons le faire ensemble?

Après le long silence de la jeune soldate, ce fut le tour du Chanteur qui éleva sa voix en un chant. Rien de surprenant pour Luna qui ouvrit alors les yeux emplis de questionnements et de surprise. Heureusement, l’elfe avait les yeux fermés et ne put être dérangé par sa réaction. Oh?! Océan? Mais n’était-ce pas Feu et Mort que l’on priait? C’était un chant pour l’un ou l’autre, ou les deux, qu’elle aurait cru entendre. Peut-être avait-elle mal compris?

Chassant ses questionnements de son esprit et ne voulant pas interrompre Dawan dont les paroles prononcées étaient fort jolies, la petite lune referma les yeux. Elle se laissa bercer par la musique et un sourire lui fut arraché lorsqu’il mentionna qu’il était avec son amie. Océan, Vie, Vent, Végétal et Terre, chaque Esprit fut prié à tour de rôle. Chaque Esprit sans exception – Luna ne comptait pas Néant parmi les Esprits à prier et ne s’imaginait même pas que c’était quelque chose d’envisageable.

Les prières terminées, elle reposa l’azur sur le Chanteur et leurs regards se croisèrent. Elle ne put s’empêcher de froncer les sourcils en voyant son air troublé. Mais que se passait-il donc? Avait-elle fait quelque chose d’incorrect? Ou avait-il oublié de mentionner quelque chose à l’un des Esprits et voilà qu’il s’en rappelait? Elle ouvrit la bouche pour lui demander l’objet de son tracas. Elle voulut lui dire également de ne pas se faire de soucis, que sa prière était très belle et qu’elle était certaine que les Esprits Supérieurs l’aimeraient. Mais voilà que les tracas de son ami était tout autre et il prononça l’Imprononçable. Les mots qu’elle avait voulu créer se culbutèrent sur sa langue et seul un long silence en ressortit tandis qu’elle avait toujours la bouche grande ouverte. Elle le regarda alors, hébétée, annoncer sa proposition.

Quoi?! Que l’humaine qu’elle était prie pour eux deux, à l’intention de Néant? Dawan avait dit cela sur un ton tellement anodin et tellement amical. Pendant de longues minutes, elle n’avait rien prononcé et n’avait posé aucun geste. Tout ce qu’elle avait fait fut de fixer son ami.

Prier l’Esprit du Rien, si ce n’était que ça. La Larme de Néant connaissait de nombreuses prières à son intention, ce n’était pas ça le problème. Elle pouvait facilement en choisir une dans le répertoire qu’on lui avait inculqué. Ce n’était pas difficile. Elle se rappelait de chacune d’entre elles. Toutefois, chaque mot et chaque parole qui défilaient dans son esprit étaient comme un coup de couteau dans sa poitrine.

Elle avait mal et son cœur se tordait de douleur.

Luna bougea enfin et forma un « non » avec sa tête. Ses lèvres tremblèrent et finalement, son visage fut enfoui à l’intérieur de ses mains.

Elle avait peur et son esprit lui suppliait d’arrêter de penser.

Mais il était trop tard, les idées noires avaient pris refuge en elle. Les souvenirs d’un ancien passé la rattrapaient tout comme la création d’un futur monstrueux la frappait. La gamine était effrayée, apeurée par ce qui lui était arrivée jadis dans une geôle ténébreuse et tourmentée par l’idée que cela pourrait se reproduire à nouveau. Idée farfelue qui lui semblait si réelle et si possible. Qu’arriverait-il si Néant revenait la chercher? Si elle l’avait fait une fois, ne pouvait-elle pas recommencer? Non, elle ne voulait pas! Mais repenser à tout cela, n’était-ce pas comme une prière muette?

Son souffle devint saccadé. Le monde avait disparu autour d’elle, envahi par les ténèbres et ses tourments. La princesse des lumières paniquait.

La gamine chercha à se calmer et pour ce faire, elle pensa à Dawan. Mais c’était ce dernier qui lui avait demandé de prier Néant aujourd’hui. Réalisait-il l’ampleur de ce qu’il lui demandait? Elle avait cru être capable de tout pour lui, mais cela ne venait-il pas prouver le contraire justement? Elle n’y arrivait pas. Elle ne pouvait pas! N’allait-elle pas le décevoir si elle ne le faisait pas? En fait, elle n’était qu’une piètre amie.

