~ fin de journée du 02 Mai ~

Ce chemin, elle l'avait déjà fait... Mais c'était avec bien plus d'entrain qu'elle parcourait les routes cette fois ci. Il lui avait dit de venir le retrouver. Et elle n'avait pas mit longtemps avant de prendre congés de ses responsabilités. Il serait toujours temps de la faire prévenir à Altaïa, si on avait besoin de ses services... En attendant, elle allait au devant de cette rencontre... Qui hantait ses nuits et presque chacune de ses pensées depuis voila déjà deux mois. Elle avait toujours eue du mal à cerner cette partie d'elle même. Exclusive, intense, possessive... Sa relation avec son père adoptif étai tout autre... Mais le vampire lui... Avait touché quelque chose de bien différent en elle. Et bientôt, elle le retrouverait...

C'est donc toute à sa réflexion qu'elle passait son chemin, avançant inlassablement en direction de la Romantique... Observant alentours, échangeant parfois quelques mots avec ceux qu'elle croisait en route. Il y avait de l'agitation de l'air. Beaucoup ne discutait plus que de l'imminente guerre qui approchait. Livilith n'aurait pas franchement été concernée par tout ceci, si il ne s’agissait pas des rebels et des vampires... Et donc... De Sylath.

L'avantage des plaines, c'est qu'on était rarement surpris par une rencontre. La vue offrant un panoramique du plateau, franchement pratique quant à déterminer qui se trouvait non loin. La semi pénombre qui s'installait par contre, n'était pas forcément propice à éviter un danger...

Elle avait revêtit une tenue plus légère que celle habituelle, optant pour un pantalon de cuir léger, des bottes hautes et une fine chemise d'un rouge presque noir, dessinant parfaitement sa taille tout en retombant sur le haut de ses cuisses... Son gilet n'était là que pour le côté pratique de ses poches et bien évidemment, elle portait ses gants. Chaque centimètre de peau était savamment recouvert par un bout de tissu... Elle ne portait cependant pas de capuche. Ce qui tranchait cruellement avec ses habitudes. Par contre, une cape de voyage venait rejoindre ses épaules en début de soirée, lorsque l'air se faisait plus frais. Cheveux au vent, elle se sentait étrangement "libre". Son sac sur une épaule, un poignard à porté de main. Rien n'aurai su détourner son attention de son but premier... A savoir... Atteindre la cité et retrouver son "Ami". -?-

Rien, si ce n'est le visage de l'homme qu'elle croisa tout à coup... Qui sait si la semi pénombre se jouait de ses yeux? Mais elle aurait pu jurer que cet homme ne lui était pas inconnu... S'arrêtant après l'avoir devancée de quelques pas, elle se retourna pour lui faire face. Un bref sourire ornant ses lèvres. Puis elle s'avança de nouveau, revenant vers lui, avec la fausse prudence d'une jeune humaine tout à fait banale... Il s'agissait là de " Matis Falkire "... Cinq cent, ou six cent pièces d'or... Si ses souvenirs étaient bons... Et généralement, ils l'étaient. Et ce paquet d'argent pourrait lui être largement utile...

Elle afficha un sourire aimable et prit son petit air innocent, désignant alentours en s'exprimant d'une voix douce... feintant un brin de timidité...

- Excusez-moi... Il commence à faire nuit... Et je suis un peu perdue. Puis-je vous demander dans quelle direction vous allez... ?

Elle entortilla une boucle platine entre ses doigts et se mordit légèrement la lèvre, faisant mine de redouter d'être tombée sur un meurtrier ou un bandit... Affichant cette fausse prudence de jeune pucelle qu'une jeune femme de son age aurait tout à fait pu arborer.

C'est qu'elle préférait tenter de faire les choses en douceur, plutôt que de lui sauter à la gorge de suite... Cela n'aurai pas été intelligent, d'autant que l'entre deux qu'était la tombée de la nuit, n'était pas forcément son moment préféré de la journée, pour une course poursuites dans les plaines. Et puis, jouer un peu avec ce que la nature lui avait offert n'était pas un crime. Jouer avec cet homme non plus... Personne ne viendrait lui reprocher quoi qu'il en soit...

Les vastes plaines se trouvaient balayées par un vent tranquille qui menait quelques nuages dans son mouvement. Ces nuages permettaient d’évoluer sous une ombre bienvenue par les temps qui couraient et la chaleur qui résidait sur Armanda depuis plusieurs semaines maintenant. Malgré tout il portait son long manteau, celui qui le suivait depuis des années et qui avaient vu bon nombres de bataille. Élimé, déchiré, rapiécé, recousu et troué. Par endroit il était fendu par la froideur d’un ancien hiver, à d’autre il était craquelé par la chaleur d’un passage dans le désert quelques dizaines de jours plus tôt. Oui, ce manteau avait connu des jours meilleurs mais il lui permettait de cacher ses armes et pour ses tatouages il s’était équipé d’une écharpe changeante d’un vert émeraude.

C’était tel que cela qu’il avait quitté Gloria quelques jours plus tôt, il n’avait pas encore retrouvé les siens et l’ensemble de leurs équipements, mais il était toujours en vie. Blessé, mais en vie. Sa blessure au bras le faisait souffrir, mais les soins qu’il s’était lui-même porté commençaient à faire effet. C’était à se demander comment il avait fait pour tenir en pleine action avec un bras en vrac comme cela. A dire vrai il ne se posait même plus la question, ce qui l’occupait surtout s’était le manque de compagnie. Son totem était en partie, voire totalement, déréglé depuis les derniers événements et le chien cherchait ses compagnons. En attendant il faisait payer à Matis le fait qu’il se trouvait seul, et ça il le vivait assez mal.

D’autant plus que la route qu’il avait choisi n’était pas des plus fréquentée, il n’avait donc que peu de chance de tomber sur des amis à lui ou des connaissances, voire même sur des gens tout cours. Jamais il n’aurait cru que ce manque de compagnie l’affecterait à ce point…. Et pourtant, c’était bien le cas. Comme pour marquer ce manque il serra dans sa main les possessions que la petite Luna avait caché avec les siennes. C’était là tout ce qu’il avait pu ramener de la jeune femme, et c’était déplorable. Il s’en voulait, et il s’en voudrait toute sa vie jusqu’à qu’il puisse défaire cette injustice.

Il avait une assez large vision de ce qui l’entourait, une vue assez moyenne mais qui permettait quand même de voir tout ce qu’il y avait autour de lui. Non loin de là il se trouvait une jeune femme dont la blondeur des cheveux le fit tout de suite penser à un champ de blé. Certes un champ de blé très réduit, mais d’un éclat comme nul pareil. Peut-être était-ce à cause du soir qui tombait, mais l’éclat de ses cheveux semblait l’attirer comme un papillon sur une lumière. Mais il n’avait pas le temps de s’occuper d’elle, bien d’autre chose occupait son esprit et son cœur en ce moment.

Néanmoins, et alors qu’il arrivait et qu’il dépassa la jeune femme sans un mot, il fut surprit de la voir revenir sur ses pas et lui parler. Elle semblait avoir peur, elle semblait être seule et elle était très belle. Trois choses qui ne semblaient pas aller de pair à moins d’avoir une très bonne excuse. Quand elle lui parla, elle prit un air apeuré ou semblait l’être réellement, de toute manière il n’avait jamais été bon pour déceler les émotions à moins qu’elle ne soit clairement montré.

Il lui sourit tranquillement et montra d’une main évasive la direction qu’il suivait tout en lui parlant.

Je vais vers Althaïa mademoiselle. Et oui en effet, la nuit tombe bien vite en ce moment, bien plus que par le passé il semblerait.

Il l’observa faire son petit manège mais avait vu bien d’autre faire de même sans pour autant tomber dans le panneau. Du moins pas à tous les coups. Mais aujourd’hui c’était un peu différent, il n’avait pas vraiment envie de faire route seul, du moins pas aussi longtemps…

Vous voulez que l’on fasse un bout de chemin ensemble ? D’autant plus que je comptais m’arrêter sous peu pour manger un morceau, peut-être cela pourrait-il vous intéresser ?

Il avait parlé avec un air détaché et foncièrement sympathique, sans doute le prendrais on pour un inconscient mais il n’en était rien. Cette jeune femme l’intriguait, il voulait… Non, il devait en savoir plus à son sujet. C’était ainsi, les femmes et lui s’était toute une histoire. Mais il n’en avait jamais vu de pareille et il se doutait qu’une si belle plante devait avoir bien plus que de belles formes à montrer…

Althaïa, qu'elle bonne nouvelle... La jeune femme acquiesça d'un air entendu. Oui, la nuit tombait vite et il ne lui aurait pas été aisé de l'attaquer de front à cet instant. Elle jeta un regard alentour, donnant un peu plus de crédit à son mensonge. Si elle était perdue, elle n'était pas censée savoir dans quel sens aller après tout.

Après un bref instant d'hésitation, elle écouta la suite et hocha la tête, secouant légèrement sa chevelure en un geste très calculé... Elle savait quoi faire, quoi dire, comment se comporter. Bien entendue, elle n'aurait jamais fait cela si ce n'était pas pour s'occuper d'un homme dont la tête était mise à prix. Elle n'avait que peu d'intérêt pour les hommes et les échanges intimes qui pourraient découler d'une quelconque relation, encore moins. Elle avait toujours été un peu sauvage sur ce point là... Grandir dans un bordel n'avait surement pas facilité son appréhension de la chose. Quoi qu'il en soit, elle était désirable et jouer de cet atout ne l'inquiétait aucunement... Certaine de pouvoir se défendre si les choses ne se passaient pas comme prévues. Heureusement pour elle, le dit "Matis" ne semblait pas être ce genre d'homme. En tout cas, ce n'est pas la première impression qu'il lui faisait. Mais ce n'était pas suffisant pour se reposer sur cette idée, aussi serait-elle très attentive au moindre de ses mouvements.

- C'est fort aimable... J'accepte volontiers. Il ne fait pas bon de faire chemin seule. Je le savais rien qu'en prenant la route, mais... Le choix n'était pas évident. Je rejoins la seule famille qu'il me reste à Althaïa justement. C'est un curieux, mais heureux hasard, que de tomber sur une personne y faisant route également.

Puis concernant la seconde proposition, elle lui offrit un sourire timide...

- Oui, manger un morceau pour reprendre des forces... Riche idée. Mais dites-moi... Comptez-vous voyager de nuit... ?

Une pointe d'inquiétude s'était savamment glissée dans sa phrase, à croire qu'elle prenait gout à ce petit jeu de rôle...

- Nous pourrions camper... Enfin, seulement si vous trouvez l'idée bonne, je me plierais à votre jugement pour cela. Vous avez sans doute plus l'expérience du voyage que moi...

