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| Vivre auprès des humains [PV Aldaron Triade] TERMINE | |
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| Sujet: Vivre auprès des humains [PV Aldaron Triade] TERMINE Mer 11 Fév 2015 - 19:46 | |
| ¤ Les visages ¤
An II d’Obsidienne, 8 Juillet
Il voyait leur visage dans ses cauchemars. Pas tous puisque certains avaient été brûlés avant son arrivée. Il voyait les visages des Alayiens qu’il avait tués lors de l’aube rouge. Ces hommes et femmes de l'armée noire, ces fanatiques de l’esprit néant qu’il avait noyé. Sacrifiant son avenir en tant que Baptistrel. Souillant son âme de la mort de centaines d’individus. Il avait balayé leur vie en une simple fraction de seconde, sans prendre la peine de réfléchir à son acte. Il avait envoyé l’eau se déverser sur cette marée d’armures noire. Il avait fracassé leur corps contre les parois des galeries souterraines. Il avait gorgé d’eau leurs poumons en les privant d’air.
L'Amarië voyait leur visage dans ses cauchemars. Chaque corps dont il avait pris la vie flottait, sur la surface d'un lac interminable à demi geler, bougeant lentement, se bousculant et bousculant les plaques gelées. Ainsi il défilait, sous les yeux impuissants de l'elfe meurtrier, accroupi sur une feuille de nénuphar recouvert par le gel. Des larmes s'échappaient de ses yeux, devenant glace et rejoignant l'eau du lac, la refroidissant un peu plus à chaque instant, contribuant à le geler. Il les regardait sans rien dire, le simple son du souffle haletant de l'elfe comme unique mélodie de ce lieu macabre. Aucune justification. Aucune excuse. Rien, absolument rien. Les membres d'une race qu'il aimait tant, quand bien même ils étaient devenus exécrables en raison de leur fanatisation. Il avait l'impression, plus que d'avoir tué ses êtres vivants, de s'être lui-même poignardé en plein coeur. Cela dura éternellement. Jusqu'à ce que la dernière victime défile sous ses yeux. Jusqu'à ce que le lac entier ne gèle, devenant immobile.
Le dragonnier elfique finit par se réveiller, en sursaut. Même l’utilisation de la magie pour calmer ses nuits ne semblait plus efficace dorénavant. Certes, elle calmait ses rêves, ses cauchemars, les rendant moins virulents. Mais cela n’empêcherait pas la faute d’être constamment rabâchée. Encore et toujours. Lui-même ne voulait pas qu’il en soit autrement. Après tout, c’était légitime. Il avait fauté. Sans doute méritait-il moins que cela. L’ancien apprenti se leva de son lit, se souvenant de son programme de la journée, alors qu’un léger mal de crâne venait le prendre. Encore et toujours cette malédiction. Il n’arriverait jamais à s’en débarrasser, du moins c’était son sentiment. Peut-être ne voulait-il pas en être débarrassé. Elle apparaissait désormais comme une punition légitime, une croix en portée, supplémentaire à sa faute.
Elrond se leva, allant se nettoyer avant de continuer à se préparer. Il devait se rendre aujourd'hui sur le terrain d'entrainement pour justement s'entrainer. Pratiquer son maniement de l'arc. Il avait déjà intimement décidé de se rendre à Aldaria, ayant appris la présence d'une Perle du néant à cet endroit. Il la détruirait, empêcherait l'emprise de Väsà de se s'étendre et ainsi sauverait des vies. Sauver des vies, c'était devenu son but désormais afin d'essayer de se racheter envers les esprits, mais aussi toutes ces vies qu'il avait prises de ses mains. C'était le chemin qu'il devait dorénavant emprunter en portant son fardeau, dans l'espoir d'un jour s'en débarrasser. Vain espoir bien entendu. Car si un jour on lui pouvait lui dire qu'il n'avait plus à le porter. Lui accepterait-il ou plutôt s'accepterait-il digne de ne plus le porter ? Cette interrogation viendrait en temps voulu. Peut-être mourrait-il avant d'avoir pu l'atteindre.
Sans attendre plus longtemps, Elrond se rendit au terrain d’entrainement, là où étaient disposées les cibles pour le tir à l’arc. Là-bas, il devrait également y retrouver le dénommerAldaron Triade, l’un des organisateurs et dirigeants du marché noir. Il avait avant l’aube rouge, fait appel à ses services afin d’obtenir un articule très particulier. Une armure de dragon. En effet, il souhaitait que Möebius soit équipé pour la bataille. Et ce dernier avait réussi à lui en trouver une et le blond lui en était très reconnaissant. Même si ce dernier n’avait fait que son devoir de commerçant, il estimait lui devoir une faveur en retour. Dégoter une armure de dragon n’était pas aisé par les temps qui courent. Mais celui-ci avait réussi. Et justement, quelques jours plus tôt, il avait reçu un message de celui-ci, lui demandant s’il voulait bien le dispenser d’un petit entrainement au tir à l’arc. Elrond avait bien entendu accepter… en dépit de la situation actuelle, mais aussi de ses sentiments vis-à-vis de cet individu.
Individu très particulier en effet qui à la fois faisait peur au dragonnier, mais le fascinait en même temps. Il avait eu le temps de se renseigner sur lui entre-temps. L’indigne. C’est ainsi qu’on le nommait chez les elfes. Un père qui avait abandonné son enfant et la femme avec qui il l’avait conçu, allant vivre dans le royaume des hommes. L’Amarië ne donnait que peu d’intérêt à ce titre. Certes, le fait d’abandonner son enfant restait une faute grave, il ne pouvait s’empêcher qu’il aurait sans doute fait de même. Il suffisait de voir comment il avait bien pu être horrifié à l’idée d’un mariage. Non ce qui fascinait et terrifiait le dragonnier était le fait que celui est vécu auprès des hommes, et qu’il soit resté auprès d’eux après plus d’un siècle ! Comment avait-il fait ? Comment pouvait-il le supporter ? Pourquoi n’avait-il pas encore perdu l’esprit ou était devenu dépressif ?
Elrond avait vécu lui aussi auprès des humains pendant toute la durée de la vie d’un homme. Même s’il adorait cette race, sans doute plus que son propre peuple, il n’avait pu supporter leur différence de longévité. Il n’avait supporté le déchirement de les voir mourir alors que lui vivait encore. Comment pouvait-on appeler une vie quelque chose d’aussi court ? C’est pour cette raison qu’il avait fui les hommes pour retourner auprès des siens et s’isoler au lieu de rester auprès de ceux qu’il appréciait tant. Et cette situation actuelle qui l’amenait à vivre aux côtés d’eux autant de temps le comblait et l’attristait.
Oui Aldaron Triade le fascinait et le terrifiait. Il semblait être un être que lui n’avait pas réussi à devenir. Elrond voulait savoir, mais en même temps avait peur de savoir comment celui-ci faisait pour rester auprès des hommes tout en sachant que ceux-ci allaient mourir alors que lui continuerait d’exister. Il avait peur de la réponse que le marchand pourrait lui donner si jamais il lui posait la question. Si jamais il trouvait assez de courage en lui pour lui poser.
Elrond vérifiait ses flèches et la corde de son arc, ayant semblé entendre un drôle de bruit lors de son précédent tire. Prendre soin de son matériel était la première de priorité. Finalement il se rendit compte que cela provenait d’une flèche qui avait un défaut. Il s’en débarrassa après c’être assuré que les autres n’avaient rien. Étant venu en avance pour réserver une place, et ainsi s’échauffer, il attendait de dirigeant du marché noir.
Dernière édition par Elrond Amarië le Ven 20 Fév 2015 - 17:17, édité 2 fois |
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| Sujet: Re: Vivre auprès des humains [PV Aldaron Triade] TERMINE Ven 13 Fév 2015 - 22:43 | |
| [HJ : Je me permets de décaler le RP au 8 Juillet car le 12, Aldaron aura déjà quitté Aigue-Royale:D Si soucis pour la date, fais moi signe !]
Il avait hurlé cette nuit là. Il s'était redressé dans ses draps, vif, brûlant, comme pris d'une terrible fièvre. Son cœur battait à tout rompre, ce ne fut que la lumière de la bougie de son frère et de sa sœur qui sortirent Aldaron de sa torpeur. La guerre. Rien n'était futile dans cet acte de barbarie. Ni le sang, ni les cris, ni les cadavres qui jonchaient le sol. Syndrome du survivant, traumatisme, les symptômes étaient là. Nul ne pouvait dire que cela ne lui faisait rien. Même le plus vaillant des combattants garderaient des séquelles de cette Aube Rouge. Il fallait bien que cela face surface. Il agissait à longueur de journée pour remettre Aigue-Royale d'aplomb, il enfouissait cette terreur au fond de son être, comme beaucoup. Elle ressurgissait la nuit comme un monstre, comme beaucoup également. Pourquoi lui avait-il survécu alors que tant d'autres avaient péri ? Il avait perduré comme il avait toujours perduré parmi les hommes. Il les regardaient mourir, les uns après les autres, sans jamais que la vieillesse ou l'accident ne l'emporte aussi avec eux. C'était la même souffrance mélancolique endurée au cours de ces siècles qui l'avait saisi au lendemain de ces atrocités, mais en plus intense et plus destructrice. Il s'était attribué une quête, cette quête, celle de détruire ces perles. S'il survivait, alors qu'il survive encore et qu'il mette fin à ces hideuses filles de Néant.
