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La dernière aube [PV Aranël et Eliowir] TERMINE

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MessageSujet: La dernière aube [PV Aranël et Eliowir] TERMINE La dernière aube [PV Aranël et Eliowir] TERMINE Icon_minitimeMer 12 Nov 2014 - 22:14

An 2 de l'âge d'obsidienne – 30 juin – Bataille de l'Aube Rouge


Il était encore très tôt dans la nuit lorsque la haute silhouette d'Artaher s'était redressée sur la couchette qui les avait accueillis, son épouse et lui, depuis leur arrivée à Aigue-Royale. L'aube ne dévoilerait pas ses premiers rayons avant plusieurs heures, mais dans la cité souterraine régnait pourtant une activité aussi intense que silencieuse. Tous le savaient : à l'extérieur, dans la pénombre de la nuit, des régiments entiers d'alayiens se préparaient à déferler sur leurs défenses. Et tous s'y préparaient, à l'instar du général elfique qui venait de se lever pour se débarbouiller avec un peu d'eau claire avant d'enfiler son uniforme par dessus une tunique légère. A quelques pas de là seulement, ses armes et armure personnelles l'attendaient, soigneusement rangées sur le râtelier prévu à cet effet. Les lourdes plaques de métal firent entendre un léger cliquetis lorsque le colosse vérifia la solidité des attaches de cuir qui les ceinturaient. Sûrs et adroits, les gestes méthodiques du guerrier s'interrompirent brièvement lorsqu'une main délicate était venue effleurer la sienne pour l'aider à refermer l'une des boucles de métal qui assuraient la cohésion de la carapace protectrice. Son regard aux reflets azurés remonta le long du bras venu lui apporter cette discrète assistance et vint caresser le visage inquiet que son épouse tournait vers lui. L'elfe esquissa un hochement de tête silencieux en guise de remerciements autant que d'encouragements. Il savait à quel point cette journée serait difficile pour la jeune archiviste, et plus encore maintenant qu'en plus de s'inquiéter pour son mari, elle devrait s'inquiéter pour son fils aîné. Permettre à Aranël de participer à la bataille à venir avait été l'une des plus difficiles décisions que le couple eut jamais à prendre, et quand bien même Lisaë avait-elle fini par céder devant les arguments de son époux, il n'était pas difficile d'imaginer les tourments auxquels étaient encore soumis son coeur. Artaher aussi était inquiet, bien sûr, quel père ne le serait pas à l'idée que son fils se battrait bientôt à mort, mais il n'était pas moins convaincu de la justesse de son choix. Pour le meilleur ou pour le pire, Aranël avait hérité de la combativité de son paternel, et ce dernier était dès lors plus que bien placé que pour savoir que le fougueux jeune elfe se battrait, avec ou sans l'autorisation de ses parents. Mieux valait donc la lui accorder, au moins le général serait-il ainsi en mesure de garder un oeil sur son aîné.

Lorsqu'il fut prêt, Artaher adressa un nouveau regard à son épouse, la gratifiant d'un clin d'oeil qu'il souligna d'un sourire rassurant avant de la prendre dans ses bras désormais cuirassés, le temps d'une dernière étreinte. Il ne l'embrassa pas, cependant, comme il en avait l'habitude avant une bataille. C'était une vieille superstition qui n'en demeurait pas moins tenace à l'esprit du général : embrasser son aimée avant un combat équivalait à lui faire ses adieux et portait malheur au combattant.

« Prends soin de toi, reste auprès des enfants, et ne t'en fais pas pour nous, je veillerais sur Aranël. »

Quelques mots seraient bien peu de choses face aux inquiétudes d'une mère craignant pour son enfant, mais au moins avaient-ils eu le mérite de briser le silence tendu qui s'était installé entre les deux époux. Le moment des séparations fut bientôt là, et le général quitta les bras de son aimée pour gagner la pièce principale du dortoir qui tenait lieu de salle commune aux familles qui y logeaient. Il y retrouva son fils, lequel arborait fièrement son armure flambant neuve et l'épée qui ceignait sa ceinture. Pour être lui-même passé par là, Artaher devinait sans mal l'excitation que pouvait ressentir l'adolescent elfique devant la perspective de participer à son premier véritable combat. Avait-il seulement dormi ? Probablement pas. Figé dans les attitudes martiales dont il était coutumier, le général s'approcha et salua brièvement son aîné, lui indiquant d'un signe de tête que sa mère apprécierait sûrement quelques mots de sa part avant le début des hostilités. Il quitta ensuite le dortoir et attendit à l'extérieur que l'adolescent le rejoignit.

Le second dans le sillage du premier, père et fils se dirigèrent vers les galeries qui composeraient leur futur champs de bataille pour prendre la place qui serait la leur pendant l'affrontement. Artaher fit un rapide détour par l'état-major rebelle pour s'enquérir auprès de ses semblables d'éventuelles nouvelles consignes, puis laissa ses pas le mener vers les lignes de front. De part ses fonctions, le général commanderait le gros des forces armées elfiques : les régiments qui combattraient dans les galeries les plus larges, là où était attendu le principal assaut des alayiens. En dehors de son salut, il n'avait pas encore adressé la parole à son fils, non pas qu'il refusa de lui parler, que du contraire, mais tout simplement parce qu'il ne savait pas ce qu'un père était censé dire à son enfant lorsque ce dernier se trouvait à moins d'une heure d'une bataille qui pourrait parfaitement voir leurs morts à tous les deux. Pourtant, Artaher savait comment s'adresser aux soldats, il savait trouver les mots pour galvaniser les troupes, pour leur insuffler courage et confiance. Mais lorsque l'un de ces soldats prenait les traits de son propre enfant, les choses devenaient subitement autrement plus difficiles.

Les secondes, puis les minutes s'égrainèrent, rythmées par les dernières consignes que le général faisait passer à ses troupes, jusqu'à ce que vienne le moment pour eux de prendre place parmi les rangs de soldats en armes et d'y attendre. Attendre que l'ennemi surgisse, que les cors de guerre se fasse entendre et que la charge soit lancée de part et d'autre. Étrangement, cette attente était souvent plus éprouvantes pour les soldats que ne l'était la bataille proprement dite, du moins était-ce le cas pour ceux qui en réchappaient.

Muré dans le silence, Artaher n'avait toujours pas accordé le moindre mot au jeune adolescent qui maîtrisait difficilement son impatience à ses côtés. Un cor résonna au loin, puis un autre tandis que s'avançaient face à eux les premiers rangs de soldats en armures noires. Comme s'il avait eu besoin de cette vision pour se débloquer les mâchoires, le général prit finalement la parole, le regard rivé sur les rangs ennemis et l'esprit déjà à demi-concentré sur les manœuvres des deux armées qui s'opposeraient en ce jour sanglant :

« Souviens toi de ton entraînement, Aranël, et tout se passera bien. »

Dans les rangs rebelles, les épées quittèrent leurs fourreaux tandis que les premières volées de flèches laissaient entendre leur sifflement dans l'atmosphère confinée de la galerie.

« N'oublie pas de tenir ta garde haute. Ne tremble pas, n'hésite pas, jamais, car eux n'hésiteront pas. Laisse parler ton instinct, certaines choses se ressentent plus qu'elles ne se pensent : c'est vrai à l'entraînement, ça l'est plus encore en combat réel. Si nous sommes séparés ou si tu me perds de vue, prends tes ordres auprès du gradé le plus proche. Et surtout, quoiqu'il arrive, reste concentré sur ton combat : garde la tête froide et l'esprit lucide, les erreurs viennent avec la panique. Sois brave. Sois fort. »

Il parlait avec rigueur et méthode, s'efforçait de trier tout ce qu'il aurait encore voulu pouvoir lui dire avant de le lancer dans la bataille et s'exprimait sur un ton autoritaire qu'il voulait aussi détaché que possible pour ne pas risquer éveiller des sentiments malvenus dans l'esprit d'un guerrier à l'aube d'une bataille. Toutefois, il ne put s'empêcher de laisser poindre une once de chaleur dans sa dernière phrase :

« Je suis fier de toi. »

Les rangs ennemis n'étaient plus qu'à quelques dizaines de mètres désormais. Artaher affermit sa prise sur ses épées jumelles et fit un pas en avant, levant l'une de ses lames tandis qu'il hurlait désormais à l'attention du régiment d'elfes qui combattrait à ses côtés :

« A PRESENT NOUS RASSEMBLONS TOUTE NOTRE RAGE ... »

Et chaque elfe présent reprit le dernier couplet de l'hymne elfique...
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MessageSujet: Re: La dernière aube [PV Aranël et Eliowir] TERMINE La dernière aube [PV Aranël et Eliowir] TERMINE Icon_minitimeSam 15 Nov 2014 - 18:21

Il n'avait pas dormi une seule minute... Comment l'aurait-il pu en sachant qu'il allait se battre dans quelques heures ? Les rapports étaient clairs comme de l'eau de roche, les loyalistes allaient passer à l'attaque dans la nuit, au matin dans le pire ou le meilleur des cas. Aranël ne comprenait absolument pas comment certains rebelles, son père y compris, pouvaient bien trouver le moyen d'aller tranquillement se coucher après avoir apprit ça. On avait beau lui dire que ces quelques heures de repos lui seraient très précieuses une fois sur le champ de bataille, qu'elles lui sauveraient peut-être la vie, il n'empêchait qu'il avait été bel et bien incapable de dormir.

Car il en serait... C'était désormais une certitude. Sans doute aurait-il hurlé de rage dans le cas contraire, et trouvé le moyen d'aller se battre quand même, mais ce ne serait pas nécessaire. Après de très longues tractations, ses parents avaient fini par tomber d'accord. Lui qui portait désormais avec fierté l'armée et l'uniforme de l'armée elfique allait pouvoir défendre son peuple et les couleurs de la rébellion aux côtés des autres guerriers. Cette perspective l'emplissait à la fois de joie et d'effroi.

D'effroi oui. Il était trop honnête pour ne pas admettre que les griffes de la peur s'étaient bel et bien emparées de son coeur pendant cette longue nuit. Serrés l'un contre l'autre comme dans toute période un peu difficile, les deux jumeaux s'étaient rassurés mutuellement pendant les longues heures d'obscurité. Chaque bruit un peu suspect leur faisait dresser l'oreille. N'était-ce pas un tambour qu'ils venaient d'entendre ? Et ce grondement sourd, n'était-ce pas le bruit des bottes de milliers d'hommes se déplaçant vers eux pour les ensevelir ? Aranël avait toujours imaginé sa première veillée avant un combat comme un intense moment d'excitation et c'était le cas quelque part. Mais il y avait la peur aussi... Pour lui-même, pour sa famille, pour son peuple et sa cause en général. Il ne pouvait pas l'ignorer, et il commençait à comprendre doucement qu'elle faisait partie de la vie des guerriers. Elle ne le quitterait sans doute plus jamais... Il l'acceptait. C'était la vie qu'il avait choisie et il était heureux de voir que son père l'avait compris. Sa mère seule ne l'aurait sans doute pas laissé combattre. Il ne lui en voulait pas pour autant, mais il aurait été fou de rage de passer à côté de cette bataille. Il y avait sa place. Il le ressentait profondément en lui-même.

L'heure vint enfin. L'armée ennemie n'avait pas attaqué de nuit, conformément aux prédictions de la plupart des tacticiens du camp rebelle. Les impériaux et Alayiens s'apprêtaient déjà à tomber nez à nez avec des vampires dans des galeries obcure, il était logique qu'ils évitent d'en rajouter en attaquant en plus de nuit. Il viendrait à l'aube donc... Et l'aube était toute proche. Il était temps de se préparer. Nomin qui l'avait compris aussi l'aida à enfiler son armure, serrant les boucles qu'il ne pouvait atteindre avec la rigueur méfiante du proche qui laisse un être cher partir en guerre. Même si il ne disait rien, Aranël sentait son inquiétude. Il lui faisait confiance bien sur, et était heureux de voir qu'il prenait enfin le chemin tant désiré, mais il n'était jamais agréable de voir son frère partir risquer sa vie. Avec douceur, l'aîné étreignit son cadet :

"Je serai prudent.. Autant que je le peux."

