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| La belle histoire d'un lapin câlin [Dawan] TERMINE | |
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InvitéMon identité Mes compétences Invité
| Sujet: La belle histoire d'un lapin câlin [Dawan] TERMINE Dim 25 Jan 2015 - 20:29 | |
| 27 mars début de soirée Assise au bord du lac noir, dans un petit recoin isolé, Ambre passa doucement la brosse dans ses longs cheveux blonds, laissant les crins de sangliers glisser dans la soie dorée de sa chevelure. Fredonnant doucement, elle ferma les yeux en instant un se laissant porter par sa musique, imaginant un autre monde. Une douce colline, verdoyante et fleurie. Le vent souffle doucement, sans violence aucune, entrainant dans son sillage le pollen de milles et unes fleurs. Un rayon de soleil l’éclaire timidement, parant d’une délicate dorure le contour des paysages. Un peu plus bas, un pré de moutons, surveillé par un vieux berger au visage tanné par le grand air, au sourire difficile mais à la rudesse bienveillante, son chien attentif près de lui. Ils profitent tous deux du silence des lieux, loin des villes et des bruits, savourant ce que la vie leur a offert. Certes, parfois les temps sont difficiles, mais pour rien au monde ils ne souhaiteraient autre chose. Après tout, ils sont libres et c’est cette liberté qui est leur plus beau présent.Cela lui faisait du bien, de s’évader ainsi. Il y avait si longtemps qu’elle n’avait pas pris de moment pour elle et pour son corps, si fatigué de toujours préparer des décoctions, s’occuper des blessés. Malade, Ambre avait passé une partie de la matinée à vomir, et elle avait dû garder le lit par la force des choses, l’un des guérisseurs lui ayant formellement interdit de venir : non seulement c’était dangereux pour les métabolismes affaiblis des occupants des diverses infirmeries de service, mais en plus cela ne pouvait que faire du bien à la petite humaine de profiter d’une journée de répit. L’après-midi avait donc été d’un calme remarquable, d’autant qu’elle allait beaucoup mieux. Un lapin surgit d’un bosquet, s’arrête. Il hume l’air, curieux, tandis que le chien le regard sans broncher, habitué à reconnaitre où se situe ou non le danger. Nez frémissant, la petite boule grise se dirige en sautillant vers une petite touffe de pissenlit, heureuse de trouver si rapidement pitance. Encore jeune, il est aventureux et visiblement ravi de parcourir un petit bout du monde qui l’entoure. Gambadant joyeusement, il continu son chemin au travers des pattes des brebis et moutons pour franchir une barrière, s’arrêtant derechef en apercevant quelques poneys, poilus à souhaits et aux grands yeux tristes, se frotter le bout du nez l’un contre l’autre. Il songe à la jeune lapine qu’il a croisé plusieurs fois, lui aussi. Au joli nez rose qu’elle possède et à son pompon soyeux qui s’agite quand elle sautille.Rouvrant les yeux, Ambre esquisse un sourire plein d’innocence et de douceur, heureuse pour le lapin de ses songes. Il trouvera sa jolie lapine, elle n’en doute pas. Mais il doit auparavant terminer de visiter son monde. Se penchant en avant, sa chevelure ruisselant sur ses épaules comme une rivière d’or, la demoiselle observa son reflet dans l’eau pendant un instant, sans réellement le voir. Ce petit visage pâle aux grands yeux bleus, ce n’était pas le sien. La petite fille sortie en courant de la maison, remontant la colline sans s’arrêter, ses joues rouges et ses yeux brillants faisant ressortir sa beauté enfantine. S’arrêtant près de son grand-père, elle lui montre le petit lapin un peu plus loin, pleine d’émerveillement devant l’éclat de la Nature. Il lui rappelle le doudou avec lequel elle s’endort, chaque nuit, le serrant contre elle en souriant béatement, heureuse d’être ce qu’elle est. Mais il faut dire qu’il est mignon, ce lapin. Ses petites oreilles s’agitent dans l’air, guettant chaque bruit, tandis que sa fourrure frémit dans le vent d’été. Tout est si beau ! Un arc-en-ciel s’élève plus loin, tandis qu’une petite pluie commence à tomber du ciel, chaque goutte semblant sourire à la terre tendit qu’elle éclate au sol comme milles diamants. Ravie, Ambre s’adossa contre la paroi, fixant le plafond sans le voir. Le monde était beau, et les poneys s’approchaient en tendant le museau, intrigués par le rire cristallin de l’enfant aux yeux d’azur. |
| | | Dawan Sywel Baptistrel Chanteciel
| Sujet: Re: La belle histoire d'un lapin câlin [Dawan] TERMINE Dim 25 Jan 2015 - 22:02 | |
| Des petits bonds. Il s'était approché du lac souterrain à renforts de petits bonds. D'un point de vue extérieur, il devait sans doute avoir l'air particulièrement spécial, à sautiller de façon aléatoire. Mais c'était bien là le cadet de ses soucis. Quand bien même cela l'eut été, cela n'allait pas le rester longtemps. Bientôt ses bonds l'amenèrent dans un coin très peu fréquenté qui pourtant longeait le lac. Il y avait… Une chanson ! Oh ! C'était doux ! C'était plaisant ! La voix était toute belle ! Il n'y avait sans doute pas de moyen plus efficace d'invoquer le Dawan sauvage.
Sa petite frimousse apparut bientôt en vue. Poils blonds rebelles sur la tête, juste ceints de son diadème d'argent, vièle sur le dos, pieds nus, vêtu d'une tunique simple d'un pantalon un brin trop court. Il se fit pourtant discret, profitant d'un renfoncement dans la pierre pour voir sans être vu. Ne pas briser la mélodie. Elle était si belle ! Oh, la chanteuse était belle elle aussi. Il la reconnut ! Il l'avait déjà vue, mais c'était la nuit, elle n'avait pas vraiment la même allure. Ce n'était pas une mauvaise chose. Elle paraissait plus apaisée, ce n'était pas une mauvaise chose. C'était la vision la plus douce du monde. La belle Ambre Orétoile qui s'offrait un moment tout de tendresse envers elle-même. Ah ! Si le monde entier pouvait être aussi généreux, si le monde entier pouvait s'occuper de ses cheveux uniquement ! De quoi apaiser ceux qui ne l'étaient pas déjà. Mais Dawan l'était. Aaaah la belle époque. Il n'avait alors connu ni l'intrusion de Lorenz en lui, ni le sang et les visions inavouables de la guerre, ni l'horrible sensation de culpabilité en voyant les innocents mourir devant lui, ni le cauchemar d'Eliowir portant ses mains à sa gorge. Oui. Il ignorait ce qui l'attendait. Et il souriait devant la scène qui s'offrait à lui. L'univers était tourné vers la vie et ses lumières, la fin du monde n'était qu'une mauvaise grippe qui allait finir par passer.
Oh, peut-être n'avait-il pas le droit de voir Ambre se brosser les cheveux ? Peut-être que c'était une chose réservée aux femmes ? Dans ce cas, c'était pour lui une raison de plus, au moins d'assister à la scène. Fasciné. Elle avait de la chance d'avoir d'aussi beaux cheveux. Lui, il ne pouvait les porter longs. Il passait alors son temps à les toucher, jouer avec, les porter à sa bouche. Merithyn, lui, il avait de beaux cheveux, très longs ! Et il ne jouait même pas avec. La brosse d'Ambre semblait ne rencontrer aucune résistance… Bientôt, Dawan se retrouva à chantonner, sans paroles, suivant l'air de la musique d'Ambre. Il fit de son mieux pour se glisser dans la scène sans paraitre intrus. Ses pas suivaient le rythme, pas plus vite, pas plus lents. Il évitait les lapins, la lapine au charmant nez rose, qui n'était pas inconnue. La grotte semblait bien plus grande, désormais. Non. Elle était à ciel ouvert ! Tellement plus agréable… Sa forêt était loin, mais cette humaine apportait avec elle un bout d'univers. Bientôt, il s'assit aux côtés de l'humaine. Un grand sourire ravi étirait ses lèvres. Plus il s'était approché, plus le son de sa voix s'était affaibli, pour finalement se taire. La voix d'Ambre était mieux. La petite main aux doigts fins de Dawan effleura le sol, récoltant la poussière comme si elle avait été faite de milliers de minuscules diamants. Il en effrita quelques-uns au-dessus de l'eau. Le regard du reflet d'Ambre croisa le sien, les poneys autour d'eux ne connaissaient pas les prédateurs.
Dawan eut un petit rire, un rire cristalin, un rire d'enfant. Cent quarante ans ? Des broutilles ! Et cette jeune femme, qui l'avait connu soigneur, qui l'avait connu Enwr… Elle allait le connaitre, désormais, comme l'elfe avide de douceur qu'il était. Il lui était extrêmement redevable de tout ce qu'elle faisait. Il voulait faire comme elle.
"- Comme des milliers de diamants, mes soupirs vont légèrement. Mêlés au vent, ils reviendront à la fin des temps. Jamais pareille symphonie n'a tissé l'hiver, jamais ton retour n'aura autant brisé de fers. Cet océan d'écume porte en lui plus d'espérances qu'aucune autre sentence…"
La chanson était elfique, à l'origine. Mais n'étaient-ils pas un peu chez les elfes ? La nature semblait si bien s'agencer avec eux ! Voyez, l'eau, à leurs pieds ! Dawan retira l'étui de sa vièle, le posa à terre. Il avait repris la mélodie d'Ambre, l'avait faite peu à peu glisser vers sa propre mélodie.