Longue fut sa vie parmi les hommes et pourtant, nombre de traits, en surplus de sa longévité, le dessinait comme appartenant au peuple des elfes. L'arc était l'un de ces attachements les plus vigoureux. Il avait pourtant été curieux, c'était intéressé à un grand nombre d'arts, aisés ou complexes, seul comptait l'attrait qu'il daignait y octroyer. L'archerie était pourtant l'arme de prédilection du peuple auquel il avait tant voulu se détacher. Restait néanmoins une vérité qu'il ne serait jamais assez elfe ou assez homme pour appartenir à l'une où l'autre de ces deux races. Il chevauchait entre deux mondes, sur un terrain glissant et douloureux... Mais Ô combien riche. Il prenait des deux peuples, arrachait ce qui lui plaisait, récoltait les fruits qu'ils soient mûrs ou amères. L'arc était donc son domaine de prédilection en matière de combat. Il avait pris la décision de partir et pour cela, il avait fait vernir son arc pour en faire une arme plus puissante qu'elle ne le fut jusque là. Le vernis bleu était fait à base d'aigue-marine et d'une laque de mithril, en dosage savant. Résistance physique et magique, dureté, légèreté étaient à présent les qualités de son arme que lui seul pouvait prendre en main. Tout s'inscrivait dans une résolution qui lui était propre. Il s'y accrocherait. Il refusait de rester passif à présent. On le jugerait pour ses actes plus que pour ses paroles d'Esprit-Totem Saumon.
Il avait vendu, peu avant l'Aube Rouge, une armure de dragon toute particulière. Aldaron avait eu l'art de cultiver un immense réseau à travers tout Armanda pour obtenir cette amure à bon prix. Ses talents de négociateur avaient amplement pesé dans la balance. Il lui avait fallu du temps et quelques âpres discussions pour l'obtenir. Son acheteur ? Elrond Amarië. Son formateur aujourd'hui ? La même personne. Il savait pertinemment que le dragonnier lui était reconnaissant et qu'il n'aurait pas refusé sa demande formulée quelques jours plus tôt. Depuis qu'il avait pris sa décision de partir pour le lac noir, à vrai dire. Il y avait très peu d'elfes qui accepteraient de lui octroyer la moindre once de savoir. Il était l'Indigne et le Fugueur à leur yeux. Il avait abandonné femme et enfant par pur égoïsme. Il avait espéré que ce dragonnier réputé pour la maîtrise dans le maniement de l'arc accepte sa demande. Aldaron avait le sentiment de stagner dans son apprentissage. Ses flèches, bien qu'atteignant leur cible d'une façon tout à fait honorable, peinait à se planter en plein centre à chacun de ses essais. Ce n'était pas la faute de sa posture, ni de son maintient, ni de sa force. Il ne savait pas ce qui clochait et il comptait sur l’œil avisé du maître-archer pour l'éclairer sur ce point.
Peu après l'Aube Rouge, la Caverne des Héros était très prisée. Nombre des soldats passaient leur peine et leur haine dans l’entraînement. Son regard émeraude parcourut la salle et s'arrêta sur le dragonnier blond. Ce qui avait perturbé Aldaron la première fois qu'il l'avait rencontré, c'était sa carrure fortement développée... Qu'on retrouvait d'ordinaire plus chez les humains que chez les elfes. Il était un être tout en puissance, un elfe à ne pas en douter mais le Dirigeant du Marché Noir en était resté longuement perplexe. Aujourd'hui encore, en posant son regard sur lui, il avait les mêmes questions en tête. Se pouvait-il qu'Elrond ait une histoire assez similaire à la sienne ? Il ne savait que si peu de chose de lui. Il était jeune, cela se voyait, dragonnier de son état, aspirant baptistrel... Jadis. Aldaron avait entendu parler du massacre qu'Elrond avait déversé sur les alayiens mettant un terme à ses projets. Le marchand avait beau ne plus vivre chez les elfes depuis bien longtemps, il n'avait pas oublié les us et coutumes de ses pairs. Le marchand était plus âgé que lui, c'était donc à lui d'ouvrir le dialogue.
« Messire Amarië » fit-il avec un calme respectueux en arrivant près de lui.
Il avait attendu que l'elfe tire sa flèche avant de l'interrompre, jugeant peu nécessaire de perturber sa concentration. Il allait le saluer, comme on salue autrui chez les hommes et perturba ses salutations en adoptant celles des elfes.
« Je vous remercie de m'accorder votre temps en ces heures douloureuses. Rares sont les elfes qui m’octroieraient la moindre attention. Je vous comprends, je n'ai été que déception à vos yeux. Je vous suis reconnaissant de les fermer un instant pour me recevoir. Puisse votre bienveillance éclairer ces sombres arcanes qui me collent à la peau. »
Un fin sourire plein de douceur se dessina sur les lèvres du marchand. Tout dans sa manière d'être rappelait un humain, à commencer par son impatience car il pénétra rapidement dans le vif du sujet.
« Je fais appel à vous... Car je ne parviens pas à décocher une flèche aussi brillante que celle que vous venez de décocher et j'ignore ce qui me fait défaut. Je me heurte au même résultat... Et je n'aime pas stagner... »
Il se mit à rire, amusé par ses propres pensées. Il choisit une flèche avec soin et l'arma à son arc.
« Mais vous êtes quelqu'un de brillant, vous devez bien vous en douter. » acheva-t-il promptement.
Elrond devait effectivement bien s'en douter. Si Aldaron n'avait pas su entrer dans les cases bien délimitées du peuple elfique, s'il avait préféré vivre parmi les hommes, c'est que quelque chose clochait chez lui. Il aurait blâmé mille fois la lenteur des elfes et leur patience là où lui-même refusait de se fixer indéfiniment au même point. Il fallait que les choses bougent, qu'elles avancent. Rien n'était plus rageant à ses yeux que le temps qui passe et que le statu quo demeure. De la patience, il n'en avait pas alors rapidement, il entreprit de montrer à Elrond son niveau actuel. Il banda la corde, visa et tira après quelques petites secondes de concentration. Le résultat était tout à fait honorable. Mais toujours au même point depuis quelques années déjà. C'était ce qui l'exécrait. Sa posture était pourtant excellente. A vrai dire, son incapacité à faire mieux résidait dans cette même impatience typiquement humaine. Il relâchait la corde trop vite et ne prenait pas assez de temps pour se concentrer sur sa cible. Si l'archerie était un art spécifiquement elfique, ce n'était pas pour rien. Eux seuls avaient la lenteur idéale à son exercice. C'était là qu'Aldaron échouait sans le savoir. A croire qu'Elrond, qu'il ne veuille ou non, allait devoir mettre les deux pieds dans le plat au sujet de cette vie à cheval entre les elfes et les humains. |
| | | InvitéMon identité Mes compétences Invité
| Sujet: Re: Vivre auprès des humains [PV Aldaron Triade] TERMINE Ven 20 Fév 2015 - 19:10 | |
| ¤ La patience ? Pas mon genre ¤ Elrond respira lentement, il porta une main à son carquois venant saisir entre son pouce et son index le bout d’une flèche, prenant garde à ne pas abimer les plumes situées sur celle-ci. Le sylvain tendit son arc tout en venant encocher sa flèche. Son pouce et la deuxième phalange de son index vinrent bloquer le projectile le temps que la corde de l’arc soit suffisamment tendue, mais aussi le temps que l’archer vise. Le blond avait conscient de son niveau, de plus son totem du lynx ne pouvait que l’aider. Il pourrait être bien meilleur s’il prenait la peine de s’entrainer plus souvent. Malheureusement, ayant choisi la voie des Baptistrels il n’avait pas eu ce loisir. Toutefois, maintenant que ce chemin lui était définitivement fermé, le dragonnier elfique allait pouvoir s’y consacrer à nouveau. L’Amarië inspirant, remplissant ses poumons, venant se stabiliser avant de décocher. La flèche partit et atteint le centre de la cible sans difficulté. Il devait rajouter des obstacles la prochaine fois. Mais là, il ne faisait que s’échauffer le temps qu’arrive son étudiant du jour. Elrond l’entendit finalement, après qu’il eut tiré son projectile. Le sylvain se retourna, venant offrir un sourire amical au marchand. Tant de révérence était parfaitement inutile, surtout avec Elrond. | « Je vous dois bien cela. Après tout, vous m’avez permis de trouver une armure pour Möebius avant que la bataille ne commence. Il vous remercie soi dit en passant. » |
Le blond ne souleva pas tout de suite les propos assez sombres du membre de la triade, hésitant. Mais il choisit finalement d’y répondre. | « Ce n’est pas à moi de vous juger pour ce que vous avez fait Aldaron. Pas moi qui ai noyé des centaines de soldats. |