Elle était à la fois une Luna tourmentée et dégoûtée d’elle-même.
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MessageSujet: Re: Source Source Icon_minitimeJeu 18 Juin 2015 - 22:23

Il avait pensé que sa petite soeur humaine comprendrait, voire qu'elle avait déjà pu comprendre auparavant. C'était devenu de notoriété publique, désormais, ce coeur volé, cette Néant qui n'était plus elle-même, et Vraorg qui l'agitait comme on agite une marionnette, tirant un bout de ficelle et s'amusant de voir tout un bras bouger. Elle aurait pu faire le lien avec ses souvenirs. Elle aurait pu se dire qu'en effet, quelqu'un qui était soeur des Sept ne pouvait être fondamentalement néfaste. Le souffle saccadé de Luna lui parvint. Il songea alors qu'au final, ce qu'avait pu concevoir Luna ou non n'avait pas d'importance. Ce n'était pas là sa raison qu'il entendait pleurer, mais ses sentiments. Qu'importaient les causes, alors ? À moins que… À moins qu'il ait trouvé la cause, justement. La mine grave, il continuait de fixer sa jeune amie. Les mots n'avaient plus d'importance, désormais. Il savait ce qu'il devait faire.
Sans se hâter particulièrement d'abord, il se leva, attrapa une longue cape, sa cape ambrée, et la passa sur ses épaules, capuchon rabattu. Il revint vers la pierre, murmura à Luna de ne pas s'inquiéter, et fit taire le petit objet. Plus de silhouette brumeuse. Plus le souffle de Luna. Juste un silence, immense. Même les bras d'ombres paraissaient l'avoir laissé seul, et l'écho que faisaient son propre souffle et ses propres pas lui semblait froid. Il aimait la solitude, mais pas lorsqu'elle se teintait de ces nuances-là. Il comptait bien la fuir, et le plus vite possible.

À toute allure, il traversa les cavernes du protectorat, aussi rapide et furtif qu'un elfe de son acabit pouvait l'être. Aussi rapide et furtif qu'un elfe en chemise de nuit avec une cape. Cela ne lui importait pas. Il était tout à ses pensées, mais son expression restait neutre. Il savait où Luna dormait. Ce n'était pas si loin, mais il n'était pas question de perdre son temps. L'attente était un couteau remuant dans une plaie, dans ce genre d'instants, et il ne voulait pas l'infliger à sa tendre Luna.
Bientôt il se retrouva dans les quartiers des "unités militaires", comme ils disaient. Les "quartiers des amis de Luna", quand il était d'humeur optimiste, "les quartiers de mes futurs patients" quand la mélancolie saisissait son coeur. Ce fut sans souci qu'il se glissa dans les dortoirs des humaines. Etrange idée, quand même, de séparer mâles et femelles… Comme s'ils allaient jouer à s'accoupler en public ! En revanche, cela devait ennuyer certaines amitiés. À l'aveugle, il se dirigea, jusque là où il savait être la silhouette de l'humaine qu'il chérissait tant. Il crut presque reconnaitre le bruit de sa respiration. Lentement, pour ne pas effrayer la princesse aux yeux d'Océan, il s'assit auprès d'elle, murmurant une ébauche de comptine. Les jambes croisées, il chercha du bout des doigts la petite. Il trouva son bras, laissa ses doigts rejoindre sa main. Du bout des doigts, il prit cette main… Non, le plus juste était de dire qu'il la guidait. Il n'exerçait presque pas de pression, n'avait pas refermé ses doigts, elle pouvait se défaire de lui sans souci. Mais il l'invitait à se redresser, et s'approcher de lui. Il était venu pour la consoler. Il savait que parfois, pour les adultes comme pour les enfants, cela passait par le contact. Ce soir, il venait pour étreindre Luna de son affection, de la tendresse qu'il avait pour elle, et de son envie de la protéger. Qu'elle n'ait plus peur de rien, du noir et des cauchemars. Qu'elle n'ait plus peur de lui, car il ne chercherait pas à lui nuire.

"- Viens," murmura-t-il au creux de la nuit. "Ne crains rien." Sa voix était aiguë, et posée, de telle façon qu'il pouvait aisément être pris pour une femme, en effet. Mais c'était là le dernier de ses soucis. Qui le mettrait dehors, de toutes façons ? "C'est un souvenir, Luna... Un souvenir." Pas question de lui re-parler de Néant avant qu'elle se soit calmée. Elle n'entendrait pas. Mieux valait d'abord apaiser son coeur, qu'elle purifie ces sentiments qui la rongeaient de l'intérieur, avant de leur clore la porte pour de bon. Pour cela, seuls d'autres sentiments pouvaient être efficaces. Des sentiments qui emplissaient le coeur du petit Dawan et qu'il était prêt à lui offrir… Si elle l'acceptait. Il ignorait ce que tolérait sa Luna en matière de contact. Si elle désirait, et acceptait de l'étreindre, il lui offrirait ce que le grand frère en lui pouvait offrir. Si leurs seules mains lui suffisaient, il n'irait pas plus loin, trouverait d'autres mots pour elle.
Ce soir était le soir de Luna. Un soir dédié aux soins à lui apporter.
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Luna Duruisseau
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MessageSujet: Re: Source Source Icon_minitimeLun 22 Juin 2015 - 16:30