C'était tout ce qu'il pouvait promettre. La prudence n'était pas dans sa nature mais il ferait un effort pour son frère, et pour toute sa famille d'ailleurs. C'était le moment où jamais de parvenir enfin à dompter un peu son caractère téméraire, il ne s'agissait plus d'un jeu après tout. Très loin de là.

Il resta seul à attendre son père, Nomin étant parti rejoindre leur soeur. Il veillerait sur elle, et sur leur mère, c'était sa place et Aranël lui faisait confiance à ce sujet. La porte ne fut pas longue à s'ouvrir sur la silhouette plus généralesque que paternelle qui le salua. Aranël ne s'en formalisa pas. Ce personnage là l'avait toujours rassuré, et c'était ce dont il avait besoin dans ces circonstances. En lui bataillaient toujours le goût du combat et de la découverte et la peur de l'inconnue. Ce serait sa première bataille, et ses premiers combats à mort. Au fond de lui il savait qu'il était prêt, affuté comme une lame par des années et des années d'entrainement acharné. Telle l'épée qu'il portait à présent à la ceinture, il était encore vierge de tout sang, et pourtant terriblement mortel. Il avait été formé par les meilleurs, et ceux-ci avaient décelé des prédispositions en lui. Il leur prouverait qu'ils ne s'étaient pas trompé.

D'un pas lent, il se dirigea vers la chambre de ses parents. Sa mère l'y attendait, prête à l'étreindre. Leur échange fut bref, mais intense. Un moment qui n'appartenait qu'à eux et qu'il ne partagerait sans doute avec personne, pas même Nomin. Quand il revint vers son père, une nouvelle résolution brillait dans son regard. Il se sentait désormais entièrement prêt.

Le silence demeura entre le père et le fils, Aranël ne savait trop quoi lui dire et il semblait qu'Artaher était dans le même cas. Il le suivit donc comme son ombre, habitué déjà depuis quelques temps à cette place de part son poste d'aide de camp. Tous les sens en éveil, il observait ce qui se passait autour de lui, absorbant cette agitation comme une éponge et en tirant des enseignements instinctifs qui lui seraient sans doute utiles plus tard. Le calme était revenu en lui en même temps qu'une certaine acceptation de la situation. Il était fait pour cette vie... Il se sentait à sa place, impatient d'en découdre même si conscient des risques encourus. Toute son existence s'était peu à peu concentrée sur cette journée, ces quelques heures qui allaient marquer un tournant dans sa vie. Sa première bataille...

Vint enfin le moment de se placer sur la ligne de front, un instant fort en émotion pour Aranël. Il entendait le bruit de l'armée qui l'entourait, il sentait sa respiration et le lien particulier qui s'instaurait entre tous les membres de cette gigantesque équipe. Ces hommes et ces femmes se préparaient à tuer et à mourir ensembles, ils formaient un tout dont il faisait désormais parti, pour son plus grand plaisir. L'impatience monta en lui et il commença à avoir du mal à la réfrener, mais il n'était pas le seul. Chacun se sentait fort et soutenu dans cette multitude qui contribuait à faire disparaître la peur. Autour de lui il voyait des hommes, des vampires et des elfes qui se vantaient à qui mieux mieux des prouesses qu'ils allaient accomplir. Lui demeurait silencieux et concentré, en digne Terendul. Quelques elfes sourirent avec discrétion en le voyant calquer involontairement son attitude sur celle de son père. Les yeux se détournèrent quand le général s'adressa à son fils, s'attirant un geste d'acquiesement de la part de celui-ci. Et le crissement soudain des épées permit au jeune elfe d'être le seul à entendre les conseils qu'il collecta soigneusement, et la dernière phrase qui le fit se figer, plus attentif que jamais. Ses prunelles se levèrent à nouveau vers celle de son père, presque interrogatrices. Mais il semblait plus que sérieux, il n'aurait pu ne pas l'être dans de telles circonstances. L'ombre d'un sourire passa sur le visage de l'adolescent qui n'en était d'ailleurs plus vraiment un, tandis qu'il soufflait :

"Merci..."

Il n'aurait su trop dire lui même de quoi il le remerciait. De l'avoir laissé choisir sa voie, de lui avoir offert une épée, de l'avoir laissé combattre peut-être... Ou bien tout simplement de lui avoir donné la vie, l'éducation, la confiance en lui-même pour avancer sur la voie difficile qu'il avait choisie. Tout ceci était réunit dans un unique mot, il n'avait pas besoin d'en dire plus. Des flèches atteignaient déjà leurs rangs, rebondissant contre les boucliers, les armures, et se plantant parfois dans la chair. Les archers ne seraient pas vraiment à la fête dans ces galeries, mais ils pourraient tout de même faire des dégâts... Aranël eut une dernière pensée pour l'adresse légendaire de son peuple dans cet art avant d'entrer véritablement dans la tourmente :

"EN PREVISION DE NOTRE TREPAS !"

Il ne savait même pas ce qu'il disait. Il connaissait pourtant l'hymne elfique par coeur, mais à cet instant il n'était qu'un tremplin pour catapulter les combattants dans la mêlée. Toute raison disparue dans cette aube rouge. Tel un jeune tigre furieux, Aranël affrontait déjà son premier adversaire. Surveillant du coin de l'oeil ses alliés, comme on le lui avait apprit. Il nota la présence de nombreux elfes qu'il connaissait bien, la mort de l'un d'eux aussi... La tristesse passa sur lui comme un bref coup de tonnerre, il n'aurait pas le temps de pleurer ses amis aujourd'hui. Son épée dansait dans sa main, ses gestes vifs et précis déstabilisaient l'Alayien qui fronçait les sourcils sous son heaume. Il ne prenait pas de risques, sachant qu'il lui suffirait d'égratigner légèrement son jeune adversaire pour pouvoir le vaincre. C'est ce manque d'engagement qui le perdit finalement, et qui permit à Aranël de plonger tour à tour son épée dans une faille d'armure, puis dans une autre. Il venait de tuer son premier homme, sans la plus petite hésitation. Le temps où il reculait avec étonnement devant une blessure provoquée par lui était loin. Il se précipitait déjà vers un autre ennemi, un soldat impérial cette fois, avec la fougue de la jeunesse et l'assurance toute neuve de cette première victoire. Cet adversaire là se révéla néanmoins plus coriace, et le jeune elfe se retrouva vite à reculer, cherchant la faille dans la technique impeccable de l'humain et s'appuyant largement sur les avantages de sa race pour le tenir à distance...
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Eliowir Serillëiel
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MessageSujet: Re: La dernière aube [PV Aranël et Eliowir] TERMINE La dernière aube [PV Aranël et Eliowir] TERMINE Icon_minitimeJeu 20 Nov 2014 - 1:38

Guerre. Il avait entendu le mot guerre. Il n'avait peut-être pas tout compris ce qui avait été dit, tout ce qu'on chuchotait dans son dos, tout ce que Cyrène et Merveille racontaient quand elles croyaient qu'elles étaient seules ou que le jeune vampire n'écoutait pas, mais ce mot-là, entre tous, il l'avait compris. Il peinait encore à saisir le sens de certains mots, des mots de cette langue appelée commune du moins. Il avait entendu d'étranges êtres à l'étrange odeur, elfes disait-on, parler une langue chantante, et cette langue-là, curieusement, il la comprenait sans peine. Mais même s'il ne comprenait pas encore toutes les nuances, le sens des mots de cette langue vulgaire que bon nombre parlaient lui revenait. Et ce mot-là, entre tous.

Guerre. Combat. Sang. Sang... Il avait soif rien que de penser à celui-là. Sang, ce liquide goûteux et suave, ce liquide savoureux dont la seule odeur faisait déjà perler ses crocs d'un précieux venin. Hum... Oui, rien que d'y penser il en avait l'âcreté en bouche. Soif, soif... Mais non il était censé s'être déjà rassasié aujourd'hui. Et un autre mot le titillait. Guerre. Combat. Danger pour Achroma.

Il avait senti ce dernier agité. Oh certes pas agité d'apparence. Son millénaire était resté noble, digne et d'un calme impassible. Faussement impassible en tout cas. Eliowir peinait peut-être encore à tout comprendre, mais il avait parfaitement senti toute l'inquiétude qui rongeait son père. L'agitation de pensées, l'ébullition qui les entremêlaient. Il aurait voulu pouvoir l'aider, être capable de le rassurer, être assez fort et puissant pour être là, avec lui, le seconder pour ce combat et porter avec lui le fardeau qui semblait lui peser. Mais il n'était ni fort ni puissant. Il se sentait perdu lui-même, plus agité encore de sentir toute cette effervescence autour de lui, et surtout... Surtout une peur sourde et cruelle le rongeait. Une peur qu'il n'avait jamais ressenti depuis qu'il était né. Depuis ces quatre nuits où il s'était levé dans ce monde de non-vie et de soif.

Peur, oui, le rongeait. Peur de le perdre. Peur de perdre Achroma. Peur de perdre son millénaire, son père et plus encore, son prince. Oui, peur de perdre celui pour qui il donnerait tout et plus encore. Peur, peur, peur... peur et guerre, guerre et peur... Deux mots semblant soudain valser ensemble en un odieux ballet qui semblait se jouer de lui et chanter son agonie. Il aurait voulu hurler soudain, s'il n'avait pas songé que ce ne serait guère digne de lui, fils d'Achroma. Il aurait voulu frapper, détruire, mordre, courir, ravager, meurtrir, tuer, boire, boire, boire ! S'il n'avait pensé que ce serait là trahir le noble millénaire, trahir le fier enseignement qu'il semblait vouloir lui prodiguer... Il ne serait pas dit qu'il trahirait son père. Il ne serait pas dit qu'il serait jugé indigne de lui. Fier donc il resterait, dignité et calme il s'imposerait.

Il dut toutefois serrer les poings et se mordre violemment les lèvres pour s'empêcher de céder. Pour calmer cette violence montante, cette virulence qui voulait le happer. Pour faire taire ces mots honnis qui ravageaient sa frêle harmonie. Oui, les faire taire. Penser à d'autres mots... D'autres mots... Père. Achroma. Oui, penser à lui, millénaire. Père. Digne. Combat. Noble. Combat.

Combat ! Voilà alors qui s'imposait. Si Achroma devait se battre et risquer son âme en cette bataille qui s'annonçait, alors lui aussi y serait. Qu'importe alors qu'il soit né de quatre jours à peine. Qu'importe alors qu'il peine à tout comprendre, à tout appréhender. Qu'importe qu'il sente magie sans parvenir à la saisir vraiment. Qu'importe enfin qu'il soit aveugle et que nuit soit à ses yeux éternelle. Oui, qu'importe tout cela. Il irait aux côtés d'Achroma, il irait se battre auprès de lui, il quitterait cette existence avec lui s'il le fallait, ou au contraire marcherait encore dans ses pas pour toute leur non-vie.

Une arme. Il lui fallait une arme, songea-t-il vaguement. Lances avaient été siennes, lui avait-on dit. Lances et magie, mais magie semblait le fuir. Lances donc seraient siennes pour ce combat.

- Cyrène, appela-t-il alors.

Il ne sut si elle avait reçu des consignes, mais rapidement il entendit les pas de la vampiresse s'approcher. Il n'attendit pas même qu'elle daigne lui répondre et reprit, tentant de donner à sa voix des inflexions décidées et irrévocables.

- Lances, fit-il. Lances. Je veux mes lances.

- Mais...

- Je veux mes lances. Rejoindre Achroma il me faut. Combat, je sais. Au combat j'irai, mais avec lui je serai.