L’elfe baissa légèrement les yeux, détournant le regard. Si lui était l’indigne parce qu’il avait abandonné un enfant. Alors lui qui avait tué des centaines d’hommes qu’était-il ? Elrond n’eut toutefois pas le temps de se morfondre que déjà le marchand entrait dans le vif du sujet. L’empressement d’Aldaron lui rappela le sien et celui des humains, venant par la même occasion chasser ses idées noires. Ainsi le membre de la triade n’aimait pas stagner ? Qui pouvait bien aimer stagner ? Mis à part les elfes « normaux ». L’être sylvestre se doutait que l’individu face à lui devait avoir une relative bonne maitrise de l’arc. Rares étaient les elfes qui ne maniaient pas l’arc ou ne le maniaient pas très bien. Il y en avait bien sûr, c’était de petites exceptions fortes agréables. Mais le blond n’en avait jamais rencontré. | « Mais vous êtes quelqu'un de brillant, vous devez bien vous en douter. » | Rien de mieux que pour flatter l'arrogance d'Elrond. Aldaron jouait à un jeu dangereux. Mais cela n'eut pour effet que d'arracher un autre sourire au dragonnier, venant le dérider davantage. Il était doué, mais pas encore suffisamment pour pouvoir se qualifier de brillant. S'il en était là aujourd'hui c'est bien parce qu'il avait refusé de perfectionner sa maitrise du tir à l'arc en se basant sur la vitesse d'évolution de ses semblables. Le marchand n'attendit pas qu'Elrond lui donne la moindre indication ou même ne lui demande de faire une démonstration. Aldaron venait déjà se saisir de son arc et encocher une flèche. Il banda ensuite la corde, visa et tira quelques secondes plus tard. La flèche se planta dans le cercle du centre. C'était un beau tir en effet. Mais il pouvait encore être amélioré. À la fin de ce cours Aldaron devrait comprendre ce qui différencie un archer bon, mais normal, à un archer pouvant s'apparenter d'exception. | « Vous me rappelez moi, il y a cent ans de cela. Et pourtant vous êtes plus vieux que moi. Tirer vite et de manière précise n’est pas une chose aisée puisque l’arc est avant tout une question de patience. C’est pour cela que les elfes sont particulièrement doués dans ce domaine.» |
Elrond attrapa son arc et une flèche, avant de se mettre à viser et à tirer sur la cible, touchant le cercle du centre. | « Mais je ne suis pas d’accord avec cette conception. Je ne l’ai jamais été. Même lorsque mon instructeur me forçait à bander mon arc et à viser jusqu’à ce qu’il me donne l’autorisation de tirer. Tout cela pour m’apprendre à être patient. Ce n’était pas très subtil. Il est vrai que plus on attend, plus on a le temps de viser et d’atteindre correctement sa cible. La vérité c’est que la flèche va là où on décide qu’elle aille, qu’on prenne le temps de viser ou non. » |
L’Amarië banda à nouveau son arc et tira de manière successive trois flèches, sans prendre le temps de viser, atteignant le centre à chaque fois. | « Je peux comprendre que plus la cible est loin, ou plus il y a d’obstacle sur ton chemin, que l’on puisse prendre son temps pour viser. Mais pour le reste, le tir doit presque apparaitre comme un automatisme. On connait l’emplacement de la cible, on sait si le vent souffle ou non et comment. On doit donc savoir comment positionner l’arc pour atteindre cette dernière. » |
L’elfe marqua une pause reprenant sa respiration. | « Remettez-vous en position de tir. Je vais vous montrer comment vous détachez du style elfique qui ne vous sied guère. » |
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| Sujet: Re: Vivre auprès des humains [PV Aldaron Triade] TERMINE Jeu 26 Fév 2015 - 20:28 | |
| Le sourire d'Elrond fut la première réponse à ses salutations et avait de quoi lui permettre de prédire que ce cours allait être bienheureux. Il avait trouvé étrange qu'un elfe accepte de lui accorder un peu de son temps pour qu'il se perfectionne à l'arc. Il n'avait d'ailleurs pas tardé à lui signifier sans détours superflus le fond de sa pensée, il n'avait que trop peu le caractère des elfes pour conserver cet argument pour plus tard. Il s'était même demandé si le dragonnier ne faisait qu'accepter par simple rendu des efforts que le marchand avait fourni pour dégoter cette armure. Néanmoins, le sourire amical de son interlocuteur lui semblait sincère. Ce n'était pas sourire fade qu'octroyait certains elfes à ceux qu'ils ne voulaient pas voir tout en conservant un minimum de bienséance. En cela seulement, Aldaron avait jugé que cette séance se passerait bien.
« C'était un plaisir. »
fit-il humblement lorsqu'Elrond lui transmit les remerciements de Moebus. Avoir les faveurs d'un dragon et d'un dragonnier se méritait, et même si le marchand semblait calme d'apparence, dans son cœur, tout n'était que bonheur et fierté qu'une créature à écailles observe de la reconnaissance à son égard. La réplique suivante d'Elrond fit retomber son petit bonheur. Il était assez soulagé de constater qu'il existait encore des elfes qui n'aient pas de rancune éternelle ou de prétention à juger autrui comme étant moins bon. L'archer faisait preuve d'une certaine humilité. Aldaron avait entendu parler de cette marée meurtrière au cours de la bataille. Une centaine d'alayiens avaient péri. Pour l'ancien apprenti baptistrel, c'était une porte qui se fermait définitivement devant lui. Il fallait à présent se reconstruire, méditer sur ses actes et surtout trouver une nouvelle voie. Pour de nombreux enwrs, la vocation de baptistrel s'imposait comme une évidence, le choix ultime de leur existence. Cela avait été arraché à Elrond, en l'espace de quelques secondes, le laissant pantois devant cet avenir si vide. Aldaron ne pourrait jamais comprendre cette déception, cette douleur dans les vibrations car il n'était pas dans son cœur, mais il l'entendait et lui offrait respect et soutien autant que nécessaire. Il ne répondit donc pas immédiatement.
Il laissa Elrond s'exprimer. Il fallait qu'il progresse et il était persuadé que le dragonnier saurait lui apporter un nouvel éclairage sur sa situation... Cependant lorsque l'Amarië ne mit à parler de patience, Aldaron se renfrogna, visiblement fort peu enjoué à cette idée. Puis le rythme se brisa d'une manière inattendue, le masque tomba et Elrond dévoila sa vision de l'archerie bien différente, pour ne pas dire contrastante, avec ce qu'on aurait pu attendre d'un elfe. Il fit même rire le dirigeant du Marché Noir lorsqu'il lui parla de ce fameux instructeur qui obligeait à maintenir l'instant de pré-tir dans le temps.
« Je crains avoir jadis côtoyé le même professeur. »
Il riait et d'un seul coup, il réalisa ce rire, ce premier rire depuis l'Aube Rouge. Il lui avait semblé ne pas être de lui. Comme si c'était quelqu'un d'autre qui riait, son corps qui le forçait à continuer à vivre. En son for intérieur, cela lui faisait du bien même s'il se demandait comment il pouvait être capable de sourire et rire encore après cette sanglante bataille. Le bruit des trois flèches atteignant leur cible en plein centre le tirèrent de sa léthargie pour le plonger dans la fascination. Il adhérait complètement. Il prit une nouvelle flèche et se mit rapidement en position sans bander la corde pour le moment. Il l'écoutait. Cependant comme Aldaron était le genre de personne capable de passer du coq à l'âme, il fit, alors, avec un grand calme :
« Les Hommes meurent, Elrond. »
Une évidence et pourtant, sa triste réalité au quotidien à lui, qui vivait parmi les hommes.
« Tous, un jour où l'autre, et dans une majorité de cas, avant vous-même. Il n'y a rien qu'on puisse faire à cela. D'autant plus lorsqu'ils tombent au combat, sur un champ de bataille. »
Il ne cherchait pas à le déresponsabiliser de ses actes, mais à aplatir la situation d'Elrond. Ces alayiens morts de ses mains seraient forcément morts avant lui, d'autant plus qu'ils avaient signé pour faire la guerre. Ils tuaient et prenaient le risque de périr à leur tour. Nombre d'entre eux allaient au combat la foi vibrante au cœur, et Mort les aurait accueilli sous son aile. Les hommes mourraient dans chaque affrontement, le sang coulait. Il entendait bien qu'Elrond ne pouvait supporter de donner la mort, lui, ex-enwr, qui avait voué sa vie à sauver autrui. Il n'avait pas besoin de formuler de vive voix cette évidence, Elrond, mieux que lui la connaissait. Pour Aldaron cependant, il en était ainsi. Il avait perdu un certains nombres d'amis au cours de l'Aube Rouge, mais ils survivraient tant que leur mémoire serait honorée.
