----------Que l'hiver soit là ou non, la diplomate n'avait pas vraiment le choix, elle devait jouer son rôle. Le froid ne la dérangeait pas particulièrement, c'était plus la neige, et les vents forts de la saison qui perturbaient. Durant les voyages qu'elle devait effectuer, être contrainte d'avancer au milieu d'une épaisse couche de neige ainsi qu'un vent de face vous aveuglant n'était pas pratique. Alors oui, il y avait la magie, et au vu du nombre de personnes constituant leur petit groupe, généralement 3 ou 4, ils parvenaient à peu près à se relayer pour se prémunir des inconvénients du climat. Mais justement, ce n'était qu'à peu près, pas tout à fait. Cela signifiait donc qu'il y avait des périodes où rien ne les protégeaient des intempéries. Ces quelques moments suffisaient à rendre les voyages quelques peu éprouvant.
----------Par chance, le reste du temps, ils étaient un ou deux à chanter de manière continue afin de se prémunir des éléments. C'était ainsi des moments joyeux, ou du moins forts en émotions. Ils n'étaient peut-être pas des baptistrels, au moins avaient-ils le méritent de savoir chanter. Et magie baptistrale ou non, la magie de la musique, elle, était bien présente. D'ailleurs, il arrivait, parfois, qu'un baptistrel fasse partie du voyage. Après tout, ils étaient aussi porteur de bonne parole, ou au moins d'intentions bénéfiques. Entre les soins qu'ils désiraient apporter au travers du monde, leur envie d'apporter une certaine paix, et celui de trouver par delà les frontières de leur domaine des candidats susceptibles de satisfaire leurs attentes, Ils avaient toute les raisons du monde de parcourir l'Armana. D'Est en Ouest, de long en large, parmi les riches ou bien les pauvres, parmi les hommes ou biens les elfes. Aucune possibilité n'était à exclure. Après tout, chacun n'avait-il pas sa chance ?

----------Cette fois-ci, la diplomate revenait de Lyssa, où elle avait rencontré le duc présent afin de s'enquérir de ses intention quant au rivage. La pêche y était pratiquée, et faisait d'ailleurs le mérite de la région. C'était l'une des rares villes, pour ne pas dire la seul ayant de l'importance, qui effectuait un tel marché. En tant qu'elfe, Vanaël n'avait certes pas d'envie de créer de commerce avec eux par rapport aux possessions d'Océan. En tout cas, pas en tant que produit consommables. la seule chose qu'elle désirait, s'était s'informer de l'avancée de leur compétence, à savoir la fabrication d'embarcation à même le Wylorel. Un tel savoir permettrait d'établir des routes commerciales entre les villes y étant adjacentes, et pour Lyssa, c'était la possibilité de se faire une place. Les elfes avaient à y gagner parce que cela consolider leur alliance avec les humains. Tandis que pour ces derniers, c'était l'occasion de profiter du savoir elfique pour agrandir les relations entre leur villes. Et ils gagnaient aussi un soutien de la part des elfes. En somme, ils y étaient gagnant.

----------Ce n'était là que la première rencontre, Vanaël devant alors revenir vers le conseil, les autres diplomates, et tout ceux qui au sein du royaume avaient attrait aux décision concernant les relations extérieures entre Elfes et Humains. C'était là la partie la moins plaisante de sa tâche, et celle qui s'éternisait le plus. Le bon côté de la chose, c'est que cela lui permettait alors de passer un certain tant dans la tranquillité de son chez soi. Elle pouvait ainsi profiter de la présence de son mari, l'aider à sa tâche d'archiviste, et glaner ainsi à satisfaire sa curiosité. La bibliothèque était toujours aussi attrayante, rien au monde ne saurait lui gâcher se plaisir de pouvoir profiter du papier parcheminé des ouvrages, de l'odeur vieillie du papier ou des reliures.

----------Hormis la bibliothèque, le retour à sa vie sédentaire était aussi l'opportunité de parfaire son entraînement. Après tout, personne n'est parfait, et chaque jour a quelque chose à nous apprendre. Les camps d'entrainements étaient ainsi une occasion de parfaire sa maîtrise des armes. Pour cette fois, elle avait décidée de passer du temps à s'entraîner à l'arc, aussi consacra-t-elle tout le temps de ses entraînement martiaux à cet apprentissage. le fait d'être au sein d'un forêt permettais d'être plus ou moins abrité du vent, que l'on soit ou non dans une clairière. Tirer à l'arc en devenait ainsi légèrement plus aisé, et permettais donc de ne pas subir les caprices de Vent. Vanaël s'était rendu au camp d'entraînement équipée de son arc, et commença sa journée à cela. Entre du tir sur cible fixe ou en mouvement, du tir sur mannequins afin de parfaire sa précision et de même alors qu'elle était à cheval, voilà qui avait de quoi occuper ses journées.