Elle lui emboita alors le pas et lorsqu'il décida que l'endroit était propice à l'arrêt, elle vint s'asseoir sagement, entourant ses genoux de ses bras pour les garder contre son buste. La finesse de ses traits et la perfection de sa peau, pouvait largement faire penser à une jeune noble, certainement mise à l’abri des maladie et de l'hygiène plus que douteuse du petit peuple... Ses vêtements par contre ne collaient pas avec cette idée. Mais il était facile de se parer différemment pour éviter d'attirer l'attention.

Elle évitait de trop croiser son regard, surement intimidée... D'autant plus qu'elle n'avais pas l'air d'être armée, ce qui faisait d'elle une proie plus que facile. Prenant le temps d'une petite inspiration, elle l'observa s'installer et demanda d'un air un peu gêné... Ou se mêlait crainte et curiosité à la fois.

- Peut être... Pourrions-nous échanger nos prénoms... ?

Elle ajusta sa cape autour d'elle, le soleil avait disparut et seul le ciel reflétait encore sa présence. Mêlant des teintes d'orangés à du rose et du violet... La température se faisait plus clémente, le temps moins lourd...

Comme disait la jeune femme c’était un curieux hasard que tout deux aient à prendre la route vers Althaïa. Après tout, en quoi cela était-il étrange ? N’était-ce pas là la route plus ou moins principale pour s’y rendre ? Certes il y avait quelques villages ou ville de moindre importance sur la route mais Althaïa était une destination assez prisée en ce moment. Pour des raisons aussi diverses qu’il y avait de gens qui s’y rendait mais tout de même. Alors qu’elle lui parle de sa famille ne l’étonna guère, sans parler du fait qu’elle ne semblait pas être une « simple » paysanne. Elle avait un port de tête assez haut, un visage qui semblait épargné par les affres du travail dans les champs ou ailleurs. Après peut être se trompait-il, mais il ne pensait pas qu’elle fut une vagabonde, même si ses vêtements voulait lui laisse croire cela. Elle était étrange car quelque chose n’allait pas dans le tableau qu’il avait en face de lui, mais il ne dit rien et fit comme si de rien n’était, si elle voulait passer inaperçu cela la regardait. Il n’avait pas à se poser de question.

Sa proposition de manger un bout avant d’aller plus loin avait fait mouche et arracha un léger sourire à la jeune femme. Mais elle arracha aussi une autre question ponctuée d’une pointe d’inquiétude. Elle voulait savoir s’il comptait voyager de nuit, et c’était là une question tout à fait logique quand on y pensait. Alors il haussa les épaules en lui répondant.

Il y a dix minutes je vous aurais répondu oui, mais je ne veux pas vous imposer cela, d’autant plus que vous avez dû marcher depuis longtemps non ? Vous venez d’où à ce propos ?

La jeune femme proposa d’elle-même de faire une pause pour manger et prendre un peu de temps pour se reposer. Néanmoins elle expliqua quand même, qu’elle se plierait à la volonté de son compagnon de marche temporaire et c’était logique en y repensant. Si la jeune femme avait peur de voyager la nuit, si elle craignait quelque chose s’était sans doute de se retrouver face à face avec des créatures nocturnes des Alayiens. Bref, une menace simple et claire.

Vous avez parfaitement raison, nous allons nous poser un instant, manger un bout et reprendre la marche demain ? La nuit peut être dangereuse en ce moment, et il serait dommage qu’il vous arrive quelque chose n’est-ce pas ?

Ils continuèrent de marcher pendant un instant avant de se trouver une petite clairière à l’abris des regards et non loin de la route. Il serait largement possible de s’y reposer et de manger un morceau dans le calme, il n’avait aucun doute là-dessus. Alors il guida la jeune femme vers ce qui s’approchait d’un petit cours d’eau où il pourrait se reposer facilement. Là il attrapa quelques morceaux de bois mort et les assemblas, ajouta de la paille et de l’herbe pour faire un petit feu de camp. Feu qu’il alluma à l’ancienne, en ce moment il n’était pas bon ses dispositions, même minimes, pour la magie.

Il observa la jeune femme qui se mettait à l’abris, peut être du froid, en entourant ses genoux de ses bras et en regroupant sa cape autour d’elle. Matis en profita pour hotter sa lourde veste et la déposer non loin de la jeune femme. Si vous avez froid, vous pouvez me l’emprunter. Il n’est pas très beau ni tout jeune, mais il tient bien chaud. Sans sa veste il laissait voir une chemise à manche courte qui laissait ses bras marqués par les cicatrices d’un bleu profond ainsi que d’autre plus « naturelle » et moins visible. Son tatouage de l’aigle bien visible sur sa main droite, ainsi que les anneaux qu’il portait aux mains. L’un était une chevalière, l’autre était plus simple et sans réelle valeur aux yeux de néophyte. Il observa la jeune femme et commença à sortir de la viande sèche finement entourée dans du tissu ainsi que quelques patates qu’il avait négocié avec un paysan quelques jours plus tôt.

Je m’appelle Matis, et vous ? Vous voulez partager le peu que j’ai ? C’est certes peu de chose, mais c’est de bon cœur que je vous l’offre, après tout, nous sommes sur la route et là nous devons nous entre-aider non ?

Elle goutait la crédibilité de son mensonge, le voyant l'observer tout en répliquant... Au moins ne semblait-il se douter de rien pour l'instant... Elle était plutôt pressée de rejoindre le Vampire, mais ne comptait pas bâcler sa mission pour autant. L'or ne la rendrait certes pas immortelle, mais elle améliorerait son train de vie quoi qu'il advienne. Et puis... Cela s'annonçait plutôt bien pour le moment. Pourquoi rechigner sur six cent pièces d'or, quand on les avait à portée de main.

Toute satisfaite qu'elle l'était intérieurement, par la tournure que prenait son approche, elle répondit sans rien en laisser paraitre. Faisant mine de réfléchir en affichant une moue indécise de jeune fille qui ne sait pas réellement si elle peut divulguer plus d'information à l'homme qu'elle vient de rencontrer. Et en toute innocente qu'elle feintait d'être, elle finit par dire, d'une petite voix.

- Et bien... Oui, j'ai beaucoup marché... J'arrive de Gloria. Et... vous?

Une bonne idée que de lui retourner la question, connaitre ses points de chutes lui serait pratique si elle n'arrivait pas à le capturer, elle aurait au moins des infos à donner! Et pourrait se les faire payer. Quoi qu'il en soit, elle lui sourit, un sourire intimidé mais surtout un peu forcé... Il pouvait largement se dire qu'elle était inquiète pour le moment, ne le connaissant pas et ne sachant pas réellement à quoi s'attendre de sa part. Mais la vérité était tout autre. Elle avait du mal a sourire en temps normal. Sourire était quelque chose de spontané qui ne s'offrait pas à n'importe qui... Et que de toute manière, elle avait toujours du mal à offrir à quiconque. Sylath faisant exception à cela.

Installée, elle semblait une proie facile, son corps fin -en plus de n'être pas bien grand- une fois replié, donnait l'impression d'une petite chose délicate et fragile.

Elle continua cependant à répondre, comme si parlait pouvait éloigner un mauvais comportement de la part de son nouveau compagnon de route. Elle se remit à toucher ses cheveux, mais inconsciemment cette fois. Peu importait au final, cela collait parfaitement avec son petit manège.

- Reprendre la route à la lumière du jour m'ira parfaitement... Je redoute la nuit, comme beaucoup. Les chasseurs nocturnes au sang froid m'inquiètent, tout comme les Alayens... Et puis, il y a déjà assez d'hommes malhonnête et fous dehors, autant dire que le danger rode partout. Je n'ai pas eue le loisir de fermer l’œil plus de quelques courtes heures dernièrement... Mais je me sens un peu mieux en compagnie. J'espère ne pas vous déranger... Et je vous remercie pour avoir accepté...

Son regard pâle s'abaissa, comme pour mimer la honte ou l'inquiétude. Elle offrait un spectacle parfait d'innocence et de fausse inquiétude. Lorsqu'il ôta sa veste, elle ne pu s'empêcher de le détailler, scrutant cicatrices et tatouage avec une attention somme toute particulière... Il venait de faire un feu et les flammes les berçaient dores et déjà dans une ambiance de jeu d'ombre et de lumière. Elle observa le manteau et vint le soulever, le re-déposant vers lui en se rapprochant sensiblement, pour venir s'asseoir à ses côtés...

- Je vous remercie... Mais le feu et ma pelisse suffiront amplement, vous devriez la garder non loin de vous, la nuit se rafraichit un peu.

Puis inspectant toujours le tatouage, elle approcha sa main gantée de la sienne, sans oser le touche, le désignant de l'index.

- Puis-je?

Elle semblait lui demander si elle pouvait lui prendre la main pour observer. Ses deux amandes couleurs pluies se posèrent alors sur les yeux de son interlocuteur, troublante. Son teint naturellement clair apparaissait presque doré, par la lumière que diffusait le feu de camp. Et sa chemise semblait alors arborer un rouge sang...

Elle vint aussi répondre à la proposition de nourriture, souriant finement, plus par amusement que par remerciement, mais il aurait été compliqué d'arriver à en faire la différence. Un léger hochement de tête et elle répondit d'abord à sa question.

- Je m'appelle Amilia... Et c'est très aimable à vous de partager votre repas avec moi... J'ai moi même quelques baies et un peu de pain. Nous pourrions échanger tout deux un peu de nos denrées.

Elle ouvrit son sac et sortit la sacoche contenant les baies et le tissu enrobant la grosse miche de pain achetée avant son départ. Bien sur, son sac était plein de bric à brac et elle disposait de plus de nourriture qu'elle ne le laissait paraitre. Mais il était inutile de tout partager avec le hors la lois qu'elle comptait appréhender. Elle ouvrit alors la sacoche et lui laissa le loisir d'observer la nourriture qu'elle lui présentait. Ajoutant d'un air pensif.

- Vous voyagez beaucoup?

Ainsi la jeune femme venait de Gloria ? Une fois de plus c’était une coïncidence, mais là ça en faisait beaucoup… Il ne devait pas devenir un paranoïaque fini, même s’il en possédait pas mal d’attributs, après tout on ne pouvait pas être rebelle sans être paranoïaque. Il suffisait juste de doser le tout avec subtilité, deux choses que Matis ne maitrisait nullement. Que ce soit le dosage ou la subtilité, il était franc et émotionnel alors la modération ne faisait pas vraiment partie de son vocabulaire journalier. Mais cette jeune femme… Il ne savait pas pourquoi mais il sentait qu’il y avait quelque chose qui ne tournait pas rond, ou alors elle était juste très sociale… Ou inconsciente. Il ne savait pas vraiment. Néanmoins il lui répondit le plus naturellement du monde en plaçant une petite dose d’humour dont il avait la sauce.

