Merithyn Shadowsong Légende
| Sujet: Histoire de Dévoreuse Lun 9 Juin 2014 - 13:17 | |
| Un grimoire très convoité Le grimoire d'Alderick, seule source d'informations connue au moment de la découverte par les Armandéens de l'existence de Dévoreuse, est l'ouvrage qui donna son nom au groupe des protecteurs de la bague. En voici les extraits les plus importants. Année 1116, âge d'Argent.
Moi Alderick Kohan fils de Nicolist et Ludivine Kohan j'écris ce livre du fin fond de ma cellule afin d'expier mes fautes et je l'espère de faire comprendre au monde qu'oublier le passé est une erreur. Je j'ai que quelques semaines devant moi et je sais que même si j'écris nuit et jour je n'aurai pas le temps de tout raconter alors je serai bref. Ce sera un livre court, un livre qui n'en est pas vraiment un en fait puisqu'il n'est que le recueil désespéré d'un condamné à mort qui sait mériter son sort. On m'a jugé, haït, insulté, enfermé et promit à la pendaison mais je n'ai protesté à aucun moment et aucune plainte ne s'échappera de mes lèvres lorsque le moment viendra. Je baisserai humblement le regard et attendrait la mort dans ce silence glacé qui est mon quotidien depuis que j'ai perdu l'audition de par ma propre faute.
Je m'égare, je ne suis pas ici pour vous conter mes déboires mais uniquement pour vous parler de ce petit fragment de mon passé, ce fragment qui a touché et fait le malheur d'un continent entier. Le reste ne concerne que moi, mes affaires sont en ordre, je pourrai partir en paix lorsque j'aurai terminé ce dernier travail. L'ouvrage est fin, il se cachera aisément dans les haillons que sont devenus mes vêtements royaux. Je le jetterai dans la foule au moment fatidique et je fais confiance à la vivacité du peuple Armandéen pour le faire disparaitre promptement. Ce qu'il adviendra ensuite de lui sera décidé par le destin, un sort puissant en protège la lecture et l'enigme qui permet de le déchiffrer n'apparaitra pas sur sa couverture avant que le moment ne soit venu. Avant qu'un autre pauvre fou comme moi ne commette à nouveau l'irréparable. Mais le temps m'est compté, plongeons dans mon passé à présent.
Une étrange amitié
En 1096, j'avais 20 ans. Fils d'un des nombreux frères cadets du roi j'étais un jeune prince bien éloigné de l'ordre de la succession et cela m'allait tout à fait. Je partageais mon temps entre le Palais Royal de Gloria où j'effectuai des études peu appliquées et l'immense manoir d'Aldaria qui était le fief de ma famille. J'étais un mauvais fils. Enfin mauvais... J'exagère peut-être un peu... Je n'étais pas méchant dans le fond mais mon corps avait un besoin viscéral de bouger, mon esprit rêvait d'aventure, mes mains ne savaient pas rester à leur place, ma langue ne savait pas rester sage. Je détestais les études, je haïssais la politique, je ne supportais pas les mondanités. J'aimais la chasse, les courses effrénées à cheval, l'art de la séduction dont j'usai et abusai au dépend de toutes les vilaines du fief de mon père bref j'étais jeune, insouciant, égoïste aussi. Egoïste surtout...
Ce jour là je venais de faire le malheur d'une famille entière en engrossant sans vergogne la fille chéris d'un pauvre fermier. Je n'en avais cure en apparence mais j'éprouvais tout de même une petite pointe de culpabilité au fond de moi. Pour l'oublier, je parti chasser, mon faucon sur le bras, mon destrier noir étrillé avec soin. J'avais fière allure. Mais celui que je devais rencontrer ce jour là ne devait pas se laisser impressionner par mon apparence. Il était gigantesque, terrifiant, image même de la puissance et de la beauté. Il volait dans le ciel comme une météore blanche et crachait des flammes longues de plusieurs mètres. J'étais fou de rage lorsqu'il me subtilisa ma cible, une bien belle biche, sous le nez. Mais qu'aurai-je pu faire face à lui ? Il ne fit que me rire au nez en me voyant m'empourprer de colère. Je trépignai devant lui, hurlai ma rage en invoquant la puissance de ma famille mais j'étais bien sot de croire que le nom de Kohan pouvait faire trembler un Dragon. Il m'ignora superbement en dégustant MA biche tandis que j'inventai tout ce que je pouvais pour rendre son repas le plus désagréable possible, sans succès évidemment.
