Gloria. Divine cité de son existence. Y remettre les pieds n'était qu'effroyable torture et bienheureuse retrouvaille. Aldaron se serait damné pour pouvoir un jour revenir en ce lieu où il avait passé 450 années parmi les hommes. Il avait du s'avancer vers eux, se faire accepter, trouver sa place. Il avait été de gardien de leurs générations à venir et devenu un ami de famille de très longue date. Les liens qu'il avait avec eux, jamais la moindre hérésie de Néant pourrait les défaire. Ainsi en fut-il avec son ami Crissolorio.

Il connaissait chaque pavé de cette ville, se faufilait de ruelle en ruelle comme un habitué. Aucun des hommes, même ceux qui ont passé toute leur vie à Gloria, ne connaissait la Magnifique aussi bien qu'Aldaron. L'elfe avait quitté Trissi et Kedrildan après leur voyage depuis le lac noir. Il avait adoré voler dans les cieux, Gloria lui avait semblé bien insignifiante de là-haut. A visage caché sous une large capuche, il tâchait de passer inaperçu. Il évité également de parler. Le son de sa voix était aussi connu dans cette ville que son visage. Il n'avait malheureusement pas que des amis et son titre de Dirigeant du Marché Noir le classait parmi les ennemis de l'empire de Fabius Kohan.

Il se demandait comment il allait bien pouvoir combattre une perle sans se faire repérer. Il lui fallait trouver un abri et vite. Le quartier pauvre ne payait pas de mine. Il aurait pu se cacher chez l'un de ses anciens amis... Dans un même temps, le risque était élevé et les garde de Gloria devaient y faire une ronde assidue. Le quartier marchand était bondé quant à lui en pleine journée, pas question de s'y aventurer trop longtemps, il risquait de se faire bousculer et de perdre sa capuche qui le dissimulait à la vue de tous. La quartier riche était plus calme. Les villas s'y faisait comme autrefois compétition et les jardins lui permettait de se dissimuler avec aisance. Le temple de Néant logeait une infâme créature en son sein. Le bruit courrait que des alayiens non combattants y étaient pris au piège avec quelques récents convertis et quelques curieux. La perle tâchait de gagner en puissance pour attirer des hommes à elle et aspirer leur énergie.

Cela lui faisait froid dans le dos et pas qu'à lui. Les habitants de Gloria n'était véritablement pas rassuré par ces présences du Néant. Il allait falloir les détruire... Mais eu égard de la difficulté qu'il avait eu pour détruire, avec quatre autres personnes dont une dragonne, la perle du lac, il doutait être suffisamment puissant pour s'attaquer à celle-ci seul. Il allait falloir trouver quelques âmes vaillantes... Cela ne courrait malheureusement pas les rues. Il allait falloir qui trouve une ide et la plus urgente était d'avoir une couverture pour la nuit. Il avait envoyé une enfant qu'il connaissait bien à son ami Crissolorio. Il s'était alors posé dans ce jardin, près d'une fontaine. Les arbes lui offrait une couverture au soleil d'été. Nonobstant le brouhaha lointain de la cité, il se serait cru de retour au royaume elfique. Assis en tailleur, il tenait néanmoins son arc dans sa main droite : il ne serait jamais trop prudent. Les hommes de Fabius étaient en cette ville. Il fermait les yeux, tête baissée sous sa capuche. Il n'avait que peu dormi pendant le voyage. Il était épuisé.

« Je suis à Gloria. J'agis non pas au nom de Korentin Kohan, mais de mon propre chef. J’œuvre pour Armanda et j'ai besoin de ton aide. Puisses tu me l'apporter, mon élève. Je me trouve dans les jardins Claireplaine. »

Pas de destinataire, pas d'expéditeur. Seule la mention « mon élève » et « Korentin Kohan » sauraient donner à Crissolorio toutes les indications nécessaires sur son identité. La première fois que Crissolorio avait mis les pieds dans ce jardin. Ce fut Aldaron qui prit le rôle de guide. Bien des décennies plus tard, rien avait changé. L'elfe était assis en tailleur, sa main libre caressait l'herbe verte. Il cachait son visage sous sa capuche. Il avait beau fermer les yeux, ses sens étaient en éveil. Il l'attendait.

Il y avait une toute autre chose dont il avait pris connaissance maintenant qu'il se trouvait à Gloria : la prophétie. Une prophétie qui le terrorisait. Il en avait pris note et l'apprenait mentalement, comme pour en faire émerger la solution aux arcanes qui la composaient.

Si l'on pouvait dire quelque chose c'est que cette histoire de perle faisait tout sauf s'arranger, Aldaria avait était débarrassée de sa perle, et Lyssa aussi, quoique sachant que la dernière cité y était passé à cause d'un satané tsunami l'on était légalement en droit de se poser des questions, au moins Aldaria avait pu être épargnée, d'après ce qu'il savait aussi la destruction qui avait engloutie la forêt elfique se répandait dans l'Ouest de l'empire, elle n'avait pas encore atteint Aldaria heureusement, Crissolorio espérait sincèrement que ce ne soit pas le cas, il n'avait aucune envie que sa cité natale soit détruite de cette façon, d'ailleurs en parlant de destruction...

Les perles de Gloria étaient toujours en très bonne état malheureusement, et il y avait de quoi s'inquiéter, les volontaires ne se bousculaient pas au portillon pour aller les détruire, pour l'instant l'on peinait déjà assez à les contenir, et Crissolorio se disait qu'il faudrait sans doute trouver vite une solution à cette histoire de perle, sinon cela empirerait, déjà qu'il n'avait aucune envie de voir Aldaria disparaître, il avait encore moins envie que cela soit le cas pour tout l'empire, empire dont il était habitant, et puis après l'empire la prochaine cible serait tout le continent... Tout ces habitants qui risquaient de voir leurs essences même dévorés par le Néant, ça en était effrayant...

Enfin en attendant il fallait encore faire marcher cet empire si possible, et aussi continuer à vivre, il avait passé la journée d'hier à travailler, aujourd'hui il était arrivé à se ménager de peu une journée de congé... Il était à son manoir, et c'est d'ailleurs dans son bureau que l'un de ses gardes vînt le prévenir en lui disant qu'un enfant voulait le voir, Crissolorio qui se demandait ce que cela impliquait accepta, mais prudemment. Après que le jeune enfant lui ai dit ce qu'il avait à lui dire, Crissolorio consentit à lui donner une pièce puis il se prépara à sortir de son manoir aussitôt...

Mieux valait ne pas trop se faire voir pensa t-il pour le coup, il se vêtit donc de sa tenue Diaphanum, et de son manteau de brume, et sortit de chez-lui, dans son jardin il tourna sur lui-même, et prononça la formule pour devenir invisible. Puis il alla dans la rue, et se dirigea vers le jardin de Claireplaine. S'il en croyait ce qu'avait dit l'enfant, et qu'il se fiait à son intuition une vieille connaissance l'attendait dans ce jardin. C'est donc assez serein qu'il se rendit au jardin.

Il arriva au final dans les jardins pour voir immédiatement la silhouette de ce qui semblait être son maître non loin, Crissolorio en faisant un simple tour sur lui même annula la magie de sa tunique pour mettre fin à son invisibilité, et rabattit la capuche de son manteau de brume sur lui. On n'était jamais trop prudent après tout, il s'approcha ensuite calmement de son silhouette de la personne qui semblait l'attendre. Le soleil semblait éclairer paresseusement les branche de l'arbre sous lequel Aldaron se tenait. Crissolorio qui se doutait que son ami avait du l'entendre venir de loin se rapprocha calmement, et entama la dialogue.

"Salutations mon vieil ami. je suis content de savoir que tu a jugé bon de me prévenir de ta venue." Dit-calmement Crissolorio, qui rabaissa ensuite sa capuche, si jamais Aldaron le regardait il pourrait ainsi voir les traits du visage de Crissolorio qui avait rajeunit de presque 10 ans il n'y a pas si longtemps de cela. Crissolorio le regarda ensuite calmement qu'il doit de dos, ou de face.

"Je vois sinon que tu as toujours un certain sens de la mise en scène..." Dit-il paisiblement en jetant un regard aux alentours, il n'y avait personne. Il reconnaissait les jardins que Aldaron lui avait fait visiter quand il était jeune, il avait une très bonne mémoire après tout.

"Quelle aide t'es donc nécessaire mon ami? A ce que j'ai compris ce n'est pas pour le bénéfice des rebelles, mais pour celui du continent, que je puisse savoir en quoi puis-je t'apporte mon soutien. Car effectivement ces derniers temps Armanda a fort besoin d'aide..."