Sérieusement ? Je vais commencer à croire que vous traquez. Blague à part, moi aussi je viens de la Capitale. Vous y étiez pour affaire ou pour votre famille ?

Petite question innocente visant à cerner un peu mieux le personnage qu’il avait en face de lui et dont il ne connaissait pas encore le nom. Mais en la regardant il se rendit compte à quel point elle était proche de Luna en terme de physionomie. Une petite femme qui semblait douce, gentille et sacrément innocente. Peut-être une raison de plus de la garder à portée de main et à la l’œil surtout. Connaissant Luna comme il la connaissait il se doutait bien que chaque jeune femme avait ses propres armes. Qu’elles soient visible ou pas. Le truc était de s’en rendre compte avant de le payer.

La fragilité apparente de la jeune femme n’était peut-être qu’une protection ou une façade, mais elle semblait user de la parole comme d’une barrière entre les deux jeunes gens. Mais bientôt le feu, la nourriture et sans doute le froid allait les rapprochait bien plus qu’il ne le souhaitait vraiment. Mais quoi qu’il fasse il n’arrivait pas à se séparer de ses pensées pour la jeune femme qui était à Gloria… Ce n’est qu’à la suite de ses paroles qu’il revint sur terre et prit le temps de lui répondre en souriant.

Je vous comprend parfaitement. Mais qu’est ce qui vous dit que je ne suis pas un Alayiens ou un brigand ? Peut être même pire… Je pourrais être un rebelle à notre Empereur et vous soutirer tout ce que vous pourriez savoir sur Gloria et les mouvement de l’armée. Matis sourit doucement et secoua la tête doucement avant de finir. Ne vous inquiétez pas, je ne suis rien de tout cela. Juste un simple voyageur qui est partit de chez lui il y a bien longtemps.

Une espèce d’âme en peine qui n’avait pour seul but que la destruction d’un état tyrannique dont le despote n’était autre qu’un membre de la famille qu’il avait juré de protégé et qu’il avait protégé durant des années. Il essayait de sourire, mais comme la jeune femme, c’était forcé, il lui était difficile d’en sourire en ce moment. Faut dire que son combat était un peu perdu d’avance. Dire que les armées Alayiennes approcheraient bientôt d’Aigue Royale.

Tout ça pour ça.

La jeune femme se rapprocha de lui et reposa sa veste qu’il lui avait gentiment prêtée et vint se poser non loin de lui. Cette proximité le mettait un peu mal à l’aise mais il ne dit rien et essaya de ne rien laisser transparaitre. Toujours aux prises avec la préparation de la collation, il hocha la tête doucement quand elle voulu voir son tatouage. C’était bien le seul qu’il lui laisserait voir, les autres étaient cachés par son foulard et même si l’on pouvait distinguer un bout de la ligne de pointillé, il ne laisserait personne le voir en entier. Il revint à la jeune femme et à son regard plus que troublant qui lui rappelait Rebrylla. Encore une femme avec qui il avait tout raté, quoi qu’il dise il n’était pas bon avec le beau sexe comme disaient les anciens…

Mais au final il apprit son nom et accepta ses remerciements, mais déclina la proposition de la jeune femme.

Je vous remercie Amilia, mais ce ne sera pas la peine, je mange peu et une jeune femme comme vous aura sans doute besoin de toute sa nourriture durant le long voyage qui semble être le sien. Mais vous pouvez user des miennes, comme je vous dis je mange peu.

Machinalement, et parce qu’il n’y faisait pas vraiment attention il fit appel à son sort de télékinésie pour déplacer les pommes de terre entre son sac et le feu. *Télékinésie*. Il usa de sa paume vers le haut et tendit sa main vers la pomme de terre en question qui se déplaça tranquillement vers le feu. Cela lui demandait de l’énergie mais il devait continuer de s’entrainer, après tout, il était fait pour cela et il devait maitriser ce que la jeune femme lui avait enseigné.

Sans faire attention à ses gestes et en gardant son regard rivé vers le feu il répondit à la jeune femme d’un ton lointain.

Oui je voyage beaucoup, trop dirait certain. Cela fait environ une bonne douzaine d’années que je suis sur les routes. Je me suis installé en divers endroits à divers moments de ma vie, mais mon métier a fait que je devais voyager…
Et vous ?

Elle haussa les sourcils alors qu'il répliquait sur un ton ou pointait l'humour. Si elle le traquait? Qu'elle drôle d'idée. Disons simplement qu'elle était largement chanceuse aujourd'hui. L'avoir croisé de la sorte au détour d'un chemin généralement désert, ou en tout cas, pratiquement pas peuplé... Non, c'était bien de la chance. La traque n'avait rien à voir la dedans. Elle lui sourit alors, répondant avec un petit air gêné...

- Je vis là-bas... Enfin, vivais. Mon père est... Décédé. Je me dois alors de retrouver un oncle à Althaïa. C'est tout ce qu'il me reste à vrai dire. Ma seule famille...

Elle était si bonne comédienne que les larmes lui montèrent aux yeux... Ou peu être n'était-ce pas de la comédie. L'espace d'un instant, elle ressentie le grand vide dans sa poitrine, celui qui était apparut depuis le jour ou Rodric avait disparut et qui parfois lui poignardait le cœur sans prévenir. Et ce fut plus que suffisant pour donner du crédit à ses paroles. Elle sentit l'eau inonder ses deux océans, embuant sa vue, jusqu’à ce qu'une larme s'échappe d'elle même pour venir rouler sur sa joue. Elle accusa le coup, restant figée un instant par la surprise et déglutit difficilement, essuyant son visage du bout de ses doigts gantés. Gardant son sang froid.

- Mh... Navrée... Je...

Difficile de donner une explication, mais elle se força à parler, de peur de se mettre réellement à pleurer tout à coup. C'était comme si elle revivait la chose par substitution. Malgré son caractère de cochon, ses humeurs et ses difficultés à se sociabiliser en générale, elle était cruellement sensible. Et la carapace qu'elle s'était construite avec le temps s'ébréchait parfois...

Elle reprit donc, se raclant légèrement la gorge... La voix tremblante.

- Je ne réalise pas encore, l'ampleur de la chose... Cela me reprend par moment.

Reprenant doucement contenance, elle expira longuement, reprenant seulement pour répondre à la suite.

- Vous? un Alayen? Je n'y croirais pas... J'en ai rencontrée un, je pense qu'ils sont facilement reconnaissablse à vrai dire... Ils parlent trop rapidement de leurs idéaux, pestent sur la magie et... Enfin, je suis certaine que ce n'est pas votre cas...

Elle se tut à nouveau et le rouge vint lui manger les joues. De façon aussi inattendue que l'avaient été les larmes. Elle venait de pleurer... ! Certes, une pauvre larme, rien de bien méchant, mais... Cela faisait bien quelques années qu'elle n'avait pas exprimée sa tristesse de cette façon. Elle ne pleurait jamais à vrai dire. Ses derniers temps avaient été compliqués. Son totem affolé lui faisait ressentir le manque. Elle ronronnait souvent et sans aucunes possibilités de maitrise. Elle se sentait vide. Et bien que sa rencontre avec le vampire ait pu combler ce manque. Elle faisait la une rechute monumentale...

Heureusement pour elle, elle ne ronronnerait pas. Les choses semblaient s'être apaisée dernièrement et si il lui arrivait encore d'avoir un sursaut de dérèglement. C'était bien moins courant. Elle reprit encore, rabaissant la tête pour ne pas se sentir épiée par son interlocuteur. Pleurer puis rougir alors qu'elle tentait de le piéger était franchement exaspérant.

- Bien, je ne vous force pas à y gouter en ce cas...

Elle garderait donc sa nourriture pour elle, puisqu'il n'en était pas désireux.

- Je ne voyage jamais, ou rarement... Gloria est toute ma vie. Je n'ai jamais eue... Besoin de travailler pour le moment...

Était-elle sérieuse? C'était tout à fait plausible. Une fille à papa, une jeune bourgeoise gâtée pourrie qui voyait sa vie tout à coup chambouler par le décès inattendu. Il se pourrait effectivement qu'elle soit plus crédible qu'elle ne s'était elle même, attendu à l'être. Mais ça ne pourrait que faciliter les choses. Bien qu'elle se sentait carrément honteuse pour le coup... Son regard couleur pluie, revint se poser sur son interlocuteur. Elle l'interrogea alors, pour dévier la conversation de sur elle.

- Puis-je vous demander, quel genre de métier exercez-vous ?

Il écouta les paroles de la jeune femme tout en finissant de faire cuire ses pommes de terre, il ne put s’empêcher un petit regard triste. Quand il écouta son histoire et ce qui allait avec il se rendit compte à quel point ce genre de chose était de plus en plus commune. Combien de jeune personne avait dû entrer dans la vie d’adulte de la pire des manières ? Combien avaient perdu leur famille ? Lui avait eu la chance de ne pas connaitre cela quand il était jeune. Sa mère était décédée certes, mais il n’avait pas eu affaire à la disparition complète et totale de sa famille. Alors il voulu se montrer compatissant et posa une main amicale et douce sur l’épaule de la jeune femme.

Je suis désolé pour vous… Je ferais en sorte que vous arriviez indemne à Althaïa pour voir votre Oncle.

La jeune femme se mit pleurer. Certes ce n’était pas un ruisseau ou un fleuve, mais quand même. Matis comprit donc, et s’était normal en même temps, qu’il s’agissait là d’un sujet très sensible. La famille, il n’en parlerait pas même s’il comprenait parfaitement ce qu’elle pouvait ressentir. Sa mère était morte, son frère s’était convertit et un trop grand nombre de frères et sœurs de sang étaient mort dans les combats des derniers mois. Ce n’était peut-être pas de la famille par le lien de parenté, mais c’était tout comme. Il comprenait donc, absolument ce qu’elle avait sur le cœur et ne se retint pas de lui dire.

Je comprend parfaitement vous savez. Désolé d’avoir mis le sujet sur la table, j’ai tendance à être pas très malin des fois.

Il haussa les épaules tout en retirant sa main de l’épaule de la jeune femme, territoire privé en même temps. Pas la peine d’ajouter la psychose d’un personnage un peu trop entreprenant qui en profiterait. Ce n’était pas son style et il ne souhaitait pas que la jeune femme le pense ou le suppose. Mais il fut content de voir qu’elle reprenait un peu du poil de la bête en le relançant sur sa supposé appartenance aux Alayiens et à l’ordre d’Obsidienne. Effectivement, elle avait vu juste, il n’était pas un Alayien, et tant mieux pour lui ainsi que pour elle. Qui sait ce qu’un de ces gens-là aurait été capable de lui faire subir… Une simple pensée à Julia lui suffit à comprendre ce qu’elle aurait pu risquer. Elle était jolie et « semblait » sans défense, cela aurait pu leur suffire s’ils l’avaient croisé.