"- Nous reverrons les heures bleues, où seules les étoiles décoraient le ciel de tes yeux. Nous entonnerons les chants sans peurs qui unissent les mains des rêveurs…"
Il s'était glissé dans l'eau. Il avait pied. L'eau lui arrivait plus ou moins à la moitié du torse. Ses doigts jouaient avec l'herbe, il frissonnait aux papillons sur sa nuque. Il avait croisé les bras, sur la rive. Les perles grises de ses yeux s'accrochaient à celles d'Ambre. Toutes pleines de lapins, des joyaux des éléments, de souvenirs du Domaine, de reconnaissance et d'admiration. Les mots cédèrent la place à un fredonnement sans paroles. C'était à elle de chanter. Il se rapprocha un peu, amenant sa tête au niveau des mains de la jeune femme, dans une demande implicite. Lui-même montra l'exemple: du bout des doigts, timidement, il commença à faire une tresse elfique des si doux cheveux d'Ambre. |
| | | InvitéMon identité Mes compétences Invité
| Sujet: Re: La belle histoire d'un lapin câlin [Dawan] TERMINE Dim 1 Fév 2015 - 23:09 | |
| La chanson continuait, relatant la petite comptine du jeune lapin tandis qu’Ambre se délassait, ses cheveux d’or formant une couronne somptueuse qui l’auréolait dans la lumière douce de la caverne. Une voix se joignit à la sienne, un fredonnement doux et mélodieux, plein d’affection et de délicatesse, et la jeune fille sourit en poursuivant son air. Celui qui était là était le bienvenu, et elle finit par relever légèrement la tête en arrière pour porter son regard azuréen vers lui. Dawan, son visage apaisant et sa chevelure en désordre, apparurent dans son champ de vision et la jeune demoiselle pencha la tête sur le côté sans cesser de chantonner. Etrange duo que le leur, mais qu’importait. La musique résonnait à leur oreilles avec ravissement et la guérisseuse fini par se taire, laissant cette fois à son compagnon de musique la possibilité de s’offrir en spectacle alors même qu’il s’asseyait à ses côtés. Le laissant chanter en l’écoutant, Ambre l’accompagna d’un fredonnement, laissant à son tour ses pieds nus effleurer l’eau avec légèreté, traçant dans le liquide merveilleux des arabesques délicates. - Mais nous ne devrons jamais oublier les tourments qui nous torturaient, nous irons de l’avant accompagnés de ce chant, pour retrouver la paix que l’on n’a jamais oublié.Reprenant à son tour la mélodie, la jeune fille passa ses doigts humides dans la chevelure en désordre de son ami, laissant l’eau lui semer des paillettes argentés dedans. Sur son front, elle esquissa une fleur avant de poursuivre la mélodie que lui avait jadis enseignée sa mère. La mélodie, elfique d’origine, avait été traduit dans la langue commune pour le grand plaisir de ses adeptes. - Ton sourire a hanté mon esprit des années durant, je le retrouvais même dans les ondes de l’étang. Le soleil se souvient encore de mes rêves éveillés, j’ai cherché si longtemps que je me suis égaré. Les oiseaux traçaient seuls leurs chemins dans les cieux, ils allaient chacun découvrir un monde heureux.Prenant sa brosse, elle la passa tendrement dans la coiffure de Dawan, savourant ce simple plaisir. Pourquoi chercher plus alors que le bonheur était si près ? Des poches de sa robe, elle sortit quelques parures à cheveux qu’elle lui tendit posément, les posant près de lui afin qu’il puisse à sa guise les utiliser sur elle une fois ses tresses terminées. Il lui faudrait encore du temps, sans doute, mais qu’importait. Le temps ne leur manquait pas, pas pour laisser s’exprimer leur douceur. Dans un monde tel que le leur, il fallait savoir aimer son prochain sans se laisser presser par quoi que ce soit d’autre. - Les histoires d’antan sauront peut-être guider nos pas hésitants, les songes de nos enfants nous parviendront, rassurants ; nous découvrirons comment s’aimer vraiment, nous apprendrons à vivre tendrement.Retirant au jeune elfe son diadème, elle entreprit posément de démêler la tignasse avant de déposer un gentil baiser sur son front, comme pour apposer ainsi sa protection, cherchant à lui transmettre son amitié. De toute évidence, c’était chose réussie, et elle lui décocha un éblouissant sourire avant de lui mouiller doucement le visage, un brin taquine, le laissant terminer les vers chantants. Finalement, elle choisit plusieurs broches à cheveux, en argent ou or, offerts par Lorenz quand il se souvenait encore de sa présence, pour les poser avec patience sur la tête de Dawan. Au-dessus de l’oreille, elle posa une petite barrette en forme de soleil avant de sourire avec ravissement. Elle avait choisi l’une de ses broches les moins féminines et celle-ci lui allait très bien, d’autant qu’il en aurait largement assez à lui mettre dans ses cheveux à elle. Ravie, elle compléta la scène en froissant entre ses doigts des feuilles séchées et merveilleusement odorantes qu’elle avait dans sa poche, avant de les laisser aller sur l’eau tels des morceaux de vie. |
| | | Dawan Sywel Baptistrel Chanteciel
| Sujet: Re: La belle histoire d'un lapin câlin [Dawan] TERMINE Jeu 5 Fév 2015 - 16:02 | |
| Touchons-nous les cheveux.Dawan ferma les yeux, son chant s'éteignit dans un souffle, petite flamme qui se change en fumée. Plus besoin d'utiliser sa voix, l'humaine chantait. Le plus important était que la musique reste. Un fin sourire restait posé sur ses lèvres, alors qu'il profitait des doigts dans ses cheveux, des gouttes d'eau lorsqu'elles rejoignaient la sensible peau de son crâne. Il ne reconnut pas la fleur dessinée sur son front. La sensation restait agréable, il appréciait de sentir ce contact qui allait et venait, d'une façon qui lui semblait aléatoire, donc surprenante, à chaque fois. L'air de la chanson, là, il le connaissait ! Oui, c'était une chanson elfique, une chanson de son beau pays, de sa forêt ! Oh, sa si lointaine forêt, désormais. Il était plus que ravi d'entendre sa langue natale. Un peu de confort et de réconfort en ces temps troublés, un peu de la confiance et de l'apaisement que procuraient les chez--soi, dans un environnement que Dawan ne s'était toujours pas approprié. Il était content, tout content, comme le petit elfe qu'il avait pu être jadis. Ce petit elfe muet, dans sa forêt. Il aurait pu rester des heures à se faire ainsi chouchouter, à avoir ses cheveux brossés, sans être tirés. La belle époque où ses parents le choyaient ainsi lui paraissait loin… Mais désormais beaucoup plus proche. Ambre avait sans doute de nombreux points communs avec sa mère…
Ses doigts s'étaient arrêtés dans le tressage, Ambre avait une demi-tresse. Dès qu'il entendit les légers cliquetis des parures que l'humaine déposait devant lui, Dawan porta son attention sur ces objets. Ses petites mains s'en emparèrent, ses doigts caressèrent les motifs et ornements, comme si la vision ne suffisait pas à en apprécier le relief. Il parut à peine remarquer qu'Ambre lui retirait son diadème. Dans les faits, il l'avait bien noté. Mais d'un côté, il faisait bien trop confiance à la petite mère pour l'empêcher d'agir à sa guise. D'un autre côté, même sil l'avait voulu, il était bien trop occupé à découvrir les motifs d'une broche. Se détourner de ce petit objet lui demandait un effort qu'il ne voulait pas fournir. Un baiser, sur son front, et son sourire se fit plus large encore. Un très bref rire lui échappa encore. Ses blondes mèches, libérées, tombaient sans retenue en travers de son front, ses yeux, devant ses oreilles. Ambre pouvait bien essayer de les dompter, il était pour ainsi dire impossible de leur faire prendre une courbe autre que celle qu'ils avaient décidé de prendre. Dawan appréciait cependant énormément de sentir les pointes de la brosse contre son crâne. S'appuyant à la rive, il remuait la tête, dans un sens, dans l'autre, pour garder le contact avec la brosse. Comme elle avait arrêté la chanson, il la reprit. En elfique, cette fois. Alors qu'Ambre le parait d'une jolie broche. Il tourna la tête comme pour essayer de la voir, ce qui, naturellement, n'offrit aucun résultat concluant.
Il chantait encore, il chantait avec lenteur. Pas pressé d'arriver à la fin de la chanson, et il la connaissait trop bien pour craindre d'en oublier les paroles. C'était une chanson qui se parait uniquement d'éléments offerts par les esprits, tels quels, sans qu'ils soient transformés par des mains de cinq doigts chacune. Il amena Ambre le long d'une rivière qui ressemblait à ce lac, lui demanda d'observer les nuages glisser, tout en se hissant à nouveau près d'elle, à ses côtés. Il était trempé, dégoulinant, mais nul doute qu'avec la chaleur de la canicule il aurait tôt fait de sécher. Il chantait encore, et ses petits doigts reprirent son diadème, le soulevant pour le poser avec grande précaution sur la tête d'Ambre. Ainsi il trouvait que cela lui allait bien. Elle ressemblait à l'elfe qu'elle était. Petite mère… Il récupéra un peu d'eau et, doucement, avec minutie, versa quelques gouttes dans son cou, sur sa nuque, pour former un collier d'eau. N'était-ce pas là une jolie parure également ?
Son chant se changea peu à peu. Bientôt, ce ne fut plus qu'un fredonnement sans paroles. Ses mains s'étaient posées sur la nuque d'Ambre, et étaient remontées sous ses cheveux, exerçant une pression légère mais suffisante. Bientôt, ses doigts appuyèrent de petits ronds sur le crâne d'Ambre. Un massage qu'il s'aventura jusque sur les tempes d'Ambre, sans se hâter. Il s'arrangea pour attacher les cheveux de son humaine, afin de ne pas les lui tirer en agissant ainsi. Le fredonnement se mua en chanson l'espace d'un instant, pour qu'il lui demande, en elfique:
"- Me direz-vous qu'ils vont bien ? Dites-moi qu'ils ne manquent de rien, ces êtres que nous aimons, ces êtres que nous choyons..."
- Spoiler:
Si la tienne ne parle pas l'elfique, il finira par la répéter en langue commune
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| | | InvitéMon identité Mes compétences Invité
| Sujet: Re: La belle histoire d'un lapin câlin [Dawan] TERMINE Dim 15 Fév 2015 - 22:59 | |
| Prenant soin de ne pas abimer le diadème de l’elfe, Ambre le posa précautionneusement sur la rive, près d’elle afin qu’il ne se fasse pas piétiner ni qu’il ne chute dans le lac. Passant une main dans les cheveux clairs et ébouriffés de Dawan, un sourire aux lèvres, la jeune fille se demanda si elle serait, un jour, à même de faire cela avec son enfant propre. Une petite créature au visage innocent, aux grands yeux bleus comme les siens et à l’expression souriante, voilà qui lui plairait. Elle aimait les enfants, c’était indéniable, et appréciait de s’occuper d’eux afin de les rendre heureux. Quoi de plus gratifiants qu’un bambin qui vous remerciait, le visage illuminé par la joie ? Non vraiment, cela était merveilleux. Le seul problème était qu’un enfant nécessitait un compagnon pour naitre et que ce point posait un peu plus de problèmes. Mais qu’importait. Elle verrait en temps et en heure. En attendant, elle avait un étrange petit à s’occuper. La musique reprit, cette fois dans sa langue originelle. L’elfique était beau, apaisant. Il était l’eau qui coulait des montagnes, il était le vent qui soufflait dans les plaines, il était le rire amoureux d’une enfant du pays. Il était la vie, la Vie même, il mettait le baume au cœur et apaisait les esprits. Et la voix du chanteur était belle et douce, calme et gracieuse. D’aucun aurait pu lui reprocher ce manque de prétendue virilité que l’on trouvait dans les champs plus guerriers, souvent, mais il n’y avait pas plus grande douceur au monde que la gaieté de l’apprenti baptistrel. Les lèvres tirées par un charmant sourire, elle se décala imperceptiblement lorsque que son compagnon de tendresse se hissa à ses côtés. Il était plus difficile, ainsi, de lui caresser, entortiller, effleurer et brosser sa chevelure en pagaille dans le vain espoir de la dompter, mais les doigts qui glissèrent le long de la nuque pour remonter sur son crâne et ses tempes et la jeune fille frémit de bien-être. Elle avait l’impression de perdre sa raison, son âme, de se glisser doucement hors de son corps tandis que le bonheur l’envahissait. - Je ne… comprends pas bi..en l’elfique, répondit-elle dans la langue des sylvains de façon bien approximative. Bien sûr, certains mots lui étaient compréhensibles, mais les autres… Mais même ainsi il y avait de la magie à l’écouter. Ne pas tout comprendre voilait de mystères le peuple aux oreilles pointues, mais d’un mystère hypnotisant et rien d’autre. Pourtant, lorsque Dawan répéta en langue commune sa phrase, Ambre lui en fut reconnaissante malgré tout. Et tout s’éclairait, la phrase trouvait correspondance dans son esprit avec la précédente. Mais de quoi parlait-il ? Des cheveux ? Des amours, des amants, des familles et des parents de chacun ? De ceux qui hantaient les cœurs, de ceux qui parcouraient les rêves ? De tous à la fois ? - Je sais seulement que votre compagnie… ne peut qu’apporter le bonheur.Et c’était vrai. Sincère. A quel qu’instant que ce soit, à la première rencontre ou au moment présent, le jeune elfe savait être source de réconfort et apporter des souvenirs de jours heureux qui ne se faneraient jamais. Le laissant un instant continuer son massage, Ambre fini par bouger légèrement la tête et, tout en douceur, la posa contre son ami, comme un enfant cherchant les bras de sa mère, comme un chaton quémandant des caresses. - Un jour, murmura-t-elle doucement, je vivrais dans une vaste.. plaine entourée de vertes collines, des chevaux paissant calme..ment non loin. Un jour, quand tout sera calme et que la.. paix se serait installée, grandiose, je sourirai aux nuages qui passeront embra..sser le soleil. Vous viendrez me voir, viendrez passer av..ec moi quelques jours heureux où nous no..us promènerons au milieu des poneys. Des lapins et des hérissons viendr..ont manger près de nous, le nez frémissant. Un jour, nous serons.. totalement libres.Et, ce faisant, elle esquissa dans le ciel des arabesques mystérieuses avant de, sans méchanceté aucune, tremper son doigt dans l’eau qui ondulait à ses côtés et mouiller le bout du nez du petit elfe. Un jour, ils seraient totalement heureux. |
| | | Dawan Sywel Baptistrel Chanteciel
| Sujet: Re: La belle histoire d'un lapin câlin [Dawan] TERMINE Mer 18 Fév 2015 - 20:16 | |
| [HJ: Theme song. J'espère que ça t'ira, je me suis un peu emballé éè si t'as pas assez dis-le moi] La réponse d'Ambre dessina sur les lèvres de l'apprenti baptistrel un sourire sincère. Qu'elle pense cela de lui le rassurait beaucoup. Cela voulait dire qu'il ne l'avait pas molestée, qu'il ne lui avait porté aucun préjudice qui puisse attenter à son bonheur. C'était peut-être évident, peut-être simple, mais c'était en même temps si important ! Ç'aurait dû être son principal souci, envers les autres êtres vivants de ce monde. Un des éléments-clefs des piliers qui formaient les mondes doux: la recherche du bonheur, des autres comme du sien. Alors certes, elle se fourvoyait, sa présence n'était pas que bonheur. Mais qu'il ait pu parvenir à cet objectif pour au moins une personne faisait pétiller en son coeur de petites bulles de bonheur. Un bruit étrange lui échappa, entre le couinement et la voyelle esseulée. Mais un couinement ravi.
