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Vous chantiez et bien dansez maintenant [Eliow]

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MessageSujet: Vous chantiez et bien dansez maintenant [Eliow] Vous chantiez et bien dansez maintenant [Eliow] Icon_minitimeVen 18 Juil 2014 - 19:20

Fin février.


Norwen revenait à Aigue. Le sourire aux lèvres et une certaines brillances dans les yeux. Sa dernière visite à l'escadron de recrutement des soldats vampiriques avaient été bénéfiques. Sur la totalité des nouveaux soldats, certains se détachaient du lot. Valeureux anciens guerriers, paysans la poigne solide, jeune femme à la féroce soif de sang et même deux alayens récupérés de façon bien étranges. Qu'importe, ils feraient l'affaire pour servir leur prince. Les autres. Ba ils serviraient de petits pions se faisant faucher les premiers dans l'espoir d'affaiblir au moins un peu leurs adversaires. Mais la générale vampirique était confiante. Ses jeunes recrues étaient entre des mains expertes et de confiance pour parvenir aux souhaits de leur souverain. C'était donc avec hâte qu'elle rentrait, victorieuse, à Aigue, dans ces galeries de tortures, où elle devait côtoyer repas et mépris. Car pire que de ne pas croquer dans un des humains rebelles, tolérer les elfes étaient bien plus difficile et presque impossible. Voilà pourquoi, elle préférait souvent sortir et mener l'armée vampirique au sommet que de voir ses oreilles pointus suffisant et arrogant se pavaner dans les galeries. Ils étaient certes peu, mais deux c'était déjà trop. Alors une poignée. Par le Dracos si elle pouvait juste s'en servir d'un pour utiliser ses oreilles comme nouvelle corde d'arc pour un de ses soldats. Elle en deviendrait presque maternelle avec eux.

Descendant de son destrier vampirique, la générale avançait droit vers le logement, du moins la caverne qui avait cette fonction, de son prince adoré et vénéré. Confiante d'être reçue avec un intérêt digne de sa nouvelle, Norwen jubilait de revoir son Seigneur et de prouver ainsi son entière dévotion à sa cause.

Mais souvent la Vie ou le Dracos vous mettait sur la route des obstacles et des défis qui mettaient à mal vos nerfs fragiles.

La vie dans les cavernes avaient été rapidement un état de fait pour la jeune vampiresse, qui avait bien vite suivi sa mère et créatrice sur le nouveaux lieux de vie des créatures de l'ombre. Il avait très vite fallut se faire à la noirceur des pierres, à l’oppression du confinement et à la vie en collectivité d'un peuple indépendant et prompt à régler la moindre broutille par un flot de sang noir. La liberté enfin accordée quand elle fut reconnue comme éclaireuse, et ensuite la libération : enfin les vampires sortaient de l'ombre, ayant trouver celui qui incarnait la force et le respect de leur race. Lorenz Wintel imposait pas seulement par sa force et la crainte que l'on pouvait attendre de lui. Non, il savait parler, il savait ce que son peuple voulait. Et il se donnait les moyens pour y parvenir. Comment ne pas le suivre ? Peu se posait la question à vrai dire. Seul quelques hurluberlus ou orignaux, des moucherons qu'elle empêchera de nuire pour le bien de tous.

Ses pas claquant contre la roche du sol, Norwen fit signe aux deux soldats qui la suivaient de partir. Elle n'avait pas besoin de deux pantins pour voir son prince. Elle serait seule avec lui et ses nouvelles réjouissantes. Enfin un peu d'espoir dans cette attente placide. Les humains semblaient presque aussi lent que les elfes. Ou bien Norwen n'était guère patiente. Quoiqu'il en soit cette situation ne devait pas durer plus que de raison. Car, elle ne serait pas la seule impatiente à ce niveau. Et pas sûr qu'elle puisse contenir une rébellion vampirique.

Mais avant toute chose, il fallait qu'elle mange. Elle ne pouvait avoir l'air impatiente devant son prince. Et la faim la tiraillait depuis qu'elle avait ressenti l’effluve du sang des humains qui empestaient dans les galeries. Au dehors, elle s'en était à peine rendu compte.
Un détour par les prisons où étaient gardées précieusement le saint sésame pour les vampires. Un peu de réconfort dans ce monde de brutes. La jeune femme pris avec elle un alayen bien lasse, bien juteux, et amorphe, sûrement sous le coup d'un quelconque sort. Tant mieux, elle n'avait pas de temps.
L'empoignant avec force elle le dirigea vers ce qui servait de couloir, plantant ses crocs dans sa chair et savourant le met précieux qu'il proposait. Quelques instants plus tard, elle le laissa tomber au sol, inerte comme un pantin. En relevant les yeux, ceux-ci se perdirent sur une silhouette grande et fine. Le sang sur le coin de sa bouche coulait doucement sur sa peau blanche.

« -Vous êtes perdus ou bien vous allez enfin servir ceux à quoi vous aspirez ? »

Tapotant du bout du pied son repas gênant et gisant sur le sol.




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MessageSujet: Re: Vous chantiez et bien dansez maintenant [Eliow] Vous chantiez et bien dansez maintenant [Eliow] Icon_minitimeDim 20 Juil 2014 - 0:19

Il était arrivé depuis peu à Aigue et avait intégré il y a quelques jours à peine le groupuscule des rebelles dans leurs sombres souterrains. Il avait rencontré le dirigeant des rebelles, le célèbre Korentin Kohan, frère cadet du décédé Empereur Gregorist Kohan, qui aurait dû être son héritier et se retrouvait pourtant à devoir lutter contre son fourbe et traitre cousin... Une sombre histoire de complots, de meurtres, et de mensongeries typiquement humaines, à ce qu'il avait cru comprendre. Il avait ainsi reçu le fameux anneau des rebelles destiné à leur permettre de se reconnaitre entre eux. Histoire d'éviter qu'ils s'entretuent, surtout entre anciens ennemis. ET des anciens ennemis... Il y en avait de nombreux, dans cet étrange groupe hétéroclite. Parfois Eliowir ne pouvait s'empêcher de se demander quand tout cela exploserait.

Lui-même d'ailleurs se sentait un peu... perdu, désemparé dans cet environnement sous-terre si étouffant et si éprouvant pour ses nerfs, et... étrangement mis au ban. Il était un elfe, et de ce fait vampires et humains semblaient, comme toujours, le dénigrer et le mépriser au plus haut point. Il aurait eu tendance à leur rendre d'ailleurs... s'il avait toujours été le Eliowir d'avant. Mais ça, c'était avant justement. Visiblement il avait changé, et plus encore que ce qu'il n'avait pu croire. Il semblait voir les choses, les gens, les autres peuples... différemment. Il ne pourrait pas dire les apprécier ni les connaître, encore moins les comprendre et les excuser dans leurs comportements qu'il trouvait parfois méprisable et détestable, mais... une nouvelle envie de réellement comprendre était née en lui, en son coeur et son âme. Une envie de comprendre pleinement, non plus d'un point de vue simplement elfique, mais d'un point de vue pragmatique, en n'étant plus aveuglé par d'anciennes haines ancestrales en grande partie déplacée et dépassée. Une envie de réellement tenter de comprendre du point de vue de l'autre et non plus le sien. Et de cette envie, lui était venu l'impossibilité de totalement mépriser les autres peuples, l'impossibilité de les dénigrer au fond de lui, l'impossibilité de leur donner tous les tords et tous les défauts du monde. Malheureusement, ce n'était pas encore en sens inverse.

Quant à son propre peuple... Il n'était peut-être plus un banni, bien que maintenant grand paria, mais il n'était pas pour autant accepté ni même toléré par les siens. Les elfes étaient peu, bien peu, comparés aux autres peuples, mais le peu qui était présent lui montrait au centuple le mépris que les vampires ou les humains pouvaient déjà lui offrir. Ce qui lui laissait un goût d'amertume et de... dépit. Désespoir aussi. "Absolution ne serait donc effectivement jamais pour lui ?" ne pouvait-il s'empêcher de penser, tandis qu'il tentait d'ignorer les regards méprisants et accusateurs, voire haineux.

Peut-être était-il aussi trop fatigué par son long voyage, qu'il avait voulu mener rapidement, d'une traite, parfois sans même une pause dans la journée, si ce n'est celles des besoins élémentaires pour lui et son destrier. Oui, sans doute même. Ou peut-être n'était-ce que réalité enfin révélée, vibrant de toutes ses ombres austères, sous la lumière crue d'une longue vie d'errance et d'erreurs... Mais qu'importait au fond, se força-t-il à penser, dans une vaine tentative de chasser ses obscures pensées. Dans toute cette histoire, il y avait au moins deux points positifs. Le premier est qu'il pourrait enfin se rendre utile ici. Et sur de nombreux points. En complétant Consciencia, en partageant ses connaissances de tous les peuples, du moins humains, alayiens compris et elfe surtout, et en participant à l'effort de guerre avec sa magie et ses quelques capacités guerrières. Enfin autre point : il avait enfin revu le beau, le digne et noble millénaire. Et cette simple pensée lui arracha étrangement un discret sourire.

C'est ainsi, plongé dans ses pensées, qu'il perdit son chemin, et se mit à tourner en rond dans les mesquines galeries, toutes alambiquées de tournants traitres et fourbes, de couloirs à n'en plus finir aux sombres parois suintantes, le tout saupoudré de pestilences méphitiques parfois. Il pestait en silence contre son manque d'attention et surtout contre le choix des rebelles, même si au fond de lui il ne pouvait que leur concéder qu'il aurait choisi le même endroit, quand il tomba presque nez à nez sur une rebelle. Une vampire, comprit-il instantanément, quand son regard nuit tomba sur la perle de sang qui dégouttait sans l'once d'une gêne au coin des lèvres de l'exquise, mais visiblement redoutable, vampiresse. Oui, exquise, constata immédiatement son lion agité. Mais redoutable et surtout prédatrice, ne put que se hérisser l'elfe en lui.

Elfe qui retint à temps un haut le coeur quand son regard rencontra la pâleur mortelle du corps gisant à terre... et la flaque de sang qui commençait à se former sous lui. Une voix glacée le força à détacher son attention de cette contemplation morbide, et Eliowir releva ses orbes sombres sur la belle silhouette devant lui, tout en offrant alors un facies des plus hautains, menton relevé en une moue arrogante digne du fier lion qu'il voulait être, tout en toisant sa cible de sa haute stature.

- Je ne suis nullement perdu, je visitais ce qui semble devoir devenir notre habitat commun. Et je suis ici, en ce lieu, en cette... compagnie, fit-il en mettant dans ce dernier mot tout le mépris qu'il pouvait avoir, que pour servir une cause, cause commune, et non une personne en particulier.

Se retenant à temps de rajouter "certainement pas vous ou les vôtres". Mais il retint ces derniers mots. non pas pour éviter de froisser la jeune vampiresse, dont il n'avait que faire en cet instant. Mais plus par... par... il ne savait quoi. peut-être pas respect envers un autre, un autre des siens à elle, même si plus ancien. Plus... millénaire...

Il s'apprêtait à rajouter un de ses autres sarcasmes des plus piquants, quand il aperçut du coin de l'oeil le sang trempé ses bottes. Il voulut alors faire un pas de côté pour fuir cette flaque visqueuse à l'odeur âcre et écoeurante... mais la flaque sembla prendre à coeur joie de le faire glisser. Un pas traitre, une botte toute aussi traitresse, et le voilà à tenter de rétablir son équilibre... pour mieux tomber soudain sur le gisant, qui, dans son masque macabre, sembla soudain le narguer d'un sourire grimaçant des plus moqueurs. Eliowir manqua de peu de couiner en se retrouvant ainsi les yeux dans les yeux avec la mort en personne, et redressa vivement la tête et le torse... appuyant ses mains sur le dos ensanglanté du mort, les maculant alors elles-même de ce liquide poisseux... Il les retira vivement et les regarda, affligé soudain de cette peinture vivante qui le recouvrait, tandis qu'il sembla soudain pétrifié, à genou, gisant lui-même dans ce rouge carmin l'engluant. Adieu le fier et noble lion. Adieu le digne et arrogant elfe Serillëiel. Il n'y avait plus en cet instant que la proie soudain consciente d'avoir un prédateur à ses côtés... et la mort en face de lui.

La mort pour alliée, pensa-t-il subrepticement.

