Ils allaient bientôt partir, il le savait. Il était temps d'aller plus vite que le destin. Comment devait-il se sentir à l'aube d'une telle course ? Il ne savait pas s'il devait se sentir d'une façon ou d'une autre, mais il n'allait en tout cas pas bien du tout. Peut-être était-ce simplement la façon dont les choses devaient aller. Il n'en savait rien. Peut-être avait-il trop prit sur lui, peut-être s'était-il trop échiné dans son entraînement intense et sa vigilance s'était érodée… Irrémédiablement, le trou béant de son âme l'avait happé et laissé effondré et tremblant. Il n'avait tout simplement pas eut la force de se soulever après ça et été resté des heures, en pleine journée, sur le sol de sa tente, tremblant et frustré dans des larmes qu'il ne pouvait relâcher. Défait. Edwyn avait beau lui avoir dit que jamais il ne guérirait jamais et ne pourrait rien faire pour atténuer la douleur, elle le frappait avait tout autant de force et de surprise, vicieuse, le prenant par surprise au pire moment. Comme à ce moment-là. Il avait si mal… Son corps semblait hurler en silence et il cru un moment périr là sans plus de cérémonie. Il aurait voulu mourir, en vérité, tant cela le torturait. Muet, sec, il ne pouvait que se tordre de douleur en suppliant toutes les âmes du camp de l'achever. Il n'était plus qu'un animal apeuré, blessé, déchiré dans sa plus profonde intimité. Non même la mort ne pourrait soulager cette douleur-ci… il avait besoin de Shaynar, besoin de sa présence, de le sentir. Aveugle et sourd à tout son entourage, il tenta de rejoindre de son âme celle de son dragon, de son autre lui. Et se heurta au vide, manquant tomber au fond du gouffre. Pourtant ce qui le sauva ne fut pas ce qu'il attendait. Attendait-il seulement quelque chose ? Non, mais quelque chose l'avait attendu.

Il avait sentit sans vraiment le comprendre, l'esprit se rapprocher du sien, se mêler à lui avec aisance, avec fluidité… il n'avait pas comprit, mais l'avait accueillit, son instinct le reconnaissant, à défaut de sa raison. Il n'entendit pas le bruit des sabots, ni vit la forme de l'équidé, mais il comprit la mesure et ses yeux sombres, aveugles en l'instant, se levèrent vers la forme étrange et luminescente qui s'approchait nonchalamment de lui, semblant ignorante de la sécurité du camp qu'elle forçait avec tant de facilité. Il finit par se relever sous les coups de museau impérieux, et s'accrocha à la crinière pour se hisser péniblement sur le dos de la bête. Il comprit la satisfaction de la bête quand il fut installé sans en avoir aucun signe, et se confia à elle, incapable d'autre chose en l'instant. La suite fut une fièvre dont il ne se souvenait pas bien. Sa monture galopait plus vite que le vent et pourtant, malgré sa faible poigne, il ne tombait pas, maintenu sur son dos par la force de la volonté de l'équidé. Combien de temps dura la course ? Il ne savait plus, n'ayant que vaguement ressentit la chaleur du soleil puis celle-ci déclinant… sans qu'il comprenne davantage, il était arrivé à Gloria. La bête l'en avait informé. Elle semblait savoir où elle allait. Elle avait confiance en elle même, aussi avait il confiance en elle, lui aussi… sa volonté n'était de toute façon plus qu'un esquif dans une mer déchaînée. Il la laissa le conseiller et il descendit finalement de son dos, se sentant terriblement seul et vulnérable sans sa présence. Pourtant elle ne semblait pas vouloir rester, aussi entra-t-il simplement, dans cette maison qu'il connaissait vaguement mais ne reconnaissait plus… En revanche, l'homme qui soudain entra dans son champ de vision, il le connaissait effectivement.

Muet, le regard terne, il l'observa un instant puis approcha simplement, agissant comme une marionnette. Ses doigts effleurèrent ce qu'il savait être une blessure, puis ses yeux trouvèrent le visage couturé qui le surplombait, relevant son minois dévasté vers son ami. « Je…. » Mais les mots restèrent bloqués dans sa gorge, l'émotion trop intense. Il ne comprenait pas ce qu'il faisait là, pourquoi l'avait-on éloigné de son frère ? Que devait-il faire avec Alford? Quel sacrifice allait-on encore lui demander ? Il ne voulait perdre personne… il ne pouvait plus perdre personne, ou il deviendrait définitivement fou…

