Décidément cette histoire avec la perle s'était bien terminée somme toute, bien mieux que l'on aurait pu le penser, Crissolorio pouvais même se vanter dorénavant d'avoir détruit une perle, ou du moins de l'avoir achever… Oui il pourrait sans doute grâce à cela réclamer la récompense pour la destruction de la perle, il fallait juste voir s'il pouvait se débrouiller pour qu'il y en ait une… Au pire il verrait bien, mais du coup le Grand Trésorier se disait qu'il allait sans doute connaître un gain considérable de popularité dans le ville d'Aldaria la Superbe, ce qui n'était aucunement pour lui déplaire au vu du fait que c'était sa ville natale…

Bon maintenant que cette perle avait été détruite, il allait faire quoi ? Sans doute rentrer à Gloria maintenant qu'il n'y avait plus aucun danger pour cette cité, mais d'abord il allait en profiter pour rester quelques jours en compagnie de sa fille, après tout ce n'était pas si souvent qu'ils se voyaient, et la famille s'était quand même important à sa façon. Et puis il avait envie de revoir ses petits enfants. Enfin vu que la soirée approchée il s'y rendrait sans doute dans bien peu de temps à bien y réfléchir… Il avait en plus envie de se reposer.

Oui se reposer, il avait fait décidément quelque chose qui n'était pas de son âge, mais il aurait pu y laisser la vie… Quoique pensa t-il en regardant Lucie, il ne regrettait rien. Après tout il n'aurait pas pu décemment se regarder dans la glace en abandonnant une jeune femme à son triste sort… Elle n'aurait pas perdue que sa vie, mais son âme aussi, oui l'homme qu'il était n'aurait pas pu laisser ce genre de chose se faire au vu de ses valeurs . Dans tout les cas tout avait finit pour le mieux...

Lucie était d'ailleurs encore en train de fouiller les débris de la boutique où se tenait la perle, Crissolorio qui se doutait de l'état désastreux de l'endroit, et qui n'était pas du tout séduit par l'idée de la voir se faire blesser par quelque chose par accident, décida de la sortir de là.

Ses gardes du corps l'attendaient calmement dehors pendant qu'il alla voir Lucie, Crissolorio qui était dos à elle écarta légèrement les mains l'une de l'autre pour lancer le sort aura rassurante. Il se rapprocha ensuite calmement de la jeune femme qui était encore fort occupée, et le prit délicatement par le bras avant de dire.

« Mademoiselle Lucie je ne doute point de l'importance de ces fouilles, mais cette maison est en ruine, ce n'est pas du tout prudent de rester ici... » Dit-il avant de rajouter conciliant. « Des personnes qualifiés vont arriver dans peu de temps pour s'occuper de tout cela, croyez-moi ils trouveront ce que vous chercher… Venez donc avec moi il n'est pas prudent de rester ici, vous pourriez vous blesser... »

Il l'entraîna donc doucement en dehors des ruines… Il regarda ensuite calmement comment elle allait avant de lui dire.

« Je suis content de voir mademoiselle que vous vous en êtes plutôt bien sortit, après tout cette perle a déjà fait assez de dégâts dans cette cité sans rajouter d'autres victimes à l'équation... » Oui il y avait déjà eu beaucoup de victimes, et de destruction pensa Crissolorio, mais cela aurait pu être pire pensa t-il...

« A propos j'oubliai, la dernière fois que nous nous étions vu mademoiselle il me semble que vous aviez oublié quelque chose... » Dit-il avant de sortir une dague, celle que Lucie avait oubliée auparavant, et il la lui tendit calmement.

« Tenez, c'est à vous… Je crois que cela vous appartient après tout... » Dit-il avant de rajouter habilement. « Vous savez c'est avec cette dague que j'ai porté le coup fatal à la perle mademoiselle Lucie… » Acheva t-il calmement, il se rendait compte qu'il avait dégainer celle-ci au lieu de l'autre effectivement… M'enfin le résultat était le même, et puis cela rajouter une certaine théâtralité à tout cela à sa façon...

Puis il acheva ensuite calmement.

« Si ce n'est pas trop indiscret que comptez-vous faire dorénavant mademoiselle Lucie ? »

[Défensif] Aura rassurante
Permet d'émettre une aura rassurante invisible mais aux effets bien réels. Très efficace sur les animaux, efficace sur les bipèdes (et dragons) uniquement si leur force mentale est inférieure à celle du lanceur. 

Geste clé : écarter légèrement les mains l'une de l'autre, ce geste clé peut se faire de manière très discrète

Le coup de Luna portée contre la perle n’avait jamais réussi à atteindre sa cible puisqu’une tentacule s’était subitement enroulée autour de sa taille. Trop lente, elle n’avait pas réussi à l’esquiver et ce fut la panique totale lorsque ses pieds quittèrent le sol. Elle tenta de lui donner un coup avec sa lame fine et de se débattre afin d’essayer de pouvoir s’y échapper, mais le seul résultat fut que la tentacule s’enroulait davantage autour de son corps. Bientôt, elle ne pourrait plus bouger et elle s’imaginait déjà les horreurs qu’elle avait entendues à Aigue-Royale où les perles aspiraient l’énergie des gens jusqu’à ce que ces derniers meurent. Or, elle ne voulait pas mourir et surtout pas comme ça! Il y avait des gens qui comptaient sur elle, elle ne pouvait pas les abandonner ainsi.

Ce n’est qu’après ce qui lui parut une éternité que soudainement l’appendice se gonfla à différents endroits, desserra sa poigne et relâcha la gamine avant de se recroqueviller sur lui-même. La jeune fille laissa échapper un cri de surprise tandis que la gravité la ramenait au sol et elle atterrit sur ses pieds, avec plus de peur que de mal. Par Dracos, qu’est-ce qu’elle remerciait ses bottes enchantées sinon il était presque certain qu’elle se serait blessée lors de l’impact. Rangeant son arme, tout se déroula ensuite rapidement et elle ne devint qu’une spectatrice de la scène qui se déroulait sous ses yeux. Plusieurs tentacules se désintégrèrent lorsqu’elles touchèrent le sol, libérant ainsi leur liquide noir et visqueux qui se répandit sur le sol de la boutique. Le monstre finit par s’éteindre juste après avoir subi quelques soubresauts. La perle n’était plus! Mais à travers tout cela, elle avait remarqué deux choses. La première, c’était le vieil homme riche qui se trouvait avec une dague à la main à côté de l’endroit où se trouvait la perle un peu plus tôt. Aucun doute, c’était Crissolorio le sauveur de la situation. La deuxième chose qu’elle remarqua, ce fut l’effondrement de l’un des murs de la boutique en ruine qui fit lever la poussière. Mais l’instant d’avant, l’autre vieil homme se trouvait à cet endroit et elle pouvait presque jurer avoir entendu sa voix crier à l’aide.

Pendant un long moment, plus rien d’autre n’importa pour Luna. Elle accourut parmi les débris, essayant de les déplacer du mieux qu’elle le pouvait avec ses mains. Elle ne pensait plus à autre chose que de libérer le Tobold enseveli. Les gens n’existaient plus dans la pièce, elle n’avait plus l’idée de remercier le Grand Trésorier et le sentiment de joie relié à la destruction de la perle s’était rapidement transformé en grand désarroi. C’est avec acharnement qu’elle se mettait à la tâche, car l’idée que le vieillard n’est plus lui était insupportable.

- PAAPPPY! Par Dracos! Non! se plaignit-elle.

Luna n’avait pas remarqué qu’on s’était approché d’elle, mais elle ne sursauta pas lorsqu’elle entendit la voix de Crissolorio. Il pouvait remercier son aura rassurante, elle fonctionnait sur la gamine. En temps normal, elle se serait entêtée à rester jusqu’à obtenir des résultats. Mais cette fois-ci, les mots du Grand Trésorier semblèrent faire énormément de sens et elle ne fut pas portée à réfuter ses paroles. Elle le croyait lorsqu’il disait que des gens, plus qualifiés qu’elle, s’occuperait de retrouver Tobold. C’est avec le cœur gros qu’elle accepta finalement l’aide du vieil homme afin de se relever et de sortir des ruines.

Une fois à l’extérieur, la gamine resta bien silencieuse et garda les yeux fixés sur l’ancienne boutique. Elle écouta distraitement ce que Crissolorio lui disait. La perle avait fait plusieurs victimes aujourd’hui et elle ne pouvait se résoudre à croire que Tobold en faisait partie. Dire que Néant avait planté de ses monstres un peu partout sur le continent. Combien d’autres victimes allait-il y avoir? Toutefois, elle pouvait se compter chanceuse d’être encore en vie et que le monstre n’avait pas fait encore plus de dégâts. La jeune fille allait bien, certes fatiguée par toute cette expérience, mais elle n’était pas blessée. Elle avait quelques écorchures aux mains qu’elle s’était faites lorsqu’elle avait fouillé dans les décombres. Ses vêtements étaient sales puisqu’un mélange de poussière s’était collé au sang du monstre qui les tachait. Mais au final, ce n’était rien de bien grave.

- Oublié quelque chose… ? répéta-t-elle.

Le vieil homme avait réussi à capter son attention avec ces mots et la jeune fille se retourna vers lui, curieuse. Lorsque ses yeux se posèrent sur le poignard qu’il lui tendait, une étincelle de joie parcourut son regard. Elle s’empressa de prendre l’arme dans ses mains comme si c’était le plus précieux des trésors. N’importe qui ne verrait qu’une simple lame, mais pour Luna c’était tout différent puisqu’elle y rattachait une valeur sentimentale.

- Oh? Vous l’avez gardé durant tout ce temps, Messire Ostiz? Prononça-t-elle, la surprise et la gratitude se lisait dans sa voix. Vraiment? C’est avec mon poignard que vous avez détruit la perle?! Je suis contente qu’elle vous ait été utile. Je suis contente que vous alliez bien. Elle l’avait toisé du regard pendant un instant pour s’en assurer. Vous n’êtes vraiment pas blessé, hein? Lui demanda-t-elle finalement pour en être certaine.

La gamine savait qu’il était préférable qu’elle ne reste pas auprès du Grand Trésorier. Après tout, il était un loyaliste et elle, une rebelle. Mais elle l’avait trouvé sympathique et ce, depuis la première fois qu’ils s’étaient rencontrés à Gloria. Peut-être était-ce dû à l’effet de son aura apaisante que la gamine se méfiait moins que ce qu’elle devrait en ce moment ou peut-être était-ce simplement parce qu’elle l’appréciait. Qui pourrait lui en vouloir? Ne venait-il pas de lui sauver la vie en détruisant la perle? Et pour cela, elle lui était des plus reconnaissante.

- Messire Ostiz...? murmura-t-elle d'une voix douce. Je... euh... Gênée de ne pas trouver les bons mots, elle abaissa son regard à ses pieds. Elle ne savait pas trop comment lui exprimer sa reconnaissance, car si elle était encore en vie, c'était grâce à lui. Il n'y avait pas de mot pour cela et elle considérait qu'un simple « Merci » n'était pas suffisant. Finalement, elle s'inclina face à lui. Messire Ostiz. Vous m'avez sauvé...! Je vous en suis reconnaissante, merci! Si je peux faire quelque chose pour vous en échange, n'hésitez pas à me le faire savoir. prononça-t-elle doucement. Elle releva la tête et l'azur de ses yeux croisèrent l'encre des siens. Elle était sincère. Elle tendit la dague, posée à plat sur ses mains, vers l'homme. Si vous voudriez la garder, comme souvenir de votre exploit, ça me ferait un plaisir de vous l'offrir, Messire Ostiz. Ce serait la moindre des choses... Ajouta-t-elle.

Par la suite, la princesse des Lumières n’avait pas répondu immédiatement à la dernière question du bourgeois. Au lieu, elle s’était déplacée vers l’arc au sol qu’elle avait laissé tomber un peu plus tôt afin d’esquiver une tentacule. C’est en soupirant et en fixant les ruines qu’elle lui répondit qu’elle ne savait pas ce qu'elle comptait faire. Son plan s’arrêtait à la destruction de la perle.

- Vous croyez qu’ils le retrouveront? Murmura-t-elle, d’une voix triste.

La gamine voulait croire que Tobold était encore vivant, mais une partie d’elle-même était réaliste. Elle avait du mal à imaginer comment il aurait pu s’en sortir. Mais tant qu’ils ne retrouveraient pas le corps, personne ne pourrait en être certaine et personne ne pourrait le brûler afin qu’il rejoigne l’Esprit de la Mort.

D’ailleurs, la pluie initiée par Luna n’avait pas arrêté et maintenant, elle n’avait plus le cœur de le faire. Le ciel représentait bien ses sentiments actuels.

Eh bien au moins elle semblait contente de récupérer son dû. Pensa Crissolorio. Après tout cette dague appartenait à Luna, et non à lui. Certains ce seraient amusés à la revendre pour gagner un peu d'argent, mais même s'il était cupide Crissolorio avait des principes du genre de ne pas vendre les affaires que plus pauvre que soi t'as confié. Dans tout les cas à sa façon la réaction de la jeune femme était plaisante à voir. Elle lui rappelait sa fille lorsque cette dernière était encore une jeune enfant. Dans tout les cas même si le fait qu'une jeune femme traite avec autant de préciosité un simple poignard pouvait paraître déroutant, lui même n'y voyait rien de bien particulier. Qui sait ce que les gens vivant dans la campagne devaient faire pour survivre par ces temps troublés! A côté les villes passent pour des cocons d'ordre, et de sécurités. Cela ne l'étonnait pas donc qu'elle sache maniait l'arc, et la dague, il ne l'aurait pas cru aussi doué, mais bon! En ce bas monde chacun avait ses propres talents après tout.

« Oui mademoiselle Lucie, après tout ceci vous appartient et il n'aurait pas été justifiable de le jeter, ou de le garder pour moi même. Je l'ai donc garder pour vous le rendre. » Dit-il calmement puis il rajouta après les paroles suivantes de la jeune femme. « Oui oui, et merci d'une certaine manière vous m'avez évité vous aussi de graves blessures jeune femme. Je vais très bien, et je suis content de voir que cela est vôtre cas à vous aussi. Cette atrocité a fait bien assez de victimes pour aujourd'hui. D'ailleurs je ne vous savez pas aussi courageuse Lucie, et aussi doué à l'arc en plus. Il ne fait nul doute que vous êtes plein de surprises. » Dit-il d'un air songeur, elle avait des talents dans ces domaines, et d'une certaine façon c'était admirable, et tout à son honneur.

« Oui ? » Dit-il ensuite calmement à la jeune femme qui semblait être préoccuper par tout autre chose. Il resta calme, et patient en attendant que la jeune demoiselle trouve ses mots après tout il n'avait aucun désir de la mettre particulièrement mal à l'aise.

Et il regarda calmement la jeune femme s'inclinait devant lui, il ne s'y attendait pas, mais n'en fut pas surpris. La faute à son totem car n'importe qui aurait été surpris par cela, mais l'intuition de Crissolorio lui avait fait envisagé cela, même si ça restait néanmoins un peu peu familier. Il voyait rarement qui que ce soit s'agenouiller devant lui après tout...

« Eh bien mademoiselle Lucie ce n'est pas nécessaire, après tout vous m'avez sauver la vie aussi, puis je ne vois pas quel homme aurait pu se regarder dans la glace par la suite en abandonnant ainsi une jeune femme aux griffes d'une de ces choses. Je n'ai fais que suivre mes principes pour cela, et ce qui fais la beauté des principes c'est que l'on ne demande rien en échange de ces derniers sinon il n'y a aucun mérite à la vertu. » Bon là il avait l'air un peu moralisateur, mais sa pointe de fierté était compréhensible après tout...

Il referma calmement de sa main celle de Luna qui tenait la dague tout en continuant paisiblement.

« Point besoin jeune Lucie. Vous avoir sauver la vie me suffit, la reconnaissance que les gens d'Aldaria pourraient avoir envers moi par le suite me suffit, de même la somme d'argent que l'empereur le donnera pour cela me suffit…. » Il se gratta calmement la barbe, et rajoute. « Et je n'aurai sans doute pas pu donner ce coup fatal à la perle si vous ne m'aviez pas libéré de l'emprise de ce tentacule par un astucieux tir, je suis pingre. Mais fichtre ! Vous méritez une récompense pour cela, je partagerai la récompense avec vous jeune femme si vous le désirez. » Il posa ensuite calmement une main sur l'épaule de la jeune femme, et rajouta.

« Vous aurez sans doute plus besoin que moi d'une partie de cet argent, ne dîtes rien cela me fais plaisir. »

Puis ensuite il se tourna à son tour vers les ruines. Il est vrai que le résultat n'était pas du tout reluisant, mais il restait quand même qu'il ne valait mieux pas baisser les bras...

« Je pense qu'une teigne comme lui saura s'en sortira, croyez moi je l'ai déjà vu auparavant, et cet homme semble avoir toujours plusieurs tours dans sa manche. Les hommes comme lui ne meurent pas d'une façon aussi idiote, ils meurent de vieillesse dans leurs lit après avoir joué de chance, et d’habilité toute leurs existences. Je ne pense donc pas qu'il soit mort si vous voulez connaître mon avis, de plus si l'on ne retrouva pas sa personne sous les décombres je parierai même qu'il s'est tiré en douce avant qu'on le retrouve....»

Il regarda ensuite la jeune femme, et dit d'un ton assez pratique.

« Vous savez d'une certaine manière j'ai déjà rencontré cet homme, et je trouve curieux que vous le connaissez vous aussi. Si vous le recroisez dîtes lui que je lui passe le bonjour. »

Il regarda ensuite les environs, et rabaissa la capuche de son manteau de brume... Décidément il ne ferait pas vraiment bon de rester dehors par une telle pluie, l'eau avait bien entendu été bienvenue pour l'incendie, mais il restait qu'il ne serait pas forcément la meilleure idée qui soit de rester ainsi planter après le combat contre cette perle...

"Jeune Lucie si cela ne vous indispose point trop je vous proposerai de trouver un couvert, il ne fais pas bon de traîner dehors, le soir approche, et par cette pluie cela pourrait risquer d'être préjudiciable...." Enfin plus pour lui que pour elle à y réfléchir vu qu'il était assez âgé, mais tout de même....

Crissolorio venait de refermer les mains de Luna sans qu’elle se blesse sur son poignard, geste démontrant qu’il ne tenait pas à l’avoir et qu’il voulait qu’elle reprenne son bien. Elle le remercia à nouveau et rangea aussitôt l’arme dans son étui qu’elle replaça par la suite dans son sac. Ce n’était pas les armes qui lui manquaient, mais elle était quelque peu soulagée qu’il ne veuille pas de celle-ci et n’allait pas lui offrir cette occasion une deuxième fois. En même temps, que ferait le vieil homme d’un poignard si commun? Ce n’était pas une arme d’apparat et elle l’imaginait mal se battre avec, quoiqu’il avait réussi à la surprendre par son courage. Toujours accompagné de ses gardes du corps, elle n’aurait pas cru que le Grand Trésorier lui-même viendrait se battre contre le monstre qui terrorisait Aldaria. Elle aurait plutôt pensé qu’il se serait éloigné dès que possible et qu’il aurait laissé les autres se mettre en danger. Comme quoi, elle s’était trompée et qu’il allait continuer de l’étonner.

Lorsqu’il la remercia de l’avoir tiré de cette mauvaise situation, la gamine rougit et détourna son regard. Il était rare qu’elle reçoive des remerciements de la sorte et cela la gênait toujours un peu, n’étant pas quelqu’un cherchant de l’attention. Elle était plutôt la dernière à se vanter d’un exploit.

- Ce n’est rien, Messire Ostiz. Nul besoin de me remercier. Dit-elle humblement. Mais je suis bien heureuse d’avoir réussi à atteindre ma cible… Je n’ose pas imaginer ce qui serait arrivé si j’avais raté la tentacule. Je ne pouvais juste pas vous laisser là et j’étais la mieux placée pour venir vous aider. Je n’aurai pas pu me pardonner si j’avais laissé qui que ce soit dans les griffes de la perle et ça, même si ça avait été le pire des hommes qui existent dans le monde. Même lui ne mériterait pas ça. Les perles du Néant sont horribles. Ce sont des calamités qu’il faut vraiment détruire! Avait-elle répondu sur un ton sérieux.

On pouvait ressentir toute la hargne dans sa voix lorsqu’elle parlait de l’Esprit du Néant et de ses créations. Déjà qu’elle avait réussi à détruire le royaume des elfes de cette façon, elle ne voulait pas que pareils phénomènes se reproduisent. C’était une bonne chose que la perle d’Aldaria n’était plus, mais d’autres étaient encore cachées et plus longtemps ils attendraient, plus elles deviendraient difficiles à détruire.

- Je suis vraiment contente que vous n’ayez rien. Ajouta-t-elle et elle était sincère.

Bien qu’elle avait une haine profonde instantanément envers les suivants du Néant, ce n’était pas le cas pour les loyalistes. Ils ne se retrouvaient pas dans la catégorie « Je les déteste » dès qu’elle apprenait leur allégeance et elle pouvait les classer selon leurs actions. Or, Crissolorio Ostiz se retrouvait actuellement dans la catégorie « Je l’aime bien celui-là, mais vaut mieux qu’il ne sache pas que je sois une rebelle. Ça pourrait mal finir sinon. »

Lorsqu’il fut question de la récompense offerte par l’Empereur à ceux qui détruisait les perles, elle hocha négativement de la tête. Elle voulut répliquer qu’elle ne pouvait pas accepter une telle offre, mais les mots et le geste du Grand Trésorier l’en empêchèrent. Il lui donna l’impression qu’il était hors de question qu’elle puisse refuser et qu’il en serait profondément vexé si elle le faisait. Néanmoins, sa proposition l’avait profondément touchée et se dit que les gens se trompaient à son sujet.

- Vous en êtes certain…? Je n’ai pas agi en ayant en tête une quelconque récompense… Tout ce que je voulais c’est qu’elle soit détruite et je n’ai pas besoin de plus. Mais merci beaucoup Messire Ostiz. C’est très généreux de votre part! lui dit-elle finalement d’une voix reconnaissante.

Ce ne fut que lorsque Crissolorio lui fit part qu’il serait sage de se trouver un abri afin de se protéger de la pluie que la gamine réalisa que cette dernière était froide. Pour un vieil homme, ce devait être particulièrement dérangeant et loin son envie qu’il tombe malade parce qu’ils restent dehors. Détachant son regard de la bâtisse en ruine et espérant de tout cœur que le bourgeois avait raison quant à Tobold, elle se tourna vers Crissolorio.

- C’est si curieux que je le connaisse…? Demanda-t-elle d’une voix surprise. En quoi était-ce si étrange qu’elle connaisse ce vieux Tobold? Elle se le demandait… Que savait-il à propos de lui? Était-ce parce qu’il savait qu’il était un rebelle? Elle commençait à se faire toute sorte d’idées… Mais euh… oui, d’accord. Si je le recroise, je lui dirai. Ajouta-t-elle finalement.