Puis il conclut impassiblement.

"Il reste dans tout les cas que c'est un plaisir de te revoir, je me demandai presque si tu y était passé à la bataille de l'Aube Rouge, mais à ce que je vois tu te débrouille toujours aussi bien pour t'en sortir."

Ses yeux d’émeraude étaient clos et l'elfe entendait l'eau qui s'écoulait de la fontaine. Le calme apparent de l'endroit contrastait avec la misère qui envahissait Armanda. C'était reposant, il aurait voulu mourir ici en paix. Il avait néanmoins d'autres projets en son cœur. Il ne pouvait se permettre un abandon si prématuré. Il avait contracté une promesse, il se devait de la tenir. En mémoire de ceux qu'il chérissaient. La venue et les paroles de Crissolorio le tirèrent de ses songes prophétiques. Il se releva, sans dévoiler son visage pour sa part, pour des raisons plus qu'évidentes.

« Mon ami, je suis tellement heureux de te revoir. Pardonne-moi de ne pas discuter avec toi à visage découvert, je crains que cela me mettre dans une bien piètre posture. Par Dracos, que t'est-il arrivé ? »

Il avait constaté la différence d'âge qui marquait sans visage par rapport à la dernière fois qu'il avait croisé sa route. Le voyage forme la jeunesse dit-on, mais Aldaron ne l'avait jamais constaté dans les faits. L'elfe n'avait pas parlé fort, sa voix était aussi célèbre que son visage à Gloria et il refusait de se trahir en si peu de temps, emportant dans sa chute Crissolorio qui lui venait en aide. Néanmoins il se mit à rire lorsque son élève lui parla de la mise en scène.

« Je voulais être certain que tu saches qui te convoquait. Toi et toi seul pouvait le comprendre. Je t'avoue que je suis bien heureux de revenir en ce lieu avec toi. Ce sont de bons souvenirs à mes yeux. Dans les heures sanglantes que nous vivons, l'écho des rires du passé sont de bons remèdes à la peine et au désarroi. Je n'ai point trépassé, non. Il s'en est fallu de peu pour tout t'avouer, car même les réfugiés d'enfants, de femmes et de vieillards ont été massacrés par la perfidie de l'armée alayienne. Des perles comme il s'en trouve deux à Gloria... il y en avait aussi une dans les tréfonds d'Aigue-Royale à se nourir des morts de la bataille qu'importe leur camp... Ce sont des âmes qui ne seront point accueilli par Mort... Et qui ont vogué vers le Néant. »

Aldaron tressaillit à cette idée. Celle de mourir était en soit assez difficile à surmonter. Mais mourir sans réincarnation, voilà qui était pire encore. Il aurait pu être de ces âmes errantes. Il rabaissa sa capuche, il n'était pas vraiment assuré. Son cœur se sentait partagé entre le bonheur de remettre les pieds sur les terres de la Magnifique et la crainte d'être mis à mort. Il était l'ennemi de Fabius après tout.

« J'ai détruit la perle d'Aigue. Les Dragonniers appelaient à l'annihilation de celles qui peuplent Armanda. Je me suis rendu au Lac Noir. La première perle avait enfanté d'une jumelle sous les eaux. Son règne s'achève, je suis venu ici avec Kedrildan Maralawë. J'ai entendu dire qu'Achroma Seithvelj avait fait route jusque Gloria. J'ignore où il se trouve mais je compte me joindre à lui pour débarrasser cette ville que j'adore de ces immondices. Cependant... Je ne suis pas le bienvenue ici. Je ne le suis plus. »

Son cœur se serra. Il avait murmuré cette phrase, comme si la prononcer moins fort pouvait lui arracher moins le cœur. Il aurait adoré rire encore avec ses anciens amis, aller boire un verre à la taverne, chanter, danser avec eux et profiter de la vie comme il l'avait toujours fait... Jusqu'à ce qu'on annonce que Dévoreuse se trouve au cœur de cette cité. Cercëe avait eu la bonne idée de fuir à ce moment là. Mais le déchirement avait été rude et aujourd'hui encore son cœur battait pour Gloria.

« C'est pour cela que j'ai besoin de toi et de ta protection. Je ne désire pas te mettre en danger et je comprendrai aisément ton refus. Je suis recherché, traître à l'empereur en titre. Je ne veux pas t'attirer d'ennuis. T'avoir conduit ici est déjà un grand risque. »

Mais un risque que Crissolorio avait accepté car il s'était rendu sur le lieu du rendez-vous sachant pertinemment qui était celui qui le conviait.

L'elfe se releva et l'accueil qu'il fit à son ancien élève était chaleureux, il était agréable de voir que les vieux amis ne changeait jamais vraiment. A part peut-être si l'on parle du fait que Crissolorio venait de changer de physique, mais bon il parlait surtout du caractère, donc bon… Dans tout les Crissolorio l'écouta calmement, et lui répondit avec réflexion par la suite

« Eh bien c'est fort simple mon ami, j'ai bu une potion de jouvence pour rajeunir de quelques années afin de pouvoir vivre plus longtemps. » Dit calmement le grand Trésorier, assez satisfait de sa jeunesse nouvelle, même si elle n'était pas aussi fraîche qu'il l'aurait espérer à vrai dire. « Enfin à vrai dire je suis moyennement satisfait du résultat car le vendeur m'avait dit que dans le meilleur des cas je retrouverai mes 30 ans passées, mais là c'est plus mes 40 ans... » Dans tout les cas il comprenait les raisons pour lesquels son ami voulait rester discret, et n'avait aucune remarque particulière à faire à ce sujet, Aldaron était prudent, et c'était une vertue par les temps qui courre.

Puis Crissolorio écouta le résultat de sa petite remarque spirituelle, et écouta les propos d'Aldaron qui se firent plus sombres… Ah la guerre. Dans tout les cas son ami Aldaron avait comme toujours plein de bon sens.

« Eh bien il est vrai que tout ceci rappelle de bon souvenirs, les temps actuels sont dures effectivement. Et ne promettent malheureusement pas de s'arranger de sitôt… Des fois le passé paraît si enviable en comparaison... »

Dit-il calmement avant de réfléchir aux propos de son ami. Le massacre à Aigue Royale ? Parmi les civils ? Eh bien la guerre était une affaire de militaire normalement, dès que cela concernait les civils c'était de la boucherie criminelle pure, et simple. Sans en plus rajouter la perle du Néant qui avait fait un festin d'âme au passage. Que de triste nouvelle en somme, et d'actes abominables...

« La guerre est une idiote perpétuelle, ils se massacrent tous pour des histoires d'esprit, et d'autres stupidités. Ce n'est pas digne d'être doué d'intelligence, et de raisons, ces guerres nous ravalent au simple rang de bête… Il est interdit de tuer ma foi, sauf au son des tambours, et en bataillon. Il est bien qu'un sursis temporaire ce soit installé, mais cela ne promet rien de beaux à l'avenir, Néant, la misère, la souffrance tels des rapaces se nourrissent sur le cadavre des morts de cette guerre, il ne ressort jamais rien de bon d'une guerre... » Finit-il avec une certaine philosophie…

La perle d'Aigue Royale ? Eh bien Crissolorio devait avouer que pour le coup son ancien maître l’impressionnait assez, pour avoir déjà vu de près l'une de ces atrocités Crissolorio pouvait estimer à quel point ces dernières étaient dangereuses. Et savoir que Aldaron était venu même en compagnie de dragonniers pour détruire ces perles pouvait être interprété comme une bonne chose. Crissolorio y réfléchit, non cette affaire n'avait aucunement à voir avec la politique, mais avec le destin d'Armanda, et Ostiz était un Armandéen…

« Ma foi mon ami tu m’impressionne assez, je ne peux qu'approuver ta lutte, moi-même j'ai participé à la destruction de la perle qui s'en prenait à Aldaria ma cité natale, j'ai même porté le coup de grâce à cette dernière. Cette histoire de perle n'est pas une affaire de politicien, mais tout autre chose… Ne mettons pas le grain politique là-dedans car il n'a rien à y faire. »

Crissolorio qui avait entendu le dernier murmure d'Aldaron ne pouvait que compatir, Gloria était la cité d'Aldaron au même titre que Aldaria pour Crissolorio, être arraché à son foyer, et considéré comme un banni n'avait rien d'agréable, et sincèrement il ne le souhaitait à personne…

Dans tout les cas la demande d'Aldaron finit par être formulée, il avait besoin d'une protection, sans doute un endroit pour se réfugier le temps que cette histoire de perle soit conclue… C'était compliqué, mais après réflexion Crissolorio ne pouvait qu'accepter, c'était là un service rendu à un vieil ami, et un devoir qu'il devait accomplir envers le continent. Oui il ne pouvait pas refuser, aucun homme digne ne l'aurait fait.

