En le voyant prendre la tasse sans attendre, il l'observa avec un fond d'inquiétude, ne désirant pas le voir se brûler. Mais il sembla aller, aussi n'en dit-il pas plus. De toute façon il avait du mal à savoir exactement quoi dire dans un moment pareil. Alors il continua simplement de siroter son breuvage, laissant les extraits de plantes apaiser progressivement les souffrances de sa gueule de bois. Ce n'était pas immédiat, il fallait un peu de temps, mais rien que la chaleur de la boisson était bénéfique. Mais il revint rapidement à la réalité, sortant de son état de veille léger, tournant un regard vers lui. Il sourit vaguement. « Oui je m'en doute » Un massage lui dirait bien en fait, mais il avait juste un peu de gêne à le laisser le toucher de nouveau après ce qui s'était passé. Mais si c'était fait sans arrière pensée comme cela semblait être le cas, alors il pouvait sans doute accepter sans soucis. Il bu une nouvelle gorgée de son infusion et le regarda avec un fond de préoccupation alors qu'il s'éloignait. La suite, il ne l'aurait pas imaginé et se retrouva très bête, ne sachant absolument pas quoi dire. Comment cela il l'aimait ? Comment pouvait-il l'aimer ? Enfin comment était-ce possible ? Pourquoi d'un seul coup comme ça et pourquoi lui ? Pourquoi lui surtout, il n'avait rien qui incitait à l'amour ! Surtout chez un humain, cela semblait tellement invraisemblable ! Pourtant force était de constater qu'il n'y avait pas de mensonges dans ses paroles.

Il ne savait absolument pas quoi dire… en fait il parvenait à peine à appréhender ce qu'on lui annonçait de but en blanc. Il reposa finalement sa tasse et se serra dans ses bras pendant quelques instants. « Et bien... » Essaya-t-il, de bonne foi mais sans vraiment parvenir à terminer sa phrase avant qu'il ne reprenne la parole de lui même. Il le sentait gêné, et s'attristait de le voir ainsi par sa faute. « Non, Alford... » Il s'approcha et déposa une main sur son épaule. « ça a de l'importance, si... » Mais il n'alla pas très loin car, alors qu'il allait poursuivre, quelque chose attira son attention ailleurs. Il resta un moment silencieux puis se mit à froncer les sourcils. Quelque chose n'allait pas, là tout de suite. Il s'éloigna de l'humain un moment, aux aguets, mais ne parvint pas à vraiment circonvenir le problème de manière satisfaisante. Il y avait quelque chose, mais quoi exactement ? « Quelque chose ne va pas » fit-il enfin pour prévenir le bourreau. Il valait mieux qu'il soit au courant et soit prêt s'il y avait besoin de faire quelque chose. Mais quoi ? Pour ça il aurait fallut d'abord savoir et il n'avait pas encore les idées assez claires pour parvenir à étendre ses sens à ce point. Même sa puissance de Fondateur avait des limites. Et pour le coup sa faiblesse le rattrapait un peu.

Il valait mieux que son breuvage fasse effet rapidement. Mais dans l'expectative, il se tourna vers l'humain. « Je vais aller voir, je voudrais être certain de ce que j'ai sentis » Il hésita un instant puis lui fit un léger sourire « Fait attention, d'accord ? » Puis il se détourna pour sortir de la pièce et essayer d'en apprendre davantage.

