Il s'ennuyait. Il s'ennuyait tout le temps depuis le départ de son père, et plus encore depuis qu'il avait été kidnappé par le Prêcheur. C'était c'était un kidnapping, il ne s'y trompait pas. D'accord on ne l'avait pas violenté, se contentant de lui ordonner de prendre quelques affaires afin de quitter Aldaria, mais il avait tout de même été emmené contre son gré. On avait simplement profité du fait qu'il était plus petit et plus faible pour ne pas se préoccuper de ses protestations. Et on avait eu raison quelque part car malgré la férocité qu'il avait mis à mordre un Alayien jusqu'au sang, il avait bien dû se rendre à l'évidence et admettre qu'à presque neuf ans on n'avait décidément pas encore la force d'affronter tant d'hommes en armes.

Le seul point positif de cette histoire, c'est qu'il était maintenant au coeur des événements. Terminé la vie relativement calme de la ville blanche. Il vivait à présent dans la capitale, et ça ça lui plaisait beaucoup ! Ce qu'il aimait moins, c'était l'acharnement des Alayiens à lui faire ingurgiter chaque jour des lignes et des lignes de psaumes absurdes qui ne l'intéressaient pas du tout et qui en plus avaient le désavantage de comporter de nombreux mots très compliqués qu'il ne retenaient pas facilement. On lui en expliquait le sens avec patience, mais ça ne rentrait pas. Il n'y avait rien à faire, il n'était pas du tout convaincu et pas du tout prêt à abandonner les Esprits Armandéens. Bon évidemment il ne s'en vantait pas, il avait apprit à se méfier du sens rigoureux de la discipline qui semblait être le fer de lance de ces envahisseurs. On ne lui passait rien, et il était trop malin pour risquer des punitions qu'il pouvait éviter. Néant ? Ah il y croyait dur comme fer. Il vénérait qui on voulait pourvu que ce ne soit qu'en façade. Dommage seulement qu'il ne parvienne pas à tromper les Serviteurs.

Il n'aimait pas du tout ces gens là. Leurs yeux surtout lui filaient des cauchemars. Mais nul ne lui avait vraiment fait de mal pour le moment, et il espérait bien qu'on le délivrerait avant que cela n'arrive. Son père viendrait le chercher... En cela au moins, il avait la foi. Et peut-être que ça allait le soutenir dans une journée qui s'annonçait bien morne...

Il avait commencé par sauter de joie quand on lui avait annnoncé qu'il allait pouvoir sortir du lieu où on l'avait confiné. Mais la perspective de visiter un temple même pas terminé avait quelque peu douché son enthousiasme. On ne pouvait pas aller visiter une confiserie plutôt non ? Voir un spectacle de marionnettes ? Non plus... Ils n'étaient pas drôles du tout ces Alayiens. Mais on ne lui demandait de toutes façons pas son avis.

C'est ainsi qu'en cette matinée aussi caniculaire que les jours précédents, il se retrouvait à rechercher l'ombre bienfaitrice d'un temple qui trouvait le moyen de lui faire froid dans le dos. Le chantier était bien plus avancé qu'il ne le pensait. C'était à peine si on voyait encore quelques échafaudages et les croyants étaient même déjà autorisés à venir se recueillir à tout moment à l'intérieur. Il y en avait déjà quelques-uns qui plasmodiaient devant l'autel, des Alayiens pour la plupart et quelques rares Armandéens convertis ou simplement curieux. Lui n'avait pas le droit de s'approcher d'eux, et encore moins de leur parler. Il était étroitement surveillé par deux gardes Alayiens qui ne ne lâchaient pas d'une semelle tandis que quatre ou cinq autres évoluaient un peu plus loin. Pas question d'utiliser la magie en un tel lieu, d'autant plus qu'une telle tentative serait très mal vue avec les nouvelles lois impériales. Il devait donc rester sagement dans son coin et écouter les explications passionné de son professeur du moment apparemment persuadé qu'une telle visite allait le mettre en extase... Dracos. Il avait une de ces envies de dormir...

Choix des joueurs:

C’est lors d’une halte à quelques lieux de Gloria qu’il avait apprit la nouvelle. Par le plus grand des hasards il était tombé nez à nez avec un de ses compagnons d’armes rebelle, et ce qu’il lui apprit avait eu le mérite de l’intéresser. Le fils de l’Empereur rebelle, l’ironie de cette appellation était savoureuse, était manipulé par les Alayiens et son paternel voulait le voir libre. Il devait sans doute y avoir une récompense, mais cela ne l’intéressait pas le moins du monde, c’était une question d’honneur. Alford, son ami, avait faillit tuer l’Empereur, c’était donc à lui d’aller lui rendre ce service. Ne serait ce que pour lui mettre la main dessus s’il se trouvait à Gloria.

Alors il quitta la compagnie qu’il suivait depuis quelques semaines déjà, il leur promit de les rejoindre rapidement dès que sa quête aurait été menée à bien. Bien sûr il y eu de la résistance de la part de Julia ou de quelques autres, mais c’était une mission qu’il devait mener à bien et pour cela, il devait y aller seul. Mais il n’eut pas à faire route très longtemps tout seul, passé quelques jours il rencontra une nouvelle fois Luna. Une fois de plus elle s’était enfuie de la cité rebelle pour essayer d’aller aider le fils de l’Empereur Korentin. Sa première réaction fut de se demander si la sécurité de la cité ne laissait pas a désirer tant elle s’était enfuit facilement, mais une fois cela passé, il fut content de la voir une nouvelle fois avec lui. Il la savait compétente et ce n’était pas pour lui déplaire, une fille de son gabarit allait pouvoir l’aider à mener à bien sa mission.

L’entrée dans Gloria fut compliquée, mais ils se mêlèrent à un groupe de pèlerin pour passer ses murs. Mais très rapidement il fut évident qu’ils devaient tout deux déposer leurs armes quelques parts où cela ne risquait rien. N’importe qui se demanderait ce qu’un homme accompagné d’une jeune fille faisait, armé, dans la cité impériale. Et attirer l’attention était bien la dernière de ses volontés. Rapidement ils eurent, tout deux, vent que le fils de l’Empereur, et occasionnellement l’héritier du trône comme quoi Fabius n’était pas rancunier, allait se rendre à l’inauguration d’un temple dédié à Néant. Déjà, pénétrer dans un temple n’était pas sa tasse de thé, mais il allait devoir prendre sur lui car jamais il n’aurait une autre occasion de trouver le fils de Korentin.

Ils se rendirent donc en lieu et place de cette noble quête pour sauver, de manière héroïque et fantastique, le fils de leur Empereur chéri. Ils durent donc, tout deux, se faire passer pour de simple pèlerin venu prier Néant dans cette nouvelle bâtisse. Arriver devant le bâtiment, outre le fait qu’il n’était pas encore terminé, il le trouva relativement grossier. Etait ce dû à son dégout de ce qu’il représentait ? Ou était ce autre chose ? Là était la question. En tout cas ils essayèrent de se faufiler à l’intérieur pour avoir une meilleure vision de l’ensemble et de la situation géographique du fils cherché.

Se déplaçant au milieu des autres personnes, plus occupé à prier qu’à faire attention à lui, il trouva sur son chemin des Alayiens et des pèlerins. Mais où était donc passé ce petit Nolan ? Il ne savait pas, mais il savait qu’il y aurait des tas de garde à côté de lui et sans doute qu’ils seraient violent envers ceux qui oseraient tenter de lui parler. les alayiens et l’hospitalité c’est un peu comme le chat et l’eau vous voyez…

Luna, tu le vois le petit Nolan ? Attend, ça ne serait pas lui là bas ? Du menton il montra une zone centrale où se trouvait un enfant et des gardes. SI c’était le cas ça allait être compliqué de l’évacuer de là….

Sans parler de cette chaleur... Bref, ca n'allait pas être une partie de plaisir...

Une chose était certaine : les rebelles étaient efficaces quant à l’échange d’informations entre ses membres. C’est ainsi que Luna apprit que Korentin offrait une somme d’argent à quiconque lui ramènerait son fils, Nolan, ou toutes informations à son sujet qui pourraient aider à le libérer des mains du Prêcheur. Dès qu’elle avait entendu parler de cette mission, elle n’avait pas su l’effacer de son esprit. Elle n’était probablement pas la mieux placée pour faire cette tâche, mais l’envie d’aider la rongeait et juste l’idée que l’enfant était entouré de ces fanatiques du Néant la répugnait. Elle ne se joindrait pas au groupe pour l’argent, cette récompense lui importait peu. Tout ce qu’elle voulait c’était que l’enfant se retrouve le plus loin de ces énergumènes qu’elle détestait plus que tout et qu’il retrouve son père. Qu’est-ce que Korentin devait se faire du sang d’encre à son sujet! Si elle pouvait réussir à faire juste cela pour le remercier de l’avoir acceptée parmi les rebelles.

La jeune fille s’était préparée tôt le matin et avait quitté la taverne sans mentionner à Saemon ce qu’elle s’apprêtait à faire. Elle avait la vive conviction qu’il n’aurait pas apprécié qu’elle parte en mission qui pouvait s’avérer des plus dangereuses. De plus, elle ne voulait pas qu’il se fasse du soucis pour elle et elle ne voulait pas non plus qu’il se joigne à elle dans un acte protecteur. C’était son choix d’être du côté des rebelles et sachant son mépris envers ce groupe, elle ne pouvait se permettre qu’il la suive pour la seule et unique raison qu’elle était sa petite Luna. Elle n’avait pas à lui faire subir une telle chose.

Selon les informations qu’elle avait obtenue, Nolan serait présent aujourd’hui au grand temple en construction en l’honneur de l’Esprit du Néant. Ce dernier serait accompagné de nombreux gardes du corps et y resterait le temps de visiter l’endroit. S’étant davantage renseigné sur l’endroit, elle avait appris qu’il était possible d’y entrer de nombreuses façons puisqu’il y avait encore de plusieurs zones de travaux. Mais ce qu’elle avait appris qui l’avait le plus choquée, mais non surprise, c’était que la magie était inopérationnelle à cet endroit. D’une façon quelconque, les fanatiques avaient réussi à faire en sorte qu’aucune magie ne fonctionnait et cela comprenait également tout objet magique. Il était donc inutile de les apporter ni de compter sur eux. Elle avait donc troqué son sac magique pour un sac des plus banals et avait laissé derrière elle ses objets magiques afin d’éviter de se faire repérer inutilement. Surtout qu’avec les dernières lois, c’était risqué de se promener avec de tels objets. Elle avait toutefois apporté son arc juste au cas où…

Quel ne fut pas son étonnement en voyant Matis! L’ayant rencontré il y avait quelques temps, elle savait qu’il était un allié sur lequel elle pouvait compter. Elle se joignit donc à lui afin de mener à bien la libération de l’enfant. Ensemble, ils se dirigèrent vers le temple en devenir qui était situé au centre du quartier riche. Après avoir analysé la situation, ils optèrent pour se faufiler parmi les fidèles et laissèrent derrière eux les armes qu’ils ne pouvaient cacher.