« J'accepte de te donner mon aide mon ami, si tu as besoin de ma protection je ne serai pas contre de te l'offrir, tu es quasiment un membre de ma famille Aldaron, et on ne refuse rien à un membre de sa famille, de même s'il te faut quoi que ce soit pour mettre fin à cette histoire de perle, et sauver le continent du péril qui le guette, alors ce ne serait là que mon devoir en tant qu'habitant du continent de t'y aider. »

Puis il rajouta au passage.

Sinon dispose tu d'un quelconque moyens pour passer inaperçu mon ami? Après tout s'il voulait se faire discret, il le fallait bien...

Retrouver Crissolorio avait toujours été un plaisir. Depuis qu'il avait croisé sa route à Althaïa, il savait que son élève était dans une bonne posture face aux heures sombres qui se profilaient sur Armanda. Il valait mieux être riche et respecté que mendiant dans les yeux. L'avenir était plus serein. Ainsi, Aldaron ne s'était pas inquiété pour lui, même si voir combien il n'était plus le petit enfant qu'il avait pris en apprentissage jadis, lui avait fait craindre une mort prochaine. Le humains vivaient si peu de temps. Cette potion de jouvence redonnait à son élève quelques années de moins et d'une opportunité de vivre encore un peu en sa compagnie. Un sourire ravi se dessina sur ses lèvres bien que l'Argentier ne puisse le voir sous sa capuche. Néanmoins le ton dans sa voix trahissait ce sourire invisible.

« N'aies guère de regrets, Crissolorio. Tu as bien fait de prendre cette potion, je vois pouvoir profiter encore quelques années de ta précieuse compagnie. On peut toujours avoir mieux, mais.. Il ne faut pas perdre de vue que cela aurait pu être pire ! »

Il aurait pu obtenir un piètre résultat. Celui qu'il avait-là était déjà satisfaisant. Cela se voyait ! Aldaron l'avait très vite remarqué. L'elfe porta son regard vers la fontaine. Il se souvenait avoir mis sa tête dessous pour s'y rafraîchir. La chaleur était torride en ce mois d'Août, il aurait tant aimé renouveler son geste... mais il ne pouvait pas se permettre de retirer sa capuche, sauf s'il se sentait quelques envie suicidaire. Un instant, il songea montrer à Vanaël cet endroit, cette ville où il avait passé plus de 400 magnifiques années. Mais il ne la reverrait probablement plus. Il la chassa de son esprit. Il avait une mission ici, à Gloria. Il n'était point venu pour les rêves. Il était ici pour les actes et la destruction de ces perles pour ralentir l'avancée de Vraorg. Les réflexions de vive voix que faisait Crissolorio au sujet de la guerre ne manquèrent pas de remémorer en lui ce qu'il avait vu à travers les yeux du chien à qui il avait emprunter les sens. Cela avait été un véritable massacre, un drame honteux. Rien ne pourrait plus jamais les ramener, Aldaron le savait bien. Mais que leur mémoire soit honorée, cela il agirait pour. Il refusait d'admettre que leur mort fut vaine. Il espérait encore y trouver un sens et une rédemption. Son silence, tête basse en disait bien plus qu'il n'en prononcerait jamais. La douleur était toujours là et il n'avait rien à répondre à son ami, si ce n'est un discours qui était été emprunt de peine et de mélancolie. Il préféra se taire, honorant les défunt dans une prière muette. Néanmoins, Crissolorio imputait cela aux croyances, aux Esprits. Il voulait le détromper par ce qu'il avait su d'un certain alayien. Des propos qui n'étaient pas dans la prophétie.

« Ce... n'est pas une question d'Esprits, Crissolorio, c'est bien pire que cela. Néant n'est pas notre ennemie. Elle est probablement la plus grande victime de ce qui se passe sur Armanda. Blessée et à présent détestée par un la majorité des armandéens... Son sort est atroce, ce n'est pas elle que je combats et ce n'est pas elle que nous devons combattre. As-tu entendu parler de la prophétie ? Je n'ai lue sur la place publique, tu n'as pas pu passer à côté sans la voir. Vraorg le blanc, dont il est question, est un dragon à qui Vasà avait offert un amour inconditionnel. Il l'a trahie, l'a manipulée, l'utilise à ses propres fins destructrices. Néant n'a jamais haï la magie, elle a aimé un être qui en était fait de pure. Un dragon qui lui a arraché son cœur. Les perles ne sont qu'une façade. Vraorg utilise la magie de Néant comme il a utilisé la force de combat des alayiens aveuglés et c'est lui que nous devons détruire. »

Il marqua une pause, songeur et inquiet pour leur avenir. Vraorg utilisait la puissance de Vasà. La fin du monde était inéluctable. La prophétie parlait d'une ère sombre où Néant dévorerait les terres d'Armanda. Ils y étaient et le terme approchait.

« Ton action pour sauver ta ville natale est providentielle. Je suis fier de toi Crissolorio, fier de l'homme que tu es devenu. Aller détruire ces perles n'est pas un mince enjeu. Tu as risqué ta vie pour l'avenir de ce continent... Si tes parents entendaient cela... »

Fit l'elfe, songeur. Si ses parents étaient là, ils aurait été encore plus fiers de leur fils que ne l'était le marchand. Aldaron fut extrêmement reconnaissant envers son élève. Il était toujours extrêmement touché lorsqu'un humain le considérait comme un membre à part entière de sa famille. Cela le rattachait au monde des hommes. Il n'était pas un elfe, non, il avait l'âme d'un humain. Il avait envie de prendre Crissolorio dans ses bras et de le serrer avec toute la reconnaissance qui brûlait dans son cœur... mais ils n'étaient pas en lieu sûr et il ne voulait pas que l'Argentier ait des soucis.

« Que les Esprits te protègent, Crissolorio, je te remercie du fond du cœur... Je... Ne sais pas quoi te dire... »

La dernière phrase de Crissolorio le ramena à la réalité.

« Non pas vraiment. Je n'avais pas prévu de venir à Gloria lorsque je suis parti d'Aigue-Royale. J'ai fait en sorte de ne pas trop traîner dans les rues bondées... C'est d'ailleurs dommage car c'est là-bas que j'habitais. »

Les rues bondées étaient celles du quartier marchand, toujours en pleine effervescence. Celles où il avait vécu autrefois. Il ne pouvait pas y remettre les pieds de jour, c'était trop risqué... mais peut-être que cette nuit... Il jetait quelques regards inquiets sur les alentours. Il n'était pas très rassuré. Il était venu ici non pas pour les affaire rebelles et il aurait bien aimé qu'on le laisse en paix, mais il n'était pas certain que Fabius et ses hommes soient de cet avis.

« As-tu entendu parler de l'arrivée d'Achroma Seithvelj à Gloria ? Fabius n'a-t-il pas pris de dispositions pour détruire cette perle qui, dit-on, siège dans la salle du trône ? A-t-on revu le Voyageur ces derniers temps ? Il doit savoir, lui, comment procéder par la suite. Il semblerait qu'il existe un mur d'opale.. Mais je n'en ai jamais entendu parler. Qui sont les fameux marcheurs ? Et les huit reliques ? Le tarenth doit avoir des réponses à cela, ne crois-tu pas ? »

Son ami Aldaron n'avait toujours pas perdu son habituel optimiste, c'était toujours sympathique à voir, après tout Crissolorio en concluait que même s'il ne le faisait pas lui-même il valait mieux des fois se contenter simplement de ce qu'on avait. Personnellement il ne regrettait pas d'avoir prit cette potion, il aurait effectivement largement préférer rajeunir de 18 ans plutôt que de 8 ans environ, mais bon c'était déjà ça. De plus avec de la chance il pourrait vivre 90 ans voir plus si il ne finissait pas avec un poignard dans le dos du moins… Enfin seul le temps le dirait bien. Mais autant en profiter pour vivre le temps qui lui restait.