Les paroles de l'humain mirent un certain temps à parvenir à pénétrer le brouillard de son esprit perclus de douleurs. Il ne répondit pas immédiatement, l'observant et observant la pièce tour à tour avec douleur. Immanquablement, il se mit à absorber le mal être autours de lui, incapable de contrôler ses capacités pour le moment… Mais la cacophonie de la musique devenue chaos était elle-même lointaine dans son esprit. Sur l'heure, il n'était plus qu'un passif sous la coupe de ce qu'il entretenait, incapable de se soustraire à ses impondérables. Une brindille dans la tourmente, voilà ce qu'il était. Pourquoi l'avait-on conduit ici ? Il ne savait pas… il ne comprenait pas. Était-ce là sa fin ou son salut ? Lui offrait-on un bourreau ou un sauveur ? Ses yeux à présent noirs comme l'abysse étaient emplit de questions, emplit de douleurs. D'une douleur tellement pure qu'elle n'avait plus de mots pour s'exprimer. Il ne semblait plus comprendre les mots que produisait Alford, et il l'observait comme un enfant perdu. Un enfant qui demandait en silence pourquoi le monde s'ingéniait à le faire souffrir et le battre à sang…

Son regard finit néanmoins par tomber sur la bouteille et il sembla la considérer en silence, avant de tendre la main vers elle et de l'attraper avec hésitation. Pourtant il ne la porta pas à ses lèvres. Il ne fit que l'observer, la gorge nouée, pendant au moins dix bonnes minutes. Ce ne fut qu'après ce long et douloureux silence qu'il finit par souffler, d'une toute petite voix à la mélodie triste et lancinante, comme le sang s'échappant d'une plaie invisible. « Shaynar… est partis » Ce fut le déclencheur, il raconta tout une fois de plus, exactement comme il l'avait fait avec Lorenz, à coeur ouvert. Mais pas de la même manière. Cette fois, c'était dicté par le désespoir qu'il produisait sa confession. Avec Lorenz, il avait eut de l'espoir, aujourd'hui il n'en avait absolument aucune… il était au bout de ses forces, au bout de ce qu'il pouvait supporter. Cette confession était peut-être l'ultime salut qu'il pouvait peut-être obtenir. Il laissa tout couler dans un désordre absolue, Shaynar, la bataille de l'Aube rouge, les blessés qu'il avait soigné, Edwyn, sa mort, Néant… il y avait tellement, il y avait trop à dire, trop à souffrir…

Il avait l'impression qu'il s'agissait d'un océan sans fin. Ne pouvait-il trouver un simple rocher sur lequel il pourrait s'accrocher pour ne pas se noyer ? La souffrance de l'absence de son lié était un monstre qui l'entraînait sous l'eau pour l’étouffer. Il ne su pas très bien à quel moment sa voix s'étrangla et qu'il refréna un sanglot mais ce qui était certain, c'était qu'il profita de ne pas être capable de parler pour vider la bouteille de vin à longues gorgées goulue. La brûlure de l'alcool lui envahit la gorge. Il n'était pas du tout habitué à boire… La brûlure vint se rependre en un flash dans son crâne et il reposa la bouteille en hoquetant légèrement et en haletant. Il secoua un peu la tête et passa le dos de sa main sur ses lèvres pour les assécher, plus par réflexe que par besoin. L'odeur capiteuse du vin chauffé se rependit autours d'eux. « P-pardon... » Il baissa le nez, penaud un instant d'avoir réagit ainsi. Il avait simplement suivit son conseil mais sans doute l'humain n'avait-il pas pensé qu'il viderait la bouteille.

Relevant finalement son visage, il examina de nouveau la bouteille. « Je… je ne sais pas ce que je fais là » Un léger rire amer lui échappa, il était si fatigué qu'il avait faillit dire : à dire vrai. Comme s'il pouvait dire autre chose que la vérité. C'était terrible en cet instant de se sentir tellement lié et prisonnier. De son serment, de son corps, de son esprit, de sa souffrance… Clignant des yeux, se sentant légèrement inconfortable, il reprit, offrant simplement. « Je peux t'en racheter une si tu veux... » Il ne voyait guère pourquoi il dirait encore vous après ce qu'il venait de lui infliger.

Rien ? Pour Alford sans doute, mais pour lui s'était une autre histoire ! Dans son état, un rien l'étouffait et le déprimait juste ce qu'il fallait pour qu'on puisse affirmer qu'il avait atteint le fond et creusait encore autant que possible. Il se dégoûtait littéralement, se trouvait minable, mais au-delà de ça, il n'y avait plus que le désespoir absolue de toute action allant mal et ne faisant qu'aggraver un état mental qui venait de passer d'instable à carrément irrattrapable. Peut-être vaudrait-il mieux qu'il s'allonge de nouveau dans un coin et y périsse tout simplement… ainsi prendrait fin sa triste existence. Il lui dédia un regard terne. Ah ? Lui non plus ? Et bien désolé il n'était pas capable de lui dire pourquoi, il faudrait se passer de lui pour cette fois. Hors de question qu'il tente même de jouer les âmes charitables, il n'était pas en état de le faire. Son esprit était bien trop fragile. Silencieux, il le laissa parler. Il avait de toute façon l'air beaucoup plus capable que lui pour cet exercice étant donné que la seule chose sortait de sa propre bouche était des lamentations… On lui jetterait certainement la pierre mais qu'importe… Là, il en avait sa claque.