Ils se mêlèrent au groupe de pèlerins sans problème. Se déplaçant avec les autres, ils cherchèrent des yeux le petit Nolan. C’est Matis qui le remarqua en premier et Luna acquiesça d’un signe de tête. C’était bel et bien lui, ils ne pouvaient pas se tromper. Il ressemblait exactement à la description qu’ils avaient eu et puis, c’était le seul garçon à la chevelure blonde entouré d’une garde alayienne.

Mais comment faire pour s’approcher de lui sans attirer l’attention des ennemis? Il valait mieux éviter les combats, surtout sans armes et en sous-nombre, ils ne tiendraient pas bien longtemps. Mais il fallait trouver un moyen de faire diversion . Ainsi, la jeune fille lança un clin d'œil à son compagnon, espérant qu’il comprenne son plan.

- Je… Je ne me sens pas bien…

Suite à ces paroles, elle commença à tousser, se servant de son foulard pour cacher sa bouche. Elle feignit de perdre l’équilibre, s’accrochant à un priant et s’étala de tout son long sur le sol rocailleux. Avec cette chaleur, il n’était pas étonnant que les gens s’effondrent ainsi. Les gens affligés avec une tendance maladive à attirer la foule et avec de la chance, peut-être que cela attirait la curiosité de certains gardes ou de l’enfant lui-même. Mais peu importe, ayant l’attention sur elle, Matis allait pouvoir agir plus facilement de son côté.

Intervention du MDJ: jet de dés

Citation :

Score de 1 ou 2 : La ruse de Luna attire l'attention d'un prêtre du Néant qui tente de lui venir en aide en lui prodiguant des soins. Problème, il s'avère trop protecteur et ne la lâchera plus d'une semelle tant qu'elle sera dans le temple ! L'enfant quand à lui a été emmené un peu plus loin, il devient plus difficile à approcher.

Score de 3, 4, ou 5 : La ruse de Luna passe totalement inaperçue, les gens s'écartent avec prudence de cette jeune fille apparemment malade. L'enfant est emmené un peu plus loin dans le temple et il devient encore plus difficile de l'approcher.

Score de 6, 7, ou 8 : La ruse de Luna provoque la curiosité de la foule, les gens l'entourent et quelques gardes s'approchent. Il ne reste plus que deux gardes auprès de l'enfant, et ils sont plongés dans une grande conversation qui semble les absorber.

Score de 9 ou 10 : La ruse de Luna provoque un mouvement de panique ! Les gens croient à un attentat ou à une attaque quelconque. Les gardes sont bousculés, l'enfant est séparé d'eux et projeté contre Matis.

Les directives vont être envoyées à Matis par mp en fonction du résultat du jet de dés.

Le membre 'Lorenz Wintel' a effectué l'action suivante : Lancer de dés

'Hasard' :

Résultat :

Luna, que les esprits bénissent sa ruse et son esprit, avait prit les choses en mains. Matis n’avait pas pensé à la mettre en avant de cette façon, et pour le coup il ne s’était pas attendu à son action. Elle avait beau être jeune, elle avait beau être maintenu à un « certain » niveau d’éducation ou de fonction, elle prenait souvent les responsabilités qui s’imposait à elle. Et une fois de plus elle l’étonna. Comment réagir à ce moment là ? La jeune femme venait de lui offrir une occasion en or de faire quelque chose de pas mal. Quelque chose pour essayer d’extraire un innocent enfant des mains de fanatiques. Alors il se mit en marche.

Il quitta doucement la jeune femme, autour de laquelle des dizaines de personnes venaient s’affairer, essayer de voir ce qui était possible de faire et ainsi de suite. Il y avait autour d’elle des pèlerins, des soldats Alayiens et même des prêtes du néant. Il avait les nerfs rien qu’à les regarder, mais il devait vraiment passer au-delà de cela, il avait une mission à accomplir et il devait tout faire pour. Il se déplaça au travers de la foule, esquivant les personnes qui s’empressait de venir aider la jeune femme. Il baissait la tête quand il voyait des soldats et continuait de s’approchait du jeune garçon. Et arrivé non loin de lui, il se rendit compte qu’il y avait toujours des soldats auprès du jeune garçon. Ils n’étaient que deux et semblaient plus intéressé à discuter entre eux, alors pourquoi ne pas pourquoi en profiter ?

Il continua de s’approcher tout doucement du jeune garçon qui lui tournait le dos. Il restait les mains enfoncé dans sa veste, mais il prit le temps de relever la tête ainsi qu’une partie de sa capuche. Appelant discrètement le jeune garçon par de léger sifflement, il attendit que celui-ci se tourna pour lui dire quelques mots.

Tu es Nolan n’est ce pas ? Ecoute moi discrètement s’il te plait. C’est ton père qui m’envois. Mon seigneur ton père fait tout ce qu’il peut pour te sortir de là, il veut que tu sache qu’il ne t’abandonnera jamais. Et je suis ici pour te le prouver.

Il se tu l’espace d’un court instant et observa la scène qui se déroulait non loin d’eux, il voulait voir comment évoluait la situation avec Luna et être sûr que tout était sous contrôle. Puis il reprit la parole.

Veux-tu rejoindre ton père ? Je peux te conduire à lui, mais il faudra foncer compagnie à nos amis qui t’on emmener ici. Ce ne sont pas de bonnes personne tu le sais n’est ce pas ?

Honnêtement il ne savait pas comment cela allait évoluer, il ne savait pas vraiment comment s’y prendre avec ce petit enfant qui devait se sentir mal sans son père. Sans parler de toute cette situation autour de lui… Mais il avait essayé d’être gentil, de se présenter sous un beau jour sans paraitre menaçant. Il lui demandait son avis pour savoir s’il voulait le suivre… Bref il essayait vraiment d’être quelqu’un de bien et d’aider un petit garçon… Mais qu’elle allait être sa réaction ? S’il acceptait, il lui donnerait une veste comme lui, et tenterait de le faire sortir du temple discrètement… Il pourrait se faire passer pour le frère de Luna ? Mais est ce que tout le monde ne connaissait pas déjà son visage ?

Beaucoup de question, si peu de réponse et beaucoup de stress.

Quelque chose se passait... De quoi le desennuyer quelque peu. Très peu hélas, parce qu'il ne voyait pas grand chose et qu'on ne l'autoriserait certainement pas à s'approcher. Une jeune fille était victime d'un malaise d'après ce qu'il avait cru voir et comprendre, la foule s'était agglutinée autour d'elle et quelques uns de ses gardes chiourmes s'étaient même décidé à aller jeter un oeil. Ah quelle peste que lui soit obligé de rester en arrière ! De quoi avaient-ils peur ? Qu'il soit contaminé et s'écroule à son tour ? Que cette pauvre fille "ressuscite" tout à coup et le prenne sous son bras pour détaler avec ? Qu'il leur pousse des ailes à tous les deux et qu'ils faussent ainsi compagnie à de pauvres Alayiens outrés devant tant de magie ? C'était ridicule.

Mais finalement il avait bien fait de ne pas bouger quand bien même il l'aurait voulu. La chute de la fille c'était certes très intéressant, mais ce grand gaillard aux airs mystérieux qui attirait son attention par un sifflement, ça c'était palpitant ! Qu'est-ce qu'il lui voulait ? Ne se rendait-il pas compte qu'il prenait un risque énorme en lui parlant ? Les gardes ,n'apprécieraient pas du tout, mais ils ne faisaient pas attention et de toutes manières il avait apprit à se jouer des moins malins, voir même des autres quand il avait de la chance. Empli de curiosité, il tendit l'oreille pour saisir ce que l'homme lui disait. Son père l'envoyait ? Vraiment ? Voilà qui était étrange... Mais moins que le début. Tout ceci n'était pas net du tout mais l'idée de fausser compagnie aux Alayiens lui plaisait bien. Il serait temps de s'expliquer plus tard. Une chose le chagrinait par contre et il ne se gêna pas pour lever un sourcil quelque peu condescendant en direction de son discret interlocuteur. Est-ce qu'il le prenait pour un bébé à lui parler comme ça ?

Un poil vexé mais trop heureux de cette distraction inespérée et de l'espoir soudainement offert, il répondit sur le même ton :

"Je sais qui ils sont, et ce qu'ils veulent faire du continent. Je veux bien vous..."

Il ne termina pas sa phrase, l'un des gardes avait relevé la tête au mauvais moment et n'appréciaient apparemment pas du tout la scène :

"Hé, vous ! Eloignez vous tout de suite."

Peu commode, le soldat s'était déjà approché et avait porté la main à son épée. De toutes évidences l'interdiction de port d'arme ne concernait pas ces gens là... Un autre parmi ceux qui étaient parti voir ce que la jeune fille avait était revenu dans le même temps et bouscula leur cible en passant :

"Eh bien, on ne dégage pas assez vite ? On ne vous apprend pas la discipline en Armanda ? Retire ta capuche, on ne se cache pas des yeux de l'Esprit Unique. C'est aussi inutile que malvenu. "

Son regard méprisant prouvait bien tout le mal qu'il pensait de ces nouveaux convertis encore peu à l'aise dans les rites du Néant. Entre ce type là et l'autre gamine qui prétendait faire un malaise dans le temple... Bon elle avait été relevée et semblait aller bien, mais bonjour la perte de temps. Il ne comprenait pas du tout pourquoi on l'avait affecté à la garde de ce mioche et par dessus le marché pourquoi on l'avait envoyé en promenade dans un temple encore non terminé. Quel intérêt franchement ? On pouvait éduquer le gamin en restant bien confortablement à Gloria ! Mais on ne discutait pas les ordres, la discipline n'était peut-être pas bien intégrée dans la tête des Armandéens mais elle l'était dans celles des Alayiens et ils comptaient bien en faire un dogme solide sur tout le continent.

Oubliant la jeune femme apparemment rétablie, les soldats avaient entouré l'homme malmené sous le regard du gamin un peu attristé de la situation. Il n'y pouvait pas grand chose néanmoins, et peut-être même que son étrange allié aurait voulu le voir en profiter... Très bien, dans ce cas c'était ce qu'il allait faire. Les gardes l'avaient presque oublié, ils ne faisaient plus tellement attention à lui. C'est donc sans véritables encombres qu'il se faufila entre deux badauds observant la scène, disparaissant aux yeux de tous et bousculant sans le vouloir la jeune fille qui s'était écroulée tout à l'heure et qui semblait essayer de se rapprocher de l'homme qui avait essayé de l'aider. Pas vraiment désarçonné par la collision, l'enfant leva ses yeux clair vers elle et sourit, mis en confiance par le doux minois féminin. Lentement, il porta son index à ses lèvres :

"Chuuut..."

