La bataille était terminée, les loyalistes en fuite, Néant avait abandonné ses troupes et les vampires abandonnés leurs postes. les pertes avaient été tellement nombreuses que le sol était à présent gorgé de sang. Sous son poids la terre faisait un bruit désagréable, le sang ressortait du sol couvrant ses écailles bleu du liquide écarlate. Le combat avait été long et rude, malgré cela Möebius était fier de ne pas avoir succombé. Seulement une pointe de culpabilité l'envahissait, il regrettait tellement qu'Ashy aie été blessé pars a faute. Secouant la tête, il fit tinter le doux son du métal encore sur lui. Elle lui allait vraiment comme un gant, à chacun de ses mouvements elle s'adaptait lui procurant confort et protection à la fois. Son lié avait vraiment dû se ruiner pour la lui offrir. D'ailleurs en parlant de celui-ci, le bleuté était précisément à sa recherche. Accompagné des cliquetis de son armure et cliquetas du sang sous ses pattes il avança.

Le vide créé par l'absence de l'esprit d'Elrond était toujours là, au moment ou celui-ci avait disparu il avait eu malgré tout de la chance que les fanatiques ne s'en prennent pas à lui. Néanmoins, ils s'étaient rattrapé bien après. Heureusement que l'écailleux n'avait eu aucune blessure, quelques coups par-ci par-là mais rien d'inquiétant. Contrairement à son cavalier.

Utilisant son ouïe et son odorat il poursuit ses recherches à travers Aigue-Royale. La dernière fois que le dragon avait vu Elrond, celui-ci jetait un sort dans les galeries, maintenant restait à savoir dans laquelle il était à présent. La possibilité qu'il ai quitté les environs était faible, s'il avait été blessé il n'aurait pas pu aller bien loin. Espérant, suppliant le Dracos, le bleuté visita chaque galerie mais aucun corps au sol ne ressemblait au sylvain blond qu'il connaissait si bien. Déterminé il se refusait d'abandonner, Möebius retourna alors aux diverses cavernes. Il visita au hasard chacune d'elle.

Caché et paniqué, des civiles se trouvaient ça et là, le bleuté n'osa pas s'approcher de peur de les effrayer davantage, attristé de ne pas avoir aussi bien réussi à protéger l'entrée de la galerie il ne pouvait que constaté les dégâts, les cadavres des civiles au sol ne faisaient que gonfler sa tristesse, sa peur et sa culpabilité. Möe espérait de tout coeur de ne pas être obliger de regarder le corps de son dragonnier sans vie et de devoir faire ses funérailles. Oh que non il ne voulait pas de cela, aussitôt après lui avoir rendu hommage celui-ci n'hésiterait pas à s'exiler par de-la l'océan pour se laisser tomber et mourir au fond des abysses.

Soudaine une présence revînt à lui. Faible mais bien là. L'écailleux releva bien haut la tête et huma l'air. Une odeur différente des autres, pas tant que ça mais suffisamment pour attirer son attention. Reprenant peu à peu espoir, ses prunelles se gorgèrent à nouveau de vie et son allure s'accéléra. Oui Elrond était vivant. Tellement heureux il envoya son esprit jusqu'à celui-ci sans rien lui dire. Submergé par les émotions il se dirigea vers la caverne des Songes.