Le temps me manquerai ici pour vous décrire exactement tout ce qui a pu se passer ce jour là, et les jours suivants car avec l'indécence de ma jeunesse je le provoquais dans un duel qui avait pour but d'élire le meilleur chasseur d'entre nous deux. Ah ces jours fastes ! A nous deux nous firent trembler toute la forêt qui bordait Aldaria, bien peu d'animaux échappèrent à notre curée. Je perdis bien sur, mais ce n'étais plus très important car j'avais trouvé ce qui m'avait toujours fait défaut : un ami plus fort que moi. Un ami qui ne craignait pas de me regarder dans les yeux et de me dire franchement ce qu'il pensait de moi et de mes actions, il ne se gênait pas pour me faire comprendre lourdement que je n'étais qu'un jeune blanc bec pourri par sa jeunesse dorée et protectrice. A son contact, je pris conscience de bien des choses, je grandis, j'évoluais.
Mais cela ne dura pas. Je n'avais vraiment fait attention à ce qu'il pouvait bien se passer autour de moi, trop concentré sur ma petite personne mais je fut bien obligé de commencer à m'y intéresser en voyant à quel point mon ami sauvage dépérissait au fil du temps. Il m'expliqua que ses congénères sauvages avaient tous quitté le continent et que les derniers dragons liés à des dragonniers étaient de plus en plus rares occupés comme ils étaient à s'entretuer. A cause de cela la magie Armandéenne dépérissait, et lui avec. A terme il était condamné à la mort.
C'est là que je compris à quel point j'avais changé, bien loin de m'indifférer cette nouvelle qui pourtant ne me concernait pas me fit l'effet d'un sortilège d'explosion. Je refusais cette évidence, je ne voulais pas qu'il meure, j'en enrageai littéralement de voir que la vie pouvait m'offrir un ami pour tout à coup me le retirer. J'en devins grognon, asocial, colérique, dépressif tout simplement. Ma famille ne comprenait pas, je ne lui avais jamais parlé de mon ami. De ce dragon blanc si majestueux qui avait bien voulu se lier à moi alors que je n'étais pas dragonnier, de mon ami Dracos qui se mourrait lentement. Dans un exceptionnel élan altruiste j'insistai auprès de lui pour qu'il parte à la suite des autres dragons sauvages. Je préférai qu'il me laisse seul plutôt que de le voir mourir, il refusa non pas pour moi mais parce qu'il avait déjà fait son choix depuis longtemps. C'était un dragon profondément lié à cette terre qu'il ne voulait quitter, de toutes façon c'était trop tard car même si il l'avait voulu il n'aurait plu eut la force nécessaire pour traverser l'océan comme l'avait fait ses congénères. Il était perdu...
Une mauvaise idée
Elle me vint en pleine nuit, fruit d'un cours d'histoire magique que j'avais à peine suivi et qui par un pervers effet du sort me revint entre deux rêves, ou peut-être étais-ce deux cauchemars. Puisque je ne pouvais pas vaincre la résistance de Dracos qui ne voulait quitter cette terre, puisque je ne pouvais convaincre les dragons de cesser de s'entretuer, alors je vaincrai celle qui risquait de faire mon malheur : je vaincrai la mort.
