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| En désespoir de cause [Kyky] TERMINE | |
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| Sujet: En désespoir de cause [Kyky] TERMINE Lun 16 Juin 2014 - 14:26 | |
| An II, février.
Depuis l'acquittement de Kylian, depuis la révélation de leur amour auprès de son cousin, la vie d'Esmelda avait bien changé. Mais qu'importe Kylian était en vie et c'était tout ce qui comptait à ses yeux.
Leurs premières nuits de retrouvailles furent placées sous le signe de longues discussions sur ces longs mois passés loin l'un de l'autre, leurs différentes aventures, mais aussi sous le signe de nombreux câlins complices avant de laisser le sommeil gagné la jeune humaine. Au petit matin, la princesse reprenait son rôle de jeune femme de l'empire rebelle, en allant apporter son aide auprès des blessés, des nouveaux arrivants, parfois même à la confection de vêtements ou au travail des cultures. Son sourire était revenu, et Esmelda était un rayon de soleil dans les galeries sombres de Aigue Royal. Son empressement à être partout, à aider, à faire, se rendre utile, l'envie d'aller de l'avant et qu'importe les regards de certains. De ceux mis dehors par Korentin au moment de l'exécution avorté du vampire. Leur regards étaient déjà sombre avant, elle ne s'attendait pas à les voir changer. Mais c'était celui de Korentin et d'Havard que la princesse fuyait autant qu'elle recherchait. Triste ombre dans ce tableau. Mais la princesse ne pouvait que se sentir soulager quelque part que les deux hommes sachent pour Kylian. Pour elle. Qu'elle cesse de toujours se cacher des siens. Qu'elle puisse être ce qu'elle est réellement.
Une nuit Esmelda se réveilla, le froid que laissait le corps de Kylian absent contre le sien se faisait ressentir et cela malgré la peau froide du vampire. La princesse se redressa légèrement pour voir où se trouvait son aimé. Au bord du lit glissant entre ses doigts un petit objet. La princesse se recoucha en remettant sur elle les couvertures, mais sans retrouver les bras de son fiancé. Le sommeil revint vite la chercher laissant au loin ce songe nocturne.
La nuit suivante, Esmelda se re réveilla sentant Kylian bouger près d'elle et quitter le nid qu'ils s'étaient fait en s'endormant. Rien de bien étrange, le vampire n'ayant nul besoin de dormir, il avait à loisir d'user de son temps. Les nuits devaient lui sembler longues, mais il semblait avoir trouver une occupation. Toujours au bord du lit à manipuler un petit objet. Esmelda lui avait proposé de sortir de la chambre et de vaquer à d'autres occupations, mais le vampire voulait rester près d'elle. Même quand elle dormait, surtout quand elle dormait.
Quelques jours plus tard, la princesse se réveilla pour trouver un Kylian dans un des fauteuils de sa chambre, celui face à son lit, le regard plongé sur ce trésors qui ne le quittait plus la nuit, comme un amant fidèle. Encore une fois. Une fois de trop. La princesse était curieuse de connaître la raison de cette levée. Qu'est-ce que pouvait être ce qui le tracasser et le plonger dans d'intenses réflexion la nuit ? Toutes les nuits. Cet objet glissant dans ses doigts. Étrange façon de passer son temps. Autrefois ses méditations se faisaient près d'elle, dans l'apaisement d'un corps presque endormi. Esmelda se redressa dans le lit pour en sortir à son tour laissant glisser un drap sur son corps nu pour ne pas subir la fraîcheur de la nuit.
« -Qu'est-ce ?? »
Dit-elle en s'approchant de son fiancé et cherchant à mieux voir dans l'obscurité de la pièce ce qui l'amenait loin d'elle depuis de nombreuses nuits maintenant. De sa douce voix, elle lui demanda intriguée au possible.
« -Qu'est-ce qui t'inquiètes et t'occupes l'esprit toutes les nuits ? »
La princesse avança la main pour voir l'objet de ses désirs nocturnes. |
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| Sujet: Re: En désespoir de cause [Kyky] TERMINE Sam 21 Juin 2014 - 16:07 | |
| L'euphorie des retrouvailles et le bonheur de savoir leur amour sinon accepté, au moins toléré ou à défaut ignoré, ne s'étaient guère prolongés plus de quelques jours. Bien vite, trop vite en vérité, la réalité s'était rappelée à eux, et à lui en particulier. La relative insouciance qui avait succédé à son exécution avortée s'était évanouie lorsqu'au détour d'une grotte de la cité souterraine, le renégat vampirique avait croisé du regard la silhouette du prince noir. Cette rencontre à sens unique, Kylian s'étant alors bien gardé de se faire remarquer, avait immédiatement fait remonter à la surface de son esprit ses craintes et ses responsabilités. Protéger Esmelda, empêcher Lorenz de nuire avant qu'il ne soit trop tard, et venger Skade étaient les principaux poids qu'avaient alors à porter ses épaules. La rébellion humaine et même les Alayiens passaient alors au second plan de ses préoccupations, sa priorité à lui était de veiller à ce que l'ancestral maudit ne puisse poignarder ses alliés d'aujourd'hui lorsque l'occasion lui serait présentée. La nuit suivante, le renégat s'était donc soustrait à la douceur de son aimée pour s'y préparer. Ses longues heures de réflexion nocturne s'accompagnaient inlassablement des notes du chant maudit tandis qu'il décortiquait de plus en plus profondément la noirceur de celui qu'il devait vaincre. Au fur et à mesure de ses découvertes, le rebelle se sentait plongé dans la perplexité, dans l'horreur et dans la peur. Perplexité de découvrir chez son ennemi de toujours des îlots d'espoir qu'il s'efforçait de chasser rapidement de son esprit, effrayé de les voir ressurgir pour titiller sa pitié lorsque viendrait le moment de porter le coup fatal. L'horreur, seul sentiment que l'on pouvait éprouver devant les actes tous plus sanglants les uns que les autres qu'avaient commis le prince vampirique pour en arriver là où il en était. Mais pire encore que les actes, c'étaient sans doute la haine viscérale et l'absence totale de remords qui révoltaient le renégat. Et finalement, la peur, sournoise appréhension qu'il pouvait ressentir l'étreindre tandis qu'un frisson lui parcourait l'échine de long en large à l'idée qu'il pouvait peut-être ne pas être si différent. Lorenz avait toujours été sombre, mais il s'était définitivement laissé happer dans la haine après qu'on lui ait enlevé son amour. Et une même question revenait sans cesse perturber le renégat, tandis qu'il posait les yeux sur la silhouette endormie de sa belle : qu'en aurait-il été pour lui ? Qu'en serait-il pour lui ?
Le jeune vampire en était là de ses réflexions, assis dans un fauteuil meublant la chambre de la princesse et vêtu simplement d'un pantalon léger, lorsque ses sens attirèrent son attention sur la forme mouvante dans les draps du lit. Son regard quitta la pierre qui lui servait de confidente pour venir couver la silhouette de sa fiancée qui s'était levée et s'avançait vers lui, curieuse et inquiète.
« Excuse moi, je ne voulais pas te réveiller. »
Mais son éveil ne semblait pas vraiment être ce qui la préoccupait comme le lui confirmèrent bien vite les questions qu'elle lui posa. Des questions qu'il avait déjà entendues, des questions dont les réponses lui avaient bel et bien laissé un goût particulièrement amer. Parce qu'il avait craint sa réaction, il avait lâchement menti à Skade lorsqu'elle lui avait posé ces mêmes questions, et ses mensonges n'avaient cessé de le ronger depuis lors. Dissimulant de son mieux son malaise derrière un tendre sourire, il se redressa et tendit sa main libre à la rencontre de celle de la jeune femme, interceptant son geste pour l'attirer à lui et la faire asseoir sur ses genoux tandis que son bras venait l'enserrer pour la lover contre lui et qu'il se reposait contre le dossier de son fauteuil. Pour toute explication, il se contenta de quelques mots murmurés à demi-voix :
« J'ai besoin d'un câlin. »
Un peu comme un enfant effrayé se sentait rassuré par la présence de son ours en peluche, la chaleur et la douceur de son aimée entre ses bras l'aidait à repousser ses frayeurs. Il demeura silencieux quelques instants, puis releva la main au creux de laquelle il tenait le diamant pour l'amener devant eux et finalement trouver le courage de lui répondre :
« Ce qui m'occupe l'esprit... C'est toi. Ton bonheur, ton bien-être, ton avenir... Notre avenir. Je sais que je peux te paraître... étouffant ? ... quand je m'inquiète pour toi mais ce n'est en rien une question de confiance ou une volonté de ma part de t'enfermer dans une jolie cage. C'est juste que... J'ai tellement peur de te perdre, que deviendrais-je sans toi ? Si je devais un jour rentrer à Aigue pour apprendre que tu as sacrifié ta vie pour la rébellion de ton cousin ? Je sais que je ne le supporterais pas, j'en ai eu un aperçu lorsque j'ai cru que ce Farkstein t'avait assassinée, je l'ai immédiatement haï comme jamais je n'avais haï personne jusqu'à présent. »
Le vampire laissa sa main glisser une caresse le long du dos de sa belle avant de venir tirer doucement sur le drap dont elle s'était couverte pour dénuder son épaule et y déposer un baiser. Il poursuivit pensivement, davantage comme s'il réfléchissait à voix haute que s'il s'adressait vraiment à elle :
« L'amour est une chose merveilleuse, mais la perte d'un amour peut amener de si terribles conséquences... »
Son regard revint trouver les contours du diamant de pureté, petite pierre brillante d'une blancheur à la pureté inégalée tandis qu'il expliquait :
« C'est un diamant de pureté, les baptistrels s'en servent pour enfermer les chant-noms de certaines personnes. Celui-ci m'a été offert par Merithyn, il renferme ... »
Il s'interrompit brièvement, agacé par cette petite voix murmurante au fond de son esprit, celle-là même qui lui avait répété inlassablement le mot ''indigne'' chaque fois qu'il s'était aventuré à repenser au mensonge dont il avait souillé la confiance qu'avait mise en lui la Mère des Tempêtes.
« Il renferme le chant-nom de Lorenz... Ironique, n'est-ce pas ? Qu'un si bel objet puisse cacher une si terrible histoire. »
Lorsqu'il reprit, le timbre de sa voix se fit un ton plus grave et les traits de son visage semblèrent s'assombrir un peu plus, à moins qu'il ne s'agisse simplement d'un caprice de la pénombre nocturne ?