----------La plus divertissante fut une consacrée à du tir sur cible fixe, aussi étonnant qu'il puisse paraître, et pour des raisons tout aussi étonnantes. Peut-être pas si étonnantes finalement, au moins celle-ci avait-elle le mérite d'avoir du sens. En effet, une présence familière vint lui rendre visite, alors qu'elle s'apprêtait à réarmer son arc. Abandonnant ainsi sa tâche, elle rangea la flèche dans son carquois, lequel pendait nonchalamment à sa ceinture. N'étant pas en mouvement, et dans un lieu dépourvu de danger, la rouquine se permettais d'adapter son équipement afin qu'il soit plus pratique. Prendre une flèche dans son carquois alors que celui-ci se trouvait attaché dans le dos, laissant alors les projectiles mortels dépasser pas dessus l'épaule nécessitait plus d'effort. Lors d'un affrontement, elle n'avait le temps de tirer des flèches que jusqu'à ce que sa cibles se rapproche de trop, alors que lors d'un entraînement, il n'y avait pas de limite. Favoriser un confort était donc nécessaire.
----------L'objet de son interruption n'était autre que la jeune Aramis, cette elfe blondinette dont le père était archiviste. Vanaël l'avait rencontré réellement au début de l'hiver, et la revoir lui apportait toujours une petite vague de bonheur. "Bonjour ma chère, c'est surprenant de te voir ici." Continuant alors à se couper de son activité, la diplomate rangea son arc, lequel retrouva alors sa place dans le dos de la rouquine. "Que me vaut le plaisir de ta venue ?" Peut-être un peu directe, certes, mais son habitude à en venir droit aux faits ne la perdait pas. Ce n'était pas tant volontaire, seulement, c'était trop naturel pour qu'elle s'en défasse.
----------Son regard parcourait la jeune elfe, inspectant son visage tout comme son corps, curieuse de voir comment elle grandissait. Elle avait beau la voir de temps en temps lors de ses retour au sein de la citée, il demeurait qu'à chaque fois, elle avait l'impression de la voir grandir. Bientôt, elle aurait la même taille qu'elle, et au vu de son jeune âge, il était presque certain qu'elle la dépasserait sans mal. C'était pour le moins déconcertant d'y penser, de même que cela la faisait sourire. Portant sa main vers Aramis, la rouquine lui attrapa une mèche de cheveux, enroulant distraitement ses doigts autour, geste devenu presque maladif à chaque fois qu'elle était amenée à être en cette joyeuse compagnie débordante de curiosité.

----------Les doigts fin de la diplomate continuait de s'enrouler délicatement dans la chevelure platine d'Aramis, tandis qu'elle l'écoutait d'une oreille attentive. Elle percevait son regard brillant de curiosité, démontrant comme toujours l'entrain que la petite semblait manifester à s'intéresser aux activités qui pouvaient se dérouler autour d'elle. Ôtant sa main en même temps qu'elle en profitait pour lui caresser gentiment la joue, Vanaël pris une posture plus stable, posant alors son arc sur son pied, afin de ne point l'user. Elle appréciait son arme, et de la même manière qu'elle prenait soin de ses affaires, c'était aussi le cas pour ses outils de guerre. Ca l'était même plus, puisque la de leur qualité dépendait leur efficacité, et donc influait fortement sur le taux de survie de l'elfe durant ses excursions politiques.
----------Rougissant légèrement suite aux suppositions d'Aramis, la rouquine lui sourit franchement, amusée de voir à quel point cette dernière semblait ne pas la tarir d'éloges. "Je suis loin d'avoir le talent de nos maîtres, je ne suis qu'une apprentie parmi tant d'autres." Tous étaient des apprentis, certes, autant les maîtres que les élèves, mais c'était tout de même une manière de souligner à quel point il serait faux de la considérer comme étant une 'grande' archère. Elle était encore jeune, et ses talents n'en étaient qu'à un stade peu avancé. C'était en partie la faute de vouloir s'intéresser à tout, l'on voulait tout savoir, tout apprendre, tout découvrir, et de ce fait l'on ne se spécialisait jamais vraiment dans un domaine en particulier. Même si cela était le cas, le temps que l'on y consacrait n'atteignait jamais une part majeure de la journée, et toujours, d'autres activités venaient empiéter dessus. La soif de savoir, de même qu'une curiosité trop débordante pouvait alors être une tare.
----------La curiosité est un vilain défaut, c'était vrai oui, elle ne permettait pas d'exceller dans un domaine en particulier. Pas quand elle n'était pas canalisée vers un sujet bien spécifique. C'était le cas de Vanaël, entre la musique, les armes, l'art du dialogue et l'histoire, pour ce qui était des domaines d'intérêts principaux, elle y consacrait une part de temps à peu près égale, fluctuant au gré de ses humeurs, des besoins de son poste de diplomate, ou des saisons. Mais dans l'ensemble, la part qui y était attribuée était la même. Pour cette raison, elle n'excellait pas réellement dans l'un comme dans l'autre, mais essayait d'avoir un panel de compétences satisfaisant afin d'y trouver son bonheur. La longévité d'un elfe était après tout une chance inouïe de nourrir de tels intérêts, quelles raisons aurait-elle pu avoir de ne pas en profiter ?