L'humaine fit cesser le massage, pour amener sa tête contre lui. Oh ! Adorable petite créature ! L'elfe lui offrit un support, ses doigts vinrent s'occuper d'écarter les quelques cheveux qui barraient le visage de sa belle amie, en passer quelques-uns derrière son oreille, effleurant tout juste sa peau. Il avait toujours son grand sourire, et posait sur elle un regard qui n'était que tendresse. Ambre était une terrible créature qui, sans prévenir, avait fait fondre son petit coeur sensible. Elle n'avait même pas mesuré son geste, pour le faire fondre petit à petit ! Quelle violente personne que celle-là ! Le regard gris de l'elfe fut attiré par le mouvement. Il suivit les arabesques que dessinait les élégantes mains d'Ambre, ces courbes élégantes et agiles, qui pourtant lui venaient ô combien naturellement. Un instant il songea qu'on aurait pu faire d'elle une danseuse, si ses gestes étaient si aisément poétiques. L'instant d'après, il était avec elle, dans la plaine, ses pieds nus posés dans l'herbe, le vent se glissant sous ses cheveux, le long de son crâne. Le futur se mêlait au passé, son monde idéal ne pouvait que lui rappeler le sien, celui qu'il avait perdu. Heureusement, Ambre créa un charmant lapin, lequel amena son petit nez près de lui. Un poil au toucher aussi soyeux n'était que réconfortant. Il ne fallait pas être triste: le futur gardait des promesses. Il existait, quelque part, un futur qui était celui d'Ambre, et qui était le sien. Un futur où tous deux profiteraient d'une vie légère. Il fallait en être certain. S'ils n'y croyaient pas, qui y croirait ? Comment pouvait-on vouloir l'existence d'une chose si elle n'existait pas même en rêve ?
"- Libres…"
Il répéta le mot. Plusieurs fois. En elfique et en langue commune. Comme s'il cherchait à trouver à travers le mot un subtil détail quant à une signification qui leur échapperait. Libres… Le son coulait dans sa bouche comme l'eau entre les pierres, et il lui semblait percevoir combien, en l'instant, leur façon de dire "libre" liait ce mot à l'avenir. C'était si ténu… Ambre avait cessé de dessiner dans l'air, mais lui continuait encore à observer le haut de la caverne, comme fasciné. Il mêlait son monde à celui d'Ambre, ajoutait des arbres dans la plaine, ajoutait les êtres qui manquaient à sa vie, les poneys qu'il connaissait, les oiseaux et les loutres. Car qu'est-ce qu'un monde sans eau ? Il fallait une rivière, au moins ! Avec la chaleur qui les entourait, Dawan ne pouvait s'empêcher de rêver de neige à perte de vue et de vents mordants. Il fallut qu'Ambre touche le bout de son nez pour le ramener sur terre. Il loucha sur ce doigt, remua le nez comme pour se débarrasser de l'eau qui s'y était déposée. Elle avait raison: pourquoi garder ses rêves pour soi ? Ils avaient des idéaux semblables, autant s'offrir l'un et l'autre la présence d'un univers fantastique. Il chanta à nouveau. Une chanson très lente:
"- La jolie Ambre vit avec ses mille chevaux, Perle de jour, au rythme des sabots." Ses doigts étaient retournés jouer avec ses longs cheveux, ses beaux cheveux si bien brossés. Des cheveux humains qui paraissaient elfiques.
"- Le soleil pleut sur tout l'or de la forêt, Vois-tu les étoiles derrière lui se cacher ? C'est un dragon, son souffle est ton protecteur, Ses yeux sont d'eau vive, tu ne connais plus la peur."
La lenteur, et les notes assez bases de la musique lui donnaient un air mélancolique, malgré la clarté de ses paroles. En plus de cette différence, venait celle entre le chant, maitrisé, musique qui paraissait des plus naturelles, et l'air soucieux de son chanteur. Son regard restait posé sur ses doigts, sans les voir...
"- À l'aube les feuilles se parent de rosée, Autour de l'arbre ce sont comme des colliers. L'amour est un oiseau aux ailes de givre nacré, Il vit avec elle, depuis que la Nuit s'est levé."
C'était difficile à croire, mais à ce moment-là, Dawan était en train de… Calculer. Et plus précisément: il calculait des pourcentages. Il calculait le pourcentage de chances pour qu'une fratrie composée de trois enfants soit composée de deux garçons et une fille, comme la sienne. Mais au lieu de faire cela avec des chiffres, il faisait cela à grands renforts de métaphores. Il égrenait les possibilités, et tenait le compte.
"-Trois petits bonds, le lapin rejoint terrier, Il s'y blottit, dans une lumière bleutée. Tout est possible au blizzard comme à la flamme, Ne dit-on pas l'avenir miroir sans glace ?"
Il dut néanmoins s'arrêter, à un moment critique: le moment où son esprit lui demanda l'importance de toute cela. Pourquoi le faisait-il ? Tiens, c'était vrai, comment était-il arrivé là ? Et à quoi diable cela servirait ? Il avait cessé sa tresse, il avait cessé son chant, d'un seul coup.
"- …Non. Il y a mieux… Mieux…"
Le petit elfe paraissait troublé. Il l'était. Il trouva une solution au premier de ses troubles en retirant la pince qu'il avait dans ses cheveux pour maintenir la tresse qu'il avait faite à Ambre. Il cessa alors de froncer les sourcils, laissa ses doigts jouer à passer au travers des cheveux d'Ambre. Sa voix était teintée d'inquiétude lorsqu'il demanda, à voix basse, comme si c'était interdit:
"- Vous savez faire du feu ? Vous pourriez faire du feu, s'il-vous-plait…?" |
| | | InvitéMon identité Mes compétences Invité
| Sujet: Re: La belle histoire d'un lapin câlin [Dawan] TERMINE Ven 27 Fév 2015 - 18:16 | |
| Quel mal il y avait-il, à rêver ? Quel mal il y avait-il, à faire partager ce dit rêve à autrui ? Aucun. Aucun, parce que les songes apportaient la paix que le cœur ne parvenait pas à trouver dans la vie réelle. S’inventer un autre monde, un autre nom, un autre soi-même, voilà qui était bien souvent considéré comme enfantin, signe d’un esprit faible et malade qui était incapable de se satisfaire de ce que sa naissance lui avait apporté de concret. Mais c’était là que le bât blessait. Après tout, l’imagination faisait partie de l’esprit, or c’était la nature qui dotait chaque individu d’une intelligence particulière et unique. Par là même, l’utiliser à sa juste valeur, la développer, était en somme naturel et juste. N’était-ce plutôt les détracteurs de la fantaisie spirituelle qui se révélaient lâche, en réalité ? De rejeter ce qu’il était pourtant si naturel d’user ? De condamner une façon, finalement, de trouver sa place parmi les siens et dans le monde alentour ? De créer une personnalité complète, indépendante des carrés d’une société parfois malade et corrompue ? A chacun sa vision de la liberté et de la vraie vie, sans doute, que tous les horizons soient explorés doucement ou que seuls quelques-uns soient étudiés au-delà du raisonnable. Le plus important, après tout, était de trouver la paix intérieure et cela, personne ne pouvait le décider pour autrui. Difficile de savoir quand atteindre ce point d’équilibre qui permettait à l’individu de se sentir réellement bien mais, exceptionnellement, cela semblait être le cas pour Ambre. Dans un fin murmure, son souffle de voix se mêla à celui de Dawan tandis que sans même qu’ils ne s’en rendent compte, ils se rejoignaient l’un l’autre dans leurs songeries. Ils étaient unis par leur volonté d’un endroit calme et ne craignant nul danger, où ils pourraient se retrouver pour échanger gaiement en buvant un verre de lait ou en contemplant les nuits d’été, amis rencontrés par une nuit de cauchemar, amis retrouvés par une journée de rêves. La main tendue vers le ciel, qui traçait, sans signification, d’étranges dessins vers le plafond, glissa dans l’air, s’humidifia légèrement pour finir sur le bout du nez du jeune elfe. Elle ne sut ce que cela provoquait chez l’être sylvain mais le résultat fut une nouvelle balade, toujours aussi poétique. Et inventée cette fois ci, semblait-il. C’était joli et, se laissant bercer, la guérisseuse tenta de mettre en image les scènes qui lui étaient décrites. Cela réussit-il ? Plus ou moins. Le fait le plus marquant fut son soudain sursaut à la question presque pressante de Dawan. Du feu ? Que Dracos voulait-il faire avec du feu ? Quelques secondes plus tôt il chantait paisiblement, lui caressant les cheveux tandis qu’elle se pâmait de bonheur et d’aise, et voilà qu’il lui posait d’étranges questions. Se redressant avec un léger soupir, la petite humaine bailla, se frotta les yeux et fronça le nez pour observer son ami sans comprendre ce que cachait sa demande. Toutefois, elle lui faisait suffisamment confiance pour ne pas craindre quoi que ce soit de sa part. S’il voulait du feu, pourquoi pas après tout ? Portant sa main droite au visage, pas trop près non plus afin d’éviter un quelconque accident, la jeune femme se concentra autant qu’il était possible de le faire en laissant agir sa magie. Avec les fluctuations qui touchaient le continent, elle risquait fort de voir sa main exploser plutôt que d’obtenir les flammèches voulues. Toutefois, avec beaucoup de concentration, elle parvint plus ou moins au résultat voulu. Finalement, elle s’était peut-être un peu trop contrôlée, son sort était étonnement faible. Bah, ce devrait suffire après tout, mieux valait être prudent, faire exploser la caverne, quoi qu’Ambre en était bien loin, était plutôt déconseillé. - Est-ce que cela suffi…ra ? Lui présentant ses doigts enflammés, la demoiselle haussa un sourcil interrogatif, curieuse. Elle pouvait rester longtemps ainsi, mais elle était impatiente de découvrir ce à quoi pensait son compagnon du moment. - Puis je vous demander… pourqu..oi vous souhaitiez du feu ? Et… est-elle de vous, la chanson que vous ven..ez de me chanter ?Que ce soit le cas ou non, elle aurait volontiers entendu la fin, si fin il y avait, mais elle n’osait le lui demander. Après tout, il avait déjà fait assez pour elle et elle lui en était grandement reconnaissante. Sa seule présence suffisait. Amplement même. Une bulle de douceur à lui tout seul, en vérité. Il dispensait sa tendresse sans compter, sans rien en échange. Et c’était bien cela, le plus beau. |
| | | Dawan Sywel Baptistrel Chanteciel
| Sujet: Re: La belle histoire d'un lapin câlin [Dawan] TERMINE Mar 3 Mar 2015 - 14:17 | |
| La petite humaine avait eu l'air apaisée par son chant. N'était-ce pas cela que signifiait son air un peu somnolant, ces petits yeux frottés et cet adorable bâillement ? Oh, petite créature ! Dawan se souvenait parfaitement de l'expression qu'elle avait, en dormant. Qui n'aurait pas donné son âme pour que jamais son visage ne se voie abîmé par la peine ? Quel monstre aurait eu le coeur de malmener cette enfant-là ? Dracos, que nul malheur n'atteigne jamais cette petite mélodie, et qu'elle puisse encore jouer ses douces notes autour d'elle. L'Enwr le savait: c'était avec des humaines comme celle-ci que le monde pouvait être sauvé ! Avec des êtres qui savaient modifier la saveur du monde par leur seule présence. Elle avait attendri le coeur déjà fondu du jeune elfe. Il était encore un peu inquiet, un peu troublé, mais paraissait avoir été réceptif à ses petits gestes. Lorsque les petites flammes apparurent au bout des doigts d'Ambre, un petit rire lui échappa. Un petit rire de bonheur qui devait s'exprimer. Il était heureux de ces micro-flammes. Il n'avait pas besoin de plus. Il n'avait pas froid -pas avec cette canicule-, il voulait juste leur présence. Leur blanche lumière modifiait sensiblement la couleur de la scène, autrement baignée de bleu. Le petit elfe avait ramené ses fines mains contre son torse, un doux sourire illuminait son visage, alors qu'il observait la danse au bout des doigts d'Ambre. Non, pas plus.
