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A lullaby for damned soul [pv Matis] REFUSE PAR L'ADMINISTRATION

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MessageSujet: A lullaby for damned soul [pv Matis] REFUSE PAR L'ADMINISTRATION A lullaby for damned soul [pv Matis] REFUSE PAR L'ADMINISTRATION Icon_minitimeVen 16 Mai 2014 - 19:58

- Souvenirs d'une autre vie -

C’était l’été. Là-haut, aucun nuage. Juste des milliards d’étoiles aux éclats divins, palpitantes comme autant de cœurs à l’unisson. Le visage tourné vers la voûte céleste, elle n’entendit que très tard les pas furtifs dans son dos.

« Vous êtes finalement venu, dit-elle avec un léger sourire, ne tournant le regard vers lui que lorsqu’il daigna parler.
-Le contraire eut été inconvenant, murmura Tuëryn d’un ton rêveur,
-Je me suis toujours demandé si ce mot avait un sens pour vous… »

La baptistrelle et le vieil elfe échangèrent un sourire complice avant de bondir d’un même mouvement vers le petit pinacle où trônait une vieille lunette.

« Hum… bien sûr, dit Tuëryn en observant le savant et précaire assemblage de cuivre et de verre, s’il y a bien un seul objet que tu souhaitais garder, c’était bien celui-ci.
-Elle ne me sert plus guère, avoua Althaïa, mais je l’aime, et ne peux me résoudre à m’en séparer. C’est un souvenir de… de mon enfance, acheva-t-elle avec un haussement d’épaule.
-Je comprends. »

Dans la voix du Chantevent, aucune trace d’amusement ou de pitié. Juste l’impression qu’il avait jadis fait la même chose, et que plus que n’importe quel autre, il savait ce qu’elle ressentait. Althaïa, les yeux brillants de joie, reporta son attention vers la ville loin en contrebas, magnifique enchevêtrement de tours fines et claires, de chemins bordés de maisons hautes et fleuries. L’atmosphère était douce et tiède, le monde calme et endormi.

« Alors ? demanda-t-elle pour briser l’interminable silence qui les avait avalé, cela vous plaît ? »

L’elfe ne répondit pas tout de suite. Il pencha la tête à droite, puis à gauche, ses longs cheveux diaphanes épousant la forme des courants d’air qui l’enlaçaient.

« Je dirais… qu’elle te ressemble. »

Le doux sourire qui étirait ses lèvres fit rire Althaïa. Encore une fois, son vieux maître avait raison. Se souvenait-elle d’une seule fois où il avait eu tort ? Pas vraiment.

« On peut difficilement répondre à cela ! »

Mais il semblait n’y attacher aucune importance. Comme toujours.

« Les miens préfèrent l’abri de la forêt vierge, déclara Tuëryn, mais vu la dominance végétale des arcades et l’omniprésence des plantes… Hum. Je ne serais pas surpris que certains apprécient particulièrement tes choix. Au moins autant que tes compagnons humains. »

Althaïa s’approcha de la rambarde, passant un regard sur le vide vertigineux qui les séparait du pont suspendu plus bas.

« Ils ont fait un travail merveilleux. Je n’aurais jamais assez de cent vies pour remerciez celles et ceux qui m’ont aidé à concrétiser mon rêve. »

Tuëryn haussa les épaules à son tour, caressant du bout des doigts le cordon de sa ceinture.

" Pourquoi voudrais-tu avoir à les remercier ? S'ils l'ont fait, c'est qu'ils y ont vu une finalité bien plus grande qu'un simple intérêt personnel. Une ville, c'est une promesse d'avenir pour une communauté. "

Althaïa le regardait, son regard faisant d'incessants aller-retour entre les yeux perçants qui la dévisageaient et les mains aériennes qui suivaient nonchalamment la torsade complexe.
"Certainement. "

Tuëryn se détourna une seconde, l'air légèrement troublé, puis, comme se souvenant d'un détail, revint appuyer son regard sur l'humaine, ou plutôt sur la chaîne argentée qui entourait la base de son cou.

"Je t'ai toujours connue avec ceci, dit-il pour répondre à l'interrogation muette, mais je n'ai jamais vu pareil motif. D'où sors-tu ce bijou ? "
Althaïa, étonnée baissa les yeux sur l'amulette circulaire au dragon qui se mordait la queue.

" Ceci ? Oh, c'est l'un de mes précepteurs, un grand ami aujourd'hui, qui me l'avait offert en guise de... de...hum, eh bien d'amitié. "

Le Cawr opina du chef, un éclat de malice au fond des yeux.

"Vraiment ? Voilà qui est curieux."


« Comment s’appelle-t-il déjà ?
-Mathis. Mathis Ygnorael. »



****

- An 2 de l’âge d’Obsdienne –


Elle était là, la petite porte qui menait à un sanctuaire resté inviolé tout ce temps. Bien sûr, elle n’avait rien d’une porte. En réalité, elle n’avait qu’une trace magique d’une si faible intensité qu’il fallait vouloir la voir pour effectivement la voir.
Althaïa voulait voir. Elle l’avait recherché toute la sainte journée à vrai dire, se fiant au souvenir brillant des baptistrels comme d’une carte au trésor. Et la Dame avait fini par trouver. Dans un profond renfoncement obscur au fin fond des cavernes bordant l’immense voûte de Coeurempire, nichée entre deux orgues de pierre naturelles.

Il n’y avait là qu’une vulgaire paroi de roche sombre, sans aucune forme particulière, ni marque d’aucune sorte. Se faufilant comme un courant d’air, Althaïa, drapée dans les voiles du sort d’invisibilité, s’approcha du mur. Inutile de faire appel à la magie baptistrale. Non, si ses songes étaient exacts, un seul geste suffirait.
Lentement, la vampire déverrouilla le poignet de l’armure et retira son gantelet, laissant les doigts filiformes effleurer la roche froide. La longue griffe noire dessina un complexe motif dont les lacets voluptueux épousaient les formes géométriques des facettes minérales, jusqu’à ce qu’enfin, la Trame réponde. Le seau tomba, et la matière se volatilisa sous sa main.

Sans attendre, la vampire disparut avec l’entrée fraichement dévoilée. Dans l’espace se trouvant derrière, une personne à peine pouvait se tenir droite. L’armure crissant légèrement sur les murs, Althaïa entama une descende prudente dans le minuscule escalier modeler dans l’anfractuosité. Enfin, une minuscule grotte circulaire lui permit de se redresser. Là s’étendait une flaque d’eau pure, alimentée par le goutte à goutte continu des stalactites au plafond. La Dame de Fer s’arrêta devant son reflet, à peine révélé par les quelques gemmes phosphorescentes présentes dans ce nid de pierre.
La lourde carcasse sibylline s’affaissa doucement, prenant la position du lotus devant le miroir parfait de l’eau. Althaïa joint ses doigts au niveau du plexus, et pour la première fois depuis bien des années…

Ferma les yeux.


Pendant un cours instant, la course folle de son esprit malade suspendit son vol. Plus rien ne bougeait, ni au dedans ni au dehors, et l'on aurait cru que passé, présent et futur, à cet endroit précis, ne faisaient plus qu'un. L'être qui, l'espace d'un infime instant, avait émergé de la minuscule sphère brillante logée désormais au cœur du vide de son âme.
Althaïa ne sut plus. Deux créatures se déchiraient avec une violence inouïe, ne laissant qu'un vaste champ de ruine.
Mu comme un automate, le corps sans vie entama alors la construction d'un sort.

Et dans l’écrin d’ombre naquit une lueur nouvelle. Dans le lourd silence qui avait gagné chaque parcelle d’espace dans la petite grotte, la peau métallique bardée de lames ondula sous l’assaut de la magie qui l’imprégnait soudain avec l’avidité d’une eau rongeant un morceau de sucre. Plusieurs minutes s’écoulèrent, tandis qu’à la place de la créature cauchemardesque renaissait une femme à la peau d’albâtre.
Une longue crinière aussi pâle que la lune retomba sur les épaules larges et nerveuses. Les écailles métalliques et les chitines s’effacèrent derrière un drapé cristallin qui se matérialisa enfin en une étoffe d’un bleu nuit parsemé de minuscules paillettes.

Lorsque le sort d’illusion fut en place, Althaïa Actaaë était comme revenue à la vie.


Un faux cœur battait sous cette gangue de fragile cristal qui la métamorphosait. Et ce ne fut pas un pas lourd et raide qui résonna le long des bâtisses rebelles, mais une démarche presque aérienne. Quelques soldats attablés au-devant d’une taverne de fortune levèrent soudainement la tête. Couronnée par une aura angélique, la créature qui passa devant eux leur adressa un regard qui, de sa douceur surnaturelle, contrastait subtilement avec l’allure fière et sauvage qui se dégageait de sa silhouette.
Un jeune roux lui sourit bêtement, fasciné par les yeux de cristal liquide qui scintillaient de mille feux éthérés.

« Eh, Fringer, tu joues où quoi ? » le rabroua un vieux mercenaire grisonnant.

Il sursauta, alors qu’Althaïa la Romantique disparaissait à l’angle de la rue comme un mirage.

« Euh, oui oui… Je. Hum. Rien. »

****

- Sur les rives du lac, loin au fond de la caverne -

Il était là, le fameux coffre remonté des abysses par l'homme. Niché dans un trou creusé à la hâte derrière quelques rochers imposants. Loin de tout regard. Dinsheni avait fait du bon travail, comme toujours.
Derrière le masque parfait qui scintillait au devant de sa véritable identité, ses crocs apparurent entre ses lèvres. Enfin !

Tout n'était comme si rien ne s'était passé, et c'est avec une facilité déconcertante que les souvenirs de son autre vie remontèrent à la surface. Ses gestes se nouèrent autour du coffre, dessinant son vœu avec une autorité implacable. Et lorsque les rouages d'une infinie délicatesse crissèrent en entrainant la superbe mécanique platinée qui maintenait l'objet de son désir sous clef, Althaïa sentit tout son esprit sortir de sa torpeur.

Exactement comme dans le souvenir de la baptistrelle. Peut-être même encore plus belle qu'avant...

Telle une princesse endormie depuis plus de sept cent ans, la Harpe des Sept Étoiles apparut dans son écrin de velours. Etait-il possible de créer un objet aussi somptueux à la seule aide... de sa voix ?
Althaïa fixait l'instrument, reconnaissant une à une chacune des courbes du dragon qui constituait jadis son meilleur partenaire.

Lentement et de sa délicatesse surnaturelle, elle se saisit du corps et l'extirpa de son tombeau.

Bientôt, la harpe se dressa de toute sa hauteur sur le rocher face à l'étendue d'eau. Les doigts albain parcoururent avec sensualité les cordes translucides. Bien sûr, sa condition de vampire la privait des mille sensations palpitantes qu'elle ressentait jadis au contact des vibrations de la Trame. Mais son esprit froid ne s'en souciait guère aujourd'hui. Une autre pièce du puzzle venait de se remettre en place, et, étrangement, la Faim avait décru, jusqu'à presque s'apaiser... Quelques instants.


Avec un sourire énigmatique, la grande blonde laissa courir ses doigts sur les cordes, laissant s'envoler quelques notes claires. Son séjour chez les baptistrels lui avait démontrer que le travail d'un instrument était au moins aussi complexe que la forge, et ce n'est qu'à force d'une patience qu'elle ne se connaissait plus qu'Althaïa, puisant sans vergogne dans son fragment de passé retrouvé, avait réappris un morceau qu'elle se mit spontanément à jouer. Seule, le fort de Fort Espérance en guise d'horizon de l'autre côté de la caverne.





Âme. Esprit. Cœur. Corps.
Tout ne fait plus qu'un.
Et doucement, le chant vibre, à travers l'espace, et le temps.


Une odeur. Humain.
L'information brisa sa méditation éveillée. Althaïa se figea.
Les yeux de cristal se posèrent sur une silhouette solitaire non loin, dans l'ombre. Ses doigts retombèrent, lâchant une dernière note sur les cordes argentées.
Il ne manquait plus que cela. Que faisait-il donc ici… ?
Maintenant ?


Dernière édition par Althaïa Actaaë le Jeu 31 Juil 2014 - 19:34, édité 5 fois
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MessageSujet: Re: A lullaby for damned soul [pv Matis] REFUSE PAR L'ADMINISTRATION A lullaby for damned soul [pv Matis] REFUSE PAR L'ADMINISTRATION Icon_minitimeSam 17 Mai 2014 - 12:43



Il avait mit le temps qu'il fallait mais il s'en était remis. Julia, son aide de camp depuis quelques mois maintenant, l'avait aidée à reprendre pied petit à petit. Il en avait profiter pour lui apprendre à se battre et à survivre, et contre toute attente, cette jeune femme d'une vingtaine d'année s'en sortait très bien avec les armes. Qui l'aurait cru il n'y avait qu'une seule année ? Celle qu'il avait trouvée seule au milieu des cadavres de sa famille juste après le passage d'Alayiens était devenue une combattante compétente et qu'il appréciait particulièrement. Il avait du mal à lui confier des missions car il ne la sentait pas encore totalement prête à sortir seule, mais viendrait un jour où il devrait bien la laisser faire. N'avait il pas dirigé sa première unité à son âge ? Il devait être capable de la laisser vivre sa vie de soldat.

Pour le moment il errait seul dans les méandres d'Aigue, il tentait de faire un point sur la situation actuelle, et elle n'était pas si désespérée que cela malgré tout ce que l'on disait. La rébellion commençait à gagner en puissance, les soldats rebelles devenaient de plus en plus compétents, et les espions mis en place arrivaient à mettre en place un réseau d'informateur efficace. Aujourd'hui ils ne dirigeaient réellement aucune ville, mais il y en avait qui s'était "rendu" au véritable empereur des Hommes, et ce n'était pas Fabius. Mais malgré tout cela il y avait eu des morts, il y avait des disparus, il y avait des rebelles et des civils qui avaient été maltraité et torturés. Tant par les Alayiens que par les Loyalistes en représailles d'intervention rebelle. La guerre civile était l'une de ses guerres sales. Une guerre qui faisait s'affronter des voisins, des amis, des frères et des soeurs en fonction de leurs opinions et de leurs croyances. Mais tout cela ne servait à rien, quant il pensait que c'était uniquement à cause des envies de pouvoir des membres de la famille Impériale. Tous ces gens qui avaient donnés leur vie, qui continuait de le faire. Toutes ces batailles, toute cette souffrance. Et pourquoi ?

Etait ce parce que ces gens n'étaient pas fichu de discuter, de se battre contre l'ennemi commun ? Etait ce parce que le pouvoir à corrompu l'intégralité de cette famille ? Des membres tel que Dame Morgane et la Princesse Esmelda prouvaient le contraire. Mais la première était morte, et la seconde était relayée au second plan par son empereur de cousin. Y avait il un seul homme de cette famille qui n'était pas corrompu par le pouvoir ? Korentin l'était peut être, mais ses ambitions étaient obscures, le fait qu'il se soit fait maîtriser par sa traîtresse de femme prouvait bien qu'on ne pouvait pas trop lui faire confiance sur sa capacité de jugement. Après il se trompait peut être qui sait. Son jugement était sans doute obscurci par la haine de ces gens là qui devaient les commander avec une vision d'ensemble. Une vision globale. Et qui, en fait, ne semblait pas voir plus loin d'une bataille pour Korentin et qu'une paire de sein pour Fabius. Les temps étaient durs, et c'était la population qui payait le prix.