Elle était revenue à Gloria, la cité humaine n'avait pas vraiment changé depuis la dernière fois, sauf peut-être qu'il n'y avait plus aucun garde Alayien pour venir en polluer l'atmosphère. Elle avait laissé l'humaine de Korentin vaquer à ses occupations et aller se faire tuer toute seule dans son coin en se fourrant dans des ennuis inextricables. Non, la vampire avait d'autres chats à fouetter en ces lieux, ou plutôt d'autres humains à égorger ! Gorder ! Ce chien s'était de nouveau réfugié derrière les hauts murs de la cité, mais avec les derniers évènements il pouvait baisser sa garde, la rébellion était trop faible pour laisser partir le moindre membre à l'aventure pour une vengeance personnelle.
Cela faisait maintenant plusieurs jours et nuit qu'elle rôdait dans l'enceinte du quartier marchand, là ou les prostituées un peu plus luxueuses que la moyenne étaient embauchées. Depuis la fermeture de son bordel habituel, il fallait bien renouveler les connaissances, ou plutôt se manifester vers d'autres qui avaient été un peu laissées de côté. Au final ses pas l'avaient menée vers une taverne, puis vers une autre , et encore une autre... Puis vers une odeur, une odeur qu'elle connaissait bien, oh oui, c'était cette odeur et cette fois la chance lui souriait quelque peu ! Elle n'avait qu'à suivre cette piste encore chaude qui la conduisait vers une petite maison du quartier mais également vers une autre personne : Merithyn Shadowsong et à voir l'étreinte des deux hommes... Et bien on pouvait dire qu'Alford avait changé de bord, pauvre homme, tellement rejeté par les femmes qu'il avait préféré se retourner vers l'autre bord. Enfin, ce soir était l'occasion de mettre fin à ses souffrances, il suffisait juste d'attendre que les deux finissent par se séparer, la vampire n'ayant pas vraiment l'envie de se frotter au Baptistrel.

La petite masure ne payait pas de mine et était largement suffisante pour permettre à une petite famille humaine de vivre dans le calme et surtout discrètement dans l'ombre des autres habitations, donnant quelque chose de rassurant à cette timide bâtisse dont les fenêtres donnaient sur un endroit plus que calme et peu fréquenté à ce moment de la journée. C'est d'abord en utilisant l'obscurité que la vampire s'approcha de la bâtisse pour en trouver la bonne fenêtre et attendre l'ouverture...

La nuit touchait à sa fin et le jour commençait à poindre commençant à l'affaiblir et à limiter ses opportunités de frappe... L'avait-il sentie ? C'était probable. Repérée ? Non pas encore sinon elle ne pourrait pas être en train d'y réfléchir à ce moment même. Il fallait frapper maintenant pendant qu'il était dehors, puis prendre la fuite aussi vite que cela puisse l'être pour s'évaporer dans la foule et quitter la ville pour éviter de rencontrer de nouveau ce Baptistrel qui ne serait certainement pas des plus heureux de voir son coup d'un soir tué de sang froid par une vampire qui n'aurait même pas pris la peine de s'en nourrir avant.

Jouer le courant d'air, il ne faudrait que quelques secondes pour viser et blesser mortellement ou même tuer l'humain sans qu'il n'ait le temps de s'en apercevoir. Attendre le bon moment, attendre une légère rafale de vent pour ouvrir la fenêtre doucement. D'un léger mouvement vers sa main, la vampire finit par disparaitre de la vue de tous (Bague Umbrea). Le loquet ne fut pas un problème et il ne fallut pas bien longtemps pour permettre l'ouverture délicate du premier battant pour prendre la visée avec sa petite arbalète de poing dont la gorge du mercenaire appelait le carreau à corps et à cri...

Qu'était-ce donc ? Voilà bien une question dérangeante, et qui condamnait plus encore son ingérence passée. Quoi que soit cette sensation, elle avait dû être présente bien plus tôt et il aurait dû être capable de la ressentir et de l'analyser. Il aurait dû pouvoir rester sur ses gardes mais l'alcool l'avait brisé. Voilà bien pourquoi il ne buvait jamais. Rien à gagner à ce vice et tout à perdre. Oui jamais il ne recommencerait. S'il n'avait pas bu, il aurait déjà trouvé ce qui l'assaillait d'une sensation de déjà vu. Mieux encore, si ce qui provoquait pareille sensation était là depuis longtemps, il s'en serait rendu compte bien plus tôt et y aurait mit un terme. Mais a présent, il payait le prix de son erreur et il se devait d'assumer les conséquences de sa faiblesse. Impossible de ne pas se fustiger, et pourtant, il aurait sans doute mieux valut qu'il soit capable d'abstraction l'espace d'un moment. Délivrance vint, sans doute, dans le geste inconsidéré d'Alford. Était-ce vraiment le moment, aussi pénible soi-ce ? Tout de même, n'importe qui aurait pu profiter de son dos de cette façon, ou simplement qu'il ait les mains prises. Alors qu'il secouait la tête, et effectuait quelques pas supplémentaires, il parvint enfin à trouver ce qui manquait à ses sens. Le début de la piste. Immédiatement, il remontant le long des vibrations qu'il ressentait, son expertise le rendant sûr et rapide dans l'entreprise malgré sa délicatesse.