Dawan opina vigoureusement du chef, faisant sautiller les blondes mèches rebelles posées sur le haut de son crâne, à la question d'Ambre. Elle ignorait sans doute combien elle lui faisait plaisir, et il n'aurait pas su l'exprimer. Il aurait juste voulu lui transmettre cette tranquille euphorie qui se glissait dans son crâne. En l'état, il ignorait totalement comment faire, et ses pensées paraissaient ne plus être composées de mots ou de phrases. Il aurait bien peiné à établir un plan, précis, et ne pouvait que laisser ce qu'il était s'exprimer, envoûté d'un charme qui lui offrait une liberté inconditionnelle autant qu'involontaire. Les questions s'enchainèrent un peu vite à son goût. Pourtant, l'humaine peinait toujours à s'exprimer ! Il leva brièvement les yeux sur elle, avant de les ramener sur les flammes, portant une petite main au niveau de ses lèvres, comme s'il avait voulu masquer son sourire. Quand bien même il l'aurait fait, cela n'aurait pas empêché Ambre de deviner son bonheur. Ses yeux souriaient également. Son autre main, cella qui était restée contre son torse, s'approcha timidement de celle d'Ambre.
"- Qu'est-ce qui est vraiment de nous ?"
C'était venu tout seul, il n'y réfléchissait pas vraiment. C'était néanmoins ce qu'il pensait. On lui avait toujours dit qu'à la différence des Esprits, les mortels n'étaient jamais totalement créateurs. Ils reproduisaient leur univers, le modifiaient, l'adaptaient, mais n'inventaient jamais totalement. Il était bien compliqué d'imaginer quelque chose qui ne s'inspire d'absolument rien. Dawan s'était toujours imprégné de cette leçon d'humilité, si bien qu'il n'avait pas pour habitude de se pavaner en disant "regarder, j'ai créé ceci !". Le bout de ses doigts effleura la main d'Ambre. Il ajouta, un ton plus bas, comme dans l'espoir que les flammes ne l'entendent pas, un chant très lent :
"- Ils craignaient le feu, n'en voyaient que la brûlure. Vint alors le froid, qui les blessa de sa morsure. Ils se souvinrent alors du feu, de ce qu'il portait en lui. Ils craignaient de perdre le feu, celui qui brûlait en eux…"
Le feu interne, cette chaleur que produisaient les corps vivants. Quelle étrange chose, tout de même. Les doigts de Dawan glissèrent non-loin des doigts d'Ambre, non-loin des flammes, les faisant se pencher par l'air qu'il déplaçait. Ses grands yeux gris pétillaient d'une lueur presque amoureuse, devant les flammèches. Il connaissait trop peu de choses fondamentalement mauvaises. Le feu n'en faisait certainement pas partie. Il murmura la prénom d'Ambre, ses doigts remuaient doucement près des flammes, les faisant danser, aussi doucement que possible. Il se souvenait du feu, celui qui brûlait quand novembre venait. Il revit des visages chéris. Ses doigts vinrent alors sur le poignet d'Ambre, pousser celui-ci vers le haut.
"- Aller où tu dois aller, voir ce que tu verras, trouver ce que tu seras…"C'était un autre chant, qu'il chantait d'une voix plus grave, mais pleine d'espoir. Son regard s'était porté loin au-delà des flammes, vers le plafond. Il revint vers le regard d'Ambre, s'y plongea comme on se plonge dans un verre de tendresse. "Je te verrai embrasser ton avenir. Et quoi qu'il advienne, je serai toujours…" Ses doigts vinrent offrir une légère étreinte au poignet d'Ambre. Il tremblait un peu. "Fier de toi." La petite chanson n'était pas de lui. La petite chanson était elfique, à l'origine. Mais il voulait offrir ces mots-là à Ambre. Il savait qu'elle n'aurait que faire de la fierté d'un inconnu à son égard, mais peut-être ressentirait-elle ce que lui-même avait ressenti, la première fois qu'il avait entendu ce chant. Qui s'intéressait à la fierté ? Il y avait des choses mille fois plus importantes. L'instant d'après, sans que cela s'explique vraiment, Dawan était debout. Son regard passait sur la caverne, autour d'eux, suivant une invisible créature, sans doute. Peut-être un lapin. N'étaient-ils pas dans une sorte de terrier ? L'Enwr souriait toujours, bercé par l'aura de sa lumineuse camarade. Sans la regarder, il commença à affirmer:
"- Il aurait peut-être aimé avoir des ailes…" Alors seulement il tourna ses grands yeux gris vers elle. "Le lapin. Avec des ailes. Vous ne pensez pas…?"
Dernière édition par Dawan Sywel le Lun 16 Mar 2015 - 15:53, édité 1 fois |
| | | InvitéMon identité Mes compétences Invité
| Sujet: Re: La belle histoire d'un lapin câlin [Dawan] TERMINE Jeu 12 Mar 2015 - 20:17 | |
| Etonnée par la demande, Ambre y consentit toutefois volontiers. Si offrir quelques flammèches à Dawan suffisait à le rendre heureux, elle n’avait pas le droit de l’en priver. Relevant la tête pour le contempler, la petite humaine resta un moment en admiration devant les traits délicatement elfiques de son ami, émerveillée par cette beauté à l’état pur. Il était beau, de cette pâle perfection que l’on trouvait parfois dans les visages des plus grands peintres, dans les gravures des livres les plus remarquables. Mais ce n’était pas tout. Il y avait autre chose qui ressortait de cette figure juvénile. Une joie paisible de vivre, une acceptation rêveuse du monde. C’était comme s’il existait une bulle autour de lui, une bulle magique qui apaisait toute personne entrant dans son champ d’action. La demoiselle avait déjà connu des personnes dont la seule présence était source de douceur et de réconfort ; Aldaron, l'intriguant commerçant, empli de la douce volonté de faire sourire une fragile humaine au coeur tourmenté; Eliowir, étonnement charmant, croisé sous un soleil chaleureux au royaume des elfes; Esmelda bien sûr, la belle princesse humaine, qui possédait en elle autant de force, de volonté et de courage qu’elle était intelligente, gentille et attentionnée. Et c’était sans compter Milania, la propre mère d’Ambre, qui avait toujours été un modèle de perfection pour l’enfant, l’adolescente puis la jeune adulte qu’était au fur et à mesure devenue la jeune fille. Néanmoins, le cas de Dawan était légèrement différent. Ses mimiques, ses gestes, ses impulsions le faisaient ressembler à un enfant plein d’innocence, découvrant le monde avec un regard plein de bonnes intentions, voyant toujours le meilleur même là où il n’y avait que désespoir. Et pourtant, à sa facon, il semblait étonnamment sage. Non pas de cette connaissance que pouvaient posséder les plus vieux, les gens ayant vécu maintes et maintes aventures et vu plus qu’ils n’auraient dû en voir pour le bien-être de leur propre mental, mais d’une lucidité impossible à imiter. Après tout, il n’était pas rare d’entendre certains propos parlant d’une philosophie propre aux plus jeunes mais qui se trouvait souvent d’une étonnante justesse. Si Ambre n’y avait jamais assisté, elle avait l’impression de trouver comportement similaire en cette situation. - Je suppose que… nos sentiments sont vrai..ment de nous. Quelques pensées… également. Sans doute certai..nes sont-elles influencées, issues d’au..tres opinions, mais chacun au fond de lui-même a une âme différente de celle de… ses semblables, qui en fait un être unique. Et si nous sommes di..stincts les uns des autres, c’est qu’il y a quelque part quelque cho..se qui n’appartient qu’à nous-mêmes. Pensive, la jeune fille pencha la tête tout en exposant à haute voix ses pensées. Peut-être avait-elle totalement faux, peut-être que ce qu’elle exprimait ainsi avec tant de liberté n’était en réalité qu’une vision simpliste et grossière des êtres vivants. Mais avec celui qui l’accompagnait, elle n’avait pas peur de se tromper, elle ne se sentait pas le moins du monde intimidée. Aurait-elle pu dire la plus absurde chose de toute sa vie à cet instant précis qu’elle n’en aurait pas éprouvé le moindre remord à l’idée de s’attirer les éventuelles foudres sarcastiques, moqueuses ou méchantes d’un autre. Après tout… C’était Dawan et le seul nom suffisait à expliquer cette confiance absurde qu’elle ressentait. L’écoutant en silence, elle le fixa de ses yeux clairs et pleins de bienveillance, ne sachant ce qu’il pensait, éteignant distraitement le feu de ses doigts. La chanson qu’il lui récitait semblait avoir un sens particulier pour lui, sa peau était un peu froide, sa main tremblante et légèrement crispée sur le poignet de la jeune fille, le regard était perdu dans ses propres songes semblait-il. Il semblait un bloc d’émotions. Mais non, elle s’était trompé, ce n’était pas de la tristesse. Non plus de la mélancolie. C’était un sentiment bien meilleur pour le moral, bien plus complexe. Qui n’avait pas vraiment de nom, sans doute. Mais Ambre le ressentait au fond d’elle-même, qui laissa place à de la joie. Entendre quelqu’un que vous appréciez vous dire qu’il était fier de vous était très touchant. Sincèrement. Se levant à son