Lui pouvait encore se battre et faire payer au centuple ce qu'on lui avait fait subir. Chaque alayiens tombés entre ses mains apprenait clairement ce qu'était l'hospitalité dans sa famille. Famille dont il cherchait encore l'un des membres. Son frère avait disparu depuis presque un an maintenant, était il encore en vie ? Etait il un convertit ? Son père ne l'avait jamais entraîné pour la guerre, il avait toujours été formé pour être un marchand et un politique. Un être estimable et estimé de ses pères, de son frère et de sa famille. Pourtant aujourd'hui ils ne savaient rien de lui. Il était peut être mort depuis longtemps maintenant... Il secoua la tête, il n'était pas question de ses laisser aller à ce genre de réflexion, non seulement inutile mais contre productrice.

Au final, et sans s'en rendre compte il arriva au coeur du lac souterrain. Qu'est ce qui l'avait attiré ici ? Il ne le savait pas bien, mais non loin il entendait de la musique. Une musique douce et pure comme provenant directement des esprits eux même. Mais la nuit était profonde dans cette grotte et il ne pouvait pas voir qui jouait de cet instrument, à peine distinguait il une vague forme. Lorsque la musique s’arrêta il tenta de se rapprocher, il n'était pas méfiant, il souhaitait juste savoir qui jouait si bien, pour le félicité et continuer de l'écouter. Comme si la musique pouvait adoucir son esprit maltraité et moribond.

Il s'avança alors que la musique cessa, comme il l'avait déjà deviné il avait été repéré par la personne jouant de l'instrument. Instrument que, sur le coup, il ne reconnu par tout de suite, et même en s'approchant il avait du mal à se faire une idée de ce que cela pouvait bien être. Il n'avait jamais été très mélomane, c'était bien là une tare de sa famille et de lui même. Mais c'est en s'approchant doucement et tranquillement qu'il aperçu le musicien qui n'était autre qu'une femme à la longue chevelure blonde ainsi que son instrument. Il n'avait jamais vu ce visage ni même un instrument de cette beauté, mais il fallait bien admettre que cela était possible car il les avait tout deux en face des yeux.

Son esprit embrumé resta là, dans le flou, l'espace d'un instant, alors qu'il s'approchait encore de la jeune femme. Il était fatigué, il était concentré sur d'autres problématiques, il avait d'autres soucis en tête. Mais cette jeune femme semblait créer une musique apaisante, quelque chose pouvant lui ôter ses soucis. Enfin il l'espérait plus qu'autre chose.

Arrivé à son niveau, inclinant la tête pour la saluer il lui parla calmement et tranquillement. Il était certes bourru comme type, mais il lui arrivait de faire preuve de calme, de retenu et de finesse. Comme quoi tout était possible.

Madame, qui que vous soyez vous jouez divinement bien. Et si je vous ais distrait je m'en excuse par avance. Mais j’avoue ne jamais avoir écouté pareille mélodie ni vu un instrument ou une femme d'une telle beauté. S'en est envoûtant je dois dire.
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MessageSujet: Re: A lullaby for damned soul [pv Matis] REFUSE PAR L'ADMINISTRATION A lullaby for damned soul [pv Matis] REFUSE PAR L'ADMINISTRATION Icon_minitimeVen 23 Mai 2014 - 17:26

Les sons coulaient dans l’air. Peu à peu, les connaissances refaisaient surface, un à un, les gestes justes renaissaient. En elle s’épanouissait un phœnix immatériel, les ailes flamboyantes éclairant les flots noirs de sa mer intérieure d’une aube écarlate.

Et puis, d’un seul coup, une singularité était apparue tout près.

Un Humain. L’un de ces soldats rebelles, couvert par le poids des batailles et d’une misère autant voulue que subie. Qui était-il ? Que faisait-il ici, là, maintenant ?
L’esprit analysa un court instant la situation qui se présentait : devait-elle continuer ? Le laisser ici et passer son chemin ? Quels intérêts ? Quels chemins des possibles se dessinaient ici et maintenant ? L’un d’eux retint son suffrage : pourquoi ne pas profiter de cet écoute fortuite pour porter un regard critique sur ce que lui avaient appris les souvenirs baptistrals ? Il y avait moyen de gagner en compréhension et de recouvrir encore la mémoire, de ce don étrange et fascinant que lui avait livrée, intentionnellement ou non, l’Observatoire.

Et la voix mâle, un soupçon rêveuse, atteint le creux de ses oreilles à travers la pénombre bleuté de la grotte :

Madame, qui que vous soyez vous jouez divinement bien. Et si je vous ais distrait je m'en excuse par avance. Mais j’avoue ne jamais avoir écouté pareille mélodie ni vu un instrument ou une femme d'une telle beauté. S'en est envoûtant je dois dire.

Il souriait. C’en était fou, le nombre de sourires humains qu’elle voyait en ces temps. Plus qu’au cours de toute son interminable non-vie. Mais elle ne dit rien. Althaïa rendit son sourire à l’homme. A vrai dire, seule sa présence avait troublé son exploration curieuse de sa vie antérieure. Sentir la puissante magie redonner corps à celle qu’elle fut jadis était une expérience extraordinaire.
Althaïa retrouvait enfin un semblant de sensation, enfin, il semblait que son esprit fut de nouveau intéressé par quelque chose, que cette gangue de nonchalance et de lassitude la quittait. Dans les yeux de ciel pur brillait un éclat inhabituel.
L’autre ne semblait pas prêt à partir, ses yeux riants trahissant son envie d’écouter encore la frêle mélodie aux vertus célestes. Il pouvait paraître frustrant de ne pouvoir en ressentir l’origine alors que le petit auditoire, lui, se pâmait des vibrations exquises de l'instrument.
Mais une information apparut entre les volutes scintillantes du petit morceau de mémoire : les âmes endommagées et les esprits souffrants trouvaient une résonnance en ces ondes liant les mondes entre eux. Une ode au calme absolu.

La Dame posa un regard impérial sur les épaules de l'être qui se tenait maintenant à quelques mètres, dans le halo blafard des gemmes phosphorescentes du plafond minéral.
Il tenait donc à l'écouter ? Bien d'autres s'en serait gonfler d'orgueil. Mais seul le mélange étonnant de lassitude et d'indifférence la laissait
Son index glissa langoureusement sur les trois dernières cordes de la harpe. Tout son charisme flamboyant concentré soudain dans le noir de ses pupilles larges et le dessin gracieux de ses lèvres fines, elle laissa filtrer une invitation divine à l'être qui tombait dans le filet de son expérience musicale : sort Multi-tons

"Soldat, n'est-ce pas ? Ne dites rien. Votre allure parle pour vous. Il me vient une vieille chanson à votre vue."

Elle cueillit le souvenir au creux de la petite sphère, et reprit sa concentration studieuse là où elle l'avait laissée. Ses mains entamèrent leur travail minucieux, guidées par les antiques leçons et les longues semaines d'entraînement au domaine...
Une voix grave et claire, profonde comme un océan glacé, légère comme une aurore boréale au-dessus des plaines, s'éleva lentement, plongeant la rive du lac dans une atmosphère venu d'ailleurs.

An ancient lullaby

**
Le chant, éclatant en mille échos éthérés à travers la ville, résonne en chacun, porteur d'une chaleur douce et pleine.
Tous s'arrêtent pour écouter, ne serait-ce qu'un instant, ce morceau de paix universelle, cette parole inconnue qui conte un temps où le combat n'était que vie.
Là, nulle haine, nul fracas, mais une puissance à nulle autre pareille, qui par ses mille bras impalpables fait ployer le chaos, laissant paraître un court moment le calme dans son plus pur appareil.
Dormez, âmes.
Les étoiles veillent.



**

"Cette ville était jadis celle de la connaissance et des arts sous toutes leur forme. Ce sanctuaire naturel était resté inconnu des hommes. La trace des Esprits est encore présente ici."

Une mélancolie sévère perçait à travers les mots murmurés. Oui, elle voyait. Le passé. Le présent.
Seul le futur restait opaque comme une brume de guerre.

"C'était un autre temps."
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MessageSujet: Re: A lullaby for damned soul [pv Matis] REFUSE PAR L'ADMINISTRATION A lullaby for damned soul [pv Matis] REFUSE PAR L'ADMINISTRATION Icon_minitimeSam 24 Mai 2014 - 14:22

La noble créature mit un instant à lui répondre, peut être cherchait elle à comprendre pourquoi il se trouvait ici ? Peut être se demandait elle tout simplement si elle allait jouer pour le soldat ? Ou alors y avait il une autre raison à cela ? Le jeune trentenaire ne savait pas, il ne voulait pas vraiment savoir à la vérité, tout ce qui l'importait c'était de l'écouter jouer. Il ne savait vraiment pas pourquoi il était attiré par une telle musique, mais elle semblait apaiser son esprit et l'âme qui lui restait. A ce niveau là jamais il n'aurait cru pouvoir connaitre quelque chose de la sorte, et pourtant c'était déjà arrivé. Pourtant il lui arrivait des situations étonnement apaisante, que ce soit avec une femme, autour d'un verre ou ailleurs. Ces instants étaient rares, ces instants étaient appréciables et il fallait tout faire pour arriver à les préserver malgré la rareté de leur fréquence. Malheureusement pour lui, en ce moment, il passait plus de temps à tuer et à courir la campane qu'écouter la musique et prendre le temps de réfléchir calmement.

Finalement elle prit la parole, avec une voix qu'il n'avait jamais entendu, pas étonnant vu qu'il ne la connaissait pas. Au début il avait cru qu'elle l'enverrait paître, mais finalement elle n'en fit rien. Elle lui proposa même une musique, ancienne qui plus est. D'elle émanait une aura étrange, comme si elle avait vécu des milliers d'années alors qu'elle ne paraissait pas plus vieille que Matis. Était elle une elfe ? Ou autre chose ? Il avait tout un tas de question qui se baladait dans son esprit mais il ne les laissait pas sortir au grand jour, ce n'était pas le moment. D'autant plus que la femme avait demandé de se taire avec une autorité qu'il n'avait que rarement vu. Cette aura étrange d'autorité était bel et bien présente chez cette femme. Alors il se mit dans un coin et ne dit rien, il écouta seulement.

Sur sa pierre, alors qu'il écoutait attentivement sans rien dire la jeune femme, il réfléchit a la suite qu'il pouvait donner à sa vie. Allait elle être parsemée d’embûche et uniquement composée de combat et de guerre ? C'était cela que Matis craignait par dessus tout, oui il était un guerrier, oui il avait donné sa vie lorsqu'il s'était engagé... Mais aujourd'hui, après treize ans de combat incessant, deux guerres et une guerre civile à son actif... Il ne savait plus vraiment comment il devait finir sa vie. En écoutant la musique, il arrivait à penser calmement, à réfléchir à son futur et à entrevoir les possibles. Mais rapidement il revint à la réalité...

La jeune femme venait de s'arrêter, elle commença à lui parler de la ville avec une voix qui voulait tout dire. Elle avait connu la ville longtemps avant qu'elle ne devienne ce qu'elle était aujourd'hui. Mais dans sa voix il y avait aussi du reproche, reproche envers ceux qui occupaient maintenant la grotte jadis inconnue et vierge. Il eut l'air sombre car il comprenait ses raisons, mais il savait aussi que sans cette cavité naturelle il ne serait sans doute plus en vie. Tout ce qu'il espérait c'était que l'Homme ne détruise pas cette création magnifique... Mais la guerre finirait sans doute par les rattraper ici.... Il soupira un instant avant de répondre à la jeune femme...

Vous avez sans doute raison... Mais que pouvons nous y faire ? Cette création des esprits est magnifique, nous devons tout faire pour la protéger mais sans elle où serions nous aujourd'hui ? Nous serions mort ou esclave des Alayiens et disons que je ne suis pour aucune de ces deux options...

Mais je ne vous ai jamais vu ici madame, d'autant que vous semblez en savoir beaucoup sur cette cité et ses créations. Cela fait longtemps que vous parcourez ces terres ? Il émane de vous une aura que je n'ai que rarement vu...


Il lui sourit une nouvelle fois, il ne fallait pas perdre les bonnes manières tout de même.

Mais j'aimerais d'abord me présenter, ce sera plus conforme. Je m'appelle Matis, et je vous remercie de m'avoir fait profiter de votre art musical. C'est quelque chose que je n'avais jamais entendu et qui est très beau. Alors merci.
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MessageSujet: Re: A lullaby for damned soul [pv Matis] REFUSE PAR L'ADMINISTRATION A lullaby for damned soul [pv Matis] REFUSE PAR L'ADMINISTRATION Icon_minitimeDim 1 Juin 2014 - 23:51

« Vous avez sans doute raison... Mais que pouvons nous y faire ? Cette création des esprits est magnifique, nous devons tout faire pour la protéger mais sans elle où serions nous aujourd'hui ? Nous serions mort ou esclave des Alayiens et disons que je ne suis pour aucune de ces deux options... »

Une note claire répondit à ses mots.

« La protéger, oui. Mais est-ce vraiment le but de ceux qui sont venus se terrer ici ? »

Un éclat de rire sans joie ponctua sa fausse question.

« Ils n’hésiteront pas à tout détruire si cela peut les sauver. Voilà la vérité. Alors, qu’ils ne soient pas hypocrites. »

« Ils n’hésiteront pas à détruire ce qui existe depuis toujours. Ce lieu porte une empreinte peu commune. Vous qui n’êtes pas mage, le ressentez-vous ? »

Elle releva le menton de quelques degrés vers la voute bleutée. Elle murmura, presque émerveillée par son propos :

« La Trame est différente. »

« Mais je ne vous ai jamais vu ici madame, d'autant que vous semblez en savoir beaucoup sur cette cité et ses créations. Cela fait longtemps que vous parcourez ces terres ? Il émane de vous une aura que je n'ai que rarement vu... »

Son regard vint de nouveau vriller le sien, son attention se regroupant sur ses traits, son expression, son odeur, tout ce qui faisait qu’il était… ce qu’il était.

« Longtemps ? »

Un vague sourire énigmatique se peint sur ses lèvres pâles.

« Longtemps ne veut rien dire. Le temps… est relatif. »

Un court silence s’installa, bien vite brisé par l’humain qui s’agita brièvement en semblant vouloir rattraper une erreur fictive :

« Mais j'aimerais d'abord me présenter, ce sera plus conforme. Je m'appelle Matis, et je vous remercie de m'avoir fait profiter de votre art musical. C'est quelque chose que je n'avais jamais entendu et qui est très beau. Alors merci. »

**


Matis.

Matis.

Mathis…

Mathis ?

**

Mille voix murmuraient ce nom. Mais d’où venait-il ? Le profil s’était figé, devenue statue de porcelaine dans un écrin de velours sombre. Au-dedans, alors, éclata un coup de tonnerre. Dans l’abysse insondable de son âme, où les bras noirs de l’oubli enlaçaient depuis peu un petit orbe pâle. C’était là l’épicentre de la tempête. Une foule de souvenirs hétéroclites lui revenaient soudain, où dansaient la figure d’un grand homme au sourire éclatant.
Ses yeux voyaient, là, devant elle, l’homme blond balafré, souriant, serein. Doucement, les voiles des mondes ondulaient, entre ses propres songes, la réalité, et l’autre. Son regard se perdit un instant dans le vague, ses traits humains prenant un pli soucieux. La flèche de cristal transperça l’humain d’un flux intense de volonté. Etait-ce seulement une coïncidence ? Non, par le Dracos.

Mais son esprit n’admettait pas telle solution : trop de temps s’était écoulé depuis ce souvenir. Mathis et les chimères d’une autre vie, de cette ville qui désormais avait tout d’un tombeau mental.