Et il détala. Prenant la direction de l'arrière du temple, là où les travaux n'étaient pas du tout achevés et où tout n'était qu'échafaudages branlants et échelles mal assurées. Il allait certainement trouver une sortie par ici, les murs n'étaient pas terminés derrière le temple donc si il ne se faisait pas attraper alors il finirait par se retrouver dans la rue. Et ensuite ? Il ne s'était jamais retrouvé seul dans la rue, mais il avait pour lui l'inconscience de son jeune âge. Il ne craignait rien ni personne. Agilement, il se glissa entre les planches d'un échafaudage et entreprit de sa frayer un chemin dans tout ce chantier. Des bruits de pas rétentirent derrière lui, et des cris de rage bientôt... Oula, on avait remarqué sa disparition. Et il ne trouvait pas de sortie. Effarouché, il plongea sous une bache poussièreuse, bien décidé à ne pas se laisser retrouver...

Spoiler:

Tandis que Luna s’affalait par terre, elle aperçut Matis profiter de ce moment de distraction pour passer à l’action de son côté. Elle le vit bouger en direction de l’endroit où était situé l’enfant, mais ne vit pas plus puisque sa vision fut rapidement cachée par de nombreuses personnes qui arrivaient en sa direction. Sa ruse avait fonctionné! Elle ressentait la joie de voir une bonne partie de ces fidèles du Néant arrêter ce qu’ils faisaient pour s’approcher d’elle et l’entourer. L’attroupement avait même piqué la curiosité des gardes qui s’étaient également approchés d’elle afin de savoir ce qu’il se passait dans le temple et son cœur se resserra en les voyant. Il se mit à battre la chamade et elle ressentit tout le stress de ses agissements. C’était ce qu’elle avait voulu, c’est-à-dire attirer leur attention afin de laisser une opportunité à Matis d’approcher Nolan. Mais les yeux rivés sur elle, elle était angoissée… Elle appréhendait l’idée qu’ils se rendent compte que ce n’était qu’une mise en scène et qu’ils réalisaient qu’elle ne faisait que jouer le jeu pour gagner du temps. Elle prit une grande respiration afin de garder son calme. Ce n’était surtout pas le temps de craquer!

Continuant de jouer le jeu de la faiblarde, elle resta sur le sol un moment jusqu’à ce qu’un homme l’aide à se relever sur ses jambes. Elle se releva lentement et se servit de son foulard afin de cacher son visage pour éviter que les gens puissent la reconnaître dans un futur proche. Elle ne voulait surtout pas qu’on puisse attribuer son visage à l’événement où Nolan avait disparu. Elle allait dire aux gens qu’elle allait bien et qu’ils n’avaient pas besoin de s’inquiéter pour elle lorsque la voix forte d’un garde retentit. Ce n’était pas bon, mais pas bon du tout! Matis venait tout juste de se faire remarquer et les gardes allaient à sa rencontre. Sa ruse était définitivement terminée et toute l’attention étaient maintenant portée à l’encontre de l’homme encapuchonné.

Luna se rapprocha de Matis, réfléchissant à un moyen de le tirer de cette mauvaise situation, lorsque soudainement elle fut bousculée par… un jeune garçon à la chevelure blonde?! Quoi? Nolan avait réussi à s’extirper de ses gardiens et ce dernier avait l’air des plus ravis par le sourire qui se dessinait sur son visage. Son objectif était là à quelques mètres d’elle… Il le voyait déjà s’éloigner de la foule…

Matis ou Nolan? Nolan ou Matis… ? Son ami ou son objectif… ?

Cela lui prit ce qui lui sembla être un effort surhumain pour tourner le dos à son compagnon et poursuivre l’enfant qui s’éloignait à vive allure. Elle jeta un dernier regard vers son ami, se promettant de revenir le chercher d’une quelconque façon s’il se faisait capturer, espérant qu’ils ne le tueraient pas… L’archère avait la vive impression de le trahir, mais se consolait en se disant qu’il comprendrait, n’est-ce pas ?

Luna suivit l’enfant à l’arrière du temple, faisant attention de ne pas le perdre de vue. Elle enjamba une échelle mal placée, sauta par dessus des débris afin de le rattraper et se glissa elle aussi entre les planches de l’échafaudage. Elle se rapprochait de plus en plus de Nolan!

Ce n’est que quelques instants plus tard que le chahut se fit entendre. Les gardes avaient finalement remarqué la disparition de Nolan et la rage était perceptible dans leur voix. Ces derniers étaient partis à sa recherche… La mauvaise nouvelle était que certains cherchaient en leur direction. Mais la bonne nouvelle c’était que cela signifiait que Matis avait maintenant moins de compagnie!

Luna vit l’enfant disparaître sous une bache et elle se dépêcha à aller le rejoindre dans sa cachette.

- Tu me permets de me cacher avec toi? murmura-t-elle gentiment, souriant à Nolan. Moi, c’est Luna. Ajouta-t-elle.

En espérant qu’ils allaient gagner au jeu de cache-cache.

S’il trouvait que la situation dérapait il était loin de se douter que ça allait vraiment déraper et devenir complètement hors de contrôle. Mais alors que faire dans cette situation ? Les Alayiens étaient sur lui, ils ne le lâchaient pas sans parler du fait qu’au moins l’un d’entre eux était loin d’être stupide. Il avait souvent eu affaire à des crétins ou des fanatiques complets mais là s’avait l’air d’être différent, ou alors il cachait bien son jeu. Mais que pouvait-il faire dans ce cas ?

L’un des Alayiens l’attrapa et le secoua vivement comme un vulgaire pommier. Il essaya de lui hotter sa capuche mais le capitaine rebelle ne se laissa pas faire. Il se laissa entrainer sans pour autant paraitre menaçant ou autre. Il ne voulait certainement pas que les Alayiens ne voient son visage, alors il gardait la tête baissée et parlait d’une voix presque muette et effrayée.

Je ne cherche pas à me cacher de l’Unique mon Seigneur… Je ne suis qu’un pauvre paysan sans importance venu me recueillir en ce lieu. Je ne peux me découvrir, ma laideur pourrait endommager ce lieu. Il feint de faiblir et esquiva une seconde main qui cherchait à attraper sa capuche. Je me sens fatigué mon seigneur. Je ne voulais pas vous déranger. Je ne suis pas à votre hauteur seigneur…

Il se laissa tomber à genou et joignit ses deux mains en s’agitant d’avant en arrière comme s’il allait entrer en crise. Il avait déjà vu des gens faire cela sous l’effet du choc, de la peur ou quoi que ce soit d’autre. Il savait aussi que l’homme qui semblait diriger les Alayiens était loin d’être un idiot… Se laisserait-il duper ? Sans doute pas, mais il devait quand même tout tenter.

Je ne suis qu’un pauvre paysan à peine bon à venir remercier l’Unique du cadeau qu’il nous a fait. Vous êtes des grands seigneurs, seigneur. Je ne suis que paysan, je ne mérite pas de respirer le même air que vous..

Il craignait d’en faire trop, mais il n’avait jamais été un très bon acteur, et ce n’était pas aujourd’hui qu’il allait commencer ? De toute manière que pouvait-il faire ? Ses armes étaient loin d’ici, il n’avait jamais eu de dague ou d’épée courte et c’est dans un cas comme celui là qu’il le regrettait amèrement.

Il y eut un instant de calme dans son esprit. Un instant qu’il avait souvent juste avant le début de chaque bataille, un moment qu’il mettait à profil pour réfléchir et se concentrer sur la bataille à venir. Mais une chose était certaine, il n’avait jamais eu de telle bataille à livrer jusqu’à présent. Il n’avait jamais été aussi proche de la mort aussi. Souvent il s’était demandé comment elle arriverait, comment la mort viendrait la cueillir avant la suite. Il savait que ce n’était qu’une étape, qu’il y avait autre chose après et que cela ne s’arrêtait pas là. Mais il ne voulait pas partir maintenant, il lui restait encore trop de chose à finir…

Il pensa à Luna, il espérait qu’elle ne tenterait rien pour lui, la priorité était l’enfant de Korentin, elle devait le sortir de là et l’aider à revoir son père. Il pensait à Nolan, il espérait qu’il profiterait de sa diversion pour s’enfuir et que, s’il devait mourir, que son sacrifice ne soit pas vain. Il pensa à ses sœurs pour lesquelles il espérait un avenir radieux ou joyeux, qu’elle trouve enfin leurs voies dans ces temps de guerre. Il pensait à son frère. Celui qu’il avait été avant de devenir un convertit de traquer les Armandéens et les rebelles. Son frère était mort depuis longtemps, et celui occupant son corps n’était qu’un intrus et un inconnu, rien de plus. Il vit le visage de la princesse, les attentes qu’elles avaient pour lui, l’espoir qu’elle avait réussi à lui insuffler. Il eut une pensée pour Alford, son retournement, le combat qu’ils avaient menés, les moments qu’ils avaient partagés et ce qu’il était devenu. Et Althaïa. Pourquoi pensait il à elle en ce moment ? Elle l’avait détruit, elle l’avait fait souffrir plus que quiconque. Et pourtant c’était à elle qu’il pensait le plus, il « sentait » sans présence en lui à travers ce lien qu’elle avait construit sans le vouloir. Que dirait elle de lui s’il continuait à se morfondre de la sorte ? Elle lui mettrait un bon coup de pied histoire de le réveiller. Et il savait qu’elle avait raison.

C’est à cet instant qu’il pensa à son vieux capitaine. Un jour il lui avait dit que si la mort devait venir, il devrait se montrer digne avant d’emmener avec lui le plus d’ennemi possible. Comme un dernier acte de défis envers l’envahisseur et l’oppresseur lors d’un dernier combat. Mais est ce que c’était le cas ? S’agissait il de son dernier combat ?

Deux Alayiens le sortirent de ses réflexions en le soulevant et il se laissa faire en laissant trainer mollement ses jambes. Il gardait la tête baissée mais l’un d’entre eux lui hotta finalement sa capuche et l’attrapa par les cheveux.

Il ne disait rien.

Etait-ce la fin ?

ps : j’ai préféré ne pas jouer les Alayiens, j’suis trop gentil pour ça et j’aurais pas voulu que ça soit pas crédible ^^’’’’ 

Il avait eu tout juste le temps de se cacher sous cette lourde bache qui, il devait bien l'avouer, tombait à point nommé. C'était une parfaite cachette pour peu que ses poursuivants ne s'acharnent pas trop à le rechercher, sauf qu'ils allaient le faire... Connaissant l'opiniatreté des Alayiens ils allaient forcément finir par le retrouver, et alors gare ! Ils n'étaient pas non plus connus pour leur grande clémence. Regrettait-il pour autant sa tentative ? Pas du tout ! Où que cela le mène, il était heureux d'avoir pu tenter quelque chose enfin, de ne pas être resté inactif. Son père serait fier de lui. Ou totalement fou d'inquiétude peut-être... Mais qu'importe. C'était l'aventure et...