Comment expliquer ce qui se passait dans le cœur et les pensées de Luna? Ce n’était pas logique. Ce n’était pas raisonnable. Ce n’était pas rationnel. Elle était en sécurité en ce lieu que l’on appelait Protectorat. Elle était entourée de nombreux individus qu’elle pouvait considérer comme ami et allié. Même les Alayiens qu’elle disait tant détester se trouvaient dans cette catégorie. Néant n’était pas une ennemie. Cela, elle l’avait entendu une première fois à travers les paroles du dragon rouge. Cette idée s’était concrétisée tandis que le Tarenth annonçait sa prophétie et que les marcheurs se dirigeaient vers les souterrains vampiriques. Elle-même avait marché dans le but de sauver cet Esprit qui la terrifiait. Elle avait compris qu’elle formait, avec les autres Esprits Supérieurs, un tout indissociable. Elle avait compris qu’il existait pire que le Rien. Elle avait compris qu’elle avait des circonstances atténuantes derrière tous les gestes horribles qu’elle avait commis sur Armanda et qu’on l’avait poussée à devenir ainsi. Mais le souci, c’est que les peurs brisent toutes les barrières de la réalité et tout point de repère. Malgré tout ce qui avait incité Néant à agir de la sorte, le mal avait été fait et les craintes avaient élu domicile chez la gamine. Cela n’impliquait même plus Néant en soi. Elle avait peur qu’un tel événement se reproduise et qu’à nouveau, qu’elle ne soit plus capable de maîtriser quoi que ce soit. Elle avait peur d’être enfermée et de revivre la torture. Une fois, c’était déjà trop, non? Elle avait peur des Monstres qui se tapissaient dans l’ombre et ce n’était pas pour rien que son cœur hurlait à chaque fois que le soleil descend à l’horizon. Elle avait peur de ne pas être à la hauteur. Elle avait peur que ceux qu’elle aime soit maltraités par sa faute. Elle avait peur de ne jamais revoir Enetari. Elle craignait de ne pas être assez forte.

Les images guidées par son imagination défilaient dans sa tête. Tout était devenu un torrent de tourments. Des larmes avaient pris possession de ses yeux, toujours enfouis dans ses mains tremblantes. Son cœur criait à chaque battement et l’air peinait à rejoindre ses poumons. Dans cet état de panique, Luna avait perdu la notion du temps et de la réalité. Elle n’avait pas entendu les mots qu’avait prononcés son ami. Elle n’avait pas remarqué la brume de la pierre de communication s’évanouir. Elle ne s’était doutée de rien.

Dans cet état, la princesse des lumières n’avait pas remarqué qu’un autre être s’asseyait près d’elle. Elle n’entendit pas non plus sa voix. Toutefois, elle ressentit quelque chose lui effleurer la peau, telle une douce caresse. Elle enferma les doigts de Dawan dans ses deux mains, libérant ainsi son visage. À travers un sanglot, elle prononça un mot indéchiffrable aux consonances de « Dawan ». Elle se retourna ensuite et chercha à se blottir contre le corps de l’elfe, le faisant basculer sur son lit. Elle n’avait pas eu à ouvrir les yeux qu’elle avait su que c’était lui. Elle s’accrocha à lui et le serra contre elle comme elle n’avait jamais serré quiconque de sexe masculin. Heureusement qu’il n’y avait personne pour regarder cette scène, car ils se seraient probablement posé des questions. Mais Luna, elle n’en avait rien à faire de ce que penseraient les gens.

Emprisonné par l’humaine, Dawan put remarquer ses sanglots s’amoindrir et sa respiration se calmer. La tempête touchait à sa fin. Son cœur était davantage rassuré. Elle n’avait rien à craindre, c’est ce que son ami lui avait dit et c’est ce qu’elle voulait croire. Mais la réalité, c’était qu’elle avait peur.

Jamais elle n’aurait voulu qu’on la voie dans un état si, selon elle, lamentable. Mais de tous les gens existants, Dawan était le seul être avec qui elle voulait bien partager ce moment et dont elle ne craignait pas de révéler ce qui se cachait réellement au fond d’elle. C’était le privilège qu’avait son ami d’être son grand frère elfique.

- J’ai peur… souffla-t-elle.