On était venu l'avertir, lors d'une pause dans les soins qu'il prodiguait aux blessés les plus problématiques. Combien de vies avait-il sauvé en quelques heures ? Trop pour qu'il puisse compter. Certaines blessures étaient choquantes, même pour un baptistrel habitué à s'occuper de tous types d'afflictions. Pourtant il fallait bien juguler ce que l'on pouvait ressentir dans ces cas-là. Quel bien cela pouvait-il faire à un soldat à la jambe transformée en pulpe de chair, que son guérisseur tourne de l'oeil ? Mais ça allait. Il s'était si bien barricadé depuis sa mort qu'il avait eut tout loisir de prendre sur lui les blessures au vu desquels les autres hésitaient un peu. Il s'épuisait excessivement vite, c'était pure vérité, mais tant pis, il le fallait bien. Il avait de toute façon des potions énergisantes et une trame dans laquelle puiser même si elle s'était vidée en plusieurs endroits d'Aigue, preuve que des mages à la puissance importante avaient eu eux-aussi besoin d'un soutient de la trame. Il savait que, dès qu'il quittait un patient, s'était en laissant du soulagement derrière lui. Et il ne pouvait que s'en féliciter évidemment, tout en n'oubliant jamais qu'avant tout, c'était de sa faute à lui, tout cela… Ce qu'il faisait là n'était pas de l'altruisme, ce n'était qu'un acte naturel, le paiement d'une part de sa faute. Personne n'aurait dû le remercier pour cela. Personne n'aurait dû l'observer avec ce regard éperdu de gratitude. Il n'aimait pas ces regards, ils lui donnait envie de leur hurler qu'ils n'étaient tous que des imbéciles naïfs.

Il ne l'avait pas fait. Heureusement sans doute. Mais leur attitude l’écœurait profondément. Il n'avait pas envie de perdre son temps… et son esprit était bien assez occupé par les paroles de Lorenz qui revenaient sans cesse. Une place auprès de lui. Son frère. Il avait une place auprès de lui. Il lui restait une place en ce monde… une véritable place, pas parce qu'il était utile ou que quelqu'un avait simplement besoin de ce qu'il était capable d'accomplir. Non, quelqu'un le voulait pour ce qu'il était, pour qui il était… C'était inestimable à ses yeux, et unique chez un bipède, depuis la mort d'Eliow. Il comptait bien quitter Aigue et prendre cette place offerte, une fois ses devoirs accomplis. Mais pour le moment il devait visiter quelqu'un. Aramis lui avait apprit la nouvelle avec gravité et pour cause. Il n'y avait cru qu'à moitié au départ, mais maintenant qu'il le voyait il ne pouvait que se rendre à l'évidence. C'était la vérité… il aurait été stupide de douter, il était stupide, de douter en vérité. Il l'avait fait instinctivement, insultant son ancien professeur, sa pair, et ce pour rien. Mais il n'avait pas voulu le croire, tout simplement. Ce n'était pas arrivé depuis…. Depuis Lladrana en vérité. Et encore en cet instant, il se demandait qu'est-ce qu'il avait pu mal faire, tout en se fustigeant, la partie nouvellement cynique de son être persiflant qu'il avait choisit s avoie et s'était simplement trompé dès le départ.

Il ne voulait écouter ni l'une ni l'autre des parties de son être. Elrond n'avait pas manqué sa vocation, mais il avait effectivement choisit de sacrifier ce futur là pour aider la rébellion. Qu'il soit hypocrite de se voiler la face ou non, il préférait s'en tenir à cette version-ci. Il releva finalement la tête en le voyant bouger et soupira finalement. « C'est moi, Merithyn » annonça-t-il d'une voix douce, et il se leva pour s'approcher du gisant, sa magie venant rendre une vision stable à celui qui était désormais son ex apprenti. Pour autant, il se refusait à ouvrir ses perceptions baptistrales et était donc sourd aux vibrations de la rébellion entière. Il se rassit simplement un instant plus tard, déroulant avec application les manches de sa tunique qu'il avait remonté pour les soins. « Comment te sens-tu ? » Il ne pouvait pas le savoir par lui-même pour le moment et, puisqu'il se refusait à s'ôter son aveuglement, il n'avait plus que la possibilité de demander.

Enfin il touchait au but, l'esprit de son dragonnier était de plus en plus perceptible. Cela eu pour effet de regonfler l'espoir devenu si mince durant la bataille. Son rythme cardiaque s'accéléra sous l'émotion, colère, peur, joie se mélangèrent rendant le bleuté instable lorsqu'il entra dans la caverne des Songes. Seulement son impatience continua de monter en flèche. Il y avait tant de monde ! Il fut au début surpris puis finalement trouva cela stupide, c'était le lendemain de la bataille normal qu'il y ait encore des personnes à soigner ! Möe renâcla discrètement pour se ressaisir sans pour autant troublé le repos bien mérité de certains.