- Mais, tenta-t-elle de nouveau.

Il cassa un récipient, il ne sut lequel exactement, qui était à portée de main, et reprit d'une voix où colère montait :

- Mes lances. Maintenant. Avec ou sans, j'irai. Mes lances.

Cyrène tenta bien quelques autres arguments, mais ne put le convaincre d'abandonner sa folie. Et Merveille et elle durent parfaitement sentir qu'il était suffisamment rusé pour parvenir à ses fins, à un moment ou un autre, avec ou sans elles. Mieux valait alors qu'elles l'aident à se préparer, quand bien même elles devraient ensuite essuyer la colère du millénaire. Ils devraient tous l'essuyer, sans aucun doute, mais en cet instant, peu importait.

Et ce fut plus que ses lances qu'on lui porta. Mais également une armure de magicien, certes elfique, mais qui ferait tout de même son office, ainsi que des dagues, un bouclier qu'on lui indiqua comment utiliser, un filet et quelques autres accoutrements dont on lui expliqua chaque utilité. Il peina à tout suivre, tout comprendre, une fois encore, mais parvint à saisir le sens principal. Il les écarta toutefois quand elles voulurent le guider. Il allait batailler. S'il n'était pas capable de trouver son chemin... Il les écarta donc d'une main agacée et se détacha d'elles. Avançant d'un pas. Butant contre une table et jurant. Puis s'écartant de côté, un pas encore... prenant finalement sa lance pour se guider, en faisant crisser la pointe contre le sol et balayant l'air devant lui. En tapant dans les murs et les objets, elle lui indiqua alors le chemin qu'il pouvait emprunter. Et ainsi, tâtant un mur d'une main quand il se présentait et sa lance ouvrant la voie, il continua. Se forçant à redresser son port et son maintien, en digne fils d'Achroma. S'aidant de son flair et de son ouïe pour appréhender le monde autour.

Il ne sut combien de temps il lui fallut pour parvenir à rejoindre ce qui semblait être une armée, mais il mit un temps certain. On avait visiblement bouché certains chemins, et il n'était pas parvenu à suivre l'odeur d'Achroma. Il n'était pas parvenu à rejoindre l'odeur de vampires non plus d'ailleurs, constata-t-il, dépité, quand ses sens se firent agresser par une odeur de sang très particulière. Elfes. Il était avec des elfes !

Et alors qu'il s'apprêtait à se détourner, rebroussant chemin, déterminé à retrouver des vampires et tant qu'à faire à rejoindre son millénaire, il fut vivement attrapé par les épaules. Il tenta bien de se dégager, mais la poigne était forte et tenace, le forçant à se retourner et le poussant même par devant.

- C'est par ici la bataille, soldaton. Ne compte pas te défiler, il ne sera pas dit que les elfes sont des lâches. Allez, en rang, l'assaut va être lancé, fit une voix bourrue, tout en mots chantants.

Des mots alors qu'il comprenait parfaitement cette fois-ci. Un peu trop à son goût toutefois. Le prenait-on véritablement pour un elfe ? Certes, on lui avait dit... qu'il en avait été. Mais tout de même ! Ne voyait-on pas que des crocs lui étaient nés entre temps et que nuits étaient siennes ? Il en aurait hurlé de rage et s'apprêtait à montrer son mécontentement, faisant tomber la capuche de sa cape qui avait caché jusque-là ses traits, quand déjà au devant on s'écriait.

« A PRESENT NOUS RASSEMBLONS TOUTE NOTRE RAGE ... »

Et aussitôt mouvement se fit. Il se retrouva entrainé par l'élan des autres auprès de lui, ses protestations mourant dans sa gorge alors que ses compères entonnaient de concert.

"EN PREVISION DE NOTRE TREPAS !"

Quelles funestes paroles, songea-t-il. Se surprenant toutefois à en aimer le chant. Et à le répéter en choeur avec les autres. Il s’agrippa à l'épaule de son voisin, dont il sentit un mouvement de surprise, et se laissa ainsi guider. Jusqu'à ce que...

Jusqu'à ce que les masses ennemies percutent son groupe aussi. Il avait réussi à déployer son bouclier. Fut étonné de l'entendre toutefois tomber... Mais il n'eut guère le temps d'en faire cas. Humain. En face c'était du sang humain. Ennemis alors ?

Il se retrouva soudain avec un grand dilemme : comment donc savoir qui attaquer ? Puis songeant que peu importait... que l'ennemi attaque, et il se défendrait. Il combattrait quiconque viendrait à lui. Il peina toutefois à calmer ses sens agités à tout va par tout ce sang, elfique et humains, certain osant même avoir l'affront de le faire suinter tout près de lui. Et tout ce bruit ! Ces crissements de ferrailles, ces clameurs de rage, ce tapage de pas !

Il sentit quelque chose fendre l'air devant lui, et réalisa que sans doute on l'attaquait. Un homme à son odeur reconnut-il. Il laissa alors ses sens et son instinct prendre le dessus. Il n'était plus temps de réfléchir, il n'était plus question de noblesse ou de dignité. Qu'Achroma lui pardonne, mais vampire il était. Et en ce combat, vampire sauvage il deviendrait.

C'est alors, avec ce qui aurait pu être pris pour un feulement de fauve montrant ses crocs, qu'il répondit à son attaquant. Avant de brandir sa lance et dans un cri fort animal de sauter sur sa proie. La lance percuta lourdement une armure, ripant dessus, et glissant apparemment de côté. Mais le vampire atterrit de tout son poids sur l'ennemi, et d'une main tata à la recherche du cou. L'autre sous lui se débattait pour se dégager. Mais le jeune vampire, dans sa chance, lui bloquait les bras par ses genoux, sans même s'en rendre compte, empêchant l'autre de le frapper. Agacé toutefois de ne pas trouver ce qu'il cherchait, il brandit de nouveau sa lance tout près de la lame et s'en servit comme d'une dague, frappant, frappant, et frappant encore de toute sa force, jusqu'à ce qu'enfin sang ruisselle. Un sang qu'il s'empressa de laper.

Il fut toutefois fort enragé de ne pouvoir y gouter davantage quand quelqu'un le percuta. Tomba sur lui, pour rouler ensuite plus loin. Il ne sut s'il s'agissait d'un elfe ou d'un humain, mais l’inopportun allait essuyer sa colère. Une main puissante toutefois l'en empêcha, l'attrapant par la cape et le soulevant de terre.

- Vampire, siffla une voix elfe à son oreille.

Eliowir se débattit et allait se dégager quand l'autre le poussa plus loin. Le vieux lion percuta alors une lourde armure, qui lui meurtrit sévèrement l'épaule, et tomba à terre, un bruit de ferraille lui meurtrissant les tympans à ses côtés.

- Prenez garde Aranël, fit la voix elfique qui l'avait balancé. Ses engeances sont coriaces. Et leur verre noir plus encore.

La voix semblait toutefois reprendre en même temps combat. Son souffle rauque accompagnait parfaitement le rythme de pas et de coups d'épées. Oui, l'elfe qui l'avait balancé semblait ferrailler avec un ennemi.

Eliowir grogna. Il ne savait de quelle engeance l'autre parlait, mais il se sentait visé et insulté. Il aurait bien sauté sur ce maudit elfe pour lui montrer qu'il valait mieux ne pas titiller ses crocs acérés, mais l'humain qu'il avait percuté se relevait déjà. Humain qui jura, tout en menaçant les elfes. Et lui aussi, de ce qu'Eliowir comprit de ses propos grossiers. Donc humain ennemi. Trouvant là une proie pour assouvir sa fureur, le vampire, qui heureusement avait réussi à ne pas lacher sa lance Yajissim, se dressa contre l'homme. Il campa fermement ses pieds au sol et frappa, frappa, frappa encore de coups d'estoc rageurs, sans parvenir à viser le sang que pourtant il entendait si bien pulser. Cette odeur musquée de sueur d'hommes, ce souffle erratique qui semblait accélérer en rythme au fur et à mesure du ballet imposé sans le vouloir par le vampire... Tout cela l'enivrait soudain. Il avait soif. Soif de sang. Soif de combat. Et qu'importait alors si sa façon de batailler pouvait sembler peu conventionnelle. Privé de vision... il faisait comme il pouvait.

- Engeance je ne suis nullement, parvint-il toutefois à dire enfin, en elfique, entre deux coups de lance. Et verre noir encore moins.

S'agaçant toujours de ne pas parvenir à atteindre sa cible qui, lui semblait-il, avait beau fatiguer, se moquait aussi de lui. Et c'était quoi verre noir ? Vu le mépris qui avait teinté la voix de l'elfe, ca sonnait comme une insulte... Mais Eliowir peinait à comprendre en quoi...
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MessageSujet: Re: La dernière aube [PV Aranël et Eliowir] TERMINE La dernière aube [PV Aranël et Eliowir] TERMINE Icon_minitimeLun 24 Nov 2014 - 17:10

Depuis toujours, Artaher avait été fermement convaincu qu'un homme, ou plus précisément un elfe, ne pouvait se connaître vraiment qu'au travers du combat et en particulier du combat à mort. C'était cette conviction profonde qui l'avait poussé à quitter la sûreté du royaume elfique pour voyager dans l'est d'Armanda à seule fin d'y affronter des vampires, quelques siècles plus tôt, c'était cette même conviction encore qui l'avait poussé à accepter que son propre fils participa à cette bataille. Aucune autre expérience de la vie ne pouvait procurer une telle intensité que celle qui vous saisissait les tripes devant le regard d'un adversaire prêt à tuer, lorsque chacun de vos gestes pouvait faire la différence entre la vie et la mort, lorsque chaque expiration pouvait être la dernière, lorsque la faiblesse tant physique que mentale n'accordait aucun pardon. L'exaltation des sens, la respiration haletante, l'opposition de deux êtres chacun résolument tourné vers l'anéantissement de l'autre, et finalement, la pleine saveur d'une victoire que l'on savait arrachée dans le sang. Tout cela participait à baigner l'esprit du guerrier d'une ivresse qu'il ne retrouvait nulle part ailleurs, d'une ivresse qui le portait de bataille en bataille, jusqu'à celle qui le voyait finalement tomber devant un adversaire plus déterminé encore.

A propos d'adversaires, ceux qui se présentaient désormais face au général elfique bénéficiaient de toute l'attention que le colosse et ses redoutables double-lames étaient capables de leur porter. Régulièrement cependant, en fait chaque fois qu'il pouvait se le permettre sans risquer voir une épée ou une lance le transpercer, Artaher tournait ses prunelles bleutées en direction de la silhouette de son fils, le temps d'un bref regard, tout juste de quoi s'assurer que le petit se portait bien. Dans la frénésie des combats, il lui était impossible de demeurer aussi proche de son fils qu'il l'aurait souhaité, mais il n'en gardait pas moins un oeil attentif sur la situation. C'était un tort, il le savait, et lui même n'avait cessé de répéter à ceux qu'il entraînait toute l'importance qu'il y avait à ne pas laisser ce genre de pensées parasites distraire les combattants, mais il était certaines promesses qu'un père et un époux se devait de tenir. L'attention du grand général se trouva un instant réclamée par un alayien dont la hache était venue fendre l'air un peu trop près de son bras gauche, un vigoureux coup de pied suffit cependant à déséquilibrer l'importun et offrit au colosse tout loisir de le renvoyer auprès du Néant. Se redressant, Artaher put alors apercevoir son fils aux prises avec un officier de l'armée impériale. L'humain semblait lentement mais sûrement prendre l'ascendant sur le jeune elfe, au grand dam du paternel dont les lèvres ne cessaient de murmurer des commandes qu'il eut souhaité voir son fils appliquer. Sa garde, bon sang de bois, pourquoi ne rehaussait-il pas sa garde ? Avec un juron, le général elfique entreprit diriger sa haute carcasse en direction de son aîné en difficulté, distribuant généreusement coups de taille et coups d'estoc aux alayiens et impériaux qui avaient la mauvaise idée de se dresser sur son chemin.