« Je dois tuer Lorenz. Je repousse cette éventualité depuis des années, j'ai toujours voulu croire en une alternative, mais ces derniers mois m'en ont assuré : il n'y a aucune autre solution. Plus j'attends, plus la situation s'aggrave, je ne peux pas le laisser gâcher les prémices de la paix, je ne peux pas le laisser te faire du mal. Alors je m'y suis préparé, tant psychologiquement que physiquement, et même magiquement. Grâce au diamant, j'ai appris à penser comme lui, je connais ses points forts, mais aussi et surtout ses points faibles. Il ne me manque qu'une chose, une arme qui puisse définitivement me permettre de faire la différence en me conférant le pouvoir de le priver de son plus précieux atout, sa magie. »
Le regard clair du renégat vampirique vint se planter dans les prunelles ambrée de la jeune femme qu'il tenait encore contre lui tandis qu'il précisait ce dont il parlait :
« La bague, Esmelda. Celle dont Fabius s'est servi pour ravir la couronne, celle que tu as récupérée dans ses appartements et que tu as cachée. Tu dois me la confier... » |
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| Sujet: Re: En désespoir de cause [Kyky] TERMINE Lun 23 Juin 2014 - 18:34 | |
| La princesse posa sa main dans celle de son aimé pour venir se lover contre lui, reposant la drap blanc sur son corps pour les couvrir d'une douce chaleur.
« -Ne t'excuse pas, tu n'y es pour rien, mon trésor. »
Le regardant avec un amour sans fin dans la pénombre de la chambre, la jeune femme passa le bout de ses doigts tendrement sur les lèvres du vampire avant de plonger dans son cou répondant à sa demande de tendresse.
« -Un câlin ? Rien que ça. »
Kylian avait toujours été très tendre avec elle, mais jamais à demander de vive voix qu'elle le câline. Le baiser sur son épaule laissa échapper quelques frissons de plaisir mais aussi d'un baiser froid au allure tendre et chaude. Esmelda avait bien vu en parlant de choses qui le tracassait. Mais elle n'était pas au bout de ses surprises. Elle écouta attentivement ce qui tracassait son fiancé avant de se redresser un peu plus et de reposer ses doigts sur sa bouche.
« -Non, j'ai juste peur. Peur que tu ne comprennes pas qui je suis réellement et ce que Kohan, princesse veulent et signifient pour moi. Et j'ai l'impression que tu n'as pas confiance en moi. Que mes fréquentations vont forcément m'éloigner de toi. Mais rien ne le fera. Je t'aime Kylian, malgré tout ce que je suis et pour rien au monde je ne changerai. »
Et qu'elle n'était pas une fille de peu de vertu (quoiqu'en pense Korentin). Elle avait eu les plus beaux jeunes hommes et les plus riches à ses pieds, lui offrant mille et un cadeaux, prêt à conquérir le monde, ou à mourir pour elle. Mais que des mots. Kylian, lui, ne lui avait rien promis. Juste de l'aimer. Et c'est la seule chose qui importait à ses yeux. Alors pourquoi chercher à plus. Pourquoi pensait-il qu'il l'a perdrait, elle ne comptait nullement partir loin de lui ? Avec douceur, elle expliqua.
« -Tu ne me perdras pas. Je ne compte pas mourir. Mais tu dois comprendre que ce n'est pas la rébellion de mon cousin, de l'empereur. Mais c'est aussi la mienne. En tant que princesse, mais avant tout en tant qu'humaine. A ne rien faire, à me terrer ici, c'est comme m'empêcher de respirer. Imagine que je te disais de ne plus lutter pour ton peuple, de les laisser vivre dans l'ignorance et le mépris de Lorenz. Tu me diras que tu dois finir ce que tu as commencé. Et je suis plus dure et forte que tu ne le crois Kylian Wallam. »
La jeune femme se redressa en pliant son bras pour montrer sa force de bras à son cher et tendre. Avançant sa main pour essayer de toucher la pierre dans la main du vampire, qui se referma avant qu'elle ne puisse la toucher. La princesse se renfrogna un temps. Pourquoi ne pouvait-elle pas la toucher ? Elle n'allait pas lui prendre.
« -Souvent les objets les plus simples, épurés sont ceux qui renferment les plus lourds passés. »
Mais quand la mention de la bague arriva, Esmelda se redressa et inspira en profondeur.
« -Non, Kylian, je ne dois pas te la donner. »
Et puis, il ne lui avait pas donné son diamant, alors pourquoi ferait-elle de la même. Non plus sérieusement, il y avait bien trop en jeu, beaucoup trop, lui surtout.
« -Pourquoi dois-tu tuer Lorenz réellement ? Toi, moi, ton peuple, le mien ? Tous ? Les vraies raisons, pas celles que tu veux te et me faire croire. Car si cela est simplement pour moi, alors non. Non. Je refuse de te la donner, comme je refuse que tu t'abaisses seul à ôter la vie d'un homme pour ma simple sécurité, même si c'est cet être abject. Il doit répondre de ses crimes, pas devenir un mort de plus pour la simple idée que je puisse vivre. Car il n'est pas mon seul ennemi. Et après ? Tu iras tuer aussi les autres ? Devenir un assassin, un meurtrier ? Car là c'est ce que tu deviendras. Rien à voir avec enlever la vie de sales types pour te nourrir. »
Car non, il pouvait dire ce qu'il voulait, jamais Esmelda laisserait quiconque et encore moins l'homme qu'elle aime devenir un meurtrier pour elle, pour qu'elle puisse avoir la sécurité d'avoir un de ses ennemis loin d'elle. Ensuite s'en suivrait un autre engrenage, à chaque petit conflit qu'est-ce que cela deviendrait ? Déjà au vue de ses scènes de jalousie quand elle se trouvait avec un homme.
« -Et comme tu l'as dit l'amour est une chose merveilleuse, mais la perte d'un amour peut amener de si terribles conséquences. Crois-tu que moi aussi j'ai envie qu'on vienne me dire que tu es mort, à cause de moi, sur l'autel de la crainte de ce que peut me faire ce vampire ? Que je sois la cause de ta mort. »
Arriverait-elle à survivre à cela ? Non, elle avait cru devenir folle, elle avait perdu tout espoir quand contrainte et forcée à aller vivre chez les elfes, Esmelda avait pensé perdre son amour. Alors apprendre sa mort de cette façon, non. Elle ne vivrait pas avec le poids de cette culpabilité sur son cœur. Et aussi parce qu'elle connaissait Lorenz et sa perfidie. Il n'avait rien à perdre. Kylian si.
« -Car sa magie n'est pas son seul atout. Tu le connais mais lui aussi te connaît. Tout aussi bien. Je ne veux pas te voir te diriger dans une voie qui n'a peut être pas de retour. Et cette bague est un point de non retour. Je t'ai dit ce que j'ai lu, je t'ai raconté les écrits de mon ancêtre. Sa folie, sa déchéance... Cette bague est le mal en personne et trop dangereuse. Il faut chercher à la détruire, pas à s'en servir. »
Et elle ne serait pas celle qui mènerait Kylian vers la voie de sa fin. Non. Et cette bague n'était que ça. Perte, destruction et désarroi. |
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| Sujet: Re: En désespoir de cause [Kyky] TERMINE Sam 28 Juin 2014 - 15:32 | |
| Ce que la princesse oubliait, dans ses efforts pour apaiser les inquiétudes de son fiancé vampirique, c'était qu'au contraire de ce qu'elle semblait craindre, il était parfaitement conscient de l'importance que revêtaient le nom des Kohan et le statut de princesse au regard de sa belle. Après tout, c'était pour ces deux raisons qu'elle avait accepté de quitter Gloria en vue d'être mariée à un elfe, l'année précédente. Alors s'il ne doutait pas une seule seconde de l'amour qu'elle éprouvait à son égard, il lui était tout de même un peu plus difficile d'accepter si facilement sa promesse que rien ni personne ne pourrait l'éloigner de lui, pour la bonne et simple raison que cela s'était déjà produit. Il préféra toutefois n'en rien dire et conserva pour lui son amertume, elle était avec lui et pour l'instant, cela seul importait. Le vampire consentit même à laisser un discret sourire affleurer sur ses lèvres lorsque la jeune femme exhiba son biceps pour mieux appuyer ses arguments et lui vanter sa force nouvelle. Pourtant, si le geste pouvait paraître anodin, enfantin même, les yeux clairs de l'amant vampirique ne manquèrent pas de remarquer qu'effectivement, le bras de la frêle jeune fille présentait bel et bien une musculature un peu plus prononcée qu'elle ne l'avait été par le passé. Il n'y avait certainement pas encore là de quoi lui faire gagner le qualificatif de guerrière, mais le changement avait tout de même été suffisant que pour qu'il put remarquer les premiers fruits des séances d'entraînement de sa fiancée. Devait-il s'en réjouir ou s'en inquiéter ? La question lui apparaissait insoluble. D'un côté il ne pouvait qu'être heureux de la voir elle-même heureuse et fière de ce qu'elle avait accompli, mais d'un autre, le spectre d'une princesse couverte de sang et dont la joie de vivre avait été brisée par l'horreur de la guerre planait inlassablement dans son esprit. Pour toute réponse, il se passa une main sur la joue, celle-là même que la princesse avait giflée lors de leur dernière dispute, et précisa non sans taquinerie :
« J'ai effectivement eu l'occasion de m'en rendre compte. »
La plaisanterie tourna court, cependant, et il perdit son sourire lorsqu'elle essaya de tendre la main vers le diamant de pureté. Instinctivement, il referma ses doigts sur la pierre et l'éloigna. Il perçut facilement la légère tension que son geste fit naître chez celle qui se tenait lovée auprès de lui, mais il y avait tant de haine, tant de souffrance, tant de malheur dans le chant que renfermait ce diamant... Il ne voulait pas qu'elle puisse approcher une telle noirceur, cela ne pourrait que la faire inutilement souffrir. Lui-même, alors qu'il avait pourtant pensé connaître suffisamment bien Lorenz pour que rien ne put encore l'étonner, avait été horrifié par certaines de ses découvertes. Et il ne voulait pas prendre le risque qu'Esmelda eut à sacrifier une part de son innocence.