Un bref coup d'oeil ne lui permettait pas de trouver Elrond du premier coup, s'en était frustrant ! Si près et si loin en même temps. Du moins il avait cette drôle de sensation accrochée au cœur depuis qu'il avait cru le perdre. Il fallait qu'il le voit, qu'il le sente respirer pour qu'enfin il puisse se dire qu'il n'avait s'agit que d'une frayeur. Et d'un grand coup de chance !

Timidement, le saphir ailé reprit la marche toujours à la recherche de son cavalier. D'ailleurs il se demandait bien qui avait pu sauver Elrond. Il mourrait d'envie de savoir, peut-être que le concerné savait qui fut son bienfaiteur. Ou peut-être pas, mais qui simplement lui poser la question ne demandait pas grand chose, mais avant il fallait le trouver ! Möe eu un faux espoir en apercevant une crinière blonde, une fois proche de celle-ci il comprit que ça n'était pas son lié, à moins qu'il n'ai décidé de devenir une femme ...

Comme il n'avait pas l'intention d'abandonner, Möe se concentra sur ce lien qu'il chérissait tant puis il se laissa guider vers Elrond. Tellement secoué par ce trop plein d'émotions il n'avait pas réalisé qu'il était tout à côté. En quelques pas il fut tout près ... Seulement son cavalier n'était pas tout seul.

Méfiant le bleuté approcha son museau de l'individu avant de le reconnaître, le baptistrel qui devait formé son lié ! Toute éventuelles agressivité disparu en croisant le regard de Merythin. Rassuré, Möe lui adressa un hochement de tête avant de regarder Elrond ... Le dragon en eu un haut-le-coeur tellement il était faible. Doucement il approcha son museau pour le poser sur le ventre de son cavalier. Il prit soin de ne pas s'appuyer, pas la peine de lui causer davantage de souffrance. Alors il resta là, en respirant calmement son odeur pour lui-même se convaincre que tout était fini. Il allait aller mieux et puis si cela se révélait nécessaire, offrir son énergie lui était possible ... Cela rattraperait son erreur de ne pas s'être montrer plus prudent ! Si seulement il avait fait attention, il ne se trouverait certainement pas ici. Möebius tenta de rester calme mais la colère le rongeait tout comme la culpabilité. Sa seule consolation était que le bienfaiteur d'Elrond avait bien agit ...

Ses délicats sourcils s'arquèrent en un froncement inquiet en voyant l'état dans lequel était Elrond. Qui donc s'était occupé de son apprenti ? Enfin, ex-apprenti, mais ça n'y changeait rien. Le guérisseur qui l'avait laissé dans cet état ne savait décidément pas ce qu'il faisait. C'était une honte. Non seulement la conscience professionnelle aurait dû le ou la pousser à faire les choses correctement mais il ou elle aurait dû se montrer encore plus consciencieux puisqu'il s'agissait d'un dragonnier… certes, dans l'effervescence on pouvait avoir du mal mais tout de même ! Il n'osait imaginer si Elrond avait subit de plus lourd dégâts que ce qu'il semblait porter. Néanmoins, ce n'était plus maintenant qu'il fallait s'en affoler, s'il devait repasser derrière afin d'aider le jeune elfe, il le ferait… Ce n'était pas parce qu'il avait commis une folie qu'il lui refuserait ses soins. Il avait bien protégé les alayiens, non ? Ce serait tout de même stupide de le laisser dans cet état. Il l'ignora donc royalement dans un premier temps et s'approcha de lui pour le soutenir de ses bras frêles, afin qu'il ne se fasse pas trop mal en essayant de se redresser. Il était incapable de le soutenir au-delà de ça malheureusement. Il se rallongea finalement et juste au moment où son lié arrivait enfin. Il en avait mit, du temps… n'était-il donc point capable de retrouver son dragonnier au travers de son âme comme les autres ? Ou bien leur lien n'était-il tout simplement pas assez fort pour cela ? Il espérait que ce ne soit pas cela… parce qu'il allait sans doute avoir besoin de Moëbius pour supporter ce qu'il allait lui dire.