tour, ses cheveux toujours attachés depuis le massage de l’Enwr sur sa tête lui tombant négligemment dans le dos, elle prit simplement l’elfe dans ses bras pour le serrer contre elle, comme une mère le ferait avec son enfant, une amie avec son camarade, une épouse avec son compagnon, une Ambre avec un Dawan. Ils n’avaient pas besoin de plus pour s’offrir de la tendresse. - Je suis surtout fière de vous connaitre.Le murmure au creux de l’oreille n’était, pour une fois, pas troublé par son totem, ce dont fut grandement satisfaite la jeune fille. S’éloignant d’un pas, elle le dévisagea avec une étincelle dans le regard, souriante, un peu mystérieuse. - Je sais comment… le faire voler. Venez !Lui attrapant la main, elle le guida en silence au travers des galeries, s’éloignant du lac souterrain d’un pas léger. Arrivant devant la porte de sa petite chambre privée, elle entra et s’approcha d’un minuscule bureau où reposaient quelques papiers annotés de recettes et schémas pour ses mélanges, une liste d’herbes tentant de prendre la fuite par le côté. Remettant tout en ordre et empilant ses documents, la jeune fille attrapa une feuille vierge et, crayon de plomb en main, esquissa une petite silhouette. Petit à petit, un lapin aux grands yeux tristes les observa, protégé par l’ombre d’un grand chêne, tandis que des vallées décoiffées par le vent se dessinaient en arrière-plan. Se redressant, Ambre tendit le crayon à son ami en l’encourageant d’un sourire. - Venez, offrez-lui des ai..les et des merveilles. Ici, il pourra s’envoler.Son regard tomba alors sur le lit qui trônait tout près, lui rappelant sa première rencontre avec l’apprenti baptistrel. Il était un ami précieux, désormais. Dracos, qu’il ne perde jamais sa pureté. |
| | | Dawan Sywel Baptistrel Chanteciel
| Sujet: Re: La belle histoire d'un lapin câlin [Dawan] TERMINE Lun 16 Mar 2015 - 18:25 | |
| Les sentiments. Un mot qui parlait bien au petit être qu'était Dawan. Il n'était pourtant pas grand spécialiste des sentiments. Il savait les décrire, pour sûr. Il savait mettre des mots dessus… Parfois. Mais les sentiments avaient ceci de spéciaux qu'ils pouvaient se passer de mots. Ils éclosaient dans l'esprit, éparpillaient leurs flocons dans le corps. Tout changeait, pour un sentiment. La voix du monde prenait des inflexions nouvelles, d'autres sons prenaient plus d'importance. Pour un sentiment, les pensées trouvaient une autre façon de prendre forme. Ils façonnaient une part de la réalité du monde. Trop souvent ils se trouvaient opposés à ce que l'on appelait "raison". Concept bien étrange, mais qui ressemblait en bien des choses aux sentiments. Toute aussi impalpable, toute aussi maitre de fines actions sur les corps… N'était-elle pas, au final, un sentiment comme les autres ? Un sentiment particulier, qui irait toujours de paire avec l'avis de ceux qui l'estimaient, et un sentiment sur lequel il était souvent plus aisé de mettre des mots. Mais ce sentiment-là n'avait rien d'intéressant à entendre. Non, les sentiments plaisaient à l'oreille étaient parallèle à celui-là, s'en détachaient nettement, ou l'affrontaient. Ils avaient quelque chose de plus sincère, honnête et direct. Ils paraissaient venir de l'animal en chacun d'eux, cette petite chose en quête de sécurité, de tendresse, de découverte. Cet animal-là, ce petit bipède. Quant à savoir d'où ils venaient… Histoire compliquée que cette histoire-là. Dawan n'aurait pas parié que leur origine soient exclusivement leurs proies. Ils les faisaient partiellement naitre, du fait de rester en vie, mais ne subissaient-ils pas la causalité, comme tout un chacun ? Parfois, ils étaient incontrôlable, pour sûr. Parfois ils semblaient apparaitre sans raison (il y en avaient sans doute, ou inavouables, ou oubliées), et demeuraient malgré les désirs opposés du petit corps qui les soutenaient. Dans ces moments-là ils paraissaient être leurs propres naisseurs, n'exister que pour exister, et l'individu n'avait pas son mot à dire. Non, Dawan n'aurait pas parié qu'ils soient de leur unique fait. Mais le mot "sentiment" était beau. Il évoquait ces tensions particulières dans ses doigts qui le poussaient à se saisir d'un instrument, pour donner corps à ce qui n'en avait pas, pour extraire de son coeur ces impétueuses créatures en mal d'expression. Ce seul mot, et ce qu'elle y associait de positif, vinrent néanmoins le toucher. Sans le convaincre de quoi que ce soit. Il avait d'avantage l'impression que laisser aller les sentiments et les observer comme des porteurs d'une parole qui avait sa raison d'être était là ce qu'il fallait faire. C'était là une chose qui lui avait toujours parue évidente, mais qui avait été si souvent remise en question, si souvent… Cela réchauffait son petit coeur d'avoir au moins l'idée que quelqu'un, quelqu'un part, le soutenait peut-être.
Et le chant, et le feu, et les lapins… Ambre était une poésie qui mêlait ses rimes au fil du temps, qui offrait aux mortels le bonheur d'une présence tangible, à laquelle offrir des cadeaux était aisée, en sus d'une présence moins tangible mais pourtant perceptible. Un changement dans l'air qui s'étendait sa même connaitre la résistance de l'air, douce brume au parfum si insidieux et exaltant à la fois. Cette humaine ne l'était pas totalement, elle avait quelque chose en plus. Il avait parlé de lapin… Puis avait oublié. D'autant plus qu'Ambre le prit dans ses bras. Il n'y aurait donc en cet endroit jamais de combat. Ni ire ni haine, ni sang ni cris. Ambre l'avait décidé ainsi. L'idée même de tout cela était loin. Ici était la place des compliments et des grands jours, des après-midi où il n'y avait rien à faire, sinon jouer, profiter de ce que le monde offrait. Il portait sans doute cette tunique longue, d'un bleu-vert pâle, qu'il aimait bien porter, du temps à il n'avait pas même la moitié de la majorité. Sans doute y avait-il, non-loin d'eux, cette table couverte de mets aussi petits que délicieux, adaptés à ses mains et son palais d'enfant. Il en chaparderait comme un voyou, comme si ce n'était pas offert, et retournerait non-loin d'Ambre, l'écouter encore, comme il écoutait ses parents parler, en restant sur leurs talons. Il allait faire cela. Mais pas tout de suite. Avant tout, il fallait profiter de l'étreinte maternelle de l'humaine, qui serait trop tôt disparue. Ses mots lui arrachèrent un sourire, firent se fermer ses yeux. Elle avait une belle voix, même dénuée de ses hésitations. Lorsqu'elle se détacha de lui, c'est avec beaucoup de naturel, comme si l'humaine lui avait dicté avant tout ce qu'il fallait faire, qu'il rouvrit les yeux et la suivit du regard, puis de ses pas. Ses pieds nus étaient silencieux, sur la pierre bleuie d'Aigue-Royale.
Cela lui paraissait bizarre de revenir ainsi dans les appartements d'Ambre, alors que la nuit n'était pas tombée, alors qu'il n'avait pas à l'emmener auprès des songes. Pour le coup, il ne parvint pas à se faire une raison. Son regard passait sur tous les éléments de cette chambre et, peu à peu, il admit que c'était la nuit. Il continua à observer tour à tour son environnement, et le dessin qu'Ambre initiait. Sans plus s'inquiéter, et sans paraitre hésiter il souleva quelques feuilles de papier, pour regarder de quoi il était question. Oh… C'était amusant. Quel âge avait donc Ambre ? C'était bien compliqué à définir. Non, c'était plus simple. Elle n'avait pas d'âge. De toutes façons, l'âge, c'était une notion sans intérêt. Ambre le sortit de ses redécouvertes. Presque par réflexe, devant le timbre de sa voix, il lui sourit, la regarda sans vraiment la voir, puis prit papier, plume, et s'assit en tailleur par terre avec, comme si c'était plus confortable ainsi. Sa plume resta au-dessus de la feuille, il vérifia quelque chose sur le visage d'Ambre. La mine vint sur le dos du lapin, traça une large courbe circulaire. Il avait bénéficié d'un apprentissage correct en dessin. Certes, cela lui apportait moins de satisfaction que la musique, mais visuellement il se débrouillait plutôt bien, parvenait à quelque chose qui lui convenait plus ou moins. Là, il paraissait très satisfait de sa courbe. Elle forma un cercle, bientôt, mais qui ne passait pas par-dessus le lapin. D'autres cercles vinrent se dessiner tout autour du lapin. L'esquisse d'une tête de dragon se superposa à la forêt, hâtivement. Mais cela ne dut pas lui plaire. Il continua, s'arrangea pour que le lapin soit contenu dans les mains d'une silhouette, aux courbes féminines, aux longs cheveux. Il ne la précisa pas. Il avait chanté, tout en dessinant. Un chant elfique. Près de lui, la terre s'était étirée, puis creusée. Deux petites tasses étaient apparues. Il mit la plume dans une des tasses, qu'il tendit à Ambre.