Vous avez raison Amilia, je ne suis pas de cette race là, heureusement d’ailleurs. Leurs idéaux, vous avez bien raison d’en parler car il est vrai qu’ils ne cessent d’en parler à tout bout de champs. Comme s’il n’y avait que ça dans leur vie, et je ne serais pas étonné que ce soit réellement le cas.

Il sentit une petite pointe de bizarre dans les paroles de la jeune femme, comme si elle se sentait touché qu’il n’accepte pas sa nourriture. Il comprenait parfaitement mais comme il ne savait pas d’où ça venait il ne voulait pas y toucher. De même, il savait qu’elle en aurait plus besoin que lui, alors lui ôter le pain de la bouche… D’autant plus qu’il comprit qu’elle appartenait à la bourgeoisie, à minima. Quand il sût qu’elle avait passé sa vie à Gloria et qu’elle n’avait jamais eu à travailler il comprit à qui il avait affaire. Ou tout du moins il commença à y voir plus clair. Encore une de ces enfants gâtées par leur famille à qui l’on promettait tout et qui voyait l’avenir s’assombrir très rapidement.

Je vois… C’est donc votre premier « grand » voyage si j’ose dire ? Votre famille… Vous êtes de noble lignage ?
Si c’était le cas, voila une chose de plus qu’ils avaient en commun, et sans doute que cela s’arrêterait là car rien de plus ne pouvait rapprocher les deux jeunes personnes. Et quand elle lui demanda ce qu’il exerçait comme métier il soupira. Jadis il avait été fier de son travail, de son sacrifice et de tout ce que cela impliquait pour l’Empire. Aujourd’hui c’était bien différent… Vraiment différent.

J’étais officier de l’armée impériale. Capitaine de division même. Douze ans à servir l’Empire du mieux que j’ai pu, en participant à de trop nombreuses batailles que ce soit à Feusacré où à Gloria même. Et regarde où j’en suis aujourd’hui. Un simple voyageur qui erre sans but réel. Depuis que les Alayiens sont arrivés… Disons qu’ils n’appréciaient pas les motivations de mes semblables et moi-même.

Alors j’ai décidé de partir.

Et vous ? Vous étudiez à Gloria ?

La main posée sur son épaule lui arracha un frisson... Son corps se contractant sous le contact. Cependant, elle ne réagit pas outre mesure, trop occupée a rendre crédible toute sa petite histoire... Il était désolé pour elle et c'était parfait ainsi... Puisqu'il commençait à gober un peu son manège et qu'il ne semblait pas trop méfiant, elle ne tarderait pas à passer à l'action. Restait à savoir comment s'y prendre...

Il continuait dans son sens, échangeant quelques banalités concernant les Alayens... Ahh ce qu'elle pouvait les détester ceux-la, le dernier en date lui donnait encore des envies de meurtre lorsqu'elle y repensait... Un jour. Un jour elle aurait la force de les combattre. Mais pour le moment, c'est Matis qu'elle devait réussir à berner.

- Le premier oui...

Répondit-elle d'une voix toute empreinte de fausse candeur. Elle savait qu'elle n'allait pas avoir d'ouverture facilement avec lui. Se résigner à le séduire était clairement hors catégorie. Elle feinterait donc l'innocence, jusqu’à ce qu'elle ne se supporte plus et finisse par lui sauter à la gorge. Après tout, elle n'avait pas réellement besoin de l'amener vivant! Il lui suffisait de le tuer pour empocher l'argent. Une belle somme qui plus est... Mais... Tout a coup, une autre idée lui vint à l'esprit... Elle se garda de l'exposer trop rapidement, commençant par écouter la réponse à sa question.

Dans l'armée impériale... Il avait donc servit un moment. Comment en était-il donc arriver là? Si l'histoire du "motivations divergentes" restaient clairement flous... Volontairement, ou non. Elle répondit à sa dernière interrogation.

- Oui, entre autre... Disons que mes journées étaient bien remplis... Entre éducation et divertissement... Mais, lorsque je repense à tout cela à présent... Ce me semble d'une inutilité monstrueuse. On ne m'avait pas préparée à tout ceci. J'aurai sans doute préférée... Plutôt que de tout perdre du jour au lendemain.

Vous devez me trouver bien sotte. Naïve, peu être... ? Mais je n'ai pas l'aventure de la vie derrière moi. Vous en revanche... Vous avez pu faire l’expérience de batailles... D'aventure. Je vous envie surement un peu pour cela...

Elle prit un air pensif, réfléchissant tout à coup sans s'en cacher... Avant de continuer sur un ton ou pointait la curiosité.

- Que pensez-vous de la rébellion à présent, car vous pourriez effectivement en être un? Après tout, vous avez quitté l'armée. Avez-vous déserté?

Elle s'empressa d'ajouter, comme pour parer à tout mal entendu.

- Ne vous en faites pas, je ne compte pas vous dénoncer ou vous chasser... J'ai juste... Beaucoup de question sur... Tout un tas de sujet. Si cela vous indispose, je n'insisterais pas.

Elle lui offrit un sourire doux et se concentra sur la nourriture... les pommes de terre cuites, elle n'avait plus qu'a quémander un peu de viande et voila qu'elle commençait donc à se sustenter. Elle mangeait lentement, de minuscules bouchées... Une caricature parfaite de la bourgeoisie... Puis ajoutant sans oser reposer le regard sur lui, feintant une nouvelle fois d'être intimidée.

- Je serais curieuse de rencontrer un rebelle... Je pense qu'il s'agit simplement d'homme et de femme à l'opinion "opposée"... La politique est une chose qui ne met que rarement tout le monde d'accord. Cela ne fait pas des opposants des monstres... Contrairement aux Alayens... Qui sont eux... Clairement des montres.

Intraitable avec les Alayens, ça au moins c'était certain....

Les banalités qu’il lançait à longueur de temps lui permettaient de jauger tout doucement la personne qu’il avait en face de lui. Par les temps qui courraient on ne pouvait plus savoir à qui se fier. Qui donc était capable de garder ses secrets ? Qui donc était capable d’aller vous dénoncer pour avoir une place dans le nouvel ordre qui se mettait en place ? Il ne savait pas encore de quel bois était fait la jeune femme en face de lui, et son histoire… Disons juste que son ancienne vie pouvait la pousser à lui faire faire des choses pas nettes pour retrouver son ancien niveau de vie. Il comprenait ce genre de comportement, mais il ne les acceptaient pas et avait une haine profonde envers ceux qui préféraient le confort matériel à la liberté. De toute manière, ceux qui abandonnent un peu de liberté pour gagner un peu de sécurité ne méritent ni l’un, ni l’autre. Cela valait aussi pour l’honneur et le confort matériel.

Néanmoins, il ne pensait pas que la jeune femme puisse jouer un rôle, sa souffrance était claire et il ne fallait pas être devin pour comprendre à qui elle la devait. De cela, il avait peut-être enfin un point en commun qui pourrait les amener à se comprendre un peu plus. Rien n’était peut-être perdu.

En écoutant les paroles de la jeune femme il revit une partie de ses connaissances d’Elena lors de leur jeunesse. Oui effectivement, ce genre de « formation » n’avait rien à offrir dans ce genre de situation. Mais il ne fallait pas s’en vouloir pour cela car rien n’aurait pu les préparer à ce qu’ils avaient tous vécu. Même Matis, qui avait été un peu préparé par cela, avait été étonné devant la barbarie et la folie des Alayiens, alors une jeune femme qui n’avait rien connu d’autre que les ors de Gloria… Néanmoins, à sa dernière phrase il fit une mine sombre et secoua tristement la tête.

Votre famille vous avait préparé pour autre chose que la guerre, et personne n’aurait pu vous préparer pour ce que nous vivons en ce moment même. La formation que vous avez reçu sera utile une fois que les Alayiens auront été viré de nos terres, mais d’ici là, il faut rester en vie.

Concernant l’aventure et ce que j’ai pu vivre au cours de nombreuse bataille, ne m’enviez pas jeune Amilia… Je ne souhaite à personne de vivre ce que j’ai vécu durant la guerre vampirique car, pour ne rien vous cacher, j’ai été fait prisonnier par ceux-ci. J’ai passé plusieurs semaines entre les mains d’une conseillère du prince vampire qui n’a eut de cesse que de faire parler. Les marques que vous voyez ici sont une partie du cadeau qu’elle m’a offert lorsque je me suis enfui. Aujourd’hui sa marque est présente en moi et le restera jusqu’à ma mort.

Par télékinésie et après avoir levé sa paume vers le haut en tendant sa main vers une grosse pomme de terre, il mena la dite patate vers sa compagne de route. Comme à chaque fois qu’il usait de la magie, une fine lueur bleue scintilla de ses marques.

Faite attention, c’est sans doute chaud.

Il attrapa la sienne à pleine main et proposa un peu de viande sèche finement enroulée dans un large morceau de tissu blanc. Puis il prit le temps d’écouter la jeune femme tout en mangeant. Ses questions sur la rébellion et sur son passé était sans doute un peu trop curieuse, mais qui était-il pour juger ? Ne faisait-il pas la même chose ?

C’était la désertion ou la mort. Alors avec quelques compagnons on a pris nos cliques et nos claques et on est parti. Douze années de bon et loyaux services mis à mal par un crétin et son culte à la noix…. Qu’il crève donc la gueule ouverte, j’en ai fini avec sa famille et sa cause.

Pas la peine d’être un génie pour comprendre de qui il parlait, et il savait pertinemment que ce genre de parole pouvait le conduire sur l’échafaud aussi vite qu’on disait ouf. Mais il s’en fichait. Plus rien n’avait réellement d’importance de toute manière.

Ne vous inquiétez pas pour vos questions, j’ai passé trop de temps seul à revivre tout cela dans mes pensées. En parler à quelqu’un me permet de me rappeler d’une toute autre manière. Concernant la rébellion, je ne serais pas aussi sûre que vous. J’en ai combattu des rebelles dans ma jeunesse, et je peux vous assurer que ce ne sont rien de plus que des brigands de grand chemin qui drapent leurs rapines sous un voile d’honneur. Mais ils n’ont rien de Glorieux. Par contre, comparé aux Alayiens, il est clair que ce n’est pas le même genre de personne.