Les propos du marchand semblaient baigner dans la fatalité et l'insensibilité mais le ton légèrement cassé de sa voix trahissait tout le contraire. C'était une tragédie et ça l'affectait. Toutefois il avait appris à continuer à vivre après la mort de ces êtres chers, à dépasser la peine et continuer à ce battre pour celles et ceux qu'il tenait à jamais dans son cœur. Il poussa un soupir avant de reprendre :
« Que dois-je faire ? »
Il parlait à nouveau du tir à l'arc, bien que la transition soit brumeuse. |
| | | InvitéMon identité Mes compétences Invité
| Sujet: Re: Vivre auprès des humains [PV Aldaron Triade] TERMINE Ven 27 Fév 2015 - 22:02 | |
| ¤ Tir elfique ou tir pincé ? ¤ Porter un jugement sur cet elfe pour ce qu’il avait fait ? Non, le blond ne s’en sentait pas le cœur. Dans d’autres circonstances peut-être l’aurait-il fait ? Non plus. Dans d’autres circonstances, il aurait été encore apprenti chanteur, il ne se le serait donc pas permis. Le marchand semblait soulager de ne pas se voir reprocher sa faute pour le dragonnier. Après tout comme l’avait dit l’Amarië, il n’était pas en bonne position pour lui reprocher. Au moins lui en abandonnant son enfant et la mère de celui-ci, il n’avait tué personne. Tandis que lui avait clairement dépassé les bornes en franchissant un interdit. Ne pas tuer, cela avait l’air pourtant si simple. Mais lors d’une guerre, rien n’est simple. Elrond regrettait son geste, il regrettait d’avoir tué les Alayiens. Les noyant par centaine. La magie ne servait pas servir à cela. Néanmoins il ne pouvait s’empêcher de s’interroger quant à ce qu’il se serait passé si jamais il avait agi autrement ? Peut-être n’aurait-il pas coupé l’élan Alayien suffisamment longtemps pour offrir à leur troupe le temps de se reformer et faire face à l’ennemi qui arrivait. Peut-être y aurait-il eu encore plus de morts de leur côté. Sans doute ceux qu’il avait tués étaient condamnés à mourir. Ils se seraient suicidés comme les autres en ayant découvert que Väsà les avait abandonnés une fois encore. Sans perdre plus de temps, la leçon débuta. La remarqua d’Elrond au sujet de son professeur et de l’exercice ressemblant plus à une torture que celui-ci lui faisait faire arracha un rire à son élève du jour. S’il n’avait eu le cœur en peine, peut-être aurait-il répondu au rire du marchand elfique. Au moins celui-ci arrivait à rire malgré les heures sombres. Son rire franc et un peu stupide en raison de la cause qui l’avait suscité lui rappelait celui des hommes qu’il avait côtoyé il y a longtemps. Seuls ceux qui avaient côtoyé les hommes riaient ainsi. Alors que dragonnier sylvestre faisait une démonstration de son tir rapide au membre de la Triade, celui-ci changea brusquement de sujet, remarquant le malaise du blond. | « Les Hommes meurent, Elrond. Tous, un jour où l'autre, et dans une majorité de cas, avant vous-même. Il n'y a rien qu'on puisse faire à cela. D'autant plus lorsqu'ils tombent au combat, sur un champ de bataille. » | Elrond n’osa pas le regarder, se contenant d’observer la cible cribler de ses flèches. Cela ne changeait-il rien que ces hommes, bien qu’Alayien, soient mort lors de l’Aube-Rouge ? Ils étaient morts tôt, mais de toute manière, ça ne changeait rien, car les hommes mourraient très tôt par rapport à eux. Ils étaient condamnés à mourir de toute manière, alors cela n’avait pas d’importance ? Si cela avait de l’importance. Ils étaient morts de sa main premièrement. Mais parce qu’aussi les humains mourraient suffisamment tôt comme cela pour raccourcir davantage leur durée de vie. Elrond ne dit pas un mot, il ne fit pas un bruit. Il n’avait pas spécialement envie d’y répondre. Il savait toutefois qu’Aldaron ne pensait pas à mal, il devait vouloir tâcher de le réconforter en lui disant cela. Fort heureusement pour lui, la conversation vira à nouveau sur le tir à l’arc. Le dragonnier n’était pas plus choqué que cela par ses revirements. | « Mettez-vous en position de tir. » |
Elrond attendit que celui-ci vienne s’exécuter, tandis que lui-même venait poser son arc afin d’avoir les mains libres, une fois fait il s’approcha de son élève qui commençait à tendre la corde et viser. Le blond lui indiqua de tenir sans tirer. Tournant derrière lui, il observa à nouveau la position de celui-ci avant de s’approcher, venant lui dire de relâcher la pression sur la corde pour éviter que celui-ci ne décoche. Attrapant par la suite ses doigts, il les fit changer afin que celui-ci tienne la flèche autrement. | « Les elfes utilisent trois doigts pour tirer leurs flèches. Ils coincent la queue de la flèche entre d’un côté l’index et de l’autre le majeur annulaire. Et ils coincent la corde avec la première phalange de ses trois doigts. Ça permet d’obtenir un tir stable, mais malheureusement d’une cadence un peu trop lente à mon goût. » |
Elrond plaça les doigts d’Aldaron de telle manière à obtenir un tir pincé. Que la queue de la flèche soit maintenue par le pouce et la deuxième phalange de l’index. | « Essayez en tir pincé. C’est un peu plus délicat, car ça demande plus de force dans le poignet et le bras. Cela offre un tir moins stable, mais une fois maitriser cela ne pose plus de problèmes. » |
En effet, c’est le pouce et l’index qui en plus d’exercer une pression sur la flèche doivent tendre l’arc contrairement aux trois doigts dans la première version qui en réalité n’exerce pas de pression sur la queue de la flèche pour la maintenir. Elrond se recula ensuite, demandant à l’elfe de tendre et tenir. L’Amarië ajusta légèrement la position de l’elfe, lui faisant lever un peu plus le coude du bras de la main tendant la corde. | « Les hommes meurent en effet, ils meurent tôt. Trop tôt. Suffisamment justement pour qu’il ne soit pas utile que je vienne davantage raccourcir cette durée de vie en les noyant, Aldaron. S’il n’y a rien que l’on puisse faire pour cela, il faut au moins leur permettre de vivre jusqu’à ce que la vieillesse les emporte. » |
Le blond se tut après ces brèves paroles, se reculant une fois encore pour laisser suffisamment d’espace au marchand pour tirée sans gêne et sans risque.
Dernière édition par Elrond Amarië le Ven 6 Mar 2015 - 23:57, édité 2 fois |
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| Sujet: Re: Vivre auprès des humains [PV Aldaron Triade] TERMINE Dim 1 Mar 2015 - 11:43 | |
| Aldaron se mit en position de tir, tint sa flèche de deux doigts et se servit des phalanges des trois derniers pour astreindre la corde. A dire vrai, ce fut ainsi qu'on lui avait enseigné jadis à bander l'arc et il avait entretenu cette tradition sans prendre garde qu'il en existait une autre. Lorsqu'Elrond lui demanda de relâcher la pression, il s'exécuta et contempla la nouvelle position de ses doigts. Son pouce et la première phalange de l'index tenaient la queue de la flèche, les trois autres étaient repliés dans son poing. La situation se présentait de manière différente, il était certain qu'il perdrait en stabilité de tir mais gagnerait un rapidité du geste, le placement serait plus prompt. Le dirigeant du Marche Noir était relativement curieux à ce sujet, lui qui était toujours en quête de nouveautés, voilà qui lui ouvrait un horizon renaissant. Il banda la corde dans ce nouveau maintien, l'acte se révélant plus difficile qu'avant et tacha de maintenir cette position.
La réaction du dragonnier vint enfin, à retardement. A croire que comme Aldaron, Elrond avait l'art de faire macérer une question dans son esprit jusqu'à ce qu'il en ressorte une réplique adéquate. Son maître archer était tant dans le juste que dans le faux. S'il est vrai qu'il ne pouvait pas cautionner le centuple assassinat d'Elrond, croire qu'il aurait pu changer la face du monde en ne les tuant pas n'était pas plus sûr. Le marchand tira la flèche, son manque de stabilité dans sa nouvelle posture lui fit manquer la cible d'une dizaine de centimètres. Toutefois, il ne laissa pas le silence et les dialogues annexes prendre le pas sur ce qu'il venait d'entendre. Il se tourna vers lui et planta ses deux yeux verts émeraude dans les siens, son expression était à mi-chemin entre la peine pour le dragonnier et le scandale.
« Sauf votre respect Elrond, est-ce votre enseignement baptistral qui vous a rendu naïf ? Croyez-vous réellement que c'est la vieillesse qui emporte les hommes ? »
Son visage prit cette allure goguenarde qu'ont les adolescents humains en pleine crise existentielle. Son ton se fit puissant, engagé et majestueux quand son totem Saumon s'en mêla.