L'incident avait-il influencé la décision de la princesse à propos de la requête que lui avait présentée le vampire ? Difficile à dire, mais quoi qu'il en fut, le refus qu'elle lui opposa lorsqu'il lui demanda la bague dont elle avait reçu la charge le contraria. Et plus encore que le refus lui-même, ce furent plutôt les explications avec lesquelles elle devait étayer sa décision qui firent se froncer les fins sourcils du renégat vampirique. Les vraies raisons ? Non mais que croyait-elle ? Que cela avait été facile pour lui ? Qu'il avait la moindre envie de faire ce qu'il avait décidé de faire ? Ce n'était pourtant certainement pas un caprice de sa part, mais bien une décision mûrement réfléchie et il avait la ferme intention d'obtenir gain de cause. Lorsqu'il sembla que la jeune femme en eut terminé, il répliqua avec sévérité et plus de sécheresse dans le ton qu'il n'aurait vraiment souhaité en démontrer :
« Merci de me considérer comme un tueur sans scrupule... J'ai peut-être bien l'habitude d'être vu comme un monstre sanguinaire par ton peuple, mais j'espérais un peu plus de compréhension de ta part. Je ne crois pas t'avoir demandé une leçon de morale, si j'en suis arrivé à cette conclusion, c'est bien qu'il n'y a aucune autre possibilité et j'ai déjà eu assez de mal à m'en convaincre moi-même, alors ne me rends pas les choses plus difficiles. »
Mais puisqu'il semblait bien qu'elle ne daignerait pas simplement lui faire confiance comme il l'aurait pourtant espéré, puisqu'elle voulait qu'il se justifie auprès d'elle, puisqu'elle doutait de lui et semblait prompte à croire qu'il n'était qu'un tueur parmi d'autres, alors il s'expliquerait :
« Je ne laisserais personne te faire du mal, mais si c'est vraiment cela qui t'inquiète alors non, ce n'est pas simplement pour toi que je veux le tuer. »
Il avait insisté sur la prononciation du ''simplement'' pour bien lui faire comprendre que cela n'avait rien de simple, justement.
« C'est pour tous ceux qu'il a fait souffrir, pour tous ceux qui souffrent encore par sa faute, et pour ceux qui vont seulement avoir à souffrir de ses actes si rien n'est fait pour l'arrêter. Tu veux qu'ils répondent de ses crimes ? Très bien, mais crois-tu sincèrement qu'il se laissera juger ? Et par quel tribunal ? J'ai déjà répondu à ces questions, Esmelda, et la réponse est invariablement la même. Ça ne me plaît pas plus qu'à toi, mais quelqu'un doit l'arrêter... Tu n'es pas d'accord ? »
Il avait pu sentir la crispation les gagner progressivement, aussi s'efforça-t-il de s'adoucir, conscient qu'il valait probablement mieux adopter une stratégie autre que l'affrontement verbal s'il espérait pouvoir obtenir gain de cause. Il leva donc une main vers le visage de sa belle pour y déposer une caresse, ses doigts glissant lentement contre sa joue pour finalement venir lui relever le menton avec douceur et lui permettre de plonger un regard chargé d'amour dans le sien.
« Tu l'as dis toi-même, je dois finir ce que j'ai commencé, alors essaie de me comprendre : je fuis depuis trop longtemps, je n'ai plus le choix. »
Il approcha ensuite lentement son visage de celui de la jeune femme et vint l'embrasser tendrement pour essayer de la rassurer. Il poursuivit avec un murmure complice, laissant ses lèvres effleurer celles de la princesse et ainsi ponctuer ses mots de doux baisers réguliers.
« Je ne sais pas de quoi demain sera fait mais quoiqu'il arrive, tu ne seras jamais responsable de ma mort. Jamais. Car tu es la vie, mon amour. Tu es ma vie. »
Il avait conclu en venant lui prendre le visage à deux mains et lui caressa les joues avec les pouces. Il posa ensuite le front contre le sien et ferma les yeux tandis qu'il s'efforçait encore de la convaincre :
« Ton ancêtre ne savait rien des pouvoirs de la bague, il s'est laissé surprendre mais ce ne sera pas mon cas. Ce n'est qu'un bijou, Esmelda, un simple bijou : elle n'est ni bénéfique, ni maléfique, elle est simplement ce que son porteur en fait. Et j'en ferais bon usage. Tu as confiance en moi, non ? Tu sais que je m'en servirais à bon escient. Mais nous avons besoin de son pouvoir pour ramener la paix : Dévoreuse peut être le premier pas concret en direction de ce dont nous avons toujours rêvé... Alors ne laisse pas tes peurs se mettre en travers de notre chemin... Je t'en prie... »
Il rouvrit les yeux sitôt qu'il eut prononcé les derniers mots, puis laissa son regard insistant se noyer dans les prunelles ambrées de la jeune femme pour lui murmurer trois mots qui s'enrobèrent d'une implacable détermination :
« Donne... la... moi. » |
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| Sujet: Re: En désespoir de cause [Kyky] TERMINE Dim 29 Juin 2014 - 11:24 | |
| Oui, en effet Kylian avait pu profiter de ses heures d’entraînement et en ligne directe. La jeune femme se mordit la lèvre avant de s'excuser en se mordant la lèvre.
« -Je suis désolée pour cela. Me pardonneras-tu un jour ? »
Lui demanda-t-elle en lui embrassant la joue, là où quelques jours plus tôt, elle lui avait mis une gifle, agacée par ses propos déplacés et la situation un peu surréaliste. Et pourtant à ce moment, cette joue, Esmelda n'avait voulu que la couvrir de baisers, bien trop heureuse de le retrouver, après sa trop longue absence de Aigue. Joie qui n'avait cessé d'osciller entre peur, tristesse, paix et maintenant incompréhension. Oh bien sûr son choix était légitime et cela la princesse ne pouvait que comprendre et le suivre. Mais le moyen, le chemin à suivre, sa démarche … cela restait flou pour elle. Comme ce diamant. Pourquoi ne pas le lui donner, le lui montrer. Comme si elle allait lui voler. Puis pourquoi prenait-il ses mots de travers ? Elle était bien la dernière à le voir comme un assassin, et justement, elle ne voulait pas qu'il le devienne.
« -Je ne te considère pas de la sorte, bien au contraire. J'arrive à dépasser cette façon que tu as de te nourrir en tuant les miens, parce que je t'aime, parce que je sais qui tu es et ce que tu mets derrière cela, et je sais que tu n’assassines pas par plaisir. Alors ne le fait pas. Ne le deviens pas. S'il te plaît, ne deviens pas comme ceux contre qui tu luttes depuis tant d'années. Et toi tu es peut être parvenir à ce cheminement, mais pas moi. Je ne suis pas prête à te voir risquer ta vie de cette façon. Et je ne te fais aucune leçon, je te parle de mon ressentit. »
De ses peurs, peur de le perdre. Lui avait bien peur pour elle et qu'il soit un homme ou un vampire ne changeraient en rien ses propres craintes. Mais surtout, pourquoi lui demandait-il une telle chose ? N'avaient-ils pas dit tous les trois avec son cousin, qu'ils protégeraient cette bague, des méfaits des autres mais surtout de celle de la bague.
«-Tu te rends compte de ce que tu me demandes. De l'impact que cela peut avoir. Ce n'est pas une simple demande comme de prêter ma dague ou une armure. Kylian, tu parles d'aller tuer ton ennemi, bague au doigt, une bague qui a rendu fou un homme, tué un dragon, et qui sème le désordre depuis qu'elle est revenue à la surface de cette terre. »
La jeune femme se redressa un peu pour lui faire face.
« -Si quelqu'un doit le stopper. Mais pourquoi maintenant ? Pourquoi toi ? Kylian, j'ai peur, tu ne veux que personne ne me fasse de mal, mais je ne veux pas te perdre. Et ce n'est pas tant Lorenz qui me fait peur. Mais les moyens, et les conséquences, car il n'est pas seul, il a des soutiens. Tu peux le briser mais ensuite ? Ses alliés ? Et toi ? »
Car Lorenz était la partie visible d'un tout tapis dans l'ombre. Dans sa discussion lors de sa rencontre avec le prince vampirique, celui-ci lui avait bien dit que beaucoup le suivait , car cela les arrangeait bien aussi au final. Ils suivaient la trace creusée par leur prince. Alors celui-ci à terre, que se passerait-il ?
« -Tu sais bien que je veux le stopper autant que toi, si ce n'est plus, car c'est mon peuple qu'il massacre. Mais pas en te lançant dans une vengeance personnelle et seul. Je sais que tu ne veux plus fuir, que tu dois le faire. Mais pas comme ça. Pas de cette façon, pas sans aide. Tu n'es pas le seul dans cette histoire. Tu n'as pas à tout porter sur tes épaules. Kylian, on se bat ensemble depuis ces dernières années, toi et moi. »
Les mains de Kylian sur sa peau, puis ses baisers tendres sur sa bouche, rien de tout ceci pourrait l'aider à réfléchir et à lui faire comprendre qu'elle ne changerait pas d'avis. La princesse y répondit tout aussi lascivement.
« -Et Kylian, ne dit pas ça. S'il t'arrivait quelque chose, jamais je ne m'en remettrai. J'ai cru mourir quand j'étais au royaume elfique ou à la recherche de ton amie Skade, sans nouvelles de toi. Je ne veux plus vivre ça. »
La princesse se leva en laissant tomber le drap le long de son corps pour aller chercher un peu plus loin sa robe de nuit posé sur un coffre. Esmelda avait besoin de mettre un peu de distance, entre elle et ses lèvres de son amant, pour réfléchir, pour lui faire comprendre. La jeune femme l'enfila et noua le large nœud, tout en continuant à tenter d'expliquer à son amant que cette bague n'était pas le simple objet d'un joaillier de Gloria.
« -Ce n'est pas un bijou. Il ne faut pas sous estimer sa force et son pouvoir. Ce n'est pas une bague, juste une bague. Elle est le mal et l'attire à elle. Mon ancêtre ne savait rien, mais il a vu et nous a narré le pire de ce qu'elle peut faire. »
Et pour le moment, Esmelda n'avait pas vu une chose positive sortir de cette bague. Et la haine de Kylian a l'égard de Lorenz ne pourrait qu'alimenter les desseins néfastes de cette bague.
« -J'ai confiance en toi, mais pas en elle. Elle corrompt les âmes. Sinon pourquoi l'esprit de la Mort m'aurait donné cette bague. Je ne laisse pas mes peurs me dicter quoi faire. Je n'ai pas peur, sauf de te perdre. Et cette bague sème le désarroi sur son passage. Donc, non, Kylian, je ne te la donnerai pas, je ne peux prendre le risque de voir celui que j'aime devenir comme mon ancêtre. »
La jeune femme se rapprocha du fauteuil pour y faire face à son aimé et passa une main douce sur son visage.
« -Il y a d'autres solutions, d'autres forces, pourquoi ne pas les unir ? Pourquoi te lancer seul dans cette folie ? Ce diamant est une force, pourquoi ne pas le partager avec les autres ce qu'il t'a appris ? »
Et pourquoi le lui demander, alors qu'il savait qu'elle dirait non. N'avait-elle pas été clair sur ce point, quand tous les trois, ils avaient promis de veiller à la protection de la bague, pas à son utilisation.