« Sans doute, néanmoins je doute que Néant nous laisse tout ce temps si rien n'est fait pour l'arrêter. » Se prononça t-il calmement, après tout les perles étaient bien en route pour dévorer tout le continent à elle seule, et Crissolorio ne tenait pas spécialement à faire parti du menu, la réaction égoïste aurait été de se dire qu'il aurait préféré que Néant attende encore cent ans avant d'agir ainsi histoire que la génération actuelle n'est pas à subir ces choses, mais il apprécierait que ses enfants grandissent dans un monde a peu près sûr, et où ils pourraient vivre dans une bonne situation, comme tout bon père de famille.

Puis Aldaron fit quelque révélations somme toute assez intéressantes au Grand Trésorier, oui il avait entendu parler de cette prophétie, mais apprendre qu'un être puisse manipuler Néant pour en faire ce qu'il veut que ce soit elle, et ses fidèles... Bon après Aldaron pouvait lui raconter des bobard, mais Crissolorio ne s'attendait vraiment pas à ce genre de chose d'un ami surtout un ami aussi sérieux. Dans tout les cas cela à sa façon expliquait certaines choses, mais aussi rendait la situation plus complexe quoique...

« Alors il y a un espoir, mettre fin aux agissements de ce Vraorg est sans doute plus à la portée de nous Armandéen que de mettre fin aux agissements d'un esprit, ce Vraorg peut sans doute être détruit, contrairement à Néant. Étant un esprit cette dernière est garante de l'équilibre du monde, toute cette affaire est bien compliquée, mais cela montre bien qu'il reste tout de même un espoir pour tout les êtres peuplant le continent... » Dit-il perplexe en se grattant légèrement la barbe.

« Néanmoins si c'est un dragon qui est au fait de tout cela, le détruire ne sera point aisé, et encore moins s'il dispose pour lui de la toute puissance d'un esprit, mais qui sait ? Poussé par la puissance du desespoir dit-on qu'un homme serait capable de tout, j'estime qu'il est de même pour les autres races, dans tout les cas ne c'est pas comme si nous avions le choix. Soit tout sera finit pour le mieux, ou bien tout ce qui a été bâti par nos peuple sur Armanda est voué à disparaître, tout nos frères, enfants, tout nos proches, tout nos amis. » Oui au final soit l'issue serait des plus sombres, et funeste soit au contraire ce qui pouvait encore être sauvé le serait, l'espoir fait vivre dit-on…

« Pour tout avouer j'ai fais cela pour sauver une jeune femme en plus d'Aldaria, un dragonnier, et un dragon étaient déjà sur l'affaire de la perle, et je comptai les laisser faire car ils s'y seraient sans doute arrivé sans moi, mais une jeune femme que j'appréciai, et qui se nomme Lucie avait était prise à partit par l'un des tentacules de la perle, sur l'instant j'ai voulu la libérer, et il s'est avéré que mon attaque a été fatale à la perle. J'ai eu de la chance, je n'ai pas été blessé dans cette histoire, sans doute que cette perle ne m'a pas porté une très grande attention, et cela s'est avéré fatal pour elle au final... » Oui cela pouvait se résumer comme cela sans doute, même s'il en tirait tout de même une certaine fierté à sa façon .

« Cela n'est rien mon ami, cela n'a t-il pas été toujours le cas après tout ? » Demanda Crissolorio songeur à son tour. Il n'y avait pas vraiment de raison de dire quoi que ce soit après tout, il était un membre de sa famille, et cela convenait parfaitement au final…

Puis Aldaron lui confirma qu'il n'avait aucun moyen à sa disposition pour passer inaperçu, et cela risquait effectivement de compliquer les choses à sa façon. Mais il avait une petite idée pensa t-il, alors qu'Aldaron reprenait pour lui expliquer la situation.

« Cela est compliqué mon ami, j'ai entendu effectivement parler de l'arrivée du dragonnier à Gloria, sa majesté Fabius a effectivement pris quelques dispositions pour la destruction des perles même si malheureusement elle ne ce sont pas révélés très efficaces pour le moment. Les volontaires ne se bousculent pas au portillon, et pour le voyageur. Disons que certains des agents du ministère de l'information m'ont effectivement apportés quelques nouvelles de lui, mais cela fait un petit moment qu'elles ne sont plus très fraîches, il possède sans doute des réponses que nous n'avons pas... » Il jeta ensuite un regard aux alentours, et calmement retira son manteau de brume avant de le tendre à Aldaron en poursuivant calmement.

« Il est bien que nous ayons a peu près la même taille, et corpulence mon ami, je pense qu'avec ce manteau de brume tu devrai plus facilement te fondre dans le décor, ainsi si tu désire te promenais un peu dans la cité, ou bien si tu préfère que nous poursuivons cette discussion chez moi autour d'un bon repas il sera plus facile de faire ainsi. »

Avant de rajouter calmement.

« Ma fille est présente chez moi avec mes petits enfants, ils seront sans doute content de revoir l'oncle Aldaron, de plus j'aurai bien quelques petits choses à te dire entre autres qui ne concernent pas spécialement la prophétie, disons que ce serait un projet ambitieux qui pourrait se révéler très lucratifs pour nous deux, et bénéfiques pour l'économie si jamais Armanda survit à toute cette sale histoire, de plus j'aimerai bien discuter un peu avec toi de tout, et de rien. Ce n'est pas souvent que l'on se voie ces temps-ci mon ami, et j'ai l'impression que tu ne va pas bien rester longtemps à Gloria. Il reste que tu sera toujours le bien venue chez moi Aldaron »

Conclut-il calmement, en écoutant calmement la réponse de son ami à sa petite invitation.

Il y avait donc un espoir que Armanda soit sauvée. Aldaron l'espérait de tout cœur. Il était resté passif jusqu'ici regardant les événements sur cette île se dérouler. Son paisible souvenir de Gloria sortait tout droit du passé. Rien n'avait changé ici, et tout était pourtant différent. Il n'était plus le bienvenue, il ne pouvait plus se promener et chahuter dans les rues bondées. Lorsque la Triade avait du fuir la ville, se fut pour se cacher des alayiens. Dans l'ombre avec cercëe alors que Corine faisait leur lien contre leur damnation et la réalité. Il n'avait pu se mêler de tout cela et à présent, il pouvait changer. Il avait décider d'agir.

Crissolorio avait raison. Un dragon, bien qu'étant une créature extrêmement puissante, serait probablement plus abordable qu'un Esprit. Il acquiesça de la tête, songeur. Un dragon qui pouvait utiliser les pouvoirs d'un Esprit dominé risquait être un tant soit peu plus compliqué. Il craignait que l'ennemi qui serait le sien plus tard soit un cumul entre la force d'un terrible dragon et la magie d'un esprit. Cela ne donnerait rien de bon. Armanda risquait de connaître des heures sombres. Le fait est que Vraorg était effectivement destructible, plus qu'un Esprit. On ne pouvait détruire Néant sans plonger Armanda dans le chaos. Aldaron le savait pertinemment. Lorenz un peu moins, eu égard de sa tentative de joindre Néant au travers de son Serviteur.

« J'espère que nous viendrons un bout de lui. Tu es un homme bon, Crissolorio. Tu me remplis de fierté chaque fois que je contemple l'étendue de tes actes. Je me dis que le temps passé à t'instruire n'a pas été vain, que tu valais vraiment qu'on prenne attention à toi... Les valeurs que tu as apprises sont saines, tes ambitions bienfaisantes. Aldaria ne méritait pas une pareille monstruosité en son sein. Pas plus que Gloria. Demain la ville sera nettoyée de ses immondices... Si les Esprits le veulent et... Ils le veulent. Végétal, lui-même, nous est venu en aide au Lac Noir. J'ai également entendu dire que Lyssa avait été rasée par Océan pour anéantir celle qui se trouvait là bas. »

Les Esprits étaient derrière eux, dans cette action. Le temps leur manquait et leur aise était précieuse.

« Qui est cette Lucie ? » demanda-t-il perplexe. « Qu'a-t-elle fait pour gagner un sauvetage de ta part ? Et avec quel panache ! »

Crissolorio lui avait parlé de Fabius et de ses échecs avortés. Aldaron serait peut-être une mauvaise langue de dire que les projets de l'Usurpateur ne pouvait n'être que des échecs, mais dans le cas présent, cela aurait été de circonstances. Il saisit la cape magique en remerciant son ami et disparut dans une brume. Il se sentait plus rassuré. Ainsi Achroma était bien à Gloria et devait rassembler des hommes pour s'attaquer à cette perle. Il tâcherait de se manifester auprès de lui en envoyant un messager lui faire part de sa présence et de sa volonté. Il avait de bons contacts dans cette ville, fort heureusement.