"Aaah !"

Mais c'est qu'elle avait manqué le faire mourir de peur ! Heureusement qu'il n'avait pas une voix qui portait très loin. Son cri avait été presque complètement étouffé par la bâche épaisse et vite ravalé quand il la reconnu. C'était la fille qui avait eu un malaise, pas une Alayienne donc. Ouf ! Il la laissa se glisser à ses côtés, pas qu'il ai vraiment le choix de toutes manières et puis elle l'amusait. Il n'allait quand même pas la laisser se faire attraper non ? En plus à deux, ils seraient plus forts. Luna ? C'était un drôle de nom... Il ne releva pas néanmoins, trop poli pour cela et préférant se présenter lui-même :

"Moi je m'appelle Elvin. Elvin Sigvald."

Elle sembla tiquer sur son nom mais il ne s'en étonna pas. La famille Sigvald était connue pour être très proche de la famille Kohan, possédant même quelques liens de mariage avec l'illustre famille dirigeante. Le choix des Sigvald de rejoindre la rébellion avait donc fait grand bruit, de même que le kidnapping en pleine nuit du petit garçon alors réfugié dans une autre famille amie à Aldaria. Elvin ne savait toujours pas ce qui l'avait trahit d'ailleurs... Son père lui avait bien assuré qu'il serait en sécurité chez ses amis et que personne ne se douterait de qui il était. Quelqu'un l'avait très certainement dénoncé... Mais il ne saurait jamais qui. Et ce n'était de toutes façons pas le moment d'y penser. Il décocha un petit sourire en coin à la jeune femme en lui saisissant la main :

"N'ayez pas peur, on va s'en tirer."

Quoi ? C'était lui "l'homme" dans cette situation, c'était de son devoir de la rassurer non ? D'autant plus que les Alayiens étaient tout proches à présent et fouillaient les alentours tout en interrogeant l'homme de tout à l'heure qu'ils avaient arrêté...



Le plan avait fonctionné... Pas tout à fait à la perfection c'était vrai, mais presque. Ils avaient mis la main sur un rebelle non ? Il en était presque sur en tout cas. Il suffirait de retirer la capuche de ce gars là pour reconnaître l'un d'entre eux, il en était sur. Et s'assurer qu'ils avaient fait une bonne pêche. Quand à la deuxième elle était devenue suspecte dès le début de son manège avec son évanouisssement là... Le fait qu'elle ai disparu à présent ne faisait que confirmer les doutes du lieutenant. Elle aussi était une rebelle, et il allait l'attraper très rapidement.

Ses hommes s'étaient déjà mis à fouiller le chantier tandis qu'on traînait le prisonnier derrière eux. Où était le gamin ? Sa fuite n'avait pas été prévue du tout. Il n'irait pas loin bien sur mais c'était tout de même ennuyeux. Il aurait préféré que tout se passe parfaitement, c'est qu'il avait un public de choix tout de même ! Pas question de se louper devant "Lui". La flamme fanatique de sa résolution brûla dans son regard vif tandis qu'il se retournait vers le rebelle dont on avait finalement retiré la capuche. Ah mais il le connaissait celui là !

"Matis Falkire... Quelle bonne surprise !"

Une prise de choix. Il s'était pas mal illustré dans les rangs de la rébellion, nul doute que son châtiment serait exemplaire. Mais avant cela il fallait régler toute cette affaire une bonne fois pour toute, aussi Erik ne perdit-il pas une seule seconde pour lui saccager ses espoirs :

"Tu n'es pas connu pour être le plus futé des rebelles, mais je te croyais quand même plus intelligent. Tu croyais vraiment libérer Nolan Kohan ? Tu es tombé droit dans un piège mon vieux, tout le temple est cerné. Toi et tes amis vous êtes fait comme des rats. Mieux vaut me dire tout de suite à combien vous êtes venus. Et leur ordonner de sortir de leur cachette."

Il ne se faisait pas de réelle illusion. Les rebelles étaient tous des têtes de mules et celui là ne ferait sans doute pas exception. Mais il voulait tout de même lui laisser une petite chance de se faire persuader en douceur avant de passer à la manière forte. Aussi insista-t-il :

"Je suis mandaté pour capturer quelques rebelles, mais on ne m'a pas précisé de ne pas en égorger quelques-uns aussi... Surtout que j'ai déjà une prise suffisamment intéressante pour satisfaire mes supérieurs. Si ils se rendent, ils auront la vie sauve. Dans le cas contraire..."

Un coup d'oeil et un hochement de tête furent suffisant pour faire passer le message. L'un des gardes qui tenaient le rebelle réagit aussitôt et un craquement sinistre précéda la protestation du rebelle lorsque son bras cassa net sous la pression de l'Alayien. On resserra la prise sur l'homme tandis que le lieutenant s'approchait lentement. Il était sur le point de reprendre la parole quand une voix impérieuse l'arrêta net, ramenant immédiatement une attitude plus martiale dans le petit groupe tandis qu'il se retournait pour accueillir le Serviteur qui sortait de l'ombre :

"Prêcheur..."

En service, les soldats ne mirent pas le genou à terre mais tous s'étaient inclinés respectueusement. Erik quand à lui recula de deux pas, en attente d'instructions. Il avait fait ce qu'on lui avait demandé en ne revelant à aucun moment la présence cachée du Serviteur du Néant, celui-ci pouvait à présent reprendre les commandes et nul doute que les rebelles encore dissimulés ne le resteraient plus très longtemps... De même que le gosse d'ailleurs. Celui là n'était pas aussi important qu'un Nolan Kohan bien sur, mais ce n'était pas une raison pour le laisser filer. D'autant plus que c'était une vrai peste qui... Qu'est-ce que ??

Depuis le retour de la princesse impériale à la capitale, Aldakin avait pu constater un regain dans les activités rebelles de la région. Coïncidence ? Même un benêt n'y aurait cru, et le général alayien n'avait que peu de points communs avec ce genre d'individus : la jeune femme pouvait bien feindre s'être amendée, il faudrait plus que cela pour duper un Serviteur de l'Esprit Unique. De fait, à ce jeu du chat et de la souris dans lequel s'était risqué la princesse, le rôle du chat lui revenait de plein droit et il entendait bien le faire comprendre, en témoignait le piège qui se refermait lentement mais sûrement sur les rebelles qui avaient espéré libérer le jeune Nolan.

Une fois n'était pas coutume, Aldakin avait donc troqué sa vieille chasuble grise, trop reconnaissable pour les projets qu'il souhaitait mener alors, et adopté une tenue plus discrète. Une tunique sombre accompagnée d'une cape à capuche d'une teinte similaire composait l'accoutrement parfait pour lui permettre de se mêler aux fidèles adorateurs qui allaient et venaient dans le temple en construction. Anonyme parmi la foule, le Prêcheur s'était assis sur une chaise un peu à l'écart, tête basse pour ne pas laisser entrevoir son regard ténébreux, les épaules rentrées pour adoucir sa haute silhouette. De son discret poste d'observation, il avait pu suivre le fil des évènements sans attirer l'attention et Néant aurait pu témoigner qu'il n'avait pas été déçu : stratège et tacticien lui même, il avait pu apprécier en connaisseur l'astuce avec laquelle les deux rebelles avaient tenté de libérer le sosie du jeune prince. En vain, bien entendu.

Le général inspira lentement, tandis qu'il se redressait sur sa chaise. Le spectacle était assurément des plus divertissants, mais il avait vu ce qu'il voulait voir et le moment était venu d'intervenir, aussi se dévoila-t-il sans plus attendre.

« Il ne sera pas nécessaire d'en arriver à de telles extrémités, lieutenant, je ne doute pas que notre ami ici présent aura compris où se trouve son intérêt. »

Son bras se tendit en direction de la bâche derrière laquelle Elvin s'était dissimulé et il intima :

« Vos hommes devraient inspecter cet échafaudage, il serait malvenu qu'un enfant s'y blesse ou qu'une jeune fille ait à souffrir d'un nouveau malaise sans pouvoir bénéficier d'une main secourable. Je ... »

Il s'interrompit lorsque l'échafaudage en question trembla et commença à vaciller. Il y eut un cri, puis un autre, et de proche en proche le mouvement de panique se répandit rapidement parmi les soldats tandis que l'amoncellement de planches qui permettait aux ouvriers tailleurs de pierre de sculpter les bas-reliefs de cette partie du temple s'inclinait de plus en plus dangereusement. Trop tard cependant, les craquements plaintifs du bois ne laissaient déjà plus planer le moindre doute quand au devenir de la plate-forme de travail. Celle-ci s'effondra d'ailleurs pour de bon moins d'une seconde plus tard, plongeant la foule dans un nuage de poussière et arrachant un cri de douleur à un homme qui avait eu la mauvaise idée de se trouver en travers du chemin d'une lourde poutre de soutien.

A peine agacé par l'incident, Aldakin n'eut pour toute réaction qu'un pas sur le côté destiné à lui éviter une fracassante rencontre avec une planche de bois. L'espoir avait cela de remarquable qu'il poussait tout un chacun à se surpasser... ou à perdre jusqu'à sa dernière trace de raison.

« Elvin, tu me déçois. »

Il avait parlé d'un ton neutre, monocorde, sans même prendre la peine de hausser la voix. Cette futile tentative d'évasion avait été vouée à l'échec dès le départ, le jeune garçon aurait dû en être conscient mais sans doute était-ce cela qu'on appelait l'impétuosité de la jeunesse.

La poussière en suspension dans l'air avait plongé le temple dans un brouillard terreux qui ne permettait guère d'y voir à plus de quelques pas, mais cela ne sembla pas perturber le général outre mesure et celui-ci dirigeait déjà son pas maîtrisé en direction d'une silhouette enfantine encapuchonnée, tenue un peu à l'écart par deux gardes. Aldakin n'était pas homme à tendre un piège sans conserver une certaine garantie à portée de la main et c'était précisément vers cette même garantie qu'il se dirigeait. D'une main, il découvrit l'enfant et libéra par la même occasion une cascade de cheveux blonds tandis que de l'autre, il prenait la gamine dans ses bras. Elle devait avoir cinq ou six ans, guère plus, et son premier réflexe fut de s'enquérir auprès du Prêcheur de ce qu'il était advenu de ses parents.

« Je l'ignore, malheureusement, mais si tu veux m'aider à l'appeler, nous pouvons certainement retrouver ton frère. »

Prendre la décision de confier leurs enfants à d'autres pour les préserver de la guerre n'avait certainement pas été une décision facile à prendre pour le couple Sigvald, dommage pour eux que la famille d'accueil qu'ils avaient choisis ait éprouvé un plus grand intérêt pour le culte du Néant que pour la sauvegarde d'une famille complice d'un régicide...