Il allait dire quelque chose de plus, mais il entendit comme un craquement non loin. Quelque chose, ou quelqu’un se déplaçait non loin du feu de camp, qu’est-ce que cela pouvait bien être ? L’air de rien il plaça sa main sur la garde de son épée qui se trouvait non loin et questionna la jeune femme.

Vous n’avez rien entendu ?

Elle l'écoutait, calme et attentive à ce qu'il pouvait lui dévoiler sur lui. Intriguée peut être? Qui sait. Quoi qu'il en soit, elle était à l'écoute et ne perdait pas une miette de ce qu'il voulait bien raconter. Il y avait du vrai et du faux partout, aussi ne prenait-elle pas tout au pied de la lettre. Mais en apprendre un peu sur lui était une chose assez utile. Car s'il était un rebelle, et bien... Elle aurait besoin de lui pour rejoindre Sylath. Sinon, elle pouvait dores et déjà s'en débarrasser. Ou du moins l'attaquer...

Toute perdue à ses pensées qu'elle l'était, elle n'avait pas entendu les bruits alentours. Jouant alors les jeunes filles effrayées, elle continua son petit manège.

- Un bruit... ? Vous avez entendu quelque chose... ?

Ils étaient assis, proches et elle pensait réellement réussir son coup en le faisant parler... Mais le destin voulait voir les chose autrement... A peine le temps de tourner la tête qu'un homme débarquait à la lueur du feu, a ses côté et armé, prêt à frapper. Un autre s'avançait du côté de Matis et en faisant réellement attention au bruit alentours, deux autres les encerclaient. Voleurs? Bandits? Pas des Alayens en tout cas, ce qui rassura Livilith d'une certaine façon. Mais puisqu'ils étaient en surnombre et qu'elle ne pouvait pas savoir ce que valait son "compagnon" de feu de camp si elle ne bougeait pas le petit doigt, elle n'avait plus réellement le choix...

D'un mouvement souple elle se redressa, exécutant une figure simple en arrière, à une main. Dégainant son poignard dans le même mouvement... Elle prit alors l'humain par surprise, se glissant à ses côtés, passant à travers ses gestes grossiers et inexacts. Une première coupure à la pliure du coude, une autre sous l'aisselle et une autre encore à la gorge... tout se passait très vite avec elle, si par malheur on lui laissait un minimum d'ouverture, les choses ne durait qu'un court instant. Une mort rapide finalement... Mais sanglante. Le sang avait d'ailleurs éclaboussé son visage et contrastait violemment avec la blancheur de sa peau... Elle ne faisait pas dans la dentelle ce soir. Ce devait être rapide. Délaissant le cadavre à la place qu'elle tenait initialement aux côtés de son interlocuteur, elle s'aventura directement sur le second, plus en retrait. Puis sur le troisième venu tenter de la maitriser. Matis se débrouillerait bien pour s'occuper de celui qui était venu jusqu’à lui... Elle n'en doutait pas.

Lorsque le calme revint, la blanche avait disparut et il ne restait que les corps comme souvenir de ce combat éclair... Elle était en colère, ils venaient de casser son effet de surprise et elle ne pouvait maintenant plus continuer sur sa lancée, plus rien apprendre de lui... Matis eu le temps de se demander ce qui venait de se passer, juste le temps pour elle de lui sauter dessus!

Tombant à la renverse, elle ronronnait puissamment à son oreille, ne lui laissant pas le répit de réfléchir à quoi faire l'espace de ce court instant. Et encore une fois, le temps pour lui de réaliser... Elle était déjà à cheval sur son corps, la lame de son poignard appuyée contre sa gorge.

Et c'est ainsi qu'il pu enfin comprendre à qui il avait affaire... Le regard acéré qu'elle portait sur lui... La détermination qui y brillait, la furtivité, sa souplesse... Difficile de ne pas en déduire son état. Non, ce n'était pas une jeune fille perdue et inoffensive. Tout au plus une bonne comédienne, car il avait presque finit par y croire. Elle l'avait vu dans son regard... Elle était douée pour donnée la mort et venait de lui faire une jolie démonstration...

- Quel gâchis...

Son soupire se répercuta sur le visage de son adversaire qu'elle tenait toujours sous la lame de son arme. Sa voix était sensiblement différente. Plus franche, légèrement tranchante, mais pas moins douce... Elle le fixait de ses deux opales, visiblement décidée à en finir... Et pourtant. Rien ne se produisit.

- Je ne suis pas la meilleure lorsqu'il s'agit de jouer un rôle... Mais sans ceux là, j'aurai surement finit par entendre ce que je voulais.

Un autre soupire... Elle secoua brièvement la tête, remuant ses mèches platines avec lenteur.

- Matis Falkire. Vous valez six cent pièces d'or vivant... Et cinq cent, mort. Pensez-vous qu'il y ait matière à discuter ou dois-je en finir sur l'instant?

Il avait bien entendu ce qu’il se tramait autour du feu de camp, et il ne fut presque pas étonné de voir sortir des brigands. Que faisaient ils ici ? Pensaient ils sincèrement qu’un homme et une femme voyageant seuls dans cette région d’Armanda étaient sans défense ? Après tout il en avait connu des incapables et des stupides, mais ceux là avaient cru en leur chance. C’était sans doute là qu’ils se trompaient lourdement car Matis n’était pas homme que l’on maitrisait sans soucis et il se doutait que sa compagne de camp serait un peu du même gabarit. Malgré tout ce qu’elle lui avait dit il sentait que quelque chose ne tournait pas rond avec elle, comme si elle cachait quelque chose de terrible. Comme si elle cachait ses propres capacités. Et il put en avoir le cœur net en la voyant se « relever » avec adresse et souplesse. Elle attrapa une dague soigneusement cachée et mit prématurément fin à la vie d’un des brigands qui n’avait sans doute pas eu le temps de comprendre ce qu’il s’était passé.

Le capitaine Rebelle resta interdit durant un instant mais se reprit lorsqu’il entendit le brigand lui foncer dessus la lame la première. Matis l’accueillit avec sa propre lame. Comprenant rapidement quel pouvait être l’alignement de l’homme en face de lui, il sortit sa lame flamboyante dont la principale particularité était de semer la peur et le doute dans le cœur des êtres mauvais. Bien sûr, elle coupait très bien aussi. Et l’homme en face de lui allait en faire les frais, il n’était juste pas encore au courant. Il para une première attaque suivi d’une seconde. Bloquant un des bras de l’homme, qui sentait le fennec, avec un de ses bras il lui envoya un coup de boule pour le sonner et le mettre en difficulté. Il savait qu’il fallait être rapide et l’enchainer alors il continua d’attaquer. Si son épée servait surtout à parer les attaques maladroites du bandit, il se servait de son bras libre pour frapper encore et encore le brigand. Le déstabiliser, le mettre à mal et finalement laisser la lame finir le travail. Après un dernier coup de poing dans les dents il décida de mettre fin au combat en envoyant son épée heurter le flanc droit de l’homme des bois. Avec la force qu’il y avait mit, la lame s’enfonça profondément dans les côtes et un hurlement lugubre vint mettre fin à la tentative avortée de dépouillement.

C’est alors qu’il se retourna et vit le carnage qu’il y avait dans le camp. Si lui avait prit son temps pour s’occuper de son brigand, il venait de se rendre compte que la jeune femme avait régler le compte de trois autres brigands. Son style était aérien et agile, elle agissait avec rapidité et férocité. Elle était une tueuse confirmée, il ne fallait pas douter sur ce point là, et il se demandait alors qu’est ce qu’elle lui voulait ? Pourquoi avoir caché toutes ses informations ? De soupçon, et parce qu’il ne la voyait pas, il sortit l’épée familiale, sanglante elle l’était souvent et peut être allait elle le redevenir si la jeune femme se révélait être une menace. Mais c’est en se retournant qu’il sentit le poids, relativement faible, de la jeune femme tomber sur lui. Allait il être sa nouvelle victime ? Certainement pas, mais il fini quand même sa course sur le sol avec la jeune femme qui le chevauchait. Si la situation n’était pas aussi dangereuse il aurait été presque satisfait de la vue… Les femmes… L’histoire de sa vie en quelques sortes.

Il l’écoutait, ronronner ? Sérieusement ? Cette femme était un véritable animal, elle n’était pas humaine. Et elle semblait tellement sûre d’elle, elle pensait sincèrement qu’il allait se laisser faire de la sorte ? Si seulement la petite avait une petite idée de ce qu’il avait vécu et des situations bien plus dangereuses qu’il avait traversé elle ne se poserait pas de la sorte en vainqueur. Mais au moins il avait pu confirmer le fait qu’elle jouait un rôle, s’il avait pu éviter cette histoire pour le savoir il en aurait été tout autant satisfait. Mais la vie ne suivait pas forcement ses propres choix. Un dernier soupire et, tout en secouant sa chevelure, elle expliqua combien « valait » le capitaine Rebelle. Six cent en vie ? Cinq cent mort ? Il ne valait pas grand-chose au final, il en était même déçu. Il faudrait qu’il fasse remonter la côte assez rapidement, comment faire ? S’occuper de notre cher amis Ostiz, il l’avait prévu il y a des mois, maintenant il allait devoir mettre en place ses menaces.

Voila une situation qui en aurait fait réjouit plus d’un, une si jolie et si dangereuse jeune femme au dessus… Certains tuerais pour si peu. Néanmoins, je te trouve assez rapide en besogne. Sais tu seulement qui je suis réellement ? Sais tu que tu n’es pas la première à tenter ta chance avec moi ? Tes collègues assassins attendent maintenant leurs prochaines vies, te sens tu prête à les rejoindre ?

Dans ses yeux il n’y avait pas de peur, il avait connu bien pire malgré la présence de l’acier froid sur sa gorge. Il n’y avait pas de haine, il n’y avait pas de crainte ou d’envie de fuir. Il n’y avait que de la résolution, l’envie de rester en vie en la combattant. Il s’en était toujours sorti, il ferait en sorte que sa continu de la sorte.

Par contre je suis déçu, je pensais que je vaudrais plus que cela. Six cent pièces, c’est presque une affaire. Pour sûr que ce cher Ostiz est un véritable grippe-sou… Moi qui pensais que me prendre à lui, à son empereur chéri et à leurs collègues Alayiens me faudrait la joie d’être bien côté… Je me trompais…. Finit il par dire avec un petit rire.

Néanmoins il parlait pour une bonne raison, il parlait pour la distraire car ce qu’il cherchait à faire allait lui demander concentration, puissance et une sacré dose de folie. Rien qui ne soit hors de sa portée en somme. La seule chose qui était hors de sa portée s’était sa propre lame.