Alford voulait l'aider ? Il était presque aussi altruiste, et naïf, que lui. Il doutait profondément qu'il puisse l'aider en quoi que ce soit. Il ne pouvait pas combler le trou dans son âme ni lui ôter ses souffrances. Il n'en avait pas la possibilité, le pouvoir. Mais il n'en blâmait pas son ami. Ce n'était pas la faute du bourreau c'était la sienne propre. Il était allé tellement loin qu'il en payait désormais le prix. Ces cicatrices ne se résorberaient jamais. Il aurait tant voulu, d'une certaine façon… mais non. Néanmoins il avait raison, engourdir son esprit et ses sens lui serait sans doute inestimable en l'état des choses. Il était prêt à tout pour souffrir un peu moins, même temporairement. Alors boire avec lui ? Ça lui allait très bien, même s'il n'était pas certain de parvenir à rire. Il coula contre la main posée sur son épaule, à peine assez fort pour ne pas perdre son équilibre, et soupira finalement ? « N'ai-je pas assez parler ? Et à moins que tu ne veuille me confier tes propres soucis... » Dracos que ces mots étaient durs « autant y aller » Il se releva tant bien que mal et suivit Alford hors de la maison. Il connaissait Gloria, mais dans un moment pareil, il préférait se laisser guider.

Le chemin lui parut aussi flou que sa chevauchée. Peu inquiété des regards qu'il pouvait attirer, il avait laissé sa capuche baissée, la lueur mourante qu'il dégageait jetant sur la scène proche de lui donnant un air surréaliste à la scène. Quand ils entrèrent dans la taverne, il ne regarda ni à droite ni à gauche, ignorant superbement les alentours. Il se fichait du lieu en lui-même ou de ses occupants, tout ce qu'il voulait c'était qu'il lui donne ce soulagement promis et espéré. Ce fut donc ainsi qu'il se laissa installé, restant muet et la tête lourde, quoi qu'un peu moins qu'auparavant, sans doute à cause du vin. Il tendit une bourse à Alford sans mot dire, ne souhaitant pas qu'il se ruine seul alors qu'ils étaient deux à boire. La suite fut singulière, ils enchaînèrent les pintes et sa tête fut rapidement très légère. Il ne tenait pas forcément bien la boisson, voir pas du tout au vu de sa fatigue et du peu qu'il avait mangé lors de son dernier repas. Autant de facteurs qui le rendirent complètement ivre rapidement.

Fort heureusement, du moins cela aurait été heureux s'il avait été capable d'en prendre note, il avait l'alcool relativement guilleret. La force de la boisson avait atténué la douleur de son âme même si elle lui volait sa perception habituelle… L'hydromel avait un aspect sombre et été légèrement sirupeux sur la langue. C'était fort, chaud, mais ça faisait beaucoup de bien. Surtout lorsqu'il le sirotait. Quelque chose explosait dans sa nuque pour remonter et envahir son crâne, et il se demandait s'il ne pourrait pas faire ça indéfiniment, tant c'était satisfaisant. Chaque gorgée le rendait plus gauche, mais il s'en fichait et puis Alford faisait un parfait support quand il manquait de tomber sur le côté…

Sans doute que, s'il avait été dans son état normal, il se serait alarmé, mais assommé comme il était par l'alcool, tout lui paraissait d'une logique parfaite et tout était fort compréhensible à son cerveau, quand bien même le reste du monde n'y verrait qu'un horrible amas incohérent. Aussi quand Alford se mit en tête de se confier, il cligna des yeux et l'écouta avec grande attention, quand bien même il vacillait légèrement, hochant solennellement la tête parfois pour ponctuer son monologue. Il était bien d'accord, l'alcool, ça faisait du bien. Beaucoup de bien même quand il y pensait. « M-moi aussi ! Ça fait.. fichtrement du bien m-même ! » Il eut un léger hoquet et gloussa un peu. Il tangua de nouveau et l'écouta qui poursuivait, des grands yeux brillants posés sur lui. Ou bien étaient-ils vitreux ? Enfin lui ne se voyant pas et s'en guignant comme de son premier soin, n'avait strictement aucune notion de ce genre de détails. Un lourd soupire de crocodile lui échappa pourtant… ah oui si la vie pouvait être simple ! Enfin là elle l'était il y avait juste à boire et écouter, oh et puis éventuellement parler aussi.