Il avait raison : il n’était pas raisonnable de rester à l’extérieur par temps de pluie. Elle s’éloigna donc avec lui à ses côtés, prenant la direction où il y avait le moins de monde.

- Pardonnez-moi… C’est de ma faute, avec le feu qu’il y avait j’ai pensé que… commença-t-elle sans prendre la peine de terminer sa phrase. Mais je vais arranger ça. Mentionna-t-elle tandis qu’elle marchait.

Être Miss Météo grâce à la grenouille, ça pouvait être des plus pratiques et ainsi, elle commanda à son totem de faire cesser la pluie qu’elle avait appelée un peu plus tôt.

- En attendant, je propose d’aller ici. Dit-elle.

Elle désigna la première boutique qu’elle vit, celle-ci était intitulée « Fil Magique » et y entra. Comme le nom l’entendait, il s’agissait d’une boutique de vêtements et elle semblait y avoir un peu de tout : des habits pour hommes et pour femmes, des capes, des foulards, des couvre-chefs et des souliers.

Tandis qu'ils entraient dans le bâtiment, une jeune dame à la chevelure rousse s'approcha d'eux. Elle avait le grand sourire aux lèvres.

- Bienvenue au Fil Magique! Nous avons les plus beaux vêtements ici! Recherchez-vous quelque chose en particulier? dit-elle d'une voix mielleuse, posant un regard insistant sur le bourgeois et ignorant presque la gamine.

Il regarda calmement Luna ranger son poignard, au moins ceci était dit, elle pouvait garder son arme si elle le désirait personnellement pour Crissolorio ce poignard appartenait à Luna, et nul autre. Il restait donc pour elle à récupérer ce dit poignard, de toute manière il en avait lui-même un, mais il préférait largement son bâton pour tout dire. Il avait utilisé un poignard contre la perle, mais en temps normal il aurait préféré un bâton. L'idée de tuer quelqu'un, ou de faire couler le sang dégoûtait assez l'hémophobique, et le pacifiste qu'il était.

Dans tout les cas à voir rougir Luna on aurait du mal à penser qu'elle venait il y a peu de prendre elle aussi son courage en main, ou de s'attaquer à la perle. A la limite Crissolorio se disait qu'il valait mieux qu'une fleur fragile comme elle sache se défendre, au moins elle pourrait éviter les ennuis à l'avenir. Dans tout les cas elle allait bien, et au final c'était tout ce qui importait sur l'instant, il ne s'était pas décarcassé à la sauver après tout pour qu'elle finisse morte sous des gravats après tout. Cela aurait été d'une ironie à la fois cruelle, et cinglante à sa façon…

« Vous avez tout à fait raison, Aldaria est ma ville natale, je suis content que cette perle n'y réside plus, j'ai entendu les atrocités qui avaient étaient perpétrés par ces choses dans la forêt elfique. Si nous laissons faire tout le continent entier sombrera dans le Néant, et cela n'est aucunement tolérable... »

Puis il ajouta à son tour. « Cela est réciproque. » Il n'y avait sans doute rien d'autre à dire, maintenant ils savaient tout les deux qu'ils allaient parfaitement bien, restait à réfléchir à ce qu'il fallait faire maintenant pour éviter d'éventuels ennuis après tout…

Puis l'on aborda le sujet de la récompense juteuse que l'empereur lui offrirait, Crissolorio accepta de la partager en partie avec Luna, ce qui était normal après tout. Compliqué pour l'avare qu'il était, mais facile pour l'homme qui lui devait la vie d'une certaine manière.

« Je vous donnerai vôtre part de la récompense lorsque nous nous reverrons mademoiselle Luna. » Après si il s'était attendu à ce qu'on dise un jour qu'il était généreux... M'enfin une fois n'est pas coutume après tout. Et puis il l'aimait bien cette jeune femme, et d'une certaine manière vu qu'elle lui avait sauvé la vie elle lui avait permis de gagner du temps donc de l'argent donc ce qu'il dépensait était une petite partie de l'argent qu'il allait pouvoir gagner au cour de son existence, et qu'il devait en partie à Luna. Enfin si on voyait les choses de manière très alambiquées.

Puis ensuite on aborda des sujets un tantinet moins monétaires comme la personne de Tobold par exemple.

« Non pas vraiment, mais je trouve que c'est une belle coïncidence. » Dit-il simplement, Au final il se dit que de toute manière ce n'était pas vraiment ses affaires, il espérait juste que ce vieux Tobold ne s'était pas amusé à faire des choses avec la jeune femme, car il semblait être un bien chaud lapin, mais bon Crissolorio se dit que de toute manière cela n'avait pas du être le cas heureusement. « Mais au final rien d'important, et merci mademoiselle. » Conclut-il, et non il ne savait rien quand au fait que Tobold était rebelle, pour Crissolorio le vieil homme était un voyageur excentrique, et pleins de ressources.

Puis par la suite l'on se mit d'accord pour aller sous un couvert, Crissolorio écouta les paroles de Lucie qui le rendirent un tantinet sceptique.

« Comment cela c'est vôtre faute jeune Lucie ? C'est vous qui avez causé cette pluie ? » Il se disait que cela pourrait être possible selon le totem, ou la magie de la jeune femme, mais il n'aurait pas pu soupçonné de toute manière qu'elle aurait pu déclencher cette pluie. Mais cela expliquaient quelques petites choses sur ce qu'il avait pu observé auparavant. « Dans tout les cas vous aviez bien fait ne vous inquiétez point, avec l'incendie il valait mieux trop en faire que pas assez... » Mais il restait qu'il devaient se rendre sous un abris, une boutique. Crissolorio y alla, même s'il se dit que s'y rendre pour ne rien acheter ne serait pas forcément très poli, en plus étant donné qu'il était radin.. Il préferait ne pas dépenser d'argent pour des choses inutiles… Quoique il y aurait peut-être moyen pensa t-il, après tout il avait besoin de deux trois trucs étant donné qu'il était politicien maintenant…

Ils rentrèrent donc dans la boutique de tissus qui se nommait fil magique… Fil magique ! Eh oui il avait besoin d'un enchantement pensa t-il, il avait trouvé une fleur élémentaire il y a peu, et disons que sa fonction de conseiller le poussait à faire preuve d'une certaine, il avait pour idée un enchantement qui éviterait qu'il finisse avec un poignard dans la colonne vertébrale.

Du coup à la question de la vendeuse Crissolorio avait bien une idée.

« Effectivement vu que vôtre boutique se nomme fil magique je pense que vous pourriez enchanter le tissu d'un de mes vêtements ? » La jeune femme le lui confirma, Crissolorio sortit sa fleur élémentaire tout en enlevant son manteau de brume, il lui restait sa tunique diaphanum, et ses autres vêtement sen tissu en dessous de toute manière, quoique il avait un peu plus froid pour le coup… Il tendit ensuite son manteau, et la fleur à la jeune femme, et dit.

« Je désirerai que vous y apposiez l'enchantement de tissu gemmé s'il vous plaît. » La jeune femme acquiesça, Crissolorio la laissa faire, et accorda à nouveau son attention à Lucie, et lui dit calmement.

« Si vous désirez quelque chose mademoiselle Lucie n'hésitez pas. » En temps normal il ne l'aurait pas proposé, mais elle lui avait sauvé la vie, et puis il se sentait étrangement moins radin en sa présence, sans doute qu'il l'aimait bien. « Prenez vôtre temps pour regarder le choix de cette boutique, et dite mois ce que vous désirez. » Et puis il la laisse aller à ses achats. En espérant qu'elle ne se laisserait pas dompter par la fièvre acheteuse...

Luna avait de nouveau remercié Crissolorio lorsque celui-ci avait confirmé qu’il comptait partager la récompense de la destruction de la perle avec elle, mais que cela allait devoir attendre à leur prochaine rencontre. Elle se surprit à se demander combien de temps s’écoulerait avant qu’ils se revoient, car elle avait cette certitude qu’aujourd’hui ne serait pas la dernière fois. Ce ne serait qu’après un autre coup de chance comme celle-ci, mais elle n’y voyait pas de problème puisqu’elle l’appréciait bien. Il avait toujours été sympathique avec elle et elle doutait que leur relation change tant et aussi longtemps qu’elle ferait un minimum attention à ce qu’elle faisait.

Juste avant de trouver un endroit pour se réfugier de l’averse, le vieil homme et la gamine avaient marché un petit moment tout en discutant. Elle lui avait expliqué que c’était de sa faute s’il pleuvait et avec le peu d’informations qu’elle lui avait donnés, il était normal qu’il veuille plus de détails. Elle s’en voulait un peu puisqu’à cause d’elle le vieil homme, et les Aldariens, allaient prendre froids et que ce n’était pas ce qu’elle avait cherché à faire. Un sourire se dessina sur ses lèvres lorsqu’il voulut la déculpabiliser. Il est vrai que ses intentions avaient été bonnes et qu’elle avait cherché à venir en aide à la cité. Qui sait ce qui se serait passé si le dragonnier n’avait pas été capable d’éteindre le feu avec sa magie? Si le feu avait pu se répandre aux autres bâtiments, cela aurait été vraiment problématique. Or, la pluie était loin d’être aussi dévastatrice que les flammes ardentes.

- Oui… C’est à cause de moi s’il pleut. J’ai eu peur que le feu prenne de l’ampleur et je ne voulais pas qu’il se répande partout… La perle a déjà causé assez de dommages comme ça, les habitants d’Aldaria n’avaient pas besoin d’avoir à subir ça en plus. Heureusement qu’il a été maîtrisé rapidement! J’aurais dû penser à faire cesser la pluie dès qu’il n’y avait plus de flammes, mais avec tout ce qui s’est passé, l’idée ne m’est juste pas venue… dit-elle calmement.

Ainsi, elle avait demandé au ciel de se calmer. Malheureusement, l’effet n’était pas instantané étant donné que les nuages devaient déverser leur tristesse résiduelle avant de se taire. Mais l’ordre étant passé, la pluie devrait normalement s’arrêter dans quelques minutes. Il suffisait d’être un peu patient. Jetant un coup d’œil au Grand Trésorier, elle lut la question silencieuse sur son visage. Il voulait savoir comment elle s’était prise pour influencer le temps qu’il faisait.

- Vous savez… ce genre de choses ne sont pas vraiment compliquées pour moi. Débuta-t-elle d’une voix douce. Elle parlait lentement, mais elle ne cherchait pas à cacher ses capacités pour autant. Elle ne voyait pas le mal à informer l’homme quant à l’esprit inférieur ayant décidé de se lier à elle. Ce n’est pas grâce à la magie ou à un objet. J’ai tout simplement le totem de la grenouille, ce qui me permet de jouer avec le climat. Maintenant vous savez le secret derrière cet événement. Dit-elle, lui faisant un clin d’œil par la même occasion. Je peux faire tomber la pluie ou je peux faire qu’il fait soleil. Je peux influencer le climat tout comme lui est capable de m’influencer également.

Pratique comme pouvoir, n’est-ce pas? C’était l’avis de Luna et pourtant, elle n’était pas du genre à l’utiliser à tout-va. Elle préférait laisser libre cours à la nature et de toute façon, elle n’était pas comme ces gens qui détestaient la pluie. Elle se limitait souvent à une courte période et ne le faisait que lorsqu’elle jugeait que c’était nécessaire, comme c’était le cas un peu plus tôt. Le seul souci c’était qu’elle avait quelques fois de la difficulté à refuser les demandes des gens et c’est une chose à laquelle elle n’avait pas pensé lorsqu’elle avait révélé son totem à Crissolorio. Elle se rappelait encore des moments où son grand frère lui demandait de calmer la pluie ou de cacher le soleil trop ardent à son goût lorsqu’il devait travailler dans les champs. C’est bien à cause de Damien qu’elle avait fini par apprendre à dire « non » et heureusement que ses parents l’avaient supportée. Quoiqu’il était arrivé quelques fois que son père lui demande gentiment si elle pouvait faire que le soleil se pointe afin que leur récolte ne soit pas inondée et qu’elle soit perdue. Bref, c’était bien pratique d’avoir ce pouvoir lorsqu’on vivait dans un petit village vivant d’abord et avant tout de l’agriculture et du bétail. Quel était le totem du vieil homme? La question lui passa par la tête, mais elle résista à la tentation de le lui demander.

Ils étaient finalement entrés dans la boutique et la jeune femme s’était empressée de satisfaire la demande du bourgeois. Elle lui avait affiché le plus beau sourire qu’elle possédait et avait délicatement pris le manteau de l’homme afin d’y apposer l’enchantement désiré. Luna avait également souri à l’homme, d’un sourire plus timide toutefois, avant de lui répondre.

- Je crois que de nouveaux vêtements ne feraient pas de tort. Répondit la petite Lune et le regard dégoûté de la marchande le lui confirma. Avec ce combat contre la perle, ses vêtements étaient des plus sales sans oublier l’odeur nauséabonde qui devait s’en dégager. Heureusement que la pluie avait réussi à enlever le pire! Je vais jeter un coup d’œil à ce qu’il y a. De toute façon, on en a encore pour un petit moment avant que la pluie arrête. Ajouta-t-elle avant de s’éloigner.

Tandis que la dame se mettait à la tâche, on pouvait l’apercevoir jeter quelques regards à la gamine qui se promenait maintenant entre les rayons. Elle devait s’inquiéter davantage qu’elle salisse les habits qu’elle se mette à les voler puisqu’elle accompagnait clairement le Grand Trésorier. Un an plus tôt, cela aurait été une autre histoire puisque Luna avait quelques fois dérobé des objets dans la Superbe, mais ce passé était maintenant derrière elle depuis qu’elle avait joint les rebelles.

Luna examina les différents vêtements. Il y avait un peu de tout et ils étaient séparés par catégories. Elle commença d’abord à toiser du regard la section pour femme où une robe attira son attention. Elle la fixa longuement, n’étant pas certaine si ce qu’elle avait vu était le fruit de son imagination ou non, mais il lui avait semblé qu’elle avait changé de teinte de bleu.

- C’est la robe des quatre cieux, mademoiselle. C’est une des robes les plus raffinées de ma collection. Elle adapte sa couleur avec la température et la luminosité. Très belle et faite de soie, je crois que vous seriez très jolies avec. Pour seulement, cent pièces d’or! dit-elle d’une voix mielleuse.

Luna se surprit à trouver que cette robe bleue était particulièrement jolie, ce qui était étonnant puisqu’elle détestait en porter. En fait, son horreur des robes ne venait pas du vêtement en soi, mais surtout de tout ce qu’elles impliquaient : des soirées interminables à la cour de Korentin avec des nobles qu’elle ne connaissait pas et qui ne l’intéressaient pas et où elle devait faire de faux sourires et prononcer de belles paroles. De toute façon, elle n’avait pas l’argent à dépenser dans de beaux vêtements, il lui fallait quelque chose de plus pratique. C’est ainsi qu’elle passa plutôt dans la section pour homme où elle dénicha un pantalon et une tunique basique à sa taille. Se dirigeant vers le comptoir, elle s’arrêta à nouveau lorsque son attention fut attirée par une cape rouge. La commerçante sauta à nouveau sur la possibilité de vendre un produit.

- Des plus pratiques, les capes écarlates! Avez-vous déjà eu peur du souffle d’un dragon ou rêvé de courir dans les flammes les plus brûlantes? Cette cape vous immunisera complètement et elle est presque donnée pour un tel effet : à peine cent-cinquante pièces d’or!

- Oh! Vraiment? Wouah! Quand même... Échappa la gamine.

L’on pouvait lire l’étonnement dans sa voix et l’intérêt envers la cape devenir palpable. Avec une cape comme celle-ci, le feu ne serait plus un problème… Se protéger deviendrait plus facile que de faire tomber la pluie. Cependant, elle se ravisa de peur que Crissolorio ne veuille la lui offrir, continua son chemin et déposa les vêtements sur le comptoir.

- La pluie vient de cesser, Messire Ostiz. Prononça la gamine tout en lui affichant un sourire. Elle n'avait même pas eu besoin de jeter un coup d'oeil à l'extérieur de la boutique afin de confirmer ses paroles. Je vais prendre ceci, s’il vous plait. dit-elle en se tournant ensuite vers la dame.

Elle chercha sa bourse dans son sac afin de pouvoir payer ses achats. Bien que l'offre du bourgeois était généreuse, elle ne voulait justement pas profiter de sa générosité.

Elle avait donc elle-même causé la pluie, et ce n'était pas un défaut de langage, Crissolorio se dit que si elle le disait c'est que cela devait être vrai car après tout la magie est capable de tant de choses… Contrôler la météo devait être dans les possibilités de ce don que les esprits avaient conférés aux mortels, cela expliquerait d'ailleurs que la dernière fois dans le jardin lorsque Luna s'était énervé la météo aussi… Cela devait être un pouvoir très intéressant, utile, et bénéfique d'une certaine manière, pouvoir faire pleuvoir pour éteindre les incendies, faire pousser les récoltes. Oui c’était là un don formidable, elle avait de la chance. Enfin si elle l'utilisait à bon escient.

« Dans ce cas-là vous n'avez pas à vous excusez, vous méritez plutôt des remerciements, ma foi au moins la pluie va bientôt cesser, ce n'est pas comme si je compté rester des heures dehors de toute manière. Je doute au final que qui que ce soit penser à autre chose qu'a détruire la perle, ou sauver sa vie sur le moment ne vous inquiétez pas. Des fois il y a des choses qui sont prioritaires, et détruire cette abomination l'était plus que certainement sur le moment que le fait de faire cesser la pluie. » Pensa t-il en jetant un dernier coup d’œil vers l'endroit où s'était tenu la perle d'ailleurs avant de rentrer dans la boutique.

Dans tout les cas on pourrait dire qu'au moins cette journée s'était bien achevée, Crissolorio pensa qu'il faudrait un couvert pour ce soir, et un toit. Vu que la maison familiale avait été un peu à moitié dévasté avec tout l'argent dedans malpeste… Il restait sans doute que sa fille acceptait bien de le loger pour un soir, et puis la connaissant il devrait sans doute y avoir une petite fête organiser à sa demeure pour fêter la destruction de cette perle, Crissolorio réfléchit à l'idée de proposer à Luna de venir pendant qu'il l'écoutait calmement.

« Je vois cela doit avoir une certaine utilité que ce totem, pouvoir faire tomber la pluie à souhait, ou faire se lever le soleil devrait être un pouvoir formidablement utile par exemple pour des fermiers, ou des paysans. » Puis il réfléchit calmement, et ajouta au final de façon pratique. « Est-ce la raison pour laquelle vous étiez si énervez le 10 Mars lorsque le ciel se déchaînait ? » Et oui il s'en souvenait, le Grand Trésorier avait une très bonne mémoire après tout, bien peu de choses lui échappaient, malgré son âge il avait bien plus de mémoire que bien des jeunes…

« Vu que nous sommes au révélation de totem... » Acheva t-il avant d'entrer dans la boutique, il présuma qu'après tout il serait juste de sa part de franchir le pas comme Luna, et puis ce n'est pas comme si son propre totem était quelque de gênant, ou autre, par contre il pouvait se révéler formidablement utile à l'occasion. Surtout en vertu de sa tâche de ministre de l'information. « Mon totem est le hérisson, toujours vigilant à ce qui l'entoure, très doué pour garder les secrets, et étant donné que je suis grand-père, il est littéralement impossible de me surprendre d'une quelconque manière, ou de ma cacher quoi que ce soit si je suis décidé à le découvrir... » Et non il n'était pas dans l'optique pour le moment de découvrir les secrets de Luna, car ce serait formidablement impoli, et puis lui-même avait des secrets, ceux de la jeune femme ne le concernaient pas, ils faisaient parti du domaine très fermé de la vie privée, et des pensées personnelles.

Puis l'on entra dans la boutique, Crissolorio confia son manteau de brume pour que celui-ci soit donc enchanté, le bourgeois ne serait pas mécontent après tout que son vêtement devienne aussi résistant qu'une gemme, si jamais quelqu'un avait l'idée de le poignardé dans le palais, et même si la possibilité qu'on le prenne par surprise était censé être inexistante avec son totem le vieil homme au moins avait des chances de ne pas mourir.

« Prenez le temps de regarder demoiselle Lucie. » Dit-il calmement, il jeta un coup à ses propres vêtements, bon il était trempé, mais pas si sale que cela, au pire il laverait ses vêtements hein, il n'en avait pas beaucoup malgré sa soit disant richesse, acheté milles habits n'était que du gaspillage d'argent après tout, autant économisé, et les entretenir pour qu'ils durent sur le long terme.

Crissolorio lui-même se contenta donc de rester calmement à regarder la petite manège de Lucie, et de la vendeuse, on voyait bien la vendeuse qui voulait vendre tout ce qu'elle pouvait à la jeune femme, Lucie n'avait certainement pas l'argent, mais Crissolorio si sans aucun doute. Il commençait à penser que cela allait lui coûter sans doute aussi chère que la fois avec cette jeune femme qui a presque acheté tout le maquillage de la boutique… Cela lui apprendrait à offrir d'acheter des vêtements à une femme …

La cape écarlate par contre devait effectivement se révéler pratique pensa t-il, il réfléchit au possibilité que lui-même se fasse griller vif dans l'avenir, Ashy ne devait pas particulièrement l'aimer si elle savait qui il était, et ce dragon rouge avait faillit le transformer en rôtie… A bien y réfléchir ce ne serait pas un achat inutile, néanmoins il préféra l'écarter car sérieusement il n'avait pas envie de dépenser son argent pour cela pour le moment.

Lorsque Lucie revînt Crissolorio jeta un coup d’œil dehors, et effectivement la pluie avait cessé pensa t-il. Ce n'était pas plus mal pensa t-il, lorsque Lucie s'avança pour payer elle-même ses achats ce qui étonnait un peu Crissolorio il fallait le dire ce dernier régla les siens… Et en profita pour régler aussi ceux de Luna, après tout tout ceci ne coûtait vraiment pas cher… Il dit ensuite au revoir à la vendeuse, et sortir avec Lucie dehors.

« Dîtes moi damoiselle Lucie. » Entama t-il calmement quand ils sortirent de la boutique, et tout en remarquant que la pluie avait cessé. Au moins il ne faisait plus trop froid dehors… « Voyez-vous ce soir je songeai à accepter l'invitation que m'avez faîte ma fille pour mon cour séjour à Aldaria, elle est elle même noble, et comme cette perle a presque détruit ma demeure à Aldaria, enfin pour vous dire que si vous n'avez pas vous-même le gîte, et le couvert ce soir je pense que cela ne poserait aucun problème à moi, ou à ma fille que vous veniez dormir chez elle pour le soir. D'ailleurs je pense qu'au vu des circonstances une fête devrait être organisé là-bas ce soir... »

Il acheva ensuite calmement. « Bien entendu c'est comme vous-voulez. » Après tout il ne l'obligeait en rien.