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| Sujet: Re: En désespoir de cause [Kyky] TERMINE Sam 5 Juil 2014 - 14:13 | |
| Lorsque la princesse se redressa pour se lever et délaisser les bras de son amant vampirique, celui-ci avait instinctivement ressenti le besoin ardent de la retenir auprès de lui. Il voulait resserrer son étreinte sur elle, l'empêcher de le fuir, comme s'il espérait la contraindre à lui céder en la gardant auprès de lui. Il n'en avait rien fait cependant, et était parvenu à interposer son esprit conscient devant les envoûtantes clameurs de sa nature possessive. Esmelda était sienne et elle le resterait, alors pourquoi avait-il ressenti l'éloignement de la jeune femme comme une forme d'abandon ? Peut-être parce que c'était exactement ce dont il s'agissait. Elle le repoussait, elle lui tournait le dos alors qu'il avait besoin d'elle, elle le rejetait. Kylian plissa les yeux, suivant du regard les gestes de sa fiancée qui revêtait sa robe de nuit, tandis qu'il se remémorait ce qu'elle lui avait dis un peu plus tôt. Elle ne voulait pas qu'il devienne comme ceux contre qui il luttait, mais comment par le Dracos pouvait-elle oser tenir semblable comparaison ? Lorenz et ses sbires tuaient pour le plaisir de tuer, par cruauté, c'était donc l'image qu'elle avait aussi de lui ? Elle qui prétendait savoir, elle qui disait le connaître. Beau discours que celui-là, dommage que ses mensonges ne puissent parvenir à dissimuler le fait qu'elle le pensait sincèrement capable de devenir un... monstre. Etait-ce parce qu'elle avait peur de lui qu'elle s'était détournée de ses bras ? Cette possibilité lui serait apparue invraisemblable quelques minutes plus tôt, mais depuis, ne l'avait-elle pas traité de fou ? Oui, c'étaient les mots qu'elle avait prononcé, une bague qui avait rendu fou un homme, et qui donc le rendrait forcément fou lui aussi, c'était bien de cela qu'il s'agissait : elle ne lui faisait pas confiance. Car dans le cas contraire, pourquoi lui aurait-elle demandé s'il se rendait compte de ce qu'il demandait ? Bien sûr qu'il savait ce qu'il demandait, il réclamait le moyen de mettre un terme aux atrocités, il attendait d'elle qu'elle le soutienne dans l'accomplissement de sa victoire, mais malheureusement, il semblait bien que ce ne fut pas le cas pour elle. Elle avait même avoué avoir peur, peur de le perdre. En fait, elle ne croyait pas du tout en lui, elle pensait qu'il échouerait et préférait l'empêcher de faire ce qu'il devait faire parce qu'elle s'imaginait qu'il menait une... vengeance personnelle ? Mais... Comment pouvait-elle prétendre l'aimer alors qu'elle semblait avoir si piètre opinion de lui ? Une vengeance personnelle, c'était ainsi qu'elle considérait ses actes ! Lui qui n'avait jamais eu à l'esprit que la paix et la prospérité, la sécurité d'autrui et la tolérance entre les peuples, elle l'accusait de vouloir assouvir une vengeance égoïste ! Etait-ce se venger que de vouloir protéger ceux qui lui étaient chers ? Etait-ce se venger que de vouloir épargner des vies innocentes inutilement sacrifiées ? Etait-ce se venger que de réclamer justice ?
Le vampire releva le regard vers sa belle mais quelque chose avait changé dans la façon qu'il avait de la regarder : ses sourcils sombres s'étaient froncés et désormais, ses yeux verts se révélaient chargés d'un mélange de colère et de chagrin. La bague attirait le mal, c'était ce qu'elle venait de dire, et puisqu'il venait de lui demander la bague, il était forcément... le mal. Ou du moins était-ce ainsi qu'il percevait le message qu'elle voulait lui faire passer. Il n'osait y croire, mais la princesse semblait se faire un devoir de le lui asséner, répétant encore et encore à quel point elle avait peur de le voir succomber, comme Alderick avant lui. Comment osait-elle encore prétendre lui faire confiance ? Comment pouvait-elle espérer lui faire croire qu'elle ne laissait pas ses peurs la guider ? Pourquoi lui mentait-elle ? Le vampire baissa les yeux, laissant son regard venir trouver l'éclat luisant du diamant qu'il tenait au creux de sa main. Les traits figés, les mâchoires douloureusement crispées, il demeura froidement immobile, indifférent à la douceur de la main de son aimée sur son visage. Car pour la première fois, cette caresse lui était désagréable et lui laissait un goût amer, espérait-elle le faire plier de la sorte ? Elle n'avait vraiment aucune ...
Le sinistre fil des pensées du renégat vampirique s'interrompit et une lueur stupéfaite traversa son regard lorsque la jeune femme lui suggéra de partager les informations du diamant. Les mots sonnèrent tels un coup de grâce pour l'esprit déjà fortement éprouvé du vampire, elle voulait lui prendre ses armes pour les confier à d'autres, elle voulait l'écarter, elle ne le croyait pas capable, elle... D'un geste sec, brutal même, Kylian chassa la main que la princesse avait posée sur sa joue avant de se redresser pour se tenir devant elle.
« Assez ! »
Ses poings s'étaient crispés au point qu'il avait l'impression que le diamant de pureté, qu'il tenait toujours dans la main droite, allait s'enfoncer sous sa peau. C'en serait presque une bonne chose en fait, au moins de cette manière, personne ne pourrait le lui arracher.
« Tais toi ! Je me fiche de ce que tu peux penser, je pensais que tu croyais en moi, que tu voulais me soutenir alors qu'en vérité, tu ne vaux pas mieux que les autres ! Mais comme les autres, tu te trompes et je le prouverais ! »
Le vampire leva un doigt menaçant, comme s'il devait ainsi appuyer son discours :
« Je vais tuer Lorenz, parce que c'est MA responsabilité et il ne t'appartient pas de discuter de ma décision ! Tu es peut-être princesse des hommes, mais chez les vampires, tu n'es qu'une proie, tu n'as pas d'ordre à me donner, tu n'as pas à juger de mes actes ! Je ne t'ai jamais caché ma rébellion, tu connaissais mes buts, tu prétendais les soutenir et maintenant que j'ai enfin l'opportunité de concrétiser ce pourquoi je me bats, ce pourquoi j'ai souffert, tu prétends m'en empêcher ?! »
La question n'attendait aucune réponse et il ne lui laissa d'ailleurs pas l'occasion d'en glisser une, poursuivant avec force véhémence :
« Tu sais comment est organisée la société vampirique : au sein de mon peuple, le plus fort commande, le plus faible se soumet ou meurt ! Avec Dévoreuse, j'aurais le pouvoir de briser Lorenz et tous ceux qui tenteront de m'en empêcher, quelques-uns essaieront peut-être de profiter de l'occasion pour me défier à mon tour mais je les écraserais. Avec la bague, même les dragonniers seront contraints de se soumettre ! Cela ne me plaît pas plus qu'à toi, mais c'est un mal nécessaire pour amener la paix, Esmelda. Mon peuple vénère la force depuis des millénaires, ils ne changeront pas avec quelques beaux discours, je ne pourrais rien accomplir si je ne leur montre pas d'abord qui est le plus fort ! »
Etait-ce vraiment si difficile à comprendre ? Il faisait ce qu'il faisait pour le bien du plus grand nombre, cela lui semblait évident et il ne comprenait pas pourquoi la princesse ne voulait pas le soutenir alors qu'elle venait elle-même de rappeler que son peuple, celui-là même pour lequel elle semblait prête à tant sacrifier, souffrait. Sans oublier évidemment les conséquences un peu plus personnelles :
« Et non seulement serais-je en position de maintenir la paix entre nos peuples, mais as-tu seulement pensé à ce que cela signifierait pour nous ? Pour notre couple ? Lorsque j'aurais pris la place de Lorenz, je dirigerais un royaume, Esmelda, je serais prince ! Cela signifie que je pourrais demander ta main à Korentin en gage d'alliance, et il ne pourra me la refuser car il a besoin des vampires pour lutter contre Fabius et les Alayiens. Tu seras mienne et personne ne pourra plus rien contre cela, nous n'aurons plus à nous cacher. »
Ou plus exactement, elle n'aurait plus à le cacher. Kylian avait essayé d'établir le dialogue avec l'empereur rebelle, on ne pourrait le lui reprocher, il s'était montré honnête et qu'en avait-il retiré ? Une condamnation à mort, sous un fallacieux prétexte qui plus était. Korentin lui-même avait avoué ne l'avoir épargné que par obligation, il n'en fallait guère plus pour comprendre que le cousin de la princesse n'accepterait jamais de les laisser se marier. Or, si le renégat vampirique n'était rien aux yeux du souverain, un prince serait certainement un argument plus convaincant. Après tout, Grégorist lui-même n'avait-il pas déjà jeté les bases d'un possible mariage interracial en vue de consolider l'alliance avec les elfes ? Le même raisonnement pouvait s'appliquer aux vampires.
« Je suis plus au fait de ce qu'est vraiment le mal que toi, aurais-tu oublié ce que je suis ? Cela fait deux cent ans que je lutte perpétuellement contre le mal, contre la malédiction qui me ronge, sans une seconde de répit, sans un instant de relâchement, me crois-tu donc si faible que pour me laisser influencer par une bague ? Je sais ce qu'elle est, je sais comment museler son influence, elle n'aura aucune emprise sur moi ! Si Alderick nous a narré le pire de ce que peut faire Dévoreuse, alors laisse moi montrer au monde le meilleur de ce qu'elle peut donner ! »
Kylian s'avança lentement, d'un pas, puis d'un second et bientôt d'un troisième, comblant lentement la distance qui le séparait de la jeune femme.