« C'est aimable de ta part. Pour te dire vrai, je pense me rendre là où j'habitais jadis... Mais de nuit. De jour le quartier marchand est bondé et je doute que même avec une si magnifique cape, je parvienne à passer inaperçu. Si tu m'autorises à te l'emprunter une nuit, je t'en serai fort reconnaissant. Dans l'attente, je t'avouerai être plus assuré entre les quatre murs de ta demeure. Je ne l'ai point visitée... Et je n'ai d'ailleurs jamais rencontré ta fille. Comment s'appelle-t-elle ? »

C'était un constat. Crissolorio avait passé le plus clair de sa vie à Aldaria sa ville natale et pour le marchand, il était certain que depuis que Crissolorio avait été promu au poste de Grand Argentier, il devait indubitablement posséder une demeure à la hauteur de ses fonctions. Quant à sa fille, Aldaron ne l'avait jamais connue. Le temps avait passé depuis que son petit Crissolorio fut sur les bancs de l'école.

« L'as-tu mariée à un bon parti ? T'a-t-elle donné de superbes petits enfants ? Que fait-elle de ses jours ? »

Il était assez curieux. Il était en général avide de connaître les nouvelles générations humaines car c'était avec elle qu'il risquait d'évoluer au cours des cinquante prochaines années avant qu'une nouvelle génération ne vienne à nouveau. Mais les propos de Crissolorio traitant d'un projet très lucratif acquit toute son attention :

« Tes propos sont alléchants ! Qu'as-tu derrière la tête ? »

Il était bon de faire des projets. C'était comme si le monde pouvait continuer demain. Cela le sortirait un tant soit peu de sa mélancolie de traiter de ce sujet autour d'une table en riant de bon cœur et en parlant pièces d'or avec Crissolorio !

« La vie est si courte, je me dit donc qu'il vaut mieux faire quelque chose de constructif entre-temps. Je veux à ma façon marquer le monde de manière constructive, que les générations futures se souviennent de moi, et que l'empire progressent grâce à moi. C'est de l'ambition, mais cette dernière n'est-elle pas vecteur de progrès ? Aldaron toi aussi tu es un homme engagé, tu n'a pas hésité à prendre des risques avec la rébellion, et à sa façon cela est admirable de lutter ainsi pour ses valeurs, nous ne sommes pas des guerriers mon ami, mais à nôtre façon nous prouvons tout les deux que la plume est plus forte que l'épée. Le sage laisse plus de marque que le meurtrie, et il devrait toujours en être ainsi selon moi. En espérant que tu ait raison, avec l'aide des esprits Armanda sera sauve j'en suis sûr, après tout il ne peut en être autrement sinon tout reviendra au Néant, et cela n'est aucunement désirable. Personne ne pourrait laisser faire ce genre de chose... » Acheva t-il légèrement préoccupé.

Et Crisslorio après tout ne désirait aucunement que sa famille, et sa nation disparaissent, c'étaient les choses à laquelle il avait concentré le plus de temps, tout ces sacrifices, et ces devoirs d'état, et puis sa fortune, et ses amis disparaîtraient eux aussi. Il ne savait pas ce qui pouvait motiver un être comme ce Vraorg, mais il ne faisait aucun doute quand au fait qu'il faudrait mettre fin à ses agissements. Dragon, ou non il faudrait mettre la main à la patte. Personnellement Crissolorio n'était pas un guerrier, mais s'il pouvait apporter son soutien pour sauver le continent il n'hésiterait point.

« C'est une jeune femme du petit peuple pour laquelle je me suis pris de sympathie. » Dit-il calmement avant de rajouter ensuite. « Elle m'avait elle même sauvée la vie en me libérant d'un tentacule avec lequel la perle avait essayer de me piéger, mais de toute façon je n'allais pas laisser ainsi une jeune femme se faire dévorer devant moi sans réagir. De toute manière elle a la vie sauve, et la perle est détruite c'est le plus important je présume... » Puis ensuite il lui décrit la jeune femme dans les moindres détails. (C'est la description de Luna) Avant de redevenir courtement silencieux.

Dans tout les cas maintenant que son ami avait enfiler le manteau de brume tout était simplifié, ils serait sans doute plus facile d'aller au manoir avec lui, et cela arrangeait Crissolorio.

« Garde cette cape pour une nuit cela ne me gêne point mon ami. Nous irons à ma demeure ne t'inquiète pas là-bas tu sera en sécurité pour cette nuit. Et ce sera une belle occasion de plus de te faire rencontrer ma fille, elle se nomme Julia. »

Puis Crissolorio répondit ensuite aux questions de son ami sans faire vraiment d'effort pour cacher la pointe de fierté paternelle dans sa voix.

« Pour tout avouer elle a elle-même trouver un bon parti, un membre de la noblesse Aldarienne, ce dernier est tombé amoureux d'elle. Et ma foi je n'ai jamais vu d'aussi beaux enfants que mes petits fils ainsi que mes propres enfants, mais c'est sans doute dû au fait que je suis leurs grande père. De ses journées elle fréquente en temps normal la noblesse d'Aldaria, étant anoblie elle a des passe temps de noble, mais elle n'oublie pas pour autant sa famille, et elle fait sa fierté à nous, et à ses frères. Il faudrait que je te fasse rencontrer ces derniers aussi, dommage qu'ils soient en dehors de Gloria ces temps-ci, l'un est capitaine, et l'autre a suivit la voie de mes ancêtres, il est marchand. Je présume que c'est dans nôtre sang ce genre de chose. »

Puis l'on passa à un sujet plus monétaire disons… Et Crissolorio sourit courtement, et légèrement en constatant que ses paroles avaient attisés la curiosité de son ami Aldaron. Ce dernier n'avait pas perdu ses réflexes de marchand, et c'était beau à voir.

« Une grosse source de profit que ce soit pour nous, ou nos clients. Une institution marchande qui ne délivrerait pas des biens, ou des marchandises, mais de la monnaie. Comme les usuriers, mais de façon plus globale, et organisée, une institution qui pourrait donner de grandes sommes d'argent pour aider les projets de ses clients en échange du futur remboursement de l'emprunt bien entendu avec des intérêt. Je t'expliquerai cela plus en détail à la maison, mais dit-toi que cela pourrait être une belle façon de se faire de l'argent, que ce soit du côté rebelle, impérial, elfique, ou autre. Grâce à ton aide cette institution pourrait avoir se place partout, et pourrait garder une certaine neutralité, elle serait un tremplin à l'économie, et à l'ouverture dans tout les cas, en somme il n'y aucune raison de ne pas adhérer à ce genre de projet. Cela pourrait même transformer la cupidité en une vertu. Qui sait ? » Fit-il d'un air réfléchit avant de conclure. "Dans tout les cas je te propose que nous nous mettions en route..."

Crissolorio avait plus que raison. Armanda n'avait pas besoin que de brutes mais aussi des personnes d'esprits, des novateurs. Leur monde ne pouvait pas tomber dans les mains de barbares. Il aimait l'état d'esprit de son élève d'autrefois, plein d'une sorte d'optimisme et d'espoir. Le monde allait peut-être sombrer, mais devait-on pour autant s'arrêter de vivre ? Devait-on remettre les idées à plus tard ? Il le refusait. Laisser derrière lui quelque chose pour Armanda le séduisait. Il avait hâte que Crissolorio lui dévoile ce qu'il avait très exactement derrière la tête. Il était enthousiaste mais l'Argentier s'enquit d'un autre sujet. Une demoiselle blonde dont le portrait lui fit penser à s'y méprendre à cette gamine un peu folle qui avait tenté de l'étrangler lors de l'Aube Rouge. Ce pouvait-il qu'il parle d'elle ? La description lui ressemblait en tout point, pas un détail moins pertinent, pas l'ombre d'un doute ne vint obscurcir sa réflexion.

« Je crains qu'elle ne t'ai pas laissé sa bonne idée. Y avait-une vampiresse brune avec elle ? »

Aldaron offrit quelques détails concernant Veren mais à vrai dire, il n'avait pas besoin de sa réponse pour être certain qu'il s'agisse de la bonne personne.

« Il s'agit de Luna Duruisseau, ni plus ni moins que la pupille de Korentin Kohan. Si tu l'as sauvée, il y a fort à parier qu'à un moment où un autre notre empereur te rende grâce. Sa présence auprès de cette perle ne m'étonne que peu. Elle a du sang sur les mains qu'elle désire plus que tout laver. »

Aldaron poussa un soupir en songeant à cette demoiselle qui avait été entendue par l'empereur peu après l'Aube Rouge. Il marchait aux côtés de Crissolorio d'un pas paisible. Depuis qu'il était sous cette cape, il se sentait bien plus serein. Son invisibilité lui donnait un sentiment de sécurité, tant pour lui que pour son élève et complice. Au fond, il était un rebelle parmi les loyalistes.