Il recula cependant, afin de leur laisser la place à tous deux de se retrouver en paix. Même s'il ne pouvait attendre indéfiniment, il pouvait prendre un moment pour cela tout de même. Au bout d'un moment donc, il avança à nouveau en brisant le silence. « Je crains de devoir vous interrompre » Il vint placer une main gantée de blanc sur l'épaule de l'elfe alité et usa de sa magie pour le remettre d'aplomb. Il serait capable d'au-moins se retrouver un peu mieux et de récupérer correctement après son épreuve. C'était tout ce qu'il pouvait faire hélas, la blessure n'était pas physique, elle était magique. Une fois qu'il fut satisfait du résultat, il s'installa sur la chaise qu'il tira près de la couche et il continua en expliquant. « Oui la bataille est terminée. Nous sommes arrivés à temps pour empêcher que Néant soit à nouveau frappée et les alayiens ont prit la fuite pour la grande majorité, les autres sont en prison, dans Fort-Esperance. Ils y resteront un moment je pense. Les rebelles ont remporté cette journée mais je doute qu'ils célèbrent leur victoire au vu du coût qu'elle représente. Quand à vous... vous vous trouvez dans la caverne des songes, au repos. Et il vous fallait bien ça si ce que j'ai appris est vrai, et je doute qu'on puisse dire le contraire... » Il croisa les bras sans cesser de l'observer, guettant ses réactions. Qu'il soit perturbé n'était guère étonnant après ce qu'il avait encaissé. Il devrait y aller progressivement, mais lui ne pourrait pas lui servir de béquille, il avait trop à faire….

« J'ai passé toute la nuit et une partie de la journée à soigner les blessés les plus graves. Je me suis interrompu lorsque j'ai appris que tu étais du nombre. Je ne peux pas rester longtemps, et d'ailleurs vous apprécierez sans doute de retrouver Moëbius en paix… mais… je dois vous parler avant cela... » Il ne pouvait se résoudre à le tutoyer maintenant en vérité.

La main de son dragonnier se posa sur son museau, rassuré Möebius se recula pour lui laisser de l'air et se remettre droit. De toute manière Merithyn semblait avoir des choses à lui dire. Mais oui, il allait bien ... Ça n'est qu'au bout de quelques secondes à rester là à le fixer, lui son dragonnier, qu'enfin Möe réussit à mettre toute cette peur de côté. Maintenant qu'il était à ses côtés, Elrond n'avait plus rien à craindre. Tout ces événements ne feraient qu'augmenter la surprotection qu'il lui portait, à croire qu'elle n'était pas suffisante car le dragon estimait ne pas avoir accomplie correctement sa mission. Pas vis-à-vis des rebelles mais de son cavalier. Très certainement que celui-ci allait lui reprocher encore une fois d'être trop sérieux, quoi que ... Allait-il pour une fois faire preuve de maturité et prendre les événements tels qu'ils étaient et non pour une plaisanterie ou un coup de chance ? Pas sur, Elrond restait Elrond après tout.

Alors que son maître lui racontait, le dragon observa les réactions de son lié visiblement étonné de ne pas avoir été mis au courant de toutes ces choses. Il avait vraiment était inconscient aussi longtemps apparemment, l'esprit de l'écailleux azur dériva vers cette mystérieuse chance, qui avait tout de même offert de ses forces à son cavalier, autrement il ne serait pas ici en train de parler. Quelle créature pouvait être capable d'une telle chose ? L'intuition de Möe lui intima qu'il ne pouvait s'agir que l'un de ses semblables et dans la situation passée, il n'y avait que Ashy de présente. Skade avait dit à son fils adoptif qu'éventuellement elle viendrait, mais même en ayant l'esprit concentré dans son combat, il savait qu'elle n'était pas venue, du moins il ne l'avait pas aperçu. Donc oui c'était la dragonne d'émeraude qui avait sauvé son lié. Le dragon souffla longuement par les naseaux comme un soupir de bipède, oui cela faisait du bien de savoir la vérité ...