« C'est la dernière fois que je te le demande, Esmelda, alors cesse d'essayer de discuter du bien fondé de ma décision : si comme tu le prétends tu es avec moi, dis moi où tu as caché cette bague ! »
Lorsqu'il fut arrivé suffisamment près pour la toucher, il tendit le bras et vint poser une main sur l'épaule de la demoiselle tandis que de l'autre, il venait enlacer de ses doigts ceux de son aimée pour poursuivre un demi-ton plus bas :
« D'une manière ou d'une autre, je vais défier Lorenz et il n'y a rien que tu puisses faire pour l'empêcher. Mais tu peux me donner la bague, garantir ma victoire et t'assurer que j'en reviendrais ; ou tu peux t'obstiner à trembler devant des peurs infondées et me regarder aller à la mort parce que tu auras eu peur de me perdre. »
Plutôt ironique comme situation, elle prétendait avoir peur pour lui mais se refusait à lui donner les outils qui permettraient d'assurer sa sécurité. Le vampire dévisagea la princesse avec une rare intensité, il était fermement décidé à obtenir ce qu'il voulait et ne la laisserait pas se mettre en travers de son chemin, aussi s'efforça-t-il de faire preuve de sévérité tandis qu'il assénait :
« D'un côté, je vis, je restaure la paix, je t'épouse et nous serons heureux, ensemble, pour de longues, très longues années. Peut-être même aurons nous des enfants, qui sait ? Mais de l'autre, au mieux j'emporte Lorenz dans la tombe avec moi, les vampires s'entre-déchireront pour décider d'un nouveau chef pendant que, privée du soutien de mes semblables, la rébellion de ton cousin pataugera dans les difficultés avant de s'effondrer purement et simplement pour laisser Fabius gagner. Ce n'est pas ce que tu veux, ce n'est pas ce que nous voulons, mais tu as le pouvoir de décider de ce qu'il adviendra. »
La pression que sa main exerçait sur l'épaule de la princesse se raffermit, de même que celle qu'il faisait peser sur leurs doigts entrecroisés, tandis qu'il ordonnait :
« Alors choisis ! » |
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| Sujet: Re: En désespoir de cause [Kyky] TERMINE Sam 5 Juil 2014 - 22:23 | |
| Esmelda ne savait pas ce qui lui faisait le plus mal. Les mots de son fiancé, le contact de sa peau froide sur celle chaude de sa main ou la douleur qu'il exerçait sur son épaule comme pour qu'elle comprenne qu'elle n'avait pas le choix. Et pourtant. Rien de tout cela ne la ferait céder. Bien au contraire. Kylian avait changé. Depuis quand ? Comment ? Depuis toujours ? Ses mots auraient été mensonges depuis le début ? Aurait-il joué avec elle ? Ou bien quelque chose le faisait changer ? Outre la guerre.
La princesse se dégagea de son emprise, en le repoussant en douceur, mais le fusillant d'un regard perdu.
« -Non, je ne me tairais pas Kylian, que cela te plaise ou pas. Que mes mots n'aillent pas en ton sens ne signifie pas que je doive me taire et me soumettre à ta volonté. Est-ce là ta vision du couple ? Et tu te moques de ce que je pense. Tu te moques donc de moi, de ce que je pense et ressens. Très bien. La porte t'es ouverte si je ne suis que le lot de consolation le soir venu pour te couvrir de baiser. Tu es... comment peux-tu dire cela ? Je crois en toi, j'ai confiance en toi, mais cela ne signifie pas que je doive boire tes paroles, ne pas penser par moi même et suivre mon fiancé sans l'once de bon sens et de réflexion. Je ne suis pas ce genre de femme et tu le sais. Alors toi assez, assez de dire des méchancetés de ce genre et de me prouver que tu ne vaux au final pas mieux, toi aussi, que les autres. A ne voir en leur femme qu'un objet non pensant. »
Pourquoi lui faisait-il si mal ? Croyait-il que de cette façon elle céderait ? En usant de la force ? En la blessant ? Eh bien il se trompait et lourdement. La seule chose qu'il parvenait à faire, c'était lui briser le cœur et la plonger dans l'incompréhension la plus totale. Démunie, la princesse lui indiqua la porte :
« -Eh bien, vas-y !! Va le tuer. Tu attends quoi de moi si de toute façon je n'ai nullement mon mot à dire. Qu'importe que je puisse avoir peur pour toi, après tout ce que tu m'as raconté sur cet infâme vampire. Vas-y, va te venger, venger ton peuple. Vu que je ne suis que princesse des Hommes et pas ta future femme. Mon rôle de princesse vient à point nommé comme il t'arrange. »
Qu'une humaine. Finalement, le soucis était là. Il avait voulu croire que ça ne le serait jamais. Mais si. Elle n'était que cela. Mais il préférait s'enfoncer et ne pas l'écouter, la voyant comme ne cherchant pas à le comprendre, à le suivre dans sa folie destructrice auprès du prince noir. Si elle savait qu'il le devrait un jour, mais pas comme ça. Mais de cette façon, et pas en la traitant de moins que rien.
« -Je ne veux pas t'en empêcher... j'ai juste peur de perdre l'homme que j'aime. Mais celui-ci semble ne pas le comprendre et préfère se murer dans l’imbécillité de ses paroles. Car à tes yeux, je ne suis que ça ? Une proie ? Alors que fais-tu là près de moi ? Pourquoi dis-tu m'aimer, pourquoi veux-tu m'épouser ? Avoir des enfants ? Pour avoir l'ascendance sur ta proie ? La satisfaction de te sentir au dessus de la pauvre créature que je suis ? Tu te complais à te sentir supérieur à moi ? »
Car là c'est ce qu'elle ressentait au fond d'elle. Un mépris de tout ce qu'elle était. Alors pourquoi vouloir rester avec elle ? Et comment le pacifiste, le compréhensif Kylian avait pu devenir cet homme face à elle, rempli de haine et e violence, notamment à son égard ?
« -Mais tu t'entends parler. Écraser, briser, contraindre ? C'est ça que tu veux pour ton peuple ? La même chose que ce que fait Lorenz. Tu ne vaux pas mieux que lui au final, alors non, je ne t'aiderai pas. Je veux t'aimer, plus que tout, mais pas comme ça... pas sous le sceau de la violence. Mais que t'arrive-t-il? Devenir prince, pour m'épouser. Je n'ai pas besoin de toi en prince, je te veux toi simplement. »
La voix se tut dans un sanglot, et les larmes qu'elle cherchait à refouler depuis quelques minutes arrivèrent dans ses yeux clairs, brillant à la lumière d'une bougie.
« -Et je ne peux prendre le risque que tu perdes le contrôle de cette bague et cela n'a rien à voir avec ta capacité à lutter contre ton mal. Il s'agit d'une magie qui va au delà de tout. Il a fallu un Esprit pour la faire taire. Un Esprit. Pas un mage, pas un être qui connaît ce que la magie maléfique signifie. Un Esprit. Et cette bague ne donnera rien de bon. Elle est le mal. Rien de plus. Donc non, je ne te la donnerai pas. Pas après ce que tu viens de me dire. Je me refuse encore plus à te laisser sombrer vers ce à quoi tu tends. »
Pourquoi ne voulait-il pas le comprendre ? Il semblait bien d'accord avec cela il y a quelques mois. La mettre à l'abri, de tous. Même d'eux. Esmelda ne se sentait pas prête à retourner la chercher quand bien même l'envie de s'en servir lui viendrait à l'esprit. Cette bague était maudite et semait le mal sur son passage, même si sa présence n'était que supposer. Mais le plus triste et odieux, c'est que que le rebelle vampirique lui proposait un horrible chantage, sur ce que leur vie pourrait être, sur les désirs de vie de la princesse, comme si cela allait permettre d'arranger tous ses soucis.
« -Comment peux-tu me faire ce genre de chantage ? Comment peux-tu me parler d'avoir des enfants sous le seul sceau que je te donne la bague et que tu nous sauves de Lorenz ? Tu me crois assez stupide ou malheureuse pour ployer ? Tu n'as pas le droit, tu ne peux pas me faire cet odieux chantage. »
Les larmes n'arrivèrent plus à se retenir. Elles coulaient à flots sur les joues rougies de la jeune femme, et d'une voix de plus en plus étranglée :
« -Tu n'as pas le droit de me faire porter les défaites imaginaires que ton esprit déploie pour me faire céder. Tu ...tu... je ne veux pas de cette vie si c'est sous la contrainte et le chantage. Tu n'as pas le droit. »
Dans son regard régnait l'incompréhension la plus totale. Esmelda était perdue, que pouvait-il donc se passer dans sa tête pour en arriver là ? Elle se sentait humiliée, rabattue et trahie par celui qu'elle ne penserait jamais capable de la traiter ainsi. Était-elle au final toujours trahis par ceux qu'elle aimait ? Gregorist, Korentin, et maintenant Kylian. Qu'avait-elle fait par le Dracos ? |
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| Sujet: Re: En désespoir de cause [Kyky] TERMINE Sam 12 Juil 2014 - 16:37 | |
| Il n'en revenait pas. D'aussi loin qu'il pouvait s'en souvenir, la princesse et lui avaient toujours partagé les mêmes idéaux, les mêmes espoirs, c'était même sur ces bases qu'ils avaient bâti leur amour, qu'ils avaient appris à ne plus voir les différences pour ne se rappeler que de leurs points communs. Et d'un coup d'un seul, il semblait que tout cela devait s'effondrer sous ses yeux. Elle se détournait, encore. On pouvait même dire qu'elle le repoussait voire même qu'elle le rejetait, et il ne comprenait pas pourquoi. Pourquoi se dressait-elle contre lui ? Pourquoi fallait-il qu'elle compliqua ainsi les choses ? Elle qui se prétendait forte, elle qui voulait agir et ne plus rester à filer la laine en spectatrice impuissante, pourquoi refusait-elle sa chance de l'aider à mettre un terme aux agissements d'un prince vampirique cruel et brutal ? La réponse ne fut assurément pas celle à laquelle il s'attendait, et pour cause : tout cela, c'était parce qu'elle avait l'impression qu'il la considérait comme... un objet non-pensant ? Par le Dracos, c'était bien le moment opportun que pour se laisser aller à une crise de féminisme. Malheureusement, ce ne devait être que l'apéritif car la jeune femme poursuivit sur sa lancée en réitérant ses accusations et lui indiquant de prendre la porte. Sur l'instant, la tentation fut grande de répondre à cette invitation, mais Kylian ne pouvait se permettre de quitter la pièce avant d'avoir obtenu satisfaction ou à défaut, d'avoir au moins tout essayé pour faire entendre raison à l'espèce de tête de mule qui semblait se complaire à l'idée de lui mettre des bâtons dans les roues.
« Comme il m'arrange ?! C'est la meilleure celle-là ! Pourrais tu me rappeler je te prie qui n'arrête pas de me répéter encore et encore que son rôle de princesse lui donne des responsabilités ? Qui s'inquiète que je ne comprenne pas ce que le nom de Kohan signifie pour elle ? Qui s'évertue à vouloir me faire entendre que le bien-être du peuple prime sur tout, jusqu'à sa propre sécurité ? »
Le vampire inspira profondément pour essayer d'évacuer l'agacement et la colère tandis qu'il portait la main à son visage pour y souligner son désappointement d'un geste las.
« C'est vraiment trop difficile de pour une fois seulement ne pas tout compliquer en ramenant sur le plateau ta condition de femme ou de princesse ?! Pourquoi faut-il toujours que tu discutes de tout ? Tu dis me faire confiance, mais tu te sens obligée de me remettre en question, tu ne veux pas m'empêcher d'agir mais tu t'opposes à moi, tu as peur de me perdre mais tu refuses de me donner les moyens de vaincre. Quelles conclusions suis-je censé en tirer, dis moi ?! »
La suite parvint toutefois à le désarçonner plus sûrement encore. Il ne s'était en effet jamais considéré supérieur à quiconque et certainement pas à elle, aussi lui était-il particulièrement difficile de s'entendre ainsi qualifié.