Heureusement, par la grâce du Dracos, quelqu'un s'interposa pour se porter au secours du jeune elfe, ou plutôt ce quelqu'un fut-il interposé plus ou moins contre sa volonté, à en juger par la relative brusquerie avec laquelle le sauveur vint percuter l'officier impérial. Sauveur dont la silhouette sembla étrangement familière au général elfique, mais ce dernier n'eut guère le temps de se pencher sur les détails avant que le fracas des armes ne vienne lui rappeler qu'il avait encore une bataille à mener. D'un geste mainte fois répété, Artaher assembla ses deux lames pour ne plus en former qu'une massive épée large avant de bondir dans la direction de l'officier impérial, aussi haut que ses jambes pouvaient lui permettre de s'élever. Entraînée par son propre poids autant que par la force des bras qui la maniaient, l'imposante lame s'abattit violemment sur l'humain dont l'armure éclata telle une coquille d'oeuf, livrant la chair vulnérable à la caresse de l'acier tranchant. Mort avant même que son corps ne s'effondra, le guerrier aux couleurs de l'Empire Kohan laissa échapper un borborygme sanglant avant de glisser mollement vers le sol dont il ne se relèverait plus.

« Serillëiel ! »

Aucune erreur possible, ces balafres ne pouvaient appartenir à aucun autre que l'Infanticide mais que Néant l'emporte, que venait-il donc faire ici celui-là ? Lisaë avait rapporté à son époux que le banni était désormais vampire, aveugle de surcroît, alors comment se retrouvait-il sur le champs de bataille, parmi les rangs elfiques qui plus était ? Des questions qui devraient néanmoins attendre pour trouver leurs réponses : à l'autre extrémité du front, les nordiques venaient de lancer leur assaut au son du cor de guerre et Artaher se devait de profiter de l'effet de massue pour aider à repousser les lignes ennemies.

« J'ignore comment et pourquoi vous vous retrouvez ici, mais vous êtes à présent sous mon commandement, alors de deux choses l'une : soit vous êtes capable de vous battre sous mes ordres et vous restez, soit vous ne l'êtes pas, et vous regagnez l'arrière avant que je ne vous y renvoie à grands coups de pied dans ce qui vous sert de postérieur. »

Il ne comprenait même pas comment il pouvait être capable de lui laisser le choix plutôt que de lui écraser son épée sur le crâne, mais peut-être s'efforçait-il simplement de ne pas trop y penser. A moins qu'il ne s'agisse de sa façon à lui de le remercier pour s'être porté au secours d'Aranël, volontairement ou non ? Qu'importe, Artaher n'avait de toute façon pas le temps d'attendre que le balafré vampirique daigne lui répondre, les nordiques étaient déjà au contact et se battaient comme des lions, il était hors de question que les elfes souffrent de la comparaison. D'un geste, l'imposant général désigna le jeune adolescent elfique qui se tenait non loin de là :

« Aranël, avec moi, j'ai besoin d'un homme sûr pour tenir mon flanc droit. Et par le Dracos, lève moi cette fichue garde ! Tu finiras par ... »

... être blessé, à l'image de celui qui n'eut guère le loisir de prononcer ces deux derniers mots. Distrait, Artaher n'avait en effet pas remarqué le zèle d'un tirailleur impérial désireux de venger la mort de son officier et dont le javelot était venu planter sa pointe profondément dans l'épaulière arrière du commandant elfique, au niveau de l'omoplate.
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MessageSujet: Re: La dernière aube [PV Aranël et Eliowir] TERMINE La dernière aube [PV Aranël et Eliowir] TERMINE Icon_minitimeVen 28 Nov 2014 - 19:38

Son adversaire était encore plus coriace qu'il ne l'avait pensé. Il ne lui avait jeté qu'un bref coup d'oeil avant de s'en prendre à lui, pas intimidé par ses galons d'officier ni par sa carrure qui non seulement était plutôt fine mais ne pouvait de toutes façons pas impressionner un elfe. Aussi jeune et svelte qu'il puisse être, Aranël savait qu'il aurait toujours l'avantage de la force et de la vivacité sur ses ennemis. Mais celui là ne s'appuyait pas là dessus. Peut-être justement parce qu'il était plus petit et fin que les autres, sans doute avait-il dû apprendre à s'adapter à cet handicap, ce qui expliquait son niveau technique. Il remplaçait la puissance par des mouvements vicieux et souvent audacieux qui n'avaient de cesse de perturber l'adolescent et de l'obliger à se surpasser pour éviter le pire.

Dans d'autres circonstances, il aurait été plus que ravis de croiser le fer avec un adversaire de cette trempe. Mais il s'agissait là d'un combat à mort, le but premier n'était pas d'apprendre mais bel et bien de survivre. Il avait fait une erreur en s'attaquant ainsi à un ennemi bien plus fort que lui, il n'était en effet pas dupe du fait que l'humain l'aurait vaincu sans peine si la magie coulant dans le sang de l'elfe ne l'avait pas physiquement avantagé. N'ayant d'autre choix, il changea donc soudainement de tactique en donnant une plus grande importance à ces avantages certes pas spécialement glorieux mais qu'il aurait été bien sot de négliger. Ses coups se firent plus rapides et puissants, provoquant un clignement de paupière surprit de l'humain qui recula enfin, s'effaçant avec adresse et cherchant à retourner la force physique du plus jeune à son avantage. Aranël s'y était attendu et veillait à ne pas lui permettre de retourner sa force contre lui en ne prenant aucun risque inutile. Il espérait voir le combat s'éterniser afin de fatiguer l'humain, quitte à y perdre quelques plumes aussi. Ses maîtres lui avaient apprit à agir ainsi dans ce genre de situations, limiter les dégâts était parfois la seule et la meilleure solution.

A moins bien sur qu'une aide extérieure ne déboule soudain ! D'où tout l'intérêt de ne pas combattre isolé d'ailleurs, même si ce qui percuta soudainement son adversaire manqua le faire chanceler aussi autant par le déséquilibre de son attaque avortée que par la surprise. Aussi frustré dans son combat que reconnaissant de l'aide apporté, il tourna brièvement son regard clair vers l'officier bien connu qui lui était venu en aide et le remercia d'un signe de tête. Son attention se tourna ensuite vers le "projectile" qui s'était relevé et combattait avec une férocité incroyable contre l'impérial qui s'était lui aussi remit sur ses pieds. Sa façon de se battre était vraiment très étrange, c'était comme si... Comme si il combattait à l'aveuglette songea soudain avec horreur le jeune garçon. Mais mais... Est-ce que... Il n'était tout de même pas aveugle ?

Difficile d'en être certain, mais il semblait bien que ce soit le cas... Qui était-ce d'ailleurs ? Un allié forcément puisqu'il combattait les Alayiens... Le regard du jeune elfe se posa sur les oreilles pointues puis s'attarda sur le visage qu'il ne voyait que de profil mais qui lui semblait pourtant familier. Enfin il l'était sans l'être... Comme un vieux souvenir que l'on aurait effacé à moitié, ou bien qui aurait changé. Beaucoup changé. Ce fut la voix finalement qui l'aida à se souvenir, une voix elfique basse et grave qu'il avait déjà entendu quelque part et qui couplé à ce profil décidément connu l'aida à faire la lumière sur ce mystère. L'infanticide ! Qu'est-ce qu'il fichait ici ? Si son père le croisait il se pourrait fort bien que son épée s'égare... Et puis il avait un comportement si... Bestial ? Il ferraillait furieusement avec sa lance, semblant presque ivre par moment et ne s'inquiétant absolument pas du verre noir. Sourcils froncés, Aranël se décida à le prévenir entre deux échanges avec son nouvel adversaire :

"Attention, celui là n'a pas de verre noir mais les autres autour, si !"

Le peuple elfique avait beau le mépriser, il n'empêchait que pour cette fois le banni combattait à leurs côtés, il était donc normal que le plus jeune le mette en garde. Il n'eut néanmoins pas le temps de pousser plus loin ses explications, son père venait de débarquer et d'annoncer sa présence de façon fracassante. L'officier qui avait donné tant de mal au fils ne résista pas à la force brute du général. Aranël en profita pour se débarrasser certes moins efficacement mais tout aussi rapidement de son propre adversaire, prêtant l'oreille à la surprise presque outrée qui suintait de la voix de commandement. Ah ça... il l'aurait parié que la présence de l'infanticide ne lui plairait pas du tout ! Aranël ne savait pour sa part pas trop quoi en penser à part qu'un aveugle n'avait de toutes évidences pas sa place sur un champ de bataille et que l'aveugle en question était vraiment... Bizarre. L'adolescent n'aurait su dire pourquoi malgré l'insistance qu'il mettait à observer le vieil elfe à chaque fois qu'il en avait l'occasion. Qu'est-ce qui clochait chez lui ? Ne pas parvenir à mettre la main dessus le frustrait au plus haut point. Mais la voix de son père vint le distraire :

« Aranël, avec moi, j'ai besoin d'un homme sûr pour tenir mon flanc droit. Et par le Dracos, lève moi cette fichue garde ! Tu finiras par ... »

Un homme sur... Le rouge de la fierté était monté à son front suite à cette simple petite phrase et il avait obéit plus docilement qu'il ne l'avait jamais fait en temps normal, levant son épée afin de repartir à l'attaque sur ce flanc droit qu'il entendait bien défendre férocement. Sauf qu'un javelot en décida autrement, venant le perturber dans ses projets et coupant son père en pleine phrase. Une seconde de flottement passa pour le jeune elfe qui ouvrit de grands yeux en voyant la pointe se planter dans l'épaule de son père. Ce brève instant venait de se propulser dans les pires frayeurs de sa vie, mais la peur se mua très vite en fureur, le genre de rage dont lui seul avait le secret et qui surprit tant et si bien le lanceur qu'il mourru avant même d'avoir compris par quel miracle ce gamin qui était à plusieurs pas de lui l'instant d'avant avait pu se retrouver carrément catapulté dans sa garde en si peu de temps. Aranël avait frappé le devant de son armure avec une telle force que l'armure impériale s'était complètement enfoncée dans le sternum du malheureux. Armure impériale... Acier... Il chercha un instant pourquoi ce détail l'intéressait tant avant de réaliser la chance qu'avait eu son père. Une arme en verre noir l'aurait tué sur place, idée qui lui déplut évidemment au plus haut point. Il repoussa un Alayien avec violence, revenant vers le général blessé et prenant la parole avec une autorité qui constrastait furieusement avec son jeune âge :

"Je vais faire attention à ma garde, mais si vous vous mettez en danger pour me couver père, j'irai combattre seul à l'autre bout du champ de bataille. Tenez vous le pour dit."

Il ne s'était jamais adressé à son père ainsi, sans doute aurait-il été bien mal inspiré de le faire en temps normal mais celui-ci aurait du mal à le talocher dans ces circonstances. Son regard se fit néanmoins plus attentif, inquiet même, quand il le reposa sur la blessure causée par le javelot :

"ça va aller ?"

Etait-il censé ramener son général de père à l'arrière ? Aucune chance qu'il le laisse faire, et puis ce serait du plus mauvais effet sur le moral des troupes. Mais tout de même, une blessure si profonde... Il avait forcément vu pire dans sa carrière mais ce n'était pas pour rassurer le jeune elfe. Tout ceci lui faisait réaliser à quel point il aurait pu facilement le perdre n'importe quand dans son enfance. Une parade ratée, un mauvais calcul, et Lisaë se serait retrouvée sans mari, les triplets sans père. Voulait-il vraiment cela lui aussi, pour sa vie ? La réponse était oui hélas, et c'était bien la première fois qu'il se disait ce "hélas". La vie de guerrier n'était pas forcément toute rose mais la candeur de sa jeunesse lui fit trouver la parade sans mal et c'est tout naïvement qu'il se jura en lui-même de ne jamais fonder de famille. Pourquoi faire d'abord ? Les filles l'irritaient, les enfants l'insupportaient. Il serait un pur guerrier et voilà tout ! Pas une seconde l'idée qu'il ne serait pas ici si son père avait fait le même calcul ne l'effleura.