Je n'étais pas un magicien exceptionnel, pas mauvais non plus mais certainement pas suffisamment doué pour vaincre un tel adversaire. Toutefois je savais comment devenir fort, je savais quel geste accomplir pour devenir le plus puissant des magiciens. Dès le lendemain, j'en informais Dracos. Il refusa net. Pourquoi donc ? Je ne comprenais pas, j'avais trouvé le moyen de le sauver, je savais comment l'aider à survivre ! Je me fichais pas mal de l'avenir du continent mais j'étais malin et je connaissais bien mon ami, pour le convaincre j'utilisais un argument de choc : l'avenir du continent. En l'empêchant de mourir j'empêcherai l'extinction totale de la magie du continent et je sauverai donc Armanda, cela ne valait-il pas un petit sacrifice ? Il me fallu des jours et des jours pour le convaincre, et d'ailleurs il ne le fut jamais entièrement. Malgré tout j'exultais, j'avais réussi à obtenir ce que je voulais, une fiole pleine de son sang. Du sang de dragon, du sang ancestral ! J'allais devenir surpuissant, je serai capable de repousser la mort et je me fichai totalement des conséquences que cela pourrait avoir sur mon corps et sur l'univers tout entier. Sous le regard inquiet de mon ami, je vidai la fiole un soir d'hiver de l'année 1102.
La douleur fut immédiate, et indescriptible. Je m'écroulai aussitôt, les nerfs en feu, la tête résonnante, hurlant sans m'entendre. J'étais si perclus de souffrance que je n'en rendis compte que plus tard : j'étais devenu sourd ! Je vous ferai grâce des détails, la malédiction des dragons est une chose infâme qui me fit regretter bien vite mon geste. Pourtant je parvins à mes fins, usant de toute ma puissance je redonnais de la vitalité à Dracos et repoussait la mort pendant quelques années de cette façon.
Malheureusement nous comprîmes vite que nous nous étions trompés en croyant sauver le continent de cette façon. La puissance magique vient toujours de quelque part et celle que j'utilisais sans vergogne pour sauver mon ami n'était pas la mienne. Il y avait de moins en moins de dragons sur le continent, ceux qui ne mourraient pas au combat suite aux guerres incessantes dépérissaient étrangement et finissaient par s'éteindre, victime d'une maladie incompréhensible. A chaque nouveau décès la magie du continent s'affaiblissait un peu plus et je devais réitérer mes sortilèges pour redonner de l'énergie à Dracos. En voyant les arbres mourir autour de moi, les animaux dépérir et les peuples d'affaiblir je compris très vite d'où venait la magie que j'utilisais, je la puisais au coeur même d'Armanda ! Honte à moi mais dans mon effroyable égoïsme je ne dis rien, je tenais trop à mon ami et lui-même dans sa faiblesse mit bien plus de temps que moi à comprendre... Lorsqu'enfin il ouvrit les yeux sur la réalité c'était trop tard : nous étions en 1123 et ma folie avait accéléré la mort de quasiment tous les dragons du continent, il n'en restait plus que deux, trois en comptant Dracos ! Tous à l'agonie...
Il m'implora de cesser, je n'aurai de toutes manières pas pu faire autrement car Armanda était moribonde. La magie n'existait quasiment plus, un énorme désert s'était formé à l'extrême est du continent, les Elfes se mourraient, les vampires avaient disparu sous terre apparemment éteints, les hommes résistaient mieux mais se vautraient dans leurs pires vices. Je n'avais plus la force de lancer le moindre sort, il ne me restait plus rien. Plus rien que la culpabilité et la douleur, je devenais fou...
Une solution peut-être pire que le problème
J'étais devenu une loque, bavant et balbutiant, suppliant chaque jour la malédiction de me laisser un peu de répit. Je n'avais que 27 ans mais mon esprit était devenu aussi branlant que celui d'un humain centenaire. Je n'avais bien sur pas retrouvé l'audition et j'avais dû apprendre à vivre avec mais en fait je ne vivais pas vraiment. Je ne faisais que trainer ma douleur au fil des jours, des minutes, des secondes. Chacune d'entre elle était brûlante, horrible, interminable, je voulais mourir mais je n'en avais pas le courage. Je n'osais plus retourner auprès des miens de peur qu'ils ne devinent ce que j'avais fait d'autant que je portais une horrible marque sur la nuque et la joue. Mes dents se déchaussaient, mes yeux voyaient moins bien, ma peau noircissait et se ridait comme celle d'un vieillard. Comment dans ces conditions aurais-je pu chercher une solution ?