Pense tu t’en sortir vivante ma chère inconnue ? Pour dire, je ne connais pas ton nom, mais je sais que tu n’est pas Amilia n’est ce pas ? Encore une technique d’approche ? Quant à savoir si tu dois en finir… Disons que ce n’est pas une question de volonté, mais une question de possibilité.

Alors je te répète cette simple question, assassine. Penses tu t’en sortir vivante ?

La première réflexion n'était vraiment pas la bonne tactique d'approche, il n'en avait pas encore conscience, mais ce genre de paroles avait déjà couté la vie à un homme... Quoi qu'il en soit, elle sourit, plus pour éviter de grimacer qu'autre chose, mais cela passerait inaperçue. Ses deux opales fondirent plus profondément sur le regard de son interlocuteur ou plutôt de sa proie. Il pouvait bien se montrer brave, puisqu'elle n'avait pas réellement pour but de le tuer, pour l'instant. Il n'était surement pas dupe et c'était tout à son honneur. Quoi qu'il en soit, elle était légèrement mal à l'aise. La position qu'elle venait d'adopter avec lui était certes assez suggestive. Mais bien loin de ses pensées à elle.

Aussi ne tarda-t-elle pas à lui répondre. Histoire de ne pas perdre encore trop de temps ainsi.

- Il suffit. Si je voulais te tuer, je ne prendrais pas la peine de parler...

Elle se redressa légèrement, reculant son bassin pour lester ses jambes plutôt que son bas ventre... Cela évitait le rapprochement trop intime dont il venait de lui faire part l'instant d'avant. D'un geste brusque, elle l'attira pour redresser son torse face à elle. Gardant sa lame sur sa gorge, juste au cas ou il voudrait lever la main sur elle, qui sait... tout en gardant son vêtement empoignée de son autre main.

Elle expira longuement et répondit, leur face à face n'étant séparé que par quelques pauvres centimètres... De quoi laisser entrevoir à son adversaire autre chose qu'un combat... Peut être un moyen de le tenir ainsi à l'écoute en usant de son charme. Qui sait?

- Effectivement, je pense bien m'en sortir vivante. Auquel cas, je n'aurai pas risquée tout ceci voyons... Cependant, il va falloir y mettre du tiens. Je ne suis pas patiente et je recommande toujours à mes interlocuteur de ne pas me faire perdre mon temps...

Reprenant un air sérieux, elle ajouta donc, son souffle venant caresser le visage de Matis... Son regard toujours aussi planté sur lui, implacable...

- J'ai besoin d'un rebelle. Pour trouver mon chemin... Qu'en dis-tu?

Si par rebelle, elle entendait "toi". Il fallait bien évidemment que ce qui se dise soit vrai. Matis en était-il un? Elle n'avais pas réellement cherchée sa trace et n'avais fait qu'entendre que sa tête était mise à prix. Aussi ne savait-elle rien à son sujet. Pas étonnant qu'elle tente une approche calme pour essayer de découvrir quelques bribes d'informations sur lui. Il ne pouvait pas lui en vouloir, après tout, elle s'était montrée douce et gentille jusque là... Si lui avait sans aucun doutes des années d'entrainements derrière lui, elle même n'était certainement pas novice dans son métier. Répondre était une option plus douce qu'un combat sanglant.

Lui laissant donc le temps de réfléchir, elle relâcha sa prise sur son vêtement et laissa glisser son index ganté sur son torse, le tapotant calmement.

- Je recherche un homme. Ou plutôt. Un vampire. Très ancien. Le plus vieux de sa race si je ne m'abuse... Et pour tout dire... Il m'attend.

Elle murmurait cela, comme une douce confidence, dans l'intimité d'une conversation presque amicale... Oui, elle se jouait de lui. Mais la teneur de ses propos n'en demeurait pas moins très sérieuse. Aussi s'assura-t-elle qu'il comprenne bien ce qu'elle voulait.

- Je dois rejoindre ce vampire au siège de la rébellion... Si tu peux me guider jusque là bas. Alors nous sommes alliés. Sinon, nous sommes ennemis... Et qu'importe la volonté ou la possibilité qui s'offre à moi. Je ne compte pas te laisser en travers de ma route s'il est question d'un combat...

Approchant de son oreille, elle murmura, comme pour clore son récit. Sa voix plus langoureuse, presque celle d'une amante... Autant dire qu'elle savait parfois jouer. Ce n'était pas donné à tout le monde de le voir...

- Les hommes n'en finissent pas de me sous estimer... Tu ne seras pas le premier. Matis... Tu ne seras pas le derniers non plus...

Sa première réaction avait eu l’effet escompté et la jeune femme se déplaça un petit peu et il fut heureux de la voir reculer sa prise. Non pas que cela le dérageait plus que de raison, c’était juste un peu encombrant d’avoir une femme placée là. Elle était mal à l’aise, juste de quoi la décontenancer un minimum, et ça c’était agréable à voir car elle le sous-estimait. Pensait elle avoir affaire à une brute sans cerveau à peine capable de penser avec un seul membre, et pas le bon qui plus est ? Si c’était le cas il avait sa chance avec elle, une chance de s’en débarrasser facilement. Elle finit quand même par rapprocher leurs deux visages, elle le tenait fermement et sa seconde main tenait toujours la lame qui glissait doucement sur le cou du jeune homme. Malgré le rapprochement des deux visages, qui laisser croire une amourette plutôt qu’une discussion des plus sérieuse, il resta de marbre. Il aurait eu tendance à se détendre, mais les quelques dizaines de centimètres d’acier présent contre son cou l’en décourageait, comme c’était étrange n’est-ce pas ?

Son souffle parcourait le visage de Matis et il pouvait voir à quel point elle prenait du plaisir à dominer le capitaine. Sans doute devait elle trouver un intense plaisir à dominer un homme, était ce dû à une histoire sordide dans son ancienne vie ? Un homme qui l’aurait dominé et qui en avait profité ? Quoi qu’il en soit elle était sûr de son coup, sûr de tenir la vie du jeune homme entre ses mains et c’était presque le cas pour tout dire. Du moins, le capitaine n’était pas dupe, il savait qu’il risquait là sa vie mais pour une raison qu’il ignorait, la jeune femme ne tenait pas à le tuer, du moins pas pour le moment.

Avec un air sérieux elle lui demanda de lui indiquer son chemin. Dit comme ça au milieu d’une séquence d’interrogatoire c’était là des plus étranges. Ca ne l’empêcha pas d’en rire et de lui répondre.

Ce que j’en dis ? J’en dis qu’en général les gens normalement constitué, j’ai bien dit normalement, font appel à des guides pour trouver leur chemin. Pas à des rebelles. Et quand bien même ça serait le cas, qu’est ce qui vous fait croire que j’en suis un ? Et qu’est ce qui vous fait croire que je vous guiderais dans l’hypothèse où je serais bel et bien un rebelle ? Vous êtes une amoureuse de la nature en plus d’être une mercenaire ?

De la provocation pure et très facile, mais ce qui suivit l’étonna un peu. La jeune femme lui parla d’un vampire, un vampire très vieux, très anciens, qui devait sans doute sentir le cadavre à six lieux. Questions. Premièrement, pourquoi une jeune, jolie, socialement pas stable et franchement dangereuse femme irait, de son plein grès, chercher un vampire très puissant ? Deuxièmement, pourquoi s’en prendre à lui pour cela ? Il n’avait pas que ça à faire de se la jouer guide touristique…. Surtout pour retrouver un vampire.

Ses paroles étaient murmures et elles s’approchaient de la confidence. Elle parlait de la créature inconnue avec respect et déférence, comme s’il méritait qu’on le vénère. Était-elle folle au point de se jeter, littéralement, dans la gueule du loup ? Quoi qu’il en soit la pensée de la jeune femme à son encontre se précisa lorsqu’elle lui expliqua vouloir le compter parmi ses alliés ou ses ennemis en fonction de son choix. Quoi que soit l’objectif de la jeune femme, et qui que soit cette créature, elle voulait vraiment le rencontrer. Ce qu’il vit dans ses yeux ce fut de la détermination à ne pas renoncer à son objectif, objectif qu’elle seule connaissait.

Pourtant, quand elle s’approcha de lui, elle eue une voix douce, affectueuse, presque amoureuse. Jouait-elle avec lui ? Sans l’ombre d’un doute. Tomberait il dans le piège ? Peut être. Elle n’était pas la seule à avoir essayée pareille stratagème, et il savait qu’il s’était fait avoir plus d’une fois. Les femmes, toujours les femmes… Néanmoins, ses paroles, plus que de la peur, lui amenèrent un simple sourire carnassier.

Moi ? Te sous-estimer ? Voyons, après ce que j’ai vu, je ne peux te sous-estimer…. Toi par contre, tu dispense des conseils que tu oublis d’appliquer.

Elle n’eut pas le temps de réagir que sa tête heurta violement celle de la jeune femme. Dans un grognement il attrapa l’épée familiale et la fit tourner pour attraper le côté tranchant de la lame et ses cinquante dents. Du même mouvement il se laissa tomber sur la jeune femme qui avait remit sa lame sous sa gorge. La seule chose qui l’arrêta dans son geste fut le fait que les cinquante dents de l’épée de Matis chatouillaient tendrement la gorge de l’innocente jeune femme. La position était inversée, et il se trouvait au dessus, les jambes des deux côtés du corps de la jeune femme qui était bloquée par son poids. Un mince filet de sang perlait sur son front, était ce le sien ou celui de la jeune femme ? Il n’en avait cure. Il la regardait presque amicalement tout en lui parlant.

Pourquoi m’avoir attaquée, si tu cherchais des informations je t’en aurais fait part sans violence… Si tu escomptais que frapper une femme n’était pas dans mes habitudes tu te trompais, tu en a la preuve…

Et maintenant ? Nous nous étripons joyeusement ou nous avons une discussion civilisée entre gens de bonne compagnie ? La mort ne me tente pas trop, et j’imagine qu’il en va de même pour toi…

Quand à ma posture, non pas que la situation me dérangerait, mais j’évite de faire mumuse avec des armes dans ce genre de position. Parait que c’est jamais bon pour la santé.….

Le coup fut brutal, les hommes avaient cette vilaine habitude d'être des grosses brutes, mais cette violence ne lui était clairement pas inconnue. Aussi, cela ne la choquait guère... Elle accusa le coup, repoussée sur le sol à son tour et n’eut pas le temps de chercher une échappatoire, qu'il la dominait déjà... Son poids sur elle, sa stature, son arme. L'espace d'un instant elle aurait pu vouloir le tuer juste pour qu'il recule, qu'il la libère. Car se retrouver dans cette posture ne lui était franchement pas agréable... Cela dit... Elle n'avait aucun intérêt à le voir mort, si elle voulait pouvoir retrouver Sylath...