« Ce n'est point le trépas des aïeux qui frappe les humains à l'égal les elfes. Ce n'est pas la vieillesse qui emporte tant le mort-né que la femme en couche. Ce n'est pas la vieillesse qui pèse sur les épaules des hommes lorsque se présentent aux portes de leurs maisons le froid, la famine ou les épidémies. C'est la rancune, l'orgueil et la jalousie qui tuent les hommes. C'est le pouvoir, les guerres, les massacres qui tapissent les terres d'Armanda de sang. Ce sont même leurs lois où la peine capitale s'incarne en assassinat d’assassins. Qui croyez-vous pouvoir sauver Elrond ? Avez-vous seulement passer une nuit à leurs côtés, à discuter près du feu, pour entendre les doléances de leurs si courtes existences ? »
Il poussa un soupir et tâcha de retrouver la sérénité précédemment délaissée. Il ne savait rien des humains. Il osait croire à leur possible vieillesse. Les elfes ne connaissaient pas la maladie et le pire des châtiments qui puisse être exécuté n'est autre que l'exil. Ôter une vie, c'était choir dans l’opprobre. Elrond ne pouvait pas comprendre. A ses yeux, il ne pouvait pas comprendre ce que lui savait après 400 ans parmi ses êtres si différents de sa race natale. Il prit une flèche à nouveau, banda son arc et tira une nouvelle fois. Ce n'était pas fameux, mais au moins, ça touchait la cible. Il devait s'habituer à sa nouvelle position. Il n'y avait que l’entraînement qui lui dirait si cette posture lui convenait d'avantage.
« Les alayiens auraient ôté autant de vie que vous leur en auriez accordées. Vasà les a abandonnés et déjà c'est le suicide qui se propageait parmi les alayiens comme la plus frappante des épidémies. Ceux qui ont fui sont traqués comme des bêtes sauvages par les hommes de Wintel. Combien de vies pensez-vous que vous auriez pu épargner ? Pensez-vous que la vieillesse aurait emporté ces hommes-là ? »
Nouvelle flèche, nouveau tir. Il gagnait un cercle. Il forçait sa main et son bras à maintenir la corde sans faillir.
« Que la culpabilité soit votre fardeau pour l'acte que vous avez commis, je peux l'entendre. Et je vous admire pour cela. Si vous réagissez avec conscience, c'est que votre âme n'est point obscure et je suis certain que vous saurez vous laver de vos pêchers. Mais que vous imaginiez pouvoir les sauver... Je vous arracherai mille fois ces mots de votre bouche, je viendrai dans votre esprit vous les extirper s'il le faut. Je vous interdis cette croyance. Vous ne pouvez pas vous y cantonner. Vous ne le pouvez plus. »
Plus maintenant que son avenir de baptistrel avait atteint son terme. Il tira trois fois de suite, ses flèches poursuivaient leur amélioration en se rapprochant doucement mais sûrement du centre de la cible. Elrond ne pouvait pas sa permettre de rester à genou devant cette porte close en honorant les préceptes des baptistrels. Son acte débouchait sur un tournant radical de sa vie. C'était à lui de choisir entre lamentations ou renouveau. Il devait le voir comme une chance, une opportunité.
« Vous êtes sale du sang qu'il a sur vos mains mais blanche est la page sur laquelle il n'appartient qu'à vous d'écrire. Tous les hommes doivent mourir. Tous, car chacun est meurtrier. Celui qui tue est-il bien certain de ne pas épargner une autre vie qui demain aurait pu tomber des mains de sa victime ? Celui qui sauve ne sera-t-il pas complice quand sa victime épargnée tranchera une gorge ? Du plus ignoble des bourreaux au plus illustre des baptistrels, êtes vous bien certain qu'il ne s'agisse pas tous d'assassins ? »
Nulle paranoïa de la part d'Aldaron. Il parlait sur le ton du constat et le son de sa voix laissait entrevoir qu'il ne s'agissait pas d'une fatalité, qu'il s'agissait seulement de leur univers tel qu'il était, avec ses richesses et ses pauvretés. Un monde où ils devaient évoluer, où leurs actes bons ou mauvais n'étaient jamais sans conséquences. Pourquoi le sauveur d'un homme devait-il mieux dormir quand le sauvé prenait mille vies ? Pourquoi l'assassin devait-il d'avantage se retourner dans ses draps quand d'autres le considère comme un héros ? Une simple notion de culpabilité. Perfide culpabilité. |
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| Sujet: Re: Vivre auprès des humains [PV Aldaron Triade] TERMINE Ven 13 Mar 2015 - 20:03 | |
| ¤ C’est donc ca, ton point de vue des humains ? ¤ Elrond expliquait méthodiquement la nouvelle manière de tirer qu’il voulait enseigner à son élève du jour. Espérant que celle-ci lui siérait autant qu’à lui. Normalement il ne devrait pas y avoir de raison que cela ne le soit pas. Mais sait on jamais, toutes les personnes sont uniques dans leur genre. Dans le pire des cas, il en avait un second en réserve, mais l’elfe ne l’appréciait pas particulièrement. Le marchand se laissait faire sans rechigner. Un élève bien calme, un élève que n’était pas dans le temps l’Amarië. Finalement le dragonnier s'était retiré pour laisser Aldaron s’habituer à cette nouvelle position, la laissant la découvrir et jauger la force qui lui serait nécessaire pour la maitriser. Il lui faudrait de nombreux tirs avant que celle-ci ne s’ancre véritablement dans le corps de l’elfe, mais il ne fallait pas négliger le début et la découverte de cette dernière. Finalement au bout de quelques instants, le membre de la Triade relâcha la flèche, mais manqua la cible. Ah on ne pouvait pas en demander trop dès le début, au moins la flèche était partie et avec suffisamment de force. La prochaine fois il compenserait son manque de stabilité. Chaque erreur le rapprocherait de la perfection. Mais alors que le dragonnier sylvestre s’attendait que le marchand s’apprête à nouveau à tirer, celui-ci lui lâcha une remarque cinglante. | « Sauf votre respect Elrond, est-ce votre enseignement Baptistral qui vous a rendu naïf ? Croyez-vous réellement que c'est la vieillesse qui emporte les hommes ? » | Piquer au vif, le blond fronça les sourcils. Bien sûr que non ce n'était pas le vieillissement qui emportait la majorité des hommes. Les humains étaient fragiles, ils mouraient facilement de la malade. Mais ils font aussi la guerre, la guerre contre les vampires tout d'abord, les elfes les ayant abandonné dans cette bataille depuis longtemps. Et maintenant ils font encore la guerre, mais entre eux cette fois-ci. Bien sûr que non le vieillissement n'était pas la première cause de mortalité de l'espèce humaine contrairement aux elfes. Mais pourtant c'est celle-là qui devrait l'être ! Le brun continua, visiblement énervé, mais ces propos ne firent qu'énerver en retour le blond. Certes il y avait du vrai dans ce qu'il disait, mais cet imbécile avait braqué dès le début le dragonnier. La voix du dragonnier éclata soudainement alors que ses yeux lançaient des éclairs de colère en direction du marchand. | « Pensez-vous que j’ignore les problèmes des humains ? Pensez-vous que j’ignore tous deux ? C’est à tort que vous pensez que je ne les ai jamais côtoyés. J’ai vécu tout un siècle à leurs côtés. Je les ai vus naitre, grandir, vieillir et mourir. C’est à tort que vous pensez que la vieillesse ne peut emporter un humain. Qu’ils doivent forcément mourir à cause de la maladie ou de la guerre. La vie des hommes est courte, même lorsqu’ils parviennent à la vivre jusqu’à leur terme. J’ai porté dans mes bras un bébé humain et soixante ans plus tard je me retrouvais à lui tenir la main alors qu’il était allongé dans un lit, l’accompagnant dans l’attente de son trépas ! » |
Le blond serra les poings, visiblement en colère. | « Alors c’est ainsi que l’on devient après quatre siècles auprès des hommes ? Quatre siècles à les voir mourir alors que l’on continue d’exister. Quatre siècles à voir des hommes dépérir tandis que sa croissance continue ? Quatre siècles à constater son impuissance face à la différence profonde qui existe entre les elfes et les humains ? Je me demandais ce que l’on devenait après avoir pu supporter aussi longtemps pareil spectacle. Je suis affligé par ce que je vois. Serais-je devenu aussi insensible que vous après quatre cents ans ? Me serais-je mis à critiquer cette race comme vous le faite ? Aurais-je perdu tout espoir, m’enfonçant dans un profond défaitisme ? » |
Elrond leva la tête, toisant le marchand du regard. | « Parce que j'ai noyé des centaines d'Alayien je ne dois pas les prendre en considération ? Parce que je les ai tués bafouant les préceptes baptistraux, je dois aujourd'hui les jeter aux orties ? Cesser de penser que j'aurais pu les sauver ? Cesser de penser que j'aurais pu faire autrement ? Parce qu'ils ont tué, ils devaient mourir eux aussi ? Parce qu'ils auraient continué à tuer si je ne les avais pas tués avant cela, cela justifie mon acte ? Il n'y a pas de justification valable dans le meurtre d'un individu, même quand on pense le faire pour une cause juste. Même quand on le fait pour sauver une vie. » |
Le blond fit un pas en direction d'Aldaron le fusillant d'un sombre regard. | « Tous les hommes doivent mourir parce qu’ils sont tous des meurtriers ? Ce sont là vos paroles. Quelle est cette sombre image que vous dressez d’une race que vous côtoyez chaque jour ? Vous avez abandonné une femme et un enfant pour venir vivre avec des assassins ? Depuis quand avez-vous cessé d’aimer les humains ? Depuis quand ont-ils cessé de vous fasciner ? » |
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| Sujet: Re: Vivre auprès des humains [PV Aldaron Triade] TERMINE Jeu 19 Mar 2015 - 0:22 | |
| Aldaron portait sur lui un regard rempli de détermination. Il ne craignait ni la hauteur de ses propos ni ses yeux grondants. Il les affrontait sans démentir de ce qu'il pensait. Il gronda avec plus de force et de conviction que lui, mais sur les mêmes tournures et le même rythme :
« Depuis quand les assassins ne peuvent-ils pas être aimé ? Depuis quand ne peuvent-ils pas me fasciner ? Vous parlez par ignorance, Elrond. Alors c'est ainsi que l'on devient après deux siècles auprès des elfes ? Deux siècles au milieu de leur suffisance éternelle ? Deux siècles au sein de leur discrimination aveugle ? Deux siècles à parler du meurtre comme une grave maladie et du mensonge comme une opprobre ? Je me demandais ce que l’on devenait après avoir pu supporter aussi longtemps l'enseignement baptistral. Je suis affligé par ce que je vois. A vivre dans les vieux bois, serais-je devenu à ce point intolérant ? Aurai-je regardé ce monde avec une innocence aussi fragile que du verre et pourtant aussi implacable que l'acier ? C'est à tord que vous pensez que je ne les aime pas. Je les vois dans toute leur magnificence, sans œillère pour cacher ce qui les ronge, aussi inavouables soient leurs pêchés. Je les vois sans occulter le plus sombre, et sans pour autant leur jeter la pierre. Je les vois tels qu'ils sont et je les aime ainsi. »
Il s'écarta et saisit une nouvelle flèche. N'était-il pas là pour s’entraîner ? La flèche était superbe et vint de planter dans le cercle central. La flèche irait là où il le voulait. Il tira une seconde, moins bonne. L’entraînement achèverait de parfaire cette nouvelle prise en main.