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MessageSujet: Re: Vous chantiez et bien dansez maintenant [Eliow] Vous chantiez et bien dansez maintenant [Eliow] Icon_minitimeMar 22 Juil 2014 - 16:42

Une visite ? Du garde manger vampirique ? Cet elfe était soit stupide, soit un piètre menteur. Il puait l'arrogance à plein nez, comme tout bon elfe qui ne se respecte pas. D'un œil un peu suspicieux, la générale regardait cet elfe balafré. Une visite impromptue ou bien une curiosité malsaine pour observer et espionner les vampires ? Les elfes en étaient capables, ces fourbes étaient capables de tout.

« -Bien étrange visite ! Cela vous intéresse donc de savoir de quelle façon vous pourriez finir ? Ou bien d'étudier comment nos ennemis finissent ? »


Norwen lui fit un sourire carnassier, laissant ses canines de prédatrices décorées sont visage de jeune fille. Elle lui répondit avec un naturel, frisant pourtant l'ironie un brin cruel.

« -Une cause commune ? Vous en vouliez peut être ? »

Il fallait mieux se jouer de l'ironie de la situation. Puis Norwen avait mangé, elle se sentait d'humeur joueuse et rien de mieux qu'un elfe en dessert.

« -Ah ??? Pas même votre empereur ? Un elfe ne baissant pas les pieds de son souverain ? C'est bien étrange. Décidément, vous êtes de curieuses créatures.»

Les elfes étaient pourtant connus pour leur très grand respect de... tout. La nature, leur famille, la politesse, la vie, la mort, leur assiettes. Et leur chef qui était un guide dans leur foret, qui avait une parole presque autant bénit que celles des Esprits. Alors ne pas se battre, lutter pour sa lutte impériale et na pas lutter pour les elfes, il y avait de quoi s'interroger. Même pour une lutte commune. Mais cela devait être un truc de mangeur de salades et d'humains. D'ailleurs qu'elle était-elle ici la lutte elfique? Les elfes étaient minoritaires, toujours bien cachés dans leur foret à fermer les yeux sur ce qui se passaient sur Armanda. Le ciel pourrait leur tomber sur la tête qu'ils se s'occuperaient que de leur arbres et pas de ce que demain pourrait être.

Ne cherchant pas à comprendre plus les elfes, de toute façon leur soucis seront bientôt régler, Norwen lui désigna de la main la proie inerte au sol.

« -Mais allez-y, faites je vous prie, goûter le met de cet alayen. »

Norwen était bien loin de se douter que l'elfe suivrait ses conseils. Le sylvain fut attiré au sol comme pour mieux écouter les paroles railleuses de la générale. Il ne fallait se donner tant de mal. Norwen ne put retenir un rire sardonique et mauvais qui étira son visage juvénile laissant une lueur mauvaise luire dans ses grands yeux clairs. Eh bien s'il voulait vraiment devenir un vampire ou bien se soustraire à elle, il fallait le dire, elle se ferait un plaisir de répondre à ses attentes. Il restait toujours une petit place pour un elfe qui semblait avoir un âge où le sang est un met appréciable. Certes bien moins que celui des humains, mais qu'importe. Le plaisir de croquer la chair d'un grandes oreilles prendrait le dessus. Elle ferait un grand effort pour lui.

Mais en attendant, il cherchait piteusement à se relever et faire partir ce fluide visqueux mais ô combien délicieux sur ses mains. Mais ce qui était encore plus délicieux c'était de voir la fierté elfique au sol semblant rager de sa bêtise, se relevant avec le peu de panache qui lui restait. Enfin aux yeux de la vampire, il n'en n'avait plus.

« -Si vous voulez que je vous aide à devenir pleinement un des nôtres ? Ou bien préférez-vous nous servir comme un bon elfe. A nos pieds ? »

Ses yeux clairs le regardaient comme un animal au sol. Celui dont on attendait de savoir s'il valait mieux l'achever pour faire taire ses souffrances ou bien lui laisser une chance. Quand bien même Norwen avait sa propre idée quand à la démarche à suivre. Mais sa présence en ces lieux lui donnait une légitimité qu'il ne méritait pas.
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Eliowir Serillëiel
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MessageSujet: Re: Vous chantiez et bien dansez maintenant [Eliow] Vous chantiez et bien dansez maintenant [Eliow] Icon_minitimeLun 28 Juil 2014 - 0:23

Eliowir sentait une sourde colère monter en lui à chacune des phrases de la vampiresse, ce qui ne fit que raffermir son masque d'arrogance de lion outragé. Il n'eut toutefois guère le temps de rétorquer quoique ce soit qu'il se retrouva à quatre pattes par terre, dans la marre sanglante de l'alayien. Il put d'ailleurs constater qu'a priori ces fanatiques n'étaient bel et bien que des humains, tout ce qu'il y avait de plus humains.

Le vieil elfe était toutefois si écoeuré de ce spectacle morbide dont il devenait soudain le témoin direct, qu'il peina à reprendre ses esprits. Il entendit vaguement un rire presque cruel claquer au dessus de lui. Il aurait voulu répliquer par un de ses sarcasmes bien sentis. Il aurait voulu lui faire ravaler son rire mal placé. Il aurait voulu se relever dignement comme si de rien n'était. Il aurait voulu arborer un masque impassible en fier elfe qu'il était... en digne lion... en noble Serillëiel... Mais tout ce qu'il parvint à faire en cet instant c'est de fixer le sang qui souillait ses mains, ses genoux, ses bottes, ses beaux habits... d'un air plus qu'écoeuré. Aucun son ne put franchir la barrière serrée de ses lèvres pâles, plus pâles encore que le teint blême que son visage balafré avait pris soudain, tant il se concentrait pour retenir le haut-le-coeur qui le submergeait à l'odeur âcre et entêtante du sang. Du sang... Du sang !

Certes ce n'était pas la première fois qu'il en voyait, ni la dernière. Et il avait même connu d'autres occasions où le sang avait coulé de façon bien plus abondante, tel le fleuve carmin enragé que seules les guerres savaient faire couler. Mais là... Là il ne s'agissait pas de guerre. Pas totalement en tout cas. Cet humain, certes alayien, n'était pas mort lors de combat ni de blessures de guerre. Mais il était mort d'une morsure vampirique ! Mort tué par un vampire ! Un vampire qui était, de fait, son allié ! Rien que cette pensée retournait en ébullition toutes les pensées agitées du vieil elfe qui sentait, en cet instant, toutes ces vieilles haines, vieilles rancunes, nourries de mythes et légendes elfiques, ressurgir en son coeur et en son âme. Il en tremblait soudain, et de dégoût profond, envers la créature à ses côtés, et envers lui-même, et d'une certaine peur. Peur oui... car cet humain... en d'autres temps, d'autres circonstances, il aurait pu être à la place de cet humain et gésir dans cette marre poisseuse. Là, mort, agonisant, la vie s'échappant alors plus vite encore que ce fluide vital ne quittait ce corps délabré, fluide qui semblait avoir un goût si suave et si prisé pour ces viles créatures prédatrice. Il aurait pu, oui il aurait pu... s'il n'avait pas été allié. Mais il suffisait au final de si peu pour que alliance s'effrite et que vieilles guerres renaissent.

Les vampires n'étaient pas fiables, la preuve en était ! Ils n'étaient que prédateurs assoiffés ! Ses folles pensées agitées le faisant soudain douter si sournoisement furent brutalement coupées dans leur élan frénétique par la voix railleuse de la vampiresse, qui reprenait alors sa morgue insolente à son égard.

« -Si vous voulez que je vous aide à devenir pleinement un des nôtres ? Ou bien préférez-vous nous servir comme un bon elfe. A nos pieds ? »

Morgue qui le fit brutalement revenir à la dure réalité, se demandant d'ailleurs si cauchemars n'étaient pas venus la peupler au passage, et l'extirpa complètement de sa transe terrorisée, tous ses sens soudain aux aguets, alors qu'ils tiraient la sonnette d'alarme d'un danger immédiat. Proie il était, en présence d'un prédateur, réalisa-t-il abruptement.

Et se disant, il s'arma du peu de courage qu'il lui restait, rassemblant les pans de fierté émiettée qu'il lui restait, et tenta de se redresser, son corps semblant agité des mêmes tremblements branlants que ses convictions malmenées. Il tenta également d'essuyer la souillure carmine de ses mains.. mais ne réussit qu'à étaler plus encore cette ignominie sur ces beaux apprêts. Dépité, il capitula. Et releva le regard pour mieux tomber dans celui de son vis à vis.

Prédateurs, pensa-t-il quand ses orbes nuits se reposèrent sur la belle vampiresse. Tout en elle le lui criait : de son ton plein d'arrogance et d'assurance, dans sa posture faussement nonchalante tel un félin guettant la moindre faiblesse chez sa cible, ou dans son regard qui semblait dévorer la source de sang frais qu'il était des yeux. Prédateurs, tous des prédateurs sournois et vils ! Tous ? Non, pas tous, se rappela-t-il abruptement, alors qu'une image, un visage, se dessina en lui aussi nettement que s'il était là à leurs côtés. Non, pas tous... Ce beau millénaire, ce digne vampire des temps anciens... Non, pas tous. Et si tous n'étaient pas tels, alors...

Alors espoir encore il y avait. Peut-être. Et cette pensée suffit à apaiser ses convictions malmenées, à raviver la flamme qui l'avait fait courir rejoindre la rébellion. Non, espoir n'était pas encore mort, pas tout à fait. Ce sang, cette vie arrachée, cette vilénie... n'étaient pas l'apanage de tous.

Se raccrochant alors à cette idée, avec la détresse d'un naufragé à son radeau, il parvint à raffermir son regard et à retrouver sa voix. Quoiqu'elle lui semblait un peu trop rauque pour totalement masquer son trouble agonisant :

- Les elfes n'ont jamais servi les vampires. Ni les vampires les elfes d'ailleurs, rétorqua-t-il.

Il ne put toutefois s'empêcher de déglutir fortement, sa pomme d'adam marquant clairement sa lente et laborieuse déglutition, signe net et détestable de sa nervosité. Il s'en fustigea mentalement, mais ne parvint toutefois à se départir de cette frilosité qui courait le long de son échine dès qu'il croisait le regard de la jeune vampire.

- Et je ne souhaite nullement devenir des vôtres, merci bien.

Il montra alors rapidement son anneau comme pour lui rappeler qu'elle ne pouvait, devait !, pas le toucher. pas comme elle le désirait du moins. Toutefois, si jamais... souffla subrepticement son lion en lui. Lion qu'il fit rapidement taire en lui rappelant qu'il s'agissait d'une vampire ! Et que ces jeux là seraient bien trop dangereux alors... quoique... Après tout... si de chassé il devenait chasseur ? Comment réagirait-elle alors ?

Il dut toutefois faire un immense effort sur lui, pour parvenir à prendre un semblant d'assurance... et s'avança doucement, à pas comptés, mais d'un air soudain nonchalant, presque aguicheur, puisant dans le force et la volonté de son lion, pour faire face à la jeune femme, la dardant de sa haute stature, à quelques mètres à peine d'elle. Ils leur suffisaient dès lors de tendre un bras pour se toucher, tant il avait poussé l'audace.

- Toutefois... je peux concéder de vous rendre quelque service dans bien d'autres domaines, autres que celui de goûter, je veux dire, si cela vous chante tant. Après tout, l'elfe que je suis saurait assurément vous faire languir autrement qu'en trainant à vos pieds.

Et se disant, il fit ronronner sa voix pour mettre plus d'emprise sur ses paroles.

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MessageSujet: Re: Vous chantiez et bien dansez maintenant [Eliow] Vous chantiez et bien dansez maintenant [Eliow] Icon_minitimeJeu 31 Juil 2014 - 23:21

Mais c'est qu'il avait de la répartit et de l'audace l'elfe aux cicatrices. Peut être une conséquences de ses paroles justement. Il devait en avoir un peu trop. Déjà venir se jeter dans la gueule du loup n'était ce qu'il y avait de mieux à faire, mais en plus leur faire la morale, sur leur lieux de restauration. Un accident était si vite arrivé. Une canine qui prend un virage trop large et hop un elfe en moins. C'était déjà arrivé pour beaucoup moins que ça. Puis bon, il fallait que ça leur rentre dans la tête aux elfes, s'ils avaient de si longues oreilles n'était-ce pas pour mieux entendre ce qu'on leur disait. Pourtant une fois en haut cela mettait du temps à être analysé. Pour preuve, les vampires étaient obligés de se coltiner jour et nuit des la chaires fraîches courant sous leur nez en devant lui parler avec politesse. Est ce que les elfes parlaient à leur salades et les humains à leurs cochons ?