"- De plus grands poètes dirent de l'encre qu'elle était l'eau des Esprits," expliqua-t-il à mi-voix, sans préciser le mot "Esprit". Il ne fallait pas réveiller ceux qui dormaient, non. Mh ? La dernière fois, il était vrai, il s'était moqué comme d'une guigne de réveiller ceux autour. Mais là, il avait le sentiment de devoir murmurer. Et il suivait ce sentiment. "- À votre santé, à celle des lapins, puisse-t-elle leur permettre de voler au côtés des pâles laines célestes. Puisse la sève toujours panser les plaies." Il porta sa propre tasse à ses lèvres. S'il y avait une fine poudre de roche dans la tasse, en tout cas, elle n'y était plus quand il re-posa la tasse. Il offrit à Ambre un plateau imaginaire: "Gâteaux ?" |
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| Sujet: Re: La belle histoire d'un lapin câlin [Dawan] TERMINE Lun 23 Mar 2015 - 10:50 | |
| Marchant tranquillement dans les galeries la menant à sa chambre, son pas léger la portant sans mal vers l’avant, Ambre tourna son regard vers le petit être à ses côtés. Enfin, petit n’était pas tout à fait exact, les deux étant d’environ même taille. Et pourtant, il faisait jeune non seulement d’apparence mais également dans sa façon d’être et de penser. Il était touchant de naïveté, comme un enfant perdu à la recherche des bras maternels et câlins l’ayant quitté trop tôt. A dire vrai, la jeune fille se posait milles et questions sur lui. Qui était-il vraiment ? Comment avait-il pu conserver cette fraicheur après tout ce qu’il avait, sans doute, vécu ? Avait-il encore une famille ? Une jeune elfette avait-elle pris son cœur ? Ou bien était-il totalement seul ? Si tel était le cas pour cette dernière interrogation, il n’était pas question pour la petite humaine de l’abandonner. Comme un oisillon perdu qu’elle recueillerait dans son foyer pour le voir grandir et s’envoler. C’était tellement étrange… La première fois qu’Ambre s’attachait ainsi, de cette façon, comme un adulte envers un enfant. Pourtant il était sans nul doute le plus agé des deux. Secouant mentalement la tête, la demoiselle poussa la porte de sa chambre avant d’y faire rentrer son ami. Elle avait toute confiance en lui, sa présence n’était qu’apaisement ; si Lorenz dans sa chambre la rendait nerveuse, le problème n’était pas le même pour l’apprenti baptistrel. Lorenz… Restant figé quelques secondes, se souvenant de la scène violente quelques temps plus tôt ayant définitivement tiré un trait entre elle et le Prince, elle effleura inconsciemment le bras qu’il avait légèrement brulé avant de soupirer et, un regard attendri envers Dawan, attrapa sa plume pour griffonner un dessin. Dessiner était un art qu’elle n’estimait pas réellement maitriser, bien qu’avec le temps elle sache se défendre convenablement en la matière. Après tout, avoir passé de longues années à reproduire les schémas des plantes qu’elle utilisait, griffonné et enjoliver ses cahiers, esquisser ses rêves le soir, allongée sur sa couche, lui avait donné un style tout à fait particulier. La scène qu’elle voulait apparaissant enfin devant ses yeux, la jeune fille se tourna vers son compagnon de rêveries pour lui tendre à son tour le crayon. Qu’il ait regardé, curieux, ses papiers qui jonchaient le bureau ne la gênait pas le moins du monde, il n’y avait rien de confidentiel. Qu’aurait-elle pu avoir à dissimuler, après tout ? Il n’y avait rien qu’elle puisse dissimuler à qui que ce soit, personne à qui écrire, pas d’expérience délicate ou de secret affreux qui mériterait qu’elle couche sur papier pour libérer son esprit. Non, elle était tout simplement elle-même et ne se cachait pas, ceux qui voulaient des renseignements n’avaient qu’à demander pour qu’elle accède à leurs requêtes. Sa vie était vouée à aider les autres et les apaiser, leur fournir autant que possible un peu de joie et de divertissement quand bien même n’était-elle pas très importante. Se réintéressant au dessin de Dawan, elle pencha la tête sur le côté, amusée de voir naitre un dragon. Cela ne dura pas et sa bouche s’entrouvrit pour former un « o » de surprise lorsqu’elle reconnut un visage féminin aux longs cheveux qui lui ressemblait étrangement. Touchée, elle frissonna de haut en bas en mordillant la lèvre inférieure, les yeux humides. Trop émue par la tendresse de ce geste, elle eut un sourire resplendissant qui sembla illuminer la pièce avant d’attraper la tasse magiquement créée par le petit elfe. - Avec plaisir, oui. Tendant la main vers le plat inexistant, la jeune fille attrapa un invisible gateau avant de croquer dedans, s’amusant comme une enfant. J’espère trouver une plume de… lapin, un jour. Mais ils ne sortent voler que la nuit, hél..as. Oh, attendez !Se dirigeant vers un coin de la pièce, elle s’accroupit, la robe s’ouvrant en corolle autour d’elle, et attrapa un pot de métal soigneusement rangé dans un coin. Il lui fallait bien pouvoir faire ses potions et chauffer l’eau, aussi avait-elle toujours du nécessaire pour cela. Le ramenant au centre de la pièce, elle le coinca sur deux pierres trouvées à peu près plate et, assise à même le sol, glissa la main dans l’orifice ainsi créée, avant d’aller un tout petit feu grâce à quelques morceaux de bois et de chiffons stockés. Le plus important était de limiter la fumée. - Tisane à la menthe ?Le regard scintillant, elle était toute heureuse d’offrir à son ami de quoi partager un moment de tranquille convivialité. Regardant autour d’elle, Ambre plissa le nez, navrée. Elle n’avait pas de gateau à proposer. Sans doute aurait-elle pu en faire mais il lui aurait fallu se glisser jusqu’aux cuisines pour avoir à disposition assez de matériel et les ingrédients necessaires. Peu importait, au moins ils auraient de quoi boire réellement. Se rappelant le dessin précédent et décidée à passer le temps en attendant que l’eau ne chauffe, la jeune fille tourna son attention vers Dawan, curieuse de comprendre la présence d’un élément en particulier sur le dessin. - Vous aimez les dra..gons n’est-ce pas ? Comment les voyez-…vous ?Après tout pour un elfe, il était normal qu’il les respecte. Mais Ambre était curieuse de savoir quelle signification ils avaient pour lui. Les protecteurs de la magie et de la nature, sans aucun doute, des êtres exceptionnels et d’une beauté, d’une sagesse, d’une puissance incroyable. Là était sans doute le point de Dawan, néanmoins la guérisseuse désirait s’en assurer ; et l’entendre s’emballer pour décrire les seigneurs des cieux. Elle adorait l’entendre parler de merveilles et de douceurs. Il savait narrer et exprimer les émotions qu’il ressentait, était capable de transmettre ce que son cœur exprimait. Et c’était magique. Une magie bien différente de celle habituelle qu’ils utilisaient pour lancer leurs sorts, plutôt quelque chose de profondément intérieur à l’esprit et l’âme humaine. |
| | | Dawan Sywel Baptistrel Chanteciel
| Sujet: Re: La belle histoire d'un lapin câlin [Dawan] TERMINE Jeu 2 Avr 2015 - 1:05 | |
| Le nez levé vers le plafond de la pièce, Dawan était plongé dans de sérieuses réflexions. Les lèvres entr'ouvertes, une expression neutre, il avait sa tasse entre ses doigts, sa tête appuyée sur sa main, son coude appuyé sur son genou. Elle avait raison, Ambre… Les lapins ne volaient que la nuit. La nuit était néanmoins leur royaume à eux, petits bipèdes. Elle était le moment où ils chassaient les ombres du jour, se défaisaient de leurs masques, se croyant protégés par les ténèbres. Elle était l'instant que nul ne pouvait leur arracher, elle était la lecture secrète et les amours interdits. Elle était les escapades, l'aventure, les études passionnées. Elle était la vie que l'on mordait avec avidité, sans la moindre honte quand le jus de ce fruit coulait sur le menton. L'animal en eux se sentait ici chez lui, la fatigue et la solitude se repaissant de ces portions d'ombre. En Aigue-Royale, la nuit et le jour se confondaient bien trop, aux yeux du petit elfe. Rien de surprenant à ce que les lapins ne s'aventurent pas à voler ici. S'ils venaient s'envoler à l'ombre d'une grotte, se croyant aux heures de sommeil, tandis que dehors le soleil dardait sa chaleur sur les sols de poussière, leurs ailes deviendraient un liquide où scintilleraient les reflets de l'Aube qui ne se levait pas, et ils ne pourraient plus jamais quitter la terre. Cela ne valait pas le coup. Mais Ambre, qui elle était humaine, pouvait savoir si oui ou non le soleil brillait dehors. Elle avait le langage. Elle pouvait dire aux lapins de s'envoler. Lui, petit Dawan, avait un talent particulier. Il pouvait apprendre à Ambre comment changer le jour en nuit. Elle était princesse des songes, enfant de l'azur. Elle pourrait sans souci éclairer le jour des ombres nocturnes, pour peu qu'elle s'y attache, pour peu qu'elle soit prête à ce que cela impliquait.
L'Enwr sortit de ses pensées à la proposition de sa camarade. Des tourbillons couleur de nuit dansaient encore dans ses pensées, mais ils murmuraient. En revanche, la petite joie qu'il éprouvait à voir Ambre lui proposer une tisane à la menthe, elle, faisait entendre sa voix. Sa gorge émit un son entre le petit rire et le couinement, ravi alors que, après avoir offert sa tasse à son amie, il ramenait ses mains jointes contre lui. En plus, la menthe, c'était un excellent choix ! Ça laissait un bon goût dans la bouche longtemps après avoir bu, un goût tout doux et frais. Il laissa donc Ambre s'occuper de la tisane. Il était grand, il aurait pu le faire. Mais son aisance habituelle menace de répandre de l'eau chaude dans une chambre qui n'était pas sienne... La question d'Ambre calma un peu ses gesticulations, l'amena à la dévisager. La réponse était évidence… Du bout des index, il traça des cercles autour de ses propres yeux, sans lâcher du regard ceux d'Ambre. C'est alors qu'il comprit le véritable sens de sa question. À nouveau il eut un petit rire, qui faisait écho à la joie secrète de la promesse du thé à la menthe. Finalement, ses doigts glissèrent faire un rond autour de ses oreilles, emmêlant de plus belle sa pâe chevelure, avant de courir le long de sa jugulaire, et s'arrêter à la base de son cou.
"- Ils sont… Ils sont…" Il parut hésiter. Un bref instant il hocha vaguement la tête. Un chant sans paroles s'échappa de ses lèvres. Une note unique, et grave par rapport à sa voix, qu'il maintint. On ne pouvait parler des dragons comme on parlait des autres éléments de ce monde. Il répéta la même note, avant d'oser murmurer: "Que sommes nous, Ambre ? Je nous vois comme des sculptures de cendres. Ils sont le feu." Il approcha une main de sa tasse de tisane, sans oser y toucher pour l'instant. La note lui échappa à nouveau. Lorsqu'elle se tut, il ajouta, comme une confidence: "Parfois je me dis que c'est un honneur qu'ils se soient Liés à nous. Parfois… Parfois…" La note, encore. Mais cette fois-ci, elle continua vers d'autres notes. Bientôt, iel reprit sa voix de chant habituelle, pour parler à Ambre de l'or du Soleil fondant sur les écailles des dragons, des tempêtes qui dansaient autour d'eux. Il conta avec une adoration passionnée la mémoire fabuleuse de ces êtres. Il ne se laissait pas de faire tourner moult figures de style autour du feu et des airs, ce domaine autrement inaccessible au commun des bipèdes. Enfin… Lui, avec son totem, il aurait pu caresser l'espoir d'un jour pouvoir se changer en chouette, et partager ce ciel avec ceux qu'il admirait tant. Mais il savait très bien qu'il n'aurait jamais d'enfant. L'Enwr cessa de chanter, mais ne se sentait pas repu. Y avait-il seulement des mots suffisants pour transmettre son admiration à Ambre ? Lui faire comprendre ce que cela faisait, pour un elfe, de se sentir humble ? C'était bien moins courant que pour un humain… Mais c'était une sensation qu'il affectionnait, bizarrement. Il eut un long soupir d'amant transi, prit sa tasse de tisane entre ses doigts, la porta à ses lèvres.
"- Les papillons ont leur propre savoir qui échappe aux miens." Il frotta le bout de son nez. "Dites-moi, que savez-vous des chrysalides nocturnes ?" Il était sérieux. Très sérieux. Et il la regardait comme si elle allait lui révéler les plans secrets des dirigeants de ce monde. Avec un intérêt presque politique.