Les angoisses de Luna quant à la venue de la pluie s’étaient envolées avec les paroles de Crissolorio qui avaient su la rassurer. Elle lui avait souri et avait ensuite acquiescé d’un signe de tête lorsqu’il avait mentionné l’utilité d’un tel totem afin de faire tomber une averse ou de maintenir le soleil dans le ciel. Il ne pouvait pas s’imaginer à quel point il visait juste quand il disait que c’était pratique pour les fermiers ou pour les paysans. Pour un voyageur, c’était également merveilleux! Savoir s’il pleuvrait durant la nuit permettait de prévoir le campement en conséquence et empêcher la pluie de tomber permettait de se rendre au prochain village sans être trempé. Mais ça n’avait pas que des avantages puisque l’humeur du lié à la grenouille était énormément influencée par le climat qu’il faisait. Il n’était pas rare que la gamine se sente, pour aucune raison, en colère lors des jours d’orage, triste lorsqu’il pleuvait ou joyeuse lors des belles journées ensoleillées. D’ailleurs, la remarque du Grand Trésorier sur les événements du 10 mars ombragea son visage et elle se mordit la lèvre en se remémorant ce qu’il s’était passé.

- Oh! Ça? C’était juste horrible! Pardonnez-moi, si je me rappelle bien je m’étais emportée envers vous et votre garde… Mais oui, c’était à cause de ça… Vous savez, normalement ça va, le climat ne m’influence pas trop. Je peux être un peu plus triste durant une journée pluvieuse, un peu plus joyeuse quand il fait beau et ressentir plus de frustration quand il fait orage. Mais rien de bien grave, on finit par s’y faire je crois. Mais là… Durant toute cette période, c’était tellement horrible! Je ne contrôlais plus rien du tout et le temps changeait tellement pour rien. Il pouvait faire beau soleil et deux secondes plus tard, gros orage! Vraiment… C’était du n’importe quoi! Et le 10 mars, c’était franchement le pire. Désolée de vous avoir fait subir ça… termina-t-elle d’une faible voix.

Luna lui avait fait un sourire gêné. Elle était bien soulagée que cette période entourant la fin du monde soit terminée et que son totem était revenu à l’ordre. C’était beaucoup mieux comme ça. Finalement, sans qu’elle ait à lui demander, ce dernier lui révéla son totem : le hérisson. Il n’y avait rien d’alarmant jusqu’à ce qu’il prononce qu’il était pratiquement impossible de lui cacher quoi que ce soit. Elle cacha rapidement sa surprise derrière un sourire. Avec un tel totem, elle devait faire doublement, plutôt quadruplement, attention si elle ne voulait pas que le vieillard découvre le secret qu’elle voulait lui cacher.

- Vos enfants ont dû vous détester…! Prononça-t-elle d’une voix taquine. Et ça marche comment au juste pour que vous découvriez les secrets des gens…? Ajouta-t-elle par la suite.

Il s’agissait d’une information qu’il lui paraissait pertinente à savoir et elle espérait cependant que cette question n’allait pas soulever des soupesons chez le Philosophe. Elle se rassura en se disant que tout le monde avait des secrets et il devait être le premier à savoir que les gens n’aimaient pas qu’on mette leur nez dans ce qu’ils ne les regardaient pas. Elle avait confiance que l’homme possédait des principes honorables et s’il s’avérait qu’elle se trompait, elle prendrait la poudre d’escampette aussi rapidement qu’elle le pourrait.

Ils étaient finalement entrés dans la boutique et elle avait eu le temps de jeter un coup d’œil aux marchandises pendant que la commerçante s’appliquait à la commande de Crissolorio. Elle s’apprêtait à donner quelques pièces d’or à la dame lorsque l’homme devança son geste. Cela ne l’étonna pas du tout et fut bien contente d’avoir été raisonnable en ne prenant pas cette cape écarlate qui lui faisait de l’œil. La majorité des gens auraient probablement sauté sur l’occasion de profiter de la générosité du bourgeois, mais Luna n’était pas comme cela et elle croyait fermement qu’il ne fallait pas faire aux autres ce qu’on n’aimerait pas se faire faire. D’ailleurs, leur relation ne serait sûrement pas aussi bonne si ça avait été le cas.

- Merci Messire Ostiz. C’est bien généreux de votre part et sachez que j’apprécie votre geste. Lui dit-elle d’une voix douce.

Les achats étant faits, elle demanda à la vendeuse si elle pouvait utiliser les cabines afin de se changer, ce qu’elle accepta. Elle mentionna à l’homme qui l’accompagnait de l’attendre quelques secondes, le temps qu’elle revête les vêtements propres qu’elle venait de se procurer. Il lui paraissait inutile de garder une seconde de plus ses vieux vêtements tachés par le sang tentaculaire, poussiéreux et de faire subir à tous l’odeur nauséabonde qui devait s’en dégager. Elle ressortit donc de la cabine avec des pantalons et une tunique propre, indifférente à l’opinion qu’on pouvait avoir d’elle de porter de tels vêtements. Elle demanda gentiment à la dame de disposer de ses vieux vêtements, car dans l’état qu’ils étaient, elle n’envisageait pas les garder pour les nettoyer plus tard.

Ils finirent donc par sortir de la boutique et la gamine ne s’était pas trompée quant à la température. C’était beaucoup plus agréable de se retrouver à l’extérieur maintenant que la pluie avait cessé. Cependant, avec le soleil qui se couchait, la température devenait plus fraîche et il serait probablement bientôt le temps pour le vieil homme de rentrer chez lui. Où irait-elle à ce moment-là? Elle ne le savait pas trop en fait et se dit qu’elle se débrouillerait comme elle l’avait toujours fait dans la Superbe. La dernière fois qu’elle était venue, elle y avait passé près d’un mois et elle avait fini par dénicher de nombreux abris. Avec de la chance, le grenier qu’elle avait l’habitude d’aller et qui se situait près d’une taverne était encore accessible si on était suffisamment agile pour grimper – ce qui n’était pas un problème pour elle. La voix du Grand Trésorier la sortit de ses pensées.

- Oui? Dit-elle en entendant son « nom ».

Le nom « Lucie » sonnait toujours un peu bizarre à ses oreilles, mais il était maintenant trop tard pour reculer. Elle imaginait mal lui dire : « Ah! D’ailleurs, je m’appelle plutôt Luna. Désolée de vous avoir menti durant tout ce temps ». Elle écouta ensuite ce que l’homme avait à lui dire et la surprise se lut dans ses yeux lorsqu’il l’invita à rester chez sa fille noble. Avait-il déchiffré ses inquiétudes pour qu’il lui offre ainsi le gîte? Elle se demanda si c’était l’effet de son totem qui l’avait poussé sur cette piste ou si c’était un hasard ou une simple déduction logique. Mais s’il pensait qu’elle avait besoin d’un toit, était-ce parce qu’il avait finalement compris qu’elle n’avait pas de parents et qu’elle était principalement qu’une vagabonde? Le fait qu’elle soit invitée à la fête qui serait lancée chez sa fille la surprit doublement. Elle se distança de quelques mètres et se posta en face de lui.

- Sérieusement?! M’avez-vous seulement vu? Lui demanda-t-elle en premier. Bien que son apparence lui importait peu, elle était consciente de l’opinion qu’elle pouvait engendrer chez les autres. Chez les paysans, voir une jeune femme en pantalons ou autres vêtements d’homme n’étaient pas la fin du monde. Mais chez les nobles, il s’agissait d’un outrage. Ça ne se faisait juste pas! Avec mes pantalons et mes cheveux sales, je vais juste être la risée de tous les nobles. Et que penseront les nobles s’ils me voient avec vous à cette fête? Votre proposition est des plus aimables, mais je ne voudrais pas vous faire honte non plus... Lâcha-t-elle finalement.

L’idée en soi ne lui déplaisait pas, mais Luna savait qu’elle n’avait pas le profil requis pour se joindre à ce genre de fête. Elle avait malheureusement appris à la cour de Korentin que l’apparence et l’étiquette étaient extrêmement importantes chez les nobles, et qu’ils ne manquaient pas l’occasion de se moquer si l’opportunité se présentait à eux. Tandis qu’elle parlait, elle omit volontairement de mentionner la proposition de gîte et de couvert. Cependant, son estomac répondit de lui-même en poussant en gargouillis.

« Vous n'avez pas à vous excuser de cela jeune Lucie, après tout moi-même comme tout les habitants d'Armanda qui n'étaient pas des alayiens a été affecté par les effets de la fin du monde sur les totems. L'on ne peut en rien vous reprocher cela donc, et puis vous n'aviez fait rien de mal, et au final tout le monde s'en est sortit avec plus de peur que de mal. » Car oui après tout cela aurait pu être cent fois pire, et les choses auraient pu dégénérer ce qui n'avait pas été le cas bien heureusement. « Et puis si c'est le climat qui vous influence c'est encore moins de vôtre faute, c'est le genre de choses avec lesquels ont ne peux pas lutter, à la grande limite l'on peut sans doute apprendre à se contrôler, mais cela fait sans aucun doute partie de vous, et quand l'on chasse le naturel dit-on, ce dernier revient au galop. » Dans tout les cas il n'était pas vraiment du genre à jeter la pierre à la jeune fille pour ce genre de chose, cette dernière avait l'air sincèrement désolé pour tout ce qui venait de se passer, mais ce n'était que du passé, il ne servait donc à rien de s'attarder dessus, ce n'est pas en s’excusant que l'on change ce qui s'est passé par contre il est toujours possible à tout moment de changer son futur.

« Oh disons que de toute manière ce n'est pas comme si mes enfants avaient étaient très turbulents, mais effectivement pour le coup ils devaient se montrer ingénieux pour me cacher quoi que ce soit. » Il se permit de laisser passer un court sourire en pensant à ce temps passé, maintenant ses enfants étaient devenu des adultes, sa fille avait même eu elle même des enfants… En somme le temps était passé si vite… « Oh ne vous inquiétez point je ne peux pas lire dans les pensées de qui que ce soit, disons que j'ai juste un certain talent de déduction. » En somme s'il ne faisait pas d'effort pour tenter de découvrir un secret, celui-ci aurait bien peu de chance de lui sauter dans les bras comme ça…

Dans tout les après cette petite discussion l'on passa par le magasin où Crissolorio en ressortit avec un vêtement enchanté, et une Lucie qui lui disait qu'il était généreux. Si il avait cru qu'un jour quelqu'un lui dirait qu'il était généreux… Enfin au moins ce n'était pas pour lui déplaire.

En somme l'on pouvait dire que Luna était tout à coup bien plus présentable maintenant, et ce n'était pas un mal, pas que lui-même était du genre à juger quiconque bien au contraire, mais les passants jaseraient moins sur son apparence, surtout au vu du fait qu'elle était en sa compagnie. C'était bien le pouvoir ça, la richesse avait ses gênes, on devait tout le temps jouer son paon. C'était bien l'une des choses que Crissolorio aimait le moins lui qui était entièrement dans le sobre, et l'austère.

Crissolorio au final après avoir vu que le temps était plus clair, et agréable pour lui jugea que c'était le bon moment pour faire une petite proposition à Lucie, après tout il n'y avait aucune raison de laisser cette dernière dormir dehors, ou dans un lieu mal famé s'il pouvait lui proposer quelque chose, et puis cela ne lui coûtait rien.

Et d'ailleurs la réponse de Lucie à sa proposition ne le surprit pas vraiment, quoique à vrai dire beaucoup auraient sans doute sautés sur sa proposition sans se soucier de ce genre de fioritures, et des apparences pompeuses, Lucie avait pour elle le mérite d'être prévenante. « Ne vous inquiétez point jeune Lucie, la fête aura lieu dans quelques heures. Je veux dire par là que vôtre apparence ne me gêne pas particulièrement, mais si vous voulez vous lavez je suis sûr que vous aurez largement les moyens, et ne vous inquiétez point ma fille n'est pas aussi regardante que bien des nobles, et je pense qu'elle vous passerait sans trop de problème l'une de ses robes pour la soirée si vous le désirez. » Dans tout les cas il jugeait sa proposition très honnête, et censé, et puis il se permit même de rajouter.

« Je suis un bourgeois parvenu, possédant bien plus de pouvoir que quasiment tout les nobles de ce royaume, je suis l'équivalent du bras droit de l'empereur jeune Lucie, croyez moi beaucoup de nantis jalousent mon pouvoir, et rêverez de me voir tombez. Mes frères bourgeois me considèrent comme un symbole, les nobles pour beaucoup comme une insulte à leurs sang bleu. Vôtre présence aurait donc du mal à les rendre plus pesteux envers-moi qu'ils ne le sont déjà. » Dans tout les cas une fois ceci dit il acheva calmement.

« En somme je vous propose de venir chez moi, une fois là-bas si vous le désirez nous ferons en sorte que vous ayez une apparence plus présentable pour ces gens de la noblesse, et vous pourrez donc participez à la fête, dans tout les cas ne vous inquiétez point le fait que vous êtes du petit peuple ne me gêne aucunement, je ne vous offrirait pas cette possibilité sinon, et puis nous avons porté le combat à cette perle jeune Lucie, il serait très mal vu de la part de quiconque de jaser sur nôtre compte ce soir. Alors qu'en pensez-vous ? Acceptez-vous mon invitation ? » Acheva t-il calmement, et parfaitement attentif à la réponse de la jeune femme.

Le visage de Luna était ferme et elle fixait Crissolorio de son regard bleuté, attendant sa réaction face à ses interrogations. Depuis qu’elle était la protégée de Korentin, c’était quelque chose à laquelle elle avait pris l’habitude de penser. Qu’est-ce que les gens penseraient d’elle? Non pas que ça la dérange. Elle ne s’était jamais soucié de son apparence plus qu’il ne le fallait. Mais avec la proximité des nobles et tout le protocole qui venait avec, on avait modelé ses pensées de façon à ce qu’elle se demande comment son apparence pouvait affecter l’image des autres. Particulièrement en ce qui concerne l’empereur déchu. On ne lui avait pas cessé de lui rappeler qu’étant donné qu’elle était sa pupille, ce qu’elle disait, faisait et ressemblait pouvaient avoir de lourdes conséquences sur son protecteur. La gamine avait donc ce même souci avec le Grand Trésorier. On ne le cachera pas, elle l’aimait bien. C’est pourquoi il lui importait de ne pas lui faire du tort et ce, même si c’était indirectement par sa présence.

Les traits de la jeune fille se détendirent aux mots du bourgeois. Un sourire vint même se dessiner sur ses lèvres et son regard s’adoucit. Cet homme l’étonnerait toujours. Rien ne semblait jamais le perturber ou le troubler plus qu’il ne le fallait. C’était peut-être à cause de son totem ou était-ce simplement un trait de sa personnalité. En tout cas, s’il disait que son apparence ne lui dérangeait pas, elle le croyait. Elle ne voyait pas le but qu’il lui dise cela si c’était pour penser le contraire. Au moins, en ayant formulé ses craintes, il savait dans quoi il s’embarquait et le ferait en toute connaissance de cause.

- Vous en êtes certain? Ça ne vous dérange pas du tout? Prononça-t-elle d’une voix teintée de joie. Elle joignit ses mains en signe de satisfaction. Votre fille me semble des plus sympathiques. Je crois que je l’apprécie déjà et j’ai bien hâte de la rencontrer. Comment se nomme-t-elle, si je puis vous le demander? Demanda-t-elle.

D’ailleurs, la jeune fille avait ricané lorsque l’homme avait mentionné comment les nobles pouvaient être pesteux des fois. Ce n’était pas le cas de tous, heureusement, mais quelques-uns d’entre eux possédaient la palme d’être pénibles.

- Plusieurs doivent envier votre position et l’influence que devez avoir. Ce n’est pas mon cas, n’ayez craintes! C’est beaucoup trop de boulot et trop de stress pour moi. Dit-elle sur un ton moqueur. Elle n’était pas quelqu’un de paresseux pour autant, mais elle n’aimait pas l’idée d’avoir des responsabilités et des comptes à rendre à certains. Donc… Je crois que je vais accepter votre offre, Messire Ostiz. Allons fêter notre victoire! Lança-t-elle finalement d’une voix joyeuse.

Une fois que ce fut enfin conclu que Luna irait chez le bourgeois, ils se remirent en route. Ne sachant pas où se trouvait la demeure de la fille du philosophe, elle le laissa la guider à travers la ville. Avec la nuit qui approchaient, les rues se faisaient tranquilles et les marchands commençaient à défaire leur étal et à ranger leurs produits. Certains annonçaient leur fermeture ou criaient aux passants de saisir cette dernière opportunité d’acheter l’objet de leur rêve. Luna ne se préoccupa nullement des voix qui voulaient vendre les bijoux, les fruits ou les armes. Son attention fut plutôt attirée par celle qui annonçait la glace que l’on pouvait manger et ce, en rabais puisque la boutique fermait. Libre comme le vent, la gamine détala et aussi vite que l’éclair se retrouva devant le présentoir de l’homme aux desserts glacés.

- Une glace, demoiselle? Demanda le vendeur, lui souriant gentiment.

- Oh! Oui! Ça a l’air trop bon. J’en veux une! S’exclama-t-elle avec joie.

Quelques secondes plus tard, Crissolorio venait la rejoindre. Elle se tourna vers lui, des étoiles brillant dans les yeux et un sourire radieux aux lèvres.

- On peut s’arrêter pour manger une glace, dites? Lui demanda-t-elle.

Par respect, elle lui demanda la permission puisqu’elle était en sa compagnie. S’il désirait rentrer rapidement, elle comprendrait. Elle serait grandement déçue, mais elle comprendrait. Elle ne se rappelait même plus combien de temps avait défilé depuis la dernière fois qu’elle en avait mangé une. Si elle se rappelait bien, c’était la voisine qui en avait fait durant l’hiver. Ah! Qu’est-ce que ce souvenir lui paraissait si lointain!

- Je vais bientôt fermer, il faudrait vous décider rapidement. Il ne me reste plus beaucoup de saveurs par contre. J’ai seulement vanille ou chocolat. L’une d’elles ou les deux feraient-elles votre bonheur? Prononça le marchant juste après avoir salué Crissolorio d’un signe de tête.

Vanille ou chocolat? Dur choix… Si elle devait choisir entre les deux, son choix s’arrêterait sur la vanille.

Dans tout les cas il comprenait que Luna formule quelques craintes quand au regard des nobles, et d'une certaine manière Crissolorio appréciait la prévenance de la jeune femme, celle-ci n'avait pas l'air d'une profiteuse qui aurait voulu profiter de la richesse du vieil homme, bien au contraire elle avait plutôt montrer qu'elle semblait généreuse envers tous sans distinction, la première fois qu'ils s'étaient rencontrés elle avait voulu lui offrir un croissant, et aujourd'hui par exemple il avait du insisté pour payer à la place de la jeune femme. Dans tout les cas cette vertu honorait en elle-même la jeune femme, Crissolorio se disait juste qu'elle devrait faire attention à l'avenir à ce que personne ne soit tenter de trop en profiter… Mais cela elle le devinerait bien assez vite.

« Absolument pas, sinon je ne vous aurez pas invité après tout. » Poursuivit-il calmement, et de manière pratique. « Oui je suis arrivé à lui inculquer la modestie entre-autre, néanmoins c'est une parvenue comme moi malheureusement, elle serait bien mal placée pour juger quiconque sur sa classe sociale, le fait qu'elle soit devenue noble par mariage en fait jaser encore certains d'ailleurs... » Les nobles après tout n'aimaient pas que des arrivistes viennent grignoter leurs pouvoirs… « Elle se nomme Julia, et effectivement je pense que vous vous entendrez bien. » Acheva t-il par la suite.

« Pour être honnête je me dis franchement que la richesse, et le pouvoir ont leurs gênes, et la modestie sa franchise. Néanmoins j'aime bien trop ce que j'ai obtenu par le pouvoir pour m'en passer, mais pour dire que je ne méprise pas le petit peuple pour autant, les nobles oublient bien trop souvent je pense que sans le travail des paysans ils finiraient par mourir de faim… Nous vivons en entraide dans la société, non en compétition je pense. Nous avons chacun besoin les uns des autres d'une certaine manière… » Il dit cela avec pragmatisme, mais franchise, le comportement de beaucoup de nobles à l'égard de la populace lui paraissait totalement stupide.

« Je vous suis gré de cela demoiselle Lucie. » Rajouta t-il ensuite calmement quand cette dernière accepta finalement l'invitation, au moins il n'avait pas eu beaucoup à lutter pour cela, de toute manière il était le bras droit de l'empereur politiquement parlant, les nobles pouvaient bien aller dire ce qu'ils voulaient Crissolorio était au dessus d'eux pour la plupart, si ce n'était pas socialement c'était du côté pouvoir, et influence, et ces deux là représentaient où la où la classe social n'était qu’apparence, et ménagements embêtants.

Dans tout les cas par la suite la jeune fille, et le bourgeois repartirent aussitôt pour traverser le quartier marchand Aldarien. Visiblement c'était l'heure de la fermeture pour beaucoup de boutiques, Crissolorio qui n'avait pas envie d'acheter quoi que ce soit les ignora tout simplement, par contre ce qu'il ne pu ignorer c'est quand la demoiselle Lucie se présenta à l'étal d'un vendeur de glace. Crissolorio qui devina facilement pourquoi la rejoignit donc, visiblement elle voulait s'acheter une glace, et cela fut confirmé quand elle demande à Crissolorio avec des yeux de chaton si ils pouvaient s'arrêter pour manger une petite glace…

Il fallait avouer que pour le coup il pouvait difficilement dire non, au vu du regard qu'elle lui faisait, peut-être qu'il n'en paraissait aucunement affecté, mais cela lui fit un petit effet intérieur. Dans tout les cas ce serait bien dur en plus de ne pas passer pour un monstre en refusant une glace à la jeune Lucie, et puis de toute façon si cela pouvait faire plaisir à cette dernière… Après tout d'une certaine manière il lui devait la vie…

« Les deux, pour chacun. » Se contenta de dire calmement Crissolorio, de toute façon une glace ça ne coûtait pas vraiment très cher heureusement, enfin bon ça faisait longtemps de toute manière qu'il n'en avait pas mangé… Ce serait une consolation par rapport au fait que c'était une dépense légèrement inutile…

Dans tout les cas le vendeur acquiesça, et leurs servit à chacun une glace avec les deux parfums, Crissolorio le remercia, et après avoir payé repartit avec la demoiselle Lucie, ils choisirent tout deux de s'installer pour manger la glace dans un parc proche, histoire de ne pas manger tout en marchand car cela serait assez compliqué de ne pas faire tomber le glace du coup, et Ostiz avalerait mal le fait d'avoir payé pour du gaspillage … Enfin ceci à part il demanda calmement à Lucie après coup.

« En espérant que cela vous fasse plaisir. » Pour le coup ça devait faire longtemps qu'il n'avait pas offert une glace à quelqu'un, par la suite après avoir dit cela Crissolorio commença la sienne disons qu'il avait un peu tardé à la commencer par rapport à Lucie. Le sucre n'était pas vraiment la chose qu'il mangeait le plus, mais il fallait avouer que c'était assez bon.