« Vous croyez connaître les hommes mais aux premiers trépas, votre innocence blessée, vous êtes retourné parmi les vôtres. Eux seuls avaient la longévité qui ne vous arracherait pas des larmes si précocement. Vous êtes parti là où je suis resté. Vous portez des conclusions infâmes sur mes pensées en vous basant sur des préceptes elfiques. Des préceptes que j'ai délaissé pour pouvoir vivre auprès des hommes. En cela votre jugement s’imprègne d'erreurs. »
Il posa finalement son arc, il ne se sentait plus enclin à s'entraîner d'avantage. Il parla plus calme :
« J'ai, moi aussi, caressé la joue tendre d'un humain qui vient de naître puis cette même joue, des années plus tard, de rides creusée. J'ai entendu son dernier souffle. J'ai eu mal et mon regard s'est porté sur sa nombreuse progéniture. Eux aussi, je les avais vu naître puis céder au trépas. J'ai eu d'autant plus mal que je portais encore le deuil de leur père. Encore une fois je me tournais vers sa progéniture qui marchait vers Mort. Aurais-je du ignorer cette poignante souffrance ? Aurais-je du retourner auprès de ceux de ma race ? »
Il aurait pu. Son père l'aurait accueilli si son fils avait lavé la honte qui salissait son ancestrale famille.
« Un siècle avait passé. J'aurai pu, comme vous, me résoudre à croire que je ne trouverai jamais ma place avec eux. Que voir périr chacun de mes amis me plongerait dans la folie si je ne revenais pas parmi les miens. Mais j'étais chez moi et je ne voulais pas partir. »
Il poussa un soupir et croisa les bras sur son torse. Un fin sourire se dessina sur son lèvre lorsqu'il évoqua ce sublime souvenir :
« Et puis un jour, elle est venue vers moi. Elle avait quinze ans, c'était la veille de ses noces. Elle m'a demandé si, de part mon grand âge à ses yeux, j'avais connu ses aïeux. Lorsque je lui ai confirmé avoir été leur proche ami, j'ai vu son regard briller d'une curiosité sublime. Elle m'a demandé de lui conter leur histoire et je lui donnais ce qu'elle me demandait avec une précision qu'elle n'aurait jamais pu obtenir par un autre moyen de moi. Elle fut la première et loin d'être la dernière. L'existence de mes amis de jadis renaissait à travers moi, c'était comme s'ils vivaient encore, comme s'ils étaient là, à nouveau, près deux leurs arrière-petits enfants pour leur prodiguer de bienveillants conseils. »
Il délaissa son sourire pour planter son regard dans celui d'Elrond :
« Je ne pourrais jamais leur apporter une existence aussi longue de la mienne, je n'aurai jamais eu satisfaction dans ce domaine mais... J'ai fait mieux que cela. Je leur ai offert l'éternité. Je suis devenu le pilier de leur génération. J'avais perdu un père, une femme, un enfant, et je trouvais enfin une famille. Je suis ancré au sein des humains et fais parti intégrante d'eux même. Je lui leur mémoire, leur veilleur. Bien fou serait celui qui voudrait me détacher d'eux à ce jour. Cela ne m'empêche pas de porter sur eux, les elfes, les vampires, un regard lucide. »
Il refusait cette naïveté. Il espérait un monde meilleur, une utopie sans guerre. En cela Aldaron était naïf. Mais sa vision d'Armanda à l'heure actuelle était loin d'être erronée.
« J'aime ces assassins, car au delà du meurtre, leur existence ne se résume pas à cela. La vôtre non plus Elrond. Si je vous demande de vous détacher des préceptes baptistraux, ce n'est pas parce que je les juge bons à jeter. C'est parce qu'ils vous poussent à porter sur vous un regard tellement négatif qu'il ne pourra jamais vous servir. Ils ne sauront que vous accabler et vous rappeler ce que vous croyez être, mais je suis persuadé que vous n'êtes pas qu'un assassin. Ouvrez les yeux, Elrond. Vous étiez sur un champ de bataille. C'est la mort qui règne en maître, non pas les vices de ses acteurs. » |
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| Sujet: Re: Vivre auprès des humains [PV Aldaron Triade] TERMINE Sam 28 Mar 2015 - 15:53 | |
| ¤ Cela en vaut-il la peine ? ¤ Il n’aimait pas cette vision qu’avait le marchand des humains. Ces créatures merveilleuses, mais pourtant si éphémères. C’est parce que Elrond les aimait tant qu’il n’avait pu supporter leur mort. C’est parce que ceux qu’il avait connus l’avaient tant éblouie que l’elfe n’était pas parvenu à supporter leur mort. Qu’il n’était pas parvenu à rester parmi ses descendants comme avait pu le faire Aldaron. Il n’avait pas réussi à se détacher d’eux. Tous ceux qu’il avait le plus aimés étaient partis si tôt. Sa mère, ses humains. Alors oui il était parti. Il avait préféré partir que de voir son cœur se déchirer à chaque fois qu’un humain trépasserait. Il avait préféré fuir que de revivre cette souffrance encore et encore. L’Amarië n’était pas un masochiste. Qui aimait souffrir ? Qui aurait été continué de souffrir de la sorte ? Quelques années de bonheur et de joie parmi eux pour ensuite souffrir toute une vie à porter leur mémoire ? Se ressassant sans cesse les souvenirs de ces derniers, réveillant à chaque souffle la déchirante douleur de leur séparation. Qui pouvait accepter cela ? Qui pouvait vivre cela ? C’est comme une malédiction ! Alors oui il était parti. Oui il avait fui. Préférant s’isoler, garder intacte cette mémoire dans un coin de son esprit et ne pas la revivre pour ne pas prendre le risque de rouvrir de vieilles blessures. Garder à l’esprit ces humains si parfaits et éblouissants qu’il avait connu au lieu de voir leurs images se ternirent. Aldaron les aimait aussi, mais cela ne l’empêchait pas de les traités d’assassins, de les voir leur côté sombre. L’Amarië ne souhaitait pas cela, il préférait s’aveugler que prendre ce risque. Ce risque de voir les mauvais côtés. Ce risque de voir son amour pour eux s’effriter. Il préférait garder en mémoire cette pensée idéaliste de l’humain, certes fausse, mais belle. | « Et vous arrivez à vous contenter de cela ? Toute cette souffrance, toute cette douleur pour ça ? Trouvez-vous cela juste ? Rester auprès des humains que vous aimez et découvrir leur noirceur. Restez auprès des humains et les voir mourir pour des années plus tard transmettre leur mémoire à leurs descendants, rouvrant les blessures causer par leur mort. Un cercle éternel de douleur pour des instants éphémères de bonheur… quand bien même ces instants en valent la peine. Vous avez su trouver du bonheur dans votre malheur. Je ne saurais dire s’il s’agit là de masochisme ou de détermination ou de noblesse. » |