« Le Prêcheur tenait Nolan Kohan. Elle a tenté de le sauver, et dans son échec, elle a été capturée. Si le dragonnier Seithvelj a pu reprendre le fils héritier, Luna est restée prisonnière d'Aldakin du Néant. J'ignore ce qu'il lui a fait. Elle a cru s'être échappée et lorsqu'elle est revenue à Aigue-Royale, elle a été interrogée et réintégrée. Il y a eu des sabotages avant l'Aube Rouge et des meurtres... Des alayiens avaient pris des galeries secrètes et son œuvre funeste s'acheva lorsqu'elle actionna un levier qui fit entrer les soldats de Néant. Ils ont fait un massacre parmi les femmes, les enfants et les vieillards... Elle a été entendue par la suite par notre empereur. Elle ne s'était pas évadée comme elle l'avait cru : elle avait été bernée. Le prêcheur avait du la torturer suffisamment pour que son esprit affaibli accepte la possession de Vasà. Il l'a relâchée et elle est revenue vers nous comme une brebis égarée. Je suis convaincu qu'elle dit la vérité et qu'elle n'a pas été maître de ses actions... Elle avait essayé de m'étrangler et je peux t'assurer qu'elle était loin de n'avoir que la force d'une adolescente humaine. Mais... Elle se sent coupable. Même si elle n'était pas vraiment elle. Korentin lui a dit qu'elle devrait prendre en charge les orphelins de l'Aube Rouge. Il faut croire que cela n'était pas suffisant pour elle et qu'elle a fait route vers les perles de celle qu'elle haït plus que tout au monde : Vasà. Lorsqu'elle apprendra qu'elle a été manipulée par un Esprit lui-même manipulé... Si elle l'ignore encore. »

Il poussa un soupir avant de poursuivre :

« S'il y avait une vampiresse avec elle, il s'agit sûrement de Veren Sarjaa. Je ne la connais pas très bien mais elle m'a semblé tolérante envers les humains. En cela tu peux comprendre qu'elle obtient tout de suite mon admiration. Korentin Kohan nous a demandé, à Dame Sarjaa et moi, de garder un œil sur elle. Plus particulièrement Dame Sarjaa. J'espère qu'elles sont rentrées toute deux à Aigue-Royale. »

Il parlait librement à Crissolorio. Il savait pertinemment qu'il n'en dirait rien à Fabius et qu'il pouvait lui faire confiance. Ou mourir. Car il avait, ici à Gloria, ni plus ni moins que la vie d'Aldaron entre ses mains. Il remercia encore une fois Crissolorio de lui laisser si aimablement cette cape pour la nuit afin qu'il puisse vagabonder dans les rues de Gloria, une fois la nuit tombée, comme ce fut le cas jadis. Il y avait un endroit en particulier où il avait très envie de remettre les pieds : chez lui. Crissolorio lui parla de Julia, sa chère fille qui, à l'entendre, enchantait son père :

« Elle a l'air admirable et te remplit de fierté ! Je suis heureux qu'elle ait pu s'établir avec autant de réussite. Avec un peu de chance, la prochaine fois que je viendrai à Gloria je verrai tes fils ! Il me tarde d'échanger avec ton marchand et voir qu'il a les mêmes talents que ton père ! »

Peut-être même faisait-il affaire avec lui sans le savoir. Le marché noir s’approvisionnait depuis chaque contrée d'Armanda. Y compris à Aldaria. L'idée de Crissolorio qui faisait tant languir l'elfe ne tarda pas à être explicitée complètement.

«Convertir la cupidité en vertu, en voilà une appréciation qui devrait t'aller à ravir ! L'idée est bonne, vraiment. Certaines personnes en carence de fonds pourront tout de même se lancer dans les affaires. Cela devrait aborder une certaine dynamique. Il faudra s'assurer de ne pas faire des prêts où les risques de non remboursement sont élevés. Les dépôts des uns, qu'on pourrait peut-être... Rémunérer d’intérêts !, serviront aux investissements des autres... C'est à peaufiner mais... Avec plaisir ! »

L'idée l'enjouait. Pleins de détails émergeaient dans son esprit et il faudrait aplanir ses pensées pour créer cette magnifique machine aux rouages complexes. Restait un point qui le chiffonnait.

« Si j'ouvre ce genre d'institution à Aigue-Royale, je doute que les loyalistes accepte d'y déposer leur or, ni moi d'accepter de leur en prêter. Si tu ouvres cela à Gloria, nous rencontrerons le même problème, mais inverse. Quant aux vampires... Nous risquons de ne pas pouvoir profiter de leurs ressources. Il ne va pas être aisé d'ériger un institut qui soit transverse, hors des rixes politiques et raciales... A moins que... »

Un fin sourire s'était dessiné sur ses lèvres même si Crissolorio ne pouvait le voir. Il savait comment obtenir une neutralité de leur banque :

« Allons chez toi, n'en parlons pas ici. »

Crissolorio se demanda où Aldaron voulait en venir en disant cela à propos de Lucie, et d'ailleurs il lui demandait si il y avait une vampire brune non loin... Effectivement Crissolorio avait aperçu une jeune femme brune, mais n'avait fait aucun lien directe entre elle, et Lucie pour tout avouer… Néanmoins le portrait que lui en faisait Aldaron était a peu près celle de la jeune femme qui avait été en présence du dragonnier, et à vrai dire cela faisait son sens car cette jeune femme avait fait part d'une agilité surhumaine lors du combat contre la perle… Mais ce qui faisait vraiment apparaître un certain nombre de questions justifiées dans l'esprit de Crissolorio était le fait qu'Aldaron avait entendu parler de Lucie, ou l'avait du moins aperçu auparavant, à croire que le monde est petit…

« La pupille de Korentin Kohan... » Dit Crissolorio pensif en entendant la nouvelle… Alors Lucie en faîte se nommerait Luna Duruisseau… Et ne serait rien d'autre que la pupille de l'empereur rebelle ? Quand à la raison de la présence de Luna aux alentours de cette perle, cela lui faisait se poser nombre de question aussi, mais quand même. Il avait croisé la pupille de Korentin Koha, et sauvé la vie de cette dernière sans le savoir ? Il faudrait qu'il y réfléchisse décidément en un autre temps pour décider quelle serait la valeur de cette information…

Puis pendant qu'ils marchaient tout les deux dans les ruelles de Gloria, Crissolorio écouta attentivement ce que lui racontait son ami Aldaron. Effectivement en soit tout ceci était assez étonnant, mais plausible…

« Je vois tout ceci m'a l'air d'être une bien sombre histoire... » Pensa t-il assez perplexe intérieurement, c'était décidé il devrait avoir une petite conversation avec cette Luna… Si jamais il la revoyait, il pourrait sans doute discuter de deux, trois choses sans aucun doute …

« Je vois… Mon ami ? J'ai juste une question pour la forme… Tu sais qu'en plus d'être Grand Trésorier je suis le ministre de l'information impérial ? Techniquement tout ce que tu viens de dire sont des informations confidentielles dont je pourrai user dans le cadre de ma fonction… Néanmoins je n'en ferai rien. Je n'ai pas appris cela dans le cadre de mon travail, et puis de toute manière pour le moment l'empire a d'autre préoccupations que cette petite gueguerre loyaliste-rebelle j'ai envie de dire. A croire que la seule façon de mettre tout le monde d'accord c'est l'éventualité que leurs monde à tous soit anéantit. Néanmoins ne dit rien à Luna sur le fait que je connais sa vraie identité, j'aurai une discussion avec elle lorsque je la reverrai... » Conclut-il calmement pour faire part de ses intentions à son ami, une simple discussion. Rien de bien fâcheux en soit l'on pouvait donc dire.

Puis l'on aborda un autre sujet, celui de sa fille. Ce qui n'était aucunement pour déplaire à Crissolorio. Ce dernier avait eu de la chance du côté de ses enfants, ceux-ci avaient dépassés toutes ses espérances, à part peut-être celui qui était dans l'armée, mais bon dans tout les cas il était fier de chacun d'entre-eux, et il savait qu'il les avait bien éduqués, c'était maintenant à eux de voler de leurs propres ailes.