La surprise et l’étonnement n’auraient pas plus se dessiner davantage sur le visage de Luna. Quoi?! Ce petit garçon blondinet n’était pas Nolan Kohan, mais se dénommait plutôt Elvin Sigvald? Elle le fixa pendant un instant, observant les traits de l’enfant qui concordaient avec la description qu’on lui avait donnée du fils de Korentin. Elle souhaitait de tout cœur que ce n’était qu’une mauvaise blague de sa part, qu’un simple nom d’emprunt ou une ruse pour ne pas qu’on le reconnaisse. Mais à voir la façon dont il réagissait, nul doute qu’il disait la vérité et qu’elle était devant ce Elvin Sigvald dont elle n’avait jamais entendu parler auparavant.

Se ressaisissant, la jeune fille acquiesça d’un signe de tête à son « N'ayez pas peur, on va s'en tirer. » et elle cacha son incertitude derrière un sourire. Les choses n’allaient pas du tout comme prévu et leur mission était tombée à l’eau. La chose qu’il restait à faire était de sortir de cet endroit, mais elle n’avait aucune idée de la façon dont s’y prendre. Matis était je-ne-sais-où, probablement capturé par les gens du Néant à cause qu’elle avait préféré suivre la trace de ce gamin au lieu de l’aider. Ce n’est pas que sa vie ne lui importait pas, elle l'extirperait des mains de ses ennemis si elle le pouvait, mais c’était particulièrement rageant!

Malheureusement, elle avait bel et bien l’impression que les choses se corseraient davantage et que ça irait encore plus mal. Elle se permit un coup d’œil discret et y aperçut de nombreux gardes dans le chantier. Ces derniers ne cherchaient pas encore en leur direction, mais ce n'était qu’une question de secondes avant qu'ils ne les trouvent. Scrutant l'endroit de son regard, son cœur rata un bond lorsqu’une silhouette habillé d’une tunique sombre leva le bras en leur direction. Nul doute, l’homme pointait leur bâche sous laquelle ils étaient dissimulés! Inutile de rester cachés plus longtemps, ils devaient se pousser au plus vite s’ils voulaient avoir encore une chance de se sauver.

- Viens! Ordonna-t-elle à Elvin.

La rebelle prit l’enfant par le poignet et l’incita à la suivre hors de la cachette. Une fois qu’ils furent sortis, elle donna un coup de pied à l’échafaudage juste avant de partir à la course. Quelques pas de course plus loin, la plate-forme commençait à vaciller dangereusement et elle s’écroula dans un nuage de poussière et de débris.

Elle avait conscience que cela ne retarderait pas ses poursuivants bien longtemps, mais c’était déjà mieux que rien. Cours… Cours… Cours! C’était probablement la seule chose qu’elle avait en tête en ce moment. Courir le plus rapidement et le plus loin possible tant et aussi longtemps que ses jambes le lui permettaient.

Mais pourquoi n’avait-elle pas abandonné l’enfant derrière elle? Ce n’était pourtant pas son genre de faire preuve d’altruisme envers un étranger lorsque sa vie en dépendait. Mais elle n’avait pas eu cœur à l’abandonner. Ce n’était pas parce qu’il n’était pas Nolan Kohan qu’il méritait pour autant de rester pris entre les griffes des Serviteurs du Néant, non?.

La fille semblait vraiment étonnée... Eh bien quoi ? Son nom ne lui plaisait pas ? L'autre aussi l'avait appelé par un nom qui n'était pas le sien... Nolan... Zut alors, c'était le prénom du fils du duc ! Enfin du roi maintenant, le vrai... D'après ses parents en tout cas. Lui était un peu perdu dans toute cette histoire mais ce qui était sur c'est qu'un roi qui s'alliait aux Alayiens et surtout à ce satané prêcheur n'était pas son ami du tout. Et puis il avait déjà joué avec Nolan, et vu son père plusieurs fois. Oui décidément il préférait cette branche là de la famille Kohan plutôt que celle de l'homme qui se tenait à présent sur le trône ! C'est qu'il avait une sale tête quand même le Fabius avec son oeil en moins... Et il ne faisait rien pour le tirer des pattes de ses geoliers. C'était décidé donc, il était un rebelle ! En plus ça avait de la classe. Même si c'était peut-être un peu dangereux...

Cette dernière pensée lui avait été inspirée par le son de la voix qu'il venait d'entendre. Il ne voyait pas ce qui se passait de sous sa bache, mais il était absolument sur d'avoir reconnu le ton calme du Prêcheur. Un sale type celui là... Ses yeux noirs et vides avaient terrorisé Elvin dès sa première rencontre avec le serviteur et même si il ne lui avait jamais vraiment fait de mal le garçon sentait instinctivement que ce personnage là était bien plus dangereux que les autres. Il avait quelque chose de pas naturel, et il ne s'agissait pas uniquement de l'aspect anormal de ses yeux. Dans sa tête aussi quelque chose ne tournait pas rond du tout, Elvin était bien jeune mais même un enfant comme lui était capable de s'apercevoir de ce genre de chose.

Il se recroquevilla donc, inquiet. La magie ne lui faisait pas peur mais ce pouvoir qu'avaient les serviteurs de tout savoir lui déplaisait beaucoup, ça non plus ce n'était pas naturel... Ce n'était même pas magique d'abord, c'était juste... Mauvais. Oui, vraiment très mauvais. Il sursauta fortement quand les Alayiens s'approchèrent tout à coup de sa cachette et c'est plus par réflexe que par désir véritable qu'il obtempéra à l'ordre soudain de la jeune femme. Il gardait sa vivacité d'esprit malgré tout et elle aussi apparemment puisqu'ils eurent la même idée de faire basculer l'échafaudage avant de vraiment déguerpir aussi vite qu'ils le pouvaient. Si seulement ça pouvait écraser le gros vilain...

Mais c'était sans doute trop demander. Fermement accroché à la main de sa nouvelle amie, le gamin passa en trombe devant deux Alayiens éberlués et aurait peut-être réussi à retourner dans la salle principale du temple si la voix morne du serviteur ne lui avait pas fait tourner la tête. Un simple coup d'oeil par dessus son épaule ne lui montra pas grand chose vu la tonne de poussière qui volait encore dans la pièce mais il n'avait pas besoin de voir pour reconnaître la voix enfantine... Sa petite soeur... Une sale peste qui l'agaçait souvent mais quand même... C'était sa soeur. Son père lui avait bien dit que ce serait à lui de la protéger lorsqu'ils ne seraient plus que tous les deux, il ne pouvait donc pas partir. Sans réfléchir plus avant, il lâcha la main de la fille et se retourna au moment où la scène redevenait un peu plus visible. Un choc derrière lui lui apprit que Luna n'avait pas pu atteindre la sortie, elle se débattait à présent sous la poigne de deux Alayiens. La situation n'aurait pas pu être pire...

Sourcils froncés, comme il avait si souvent vu son père le faire, il gronda :

"Otez vos sales pattes de ma petite soeur vous !"

C'est qu'il avait mauvais caractère quand il s'y mettait, et le soldat qui voulu le saisir en fit les frais quand il lui mordit le bras jusqu'au sang. Un cri m-couinement de surprise et mi-grognement de rage lui échappa et l'un des hommes retenant le rebelle se précipita pour venir en aide à son camarade. Tout ceci s'était déroulé en une poignée de secondes, mais c'était suffisant pour que le petit garçon à l'esprit vif trouve le temps d'utiliser sa petite taille à son avantage. Le soldat Alayien ne pu qu'arrondir les yeux et ne réagir que trop tard lorsque l'enfant lui subtilisa sa dague pour la jeter au rebelle qui lui avait parlé tout à l'heure. C'était à lui de jouer à présent et il n'avait pas beaucoup d'options vu leur situation...

Choix du joueur:

La situation partait totalement en cacahouète, là s’était clair et net, il ne savait pas quoi dire ni quoi faire alors pour le moment il ne disait rien. L’homme en face de lui semblait totalement content de lui et sûr de lui. Pour le coup il ne le connaissait pas mais l’autre le connaissait, et ça, ça faisait bizarre. Il prit un air étrange, essaya de chercher son nom mais rien ne vint.

Heu, vous par contre… On va t’appeler crétin numéro un, et tes potes ça va être pareil qui sait. Crétin deux, trois et quatre ?

Un coup vint rapidement le remettre à sa place, enfin à sa place… C’était vite dit hein. L’autre, pendant tout ce temps, essayait de se la raconter comme jamais en expliquer comment il était le meilleur, comment il était trop beau, trop intelligent et comment il allait réduire en cendre la rébellion à néant à lui tout seul. Heureusement pour lui, il avait connu des Alayiens portant le même discours. Ceux-là était maintenant six pieds sous terre à manger les pissenlits par la racine.

T’es pas le premier à me sortir ça tu sais. Vous n’êtes pas le plus intelligent Falkire, vous n’êtes pas un vrai soldat Falkire. On va vous faire la peau Falkire, et patati et patata. En attendant moi je suis là, et vos semblables mangent les pissenlits par la racine. M’enfin, on peut rien tirer de fanatique comme vous hein.

Un homme s’énerva et vint lui casser le bras dans un mouvement sec et brutal. La douleur fut violente mais rapide et sans bavure. Il avait déjà connu ça il y a longtemps, dans un autre lieu à une autre époque. Devait-il lui être reconnaissant pour cela ? Oui il devait l’être car grâce à elle il était devenu meilleur soldat, meilleur officier. Il envoya un coup de tête à la brute épaisse qui lui avait cassé le bras, il lui envoya un coup si brutal et violent que son nez pissa le sang bien plus qu’il ne l’aurait cru. Les autres l’attrapèrent avant de voir apparaitre le prêcheur.

ben voyons, comme ça la famille est au grand complet non ? J’ai connu ta sœur fut un temps, c’était quoi déjà son nom…. Lyra ? Ouai c’est bien ça.

Bon et bien vous pouvez dire ce que vous voulez mes nouveaux copains, je suis venu tout seul comme un grand. J’ai plus besoin d’une maman ou d’un unique quelque chose pour m’aider. Contrairement à certaine personne….

Nouveau coup, il perdit le sens de la réalité pendant quelques instants et quand il revint à lui tout avait changé. Ou tout du moins la situation du groupe avait changé. Le petit enfant était là se battait et venait d’envoyer une arme vers Matis. Il ne voyait pas Luna, tout ce qu’il avait sous les yeux c’était l’arme qui venait vers lui. L’espace d’un instant le temps s’arrêta, il n’avait plus cours, il ne voyait plus que l’arme qui filait tout doucement vers lui. Il se libéra de son geôlier temporaire d’un vif coup et attrapa l’arme que venait de lui lancer l’enfant.