« Mathis. »

Le ton n’était qu’entrelacs incertains de surprise, d’amusement, de doute et de tristesse. Le murmure s’envola, léger comme une hirondelle emmenée par les bourrasques. Que le feu et la glace consument ces pensées immatérielles qui la rongeaient, l’empêchaient de mener sa réflexion à bien. Les sensations et les idées de la Chanteciel se mêlaient si étroitement aux siennes. N’étaient-elles pas, après tout, qu’un seul et même être ? Les deux faces d’une même médaille, aussi belle d’un côté qu’infâme de l’autre ? Son esprit fleuretait désormais si étroitement avec la frontière, la barrière à la fois si loin et si proche. Les deux parties, ne pouvant se rassembler, entamaient une danse folle qui voyait la structure rigide et parfaitement ordonnée de sa logique s’effondrer comme sous le coup d’un séisme.

Qui était-il ? était-il … ? Seulement … ? Non. Et pourtant, une telle tentation…

« Ce nom… Il était l’un de ceux gravés sur le marbre lors de l’édification de la cité. Il est resté, même jusque-là… Toujours. »

Elle se parlait plus à elle-même qu’à la silhouette maintenant si proche. Alors qu’elle le dévisageait de ses grands yeux de chat, ses derniers mots résonnèrent encore sur les lèvres maintenant closes.
Non, il ne pouvait être Mathis Ygnorael. Cependant, la ressemblance était troublante. Lui aussi avait ce panache d’aventurier. Et aussi, ce petit éclat douloureux au fond de ses prunelles, comme une âme trop vite usée par une vie à l’accéléré.
Elle laissa sa main descendre le long de la corde, se penchant légèrement vers lui.

Merci… ?

Avait-elle seulement un jour entendu un tel mot dans la bouche d’un mortel ? C’était si… surprenant ? Tout en cet homme semblait à présent surprenant. Sa présence à ses côtés, son prénom, ses yeux, sa sérénité, ses paroles…
Il était une singularité dans l’espace-temps, un pied de nez du destin, un cinquième as sorti d’une manche. Mais pourquoi étaient-ils là ? Si seulement ils savaient.

« Il est curieux que vous portiez ce nom. Parmi tous les noms qui auraient pu être donné, c’est celui-ci qui fut choisi. Et aujourd’hui, c’est celui-ci qui résonne à nouveau à mes oreilles. Que ce souvenir est troublant. »

Elle laissa sa tête aller légèrement vers l’arrière, caressant encore avec tendresse l’instrument retrouvé.

« M’aimait-il ? Il n’en a jamais rien dit. Mais, c’était bien la jalousie qui brillait parfois dans ses yeux. Sauf si je ne me trompe...»

Toutes ces notions mortelles, elle le voyait à présent, avait un jour fait partie d’elle. Elle s’y intéressa, s’y pencha comme un scientifique au-dessus d’un terrarium. L’amour, quel drôle de chose, si incertaine et pourtant si puissante. Avait-elle un jour su réellement ce que cela signifiait… ?
Peut-être. Peut-être parviendrait-elle à s’en souvenir.
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MessageSujet: Re: A lullaby for damned soul [pv Matis] REFUSE PAR L'ADMINISTRATION A lullaby for damned soul [pv Matis] REFUSE PAR L'ADMINISTRATION Icon_minitimeMer 4 Juin 2014 - 17:28

Cette femme était vraiment étrange, car de par ses expressions, ses postures et ses paroles en général on pourrait croire qu’elle venait d’un lointain passé. Ou alors qu’elle vivait une réalité différente. A moins, juste, qu’elle ne vive les choses de manière différente que le jeune soldat, une vision où elle ressentait beaucoup plus les choses profondes et inaccessibles. C’était une expérience étonnamment étrange que de discuter avec elle, car il ne savait pas si elle était là, avec lui, ou si elle était dans ses pensées.

Quand elle parlait, c’était pour être extrêmement dure avec les locataires temporaires des lieux. Matis pouvait comprendre pourquoi elle se comportait ainsi, mais il ne pouvait pas accepter tout et n’importe quoi. S’ils venaient ici c’était pour échapper à la traque de l’Empire et de leurs sbires Alayiens. Mais au fond de lui il savait, ou tout du moins il redoutait, que la jeune femme ait raison. S’ils le pouvaient, feraient ils en sorte de remettre cette antique place dans l’état où ils l’avaient trouvés ? Il espérait que oui, mais n’y mettrait pas sa main à couper. Il ne put donc qu’hocher tristement la tête à cette évocation avant de répondre à la jeune femme.

Vous avez sans doute raison, mais j’ose croire et espérer que les miens feront ce qu’il faut pour que cette antique place ne soit pas détériorée par notre passage. Mais je ne comprends pas bien ce que vous entendez par « la trame est différente. » Je ressens bien qu’il se passe quelque chose en ce lieu. Quelque chose de différent. Mais rien de plus, hélas je ne suis pas mage comme vous dites.

Et c’est là qu’eut lieu la chose la plus étrange qu’il fut capable de rencontrer en discutant avec une femme. Elle bloqua, littéralement, sur son nom. Elle le répéta pour elle-même sans doute, mais Matis l’entendit distinctement et s’en était devenu dérangeant. A dire vrai il ne savait pas trop quoi dire, il n’avait jamais eu ce type de réaction à gérer. Elle ne lâchait pas son instrument, ses doigts glissèrent même à certains moments sur les cordes, laissant quelques sons éparses s’échapper. Au fond de lui il se demandait réellement à qui il avait affaire car il vivait là une expérience qu’il ne croyait jamais vivre. Cette femme dont il ne savait rien, et qui avait une vision bien plus profonde qu’il ne l’aurait jamais, était en train de revoir son passé.

Quelques phrases sortirent quand même de sa bouche, mais sans doute ne lui était elle pas destinés. Peut être n’était elle destinée qu’à elle-même, et personne d’autre. Son esprit sortait peu à peu de sa torpeur, pour revenir dans cette réalité et vers le jeune soldat qui ne bougeait pas d’un Iota. Néanmoins, et après sa dernière phrase il ne put résister à l’envie d’en savoir plus. Alors il s’approcha doucement, tandis que la jeune femme continuait de l’observer avec son regard bien plus que perçant. Il voulait savoir de quoi elle parlait, mais elle ne semblait pas être encore prête à lui expliquer ses pensées et/ou ses souvenirs. Alors il resta muet, dans l’ attente d’une hypothétique explication qui viendrait peut être plus tard.

Mais il n’eut pas à attendre bien longtemps avant d’avoir la possibilité de comprendre ce dont il était question car après de longues minutes, la jeune femme semblait proche de la réalité. Proche de revenir vers lui pour lui expliquer. C’était du moins ce qu’il croyait au vu de ses dernières paroles pour le moins énigmatique. A l’entendre elle ne pouvait être humaine, sans quoi elle ne s’exprimerait pas ainsi. Mais qu’était-elle réellement alors ? Vampire ? Elfe ? Ou autre chose encore. Il avait là tant de questions dans son esprit, mais il ne pouvait pas les exprimer clairement sans quoi il lui faudrait des heures, et il la ferait fuir. Et c’était bien la dernière chose dont il avait besoin. Il voulait la comprendre. Il voulait en savoir plus.

Alors, tandis qu’elle retouchait son instrument en laissant son esprit vagabonder dans des contrées plus que lointaine, il s’approcha de nouveau pour lui parler. Il ne voulait pas s’exprimer trop fort, comme pour ne pas troubler la réflexion profonde de son interlocutrice ni couvrir la musique de l’instrument.

Que voulez-vous dire par là ? Mon nom a-t-il donc tant d’importance pour vous ? Peut-être un souvenir d’un passé lointain ? Le temps est quelque chose de variable selon la longévité des gens. Mais cette ville fut bâtie il y ‘a fort longtemps et je n’avais jamais entendu parler d’un Matis à sa création.

L’homme se tut un instant, laissant planer ses questions et observa la jeune femme. Il voulait vraiment en savoir plus sur elle, alors il se risqua à une question.

Mais qui êtes-vous ? Pour en savoir tant sur ces lieux ? Sur ceux qui l’habitèrent il y a si longtemps et qui l’habite aujourd’hui ? Si je puis me permettre, je ne saurais vous dire s’il vous aimait, car je ne sais pas de qui vous parlez. Est-ce Matis de la création de la ville ?
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MessageSujet: Re: A lullaby for damned soul [pv Matis] REFUSE PAR L'ADMINISTRATION A lullaby for damned soul [pv Matis] REFUSE PAR L'ADMINISTRATION Icon_minitimeLun 9 Juin 2014 - 21:32

- Entre Eros et Thanatos : les eaux troubles du destin -

Ses traits étaient étrangement familiers. Maintenant, dans la lueur surnaturelle du plafond bleuté, dans les ombres projetées sur les visages, le Mathis qu’elle avait connu se superposait sur l’allure du soldat. Mais il y avait autre chose. Ses yeux se posèrent alors sur l’étrange tatouage qui ornait sa gorge laissée nue par le col de bure. « Coupez ici », avec, en fond, une ligne de pointillés très explicite.

Elle leva un sourcil à la vue de cette étrange décoration corporelle. Diantre, il existait donc des sang-chauds si prompt à mourir ? ou celui-ci avait-il quelque penchant pour la provocation. Elle finit cependant par sourire, pleinement consciente de l’humour noir caché derrière ce tatouage.

" Que voulez-vous dire par là ? Mon nom a-t-il donc tant d’importance pour vous ? Peut-être un souvenir d’un passé lointain ? Le temps est quelque chose de variable selon la longévité des gens. Mais cette ville fut bâtie il y ‘a fort longtemps et je n’avais jamais entendu parler d’un Matis à sa création. "

Rien d’étonnant à cela. Althaïa, fouillant dès lors sans scrupules dans les souvenirs qui lui étaient offerts, distinguait à présent la nature timide et renfermée de l’homme qui l’avait jadis accompagnée. Sans pouvoir en être certaine, elle le devinait volontiers s’effacer devant des pairs bien plus ambitieux que lui lors de sa chute et de la main mise de l'Empire sur la ville.

Il était près. Très près. Au pied du rocher sur lequel elle était venue se poser. Près, oui. La mante s’éveilla doucement de sa torpeur, remuant dans un coin sombre de l’esprit mort. Que ce mâle se permette seulement de… l’approcher ? C‘était ce qu’il faisait depuis plusieurs minutes déjà, à demi-conscient de ce qu’il faisait, le regard simplement tournée vers elle, fasciné comme un papillon par la lumière d’une torche. Mais ce mâle-là lui semblait tout à coup bien différent. Il n’y avait aucune condescendance dans son attitude, pas même trace d’un humour potache déplacé qui aurait pu mettre le feu aux poudres. Il ouvrait grand les yeux, comme un enfant émerveillé, un éclat interrogateur et soucieux au fond des prunelles. Il le disait lui-même : il voulait savoir. Savoir ! Au fond, ils étaient si semblables à cet instant. Cette pensée fit frémir tout son être d’une soudaine colère. Non.

Mais l’autre était attirée par cette idée. Après tout, oui, ils se ressemblaient, même avec le gouffre qui les séparait. Etrange et morbide attirance. Les forces de l’attirance et de la répulsion s’équilibraient. Une vitre transparente entre eux, oui. Mais ils étaient soudain tentés d’y poser leur paume, intrigués mutuellement par ce qu’ils voyaient, irrésistiblement accrochés par leur curiosité, leurs vides intérieurs s'approchant dangereusement. Mais lui ne voyait que la fabuleuse illusion d’une vie dissoute depuis des siècles dans les larmes sanglante d’une malédiction bien plus noire que l’ombre. Et elle ne voyait pas les marques sombres qui lacéraient les chairs pourtant refermées.

« Son nom aurait dû pourtant rester. Bien plus que celui de la famille qui règne aujourd’hui sur le monde du dessus. Il méritait cette place. Pour l’effort qui fut le sien. Il fut l’un des architectes des palais de la ville. Il fut l'un des façonneurs. »

Ses mains se raccrochèrent à nouveau à la harpe, entamant une pluie de notes mélancoliques.
Puis, d’un gracieux geste de la main, sourire aux lèvres, elle désigna le cou de l’homme.

« Bien étrange invitation que celle-ci. Vous semblez adepte des décorations corporelles... provocantes. »

C’était assez rare chez les sang-chaud à sa connaissance, pour les impériaux en tout cas. Elle détacha son regard des mots écrits, revenant aux paroles de l'homme blond. La Dame releva son regard de quelques degrés, semblant réfléchir tout en parlant.

« Oui. Votre nom est un écho d’une vieille histoire. Depuis longtemps oubliée des Hommes. Je doute même que ceux d’en haut la connaissent encore. S’ils en ont un jour seulement gardé trace. »

Mais après tout, leurs vies étaient si courtes. Les mémoires l'étaient tout autant ! Combien de générations avaient bien pu se succéder depuis sa... mort ? Un nombre assez impressionnant sans doute. Qui pouvait bien se souvenir de l'origine de ce nom, si souvent présent sur les lèvres de la rébellion.
Althaïa.

" Mais qui êtes-vous ? Pour en savoir tant sur ces lieux ? Sur ceux qui l’habitèrent il y a si longtemps et qui l’habite aujourd’hui ? Si je puis me permettre, je ne saurais vous dire s’il vous aimait, car je ne sais pas de qui vous parlez. Est-ce Matis de la création de la ville ? "

Qui était-elle ? Ah, fatale question. On ne sait jamais qui l’on est vraiment.

Elle était tentée de répondre. Là, maintenant. Quelque chose de puissant et destructeur avait été réveillé par la question innocente du soldat. Tentée... De laisser éclater cette triomphante déclaration de guerre à ceux qui l’avaient bien malgré eux dépossédée de son trésor, de sa Création ultime. De déclarer la guerre à cette minuscule nation, et de libérer toute sa magie pour annihiler cette infamie, quitte à se désintégrer sur-le-champ sous l’effort. Les murs d’eau noire s’élevaient dans son esprit ravagé, la folie rongeait sa raison et alors, ses lèvres s’entrouvrirent. Une seule pensée…

Cette ville est mienne.

Mais le froid infini qui habitait le trou béant de son âme gela sur place cette vague brûlante. La bouche fine finit, après une seconde interminable, par se refermer en un nouveau sourire, cependant bien moins serein que les précédents. Seules les commissures s'étaient relevées, dessinant une figure sévère et effrayante, laissant passer une ombre de tempête dans les yeux cristallins avant de s'adoucir de nouveau.

" Vous êtes curieux... "Mathis", dit-elle avec une note mutine dans la voix en prononçant son nom, peu de gens ici s'intéressent à cet endroit et à cette ville. Ils y vivent, ils y travaillent, ils y combattent. Et ne s'en préoccupent nullement, comme si cet abri leur était acquis de droit. "

Son regard souverain revint vers le sien, s'y amarra de nouveau, donnant toute la puissance à son propos.

"Effectivement, j'en sais plus que quiconque sur "ces lieux". Ce lieu, qui fut choisi pour l'édification d'une cité qui devait être parfaite... Mais ce n'était qu'une chimère. Comme le sont toujours celles des Hommes.
Mathis Ygnorael, Esëidel Talenos et Althaïa Actaaë étaient les trois architectes de cette ville que les vôtres surnomment "la Romantique", et qui n'est plus rien d'autre qu'un assemblage hétéroclite de castes de mages en déchéance et de boutiques de charlatans.
"

Doucement, la lumière émanant de son passé s’effaça. Les ombres d’un ciel d’orage recouvrirent peu à peu l’éclaircie qui s’était faite. Althaïa se redressa, les lèvres closes, le regard lancé vers le lointain. Elle ne le voyait plus. Le ton se fit dur, cassant.