[HJ: je... pensais pas mettre le mot "politique" dans ce rp o_o j'espère que tu auras assez, douce amie] |
| | | InvitéMon identité Mes compétences Invité
| Sujet: Re: La belle histoire d'un lapin câlin [Dawan] TERMINE Mer 8 Avr 2015 - 23:46 | |
| Ravie de voir Dawan accepter, Ambre s’empressa de mettre de l’eau à chauffer. Il n’y avait rien de mieux que la menthe. Non seulement pour le moral, mais aussi pour le corps. Inutile de préciser que la guérisseuse était une adepte de cette plante aux milles vertus, et que s’il y avait une chose qu’elle avait toujours sur elle, ou du moins dans ses affaires, c’était de cela. Mais après tout, si avec quelques feuilles, fraiches ou séchées, elle pouvait remonter le moral défait ou soigner une toux, pourquoi se plaindrait-elle ? Bien au contraire, cette constatation l’enchantait et comme toute chose elle veillait à entretenir la beauté de cette simplicité. La présence de Dawan l’aidait à ne voir que le meilleur dans le monde qui les entourait et ceci n’y faisait pas exception. Elle n’en avait même pas réellement conscience, de cette influence apaisante qu’elle ressentait auprès de son ami. Après tout, dans ces instants, la seule chose qui importait était l’instant présent et le fait que l’on sente bien. C’était le cas pour Ambre. Elle ne voulait et ne pouvait voir que le positif.
Observant Dawan tandis que celui-ci lui répondait, elle pouffa de rire devant sa bêtise non-voulue. Oui, elle se doutait qu’il voyait avec ses yeux, ce n’était pas de cela qu’elle parlait ! Néanmoins elle ne lui en voulu pas le moins du monde et, hilare, elle dû reprendre son souffle pour l’observer d’un air attendri tandis qu’il s’expliquait autrement. Son innocence, sa naïveté, elle trouvait cela tellement… tellement touchant, tellement pur ! Il était un enfant maladroit, aux réactions inattendues, mais si mignonnes qu’un cœur de pierre aurait explosé devant tant de douceur. Il faisait sourire et rire, il apaisait, il réjouissait. Comment, comment un tel être pouvait-il encore exister ? Comment était-il resté lui-même au milieu de ce monde empli de chaos et de ténèbres ? Il était un elfe, il avait dû voir défiler de nombreuses saisons. Quelle était la puissance de son esprit pour résister à toutes les tornades, toutes les explosions qui brisaient les vies, unes à unes ? Chaque journée recelait son lot de trésors, mais il fallait savoir les voir et les découvrir au milieu des éclats de joie brisée, des cœurs endoloris et des corps meurtris.
Mettant les feuilles dans l’eau bouillante, Ambre écouta avec un sourire rêveur la poésie de l’apprenti baptistrel. La musique était belle, la sienne était splendide. Il faisait tout en musique. Peut-être était-ce là le secret de la lumière interne qui le nimbait. Il avait une passion qu’il pouvait exercer, tout le temps, à chaque instant. Effleurant la sacoche d’herbes ouverte près d’elle, la guérisseuse hocha mentalement la tête : elle aussi avait sa passion. Peut-être n’y excellait-elle pas autant que Dawan dans son art mais elle aimait cela, elle devait bien le reconnaitre. Elle adorait, même. Bercée par la poésie de son ami, la jeune fille pencha la tête en observant avec fascination la feuille qui dérivait, devant elle. Remplissant les tasses presque par réflexe, elle frissonna devant la grandeur des scènes décrites par la chanson. Oui, les dragons étaient magnifiques. Oui, ils étaient d’une noblesse incroyable. Oui, elle aussi rêvait d’eux. Toutefois, elle ne s’imaginait pas se lier avec l’une de ces fabuleuses créatures. Elle ne s’en sentait ni la force, ni le courage, pas plus qu’elle ne s’en estimait digne. Elle n’était qu’une guérisseuse, mais ce titre lui convenait. Elle n’aspirait ni à la gloire, ni à l’honneur. Seule la sincérité et la vérité lui tenait à cœur, mais pour qu’ils règnent dans le monde comme ils le devraient, il y avait encore bien des chemins à faire…
-Oui… Ils sont… magnifiques.
Ils avaient le même avis, la même vision des autres. Ils se ressemblaient, en un sens. Deux petites créatures plus fortes que leurs apparences ne le laissaient supposer, deux rêveurs optimistes ne cherchant qu’à faire éclore les rêves et ramener la paix sur Armanda. Paix du cœur, paix de l’esprit. Pourtant, ils n’en avaient pas vraiment conscience. La seule chose qu’ils pouvaient percevoir était la douce affection que chacun avait pour l’autre. Ils auraient pu être frères et sœurs, ils étaient amis.
-Les… chrysalides nocturnes ? Et bien…
Surprise et amusée par l’air sérieux de l’elfe, Ambre porta la tasse à ses lèvres pour souffler doucement dessus. Elle réfléchit un instant, prenant le temps de mettre ses maigres connaissances sur le sujet dans un coin pour les rassembler. Si la question était importante pour le petit elfe, alors elle devait lui donner une vraie réponse. Laissant le silence s’installer dans la pièce sans prêter attention au regard qui la fixait, l’humaine finit par relever la tête avec une petite moue d’excuse devant le peu qu’elle pouvait lui fournir.
-Ce sont elles qui perm..ettent aux papillons de s’épanouir. Certaines se… cachent sous terre, d’autres ont des sortes de… carapaces, je crois. Mais je ne peux guère en di..re plus. En avez-vous… trouvé une ?
Curieuse d’une telle question, elle reposa finalement sa tasse encore trop chaude pour observer le visage sérieux qui lui faisait face. Quel était donc le rapport entre les chrysalides et les dragons ? |
| | | Dawan Sywel Baptistrel Chanteciel
| Sujet: Re: La belle histoire d'un lapin câlin [Dawan] TERMINE Mer 15 Avr 2015 - 15:53 | |
| Les grands yeux gris de Dawan paraissaient chercher à se planter comme des pattes d'insecte sur la peau d'Ambre, pour s'y accrocher, alors qu'il la dévisageait. Il la voyait songeuse, pensive. Il était ravi qu'elle comprenne tout le sérieux du sujet, là où d'autres l'auraient balayé d'un revers de main désabusé. Elle savait, elle savait ce qui était important. Elle savait qu'ils avaient leur propre façon d'oeuvrer pour Armanda. C'était Ambre, une humaine que Dawan estimait de plus en plus. De celles dont l'aura particulière parvenait sans mal à le toucher. Ainsi il se sentait plus proche d'elle, comme s'ils avaient un langage en commun que d'autres ne parvenaient pas à saisir. Habituellement, il devait cette sensation aux musiciens. Ambre avait sa propre musique. Elle était une musique. Ses gestes, sa voix, son attitude… Comme un instrument à qui les Esprits auraient donné forme humaine, dont ils jouaient pour s'apaiser en ces temps sombres. Un fin sourire éclaira l'air trop sérieux de Dawan lorsqu'elle lui offrit enfin une réponse. C'était exactement ce qu'il attendait. Elle avait compris. Elle était merveilleuse, la dame de la nuit. Il posa sa propre tasse, l'imitant sans hâte. Il jubilait. Elle avait trouvé, elle était bien celle qu'il imaginait, et c'était là un réconfort pour ce bas-monde. Pour les lapins volants aussi. Il la désigna, de la main, souriant toujours, comme s'il lui offrait un cadeau. Mais il n'y avait nul cadeau. Il demeura immobile, le souffle un peu fort, mais calme. Comprenait-elle ce qu'il voulait dire ? Non, il n'avait jamais su s'exprimer correctement. Elle… Elle n'avait pas besoin de parler.
"- Ce sont elles qui permettent aux papillons de s'épanouir. Certaines se cachent sous terre, d'autres ont des sortes de carapaces."
Il répétait ce qu'elle avait dit avec le même rythme qu'un début de conte que l'on aurait lu. Ainsi, comprenait-elle ? Il n'y avait aucune distance entre les chrysalides et elle. La terre était Aigue-Royale. Sa carapace… Il l'ignorait encore, si elle en avait une. Ils n'étaient pas assez proches. Elle permettait tant aux autres de s'épanouir qu'elle pouvait se le permettre elle-même. Elle était encore dans une chrysalide, elle pourrait bientôt devenir totalement celle qu'elle était. Les reflets iridescents du soleil traverseraient ses ailes plus aisément encore qu'une bulle d'eau, transposeraient ses mille couleurs sur le monde. Elle pourrait voler, comme nul autre, se glisser au sein de l'air comme si elle avait été faite du même élément, et ses battements d'ailes auraient guidé le coeur des Hommes. Et des lapins. Ils auraient enfin compris comment voler, ils auraient su la nuit et le jour. Nul autre qu'elle n'aurait su les guider. Ambre était importante, il était important qu'elle étende ses ailes. Dawan se leva, sans cesser de la désigner. Son expression restait figée, quand son coeur la questionnait. Alors il créa une petite sphère de lumière, d'un mouvement de main, se rapprocha d'elle pour n'avoir qu'à murmurer:
"- Comprenez-vous, Ambre ? Les lapins sont des créatures si fragiles… On les croit immortels car malgré la chasse, ils sont toujours présents." Il eut un long soupir. Quelle tragédie. Quelques petits bonds, semblables à des petits sauts de danseur, et il faisait le tour d'Ambre, pour finalement venir à ses côtés, accroupi, accompagné de la sphère de lumière. "Je suis certain que vous êtes celle qu'il faut, celle qui peut donner des ailes. La nuit est un royaume où veillent de lointaines et pâles sentinelles… Il est le lieu où s'évadent les esclaves affranchis. Auprès de vous, j'entrevois la possibilité d'une nuit infinie." Le temps où chacun aurait, comme lui, le coeur empli de la douceur et de l'amitié que répandaient l'humaine. Il mit sa main au-dessus de la sienne, comme s'il avait voulu la prendre. Ses yeux avaient une étincelle de tristesse, quand son coeur et son sourire reflétaient un semblant d'espoir. "Vous savez mieux que moi quels sont vos pouvoirs, je sais que vous saurez en user. Vous pouvez faire tant de choses…" Il s'assit finalement, les yeux fermés, penchant la tête en arrière. "-Merci…" Elle lui avait beaucoup apporté. Il avait toujours besoin de ce genre de choses, toujours. Le monde entier avait besoin de ce genre de choses. Le monde entier avait besoin d'Ambre Orétoile. |
| | | InvitéMon identité Mes compétences Invité
| Sujet: Re: La belle histoire d'un lapin câlin [Dawan] TERMINE Lun 27 Avr 2015 - 15:01 | |