Le blond fit un pas en arrière, détournant le regard du membre de la Triade pour venir observer la cible qu’Aldaron avait criblée de flèches. Il se débrouillait bien. | « Quoique cela soit, c’est une chose dont je ne me sens pas capable. Je préfère les voir tels que je les ai en mémoire. Tel qu’ils étaient lorsque je les ai rencontrés. Epurer de toute noirceur… Epurer de tout vice. Uniquement fascinant et éblouissant. Traité moi de naïf, d’imbécile ou d’aveugle. Mais c’est ainsi que je veux les voir. C’est ainsi que je veux me les rappeler. En dépit de tout. » |
L’elfe tourna le dos au marchand pour venir saisir son arc, passant sa main dessus, la caressant légèrement. | « Vous vous trompez Aldaron. J’ai en effet une image bien piètre de moi après ce que j’ai fait. Les esprits ne nous ont pas créées pour que nous nous entretuions, je ne veux pas croire le contraire. Ce que j’ai fait ce jour-là, quand bien même je me trouvais sur un champ de bataille, n’est pas excusable. Vous dites que cette vision négative de moi-même ne saurait me servir ? Bien au contraire. Je ne suis pas un être sans la moindre morale, ce fardeau je le porterais jusqu’à la toute fin. Je ne peux nier cette erreur. Je la garderais en moi à jamais et elle guidera chacun de mes actes afin que je ne réitère pareille horreur. Si tous les individus ayant pris part à une guerre pensaient ainsi, alors il n’y en aurait plus. Si tout à chacun connaissait les effets qu’ôté une vie entrainait tel que nous l’apprennent les préceptes baptistraux, alors il n’y aurait plus de meurtre. » |
Elrond tourna son visage en direction d’Aldaron. | « Je vois ce que vous tentez de faire marchand. Mais c’est en vain. » |
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| Sujet: Re: Vivre auprès des humains [PV Aldaron Triade] TERMINE Dim 5 Avr 2015 - 11:49 | |
| Le dirigeant du marché noir décroisa sa bras pour joindre ses mains dans son dos, dans une posture on ne peut plus droite et noble. Son père aurait peut-être été fier de ce qu'il était devenu, mais il ne l'était pas. Aldaron caressait les hautes sphères avec une habilité déconcertante. Partant de rien, il avait intégré les rangs de la noblesse, pas la bonne noblesse cependant. Celle des humains non pas des elfes. En cela était son erreur et faisait de lui un rien. Nul doute qu'un humain n'aurait jamais eu suffisamment de temps à vivre pour de hisser aussi haut que lui dans l'échelle sociale. Mendiant à noble. Avec du temps et du deuil, il était resté parmi eux.
« On s'habitue au deuil Elrond. Si vous aviez passé plus de temps avec les humains, vous le sauriez. » souffla-t-il songeur.
Ses propos, bien que calmes, laissaient entrevoir une certaine peine. L'émeraude dans ses yeux vacillait presque imperceptiblement, mais cela apparaissait comme une flamme tremblante, en proie à l'extinction prochaine.
« De noir on se pare chaque jour. De la peine, des souvenirs, on s'en abreuve de l'aube jusqu'au crépuscule de nos jours. Les humains sont très nombreux, leur fertilité n'a rien à envier à la nôtre. La mort fait partie de leur quotidien. Qu'on vive des siècles comme moi ou soixante année comme eux, nul ne peut prétendre ne jamais avoir vu Mort emporter un frère, un père, un ami, une amante. Comprenez-vous Elrond ? Les elfes ne savent pas ce qu'est la mort. Ils ne le sauront jamais. Ils ne la voient qu'en de rares occasions, aussi rares que les naissances. Tout est décuplé pour eux, pour vous. Les nouveaux nés sont des miracles, les morts des exceptions. Si les premiers vous inondent de joie, les derniers vous accablent drastiquement. Les humains cumulent tant des deux à chaque instant que s'ils ressentaient venues au monde et trépas avec la même puissance que les elfes, vous les verriez tantôt se rouler à terre de douleur, et la seconde d'après sauter de joie sans transition aucune. Ils seraient fous. Ils sont pas le temps de souffrir un siècle, ni celui d'accueillir une âme naissante avec autant de ferveur que les elfes. Voyez-vous où je veux en venir Elrond ? »
Il l'interrogea du regard. Comme si tout relevait à présent de l'évidence. Les humains avaient une vie condensée. Ils souffraient du deuil mais avaient une capacité de résilience plus rapide que les elfes.
« Cela peut vous paraître être de l'indifférence, vous ne pouvez peut-être pas comprendre qu'en trois jours seulement on soit capable de sourire à nouveau. Les elfes ont perdu leur roi. Ils ont perdu des frères lors de l'Aube Rouge, vous avez tué de nombreux ennemis. Vous allez avoir beaucoup de mal à vous relever parce que votre capacité à accepter le deuil est plus tremblante que celle des humains. »
L'elfe poussa un soupir. Le peuple elfique avait perdu foyer, roi, amis. Des heures sombres les attendaient encore. Il leur faudrait être forts. Il leur faudrait se battre et quitter l'habit noir avant que folie ne les guide à coup de douleur.
« Il y a bien longtemps que je ne suis plus un elfe, que j'ai cessé de songer à leur manière, de souffrir à leur manière. La mort de mes amis ne m’atteint plus aussi aisément qu'autrefois. Vous êtes bien jeune, vous êtes candide à mes yeux et sûrement qu'aux vôtres, je suis un monstre. Je ne saurai vous dire qui de nous deux voit l'autre avec justesse. »
Aldaron afficha un demi-sourire à ses lèvres.
« Je rêve aussi d'un monde en paix Elrond. Mais je m'oblige à le faire avec beaucoup de pragmatisme. Le monde n'est point remplis de rêveurs, malheureusement. J'espère que vous en avez bien conscience et que vous n'attendez rien d'Armanda. »
Il pensait notamment à Lorenz Wintel et à ses erreurs accablantes, si pleines d'égoïsme. Le prince vampire ne prenait pas le futur comme une hypothèse. Il savait à quelle destruction il voudrait aboutir, et y marchait résolument.
« Je ne peux vous détourner de la direction que vous semblez assurément prendre, hélas. Vous êtes dragonnier et de grandes responsabilités pèsent sur vous. J'aimerais tant que vous n'en usiez pas pour aller vers des objectifs irréalistes. Vous ne pourrez bâtir une paix en fermant les yeux sur les horreurs et en négligeant ce qui fait l'attrait de chaque race, que ce soit du bon... »
Il reprit son arc pour le porter à lui. Il partirait bientôt, mais sur la route qui le conduirait au lac noir, il aurait le temps de s’entraîner et d'appliquer les enseignement d'Elrond. Il espérait, lui, que les Armandéens cessent de considérer la vampirisation comme une malédiction. Lui, y était prêt. Jamais cela ne se produirait, l'Aube Rouge avait fini d'achever son espoir agonisant.