" C'était... une autre époque. Un autre temps."

Les notes pleuraient littéralement, laissant une mélodie aussi triste qu'un jour de pluie sans fin s'enfuir de l'instrument.

"Êtes-vous certain de vouloir connaître cette histoire ? Après tout, finit-elle en se radoucissant, nul ne connaît la véritable histoire d'Alhaïa la Romantique. Vous semblez âme suffisamment avisée pour la partager.
En réalité... ce n'est pas une histoire.
C'est un chant.
"
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MessageSujet: Re: A lullaby for damned soul [pv Matis] REFUSE PAR L'ADMINISTRATION A lullaby for damned soul [pv Matis] REFUSE PAR L'ADMINISTRATION Icon_minitimeMar 10 Juin 2014 - 10:47

Quand la jeune femme lui parla, il sentait toujours que son esprit était loin, comme s’il refusait de voir la réalité. Cette réalité qui, pour une femme qui semblait avoir vu les ravages du temps, ne semblait pas désirable. Mais qu’y pouvait-il ? Lui qui luttait déjà contre son propre esprit maltraité par le temps, la guerre et le sang versé. Il avait souffert, comme beaucoup trop de monde, de tous ces conflits incessant, passant du bandit au vampire, du vampire à l’Alayiens, de l’Alayien au loyaliste. Sa vie ne pouvait se résumer qu’à cela, des années de guerre ininterrompue, mais c’était un choix qu’il avait il y a longtemps, maintenant il devait assumer.

Néanmoins, et en de rare occasion, la vie offrait un moyen de penser à autre chose, des petites interludes tant désirable qu’appréciable. Elles pouvaient prendre des formes différentes, avoir des retombées tout aussi diverses, mais généralement elles n’avaient qu’un but. Panser les plaies et mettre du baume sur le cœur et l’âme. Et en écoutant la jeune femme lui parler, il savait, ou il croyait reconnaitre pareil instant. Elle parla de cet homme comme s’il avait occupé une place importante, tant à ses yeux qu’au sein de la population de l’époque. Hélas les temps changeaient trop rapidement, les mémoires s’étiolaient tout autant et les gens oubliaient. Ils oubliaient tout ce qui avait cours avant telle ou telle période. La mémoire de l’homme, en plus d’être sélective, était courte. Et ça, beaucoup le leur reprochait. Que ce soit les elfes, les vampires et sans doute aussi les dragons. La vitalité et sa longévité, était autant d’avantages que d’inconvénients. Alors il soupira tandis que les notes jouées par la musicienne continuaient d’emplir la grotte d’un air mélancolique et dramatique.

Nombreux sont ceux qui auraient dû rester dans les mémoires. Trop nombreux sont ceux qui oublient trop vite les héros ou les bâtisseurs des anciens temps. N’étant pas philosophe je n’ai jamais pu réellement me porter sur la question, mais cela ne m’empêche pas de conspuer mon peuple pour son manque d’intérêt. Nous avons un passé. Mais les dirigeants actuels et ceux qui les ont précédés avaient choisi d’instaurer une version de l’Histoire. Celle qui les arrangeait sans doute. Ne serait ce que pour s’assurer le soutient de la population.

Voila des paroles qu’il n’aurait pu tenir quelques mois auparavant. Mais depuis, tellement de chose avaient changées, la guerre était arrivée. Bien plus sanglante, destructrice et abominable qu’il n’aurait crut possible. Tout cela, même s’il ne le reconnaissait qu’à moitié, avait modifié sa psyché et sa façon d’être. Il n’était pas devenu blasé, il était plus réaliste sur ce qu’il défendait.

La remarque de la jeune femme le fit revenir à la réalité et sortir de sa torpeur. Instinctivement il porta sa main à la base de son coup et sourit. Oui, elle avait raison, cette provocation était naturellement venue à lui lorsqu’il avait choisi de poursuivre le combat.

Vous avez raison. Si j’ai inscris cela c’est pour montrer que je n’ai plus de recours possible. Maintenant que j’ai choisi de poursuivre la lute contre l’envahisseur alors que les miens on choisi de se rendre, je sais que je ne connaitrais plus la paix. Ma vie ne m’appartenait plus le jour où j’ai choisi la guerre pour métier, mais aujourd’hui je suis un criminel recherché pour la simple raison que j’ai choisi de ne pas me laisser aller au plus simple. Oui, c’eut été plus facile de se rendre, de travailler pour le plus fort et de passer à autre chose, mais aurais je pu me regarder en face devant ce fait ?

Si l’ennemi m’attrape, au moins il saura quoi faire de moi. En attendant, on ne dirait pas mais au combat ça sert beaucoup. On gagne ou on perd une bataille avant même le premier choc, la psychologie des protagonistes à une place trop importante pour être négligé. Voir que je mène mes troupes sans craintes de mourir et la rage au ventre à souvent le mérite d’installer le doute dans l’esprit de mes ennemis.


En écoutant la suite du discours de la jeune femme, il se rendit compte que ce lieu n’était pas rien. Que cette ville elle-même n’était pas seulement un amas d’habitation entourées de murs et dominée par un palais. C’était bien plus que cela, c’était la marque d’un passé antique. Un passé si ancien qui était devenu oublié par beaucoup trop de personne, tellement qu’aujourd’hui plus personne ne le connaissait. Fin tragique d’une ville vouée à voir son passé disparaitre sous l’inculture de ses habitants.

Si son nom était l’écho d’un lointain passé, d’une légende jusqu’alors oublié, il se devait de savoir de quoi elle parlait. Mais devait-il encore la harceler de question ? Il voulait tellement savoir de quoi il retournait… Sa curiosité maladive était parfois quelque chose qu’on lui reprochait, mais c’était compliqué d’aller au devant de ses propres caractéristiques. Alors, d’une voix subjuguée par la prestance de la jeune femme, il lui posa une question simple.

Pourriez-vous me la conter ? J’aimerais apprendre de vous, vous qui semblez en savoir long sur cette ville et ce qui l’entoure. Je ne suis pas comme ces gens qui colonisent ce lieu uniquement par opportunisme. Je ne suis pas mage mais je sens bien qu’il règne en ce lieu quelque chose de bien plus grand qu’un empereur. Et ce je ne sais quoi qui flotte dans l’air m’obsède. On me dit souvent que la curiosité est un vilain défaut, mais quand cela permet de savoir dans quel lieu antique nous vivons, est ce réellement un défaut ? Quand elle permet de redécouvrir des pans entiers de notre histoire, est ce réellement quelque chose mal ?

La jeune femme prouva qu’elle le trouvait curieux, mais comme il l‘avait dit, c’était sa nature. Il ne pouvait pas aller contre. Le tout était de ne pas se montrer trop pressant, trop lourd, trop envahissant. Mais le sujet était si intéressant qu’il ne pouvait pas faire autrement. Elle laissa néanmoins choir quelques informations sur les origines de la cité. Trois noms, trois légendes sans doute. Trois personnes d’un ancien temps vivant à une autre époque, dans d’autres circonstances et entourés de personnes toute différente. Si elle indiquait cela, elle n’en restait pas moins dure avec les actuels habitants. Finissant sur un ton cassant, en indiquant que tout ceci était un lointain passé.

Mais elle indiqua quand même vouloir lui conter cette histoire. Appelant son âme comme caution de cette histoire. Etait il si différent des autres uniquement parce qu’il s’intéressait à l’histoire de ce lieu ? La pluie musicale qu’il aurait voulue joyeuse n’était que tristesse. Etait ce là un avant goût de l’histoire ? L’histoire d’une ville jadis si fière, tombée entre les mains de l’Empire naissant et aujourd’hui confrontée à sa plus grande menace depuis longtemps… Il ne pouvait pas refuser pareille proposition.

Je… Vous me feriez un immense honneur en me la contant.

Il ne connaissait toujours pas son nom, mais à l’instant ce n’était pas ce qui était le plus important. Tout ce qui comptait c’était ce qu’elle était, sa beauté, sa façon d’être ainsi que l’histoire qu’elle racontait et vivait en même temps. Elle avait vécu des choses, pendant des années et des années, maintenant qu’elle avait un auditoire, elle pourrait peut être dire ce qu’elle avait sur le cœur..
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MessageSujet: Re: A lullaby for damned soul [pv Matis] REFUSE PAR L'ADMINISTRATION A lullaby for damned soul [pv Matis] REFUSE PAR L'ADMINISTRATION Icon_minitimeMar 17 Juin 2014 - 0:03

L’une de ces âmes qui se promettaient d’elle-même à la destruction. Il y en avait ici des centaines, des milliers même. N’avaient-ils donc pas assez de leur fragilité et de leurs vies éphémères pour en plus se jeter en avant du danger ? Sa compréhension lui paraissait soudain faire un bond en arrière. Elle écouta cependant avec attention les dires de l’homme aux pointillés.

« Vous avez raison. Si j’ai inscris cela c’est pour montrer que je n’ai plus de recours possible. Maintenant que j’ai choisi de poursuivre la lutte contre l’envahisseur alors que les miens on choisit de se rendre, je sais que je ne connaitrais plus la paix. Ma vie ne m’appartenait plus le jour où j’ai choisi la guerre pour métier, mais aujourd’hui je suis un criminel recherché pour la simple raison que j’ai choisi de ne pas me laisser aller au plus simple. Oui, c’eut été plus facile de se rendre, de travailler pour le plus fort et de passer à autre chose, mais aurais-je pu me regarder en face devant ce fait ?
Si l’ennemi m’attrape, au moins il saura quoi faire de moi. En attendant, on ne dirait pas mais au combat ça sert beaucoup. On gagne ou on perd une bataille avant même le premier choc, la psychologie des protagonistes à une place trop importante pour être négligé. Voir que je mène mes troupes sans craintes de mourir et la rage au ventre à souvent le mérite d’installer le doute dans l’esprit de mes ennemis.
»

Si l’ennemi m’attrape. C’était tout ce qu’il y avait à espérer pour la majorité des escadrons rebelles envoyés au travers du pays. Ne pas se faire attraper. Une chasse entre humains. C’était assez lamentable quand on y réfléchissait bien… Mais cette réflexion-là tourna court. Les derniers mots étaient bien plus intéressant à ses yeux. Une partie de poker psychologique ? Avec une simple ligne de pointillés. A bien y penser, il n’avait pas tort. Les consciences humaines étaient si éloignées des leurs, qu’une telle réaction ne devait pas être impossible. Même si à ce jeu on pouvait ne pas être gagnant à tous les coups, surtout avec une gente fanatique dans les rangs adverses.

« Pourriez-vous me la conter ? J’aimerais apprendre de vous, vous qui semblez en savoir long sur cette ville et ce qui l’entoure. Je ne suis pas comme ces gens qui colonisent ce lieu uniquement par opportunisme. Je ne suis pas mage mais je sens bien qu’il règne en ce lieu quelque chose de bien plus grand qu’un empereur. »

L’expression lui tira un regard brillant. Oh, bien plus grand. Que pouvait-il y avoir de plus grand qu’un Esprit Supérieur ? Ici, plus qu’ailleurs, près du grand lac. La Trame en portait une marque si subtile et agréable. Mais elle préféra taire cela. De telles sensations se passaient de mots, et elle aurait été bien en peine d’expliquer cela à un sang-chaud qui ne maniait pas les arcanes.
Sa façon de parler pourtant avait quelque chose d’autant plus détonnant. Où en était-elle ? Sa logique semblait lui filer entre les doigts au fur et à mesure que le contact avec l’instrument faisait brûler de mille feux les souvenirs tourbillonnants, s’élevant doucement des cendres noires de sa mémoire. Elle ne parvenait plus à détacher Matis de Mathis. Allons, ils ne se ressemblaient pas tant que ça. Oui… et non.

Son être était maintenant presque scindé en deux, les deux parties s’observant intérieurement, tantôt avec surprise, tantôt avec froideur, mais avec cette curiosité dévorante qui revenait au galop. Quelle folie. La Harpe avait sur elle un effet si saisissant qu’il en devenait dangereux. Car au-delà d’une personnalité de plus en plus trouble et bipolaire, l’illusoire baptistrelle était maintenant bien attirée par cet auditeur providentiel.

**

Attirée… Oui, c’était le terme. Les brumes opaques des raisons profondes de ce soudain intérêt n’étaient pas faites pour être dissipées, laissant un grand flou quant au comment et au pourquoi exact. Avait-elle seulement envie de le savoir ? Quelques heures seulement auparavant, son esprit mécanique aurait instantanément sélectionné l’option « oui » sans problème. Tout savoir, toujours, tout sur tout !

Mais la seconde qui vit naître l’interrogation vit à nouveau se mélanger encore les parfums troublants des souvenirs presque réels désormais. Qui ? Où ? Quand ? Quoi ? Pourquoi ? Althaïa sombrait chaque seconde un peu plus dans une confusion qu’elle s’était elle-même créé. La Faim se superposait à l’envie de le toucher. Hum. Décidément, il ne lui était vraiment pas étranger. Presque familier…
Elle ne voulait plus savoir. Une fraction de temps, et sa conscience fut libérée de ce poids éternel, de ce supplice de Tantale qui la dévorait depuis toujours. Peu importait ! Juste l'envie de se laisser porter... Dériver. Et de le regarder. Lui. De le toucher aussi, pour vérifier qu'il n'était pas encore une hallucination baptistrale ou un fantôme créé de toute pièce. De l'emporter aussi. Histoire de le garder... un peu plus... Il y avait là quelque chose d’inconnu, donc forcément de bien plus intéressant !

" tes-vous certain de vouloir connaître cette histoire ? Après tout, finit-elle en se radoucissant, nul ne connaît la véritable histoire d'Althaïa la Romantique. En réalité... ce n'est pas une histoire.
C'est un chant.
"

« Je… Vous me feriez un immense honneur en me la contant. »
Un immense honneur…
Ou une dernière erreur. Mais il n’était plus temps d’y penser. Il transparaissait clairement que l’occasion de transmettre ce savoir ne se représenterait pas de si tôt. Et peu importait qu’il s’agisse d’un éphémère humain, d’un soldat, d’un mâle guerrier ignorant de la magie. Le destin l’avait jeté ici et maintenant. Rien n’était fait sans raison. Il lui réclamait l’histoire. Il l’aurait.
Elle baissa les yeux sur les cordes, silencieuse. Une longue minute s’écoula dans un silence étrange, sans qu’aucun ne bouge. Enfin, sans crier garde, son index pinça la premier corde argentée, en tirant un profond « Do ».
Puis, doucement crecendo, les notes se suivirent, dociles. Non, sa musique n’avait plus sa puissance baptistrale d’antan. Elle ne ressentait plus rien d’autre que le contact magnétique de la harpe, mais au travers de ses souvenirs désormais presque palpables, elle comptait sur son antique mémoire pour lui dicter les bons gestes. Et cela marchait ! L'instrument chantait à nouveau. Et elle aussi.
La mélodie prit des accents formidables, et peu à peu, au travers des enchaînements de sons, la voix féminine, profonde et grave, puis forte et claire, chanta le voyage à travers le temps.

**

Ce rêve qui fut le mien.