« Dîtes moi jeune Lucie… Je crois que je ne vous l'ai toujours pas demandé, mais… Où avez vous appris à tirer si bien à l'arc ? » Il réfléchit calmement avant d'achever. « Après tout les paysans apprennent tous à tirer à l'arc oui, mais rarement d'une façon aussi efficace, vous ne seriez pas une chasseuse, ou une apprentie franc-archère ? » Après tout la question pouvait se poser, les franc archers étaient ces archers de compétition qui exercent le tir à l'arc dans des kermesses, et des concours pour une bonne paye, et à bien y réfléchir cela ne devait pas être loin de la vérité. Enfin au pire ce n'était pas vraiment le plus important, si elle voulait garder cela pour elle il comprendrait.

Une glace! Une glace! Une glace! L’enthousiaste de la gamine était palpable. Alors là, c’était une Luna toute joyeuse parce que Crissolorio avait accepté de bien vouloir s’arrêter afin de manger une glace. Quel bonheur! Elle lui afficha probablement le plus grand sourire qu’elle pouvait faire et des étoiles brillèrent dans ses yeux tandis que le marchand lui remettait les glaces aux deux saveurs. Vanille et chocolat! Elle n’en avait pas demandé tant, mais cela et le fait que le Grand Trésorier paye pour elle n’auraient pas dû l’étonner. Elle fut d’ailleurs soulagé qu’il s’en achète pour lui-même, car cela signifiait qu’il voulait se sucrer la dent lui aussi, non?

- Merci. Dit-elle au commerçant. Merci messire Ostiz! Ça a l’air juste trop bon! Merci! Dit-elle en se tournant vers l’homme.

À peine avait-elle prononcé ces mots qu’elle avait déjà entamé sa glace en commençant par le chocolat. Il fallait garder le meilleur pour la fin! Elle posa rapidement une main sur le front cependant, se le frottant légèrement. Elle avait oublié ce que ça faisait quand on mangeait quelque chose glacé trop rapidement et qu’on se gelait le cerveau un peu trop rapidement. Elle reprit, mais à une vitesse plus décente par la suite, tout en marchant au côté du vieil homme.

Rapidement, ils se rendirent dans un parc. Ce dernier était pratiquement désert, les dernières personnes quittant l’endroit. Ils s’installèrent sur un banc qui avait été protégé de la pluie par un abri hexagonal. La jeune fille avait déjà terminé sa glace au chocolat lorsqu’elle s’y installa.

- C’est très bon. Merci encore. Ça doit faire des années que j’en ai pas mangées! Commença-t-elle. Vous aimez? Demanda-t-elle ensuite, n’oubliant pas de lui sourire.

Elle s’attaqua ensuite à la vanille. Que c’était bon! Finalement, ne serait-ce que pour la glace, tout le trouble que son voyage à Aldaria allait lui apporter lui parut en valoir la peine. Elle laissa voguer ses pensées et se demanda combien d’autres perles se trouvaient encore sur le continent. Et combien allait-il prendre de temps avant qu’elles ne ravagent tout? Il fallait réagir avant qu’une catastrophe comme chez les elfes ne se reproduise à nouveau. Il fallait détruire les monstres de Néant et l’empêcher de pouvoir faire ses sombres desseins. Elle était peut-être petite, mais elle ferait sa part pour améliorer Armanda. Elle se demanda si tout allait bien à Aigue-Royale et ses pensées concernant Korentin, qui devait maintenant avoir réalisé « sa fuite », furent interrompues par la voix de Crissolorio.

- Où j’ai appris à tirer de l’arc? Demanda-t-elle.

Elle parut surprise par la question, émotion qu’elle tenta de cacher en fourrant un bout de sa glace dans sa bouche. Il est vrai que les jeunes filles sachant faire usage d’un arc ne courraient pas les rues. Il est vrai que les paysans l’apprenaient quelque fois, surtout ceux qui chassaient, mais c’était généralement une tâche réservée aux hommes. Silencieusement, elle le laissa poursuivre tout en se demandant où il voulait en venir… Y avait-il des intentions cachées derrière son questionnement? La gamine savait qu’elle devait faire attention à ce qu’elle disait et surtout de ne pas se mélanger dans ses mensonges s’il advenait qu’elle ne dise pas toute la vérité.

- Franc quoi? Échappa-t-elle. Le mot ne lui disait rien du tout. Je sais pas c’est quoi. Avoua-t-elle, posant son récipient sur le côté puisqu’elle avait terminé.

Parlant d’arc, elle fouilla dans son sac magique afin de sortir cette arme. Mis à part la dague qu’elle trainait toujours dans un étui à sa jambe et une autre qui était cachée dans sa botte, les autres reposaient dans la sacoche. Son épée en faisait bien partie et bien heureusement puisque le nom « Luna » y était inscrit. C’était un arc tout simple, avec rien de bien extravagant, mais qu’est-ce qu’il lui avait été utile!

- Vous savez, messire Ostiz, on n’a pas tous la vie facile. Je ne dis pas que vous avez une vie facile, tout est relatif. Mais pour certains, la vie leur sourit. Certains sont bien plus chanceux que d’autres et bien sûr, d’autres seront plus malchanceux. Commença-t-elle.

La joie associée à la glace semblait s’être évaporée. La gamine semblait plus calme et sa voix était davantage nostalgique aussi. La jeune fille avait eu son lot de malchance, mais tout n’avait pas été mal non plus. La chance lui avait souri à d’autres moments ou était-ce elle qui avait créer sa proche chance?

-L’important, c’est de voir les opportunités et de les prendre lorsqu’il le faut. Une aimable personne a bien voulu m’apprendre à tirer de l’arc. Ça n’a pas été facile, mais ça a été des plus pratiques. Je sais suffisamment bien tirer que je peux chasser avec cette arme sans problème, je ne sais pas si ça fait de moi une chasseuse pour autant. Je ne vis pas que de cela. Je crois que c’est juste un outil comme un autre pour pouvoir avancer dans la vie dans mon cas. Vous, vous avez votre influence, et moi… Bah. J’ai mon arc. Ajouta-t-elle en haussant simplement les épaules. Avez-vous déjà appris à tirer de l’arc, Grand Trésorier? Demanda-t-elle finalement.

Pour le coup l'enthousiasme de la jeune Lucie était communicatif même pour la statue qu'était Crissolorio, ce dernier se surprenait même à être content de cela intérieurement, lui qui croyait ne pas avoir tant que ça la fibre avec les enfants il semblerait que ce soit le cas, mais bon il était un homme après tout. Il y avait bien des choses qui touchaient la sensibilité qu'il avait sur certains sujets. Pour le coup cela compensait avec la frustration qu'il avait à payé la glace, le nombres de personnes pour qui il était prêt à payer de l'argent n'était pas particulièrement nombreux, mais visiblement Lucie pouvait se vanter d'en faire partie, si Crissolorio avait cru un jour pouvoir s'enticher comme cela d'une jeune femme…

« Ce n'est rien Lucie, et surtout profitez bien de vôtre glace. » Pour sa part il tâcherait de profiter de la sienne, il ne savait pas si ses tripes à son âge pourraient encore supporter de la glace, mais on verrait bien. Enfin il aurait sans doute vu pire, et puis il n'avait sûrement pas acheté une glace pour lui-même pour la jeter ensuite. Non, mais il n'y avait rien de plus stupide que de jeter de l'argent par les fenêtres ainsi…

Dans tout les cas pour sa part il attendit d'être assis sur le banc pour pouvoir entamer sa glace, il avait trop peur de la faire tomber sinon. Et il démarra ensuite sa glace en démarrant par le chocolat. Le goût lui semblait légèrement amer sur l'instant, mais au final il trouva assez bon, bon sang cela devait faire au moins 10 ans qu'il n'avait pas mangé de glace… « Oui c'est assez bon. » Répondit-il calmement à Luna, il esquissa même un court sourire avant de rajouter. « Profitez bien de vôtre glace jeune Lucie, d'habitude je n'aime pas dépenser mon argent pour tout avouer, mais pour vous je fais une exception. »

Dans tout les cas lorsqu'il entama à son tour la vanille il commençait à se dire que si sa fille le voyait se ramener avec Lucie, et sa façon de se comporter avec elle, elle demanderait peut-être s'il comptait l'adopter. Pour le coup ce serait sans doute très gênant, enfin de toute façon il aurait de quoi s'expliquer, mais il est vrai que ce n'est pas tout les jours qu'un homme comme lui se prend d'amitié pour une jeune femme du petit peuple, c'est assez rare pour être remarqué d'ailleurs.

Enfin pour le dire sinon la vanille pour le coup lui semblait être le meilleur des deux parfums, bien plus doux, et sucré. Cela lui convenait parfaitement, et il en profita pendant qu'il mangé pour écouter la jeune Lucie qui semblait assez étonné qu'il ait la curiosité de lui demander peut-être comment elle pouvait savoir tirer à l'arc.

Dans tout les cas il avait poursuivit son raisonnement, avant de rester silencieux ensuite pour pouvoir écouter attentivement la réponse de la jeune Lucie. Visiblement celle-ci ne savait pas ce qu'était un franc archer, sans doute que Crissolorio le lui dirait à l'occasion s'il y pensait.

Peu après l'on pouvait que lui aussi avait terminer sa glace, et il pu donc consacrer son entière attention à la jeune Lucie qui sortait son arc, il ne porta pas son attention sur l'épée sinon il aurait remarqué peut-être ce qui était inscrit dessus, mais sur l'arme de jet pendant que la jeune Lucie fournissait quelques explications.

Et les paroles de la jeune Lucie étaient vraiment très sages pour tout dire, et très sensés. Dans tout les cas Crissolorio voyait en partie où elle voulait en venir, effectivement en ce monde rien n'était forcément donné même à ceux qui le méritaient pourtant. Dans tout les cas elle semblait être plus pensive tout à coup, mais voir la jeune femme faire preuve d'une telle maturité était fort appréciable pour Ostiz.

« Je vois jeune Lucie, en somme vous avez profité d'une opportunité pour pouvoir améliorer vôtre situation, vôtre talent à l'arc est tout à fait à vôtre honneur. Si cela vous est utile dans la vie de tout les jours c'est une bonne chose. Personnellement pour tout avouer j'ai effectivement après quelques bases du tir à l'arc, mais ce n'est guère aller plus loin... » Il croisa légèrement les mains, et poursuivit d'un grand sérieux.

« Pour tout avouer j'ai une certaine horreur de la violence, des armes, de la guerre, et de tout ce genre de choses, la seule arme que je sais vraiment manier c'est mon bâton car il ne tue pas, et ma dague. Armes que je n'utilise jamais sauf pour cette fois avec la perle, je considère que la violence personnellement est le dernier refuges de l'incompétence, le fait de pouvoir tuer quelqu'un de ses propres mains me semble être un acte barbare, et ignoble . Je sais que beaucoup n'ont pas le choix, mais à mes yeux la violence n'est pas la solution à tout les problèmes. » Il rajouta d'ailleurs après un court instant de silence. « Et j'ai aussi un certain dégoût du sang, à la simple vue de ce liquide rouge je peux prendre peur, ou me sentir malade. Autant dire que je ne suis pas un homme d'action, mais je ne vais sûrement pas m'en plaindre... »

Il regarda ensuite calmement les alentours, il n'y avait personne, Crissolorio en profita donc pour glisser à la jeune femme.

« Vous savez… la guerre entre les séides de Korentin kohan, et nôtre bon seigneur Fabius Kohan me semble d'une absurdité sans nom… Pour poser le postérieur d'un roi sur un trône des milliers d'hommes doivent mourir, je dis que ce genre de choses au lieu de faire avancer l'espèce humaine ne fait que nous rabaisser au stade de bêtes. Ces temps-ci l'empire fait face à bien trop de menaces que ce soit les vampires, ou bien le Néant pour en plus se poignarder entre frère ainsi. Les hommes sont plus fort unis que divisés selon moi. Il n'y a rien de préférable à la paix. » Ce n'est pas un point de vue que tout le monde partagé, mais c'était son point de vue, à Lucie de juger si elle était en partie, ou non d'accord avec lui.

Lorsque Crissolorio prit la parole, Luna se tut et lui accorda son attention. Tout en l’écoutant, elle se mit à jouer avec la corde de son arc sans s’en rendre compte puisqu’elle l’avait entre les mains. Elle le laissa parler jusqu’au bout sans l’interrompre et promena son regard sur le parc pour le ramener ensuite sur lui, puis sur son arc dont elle déposa sur le banc lorsqu’elle réalisa que ce n’était peut-être pas des plus polis de jouer ainsi avec. Elle ramena son attention sur lui et lui sourit. L’homme en avait beaucoup à dire et elle fut étonnée qu’il lui révèle ainsi quelques traits de sa personnalité ainsi que sa vision du monde. Ce n’était pas le genre de conversation que deux inconnus entamaient. C’était beaucoup trop profond et beaucoup plus personnel. Pour lui parler ainsi, c’est qu’il avait confiance en elle, n’est-ce pas ? D’une certaine façon, elle avait aussi confiance en lui et elle se sentit un peu mal de ne pas être transparente. Certes, elle ne lui mentait pas sauf en ce qui concernait son nom. Mais elle n’était pas franche et elle déformait la réalité afin de lui cacher des notions sur sa personne. C’était bien dommage qu’il ne s’adressait pas à la personne à laquelle il pensait qu'elle était. D’ailleurs, que croyait-il qu’elle était? Une simple gamine? Si c’était le cas, alors elle serait des plus étonnées. Elle se demanda quelles hypothèses il devait avoir faites sur elle depuis leur dernière rencontre. Elle ne lui avait accordé que très peu de détails quant à son passé et à ce qu’elle faisait, lui donnant souvent des réponses peu précises. Elle supposait que pour lui, elle devait être simplement une jeune paysanne dont le passé n’avait pas tant d’importance et c’était très bien ainsi.

- Il faut prendre les opportunités lorsqu’elles se présentent à nous. Quoiqu’on ne sait qu’une fois au bout si c’était un bon choix ou non… Et parfois, on ne le sait jamais. Faut juste pas se morfondre sur nos décisions et aller de l’avant. Commença-t-elle. Bien qu'elle n'était encore qu'une adolescente, Luna pouvait faire preuve de maturité quelques fois.

Il y avait plein de situations où la gamine se demandait si elle n’aurait pas dû faire autrement. Mais jamais elle n’aurait la réponse à cette question puisque c’était le chemin qu’elle avait emprunté et qu’elle ne savait pas comment les événements se seraient passés si elle avait choisi l’autre option. Par exemple, si elle n’avait pas décidé de suivre Saemon lorsque les brigands avaient attaqué le village où elle restait, que serait-elle devenue? Peut-être qu’une autre famille aurait pris soin d’elle et qu’elle aurait vécu une petite vie tranquille au lieu d’apprendre à se battre et donc n'aurait jamais joint les rebelles. Mais elle ne regrettait pas son choix : elle avait fait tout plein de rencontres intéressantes dont faisait partie Korentin, Dawan, Enetari, Matis et même Crissolorio dans une certaine mesure.

- Sachez que ça me ferait un plaisir de vous montrer, si vous voudriez tirer à l’arc. Je doute que ça vous soit vraiment utile par contre… Mais l’offre tient quand même. Marqua-t-elle d’un sourire. Elle lâcha ensuite un soupir. Si tout le monde pouvait être de votre avis : que la violence n’est pas la solution. On dirait que c’est la solution facile que les gens préfèrent prendre par contre. Personne ne devrait aimer le sang, la violence et la guerre. Mais le monde est un milieu de barbares malheureusement… prononça-t-elle d’un ton las.

Et la Larme de Néant n’était pas bien mieux. Elle-même, elle avait fait couler le sang à plusieurs reprises. Était-elle moins barbare parce qu’elle avait blessé des gens en cherchant à se défendre? Non, elle ne se considérait pas mieux que les autres, elle était tout aussi barbare et ignoble. Mais au moins, elle essayait de faire le bien.

- On ne peut même pas se promener sur les chemins sans risquer de se faire attaquer par des bandits. On ne peut même pas espérer vivre tranquillement dans un village sans se faire attaquer pour rien. Et ça, c’est sans mentionner les vampires qui veulent notre sang ou les Alayiens qui voulaient nous soumettre à leur Esprit qui veut détruire Armanda.

À son tour, elle jeta un coup d’œil au parc afin de s’assurer qu’il n’y aurait personnes pour épier leur conversation.

- Vous croyez qu’elle cessera un jour cette guerre entre Kohan? Murmura-t-elle. La gamine aimait bien cette conversation. En un sens, elle en apprenait davantage sur le Grand Trésorier et savoir qu’il prônait la paix lui faisait plaisir. Certes, il était du côté de Fabius. Mais elle n’avait pas l’impression que tout était blanc ou noir pour lui, il y avait aussi des teintes de gris. Je suis d’accord avec vous, j’aimerais par-dessus tout qu’il y ait la paix. Mais les gens sont têtus et sont prêts à se sacrifier pour la cause à laquelle ils appartiennent. Je suis certaine qu’il y a tout plein de malentendus et que chacun a ses torts. Je ne crois pas que les loyalistes soient nécessairement bons et les rebelles nécessairement mauvais. Vous ne croyez pas? Demanda-t-elle. Elle était curieuse de connaître son opinion à ce sujet. Le vieil homme semblait suffisamment sage pour ne pas avoir d’opinion arrêtée, mais qu’en était-il vraiment? Je pressens que ce conflit finira malheureusement en un bain de sang. Après l’Aube Rouge, ce sera quoi…?

Elle s’était approchée du vieil homme, lui chuchotant ces paroles afin qu’il soit le seul à entendre. Parler des Loyalistes et des Rebelles pouvait être un sujet particulièrement délicat.

« Rien ne sert de regretter le passé lorsqu'il faut construire un futur prospère, de même qu'il ne sert à rien d'exprimer des regrets si cela nous empêche de profiter de l'instant présent. Ce qui a été fait ne peux être changer effectivement, et vivre avec le poids de ses décisions, et de ses choix est une chose que chaque homme devrait être à même de faire. » Lucie faisait elle aussi preuve d'une certaine sagesse dans ses propos, tout ceci était tout à son honneur, pour sa part il appréciait de voir que la jeune femme faisait preuve d'une belle, et grande maturité.

En soit lui-même avait fait nombre de choix au cours de toute sa vie, dont nul autre par exemple que celui de servir Fabius Kohan, certes il aurait pu décidé de rejoindre la cause rebelle, mais rien ne l'avait poussé à faire ainsi, bien au contraire il ne regrettait aucunement son choix d'avoir choisit le père du peuple comme souverain. Il avait obtenu richesse, pouvoir, et surtout eu des récompenses à la hauteur de ses mérites. L'empire avait besoin d'un dirigeant fort, et de ministre compétent pour survivre, et devenir plus fort. De même qu'il n'était aucunement un bien que les hommes s'éternisent dans une absurde guerre civile, alors que les ennemis de l'humanité sont si nombreux.

« Sans doute que ce serait une idée, si jamais nous nous revoyons jeune Lucie, je pense sinon pouvoir vous apprendre quelque petite chose sur un autre plan si vous le désirez en retour. » Dit-il calmement avant de rajouter avant de laisser à nouveau la parole à Lucie. « Parfois la plume est plus forte que l'épée après tout. Si cela peut vous être d'une quelconque utilité c'est avec plaisir que je vous offrirai mon aide. » Après tout il n'était pas du tout un guerrier, mais sur le plan mental, et intellectuel il était dur de rivaliser avec Crissolorio…

« De barbares, ou d'idiots. La civilisation est faîte pour protéger ceux qui en font partie, elle est faîte pour que les hommes soient rassemblés sous une même bannière pour avancer, et prospérer ensemble, elle est faîte pour que les individus mettent en commun leurs efforts pour le bien de la communauté. Néanmoins l'égoïsme, la haine, et la violence sont quand même présents. Cela montre que quelque chose ne marche pas comme il le devrait, c'est aux gens comme moi sans doute d'arranger ceci, et de ce fait je me fais une responsabilité que la paix revienne au plus vite, et qu'elle soit prospère. » Voilà en partie ses convictions au niveau politique, la paix, et la prospérité.

« la violence, et la haine sont des cercles infernal, c'est enfoncé des portes ouvertes que de dire ceci, mais la haine attire la haine, les vampires nous haïssent pour la défaite qu'ils ont subit dans les anciens temps, et veulent se venger de nous, les atrocités qu'ils commettent nous motivent de ce fait à redoubler d'ardeur ce qui accroît la haine qu'ils nous portent, tandis que les alayiens pour leurs parts sont consumés par leurs fanatisme idiots. Haine, et fanatisme irréfléchi. Voilà bien deux fléau qui à eux seuls bien plus que les cataclysmes avilissent le monde, et la civilisation. » Pour sa part il préférait l'empirisme, et la réflexion. Un homme raisonné, sage, et surtout logique était bien moins porté aux erreurs qui ceux qui e laissent porter par leurs émotions, ou leurs ressentiment après tout. L'homme n'était pas une bête de plus, et faire preuve de réflexion n'était jamais un mal en soit.

Heureusement que personne ne pouvait les entendre d'ailleurs parce que avec ce qu'ils disaient certains pourraient fort mal interpréter le tout.

« Les guerres ne sont jamais éternelles, néanmoins ce qu'il faut se demander ce n'est pas si cela cessera un jour, mais quand. » Dit-il calmement à la question de Lucie. Après tout aucune civilisation ne peut prospérer éternellement dans la guerre, un jour la situation redeviendra sans aucun doute plus calme, le souci c'était de faire en sorte que cela arrive de leurs vivants, et non dans un bon siècle…

« L'homme… L'homme agit par intérêt en grande partie, il agit pour lui-même, mais aussi pour ses proches, ses convictions son motivés par son passé, et ses intérêts personnels. Il en est de même pour les elfes, et les vampires, les êtres totalement désintéressés sont rares il ne faut pas se faire d'illusion. De plus il est plus facile de se faire la guerre que de coopérer, je ne me fais pas d'illusion, il n'y a pas d'idéalisme dans cette guerre, juste une lutte fraternel sous fond d'intérêts politiques égoïstes, les rebelles sous battent sous couvert de faux idéaux d'alliances entre les trois races sans aucune base solide comme prouve la trahison des vampires à leurs égards, tandis que les loyalistes pour leurs parts ce sont faits dupés par les alayiens en pensant que cela irait pour le bien de l'empire, mais ça a été tout le contraire. Résultat ? Armanda est dans un état désastreux en ce moment à cause de cette guerre qui bénéficie qu'a quelques-uns aux dépend de la majorité. Je ne juge pas les rebelles spécialement mauvais non de même que les vampires, ou les elfes, voir même les alayiens. Je fais juste preuve de pragmatisme, selon moi l'empire a besoin d'un roi fort comme Fabius Kohan, les vampires boivent nôtre sang, pour qu'un d'entre-eux vivent en quelques siècles il doit nécessiter le mort de centaines d'hommes, est-ce qu'un vampire vaut cent homme ? Je ne pense pas, surtout que leur chef veut faire des hommes des esclaves des buveur de sang… Et les alayiens… Ils viennent briser nos traditions, et anéantir nôtre précieuse magie, la guerre contre eux était inévitable malheureusement, il reste juste à espérer que les choses finissent par s'arranger. Cette guerre a été terrible, mais elle a sans doute eu la vertue d'aider certains à ouvrir les yeux sur la dure réalité... »

« Ce que j'en pense ? » Demanda t-il ensuite calmement de manière rhétorique… Avant de répondre après une courte réflexion. « Tout ceci a effectivement des chances de mal finir, mais malheureusement il est probable qu'Armande finisse engloutie par le Néant avant que tout le monde n'ait pu s’entre tuer, néanmoins il faut voir les choses de façon pragmatique. Ce péril commun pourrait sans doute obliger tout les peuples à mettre de côtés leurs différents pour agir avant qu'il ne soit trop tard, en espérant qu'ils réussissent... »

Il réfléchit ensuite encore un peu de manière appliqué avant de poser une dernière question à Lucie.