----------S'apprêtant alors à reprendre une posture apte pour pouvoir tirer à l'arc, Vanaël prit une flèche dans sa main libre, plaçant alors l'encoche sur la corde tendue. Elle regardait alors encore Aramis, son sourire chaleureux éclairant ses traits fins. "Cela ne l'est pas, ne t'inquiète donc pas. Tes questions seront toujours les bienvenues, quelles qu'elles soient. Et puis, tu me permet de travailler plus encore ma concentration, donc tu me rends service finalement." Lui faisant alors un complice clin d'œil, l'archère arma son arc, regardant de son œil ouvert la cible tel le hibou qui guette une proie durant la nuit.

"Qu'entends-tu par voyage ? Souhaites-tu savoir si nous avons voyagé sans encombres, ou si le voyage fut plaisant, ou encore si le terme de notre voyage, au sein de la ville humaine, à porté ses fruits ? Les mots sont pleins de nuances, chacun a un sens propre, mais il est vrai que les utiliser de la bonne manière n'est jamais une chose aisée. Surtout lorsque l'on discute avec quelqu'un, interprétation de nos dires ainsi que celle de ce qui est entendu n'est que trop souvent différente."

----------Tirant alors sa flèche, Vanaël fit une légère pause dans sa réponse, l'esprit concentré dans la manœuvre, trop d'ailleurs. Elle resta muette quelques secondes, le temps de reprendre une flèche et de la réarmer, moment au bout duquel elle se rendit compte qu'elle s'était arrêté dans sa réponse. La cible avait été atteinte non pas en son centre, mais à quelques centimètres, bien moins de dix, mais trop pour que le tir puisse être satisfaisant. Tirer à l'arc en étant distraite par un autre sujet n'était pas une tâche aisée, et pourtant, parler, même si cela requérait de l'attention, n'était qu'une faible distraction. Après tout, seul l'esprit était occupé à deux choses à la fois, le corps était libre d'agir tranquillement et efficacement. Vanaël ne fit aucun commentaires sur sa performance, elle n'en était pas satisfaite, c'était l'important. Enfin, c'était plutôt qu'elle était consciente que le tir qu'elle venait d'effectuer n'était pas satisfaisant, depuis le début elle se doutait qu'elle n'était pas au point quant à cela, le résultat n'était ni démoralisant, ni perturbant d'aucune manière. C'était simplement la confirmation de ses spéculations.

"C'est plus ta forêt natale que le mienne, je ne suis pas vraiment née au sein de nos bois. La ville où j'ai vue le jour fait partie des rivages du sud. La forêt n'y était alors pas vraiment présente. Mais ce ne sont que des détails." Un petit rire d'une fraîcheur joyeuse illumina son visage, alors qu'elle se remis à parler, de même qu'à tendre la corde de son arc, sa main allant se placer surement en dessous de son oreille. "Les événements sont indénombrables, je pourrais t'en citer jusqu'à ce que tu t'en lasse et t'endorme, et même au delà. Souhaites-tu que je te dise qu'une famille de loutres a survécu à l'hiver et a essayé de ressortir de son terrier pour rechercher de la nourriture, ou bien qu'une procession de marchands humains s'en sont allés de Libra pour se rendre à Aldaria, malgré la pauvreté de leurs foyer, espérant pouvoir gagner suffisamment d'argent là-bas afin d'améliorer leur vie. Ou peut-être désires-tu que je te narre les aventures des jeunes humains déambulant à travers la ville afin de survivre, essayant de ne pas causer soucis à leur parents, pour ceux qui en ont ?
Il y a tellement d’événements qui se déroulent chaque minutes, chaque secondes, que si tu ne précise pas tes questions, je ne pourrais pas satisfaire ta curiosité."