**

Un promontoire, au milieu de l’infini des plaines. A ses pieds, une étrange et minuscule vallée, dont les fleurs semblaient à nulle autre pareilles. L’elfe s’en extasiait. Le maître d’arme s’en fichait. Le conteur en cueillit. La chanteuse en sourit.

Ils étaient quatre, les heureux voyageurs, ils étaient trois derrières, et elle devant.

Ils avaient traversé le continent. En long, en large, en travers, à pied, à cheval, à charrette. Epuisés, oui, mais vaillants, ils poursuivaient un but qu’eux seuls connaissaient.

Ils suivaient un sentier, long, raide et sinueux. Ils suivaient un sentier dans la broussaille qui menait au sommet. Pourquoi ici dit le premier. Pourquoi si haut dit le second. Pourquoi ici dit le troisième.
Parce qu’ici ont jadis marché les Esprits. Parce qu’ici, il n’y a plus de pourquoi, il n’y a plus de comment. Ciel et Terre réunis, c’est ici qu’elle sera bâtie.

Mais quoi donc ? Les trois le savaient, la quatrième aussi, mais les trois doutaient, elle en était assurée.

La ville ! La ville qui n’aurait jamais du cessé d’être, la ville qui était née dans son cœur. Par la parole bénie d’un dragon, grand comme une montagne, oui. Grande comme une montagne, elle serait, la ville. Elle serait à tous, elle serait la paix et l’art réunis.

Comme une lance pointée vers les cieux, on y toucherait les étoiles, en rêve comme en réalité. On y toucherait les étoiles, en hiver comme en été.

La Rapsodie au grand complet y viendrait chanter, on ne marquerait de rien, les maux des uns ne seraient jamais la joie des autres, on y parlerait la même langue, enfin.

Un rêve, disaient les uns, une utopie, les autres disaient. Mais Chantétoile y croyait, elle l’avait vu, elle l’avait lu, et rien ne l’en détournerait.

Butée comme l’océan, patiente comme la forêt, elle réuni ceux qu’elle connaissait, qui eux-mêmes connaissaient bien d’autres. Ensemble, leur magie rayonna, ensemble, comme une unité, ils chantèrent et psalmodièrent, tant et si bien que le roc changea.

Ils chantèrent les Fondations, et elles se dressèrent. Ils chantèrent les Fondations, et elles jaillirent de terre.
Impressionnés, ils étaient, et nombreux ils vinrent. Contempler cette immense tour, sortie de nulle part. Seule et splendide, comme un pied de nez aux pessimistes et au fielleux. Toute seule elle s’élançait, comme dragon à la conquête des cieux.

Bientôt on vint de tout le pays, porter sa pierre à l’édifice. Pauvres ou riches, personne n’y manquait plus de rien, on se moquait des artifices, seuls comptaient les jours prochains.

Les mages dansaient, bien contant d’user de leur art, autrement qu’à l’étude, au service ou combat.

Ils étaient les Façonneurs !

Ils étaient les Façonneurs d’une cité partie de rien, ils en étaient fiers et ils le montraient bien. Les palais, les jardins, les tours de dentelles et les ponts cristallins, s’élevèrent de partout. Tant et si bien qu’un an, passé dans la douleur, après l’année de dur labeur, on y put s’installer. On y mangeait très bien, on y trouvait de tout.

Il n’y avait ici, ni mendiant ni voleur. Politiciens et rois n’y avait pas faveur. Car aucune carte n’en mentionnait le nom, elle était née modeste et le restait pieusement. Ici on n’admirait ni faste ni richesse, mais le beau et l’audacieux, l’art et l’arcane. C'était sa vie, c'était son œuvre : le rêve et l'accomplissement.

Chantétoile l’aimait, et la nomma Serenia, l’apaisée, un nom lui donna, pour l’en baptiser. On fêta, on chanta. Baptistrels et ménestrels étaient ici seuls rois. Rois sans couronne et autre loi, que celle de la paix et de la joie.
Les hommes vinrent, les elfes restèrent. On se fréquentait, on planifiait l’avenir. Innocente naïveté, que n’as-tu vu venir. Tu ne l’étais pas, pourtant, trop curieuse surtout, à t’en laisser mourir.

La ville était jeune, mais l’ombre planait. Ta lumière tu cherchais, laissée au loin. Le chanteur du vent on cherchait, sans jamais l’en trouver pour autant. En son cœur dépérit, la lumière et le chant, éloignée d’elle-même, elle en souffrait souvent.

Et les trois le savaient, mais ils n’en disaient rien. Les trois le savaient mais ils n’en montraient rien.

Un jour, les sombres vinrent à la ville. On murmurait beaucoup, mais on ne les vit peu, que pour les gardes alertes, ce ne fut que du feu.

Chanteciel pour autant, tout du haut de sa tour, s’en enquit prestement, voulant en être sûre. Rassurée elle le fut, mais sa curiosité, toujours aussi ardente, lui conta l’aventure.

Le premier ne dit rien, le second en rit, le troisième s’en plaint. Et la quatrième, du haut de la tour, laissa choisir le destin.

En campagne ils partirent, les trois, le quatrième, âgé, ne pouvaient les y suivre. Ils s'en furent donc à trois, battre les alentours, flanqués de leurs alliés, aux lames bien agiles. Dans la nuit froide et sombre, ils les trouvèrent enfin, au détour d'une faille, cachée dans un ravin.

S'avançant sous la lune, le plus ancien sourit, la trouvant fort charmante, mais meilleure endormie. Elle lui donna le change, baptistrelle accomplie. Mais en fut pour ses frais, lorsque l'autre lui dit, que le temps d'un discours en charmante compagnie, valait bien une plaie dans le cou des amis.

C'est alors qu'il revint, sentant loin le danger, le maître et son élève, à nouveau réunis. Le mort-vivant feula, l'autre ne cilla point, maintenant décidé à lui donner sursis.

La lutte s'engagea, baptistrels et vampires, la lutte s'engagea, ils ne virent rien venir.

Bientôt, ils ne furent plus que trois, et c'est là que s'arrête cette folle lecture.

Ils ne furent plus que trois, et le maître un brûlant souvenir.

Qu'advint-il de la ville, sans sa tête rêveuse ? Elle finit par mourir, son âme bien plus que ses jardins. On oublia bien vite, sous les lois impériales, on oublia bien vite l'utopie baptistrale.

Serenia disparut, mais l'empereur d'alors, n'étant pas un inculte, et bien compatissant, adressa à Mathis, Esëidel et Ingord, de bien pieuses paroles. Donnant comme seul leg, souvenir d'autrefois, le nom de celle qui leur donna la foi.

Serenia disparut pour voir naître Althaïa.



**
La myriade de note retomba comme un rideau de pluie sur la mer, emportant avec lui l’imagination et les rêveries éveillées.

**
« C’était… mon rêve. »

Deux être se dressaient maintenant l’un face à l’autre. L’un les pieds sur terre, l’autre dans l’ether. Deux regard identiques, l’un clair comme la glace, l’autre blanc comme un quartier de lune.
L’un blanc comme la neige. L’autre noir comme le charbon. A jamais séparé.

"C'était."


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MessageSujet: Re: A lullaby for damned soul [pv Matis] REFUSE PAR L'ADMINISTRATION A lullaby for damned soul [pv Matis] REFUSE PAR L'ADMINISTRATION Icon_minitimeVen 20 Juin 2014 - 17:19

Il l'observait comme il n'avait jamais observer quiconque. Elle était là, en face de lui, à quelques mètres seulement, et pourtant elle lui semblait si loin. Comme si la distance qui les séparaient était fait de mètre mais aussi d'années, comme si des décennies séparaient les deux êtres présent dans ce lieu. Il ne voulait qu'une seule chose en ce moment là, écouter la jeune femme jouer et user de son instrument, comme si cela apaisait son âme meurtrie. Il avait souvent entendu le dicton qui voulait que la musique apaisaient les mœurs, mais jamais il n'y avait réellement cru. Mais ici ? Comment pouvait il dire ou soutenir le contraire ? C'était tout bonnement impossible car il se sentait si bien à l'écouter. Dans ce lieu entre la réalité et l’irréel, entre le passé et le présent il ne pouvait qu'écouter et se taire. Il savait sa chance, il la connaissait, il reconnu qu'un hasard exceptionnel l'avait conduit ici pour écouter et voir cette jeune femme. Oui, il revenait souvent dessus, et oui il allait encore revenir dessus, mais la beauté de la jeune musicienne était en parfait accord avec la douceur de ses notes.

Mais ces notes n'étaient pas joie, elles en étaient même très éloignées. L'histoire que racontait ce chant était triste, était profond, était mélancolique. La manière dont elle jouait, la façon dont elle chantait... Matis sentit qu'elle avait vécu dans sa chair les événements qu'elle lui contait ici. Cela ajoutait à la tristesse quelque chose d'autre, comme si tout le poids du monde venait dès à présent de s'abattre sur ses épaules. Comme s'il se trouvait noyer dans un océan de tristesse et de chagrin, remplit années après années par la peine d'une femme jouant de la musique pour raconter le passer.

Ici et maintenant il était le témoin de quelque chose d'exceptionnel. Il était le réceptacle de l'histoire vécue et passée qui devait servir d'avertissement pour les générations futures. L'histoire le toucha, car de la mémoire de ses ancêtres il savait se qu'il s'était passé dans cette ville. Mais avoir la vision d'une native des lieux était bien plus instructif et marquant qu'une histoire contée et ayant évoluée avec les générations. Ici et maintenant, il avait la chance de pouvoir comprendre. La chance de pouvoir entendre de vive voix l'histoire de cette citée. Il ne pouvait que se taire et écouter.

Plus l'histoire avançait, plus elle se faisait triste et la chute de celle ci se faisait pressente, comme s'il était impossible pour une cité telle que celle là de vivre selon des lois et des coutumes différentes. Une autre entité, beaucoup plus puissante, devait la réduire à néant et l'assimiler la force si nécessaire. Quant il comparait cette situation à celle qu'il connaissait aujourd'hui, il comprit que le passé pouvait être un miroir sur l'avenir. L'Homme était ainsi, rien ne lui tenait plus à coeur que de forcer les autres à penser comme le plus fort du moment. Jadis l'Empire, aujourd'hui les Alayiens.

Quant elle s'arrête, il se trouva perdu dans ses pensées, comme si toutes ses croyances avaient été remises en doutes, comme si tout ce qu'on lui avait apprit venait d'être remis en question. Et c'était le cas. On lui avait mentit, ou tout du moins on lui avait conter l'histoire avec le point de vu du vainqueur. La musique était déjà lointaine, et c'était le coeur lourd qu'il observa la jeune femme qui venait de parler. Ce qu'elle dit, confirma ses propres pensées.

Vous avez donc vécu cela n'est ce pas ? Cette histoire qui fit de cette grande ville la proie d'une autre entité ?

Je... Vous remercie de m'avoir partager l'histoire de ces lieux, j'étais loin de me douter de tout cela.... Comme quoi, le passé et le miroir du futur...


Il resta silencieux un petit moment, comme pour observer la jeune femme doucement et tendrement. Il éprouvait une peine indescriptible pour cette personne qui avait du vivre mille tourments, ainsi qu'autre chose qu'il ne comprenait pas bien. Il ne savait que dire.

Qu'est il devenu ? Mathis je veux dire. Et que sont donc ils tous devenu ? Cette histoire se termine t'elle donc ainsi ?
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MessageSujet: Re: A lullaby for damned soul [pv Matis] REFUSE PAR L'ADMINISTRATION A lullaby for damned soul [pv Matis] REFUSE PAR L'ADMINISTRATION Icon_minitimeJeu 26 Juin 2014 - 20:16

Un trou noir n’est bien souvent rien d’autre qu’une étoile morte.




Qu’était-ce sinon le chant du phénix à l’agonie ? Renaître ne le préserve pas de la souffrance de la mort. Et en ces instants, alors que les paroles glissaient hors d’elle, les deux moitiés artificielles se rapprochaient, se rapprochaient l’une de l’autre, proches comme elles l’avaient été au commencement…
De sa non-vie.

L’issue de l’histoire se profilait fatalement, et sa voix montait, emportée par un flot désormais continus de souvenirs plus vrais que nature, plus fort, plus puissant que la réalité même. Elle découvrait, pour la première fois, les détails que jamais le mur infranchissable de sa mémoire détruite n’avait pu lui livrer. Mêlés à des sentiments dont la teneur lui était jusqu’alors totalement étrangère, des sensations extraordinaires l’assaillaient. Tantôt enivrantes et sublimes. Tantôt inexplicablement glacées et destructrices.

" Vous avez donc vécu cela n'est-ce pas ? Cette histoire qui fit de cette grande ville la proie d'une autre entité ?
Je... Vous remercie de m'avoir partagé l'histoire de ces lieux, j'étais loin de me douter de tout cela.... Comme quoi, le passé et le miroir du futur...
"

Son regard trahissait à présent des sentiments nouveaux, étranges et intenses qu’elle n’arrivait pas à déchiffrer complètement. Pourquoi avait-il cet éclat au fond des prunelles, qui illuminait le demi-sourire à la fois heureux et douloureux sur son visage ? Elle pencha de nouveau la tête sur le côté, comme si avoir un autre angle de vue sur son visage pouvait éclairer ce soudain manque d’information.
L’humain forma alors un mot avec ses lèvres, et une question fut lancée en l’air entre eux.

" Qu'est il devenu ? Mathis je veux dire. Et que sont donc ils tous devenu ? Cette histoire se termine t'elle donc ainsi ? "

Son iris adamantin se fixa un instant au loin, avant de revenir vers lui, légèrement plus terne qu’à l’instant d’avant. Un pli soucieux se forma sur son front d’albâtre.
La vérité ? Elle l’ignorait. Qu’était donc devenue sa vie ? Envolée. Ou plutôt… changée contre une autre. Avaient-ils continué leurs chemins ? Avaient-ils fait perdurer son œuvre ou, comme elle le craignait, avaient-ils sombré dans l’ombre sous le coup du chagrin ?
Ils étaient les seuls à savoir. Les seuls à savoir que leur amie n’étaient pas aussi morte que tous l’avaient toujours cru. Mathis étaient décédé depuis des siècles, par la force des choses. Mais Esëidel ? Son soupirant aux oreilles pointues n’était qu’un jeune elfe à l’époque. Se pouvait-il qu’il ait survécu tant d’années ? En théorie, c’était possible. En théorie. Mais la Dame de Fer, elle ne le souhaitait pas. Non, qu’il ait donc emporté ce secret dans la tombe. Cela valait mieux pour tous ici-bas.

« Que sais-je. Le temps a fini par les prendre. Comme il prendra tout le reste. »

Elle avait été arrachée à l’emprise de cette entité qui semblait toute puissante sur les vies et le monde. Le Temps. Instinctivement, sa main se porta à la base de son cou. Où reposait encore le cadeau étrange fait par cet homme, au final, tout aussi singulier.
L’illusion portait le médaillon, étrangement, à la même place. Une petite médaille circulaire où trônait un magnifique dragon en relief. Un dragon se dévorant lui-même.
Mais pouvait-elle seulement mieux répondre à cette question ? Qu’était donc devenu ces compagnons d’autrefois, ces êtres humains qu’elle avait côtoyés sous une autre forme… d’une époque qui ressemblait désormais à un mauvais conte ?