Il n'avait vraiment pas envie de jouer au chat et à la souris. A bien y réfléchir, il était vraiment de mauvaise humeur, bien que la notion puisse être particulièrement biaisée chez lui en raison de ses habitudes. Néanmoins devoir chasser un intrus de bon matin alors qu'il avait mal partout et avait encore un fond de migraine ne lui était fondamentalement pas agréable et il était prêt à parier que ce serait pareil chez n'importe qui d'autre. Et peu importait que la personne essaye de se dissimuler. En réalité, ça ne l'incitait qu'à moins de patience encore. Il prononça une unique note, aussi magique que parfaite, et destinée à immobiliser en place sa cible où qu'elle se trouverait. Une fois que ce fut fait, il retrouva Alford, et sans trop de considération pour une fois – mais après la nuit dernière avait-il vraiment à le ménager dans sa pudeur ? - il l’interpella. « J'ai trouvé ce qui me perturbait. Ou plutôt, qui me perturbait. Je l'ai immobilisé par magie, elle n'ira nulle part maintenant. Dépèche-toi, vient on va l'attraper et lui poser quelques petites questions… je n'aime pas du tout les voyeurs » Non mais ! Il n'avait pas prit le temps, ni fait l'effort à vrai dire, de prolonger l'écoute du chant-nom pour le moment, et n'avait que des bribes d'informations mais il était claire que la femme, femelle, ou quoi qu'on puisse la nommer, était là depuis plus longtemps que les lueurs qui l'avait réveillé et il n'appréciait pas la blague du tout.

Lui laissant le soin de le suivre, il lui dit de passer par la chambre et lui passerait par l'extérieur. De toute façon, l'intruse n'irait nulle part alors autant faire ça bien. Une fois sur place, il prit de nouveau la parole « Je vous laisserais bien là indéfiniment comme une nouvelle décoration pour votre manque d'éducation mais je pense que mon ami n'apprécierait pas... » Et il chassa son petit déguisement magique. Au besoin, il la délivrerait juste assez pour qu'elle parle, mais guère plus.

Qu'il se décapite tout seul avec sa maudite épée ! Ce traitre aurait eut une femme qu'il serait cocu avec toute l'armée du royaume humain pour que sa chance insolente soit justifiée. Bon, tant pis ce n'était que partie remise, maintenant elle savait ou elle pourrait le trouver et meilleure opportunité se présenterai ou il serait certainement seul ou même encore sur le trajet. Il fallait être patient après tout, elle avait tout son temps. Une de perdue, dix de retrouvées non ? Cela lui laisserait plus de temps pour découvrir le quartier et pourquoi pas de meilleurs points d'attaque.

Qu'est-ce que ?! Elle ne pouvait plus bouger. Pourtant le sort d'invisibilité fonctionnait encore et la plupart des magies d'immobilisation nécessitaient de savoir ou se situait sa cible et surtout l'avoir en visuel. Non, cela ne venait certainement pas de l'humain qui ne maitrisait par cette dernière à un tel niveau... Le Baptistrel ! Maudit Elfe ! C'était lui qu'elle aurait du tuer en premier pour ensuite frapper Gorder après l'avoir laissé souffrir quelques semaines ! A moins que celà ne soit une frappe au hasard... Non ce n'en était pas une quand elle vit les deux amants rappliquer et la trouver aussi facilement tout en se débarrassant du camouflage de cette dernière pour commencer à poser leurs questions.

Gorder et ses grands laïus, ne pouvait-il pas simplement s'étouffer avec sa langue ou se noyer dans sa salive, lui qui aimait tellement la gaspiller ? Bien sûr, cette affaire le concernait, il avait quoi à voir dans le fait que le mercenaire avait poignardé Korentin Kohan et conduit les troupes Alayiennes et Loyalistes à Aigue Royales pour causer un véritable bain de sang ?! Non il était le seul responsable de ses actes, les Baptistrels n'étaient pas connus pour être appréciés des Alayiens ni même assez mauvais pour mettre en place et diriger ce genre de complot. Par contre asse stupides pour protéger ce genre d'individu ? Oui, ça c'était maintenant certain !
Il avait blessé son humain et tenté de détruire ce qu'elle avait participé à construire avec ce même humain. Elle avait même faillit donner sa vie pour cette cause en se libérant de son ancien maitre et LUI il avait essayé de détruire tout cela. Non, c'était personnel, ça ne concernait personne d'autre, pas même son coup d'un soir ou de plus longue date d'ailleurs. Mais si voir couler encore plus de sang pouvait lui faire plaisir, alors pourquoi pas ! Ce lâche préférait se cacher que d'assumer la conséquence de ses actes.