C'est Dracos qui la trouva. Il n'était pas en très grand forme, ses écailles autrefois lumineuses étaient ternes, ses muscles avaient fondus, son regard n'avait plus cette vivacité que j'aimais mais pour autant il ne perdait pas espoir. Il m'expliqua qu'avant de partir ses congénères sauvages lui avaient parlé des terres qui se trouvaient derrière l'Océan. Ils partiraient à l'ouest car il savait y trouver des terres prospères alors que le continent qui lui se trouvait à l'est n'était que désolation et aridité. Ils craignaient ce continent comme la peste et se repassaient son nom de génération en génération avec une mise en garde ; ne pas l'approcher, ne pas s'y rendre. Ne surtout pas permettre qu'un seul dragon y pose une patte. L'Alayia... Ils disaient ce continent maudit, totalement asséché de magie il était aussi aride malgré un ciel toujours gris. Un peuple y aurait vécu, un peuple qui haïssait et craignait les dragons à un tel point qu'il vénérait un Dieu qui selon eux devait les protéger d'eux. Ce Dieu avait proscrit la magie qui n'était pas toléré dans leur théocratie et pour les protéger des dragons qui voulaient faire leur nid sur ce continent riche et prometteur il leur offrit une chevalière noire qu'il leur présenta sous un nom étrange : la Dévoreuse.
Dracos n'en savait pas beaucoup plus, cette partie de l'histoire Draconique est si sombre qu'ils n'en parlaient jamais même entre eux mais il pu tout de même me confier que cette chevalière avait un bien étrange pouvoir : celui d'aspirer la magie. Elle devint le fondement même de la terreur des dragons, leur pire ennemi, leur cauchemar car ils étaient si profondément liés à la magie qu'elle leur causait des souffrances atroces et au final les tuaient. Ils fuirent cette terre très rapidement, on ignore ce qu'elle devint ensuite mais il est probable que les Alayiens perdirent le contrôle de la chevalière car leur continent tout entier n'est plus à présent qu'un désert maudit et eux-même sont éteints.
Trouvons Dévoreuse décida sombrement mon ami. Elle te délivrera et sa puissance me permettra de sauver Armanda. Il avait peur, je le sentais mais son plan tenait la route. Ce bijou si puissant aurait la force d'aspirer le mal que je portai en moi, lui seul pouvait vaincre la malédiction et me débarrasser de la souffrance, je n'hésitai pas une seule seconde et grimpai pour la première fois sur son dos. J'étais si abruti et halluciné de douleur que je ne demandai même pas comment Dracos comptait utiliser une telle horreur pour sauver Armanda.
Un lugubre voyage
Je cru que nous n'arriverions jamais, le voyage dura trois jours. Trois jours entiers pendant lesquels Dracos ne pu reposer ses ailes. Je sentais qu'il faiblissait à chaque instant mais je peux le dire avec fierté aujourd'hui : mon ami était le plus courageux et le plus opiniâtre de tous les dragons de ce monde. Il ne craqua pas et c'est grâce à lui que ma pauvre carcasse gémissante pu s'écrouler sur le sol poussiéreux du continent Alayien.
Je profite de ce livre pour vous mettre en garde. Ne mettez jamais les pieds en cet endroit, il n'y a rien à y trouver, rien à y voir hormis le désespoir et la mort. A perte de vue ce ne sont que plaines rocheuses arides où ne souffle pas une seule once de vent et où ne pousse pas le moindre brin d'herbe. Il n'y a pas d'eau, rien qui puisse accrocher le regard à l'exception des nombreux volcans qui semblent avoir poussés là comme des pâquerettes et qui ont la mauvaise habitude d'entrer en éruption au moment où on s'y attend le moins. L'air est vicié par leurs émanations, acide, il fait pleurer les yeux et rend la respiration difficile voir douloureuse. Il ne pleut jamais sur ces terres, et la température clémente y est si stable que l'on ne peut que penser à un monde mort. Mort et silencieux... Ah le silence, c'est une chose que je connaissais bien mais Dracos me confia plusieurs fois de par son esprit qu'il était intimidé par cette étrange atmosphère, d'après lui chaque souffle était comme un coup de tonnerre sur ces terres mortes et chaque pas semblait faire plus de bruit et de fracas qu'un tremblement de terre. Les séismes tiens, parlons-en... Ils sont fréquents en Alayia et à de nombreuses reprises je manquais tomber au fond d'une faille brusquement formée sous mes pieds... Mais ce n'est pas le pire, le pire c'est l'absence de magie. Ce manque est comme écrasant, palpable, incompréhensible. Je tentais à plusieurs reprise de lancer des sorts sans le moindre succès, j'étais comme impuissant magiquement. Dracos de son côté ne pouvait plus cracher de feu et je le voyais tressaillir de souffrance à chaque seconde, il dépérissait trois fois plus vite que cela avait été le cas sur Armanda.