« Ou du mauvais. La paix n'est pas un idéal où tout n'est que sourire et bonheur. La paix est une construction, elle se fabrique avec les éléments existants dans notre monde, tels qu'ils sont. Rien ne tombera du ciel Elrond, nous devons faire avec ce que nous avons et ne point raboter d'ergots parce qu'ils nous dérangent. Si vous voulez de ce monde, je suis prêt à vous offrir mon concours. Mais par Dracos, je refuse de suivre une personne qui se voile la face. Vous ne construirez jamais rien de cette manière. Nier le monde n'est pas une façon de résoudre un problème. Votre volonté, votre croyance pure est noble. Mais elle ne vous conduira à rien. Dans vos rêves, peut-être. Mais pas en Armanda. » |
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| Sujet: Re: Vivre auprès des humains [PV Aldaron Triade] TERMINE Jeu 16 Avr 2015 - 20:14 | |
| ¤ Les horreurs ¤ | « On s'habitue au deuil Elrond. Si vous aviez passé plus de temps avec les humains, vous le sauriez. » | Tant d’horreur dans les mots du marchand. S’habituer au deuil, quelle idée insensée. S’habituer au deuil signifie d’habituer à la mort. S’habituer à la mort signifie la négliger. Ainsi négliger, elle perd de l’importance, elle perd de sa valeur, elle perd sa symbolique. Elle n’est finalement plus rien du tout. Et si la mort n’est plus rien du tout, alors la vie n’est plus rien non plus. Car la vie est indétachable de la mort, elles sont liées, étroitement lier. Alors s’habituer à la mort revenait à lui faire perdre de l’importance ce qui conduisait à faire perdre de l’importance à la vie. C’était cela la pensée et la vision de l’elfe ? Non, peu probable. Alors comment pouvait-il prononcer tant d’horreurs sans crouler sous le poids de ses mots. Le regard du blond s’assombrit. | « Je vois ce que vous voulez dire Aldaron. Mais je refuse de mettre cela sur le compte de l’habitude. C’est bien trop horrible. Non, cela ne peut être l’habitude. En aucun cas leur vision de la mort, en aucun cas leur capacité d’affronter le deuil peut venir de l’habitude. Je refuse de le croire. Seuls les monstres sont comme ça. Et les humains ne sont pas des monstres. Mais vous oui, à mes yeux vous êtes un monstre. Vous vous êtes habitué au deuil, vous êtes un monstre. Vous avez abandonné la vision des elfes et vous me dis avoir adopté celle des humains. Mais c’est faux. Les humains ne sont pas comme ça. Les humains n’ont pas été habitués à la mort du fait de leur courte vie. Cette habitude n’est pas la vision des humains. Cette habitude n’est pas leur capacité de faire face à la perte des leurs et au chagrin. Oui, vous êtes un monstre à mes yeux Aldaron. » |
Le dragonnier elfique fronçait des sourcils tout en posant un regard dur en direction du membre de la triade. | « Mais je ne vais pas vous blâmer pour être devenu un monstre. Vous avez vécu auprès des humains et la douleur de les perdre qui vous a rendu ainsi. Vous n’êtes rien de plus qu’un elfe meurtri. Un elfe meurtri qui a tenté de s’approcher de la vision des humains pour ne plus souffrir. Je ne doute pas que l’on puisse s’accaparer la vision des humains pour devenir comme eux, pour affronter le deuil comme eux. Mais aucun cas cette vision provient de l’habitude. Vous êtes un monstre à mes yeux, car la vision qui vous prétendez avoir est corrompue. Elle n’est pas celle des humains. » |
Elrond fit un pas en arrière tandis que son visage se déridait, son regard s’adoucissant. La dureté disparut, devenant tristesse et pitié. Au fond, il le plaignait. Il disait ne plus être un elfe. C’est vrai, mais il n’est pas un humain non plus. Il est perdu entre les deux. Il a perdu sa voie à un moment et est devenu un monstre. Elrond espérait qu’il retrouverait son chemin et éloigne de ces pensées cette idée abominable de l’habitude. | « Si je suis candide, vous, vous êtes désillusionné. Votre pragmatisme vous en a fait oublier l’espoir. Le monde n’est pas rempli que de rêveur. Mais il y’en a, tout il comme il y a des gens bons. Il ne peut y avoir que des monstres dans ce monde. » |
Le dragonnier vint repasser son carquois sur son épaule correctement avant de reprendre. | « Je suis dragonnier, je possède une force bien supérieure à certains. Une force bien supérieure à la vôtre. Les choses qui vous apparaissent irréalistes me paraissent réalistes. Sinon à quoi serviraient les dragonniers si ce n’est pour réaliser des choses irréalisables pour le plus grand nombre ? » |
Un petit soupire finit par s’échapper de l’Amarië. | « Bien sûr que si, il faut fermer les yeux sur certaines horreurs Aldaron. Cette alliance qui a duré un temps entre les elfes, les humains et les vampires a été rendue possible, car nous avons fermé les yeux sur certaines atrocités des vampires. Nous avons fermé les yeux sur le fait qu’ils ont des esclaves, ou plutôt du bétail pour se nourrir. Je ne dirais pas que nous sommes allés jusqu’à le pardonner, car beaucoup son contre et moi le premier, sachant qu’ils ont la possibilité de faire autrement, mais sans pardon point de paix. Je ne nie pas tout marchand, je refuse simplement de le voir. Je sais que c’est ici, mais je refuse de le voir en face. Pas pour tout bien entendu, mais pour les choses qui me tiennent le plus à cœur, je préfère me voiler la face pour ne pas voir s’étioler l’image que j’en ai. C’est le cas pour les humains. » |
[PS: Désoler pour la lenteur de ma réponse. J'espère que la réponse te suffira =/] |
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| Sujet: Re: Vivre auprès des humains [PV Aldaron Triade] TERMINE Jeu 30 Avr 2015 - 21:47 | |
| Dès les premiers propos du dragonnier, il sut que c'était peine perdue et qu'il ne pourrait jamais rien tirer de cet homme là. Les elfes, de façon générale, étaient extrêmement longs à faire bifurquer les choix qu'ils avaient jadis toujours pris. Toute évolution se résumait à néant et pour Elrond, hélas, il serait trop tard lorsqu'il réaliserait ce point. Il détecta, à cet instant précis, en lui-même, ce qui jadis l'avais détourné de son peuple natal. A ces yeux, cette race, aussi bonne soit-elle dans ses intentions et dans ses actes, demeureraient infertile avec un mécanisme de réflexion semblable. Il sentit l'agacement palpiter dans son cœur, faisant vibrer son être entier jusqu'à lui hérisser les poils. Il désirait tant saisir le blond et le secouer comme un arbre fruitier jusqu'à ce que la récolte soit bonne. Hélas, cette plante-là était immature et les fruits qu'elle croyait faire naître n'étaient ni mûrs, ni âcre. Il ne s'agissait là que des lambeaux déchirés de vains espoirs, baignant dans l'âpre aigreur de l’amertume, suintant de rêves trop vaporeux pour qu'ils ne se solidifient un jour en solution concrète.
« J'ignore si un jour les elfes soulèveront cette épaisse couche de poussière accumulée des millénaires durant sur les rouages rouillés de leurs réflexions aussi sages que stériles. »
claqua-t-il avec un calme exaspéré. De douceur il n'y en avait aucune, malgré la délicatesse et la poésie apparente de sa parole. Les elfes tomberont, une jour ou l'autre, Aldaron en était certain : Armanda évoluaient dernièrement trop promptement pour prétendre garder en son sein la lenteur des elfes.
« Je crains que sur leur tombeau on ne lise qu'Armanda les a tué. Vous ne servez pas votre peuple, Elrond, en réfléchissant de cette manière si hermétique : vous choirez avec eux, soyez en assuré. Vous parlez de ce que vous méconnaissez. Vous croyez tout savoir des humains, prétextant vous vous voiler la face. Cessez donc de tourner autour du pot : vous ne savez rien. Croyez-vous être grandiloquent en brandissant votre prétendue science comme une bannière pleine de fierté ? Vous méconnaissez chacune des races qui peuplent cette terre. Là où vous signalez vous voiler la face, vous ne faites que pointer du doigt les horreurs vampiresques. Croyez-vous que les elfes ne tapissent pas de sang leur histoire ? Vous désirez un royaume de paix et d'amour, mais vous êtes le premier à ne pas reconnaître vos erreurs tout en blâmant dans un même temps le camp adverse. N'avez-vous donc pas fini de plaider la bonté lorsque de telles horreurs sortent de votre bouche ? Quant aux humains, vous les avez abandonné lorsqu'il a été trop difficile pour vous d'affronter leurs morts, alors que leur pairs s'en sont remis bien plus rapidement que vous. Vous êtes ignorant et faible. Est-ce moi alors le monstre, dites moi ? Est-ce moi qui me suis détourné d'eux ? Est-ce moi qui les ai délaissé dans leur souffrance pour aller au loin apaiser la mienne ? A vos yeux, je suis un monstre. Mais si être un monstre c'est réussir là où vous avez échoué, laissez moi vous dire que je préfère être un monstre qu'un lâche parce qu'en étant un monstre j'ai demeuré à leur côtés, leur apportant tout le soutien que vous ne leur avez jamais offert en fuyant. Dites moi seulement qui de nous deux est le monstre, Elrond ? Celui qui a annihilé sa peine pour porter celle des autres ou celui qui a délaissé les autres à leur souffrance pour panser longuement sa propre ? Dragonnier ou non, voilà des miliers d'années que les baptistrels tâchent de rendre honteux tout meurtre sans jamais y parvenir. Réveillez-vous. Ouvrez les yeux. Je n'ai rien d'un désillusionné. Ceux-ci sont malheureux, je ne le suis guère car j'ai accepté la nature de chacun pour l'intégrer à ma conception de ce monde. Vous osez me dire que ma vision est erronée, permettez-moi d'en rire amèrement.»
Il serrait les dents, avidement agacé par si peu de vivacité : une lenteur dont était maîtresse la race elfique.
« Vous parlez comme un enfant, vous n'en avez plus l'âge. Je suis las de cette conversation. »
Il demeurait polis, toutefois, en lui-même, son cœur lui criait ô combien cet elfe l'agaçait, comme tout autre. Il ne savait rien et étalait sa science. Il se croyait plus fort mais la puissance n'avait aucune utilité si on n'avait pas d'objectif réalisable vers lequel marché. Il était un enfant, dans son monde et refusait d'en démordre. Hors mis l'art du tir à l'arc, aux yeux du marchand, le blond était une coquille vide. Il s'inclina respectueusement cependant et prit congés.
[HJ : je t'aime <3] |
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