« Son souvenir n’est peut-être pas totalement effacé. Là-haut, parmi les blanches pierres, peut-être reste-t-il quelque vestige de ce qu’il fut, de ce qu’il fit pour cette utopie. »

Elle se devait de remonter à la surface. Désormais, elle devrait trouver un moyen d’arpenter de nouveau la ville. Sa ville. Ses rues et ses palais, sans qu’aucun n’ait à l’arrêter comme une vulgaire intruse. Non. C’était un devoir à présent, ses os résonnaient de ce droit qui était encore et toujours le sien.
Le seul destin qui lui était connu au-delà des derniers fragments de l’histoire… était le sien. Elle n’avait alors plus revu la lumière trois siècles durant. Lorsque ses pieds avaient remonté les kilomètres de boyaux jusqu’aux plaines, ils avaient déjà depuis longtemps quitté ce monde.
Le Matis en face d’elle n’avait pas cillé, toujours cette expression intrigante sur le visage baigné par le halo bleuté. Elle lui fit un nouveau sourire, teinté de défi cette fois.

« Le monde possède tant et tant de facette qu’il est impossible d’établir la Vérité en tant que dogme unique. La Vérité est multiple. Elle est unique pour chacun d’entre nous. Elle est un puzzle infini qui, une fois assemblé, fait naître la Réalité. »

D’un geste ample, elle embrassa la grotte, du plafond jusqu’au lac.

« Je vous ai fait entrevoir la mienne. Mais l’action sera-t-elle réciproque ? »

D’un gracieux mouvement de mèches diaphanes, elle le regarda droit dans les yeux, avant de demander, juge blanc venant quérir la défense du fou noir :

« Quelle est votre Vérité, Matis d’aujourd’hui et de demain ? Elle m’intrigue. »


Dernière édition par Althaïa Actaaë le Jeu 26 Juin 2014 - 22:21, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: A lullaby for damned soul [pv Matis] REFUSE PAR L'ADMINISTRATION A lullaby for damned soul [pv Matis] REFUSE PAR L'ADMINISTRATION Icon_minitimeJeu 26 Juin 2014 - 21:50

Le jeune soldat se serait attendu à une réponse tout autre à sa question, du moins au moment où il l'avait posé, mais en fait elle s'intégrait bien dans la situation actuelle. Il parlait avec une femme qui était nettement plus âgée que lui. Une femme qui avait connu des temps si anciens et révolus qu'il n'en avait jamais entendu parler auparavant. Son histoire l'avait touché au plus profond de son être, et la manière qu'elle avait de le faire vivre était difficile à supporter pour son âme en peine. Elle semblait souffrir, même si elle ne l'acceptait peut être pas, d'un mal ancestral. Un mal dont elle ne pourrait sans doute jamais se défaire tant il trouvait sa source dans des causes perdues depuis longtemps. Des gens tués, des empires déchus et des villes rayées de la carte. Comment vivait elle le fait que le monde ait tant évolué ? Comment lui même l'aurait il vécu ?

En l'observant il se rendit compte qu'elle avait toujours de la rancœur en elle, et s'était tout à fait normal, lui même en aurait. Et, après toutes ses années, pouvait elle encore montrer sa souffrance ou sa détresse ? Si la souffrance d'un être mortel était comparée à des larmes, celle d'un immortel ne pouvait elle pas être comparée à un océan sans fin ? Un océan dans le quel elle pourrait noyer l'univers entier dans son chagrin ? Matis ne comprenait pas bien ce qu'elle pouvait ressentir, jamais il ne pourrait de toute façon. Lui aussi avait vécu la perte d'être cher, sa mère, son frère, ses amis... Mais il n'avait sans doute plus longtemps à vivre pour pouvoir s'attrister trop longtemps de leur disparition. Elle, par contre, allait vivre encore des années et des années. Des années de souffrance, des années d'errance sans fin et sans but dans le labyrinthe de souffrance et de destruction qu'était ce monde.

Elle bougea sa tête, et ça n'enlevait rien à sa beauté qui, par les esprits, était juste incroyable. Elle l'observait d'un air complètement différent avant de poursuivre tranquillement ses paroles et ses explications. Le capitaine rebelle ne disait rien, il écoutait juste, se taisant devant l'histoire et essayant de comprendre où tout cela allait le mener. Mais, pour ne pas mentir, il se moquait d'où cela pouvait le conduire, tout ce qui importait en cet instant c'était elle. Son histoire. Sa souffrance. Sa beauté et son esprit. Il n'avait jamais connu de femme pareille, et sans doute n'en rencontrerait il jamais plus d'autre dans sa vie.

En attendant, elle voulait en savoir plus sur sa réalité. matis pensait comme elle, il n' y avait pas une réalité, il y avait des réalités qui, une fois assemblées donnaient le monde dans toutes ses dimensions. Un monde vaste, complexe et complet qui ne pouvait être abordé sous un seul angle. Alors quant elle lui demanda sa vérité, il soupira avant de finir par lui sourire. Elle avait été complètement franche avec lui, c'était à lui de l'être.

Le monde est un ensemble qui ne peut être vu par un seul oeil. La vérité n'est pas unique mais multiple. Je pense comme vous, et ma mère m'a inculqué cette manière de vivre. Elle était d'ici vous savez ? D'une famille ancienne de cette vaste et noble cité. Hélas je ne l'ai pas connu suffisamment pour qu'elle me conte cette histoire. Lorsqu'elle est morte, sa ligné s'est éteinte avec elle, et personne ne fut capable de me raconter le passé tel qu'il fut réellement. De mémoire d'homme, ils étaient de tout temps dans cette citée, peut être l'étaient ils à son origine...

Il chercha un petit rocher puis se posa dessus. Il avait le regard vif et chaleureux, mais ternes et fatigué d'un homme ayant vu trop d'horreur dans sa courte vie.

Tout comme vous m'avez compter votre vérité, je vais vous citer la mienne. Hélas je n'ai pas votre talent pour la musique et pour ne pas heurter votre sensibilité auditive je ne chanterais point. De toute manière, ma vie n'a rien de joyeux et n'a pas à être chantée tel celle de grands hommes ou femmes. Pour comprendre ma vision du futur, il faut que vous sachiez mon passé. Moment long et peut être sans intérêt, mais c'est par là qu'il faut passer pour me comprendre.

Je suis d'Elena, aîné d'un officier de l'armée impérial et de la dernière représentante d'une antique famille d'Althaïa. Les miens ont toujours servit l'armée, l’aîné de la famille était toujours "offert" à cette institution j'ai donc été formé à tuer, survivre et combattre dès mes six ans. Au lieu de jouer avec mes camarades, j'ai appris à tuer un homme à l'âge de huit ans, j'ai appris à commander des soldats à douze et pendant ce temps mère m'enseignait les arts, la culture et la science. Une petite vie bien remplie en somme.

A quinze ans ma mère mourut d'une maladie foudroyante, j'ai perdu à ce moment là l'un des phares qui guidaient ma vie. Mais le vide laissé dans la famille ne dura pas longtemps car mon père la remplaça par une autre, à peine plus vieille que moi qui lui donna deux filles dont je suis très proches et que je considère comme mes véritables soeurs même si elle ne le sont pas réellement. A Dix huit ans j'ai rejoint l'armée, et je suis mort à cette époque, offrant ma vie à l'Empire je n'avais plus rien à attendre de la vie que mourir les armes à la main.

Une fois l'armée rejoint je suis monté en grade et j'ai rejoint des unités combattantes, que ce soit les vampires ou les brigands. Lorsque la guerre éclata entre humain et vampire j'ai combattu ces derniers, j'ai été capturé par un des conseillers du prince vampirique dont je ne connais ni le nom ni le physique tant il se cachait derrière son armure. J'ai été torturé, tant physiquement que psychologiquement, aujourd'hui encore la magie qu'il a usé se trouve encore dans mon corps meurtri. Mais j'ai quand même réussi à m'enfuir pour reprendre la lutte.

A la suite de ça je me suis retrouvé à Feusacré, pour la grande bataille. La plus grande boucherie que ce monde pu sans doute voir de mémoire d'homme. J'ai perdu de trop nombreux amis ce jour là, et le pire c'était que ce n'était que le commencement. Après la guerre contre les vampires ce fut le tour des Alayiens. Et pour finir les loyalistes. A croire que la guerre se trouve dans le sang des hommes depuis le début des temps et que jamais elle ne le quittera.


Matis soupira, il était triste de sa vie. Enfin pas dans le sens où il regrettait d'être en vie, mais seulement qu'il aurait peut être aimé autre chose pour celle ci. Il observa la jeune femme en face de lui pour poursuivre.

Je suis maintenant un soldat désabusé qui ne cherche qu'à sauver les siens, à faire en sorte que ses idéaux de libertés et d'égalité vainquent les tyrans. Alors mon futur je le vois comment ? La guerre, encore la guerre, toujours la guerre.

Pourtant je rêve d'autre chose, de construire quelque chose et de ne pas rester dans les mémoires comme un destructeur, un soldat ayant tué et détruit de trop nombreuses vies et familles...
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MessageSujet: Re: A lullaby for damned soul [pv Matis] REFUSE PAR L'ADMINISTRATION A lullaby for damned soul [pv Matis] REFUSE PAR L'ADMINISTRATION Icon_minitimeSam 5 Juil 2014 - 21:51


Quand un cercle se ferme.



Ce sourire… Par les ailes du dragon, elle n’avait jamais vu un mortel lui sourire autant. Cela en devenait presque… dérangeant. Comme s’il devenait dépendant de cette image, de cette présence. L’aura inversée de son ancienne vie laissait percer sa puissance magique, mais pas sa provenance. Elle savait que la magie baptistrale à laquelle était liée la harpe avait pansé l’âme de l’homme aussi sûrement qu’une guérisseuse ses plaies, mais elle n’avait pas mesuré à quel point cela pouvait changer les choses.
Elle découvrait ce qu’elle avait un jour su, ce qu’elle avait un jour pu faire. C’était une expérience inédite et profondément troublante : un autre et pourtant soi-même. L’esprit de cendre n’avait pas encore complètement accepté l’idée… mais il s’y habituait. Lentement.

Sans bouger, elle le regarda s’asseoir. Il allait lui conter son histoire, à lui, l’humain rebelle, rencontré par hasard au fin fond d’une grotte aux cristaux bleus et aux eaux limpides. Et c’est avec sérénité et silence qu’elle accueillit ses paroles.

« Je suis d'Elena, aîné d'un officier de l'armée impérial et de la dernière représentante d'une antique famille d'Althaïa. Les miens ont toujours servit l'armée, l’aîné de la famille était toujours "offert" à cette institution j'ai donc été formé à tuer, survivre et combattre dès mes six ans. Au lieu de jouer avec mes camarades, j'ai appris à tuer un homme à l'âge de huit ans, j'ai appris à commander des soldats à douze et pendant ce temps mère m'enseignait les arts, la culture et la science. Une petite vie bien remplie en somme. »

Ainsi, une fois n’était pas coutume son vieil instinct ne l’avait pas trompée : il y avait bel et bien un lien entre cet homme et le fantôme qui hantait la mémoire de la baptistrelle. Il y avait même une probabilité, relativement élevée pour un tel cas, qu’il soit l’un de ses lointains descendants… Et si tel était le cas ? Que devait-elle penser d’une découverte pareille ?

« A quinze ans ma mère mourut d'une maladie foudroyante, j'ai perdu à ce moment-là l'un des phares qui guidaient ma vie. Mais le vide laissé dans la famille ne dura pas longtemps car mon père la remplaça par une autre, à peine plus vieille que moi qui lui donna deux filles dont je suis très proches et que je considère comme mes véritables soeurs même si elle ne le sont pas réellement. A Dix-huit ans j'ai rejoint l'armée, et je suis mort à cette époque, offrant ma vie à l'Empire je n'avais plus rien à attendre de la vie que mourir les armes à la main. »

Mort ? Mais qui pouvait donc se prétendre mort avant de l’avoir été vraiment ? Même parmi les vampires, rares étaient de ceux qui se souvenaient de ce moment de bascule entre deux univers. Et quand bien même, leurs âmes ne franchissaient pas la barrière de l’au-delà.

« Une fois l'armée rejoint je suis monté en grade et j'ai rejoint des unités combattantes, que ce soit les vampires ou les brigands. Lorsque la guerre éclata entre humain et vampire j'ai combattu ces derniers, j'ai été capturé par un des conseillers du prince vampirique dont je ne connais ni le nom ni le physique tant il se cachait derrière son armure. J'ai été torturé, tant physiquement que psychologiquement, aujourd'hui encore la magie qu'il a usé se trouve encore dans mon corps meurtri. Mais j'ai quand même réussi à m'enfuir pour reprendre la lutte. »

Son récit était empreint d’une souffrance dévoilée sans pudeur aucune : il voulait la partager, la communiquer, et s’en débarrasser. La harpe le pouvait. Mais elle ? Elle avait reconnu en cette description toute approximative sa propre personne, et, passé la surprise et la réflexion accélérée qui lui avait fait retrouver cet épisode datant de quelques années, elle s’interrogeait. Un prisonnier de guerre que l’on avait soumis à la question.
Il y en avait eu tant et tant, que sa mémoire ne s’était pas encombrer ni de leurs visages ni de leurs noms. Mais elle finit par le revoir, allongé par terre, dans la tente du camp principal. Ainsi, l’Histoire avait voulu qu’il ne périsse pas ce jour-là. Elle l’avait pensé mort, et il ne l’était pas. Il faisait donc parti des rares vivants se souvenant de son apparence. Elle eut ce premier réflexe de dresser défenses mentales et de focaliser une attention toute nouvelle et agressive vers l’individu. Un ennemi donc, un
Mais derrière ses pupilles brièvement rétrécies se joua une autre bataille : celle de la raison sur la folie. Et la décision de le détruire là, sur place, avant qu’il n’ait le temps de réagir, s’effaça aussi vite qu’elle était venue. S’il était ici aujourd’hui, ce n’était nullement par hasard ou par coup de fortune.
Pour la première fois, le chat ne voulait pas attraper l’oiseau, pire, il craignait qu’il ne s’envole et ne lui revienne pas. Il était une pièce.

Une pièce du puzzle !

Althaïa revit les Grands Esprits. Tous, droits et hauts comme les piliers du monde, surgissant de nulle part à leurs yeux ébahis. Elle revit encore les jumeaux Mort et Vie. Leur regard subitement posé sur elle. Pas un mot, pas un geste, mais ces regards croisés, et la malice qui lui avait semblé briller un instant sur ces représentations visibles des créateurs.

Etait-ce donc cela, un mauvais tour ? Ou, comme il était plus sage de le penser, une mise à l’épreuve ? Que devait-elle donc prouver, en face de cette ancienne proie revenue d’entre les ombres ? Les Esprits n’avaient pas voulu retirer cette âme-là du monde vivant, et pire, les avaient à nouveau jeté l’un avec l’autre, comme pour leur signifier que tout n’avait pas été écrit lors de leur précédente rencontre, comme à des enfants à qui l’on explique le fonctionnement des choses. Et qu’il leur faudrait de nouveau se confronter. Mais pourquoi donc ? Quel message étaient-ils sensé découvrir ?
Lui ne voulait que sa mort, et elle n’avait que trop bataillé pour conserver son éternité de par d’autres armes autrement plus tranchantes. Or à bien y penser, c’était la Harpe qui les avait menés ici. Et rien d’autre.

« A la suite de ça je me suis retrouvé à Feusacré, pour la grande bataille. La plus grande boucherie que ce monde pu sans doute voir de mémoire d'homme.»