Avec douceur, Möe posa son museau contre le buste de son cavalier pour sentir son coeur battre, oui même en voyant son cavalier lui parler, le bleuté avait encore les secousses du combat, lorsqu'il avait cru le perdre, l'écailleux lui répondit avant de se reculer pour laisser parler les deux bipèdes.

Il fallait absolument qu'il aille prendre de ses nouvelles et également la remercier ! Un minimum. Et puis revoir la jolie dragonne émeraude ne le dérangerait pas le moins du monde. Mais pour le moment le sort de son dragonnier et ce que Merythin s’apprêtait à lui dire l'intéressait davantage.

Il pinça les lèvres, ne sachant pas bien comment rendre tout cela moins violent, ni d'ailleurs s'il voulait vraiment rendre les choses moins violentes. Ne risquait-il pas de ne pas prendre la mesure de ce qu'il avait fait ? Au cours d'une seule bataille, un soldat lambda ne tuait pas tant que cela, c'était un effet de groupe, de masse. L'endurance mortelle n'était pas faite pour durer le temps nécessaire à un massacre personnel. Il n'en allait pas de même avec les mages, dont les pouvoirs dépassaient ce qu'un simple guerrier pouvait accomplir. Et cela rendait le geste d'Elrond plus grave encore car malgré toute son hypothétique bonne volonté, il était désormais rien moins qu'un meurtrier de masse, avec la mort de centaines de personnes sur l'âme… Et lui ne comprenait absolument pas comment il en était arrivé là. Comment, avec ce qu'il avait apprit, avait-il pu disposer de toutes ces vies sans plus de considération. Guerre ou pas, il n'y avait pas d'alternative à la conséquence.

« Non, cela a à voir avec vous » Il soupira et ferma un instant les yeux. C'était son devoir de maître que de le lui apprendre, mais il aurait, lâchement, préféré ne pas le faire et déléguer cette responsabilité à quelqu'un d'autre. Quelqu'un comme Aléria ou Eawyn. « On m'a apprit ce que vous avez fait, durant la bataille. Les morts que vous avez causés » Il laissa passer un bref instant de silence, pendant lequel son regard noir et lisse refléta l'autre, bleu et interrogateur. « Vous connaissez nos règles et les façons de notre ordre. Vous savez ce que cela implique, d'ôter la vie pour nous et pour notre magie… Elrond, vous ne pouvez plus prétendre au titre de Baptistrel, votre âme est souillée par le trépas de ces individus. Même si vous acheviez votre apprentissage, il vous serait strictement impossible de porter la pureté de la magie Baptistrale… » Mieux valait ne pas le cacher, au final. Y mettre les formes aurait été insulter la gravité de la situation et de son geste. Néanmoins, il se permit de poursuivre.

« Je ne peux poursuivre votre apprentissage en tant qu'Enwr. Cependant, nos enseignements vont au-delà de la formation baptistrale. Si vous désirez prolonger vos études, vous pourrez rejoindre les rangs de nos élèves lambdas et bénéficiez de nos leçons par cette voie… cela vous aidera peut-être... à porter votre charge… » Car après tout, il portait la responsabilité de ces vies ôtées. C'était le mieux qu'il puisse proposer. Qu'il apprenne simplement à vivre dignement et en harmonie avec le reste du monde, pour honorer les vies de ce qui avaient périt par son geste, et pour qu'il ne gâche pas le reste de son existence. « Si vous le désirez, la porte vous est ouverte. Je ne serais probablement plus votre professeur, mais mes pairs sauront vous guider tout aussi bien… dans le cas contraire, je suppose que vous nous trouverez toujours à l'écoute, si vous aviez besoin d'aide » Il n'avait plus grand-chose à rajouter. Hésitant un bref instant, il attendit cependant sa réaction avant toute chose.

Calmement Möebius écouta la réponse de son cavalier, oui il faudra aller la voir, d'autant plus qu'à cause de son imprudence à lui, Ashy avait été blessé, le bleuté souffla longuement tel un soupire, il tenta de chasser ce sentiment de culpabilité mais rien n'y faisait, oui le seul moyen de s'en débarrassé était de lui rendre visite et de s'assurer de son état. Mais pour l'heure Möe était persuadé qu'il allait devoir "s'occuper" de quelqu'un d'autre.