« M-mais oui ! Faut se réjouir ! Après… A-Après tout elle est bonne cette… euh… cette... » Bonne question tient il ne se souvenait absolument pas du nom qu'était sensé porter ce qui se trouvait dans son verre. Il loucha dessus un moment, perplexe et tentant la réflexion, mais comprit bien vite que dans son état ça ne servait pas à grand-chose. Et puis ça pouvait bien porter n'importe quel nom tant que c'était buvable et que ça rendait service. Ce qu'elle faisait fort bien après tout. Donc ça n'avait pas d'importance. Il vida de nouveau sa pinte et regarda la bouteille entre les mains d'Alford en fronçant les sourcils. C'était vert… ça ressemblait à un truc qu'adorait son père du temps où il avait encore un père. « Envoi ! » fit-il, curieux.. Ben au moins c'était joli ! Est-ce que c'était bon au moins ce truc ? Ouf, ça sentait ! Il fronça le nez un instant devant son verre avant d'en prendre une lampée. L'agressivité de l'alcool le fit crachoter et hoqueter et il se demanda s'il avait encore une langue et une gorge.

La puissance du breuvage lui fit monter les larmes aux yeux qui les lui piquèrent désagréablement. Et il lui fallut un moment pour comprendre la lueur qui se diffusait autours d'eux, à moitié verdâtre. Quand il comprit, il se plia en deux de rire et manqua s'assommer sur la table, hoquetant entre deux spasmes, trouvant désopilant. « Eh ! Eh ! Alford ! R-regarde moi ! » Il avala le reste de son verre, manquant suffoquer tellement c'était fort et éclata de nouveau de rire en se voyant luire encore plus. Il éclairait comme une petite étoile. Bon une étoile qui avait certainement trop bu et qui était peinte en vert mais tant pis c'était trois fois trop drôle pour s'en faire ! Autre chose ? « Beeeeen regarde j'ai réussi à être autre chose ! » fit-il tout joyeux. Nez dans sa manche, il gloussa encore un peu avant de préférer au truc vert sans nom mais trop fort qui faisait briller une bonne lampée d'hydromel. Ça ça ne l'agressait pas au moins !

« Grmmmm ? » De la musique ? Ah oui, de la musique. « Ah euuuummmoui » Il se leva aussi, manqua se prendre les pieds dans la table et en fit finalement le tour en vacillant et s'accrocha à l'humain. Le monde n'avait-il pas finit de tanguer sous lui enfin ? « Alf ! Le sol veut pas rester droit…. » se lamenta-t-il en manquant à nouveau s'effondrer par terre. Pourtant, il ne manqua pas d'essayer de danser avec lui effectivement, jetant des lueurs démentes autours d'eux et peut-être même à l'extérieur, mais totalement ignorant de ce fait là, il continua de s'amuser. Après un moment, essoufflé et manquant de tomber à nouveau, il trébucha et s'accrocha de tout son petit poids à l'humain. « Oh ! Oups… d-désolé… » Mais de désolé pour désolé, il était tout de même content que l'humain soit là pour le rattraper. « Oh m-mais tu s-sais… t-tu es plutôt confortable… e-enfin je veux dire… je pourrais m'endormir là je crois… mais ça serait dommage non ? On a encore… pleeeeeeein de bouteilles ! et de musique !  »

Oh ! Une danse sur un bateau, mais quelle fameuse idée que celle-ci ! Il adorait ! Il n'avait jamais fichu le pied sur un bateau mais ce n'était pas grave sur le moment, après-tout il venait de résoudre cet impardonnable manquement non ? Tout joyeux donc, il se mit à danser avec son joyeux camarade, avec l'enthousiasme forcené de ceux qui ont beaucoup trop bu et qui se découvre des réserves d'énergie encore inconnues. La danse lui donnait le tournis, ou alors c'était le bateau qui tanguait décidément beaucoup ? Quel vilain bateau alors, il ne voulait pas se tenir tranquille pour qu'ils dansent tout leur saoul ! Tiens, bizarre ça, ce n'était pas comme ça qu'on appelait les gens qui buvaient trop ? Saoul ? On pouvait se saouler avec un danse alors ? Ça c'était de la révélation ! Mais enfin, il n'était pas du tout expert en boisson et saoulerie alors il ne pouvait que croire sur parole… enfin personne n'avait parlé, mais c'était la même chose, ça revenait au même. BREF il se comprenait tout allait très bien c'était tout ce qui comptait à ce sujet-là. Et oh ! Une chanson ? Il adorait les chansons ! Alors il se mit à chanter, arrivant encore, par l'opération du sacré Dracos, à chanter droit – pouvait-on même chanter gauche en fait ? La chanson ça avait une direction ? - la force de l'habitude sans doute. Le résultat devait être atroce pour les individus encore sobres, mais pour lui il était très amusant…