Voyant que son père s'apprêtait malgré tout à aller soutenir la charge nordiste, il se plaça comme demandé de façon à protéger son flanc droit et chercha du regard l'officier elfique qui l'avait aidé tout à l'heure. Son coeur se serra quand il le vit à terre, gisant dans son sang. Il n'avait pas le droit de s'attarder là dessus malgré tout et ses efforts pour trouver un autre elfe disponible restaient vains, jusqu'à ce que son regard se pose sur... Le banni ! Son père n'allait pas aimer du tout, mais tant pis. D'une voix forte, il l'interpella :

"Serillëiel ! Avec nous ! Sur le flanc gauche !

Du pommeau de l'épée il lui désigna le flanc découvert de son père tandis que d'autres elfes se plaçaient à leur tour de façon à se défendre les uns les autres et à former une ligne meurtrière pour leurs ennemis. Le voyant hésiter, le jeune s'énerva :

"Dépêchez vous, vous êtes un elfe oui ou non ? En ligne par le Dracos !"

La formation s'ébranla, terriblement efficace. La grâce et la puissance pure des elfes n'avait rien à envier à l'élan nordiste et ne semblait pas vouloir se laisser arrêter...
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MessageSujet: Re: La dernière aube [PV Aranël et Eliowir] TERMINE La dernière aube [PV Aranël et Eliowir] TERMINE Icon_minitimeLun 1 Déc 2014 - 0:29

Eliowir se trouva fort frustré de ne parvenir à atteindre sa cible et en grognait presque de rage mal contenue. Et qu'était-ce encore que ce verre noir dont tous parlaient ? Il ne comprenait rien de toute cette mascarade, et s'en trouvait plus frustré encore. Frustré de ne pas toucher sa cible, frustré de ne rien comprendre de ce qui se passait réellement, frustré de se retrouver seul vampire parmi des elfes, frustré d'être si loin d'Achroma. Si frustré, qu'il sentait une violente impulsion monter en lui, cette envie de se ruer sauvagement sur son adversaire tous crocs dehors et de lui faire comprendre sa colère, sa rage et sa rancoeur.

Il n'eut guère le temps toutefois de s'exécuter qu'on lui vola sa proie. Il sentit quelque chose faire vibrer l'air devant lui, tandis qu'un fracas de lame sur une armure résonna à ses tympans et que l'odeur âcre de sang d'elfe agita ses sens. Vite rejoint par l'odeur, cette fois plus forte, d'un sang humain se répandant non loin. Un sang qu'il aurait bien aimé savourer, si une main ne lui avait retenu le bras armé de sa lance. Un elfe, sentit-il encore une fois, certainement pour l'empêcher de blesser l'inconscient qui était venu abattre son adversaire. Se dégageant vivement d'une bourrade, il ne bougea pas plus cependant, tentant de déterminer qui viser, qui était qui, qui était quoi, dans tout cet imbroglio des sens et cette frénésie de sang qui menaçait de submerger sa raison vacillante. Réprimant à grande peine son envie de rugir et de s'enivrer.

« Serillëiel ! »

Le nom claqua dans l'air et eut pour effet de le sortir de sa soif affamée, attirant son esprit au temps présent. Aux risques de la bataille. Aux affres du combat qui se jouait autour de lui.

Sous son commandement disait l'elfe ? Qui était donc ce mécréant pour croire pouvoir le commander ? Etait-ce donc le Général qu'il avait entendu nommer par quelque soldat quelques instants plus tôt ? Et quand bien même fut-il général, pensait-il réellement qu'un elfe, maudit soit-il, pouvait ne serait-ce que penser commander un vampire ? La seule réponse qui vint tout d'abord au vieux lion fut de montrer ses crocs, en un rictus des plus fauves. Mais les paroles qui suivirent les "commandements" de l'elfe lui ôtèrent toute envie de répliquer plus longuement. Il n'avait aucune envie qu'on le traine à l'arrière hors du combat, et entouré d'elfes comme il était, nul doute que ceux-ci n'auraient aucun mal à s'exécuter si ce soi-disant Général l'ordonnait.

Il ne répondit donc rien sur l'instant, jugeant le silence plus sage en attendant.. en attendant... il ne savait quoi. Heureusement le général reportait déjà son attention sur un certain Aranël. Eliowir peinait à comprendre tout ce qui se jouait autour de lui, mais il saisit qu'un lien fort liait les deux elfes, un lien de confiance... Confiance, voilà bien un mot étrange. Un mot, une idée, concept inepte, bien vite chassé toutefois par des effluves agressant brutalement ses sens. Odeur de sang, sang elfe, qui soudain s'écoulait non loin de lui. Le général, comprit-il enfin, venait apparemment d'être blessé. Rien d'autre n'exista plus l'espace d'un instant que ce sang elfique qui ruisselait, s'échappait, fuyait, par les interstices de la plaie. Eliowir sentait le venin lui monter aux crocs et un frisson d'anticipation extatique à l'idée du goût que ce sang-là pourrait avoir lui courut le long de l'échine.

"Serillëiel ! Avec nous ! Sur le flanc gauche !

Ce nom encore une fois. Oui, c'était bien lui, avait-il envie de s'écrier. Les mots du jeune elfe, encore une fois, eurent au moins le mérite de le happer dans le temps présent, et le sablier reprit pour le vampire son cours normal.

Sur le flanc gauche, disait-il ? Hum... Que voulait-on encore de lui ? Et où était la gauche de... de.. la gauche de qui ? Et puis, qui était ce garnement pour oser lui donner des ordres ainsi ?! Son lion s'en hérissa soudain et le vampire se figea, dans une attitude ostentatoire de défi. Faisant fi de bruits de lames bataillant tout près, sans doute protégeant leur général blessé, le temps que les décisions soient prises.

"Dépêchez vous, vous êtes un elfe oui ou non ? En ligne par le Dracos !"


- Non, je suis un vampire, susurra-t-il enfin d'une voix basse et profonde, y mettant tous les accents de menace qu'il savait insuffler. Et m'insulter ainsi titille mon ire.

Il accepta toutefois de bouger. Nullement pour obéir aux injonctions qu'on lui offrait, mais pour se rapprocher de ce sang bien trop tentant, tel un papillon attiré par la chaleur de la lumière. Il avait bien trop soif, il lui était bien trop dur de résister, et il voulait goûter de ce sang-là. Des lames toutefois s'entrechoquèrent sur son torse, l'empêchant d'avancer.

- Que crois-tu faire, Infanticide, gronda une voix près de lui.

Eliowir entendit clairement les intonations de danger qui résonnaient tel des échos autour de lui. Les elfes respiraient si fort soudain, leur souffle se faisait si lourd, leur sang si bouillonnant... Oui, ces échos-là vibraient bien plus fortement alors, que les clameurs du combat qui se menait toujours non loin. Le temps pressait, le combat ne s'était pas arrêté pour eux pour autant, et pendant leur palabres les elfes autour peinaient sans doute à garder un périmètre de sécurité. D'ailleurs plusieurs voix résonnaient, ordres ou appels en tout genre, tandis que des pas se rapprochaient du général, suivant les ordres du jeune Aranël sans doute.

Si Eliowir ne voyait rien de ce qui se passait exactement et s'il ne parvenait à pleinement évaluer la situation, il comprenait au moins deux choses : il leur fallait bouger, reprendre le combat, et vite, et il marchait lui-même sur des oeufs cassants. Le moindre faux pas, et ce serait son dernier. Sans compter qu'il avait faim et que ce sang ne l'aidait pas. Il fit appel alors au leitmotiv que lui avait si savamment insufflé Achroma. "Résiste, résiste, résiste à l'appel du sang, combats-le, contrains-le, deviens en maitre. Résiste." Leitmotiv qu'il dut se répéter plusieurs fois, avant de trouver la force de répondre intelligemment :

- Votre Général perd bien trop de sang, et son odeur enivre mes sens, répondit-il rapidement, se décidant pour une certaine franchise. Si je dois me battre à ses côtés, qu'au moins d'arrêter de saigner il ait la décence. Et si personne ici-même n'est capable de juguler ce fleuve carmin, je puis sans doute vous prêter mes compétences de soin.

En avait-il seulement ? se demanda-t-il soudain en son for intérieur. Mais chassant cette vile question. Ce n'était plus le moment d'hésiter. Car déjà une main le poussait tandis qu'un bras puissant le guidait vers le blessé, après un très léger moment de flottement.

- Va, fit la voix bourrue. Mais à la moindre arnaque...

Aucune autre menace ne siffla. Il n'en était nul besoin. Et si Eliowir fut étonné que sa proposition fut prise au sérieux et surtout acceptée, il n'en montra rien.

Il ne perdit nul temps non plus. Sans qu'on eut besoin de lui indiquer où était la blessure, il posa une main vers l'odeur âcre qui empestait et tâta la région, la cuirasse, la hampe encore fichée, il tenta de glisser la main sous l'armure. En vain. Alors sans préambule, sans même prendre garde à la douleur qu'il pouvait causer, qu'était-ce d'ailleurs douleur ?, il cassa la hampe qui pendait de derrière l'épaule.

Il prit quelques minutes pour en lécher le sang, goûtant enfin ce qui l'avait tant tenté. Il entendit un brouhaha dans son dos, sans doute son attitude étrange et louche n'était guère appréciée. Et une chance pour lui au final qu'il n'apprécia pas son nouveau met, car sans nul doute les elfes l'auraient lapidé s'il s'était jeté sur leur général.

- Je n'en avais encore jamais goûté, fit-il d'une voix lointaine. Mais trop âcre, trop amer, non finalement je ne l'aime guère. Le sang d'elfe n'est pas un met à savourer.

Et fort de cette constatation, il jeta la hampe au loin, une moue dégoûtée sur le visage, tandis qu'il reportait son attention sur le sang qui coulait. Il se devait maintenant d'honorer son offre de soin. Et sans même réfléchir, il cassa les attaches de l'épaulière, faisant gicler de nouveau le sang. Il déchira le vêtement qui recouvrait la plaie, puis s'empressa d'arracher la pointe encore ficher dans la chair. Sans même prendre garde au cri ou autre que pouvait pousser le général, le vieux lion poursuivit sa tâche, mu par un ancien instinct de soin de guerre qu'il se rappelait soudain par vagues souvenirs, très vagues, très lointains, et s'appliqua à cautériser la blessure* : d'une main apposée sur la plaie, les doigts collés les uns aux autres, il laissa celle-ci s'enflammer jusqu'à ce que le sang cesse de s'écouler. En dehors comme en dedans.

- Je ne suis sous le commandement de personne, murmura-t-il alors enfin au Général, une fois sa tache finie. Seul l'appel du combat des miens en moi résonne. Mais si vous savez comment je peux me battre à vos cotés, alors oui, Général elfe, vos ordres je suivrais. Et qu'on me dise à la fin ce qu'est ce verre noir, vos paroles nébuleuses m'irritent avec art.

Et se disant, il tatonna à la recherche de sa lance, et se leva, s'installant, comme commandé par le jeune Aranël, sur le flanc gauche du blessé. Attendant qu'on lui indique comment servir cette formation elfique qu'il ne connaissait pas. Se laissant emporter par l'appel de la guerre, aux côtés de ce peuple qu'on disait avoir été sien autrefois. Ce peuple gracieux et fier, qui insufflait en lui une envie de noblesse et de puissance, martelant en lui ce même rythme que leur coeur battant.