« Et vous jeune Lucie ? Que pensez-vous de tout ceci ? Qu'une paix avec les alayiens serait possible ? De même qu'avec les vampires ? Que les rebelles, et loyalistes pourraient finir par arrêter de se faire la guerre, et collaborer pour le bien commun ? Pensez-vous qu'une paix entre toutes les races Armandéennes serait possible ? Je dois avouer que moi-même qui suis haut placé au niveau de l'état je me retrouve des fois démunis pour régler certains problèmes… C'est sans doute cela le prix du pouvoir, quoi que l'on fasse l'on ne peux jamais trouver une solution parfaite, il faut savoir trancher, et assumer les conséquences de ses actes pour le meilleur, et pour le pire. »

Il rajouta enfin un peu cynique, mais de façon bénigne à l'égard de la jeune femme.

« Cela donne des fois envie d'aller se réfugier sur une île loin de tout ceci, pour pouvoir y vivre tranquillement. N'avez-vous jamais pensé une fois jeune Lucie aux îles dont viennent nos ancêtres ? Je me demanderai presque si ceux-ci connaissent autant de soucis que nous. Pas vous? » Sans doute qu'ils devaient avoir les leurs, et que leurs situation n'était guère plus enviable à sa manière, mais il y avait de quoi se le demander tout de même...

C’était un moment fort étrange pour Luna. En venant à Aldaria, elle ne s’était pas imaginée discuter de politique et de philosophie avec un loyaliste dans un parc après avoir mangée une crème glacée. C’était une discussion fort enrichissante et elle trouvait que c’était intéressant d’entendre le point de vue d’un autre sur la façon que le monde était ou devrait être. La petite l’écoutait attentivement et faisait une grande preuve de respect envers le Grand Trésorier puisqu’elle ne permettait pas à son attention de voguer à d’autres lieux. Ainsi, elle ne se laissa pas déconcentrer par les applaudissements qui résonnèrent momentanément dans les ruelles qui devaient marquer la fin d’un duel magique ni par les hennissements d’un cheval au loin. Son regard était posé sur l’homme et elle acquiesçait d’un signe de tête de temps à autre afin de marquer qu’elle suivait la conversation. Pour une fois, elle ne correspondait pas à la gamine turbulente qui ne tenait pas en place et elle faisait preuve d’un grand sérieux. Elle n’était pas la « sauvage » que les gens s’amusaient à la surnommer, elle était plutôt polie, calme et respectueuse. Elle ne l’interrompait pas et attendait sagement qu’il ait terminé sa phrase avant de prendre la parole à son tour.

- Mon offre tiendra toujours. Si ce n’est pas aujourd’hui, ce sera tout simplement à un autre moment. Dit-elle gentiment. Je ne sais pas si ça vous sera utile un jour, mais qui sait? Peut-être voudriez-vous un jour participer à un concours de tir à l’arc. Après tout, comme on dit souvent : il n’est jamais trop tard pour apprendre! Ajouta-t-elle.

Elle lui sourit. Une rebelle et un loyaliste discutant tranquillement et se proposant de s’aider mutuellement, qui l’aurait cru? Certes, il ne savait pas qu’elle était potentiellement son « ennemie », mais encore là, c’était un terme bien exagéré. Elle ne souhaitait pas la mort ou d’atroces souffrances au partie opposé à Korentin. Ces sentiments haineux, elle les réservait plutôt aux partisans du culte du Néant.

- Si les conflits pouvaient se résoudre diplomatiquement, ça serait bien. Si les gens pouvaient communiquer et essayer de se mettre dans la peau des autres, on n’en serait pas là où on en est. Mais les gens sont têtus et fiers… Moi la première, je le reconnais… avoua-t-elle. Elle savait qu’elle n’en faisait souvent qu’à sa tête. La preuve étant qu’elle ne serait pas là sinon. Au moins… Je le sais et seule, je n’ai pas vraiment d’influences sur tout ce qui se passe. Mais bon… C’est dommage quand l’orgueil devient disproportionné dans l’équation et lorsqu’il s’agit de rois ou de nobles ou de ce genre de personnes, les conséquences peuvent tellement devenir importantes et désastreuses. Elle fit une légère pause. Et malheureusement, même si la plume peut être plus forte que l’épée, un coup d’épée bien placé fera toujours plus mal. Et chez Mort, ça ne sert plus à grand-chose de savoir bien parler. Quelqu’un m’a dit un jour que les morts ont toujours tort. C’est pourquoi même si c’est utile de bien savoir parler, je crois qu’il est encore plus important de savoir se défendre… Dit-elle en citant une des paroles de Christan Weren qui l’avait marquée. On est loin d’être en temps de paix et il y aura toujours ceux qui veulent faire leur propre loi…

Les paroles de Crissolorio étaient teintées de sagesse et elle acquiesça à celles-ci. Il est vrai que le monde était empli de barbares et d’idiots ainsi que de violence, de haine et d’égoïsme. Les gens cherchaient à se venger au lieu d’essayer de s’entraider. Cependant, la petite lune se demandait si le Grand Trésorier pouvait y changer quoi que ce soit et ce qu’il pourrait faire pour rendre la paix au monde. Elle ne s’attarda pas sur la question puisqu’elle ne voulait pas savoir la façon dont il s’y prendrait et si cela impliquerait les rebelles en mal. Il valait mieux laisser ça de côté et se concentrer sur l’aspect positif, soit que le vieil homme voulait aider à créer un monde meilleur. Le philosophe lui arracha un sourire lorsqu’il mentionna qu’il ne jugeait pas les rebelles spécialement mauvais. Malgré son appui à l’empereur Fabius, il faisait preuve de discernement. Elle essaya de garder le même sourire lorsqu’il évoqua que l’empire avait besoin d’un être tel que l’Usurpateur. Fourbe comme il était, elle n’en était pas convaincue. Mais il valait mieux éviter de débattre de ce sujet au risque de perdre la tête!

Un autre sujet sur lequel l’Oreille Impériale n’avait pas tort : il y avait des choses plus sérieuses que le conflit entre les deux Kohan. Entre autre, Néant qui détruirait tout si elle n’était pas arrêtée! Cette ennemie commune permettrait peut-être aux deux partis de s’entendre ne serait-ce que pour un court moment, qui sait? Mais après cela, qu’arriverait-il? La gamine ne voulait pas penser à l’avenir et au nouveau bain de sang qu’il y aurait si une deuxième guerre éclaterait comme à l’Aube Rouge. Le sang n’avait-il pas suffisamment coulé? Mais pour cela, il fallait qu’un côté se soumette à l’autre et ça ne risquait pas d’arriver. Les gens étaient prêts à se battre et à mourir pour la cause qui leur importait, ce qui entrainait d’autres gens à vouloir se battre afin de protéger les premiers et au final, plein de gens étaient prêts à se taper dessus. Elle-même, elle n’était pas bien mieux…

- Et moi…? Demanda-t-elle.

Luna eut d’abord l’air surprise qu’on lui demande son avis sur sa vision des choses. Elle prit un petit moment afin d’y réfléchir et de choisir les bons mots qu’elle voulait employer avant de répondre.

- Je ne sais pas trop quoi y penser en fait… J’aimerais beaucoup un temps de paix. Personne ne veut la guerre en fait et ceux qui disent la vouloir, c’est ceux qui n’y participent pas et qui ne voient pas toutes les conséquences qu’elle a… Pourquoi doit-il y avoir autant de sang qui doit couler pour faire valoir son point…? Personne ne devrait voir ses proches mourir sous les coups des lames… Et ce, pour aucune raison et en aucune circonstance… Et malheureusement, ça arrive trop souvent… dit-elle. Elle fit une petite pause afin de prendre une grande respiration et lâcha un léger soupir. Les Alayiens et les Serviteurs du Néant sont des gens bornés et aveuglés par leur fanatisme. Ils ne nous apportent rien de bon et avec un Esprit qui veut détruire Armanda, je ne crois pas qu’on puisse avoir la paix. Ils devraient retourner d’où ils viennent! Dit-elle d’une voix amère sans prendre la peine de cacher ses sentiments haineux à leur égard. Je ne sais pas si une paix entre tous les Armandéens serait possible… Mais j’aimerais beaucoup. Autant que les loyalistes puissent s’entendre avec les rebelles et que la guerre ne soit plus une possibilité. Autant j’aimerais que les races puissent trouver un terrain d’entente et qu’on puisse vivre en harmonie : vampires, humains et elfes… Ça me semble difficile avec les vampires vu qu’ils boivent notre sang. Mais je crois que ça pourrait être possible entre humains et elfes. En tout cas, elle l’espérait surtout pour les humains et les elfes. Elle ne put s’empêcher de sourire en pensant aux amis elfiques qu’elle s’était faits à Aigue-Royale dont faisait partie Dawan et Enetari. Pour certains, qu’une humaine soit proche d’un elfe, c’était tout à fait normal. Pour d’autres, malheureusement, c’était pire que la fin du monde.

Étrangement, parler avec messire Ostiz lui semblait facile. Elle avait l’impression qu’il n’allait pas la juger sur la façon dont elle pensait.

- Pourquoi c’est un empereur qui gère tout, d’ailleurs? Est-ce que la personne à la tête du peuple sait vraiment ce que ce dernier veut et fait tout en son œuvre pour leur bien-être…? Demanda-t-elle. Ce n’était pas qu’elle remettait en question les compétences de Fabius en soi, mais plutôt du système politique en général. Comment un seul homme pouvait-il diriger tout un peuple? C’est compliqué tout ça… Et probablement impossible de plaire à tout le monde. Si on pouvait s’enfuir sur une île déserte loin de tous nos tracas, ce serait génial. Mais dès qu’il y aura d’autres personnes, ça recommencerait. Je me demande ce que sont devenus nos ancêtres… Même s’ils n’ont pas les mêmes soucis que nous, ils doivent en avoir d’autres aussi difficiles à gérer. Marqua-t-elle finalement.

Luna se releva du banc et rangea son arc dans son sac.

- Il commence à se faire tard. On devrait peut-être y aller, non?

Il n'était pas mécontent d'avoir une oreille pour l'écouter qui n'était pas de l'acabit des hypocrites du palais, il pouvait être sûr, et certains que ses propos étaient entièrement pris aux sérieux par la jeune Lucie, et ce n'était pas du tout pour lui déplaire. Sachant que logiquement les jugements d'un membre du peuple sur ce genre de sujets étaient plus objectifs que ceux d'un noble. Après certes le diction qui dit que les gens du peuple sont des idiots pourrait donner à réfléchir, mais Lucie avait l'air de toute sauf d'une idiote, bien au contraire elle faisait même part d'une maturité surprenante, et agréable pour le Grand Trésorier.

Et il était sûr, et certains que la promesse de la jeune femme tiendra toujours effectivement, il ne mettait en rien en doute sa parole. Après lui-même ne savait pas si tirer à l'arc lui serait d'une grande utilité au vu du fait qu'il n'était pas quelqu'un de particulièrement martial, ou violent. Après il est vrai que participer à un concours de tir à l'arc pour gagner une somme rondelette serait tentant, mais à l'évidence il faudrait des années d'entraînement à Crissolorio pour atteindre un niveau aussi soutenu surtout sachant que commencer ce genre de sport à son âge était un pari un peu osé. Mais effectivement il n'est jamais trop tard pour apprendre.

« Cela est presque surprenant de voir une jeune femme avec une telle maturité. » Dit-il pensif en la regardant avant de poursuivre ensuite calmement. "Soit, je vous remercie de vôtre proposition dans tout les cas."

« Ce sont surtout les intérêts personnels qui outrepassent l'intérêt commun à mon humble avis. Beaucoup trop de monde pensent d'abord à eux avant de penser à la majorité. » Pour sa part c'était la raison numéro une de beaucoup de choses que ceci, et sans doute de tout le mal ayant cours sur terre.

« C'est la nature humaine, avec ses bon, et ses mauvais côté. Le plus vertueux d'entre nous pense des fois des choses perverses, et commet des actes répréhensibles, et même la plus ignoble des vermines possède en elle une once de vertue. Les choses ne sont jamais simples, et quand certains intérêts entre en conflit la guerre est une solution populaire visiblement. » Pensa t-il encore avec une certaine réflexion.

« Se défendre est bien pour rester en vie effectivement, mais si tout le monde ne faisait que se défendre où en serions nous? L'homme a besoin de loi, l'homme a besoin d'institution, et de connaissances. L'épée a peut-être permit à l'homme de survivre, mais sans la plume nous serions des tribus de sauvage ne sachant que se battre. » Avant de rajouter calmement. « Ceux qui veulent faire leurs propre loi choisissent la voie de l'épée, du plus fort dominant le plus faible. La société, et l'état permettent en grande partie d'éviter ce genre de dérives, et faire en sorte que même les faibles s'ils donnent du leurs peuvent avoir une part du gâteau. Enfin dans l'idéal... » Car dans la pratique l'on ne pouvait pas dire que l'empire était aussi bien huilé que cela malheureusement…

Ensuite par curiosité, et pour voir la maturité bien établie de la jeune femme Crissolorio demanda son avis à cette dernière. Après tout il se demandait ce qu'une jeune femme aussi intelligente qu'elle pouvait penser de tout ceci. Et visiblement l'avis de cette dernière était à la fois très raisonné, et surtout très proche du sien du point de la guerre notamment. Car pour les alayiens disons qu'il n'était pas aussi impitoyable, et l'utopie humaine vampire… il n'y croyait pas vraiment contrairement à la paix humain-elfe.

« Vous êtes si jeune, et pourtant vous avez plus de sagesse que bien des vieillard, comme quoi la sagesse visiblement ne dépend aucunement de l'âge... » Dit-il pensivement en la regardant avant de rajouter. « Néanmoins je ne pense pas que cela soit aussi simple avec les alayiens, mais c'est mon point de vue. » Se permit-il d'ajouter après avoir vérifié que personne ne l'écoutait, pour sa part il était contre tout conflit violents, et à ses yeux les hommes de alayiens étaient… Des hommes.

« Vôtre vision des choses est assez optimistes, et plaisante quand à une probable paix, le vieil homme que je suis est sceptique quand à la possibilité que ceci puisse arriver un jour, mais si cela pouvait arriver il ne ferait aucun doute que ce serait l'idéal. » Devrait-il lui révéler qu'il était un ami proche d'Aldaron Triade ? Un elfe haut placé parmi la rébellion ? Il ne savait pas vraiment, sans doute que ce n'était pas le meilleur endroit. Oui ce genre d'informations à elle seule pouvait le faire tomber, autant ne pas la révéler ici.

« La question que vous me posez est assez compliqué, mais je suppose que cela a des origines historiques, et d'une certaine manière que des hommes ont imposés leurs volontés aux autres progressivement jusqu’à ce que l'un d'entre-eux qui a le mieux tirer son épingle du jeu devienne empereur. » Mais cela restait une excellente question qui méritait qu'on se planche dessus, pendant des heures… Et ce n'était pas le meilleur endroit pour longtemps discourir à ce sujet-ci donc autant faire rapide, et clair.

« Oui sans doute que ceci ne peut-être parfait, je pense qu'au final rien n'est parfait à bien y réfléchir, et partout où il y aura des hommes il y aura ce genre de système, mais la question est. Est-ce qu'on devrait se passer de ce genre d'autorité ? Je ne pense pas car ce serait à nouveau la loi du plus fort, et nous pourrions finir comme les vampires à sans cesse se déchirer pour le moindre bien, et au final un nouvel empereur du niveau du tyran qu'est Lorenz Wintel sortirait du lot. » Et entre un roi, et un tyran il y avait une belle différence. Le roi est autoritaire, mais ne pouvait pas tout se permettre tandis que le tyran pour sa part n'a aucune limite.

« Effectivement je vous propose que nous nous rendions de ce pas à la demeure de ma fille. » Conclut-il ensuite à l'égard de Lucie quand celle-ci proposa d'y aller. Dans tout les cas il se leva donc avec elle, et se rendit de ce pas à la demeure noble.

[…]

Ils finirent par y arriver après un peu de marche, la demeure était visiblement assez luxueuse, et belle, une demeure de noble en somme, avec des statues, un jardin avec des plantes plus, ou moins agencés. Quelques gardes, et à l'intérieur il devait y avoir plusieurs œuvres d'art entre autre. En somme la première chose que fit Crissolorio en entrant avec la jeune Lucie après s'être présente aux gardes c'était de compter quelle somme d'argent tout ceci avait coûté… Oui au final c'était un peu exagéré, et juste pour faire beau. A croire que c'était obligatoire à partir du moment où l'on était noble de faire son paon…

La soirée serait sans doute dans quelque heures, il n'y avait aucun invité pour l'instant qui était présent sur les lieux, juste la famille résident ici. Quand Crissolorio pu assez vitre entrer dans la demeure avec la jeune Lucie il tomba très vite sur sa fille une belle femme ayant sans doute un peu plus de la vingtaine. Crissolorio la salua, et présenta assez calmement Lucie, visiblement sa fille ne semblait pas vraiment contrarié par cela. Après une courte discussion le Grand Trésorier pu appendre que le mari de sa fille était occupé au palais blanc jusqu’à ce soir, et que les enfants étaient avec leur prof particulier. En somme ils étaient tranquille pour une bonne heure. Crissolorio dit ensuite calmement à Lucie.

"Ma fille, et moi vous proposons de prendre vos aises pendant quelques heures, lorsque la soirée se rapproche ma fille s'occupera de vous vêtir comme il le sied à ce genre d’événements, d'ici là..." Il réfléchit calmement, et dit à Luna. "Pendant que ma fille fait quelques préparatifs pour la soirée entre-temps nous pourrions en profiter pour nous entraîner au tir à l'arc dans la cour comme vous me l'avez proposé...." Dit-il calmement. Avant d'avoir une idée juste après, et de rajouter. "Si vous le désirez lorsque la soirée arrivera je tâcherai de vous conseillez, et de vous aidez pour tâcher de faire une bonne performance auprès de la bonne société, vous verrez quand on connait les astuces ceci devient bien plus facile à faire que l'on pourrait le croire..." Après tout ce n'est pas au vieux singe qu'on apprend à faire la grimace.

Luna continuait d’écouter attentivement le philosophe lorsqu’il parlait et prit la parole lorsqu’il le fallait afin de donner son avis à son tour. Sa remarque quant à sa sagesse lui arracher un sourire et lui fit grand plaisir. Il était rare qu’on la complimente ainsi et les mots semblaient sincères. Ils discutèrent encore un petit moment où Luna raconta qu’elle était d’accord avec lui sur le fait que si tout le monde cherchait à se défendre, ils n’arriveraient pas à grand-chose. Toutefois, elle apporta son point de vue comme quoi ce n’était pas tout le monde qui était capable ou qui avait autant de facilité à s'impliquer et que ces personnes qui cherchaient à rendre le monde meilleur se devaient d’être protégées, surtout si elles n’étaient pas capables de le faire elles-mêmes. À ces paroles, elle aurait pu prendre comme exemple les gardes du Grand Trésorier qui travaillaient pour lui afin d’éviter que des malotrus n’essaient d’attenter à sa vie. Mais au lieu de penser au vieil homme, ses pensées s’attardèrent sur un homme qu’elle appréciait énormément et ce dernier n’était nul autre que Korentin Kohan. Peu importe ce qu’on pourrait dire à son sujet, elle avait pu faire sa propre opinion en le rencontrant en personne et elle ne pouvait penser que du bien de lui. C’était un homme bon au grand cœur et qui savait tirer le meilleur de chacun. Il avait peut-être une idée utopique du monde qu’il voulait, mais la gamine ne considérait pas que ce fût un défaut. Certes, il n’était pas parfait, mais qui pouvait se vanter de l’être?

- Vous avez encore une fois raison. Il vaut mieux avoir un roi qui, au moins, essaie de faire de son mieux pour plaire aux gens qu’un tyran qui n’en a rien à faire du monde. Je crois qu’il ne faut pas oublier qu’aussi important que puisse être l’empereur et malgré toutes les bonnes intentions qu’il peut avoir, il n’en reste pas moins qu’un homme… Et personne n’est parfait. Pas lui, pas vous, pas moi… Conclut-elle.

Elle sourit à nouveau au vieil homme et elle aurait bien aimé poursuivre la conversation avec lui, mais le temps filait à vive allure. Il fut d’accord avec sa proposition de mettre fin à la discussion et c’est ainsi qu’elle le suivit jusqu’à la demeure de sa fille.

C’était une belle bâtisse et Luna ne s’attendait pas à moins étant donné la richesse de la famille Ostiz. Elle toisa du regard les différentes plantes, statuettes et décorations qui se trouvaient à l’entrée avant d’entrer à l’intérieur de la maison.

- Wow! Échappa-t-elle.

Ce n’était probablement pas la plus belle demeure d’Aldaria, mais c’était la plus belle que Luna avait eu la chance de visiter. Quelque peu intimidée par la splendeur de l’endroit, elle se laissa guider par le bourgeois et profita du moment où il s’affaira à ses occupations, c’est-à-dire à compter son argent, pour observer les nombreux tableaux. Elle observait une œuvre d’art représentant un couple et leurs enfants lorsque l’Oreille Impériale revint à elle.

La rencontre avec Julia avait été fort sympathique et elle l’avait saluée respectueusement d’une révérence. C’était évidemment la femme qu’elle avait vue sur le portrait et la Larme de Néant trouva qu’elle était encore plus jolie en vrai et ce, particulièrement lorsqu’elle souriait. Les présentations furent faites en bonne et due forme et la fille de Crissolorio lui souhaita la bienvenue chez elle et lui rappela de ne pas se gêner si elle désirait quoi que ce soit. La dame avait l’air particulièrement joyeuse de ne pas être seule en cette soirée et Luna ne manqua pas de la remercier pour sa générosité avant qu’elle doive quitter afin de peaufiner les préparatifs de la fête.

- Euh… Oui, d’accord, pourquoi pas? Ça pourrait être une idée. Mentionna-t-elle suite aux propos de Crissolorio.