----------Relâchant ses muscles, Vanaël concentra son tir, s'exécutant enfin. La force d'un elfe permettait de rester bien plus longtemps en position armée, sans pour autant se fatiguer. Humaine, jamais elle n'aurait pu ainsi discuter tout en restant à bander son arc. C'était autant leur force, que leur endurance. Arès tout, les arcs elfiques étaient adaptés à la force de leur peuple, il n'y avait aucun intérêts à fabriquer un arc que l'on tendait du bout des doigts, sans pour autant se rendre compte, au travers de la force exercée, à quel point l'on pouvait être efficace. Les performances de l'arc se ressentaient par la force que l'on déployait à l'utiliser. Le trait fut encore moins précis que le dernier, mais pas non plus catastrophique. L'entraînement était une tâche longue, baisser les bras n'était pas une option, quels que soit les résultats au bout d'un exercice.

----------S'apprêtant alors à répondre à la dernière remarque de la jeune elfe, Vanaël se sentait désolée. En effet, encore une fois, elle allait devoir la contredire, ou lui préciser que ce qu'elle disait était imprécis. Elle était peinée, car ce n'était pas vraiment son intention que de la contredire, seulement, elle estimait nécessaire d'être franche, après tout, c'était bien le rôle d'un mentor... Être franc avec ses élèves. Vis à vis d'Aramis, la rouquine se sentait un peu se rôle, celui d'une préceptrice, qui l'aidait à étendre ses intérêts, ou du moins, l'aider à s'améliorer dans ceux-ci, ainsi qu'à satisfaire sa curiosité.

"Cela, je n'en sait rien, malheureusement. Je serais surement ravie et fière de savoir que c'est le cas, mais déterminer des compliments francs au sein d'un brouhaha de politesses, ce n'est pas aisé. Quant à l'importance que tu me porte, c'est très touchant, sincèrement. Je ne suis toutefois pas certaine d'avoir une telle importance. Après tout, je ne suis pas la seule diplomate à m'occuper d'une même affaire. Des fois nous sommes plusieurs en même temps, et alors je cède l'autorité à celui qui m'est supérieur, d'autres fois nous nous alternons les rencontres. Alors parfois, il arrive que je ne soit pas leur rapport le plus important et qu'ils se targuent d'arriver à la prochaine venue de mon compatriote."

----------Alors qu'elle s'apprêtait à reprendre une flèche, elle finit par se tourner vers Aramis, la couvant du regard. Malgré le fait qu'elle essayait de se concentrer sur la discussion en même temps qu'elle tirait à l'arc, la politesse de regarder la personne qui lui parle était de prime. Et si elle ne l'avait pas fait lorsqu'elle même parlait, c'est qu'elle ne considérait pas comme un manquement de politesse de ne pas regarder la personne à qui elle s'adressait. Après tout, Aramis savait qu'elle s'adressait à elle. Sa réponse était une forme de politesse. Alors que regarder la personne qui lui répondait, c'était une manière de montrer qu'elle l'écoutait, lui portait de l'intérêt et que finalement, son activité était présentement moins importante que la discussion qu'elles avaient. Les enfants elfiques étaient un honneur après tout, ils avaient la priorité.

----------Elle avait beau dire que c'était son père qui lui avait dis ces paroles, le restes de ce qu'Aramis pouvait répondre témoignait d'une sagesse exemplaire. De la part d'une enfant de 14 ans, c'était louable. Il ne serait pas étonnant, que plus tard, elle devienne quelqu'un ayant de grandes responsabilités en terme de relations. Elle savait trouver les mots pour répondre ainsi que la situation l'exigeait, même lorsque, ainsi qu'on pouvait le croire, le thème abordé ne lui était pas des plus connus. "Ses paroles sont sages, il semble qu'il t'ai transmis cela, tu parle aussi bien que ton père." La chose ne manquait pas de faire sourire Vanaël, dont le visage s'illuminait progressivement. Chacun avait un talent propre, en effet, se comparer aux autres n'était pas la bonne solution. Il valait mieux regarder ce que l'on avait, s'en satisfaire, et voir ce que l'on pouvait faire de ces talents. À partir de là, on était libre de progresser, ou d'explorer d'autres horizons. "Si tu le désire, je peux t'y aider." La présente archère marqua ainsi une pause, et d'un signe, demanda à l'un des instructeurs si l'on pouvait fournir à sa jeune amie de quoi s'exercer.