[*[Soin] Cautérisation, sort humain mage puissant. Si ca ne semble pas cohérent, je change bien entendu^^
Cicatrise une plaie instantanément en enflammant la main d'une flamme bleuté (feu extrêmement intense). Peut donc être utilisé en pleine bataille. Cependant la douleur est terrible et peut faire tourner de l’œil les moins endurcis.

A voir si cela correspond avec ce qu'on avait dit arta, et si cela vous va à tous deux, si cela vous parait cohérent malgré tout. J'ai essayé de tout concorder, mais pas sûre d'y être arrivé pour le coup... ]
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MessageSujet: Re: La dernière aube [PV Aranël et Eliowir] TERMINE La dernière aube [PV Aranël et Eliowir] TERMINE Icon_minitimeLun 8 Déc 2014 - 18:55

Il s'était comporté comme le dernier des imbéciles, il n'y avait pas d'autre mot, et cette constatation irritait la colère légendaire du général elfique bien plus encore que la douleur qui irradiait maintenant dans son épaule blessée. Il s'était laissé prendre comme un bleu et avait détourné son attention de la ligne de front pendant les quelques secondes nécessaires à l'ennemi pour l'atteindre. Une telle bévue de la part de l'un de ses soldats eut été sévèrement sanctionnée par le général, alors imaginer qu'il pouvait s'en être lui-même rendu coupable lui était particulièrement pénible. Par chance, si l'on put dire, l'arme qui avait atteint le gradé elfique n'était pas faite de verre noir, sans quoi ce dernier aurait-il probablement déjà rejoins l'esprit de la Mort. Le tirailleur vengeur n'en avait toutefois pas manqué son coup pour autant : la pointe en acier du javelot était parvenue à se glisser précisément entre l'épaulière et l'épaisse plaque de métal qui protégeait le coeur du colosse, s'enfonçant profondément dans les chairs et gratifiant le général d'un brusque accès de faiblesse. Chancelant brièvement sous l'effet de la blessure, Artaher perçut le monde qui l'entourait à travers un étrange brouillard. Il entendit plus qu'il ne vit la réaction des elfes qui l'entouraient, ceux-ci resserrant les rangs pour le protéger tandis que son propre fils bondissait en direction de l'agresseur et lui faisait amèrement regretter son geste audacieux. Il n'eut guère l'opportunité de l'en dissuader, mais l'adolescent revint finalement sain et sauf dans la direction de son paternel, comme le fit assez clairement comprendre le sermon qu'il lui adressa. D'accord, il avait commis une erreur ! Et il avait parfaitement saisi, il n'était pas utile de le lui faire remarquer et encore moins sur ce ton, en particulier devant le reste de la troupe. Non mais pour qui se prenait-il exactement ? Fils du général peut-être, mais soldat avant tout, il faudrait voir à ne pas l'oublier et la réponse cinglante du colosse blessé ne manqua pas le rappeler :

« Vous combattrez là où je vous dirais de combattre, soldat ! Alors reprenez votre poste avant que je vous gratifie d'un blâme pour insubordination ! »

Le ton était plus sec et cassant qu'il ne le souhaitait réellement. Il avait parfaitement conscience que son fils était dans le vrai, peut-être même le lui concéderait-il en privé, après la bataille, mais sur le terrain et devant ses hommes, il ne pouvait le tolérer. Aussi bien pour sa propre réputation que pour la future carrière du jeune adolescent d'ailleurs, il n'était pire réputation au sein d'une armée que celle de ''fils de''. Aussi Aranël devrait-il apprendre à se discipliner, comme tout autre soldat, et à modérer le degré de familiarité avec lequel il pouvait se permettre de s'adresser à son supérieur hiérarchique. La réaction ne se fit pas attendre, et Artaher put bientôt entendre la voix de son fils exhorter les troupes avec une autorité qui ne manqua pas arracher un sourire discret au général. Le digne fils de son père, vraiment.

Le rictus qui avait brièvement déformé les lèvres du colosse s'effaça cependant rapidement pour laisser la place à une grimace douloureuse. L'effet du choc s'amenuisait et Artaher pouvait de plus en plus clairement ressentir la souffrance de son épaule meurtrie, sans parler de la gêne que représentait le javelot encore fermement planté dans ses chairs. Difficile de mener un assaut dans ces conditions, mais le repli était tout simplement hors de question, n'en déplaise au détachement de mères-poules qui entouraient le colosse et l'incitaient à se retirer pour se faire soigner à l'arrière. Certes, la magie elfique était la plus efficace en matière de soins, mais pas nécessairement la plus rapide ou la plus adaptée aux champs de bataille et d'ici à ce que le général fut capable de reprendre le combat, la bataille serait terminée depuis longtemps. Son regard clair croisa alors la silhouette de l'ancien banni, désormais vampire, qui semblait s'offrir de juguler son saignement. Une idée absurde lui traversa alors l'esprit, idée qu'il rejeta presque aussitôt mais qui n'en revint pas moins le titiller. Allait-il vraiment s'abaisser à ça ? Un nouvel élancement douloureux acheva de lui faire prendre sa décision, et il ordonna sèchement à son escorte de laisser le vampire approcher. Dracos lui en soit témoin, si ce cadavre ambulant faisait seulement mine de lui adresser le moindre commentaire, il lui arracherait la tête à mains nues. Et peut-être plus tôt que prévu d'ailleurs, comme le laissa assez clairement comprendre le cri de douleur qui accompagna le brusque retrait de la lame qui encombrait sa plaie. De grosses gouttes de sueur perlèrent au front du général tandis que sa respiration se faisait haletante et que ses poings se crispaient comme s'ils avaient eu l'intention de tordre un quelconque cou imaginaire. Le sang s'échappait à présent à gros bouillons de la plaie ouverte, ce à quoi son ''guérisseur'' pallia en cautérisant brutalement la plaie. Cette fois, ce fut un véritable hurlement qui s'échappa de la gorge du colosse, attirant même une lueur de surprise dans le regard des alayiens et impériaux qui bataillaient avec la première ligne de front, à quelques mètres seulement de la position qu'il occupait. Sa respiration se fit plus profonde encore, comme s'il espérait pouvoir évacuer la souffrance avec chaque expiration. La méthode était affreusement barbare et la cicatrice ne serait pas des plus esthétiques, mais au moins la plaie ne saignait-elle plus : Artaher n'aurait pas à se replier. Après ce traitement de choc, il lui fallut encore quelques instants pour reprendre ses esprits, mais il fut bientôt capable de mouvoir le bras sans trop en souffrir. Si poursuivre le combat n'était pas nécessairement le choix le plus raisonnable, au moins pouvait-il à présent y prétendre sans que le risque fut inconsidéré.

D'un geste sec, le général récupéra ses armes et reprit sa place parmi les soldats, traquant du regard les mouvements de troupe qui lui avaient échappé pendant ses quelques instants de convalescence. Les nordiques étaient parvenus à considérablement ébranler les troupes ennemies, mais un renfort inattendu sembla conférer un nouveau souffle aux alayiens et impériaux. Guidé par la voix tonnante de leur général, les elfes redéployèrent leurs rangs pour appuyer au mieux la ligne de front. Pendant la manoeuvre, le regard clair du colosse tomba sur le vampire balafré auquel il devait de pouvoir encore combattre. Si un jour on lui avait dis qu'il aurait une dette envers l'une de ces créatures, jamais il ne l'aurait cru, et pourtant, c'était bien aux côtés d'un vampire qu'il luttait en ce moment. D'un vampire aveugle de surcroît. Dracos, le monde était mal fait.
Artaher laissa échapper un soupir las tandis que sa lame venait caresser de son acier la gorge d'un alayien qui avait prétendu se mesurer à lui, puis, profitant de l'occasion qui lui était donnée, il commenta directement à l'attention de son ailier vampirique :

« Le verre noir est le nom que l'on donne au métal dans lequel sont forgées les armes des Alayiens. Cette saleté aspire la magie aussi sûrement qu'un détritus dans votre genre aspire le sang, cela vous suffit-il pour comprendre le danger que cela représente ou faudra-t-il que je vous fasse un dessin ? »

Si tel était le cas, que Mort l'emporte. Non seulement Artaher n'était-il pas le plus doué dans cet art, mais il n'avait en outre pas vraiment le temps de s'y consacrer pour le moment. Ce d'autant plus qu'un brusque revirement dans le rapport de force ne manqua pas interpeller son attention : étaient-ce ses yeux qui lui jouaient un vilain tour, ou les régiments vampiriques supposés appuyer leur offensive étaient-ils vraiment en train de s'éclipser ?
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MessageSujet: Re: La dernière aube [PV Aranël et Eliowir] TERMINE La dernière aube [PV Aranël et Eliowir] TERMINE Icon_minitimeSam 13 Déc 2014 - 17:56

Il su au moment même où il acheva ses mots que son père allait très mal le prendre, il n'aurait pas dû parler si fort et devant les hommes mais zut hein, il n'aimait pas du tout l'idée qu'un membre de sa famille ne se fasse tuer par sa faute. Et puis il n'était plus un enfant. Ce que l'intéressé lui rappela fort bien d'ailleurs. La mâchoire du jeune elfe se crispa tandis qu'il soutenait le regard paternel, fort désireux de l'envoyer bouler comme il l'aurait fait à n'importe quel autre moment mais conscient du mauvais effet que cela aurait en plein milieu d'une bataille. Ce n'était pas son père qui lui parlait à cet instant, mais son général. Et c'est à ce dernier qu'il répondit même si de mauvaise grâce :

"A vos ordres."

Il ne pu malgré tout s'empêcher de jeter un dernier regard inquiet au javelot profondément planté. Son père était solide, et il n'avait été touché à aucun point vital, mais tout de même... L'inquiétude étreignit son coeur pendant qu'il reprenait sa place et se mettait à exhorter les elfes autour de lui.

Sans doute n'aurait-il pas entendu les mots de Serillëiel si il n'avait pas été si proche de lui à cet instant, mais cette proximité couplée à l'ouïe fine qu'il possédait ne pouvait le tromper. Un... Quoi ? Il lâcha son père du regard pour poser plutôt des yeux ébahits sur le banni apparemment devenu créature de la nuit et ouvrit la bouche pour l'interroger. Comment par le dracos cela avait-il pu se produire ? Et si c'était le cas alors que faisait-il ici ? Il n'eut néanmoins pas le temps de lui poser la moindre question car loin de lui obéir, le vampire s'était éloigné pour aller vers une autre zone qui intéressait Aranël.

Il avait beaucoup de mal à s'empêcher de garder un oeil sur son père au mépris d'ailleurs de ce qu'il lui avait dit lui-même l'instant d'avant. Se concentrer lorsqu'on combattait en famille n'était pas si facile que ça en vérité... C'était à la fois une force et une faiblesse, il faudrait qu'il s'en rappelle songea-t-il en bloquant un adversaire trop aventureux.

Ce mouvement l'avait obligé à quitter son père du regard, mais le hurlement qu'il entendit soudainement le ramena bien vite à son travers. Il n'aurait pu ne pas reconnaître sa voix et son adversaire ne pu que s'étonner de se voir planté là tandis que le jeune elfe tournait les talons au risque de se faire tuer dans la foulée. Ses compagnons le suppléèrent heureusement fort bien et refermèrent la brêche pour lui permettre de se précipiter vers la scène qu'il voyait quelque pas plus loin. Le vampire ! Il ne s'était pas dirigé par là simplement pour combattre mais plutôt par convoitise ! Un immense élan de rage secoua le jeune elfe tandis qu'il tentait furieusement de se frayer un chemin vers son père.