« - Il est des choses qui doivent changer. Rien n'est immuable et figé dans le temps. »

Et une chance, car Norwen ne resterait pas dans ce temps. Elle allait finir dépressive.

Haussant les épaules et laissant son air carnassier pour laisser place à une visage presque angélique, la jeune femme déclara d'un ton presque innocent.

« -Je proposais mes services, rien de plus. Les temps sombres peuvent apporter de nouveaux horizons de vie. Et je serai ravie de pouvoir apporter un peu de mieux à votre vie. »

Après tout s'il était là autant en profiter. Un vampire de plus un elfe de moins, c'était un addition somme toute correcte. Puis, fallait-il chipoter sur les termes. Encore les humains avaient avec eux tout un attirail politique ici, à Aigue. Mais les elfes. C'était un peu plus flou. Même si le prince avait dit que tous ceux avec un anneaux étaient intouchables, aucun représentant viendrait pleurer la perte d'une plante à grandes oreilles.

« -Rebelles ou pas. Ne nous sommes pas là pour nous aider après tout. »

Mais la donne changea un instant, l'instant où le lion sortit de sa cage sans que la chasseresse prenne note du changement du vent. Un moment d'inattention auquel la trop sûre d'elle générale n'aurait pas dû baisser les griffes. Une fraction de seconde de trop où le lion se mit à ronronner. Un être si pathétique sur lequel rire de sa manière de se dépatouiller du sang sur lui et de sa bêtise à ne pas savoir tenir sur ses jambes. Et pourtant. Norwen se fit plus enjôleuse et mutine.

« -Me faire languir ?? Vous voilà bien sûr de vous, elfe. Cela fait bien des années que nu personne ne peut se prétendre à cette chose. »

Quand bien même en est-il eu une un jour ? Mais après tout la vampire était suffisamment joueuse et adorait particulièrement relever les défis.

« -Mais allez-y...autrement qu'en traînant des pieds...je serai bien curieuse et tenter de savoir mais encore plus de voir comment ? »

Après tout parler était facile, montrer en était autre et les yeux chasseurs de la générale ne demandait qu'à voir.

« -Pourtant il n'y a nul plus grand plaisir que celui de la nourriture. »

Car manger était pour elle une bien grande satisfaction. Un plaisir sans fin. La finalité d'une partie de chasse où la vampire avait chassé. Pas qu'un simple acte de survit, rien ne pouvait faire plus plaisir qu'une partie de chasse avec sa proie. Un exercice sportif, un art, un devoir presque, bref un bonheur immense qui se finissait par un régal pour les papilles. Et même si là face à elle, une proie elfique n'était pas de meilleur choix, le plaisir de croquer un elfe était presque un devoir de tout bon vampire qui se respecte un minimum.
Mais pour le moment un autre chant venait chatouiller les papilles de la vampire. Un chant connu autrefois et qui se remémorait à son esprit. Il n'avait jamais vraiment aimé ce chant, qui pour elle était celui de la contrainte, de la torture, de l'asservissement. Mais quelque chose lui disait au fond d'elle de continuer à jouer, après tout elle pourrait peut être le mordiller ensuite.

« -Mais en effet, il serait plus digne pour vous en effet de ne pas traîner à mes pieds ? Quoique cela me plaît grandement aussi. »

Quoi après tout on n'était pas un vampire, loin au dessus de la chaîne alimentaire pour se retrouver au plus bas ensuite. Même face à un adorable ronron.
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Eliowir Serillëiel
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MessageSujet: Re: Vous chantiez et bien dansez maintenant [Eliow] Vous chantiez et bien dansez maintenant [Eliow] Icon_minitimeDim 10 Aoû 2014 - 14:02

Voir la vampiresse changer d'expression du tout au tout, en se transformant soudain en incarnation de la douceur après avoir joué les chasseresses sanguinaires, déconcerta fortement le vieux lion, qui marqua un temps d'incertitude, de doute, et de profond scepticisme. Il aurait été bien plus doux pour son caractère arrogant de croire que son charme faisait son effet, mais, même s'il sentait qu'effectivement charme faisait mouche un tant soit peu, il n'était pas assez aveugle ni assez imbus de lui-même pour croire la partie gagnée. Pire même, il avait la détestable impression de jouer au chat et à la souris, dans une partie où il n'était pas forcément dans la peau du fier félin ! Un comble ! Il sentait le fauve en lui se récrier, s'outrager et tenter de renverser la tendance, en redoublant de force. Et il ne fit rien d'ailleurs pour le refouler.

Elle voulait jouer ? Ils allaient jouer. Et il espérait bien dicter rapidement les règles du jeu...

Chassez la nature et elle revient au galop, pensa-t-il abruptement, presque avec un certain soulagement, quand, aussi rapidement qu'elle était devenue douce et invitante, elle ressortit les griffes. Ou plutôt les crocs. Cela n'aurait d'ailleurs pas forcément été pour déplaire au lion, qui parfois appréciait de s'abîmer dans une certaine sauvagerie, n'aurait-ce été le venin traître qui empoisonnait les pointes affutées de ces effroyables canines. Elle ne se serait pas appelé vampire, sans doute l'aurait-il laisser le mordre.

En tout cas, voilà qu'il repartait en terrain connu. Glissant, acide, dangereux, un terrain où encore une fois il était plus proie que chasseur, mais un terrain où il pouvait prétendre connaître un tant soit peu son chasseur justement. Il la préférait presque en guerrière rebelle et aux instincts violents plutôt qu'en pantomime de douce amante prometteuse. La gentillesse sur ce visage à la beauté sauvage et féroce était presque plus effrayante que la sauvagerie moqueuse et cynique qui l'avait ciselé jusque-là. Oui, étrangement, elle était plus belle en sauvageonne avide de sang et en faucheuse d'âme, qu'en cajoleuse câline.

Et, alors qu'il la dévisageait, que son lion la dévorait presque du regard, de ces orbes nuit si intenses, il décida, ou plutôt son lion décida, de répondre à la provocante invitation qu'elle lui offrait. Malgré le danger latent, sous-jacent, malgré les promesses mordantes, maudites, il décida de relever le défi. Comme s'il avait besoin, soudain, de se montrer apte à gagner ce combat, à se montrer digne d'un tel obstacle...

Fort de cette résolution, il franchit alors les derniers mètres qui pouvaient encore le séparer d'elle, et vint presque se coller corps à corps à cette immortelle captivante.

- Si jamais je me trainais à vos pieds, ce serait pour vous faire rendre grâce sous mes caresses enfiévrées, et vous me rejoindriez alors à terre en me suppliant de mettre un terme aux douces tortures que je vous infligerais, répondit-il enfin en ronronnant de plus belle, après l'avoir laissé cracher tout son venin.

Une idée, folle idée, lui frôla alors l'esprit, qu'il tenta de chasser bien rapidement, mais elle semblait voleter aux abords de sa conscience à l'abandon, frappée brutalement du sceau de la démence et de l'irraison, de façon si inlassable et si impitoyable, qu'il ne parvint à l'oublier. Qu'il dut capituler, sacrifiant les lambeaux de son instinct de survie sur l'autel de ses pensées hantées. Il se vit alors, comme dans un rêve éveillé, ou plutôt comme dans un cauchemar envoutant, aller frôler de ses lèvres les oreilles de la vampiresse, exposant ainsi son cou aux crocs acérés. Comme s'il offrait son sang, sa non-immunité, son corps enfin... à la morsure avide et féroce de la créature de nuit.

Offrande qui n'en était pas une, pas tout à fait du moins. Une provocation plutôt, qu'il espérait être rapide, véloce, redoutable, sans toutefois se révéler mortelle ou pire.

- Je n'ai peut-être pas de crocs aussi acérés que les vôtres, susurra-t-il alors à l'oreille de sa souris, mais je puis vous assurer savoir mordre, même si d'une tout autre façon, que vous, noble vampiresse.

Se disant, il appuya ses dires en mordillant le lobe de l'oreille à sa portée... avant de rapidement se reculer, essayant d'éviter de se faire mordre à son tour.

- Si vous le désirez, je pourrais aussi vous montrer qu'il y a d'autre nourriture qui vaille la peine d'être goûter, continua-t-il, toujours ronronnant sourdement.

S'il n'avait pas reculer davantage encore, malgré ce que lui criait sa peur viscérale de vieil elfe, il joua innocemment avec un certain anneau, comme appelant ainsi à ce sauf-conduit pour éviter toute malédiction vampirique... Peu sûr toutefois que cela suffise à lui éviter la férocité possible de la souris avec qui il jouait dangereusement, il se tenait aux aguets, prêt à esquiver d'un sort bien placé s'il le fallait...
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MessageSujet: Re: Vous chantiez et bien dansez maintenant [Eliow] Vous chantiez et bien dansez maintenant [Eliow] Icon_minitimeDim 10 Aoû 2014 - 22:23

Cet elfe était bien étrange. Un poltron mal habile sur ces pattes il y a même pas cinq minutes e maintenant charmant et un brin ténébreux, bien ancré sur ses jambes, usant de sa verbe et de son corps. Ce qui déstabilisa un temps la générale vampirique. Mais qu'importe pour le moment, elle radoucit son ton et le froncement quasi permanent de son visage. Un brin arrogante tout de même, Norwen osa demander. Elle voulait savoir où ce jeu irait. Mais était-ce la curiosité ou bien tout autre chose qui l'attirait dans ce questionnement.

« -Vous parlez beaucoup vieil elfe, mais je ne vous vois pas le faire. Je n'attends que ça de vous voir à mes pieds, de me rendre grâce sous les caresses de vos mains habiles et mettre terme à ce supplice dans lequel vous me plongeriez. »

L'homme était près d'elle, très près. Trop prêt à son goût. Elle pouvait l'entendre aux battements de son cœur. La proie cherchant à devenir le carnassier d'un pas mal assuré. Quel doux chant que celui du cœur battant.

« -Il n'y a qu'une seule façon de mordre. Qu'une seule manière de sentir sous les dents la peau s'échapper et le plaisir qu'il en découle. Mai allez-y montrer moi je serai curieuse de vo... »

Des frissons lui parvinrent dans tout le corps. Le dent de l'elfe contre sa peau, le pincement de ses dents contre son oreille, quelle douce sensation délicate et enivrante. Mais bien trop courte à son goût. Étrange sensation de ne jamais avoir ressenti pareil tourment. Et c'est un elfe qui lui la donna. Cela la révulsa presque un moment, mais déjà il l'intriguait en parlant de nourriture. Norwen lui fit une moue innocente, presque ingénue en lui parlant d'une voie presque enfantine.

« -Montrez donc, vieil elfe, montrez cette nourriture, car la seule que je connais n'est que celle du liquide chaud qui coule en vous. »

Et c'était un ravissement pour les papilles et son appétit n'était que celui du sang. Alors l'elfe pariait fort en pensant lui montrer une autre délectation. Une vieille réminiscence du passé. Une sensation, des images, et un dégoût des hommes qui ne lui donnait qu'une seule envie. Les voir au sol, comme le cadavre de l'alayen.

« -Et cette bague ne vous servira à rien si vous éveillez un feu trop brûlant. »

Et aucune bague ni serment ne lui sauveront la vie s'il venait à trop chatouiller la générale. Un coup de crocs dans un ébat était un risque à prendre. A savoir si le vieil elfe était si joueur qu'il semblait l'être. En tout cas, Norwen s'amusait. Même si se mélangeait dans son esprit les mots flatteurs et enjôleurs de l'homme avec son ressentis à son propos. Entre l'envie de se laisser tenter et celle de lui planter les griffes au travers de la gorge.

« - A trop jouer avec le feu vous risquez de vous brûlez en tombant sur une braise un peu trop allumée. »

Mais là, les yeux verts de la vampire changèrent de tout au tout, une certaine flamme d'amusement se mit à danser dans sa prunelle. Une étrange danse se mêlait, ce vieux vampire semblait attirant d'une certaine manière, mais son esprit lui haranguait de ne pas se laisser faire encore une fois par un homme. Toujours à en vouloir après leur corps, leurs charmes. Oui, toujours la même rengaine. Mais Norwen s'en amuserait un temps, pour mieux par la suite lui faire comprendre son erreur, pour encore une fois donner une bonne leçon à la gente masculine.