"Quant à notre voyage, nous n'avons pas eu de soucis, quelques pauses peu confortables au sein des villages, mais en dehors de cela, pour cette fois, ce fut tout. Enfin, hormis la neige qui a freiné notre avancé. Nous avons chanté afin de nous donner l'illusion que notre voyage s'en ferait plus court, et qu'il ne serait pas interrompu par le moindre événement néfaste. Une manière plaisante de faire passer le temps. D'une certaine manière, notre bonne fortune nous aura satisfait de cela. La population Lyssienne nous a accueillit ainsi que le veulent les coutumes, mais l'on pouvait déceler une certaine appréhension pour une partie. À croire que tous ne voient pas les elfes comme les gouvernants le font. Quant à ces derniers, ils semblaient curieux de notre proposition, au moins avons nous réussit en cela, à susciter leur intérêt. L'on peut dire que pour une première rencontre, c'eut été fructueux."

----------Finalement, devant la cascade de questions dont semblait vouloir l'inonder la petite, Vanaël rangea sa flèche dans son carquois, tandis que son arc retrouva son promontoire, à savoir la botte de l'elfe. Désireuse de satisfaire la curiosité d'Aramis, la diplomate ne manqua pas de sourire devant se flot de questions. Au moins ne pourrait-on pas lui dire qu'elle ne montrait pas d'intérêt pour ce qui est de la société de son peuple ! Au vu de son jeune âge, en amassant ainsi des connaissances, il était à peu près certain qu'elle saurait se faire une place de choix plus tard. Après tout, elle était bien entouré à cette fin.

"Et pour ce qui survient dans le monde des humains, hormis les dirigeants qui fluctuent au fil des ans, je ne suis pas certaine qu'il y ait quoi que ce soit de notable à vrai dire. Les humains naissent, meurent, et le plus souvent, ils décèdent à cause de leur cupidité, leur haine envers eux même, ou du fait d'accidents dus à leur ignorance."

----------C'était un peu triste à dire, mais malheureusement, la faiblesse humaine était une vérité frappante. Heureusement pour eux qu'ils étaient d'une fertilité effarante, auquel cas leur peuple se serait déjà était depuis bien des années. Ils étaient influençables au possible, à tel point que la devise "Honneur, gloire et richesse" en devenait un facteur de corruption des plus marquants. Heureusement, ce n'était point une généralité, si bien que certains parvenaient même à se faire accepter au sein du royaume elfique. Il était de source sûre que le peuple sylvestre gardait jalousement ses secrets, surveillant alors avec grand intérêt leurs frontières. Avec hargne même, pourrait-on dire...

"Les diplomates humains se font plus rares dans nos forêts que nous dans leurs plaines, et cela malgré leurs nombres. Au vu du temps que nous mettons pour créer des accords, et prendre des décisions, il devient encore plus compliqué d'agir alors que ceux à qui l'on parle changent au fil des ans... De ce fait, nous préférons pour la plupart du temps être des émissaires plutôt que d'en accueillir, presque à chaque fois de nouveaux."

----------Et de la même manière que les elfes se protégeaient des humains, et de leur nombre inquiétant, ils trouvaient aussi de quoi diminuer le nombre des leurs, rendu presque paranoïaque à l'idée d'un nouvel épisode vampirique... En quelque sorte. C'était du moins l'idée qu'en avait Vanaël, lorsqu'elle étudiait la question d'un œil critique, ou qu'elle rencontrait des elfes exilés depuis des années, voir bien plus. Certains n'étaient pourtant pas tant en désaccord avec les mœurs elfiques, mais il fallait croire que selon les périodes, le conseil se trouvait assez retord sur la question de trahison. La situation s'était calmée, un peu, au fil des siècles, toutefois la sécurité du peuple sylvain demeurait un sujet source de divergences multiples. Mieux valait s'y prendre avec des gants, et de velours de préférence.