« Ce n'est pas ce que je voulais dire, je... Mes mots ont dépassés ma pensée, je voulais seulement que tu comprennes... Les vampires ne sont pas ton peuple, Esmelda. Nous ne sommes pas humains, nous ne pensons pas comme vous et il ne faut pas attendre de nous que nous agissions comme vous... Alors laisse moi le soin de décider de ce qu'il convient de faire ou non dans une affaire qui concerne avant tout mon peuple. »
Sa voix semblait s'être calmée et s'était progressivement faite plus implorante qu'impérative tandis qu'il parlait, mais la rage que le vampire était parvenu à apaiser un temps rejaillit pourtant violemment lorsqu'il entendit la jeune femme l'accuser de ne chercher qu'à imiter Lorenz. Cette fois, les mots de celle qui se prétendait sa fiancée lui semblèrent un véritable affront, pire encore puisqu'il avait toujours considéré que c'était elle qui le portait dans les temps difficiles, et découvrait maintenant qu'elle se plaisait à le comparer à ... ça. A cette pensée, son regard était revenu se poser sur les contours du diamant de pureté. Non, il ne ressemblerait jamais à Lorenz. Il s'y refusait, et il ne la laisserait pas bafouer ainsi tout ce en quoi il croyait. Le ton de sa voix remonta d'un cran, de même que l'agressivité de son regard ou de ses gestes :
« Ce qu'il m'arrive ?! Il m'arrive que je découvre que celle que j'aime me compare à un monstre et ose pourtant encore prétendre vouloir m'aimer ! J'ai l'habitude d'être mal considéré, j'ai l'habitude d'être pointé du doigt comme une bête, mais pas par toi... Tu te rends compte de ce que ça signifie pour moi ? De savoir que ... que tu me crois capable d'agir comme Lorenz ? Comment pourrais-je encore penser que tu me fais confiance, que tu veux croire en moi ? Je parle d'écraser, briser, contraindre, oui, et ma fiancée devrait savoir que ça ne me réjouit pas d'avoir à prononcer ces mots, mais que je le fais quand même parce que c'est le langage de mon peuple, Esmelda ! Les vampires ne comprendront rien d'autre : si je veux me faire entendre d'eux, je dois m'imposer à eux ! Je n'ai pas le choix... »
Non, il n'avait pas le choix, et pourtant, elle ne lui cèderait pas. Il commençait lentement à l'assimiler tandis qu'il voyait ses si beaux yeux s'emplir de larmes et qu'il entendait sa si jolie voix hoquetant de chagrin lui démontrer encore et encore qu'elle ne lui faisait tout simplement pas confiance. Elle se prétendait forte, elle lui apparaissait pourtant plus faible que jamais. Il l'avait toujours pensée courageuse, elle se révélait apeurée et incapable de prendre la bonne décision devant l'adversité. Il avait espéré qu'elle serait à ses côtés pour le soutenir, mais elle n'avait fait que le trahir au pire moment qui fut. Car ce n'était pas seulement lui en tant qu'individu qu'elle méprisait par son comportement, mais tout ce en quoi il croyait et tout ce qu'il avait toujours voulu défendre. La jeune femme lui avait dis un jour que l'on pouvait tuer l'homme qu'il était, mais pas ses idées. Cette nuit, il semblait pourtant bien qu'elle soit parvenue à tuer les deux.
La tension se révéla finalement trop forte et les pleurs vinrent bientôt la submerger totalement... pour le plus grand agacement du vampire. Les traits de ce dernier se figèrent tandis que ses épaules se crispaient à l'en faire souffrir. Quel imbécile il avait été de lui faire confiance. Maintenant, Dévoreuse était perdue, cachée en un endroit connu seulement par la fontaine de larmes qui se trouvait devant lui, et avec elle, tous les espoirs de réussite du renégat vampirique s'effondraient. C'était tellement ... ridicule. L'avenir du monde, la paix entre les peuples, tout cela gâché par les craintes d'une petite princesse qui n'avait pas même vingt-cinq ans. A nouveau, le regard clair du vampire revint caresser les contours du diamant. Lui au moins ne lui ferait pas défaut, lui au moins ne se retournerait pas contre lui, lui au moins avait la volonté sincère de le voir réussir et ne se contenterait pas de l'encourager pour finalement l'abandonner lorsque le moment d'agir se présenterait à eux, lui au moins ... non mais elle allait encore sangloter longtemps comme ça ?
« Arrête de pleurer, idiote ! »
Cette fois, les mots ne seraient pas seuls à dépasser sa pensée : en trois pas rapides, trop que pour qu'une humaine put esquisser la moindre parade, le vampire comblait la distance qui les séparait. A peine se fut-il porté à sa hauteur qu'il la repoussait d'un geste sec, l'envoyant inconsciemment en direction du lit pour éviter qu'elle ne se fit mal mais accompagnant le mouvement pour venir faire peser son bras contre elle et ainsi la maintenir avec fermeté.
« Tu ne vois donc pas qu'il n'y a aucun chantage ? Il n'y a rien d'imaginaire, il n'est nulle question de contrainte, c'est de la réalité dont je te parle ! C'est notre avenir que tu sacrifies en refusant de me donner la bague, c'est la paix que tu poignardes ainsi, ce sont les vies de TON peuple que tu abandonnes lâchement ! Tu veux donc vraiment tout gâcher ?! »
Il en tremblait de rage et de désespoir, mais si son visage courroucé n'exprimait qu'un mélange de mépris et de rancoeur, une sombre larme s'échappa du coin de son oeil gauche pour glisser lentement le long de sa joue pâle. Sa voix s'adoucit douloureusement tandis qu'il assénait finalement :
« Je ne peux pas céder, Esmelda. Pas cette fois. Il y a trop en jeu, je ne peux pas sacrifier tout ce que j'ai toujours souhaité pour Armanda par amour pour toi. »
D'un geste, il désigna la sortie de la chambre avant de conclure :
« Si je franchis cette porte sans Dévoreuse, je ne reviendrais pas. Je... Je ne veux pas de l'amour d'une femme qui ne croit pas en moi. »
La peine se disputait toujours à la colère dans son esprit, mais il n'en adressa pas moins une muette prière au Dracos au travers de laquelle il suppliait l'esprit protecteur pour qu'il ramena la princesse à davantage de raison. |
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| Sujet: Re: En désespoir de cause [Kyky] TERMINE Mar 15 Juil 2014 - 18:15 | |
| Fermant les yeux un instant, Esmelda inspira en douceur, presque par peur de se sentir humain, de sentir l'air dans ses poumons, accentuant la douleur de sa peine. Le moineau tombait de haut, une larme roulant sur sa joue, une pierre roulant dans sa gorge. Perdu l'innocence des jours passés tous les deux, unis, forts, que rien ne pourrait briser. Pas même l'intolérance, la différence. Leur amour était plus fort, une alliance qui allait au delà du simple entendement. Mais cela ne semblait pas suffire. Ou bien Esmelda avait cru à quelque chose qui n'existait pas. Kylian lui avait-il mentit depuis le début ? Pour mieux attendre le moment où la princesse pourrait lui servir autrement que par simple amusement de la luxure. S'était-elle donné cœur et âme pour un homme qui au final ne valait pas mieux que les prétendants qui se bousculaient au palais ? Elle ne voulait pas y croire, cela ne pouvait être possible. Et pourtant, celui qui était son fiancé ne cessait de lui donner raison.
« -La confiance n'a rien à voir avec ça Kylian. Et je peux en dire autant de toi ! Pourquoi ne me fais-tu pas confiance quand je te dis que cette bague est néfaste. La preuve. Tu n'est plus toi même à son évocation, tu es tout ce que tu détestes et que je méprise. »
Mais en réponse, la jeune princesse n'eut que méprise, indifférence. Si fallait jouer sur ce registre, Esmelda saurait se défendre.
« -Si vous avez confiance en vous-mêmes, vous inspirerez confiance aux autres. Alors ne vient pas me dire que tu en transpires, car ce n'est que mensonge. Je ne sais pas pourquoi d'un coup, tu décides vouloir obtenir cette bague et que tu es prêt à tout pour l'avoir, même me brimer et me faire mal. »
Son fiancé pouvait la traiter de jeune fille têtue et bornée, il n'était guère mieux, mais en plus de cela, il devenait sourd à toute forme de raisonnement, s'emportant au lieux de chercher à la comprendre. Ce qu'il avait toujours fait. Pourquoi cela changeait-il ?
« -Je fais confiance à mon instinct. Il vaut mieux que les erreurs soient les miennes, plutôt que celles de quelqu'un d'autre. Là les conséquences ne seront pas simplement ta victoire sur Lorenz, libérer ton peuple, devenir prince. Tu le sais. Tu le sais que ça mènera à pire alors pourquoi veux-tu sombrer dans cette folie et ou cette nouvelle voie que tu sembles suivre. Là tu ne veux pas guider ton peuple, tu veux remplacer Lorenz et imposer comme lui une façon de penser, certes moins violente, mais imposer. Pas les laisser penser, comprendre, évoluer. Tu n'as pas encore compris que devant chaque tyran qui impose, il y a toujours quelqu'un pour se dresser et contester. Si y'a bien quelqu'un qui doit le savoir n'est-ce pas toi ? Alors rien ne changera auprès des tiens ?»
Ne l'avait-il pas fait face à Lorenz autrefois ? Esmelda ne comprenait pas pourquoi son aimé cherchait donc à reproduire le schéma, alors qu'autrefois il voulait l'éviter. Même si son peuple ne comprenait que la violence et l'autorité d'un vampire se hissant au delà des autres, cela ne ressemblait plus à ce dont ils rêvaient tous deux autrefois.
« -Et arrête de dire que je n'ai pas confiance en toi, tu sais bien que c'est faux. Comment peux-tu encore en douter. Après toutes ces années... Et oui, là tu agis comme lui. Tu cherches moi aussi à me contraindre par la force à aller dans ton sens, sans discuter, sans réfléchir. Et bien non. Oui, je discute, car c'est ce qui est censé se passer dans un couple. Du moins dans un où l'on considère l'autre et ne la méprise pas. »
Mais à quoi bon chercher à lui expliquer, Kylian ne l'entendait plus, il ne l'écoutait plus. Comme si face à elle se trouvait une autre personne. Un autre Kylian. Mais pourquoi ? Cette soirée avait si bien commencé, la nuit avait été délicieuse, mais il s'était réveillé, pour réfléchir, ce diamant sombre dans les mains. Le diamant de Lorenz Wintel, serait-ce possible ? Mais Esmelda n'eut guère le loisir de réfléchir plus sur cette question qui s’enfuyait déjà de son esprit. Kylian venait de dépasser les limites en l'insultant directement. Son cœur se mit à saigner encore un peu plus. Cela aussi pouvait-il l'entendre ? Le mal qui lui faisait.