La fin de la chanson le fit rire aux éclats et roucouler comme lui seul savait le faire, un petit son qui roulait dans sa bouche sans qu'il ne le fasse exprès. Gloussant encore, il tourna son regard certainement brillant d'alcool vers Alford qui l'observait et lui fit un sourire tout innocent, ne sachant pas bien ce qui lui valait d'être ainsi détaillé. Le voyant approcher la main, il eut juste assez de conscience pour ne pas le brûler et le regarda faire sans trop comprendre, jouant lui-même avec une mèche qu'il tortura par habitude en attendant d'avoir une illumination…. Ou un autre verre. Le compliment le fit immanquablement rougir et glousser derrière une main alors qu'il essayait d'aligner deux mots pour contredire l'affirmation de l'humain. Meuuuh non ils n'étaient pas beaux ses cheveux, c'était simplement… et bien… des cheveux ? Il se cacha derrière une manche, le regardant entre une mèche et un bout de tissu avec un petit sourire. Cependant, sa gêne avinée se mua en surprise lorsque l'humain l'entoura de ses bras. L'étreinte le fit cligner des yeux et il allait tenter de passer ses petits bras autours de l'énorme silhouette d'Alford quand ce dernier décida carrément de le soulever. Se voir quitter terre le fit d'abord triller joyeusement un « ouiiiiiii, je voooooole » Tout content.

Il parvint enfin à lui attraper le cou de ses bras et le serra doucement, en frottant sa joue contre la sienne. La confession le fit sourire et il le serra un peu plus, sans bouger – même si de toute façon il ne pouvait pas vraiment bouger, même s'il l'avait voulu. Il ne savait pas très bien combien de temps ils passaient là, et il se mit à lui caresser distraitement les cheveux sans cesser de le câliner. C'est qu'on était bien comme ça en fait ! Même très bien quand il y pensait… Mais quelque chose le dérangeait un peu, alors qu'il cuvait tranquillement. Il finit par gigoter légèrement « Hmmm Alfy ? Dit on prend de quoi boire un coup et on rentre ? » Bizarrement il avait plus envie de se trouver juste avec Alf même si la chorale serait certainement moins complète ainsi. Il se pencha juste assez pour lui faire un grand et beau sourire « E-et puis si tu veux on pourra… câliner à la maison ? » Il battit des cils. Ben quoi ? C'était agréable de serrer quelqu'un dans ses bras non ? Ça ne le dérangeait pas bien au contraire, mais franchement, les autres bougres ne lui disait plus rien. Il préférait garder Alfy rien que pour lui. Battant légèrement des pieds, il attendit que le mercenaire le repose sur le sol pour qu'ils puissent y aller…

Ils rentraient donc, avec de quoi boire, alors il était content. On était pas si bien installé que ça à la taverne, avec ce méchant bateau qui tanguait sous vos pieds. Il préférait rentrer, mais surtout, il voulait un coin de bateau qui ne tanguerait pas ou pas autant. Ça rendait malade à force ! Pas très assuré sur ses jambes, il laissa à Alford le soin de les ramener, même si celui-ci non plus ne semblait pas certain de la destination. Peu importait au final, ça avait l'air de tanguer un peu moins. C'était toujours ça de gagné ! En le voyant s'engouffrer dans une ruelle, il cligna des yeux et papillonna un instant avant de suivre. Surpris par la soudaine exclamation de l'humain, il sursauta et l'observa avec de grands yeux, l'air de se demander ce qui se passait. Se faire câliner ne le dérangeait pas, d'ailleurs il s'apprêtait à le serrer dans ses bras aussi quand l'autre le surpris une nouvelle fois. Resté comme deux ronds de flan, il le regarda avec des yeux plus grands encore après le baisé, ne sachant pas trop où son cerveau s'était arrêté dans le fil des événements récents. Pas que c'était dérangeant hein, de se faire embrasser mais là son esprit aviné n'arrivait tout simplement plus à suivre le rythme. « Ta barbe pique…. » Le commentaire sortit tout seul, comme s'il était la seule chose cohérente à laquelle il avait réfléchit récemment. Mais enfin c'était vrai que ça piquait !