"C'est arrivé en effet, certains étant considérés comme néfastes, ou d'autre ayant fait le choix de partir, pour des raisons diverses, et variées. Quelques un sont interdits de retour, mais ce n'est pas le cas de tous non plus. Nous sommes peu, il est donc bien souvent de bon augure qu'un elfe revienne dans sa forêt. Que nous y ayons vu le jour ou non d'ailleurs, elle est et demeure à jamais nôtre. Quant aux enfants issus de ces exilés, cela dépendra d'eux, mais ils partent avec un bagage qui n'est pas à leur avantage, c'est certain."

----------Alors que la rouquine finissait de lui répondre, l'elfe auquel elle avait demandé un arc revint, l'objet de sa convoitise en main. Vanaël le remercia promptement, le laissant ainsi retourner vaquer à ses occupations. Il avait eu la bonté de lui rendre ce service, elle n'allait pas le retenir plus longtemps...

----------Regardant d'une mine réjouie Aramis empoignant l'arc qu'on lui offrait, la diplomate mis quelques instants à se sortir de sa rêverie. Elle était là, à s'apprêter à enseigner son savoir à une jeune elfe. Instructrice d'archerie, de manière officieuse certes, mais c'était bien là les faits. Le titre s'illuminait en lettre de cristal dans l'esprit de l'elfe, occupant intensément son esprit. Elle était le maître, et voilà qu'une élève se tenait devant elle, prête à entendre ses enseignements. Elle allait lui apprendre un art, l'art de toucher sa cible à l'endroit qu'elle désirait. Tête, main, pied, n'importe quelle partie du corps que l'on désirais endommager. Mais, cela ne s'arrêtait pas là. Oh non ! Trancher une corde, émettre un signal, les possibilités étaient multiples, et être capable de toute les exploiter de la meilleure des manière était là un talent apprécié. L'archer qui ne sait que se battre lors de batailles rangées n'est pas le même que le chasseur, les talents exploités ne sont pas les mêmes. Les spécialités explorées et approfondies sont de loin différentes. Et malgré toute ces spécificités, les bases demeuraient les mêmes, lesquelles Vanaël allait-elle enseigner à sa toute première élève.

----------Émergeant alors de cette délectation de l'esprit, Vanaël entendit la question d'Aramis, et y répondit dans l'instant, pas encore consciente de réactions précédente de la blondinette. Elle l'avait entendu, certes, mais n'avait simplement pas encore "reçu" l'information.

"Ces elfes répondent alors à la justice du peuple où ils vivent, celui des humains donc. Peut-être cela dépend-t-il ensuite de la nature de leurs crimes, mais c'est ce qu'il me semble me souvenir."

----------Le reste des remarque d'Aramis refit alors surface, se frayant un passage au travers de la joie que manifestait Vanaël. Elle se retenait presque de montrer dès à présent comment la jeune fille devait tenir son arc, consciente qu'il fallait peut-être d'abord finir leur discussion.

"L'honneur est partagé, tu me permet d'être pour un temps instructrice d'archerie, ce n'est pas rien." Lui annonça-t-elle alors, avec un certain décalage, le visage illuminé d'un délicat sourire.

----------Ne cédant pas plus longtemps à son irrésistible envie de faire partager son savoir-faire, Vanaël passa son arc à l'épaule, et s'approcha de son élève du jour. Ses mains s'agitèrent alors, guidant point par point les gestes d'Aramis. Pour l'instant, seule la posture était à travailler, puisqu'elle était après tout l'amorce de tout. Un pied mal placé, un bras orienté de la mauvaise manière, le moindre détail influait le tir, et ce dernier s'en retrouvait modifié au delà de ce que l'on pouvait imaginer. "Tiens toi bien droite, et regarde en face de toi, les pieds vers cette direction. Tu dois être de profil par rapport à ta cible." La surplombant légèrement, Dame Aerin guidait les gestes de la débutante, veillant à ce qu'elle soit bien positionnée. "Garde ton bras droit, à l'horizontale, ta main doit pouvoir arriver en dessous de ton œil lorsque tu tends la corde de ton arc." Elle continuait ainsi les conseils, faisant de son mieux pour l'aider. L'aidant à tirer sa première flèche, elle l'assista aussi afin de s'occuper de son arc. À savoir le bander, et le débander, mais aussi comment en prendre soin. Quels matériaux utiliser pour entretenir le corps, de même que pour la corde. Elle aborda de même les diversités de flèches existantes, et donc l'importance qui en découlait de savoir quelles flèches choisir pour quelles situations. Autant d'éléments en apparence anodins, mais qui réunis, faisaient toute la différence entre un connaisseur et un amateur.