Il n'y parvint pas hélas, mais le mouvement des hommes devant lui lui permit de voir ce qui se passait, le rassurant. Son père était debout, vacillant, pâle, mais debout. Se faire tuer en essayant de le rejoindre n'était donc sans doute pas la meilleure idée de siècle. Dopé par l'énergie de la frayeur qu'il avait eu, il intensifia son combat avec les deux humains qui lui faisaient face et les tua l'un après l'autre avant de bousculer un Alayien qui avait eu la mauvaise idée de se détourner de lui. Sa lame s'enfonça profondément dans une faille de la noire armure et la chute de sa victime lui ouvrit soudainement le chemin vers les elfes qui entouraient son père. Il n'était plus qu'à quelques pas et pouvait voir le vampire qui combattait toujours ainsi même que l'aspect étrange qu'avait prit l'armure et la peau autour de la blessure du général. Est-ce qu'il s'était... Brûlé ? Comment avait-il fait ? Perplexe, Aranël manqua se faire assomer par un bouclier qui passait par là et manifesta son mécontentement en renversant d'un coup de pied vicieux le porteur du bouclier en question. La chute lui fut fatale car il fut aussitôt piétiné par ses pairs, tandis qu'Aranël était à son tour bousculé.

Il manqua lui aussi perdre l'équilibre et craignit un instant de subir le même sort mais c'est sur un elfe qu'il tomba et celui-ci ne manqua pas de le retenir. D'un coup d'oeil, Aranël reconnu l'un des gardes du corps de son père et son oreille capta ce que celui-ci disait au vampire. Comment pouvait-on vivre en Armanda de nos jours et ne pas savoir ce qu'était le verre noir ? Cette question le rendit un instant perplexe avant qu'il ne se souvienne de ce qu'on lui avait raconté sur les souvenirs des jeunes vampires. Celui-ci avait-il donc tout oublié en plus de perdre la vue ? Voilà qui n'"était pas très pratique mais après tout mourir ne l'était pas non plus... Il n'avait pas dû le faire exprès. Il reprit son combat en ruminant tout ceci mais s'interrompit très rapidement lorsqu'une évidence soudaine le frappa :

"Père ! Les vampires s'en vont !"

Enfin les vampires... Pas le leur bien sur. Il était coincé au beau milieu de la troupe elfique et aurait été bien en peine de faire de même... Allait-il essayer ? Fort agacé par cette idée, Aranël se précipita en quelques pas rapides sur le guerrier aveugle et le saisit par un pan de l'armure pour mieux lui crier dessus :

"Où vont-ils ? Quelle est cette félonie ?"

Les elfes s'était regroupés autour de lui pour le protéger, lui accordant l'espace nécessaire pour régler cette affaire. Un coup d'oeil à la bataille lui fut suffisant pour confirmer ses craintes, les vampires les lâchaient ! Ah mais celui-ci n'irait nul part, c'était clair et net. La lame elfique se posa durement sur le cou du nouveau-né tandis qu'il interrogeait son père :

"Dois-je le tuer ?"

Il l'aurait fait sans la plus petite hésitation. Son caractère entier et emporté supportait très mal la trahison et la flamme ulcérée qui brillait dans ses yeux clairs ne trompait pas tandis qu'il resserrait sa prise...
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MessageSujet: Re: La dernière aube [PV Aranël et Eliowir] TERMINE La dernière aube [PV Aranël et Eliowir] TERMINE Icon_minitimeMar 16 Déc 2014 - 0:30

Eliowir tenta de rester le plus proche possible du général. D'une part parce que, tout blessé qu'il était, il semblait être un valeureux guerrier, son titre n'étant pas un critère en soi selon le jeune vampire, mais le sang qui maculait sa lame en étant un bien plus probant... d'autre part parce que, étrangement, guidé par cette odeur qui lui était devenue familière après en avoir pu goûter le sang, Eliowir se sentait plus rassuré. Oui, étrange comme sensation, d'autant plus qu'après la violence de ses soins le Général ne devait guère le porter dans son estime. Au moins l'elfe lui devait-il peut-être la vie, songea le vampire, ce qui pourrait s'avérer une carte intéressante à jouer si les choses se gâtaient, lui seul vampire au milieu de tous ses elfes. Et on avait beau lui avoir dit avoir été elfe lui-même par le passé, vraisemblablement les siens ne le portaient pas dans leur coeur en son temps elfique. Alors en son temps vampirique... Non, vraiment, mieux valait rester auprès du Général pour le moment.

Il se montra donc fort docile. Et tenta de se montrer aussi digne que possible de son enseignant improvisé en attaquant de la pointe de sa lance toute odeur humaine qui s'approchait de trop près. IL avait décidé de viser les coeurs tambours qui sonnaient si fort en face de lui. Si nombre de ces coups ripaient contre du métal, certainement ces armures protectrices dont tout guerrier se revêtait, quelques uns semblèrent trouver leur cible, menaçant alors de submerger à nouveau le jeune vampire par l'odeur âcre du carmin qui s'échappait des plaies béantes. Il misa ainsi sur sa force et la résistance de sa lance, et frappa, frappa, frappa encore, tentant de bouger un tant soit peu pour ne pas être une cible trop facile. Et tentant d'esquiver au mieux les coups qu'on tentait de lui offrir, même s'il ne parvint à éviter toute estafilade.

S'il en frissonna intérieurement aux explications de l'elfe au sujet de ce maudit verre noir, il tenta de n'en rien montrer et préféra cacher sa soudaine peur sous d'acides sarcasmes :

- J'aurais eu grand plaisir à m'extasier devant vos évidents talents de dessinateur, mais c'est avec regret que je dois votre offre décliner, ne pouvant contempler vos oeuvres majeures.

Se disant, il ponctua ses mots d'un léger ricanement, et planta durement sa lance dans l'adversaire qui lui faisait face. Il entendit un borborygme lui répondre, indiquant alors qu'il avait touché certainement la gorge ou le poumon. Mais n'ayant cure de savoir ce qui tuerait son adversaire, il appuya plus fortement encore sur sa lance, la tournant d'un quart pour que sa lame fasse plus de dégâts encore et l'en retira rapidement, son pied prenant appui sur le corps pour la faire sortir hors de cette carcasse déjà sans vie. Le tambour s'en était arrêté. Et d'un de plus qui ne martelait plus son rythme lancinant et envoutant.

Il entendit une lame siffler près de lui, le faisant légèrement vaciller sous le flux étrange qui semblait vouloir lui voler ses forces, mais un corps chutant près de lui lui révéla que son agresseur venait d'être mis à bas. Par qui et comment il n'aurait su dire, et peu lui importait au final. Il reprit rapidement ses esprits et fut étonné de n'avoir aucune blessure. Les mots du général décrivant les effets du verre noir prirent soudain toute leur signification. Verre noir... Ainsi c'était cela ? Peur qui l'avait étreint se mua en véritable terreur et le pétrifia un instant, alors qu'enfin, il réalisait pleinement ce que cela impliquait.

Il n'eut guère le temps de s’appesantir sur tout cela, qu'un cri le pétrifia plus encore.

"Père ! Les vampires s'en vont !"

Hein ? Que ? Quoi ? les vampires quittaient le combat ? Peut-être n'était-ce qu'un mouvement de troupes non ? Il ne s'y connaissait pas beaucoup en guerre, pour tout dire pas du tout, mais...

"Où vont-ils ? Quelle est cette félonie ?"

Non, pas un mouvement de troupe, apparemment. Traitrise ? Les vampires trahissaient la rébellion ? Eliowir peinait à tout comprendre, à réellement saisir ce qui se passait, mais une chose lui sembla certaine : il était mal, mais alors très mal avisé de rester ainsi, seul vampire, au milieu des elfes. Si seulement il avait pu s'échapper... mais aveugle, ainsi entouré, tout près du général... Finalement rester si près de leur commandant n'avait peut-être pas été la meilleure idée, songea-t-il, un peu tard et de façon bien amère. Et la main qui l'avait alpagué par l'armure, ainsi que la lame qui déjà lui entamait la peau du cou n'aidaient en rien à apaiser ses mille et une questions et sa soudaine appréhension.

- Que pourrais-je donc en savoir ? susurra-t-il sa voix baissant encore d'une octave tandis qu'elle prenait des accents agacés. Comment pourrais-je donc répondre à vos questionnements ? Croyez-vous vraiment que les Puissants révèlent leur plan à ceux qui ne peuvent voir ? cracha-t-il de plus belle, cette fois rancoeur se mêlant au maelstrom qui l'agitait.

Qu'il détestait être aveugle. Etre faible. Etre insignifiant.

Il aurait eu envie de leur dire que lui n'avait pas fui, que lui était encore là au milieu d'eux, que lui avait combattu à leur côté, avait trempé sa lame avec les leurs... mais il se retint. Cela aurait été par ailleurs presque mensonger, lui qui avait songé à s'esquiver dès qu'il avait entendu l'exclamation surprise des elfes... Il se retint donc. Et en fut fort avisé surement.

"Dois-je le tuer ?"

Ou pas.

Le tuer ? Croyait-on réellement qu'il allait se laisser tuer ainsi ? Allait-il attendre de remettre sa vie aux mains d'un elfe ? un elfe qui ne semblait guère le porter dans son estime, que ce soit dans son passé d'elfe ou dans son présent de vampire... Non, certainement non.

A peine pensa-t-il cela, qu'il laissa tous ses muscles se détendre et laissa parler ses instincts. Empoignant solidement la lame dans sa main, faisant fi de se la taillader profondément, préférant sacrifier une main que sa gorge, il détourna la lame. Visiblement l'elfe avait été surpris ou déconcentré, toujours est-il qu'Eliowir fut assez surpris que sa manoeuvre fonctionne. Et sans qu'il ne s'en rende compte lui-même, laissant son corps danser pour lui, laissant son instinct le guider, il se retrouva rapidement avec Aranel contre lui, le dos de sa proie calé contre son torse, le bras armé courbé entre leurs deux corps l'empêchant de le poignarder et l'immobilisant quelque peu, enserrant la gorge de l'elfe de son bras libre et menaçant de l'étouffer. Il parvint, il ne sut comment à caler son propre dos contre un mur. Ou quelconque surface dure et haute. Ce qui lui permit de ne pas être totalement vulnérable sur ses arrières.

- Alors, dois-je le tuer ? répéta-t-il d'une voix grave et basse, se musant des elfes. Vais-je donc votre sang aussi goûter ? Voilà une odeur bien âcre et bien amère. Votre sang est-il comme celui de votre père ? Hum... Vous n'êtes sans doute guère savoureux. Dire que certains prétendent que mon sang était fort goûteux... Alors, dois-je le tuer, cher Général ? Vais-je donc vous trahir et m'en faire un régal ?

Se disant, il rapprocha un instant ses crocs de la peau douce et chaude du cou, faisant fi du peu de goût que lui inspiraient cette odeur et le souvenir du sang paternel. Son venin ne salivait pas même à ses crocs acérés, dirait-on, tant ce goût ne lui disait rien. Tant et si bien, qu'il arrêta aussitôt son petit jeu. Il savait de toute façon ne pouvoir guère tenir longtemps face à tous ses elfes. Il se devait de jouer une autre musique et vite...

Il lâcha la lame de l'elfe, qu'il avait maintenue jusque-là entre eux deux, et de sa main alors ensanglantée, il alla caresser en un geste vif le visage du jeune elfe. Traçant sans le vouloir des sillons noirs de ses doigts tout le long du visage juvénile, qu'il voulait simplement dessiner rapidement en son esprit.

- Tu as un bien joli visage, jeune elfe impétueux. Il serait dommage que ton âme rejoigne les Esprits.

Il poussa alors l'elfe devant lui, libérant, un peu avec regret, sa proie de l'instant.

- Je ne sais si les miens ont trahis et commis réelle félonie. Mais je ne trahirai pas mes frères d'armes en ce jour capricieux.

Il sentit pourtant à cet instant une lame lui perforer le flanc gauche, le faisant gronder de rage et vaciller sous la douleur fulgurante.