Retombant sur ses deux pieds un fois relâché, il manqua tomber sur les fesses, les jambes peu assurées à cause de la quantité d'alcool qu'il avait ingérée. Une bonne chose sans doute que Alford l'attrape de nouveau. Il ne comprit pas bien tout ce que l'humain racontait, à vrai dire. Dans une situation normale, sans alcool dans le sang, il se serait probablement mit à rougir et se serait fusionné avec le mur pour se cacher, mais là il le regardait surtout en se demandant d'où lui venait son inspiration. Si ça n'avait pas été sa première cuite, sans doute aurait-il immédiatement dessaoulé devant la déclaration sortie de nulle part. A la place, il le regarda un long moment sans trop savoir s'il devait dire ou faire quelque chose… est-ce qu'il devait ? Euh, il y avait une réponse à donner en fait ? Bonne question… mais de toute façon son cerveau avait tellement prit le large que la seule chose qu'il se trouva à faire c'est de venir le serrer fort aux épaules. Même à genoux, l'humain était bien plus grand que lui. Fatalement, même à genoux, il restait bien assez grand pour qu'il se perche à son cou en gloussant. Et puis au final, il l'embrassa. C'était sans doute beaucoup mieux que de parler en fait. Lorsqu'il recula, il fronça le nez, enfantin, et grougna à nouveau « Mais elle pique vraiment ! »

Il se frotta la joue, puis se rappela vaguement qu'ils étaient dans une ruelle et que ce n'était pas l'endroit idéal au final pour quoi que ce soit même si ça tanguait pas. Et puis Alford allait se salir, à s'agenouiller là ! Alors il prit sa main de la sienne et essaya de le conduire à domicile avec un peu plus de détermination… Ils finirent effectivement par arriver à bon port, mais la balade l'avait épuisé. Après avoir plus ou moins fermé – barricadé – la porte d'entrée et s'être affalé un peu n'importe où, il se nicha contre l'humain, attrapa une bouteille qu'ils avaient ramener, et en prit une gorgée avant de se mettre à roucouler à nouveau, un bras passé autours d'une large épaule. « Hey, Alf…. » Il fronça les sourcils, soudain incapable de se souvenir de ce qu'il voulait dire. Qu'est-ce qu'il voulait dire ? Ça avait vaguement un rapport avec sa déclaration ? Ah oui… voilà…. ! « I-il est oùùùù t-ton lit dit ? P-plus confortable, n-non ? » Sa propre voix le fit de nouveau doucement glousser et il tenta de faire les yeux doux à l'humain sans trop savoir si c'était même possible dans son état de parvenir à le faire.

Ah il était par là ? Par… par où exactement, en fait ? Là, c'était quand même très vague, et avec l'alcool qu'il avait ingéré il n'était pas certain que son sens de l'orientation le guide vers le bon lieu. Mais peut-être pouvait-il le conduire ! Non ? Il ne voulait pas lui servir de guide ? Parce qu'il saurait certainement mieux où 'là' se trouvait exactement. En même temps faire mieux que rien ce n'était pas très dur. Apparemment Alford aussi avait eut la même idée puisqu'il décida à prendre les choses en main. Enfin de choses, c'était lui qu'il prenait, dans ses bras. Bien content, il afficha un sourire rayonnant et se laissa porter sans rechigner. Oooooh que le monde était hauuuuut ! Il ne l'avait jamais vu d'aussi haut avant ! Enfin… si peut-être…. Bon ça n'avait aucune importance pour le moment en fait. Il était é-pui-sé et il avait simplement envie de se poser sur quelque chose de confortable. Enfin les bras d'Alford aussi étaient confortables !

Il se laissa cependant déposer avec un soupire satisfait et allait se mettre à l'aise lorsqu'il le reprit dans ses bras. Le roulis le fit couiner un instant de protestation. Hey ! Son crâne n'appréciait pas de tanguer comme un bateau lui ! Mais ce fut tout. Une fois qu'Alford eut finit de jouer au petit bateau sur l'eau, il put rester bien tranquille en l'observant de son regard rendu vitreux par l'alcool. Confortable, il se laissa bercé en peignant les cheveux du bourreau de ses doigts et faillit bien s'endormir sur place pour cuver son alcool. Malheureusement l'humain ne semblait pas de cet avis et le fit sursauter en reprenant la parole. Il réouvrit les yeux en grand et l'observa, ayant du mal à comprendre ce dont il parlait. Puis, lentement, le concept fit son chemin dans son esprit, passa par la case traduction et enfin il comprit et se transforma en lampion, s'illuminant d'une lueur orangée.

« Ahn, nooooon, non, non... » Il se dissimula derrière une manche et des mèches de cheveux « Non j-je vais pas me marier » Sa voix était ondoyante et chaleureuse, et surtout très gênée. Il avait beau être ivre, là ça avait le don de doucher un peu. « C-c'est pas pour moi le mariage » Il secoua un instant la tête avant de lui faire des yeux doux mais désolé « Tu m'en veux pas trop Aaaaalford ? J-je ne peux pas mais ce n'est pas s-si grave… si ? » Il papillonna des yeux, ne voyant pas pourquoi ce serait important de toute façon de se marier ou non. C'était surfait le mariage et puis euh… et puis euh… il ne savait plus, c'est qu'il avait la tête ailleurs avec tout ça ! Pour prouver à Alf que ce n'était pas grave, il lui enlaça le cou et vint tout de même le serrer contre lui en l'embrassant légèrement.