| Dawan… douce créature si étrange, si pleine de bizarreries. Si emplie d’entrain et d’amour pour chacun. En le voyant, Ambre se sentait apaisé. C’était un enfant, mais un enfant possédant une sagesse que le plus vieux des vampires n’atteindrait jamais. Il comprenait le monde. A sa façon. Il savait regarder les plus petits détails pour s’y intéresser. Sincèrement, qui d’autre que lui aurait pu avoir l’étrange idée de parler de chrysalides ? Personne, hormis peut-être un passionné des papillons. Elle ne comprenait pas vraiment ce qui lui faisait parler d’elles, quel était le rapport avec les dragons, la tisane ou la menthe, mais elle sentait simplement qu’il était sérieux. Pourquoi se serait-elle moquée ? Il n’y avait pas de sujet plus bête qu’un autre, et tout avait sa place dans le monde, aussi petit soit-il. Si Dawan avait une quelconque raison de se pencher sur le sujet, il était libre de le faire sans qu’elle n’ait droit de se faire juge de ses envies. Elle rejetait et condamnait la cruauté et le mépris, la haine et l’égoïsme aveugle, mais prônait la liberté de penser. Et d’agir, mais hélas cette dernière était par trop mise à mal. Là était souvent le problème de voir un seul individu détenir le pouvoir. Mais chaque peuple avait sa façon de se gouverner, il fallait bien souvent s’adapter ou partir… quand ce n’était pas mourir. L’écoutant répéter ses propres paroles sans vraiment comprendre là il voulait en venir, Ambre le laissa continuer patiemment pour savoir exactement quel était le but de tout cela. Elle n’était pas certaine de comprendre. Il la regardait comme si c’était elle, la chrysalide, mais malheureusement la demoiselle ne s’estimait pas semblable en quoi que ce soit à un quelconque papillon de nuit. Elle n’avait ni leur grâce, ni leur beauté, ni leur utilité. Juste une humaine comme les autres, perdue sous des tonnes de roches, de terre et autres minéraux. Alors, pourquoi s’intéressait-il donc vraiment aux chrysalides ? Les lapins n’en avaient pas, jusqu’à nouvel ordre. La petite boule de lumière qu’avait fait naitre l’apprenti baptistrel éclairait son visage délicat d’une chaude lueur, qu’Ambre détailla avec étonnement. Cela lui rappelait cette première nuit où elle l’avait rencontré, tel la réincarnation de l’un des Esprits venu pour l’aider à se rendormir et calmer les troubles qui agitaient son sommeil. Le temps était infini, pourtant, il semblait revenir en boucles, chaque fois subtilement différent, comme si l’on avait modifié l’une des données qui le faisait revenir à son point de départ, à chaque fois. Il fallait voir les similitudes que présentait l’Histoire : chacun se croyait le héros de son époque, le centre d’un évènement exceptionnel qui ne réarriverait jamais. Pourtant, si la forme serait tout autre, le fond en lui-même reviendrait. Invariablement. Et qu’importait le temps que cela prendrait. - Aucun n’est immortel, et, hélas, ce sont les plus in..nocents, les plus purs, qui disparaissent… le plus vite. Un jour peut-être, les lapins ne se..ront qu’un conte pour les enfants, une belle créature de légende que les mé..moires auront oubliées. Tournant la tête jusqu’à Dawan venu s’installer à ses côtés, elle eut un faible sourire en l’entendant parler. Elle aurait tant aimé… Elle aurait aimé qu’il eut raison ! Hélas… Quel pouvoir pouvait-elle avoir ? Une petite larme roula sur sa joue, lançant une étincelle de lumière sous l’éclat de la sphère qui flottait. - J’aurais aimé… Je voudrais pouvoir leur offrir des ailes, les proté..ger de la mort, du malheur. Les hommes les chassent sans qu’ils soient à ar..mes égales, quelle justice il y a-t-il donc dedans ? Les plus hauts prétendent proté..ger les plus faibles, les plus pauvres mais en réalité… Quand bien même ils se préoccupent de leur peuple qui souffre, ils oublient qu’ils ne… sont pas seuls dans le monde. Que la nature et ceux qu’elle accueille doivent égale..ment être protégés. Nous détruisons, nous construisons, mais finalement… En avons-nous le droit ? Pouvons-nous faire peser sur… notre conscience la destruction d’autres vies ? Pour..quoi laissons-nous mourir au combat, souffrir, des chevaux qui n’ont pas de rai..sons d’être blessés par notre propre orgueil ? Où est la bonté dans le fait de se servir des… autres animaux pour nos propres besoins, de les garder comme s’ils ét..aient nos enfants ? Pourtant, nous ne man..gerions jamais nos enfants. Je voudrais une nuit où chacun, quel que soit son appa..rence, son nom, sa race, qu’il soit homme, elfe, araignée ou anguille, puisse… se libérer de ses craintes, s’envoler quelque part où il ne risque..rait rien. Mais je n’ai pas ces… pouvoirs. Je ne les aurais jamais. Ma voix même ne porte pas bien loin, je n’ai rien qui puisse influencer la mentalité de ceux qui m’entourent. J’ai essayé mais… j’ai surtout pleuré de voir mes efforts… détruits, mes espoirs ané..antis. Rares sont ceux qui savent ouvrir leur cœur. Leur orgueil, leur égoïsme, leur barbarie… Je ne sais que faire pour lu...tter conte elles. Et quand il n’y a pas d’autres choix que de sourire alors que notre âme est… en miettes, je rêve de cette nuit pleine de pro..messes. Peut-être existe-t-elle, ailleurs. Peut-être nous attend-t-elle. Peut-être n’avons-nous de pouvoirs que celui de l’espoir.Le visage sillonné de larmes, elle fixait le mur qui lui faisait face, frissonnant légèrement. Que n’aurait-elle pas donné, parfois, pour avoir la force de hurler, de secouer chacun, de leur montrer le mal qu’ils répandaient. Que n’aurait-elle pas donné, parfois, pour que les Esprits entendent ses suppliques silencieuses et viennent apposer un peu de douceur dans cet univers où les plus fragiles souffraient plus que de raisons. Que n’aurait-elle pas donné, parfois, pour savoir même être capable d’obstruer ses sentiments comme certains le faisaient, allant à leurs buts sans se préoccuper du reste. Mais pourtant, c’étaient eux, les sentiments, qui étaient l’essence même de la vie. Sans eux, tout était vide et morne, les exclure n’avait aucun sens. Effleurant l’épaule du jeune homme qui se trouvait près d’elle, elle l’attira dans ses bras, à la fois mère, ami, sœur et petite fille, et enfoui son nez dans le cou chaud et réconfortant avec un murmure aussi léger que les larmes qui s’étaient écrasées sur le sol, quelques instants plus tôt, comme de précieux cadeaux pour nourrir cette terre qui souffrait. - Merci… Merci à toi, mon petit lapin aux yeux de lumière. |
| | | Dawan Sywel Baptistrel Chanteciel
| Sujet: Re: La belle histoire d'un lapin câlin [Dawan] TERMINE Lun 27 Avr 2015 - 23:45 | |
| Ils partageaient des craintes communes, il le sentait. Il y avait, dans la voix d'Ambre, comme la trace, la poussière de la même pierre qui avaient jadis bâti les espoirs de Dawan. La même origine à travers leur façon de faire glisser les sons hors de leurs lèvres, porter le sens. C'était subtil. Il aurait dû s'y attendre. À vrai dire, il s'était surtout attendu à ce que cette crainte soit couverte par la conviction et la confiance en soi. Un espoir un peu fou, maintenant qu'il y songeait. Dawan s'était totalement habitué à la voix d'Ambre, à sa prononciation entrecoupée de silences. D'autres que lui auraient probablement été plus qu'agacés. Il estimait qu'au contraire, cela permettait de songer en temps et en heure à ce que disait sa camarade nocturne. Il fit la larme, cristal liquide qui s'écoulait le long de la joue de l'humaine, et son petite coeur se fendit en deux morceaux bien net. Oh, non, Ambre... Il leva ses mains, comme pour sécher ses larmes, mais l'image d'Esmelda revint à sa mémoire, s'interposant. Ne pas toucher les demoiselles, pas en premier. C'était une atteinte que le toucher. Oui, c'était vrai... Et c'était normal qu'Ambre pleure. Elle était émotions. L'empêcher de s'exprimer eut été inhumain. Il fallait laisser les larmes couler autant que les rires éclater, il fallait... Quand bien même c'était compliqué. On ne soignait pas une maladie en traitant ses symptômes.
Il l'écouta, ses petites mains ramenées contre son coeur, à la recherche de l'élément qui lui permettrait de remonter le moral de la belle enfant. Pour peu que cela soit possible. Peut-être suffisait-il juste de la laisser s'exprimer, peut-être était-ce juste de cela dont elle avait besoin. Mais on n'était jamais trop prudent. Et il fallait veiller sur elle, sur celle qui avait le pouvoir. Qu'elle soit peinée des horreurs qu'elle avait à affronter était normal et indispensable. Il ne fallait pas, néanmoins, qu'elle perde son arme, celle qui pouvait défaire leurs ennemis, quand bien même ces derniers avaient pour eux la force de centaines d'Esprits Supérieurs. Elle avait l'espoir. L'espoir qui lui permettait de rayonner dans un monde où la lumière s'apprêtait à devenir une légende. Tous les êtres auraient dû pouvoir, comme elle émettre leur lumière sans qu'elle fut arrêtée par quelque ombre qui soit. Il était d'accord avec elle, il connaissait tout cela. Son esprit s'égarait entre mille images, mille pensées parallèles, qu'Ambre reprenne son souffle ou non. Son regard allait par à-coups d'un coin de pièce à l'autre, comme s'il se perdait régulièrement. Les lapins... Ambre connaissait tout cela mieux que lui. Son peuple, plus que celui de Dawan, chassait. Ils avaient fort peu de considération pour les créatures, et les plus petites étaient fatalement reléguées soit au rang d'objets, soit de nuisibles. Quel concept étrange, tout de même. Nuisible. Un être vivant nuisible... Enfin, le petit végétalien qu'il était ne pouvait qu'opiner à ses dires, que comprendre sa hantise de l'asservissement des êtres vivants, et de la différence de considération selon les espèces. En revanche, dès qu'elle commença à dévaloriser ses propres pouvoirs, il parut inquiet, regarda un peu plus frénétiquement autour de lui, émit quelques étranges sons, tous bas, douloureux. Non, il ne fallait pas qu'elle pense tout cela. L'espoir était son arme. Ses efforts n'étaient pas vains, et ce n'était pas parce que le résultat n'apparaissait pas instantanément qu'il n'était pas. Ah, ces humains, toujours si pressés...
Dawan était perdu dans son propre esprit, où les lapins volaient et venaient se poser avec un doux rebond de coton. Il avait peur pour Ambre, peur que ce monde trop dur l'empêche de protéger les lapins. La sensation sur son épaule attrapa directement toute son attention. Ses yeux gris revinrent vers l'humaine un infime instant avant que cette dernière le prenne dans ses bras. Petite être... Dawan s'amusa un bref instant de constater que le pouvoir d'Ambre était bien réel. En l'entourant ainsi de ses petits bras, elle avait apaisé une partie de lui. Elle était forte. Très forte. C'était la plus forte des poésies. Puisqu'il en avait l'autorisation, il passa à son tour ses bras autour d'elle, la serrant à peine, profitant plutôt du contact et de leurs tiédeurs mêlées. Une sorte de petit hoquet lui échappa. Sa gorge était un peu nouée par les larmes d'Ambre, mais son esprit se portait mieux. S'il avait su comment lui renvoyer la pareille ! Il eut un petit sourire à ses remerciements.
"- Ambre, je suis persuadé que vous avez bien plus de pouvoir que ce que vous imaginez. Si vous ne perdez pas espoir... Oh, Ambre. Ne perdez pas cet espoir. Même s'il vient un jour où toutes les lumières s'éteignent... Même si..." Il laissa son menton reposer contre l'épaule d'Ambre. Il se sentait plutôt bien, ainsi. "N'oublions pas. " |
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