Têtue comme dix mules ? Oui c'était peut-être le cas de le dire, car en plus de ne rien répondre - car après tout elle n'avait rien à lui dire, pouvait-il s'amuser à la torturer qu'il n'aurait rien à rapporter à Fabius Kohan, elle y avait été entrainée - elle s'acharnait à tenter de contrer la magie du baptistrel, et si tenté que cela marche, il ne lui faudrait pas de troisième essai pour que la petite arbalète crache son carreau dans la gorge de Gorder.

'On' ne te tuera pas ? Mais d'où sortait-il ça exactement ? Lui était baptistrel, il ne pouvait pas tuer. Quoi qu'il arrive il n'aurait rien fait de tel. Qu'est-ce qui lui prenait de sous entendre une chose pareille ? En revanche il n'avait pas forcément l'intention de la laisser repartir pour autant. Fronçant les sourcils, il coupa dans le vif. « Ne fait pas de promesses à ma place je te prie Alford, tu n'a en aucune façon la capacité de décider pour moi ou de prévoir ce que je pourrais faire. Et fait attention, par principe tu pourrais venir à m'engager par magie dans quelque chose que je ne désirerais pas » Sans doute son état n'aidait-il pas, mais il n'avait pas envie de voir Alford se permettre autant de liberté comme s'il était à ce point certain de lui. Il n'était pas Lorenz, pour le connaître sur le bout des doigts et leur partie de jambes en l'air ne le changeait absolument pas. Son regard, heurté, quitta l'humain pour se poser sur la vampiresse dont il pompait le chant-nom en continue pour la tenir et la surveiller. Elle…. Cette idiote. Mais pourquoi était-il cerné d'imbéciles ces derniers temps ? Enfin non, il devait simplement s'être habitué à la facilité du camp vampirique. Elle qui en était une, elle aurait dû être simple et à peu près logique, mais ce n'était pas le cas.

Alford se permettait peut-être des largesses en voulant parler à sa place mais il avait néanmoins raison sur un point : ça ne concernait pas seulement ces deux têtes de mules. « J'ai plus à faire dans 'votre' histoire que vous ne le pensez, Veren Sarjaa… ou devrais-je vous appeler Amanda ? » Il la contourna et vint se trouver un perchoir pour la regarder dans les yeux, gravement « Si je n'avais pas détruit Dévoreuse, Alford ne serait pas allé voir Korentin, ils n'auraient pas parlé de la pierre de prophétie et Korentin n'aurait pas été blessé. Et cependant, Alford n'a jamais cherché à lui faire du mal. C'était un accident involontaire et si vous refusez mes paroles alors c'est vous qui êtes stupide. Après tout, je ne peux pas mentir et je vous le dis : Alford Gorder n'a jamais eut l'intention de s'en prendre à Korentin Kohan » Il croisa les bras en l'observant « Vous n'êtes qu'une toute petite chose, Amanda, et vaine. Vous ne voyez pas plus loin que le bout de votre nez, vous ne voyez que ce que vous voulez voir sans chercher plus loin. Vous êtes une égoïste en cela. Vous valez bien mieux que ça. Lorsque vous avez décidé d'aider la rébellion en refusant à votre précédent maître ce qu'il voulait, vous avez su faire preuve de clairvoyance. Il serait temps de recommencer »

Il soupira, avec un début de sourire amer « Mais comme je ne m'attend pas vraiment à ce que vous raisonniez, je vais devoir faire en sorte de limiter la menace » Sans quitter ses prunelles des yeux, il convoqua toute la puissance de la magie du Fondateur pour donner à sa voix la force et la magie du ton de commandement. « Amanda Svenn » débuta-t-il, sa magie saisissant la conscience profonde de la vampiresse « Je vous interdit de chercher à tuer Alford Gorder, je vous interdit de le faire tuer par un tier, je vous interdis d'attenter à sa vie de quelque façon que ce soit et ce jusqu'à ce que vous entrevoyiez la vérité »