Feusacré. Oui, un bien beau nom qui fut terni par un carnage que la nature mettrait longtemps à oublier. Mais dans la mémoire d’Althaïa, une bataille d’une autre envergure avait détrôné la course au grimoire. Le raid des troupes alayiennes sur le domaine de la Rhapsodie restait à ce jour l’affrontement le plus violent. Mais de mémoire de vampire, les guerres anciennes n’avaient rien à envier aux conflits modernes, et si elle n’avait pas connu cette époque, elle avait lu en grand nombre les divers ouvrages, plus ou moins fidèles, qui en contaient les mythes.

Presque au ralentit, elle déploya ses jambes interminables qu’elle avait momentanément ramenée sous-elle, dans les plis de la longue robe. Ses pieds se posèrent sur la roche nue, et elle se dressa devant lui.
Finalement, tout était comme il devait être, comme toujours : il avait survécu, et ce n’était pas en vain. De simple pion il était devenu cavalier. Il avait, sans s’en rendre compte, ce signe qui décidait de la non-vie de ceux des siens. La force.
Non point la seule force physique. Elle était bien trop limitée pour à elle seule assurer la survie en milieu hostile. Mais la force combinée, du corps et de l’esprit, l’adresse et la ruse, l’adaptation et la volonté implacable. Elle reconnaissait ce qu’il était, car il avait, à ses dépens, réussi les épreuves qui s’étaient dressées sur sa route.
Elle sourit, et, après un silence intriguant, se décida à lui parler en ces termes :

« Nul ne peut se prétendre mort s’il ne l’a pas déjà été, Matis le soldat. Un vivant ne peut se dire mort. Pas même le plus désespéré d’entre eux. Il y a là une rivière que l’on ne franchit qu’une fois.»

Un éclat sauvage dansait au fond de ses prunelles pâles, et, un instant, elle crut comprendre ce que les vivants nommaient : « joie ».
Ou plutôt quelque chose qui devait certainement y ressembler. Comment qualifier le fat qu'elle ne voulait pas le détruire, là, séant, comme cela avait toujours été le cas avec ceux qui s'en étaient pris à elle d'une quelconque manière ?
N’était-il pas son ennemi ? Mais non, il faisait parti du puzzle, et à ce titre, bien plus qu’un prisonnier de guerre, il devenait sujet sacré à ses yeux. Les seuls choses qui arrivaient encore à soulever ces vagues éphémères d’enthousiasmes dans son esprit froid et métallique. Un problème de taille cependant : il n’en savait rien, et elle n’occupait aucune place pour lui, autre que celle d’apparition étrange et illusoire.
Il lui fallait donc jouer carte sur table : c’était comme toujours, donnant donnant. Bien, elle allait l’aider, aussi difficile lui fut-il de comprendre les motivations des mortels. A la condition que lui, accepte son marché à elle. Ce qui n’était pas une mince affaire. Mais ils n’allaient pas changer le monde, et Althaïa n’était pas connue pour laisser s’échapper les opportunités.

« Je vous remercie de même pour ce partage. Il est vrai qu’ainsi, le monde se pare de bien d’autres couleurs que celles que l’on est à même de lui prêter naturellement. »

Les formes de politesse humaines ne lui étaient pas inconnues.

« J’aimerais maintenant parler... de l'avenir. Je peux vous aider comme je l'ai fait aujourd'hui. La musique et le chant, pour vous. Maisil y a une chose que je dois vus demander.. en échange."

Le mensonge était banni. Elle n’était plus baptistrelle, et ce depuis trop longtemps pour seulement parvenir à y croire complètement. Mais, curieusement, cette trace là avait survécu à la destruction même, comme si le sceau apposé le jour du serment était plus puissant que tout ce qui composait ce plan. Elle ne lui mentirait donc pas.

Lorsque ses mains se séparèrent du corps métallique de l’instrument, la sphère brillante des souvenirs perdit quelque peu de son intensité, laissant la vampire émerger d’une moitié de rêve éveillé. Cependant, les idées ne l’avaient pas quitté, et se fut avec son froid pragmatisme habituel qu’elle prit la décision de lui donner une chance. Et de se donner une chance par la même occasion. Elle n’aimait pas ce qu’elle allait faire : les probabilités d’échec étaient bien trop élevées à son goût. Mais ne rien tenter signifiait fermer irrémédiablement une porte essentielle.
Elle posa un regard grave et sévère sur l’humain en contre-bas, et joignit ses mains devant sa poitrine.

« J’ai besoin de savoir si je peux avoir confiance en un être tel que vous, Matis le survivant. Je veux savoir si une âme telle que la vôtre peut entendre, et comprendre, un secret qu’il ne faudra révéler à nul autre. Car vous êtes celui qui a entendu l’histoire de cette ville, celui qui est tout désigné pour protéger Aigue-Royale, y compris de ceux qui l’occupent en ce moment même. Alors, si je devais ne confier cela qu’à une seule âme en ce monde aujourd’hui, je souhaiterais que ce soit vous. »

Elle avait coincé le visage buriné entre ses deux prunelles et ne le lâchait plus. Elle avait ignoré la lueur d’étonnement qui avait suivi ses mots, pour concentrer toute sa force mentale dans la gravure de la seule question qui lui importait désormais :

Ai-je raison de t’avoir choisi toi ?

Oui, elle aurait aimé qu’il s’agisse bien de l’un des descendants du Mathis de jadis, mais derrière ce caprice irrationnel de mortel se cachait un autre argument rationnel d’immortel : s’il avait survécu aux vampires, aux alayiens et aux loyalistes, s’il s’était relevé après qu’elle l’ait détruit, il était le confident tout désigné. Et surtout : il était humain. Un paramètre qui lui semblait alors des plus judicieux.

Alors..?
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MessageSujet: Re: A lullaby for damned soul [pv Matis] REFUSE PAR L'ADMINISTRATION A lullaby for damned soul [pv Matis] REFUSE PAR L'ADMINISTRATION Icon_minitimeDim 6 Juil 2014 - 11:11

Elle l’avait écouté avec attention et calme, certes cela n’avait pas eu le même retentissement que lorsqu’elle avait elle-même conter son histoire, mais Matis avait tout dit. Sa vie avait été étalé sur la place publique, et il se rendit compte que bien peu la connaissait réellement. Même Alford ne possédait que les bribes d’un passé depuis longtemps révolu. Esmelda en savait encore moins car il ne voulait pas choquer la jeune femme avec tout ce qu’il avait pu faire dans sa vie. Décidément, à l’heure actuelle et dans cette ville souterraine, celle qui en savait le plus sur Matis, c’était elle. La harpiste de génie qui se tenait devant lui, tenait entre ses mains l’ensemble des pièces qui composaient le puzzle du rebelle. Il n’était pas grand-chose, et tout ce qu’il avait souhaité s’était faire et mener sa vie dans l’anonymat le plus complet. Mais rien ne se passait jamais comme prévu… Il avait appris à le comprendre et, même s’il ne le cautionnait pas, il devait maintenant vivre avec.

Il n’avait cessé de la regarder durant ses explications, essayant de chercher ses réactions les plus intimes par rapport à ce qu’il lui disait, mais il n’était pas très fort là-dedans, alors il ne remarqua pas grand-chose si ce n’est rien. La jeune femme lui restait fermée, son visage n’était pas un livre que l’on pouvait ouvrir et feuilleter comme si de rien n’était. C’était, de plus, une femme fière et grande, quelqu’un comme on n’en rencontrait pas souvent. Le genre de personne qui marque toute une vie et qui peut tout changer en vous, que ce soit dans le bon ou le mauvais sens. Cette l’avait marqué et, malgré le fait qu’il ne la connaissait que depuis quelques instants, il savait pertinemment qu’il garderait en lui l’image de cet instant. Elle lui avait fait part du passé révolu et de tout autre chose plus étrange et grandiose les unes que les autres. S’il n’avait qu’une chose à retenir de sa rencontrer avec cette femme ce serait ça. Cette femme était unique, et jamais plus il n’en rencontrerait d’autre tel qu’elle. Il le savait, et il ferait tout pour que cette entrevu ne s’achève jamais.

La jeune femme se leva, déplia d’interminable jambe qu’elle sortit de sa robe, et resta silencieuse un court instant. Matis aurait donné n’importe quoi pour comprendre et savoir ce à quoi elle pensait en cet instant précis. Se demandait-elle comment il avait fait pour survivre à tout cela ? Comment il avait fait pour ne pas devenir fou et rester un tant soit peu sain d’esprit ? Elle-même, qui semblait avoir eu une vie longue, difficile et triste, se demandait elle comment elle aurait réagi ? En même temps le capitaine ne doutait pas un instant que la jeune femme n’ai pas connue bien pire que cela. Lui n’était qu’un humain dont l’espérance de vie ne dépasserait pas les soixante-dix ans maximum, il n’était donc pas exceptionnel…Mais elle… Si elle était là à la chute d’Althaïa ainsi qu’à sa création… Elle était bien plus âgée que son physique ne laissait transparaitre.

Ses mots étaient tranchants, effectivement elle avait raison de dire qu’on ne pouvait se déclarer mort avant de l’être réellement. Seul les vampires avaient eu le malheur, ou bonheur selon certain, de connaitre le passage de la vie à la non vie. Ce fleuve, comme elle disait, que l’on traversait sans jamais se retourner. Matis en avait vu des êtres passer de frêles humains à vampires assoiffés de sang. Au début il pensait que tous les vampires étaient ainsi, et qu’ils ne pouvaient se contenir devant l’appel du sang, puis il avait connu Hyrri. Elle lui avait permit d’avoir une nouvelle vision sur sa race, un nouvel horizon s’ouvrant désormais à lui. Il comprenait un peu leur fonctionnement, et savait qu’il pouvait se contenir… Sa rencontre avec Kylian l’avait conforté dans cela.

Le jeune vétéran soupira tristement à ces paroles, et prit le temps de lui répondre le plus simplement possible et le honnêtement du monde.

Certes, il est qu’on ne peut se déclarer mort avant que la dernière heure ne soit arrivée. Mais il est plus facile de savoir qu’on ne l’est déjà, peut-être pas mort, mais bien un cadavre en sursit. La vie humaine est d’une fragilité déconcertante, il ne suffit d’un rien pour la voir chavirer, s’effilocher et s’éteindre telle la bougie. Dire que certains se gargarisent d’être humain, louant la force et la vitalité de notre race. C’est souvent les mêmes qui sont prêt à tuer les autres pour acquérir un peu de pouvoir.

Petit moment de silence entre les deux personnes, puis vinrent les remercîments de la jeune femme. Matis inclina la tête pour lui signifier qu’il n’en était rien, elle lui avait conté une vision de son passé, lui-même en avait fait de même. Il n’y avait donc rien à ajouter à cela, c’était plus qu’un service offert par l’un comme par l’autre, c’était un cadeau. Une fenêtre ouverte sur leurs passés depuis longtemps révolus mais qui continuaient de jouer un rôle dans le présent tout en préparant le futur. Mais elle finit par une phrase pour le moins énigmatique. Elle voulait l’aider à faire quelque chose, mais attendait aussi quelque chose en retour. L’homme était sous le charme de la musicienne, elle aurait pu lui demander n’importe quoi qu’il l’aurait fait sans se poser de question. Pour le moment il ne dit rien, mais redevint d’un sérieux confondant. L’homme qui était d’une impatience désastreuse par moment, comprenait là qu’il devait être d’une attention particulière.

Quittant, pour la première fois, des mains son instrument, la jeune femme lui parla de nouveau. Ses longues et fines mains, sans doute aussi douce que la soie ou le satin, vinrent se poser sur sa poitrine. D’un regard sévère et dur, elle observait le jeune homme tout en lui parlant. Le soldat savait bien que certaine femme posait sur lui un regard emplit de dureté et de fermeté, surtout juste avant de lui demander des choses. Et là, il semblerait que ce soit le cas. Son discours le toucha plus que de raison et il resta muet l’espace d’un instant. Il réfléchissait à tout ce qu’il venait de se passer, il ne savait pas bien quoi en penser. Dire qu’il n’était là que par hasard… Mais est ce que le hasard existait réellement ?

Finalement il se releva, se tint droit et prit le temps qu’il fallait pour lui répondre.

Vous m’avez offert beaucoup, je ne saurais vous dire que je suis quelqu’un de confiance. Je garde secret et autre au fond de mon cœur et de mon âme. J’aimerais que vous me fassiez confiance là-dessus, vous voulez me raconter une nouvelle chose, je suis tout ouïe.

Je ne suis peut être pas le sage de mes semblables ni le plus puissant et encore moins le plus fort… Mais je sais que je suis quelqu’un d’honnête et de volontaire, je vais au fond des choses en quelque sorte… J’aimerais que vous me confiez cette chose que vous semblez vouloir garder en vous… Sachez que jamais je ne vous trahirais en révélant quoi que ce soit de ce que vous me racontez.

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MessageSujet: Re: A lullaby for damned soul [pv Matis] REFUSE PAR L'ADMINISTRATION A lullaby for damned soul [pv Matis] REFUSE PAR L'ADMINISTRATION Icon_minitimeMar 15 Juil 2014 - 16:33

Il avait accepté.
Il avait accepté avec la politesse et la sérénité de tous ceux qui espérait être cru d’un interlocuteur septique. L’illusion blanche lui rendit son sourire, laissant la tension inquisitrice quitter son regard.

« Suivez-moi. »

Althaïa bondit au bas des rochers, sur la rive du lac, et, emportant par magie la harpe dans son coffre, s’éloigna d’un pas souple dans l’ombre épaisse qui nimbait les alentours.
Elle contourna plus d’une dizaine de minutes durant le contour sombre du lac, se dirigeant vers la lointaine rive opposée au fort des hommes, qui présentait un relief tortueux et quelque peu escarpé.
De là, elle escalada sans trop de difficultés une pente abrupte qui semblait ne donner nulle part. Cependant, dans le noir parfait de l'alcôve, les mains pouvaient sentir une profonde dépression formant un tunnel derrière une avancée rocheuse massive. Le passage circulait en hauteur dans un fouillis de stalactites et de stalagmites qui le rendait complètement invisible pour ceux qui se trouvaient en contrebas. Ils parcoururent un autre bon morceau de chemin avant de se retrouver face ... à un mur.
Le mage réitéra le drôle de manège qu'elle avait exécuté auparavant pour disparaître dans la roche et se métamorphoser. Cette fois encore, après une bonne minute de silence intriguant, la matière s'évapora, laissant apparaître une ouverture menant à une autre minuscule grotte.

« Ce passage mène à la tour d’astronomie. Le plus haut édifice de la cité du dessus, et accessoirement le plus important de cette même ville pour les hommes. Nul n’a connaissance de ce passage, tout comme de l’escalier qui s’enroule à l’intérieur des murs opaques jusqu’à son sommet. Nous y serons tranquilles.»

Et ses paroles furent confirmées par leur arrivée au pied de ce qui ressemblait à un très étroit escalier en colimaçon. Au bout d’une centaine de mètres, les marches taillées à même la pierre cédèrent le pas à du marbre clair. Le minuscule passage ne s’élargit pas pour autant et les deux protagonistes progressèrent presque à l’égyptienne sur une hauteur qui semblait interminable. Avec pour seul éclairage quelques ouvertures rectangulaires qui traversaient discrètement l’épaisseur des murs de la tour pour recueillir la maigre lumière d’un clair de lune couvert.

Althaïa, bien à l’aise dans le noir, calquait pourtant sa cadence sur celle de son acolyte, loin de voir aussi bien les formes des hautes marches. Enfin, ils débouchèrent dans un couloir, toujours aussi étroit, qui n’était rien de moins, en apparence, qu’un cul-de-sac. De nouveau, Althaïa réitéra son étrange manège, et le mur céda volontiers à sa demande, faisant disparaître la matière en formant une porte.