La lame et ses dents sur la peau laiteuse de sa gorge la tinrent immobile. Malgré tout, elle le menaçait de sa courte lame. Plus par réflexe que par réelles convictions... Et tout en l'écoutant parler, c'est un rire cristallin qui vint s'extraire d'entre ses lèvres, pour retentir aux oreilles de son agresseur.

- Sans violence hein?

Sa lèvre inférieur s'était fendue sous la violence du choc et laissait s'échapper du sang sur son menton, elle aurait sans doute un vilain bleu d'ici peu... Tandis que son nez lui, coulait abondamment. Elle avait toujours eue le nez fragile, la faire saigner était un jeu d'enfant. Et malgré la douleur qui irradiait de ce retournement de situation, elle savait que tout ceci n'était que superficiel. S'il voulait la blesser réellement, il aurait pu faire largement mieux...

Alors qu'elle se laissait soumettre, relâchant la menace de son poignard, pour laisser reposer ses mains au sol. Elle riait... Comme une enfant aurait pu rire à une bonne blague. Cela ne dura que quelques instants et elle reprit un minimum de sérieux après avoir secouée la tête en une certaine forme de négation. Mimant des excuses.

- Les humains sont tous connus pour leur gentillesse et leur douceur. Il parait évident que vous auriez accédé à ma requête sans l'ombre d'une hésitation. Mais ou avais-je la tête en vous imaginant fuir ou tenter de m'étriper? Je suis une si vilaine fille, je n'ai plus l'ombre de l'éducation qui jadis régissait ma vie. Permettez-moi de m'en excuser, très sincèrement... Tout ceci n'est que méprise à ce que je constate.

Oui, elle se foutait clairement de sa gueule. Mais d'un autre côté, comment pouvait elle réagir autrement... Comme si il était possible de faire confiance à un homme...

Le temps de soupirer et de tousser un peu pour cracher le sang qui lui coulait à present du nez dans la gorge. Elle répondit plus sérieusement cette fois. Le ton de sa voix nettement moins amusé.

- Et maintenant? Et bien je gage que vous aller vous écarter et me libérer gentiment...? Je ne compte pas vous tuer, vous n'en avez visiblement pas l'intention non plus. Autant ne pas pousser le vice de la situation à devoir vous supporter d'avantage sur moi. N'est-ce pas?

Son regarde restait fixement posé sur lui, elle ne cillait que rarement, preuve de l'intensité avec laquelle elle épiait le moindre de ses mouvements... S'il lui venait l'idée de la tuer, la tout de suite. Elle l'emmènerait avec elle dans la mort. Tant pis pour Sylath, tant pis pour tout le reste. Elle ne se laisserait pas faire une seule seconde. Derrière son allure de je-m'en-foutiste, elle n'avait vraiment aucun intérêt à mourir ici et ce n'était pas pour rien si elle avait abaissée son arme. Elle lui offrait la possibilité de cette "discussion civilisée entre gens de bonne compagnie". Restait à savoir si c'était réellement ce qu'il désirait, lui.

Sa dernière réplique lui tira une moue vaguement écœurée. Elle rétorqua sans cacher son dégout pour la chose.

- Très peu pour moi...

Puis comme pour l'inviter à mettre à exécution son plan de "discussion". Elle ajouta.

- C'est le moment ou vous me relâchez, normalement...

Le tout avec un sourire de circonstance, ironique.

A voir le comportement de la jeune femme, le capitaine comprit que la situation se dégelait tranquillement sous leur discussion. Bon, ce n'était pas pour autant qu'il allait la prendre dans ses bras et lui faire un bon gros calin comme il l'aurait fait à Luna ou à d'autres amis proche. Mais c'était déjà mieux que de se combattre et d'essayer de se tuer non ? Elle ôta doucement son armée de son cou et lui renvoya une nouvelle pique à la tête. Comme si le fait d'user de violence était quelque chose de mal, il n'y avait pas d'acte foncièrement mauvais, ou tout du moins il y en avait peu. L'important c'était la signification de l'acte ou la raison qui pousse à la réalisation de l'acte. Certes il sera difficile de trouver une explication logique à un massacre ou un viol, mais la violence d'un coup n'a de mal que dans le regard de la victime. Enfin, dans la plupart des cas.

Il ôta donc sa lame du cou de la jeune femme qui se disait si vilaine. Si c'était le cas il se donnerait un malin plaisir à la corriger comme il se le devait, mais il savait que c'était loin d'être le cas. Elle n'était, sans doute pas si vilaine que ça. Peut être n'était elle qu'assassine envers lui car il était un homme, à la voir réagir comme elle avait régit elle devait faire partie de celles qui haïssaient les hommes. Que ce soit pour une raison obscure et claire, elles haïssaient les Hommes pour ce qu'ils leurs avaient fait ou tout simplement pour ce qu'il était. C'était triste, mais loin d'être une exception.

Il planta sa lame dans le sol mais resta sur la jeune femme. D'un main il attrapa un mouchoir qu'il tendit à la jeune femme, vu comment elle saignait il fallait bien l'aider un minimum non ? C'était un peu de sa faute après tout.

Si vous êtes si vilaine fille je pourrais m'occuper de vous recadrer vissa, mais je suis sûr que vous n'aimerez pas ça. Alors ne me tentez pas par pitié.

Quant à votre remarque sur la violence... Disons que j'ai appris à mes dépends à être prudent, j'use donc de ce qu'il faut pour pouvoir rester en vie et j'imagine que cela doit aussi être votre cas. Et pour tout vous dire, j'aurais sans doute accepté votre requête si vous ne m'aviez pas attaqué si, lâchement n'est pas le terme exact, disons, sournoisement. Ca m'évitera de vous vexer, et vous d'avoir une raison de plus pour me faire la peau. Même si vous en aviez déjà cinq cent autres en tête n'est ce pas ?

Vous faite cela pour l'argent ? Ou votre dégoût des hommes et votre motivation ?

Petite question pour savoir un peu à qui il avait affaire, savoir ce qu'elle pensait, comment elle se comportait dans ce genre de situation. Quoi qu'il en soit il remarqua clairement qu'elle se moquait de lui, et si elle avait un sens de l'humour et de l'ironie tel que le sien, elle ne pouvait pas être une si vilaine fille. Oui, il lui cherchait des excuses, et oui il finirait bien par lui en trouver. Pourquoi ? Non mais vous l'avez vu ? Elle est quand même vachement mignonne, même si jamais il ne lui avouera cela.

Sa dernière phrase lui fit prendre un air d'enfant battu, comme si sa présence sur son corps la rendait mal à l'aise. Alors, c'est tout innocemment qu'il lui répondit :

Diantre, ma présence ne siée pas à une personne de votre rang Madame ? Peut être devrais je me lever et laver l'affront que mon outrecuidance présence vous fait subir et... Il lui sourit et se rapprocha doucement. Je plaisante, je suis très bien ici. Alors pour le moment je vous garde sous la main, si j'ose dire. Tant que mes questions n'auront pas trouvées de réponses adéquates je ne bougerais pas. Votre nom Madame, et le vrai de préférence. Comment pourrais je vous faire confiance et vous conduire où vous le souhaitez si je ne connais même pas votre nom ?

Il vit sa mine de dégoût à l'écoute de ce qu'il lui proposait, cela le fit beaucoup rire. Effectivement elle avait un sacré problème avec les hommes et c'était net maintenant. Il finit néanmoins par se lever et lui tendit une main pour l'aider elle même. Pas la peine de la rabaisser plus encore.

Matis Falkire, ex-capitaine de la glorieuse armée impériale, capitaine d'une bande de "brigands", partisan et officier de la rébellion, peut être à votre service un de ses quatre matins.

Et vous ? Je repose ma question, qui êtes vous ? Une vulgaire chasseuse de prime ? Ou bien plus que cela ?

Lorsque la lame se planta dans le sol, libérant sa gorge de la menace, elle soupira brièvement, comme pour dire "c'est pas trop tôt". Mais elle n'ajouta aucuns commentaires à cela. Puis Matis lui tendis un mouchoir et elle le prit sans prendre la peine de le remercier pour ce geste. Elle le garda plaqué sur son nez, essayant de se redresser sur un coude. Mais puisqu'il ne semblait pas vouloir bouger, elle demeura en une position fortement inconfortable. La tête trop en arrière pour ne plus avaler de sang.

Il fit une réflexion et elle ricana sèchement... Pas vraiment amusée par ses propos, plutôt dépitée même...

- Gardez vos fantasmes pour vous, je n'ai pas prévue de vomir tout de suite, inutile de chercher à m’écœurer d'avantage, voulez-vous?

Elle cracha à nouveau un peu de sang et répondit en secouant la tête.

- Pensez bien ce qui vous chante, je n'ai rien à prouver à personne. Sournoise ou pas, je ne faisais qu'essayer d'atteindre un but. Comme tout un chacun, alors évitez les longs discours sur ce qui peu ou non me motiver à vous tuer. Je n'en ai aucuns intérêts puisque vous êtes possiblement celui qu'il me faut pour trouver mon chemin. Concernant l'argent... Disons que s'il s'avérait que vous ne soyez pas celui que j'escompte... J'envisagerais sans doute la prime. C'est une belle somme après tout.

Oh et... Les hommes ne me dégoutent pas. Je les trouve simplement pitoyable. Malheureusement pour vous, vous ne faites pas exception, Matis.

Elle débitait le tout avec une franchise déconcertante, ne cachant rien de ce qu'elle pouvait bien penser. Elle répondait comme elle l'aurait fait en pleine discussion avec quelqu'un de proche. A qui elle pouvait dire les choses sans prendre de pincettes. Et surtout, comme s'il s'agissait d'une simple conversation et que sa vie n'était pas en jeu. Après tout, il voulait des réponses. Il ne pourrait pas lui reprocher de répondre le plus sincèrement du monde.

Pour le moment, il était toujours sur elle... Et s'il ne profitait pas de la situation comme d'autres auraient pu le faire. Il semblait toutefois prendre plaisir à siéger sur son corps. Elle patientait qu'il veuille bien la libérer, mais s'il poussait le vice un peu trop loin... Il gouterai à l'acier de sa lame... A peine le temps d'y réfléchir qu'il s'en amusait à voix haute. Ses deux opales glacées le dévisageaient alors, tandis qu'il se rapprochait encore un peu plus... Qu'il soit bien installé était une chose, qu'il en profite pour prendre ses aises et jouer de sa pseudo supériorité du moment en était une autre... Elle lui ferait regretter cela...

Voila qu'il demandait son nom. S'il ne lui fallait que cela pour enfin la lâcher, elle n'allait pas hésiter.