À vrai dire, elle était un peu réticente à l’idée de se retrouver entourée de nobles, mais elle ferait un effort. Ça ne pouvait pas être bien différent des soirées à la cour de Korentin, non? En attendant, le cours au tir à l’arc lui paraissait bien plus intéressant. Elle n’avait jamais enseigné la technique à quelqu’un d’autre, mais elle se croyait capable de le faire.

L’air était frais dans la cour et l’endroit était tranquille. C’était un bon endroit pour se pratiquer au tir à l’arc surtout que les gardes veilleraient à ce que quiconque ne puisse pas entrer à l’improviste et risquer de se prendre une flèche par accident. Les hommes aidèrent également à installer une cible sur laquelle le vieil homme et la jeune fille allait pouvoir se pratiquer.

- Prenez ceci, messire Ostiz. Dit-elle gentiment.

Sur ces mots, elle sortit de son sac magique un arc supérieur qu’elle tendit à Crissolorio. Elle s’empara ensuite de Mélodie, son arc principal. En effet, la gamine avait en sa possession deux arcs, mais elle avait pour dire qu’il valait mieux en avoir plus que pas assez! Elle rangea sa cape elfique qui fut remplacée sur son dos par son carquois d’abondance. Une infinité de flèches, l’idée n’était-elle pas merveilleuse pour s’entraîner? Avec des termes simples et joignant les gestes à ses paroles, elle montra à son apprenti comment il devait se positionner et où il devait placer la flèche sur la corde. Elle lui expliqua même à quel point il était important de contrôler sa respiration et qu’il devait garder sa concentration sur la cible. Lentement, elle fit toutes les étapes et décocha sa première flèche qui toucha la cible. Elle le refit une deuxième fois où sa flèche atterrit non loin de la première.

Satisfaite, elle décocha un sourire à Crissolorio et lui tendit une flèche pour qu’il essaie à son tour.

- Je vous le dis, ça a l’air simple comme ça, mais ce n’est pas évident. Ça prend beaucoup de pratique pour en arriver là. Faites de votre mieux messire Ostiz, je crois en vous! L’encouragea-t-elle gentiment.

Au final il eut l'agréable surprise de voir que la jeune Lucie avait une philosophie somme toute déjà bien établie à son âge, certes encore un peu teinté d'enthousiasme, et d'insouciance juvénile, mais tout de même… A ce stade là il avait rarement vu une adolescente de l'âge de Lucie faire preuve d'un aussi bon raisonnement, et d'une telle maturité, d'habitude les jeunes femmes, et les jeunes hommes ont bien d'autres préoccupations. Cela montrait à la fois que le contexte actuel dans lequel baignait Armanda obligeait là plupart à recentrer leurs priorités, et aussi aussi à sa façon que la jeune Lucie n'avait sûrement pas du avoir une vie banale.

« Tout à fait la perfection n'est pas de ce monde malheureusement, et de toute manière il n'y a aucun moyen de satisfaire tout le monde, il faut juste savoir faire en fonction du bien commun, et non du bien individuel, chose que beaucoup de monde même en politique a du mal à différencier. Au final seul le temps nous le dira, mais je pense que ce dont nous avons besoin en ce moment c'est d'un roi fort qui ne sourcille pas devant les sacrifices aussi douloureux soit-il. Car sinon ce sera la fin de tout. » Oui le monde finira détruit par le Néant, ou bien l'humanité sera asservie, en somme rien que le Grand Trésorier puisse trouver souhaitable.

Enfin de toute façons ils avaient déjà bien assez discuté, il était temps d'aller se mettre un peu plus au chaud.

[…]

« Content que cela vous plaise. » Dit-il calmement à Lucie en voyant la réaction de cette dernière, pour sa part il ne comprenait pas vraiment autant d'enthousiasme devant une telle dépense de richesse, c'était bien typique de la noblesse que cela après tout. Pas étonnant que les bourgeois deviennent peu à peu plus riche que les nobles avec le temps, eux au moins ne passaient pas leurs journées à ne rien faire, et savaient économiser, et investir leurs argents pour en faire quelque chose d'utile. Enfin sans doute que les nobles devaient aussi faire montre d'une certaine richesse, pour sa part il devait avouer que tout ceci était bien joli même si inutile au final. Mais bon il y en avait pour tout les goûts, et puis ce n'était pas son argent, et il n'allait sûrement pas contester les choix financiers de sa fille, surtout au vu du fait que cette dernière soit arrivée à se marier à un noble ce qui était vraiment très appréciable pour une fille de bourgeoise, et une magnifique façon de profiter d'une belle ascension sociale. Qui valait souvent beaucoup plus que les richesse à cette époque.

Enfin arriva après les présentations le moment où Crissolorio alla s'entraîner au tir à l'arc avec la jeune femme, si cette dernière pensait qu'il avait le moindre talent pour cela elle risquait d'avoir des surprises, il savait comment on tirait avec un arc oui, ce n'était pas ça le problème à la limite de toute manière. Mais plutôt le fait qu'il n'avait pas du pratiquer depuis plusieurs dizaines d'années, et puis il n'avait pas une musculature d'archer, quoique à bien y réfléchir si c'était Lucie qui lui prêtait un arc il y avait peu de chance qu'il soit impossible pour lui de tirer avec…

On alla donc dans la cour où tout fut installé pour que la leçon de tir à l'arc puisse commencer. Crissolorio regarda l'arc que lui tendit la jeune Lucie, et prit délicatement ce dernier en se fendant d'un calme. « Merci. » Il prit le temps de détailler l'arme que lui avait passé la jeune femme, cet arc était de fort belle facture. Puis il observa attentivement la jeune femme qui lui montra quelques gestes, et posture pratique pour commencer. Crissolorio les mémorisa, et écouta avec attention les conseils de la jeune femme. La concentration de poserait pas beaucoup de problème à Crissolorio, il faudrait par contre tâcher d'entraîner ses gestes pour le tir… Dans tout les cas la jeune femme elle les avaient plutôt bien en tête comme il pouvait l'observer en la voyant tirer.

Puis son toru arriva, Lucie lui tendit une flèche qu'il prit calmement tout en finissant de le conseiller.

« Je tâcherai de faire de mon mieux. Merci de vos conseils. » Il se doutait bien après tout qu'il ne deviendrait pas un grand archer du jour au lendemain.

Il avisa donc la cible dans laquelle la jeune Lucie avait tiré, Crissolorio prit son arc en main. La main gauche tenant l'arme pendant que la droite installé la flèche dessus, il prit une position correcte , régula sa respiration… Et il commença à tirer la corde de ce pas…

Et visiblement au moment où il relâcha sa flèche il avait du faire quelque chose mal car il entendit un grand shtack, et la flèche au lieu de partir en direction de la cible voleta près de lui, et de Lucie pour tomber par terre. Crissolorio qui était resté calme malgré ceci car il avait eu l'impression de toute manière que ça n'allait pas être glorieux convint que ce n'était pas du tout agréable néanmoins.

« Je n'ai peut-être pas placé la flèche de la bonne façon, désolé si je vous ai fait peur jeune Lucie. » Dit-il calmement, il laissa le temps à cette dernière pour prendfe une légère distance de sécurité si elle le désirait avant de reprendre.

Avec la flèche qu'il avait fait tomber par terre, mais qui était encore bonne pour tirer il fit un nouvel essai. Position, respiration, tirer la corde, relâcher. Visiblement il était arrivé à tirer, néanmoins sa flèche atterit un peu loin de la cible…

« Désolé cela fait 30 ans je crois que je n'ai pas toucher à un arc. Auriez vous d'autres conseils jeune Lucie ? » Demanda t-il calmement, pour l'instant il était vrai qu'il n'avait pas du tour l'air d'un archer professionnel, pour le détail d'ailleurs il gardait les deux yeux ouvert lorsqu'il tirer, et ne visualiser pas la direction que prenait la flèche, on voyait qu'il manquait de pratique dans ce domaine martial...

C’était au tour de Crissolorio de montrer ce dont il était capable. Luna était bien curieuse de voir comment l’homme se débrouillerait en sa présence et suite à ce premier essai, elle pourrait déterminer ce qu’il avait compris et ce qu’il avait à améliorer. Tirer de l’arc n’était pas quelque chose de facile et demandait un grand savoir-faire ainsi qu’une bonne précision. Quant à elle, c’était plus facile d’utiliser une épée que d’être capable d’atteindre une cible avec une flèche. Certes, bien se battre à l’épée était un art difficile, mais donner des coups de lame ne demandait pas autant d’expertise. Afin de ne pas briser sa concentration, elle ne prononça plus un seul mot et laissa le silence envahir la cour. Son regard azuré examinait attentivement les gestes du Grand Trésorier et se promena entre la cible et lui.

Malgré le fait qu’elle l’avait vu venir, la gamine ne put s’empêcher de lâcher une exclamation de surprise lorsque le bruit de l’arc rompit le calme de l’endroit. Réflexivement, elle avait vivement bondi vers l’arrière lorsque la flèche était tombée près de ses pieds et elle avait posé ses mains vers l’avant dans un geste de défense inutile. Elle avait ensuite posé une main sur son cœur, qui lui avait semblé sauter un bond, puis elle avait lâché un souffle de soulagement.

-Désolée. Ça m’a un peu surpris. Lui dit-elle doucement.

C’était plus de peur que de mal et particulièrement en ce qui la concerne, car le vieil homme ne semblait pas avoir réagi plus qu’il ne le fallait. Comme quoi rien ne pouvait l’énerver, le surprendre ou le faire sursauter. Contrairement à elle, il était resté calme et impassible. Après que son cœur eut retrouvé son rythme normal, elle afficha un sourire sur ses lèvres et l’encouragea à ne pas abandonner pour autant. Toutefois, cette fois-ci, la Larme de Néant s’assura d’être à une distance sécuritaire juste au cas où un accident surviendrait.

Le deuxième essai fut plus fructueux. Certes, la flèche n’atteignit pas la cible, mais elle avait gagné une certaine distance avant de se planter dans le sol.

- Pour quelqu’un que ça fait 30 ans qu’il n’a pas touché à un arc, je trouve ça déjà très bien! Ne vous découragez pas messire Ostiz. C’est pas facile, mais avec de la pratique, vous finirez par atteindre la cible. J’en suis certaine. Moi-même, je ne suis pas devenue experte en un jour… Et encore là, je suis loin de l'être. lui dit-elle afin de l’encourager à ne pas baisser les bras.

Ce n’était peut-être pas en un jour qu’elle avait su maîtriser cette arme, mais l’avait fait en quelques jours seulement. Mais cela, elle ne comptait pas le dire au philosophe. Ce n’était pas du tout les mêmes circonstances puisque l’avenir de vieil homme ne reposait pas sur le fait qu’il atteigne la cible ou non. Mais pour Luna, ça l’avait été. Elle pouvait mettre le mérite sur Ombre qui avait été un mentor exceptionnel en la matière, mais à vrai dire, sa réussite était principalement due à son acharnement. À ce moment-là, son maître lui avait dit qu’elle ne pouvait rester avec lui que si elle réussissait à toucher la petite cible au bout d’une semaine. Devant cet ultimatum, elle s’était pratiquée afin de lui prouver ce dont elle était capable et elle avait fini par réussir.

Prenant une nouvelle flèche dans son carquois, elle démontra à nouveau la technique à Crissolorio. Elle fit chaque étape lentement afin qu’il puisse voir la façon dont elle faisait les choses. Elle expliqua ce qu’elle faisait, comment elle s’y prenait et la raison derrière chaque geste. Elle ajouta quelques conseils à l’égard de l’apprenti-archer.

- Vous êtes bien droitier, messire Ostiz? Demanda-t-elle avant de poursuivre. S’il était gaucher, ses instructions seraient un peu différentes. Toutefois, Luna était droitière lorsqu’elle utilisait l’arc et elle l’expliqua comme tel. Lorsque vous tirez la corde, venez placer votre main près de votre œil. Comme ça, vous pourrez bien voir où va aller la flèche. Dit-elle en faisait ensuite une démonstration. Visualisez bien où vous voulez l’envoyer. Je vous conseille même de fermer votre œil gauche pour mieux voir. Concentrez-vous et prenez tout le temps nécessaire pour tirer, sans exagérer bien sûr. Poursuivit-elle. Assurez-vous de bien tendre le bras comme ça vous pouvez mieux tirer la corde. Expliqua-t-elle.

Relâchant la corde de Mélodie, la flèche vint se ficher sur la cible avec les autres qu’elle avait lancées auparavant.

- Ne vous inquiétez pas, on peut prendre autant de flèches qu’on veut sans avoir peur d’en manquer. Ce n’est pas un problème. Voyez-vous, c’est un carquois d’abondance. Elle désigna son carquois d’un geste du doigt. Chaque flèche est remplacée dès qu’on en prend une. Précisa-t-elle au cas où il ne connaissait pas l’objet, ce qui devait probablement être le cas. Elle précisait ce fait puisqu’elle connaissait le caractère avare de l’homme et qu’elle ne voulait pas qu’il s’empêche d’utiliser autant de flèches qu’il en serait nécessaire. Ça vous dit de réessayer? Demanda-t-elle gentiment, sur un ton dynamique.

Souriante, elle lui tendit à nouveau une flèche.

- Positionnez-vous, je vais corriger votre posture en même temps. Ajouta-t-elle.

Hmmm pour le coup ce n'était sans doute pas une mauvaise idée de revoir un peu le tir à l'arc, bon certes Crissolorio faisait toujours de son mieux pour ne pas avoir à se battre lorsqu'il le pouvait, mais malheureusement rien n'était parfait après tout… De plus un arc c'était une arme à distance, et aussi de dissuasion cela pourrait avoir son utilité en temps voulu, et puis au pire il savait que c'était un loisir assez apprécié, en somme il n'y aurait pas de mal à savoir un peu mieux tirer à l'arc même si au final il n'en était sûr en rien quand au fait qu'il saurait vraiment bien tirer un jour…

Mais il avait de la volonté, peut-être pas énormément de temps à consacrer à ce genre de choses, mais bon avec un peu de volonté rien n'est impossible, et on n'allait pas lui dire que pour quelqu'un qui était arrivé à se hisser au plus haut du pouvoir par sa seule force de sa volonté, apprendre à tirer convenablement à l'arc était impossible… Par contre si possible il faudrait tâcher de se montrer plus prudent car ce n'était pas tout, mais il serait bête de se blesser, ou de blesser quelqu'un d'autre par accident…

« Ce n'est rien. » Se contente t-il de dire calmement, il ne voyait même pas l'intérêt de s'excuser pour cela à vrai dire car c'était lui qui avait été à deux doigt de blesser quelqu'un, pas elle.

C'est à ce genre de moment qu'il pouvait apprécier l'influence de son totem surtout que ce dernier était à son firmament de développement. Il s'attendait presque à tout, c'était fort utile de ne pouvoir jamais être surprit, certains pensaient sans doute que cela le rendait assez insensible, mais il ne voyait pas personnellement en quoi se fendre en émotion, et montrer sa vulnérabilité était une qualité. Dans la vie il fallait savoir se maîtriser, et réfléchit pour réussir.

Et au sujet du tir à l'arc ce n'était pas très glorieux pour le moment, cela se voyait que Crissolorio ne devait pas avoir fait beaucoup d'entraînement militaire, en temps normal à vrai dire plus loin il se tenait de l'armée mieux il se portait, mais bon là c'était un entraînement à l'arc innocent après tout.

« Merci, je fais juste en sorte d'écouter, et d'appliquer vos conseils de mon mieux c'est sans doute pour cela que je n'ai pas trop de mal. » Et pour la question patience il était capable d'en offrir des trésors de celle-ci sans grande difficulté, et quand au fait qu'elle n'était pas une experte il voulait bien y croire, mais néanmoins à l'âge de la jeune femme pas grand monde pouvait se vanter de savoir aussi bien manié une arme à vrai dire…

Il regarda ensuite à nouveau avec attention comment faisait la jeune femme, visualisant de son mieux les gestes, et se visualisant en train de les faire lui-même, un exercice mental pas trop compliqué pour lui, restait à mettre tout ceci en pratique. Il écouta ensuite les conseils de la jeune femme, et tâche de répondre cette dernière.

« Oui je suis droitier. » Comme la majorité de la population humaine, après il n'était pas maladroit de la main gauche, mais s'il tirer à l'arc ce serait comme un droitier sûrement pas comme un gaucher.

« Je vais tâcher d'appliquer vos conseils à la lettre. » Dit-il ensuite calmement, visiblement ce ne devait pas être souvent qu'une jeune femme apprenait ainsi quelque chose à un vieil homme, personnellement Crissolorio se fichait de ce constat car après tout il ne prétendait pas être parfait dans tout les domaines, et s'il pouvait s'améliorer un peu ce n'était pas plus mal.

« Effectivement cela doit être utile pour faire économies. » Dit-il calmement, mais légèrement intéressé par ce fait, effectivement s'il était archer ce serait un bon achat à faire pour ne pas se ruiner en flèche, restait à connaître le prix exact de ce fameux carquois… « Bien entendu je présume que c'est en tirant que l'on apprend à bien tirer. » Il n'y avait pas de secret, la pratique, c'était comme pour tout. C'est en forgeant qu'on devient forgeron en somme.

Il prit donc calmement la flèche, et se mit en position. Droit, il tira la corde en plaçant la main près de son œil pour visualiser de son mieux malgré son inexpérience dans ce domaine. Il ferma son œil gauche au passage, et prit la meilleure position possible avant de relâcher la corde.

Il regarda ensuite le résultat, la flèche s'était planté dans la cible, bon à la limite de la cible, mais s'était déjà ça. Ce qu'il remarqua surtout au passage c'est que ses bras étaient légèrement fatigués, mais il pouvait encore s'exercer un peu tout de même…

« Bon je pense faire encore quelques essais aujourd'hui pour prendre l'habitude du geste, ensuite si vous voulez retrouvez moi dans mon bureau avant les préparatifs de la fête j'aurai bien quelques choses à vous dire à propos de comment se démarquer en société qu'elle soit, ou non fastueuse. » Non ce n'était pas du lèche botte, enfin pas à ce point là, il voulait surtout lui démontrer comment se démarquer, plaire, et surtout savoir faire passer ce qu'on veut dire sans brusquer qui que ce soit, en gros les bon vieux jeu de langues, et de mot de la cour pour ne pas se faire d'ennemi, et jouer sur l'ego des autres… Ce soir serait un bon moment pour la voir mettre en pratique tout ceci. Ce n'était pas souvent après tout qu'il partageait ses quelques astuces à ce sujet-ci...

Lorsque la flèche tirée par Crissolorio s'enfonça dans la cible, la gamine applaudit de bon cœur. Ce n’était pas grand-chose puisqu’il avait failli la rater, mais elle préférait se concentrer sur le côté positif : il l’avait touchée.

- Bravo messire Ostiz! Dit-elle d’une voix enjouée. Vous avez réussi! Je savais que vous en seriez capable. J’avais confiance. Raconta-t-elle. Avec un peu de pratique, je suis certaine que vous finirez par toucher le centre de la cible.

Elle lui sourit. C’était plaisant de pratiquer cette activité avec le vieil homme et elle avait l’impression qu’elle s’entendait à merveilles avec lui. C’était un constat qui était toujours étrange, mais elle n’allait pas se plaindre et comptait en profiter le temps que ça allait durer. Personne n’avait à savoir que la protégée de Korentin avait passé un moment avec le Grand Trésorier, et qu’en plus, qu’elle avait apprécié passer du temps à ses côtés.

Pendant près d’une heure, le vieil homme et la jeune fille se pratiquèrent au tir à l’arc. L’ambiance était relaxante et il n’y avait aucun stress à savoir s’ils allaient atteindre la cible ou non avec leurs flèches. Le but principal était de s’amuser, du moins, c’était le cas pour Luna. Elle prenait cet entraînement à la légère puisqu’elle ne cherchait pas à améliorer ses capacités. À chaque fois que le philosophe prenait position, elle observait ce qu’il faisait et gentiment, elle le corrigeait par la suite. Elle était douce dans la façon dont elle lui expliquait les étapes et elle n’hésitait pas à répéter un conseil s’il le fallait et ce, sans se fâcher. Petit à petit, Crissolorio devint plus habile et commençait à mieux maîtriser la technique. Les flèches commençaient de plus en plus à toucher la cible et se rapprochaient davantage du centre. Entre quelques tirs de l’Oreille Impériale, la petite lune s’amusait également à projeter ses flèches sur la cible.

- Vous voudriez qu’on prenne une pause? Demanda-t-elle.

La Larme de Néant avait remarqué la fatigue sur le visage du bourgeois. Normal qu’il soit épuisé étant donné son âge avancé et qu’il était encore qu’un amateur en la matière. Ses muscles n’étaient pas habitués à faire de tels mouvements et la gamine ne serait pas du tout étonnée d’apprendre qu’il ait des courbatures le lendemain.

La fête approchant à grands pas, l’entraînement prit fin et tandis que Crissolorio et Luna entrèrent dans la maison, les gardes s’occupèrent de déplacer la cible et de ramasser les flèches qu’ils avaient utilisées. Comme mentionné précédemment, ils se donnèrent rendez-vous au bureau de l’homme avant que les festivités commencent et se séparèrent. Bien évidemment, la jeune fille n’eut pas le loisir de visiter la demeure par elle-même, probablement par peur qu’elle vole quelque chose ou qu’elle s’y perde, et un domestique lui fut attribué. Il l’entraîna à travers de nombreux couloirs et lui indiqua finalement d’entrer dans une pièce. Une fois qu’elle fut à l'intérieur, l’homme ajouta de ne pas hésiter à faire « comme chez elle » et que la garde-robe avait été mise à sa disposition pour l’occasion. De plus, elle pouvait utiliser la salle d’eau si elle le désirait. Finalement, il lui mentionna qu’il l’attendrait à l’extérieur et de ne pas hésiter à la quémander, si nécessaire. Sur ce, il laissa Luna seule après qu’elle l’eut remercié.

Tout d’abord, la protégée de Korentin profita de l’opportunité pour se laver et pour effacer toutes traces de la perle de Néant sur son corps. Cela lui fit le plus grand bien de se sentir enfin propre et juste pour ça, elle ne regrettait pas d’avoir acceptée l’invitation de Crissolorio. À vrai dire, jusqu’à présent, elle ne regrettait rien du tout. Ensuite, elle toisa les vêtements qu’on lui avait mis à sa disposition. Bien sûr, il ne s’agissait que de robes. La gamine les observa une à une, appréciant le tissu de ses doigts, analysant les couleurs ainsi que les motifs. Choisir une robe était tout un art et grâce à sa dame de compagnie à Aigue-Royale, elle avait fini par y parvenir. La jeune fille fut étonnée de voir que les robes n’étaient pas trop grandes et se demanda si elle portait la même taille que Julia ou si celles-ci avaient appartenu à ses enfants. Une fois que son choix fut décidé, elle termina de se préparer et ressortit rejoindre le domestique qui l’attendait.

L’homme la conduisit à travers d’autres couloirs avant de lui désigner la pièce où se trouvait le Grand Trésorier. Cognant à la porte, la jeune fille attendit qu’on lui permette d’entrer.