Frères d'armes, vraiment ? songea-t-il amer en un grognement presque bestial. Menaçant de ne plus se contenir, ni sa colère grondante, si sa faim dévorante...
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MessageSujet: Re: La dernière aube [PV Aranël et Eliowir] TERMINE La dernière aube [PV Aranël et Eliowir] TERMINE Icon_minitimeDim 21 Déc 2014 - 13:11

Il n'y avait plus aucun doute possible désormais, les vampires étaient bel et bien en train d'abandonner le champs de bataille, comme le faisait d'ailleurs très justement remarquer le fils aîné du général. Rapidement, l'ensemble des jurons du monde connu - furent-ils issus du langage elfique ou commun - défilèrent dans l'esprit tempétueux du colosse : toute prévisible qu'elle avait pu être, il s'était laissé berner et surprendre par la trahison des vampires et cette seule idée eut pu alimenter son courroux pour les siècles à venir. A l'instar de tous ceux qui l'entouraient, Artaher dirigea instinctivement son regard sur la misérable silhouette du vampire aveugle qui s'était bon gré mal gré joint à eux. Un regard aux reflets d'acier, flambant d'une haine difficilement contenue. Allait-il essayer de s'enfuir lui aussi ? Probablement, et le général ne devait pas être le seul à faire cette constatation puisque déjà, son propre fils bondissait sur la créature de la nuit et venait en caresser la gorge du fil de son épée. Devait-il le tuer ? Artaher brûlait d'envie de lui répondre que oui, qu'il le saigne donc comme les humains saignaient leurs porcs : s'il ne portait déjà pas les vampires dans son coeur, celui-là en particulier incarnait à lui seul tout ce que le colosse elfique pouvait mépriser. La tentation était d'autant plus envoûtante qu'il avait alors toute légitimité pour ordonner une exécution : autour d'eux, la guerre ne s'était pas arrêtée pour autant et l'atmosphère du champs de bataille résonnait encore des lames s'entrechoquant et des râles des blessés ou mourant. S'encombrer d'un prisonnier alors même que la défection des vampires venait de provoquer un sévère revirement dans l'équilibre des forces en présence ne se justifiait pas, pas du tout même, mais dans l'esprit du colosse, une infime part de raison se disputait encore à la haine pure et simple. Capturer Serillëiel vivant, ou plutôt mort-vivant, pour l'interroger ensuite pouvait représenter une source de renseignements potentiellement intéressanes et ce quand bien même le principal concerné prétendait ne rien savoir.

L'incertitude qui déchirait l'esprit du colosse quant à l'ordre qui franchirait bientôt ses lèvres prit fin à l'instant précis où le balafré captif esquiva l'emprise qu'avait sur lui l'adolescent elfique pour retourner la situation à son avantage, décidant par là-même du sort qui lui serait réservé. Eliowir mourrait donc, et ce de la propre lame du général dont il venait de menacer l'enfant, du moins sitôt que le colosse détendrait ses muscles pour laisser libre cours à la fureur haletante qui bouillonnait désormais en lui. Il en oublia même totalement la bataille dans laquelle il était plongé alors, occultant de son esprit les elfes qui l'entouraient et attendaient ses ordres avec anxiété tandis qu'il focalisait jusqu'au plus infime fragment de son attention sur le preneur d'otage. Les mots du vampire glissèrent sur lui sans même lui arracher le moindre frémissement, son regard acéré traquant avec une rare avidité la moindre faille qui pourrait lui permettre de bondir sur son adversaire et enfoncer sa lame dans sa chair avant que celui-ci ne put causer le moindre mal à son fils. Les multiples scenarii possibles défilèrent rapidement dans son esprit combatif, lequel les rejetait l'un après l'autre à mesure qu'il identifiait l'une ou l'autre faiblesse, l'un ou l'autre risque qui ne lui convenaient pas. L'ouverture tant recherchée se présenta pourtant bientôt d'elle-même, alors que le vampire abandonnait volontairement son bouclier elfique et provoquait ainsi l'effondrement du dernier rempart qui se dressait encore entre lui et la fureur du colosse.

D'un mouvement leste et rapide, Artaher bondissait déjà vers le balafré vampirique tandis que les derniers mots du concerné parvenaient à ses tympans. Il ne trahirait pas ? Dommage en ce cas que la décision n'ait été prise pour lui. Il osait encore les appeler ses frères d'armes ? Lui qui ne méritait déjà pas une telle appellation lorsqu'il était encore un elfe pensait vraiment gagner la clémence du général de cette façon ? La lame effilée du colosse s'enfonçant violemment dans le flanc du vampire fut la seule réponse qu'il avait à donner à ces questions. L'acier perça et trancha la chair, s'enfonçant profondément tandis que l'épée s'illuminait de l'enchantement de la plaie de la nuit et brûlait atrocement le vampire. Abandonnant la lame jumelle de celle qui meurtrissait sa victime, Artaher libéra l'une de ses mains pour venir saisir le vampire à la gorge et l'écraser de sa colère. Il prit d'ailleurs grand soin de laisser l'acier meurtrir la chair aussi douloureusement que possible, s'accordant même le luxe d'enfoncer lentement mais sûrement son épée toujours plus profondément dans la plaie.

« J'aurais pu t'épargner malgré la trahison des tiens, vampire, mais jamais, et Dracos m'en soit témoin, jamais je ne laisserais quiconque menacer ma famille sans lui en faire payer les conséquences. »

Joignant le geste à la parole, le colosse souleva de terre la carcasse du vampire agonisant, totalement insensible aux efforts que celui-ci pouvait déployer pour s'échapper. La lame luminescente poursuivit sa lente et douloureuse progression jusqu'à finalement laisser resurgir sa pointe souillée de sang dans le dos de la fierté balafrée... transpercée... empalée. En contrebas, le sombre et poisseux liquide s'écoulait abondamment, imprégnant la garde de l'épée meurtrière et le poing qui la maniait.

« Ton existence s'achève ici, banni. Infanticide. Vampire. »

D'un brutal mouvement de rotation, Artaher libéra finalement la carcasse de la détestable créature en la projetant violemment à travers les airs sur plusieurs mètres de distance, la laissant s'écraser sur le sol dont il n'attendait plus la voir se relever. Laissant le vampire pour mort, définitivement mort s'entend, le général adressa un rapide regard entendu au fruit de sa chair. S'il connaissait son fils, celui-ci ne devait qu'avoir très difficilement apprécié s'être ainsi laissé capturer, aussi mieux valait-il ne pas s'étendre sur le sujet.

« Nous avons une bataille à gagner. »

Il faudrait voir à ne pas l'oublier, et déjà le colosse ramenait son attention sur l'affrontement proprement dit, hurlant ses consignes pour reformer les rangs de ses troupes un temps déstabilisée par le retrait des troupes vampiriques. Par chance, un vent de panique déferla bientôt sur leurs ennemis : certains abandonnèrent subitement le champs de bataille pour prendre la fuite, d'autres se jetèrent sans aucun égard pour leurs vies sur les lames adverses, et ce quand ils ne retournaient pas purement et simplement leurs propres épées contre eux. Le combat évolua ainsi rapidement en faveur des défenseurs, lesquels repoussèrent sans mal les derniers alayiens jusqu'à l'extérieur. La bataille, sinon la guerre, venait d'être gagnée et les cris de joie résonnèrent bientôt dans l'air des galeries. Sur un plan plus personnel, Artaher avait une autre victoire à savourer ou du moins le pensait-il.
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MessageSujet: Re: La dernière aube [PV Aranël et Eliowir] TERMINE La dernière aube [PV Aranël et Eliowir] TERMINE Icon_minitimeVen 26 Déc 2014 - 17:56

Le geste du vampire le prit totalement au dépourvu, il avait été si fasciné par la voix suave de ce dernier et si concentré sur le geste fatal qu'il allait peut-être devoir faire qu'il en avait oublié à quel point ces créatures pouvaient se révéler traîtresses. On l'avait pourtant bien prévenu.. .Mais il était trop tard et il ne pu qu'émettre un hoquet de surprise lorsque son prisonnier se retrouva derrière lui, les crocs à portée de sa gorge et le bras prêt à l'étrangler, à supposer qu'il n'ai pas simplement la force de lui briser les vertèbres. De quoi lui faire passer toute velléité de révolte malgré son caractère enflammé et la mortification qu'il ressentait à se retrouvé pris en otage de cette manière. Son bras tordu lui tira une grimace de souffrance mais il trouva tout de même la force de gronder :

« Vous allez regretter ça ! »

Les autres elfes étaient apparemment du même avis, il suffisait de voir la fureur soudaine qui venait déformer leurs traits harmonieux. Quand à son père... Mieux valait ne même pas en parler, ce vampire était complètement fou, comment croyait-il s'en sortir au milieu d'eux tous ? Il n'avait pas la moindre chance, la seule question que l'on pouvait légitimement se poser était de savoir si Aranël allait survivre ou non à cette scène. Une question fort gênante évidemment, surtout quand on était si jeune et si plein de projets fabuleux...

Très étrangement pourtant vu la situation, il ne ressentait pas vraiment de peur. Et ce n'était même pas sa témérité qui parlait, ni même son courage, il était simplement incapable de réaliser qu'il allait possiblement mourir dans la minute. Il n'y croyait pas, son regard s'était posé avec plus de calme qu'il n'en était capable habituellement sur le visage de son père. Même les moqueries du vampire ne parvinrent pas à le faire sortir de ses gonds, un petit miracle que ceci... Non, il demeurait très tranquille, immobile et sombre devant ce qu'il considérait comme une humiliation. Ceci se payerait à un moment ou à un autre mais il ne pouvait se libérer seul pour le moment, alors il s'accrochait à ce qu'il connaissait depuis toujours. La confiance inébranlable d'un fils envers son père. Dans son esprit, le sort du vampire était déjà réglé, il ne savait même pas ce qu'il venait de provoquer.

Et ça ne rata pas. Habitué à lire les moindres mouvement de celui qui lui avait si souvent servit de mentor, Aranël le vit venir un quart de seconde avant qu'il n'amorce son geste. Il se figea donc plus encore et pu s'écarter vivement lorsqu'il sentit son adversaire le lâcher, mortellement touché. Ah bah finalement ça ne se payerait pas... Mais la mort était bien suffisante après tout pour laver un tel affront. Il reprit son équilibre quelques pas plus loin, rattrapé par ses camarades pleins d'attentions envers lui. Leur sollicitude le toucha mais la brûlure de la honte marquait encore son front et ils n'insistèrent pas lorsqu'ils le virent se détourner pour mieux observer celui qui avait manqué le tuer.

Banni, infanticide, vampire... Les mots sonnèrent durement comme une épitaphe malheureuse de ce qu'avait été la vie et finalement la mort de cet être haït par ses pairs. Son geste avait achevé de le dénigrer à leurs yeux, sans doute même plus que sa transformation en elle même. Nul doute qu'il ne serait pas pleuré, et encore moins chanté. Il n'était plus rien à leurs yeux. Rien qu'un cadavre.

Méprisants, les regards elfiques se détournèrent finalement du corps affaissé, revenant au général qu'il s'adressait à eux. Toujours sombre, Aranël hocha la tête avec brusquerie, décidé lui aussi à passer à autre chose et à gagner cette fichue bataille. Et ils la gagnèrent finalement, même si ils avaient fini par ne plus tout à fait y croire. La victoire résonnait encore dans leurs cœurs, assourdie par la peine de tant de pertes, lorsque Aranël surmonta une dernière fois son épuisement pour prendre une seconde à son père. Son temps était précieux, mais ce qu'il avait à lui dire aussi :

« Je vais passer mon rituel. »

Le temps des hésitations et des frasques d'adolescent était passé, il avait grandit... Trop vite peut-être, mais telle était la dure loi d'un continent en guerre. Il n'expliqua pas sa décision, ne chercha même pas à aller plus loin, la fatigue était trop lourde après une telle journée et ils avaient encore des tâches fort sombres devant eux. Oui vraiment, le temps des jeux était loin derrière lui...
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