« Ce serait une bonne idée en effet. Je voulais te le présenter il y a quelques temps peu avant que cette histoire avec l'alayia débute, mais je n'ai pas pu malheureusement… Il est donc toujours temps de rattraper le temps perdu après tout. » Dit-il calmement…

Puis l'on aborda ensuite le sujet de la possibilité très intéressante d'une source enrichissement pour eux deux.

Et visiblement, le projet semblait séduire Aldaron comme Crissolorio l'avait espéré. Comme quoi l'on apprend pas au vieux marchand à compter les pièces… Dans tout les cas s'était une bonne nouvelle que son ami Aldaron soit entièrement ouvert à ce projet.

« Eh bien je vois que comme je m'y attendais cela t'intéresse mon ami, tu verra ! Lorsque nous en aurons finis nous ne pourront même plus compter nos pièces d'or tellement nous en posséderons une quantité importante... » Quelque chose qui ravissait l'avare qui était en Crissolorio. Des montagnes d'or! Un doux rêve qui pourrait peut-être devenir possible un jour de cette manière...

Et son ami visiblement avait aussi en tête un problème que Crissolorio avait observé lui aussi pour la bonne mise en place de ce projet, mais il semblait avoir la solution ! Ce dont le Grand Trésorier ne pouvait aucunement se plaindre à vrai dire. Bien au contraire !

« Tu as en raison nous en parlerons plus avant chez moi. » Conclut-il à son tour, puis il pressa le pas avec son ami pour rentrer chez lui. En assez bonne compagnie cette fois-ci.

[…]

Au final ils arrivèrent tout les deux devant le manoir, les gardes de la demeure ne posèrent pas de question en voyant qu'il était accompagné, ceux-ci avaient autres choses à faire après tout, et ils étaient habitués à voir le Grand Trésorier ramenait de multiples personnes dans le manoir à l'air plus louches les unes que les autres. Un ministre de l'information après tout ne traite pas qu'avec des personnes d'honorables professions…

Bon je te préviens, c'est asse sobre, même si luxueux. Mais sobre par rapport à mon rang, tu sais que j'apprécie de faire des économies, mais ne t'inquiète point l'on ne manque de rien à l'intérieur. Si ce n'est de vin éventuellement… Comme je ne bois pas... Néanmoins fais comme si tu étais chez toi mon ami. Dit-il paisiblement.

Puis Crissolorio ouvrit la porte du manoir, et s'y engouffra avec son ami Aldaron. Les deux hommes furent accueillis peu après par une jeune femme ravissante qui était vêtue comme son rang de noble l'exigeait, et de beaux enfants qui l'accompagnaient.

Crissolorio alla discuter un peu avec elle, puis démarra les présentation.

"Julia! Je te présente mon ami Aldaron Triade, Aldaron je te présente ma fille Julia." Dit calmement Crissolorio, il les laissa ensuite faire les présentations, et dit calmement par la suite.

"Quand tu aura le temps Aldaron je te proposerai de venir dans mon bureau pour discuter de nôtre projet... Si tu veux des rafraîchissements n'hésite pas à te servir sinon." Même si comme il l'avait dit peu avant il n'avait pas d'alcool. Crissolorio était quelqu'un de très sobre.

« La véritable question, Crissolorio, n'est pas de savoir si ton rôle de ministre de l'information m'est connu ou non, mais de savoir, par Dracos, ce que tu pourrais bien avoir à faire des têtes de deux demoiselles du bas peuple alors que tu as dans ta poigne ni plus ni moins que la vie d'un des trois dirigeants de la plus puissante organisation marchande d'Armanda. »

Question pertinente, sous couvert des capacités de négociation de son totem. Aux yeux de plus d'un, une fois cette phrase prononcée, Aldaron devenait l'Homme à qui il est plus prestigieux d'avoir la tête. A côté, connaître l'identité de Luna et Veren devenait infiniment futile. Il rajouta avec un sourire en coin.

« Et illégale qui plus est. Rien de tel pour monter dans les honneurs auprès de Fabius que de faire ployer ce qui sert de vivres aux insurgés. Une bonne bataille là dessus et l'usurpateur pourra se vanter de la conquête du trône. Enfin, j'ai ouï dire que sa salle du trône n'était plus ce qu'elle était. »

Les choses n'étaient pas aussi simples qu'il le disait. Une tête n'était pas trois, mais Aldaron avait l'intime conviction que la Triade aurait de quoi se faire du mouron si l'un d'eux venait à périr. Il prenait des risques en allant détruire des perles, il prenait des risques à venir en plein Gloria, berceau des terres ennemies. Il le faisait car il refusait de laisser cette île se perdre. Quoiqu'il en soit, les dites informations confidentielles n'avaient rien du tabou et n'avaient rien de si compromettant à ses yeux. Crissolorio aurait bien mieux à faire ailleurs s'il le désirait véritablement. Mais il ne le désirait pas apparemment. Veren n'avait que peut d'importance pour Fabius, quant à Luna, elle aurait son attrait puisqu'elle était la pupille de Korentin. Il savait toutefois que Crissolorio ne ferait pas de mal à cette très jeune femme après leur conjointe victoire face à la perle de Néant.

Ils se rendirent dans la demeure de son élève. C'était grandiose à la hauteur de son poste près de l'empereur tout en restant sobre, sans dorures à outrance comme on en voyait souvent. Il reconnaissait bien là l'avarice d'Ostiz, il trouvait même amusant de retrouver jusque dans les traits de son manoir le caractère de son cher élève. Il acquiesça respectueusement à ses premiers propos. Une fois à l'intérieur, il ôta avec grand soin la cape qu'on lui avait prêtée et lorsqu'il releva son regard, il resta figé, ébloui par la beauté saisissante de Julia. Un instant, il cru voir la mère de son ancien élève réincarnée, mais des traits différents se firent remarquer. Il prit la main de la jeune noble pour l'embrasser. Il la salua respectueusement, et s'agenouilla près des enfants pour contempler leur jolies bouilles. Il s'amusa avec eux, ses talents d'orateur l'y aidant pour beaucoup.

« Pardonnez ma tenue, Dame Ostiz, j'aurais aimé être présentable pour vous rencontrer mis je reviens d'une bataille assez chaotique. Vous ressemblez à votre Grand-Mère, c'est assez troublant. »

Il discuta un peu avec elle, avec les enfants tâchant de faire plus ample connaissance. Julia était une femme vive, assurément une de ces dames de la cours à la rare intelligence. Elle avait de la discussion et ses propos étaient loin d'être aussi vides et crus que ceux d'une enfant du petit peuple. Elle était instruite. Il s'éclipsa un instant, pour pouvoir prendre un bain et des vêtements propres de bonne couture. Ce fut un Aldaron plus présentable qui entra au bureau de Crissolorio, défait de tout son attirail de combat et de voyage. L'arc avait été délaissé sur le lit qu'il devrait occuper cette nuit.

« Je me suis dit... »

commença-t-il avec toute la magnificence de son totem. Il reprenait leur conversation comme si ele n'avait pas été interrompue.

« Qu'il y avait bien une organisation naissante qui s'argue d'être neutre. »

Crissolorio devait en avoir entendu parler. La caste des dragonniers avait pris naissance à Aigue-Royale, mais la nouvelle s'était fortement rependue dans toute l'île. Cela n'avait plus rien qu'une information nouvelle.

« La caste des dragonniers. Nul peuple, nul frontière. Voilà qui nous octroierait le bénéfice de la neutralité, ne crois-tu pas ? »

« Tu as tout à fait raison mon ami, au final à toi seul tu représente plus d'intérêt stratégique que Luna, et cette Sylara réunie… Heureusement que l'empereur ne sait pas tout ce que je lui cache. » Car si sa majesté savait qu'il était ami avec rien d'autre que l'un des trois dirigeants de la Triade… Enfin de toute manière pour lui Aldaron n'était pas une cible, c'était un ami rebelle, ou non. Il ne lui ferait pas l'insulte de l'inclure dans cette lutte de pouvoir rebelle-loyaliste, entre-eux ils étaient vieux ami . Le travail reprenait ses droits en dehors de leurs discussions de toute manière.