Cet humain était toujours si sûr de lui et presque trop prétentieux à parler pour les autres, parler trop vite et révéler des choses qu'il n'aurait jamais du connaitre au tout premier abord. Il parla une fois de plus pour un autre qui le remis à sa place, ce qui ne fut pas suffisant pour tirer un sourire à la vampire. Non, elle ne risquait pas de le faire dans cette position, surtout quand son second nom sortit de la bouche du baptistrel, puis... Son premier nom. Elle n'aurait pas été immobilisée, certainement qu'elle lui aurait sauté à la gorge pour lui arracher par pur réflexe pavlovien.

L'elfe tenta de lui expliquer que le fait que Korentin Kohan ait été poignardé n'était pas la faute de l'humain en question... Ah mais bien sûr ! Ce n'était pas sa faute ! C'était le fruit du hasard qui avait fait que l'arme qui se tenait dans sa main avait terminé dans le corps de Korentin Kohan ! Ce qu'il ne fallait pas entendre ! Seul le résultat comptait, et le résultat était clair et limpide ! Il était difficile de le nier ! Après tout elle ne voulait pas planter une flèche dans la gorge de Gorder volontairement ! Ce serait par accident de nettoyage d'arme après avoir pris le soin de ne pas le viser !

Il venait de la condamner à mort... Indirectement, mais il venait de le faire en révélant son véritable nom à ce traitre de Gorder qui s'empresserait de le vendre pour des clopinettes comme il avait fait avec la Rébellion. Si un seul Svenn survivant avait le malheur d'apprendre son existence, elle aurait jusqu'à la fin de ses jours une troupe à ses fesses bien déterminée à lui faire la peau. Et après il ne voulait pas qu'il le tue ? oh si ça pouvait lui plaire ! Après tout il était bien plus drôle de faire souffrir éternellement que de tuer et ce même si la victime implore qu'on l'achève. Mais ce ne serait pas parce qu'il le demandait, qu'elle ne le tuerait pas !

Il lui suffisait d'attendre en silence et les yeux fermés que la tempête passe, attendre patiemment de récupérer la liberté de ses mouvements pour enfin pouvoir agir. Pourquoi la "maudire" par un nom qui n'avait plus de raison d'être utilisé aurait-il un effet ? Elle n'était plus cette créature faible et étourdie qui s'accrochait à ses rêves. Elle n'était plus celle qui se laissait guider par ce genre de choses alors même qu'intérieurement une tempête déferlait à cause de l'utilisation de ce même nom, une tempête de colère et de rage qui se brisait contre les digues de sa patience et de son self contrôle. Enfin... Pour le moment.

Il hocha simplement la tête aux remerciements, n'autorisant pas plus son agrément que son inconfort à s'exprimer. Ce qu'il le disait, il avait une raison objective de le dire, ce qu'il faisait nécessitait tout autant de raison. Il n'avait pas seulement interdit la mort de l'humain pour le sauver, il l'avait fait parce que tous deux, la vampiresse autant que l'humain, le nécessitait et le 'méritait' à défaut d'un meilleur terme. Ce n'était pas simplement le geste d'une personne, c'était la décision du Gardien avant toute autre chose. Resté silencieux, attentif au chant-nom de la créature à sang froid, il laissa Alford s'exprimer, plongé dans ses propres pensées. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas eut de situation inextricable à démêler. Quand était-ce, pour la dernière fois ? Ah oui, Eliowir giflant Lorenz... Doux Dracos que cette situation-là avait été délicate. Explosive au possible, en pleine période de négociations. « Nécessité il y aura » finit-il par dire « Mais que l'on te juge sur de véritables bases et non par l'ingérence d'intérêts personnels et de vexations inconséquentes. Nous payons tous nos actes Alford, mais cela ne veut pas dire que tu dois endosser ce qui n'est pas de ton fait. Tu as causé une faute, mais tu n'es pas fautif ni responsable. Ta culpabilité est le fait d'autrui, pas de toi-même et si l'on m'épargne pour cette même raison il n'y a nulle raison que l'on te t'épargne pas non plus » Parce qu'encore une fois, si lui n'avait pas détruit Dévoreuse, rien de cela ne serait arrivé. Pourquoi alors s'en prendre à l'humain ? Auraient-ils donc réellement peur de venir porter un jugement face à lui ? La question se posait tout de même. Qu'il doive répondre de ses actes était une évidence, mais avec l'empreinte de la vérité. Toujours.