- Livilith...

Soupira-t-elle presque aussitôt, coopérant pour mettre un terme à ce petit supplice qu'il lui imposait depuis de trop longues minutes maintenant... Et contre toute attente, il la libéra! Elle prit une inspiration et ignora la main tendue pour se redresser seule. Époussetant ses vêtements et réajustant sa chemise, d'une main. Tout en terminant d'essuyer le sang de son visage, de l'autre.

- Livilith Veihg, Assassin du Souffle et prochainement ralliée à la rébellion, si monsieur veut bien se donner la peine de m'y conduire...

Assassin du Souffle. Rien que ça, oui... Une preuve encore qu'elle n'avait sans doute pas réellement essayée de le tuer, auquel cas, elle aurait clairement eue toutes ses chances... Elle ne prenait même pas la peine de cacher son appartenance à la guilde d'Assassins réputés, sans doute parce qu'elle avait cette facilité à dire la vérité, ou peut être une façon de faire passer un message à son interlocuteur... Histoire qu'il ne se permette pas à nouveau de tenter de prendre le dessus sur elle. Qui sait? En tout cas, elle avait répondu et avec un peu de chance, il allait enfin se montrer coopératif...

Elle ajouta d'ailleurs, après avoir maitrisée le saignement de son nez...

- J'imagine que vous n'avez plus l'intention de passer la nuit ici. Et si c'est encore le cas, sachez que je ne compte pas vous laisser dormir. Nous devrions reprendre la route, immédiatement. Enfin, si bien évidemment, vous consentez à m'aider.

Elle leva les yeux au ciel, comme exaspérée de devoir ainsi formuler la demande. Son regard revint se poser sur Matis et elle patienta... Encore.

Oh, vous écœurer est bien le dernier de mes objectifs vous savez. D’autant plus que vous risqueriez de me vomir dessus et cela me dérangerais quelque. Après tout, qui souhaiterais voir une si jolie jeune femme lui vomir dessus ?

Il jouait la comédie. Oui c’était abusé dans le sens où il en faisait des tonnes pour qu’elle le prenne pour un être stupide, intéressé par une seule et unique chose, une personne que l’on pouvait manipuler comme bon nous souhaitais avec de vaines promesses ou opportunités. Mais ce n’était pas le cas, c’était même loin de l’être. S’il faisait ça c’était pour garder une carte de sa manche au cas où elle ne jouerait pas totalement le jeu il s’occuperait d’elle de manière définitive. Mais en attendant ses capacités pouvaient servir la rébellion si tant est qu’elle se soumettait aux tests qu’il allait lui faire subir. Pas question de faire entrer n’importe qui n’importe comment. Fusse elle si puissante, elle n’aurait pas le tapis rouge pour l’accueillir.

Il se leva doucement et fut heureux de savoir qu’elle le trouvait pitoyable, on ne se méfiait pas toujours des gens pitoyable, c’était donc un bon moyen pour reprendre le dessus. Ce qui l’impressionnait c’était sa capacité à rester calme et sereine, elle n’était pas une de ses filles qui avaient peur de la mort. Elle serait plutôt du genre à s’en moquer même. Ce qui fit confirmer ses soupçons, en fonction de ses capacités, de son regard et de sa manière d’être. Assassine elle était, mais pas de n’importe qui. Elle faisait partie du souffle… Matis soupira, il avait déjà eu affaire à des gens de cette organisation et ça ne s’était jamais bien passé… Pour tout dire il avait même dû en tuer un ou deux après avoir rencontré leur chef. Chef qui, d’après ce qu’il avait cru comprendre, avait été tuée… En même temps elle était folle cette femme… Pas étonnant qu’un autre lui ai ôté la vie.

Le souffle hein ? J’ai déjà eu affaire à des gens de chez vous… J’ai même rencontré votre ancienne chef, mais parait qu’elle aurait passée l’arme à gauche depuis. Quand à votre organisation, ce n’est pas la première fois que vous tentez de me faire la peau, dois je m’attendre à d’autres attaques de la sorte ?

Mais son nom, Livilith, lui rappelait quelque chose. N’avait il jamais rencontré de femme portant ce nom ? Il n’était pas si commun que cela en plus. D’autant plus que la femme qui le portait n’avait rien de très commun non plus… Il fit une petite révérence lorsqu’elle lui demanda de la conduire à aigue.

Mais bien sûr noble Dame, je m’en vais de ce pas vous conduire en ce lieu si fantastique. Il me semble même que vous y serez attendu avec fanfare et banquet. La rébellion se fait une telle joie d’accueillir une personne telle que vous.

Il la regarda d’un air niait et attrapa Héritage ainsi que sa lame de justice et les rangea calmement dans leurs fourreaux respectifs. Il rabattit les pans de son manteau et remis en place son foulard vert. Remontant le col de la veste et le fermant sur son menton il enfonça ses mains dans ses poches.

Blague à part, il est temps d’y aller. Le sang appelle le sang et on ne sait pas ce qui peut arriver jusqu’à nous maintenant que vous nous avez fait couler un véritable bain. Mettons nous en route vers Aigue. Néanmoins, encore une chose avant de nous mettre en route. Je vous garde à l’œil.

Et, avant que j’y pense. Si vous pensez vous débarrasser de moi une fois là bas, je me dois de vous dire que je fais partis des officiers chargés de la formation et du recrutement. Ce qui veut dire une chose, une fois là bas. Vous serez sous ma responsabilité et mes ordres jusqu’à ce que je vous juge digne de servir.

Il sortit un sac en papier de sa poche et le tendit à la jeune femme. Elle ne pouvait pas voir son sourire, mais ses yeux souriaient pour lui.

Dans le cas où vous voudriez vomir.

Et elle ne tombait pas vraiment dans le panneau... Un compliment et une vanne à la fois. S'il voulait une joute verbale, elle pouvait lui en offrir une, mais la tout de suite... Ce n'était franchement pas ce qui la mettait d'humeur. Non, elle voulait simplement qu'ils se mettent en route et qu'ils filent. Aussi n'ajouta-t-elle rien à ses premiers mots. Comme pour contenir l'inévitable...

Il changea de sujet et cela ne fit que la ravir. Sauf que c'était pour parler de choses qu'il ne connaissait pas... Et cela lui tira un léger sourire en coin. D'abord, il pu croire qu'elle se moquait de lui pour une raison tout à fait obscure. Ou simplement que la tournure de la situation lui plaisait. Mais ce n'est que lorsqu'elle s'exprima qu'il en comprit réellement le sens.

- Vous êtes amusant... Mais vous parlez de chose que vous ne maitrisez pas, ou ne comprenez pas totalement.

Elle redressa son index et énuméra calmement.

- Je conviens que certains des nôtres n'ont clairement pas eue le talent pour, ou alors, sur un coup de chance une fois ou deux. Et puis... Ils se sont fait éliminer, par de la vermine de votre genre. Soit. Cela vous donne sans doute l'impression que nous ne sommes qu'une bande de rigolo et croyez moi. Tant mieux. Vous ne verrez peut être pas le prochain coup venir.

Penchant légèrement la tête sur le côté, elle laissa volontairement ses boucles blondes dégringoler sur sa joue, avec une moue amusée.

- La femme qui est décédée, n'est pas, la dite "dirigeante" du souffle et le fait que vous le pensiez ne vous dessert pas du tout. Soit vous êtes mal renseigné. Soit ceux qui pensent l'avoir tués le sont. Enfin...Peu importe... Et si vous aviez rencontrée notre cher Corbeau. Vous ne seriez surement pas ici pour en témoigner. A moins de n'être vraiment qu'un simple rebelle insignifiant. Auquel cas, je comprendrais qu'elle vous ait ignorée.

Elle le cherchait un peu... Il fallait l'admettre, elle ne supportait pas les personnes trop sûres d'elles. Et si il la laisser le prendre pour un idiot volontairement, c'était deux fois plus agaçant alors, car pour le coup. Elle le trouvait réellement, naïf. Son regard se mit à parcourir le corps de son interlocuteur, calmement, mais pas sans en saisir chaque détails... S'il n'était pas désagréable à regarder. Il l'était tout à fait à écouter. Et puisqu'il était lancé sur le sujet, elle ajusta sa réplique en soupirant d'un air déçu.

- Quoi qu'il en soit... Notre ordre ne s'intéresse aucunement à vous. Votre tête est mise à prix. Je vous ai croisée -et n'allez pas faire l'erreur de croire que je vous cherchais volontairement-, ce n'est que pure coïncidence de tomber sur vous. De là, je vous avoue que je cherchais un guide. J'ai d'abord tâtée le terrain avant de vous approcher, voila tout. En bref... Ne vous sentez pas au centre de l'attention... Ce n'est clairement pas le cas.

Après, que vous ayez un passé avec le Souffle, soit... Ce sont vos problèmes, personnellement, je n'ai rien à ajouter la dessus. Ceci dit, ne me cherchez pas trop... J'ai mes humeurs.

Elle le mettait en garde, car il réussissait à l'agacer un brin et qu'elle n'aimait franchement pas l'évolution que prenait la situation. Sur ce, elle ajouta d'un air réprobateur...

- Et ne vous figurez pas que je suis ici pour mendier une entrée à Aigue... Lorsque je retrouverais le vampire en question, vous pourriez vouloir changer de ton...

Une menace? Une simple réflexion... Rien n'était simple avec elle... Elle se chargea de ramasser ses affaires et se tint alors prête à suivre le pas. Écoutant une fois de plus ce qu'il avait à lui dire... Elle grimaça et finit par rire tout simplement.

- Sous vos ordres hein? Vous adoreriez... Mais ne rêvez pas. Je ne reçois d'ordre de personne. Faites ce que vous avez à faire et je me tiendrais bien le temps qu'il faudra. Mais n'espérez pas en abuser...

Sur ce, elle se mit en route, ignorant son sac en papier et sa réflexion. Étrangement, le sourire aux lèvres... Était-ce parce qu'elle savait qu'elle avançait de nouveau vers Sylath, ou parce que cette rencontre était à la fois agaçante et rafraichissante... Personne ne saurait le dire. Mais cela lui allait parfaitement pour le moment. Restait à voir ce qu'il lui réserverait une fois Althaïa atteinte... Ils n'étaient d'ailleurs pas si éloignée de la belle cité. Et ne manquèrent pas de se dépêcher, autant l'un que l'autre, pour y parvenir rapidement... Échangeant sur la route quelques piques au détour d'un peu d'humour... Lorsque la jeune femme ne feintez pas simplement de l'ignorer... Chose récurrente après plusieurs heures de marche en la compagnie du rebelle... Mais non pas moins amusante pour Livilith.