« -C'est toi qui est entrain de tout gâcher Kylian, alors arrête... »
Mais le vampire n'arrêta pas. Bien au contraire, il accentua la pression et sa détermination à obtenir cette maudite bague. Esmelda se trouva sur le lit, contrainte et forcée à accepter sa proposition ou le flot de ses paroles de plus en plus tranchantes.
« -Tu me fais mal. »
Mais il ne se dégagea pas, laissant sur elle, sa domination à la faire ployer. Il n'y avait que deux personnes qui s'étaient montrés aussi violent avec elle. Le prince qu'il combattait et le serviteur du Néant qu'il exécrait. Et pourtant, il devenait comme eux. Voir pire. Car Esmelda n'en attendait pas moins de ces hommes, mais pas de Kylian, qui n'était que douceur. Il ne devait pas se rendre de compte de sa force vampirique face à elle. Ou bien si. La violence, la domination, oui elle comprenait bien mieux ce qu'était un vampire. La douleur aussi bien physique que mentale devenait insupportable. La princesse dégagea un de ses poings pour le fermer devant elle et projetée le vampire en arrière, un peu plus violemment qu'elle ne l'avait désiré, elle voulait juste qu'il se recule, qu'il cesse de lui faire mal. Esmelda se redressa presque honteuse de son geste. Elle cherchait juste à se dégager de son étreinte physique. Ses yeux reflétaient son désarrois et sa culpabilité face à son geste. Tout en se redressant en douceur essayant d'étendre ses membres endoloris, la jeune femme ne chercha pas à regarder les bleus qui apparaîtraient par la suite. |
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| Sujet: Re: En désespoir de cause [Kyky] TERMINE Sam 19 Juil 2014 - 17:16 | |
| Avait-il bien entendu ? Il lui faisait mal ? Oui, c'était bien là les mots qu'elle venait de prononcer. Elle l'accusait de la faire souffrir, mais pensait-elle un instant à ce que lui pouvait ressentir ? Il ne fallait pas se méprendre, ce qui se passait en ce moment était douloureux autant pour lui que cela l'était pour elle, peut-être même plus en vérité car là où lui s'était toujours montré honnête envers elle, là où lui s'était toujours montré fidèle à ce rêve merveilleux qu'ils avaient partagé, la princesse se dévoilait faible, apeurée et totalement incapable de prendre la bonne décision. Elle ne comprenait pas l'importance que cela revêtait pour lui que d'être en mesure de vaincre Lorenz, elle ne comprenait pas que la paix ne s'obtiendrait qu'au prix de certains sacrifices, et peut-être bien le sien. En cela, il ne pouvait toutefois pas vraiment lui en vouloir d'avoir peur et pour cause, il avait peur aussi, personne ne pouvait se montrer totalement insensible à l'idée de sa propre mort, même si l'on s'efforçait de le cacher et de n'en rien laisser paraître. Mais il s'efforçait de rester fort, de rester courageux, pour lui, pour elle, pour eux. Et il ne doutait pas qu'elle aussi pouvait se montrer forte et courageuse, mais alors pourquoi se refusait-elle justement à l'aider ? Pourquoi, alors qu'il lui suffisait de se présenter devant le prince noir avec Dévoreuse au doigt pour vaincre sans qu'il lui fut nécessaire de donner sa vie ? Et plus encore, car cet anneau que l'on disait maléfique lui permettrait à n'en pas douter d'accomplir de grandes choses, comme par exemple mener le peuple vampirique, et avec eux tous les peuples d'Armanda, vers des temps plus sereins. Il en était convaincu, c'était évident, un tel pouvoir en de bonnes mains ne pouvait être que bénéfique au plus grand nombre. Et il était quelqu'un de bon, n'avait-il pas mérité la confiance d'une dragonne millénaire ? Si, bien sûr que si, et voila qu'une petite humaine d'à peine vingt-cinq ans venait le juger et lui interdire d'agir comme il se devait de le faire. Dracos en soit maudit, pourquoi la princesse refusait-elle de le comprendre ? L'avait-elle seulement jamais compris ? Il venait à en douter. Les accusations qu'elle ne cessait de lui lancer, le mépris qu'elle affichait devant ses intentions, jusqu'au simple fait qu'elle osa encore et encore le comparer à Lorenz, le rabaissant constamment à l'image de ce tyran cruel et sans scrupule dont elle ne connaissait pourtant que la surface. Tout en elle ne faisait qu'exacerber la colère du rebelle vampirique car elle ne comprenait rien, absolument et tout simplement rien. Mais après tout, qu'y pouvait-elle ? Elle n'était qu'une humaine, une humaine parmi d'autres, pas vraiment si différente du reste de son peuple, à voir dans chaque vampire la volonté de faire le mal, y compris chez celui qu'elle prétendait aimer. Ce n'était pas cela l'amour. Et elle osait lui faire la morale sur ce qui était censé se passer dans un couple ? Discuter, réfléchir, considérer l'autre et ne pas le mépriser, la jeune femme aurait pourtant été bien avisée d'écouter ses propres conseils au lieu de se buter comme elle le faisait, ils n'en seraient pas là si tel avait été le cas.
« J'ai tout gâché, oui. J'ai gâché tout ce en quoi je croyais le jour où j'ai été assez bête pour tomber amoureux de toi ! »
Sans vraiment qu'il en eut conscience, le vampire resserra son étreinte sur les bras de la jeune femme, se montrant plus et plus pressant encore tandis qu'il poursuivait lugubrement :
« Je commence à comprendre le mépris des vampires à l'égard de ton peuple. Vous les humains, vous ne valez en vérité pas mieux les uns que les autres, à vous laisser guider par vos peurs et à refuser de voir le bien autrement que par d'autres humains. Il suffit de voir la façon dont vous réglez vos problèmes : Korentin m'a condamné à mort parce qu'il avait peur de ce que le peuple pourrait penser de moi, de nous. Le nordique ne mériterait même pas que j'en parle, ce lâche avait tellement la trouille qu'il a préféré me torturer et me laisser pour mort avant de me défaire de mes chaînes. Et même toi, tu t'opposes à moi parce que tu as peur de ce qu'il pourrait peut-être se passer si tu me donnais Dévoreuse, tu refuses que je puisse réussir là où ton ancêtre a échoué. Parce que je suis un vampire, je laisserais forcément la bague prendre le dessus, c'est ça ?! »
Le timbre de sa voix s'assourdit pour se faire plus froid, glacial même, pour ordonner :
« Dis moi où tu as caché Dévoreuse ! Dis le moi ou je ... »
La suite de sa phrase ne franchit jamais ses lèvres, un choc brutal venait de le frapper en plein torse et le propulsait en travers de la pièce. La surprise avait été telle qu'il n'avait pas même été capable de se réceptionner convenablement, si bien que ce fut son dos qui heurta violemment le plancher lorsqu'il retomba. Abasourdi par ce qui venait de se produire, Kylian demeura immobile un bref instant avant de redresser la tête en direction de la princesse qui se relevait timidement. Elle l'avait frappé. Pas physiquement bien sûr, mais au moyen de sa magie.
« Je ... Tu ... »
Il se redressa sans la quitter des yeux, conservant son regard méfiant et accusateur braqué sur elle, à l'image d'un fauve qui se tiendrait prêt à bondir pour esquiver le prochain assaut... ou au contraire porter le sien.
« Alors on en est là... Je ne réponds plus à l'image du parfait petit vampire docile que tu espérais voir en moi, donc tu me repousses. Comme tu l'aurais fais d'un animal... Mais ma parole, tu me considères vraiment comme un animal domestique ?! Mes bras ne sont donc plus assez biens pour toi ? Tu n'as donc plus envie de frissonner en sentant mes crocs effleurer ta chair à travers mes baisers ? C'est ça que j'étais pour toi ? L'excitation de te sentir livrée à ton prédateur ? La fierté d'avoir amadoué la bête sauvage ? Et maintenant que tu n'as plus d'emprise sur moi, tu me chasses d'un coup de pied dans les flancs ?! »
Effondré et fou de rage tout à la fois, Kylian cracha son mépris vers le sol avant de ramener son attention sur le regard de biche apeurée rougi de larmes de celle qui fut son aimée, sa belle, sa vie.
« Puisque tel est le désir de sa majesté, je vais quitter cette chambre pour ne jamais plus y revenir mais avant cela, tu vas me donner Dévoreuse... »
Félin, le vampire leva une main pour venir effleurer ses lèvres, puisant dans la magie ténébreuse le pouvoir de se draper d'un aura charismatique vampirique surnaturelle. Il n'en avait pas pour autant cessé de parler et continuait toujours aussi arrogant, détachant soigneusement chaque mot de la plus intelligible manière qui fut :
« ... de gré ou de force. »
Il n'aimait pas ce qu'il faisait et jamais il n'aurait imaginé devoir user de tels stratagèmes sur la princesse, mais elle ne lui laissait pas d'autres choix. Il avait besoin de Dévoreuse pour vaincre, c'était une condition vitale pour lui et pour tous ceux qu'il pourrait sauver grâce à l'anneau, Esmelda devait plier... ou il la ferait plier ! Lentement, Kylian renforça son sortilège de charme d'un sort bien plus intrusif et bien plus impératif, tendant la main paume ouverte vers la belle, exactement comme s'il ne faisait aucun doute quelle y déposerait la bague tant convoitée lorsqu'il prononça les mots :
« Dona mihi !»
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| Sujet: Re: En désespoir de cause [Kyky] TERMINE Dim 20 Juil 2014 - 11:40 | |
| La princesse se redressa un peu. La douleur de ses membres faisant battre son cœur meurtri. Mais qui était celui en face d'elle ? Pourquoi devenait-il ainsi ? Que l'envie de posséder dévoreuse ? Autre chose qui lui faisait tourner la tête ou bien sa véritable nature. Esmelda ne put réfléchir plus longtemps que déjà il recommençait à la frapper de ses mots acerbes remplis de venin. Jamais personne n'avait osé lui parler et l'humilier de la sorte. Pas même Fabius.
« -Arrête de dire n'importe quoi ! Au contraire, je le protège, je te protège, pourquoi tu ne veux pas le comprendre ? Tu ne peux pas dire ça... tu es horrible. Je me fiche qu'un vampire ou un elfe parvienne à dominer cette bague, mais je ne veux pas que se soit fait sans réfléchir par un homme qui ne sait plus ce qu'il fait et dit. Tu ne l'as pas encore que tu ne sais même pas te dominer face à moi. Qu'en sera-t-il face à ton ennemi ?»