Peur de Néant, peur de Vraorg et peur de ce que lui réservait l’avenir, derrière cette soldate aux airs confiants se cachait une gamine terrifiée.
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Dawan Sywel
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MessageSujet: Re: Source Source Icon_minitimeMar 23 Juin 2015 - 15:02

Dès qu'il avait senti la petite pression contre lui, il y avait cédé sans souci, se pliant à la volonté de la princesse. Elle ne pouvait pas, de toutes façons, lui faire de mal. Aussi étrange que cela puisse paraitre, il n'avait pas du tout été surpris de son geste. Ses bras étaient venus naturellement entourer la petite, sans appuyer d'étreinte, pour l'envelopper de sa chaleur. Avant qu'elle eut dit quoi que ce soit, il avait déjà senti sa peur, comme un autre coeur battant contre le sien. Gonflant davantage son coeur de tendresse, il s'était appliqué à rapprocher son visage de la chevelure d'or, et délicatement caresser cette dernière. S'il n'était pas serein, comment pouvait-il espérer l'apaiser de même ?

Ses mots le surprirent. Il avait cru entendre, à son souffle, qu'elle se calmait… Il ne savait que dire. Qui n'avait pas peur, en ces heures troubles, au sein du Protectorat ? La barrière érigée par les Esprits n'était qu'un faible voile pour occulter le recul des Esprits face à leur plus immonde création. Leurs frères tombaient si aisément que l'on eut pu douter qu'un jour en eux il y eut une vie qui se battit pour survivre. Il avait vu les massacres qui avaient lieu dans es plaines, l'aisance avec laquelle les théocrates avançaient. Envoyer des humains au combat était futile. Envoyer des elfes était tout juste pertinent. Mais le protectorat avait surtout des humains. Eux, les soigneurs et les civils, pouvaient tout juste regarder les combattants tomber en angoissant du jour où leur tour viendrait. Les combattants devaient bien plus connaître l'urgence, et l'imminence de leur mort. Nul ne savait faire taire cette peur-là, si ce n'étaient par la force, la magie ou les drogues.
Il aurait pu infliger cela à sa petite humaine, pour que le sommeil la protège quelques temps. C'était ridicule. En cette nuit, ces soucis étaient tous autres. Elle avait eu peur depuis qu'il lui avait proposé de prier pour Néant. Elle devait pourtant savoir qu'elle n'était pas fondamentalement leur ennemie… Allez. Si ce n'était raisonnable, il fallait combattre cette crainte avec les mêmes armes sans raison. Il déposa un baiser presque maternel sur le front de son humaine.

"- Là, là… Je ne t'en veux pas, tu sais ? Si tu n'as pas envie de prier, tu n'as pas à le faire. Je suis désolé si je t'ai brusquée, ma jolie Luna. Sans magie, les plaies ont besoin de temps pour cicatriser. J'espère qu'un jour nous pourrons nous tourner vers ce passé, et ne plus en ressentir la moindre peur. Que nous se tourner vers l'avenir ne nous permettra pas d'entrevoir le moindre malheur."

Il eut un long soupir, nécessaire à ses poumons, chercha à se redresser un peu pour s'adosser au mur. Il serait mieux installé ainsi. Pour signaler à Luna que sa présence n'était pas à l'origine de son mouvement, il la ramena contre lui. Là, que pouvait-elle craindre ? Elle était contre lui, ils étaient à l'abri, encore loin de tout. Et il ne voulait pas lui faire du mal. Il n'était là que pour les soins

"- Installe-toi. Non, tu ne me fais pas mal, tu peux même t'appuyer un peu plus. Parlons d'autre chose, d'accord ?"

En tout cas, s'il avait voulu la détourner de son cauchemar, c'était réussi ! Maintenant il fallait que son dernier souvenir avec Néant, celui-ci, soit plus doux. Il allait s'en charger.
Au lieu de parler, il chanta. Liant les notes entre elles comme il tressait les cheveux de sa petite humaine, dans un murmure qu'il se forçait à conserver mais qui devait, quoi qu'il en soit, ne pas beaucoup embêter les autres occupantes du dortoir, il lui conta une toute autre histoire. Une histoire de dragonnet rendu tout fou par l'été, qui allait profiter de la rivière aux côtés d'un poulain nouveau-né. L'histoire douce de la force et de la fragilité qui cohabitaient, qui jouaient et qui, enfin, finissaient par tomber de fatigue, de la fatigue d'une journée bien occupée, le dragonnet enroulé autour du poulain. L'amitié entre les espèces avait toujours eu, aux yeux de Dawan, une force qui était celle que l'on obtient en abattant les frontières. Révélatrice plus encore de ce qui liait tous les êtres.
Il avait chanté, tout calme, tout d'attention et de tendresse, ses mains veillant tout juste à transmettre son calme à sa protégée. La berceuse avait perdu le peu de volume qu'elle avait au fur et à mesure qu'il sentait la petite se détendre. Dormait-elle, désormais ? Si elle faisait un nouveau cauchemar, il serait là...
Et il partirait à temps, peu avant l'aube.
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