Magnifique ! Ils étaient du même avis ! Le mariage ce n'était vraiment pas une bonne idée. C'était triste non ? Triiiiiste. Et puis il fallait encore faire des promesses et les tenir. Il en avait assez de faire des promesses, il était fatigué de devoir faire des promesses. D'ailleurs il n'avait pas du tout envie de penser à tout ça pour le moment. Il serait bien temps d'y repenser le lendemain, pour l'instant il était joyeusement ivre et pas du tout capable de philosopher ou de se sentir mal ou triste alors c'était parfait ! Mais oui il avait raison ! Ce n'était pas grave du tout !
Pourquoi s'embêter alors qu'ils étaient si bien, là ? Certain qu'il ne résisterait pas à son coup d'oeil doux, le voir céder lui tira un grand sourire ravis et rayonnant. Voilà qui était très bien ! Il se laissa couler dans l'étreinte de son humain du moment, et ronronna un peu, sans vraiment s'en rendre compte. Il grougna aussi contre sa barbe lorsqu'il rompit leur baisé. Mais pourquoi cette vilaine barbe n'arrêtait-elle pas de piquer ? Décidément, elle voulait l'ennuyer, hein ? Et bien non monsieur il ne se laisserait pas ennuyer.

Sans en avoir l'air, il fit résonner quelques notes au milieu d'un petit son de bien être et hop, la barbe ne piqua plus. Satisfait, il l'écouta en détaillant son œuvre, très fier de l'idée. Ainsi il avait la barbe la plus douce et soyeuse au monde ! S'amuser ? Ben non il n'était pas contre, n'était-ce pas ce qu'ils avaient commencés à faire ? « O-on peut… oui » Il gloussa légèrement à l'idée. La question suivante lui tira un sourire un peu malicieux, du moins autant que possible dans son état « Tu as déjà étreint un homme… ? » La réponse étant probablement non, il décida de prendre les opérations en main et se redressa en s'appuyant sur l'humain. Il plongea son regard dans le sien, puis se pencha pour caresser ses lèvres des siennes…

*** 19 Août ***

Il ne se réveilla que lorsque le soleil vint lui frapper les yeux, le faisant grogner et ronchonner. Les cheveux en bataille formant une crinière ou un nid d'oiseau, lui couvrant à moitié le visage, il se lova un peu plus en boule et soupira lourdement. Son corps était perclus de douleurs musculaires, il se sentait rouillé et sa tête… dracos, il n'avait jamais eut aussi mal à la tête qu'en cet instant, il avait l'impression que son crâne servait de piste de danse à un dragon ivre. Sa bouche était pâteuse et sa gorge le brûlait, et il avait vaguement l'impression d'avoir la nausée. Grimaçant, il resta inerte quelques secondes, tentant de remettre ses souvenirs dans le bon ordre mais incapable de vraiment savoir ce qu'il s'était passé. Ils étaient allés à la taverne et… et il ne savait plus….

En sentant un vague mouvement près de lui, il ouvrit finalement les yeux, agressé par la luminosité et se tourna vers la source dudit mouvement. Ses yeux n'étaient que très légèrement ouverts et plissés, sous la douleur de la lumière. Mais quand il vit Alford, il les ouvrit en grand et resta un moment hébété, sans arriver à comprendre ce qui se passait. Terriblement gêné de se retrouver dans un lit étranger et avec quelqu'un sensé être son ami, il pensa un moment s’éclipser simplement et ne surtout pas essayer de comprendre. Hélas, ce n'était pas du tout son genre, aussi il prit sur lui, se mordillant la lèvre d'inconfort et d'inquiétude et calma sa chaleur pour venir secouer très doucement l'épaule de l'humain en l'appelant pour qu'il se réveille.

HRP : Voilà n'hésite pas à me dire si ça ne te va pas ^^ J'ai arrêté peut-être tôt pour l'ellipse mais avec les nouveaux CGU de Forumactif je ne prend aucun risque, j'ai pas envie qu'on ait des problèmes ^^'