« -Mais surtout face à un adversaire à votre taille. »

Une menace à demie voilée, si peu, mais elle le fit passer dans un sourire enjôleur et un mordillement des lèvres sensuelle et charnelle. Norwen se rapprocha encore un peu, collant son frêle corps froid contre celui de l'elfe. Là un sourire un brin carnassier se dessina sur son visage pour se finir en large sourire laissant dévoiler un visage figé dans la jeunesse de sa petite vingtaine. Un visage dont la vie avait façonnée des plis rieurs non loin de ses yeux verts, de belles pommettes. Bien loin du visage d'une vampire prête à vous sautez dessus.
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MessageSujet: Re: Vous chantiez et bien dansez maintenant [Eliow] Vous chantiez et bien dansez maintenant [Eliow] Icon_minitimeJeu 21 Aoû 2014 - 14:02

Cette vampiresse était des plus déstabilisantes. Outre son statut de vampiresse, cela va sans dire, qui en soi suffisait à lui seul à mettre le vieil elfe mal à l'aise et à lui donner des sueurs froides au moindre scintillement de crocs. Mais elle avait en outre le don de chauffer le chaud et le froid dans la même réplique, d'alterner les moues faussement enfantines et ingénues de femmes douces et dociles pour rapidement devenir cette carnassière assoiffée de sang et de carmin. Oui elle le déstabilisait, et il peinait à garder un semblant de self contrôle et de mâle attitude. Son lion lui-même hésitait face à cette stryge à la beauté redoutable. Attirance et répulsion semblaient se jouer de lui, le laissant oscillant sur le fil de l'hésitation sans qu'il ne parvienne à décider quel côté rejoindre.

« -Montrez donc, vieil elfe, montrez cette nourriture, car la seule que je connais n'est que celle du liquide chaud qui coule en vous. »

Oh oui il aurait aimé la lui montrer, la lui faire goûter pour qu'elle se délecte de cette nouvelle dégustation. Mais une petite voix au fond de lui ne pouvait s'empêcher de se demander si la sanguinaire qu'elle semblait être parviendrait à se satisfaire de ces nouvelles saveurs... Seraient-elles suffisamment piquantes et excitantes pour faire oublier, au moins l'espace d'un ébat, les affres de la soif et du sang à la sombre nymphe ?

« - A trop jouer avec le feu vous risquez de vous brûlez en tombant sur une braise un peu trop allumée. »

Il devait avouer aimer jouer avec le feu. Tous les feux. Combien de fois déjà s'était-il brûlé à ces brasiers trop puissants pour lui ? Que ce soit ceux d'amours impossibles ou interdits, telle la belle et douce Ardwenna, cette humaine de laquelle il n'aurait jamais dû s'éprendre, ou que ce soit ceux de puissances magiques et draconiques qui le dépassaient, telles la belle magie baptistrale de l'âme du feu ou encore la sombre flamme du serpent noir... Oui, il semblait être né pour brûler dans les affres d'incendies sans pareil jusqu'à ne plus être que cendres. Cendres de désir, cendres de passion, cendres de puissance...

Et ce feu là se parait d'une moue enjôleuse, prenait un masque de lèvres mordillées d'envie, de flammes de désir dansant dans ces orbes poison, se mouvait de gracieux mouvements suaves et envoutants, se lovait dans une froide étreinte aux ardentes promesses... Et son lion se laissa consumer dans ce feu interdit, plongea sans concession dans les braises mourantes, ou à peine naissantes, il n'aurait su dire, de ce foyer hésitant et mit toute son ardeur, toute sa force et toute sa hargne pour raviver les petites étincelles du plaisir.

Il s'enhardit alors à relever une main, effleurant ici et là d'un geste expert les courbes de femme qu'elle lui offrait. Parvenant au niveau du cou, il laissa ses doigts chauds caresser de façon langoureuse la peau froide qu'elle lui sacrifiait. Hésitant un instant, une lame d'incertitude et de peur vrillant ses orbes nuit, il céda finalement, totalement, à l'envie, la folie, et pencha la tête pour venir de ses lèvres goûter la saveur fraiche et presque acidulé, un brin amer peut-être, de cette peau, là, juste au pli du cou, à la naissance de l'épaule. Et soudain ses lèvres en voulurent plus, ses baisers se firent plus prononcés, alternant volupté et impétuosité, en remontant doucement mais surement le long du cou, le long de la machoire, happant la commissure des lèvres en un baiser volé, avant de rapidement faire subir le même sort à l'autre côté du visage et du cou ainsi offerts. Ses mains ne restèrent pas inertes et vagabondaient dans le même temps en caresses tantôt chastes, tantôt exigeantes, sur le corps frêle et juvénile qu'il dominait maintenant de toute sa stature. Qu'il était venu plaquer, sans même sans rendre compte, contre la paroi suintante de la sombre cavité...

Pas un mot, pas une parole, seuls quelques soupirs et quelques gémissements rauques d'un lion en chasse, se permirent de franchir ses lèvres gourmandes.

[HJ : bon du coup le lion a cédé. Pure folie, je crains le pire, mais j'ai eu l'impression que ta norwen poussait à aller dans ce sens, du coup... A voir si c'est ce que tu souhaitais, ou si tu souhaites que j'édite^^]
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MessageSujet: Re: Vous chantiez et bien dansez maintenant [Eliow] Vous chantiez et bien dansez maintenant [Eliow] Icon_minitimeSam 23 Aoû 2014 - 17:19

C'est qu'au final cette rencontre cocasse et au départ plutôt ennuyante devenait de plus en plus palpitante et amusante. Rien de tel pour satisfaire la jeune générale de l'armée vampirique. Car même si elle répugnait au plus haut point les elfes et les hommes, celui là avec un quelque chose d'à la fois charnelle et attirant et manipulable et délectable à finir comme son premier repas. Après tout Norwen n'avait guère eut le temps de s'amuser ces derniers temps. Entre ses fonctions et l'armée à rebâtir et supporter les rebelles et leur insuffisance. Alors jouer un peu au chat et à la souris avec un vieil elfe un peu audacieux et complètement inconscient de tomber entre ses griffes ne pouvait que satisfaire et gonfler d'orgueil et d'appétit la petite vampire. Et il savait y faire pour faire saliver ses crocs et lui donner encore plus faim que cela pouvait être. Après tout ne venait-elle pas de manger ?

Mais pour le moment l'elfe semblait hésiter, oscillant entre deux eaux : une bien plus troublante et l'autre celle plus calme de la raison. Mais dans laquelle sombrerait-il ? Norwen l'aiderait à rejoindre la sienne. Et elle savait y faire avec les hommes pour qu'il suive ses envies et ses desseins. De vieilles réminiscences de son passé humaine, encore troubles et dont elle ne cherchait pas en savoir plus. Mais elle en piochait l'essence et l'assurance qu'elle avait perçu dans la présence des hommes près d'elle. La répugnance aussi.

Mai pour le moment, le passé était loin et seul comptait le moment présent et le plaisir de ce petit jeu dangereux. Et il fallait avouer que l'elfe savait jouer et qu'il faisait preuve d'une sacré audace ou bêtise. Et il osait, ce pauvre fou, il osait poser cette main chaude sur elle, créature froide de corps mais aussi de cœur. Rien, hormis le plaisir de le voir sombrer à ses charmes, à son appel du corps, de son regard, plongeant un regard taquin et un brin aguicheur. Douce danse des corps mais surtout de l'esprit. Délectation des sens. Surtout celui de sentir le cœur de l'elfe tambourinant sa cage thoracique. Et même si le dégoût de sentir ses lèvres sur sa peau, de sentir ses mains caresser et appui en une étreinte sensuelle son corps frêle, il y avait un attrait dans cette danse des sens : une excitation quand à ce qu'il allait venir. Et cela en serait que meilleur. La jeune femme donnait presque autant qu'elle recevait, perdant ses mains non innocentes sur le corps du vieil elfe. Cherchait-elle à lui apporter le plaisir recherché ? Ou bien le meilleur endroit ou croquer et planter ses dents dans cette chair avant de se délecter du sang tant recherché.

Norwen se colla au plus près de l'homme remontant des mains onglées dans son dos avant de se pencher un peu pour perdre ses dents sur son cou, juste posées, laissant un instant sa langue glissée dans son cou. Tentation folle entre déraison et envie, mais Norwen n'était pas femme à se laisser dominer par un homme, un elfe, un lion. C'était elle la lionne, la tigresse, la chasseuse. D'une main forte et dominante, Norwen écarta l'homme de son corps et le poussa à son tour contre la paroi froide et rude de la pierre de la caverne. Le regard vert de la vampiresse laissait place à la douceur de ce moment de tendresse d'une femme désirante et obsédante en celle d'une vraie chasseresse prête à sévir le dernier coup fatal. Une main vive se resserra autour de son cou gracile et fragile, chaud et si délectable. Bientôt il croquera sous ses dents. Il avait voulu jouer avec le feu, il avait allumé la flamme, elle allait le consumer. Norwen laissa échapper un sourire carnassier et malsain avant de d'approcher sa gueule béante et assoiffée vers la nuque de l'elfe le maintenant de sa petite stature. Bientôt il serait à ses pieds lui aussi.
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MessageSujet: Re: Vous chantiez et bien dansez maintenant [Eliow] Vous chantiez et bien dansez maintenant [Eliow] Icon_minitimeSam 23 Aoû 2014 - 20:26

HJ : surprise ! Vous chantiez et bien dansez maintenant [Eliow] 162322 Norwen a trouvé amusant de m'inviter, on s'est dit que ça ferait sans nul doute plaisir à ton personnage... I love you



Il y avait peut-être été un peu fort... Mais malgré tout il ne parvenait pas à se sentir vraiment concerné par les regards plus qu'outrés que lui avaient lancé les conseillers humains lors de cette réunion mémorable. C'était plus fort que lui, il ne parvenait tout simplement pas à les voir autrement que comme des pions potentiellement comestibles alors évidemment l'idée de prendre en considération leur avis était pour le moins difficile à tolérer... Il n'était pas fait pour les alliances, définitivement. Mais c'était pourtant indispensable au moins pour un moment, pas question d'en dévorer un seulement pour avoir osé mettre en doute ses arguments donc. Plus tard sans doute...

En attendant il lui faudrait continuer à supporter ces gens là, et leur roi avec. Ce Korentin Kohan lui avait déplu au premier regard, la faiblesse incarnée. Il n'avait de toutes évidence pas l'étoffe de feu son cousin, et ce n'était pas une bonne nouvelle pour la rébellion. Bien sur ça aurait pu en être une pour les vampires si il s'était révélé capable de pousser le vice jusqu'à se laisser manipuler facilement. Un roi humain faible pourquoi pas après tout, si il servait de marionnette ? Malheureusement ce n'était pas tout à fait le cas. Il n'était pas si mauvais politicien et il prenait bien garde à déjouer les pièges et les allusions que le vampire lui tendait de temps à autre. Meilleur que lui à ce jeu là, Lorenz gardait la main dans neuf cas sur dix et freinait simplement des quatre fers en se braquant résolument au dixième, mais quelle perte de temps tout de même !

Il rejetta cette pensée afin de se consacrer à des choses plus agréable, l'heure de son prochain repas par exemple. Le pas silencieux des deux vampires qui l'accompagnaient restaient parfaitement audible à son oreille vampirique mais aucun humain parmi ceux qu'ils croisaient n'apercevaient de suite le sombre trio qui se coulait avec naturel dans les ombres des galeries. Ils sursautaient la plupart du temps au dernier moment et se hâtaient de s'écarter en jetant un regard discret et plus ou moins désapprobateur vers ce prince qui était leur allié. Au moins était-il assuré que ces outres sur pattes n'étaient pas plus satisfaits qu'eux de cette situation grotesque...

Et quand on parlait de situation grotesque justement... Il avait ralentit le pas et levé une main afin d'arrêter ses deux acolytes. Il aurait été vraiment très dommage de déranger les tourteraux qu'il apercevait au détour d'un couloir après tout... L'odeur l'avait renseigné très vite même si il n'avait pas identifié celle de l'elfe de suite. Norwen ce n'était pas difficile, mais ce n'est qu'avec une seconde de retard qu'il identifia Eliowir. Ces deux là, ensembles ? C'était pour le moins invraissemblable à moins bien sur que ce ne soit pour s'entretuer... L'ancestral n'aurait eut que de la sympathie pour un tel projet bien sur, mais il n'aurait pas pu laisser faire pour autant. N'avait-il pas donné des ordres clairs à l'officier supérieure ? Il comprenait fort bien que les elfes étaient encore plus difficiles à supporter que les humains, particulièrement celui là, mais il n'entendait pas qu'on lui désobéisse. Et heu... Qu'est-ce qu'ils faisaient là ?