Ainsi vêtue, Luna ressemblait presque à quelqu’un d’autre. Elle avait délicatement coiffé sa chevelure dorée en une longue tresse, ce qui faisait contraste avec la chevelure en bataille qu’elle avait quelques instants plus haut. Ses pantalons et sa chemise avaient été remplacés par une longue robe de qualité d’une couleur orangée. Le devant du vêtement était plutôt simple, mais un laçage dans le dos et sur les manches venaient ajouter la petite touche qu’il manquait. Le tout était également décoré par une ceinture dorée à sa taille. Le seul objet qu’elle semblait avoir conservé était son sac, objet qu’elle ne comptait pas de séparer quoiqu’il arrive. Il était trop important pour elle et ce, même si on lui avait toujours répété qu’il venait gâcher son apparence.

En espérant que la princesse des lumières avait fait un bon choix.

Spoiler:

Il comprenait pourquoi certains archers développaient leurs talents de tir à l'arc pendant une vie entière de pratique, cela n'avait guère l'air d'un art facile, et puis là il avait du mal avec une cible à 10 mètres de lui sans vent presque alors imaginons si elle était à 150 mètres avec beaucoup de vent, et installé sur un cheval… En somme c'était quelque chose qui demandait sans doute beaucoup d'entraînement…

« C'est sans doute grâce à vos conseils. » Dit-il calmement, après tout elle lui avait donné quelques astuces sans doute fort utiles. « Vous avez raison, de la pratique voilà la recette pour réussir, il faudra juste que je pense à acheter un arc à l'occasion. » Après tout ce serait difficile de s'exercer au tir à l'arc sans arc, ou flèches évidemment.

Dans tout les cas ce n'était pas vraiment désagréable cette leçon, et puis savoir tirer à l'arc pourrait sans doute lui être utile pour plus tard avec un peu de chance, après tout l'on n'était jamais sûr de rien. Après ce n'était pas plus mal de savoir manier une arme à distance, Crissolorio savait utiliser la magie bien évidemment, mais comme il n'était pas non plus un mage extrêmement puissant il ne serait pas plus mal d'avoir un compromis pour garder une distance de sécurité par rapport à un éventuel danger…

Crissolorio passa donc une bonne heure en compagnie de la jeune Lucie à pratiquer un peu de tir à l'arc, bon ce n'était aucunement un exercice auquel il était habitué donc cela la fatiguait assez, et puis même si l'arc de Lucie était fait au dimension de le jeune femme il devait avoué que pour sa constitution de vieillard ce n'était pas forcément très facile d'user beaucoup de cette arme de tir, visiblement il fallait une certaine force pour en user souvent…

Pour sa part il ne prenait ni cela trop au sérieux, ni trop légèrement, c'était une bonne façon de s'occuper un peu après tout, et de s'exercer à bien y réfléchir. Il ne prévoyait pas un jour de devenir aussi bon au tir à l'arc que le légendaire Phantom après tout, mais il ne serait pas du tout contre de savoir manier cette arme convenablement, après il préférerait ne jamais être contraint à en user dans un but défensif si possible, mais par défaut il valait mieux être prudent, après tout il y avait beaucoup de canailles, et de brutes violentes en ce bas monde.

« Oui une pause ne serait pas de mal. » Dit-il calmement à la proposition de la jeune femme, il n'était pas mécontent de ses quelques progrès même s'il était loin encore d'être un archer convenable, enfin au moins il était arrivé à ne pas se blesser lui, ou quelqu'un d'autre avec son arme. D'une certaine façon c'était déjà un bon point car à part sa dague, et son bâton il n'y avait pas beaucoup d'arme qu'Ostiz savait vraiment maniait convenablement à bien y réfléchir, et encore c'était dans un pur but d'autodéfense.

Enfin dans tout les cas cet séance d'entraînement prit fin, en attendant que la jeune Lucie le rejoigne dans le bureau Crissolorio décida de se reposer un peu, pour le coup il n'était pas vraiment habitué à autant d'effort physique, enfin après il exagérait car il était habitué à voyager, mais pas à manier un arc. La fatigue passerait vite, même s'il restait que ce n'était vraiment pas l'idéal à son âge. Dans tout les cas il alla donc à son bureau, et se servit à boire rien d'alcoolisé bien entendu, et en profita pour fumer un peu avant de voir quelques petites choses dans son bureau, et de se préparer lui même pour la fête de ce soir. En somme s'habillait convenablement, mais sobrement car après il tout il n'aimait pas non plus faire dans la débauche de couleur, et de luxe.

Puis il entendit frapper à la porte, bien entendu il demande calmement à la personne de l'autre côté d'entrer, comme il le présumait c'était bien Lucie.

Et elle était vêtue plus que convenablement pour la soirée, elle ressemblait même plus à une noble que lui, en même temps il ne faisait pas beaucoup d'effort pour ressembler à un noble. Enfin pour dire qu'il n'avait rien à critiquer quand à la parure de la jeune femme, on avait même du mal à deviner à son apparence qu'elle était une membre du bas peuple.

Je parie que même une noble dame s'y laisserait prendre. Vous avez tout l'air d'une jeune dame de la noblesse Lucie. Dit-il calmement en référence à l'accoutrement de Lucie, et il était plutôt sincère dans ses propos. Restait à apprendre deux trois astuces à la jeune femme. D'un calme geste il l'invita à s'asseoir en face de lui, avant d'expliquer quelques petites choses.

"Dîtes moi Lucie, avant de commencer mes quelques explications... Qu'est-ce qui vous intéresserait le plus d'apprendre comme petites astuces dans l'art élaboré de l'oratoire? La capacité à savoir déclencher l'entrain des autres, et à obtenir gain de cause ainsi? Celle de mentir manière très alambiqué, ou bien de cacher quelque chose, ou embrouiller vôtre interlocuteur sans mentir?" Oui c'était possible, ça s'appelait être vague comme un bon politicien, et c'était très complexe, même Crissolorio avait un peu de mal avec cette façon de faire... Mais cela pouvait permettre de passer par dessus certains manière de détecter les mensonges. "Ou encore d'user de tact pour faire valoir vôtre point de vue sans brusquer les autres? Par exemple en leurs faisant croire que c'est leurs pointe de vue aussi, ou bien d'émettre une suggestion, ou avis différente de façon subtile? Sasn parler de mettre en difficulté le raisonnement de quelqu’un juste en posant des questions... En faîte il y a tellement de choses à faire si l'on sait bien manier la langue, et les mots..." Peut-être même trop pour pouvoir être parfait dans ce domaine.

Devant la porte, Luna attendit la permission d’entrer dans la pièce et il ne fallut pas plus que quelques secondes pour que la voix de Crissolorio retentisse. On put clairement entendre l’invitation à entrer et dès que les mots furent prononcés, le domestique tourna la poignée et poussa la porte à la place de Luna. Cette dernière le remercia gentiment avant d’entrer et par la suite, le majordome referma la porte derrière elle. Elle posa son regard bleuté sur le vieil homme et lui sourit. Lui aussi, il s’était changé pour des habits plus appropriés pour l’occasion. Rien de trop extravagant qui attirerait inutilement l’attention, c’était tout simplement propre et distingué. Cela contrastait avec la robe de la gamine dont les couleurs étaient vives et éclatantes. Elle ne put s’empêcher de se demander si elle avait fait un bon choix finalement quant au vêtement qu’elle avait choisi pour la fête.

- Vraiment? Demanda-t-elle d’une voix enjouée.

L’angoisse s’était rapidement évaporée lorsque le bourgeois lui dit qu’elle ressemblait à une jeune noble et son teint avait même légèrement rougi sous le compliment. Il avait l’air sincère dans ce qu’il disait et ne put que sourire davantage, satisfaite d’elle-même. Ça faisait du bien, pour une fois, d’être complimentée sur quelque chose qu’elle faisait. Elle qui, si elle se fiait à sa dame de compagnie, faisait toujours des gaffes.

- Votre fille a très bon goût! Ça a été difficile de choisir. Je suis contente que vous aimiez. Dit-elle gentiment.

Le regard de la petite lune se promena momentanément dans la pièce, analysant ce qu’il y avait, avant de se concentrer à nouveau sur le Grand Trésorier qui venait de l’inviter à s’asseoir. Ne le faisant pas attendre plus longtemps, elle s’installa confortablement dans le fauteuil. Sans même réaliser, elle avait automatiquement adopté la posture adéquate pour une jeune femme assise en robe, entre autres, son dos était bien droit et les jambes étaient finement positionnées ensemble. Elle avait d’ailleurs reposé ses mains l’une par-dessus l’autre sur ses cuisses. Comme quoi, l’apprentissage qu’on tentait de lui inculquer commençait à porter fruit.

Luna écouta attentivement les paroles du philosophe et dut prendre un moment pour y réfléchir. Sérieusement, elle ne savait pas ce qu’elle voulait et se demandait même si c’était quelque chose qu’elle voulait vraiment apprendre. Mais surtout, elle se connaissait et elle doutait d’arriver à quoi que ce soit de bon. Peut-être était-elle un peu trop négative sur son sujet parce qu’on lui reprochait justement que rien n’était jamais bien fait?

- Je sais pas… Je ne crois pas que j’y arriverai. Lâcha-t-elle finalement.

Elle avait baissé les yeux. C’était vraiment ce qu’elle croyait. Luna ne se considérait pas du tout comme une noble et avait l’impression qu’elle n’y trouverait jamais sa place. À ses yeux, c’était plus simple avec les paysans et les gens du bas-peuple. Pourquoi fallait-il faire semblant d’être quelqu’un d’autre avec les nobles? Pourquoi ne pouvait-on pas donner directement son point de vue au lieu de passer par une façon subtile? Était-il vraiment nécessaire de savoir mentir ou d’embrouiller son interlocuteur? Quoique sur ce point-là, Luna n’était pas trop mauvaise. En fait, son plus grand talent avec les nobles qu’elle avait fini par développer était celui de faire semblant d’être intéressée parce qu’ils disaient. Tout était dans l’art d’acquiescer au bon moment, de sourire à une belle parole ou de ricaner lorsqu’ils disaient quelque chose qui était supposé être comique.

- Supposons que je voudrais faire valoir mon point à la façon des nobles, je ferais comment? Prononça-t-elle, tout bas.

C’était quelque chose qui l’intéressait néanmoins. Elle avait fini par opter de se taire et de ne rien dire plutôt qu’à émettre son avis puisque cela avait tendance à brusquer les gens. Y avait-il vraiment une manière correcte de le faire en présence de personnes de haut rang?

La jeune Lucie avait l'air fort innocente quand elle souriait, et rougissait ainsi . Crissolorio sincèrement ne doutait pas que la jeune femme avait été touché par ses paroles par cela, ou bien c'est qu'elle jouait très bien son jeu, mais bon n'étant pas une noble elle n'était sûrement pas adepte des jeux d'apparences, et des futilités de ces derniers.

« C'est une Ostiz bien sûr qu'elle a bon goût, mais j'ai envie de dire les vêtements ne sont rien si la personne qui les porte n'a pas en elle-même un certain charme. » Pour dire juste que si les vêtements allaient si bien à Lucie s'était en grande partie parce que celle-ci les portait à merveille, au final cela jouait beaucoup.

D'ailleurs en fin observateur il remarqua que la jeune femme savait plutôt bien comment se démenait avec une robe, et avait parfaitement la bonne posture, sans doute un détail comme un autre… Mais tout de même il le remarqua, presque à se demander si la jeune femme n'avait pas quelques facilités avec ce genre de choses. Enfin il y a nombres de choses dans la vie auquel ont ne s'attend pas forcément, pour sa part Crissolorio sentait que Lucie n'allait sûrement pas faire honte à son hôte ce soir.

Enfin surtout s'il lui fournissait un peu d'aide pour ceci, car après tout Crissolorio connaissait nombre d'astuces qui seraient sans doute fort utiles à la jeune femme. Même si cette dernière n'était pas une noble le fait de savoir se débrouiller avec sa langue, et ses mots restait un atout en tout temps, cela avait d'ailleurs été fort utile à Crissolorio ol y a plusieurs années de cela lorsqu'il était inspecteur des impôts, et ceux à qui il s'adressait pour là plupart étaient des membres du petit peuple, et non des nobles à cette époque.

« Tout le monde peut y arriver, comme toute chose dans la vie il faut juste s'en donner les moyens. Tout n'est qu'affaire de volonté. » Dit-il calmement, personnellement de la volonté il était bien loin d'en manquer, est-ce que c'était le cas de Lucie aussi ? Il espérait bien car une jeune femme comme elle avec un mental d'acier aurait tout pour réussir.

Il attendit donc calmement que Lucie fasse son choix, et quand elle le fit Crissolorio l'écouta attentivement avant d'y réfléchir calmement, alors c'était ceci qu'elle voulait apprendre ? Intéressant… Il s'exprima donc calmement après une certaine réflexion.

« Cela dépend du point de vue en faîte, certaines choses il vaut mieux ne pas les dires, d'autres les dire en face n'est pas un mal. Pour le reste il faut jouer en sous entendu, ou bien le glisser subtilement dans la conversation, par exemple en faisant croire à quelqu'un que c'est son propre point de vue, ou bien... » Après tout l'art du langage était un art compliqué, et en maîtriser toutes les subtilités était le travail d'une vie. « Il y aussi en moyen de mettre en difficulté le point de vue de quelqu'un sans paraître faire exprès... »

Il réfléchit encore, et développa pour expliquer ses quelques astuces à Lucie.

« Parmi tant d'autres méthodes pour mettre en difficulté quelqu'un sans le paraître, il existe une certaines astuces, poser les bonnes questions. De façon innocente voir curieuse, ey ne pas donner l'impression que l'on le fait intentionnellement, cela peut être une bonne façon de mettre facilement beaucoup de monde en difficulté surtout si la réponse à ces questions est gênantes, ou imprononçables. »

Avant d'expliquer sur le domaine de donner son point de vue au sein de la noblesse, surtout quand on n'est pas un noble, et qu'il vaut donc mieux éviter de se faire fier, et de bomber les torses en disant le fond de sa pensée sans aucun tact.

"Vous savez les nobles n'aiment pas être mis en difficulté, mais il apprécient de voir qu'il peuvent se sauver la face, par exemple si grâce à cette petite série de questions vous arrivez à mettre le raisonnement de quelqu'un en défaut il sera simple après de faire passer vôtre point de vue, vous pourriez même arriver à convaincre celui que vous avez mit en difficulté. Pour cela il suffit juste de déformer les choses, et de dire que d'une certaine manière il devait vouloir peut-être vouloir dire ceci. Croyez-moi si le message que vous vouliez faire passer est sensé, et intelligent il y a de fortes chances que vôtre interlocuteur prenne la perche que vous lui tendiez en se justifiant ainsi. Ce qui vous permet de gagner un débat sans brusquer personne, et sans vous départir d'une image de jeune femme innocente." Expliqua t-il calmement, il réfléchit ensuite un peu, et demande calmement à Lucie.

"Pour me donner une idée... Pourriez vous me dire à quel genre de personne vous aimeriez ainsi faire passer subtilement une idée? Et pour quoi faire? Avez vous une idée en tête en particulier?" Après tout peut-être qu'il pourrait passer à la pratique même avec ceci pour pouvoir bien entraîner la jeune femme.

Si tout le monde pouvait y arriver, Luna en serait capable également! C’est la résolution qu’elle prit à l’instant et c’est un regard déterminé qu’elle lança à Crissolorio. Si c’était simplement de la volonté qu’il fallait avoir, alors elle finirait par réussir. Il avait raison, elle ne devait pas abandonner avant même d’avoir essayé. C’était comme toutes choses que l’on apprenait, il fallait y donner du temps, mettre de l’effort et continuer à s’améliorer tant et aussi longtemps qu’elle le pouvait. Certains avaient plus de facilité ou d’outils que d’autres, mais avec de la persévérance, elle y parviendrait aussi bien qu’eux. C’était comme lorsqu’elle avait appris à tirer de l’arc. Ce n’était pas naturel, cela avait pris du temps, mais elle avait fini par atteindre la cible.

- J’y arriverai. Prononça-t-elle finalement d’une voix résolue.

Avec l’aide du Grand Trésorier, la protégée de Korentin aurait les outils pour savoir mieux parler et interagir auprès des gens du haut-peuple. Attentive, elle l’écouta parler tout en prenant note mentalement de ses conseils. D’ailleurs, il y avait déjà plusieurs notions qu’elle connaissait déjà dont celle qu’il y avait certaines choses qu’il valait mieux éviter de mentionner. Dans le cas présent, il valait mieux qu’elle n’aborde pas le sujet de la rébellion aux nobles qui seraient présents à la fête. Même si par hasard ils s’avéraient du même avis qu’elle, c’était un sujet trop délicat et elle ne voulait pas mettre quiconque en mauvaise posture ni perdre sa couverture. Il valait mieux aborder des sujets de surface qui ne levaient pas une grande controverse ou qui n’avait pas un grand impact si c’était le cas.

La jeune fille acquiesça d’un signe de tête. Jouer sur les sous-entendus, c’était quelque chose qu’elle était capable de faire et qu’elle faisait usage souvent. C’était un art qu’elle employait depuis qu’elle était à la cour de Korentin et même avant cela. Il suffisait simplement de prononcer le bon terme ou de jouer avec les mots afin que l’interlocuteur se fasse une idée préconçue de ce qu’elle allait dire. Jouer un personnage aidait grandement et limite, c’était ce qu’elle faisait avec l’Oreille Impériale. Ne lui donnait-elle pas l’information nécessaire lorsqu’elle répondait à ses questions, mais en restant toujours assez vague pour qu’il se fasse lui-même une idée de ce qu’elle voulait dire? Ainsi, elle ne lui mentait pas sur sa personne, mais elle omettait quelques détails, ce qui faisait en sorte qu’elle contrôlait ce qu’il savait d’elle.

Avec tout cela, la Larme de Néant réalisa que pour communiquer avec les nobles, il suffisait simplement d’entrer dans leur jeu. Une fois qu’on connaissait les règles, il était possible de gagner. Mais encore, il fallait utiliser les bonnes cartes au bon moment et c’est ce qui était compliqué.

- En posant les bonnes questions? Répéta-t-elle.

Se faire passer pour quelqu’un d’autre, faire croire qu’elle était intéressée par ce que l’autre disait ou prononcer ce que ce dernier voulait entendre n’étaient pas compliqués pour Luna. Mais mettre en difficulté le point de vue de quelqu’un et d’une façon subtile, c’était une toute autre histoire. L’idée de poser les bonnes questions lui parut excellente. Pourquoi n’y avait-elle pas pensé plus tôt? Les poser d’une façon curieuse et innocente, ça, elle en était capable! Il suffisait de soulever le doute chez l’interlocuteur puis de le sauver en donnant son opinion. Mais c’est beaucoup plus facile à dire qu’à faire…

- À quel type de personne? Eeuuh… Je sais pas trop en fait. Dit-elle. Les nobles en général si jamais j’aurais affaire à eux. Précisa-t-elle.

Peut-être pourrait-elle l’utiliser lorsqu’elle s’adresserait à Korentin et lui faire subtilement passer son point de vue? Mais cela, elle ne le mentionnerait pas à Crissolorio.

- En fait, j’ai plusieurs amis qui sont des elfes… Et malheureusement, plusieurs pensent que les humains devraient rester avec les humains et les elfes avec les elfes. Je ne suis pas d’accord avec eux. Ils ont tant à nous apporter et je suis certaine qu’on peut leur apprendre plein de choses. Si je pouvais leur faire comprendre cela… Et pas seulement aux nobles, mais à tous en général… J'aimerais bien. Expliqua-t-elle. Elle pensa notamment à Enetari avec qui elle s’entendait bien, mais dont une relation ouverte serait très mal vue par la société. Vos conseils ne s’appliquent pas seulement aux nobles, non? Je pourrai utiliser ça avec tout le monde... Si j’y arrivais?Continua-t-elle d’une voix douce.

Elle fit un sourire gêné. Elle ne s’imaginait pas recevoir des conseils pour mieux interagir avec les nobles lorsqu’elle avait accepté l’invitation du bourgeois.

C’est alors qu’une douce mélodie se fit entendre. Rapidement, la princesse des lumières détermina qu’il y avait une harpe, un violon et un piano qui jouaient. Était-ce le signe que la fête commençait?

Il appréciait la détermination qui transpirait par le regard de la jeune Lucie, et qui émanait par sa voix. Il aimait voir les autres, et surtout ceux qu'ils apprécient faire preuve d'une pareille volonté, c'était après tout cela parmi tant d'autres vertus qui faisait la valeur d'un être, savoir ce que l'on veut, et s'en donner les moyens. Il fallait tâcher de ne jamais perdre son objectif de vue, et faire tout ce qui était nécessaire pour l'accomplir, et il ne doutait pas que la chance sourirait à la jeune femme si cette dernière tâchait de faire quelques efforts au moins dans ce sens-ci.

Enfin pour sa part il tâcherait de l'aider, et pour une autre fois de façon désintéressé. D'une certaine manière il se demandait bien ce qu'elle allait pouvoir faire avec un tel savoir, mais à bien y réfléchir son utilisation ne dépendait après tout que du bon vouloir de la jeune Lucie, pour sa part tant que cela pouvait aider cette dernière Crissolorio s'en satisferait. Et puis si cela permettait de pouvoir s'amuser un peu plus, ou moins au dépend des nobles il de dirait pas non… C'est que pensa t-il . Il faudrait qu'il fasse attention ! Si à ce petit jeu elle devenait vraiment forte elle pourrait s'amuser à le flouer lui aussi, ce serait ironique tiens pensa t-il légèrement amusé.

« Oui parfois par quelques simples questions il est aisé de confronter le point de vue de quelqu'un, si celui-ci a une rhétorique mal fichue il viendra bien vite le moment où il se contredira lui-même, ou dira quelque chose qu'il ne fallait pas, et il sera possible de le mettre en avant par d'autres questions, voir si vous pouvez vous le permettre de lui venir soit disant en aide, ou bien de démolir ses arguments si c'est ce que vous préférez. Mais cela permet au moins de faire en sorte que vôtre interlocuteur fasse la moitié du travail à vôtre place. » Et c'était très efficace même sur ceux qui avaient quelques bonnes bases en rhétorique.

« C'est que vous visez haut... » Dit-il calmement à la réponse de la jeune femme qui avait comme objectif de flouer les nobles de cette manière, pour une membre du petit peuple c'était étonnant, mais une telle audace, et volonté lui faisait plaisir à voir. « Ravie de voir que savez vous donner de tels objectifs, les atteindre n'en est que plus gratifiant... » Dit-il calmement.

« Plusieurs ami elfes ? » Dit-il calmement en la regardant de façon attentive, Crissolorio fit une réflexion rapide à cette nouvelle car après tout ce n'était pas commun, et pouvait être lourd en conséquence…

« Oui vous pourrez les utiliser sur tout le monde, rien n'est impossible tant que vous savez y faire jeune Lucie. » Dit-il calmement pendant qu'il réfléchissait, les propos, et les points de vue de la jeune femme sur les elfes étaient censés même si peu commun, pour sa part il y voyait une certaine once se sagesse, et de tolérance bienvenue, mais quand même….