Dans une supplique qu'elle savait veine, le rebelle ne l'écoutait plus, entêté dans la seule vision d'obtenir cette bague.
« -Tu as tort et tu le sais Kylian. J'ai peur car tu n'es plus toi, plus celui que j'ai connu. C'est toi qui ne supporte pas que je dise non et que je tienne tête à la créature que tu es. L'humaine qui se pliait à toi, qui te suivait, comme une douce esclave ne sachant même pas qu'elle était sous ta coupe. Je ne te vois pas comme un animal, je n'ai jamais vu les tiens de cette façon, alors toi encore moins. Cesse de dire des stupidités, cela n'a plus de sens. »
Mais ce n'était pas assez. La violence laissa place au chantage le plus odieux qu'il eut à faire. Que dire, que faire. Il ne fallait pas céder. Ne fallait-il pas mieux qu'il la haïsse mais qu'il soit en vie pour le faire ?
« -Mon peuple ne reflète que ce que le tien lui a fait subir. Tu le sais bien. Pourquoi t'en étonnes-tu d'un coup ? Mais tu sais aussi que tous ne sont pas ainsi, qu'il y a un espoir, alors ne le gâche pas s'il te plaît. »
Mais pourquoi parler. Il devenait sourd à ses suppliques. Et cette fois il usait de magie sur elle, ne comprenant pas qu'elle échappait à sa force et la douleur qu'il provoquait sur elle. Mais même si le sort de charme fonctionna sur la princesse prise au dépourvu, le second la laissa un instant entre deux eaux avant que son cerveau se refuse à toute action. Ses muscles d'un coup contractés par la volonté du vampire redevinrent douleur physique.
La princesse tourna doucement vers lui des yeux remplis de larmes, et laissa vibrer en elle le chant de son totem. Qu'il soit responsable ou pas de la sortie du vampire rebelle ou pas, qu'importe. Il serait bien plus facile pour la jeune femme de vivre par la suite avec l'idée qu'elle est responsable de ce départ, que de se dire qu'il est parti pour d'aussi pitoyables raisons.
« -Mais va-t-en, part vu que c'est ce que tu veux, je ne te retiendrai pas, franchit cette porte et ne revient pas et fait le maintenant où j'appelle la garde. Car, je ne veux pas d'un homme qui ne m'aime pas, qui me menace et me méprise de la sorte. Je viens de voir le vrai visage de ce que tu es et je ne peux aimer pareil homme. Tu n'es pas un rebelle lutant pour la cause des vampire, tu es la continuation de ce qu'ils sont. Tu m'as menti sur tout, tes sentiments, tes idéaux, toi aussi tu n'as vu en moi que le pouvoir et les liens que j'ai pu t'apporter. Tu ne vaux pas mieux que mes cousins, le seigneur du nord et tous les autres. Votre entêtement sera notre perte. Pas mon refus.»
Le vampire la regarda un instant avant de détourner ses yeux clairs et franchit la porte sans un dernier regard sur elle. Esmelda regarda la porte fermée de longues minutes, espérant qu'il revienne. Ce ne pouvait être vrai, c'était juste un mauvais rêve, elle allait se réveiller, et s'apercevoir que Kylian était étendu près d'elle dans un repos paisible. Veillant sur elle par sa simple présence.
Mais la porte resta fermer. Malgré ses larmes qui coulait sur ses joues rougies par la tristesse. Esmelda se sentit vide, épuisée, seule. Avec pour seul compagnon le silence pesant de la pièce, ami fidèle. La jeune femme chercha à comprendre ce qu'il avait pu se passer, comment ils avaient pu en arriver là. Mais son esprit brouillé ne fit qu'envahir les souffrances de son cœur. Et la fatigue l'enveloppa bien vite de son manteau épais et réconfortant. Là, elle ne pensait plus. Le réveil fut des plus difficiles, si bien que la princesse ne sortit pas de sa chambre. Peut être reviendrait-il ? Mais rien. La porte restait close. Et les jours se succédèrent suivant la même danse mélancolique. Celle qu'on appelait le joyaux de l'empire avait cessé de briller et avançait sans but dans les galeries, devenant celle que beaucoup avait toujours attendu d'elle. Une princesse docile, muette, suivant sans réfléchir ce que son rang lui demandait. Un pantin sans âme, cherchant maintenant à ne plus penser. C'était bien trop douloureux. au moins, elle satisferait enfin son peuple, son cousin, la noblesse. En étant morte de l'intérieur. Perdre le dernier rempart qui la faisait tenir et se battre avait été la meilleure façon de rendre muet le petit moineau, et la cage de Fort Espérance devenait de plus en plus un nid douillet et protecteur.
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| Sujet: Re: En désespoir de cause [Kyky] TERMINE Sam 26 Juil 2014 - 13:00 | |
| Tout était terminé. C'était fini. Sans espoir. Ses sorts n'avaient pas réussi à atteindre la liberté de la princesse et celle-ci étaient parvenue à les repousser, il n'y avait plus rien que le vampire put faire pour la contraindre de lui céder : elle ne lui donnerait pas la bague, elle ne lui donnerait jamais. Il n'y avait pourtant rien d'étonnant à son échec, Esmelda était meilleure magicienne que lui et possédait surtout un mental particulièrement fort, une détermination et une intelligence que le renégat vampirique avait passionnément aimées et qu'il maudissait aujourd'hui. Ç'avait été folie que d'espérer pouvoir influer sur sa volonté, ce d'autant plus qu'en dépit de la fermeté dont il essayait de faire preuve, une part de lui-même se refusait à user d'une telle magie sur celle qu'il aimait et le vampire n'avait donc pas concentré autant de son pouvoir qu'il l'aurait vraiment souhaité. Non, son échec n'avait rien de véritablement surprenant. Dans l'esprit du jeune rebelle, la colère pure laissa lentement la place à une amère déception tandis qu'un profond sentiment d'abattement vint lourdement peser sur ses épaules. Ses jambes peinaient à le porter, ses lèvres tremblaient et son regard semblait chercher avidement un ultime espoir auquel se raccrocher. Un mot qu'il pourrait dire pour la convaincre, un geste, quelque chose qui put finalement la faire céder, mais rien ne venait, rien ne se profilait. Tout était terminé.
« Je ne t'ai jamais menti ! Je t'aimais, Esmelda, je t'ai donné ma confiance, je t'ai donné mon amour et je t'ai donné mes espoirs. Tu es... tu étais tout ce en quoi je croyais, mais tu m'as trahis. »
Sa voix transpirait de la douleur qu'il ressentait, et l'on ne trouvait plus nulle trace de colère dans son regard, seulement le plus profond désespoir. L'entêtement de la jeune femme leur coûtait non seulement leur couple, mais bien plus encore :
« Non, il n'y a plus d'espoir. Plus maintenant. Et ce n'est pas moi qui l'ai gâché, je te défends de m'en accuser, car c'est toi et uniquement toi. Jamais la violence et la haine de Lorenz ne sont parvenues à me faire plier, jamais les moqueries et les accusations de ceux qui me qualifiaient de fou ne m'ont atteint, mais toi... toi, tu y es parvenue. Tu as réussi là où eux ont tous échoués. Tu m'as brisé, Esmelda, tu as brisé mes rêves, tu as ... tu m'as détruit. Tu m'as trahis. Tu ... »
Il s'interrompit, serrant les poings en une vaine tentative d'apaiser la rage qui revenait à bride abattue s'emparer de son esprit.
« On pouvait enfin espérer un lendemain meilleur... On avait une solution... J'allais réussir, Esmelda ! J'allais réussir... et c'est toi qui m'en empêche ! Il fallait que ce soit toi ! »
Ses mains venaient de se refermer sur les accoudoirs du siège qu'il avait occupé un peu plus tôt, pour le soulever et lui offrir un baptême de l'air au travers la pièce. Geste gratuit et inutile s'il en était, mais cela lui permettait au moins d'évacuer une infime partie de la frustration qui était la sienne. Le vampire ramena toutefois rapidement son attention sur la jeune femme en pleurs tandis que celle-ci venait de lui ordonner de partir sous peine de faire appeler la garde. La perspective de la laisser mettre sa menace à exécution avait quelque chose de mortellement séduisant, car à défaut de comprendre les arguments de celui qui fut son fiancé, peut-être que le fait de le voir se faire tailler en pièces sous ses yeux serait plus explicite.
« Tu me chasses ? Mais n'hésite donc pas, appelle tes gardes puisque je suis un monstre vampirique sanguinaire, quelle différence cela fera-t-il ? Que je me fasse tuer par leurs lames ou par Lorenz, je serais mort par ta faute de toute façon... Tu aurais mieux fait de laisser Havard me trancher la tête, cela m'aurait au moins évité de souffrir encore. »
Les deux amants se défièrent du regard un instant, mais la jeune femme préféra visiblement s'abstenir du spectacle de sa mise à mort et conserva le silence, ruminant ses larmes et sa douleur. Encore des mots, mais pas d'actes. Ah oui, la jeune femme savait parler, menacer, promettre, mais quand venait le moment de prendre la décision, quand venait l'instant de passer à l'action et d'accomplir ce que l'on avait promis, il n'y avait plus personne. C'était de la lâcheté, purement et simplement de la lâcheté, il n'y avait aucun autre mot pour qualifier cette faiblesse d'esprit.
« Pitoyable... Tu n'as absolument pas le cran de faire ce qui doit être fait, j'en viens à me demander comment j'ai pu être aveugle au point de ne pas le voir plus tôt. »
Il avait craché ces mots avec une voix emprunte de dégoût et d'amertume, avant de se détourner pour récupérer sa chemise et quelques affaires qu'il avait rangée sur une chaise la veille au soir. Il s'éloigna ensuite vers la sortie de la chambre, sans adresser le moindre regard à celle dont il pouvait clairement entendre le coeur se serrer. Il s'immobilisa devant la porte, la main sur la poignée, le regard humide perdu dans la contemplation des noeuds du bois qui le séparait encore de l'extérieur, le temps d'ajouter encore :
« Pourtant... lorsque Lorenz me portera le coup de grâce, c'est ton nom que je prononcerais, c'est à ton visage que je penserais... et c'est ta faiblesse que je pardonnerais. »
Mais cela n'arriverait pas avant son dernier souffle, il ne pouvait plus reculer désormais et à cette pensée, sa main resserra son étreinte sur le diamant de pureté qui ne le quittait plus depuis ces derniers mois. Puisqu'Esmelda était faible, il lui appartenait d'être fort. Plus encore qu'il ne le pensait, et ce quand bien même il savait qu'il ne pourrait jamais l'être assez.
« Adieu... »
A peine eut-il prononcé ce dernier mot qu'il ouvrait la porte et quittait la chambre de celle qui fut sa fiancée pour ne plus y revenir. Jamais. Tout était terminé. |
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