Plantant là les deux gardes, il s'était approché avec d'infinies précautions en masquant magiquement son odeur afin de ne pas alerter la vampiresse. Il voulait vraiment voir la scène de plus près, car elle valait sérieusement le détour ! Ses prunelles s'écarquillèrent lorsqu'il vit les lèvres des deux êtres s'unirent. Cela ne connait pas du tout du tout avec ce qu'il savait de Norwen... Il commençait à la connaitre tout de même, suffisamment pour voir quand elle avait ferré une proie et qu'elle s'amusait à ses dépends. Les pupilles s'étrécirent pour ne plus former que deux fentes pleines d'un mortel amusement et il demeura immobile dans le pénombre, goûtant ce spectacle raffiné qu'il aurait voulu faire durer. Ce n'était pas possible hélas, il sentait la patience féline de la vampiresse qui s'effritait à chaque seconde et il savait qu'il n'avait plus d'autre choix que d'intervenir si il voulait éviter un incident diplomatique des plus déplorables. Et dire que l'elfe s'était laissé avoir... C'était tout de même lamentable que de laisser son instinct de préservation aux oubliettes dès lors qu'on apercevait une paire de jolies... Yeux. Lui aussi aimait les femmes, mais il ne s'était jamais laissé manipuler ainsi par elles. Bien d'un lion ça... Enfin, on ne pouvait pas le laisser se faire égorger tout de suite. Pas ici en tout cas. Non sans regret, il se décida à bouger et émergea de l'ombre dans le dos du repas que Norwen s'apprêtait à dévorer juste à temps pour énoncer calmement :

"Assez. Il a le sang trop échauffé pour que tu fasses un bon repas, ma douce et funeste ombre."

Il n'avait pas élevé la voix, sachant qu'elle obéirait même à un simple geste. Une lueur franchement moqueuse passa dans son regard lorsqu'il reporta son attention sur l'elfe surprit et il l'enfonça sans la plus petite trace de clémence, une fausse trace d'incrédulité horrifiée dans sa voix maîtrisée :

"Pauvre Serillëiel. Je te croyais arrogant mais certainement pas au point de te croire capable de séduire un représentant de mon peuple. Qu'est-ce que tu croyais ? Qu'elle verrait le mâle par delà la réserve de sang ? Elle n'a rien vu de tel, parce qu'il n'y a rien à voir. Tu n'es rien. Il serait temps que tu t'en aperçoive. Si possible avant que ta bêtise ne porte un coup fatal à l'alliance."

Le ton méprisant s'était fait sévère sur la fin, le fait était que si il n'était pas arrivé à temps l'alliance aurait vacillé sur son socle. Quelque peu réprobateur, il revint à la vampiresse :

"Un jeu des plus divertissant, j'en conviens. Mais qui aurait pu coûter cher..."

Il attendait ses explications. Le fait qu'il ai été amusé par cette scène n'excusait rien. Quand il ordonnait, il entendait qu'on obéisse. Bien sur il n'y avait pas eu de désobéissance caractérisée puisqu'elle n'en avait pas eu le temps, c'est pourquoi elle resterait entière. Néanmoins il voulait remettre les points sur les i. Les vampires avaient régulièrement besoin que ce soit fait étant donné la difficulté de ce qu'il exigeait d'eux à l'heure actuelle. Conscient de ce fait, il l'attira à lui d'un geste vague :

"Viens ici."

Elle ne résisterait pas, elle le résistait jamais puisqu'elle était entièrement sous sa coupe. Elle s'approcha silencieusement et il plongea l'acier de son regard dans le sien avant de replacer une mèche égarées derrière l'oreille de la vampirese. Se faisant, il laissa ll'ombre d'un sourire passer sur ses lèvres tandis qu'il murmurait avec ce qui ressemblait bien à l'attachement qu'un maître peut avoir pour son animal féroce :

"Tu as besoin de te défouler. Nous chasserons bientôt."

De l'Alayien. Lui aussi avait besoin de cela pour évacuer la pression. Pas forcément pour se nourrir en vérité, Ambre lui suffisait tout à fait. Mais le plaisir de la chasse, c'était un besoin aussi. Comme complices dans cette promesse, les deux vampires tournèrent à nouveau la tête vers l'elfe et une flamme satisfaite brûla dans les claires prunelles. Qu'il voit donc toute sa sottise ce pauvre être, il n'avait pas eu la moindre chance de séduire la belle vampiresse puisqu'elle était déjà tout à lui. Non pas qu'il en voulait, il ne jouait ce jeu que pour se l'attacher tout à fait, mais il ne supportait pas non plus qu'on chasse sur ses propriétés. Surtout de façon aussi pitoyable. Joueur à nouveau, il ironisa :

"Peut-être te joindras-tu à nous ?"
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MessageSujet: Re: Vous chantiez et bien dansez maintenant [Eliow] Vous chantiez et bien dansez maintenant [Eliow] Icon_minitimeDim 31 Aoû 2014 - 0:04

Quand des mains froides et glaciales, semblant le palper de façon plus scientifique que réellement sensuelle, vinrent faire frissonner sa peau, Eliowir manqua un battement de coeur et marqua un court arrêt, rapide, à peine perceptible, dans le ballet qu'il tentait d'orchestrer. Ses sens avivés, excités, sonnaient par ailleurs l'alerte, telle la proie, belle proie alors, qu'il était, ainsi exposé aux crocs peut-être avides d'une vampiresse. Mais après tout, n'avait-elle pas déjà bu tout son saoul, comme en attestait le cadavre encore sanglant à leurs côtés ? Un vampire ayant mangé n'était-il pas alors tel un serpent repu, calme et bien plus docile, caressable sans danger ? Fort de cette raison, le vieil elfe reprit donc instantanément son ouvrage léonique.

Jusqu'à...

Jusqu'à ce qu'il sente une langue, des dents, caresser son cou, oscillant entre délectation et intimidation, menace et fantasme. Jusqu'à ce qu'un main puissante le repousse contre la pierre dure et rugueuse qui manqua de lui écorcher le dos sous le choc, faisant basculer leur duel chorégraphique dans une danse bien plus sombre que leur langoureux ballet. Jusqu'à ce que cette même main se resserre doucement mais sûrement contre sa gorge. Pas suffisamment pour qu'il manque d'air toutefois. L'elfe ainsi enchainé ne suffoquait nullement par étouffement. Peut-être par peur, appréhension, chargée de cette tension de proie déterrée qui montait en lui, éteignant alors de ses vents violents les brasiers du désir précédent. Jusqu'à ce qu'un sourire vorace, sauvage et presque mauvais se dessine sur le visage angélique qu'il avait tenté de dévorer de plaisir quelques instants plus tôt.

Si jusque-là l'elfe, tétanisé, pétrifié de surprise et d'effroi mêlés, semblait être resté proie alanguie, l'approche des crocs luisants de leur venin honni le fit revenir à la réalité. Âpre réalité, même si cette réalité n'était que réalisation prévisible de ces prédictions subconscientes. Il le savait bien pourtant, que jouer avec des vampiresses à ces jeux-là avait toutes les chances de provoquer telle catastrophe. Mais entre savoir et accepter... Il y avait tout un fossé que son lion arrogant n'avait pas voulu franchir.

Mais, bien qu'il dut concéder ce point à la chasseresse devant lui, il n'était pas encore prêt à lui accorder le don de son sang, en tout cas pas par morsure, il n'était pas prêt à lui accorder le plaisir de le transformer, lui vieil elfe non immunisé. Il aurait pu lui accorder son sang par bien d'autres façons, à l'extrême rigueur. Et encore... Mais la morsure... Non.

Il s'apprêtait ainsi à répliquer d'un sort cuisant, puissant grand maitre-mage qu'il était, quand une voix, voix honnie, se fit entendre non loin d'eux, dans la sombre caverne.

"Assez. Il a le sang trop échauffé pour que tu fasses un bon repas, ma douce et funeste ombre."

Oh oui, pour avoir le sang échauffé, il l'avait. Non plus de désir inassouvi, bien que certaines parties de son corps pourraient protester du contraire, mais plutôt de colère. Sourde colère qui montait insidieusement en lui, menaçant de lui faire commettre, encore, le pire et l'irréparable.

Bon, certes, le prince noir avait visé dans le mille. Oui, son fier et noble lion avait cru être plus fort et plus attrayant, plus puissant, que l'appel du sang pour ces sauvages de vampires. Il avait cru surtout ces créatures de la nuit plus fortes de volonté et moins sauvages que les elfes ne le croyaient, pour parvenir à dépasser leur soif avide de sang afin de se fondre dans les autres plaisirs des simples mortels. Des plaisirs des sens eux aussi, mais faisant appel à d'autres que celui du goût et de l'odorat. Des plaisirs plus charnels, plus sensuels, plus suaves encore, que celui de manger, de se nourrir, ou même de chasser. Des plaisirs tout aussi viscéraux d'ailleurs, mais d'un tout autre ordre. Non, vraiment, les vampires semblaient être des créatures bien trop cruelles et bien trop prédatrices pour se parfaire dans d'autres vices que celui du sang.

Et, même si colère grondait toujours en lui, ce fut surtout une terrible déception qui le frappa de plein fouet. La déception, désillusion même, qu'au final si peu de vampires se montraient un tant soit peu civilisé, qu'au final si peu de vampires montraient un tant soit peu de maitrise d'eux-mêmes. Déception alors de voir qu'au final ils étaient bien nombreux, bien trop, ceux qui, de cette pourtant noble race comme avait voulu lui montrer le digne millénaire, se laissaient aller à leurs sauvages et détestables instincts de destruction et de mort. De sang. Du sang, et encore du sang, toujours du sang, que du sang ! A croire qu'il n'y avait que cela dans la bouche de ces créatures honnies, maudites ! En cet instant, il sentait toutes ces vieilles rancoeurs d'elfe, toutes les vieilles haines de son peuple, le submerger à nouveau, lui qui avait tant essayé de se défaire de ses néfastes sentiments séculaires.

Il préféra toutefois se taire, laisser la colère et la déception couler en lui, que ce fleuve aride mais violent se tarisse quelque peu avant qu'il ne commette encore quelqu'impair que ce soit. Comme le disait si bien Wintel, il ne voulait pas compromettre l'alliance, si frêle et si fragile déjà. Il préféra donc expirer et inspirer profondément, tentant de se calmer au mieux, et se contenta d'observer l'étrange manège qui se joua soudain devant lui.

A savoir un Wintel se faisant étrangement aguicheur... Eliowir avait pourtant cru que seule une certaine Ambre comptait réellement pour le prince noir ?... ou ce dernier ne faisait-il que se jouer de sa générale ? Oui, très certainement, il y avait d'ailleurs dans ce regard d'acier une lueur calculatrice, manipulatrice, vil serpent qu'il était. Et la vampiresse, fière chasseresse quelques secondes auparavant, qui semblait soudain boire les paroles de son prince... Voilà bien un point faible de la générale qu'il était bon de noter. Cela pourrait bien un jour lui servir....

"Peut-être te joindras-tu à nous ?"

C'est qu'on se moquait encore de lui ! Le croyait-on si faible pour ne pouvoir supporter un tel spectacle ? Ou voulait-on le voir témoin de la soit-disant suprématie prédatrice des vampires sur toute autre créature, vile et faible proie qu'était tous les autres ? Eliowir ne put, sur l'instant, que réagir dans toute son arrogance, se redressant alors de toute sa stature, toisant les deux ténébreux de ces yeux nuit, avant de répondre d'une voix grave et profonde, aux accents polaires :

- Je dois avouer une légère déception. Je croyais que certains des vôtres étaient assez... forts..

Il avait failli dire civilisés, mais de ce qu'il avait cru comprendre, ce mot-là n'avait aucune importance aux yeux d'un vampire tel que le prince noir. Du peu qu'il avait pu comprendre de ces étranges créatures, la notion de civilisation n'était que pacotille, du moins pour la majorité. C'était, chez eux, la loi du plus fort qui dictait leur conduite avant toute chose. La force, la puissance...