Sans émettre le moindre son, le dragon écouta la conversation entre les deux bipèdes. Seulement, le visage d'Elrond s'anima d'un sentiment que son lié ne connaissait que trop bien, les trous de mémoire ... Ayant perdu connaissance en pleine bataille il était normal que cela se passe ainsi, néanmoins l'écailleux comprenait ce qu'il avait pu ressentir durant tout ce temps ou les rôles avaient été autre : lui savait et son dragon ignorait. S'il avait pu il se serait empresser de lui donner de plus amples informations concernant toute cette histoire, mais visiblement cela ne serait pas nécessaire. Heureusement comme malheureusement ce désir puissant de connaître les événements passés apportaient avec eux tout les sentiments les plus beaux, mais les plus horrible aussi, Elrond en faisait actuellement les frais. Et à cause de la situation actuellement il ne pouvait guère lui être utile. Dans tout les cas, le sylvain ne semblait qu'obnubiler par les paroles du Baptistrel.

Une fois que celui-ci eu finit de parler, Möebius sentit à quel point les mots faisaient mal à son cavalier. Il le voyait chercher, il le voyait se lancer des questions de rhétorique, sans en connaître le contenu exact, Möe devina que le dragonnier ne cherchait pas à se défiler, au contraire il prenait la réalité telle qu'elle était. Seulement l'écailleux azur ne savait, encore une fois, que trop bien à quel point cela pouvait faire mal. Une larme coula le long de la joue du sylvain alors que son souffle se faisait plus saccadé. Même si cela n'aurait autant d'effets qu'il le désirait, le dragon tenta d'envelopper son cavalier dans une aura rassurante quand celui-ci s'accrocha à son esprit. Oui quoi qu'il lui arriverait il serait toujours présent à ses côtés. Même si un vampire le changea, c'était une certitude.

Surpris, Möebius le regarda. Pourquoi faire ? Même si se forcer à regarder la vérité en face pouvait se révéler profitable, contempler les conséquences de ses erreurs seraient plus désagréable qu'autre chose. Mais le dragon ne souhaita pas entrer en conflit avec son cavalier, pas maintenant. Lorsque celui-ci s'appuya sur son museau pour se mettre debout, il le laissa faire. Néanmoins, Möebius regarda l'ancien maître de son lié, ne sachant quelle position serait la plus juste à adopter.

Oui il savait, ou plutôt il en avait une idée, il se garda évidemment de la lui faire partager. Il le reconnaissait bien la, mais il n'avait pas l'intention de participer à l'horreur qu'il allait vivre en voyant ce qu'il avait fait. Du moins pas tout de suite.

Alors qu'Elrond se tenait à sa patte pour marcher, le dragon alla se poster devant lui pour faire office de barrière toujours en prenant soin de ne pas cogner les autres brancards disposés ça et la. Avec douceur il utilisa sa patte droite pour venir coller son cavalier contre son poitrail. Puis une fois son lié contre lui, il baissa la tête pour venir souffler dans ses cheveux avant de la câliner du mieux qu'il le pouvait. Certes ce geste était plus adapté entre bipède mais qu'importe, c'était de ça dont Elrond avait besoin qu'il le veuille ou non. Lovant son esprit contre celui de son elfe, Möe lui répondit calmement.