Dans ces conditions vous comprenez bien que nous ne perdîmes pas de temps. Nous étions à peine arrivés que nous voulions déjà repartir ! Mais nous avions une mission à accomplir, aussi nous nous dépêchâmes de nous mettre en route. Pendant quatorze jours nous trébuchâmes en ces lieux maudits, les lèvres asséchées car nous dûmes rationner l'eau que nous avions apportée sur le dos de Dracos et dans mon sac. Par chance les Dragons boivent très peu, sans cela nous n'aurions jamais pu réussir. C'est à l'aube, bien que parler d'aube dans ce monde grisâtres soit une gageure, que nous la vîmes. La ville morte dont le nom est oublié depuis longtemps et qui n'est plus que ruine, la capitale du peuple Alayien qui d'après notre savoir devait abriter la dévoreuse.
Dracos s'arrêta là, il s'écroula simplement d'un seul coup, me forçant à le laisser sur place pour continuer. Ce fut difficile bien sur, je savais qu'il ne tiendrait pas très longtemps dans ces conditions et qu'il ne me restait plus que peu de temps pour trouver Dévoreuse sous peine de ne retrouver qu'un cadavre en lieu et place de mon ami. Je puisais donc dans mes dernières forces. Que n'aurais-je pas pu abandonner et mourir là ! Malheureusement je n'en fit rien et le sort voulu que je trouve la chevalière. Elle était là, tout simplement, au centre d'un immense bâtiment en ruine et absolument pas protégée, comment l'aurait-elle pu d'ailleurs puisqu'il n'y avait aucune magie sur ce continent et qu'il était désert ? La facilité avec laquelle je m'en emparais me fit rire, ainsi donc c'était tout ? Je jetai à peine un oeil dessus en la prenant, trop pressé de retourner auprès de Dracos mais j’eus le temps de voir qu'elle était noire, d'un noir surnaturel et si profond que je redoutais un instant de m'y perdre. Elle représentait un dragon se mordant la queue.
L'extraction d'une âme, et la destruction d'une autre...
Il était en vie... Mon soulagement lorsque je m'en aperçu fut tel que j'eu un instant de faiblesse qui me fit poser un genou à terre. C'est qu'en m'approchant et en le voyant si immobile j'avais vraiment cru qu'il était mort, en fait il était tout simplement mourant, plongé dans un coma si profond que je savais qu'il ne s'en réveillerait plus jamais. C'était sans importance toutefois, le petit fragment vital qui lui restait me suffisait et la magie que la malédiction des dragons insufflait en moi me fournirait l'énergie dont j'avais besoin. Sans réfléchir une seconde de plus, je la passais à mon doigt. L'effet fut immédiat, et absolument pas douloureux à ma grande surprise. En fait c'était même très agréable, je ressentait une sorte d'extase qui me faisait tourner la tête et me donnait l'impression d'être invincible. Je me sentais fort et d'autant plus fort qu'inexplicablement et malgré l'absence de magie sur ce continent je me sentais à présent capable de relancer des sorts. Je compris rapidement que l'énergie que je ressentais était celle de la bague, elle était son propre univers, sa propre puissance magique ! Je dû faire un effort colossal pour résister à la sensation d'ivresse que cette puissance me fournissait, je devais sauver Dracos, rien d'autre ne comptais ! Résolument, je dirigeais la puissance de Dévoreuse vers lui et sentit le plaisir qu'elle prenait à aspirer la force vitale de mon ami, elle était faite