- pour lutter contre l'appât du sang afin de goûter à bien d'autres plaisirs, à bien d'autres suavités, que celle d'un sang goûteux. Je croyais que certains des vôtres étaient suffisamment forts pour vouloir s'élever au dessus de la condition d'animaux sauvages qui ne songeraient qu'à se nourrir. J'avoue être déçu alors de pouvoir, pour l'heure, compter ces individus capables de désirs autres sur les doigts d'une main.

Et se disant il leva sa main et agita ses cinq doigts. Constatant qu'il avait levé, sans le vouloir, celle porteuse de l'anneau rebelle. Pas que ce geste-là fut calculé d'ailleurs, mais cela risquait bien, encore, de passer comme tel, déplora-t-il en son for intérieur.

- Mais peut-être cette déception pourra-t-elle voir son terne voile se lever sur une réalité bien plus intéressante concernant le noble peuple vampire ?

Il ne retint pas même ses accents Serillëiel, des accents pleins de morgue acide et de dédain agacé.

- Peut-être vous voir... chasser... me permettrait de dissiper, ce qui, je l'espère, n'est qu'un malentendu ?

Pour tout dire, au fond de lui, il en doutait. Il était même persuadé qu'assister à une "chasse" vampirique ne ferait qu'accentuer son sentiment de désillusion quant à la possible civilisation de ce peuple-là.

- Et cela me permettrait en tout cas de mieux apprendre et comprendre les... vôtres...

Car oui, réellement, il voulait comprendre et apprendre ce peuple, aussi sanguinaire soit-il. D'ailleurs s'il voulait compléter Consciencia aussi fidèlement que la réalité était, il se devait de faire cet effort.

- Ce sera donc un honneur que de me joindre à vous en pareil événement, répondit-il enfin d'un ton faussement nonchalant.


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MessageSujet: Re: Vous chantiez et bien dansez maintenant [Eliow] Vous chantiez et bien dansez maintenant [Eliow] Icon_minitimeLun 1 Sep 2014 - 21:38

Norwen ne s'était pas attendue à pareille chose. Déjà que son prince arrive au moment fatidique où la vampire allait planter ses crocs dans la chair tendre du vieil elfe. La jeune femme se ravisa en douceur, faisant demi-tour et lâchant le lion avec regret. Mais elle ne discuterait pas un ordre de son prince et Norwen se recula un peu, remettant de la distance entre son repas et elle.
Mais la suite fut un moment qu'elle chérirait toute sa vie. Son prince s'approcha d'elle pour lui offrir un moment de grande complicité tendre. Mais surtout, une compréhension face à l'attitude de l'elfe. Son cœur battrait encore dans son corps, il aurait sûrement raté de nombreux battements et son sang serait monté à ses joues blanchies par la mort. Et sa proposition de chasse à deux... ce fut le coup de grâce. La vampire avait de grands yeux verts qui luisaient d'un bonheur sans nom. Mais l'elfe cassa et brisa ce moment magique en déblatérant des inepties.

« -Merci mon Prince. Il n'y a pas plus grand honneur pour moi que de chasser à vos côtés. »

Si elle avait pu, Norwen lui aurait attrapé la gorge et fait taire un coup de crocs dans sa chair. Car il fallait dire que pour un elfe, qui venait de jouer un jeu bien dangereux et osé il avait la rancune facile et le culot d'en plus les traiter, même l'insulter de faible. Eh bien la légendaire bienveillance et intuition elfique venait d'être mis à mal. A moins que ce ne soit que l'homme frustré d'être stoppé dans son élan qui parlait. Et rien qu'à cette idée, Norwen jubilait intérieurement.

« -Je pourrai me charger de lui rendre cette chasse aussi plaisante qu'elle le sera pour moi. »

dit-elle d'un regard carnassier, ses grands yeux verts presque innocents devenant charnels et perçants.
Mais comme seul moyen de défense le petit elfe rageur ne trouva pas mieux que d'insulter les vampires, et celle qui avait posé ses crocs sur lui. Cherchait-il vraiment à mourir ? Cette bague ne le sauverait pas longtemps.
D'une moue faussement boudeuse, Norwen prit une voix désolée au possible.

« -Ohhh le pauvre petit elfe est déçu de ne pas avoir gagné, de ne pas avoir goûté à la vampire, de ne pas avoir pu se sentir fort et rugissant. Mais mon pauvre, la force vous n'en n'êtes pas le seul dépourvu. Assez forts ? Pour quoi ?? Vous ? Un elfe ? Un misérable elfe ? Ohh oui, il a bien de nombreux plaisirs auquel je suis encline de me laisser tenter avec délectation, mais pas celle de m'abaisser à m'unir à un être aussi abjecte que vous. »

D'un regard dégoûté, Norwen était à deux doigts de vomir à ses pieds.

« -La force, vous venez de prouver en un instant que vous en avez encore bien moins que ce que vous vous drapez pour vous en enorgueillir. »

Car il parlait, beaucoup, trop, et il agissait de la plus mauvaise des manières envers les vampires.

« -Mais le désir, l'envie sont des nuances dont il faut savoir se montrer digne pour en susciter le moindre intérêt. De votre arrogance et assurance éhonté, seul votre liquide précieux à éveiller un instinct et une once de lueur. Quand à la condition d'animaux sauvages, je préfère bien plus cette condition qu'à celle d'une plante verte n'ayant que pour vertu celle de savoir compter sur ses mains la déception que peut lui apporter le peuple vampirique. Me voilà fortement désappointer, moi qui ne cherchait qu'à satisfaire le peuple elfique. »

Faussement ironique si peu, en tout cas Norwen n'allait pas laisser l'elfe déchu se darder de son arrogance, sans en faire preuve elle aussi. Même si on pouvait ne sentir que l'amertume du lion rugissant dans le vent.

« -Un malentendu. Sur quoi ? Sur votre espoir déchu d'un homme coupé dans son élan ? D'un elfe cupide désireux de se jouer d'un vampire ? D'un rebelle mal assuré face à un prince qui malmène son peuple ? Et moi qui pensait les elfes prompts aux dialogues politiques et à joutes verbales, vous voyez vous n'êtes guère le seul déçu. »

Se faisant plus féminine, se redressant et laissant un peu d'air remplir sa poitrine.

« -Il n'y a rien à comprendre elfe, juste à accepter. »
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MessageSujet: Re: Vous chantiez et bien dansez maintenant [Eliow] Vous chantiez et bien dansez maintenant [Eliow] Icon_minitimeDim 7 Sep 2014 - 13:12

Mépris... Comment pouvait-on avoir l'audace de se montrer méprisant alors que l'on était aussi méprisable justement ? Voilà qui aurait passionné notre ancestral si cette constatation s'était avérée moins irritante. Pas de quoi le mettre véritablement en colère bien sur, d'ailleurs rien sur ses traits ou dans ses prunelles claires ne pouvait témoigner de son agacement et pourtant la flamme légère dansait bien en lui, cruelle et dangereuse. L'autre ne semblait pas véritablement conscient qu'il finirait écrasé comme un moustique dès lors que le prince noir l'aurait décidé. Anneau ou non, résistance ou non, il n'empêchait que si la fantaisie prenait au vampire de mettre fin à son existence alors ce serait fait sans retard. Et le fait était que cette fantaisie possédait un certain attrait, très consistant à certains moments, simplement volatile à d'autre. Il suffirait de si peu pour faire tout à coup pencher la balance du mauvais côté...

Il joua avec cette idée quelques secondes, conscient malgré tout de l'incompatibilité de celle-ci avec ses objectifs actuels. Oui ce serait dommage tout de même de tant sacrifier simplement pour le plaisir de faire hurler à mort un tel avorton. Dommage et pourtant si tentant... Il s'agissait d'un elfe après tout, et la souffrance des elfes passait bel et bien avant le reste dans ses propres idéaux. Mais bref, il avait de plus grands projets à leur sujet. Et il était assez curieux de voir Norwen réagir à tout ceci, même si encore une fois le risque de passer tout près de l'incident diplomatique majeur était élevé. Et dire qu'on reprochait aux vampires de ne pas faire d'efforts... Se rendait-il seulement compte de ce qu'il leur demandait, ce Korentin Kohan ?

La lueur carnassière qui brillait dans les yeux de la vampiresse trouva un écho dans les siens tandis qu'il s'amusait de sa proposition. Oui, il lui faisait tout à fait confiance à ce sujet là. Il la laissa rajouter une couche à ses propres attaques, rabaissant de nouveau l'elfe plus bas que terre. Elle continua, et ses mots coulèrent comme un venin presque aussi terrible que celui qu'ils secrétaient depuis leur transformation. Silencieux, il attendit patiemment qu'elle en termine enfin. Ses propres mots semblant prendre une importance toute particulière dans le silence qu'il avait savamment laissé se mettre en place avant de les prononcer calmement.

"Tu n'es pas digne de tes propres idéaux, Serillëiel. Tu te hérisse devant l'arrogance des miens, et tu ne t'aperçois même pas que c'est toi-même qui provoque ces agressions. Suffisamment forts dis-tu ? Mais si nous étions faibles, ou simplement sauvages comme tu le prétends... Dans quel état serais-tu à présent ?"

Sa mâchoire se serra, ses prunelles se durcissant tandis qu'il écrasait la créature des bois sous son regard implacable. Le jugeant sans la plus petite once de clémence.

"Toi le descendant d'une famille plus attachée à la vérité et à la connaissance qu'aucune autre. Toi qui se veut un érudit, un sage... Toi le lion qui du haut de sa bêtise ose contempler un peuple dont il ne connaît rien et dont le plus petit fragment d'histoire ou de tradition le dépasse. Tu te sens insulté, lionceau ? Et à quel moment exactement cesseras-tu d'être celui qui par son ignorance, déclenche l'hostilité des sang-froids ? Jusqu'à quand devrons nous faire l'effort de tolérer tes frasques, de contenir nos instincts naturels, alors même que tu passes ton temps à bafouer nos coutumes ?"

Il le toisait sans cacher cette fois son irritation. Un mouvement rapide lui permit de s'en rapprocher afin de mieux le foudroyer sous le feu de son regard.

"Tu ne serais pas capable de voir la réalité de mon peuple quand bien même je te l'enfoncerai dans les orbitres. Et si tu t'intéressais un minimum à ce que nous sommes alors tu saurais qu'aucun honneur ne sera jamais accordé à un être tel que toi. Chasser avec nous ? Mais redescends donc de ton nuage mon pauvre Eliowir. Es-tu donc assez imbu de ta propre personne pour te croire digne de te placer sur un pied d'égalité avec Merithyn ? Lui sait qui nous sommes et n'ignore pas la portée que pourrait avoir une telle invitation à l'égart d'un mortel. Il n'aurait jamais eu l'indécence de s'en croire digne, et toi tu y vois un événement anodin ? C'est donc là ce que tu es ? Un paon tellement obnubilé par sa propre personne qu'il ne voit plus rien autour de lui ? C'est cela, Eliowir Serillëiel ?"

Le silence qui suivit fut terrible. Lourd, plus lourd que rien ne le serait jamais au monde. L'acier s'était fait si tranchant qu'il semblait bien qu'il aurait pu détruire proprement l'amour propre de l'elfe en une seule seconde. Enfin il se décida à conclure et aussi étrange que cela puisse paraître il sembla bien vibrer une très légère once de déception dans ses paroles :

"Peut-être que tu n'es pas le mieux placé finalement pour écrire notre histoire."

Et il le pensait véritablement. Il ne savait plus trop quelle inspiration instinctive l'avait poussé à ouvrir cette porte au vieil elfe. L'impression que le banni qu'il était aurait peut-être une vision plus large et moins étriquée de la réalité des peuples peut-être. Ou bien ce léger écho qu'il lui avait semblé entendre, si léger qu'il se demandait à présent si il ne l'avait pas simplement imaginé. Pourquoi, oui pourquoi, avait-il cru une seconde entrevoir le même potentiel chez cet elfe là que chez un autre cité un peu plus tôt ? Il n'y avait pourtant aucune raison, vraiment aucune comme il s'en rendait compte de plus en plus au fil du temps. Eliowir n'était rien de plus qu'un elfe. Juste un elfe.
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MessageSujet: Re: Vous chantiez et bien dansez maintenant [Eliow] Vous chantiez et bien dansez maintenant [Eliow] Icon_minitimeMer 17 Sep 2014 - 0:32

Eliowir crut soudain essuyer une tornade. Une tornade non pas faite de vents rugissants et d'éléments naturels déchainés, mais une tornade façonnée de véhémence toute en reproches, de verbes acides et furieux, de haine ancestrale jaillissant soudain du volcan faussement endormi. Car tel paraissait brusquement le Prince Noir : un volcan en pleine éruption, sous ses airs faussement tranquilles, trompeusement nonchalants, un volcan qui sous sa carapace froide et inébranlable n'était en fait que lave en fusion vous brulant jusqu'à l'âme et tremblements féroces de colère polaire.