Un instant, il resta silencieux, puis poursuivit « Maintenant, il va se passer qu'Amanda va cesser de te nuire pendant un moment. Elle n'est pas bête, aussi finira-t-elle sans doute par comprendre. Tu ne la craindra pas je pense, mais sache qu'elle aura naturellement le droit, comme tout un chacun, de venir t'exposer les lésions que tu lui aura causé, lorsque le moment sera venu. Tu n'y es pas opposé, n'est-ce pas ? » Puis, se tournant vers celle dont ils parlaient « Tu peux inventer tous les stratagèmes que tu voudras, mais tu ne l'atteindra pas, crois moi. Je te laisse la surprise de tout ce qu'implique l'ordre que je t'ai imposé. Mais quand à ton propre trépas, tu te trompe lourdement. Et tu te trompes également sur ton nom. Ce n'est pas parce que tu en adoptes un autre que celui dont j'ai usé te définie moins. Que tu le veuille ou non, tu es toujours Amanda Svenn et que tu le veuille ou non, tu le seras toujours. Ce n'est pas ton nom qui s'adapte à ton parcourt, c'est ton parcourt qui vient enrichir ton nom. Du bon comme du mauvais d'ailleurs. As-tu jamais essayé d'approcher de ta famille ? Tu devrais, ce que tu découvriras risque de te surprendre » Et il la relâcha tout simplement, parfaitement conscient qu'elle ne pourrait rien faire. Lui-même soupira et se détourna. « Tu peux toujours continuer de le maudire et de lui promettre mille mort si ça t'intéresse et si tu y trouve un quelconque défouloir, moi ça ne m'intéresse pas d'écouter tout ça. Je vais manger un morceau, libre à vous de me tenir compagnie »

Elle ne savait pas ce qui pouvait la faire bouillir le plus ? Ce chien de Gorder qui se croyait tout permis après ce qu'il avait fait ou alors les mots de l'elfe qui ne valait certainement pas mieux que l'humain ? Que savait-il des Svenn pour parler ainsi ? Ils étaient des nordiques et en tant que Nordiques il y avait très très peu de chance que Veren ressorte vivante d'une tentative d'approche une fois qu'elle aurait révélé sa véritable identité. Pourquoi le feraient-ils d'ailleurs ? Après tout elle avait tué l'un des leurs - qui d'ailleurs avait eut ce qu'il méritait - et elle était une vampire. Non décidément, il semblait croire aux histoires merveilleuses que l'on raconte aux enfants pour qu'ils s'endorment !

Le baptistrel finit par relâcher la pression après son discours interminable, et évidemment elle ne laissa pas le temps à quiconque d'en rajouter une couche. A peine eut-elle récupérée sa liberté de mouvement que l'arbalète vint pointer en direction de l'humain mais... Son doigt refusa de bouger, il refusait de faire le moindre mouvement comme si son bras n'avait plus la force de le commander, comme s'il était asse fatigué pour refuser d'obéir à cet ordre simple. Elle le leva une seconde fois toujours avec le même résultat avant d'abandonner. Non, il était trop tard, elle devait partir et repenser à un plan pour nuire à l'humain.

D'ailleurs pour qui il se prenait pour lui adresser la parole, et pire encore, lui demander un service ?!

"Je ne crois pas avoir autorisé un bâtard de ton espèce à m'adresser ainsi la parole. Tu n'es qu'un chien galeux au service de Fabius Kohan."