pour cela, c'était son rôle d'aspirer la magie en particulier celle des dragons. Il ne pouvait en aucun cas me résister et ne l'aurai pas pu même si il avait été au meilleur de sa force. Je compris que je pouvais le tuer là sans effort comme j'aurai tué un nourrisson, Dévoreuse le voulait mais ce n'était pas mon but et c'est cette fois en hurlant de douleur que je coupais le flux pour le rediriger directement vers moi-même. Dévoreuse préférait la puissance des dragons mais elle ne dédaigna pas la nouvelle et noire magie que je lui offrais, la malédiction était en moi, puissante et la noire chevalière s'en gorgea avec délectation sans aucun égard pour l'horrible douleur qu'elle m'infligeait. Seconde après seconde elle aspirait la noirceur en moi, me torturant et me guérissant à la fois. Je perdais ma puissance au profit de la bague mais celle-ci m'appartenait donc au final je n'y perdais rien si ce n'est la malédiction et ses effets pervers. Elle en termina enfin et dans un dernier sursaut je concentrais toute cette puissance afin de lancer le sortilège le plus puissant que je n'ai jamais lancé ni même vu de toute ma vie. Le corps du Dracos se désintégra littéralement sous mes yeux lorsque cette puissance le frappa, son corps était mort... Mais son esprit demeurait. J'avais réussi ! J'avais séparé l'âme et le corps du Dracos. J'avais créé le DRACOS HONORIS... Pendant un bref instant de grâce je l'aperçu tel qu'il était devenu, un magnifique dragon immatériel d'un blanc si pur qu'on pouvait à peine le regarder sans souffrir. Il s'estompa peu à peu mais même invisible il était encore là, esprit parmi les esprits. Il était encore là lorsque je me réveillais après m'être écroulé et que je pris conscience que je ne pourrais plus jamais rentrer. Mon moyen de transport n'avait plus de corps... J'étais condamné à mourir ici, mais je compris bien vite que ce n'était pas une mauvaise chose. Dévoreuse avait détruit ce continent, il était hors de question que je l'amène sur Armanda. Telles étaient mes pensées à ce moment là car mon âme nettoyée de la malédiction était à nouveau pure. Comment aurai-je pu deviner que la chevalière noire avait le pouvoir de la corrompre ?
La honte d'un Kohan, les fautes du Dracos.
Il lui fallu des années entière pour me détruire tout à fait et faire de moi un être aussi noir et vil que le pire des meurtriers. Le Dracos était retourné sur Armanda à ma demande, me laissant là afin de prendre soin du continent en perdition. Moi j'attendais la mort, mais elle ne vint pas et je compris vite que la faute en était à Dévoreuse. Elle me maintenait en vie alors que je ne mangeais ni ne buvais, c'est à peine si je dormais. Je passais mon temps à ruminer, inconscient des ravages qu'elle faisait dans mon alignement. Peu à peu je devins acariâtre, je commençais à en vouloir au Dracos de m'avoir laissé là alors que je le lui avais demandé moi-même, je rêvais d'Armanda et de ce que j'y avais laissé. Je n'en pouvais plus de ce continent mort et désertique. C'est alors que j'accomplis l'irréparable, le geste qui scella ma honte pour l'éternité, la honte d'un Kohan. La raison pour laquelle on effaça mon nom de tous les registres et de toutes les mémoires. J'utilisais le pouvoir de la bague pour me téléporter, j'étais à nouveau sur Armanda et à travers moi, la Dévoreuse.