Oui, tel apparaissait soudain le Prince Noir. Et sa Générale à ses côtés semblait alors brûler de concert avec lui, comme si le noble serpent soufflait le brasier naissant de la fière tigresse avide de chasse. Ce duo étrange et déroutant aurait pu jouer là un spectacle intéressant pour le vieil elfe, si seulement il n'avait pas été lui-même acteur de cette pièce morbide et enflammée. En tant que proie de la chasse, cible de leurs feux et victime de leurs bourrasques enragées.

Pas qu'il n'eut pas réellement mérité les semonces qu'on lui offrait, s'il voulait totalement être honnête envers lui-même. Lui elfe parmi les plus anciens, non immunisé, s'était amusé à taquiner le sort avec une vampiresse assez jeune et assez exaltée. Une morsure funeste au venin maudit n'était que prévisible, il le savait, l'avait su... Et pourtant, même sachant cela, il n'avait pas réussi, lui vieux lion à l'expérience pourtant assez longue pour être censée lui conférer sagesse, taire son côté de taquin joueur et... d'arrogant charmeur. Oui, il avait voulu la charmer et oui, arrogant qu'il était, il avait cru l'avoir étreint, l'espace d'un instant, dans ses savants filets. Erreur. Une erreur qui n'était que l'expression de sa présomptueuse vanité.

Chaque mot, chaque phrase qu'on lui offrait, trouvait un amer écho en lui, et ne faisait que poignarder de leurs lames acérées son ego alors agonisant.

S'il était toutefois assez lucide en son for intérieur, se l'avouer à soi-même, en silence, était une chose, mais l'avouer à ses récriminateurs à haute et intelligible voix en était une autre. Même s'il se doutait ne pouvoir y réchapper. Il préféra donc d'abord essuyer le flot torrentiel de reproches et de venin caustique en silence. Lèvres pincées, regard faussement hautain mais étudiant consciencieusement ses deux interlocuteurs, dos droit et menton levé, tout en se parant d'arrogance outrée et de fierté offensée, il attendit, attendit, et attendit encore que les deux compères aient déchargé tout leur poison.

Un des seuls points toutefois sur lesquels il ne pouvait laisser dire fut celui de l'ignorance. Oh oui, ignorant de ce peuple il l'était. Et pour cause. Il était elfe, ils étaient vampires, alors ennemis ancestraux depuis des temps immémoriaux. Ils n'étaient pas faits pour se comprendre, pas réellement, ou très difficilement. Cela demandait de faire fi de décennies, de siècles, de millénaires même, de haine farouche et véhémente. Cela demandait de dépasser les différences, de dépasser les conflits, le dégoût ou le mépris. Cela demandait beaucoup de choses, mais aussi beaucoup de temps pour un elfe aussi vieux que lui et aussi ancré dans les anciennes convictions elfiques. Il avait déjà fait quelques pas pour franchir ces obstacles et les dépasser mais ne les avait pas encore dépassés justement. Il le savait, et il déplorait que finalement le Prince Noir ne semblât pas le savoir lui aussi. Ou plutôt ne semblât pas le comprendre. Oui, voilà ce qu'aurait apprécié le vieil elfe en fait : de la compréhension. Et de la patience.

Il fut alors des plus étonnés de sa propre stupidité : comment pouvait-on oser réclamer de la patience à un vampire tel que Wintel ? Certes, ce dernier avait certaines... qualités... si du moins il osait donner ce mot-là à ce qu'il admirait secrètement chez l'ancestral, mais la patience... Oh non, la patience n'était en rien l'apanage du Prince Noir.

Et pourtant... Pourtant... Il aurait eu besoin de cette patience. Car même avec la plus grande volonté du Dracos, il savait qu'il peinerait à dépasser ses vieilles rancoeurs, ses vieilles haines, ses vieilles convictions. Du temps, il avait besoin de temps... Juste un peu de temps.

Et qu'on daigne aussi lui conter ce que son ignorance ne pouvait apprendre seule ! Qu'on daigne lui dicter les lois des vampires, qu'on daigne lui en expliquer les fonctionnements intimes, qu'on daigne du moins lui pardonner les impairs qu'il commettrait forcément s'il ne connaissait pas les règles au préalable !

Il inspira alors fortement, profondément, tentant de taire la colère arrogante qui menaçait de s'emparer encore de lui, ferma les yeux un court instant, quand bien même ses instincts de proie lui criaient de ne pas rester ainsi aveugle devant de tels ennemis, et une fois sûr d'une certaine maitrise de lui, les rouvrit. C'est d'une voix étonnamment calme, sans animosité aucune, qu'il parvint à prendre la parole :

- Je vous concède la.. maladresse... imbécile et mesquinement joueuse de mon comportement précédent. J'avoue avoir été...

Ecoeuré

- Dérouté par la rencontre inopinée de votre générale lors de son...

Meurtre

- Repas. J'ai agi alors par pur instinct..

De lion

- D'arrogance et n'ai trouvé que...

Ce jeu

- Cette parade pour masquer...

Ma peur

- Mon malaise.

Voilà. Il venait de faire son mea culpa et venait d'éparpiller les miettes de son égo ensanglanté.

- Quant à mes frasques et autres insultes que j'ai pu commettre envers votre peuple... Sans vouloir excuser en quoique ce soit ce qui a pu vous paraitre offenses, je pense qu'il est toutefois nécessaire de remarquer deux points. Si votre peuple peut se sentir offensé de comportement étranger tel que le mien, il pourrait en être tout autant en sens inverse.

Car oui, lui aussi, se sentait insulté assez souvent, elfe qu'il était, par des vampires qui ne respectaient pas ses règles à lui, des règles d'elfes.

- Je veux bien concéder le respect de lois et règles vampiriques en terrain "vampirique", mais j'aurais fortement apprécié la réciproque quand des membres de votre peuple se trouvent en terrain "elfique".

Il espérait que le prince noir comprendrait là ce qu'il voulait dire, car il n'avait aucunement l'intention de lui donner d'exemples. Même s'il en avait quelques uns en tête, comme une charmante vampiresse en compagnie d'un petit humain, certes charmante par ailleurs, mais qui n'avait pas hésité à presque voler son couchage !

- Et resterait aussi à accepter quelques compromis en terrain "neutre" comme cela se devrait entre alliés.

Il arrêta de suite d'un geste calme de la main toute récrimination qui aurait pu venir.

- Et je vous demande ardemment d'accepter de me laisser finir. Oui, je sais, vous demander de ne pas nous mordre ou nous tuer est déjà un immense compromis et j'en ai, du moins en partie, conscience. Ce que je souhaitais dire... demander... est un respect mutuel, autant que faire se pourrait du moins, de nos règles, coutumes respectives. Ou du moins un compromis quand nos règles ne peuvent cohabiter et de l'indulgence quand ce qui nous parait offense n'est peut-être au final que méprise.

Son regard survola le sang maculant le sol, et s'arrêta un court instant sur le cadavre, un haut-le-coeur menaçant alors de le submerger. Il dut lutter pour ne pas rendre tripes et boyaux et releva avec difficulté son regard sombre dans l'acier polaire qui le dardait.

- Et oui, en votre présence, il serait sage que nous apprenions vos règles et que nous les respections, je le concède aussi aisément, et ne demande que cela aussi. Encore serait-il intéressant que l'on nous accorde à apprendre ses règles. Du moins vos us et coutumes élémentaires, qui éviteraient déjà les impairs les plus... brulants, fit-il, évoquant alors l'incident diplomatique qui lui avait valu un certain défi du prince.

Même si là, il devait avouer que pour toute civilisation ne pas porter la main sur un prince était en soi une règle élémentaire. Ce qu'il se crut bon de préciser en un sens :

- Quand bien même certains principes pourraient paraitre du bon sens, il est vrai. Quant à me comparer à Sire Shadowsong... Mais nous ne sommes pas comparables, tout simplement. Par de nombreux points. Je ne suis pas Sire Shadowsong, je n'ai jamais rien prétendu de tel, et encore moins osé me mettre sur un pied d'égalité avec lui. Je n'ai pas sa bonté d'âme ni son altruisme, encore moins sa patience. Si je tente de cultiver depuis peu une certaine ouverture d'esprit envers certaines choses et certains peuples, dont les vampires, je n'ai pas voué toute ma vie au culte de la bienveillance comme il a pu le faire. Je tente effectivement de dépecer chaque ancienne conviction pour m'en forger de nouvelles, si possibles bien plus réelles et bien plus fondées, sur une vérité la plus objective possible, mais je ne détiens pas le pouvoir baptistrel et dois me contenter d'avancer à plus petits pas, sur des sentiers parfois glissants sans avoir cette rambarde qu'est le chant-nom. Sire Shadowsong a vécu parmi les vôtres, a aimé l'un des vôtres, et a pu donc mieux apprendre à vous connaitre, alors que je ne vous côtoie, autrement que sur des champs de bataille du moins, que depuis... quelques semaines à peine ! Enfin, enfin... Du sang souille mes mains. Et pas forcément du sang ennemi... Non, non, je ne suis pas Merithyn Shadowsong et ne le pourrais jamais, Sire.

Et une certaine tristesse, douleur même, vrilla sa voix. Lui qui aurait tant espéré devenir baptistrel. Mais lui qu'un crime souillait... et quel crime !

- J'espère que vous en êtes convaincu. Car si vous pensiez créer une quelconque...

Alliance

- Collaboration entre nous, il vaudrait mieux qu'elle ne soit pas basée sur cette espérance. Par contre...

Il marqua un court temps d'arrêt, se permit de jeter un regard vers la générale et de les observer tous deux profondément, avant de reprendre, d'un ton presque solennel :

- Par contre si je ne suis pas le gardien des baptistrels, si je ne détiens pas leur pouvoir de serment de vérité, je suis à la recherche tous comme eux de cette dernière. De la réalité du monde en un certain sens. De la connaissance, certes, mais d'une connaissance vraie. Je... veux... apprendre. Je veux savoir, apprendre, comprendre. Et cela inclue mes anciens ennemis. Cela inclue mes présents alliés... Je sais être élève assidu quand on m'en laisse l'occasion.

Encore fallait-il qu'on lui en laisse l'occasion justement. Ce que personne, en tout cas certainement pas ces deux sbires, ne lui avait encore donné.

Il brulait de rajouter que s'il n'était pas digne d'écrire l'histoire des vampires, Wintel l'était encore moins de détenir Consciencia s'il refusait là l'occasion de voir ce livre, ce puits de savoir, cette merveille, s'enrichir de vérités cachées. Mais il réussit, par il ne sut quelle force de volonté, à retenir sa rancoeur, sa colère grondante et sa frustration exacerbée. Au lieu de cela...

Il se tourna vers la jeune vampiresse, et lui offrit une profonde révérence à la mode elfique, de ce salut cérémonial qu'on offrait quand on voulait honorer quelqu'un, et lui susurra, d'un ton où il ne parvint totalement à chasser le lion même s'il parvint à le tenir en laisse :

- Je vous prie gente dame d'accepter les plus plates excuses d'un vieux lion inconscient qui s'est montré trop présomptueux et un brin outrancier dans sa passion fougueuse. Je ne voulais aucunement me jouer de vous.

Et il ne mentait pas.

- Ni vous offenser.

Ni mépris ni moquerie ne teinta sa voix. Même si sincérité ne chantait pas totalement en harmonie non plus.

- Il s'agit là, si cela vous intéresse, du salut cérémonial elfique, que l'on offre aux personnes de haut rang ou que nous souhaitons honorer. Je vous offrirais avec plaisir le salut vampirique qui y correspond, si vous en avez un apparenté, et si l'on daigne m'accorder l'honneur de l'apprendre.