« Jeune Lucie... » Dit-il calmement, pour l'instant peu soucieux de la musique au dehors, s'il avait un peu de retard ce ne serait pas trop dur à justifier après tout…

« Vous savez à l'heure actuelle… Là plupart si ce n'est la quasi totalité des elfes sont des rebelles, si vous êtes amis avec eux… Il est probable que vous soyez une rebelle vous aussi, ou du moins ayez des contacts très proches avec ces derniers.. » Dit-il calmement. Il ne rajouta rien pour l'instant, laissant à la jeune femme le temps de digérer sa déclaration, pour sa part il commençait à réfléchir à certaines choses. Puis il acheva calmement.

« Qu'importe, faîtes comme si je n'avais rien dit, néanmoins n'en parlez pas à quiconque, pour vôtre bien. Certains pourraient mal interpréter la chose si vous voyez ce que je veux dire... » Dit-il calmement en se relevant avant de rajouter comme pour changer immédiatement de sujet. « A ce que j’entends la fête va bientôt commencer jeune Lucie, j'espère que tout ceci vous plaira. » Il rajouta ensuite pour un peu détendre la situation si jamais sa remarque n'avait pas suffit. « Je me demande s'ils vont penser en vous voyant en ma compagnie que vous êtes ma petite fille, ma foi vous verrez certaines nobles sont de belles commères… Allons n'allons pas faire attendre les invités de ma fille. » Dit-il ensuite calmement en lui tendant la main comme pour l'aider à se relever.

Avait-elle gaffé? Il semblerait que oui ou du moins, ce n’était pas passé bien loin d’une catastrophe. Luna avait parlé trop rapidement et elle n’avait pas réalisé le lien que les gens pouvaient faire rapidement concernant les elfes et les rebelles. Maintenant qu’elle y pensait, il est vrai que ces derniers avaient dû quitter leur forêt à cause des Perles de rien qu’avait placées l’Esprit du Néant chez eux et qu’ils avaient joint les rebelles pour qui les Alayiens étaient également ennemis. Toutefois, ce n’était pas de cette façon que Luna l’entendait. Sérieusement, elle voudrait que tous les peuples puissent s’entendre. À noter qu’elle ne considérait pas les guerriers de l’Alayia comme étant un peuple, mais plutôt comme des intrus à Armanda et que l’harmonie ne les concernait donc pas.

La gamine resta calme et sourit à Crissolorio. En tout cas, il n’avait pas l’air de mal prendre le lien qu’il venait de faire et c’était rassurant. Il restait maintenant qu’à expliquer ce qu’elle avait voulu entendre, car ce n’était pas certainement l’idée qu’elle soit une rebelle qu’elle voulait faire passer. De plus, elle s’imaginait mal que le philosophe puisse avoir une opinion arrêtée, pas après la façon dont ils avaient discuté dans le parc.

- Messire Ostiz. Je ne crois pas que vous êtes le type d’hommes à mettre tout le monde dans le même bateau, je me trompe? Commença-t-elle d’une voix assurée.

S’il fallait poser des questions afin d’amener son interlocuteur à penser, c’est ce qu’elle allait essayer de faire. Pourquoi ne pas mettre en pratique ce que l’homme venait de lui enseigner? Tout ce qu’elle espérait, cependant, c’était de ne pas gaffer à nouveau. Parler était tout un art.

- Je m’entends bien avec vous… ou du moins, c’est l’impression que j’ai. Poursuivit-elle. Elle lui fit un sourire gêné. Elle ne pouvait pas vraiment considérer Crissolorio comme un ami, mais elle l’appréciait, ça c’était certain. Était-il du même avis? Je vous connais vous, Grand Trésorier, et j’ai des amis parmi ceux qu’on appelle les « Loyalistes ». Est-ce que cela fait de moi une personne proche de sa Majesté Fabius Kohan? Dit-elle d’une voix douce. Elle fit une petite pause. Si je dis apprécier un ou deux elfes, est-ce que cela fait nécessairement de moi une rebelle pour autant? Ajouta-t-elle.

S’il fallait que tous ceux qui avaient des amis elfiques soient arrêtés pour trahison, il ne resterait probablement plus beaucoup de personnes. D’ailleurs, pour Luna, elle s’était liée d’amitié avec ce peuple avant même que la rébellion existe. Elle ne prit pas la peine de répondre aux questions qu’elle avait lancées, laissant le vieil homme faire ses propres déductions.

- Les gens ont tendance à catégoriser les choses en étant soit noires ou soit blanches… Mais la vérité, c’est qu’elles sont souvent grises. Mais vous avez raison, ce n’est pas un bon moment pour discuter d’une possible paix entre les peuples. Vous avez bien fait de m’en faire part et pour cela, je vous en remercie. Dit-elle gentiment.

La musique annonçant la fête, Luna se releva de son fauteuil. Lui souriant, elle attendit que Crissolorio fasse les premier pas pour s'y diriger cependant.



[ 'Zolée. C'est un peu court ^^" Je te laisse décrire la fête, ça te va? Sur ce, je file réviser ]

La jeune femme sourit, c'était satisfaisant à constater, visiblement elle n'avait pas était décontenancée par la chose, et elle était maîtresse d'elle-même, cela jouait en sa faveur, pour sa part Crissolorio l'écoutait calmement vu qu'elle avait quelque chose à dire, d'ailleurs elle ne se priva pas de faire entendre son opinion, par une question justement posé. Elle jouait donc sur le terrain de la tolérance, et de l'ouverture d'esprit ? Même s'il avait été intolérant il aurait eu du mal à répondre à la négative à la jeune femme sans paraître stupide, une question fort judicieuse donc.

« Bien entendu que non. » Dit-il calmement, songeant qu'elle avait déjà tout compris à ce qu'il avait voulut lui enseigner, cette jeune femme était très vive d'esprit, c'était très agréable à constater. Dans tout les cas elle apprenait bien, il l'écouta donc attentivement.

Effectivement il n'était pas du genre à mettre tout le monde dans le même bateau, même les nobles, il n'aimait pas le concept de noblesse en lui-même par exemple, mais il ne considérait pas tout les nobles indignes de leurs positions, pour sa part il appréciait la réflexion, et surtout d'avoir une façon de voir les choses constructives, que ce soit pour son intérêt oui, mais aussi en dehors de la pour se construire un savoir, et une façon de voir les choses sages, après tout c'est le propre d'un homme civilisé.

« Il semblerait effectivement que ce soit le cas. » Dit-il calmement aux paroles de la jeune femme, il n'était pas forcément du genre à être très expansif sur le fait qu'il appréciait quelqu'un, et ces quelques morts avaient donc une certaine valeur du coup. Et il trouvait d'ailleurs que la jeune femme résonnait très bien. Il ne pouvait pas la démentir, sinon le fait qu'il connaisse Aldaron Triade par exemple aurait pu signifier qu'il était rebelle. « Non bien entendu ce ne sont pas forcément des choses qui vont forcément ensemble. » Puis la jeune femme après une courte pause poursuivit, et acheva avec une belle performance son petit discours. « C'est admirablement raisonné jeune Lucie. » Se contenta t-il de répondre finalement. Avant de rajouter ensuite après un court silence.

« Il va falloir que je fasse attention, c'est que vous apprenez si vite que vous risquez un jour de me dépasser. Continuez comme cela, et pas grand monde ne pourra vous mettre en difficulté niveau rhétorique. » Et c'était en soit très précieux.

« Vous savez déjà où vous en tenir par rapport à ce genre de chose, et ne me remerciez pas c'était tout à fait normal. » Dit-il calmement avant de conclure. « Et pour tout vous avouez j'ai moi aussi un ami elfe, et cela ne fait pas pour autant de moi un rebelle. Enfin n'en parlez pas trop autour de vous je vous prie. » Même s'il savait qu'il pouvait sans doute lui faire confiance à ce sujet.

Enfin dans tout les cas suite à cette échange somme toute satisfaisant Crissolorio se rendit avec la jeune Lucie, à la fête.

Et ils ne tardèrent pas à arriver vers la fameuse salle de réception. Magnifiquement décoré avec plusieurs tableaux, et autres œuvres d'arts de tout types ornant la pièce, les décorations pour l'occasion telles que les fleurs élémentaires par exemple, et d'autres objets magiques avaient été apposés pour fêter le retour récent de la magie dans l'empire, sans compter les meubles ouvragés de la pièce ainsi que la grande table au milieu de la salle. Et enfin quelques musiciens jouant quelques musiques, et tout ce qu'il fallait. Enfin en somme sans perdre son temps à tout décrire ceci était plutôt bien fait, Crissolorio aurait eu un haut le cœur si c'était lui qui avait dû payer tout ceci, mais heureusement pour sa part il n'avait dépensé aucun sou…

« Qu’en pensez-vous jeune Lucie ? » Dit-il calmement à cette dernière, alors qu'ils entrèrent tout deux dans la salle. Il avisa les lieux rapidement du regard, pour voir les personnes présentes, quelques gens qu'ils connaissaient, mais pour là plupart c'était du monde qu'il ne connaissait pas vraiment, disons qu'il fréquentait les nobles que depuis qu'il était Grand Trésorier, et surtout à Gloria… « Tiens je crois savoir qui est cet homme. »

Dit-il en indiquant un homme habille en rouge, et plutôt sobrement. « Sieur Îdor de Castel. Un grand peintre, érudit, et spécialiste du peuple elfique. Assez excentrique à sa façon. Néanmoins une vrai mine d'information, il parle l'elfique couramment de plus. » Il désigna un noble non loin du regard. « Le seigneur Agmen Desfl un noble sans trop d'histoire, c'est un mécène très appliqué, en faîte il se désintéresse totalement de la politique, et use de sa fortune pour s'entourer d'artiste, et rencontrer du beau monde. C'est une agréable conversation, mais il ne faut pas trop en espérer grand-chose pour quelqu'un qui veut se faire des alliés dans la noblesse. Néanmoins il n' a aucun ennemi du coup. » Il n'avait désigné que des personnes de compagnie a peu près agréable avant de demander calmement à Lucie.

« Voudriez vous que nous allions un peu discuter avec l'un de ses sieurs ? Histoire de faire connaissance, et de pouvoir montrer vôtre art oratoire ? Ne vous inquiétez pas ces sieurs-ci ne sont pas trop enquiquinant... » Conclut-il calmement.

Luna sourit. Elle était fière d’elle et contente de la performance qu’elle venait de faire. Le temps passé en tant que protégée de Korentin l’avait beaucoup aidée quant aux protocoles à connaître et ce qu’il fallait faire et surtout ne pas faire vis-à-vis les nobles. La jeune fille connaissait bien la théorie puisqu’il n’était pas rare qu’on lui répète ce qu’elle ne faisait pas correctement. La pratique était une autre histoire. Mais avec les conseils de Crissolorio, elle avait eu d’autres trucs pour mieux s’exprimer et il semblerait qu’elle avait bien compris. Ce n’était pas tous les jours qu’elle se faisait complimenter parce qu’elle réussissait quelque chose. Il fallait en profiter!

La Larme de Néant était surtout soulagée d’avoir réussi à faire passer le message comme quoi elle n’était pas une rebelle parce qu’elle connaissait des elfes. Certes, elle en était une et en cela, Crissolorio avait vu juste, mais son erreur résidait dans le fait qu’il était facile à démontrer que tous les gens proches du peuple elfique ne faisait pas nécessairement partie de la rébellion. Mais heureusement, avec ses paroles, elle avait pu détourner son attention et lui faire comprendre que son lien n’était pas juste. Ce qui était le plus merveilleux dans tout cela, c’était qu’elle n’avait pas eu à mentir et simplement à faire réfléchir l’homme afin qu’il atteigne la conclusion choisie. Il s’était même confié à elle en lui révélant qu’il avait un ami parmi les elfes. Cela piqua sa curiosité. Le connaissait-elle? Faisait-il partie des rebelles? À quel point étaient-ils proches tous les deux?

- Vous êtes la dernière personne que j’imaginerais en rebelle, en tout cas. Par curiosité, je peux vous demander qui est cet ami elfe? Demanda-t-elle. Votre secret sera bien gardé avec moi, ne vous en faites pas. Lui dit-elle doucement, ajoutant même un clin d’œil.

Il fallait qu’elle pose la question. Peut-être que le bourgeois ne voudrait pas répondre, mais ça valait la peine d’essayer d’étancher sa curiosité.

Suite à leur échange, ils quittèrent le bureau et se dirigèrent vers la salle de réception. Lorsque Luna entra, son regard fut accroché par les nombreux tableaux qui décoraient les murs. Elle en avait rarement vu autant au même endroit et de si bonne qualité. Après tout, ce n’était pas les parois caverneuses d’Aigue-Royale que les rebelles s’amusaient à décorer, c’était un peu inutile. Les cadres qui recouvraient les œuvres devaient avoir coûté une fortune et ce n’était rien à comparer aux décorations magiques qui ornaient la grande pièce. Le tout avait été harmonieusement choisi et on pouvait voir que le but premier était d’impression les invités. C’était toute une réussite.

- Wow! Je suis impressionnée. Sérieusement! S’exclama-t-elle.

Son regard parcourut la salle à la recherche de gens qu’elle connaissait et elle fut soulagée de remarquer qu’il s’agissait que de nouveaux visages. Elle ne connaissait personne et il n’y aurait personne pour la reconnaître. Elle resta aux côtés du vieil homme tandis qu’il désignait quelques nobles qu’il reconnaissait.

- Spécialiste du peuple elfique…? Dit-elle d’une voix surprise. Comment un humain peut-il être spécialiste des elfes? Demanda-t-elle. Elle était sceptique. Le peuple elfique était fier et mystérieux. Elle savait qu’il ne se laissait pas approcher facilement par les autres races. C’était tout un exploit si Sieur Îdor avait réussi. À moins qu’il n’ait jamais vraiment interagi avec les elfes et que ses connaissances étaient plutôt théoriques? Est-ce lui qui a peint les tableaux ici? Demanda-t-elle. Si c’était le cas, elle reconnaissait qu’il était grandement talentueux.

Par la suite, vint la description d’Agmen Desfl et elle fut surprise d’entendre qu’il se désintéressait de la politique. Comment un noble pouvait-il ne pas s’y intéresser? Sa richesse, son nom et son rang n’était-il pas lié au roi, ne serait-ce qu’indirectement?

- Je vois. C’est un homme bien particulier. Dit-elle tout simplement.

Elle n’avait rien à ajouter à son sujet. Certes, il était peut-être sympathique, mais ce qu’il était et ce qu’il faisait dans la vie ne l’intéressait pas. C’était le cas des nombreuses personnes ici présentes et il lui paraissait inutile de tisser des liens avec eux.

- Euhm… À vrai dire, je n’y tiens pas tant que ça. Avoua-t-elle sincèrement.

Luna ne se sentait pas confortable de parler à des inconnus doublés de noblesse. Maintenant qu’elle était parmi tous ces gens, elle était en train de se dire que c’était une mauvaise idée et qu’elle aurait mieux fait de ne pas accepter l'invitation. Mais il était trop tard pour reculer et elle ne voulait pas gâcher le plaisir de l’Oreille Impériale non plus. Elle lui sourit timidement.

- Ne vous en faites pas pour moi. N’hésitez pas à aller voir vos amis et à discuter avec eux. Ne vous en empêchez pas pour moi. Lui dit-elle doucement. Je crois que… Je crois que je vais aller faire un tour du côté des musiciens. Ajouta-t-elle.

Or, Luna aimait la musique et l’idée de s’approcher des musiciens lui plaisait. Avec de la chance, elle pourrait peut-être y être tranquille à les écouter.

Elle voulait savoir avec quel elfe il était ami ? Pouvait-il lui confier cela ? Pensa t-il calmement ... Lucie s'était montré digne de confiance pour le moment, et puis il doutait qu'elle le trahisse comme ça après ce qu'il avait fait pour elle, il concéda donc ce fait.

« Mon ami elfique se nomme Aldaron Triade. » Dur de ne pas savoir qui était ce dirigeant de la Triade, un haut représentant rebelle, et chef du marché noir rebelle . En somme pas n'importe qui. « Il était mon maître dans mon enfance alors que mon oncle voulait que j'apprenne à être un bon marchand, nous nous connaissons donc depuis mon enfance. » Ce qui appuyait sur le fait que c'était un vieux, et proche ami. « Bien entendu je vous fais confiance pour garder ceci pour vous. » Quoique sa famille savait qu'il avait eu des liens avec Aldaron Triade, et pas grand monde en dehors . De toute manière le fait qu'il était ami avec Aldaron Triade ne voulait pas dire qu'il était un rebelle loin de là, après tout cette guerre avait fait en sorte que beaucoup d'amis se retrouvent dans des camps opposés après tout .

Dans tout les cas ils se dirigèrent vers la salle de réception, il était satisfaisant de voir que tout ceci semblait plaire à la jeune Lucie, après tout la salle avait probablement était emménage avec soin, montrant bien le faste de la noblesse. Qui ne regarde que rarement à la dépense. Pour sa part il ne se permettrait pas vraiment autant de dépense, mais bon c'était sans doute la classe sociale qui voulait cela . Pour un bourgeois économisait son argent, et vouloir en gagner le plus possible était considéré comme normal, sans doute que la noblesse avait une toute autre façon de penser à propos de la chose monétaire.

« Quelques rares humains ont pu s'approcher du peuple elfique, ce sieur en fait partie, et puis avant d'aller se rendre dans la forêt il était ami avec un exilé elfique d'après ce que j'ai pu apprendre. » Ceci expliquait donc cela. Puis il conclut à propos du peintre « Oui c'est ce sieur qui a peint les tableaux ici. » Il ne voulait pas connaître le prix des toiles, sans doute qu'il y avait de quoi faire un ulcère pour un avare comme lui. Néanmoins il fallait avouer que c'était digne d'être considéré comme de l'art à ses yeux.

« Vous seriez étonné de voir à quel point les hommes excentriques ne sont pas si rares que cela. » Dit calmement Crissolorio, ne disait-on pas qu'après tout chacun était particulier à sa façon ?

« Soit, faîtes comme vous le désirez. » Après tout il ne l'obligeait en rien, et personne n'irait lui reprochait d'être introvertie de toute manière. Puis il conclut quand elle parla d'aller écouter les musiciens. « Faîtes donc si c'est ce que vous voulez jeune Lucie. » Après tout personne n'irait lui reprocher ceci, lui le dernier.

[Hrp : C'est pour te demander si tu voulais qu'on amorce sur une conclusion pour pouvoir se concentrer sur le présent?]

C’est ainsi que Luna se sépara de Crissolorio afin de s’approcher des musiciens et afin de lui permettre de profiter de la soirée sans l’influencer par sa présence. Peut-être avait-il envie de parler avec de vieilles connaissances ou d’aller tranquillement discuter avec sa fille? Peu importe, l’idée de le suivre un peu partout à rencontrer des étrangers la dérangeait. Certains d’entre eux étaient probablement très sympathiques et avaient des notions intéressantes à raconter, mais Luna n’avait pas envie de se mêler à eux. Elle était malheureusement comme ça et elle ne se sentait pas dans son élément au sein d’une fête bourgeoise.

Discrètement, la jeune fille s’approcha des musiciens et écouta leurs différentes mélodies. L’harmonie entre les vièles, la harpe, les flute, le luth et la lyre était surprenante et comme tout ce qui faisait partie de cette soirée, on voyait que le groupe avait été choisi avec soin. Il était particulièrement talentueux. Elle resta à l’écart un petit moment même lorsque les gens se mirent à danser et les regarda faire d’un air amusé. Dire que si elle le souhaitait, c’était le genre de vie que la Larme de Néant pouvait avoir. Étant la protégée de Korentin, elle avait accès au haut-peuple et au rang social de la noblesse. Elle pouvait se marier à un riche noble et n’aurait plus jamais besoin de se battre ou de faire les sales tâches réservées au petit-peuple. Mais était-ce ce qu’elle voulait? Les jolies robes, l’étiquette, les mariages arrangés et les belles paroles, ce monde n’était pas fait pour elle. Elle ne détestait pas, mais ce n’était pas elle.

Elle se fit interrompre dans ses pensées par un homme qui se présenta comme étant messire Mavrick. Par politesse, elle se présenta à son tour sous le nom de Lucie. Le noble avait remarqué que la jeune fille ne se mêlait pas à la fête et il s’enquit de savoir ce qu’elle faisait là, elle qu’il n’avait jamais vu auparavant. Brièvement, elle lui expliqua qu’elle était l’invitée de messire Ostiz et qu’elle était simplement de passage à Aldaria. Il lui sourit et elle lui rendit son sourire par respect. Lorsqu’il lui demanda de lui accorder une danse, elle refusa poliment. Il fallut qu’il insistât pour qu’elle finisse par accepter et elle dansa avec lui. La jeune fille s’avéra même douée. Elle avait appris les pas de danse et c’était une activité qu’elle aimait bien. Le souci résidait dans le fait qu’elle n’était jamais à l’aise avec ses partenaires, la seule exception étant son ami Dawan Sywel.

Le reste de la soirée fut plutôt agréable et elle dansa longuement, changeant de partenaire en partenaire. Elle finit même par discuter avec certains et à mêler son rire au leur. Petit à petit, elle se sentit davantage à sa place et lorsque la musique cessa, elle revint vers Crissolorio. La gamine lui sourit et lui demanda si la soirée se déroulait bien pour lui. Vers la fin de la soirée, lorsque la musique reprit, le vieil homme et la jeune fille mêlèrent harmonieusement leurs pas ensemble.

Lorsqu’il fut bien tard, la fête prit fin et les invités quittèrent la salle de réception. On offrit une chambre d’ami à Luna pour qu’elle puisse y passer la nuit et bien que son premier réflexe fût de refuser, elle se ravisa et accepta. Elle ne manqua pas de remercier messire Ostiz et sa fille pour toute la générosité qu’ils faisaient preuve à son égard. C’est dans ces conditions qu’elle rejoignit le monde des rêves, mais seulement après s’être assurée que personne n’entrerait dans sa chambre, verrouillant la porte à l’aide du sortilège « Verrou d’énergie ». La Larme de Néant dormit avec une dague dissimulée sous son oreiller, mauvaise habitude qu’elle avait malheureusement…

Dès les premières lueurs du matin, la rebelle se leva. Elle ramassa ses choses et quitta en douce le manoir, laissant derrière elle un message à l’attention de Crissolorio Ostiz.

Citation :

Messire Ostiz,

J’ai passé une agréable soirée hier en votre compagnie. Je vous remercie énormément pour tout ce que vous avez fait pour moi et je souhaite que notre prochaine rencontre soit aussi agréable.

Malheureusement, j’ai dû quitter rapidement et je ne voulais pas vous déranger davantage que je l’ai déjà fait. J’espère que vous ne m’en voudrez pas.

Prenez soins de vous.

Cordialement,

L----------------