Le ton ne laissait pas paraitre une once de pitié, elle le regardait de haut et lui parlait comme on le faisait à un moins que rien. Il la dégoutait, il n'y avait absolument pas d'autres mots pour décrire ce qu'elle pouvait ressentir à ce moment présent. Comment pouvait-il encore oser ce genre de chose sachant ce qu'il avait fait ? Il n'avait décidément aucun honneur ! Même les Alayiens en avaient certainement plus que lui ! Enfin, il n'était pas le moment de s'attarder sur ce dernier, ce cancrelat ne méritait pas plus que ces derniers mots avant d'être ignoré complètement. Non, la priorité était d'intercepter ce maudit Elfe avant qu'il ne retourne à l'intérieur ! Elle n'allait pas le suivre pour prendre le "thé et les petits gâteaux" à l'intérieur en présence de Gorder. Elle avait encore une chose à voir avec lui !

Sans vraiment grande précaution, surtout pour elle même, elle attrapa l'elfe par le col de son vêtement haut, avant de passer devant lui pour le forcer à l'arrêter et ainsi lui faire face. La brûlure ? Elle ne la ressentit pas immédiatement et bien que mineure puisqu'elle ne touchait que le vêtement ne manqua pas de lui rappeler qu'elle était présence de par cette douleur lancinante qu'elle faisait mine d'ignorer.

"Qu'est-ce que vous en savez sur ce qu'il y a à découvrir à part ma mort ?! Il n'y a rien de bon pour moi chez eux." Pourtant elle avait déjà essayé de faire les premiers pas auprès d'Achroma pour en découvrir un peu plus et tenter de s'approcher, mais sa fierté ne lui ferait certainement pas avouer ainsi. Ceux à connaitre son "identité" se comptaient sur les doigts d'une main. "Et il n'y a rien qui vient enrichir ce nom. Il n'y en a pas à enrichir." Et en prime elle rejetait sa propre identité, après tout pour quelqu'un qui en avait changé un nombre incalculable de fois pour s'adapter aux situations quoi de plus normal ?

Selon les réactions de l'elfe, la jeune femme ne se ferait certainement pas prier pour disparaitre, c'était d’ailleurs la seule chose qui la retenait ici à leur vue. Oh, elle ne serait d'ailleurs jamais bien loin car têtue comme elle était elle ne risquait pas de simplement "tourner les talons". Elle n'en avait pas terminé.

Boire du doux de préférence ? Ça lui allait oui, il en avait eu sa dose, de l’alcool. Enfin il prendrait un thé et Alford prendrait ce qu’il voulait. Un thé astringent de préférence, il avait un goût désagréable dans la bouche. Oui, ça et quelque chose à manger. Il ne savait pas si l’humain avait du pain mais si ce n’était pas le cas, il pourrait toujours aller en acheter. Il avait envie d’un pain chaud au miel avec des baies. Ce serait sans doute dur à trouver, les baies, mais tant pis il ferait avec là encore. Il hocha la tête pour Alford et s’apprêta à quitter la pièce, s’avançant vers la porte pour passer dans la cuisine. Il ne prêta aucune attention à ce qu’ils se disaient, ça ne le regardait plus. En revanche il fut surpris lorsque la vampire le retint, et, un instant, inquiet quand il la vit se brûler. Il eut tout juste le temps de contenir un peu ses flammes et l’observa d’un regard posé, ni agressif ni compatissant… mais pas dupe non plus. Elle pouvait dire ce qu’elle voulait à voix haute, elle était dans l’incapacité de lui cacher quoi que ce soit. Finalement, il soupira et eut un léger sourire. Ah les enfants… « Lâche moi et suit moi » L’ordre doux était pourtant indiscutable, sous le ton baptistral. Il attendit que la main lâche puis il la fit se pousser pour qu’il quitte enfin les lieux et aille dans la cuisine. Là, il chercha effectivement le pain, après avoir fait chauffer de l’eau et se rendit vite compte que, non, il n’y avait pas ce qu’il cherchait. Pendant un bref instant il observa l’humain puis la vampiresse qui le suivait toujours par obligation… « Alford, je vais aller acheter de quoi petit déjeuné correctement. Ne m’en veux pas mais baptistrel officiel des vampires ou non, je suis encore végétarien… Je reviens d’ici un moment, prend le temps de te remettre. Et j’emmène notre visiteuse inopportune » Il vint un instant serrer la main d’Alford, puis indiqua à Amanda de le suivre à l’extérieur après avoir récupérer une tunique d’extérieur à passer sur sa chemise. Ils pourraient parler sur le chemin.

RP terminé pour moi, merci à vous deux ^^