Là encore nulle moquerie. Il souhaitait juste... apprendre. Comprendre. Et pour lui, cela passait alors par apprendre aux autres aussi ce qu'il savait, offrir et partager son savoir, pour éventuellement en recevoir un autre en échange... ou en cadeau.
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MessageSujet: Re: Vous chantiez et bien dansez maintenant [Eliow] Vous chantiez et bien dansez maintenant [Eliow] Icon_minitimeDim 21 Sep 2014 - 18:38

La générale se redressa de fierté en entendant parler son prince. Il n'avait pas à dire, il avait l’aisance de la parole, la prestance d'un dirigeant. Un vrai dirigeant. Ses yeux luisaient en buvant ses paroles sages et justes. Même tendu, piqué à vif avec les paroles remplies de haine, au finale, de cette créature de bois, son dirigeant gardait le contrôle et le calme d'un homme politique. Et malgré les mots acerbes et justifiés, la pesanteur de la situation à aucun moment il ne cillait et ne dépassait la limite qui les plongeraient dans un chaos et la mort inévitable de l'elfe orgueilleux.
Mais quand l'elfe répondit à son prince avec tout le mépris de sa race et le mépris de la supériorité elfique, Norwen fit un pas pour le faire taire. D'une geste discret de la main, son prince lui fit signe de se stopper. Ce qu'elle fit aussitôt. Mais l'envie de lui faire avaler ses mots méprisant se lisait sur son visage.
Et quand elle put enfin lui cracher au visage son venin, Norwen ne prit aucune mesure pour lui rendre sa pseudo politesse.

« -L'arrogance des elfes n'est pas une légende mais un fait avéré. A moins que se ne soit la victimisation de votre beau peuple face à la cruauté du nôtres. A la seule différence que nous ne cherchons pas de fausses excuses quand à nos actions. Chacune est le fruit de notre volonté et faites en toute conscience des choses. Vous avez joué, perdu et vous vous drapez dans un manteau de fausses excuses toutes aussi bancales les unes que les autres. Les elfes, peuple de beaux parleurs, donneurs de leçons ne sont au final même pas capable de mette en relief ce doux chant qu'ils aiment à chanter aux oreilles des peuples. »

Son regard se fit rude et on pouvait sentir qu'elle se retenait de lui arracher sa langue.

« -Mais il est facile de s'excuser une fois le mal fait. Quand à me sentir offusquer de vos frasques... mon peuple le subit depuis des années, des siècles. Et ne remettez pas sur notre dos les méfaits que votre peuple a subit. Vos exactions en sont responsables comme vos actes et nous en avons ici la preuve. »

Et dans sa voix tremblait la rage envers cette race qu'elle méprisait mais à juste titre. Et cet Eliowir en était le parfait exemple. L'exemple même de la fausse modestie, de ceux qui s'habille d'une supériorité.

« -Ohhh et vous concédez un respect des règles en terrain neutre... Vous êtes un homme de paroles, mais que de paroles, pas d'action. Faites ce que je dis pas ce que je fais. Où a été votre respect là ? Nul part, vous vous repentez car vous avez été pris au piège, pris sur le vif, sinon nous n'aurions jamais eu ses excuses plates et sans vies. Alors ne me faites pas rire avec l'étalage de vos bons sentiments et de ce respect que vous cherchez à porter en bandoulière. Parlez, de la violence, la perfidie des vampires, mais au moins nous avons le respect de le faire en face, pas en sournois comme vous. Alors demandez le respect mutuel mais appliquer le avant de le demander.»


Il voulait de l’honnêteté mais lui ne l'était pas, alors pourquoi le serait-elle ? Pourquoi les vampires devraient suivre la volonté des elfes alors que ceux-ci étaient incapable de suivre leurs propres principes. Cela n'étonna pas Norwen qu'ils soient sur le déclin. Pas plus mal.

« - Alors cessez de faire de nous dire comment vivre, comment agir et agissez suivant vos propres principes. »

Mais cela semblait bien trop lui demander.

« -Quand à vous accordez le droit d'apprendre nos règles, vous venez de le faire mais le simple fait est que vous ne semblez même pas le remarquer. Vous avez commis l'imper, alors cessez de vous justifier et de nous remettre ça sur le dos, sur celui de nos différences. Vous êtes en tort reconnaissez le et gardez vos conseils pour d'autres. »

Tout comme ses excuses. Il avait eu de la chance qu'elle lui permette de lui en faire encore. De parler, de jouer l'arrogant elfe qui se prétend tout savoir, tout connaître, mais qui ne connaît rien. L'orgueil l'étouffera un jour, il n'y avait pas de soute. Tendue comme le fil d'un arc, la générale se tourna vers son prince en inclinant légèrement la tête et s'adressa à lui avec bien plus de politesse et de courtoisie.

« -Mon Prince, je me retiens de lui montrer le salut qui équivaudrait à son rang, puis-je me retirer, car je ne sais pas si je me retiendrai de cet apprentissage quelques instant de plus ?? »

Oui, elle voulait bien faire des efforts, mais elle n'était pas comme son prince, prompt à discuter des heures, plus à agir et là elle avait atteint son quota de compréhension et l'écoute. Maintenant place à l'arrachage de langue.
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MessageSujet: Re: Vous chantiez et bien dansez maintenant [Eliow] Vous chantiez et bien dansez maintenant [Eliow] Icon_minitimeMar 23 Sep 2014 - 19:22

La fureur de Norwen était palpable. Nul besoin de lire dans son esprit pour se douter qu'elle luttait difficilement contre son désir d'arracher la langue irrespectueuse s'agitant sans discontinuer dans la bouche de l'elfe. Non pas que Lorenz n'y ai pas pensé lui-même pour tout dire... Il suffisait d'observer la façon dont son interlocuteur se payait sa tête volontairement ou non d'ailleurs, en prononçant des mots apaisants tandis que ses yeux et sa posture en hurlaient d'autres qui l'étaient bien moins, pour comprendre qu'il en faudrait bien peu pour que la colère n'explose finalement sur cette scène grotesque.

Cela n'arriverait pas pourtant. Il n'y tenait pas, et il avait depuis longtemps passé l'âge de se laisser simplement aller à ses pulsions pour peu qu'il ne le décide pas de lui-même. Oh bien sur il le décidait bien souvent, trop souvent peut-être... Certains pouvaient en témoigner mais n'était-il pas vampire ? Il ne se le permettrait pourtant pas pour cette fois, il y avait trop à perdre juste pour quelques secondes de plaisir et l'elfe était imprégné de l'odeur d'Achroma en plus. Lorenz n'avait franchement pas la motivation nécessaire pour aller disputer la propriété de la vie de cet avorton avec l'ancien qui avait au moins l'avantage de se tenir tranquille depuis un bon moment. Rien de pire pour provoquer des chamailleries que d'aller chatouiller l'instinct de propriétaire d'un vampire. Et autant dire que les chamailleries chez eux avaient un tout autre effet que dans la plupart des autres peuples.

Encore une chose qu'il ne comprendrait jamais celui là. Parfaitement ennuyé, l'ancestral ne pu que suivre d'une oreille distraite l'interminable échange entre la vampiresse et son ennemi du moment, dardant un regard appuyé sur ce dernier quand il osa reprocher à son tour aux vampires de ne pas faire d'efforts eux même. Ben voyons... Peut-être faudrait-il le transformer rien que pour qu'il s'aperçoive enfin de la difficulté qu'il y avait à être un vampire et à traiter avec ceux qui n'étaient ni plus ni moins que de la nourriture à leurs yeux. Peut-être alors comprendrait-il à quel point ils étaient différents des autres peuples et quel effort intense ils devaient accomplir pour se rapprocher d'eux sans que ça ne se transforme en bain de sang. Peut-être oui... Peut-être que ce serait amusant. Mais pas assez pour le décider vraiment, d'autant plus que ce ne serait pas judicieux. Mieux valait arrêter là la conversation et éviter ainsi que les choses ne tournent mal surtout concernant Norwen qu'il sentait proche de l'explosion à ses côtés.

Et ça parlait, ça parlait... L'autre ne s'arrêtait plus. Avait-on idée de parler autant ? Lorenz s'était trompé sur un point, il voulait bien le concéder. Ce gars là avait au moins un point commun avec Merithyn, il était tout aussi bavard. Et ça en devenait plus qu'agaçant. Allait-il se taire à la fin ou faudrait-il lui faire avaler cette langue que Norwen n'avait pas encore arrachée ? Il voulait apprendre ? Et alors quoi, il le prenait pour un vieux maître peut-être ? Qu'il aille apprendre ailleurs, et vite ! Si il voulait vivre encore un peu. L'agacement montait dans le camp vampirique, le venin inondant leurs bouches tandis qu'ils l'observaient, le prince plongé dans un mutisme impressionnant qui ne semblait pas vouloir finir et qui contrastait fort étrangement avec la frénésie de parlotte des deux autres. Il sentait la rancoeur de l'elfe mais ne s'en amusait pas comme il aurait pu le faire en temps normal, il était lassé. Eliowir venait finalement d'épuiser le capital de curiosité et d'intérêt que le prince noir pouvait avoir pour lui. Alors il se taisait, l'observant sans laisser entrevoir ce qu'il pouvait bien penser et l'analysant distraitement sans but véritable. Jusqu'à ce geste idiot.

Le salut cérémonial n'était pas bien difficile à reconnaître, et toujours aussi ridicule d'outrecuidance inutile. Il ne lui était pas adressé néanmoins et il ne pu donc qu'observer la scène avec cette fois un amusement soudainement éveillé. Il venait vraiment de s'adresser ainsi à Norwen ? Décidément, il était écrit quelque part que ce garçon là ne saurait jamais s'y prendre avec un vampire... Il aurait aussi bien pu se mettre à danser une quadrille, une couronne de roses sur la tête et une énorme plume enfoncée dans le derrière qu'elle n'aurait sans doute pas été plus interloquée. Très drôle, vraiment très drôle... Même si son visage ne démontrait rien de tout cela. Quand à Norwen autant dire qu'elle n'était pas amusée du tout. Il desserra enfin les lèvres quand elle lui demanda l'autorisation de se retirer :

"Tu perdrais ton temps, il ne veut rien entendre. Va."

Il la libérait, conscient qu'elle ne résisterait pas beaucoup plus longtemps si l'elfe insistait encore. Lui-même finirait par en arriver à bout de patience, et ce serait fort dommage. Il se tourna donc vers Eliowir pendant que l'officier supérieur de son armée s'éloignait :

"Tu ne m'as pas écouté, aussi je vais me répéter et sache que c'est là un effort inhabituel de la part d'un vampire. Je disais donc un peu plus tôt, que le peuple de l'ombre n'accordait pas "d'honneur" quel qu'il soit à un être qui n'a pas la force, la ruse ou le charisme nécessaire pour se le mériter. Je n'ai pas à t'accorder quoi que ce soit, elle non plus. La notion de don nous est étrangère. Quand à ton salut..."

Il pencha la tête pour l'observer plus attentivement encore, plus accablé par tant de bêtise que véritablement moqueur :

"Il n'a pas d'équivalent chez nous. Les faibles évitent d'attirer l'attention des plus forts, ils se hâtent d'obéir quand ceux-ci leurs imposent des directives mais il ne leur viendrait pas à l'idée de les honorer autrement qu'en se faisant le plus petit possible. Nous ne nous embarrassons pas de codes de politesse inutiles. En la saluant avec tant d'emphase comme un pitre le ferait pour amuser la galerie alors que tu devrais te faire discret, tu l'offense."

Il ne pouvait pas expliquer les choses plus simplement, et d'ailleurs il ne savait pas trop pourquoi il perdait son temps ainsi. Le simple désir de ne pas voir une telle situation se reproduire peut-être... Surtout si cette fois il n'était pas là pour empêcher l'inévitable. Un voeux pieux malgré tout, il faisait toute confiance à Eliowir pour trouver une autre manière d'irriter la vampirique. Aussi conseilla-t-il :

"Norwen est jeune, et elle a du caractère. Je ne l'enverrais pas au loin simplement pour ta bonne santé, tu ferais donc aussi bien de t'arranger pour ne plus la croiser. A moins qu'Achroma ne décide de t'apprendre les bonnes manières à la façon vampire, mais même cela ne suffirait sans doute plus après tout ceci..."

Il avait prononcé le nom de l'ancien avec lenteur, ne sachant pas trop si son interlocuteur était conscient de l'odeur caractéristique qu'il transportait. Il observa sa réaction une seconde avant de se décider enfin à quitter les lieux, plantant l'elfe là en une démonstration fort efficace du comportement vampirique face à plus faible que soit. Eliowir n'existait simplement pas...
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