Il roulait des yeux avant de s'en rendre compte, incapable de retenir le geste que tout cela lui inspirait. Ce n'était pas digne, que de le charger trop durement, mais d'une certaine façon, et même avec la volonté de l'épargner, il en restait qu'il… Non. Peu importait. Soupirant légèrement, il croisa les bras. « Vous pouvez effectivement croire que je vous ménage. Ce n'est pas faux. Je peux aussi vous juger et vous charger de la pleine horreur de votre crime, le voudriez-vous ? Quoi qu'il en soit, et malgré la sympathie que je peux effectivement éprouver pour vous, je vous propose surtout de poursuivre votre apprentissage pour vous permettre de comprendre et vivre avec votre acte, et d'honorer ceux à qui vous avez prit la vie » Cette fois, le ton était sec « Quand à vos victimes, elles ont probablement été déjà brûlées, en majorité du moins. Vous ne le savez peut-être pas, mais les chairs des morts par noyade sont plus délicates à bien des égards, il faut donc les prendre en charge rapidement. De plus, les rebelles sont contraint d'user de crémations de masse. Ils se sont échinés depuis la fin de la bataille et jusqu'à présent. Mais je vous en prie, allez-y donc si c'est vraiment ce que vous voulez. S'il en reste on vous les indiquera, je ne me suis pas intéressé à leur emplacement » Le temps qu'il perdait déjà là coûtait peut-être la vie à d'autres « Cela dit, voici votre première, et peut-être unique leçon de ma part à présent. Ne vous fiez pas à vos sens ou à vos pensées, ce sont elles qui vous ont menées à cet instant. Plus que ce que peut ressentir votre corps, tournez vous vers votre esprit... »

Il jeta un regard vers Moëbius, mais l'amertume lui serra la gorge. Comment un dragon pouvait-être aussi… irréfléchi ? Aussi candide ? Mais sans doute était-il effectivement trop jeune pour comprendre. Laissant cela de côté, il observa une dernière fois Elrond. « J'ai entendu dire que Sire Seithvelj avait proclamé l'avènement d'une caste des dragonniers. Peut-être souhaiteriez-vous en faire partie ? Vous devriez aller le voir, en ce cas. Moi je dois retourner auprès des blessés, ils ont besoin de moi…. Ryle Hira, Elrond Amarië » Et il partit sans plus un mot.

HRP : Conclusion pour moi

Möebius resta quelques instants là, son cavalier collé contre lui sans rien dire ou penser. Que pouvait-il ajouter de plus de toute manière ? Se confondre sans cesse en divers discours pour remonter le moral de son dragonnier ne servirait à rien, pour avoir déjà connu une souffrance presque similaire, les nombreux messages d'encouragements n'avaient guère servis pour regonfler son moral d'écailleux. Tout ce qu'il pouvait faire était d'attendre que celui-ci retrouve la motivation d'entreprendre. Son rôle consisterait donc à le surveiller de loin afin de s'assurer qu'il ne sombrerait pas dans la folie face à ce qu'il allait voir.

Car oui Möe allait le laisser aller regarder. Il n'avait aucune idée d'ou les corps avaient été entreposé, mais à l'odeur il ne peinerait pas longtemps à retrouver leur trace. Tout semblait si complexe dans ce monde de bipède. Chez les écailleux, le meurtre ne pouvait être reprocher, lui et ses semblables étaient des chasseurs, des créatures que certains jugeaient fait pour tuer, ainsi dont ils se contentaient de répondre que c'était dans leur nature profonde, ce qui en un sens n'était pas totalement faux. A la différence, les dragons ne tuaient que pour se nourrir, contrairement aux bipèdes ou les complots faisaient rage pour obtenir une meilleure place dans l'échelle sociale, éliminer une personne qui aurait empêcher un projet de se faire, une femme qui désirait tout comme un autre. Non ils étaient différent, Möe était différent, c'était donc pour cela qu'il avait du mal à mesurer l'étendue du geste d'Elrond ? Hormis le fait qu'il venait de se fermer la porte pour devenir Baptistrel, le bleuté ne voyait pas en quoi ces meurtres étaient mauvais, ces Alayiens étaient tout ce qu'il y avait de mauvais, il en voulait à la magie, lui ... Alors qu'il ne leur avait rien fait, excepté un qui l'avait bien cherché.

En l'espace de quelques secondes, Möebius réussit enfin à mesurer le poids qui reposait sur les épaules de son chétif bipède, alors pour éviter de le vexer davantage, il se recula en le lâchant pour le laisser ouvrir la marche. Comme il l'avait dit un peu plus tôt, il serait la pour son sylvain quoi qu'il décide, alors Möe se laissa guider vers le tas de cadavre qui représentait l'oeuvre de son cavalier.