D’un mouvement rotatif bref il trancha la gorge de l’homme qui le tenait précédemment et sans réfléchir plus que cela il se jeta sur le prêcheur pour sauver l’enfant et tenter quelque chose. S’il ne pouvait pas le garder en otage dans sa situation, alors au moins il pourrait se débarrasser de lui aussi rapidement que possible. Il n’était pas très loin de lui, mais il y avait un autre homme sur sa route. Le lieutenant en question, sans doute trop occupé pour le regarder, ne le vit pas lui planter la lame de la dague dans le creux des reins. Il courait maintenant, et il n’était qu’à un mètre ou deux du prêcher, pourtant il avait l’impression d’être si loin…

Il arriva à son niveau et l’attrapa par la peau du cou tout en lui mettant la lame sous la gorge.

C’est à ce moment-là que tout se décida.

Luna courait le plus rapidement possible qu’elle pouvait afin de sortir de ce Grand Temple du Néant en construction. Les événements avaient mal tourné pour Matis et elle puisqu’il s’agissait d’un piège, mais si elle pouvait éviter d’être attrapée par l’ennemi, ce serait au moins ça. Elle avait en tête qu’elle ne pouvait plus rien pour le capitaine, mais qu’elle pouvait encore aider le gamin à s’en sortir. L’idée de le laisser derrière elle lui traversa l’esprit, car il la ralentissait dans son escapade. Mais au final, elle ne put se résoudre à l’abandonner. Il n’était qu’un jeune garçon qui ne méritait pas d’être laissé à son triste sort. Sa famille se faisait probablement un sang d’encre pour lui, et lui rêvait probablement de la retrouver, et juste pour ces raisons, elle ferait tout en son pouvoir pour lui éviter que leur séparation ne soit rallongée. Main dans la main, les gamins s’enfuyaient donc ensemble.

Passant rapidement devant deux gardes afin de se rendre dans la salle principale, qui leur assurerait leur sortie à coup sûr, elle fut toutefois arrêtée dans sa course. Elvin venait de freiner brusquement. Elle voulut tirer sur son bras pour l’inciter à poursuivre sa course, mais ce dernier lâcha sa main. Mais que lui passait-il par la tête? Ce n’était pas le temps de s’arrêter tandis qu’ils étaient si près du but! Elle comprit la source du problème lorsque la poussière retomba sur le sol et qu’une petite tête blonde apparut dans les bras du prêcheur : la petite sœur du garçon. C’était donc ça! Elle vit en même temps que Matis avait été capturé par l’ennemi.

Que faire? Essayer quelque chose pour sortir son compagnon de cette mauvaise situation? Mais quoi? Tenter l’impossible pour sauver la gamine? Mais comment? Les abandonner tous les deux et forcer Elvin à la suivre? Mais s’il ne coopérait pas, c’était peine perdue… Ils étaient pourtant si près de la sortie et pourtant, elle semblait inatteignable. Que faire? Il n’était peut-être pas encore trop tard pour les abandonner tous les trois et arriver à s’en sortir… Mais finalement, elle n’eut pas à choisir, car de grands bras se refermèrent sur elle. Les deux gardes avaient su profiter de ce moment d’hésitation pour s’approcher et pour l’attraper.

- Lâchez-moi! S’écria-t-elle.

Elle donna un coup de pied dans le genou de l’agresseur qui la tenait, ce qui lui fit relâcher sa prise. Elle glissa rapidement sa main dans sa botte afin de saisir sa dague qu’elle utilisa pour lui assener un coup. Elle se détacha du premier Alayien et esquiva les mains du deuxième qui voulait se refermer sur elle comme l’avait fait son camarade. Elle profita de l’opportunité pour s’éloigner de ses assaillants. Durant ce temps, Matis se battait de son côté dans le but de libérer la petite Sigvald et malgré son bras cassé, il prenait l’avantage dans le combat. Voyant cela, les deux gardes préférèrent apporter un coup de main à leurs alliés plutôt que de perdre leur temps à poursuivre Luna, qui courait à toute vitesse.

Ce n’est qu’en passant près du garde assommé par les poutres tombées qu’une idée lui traversa l’esprit. La chance tournait peut-être enfin en sa faveur puisque ce dernier avait laissé tomber son arc. D’une main, elle ramassa l’arme et de l’autre, elle attrapa quelques flèches de son carquois. La première flèche qu’elle tira fut destinée au garde, celui qu’elle n’avait pas blessé lors de sa capture, et qui se dirigeait vers Matis. L’archère encocha une deuxième flèche et c’est Aldakin lui-même qu’elle visa cette fois-ci.

- Si vous tenez à la vie, libérez immédiatement les enfants et laissez-nous partir! Ordonna-t-elle d'une voix forte afin que tous l'entendent. Sachant très bien qu’il était le chef, il était le seul qui pouvait ordonner aux siens d’arrêter. Je sais parfaitement m’en servir. Confirma-t-elle.

Ce n’était pas du bluff et ils avaient pu la voir agir un instant plus tôt avec cette arme, ce qui confirmait ses paroles. Menaçant le Prêcheur de sa flèche, elle en profita pour se déplacer vers la sortie.

- Matis! Prends les enfants et emmène-les en sécurité hors du Temple. Ordonna-t-elle.

Elle se retrouvait maintenant vis-à-vis la salle principale. Ainsi, elle pouvait rapidement sortir du temple lorsqu'elle le désirerait. Mais elle ne le ferait qu’une fois qu'Aldakin cède à sa demande et qu'après que Matis et les enfants ne soient passés en premier.

- Écoute-moi et fais-moi confiance. Dit-elle à son ami d’une voix assurée.

Les liens du sang avaient cela de merveilleux qu'ils poussaient aux plus stupides extrémités qui soient et Aldakin ne s'était pas trompé en misant sur l'amour fraternel pour ramener à lui le gamin en fuite. Impassible, son regard ténébreux considéra le petit bout d'homme qui se dressait à présent devant lui et lui intimait avec une touchante conviction l'ordre de libérer sa petite prisonnière. Courageux, certes, mais non moins stupide pour autant : quel espoir avait-il encore de parvenir à fuir désormais ? D'un signe de tête, le Prêcheur pointa un de ces hommes pour s'occuper du jeune garçon mais un excès de confiance de la part du désigné volontaire valut à ce dernier une douloureuse morsure et provoqua un retournement de situation des plus désagréables, fallait-il bien l'avouer.

Figé dans une immobilité parfaite comme s'il n'accordait pas la moindre importance à ce qui se déroulait sous ses yeux, Aldakin contempla la mort des soldats responsables de ce revirement sans même considérer la possibilité qu'il put intervenir pour les sauver. C'était à leur propre incompétence qu'ils devaient de mourir aujourd'hui, et des guerriers qui se révélaient incapables de maîtriser des enfants ne méritaient nullement de servir le Néant. Il n'eut d'ailleurs pas même un mouvement de recul lorsque le prénommé Matis, soi-disant capitaine de l'armée qui avait abusé Weren lors de sa quête de la pièce de Feu, vint menacer de lui trancher la gorge. A l'en croire, sa route avait déjà croisé celle de la défunte Lyra du Néant, on pouvait donc raisonnablement penser qu'il connaissait les capacités de ceux qui servaient l'Aîné Véritable mais de toute évidence, la leçon ne semblait pas avoir porté ses fruits. Ainsi soit-il, le plus dévoué adorateur du Néant se chargerait de le gratifier d'une séance de rattrapage : vif comme l'éclair, les doigts de sa main libre vinrent enserrer le poignet de la main qui tenait la dague, refermant leur étau d'acier et immobilisant totalement le bras encore valide du présomptueux rebelle. L'acier de la lame effleurait encore la peau du serviteur alayien mais la force qu'il faisait peser sur sa prise était telle que l'autre n'aurait pu ne serait-ce que bouger d'un millimètre.

« Heureusement pour vous, Falkire, je ne suis pas Lyra alors n'ayez crainte, je prierais pour votre salut. »

Sa voix était tombée telle un couperet : un simple mouvement de la main était tout ce qui séparait alors son agresseur d'une mort certaine. D'un instant à l'autre, il retournerait la dague contre son propre porteur et la plongerait sans aucun état d'âme dans le coeur du misérable insecte qui avait osé se dresser contre le Néant. Cet instant se fit toutefois attendre et le geste du Prêcheur fut retardé par l'injonction d'une voix féminine venue s'ajouter à la conversation sans y avoir été conviée. Le regard du général alayien, plus noir encore que ne l'était l'encre la plus pure, vint plonger dans les prunelles bleutées qui surplombaient l'arc dirigé vers lui. Voila une jeune fille qui ne manquait pas de cran et s'il était indéniable qu'elle avait peur, elle n'en déployait pas moins un effort considérable pour n'en rien laisser paraître. Toujours perchée dans le bras du Prêcheur, la jeune soeur Sigvald s'était pour sa part mise à pleurer à chaudes larmes.

Froidement indifférent devant cette nouvelle menace, Aldakin formula quelques simples mots tandis qu'il jetait un regard en direction du garde qui avait écopé de la première flèche de la petite archère :

« Tu as effectivement la main sûre et l'oeil exercé, c'est remarquable chez une si frêle enfant. Cependant... ma vie n'a pour seule valeur que celle que lui accorde Néant : je peux tuer à la fois ton ami et cette jeune fille avant même que tu n'aies eu le temps de décocher ta flèche, alors es-tu certaine de vouloir prendre un tel pari ? »

La question demeura en suspend quelques instants, et la tension qui exista bientôt entre la rebelle et le serviteur alayien n'eut bientôt rien à envier à celle qui s'exerçait encore dans la corde de son arc. Heureusement pour les deux boucliers humains dont les vies occupaient l'autre plateau de la balance, Aldakin fut le premier à céder, en apparence du moins, et il relâcha son emprise sur le bras armé de Falkire à l'instant même où il reprenait la parole :

« Tu es déterminée, Luna Duruisseau, c'est une qualité que j'apprécie. »

Désormais étonnamment docile, le Prêcheur libéra la petite soeur d'Elvin sans autre commentaire et ne fit aucun geste pour empêcher Falkire de s'éloigner avec les deux enfants Sigvald. Debout face à la petite archère qui le tenait toujours en respect, il ne la quitta pas des yeux tout le temps que dura la sortie des enfants qu'accompagnait le blessé et attendit qu'ils furent laissé seuls dans cet espace reculé du temple pour reprendre :

« Et maintenant ? »

Sans doute envisageait-elle de prendre la fuite à son tour, mais au risque de la décevoir, ce n'était pas précisément là ce qu'Aldakin avait envisagé pour elle.