En le voyant enfin ouvrir les yeux, il se sentit encore plus mal. Comment pouvait-on seulement se sentir si mal ? Il avait la tête qui semblait sur le point d'exploser, il avait le corps cassé en deux, la nausée et il se sentait affreusement gêné et même sale. Alors quand l'autre le regarda enfin, il cru qu'il allait simplement essayer de se fondre dans le mur pour ne plus avoir à penser à l'énorme bêtise qu'il venait de faire. Pourquoi avait-il bu comme ça ? Enfin, il ne se souvenait plus exactement combien il avait bu, mais son état corporel suffisait à lui apprendre qu'il avait largement dépassé les bornes et qu'il s'en repentait de tout son être. Plus jamais il ne toucherait à une goutte de cet affreux breuvage. En fait il ne toucherait plus jamais à quoi que ce soit qui soit fait avec de l'alcool : bière, vin, absinthe et on en passait, terminé ! Pas même une goutte ! Si c'était pour finir dans un tel état, c'était hors de question. Dracos tout puissant qu'est-ce qu'il se sentait mal… Dans l'immédiat, ce qu'il supposait avoir fait avec l'humain n'était que le cadet de sa montagne de problèmes. Boire comme un trou ça n'avait rien de sain, et encore moins quand on était pas habitué à le faire. Il aurait voulu ôter son corps pour le déposer quelque part où une âme charitable viendrait le laver de fonds en combles. Mais il ne pouvait pas malheureusement, il était coincé avec les conséquences de son acte et redoutait déjà la suite.

Dans cet état de désespoir, il se demanda avec révolte la raison de sa venue en ces lieux. Pourquoi est-ce que la créature l'avait emporté vers ce lieu si elle savait qu'il finirait dans un état pareil ? Elle le savait forcément ! Tout ça avait été fait à dessein ! Se mordant la lèvre, il ferma un instant les yeux et ramena les couvertures et ses cheveux autours de son corps pour le couvrir et se rouler en boule, la tête rentrée entre les épaules. Le commentaire de l'humain lui tira un regard fatigué entre deux mèches. Bien détendus ? Oui sans doute sur le coup effectivement, il n'aurait pas vraiment su le dire étant donné qu'il n'avait pas le moindre souvenir de la plus petite chose. Néanmoins il se garderait bien d'être satisfait de tout cela. Mais il ne pouvait interdire à Alford de trouver son plaisir où il le voulait. Après tout, la faute ne revenait qu'à lui-même s'il s'était laissé convaincre de boire autant. Il n'allait pas lui jeter la pierre à lui. Non, s'il en voulait à quelqu'un s'était à lui-même et uniquement à lui-même… Il était assez grand pour refuser quelque chose s'il ne voulait pas le faire, et il n'avait rien refusé, même s'il regrettait à présent de se sentir si atrocement mal. Oui, au moins il y en avait un qui le vivait bien.

Il lui était grès de ne rien mentionner de leur petite… accolade 'amicale'. N'ayant absolument aucun souvenir mais déjà terriblement gêné, il préférait n'avoir aucun détail de ce qu'ils avaient pu faire. Et sa proposition était tentante et délicate il fallait bien l'admettre. Non définitivement, il ne pouvait pas lui en vouloir et encore moins lui infliger son mal être. Avec difficulté, il décida de supporter l'élancement de son crâne pour répondre enfin quelque chose d'intelligible et de cohérent. « J'apprécierais… mais tu n'as rien à te faire pardonner » Avec beaucoup de précautions, et souffrant le martyr en silence, il se glissa hors du lit en se dissimulant de son mieux, et attrapa sa tunique de corps pour la passer sur ses épaules et cacher ainsi le plus embarrassant. Il ne la ferma pas, mais laissa ses cheveux cacher son torse tandis qu'il se tournait vers Alford avec des jambes tremblantes. Il l'observa un instant, puis parla de nouveau, toujours en essayant d'ignorer le battement de ses tempes. Ou plutôt leur martèlement. « Je… Je vais d'abord me laver. Et faire chauffer de l'eau pour une décoction de plantes. Ça… ça nous aidera tous les deux » Oui, ça soulagerait un peu la gueule de bois et ses courbatures. Lentement, raide, il se détourna pour quitter la pièce.

La salle d'hygiène se trouvait plus loin, et il fit venir l'eau à lui par magie, grimaçant sous le coup de dague que cela provoqua à son crâne. Retirant de nouveau sa tunique il sa glissa dans le bac et y marina un long moment avant d'oser ressortir. Ses affaires étaient restées dans la chambre, en dehors de sa tunique, aussi farfouilla-t-il discrètement dans un vieux placard dissimulé et en sortit des habits à son ancien camarade chanteur, qu'il enfila. Vêtu comme un humain, et simplement, il alla dans la salle à cuisiner pour faire chauffer l'eau et préparer leur décoction, qu'il fit très forte. Ce ne serait certainement pas un luxe. Lorsque ce fut fait, il prit les tasses bouillantes et les amena dans la chambre, en essayant de ne pas trop rougir. Les déposant sur un meuble puis observa l'humain en coin. « Laisse refroidir, avant de boire. Mais ça te fera du bien je pense » Il bu la sienne, restant debout et n'osant pas trop s'approcher du lit…