Et au final d'une certaine façon l'on pouvait facilement tester l'honneur de Crissolorio, et l'importance d'une amitié pour lui rien qu'en lui présentant ce constat, apportait la tête d'Aldaron serait un bon moyen d'avoir les honneurs du roi, mais bon ce serait fait d'une façon bien peu honorable. Aldaron n'était pas un guerrier, Crissolorio non plus, et étant ami se plantés mutuellement ce genre de poignard était exclu…

« Si l'on jouait à ce petit jeu là mon ami il te suffirait juste de dégainer ton arc, ou une épée pour m'égorger, je ne suis pas un guerrier, elfe que tu es tu aurai toutes chances sans doute. Et nul doute que ce serait là priver l'empereur que d'un bon soutien en le privant de son grand Trésorier, et ministre de l'information. Et pour la salle du trône disons que nous verrons bien si cela s'arrangera, et si ce sera ou non de ton fait. »

Dans tout les cas il restait que même s'il ne comptait aucunement vendre Luna, il aurait une petite discussion avec elle, être gracié par l'empereur rebelle… Si jamais il n'y avait pas d'autres choix ce serait sans doute une possibilité très tentante à vrai dire, à croire que dame chance souriait aux avaricieux, et aux cupides, après avoir répandu l'argent sur leurs chemins elle faisait tout pour qu'ils puissent s'asseoir tranquillement sur leurs fortunes, et en profiter, cette fortune Aldarin aussi devait en bénéficier heureusement car mêem si son grand charisme, et sa ruse de marchand accomplit devait faire beaucoup dans sa richesse, le hasard, et la chance restent des constantes importantes dans la vie, même de celles des grands, et des fortunés.

Dans tout les ils arrivèrent dans la maison de Crissolorio, c'était luxueux, mais rien de pédant, pas de tableaux, sculptures à part quelques unes dans le jardin, qui ne servaient qu'a faire beau, à la limite des bibliothèques, des meubles, et le suffisant pour assurer un grand confort à ceux qui venaient dans la manoir sans aller en fioriture comme chez beaucoup de nobles. Il récupéra donc sa cape, et regarde avec une certaine bienveillance intérieure Aldaron se présenter à sa fille. Pour le moment les choses se passaient plutôt bien, et ce n'était aucunement pour lui déplaire. On ne pouvait pas dire que Crissolorio malgré son avarice ne faisait pas son nécessaire pour le bonheur de ses enfants, il était un bon père, et lui même était fier d'avoir bien éduqué sa progéniture, pas grand monde pouvait se vanter d'y être arrivé aussi bien. Après étant père il y avait peut-être quelques petits défauts de ses enfants qui lui échappaient, mais au final rien de grave conclut-il.

Juste après cela il alla se préparer, à sont tour, il se vêtit de vêtements non magiques, mais plus confortable tout en restant fonctionnel, il alluma quelques bougies dans son bureau, et bu une tasse de thé. Cela faisait assez de bien à vrai dire… Puis il attendit Aldaron qui ne tarda pas heureusement.

Et Crissolorio écouta attentivement les propos de son ami qui s'était lancé dans son explication. Une organisation qui s'arguait d'être neutre ? Humm c'était assez intéressant à sa manière… La caste des dragonniers ? Cela ne semblait pas du tout être une mauvaise idée, effectivement il en avait entendu parler, et à l'avenir il se doutait que cette organisation jouerait un grand rôle à l'avenir pour Armanda, mais lequel ? Dans tout les cas c'était une idée à croiser.

« Oui la banque pour se baser sur cette caste pour naître, et ensuite plusieurs division pourraient s'installer que ce soit chez les rebelles, les loyalistes, les elfes, ou les vampires avec un peu de chance, voir même chez les alayiens qui sait e quoi l'avenir pourrait être fait ? Dans tout les cas un support neutre ne peut qu'être un bon départ pour une organisation qui veut influencer tout les peuples dans leurs globalités. »

Il réfléchit calmement, et annonça même.

« Et peut-être même que cela pourrait avoir une influence autre qu'économique ? Sans doute même que ce sera la raison qui pourrait faire que la caste des dragonniers acceptera nôtre aide ! Oui si la banque se développe chez tout les peuples ceux-ci seront liés économiquement entre-eux, ils pourraient même finir par devenir trop interdépendants entre-eux pour se faire la guerre… lorsque l'économie est en jeu l'on ne se fait pas la guerre après tout… Cela pourrait assurer une paix futur, et durable sur le long terme, et une prospérité globale... » Bon c'était un peu utopique, et théorique surtout pour l'instant, mais ce serait une idée, et c'est donc calmement qu'il poursuivit.

« Néanmoins nous ne pourrons pas bâtir cette organisation uniquement à deux Aldaron. Il nous faudra quelques financements en plus, je verrai si certains de mes connaissances bourgeoises, ou membre de ma famille son intéressés, non n'impliquons pas les nobles là-dedans, ils pourraient réclamer cette organisation pour eux, alors ce sont nous les bourgeois qui faisons, et défaisons l'économie, il est temps que nous prenions davantage de pouvoir. Toi même tu dois avoir des contacts, de préference de diverse origine, cela pourrait s'avérer fort utile sans doute . Il faudra ensuite mettre chaque division de la banque sous la supervision de quelqu'un, moi pour les loyalistes par exemple, toi pour la rébellion. Nomin Terendull avec qui j'avais pu discuter de ce projet pour les elfes, ne t'inquiète pas il est lui-même déjà partant pour nous aider, il faudra trouver d'autre leaders pour les vampires par exemple… Dans tout les cas il faudra que nous nous retrouvions toi, moi, Nomin, et les partenaires qui participeront à ce projet pour élaborer la charte qui établira les règles de cette organisation naissante. » Dit-il avec réflexion avant d'achever. « Qu'en pense tu ? » Après tout son ami Aldaron fort de sa très grande expérience mercantile aurait sans doute de sages conseils à lui donner...

Il n'y avait aucune raison qui puisse expliquer qu'Aldaron arrache la vie à son ancien élève. C'était absurde et entendu. La confiance régnait et en cela il adorait Crissolorio. Il adorait chacun des humains avec qui il était parvenu à une relation si serrée. Rien, pas même les guerres, ne pourrait les opposer. Au fond, tout elfe qu'il était, il avait réussi à s'ancrer suffisamment profondément parmi les humains, tant qu'il en était devenu une part égale à un membre de leur famille. Un résultat peu aisé à obtenir, il avait fallu que de nombreuses générations trépassent pour qu'enfin émerge ce lien exquis. Là était la véritable réussite, plus que l'or, plus que le marché noir, plus que la noblesse de son titre.

Aujourd'hui, il se trouvait face à Crissolorio et montait avec lui un projet immense et réfléchi. Un état d'envergure, fruit d'une puissante ambition. Que cette banque neutre fasse cesser la guerre, il en doutait véritablement. Armanda était rongée par la haine, jamais une paix ne se trouverait. En revanche, l'or avait un poids non négligeable en ce monde. Lorsqu'une entité, comme la caste des dragonniers, procédait une quantité de richesse supérieure à celle des autres réunis, on obtenait un rapport de force qui ferait pencher la balance vers l'avenir d'Armanda avant l'avenir de chaque âme égoïste. Le jour où le monde basculerait, les esprits s’échaufferaient, les guerres gronderaient, la possession d'or était un argument de force pour faire plier bien des peuples. Au fond, ils créaient une arme au service du continent.

L'elfe écouta pensivement les propos de son ami enthousiaste. Les choses prenaient une belle tournure. Il discuta longuement avec lui de divers points. Notamment l'idée d'une réunion globale qui semblait utopiste. Il doutait qu'on puisse réunir des ennemis dans une même pièce. Si Aldaron et Crissolorio parvenaient à avoir cet entretien malgré leurs clans et leurs positions sociales respectives, c'était bien en raison d'un passé commun, riche en liens et en émotions. Il doutait de la présence de ce genre de relation avec d'autres membres de la bourgeoisie. Les entretiens seraient informels, par lettre ou face à face, des échanges constructifs. Mais toujours en petit comité. L'elfe avait dans son passif un grand nombre de contacts dans l'ombre. Le marché noir n'était-il pas illégal ? Il avait l'habitude de cette mafia et maniait son réseaux avec dextérité. La procédure serait la même ici. L'argentier avait ses contacts, comme informateur et fils de marchand. Sans nul doute usait-il du même procédé, bien que légalement pour sa part.

Ils discutèrent longuement après que le soleil ne se soit couché, échangeant leur idées, leurs envies, leur pragmatisme. Ils couchèrent sur papier de premières notes, des ébauches qui leur servirait, à n'en pas douter, à faire naître une banque en Armanda.

[HJ : désolée du temps de réponse, je suis partie sur une conclusion de ce fait, il me semble que nous avions épuisé le sujet ]