« Si je puis me permettre un conseil, jeune fille, l'improvisation est mauvaise conseillère lorsqu'on affronte un adversaire qui nous est supérieur en tout. »

Il n'avait pas encore prononcé le dernier mot que déjà, ses jambes propulsaient son corps en direction de son adversaire. D'un bond d'un seul, il combla la distance qui les séparait avec une vélocité que n'eut renié un faucon plongeant sur sa proie, dégageant l'arc du tranchant de la main tandis que de l'autre, il venait asséner un violent coup de poing dans le flanc de celle qui avait eu la bêtise de penser maîtriser la situation. Il ne lui laissa guère le temps d'encaisser le choc et plongea immédiatement les doigts dans la longue chevelure aux couleurs des blés pour lui redresser la tête en arrière et l'empêcher de s'effondrer à genoux.

« Je suis navré d'avoir à recourir à de tels moyens, sincèrement, mais un jour prochain tu comprendras que j'agis dans ton propre intérêt : j'ai de grands projets pour toi... »

En attendant cependant, il lui fallait récupérer les petits Sigvald et veiller à ce que Falkire affronte une bonne fois pour toute les conséquences de ses actes, comme il le convenait. Entraînant sans ménagement sa captive dans son sillage, le Serviteur du Néant franchit les portes du temple pour gagner l'extérieur de l'édifice. En prévision du piège qu'il avait tendu à l'intérieur, le général avait planifié plusieurs patrouilles dans les ruelles du quartier. Avec un bras cassé et deux jeunes enfants pour le ralentir dans sa fuite, Falkire n'avait pu aller bien loin avant de retomber dans les filets des fidèles de l'Esprit Aîné.

Choix du joueur:

Dans son « milieu » il y avait trois règles. Trois obligations qu’on ne devait jamais transgresser sous peine de voir tout ce à quoi l’on tient disparaitre, détruit dans le chaos et la furie de la guerre. Trois règles que le jeune homme avait pas à pas, éléments après éléments, transgressées. Oui il s’en rendait compte, mais il savait ne pas avoir le choix.

Règle numéro trois, ne jamais sous-estimer son adversaire. Il savait qu’elle était l’une des plus importantes des règles que tout soldat et officier se devait d’apprendre et d’intégrer. La vie de ses soldats, des gens sous sa responsabilité ainsi que la sienne dépendait de son esprit et de la clarté de celui-ci. Les cimetières étaient plein à craquer de gens se croyant supérieur à leurs ennemis en les réduisant à de simple crétin sans réflexion ni jugeote. C’est lui-même ce qu’il avait pensé en imaginant que l’ennemi emmènerait un enfant aussi important et si peu protégé dans un lieu aussi « ouvert » que celui-ci.

Règle numéro deux, ne jamais se fier uniquement à ses yeux. Quand ils étaient tous deux entré dans le temple et une fois que leur cible avait été repérée il n’avait plus fait attention au reste. Certes il n’avait jamais été bon pour « voir » ce genre de détail et aujourd’hui il s’en voulait d’avoir raté tout cela. Peut-être que son erreur allait entrainer la mort d’autres personnes, Luna, les enfants… Qui savait…

Règle numéro un, ne jamais laisser ses émotions prendre le dessus sur son raisonnement. Il n’avait jamais été un froid calculateur comme tant d’autre, mais il avait toujours réussi à rester entre les deux. Un peu comme s’il avait toujours été sur un fil entre le jour et la nuit. Mais en cet instant précis, et alors que l’Alayien reprenais le dessus sur lui, il sût qu’il avait sauté de ce fil pour se jeter dans les bras de la nuit.

Il était maintenant dans une position que bien peu pouvait lui envier, et les paroles de l’Alayien le firent rire. Comme ça Lyra était morte ? C’était au moins une nouvelle qui avait le don de le réjouir, son frère lui avait déjà dit cela mais l’entendre de la bouche du général en chef c’était autre chose. Son petit laïus sur la prière le fit soupirer plus que rigoler et il ne put s’empêcher une petite phrase de son genre. Dans ce cas fais-le en silence. Je ne veux pas être le cocu de ta dépendance. Il se détachait clairement des paroles même si celles-ci allaient entrainer la fin de sa vie et si c’était le cas qu’il en soit ainsi. Sa compagne de toujours allait enfin avoir le dessus sur lui et l’entrainerait vers ses camarades déjà tombé au combat. Ce n’était pas une mort déshonorante et il n’avait pas peur de celle-ci, il était mort depuis bien longtemps. Il ne s’agissait ici que d’y ajouter la vérité physique, le reste avait déjà été compris par son esprit et il l’acceptait depuis longtemps.

Mais Luna intervint, déjà deux fois qu’il devait sa vie à une personne extérieure. Son esprit veillait sans doute sur lui pour ce coup là, mais il n’aimait pas devoir sa survie à quelqu’un d’autre. Néanmoins il n’en restait pas moins reconnaissant, et fut bien heureux de lâcher le prêcheur pour s’occuper des deux enfants. Attrape ta sœur, nous y allons rapidement. Venez ! Il entraina les deux enfants loin du temple, sa mission était de sauver un enfant, ce n’était pas le bon mais qu’importe. Mais il devait faire en sorte que la jeune Luna s’en sorte aussi et quand il se retourna pour la regarder il comprit à quel point il avait échoué. Ils étaient dans la foule, loin d’une intervention du Prêcheur, mais il put clairement le voir attaquer Luna et la mettre à terre sans que celle-ci ne puisse faire quoi que ce soit.
Il aurait voulu crier, il aurait voulu charger pour se le farcir mais il n’était pas en état et ne pouvait pas le faire avec les deux enfants. La mission devait se poursuivre. « Quoi qu’il arrive fait en sorte de mener à bien ta mission Matis, des pertes il y en aura toujours et tu ne pourras qu’en limiter le nombre mais jamais le réduire à zéro. » Voilà ce que lui avait dit son capitaine, mais jamais il n’avait accepté cela, pas même aujourd’hui. Il remit rapidement sa capuche sur la tête et entraina les deux enfants dans son sillage et se retrouva rapidement dans une des rue parallèles au temple, la petite pleurait encore ce qui attira l’attention d’une gentille vieille dame qui vint près d’elle.

Allons, allons ma petite, qu’est ce qu’il t’arrive donc ? Elle pinça doucement la joue de la petite et regarda Matis. Sans doute pensait elle qu’il en était le père, pourquoi ne pas jouer sur cette corde et la confier à cette vieille Dame ? Quoi qu’il arrive jamais ils ne pourraient s’en sortir s’ils restaient avec lui. C’est sa mère, ma femme est partie il y a quelques semaines à Althaïa et le fait de la retrouver lui fait plaisir. Il réfléchit un instant avant de poursuivre. Mais alors que je cherchais un moyen de gagner cette ville lointaine j’ai bousculer la mauvaise personne et depuis les Alayiens nous pourchasses pour nous faire les Esprits seules savent quoi. Je ne veux pas risquer leur vie, et je préfère me livrer plutôt que de leur attirer le malheur. Il laissa un petit instant à la vieille Dame pour comprendre la situation et termina enfin sa phrase. Je.. Je n’aime pas vous demander cela mais vous pourriez les mener à l’extérieur de la ville pour qu’ils n’aient pas de problème ?

Il ne savait pas comment elle réagirait, mais il ne pouvait pas poursuivre de la sorte. Lorsque la vieille dame les aura emmené avec elle il pourra alors aller récupérer ses armes enterrées non loin. Et une fois ceci fait, il pourra détourner l’attention des Alyiens en déclenchant des combats contre les patrouilles du prêcheur qui se trouvait un peu partout en ville. Il y laisserait sans doute la vie, mais ça n’avait pas d’importance, il devait sauver Luna et mener à bien sa mission. Quoi qu’il en coûte.

Il revenait sur le fil, celui qui déciderait de sa vie ou de sa mort.

Soudainement, tout autour de Luna disparut. Sa vue s’embruma, les gens disparurent et le temple s’évanouit autour d’elle. Il n’y avait plus rien, le temps s’était arrêté et tout ce qu’il restait n’était que le néant total. Son esprit était étourdi, plus rien ne semblait ne faire de sens. L’instant d’avant, elle tenait le Prêcheur en respect à l’aide de son arc. Elle avait cru avoir la maîtrise de la situation. Le Fanatique avait accepté son marché : celui de libérer les enfants et de relâcher Matis Falkire. Ces derniers étaient passés à ses côtés et étaient sortis du Temple. Jusque-là, tout allait selon son plan. Mais l'instant d'après, le Prêcheur était à ses côtés et lui assenait un coup. Comment les événements avaient-ils pu mal tourner? Elle avait sous-estimé son ennemi… Elle avait été sotte de croire qu’elle pouvait s’en sortir aussi facilement. Mais il était encore si loin! Par le Dracos, comment avait-il fait pour se rapprocher aussi rapidement d’elle? Elle aurait dû se douter qu’il avait plus d’un tour dans son sac et que le Néant s’amuserait à détruire ses plans. Elle ne connaissait rien de lui et lui, il semblait déjà connaître tout d’elle. Comment avait-il su qu’elle s’appelait Luna Duruisseau? S’il connaissait le nom qu’elle se donnait, quelle autre information détenait-il? Le Prêcheur n’était pas qu’un Fanatique du Néant, il n’était pas qu’un simple humain venu de loin, il se rapprochait plus d’un monstre…

Le souffle coupé sous l’impact du coup, le sol se déroba sous ses pieds. Son corps n’arriva plus à la supporter, une douleur lancinante apparut à son flanc et elle ne put retenir un gémissement de douleur. L’arc tomba dans un bruit sec et Luna allait le suivre dans sa chute, mais elle ne toucha jamais au sol. Elle fut plutôt retenue par son assaillant sans la moindre délicatesse de sa part qui la maîtrisait par sa longue chevelure blonde. Son corps ne lui répondait plus tant elle avait mal, mais dans un geste désespérée, elle cligna des yeux et pas qu’une seule fois… Mais rien ne se produisit. À quoi avait-elle pensé?! On lui avait pourtant bien dit que la magie ne fonctionnait pas au sein du Temple. Ses espoirs étaient réduits à néant; c’en était fini, il l’avait attrapée. Dans quelques secondes, il n’y aurait plus de Luna qui soit. Elle faillirait à la promesse qu’elle avait faite à Ombre lorsqu’elle irait rejoindre l’Esprit de la Mort. Mais les mots qu’Aldakin prononcèrent lui glacèrent le sang tandis qu’elle réalisait qu’elle allait vivre encore. Et que ça ne lui présageait rien de bon…

Prisonnière d’Aldakin, elle se résolut à le suivre afin d’éviter plus de maltraitance de sa part. Elle avait compris qu’elle ne faisait pas le poids et qu’il était inutile de dépenser son énergie pour un combat perdu d’avance. Restant silencieuse, elle suivit les hommes du Néant jusqu’à l’extérieur du Temple. Elle toisa rapidement les alentours. La bonne nouvelle était qu’il n’y avait aucune trace de Matis ni des enfants. La mauvaise nouvelle était qu’il y avait des gardes partout qui sillonnaient la ville. Ce n’était qu’une question de temps avant qu’ils ne les retrouvent, mais elle espérait de tout son cœur qu’un miracle se produise pour leur permettre de s’échapper. Ce qu’elle craignait le plus c’était que son compagnon revienne et qu’il fasse quelque chose d’aussi stupide que d’essayer de venir la libérer des griffes d’Aldakin. Le connaissant, elle savait que c’était son genre de jouer les héros de la sorte. Ses craintes se confirmèrent tandis qu’un cri de triomphe s’élevait rapidement au sein de ses ennemis et qu’ils pointèrent du doigt une tête blonde au loin qui lui était un peu trop familière à son goût. Mais il était fou?! Mais qu’est-ce qu’il s’imaginait pouvoir faire? Et les enfants, avait-il pensé à eux? La petite fut d’ailleurs surprise de voir que les gamins n’étaient pas avec lui et elle ne fut pas la seule puisque les ennemis semblèrent également perturbés par la vue d’un Matis seul.