Deux années de malheur et de terreur s'en suivirent, la magie d'Armanda était déjà bien limitée depuis la mort ou le départ de tous les dragons, il ne restait plus que Dracos et il l'eut pas la force morale pour agir alors qu'il l'aurait dû. Sa propre honte est liée à la mienne, sa faute consista à me laisser en vie alors qu'il aurait pu et dû me tuer, il en avait encore le pouvoir au tout début. Oh mon ami... Mes erreurs furent terribles, mes les tiennes tout autant. Face à des mages avec si peu de pouvoir j'étais invincible, je tirai le mien de la bague alors qu'eux le tirait d'un continent en convalescence. Ma famille s'opposa à moi bien entendu et je baignais l'empire dans un bain de sang, les Kohan manquèrent de peu être renversés, ce n'est qu'avec l'aide des elfes qu'ils parvinrent à l'extrême limite à me vaincre. Des Elfes et des Baptistrels surtout, ils précipitèrent ma chute en un gigantesque et terrible combat que je ne raconterai pas ici. J'étais fou de rage bien entendu lorsqu'on m'arracha Dévoreuse et je cru devenir fou quand on me jeta dans cet obscur cachot. J'ignorai encore que la suite serait si douloureuse. J'aurai certainement moins souffert en restant mauvais, je me serais contenter de leur cracher dessus et de ne rien regretter de mes actes passés. Malheureusement pour moi l'effet délétère qu'exerce la bague sur l'âme de son porteur s'avéra ne pas être irréversible et dès qu'on me la retira elle commença à s'éclaircir à nouveau, mon alignement redevenait bénéfique... Et les regrets déferlèrent, le remord, la douleur. Qu'avais-je fait ?
Les mois passèrent ainsi, il faut du temps pour organiser un procès surtout lorsque cela concerne le pire criminel de l'histoire... Moi Alderick Kohan je viens d'apprendre ma condamnation à mort et j'en suis heureux, je veux mourir pour expier mais je ne veux pas qu'on m'oublie. Le bruit court que la chevalière a disparu dans d'étranges circonstances, cela me rempli de terreur et maintenant que je sais en plus qu'on va lier le pouvoir des baptistrel et des différents peuples pour effacer toute mon histoire et jusqu'à mon nom de la mémoire des peuples je tremble à chaque instant. En m'oubliant, ne risque-t-on pas de réitérer mes erreurs ? Ce livre est mon seul espoir, ou plutôt non car tout cela ne me concerne plus... Ce livre est votre dernier espoir, le votre, et celui du Dracos...
L'ultime chapitre : les pouvoirs de Dévoreuse Pour terminer et avant de mourir il me reste un dernier devoir à accomplir, je résume ici tout ce que j'ai appris de Dévoreuse pendant toute ces années. Puisses ces connaissances vous sauvez tous et sauver ce monde. Puissiez vous pardonner mes erreurs et celles de mon ami aux écailles blanches, puisse la magie survivre longtemps car elle est le coeur de tout et qu'un monde sans coeur n'est qu'un monde terne et vide comme je l'ai appris si douloureusement. Adieu Armanda, pardonnes moi...
Pouvoirs de la chevalière Dévoreuse :
- Aspire la force des dragons jusqu'à les tuer si le porteur la pointe vers eux avec l'intention de détruire (peut donc détruire la malédiction mais aussi le continent). Il peut ensuite puiser la puissance dans la chevalière, tant qu'il la garde au doigt. Dès lors qu'il la retire la puissance contenue s'échappe presque (ce mot est important) entièrement et est irrémédiablement perdue, il faut recommencer à zéro et la recharger.
- Fait baisser l'alignement du porteur. Cette perte d'alignement a lieu que l'on porte la bague au doigt ou pas.
- Coupe les dragonniers de leur dragon dans un rayon de quelques mètres qu'elle soit portée au doigt ou pas
- Effets sur la magie, les perso baissent de deux rangs lorsqu'ils sont à la portée de dévoreuse. Les sorts qu'ils lancent peuvent échouer, ou avoir des effets imprévus et parfois dévastateurs
Seul celui qui la porte au doigt peu lancer des sorts parce qu'il puise la puissance magique en elle jusqu'à ce qu'elle soit épuisée (cela dépend de la magie qu'elle a aspiré avant, le mieux étant d'aspirer celle des dragons). Répétons bien que si il la retire de son doigt la puissance s'échappe et il faut à nouveau la remplir ce qui peut être très difficile.
- Ne peut être détruite par des moyens conventionnels, allonge à l'infini la vie du porteur
- Elle a une vie propre, lorsqu'elle s'éveille elle peut causer de grands malheurs autour d'elle simplement pour attirer l'attention et trouver un porteur.
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