Elle ressentit la prise d’Aldakin se relâcher de son bras et conclut que si elle voulait agir, c’était maintenant ou jamais! Il fallait absolument détourner leur attention du capitaine et elle, il fallait absolument qu’elle essaie de s’enfuir. Même si ça ne fonctionnait pas, elle considérait que ça valait la peine d’essayer. Elle ne s’avouera pas vaincue aussi rapidement!

Risquant le tout pour le tout, elle bouscula le Prêcheur afin de s’extirper de son emprise et prit ses distances. C’était de la pure folie et elle ne pouvait croire qu’elle allait vraiment faire ça : soufflant dans son poing*, une nuée d’insectes s’éleva dans les airs. Si cette distraction ne couvrait pas Matis, rien ne fonctionnerait.

Luna se faufila entre les gens et prit ses jambes à son cou, courant aussi loin et aussi rapidement que cela lui était possible. Et si on jouait au chat et à la souris?




* [Offensif] Vol d'insecte
Il invoque une nuée d'insecte autour de la cible, la ralentissant de moitié, mais c'est parfois utile.

Geste clé : Souffler dans son poing fermé

Accompagné de sa jeune captive, le général alayien quitta le temple juste à temps pour diriger son regard obscur sur la silhouette du capitaine Falkire que la garde venait de repérer. Juste à temps également pour assister à un nouvel élan de courage – mais n'était-ce pas plutôt de la bêtise ? - de la part d'une demoiselle décidément bien trop remuante pour sa propre sécurité. Considérablement amplifiée par le bouleversement de magie qui avait déferlé sur le continent ces dernières semaines, la nuée d'insectes que venait d'invoquer la jeune fille prit rapidement des proportions particulièrement alarmantes. Les dizaines devinrent centaines, les centaines devinrent milliers et ce fut bientôt une véritable invasion de petites créatures ailées vrombissantes et sautillantes qui déferla sur les rues de ce quartier de la capitale impériale. La panique se répandit rapidement dans la population autant que chez les soldats qui voyaient leurs armures envahies par les insectes. Plusieurs personnes commirent l'erreur d'essayer de hurler mais la densité du nuage ailé était telle que les cris s'étouffèrent bien vite devant la perspective peu réjouissante d'avaler les petits indésirables par poignées entières. Agacé, pour ne pas dire particulièrement contrarié, Aldakin s'élança à la poursuite de la fugitive avec souplesse et vélocité, sans accorder la moindre importance à la masse vivante dans laquelle il évoluait alors. On ne voyait pas à plus de quelques pas dans ce rideau de pattes, d'ailes et autres cuticules, mais cela ne devait pas altérer l'orientation du général guidé dans ce chaos par l'instinct d'un Esprit Supérieur particulièrement désireux de voir son serviteur accomplir sa volonté. Plusieurs personnes affolées le bousculèrent, mais pas une fois son pas ne sembla dévier de sa course, l'alayien repoussant vigoureusement et sans ménagement les obstacles vivants ou non qui se dressaient sur son passage. Il parvint même à accélérer sa foulée lorsqu'il sentit plus qu'il ne vit diminuer la distance qui le séparait encore de sa proie. Dix mètres, cinq mètres, un mètre... et son bras put se tendre pour refermer les doigts sur la tunique de la jeune archère un peu trop entreprenante.

Il n'eut cette fois pas le moindre égard pour elle, la tirant violemment vers l'arrière tandis qu'il plaçait l'une de ses jambes en travers de celles de la jeune fille pour la faire trébucher. Il eut été si facile alors de la transpercer de son épée en juste châtiment de son effronterie, mais tel n'était pas le destin qui lui était réservé. Pas encore, du moins. Au lieu de cela, Aldakin frappa de nouveau, plus fort encore que la première fois et au visage. L'impact de son poing brisa le cartilage délicat du nez mais assomma une bonne fois pour toute la petite indisciplinée dont le visage se marquait déjà des traces écarlates que traçait le sang s'écoulant de ses narines martyrisées. D'un bras, il souleva de terre le petit corps inanimé et le posa sur son épaule comme il y eut posé un sac de pommes de terre avant de s'éloigner rapidement.

Tandis qu'il quittait les lieux, son regard intercepta celui d'un jeune officier arborant les couleurs de l'Alayia auquel il commanda sèchement :

« J'emmène cette prisonnière en lieu sûr, vous et vos hommes, faites cerner le quartier. Falkire et deux enfants s'y cachent encore, ils ne doivent pas en sortir : trouvez les et tuez les. »

« Et s'ils se rendent ? »

« Vous les exécutez. »

La compassion et la miséricorde avaient leurs limites, trop de témoins avaient assisté à la scène et il n'était pas souhaitable de laisser germer dans l'esprit de la population l'idée que Néant pouvait ainsi être bafoué.

Il avait enfin récupéré ses armes et armures, mais est ce que cela allait changer quelque chose au final ? La jeune fille était sans doute encore entre les mains du prêcheur et quoi qu'il puisse faire il n'arriverait pas à la libérer. Il savait déjà qu'il ne pouvait rien faire d'autre que retrouver les deux jeunes enfants et faire en sorte qu'ils arrivent en vie à Aigue Royale pour les rendre à leurs parents. Mais la jeune femme ? Pouvait il décemment la laisser ici ? Après tout il avait déjà tout fait pour les jeunes enfants, il était maintenant temps d'aller aider Luna, même s'il devait en mourir. Ce qui serait certainement le cas s'il tombait sur Aldakin encore une fois..

Il dut rapidement sortir de ses sombres pensées car le voila revenu sur la place du grand temple du néant, là où fidèles et soldats du néant se trouvaient. Il pensa même qu'ils l'attendaient tous même si c'était très loin d'être le cas... Quoi qu'il en soit il n'eut pas le temps de faire quoi que ce soit, pas de charge héroïque, pas de fanfaronnade de la dernière chance. Rien de tout cela. La magie venait d'entrer en jeu et il ne pouvait rien faire contre la magie de la jeune femme. Elle avait beau être frêle et faible au premier regard, il y avait en elle une puissance jusqu'alors totalement sous-estimée. Et ce qui était clair c'est qu'elle n'avait aucun mal à s'en servir.

D'abord quelques dizaines, puis des centaines et enfin des milliers d'insectes de toutes sortes se matérialisèrent sur la place semant une vague de panique et de mort partout où ils se déplaçaient. Au regard qu'il avait perçut de la jeune femme avant qu'elle n'entre en scène il sut ce qu'il devait faire. Elle se sacrifiait pour sauver les vie des enfants et celle de Matis, il ne pouvait pas revenir sur son choix, il devait la laisser à l'ennemi. Il avait à de trop nombreuses reprises vu ce regard sur des visages bien trop jeune pour le porter. Et pourtant ces gens là comprenait à quel point leur sacrifice était important pour la suite de la guerre, lui même avait dût le vivre une fois. Mais il n'en était pas mort. Qu'en serait il pour Luna ?

Il sortit une nouvelle fois de son esprit morose et se rua hors de la grande place. Il courrait dans les rues en esquivant les passants et en se mélangeant de plus en plus avec la foule l'environnant. Il ne savait pas ce qu'il adviendrait de la jeune femme mais lui devait s'en sortir vivant s'il voulait poursuivre la lutte et aller la chercher. Pour une raison qu'il ignorait il se doutait que s'il revenait sur ses pas il ne s'en sortirait pas vivant. Il avait comprit au premier regard du prêcheur, il lui en voulait à mort et ce n'était pas uniquement à cause du fait qu'il était un "hérétique". C'était autre chose...

Il y eu un bazars monstre dans le centre de la ville pendant tout le temps que dura la tempête d'insecte mais celle ci eu l'avantage de lui permettre de sortir sans trop de difficulté de l'enceinte Blanche. Et il savait qu'il devait poursuivre sa route sans plus tarder car bientôt les alayiens se mettraient à sa recherche et ils n'hésiteraient pas un seul instant à le tuer s'ils le trouvaient. L'objectif suivant fut donc de quitter la ville de Gloria le plus rapidement possible et pour éviter les contrôle aux portes principales de la ville il n'y avait pas trente six solutions. Il devait utiliser une des poternes secrètes de l'enceinte extérieure. Une de celle qui l'avait aidé durant le siège à orchestrer plusieurs opérations contres les Alyiens. Dire que c'était eux qui étaient dans la ville maintenant...

Après plusieurs heures à attendre et le bon moment et le bon endroit il tenta sa chance en se faufilant aussi discrètement que possible en dehors de la cité. Un seul garde, dommage pour lui mais il était au mauvais endroit au mauvais moment. Il le tua donc en prenant bien soin de laisser un message manuscrit sur papier pour le Prêcheur.

Citation :

Essaye encore Prêcheur. Le Survivant t'échappe et reviendra s'occuper de ton cas.

Oui c'était idiot de sa part, mais il n'avait pas pu le faire de vive voix, alors de cette façon il conservait encore un peu la main en humiliant son ennemi. Mais il n'oubliait pas qu'il devait son salut au sacrifice d'une jeune femme...

Il mit deux jours à retrouver Julia et les chevaux qui leur avait permit de quitter Aigue Royale plusieurs jours voire semaines auparavant. Et il lui fallut deux bonnes semaines pour atteindre la capitale Rebelle, entre temps son premier officier s'était occupé de son bras qui allait un peu mieux mais qui demandait quelques jours de repos de plus. Et il avait apprit une bien terrible nouvelle. Non seulement Alford avait trahit, mais il avait indiqué la position exacte du siège de la rébellion.

Autant dire que quand il arriva il fut rapidement mit au travail pour préparer la défense de la ville. Est ce que le sacrifice de Luna avait servit à autre chose que rendre deux jeunes enfants à leurs parents ? S'était à lui de rendre sa vie utile pour la rébellion et tout faire pour aller chercher la jeune femme.... S'était une promesse qu'il lui faisait...

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