L’extérieur étant calme. Plus même, il y régnait un silence total. Les deux personnages sortirent du mur, qui se referma sans plus de cérémonie dans le dos de Matis. Devant eux s’étalaient une magnifique salle circulaire, parée d’une immense mosaïque en son centre et de rangées de colonnes en son pourtour. Aucun meuble, uniquement des fresques colorées usées par le temps qui décoraient les murs blancs, et deux escaliers qui menaient à ce qui était vraisemblablement le pinacle de la tour. Un autre, au fond, entre deux arches, menait à l’étage en dessous. On avait allumé sept feux sur les ouvertures qu’offrait la tour sur le ciel.

Et du haut de l’édifice, nulle montagne, nulle arbre ne venait cacher une vue qui paraissait infinie, sur le plat des plaines endormies.
Laissant silencieusement l’humain découvrir les lieux, la Dame monta les marches qui la séparaient des derniers mètres avant le ciel. Sur le pinacle, seulement recouvert d’un dôme aussi ouvragé qu’une dentelle elfique, elle embrassa la voûte noire du regard, laçant un regard indéchiffrable aux milliards de points brillants qui la parsemaient. Lorsqu’elle entendit les pas se rapprocher, son museau se tourna vers la silhouette du soldat.

« Nous y voilà. D’ici, rien ne peut échapper à notre regard sur des centaines de kilomètres. Y compris… le ciel. »

Quelques nuages épars voilaient le firmament, mais pas suffisamment pour soustraire à leur vue la magnificence du cosmos. Une légère brise vint caresser leur visage.

Un petit éclat de rire sans joie plus tard, elle avait planté son regard dans le sien, une expression indéchiffrable en écho à un ton fataliste :

« Vous n’êtes certes pas Mathis Ygnorael. Mais… vous avez nombre de ses qualités. »

Elle anticipa sa réaction, devinée par un léger sourire mutin du soldat, de ceux qui voulaient bien vous dire : comment pouvez-vous le savoir sans me connaître… ? Bien prétentieux, en effet.

« Oh oui, je vous connais. Mieux même que vous ne le pensez. »

Cette pensée avait l’air de l’amuser. Mais Althaïa avait retrouvé tout son sérieux, et désormais, bien décider à lui dévoiler l’autre moitié de sa Vérité. En fait, le plus dur et le plus cru des deux. Il ne pouvait fuir, il fallait donc le confronter à la dernière épreuve, et s’il la franchissait… Eh bien, oui, alors. La raison l'aurait emporté. Elle aurait définitivement tourné une page de son histoire à elle, mais celle qui s'offrait, vierge encore, aurait certainement de quoi la laisser perplexe pour longtemps.

« Ou plutôt devrais-je dire : nous nous connaissons, Matis Falkire. Et ce n’est pas un hasard. »

Elle s’était entièrement tournée vers lui, et sa blancheur avait monté d’un cran, comme si son être n’était plus qu’un dégradé de gris sans l’once d’une couleur. Comme si tout ce qui avait pu être joie s’était consumé. Que le fantôme ne fut plus que cendre.

" Je suis Althaïa."

Elle ajouta, comme pour éviter toute mésentente.

" Althaïa Actaaë. "

Les mots retombèrent sur le marbre avec le poids du plomb.
Elle écarta les bras, embrassant la pièce et le monde.

« Et vous êtes ici dans ma demeure de jadis. Ma création et mon œuvre, celle à qui j’avais tout donné. »

Y croirait-il seulement ? Ils étaient désormais tous les deux devant un gouffre dont on ne voyait pas le fond. Elle était prête à sauter. Mais lui, quoi qu'il en dise, avait encore à perdre.
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MessageSujet: Re: A lullaby for damned soul [pv Matis] REFUSE PAR L'ADMINISTRATION A lullaby for damned soul [pv Matis] REFUSE PAR L'ADMINISTRATION Icon_minitimeDim 10 Aoû 2014 - 17:24

Quoi qu’il ait fait ou dit avant, cela n’avait plus la moindre importance, car en cet instant il n’avait qu’une envie, c’était savoir. Cette curiosité maladive qu’on lui reprochait parfois allait aujourd’hui encore peut être lui jouer un tour. Il arrivait à comprendre pourquoi certain le trouvait dérangeant, il parvenait à entrevoir les raisons qui poussaient certains à lui fermer le cœur. Mais aujourd’hui était différent. Aujourd’hui il avait l’occasion d’en apprendre plus sur l’histoire de la ville qui avait vu naitre un pan entier de sa famille et de ses ancêtres. Quoi qu’on en dise cela avait bien plus d’importance que n’importe quoi, et rien en ce monde n’aurait pu l’empêcher de suivre la jeune femme dans les recoins les plus obscurs de cet endroit. C’était plus que de la confiance qui le poussa à la suivre, c’était autre chose. Il se sentait obliger de faire ainsi, comme si une force supérieure lui intimait l’ordre de la suivre. C’est ainsi qu’il se laissa porter par la femme envoutante de par sa voix, de par son charme et son physique tout autant que son histoire et son esprit.

Mais alors qu’il s’attendait à repartir vers un tout autre endroit la jeune femme l’emmena dans un recoin de la grotte, il ne reconnut pas le lieu et fut même surprit un instant d’y trouver un simple mur. Il se tût et laissa faire la jeune musicienne qui en connaissait plus que lui n’en s’aurait sans doute jamais, et il ne fut point surprit de voir le mur disparaitre lentement mais complètement après une longue minute de silence. Le discours que lui tint la jeune femme fini de le convaincre qu’elle en savait bien plus qu’elle n’en disait et corroborait son discours de l’instant d’avant. Mais si ce chemin conduisait à la tour d’astronomie de la cité du dessus, alors elle lui faisait un cadeau qui n’avait pas de prix. Il voulait lui parler, mais seuls quelques mots purent sortir de sa bouche pour la remercier comme il se devait.

Je vous suis, et vous remercie une fois encore pour ce présent que vous me faite.

Peut-être en viendrait-il à détester ce qu’il verrait, ou peut être bien qu’il devrait payer d’une manière ou d’une autre ce présent. Mais à l’instant actuel il n’en avait cure, seul comptait la jeune femme qu’il avait en face de lui, ses mystères et son histoire. Le reste n’était que supposition divinatoire dans une eau d’une clarté déconcertante et sans doute trop simple pour l’être réellement. Mais comme il l’avait déjà dit, tout cela n’était que détails pour le moment sans grande importance pour lui et l’instant qu’il vivait. Il y avait là bien plus à gagner qu’à perdre d’après ce qu’il pensait et entrevoyait.

Il suivit donc la jeune femme dans l’escalier obscur, le rare et fin éclairage qui en illuminait la route était issue de la lumière de la lune passait à travers de mince entrée. Rien de bien simple pour pouvoir avancer correctement et en confiance, alors, Matis avança doucement, pas à pas en faisant attention à tout ce qu’il y avait autour de lui. Il voyait bien que la jeune femme avait bien moins de mal que lui à avancer mais restait à son allure pour ne pas le perdre et en cela il lui était reconnaissant.

Puis vint un nouveau mur et les gesticulations magiques de sa compagne d’un moment le firent disparaitre sans autre forme de cérémonie. Il y avait là quelque chose d’étrange mais d’assez agréable à la voir ainsi faire disparaitre les murs qui les gênaient. Et c’est là qu’il découvrit la dernière salle avant le pinacle de la tour d’astronomie. Un lieu qu’on lui avait souvent refusé, ou un lieu qu’il n’avait jamais eu vraiment le temps de visiter malgré son attrait visible pour tout ce qui touchait au ciel et aux étoiles. Il n’était pas homme de science ni même un sage, mais il y avait beaucoup de chose en ce bas monde qui trouvait grâce à ses yeux et qui titillait sa curiosité dévorante. Il prit le temps de tout bien observer et, pour ne pas abimer ce qu’il voyait de ses mains, il les mit dans ses poches. Qui un de ses amis aurait dit, « on touche avec les yeux sans quoi on y laisse la main et qui sait quoi d’autre. » En ce lieu antique, magnifique et astronomique, il n’avait pas envie de dénaturer l’environnement par sa présence et ses tâtonnements mal placés.

Finalement, et après un court instant à tout observer, il suivit la jeune femme dans la partie supérieure de la tour. Elle était là, à observer les alentours, mais il n’eut pas à s’annoncer ou à ajouter quoi que ce soit car déjà, la jeune femme brisait à nouveau le silence ambiant.

Elle lui parla, et lui expliqua qu’il n’y avait rien pour cacher la vue, et effectivement, elle était magnifique cette vue. Il s’en approcha et écouta le rire sans joie ni émotion de la jeune femme. Il ne savait que répondre à cela et ne fit donc qu’un simple hochement de tête. Matis était homme à parler souvent, mais que les esprits en soient remercier, il arrivait à se taire quand il n’avait rien à dire. Et c’était là un de ces moments où la beauté des lieux était telle qu’on ne devait rien dire sous peine de l’altérer. En attendant la jeune femme se remit à parler.

En la regardant il se rendit compte qu’elle portait sur lui un regard perçant et pénétrant. Le genre de regard qu’il n’avait senti qu’à un seul moment de sa vie, et pas le moment le plus chaleureux. Et plus il écoutait parler la jeune femme plus il commençait à se poser des questions, comment cela se faisait-il qu’elle en sache autant sur lui ? Elle lui trouvait des qualités et d’autres choses ? Mais comment pouvait-elle le savoir alors qu’ils ne se connaissaient que depuis si peu de temps ? Il jeta sur elle un regard circonspect mais poussant à poursuivre. Ce qu’elle fit sans hésiter ni attendre plus longtemps car plus elle lui parlait, plus il se questionnait. Elle indiqua qu’ils s’étaient déjà rencontrés ? Mais où ? Et quand surtout ? S’en souvenait-il vraiment ? Elle se tourna complètement vers lui et c’est là qu’il comprit à qui il avait affaire. La joie de son visage s’était évaporée et il ne restait d’elle plus rien de vivant. La blancheur de sa peau était revenue naturelle et morte, il avait devant lui une vampire et il ne l’avait pas remarqué. Mais ce qui le secoua ne fut pas ce qu’elle était mais ce qu’elle dit ensuite.

Son nom, associé à ce qu’il voyait. Un instant de réflexion, et il comprit tout enfin. Cet espèce de déjà vue qu’il avait eu la première fois qu’il l’avait vu. Ce sentiment de la connaitre malgré tout, et cette souffrance qu’il ressentait parfois en lui parlant comme si de rien n’était. Elle était celle qui l’avait capturée des années auparavant. Elle était le bourreau qui l’avait maltraité durant si longtemps qu’il n’avait pu s’en rendre compte, celle dont la magie altérait encore son corps meurtris. La vampire qui avait failli la mordre et faire de lui il ne savait pas réellement quoi. Elle était la conseillère. Celle qu’il avait juré de tuer. Celle qu’il avait détestée plus que tout au monde. Mais elle était aussi celle qui l’avait émerveillée par sa création, par sa beauté et sa douceur. Elle était les deux facettes d’une même pièce, le jour et la nuit d’une même vie qu’il avait vu et qu’il connaissait en profondeur car maintenant il partageait un lien privilégié avec elle. Un lien qui avait été scellé dans la souffrance et le sang, un lien qu’il ne pourrait couper à sa guise.

Il attrapa la rambarde et s’y accrocha comme un naufragé à un morceau de bois dérivant dans l’océan. Il ne savait pas quoi lui répondre, il était sous le choc de ce qu’elle venait de lui dire. Comme si tout ce qu’il avait jamais connu venait de se détruire sous ses yeux. Il l’avait eu sous les yeux depuis si longtemps… Comment avait il fait pour ne pas la découvrir tout de suite ? Finalement, il prit le temps de lui parler, après tout il lui devait bien cela.

Je me rappelle à présent. Sais-tu que ta magie est toujours présente en moi et que jamais elle ne m’a quittée ? Pour une raison que j’ignore elle s’est liée en moi, et marque toujours les meurtrissures que tu m’as laissée il y a tant d’année. Il soupira longuement avant de poursuivre. Althaïa… Tu es un fantôme du passé, un passé que j’essayais tant bien que mal d’oublié, alors pourquoi revenir ici et maintenant ? Et pourquoi me raconter tout cela à moi ? Je ne suis qu’un humain. Une pauvre âme perdue dans cet océan de folie et de guerre qu’est ce monde. Il devait y avoir mieux que moi pour tisser ce lien, pour ce partage.

Était-ce de la magie avant cela ? Cette douceur et cette joie qu’il y avait sur ton visage, cette musique qui mettait du baume sur mes plaies ? Était-ce réellement toi ? Ou uniquement un tour de magie ?

Il se retourna et la regarda doucement. Ses yeux n’évoquaient aucune haine, aucune déception, peut-être de la tristesse par rapport à ce qu’il avait devant lui. Il se laissa tomber sur le sol et appuya son dos sur le rebord de la tour et son garde-corps.

Te souviens-tu de ce que je t’avais dit à notre dernière entrevue ? Il laissa un petit blanc, oui elle s’en souvenait sans aucun doute. J’avais dit que je tuerais, et longtemps j’ai essayé de le faire. À Feusacré je t’ai traqué sans jamais te trouvée. J’ai poursuivi ma quête pendant un temps, puis j’ai compris que cela ne servirait à rien et j’ai cherché à oublier. Mais l’on ne peut complètement oublier…

Et aujourd’hui tu réapparais devant moi, sous tes plus beaux atours et dans toute ta beauté. Tu m’as charmée, envoutée même, tu m’as raconté ta vie et ton passé…

Les esprits sont parfois cruels avec nous, car ils se servent de nous tels de vulgaires pièces dans un vaste jeu d’échec sans fin et sans que nous ayons notre mot à dire… Et pourtant…


Il n’avait cessé de l’observer durant tout le temps qu’il avait passé à lui parler. Sans haine, sans peur. Comme s’il n’avait rien à craindre ou qu’il ne voulait plus craindre sa compagne de lune. S’en était triste, s’en était dramatique. Cela aurait pu être la fin d’une pièce de théâtre. Mais il savait que ce ne serait pas le cas. Cette pièce de théatre c’était sa vie et il ne pouvait en être le simple spectateur.

Moi qui te trouvais si charmante et si envoutante… Finit-il par dire en rigolant doucement.
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MessageSujet: Re: A lullaby for damned soul [pv Matis] REFUSE PAR L'ADMINISTRATION A lullaby for damned soul [pv Matis] REFUSE PAR L'ADMINISTRATION Icon_minitimeVen 22 Aoû 2014 - 1:19

- Une voie parmi d'autres -



Il n'y avait que cette voûte infinie au-dessus d'une couronne de nuage, un œil géant ouvert sur la ville y laissant paraître la lune en guise de pupille. La ville endormie sous eux, les patrouilles sur les ponts vertigineux, les rares discussions depuis les fenêtres. Dessous encore, la vie incessante d'une fourmilière où il n'y avait ni jour ni nuit.
Il y avait tant de choses réunies au même endroit au même instant.

Althaïa s'était muée en équilibriste pour guider leurs deux personnes là où elles en étaient précisément. Un vague sourire naquit sur ses lèvres. L'avait-elle su à l'époque ? Que cette chose, qui s'était vu broyer par la machine comme des dizaines d'autres dans les rouages implacables d'une guerre, serait la pièce qu'il lui faudrait conserver ? Que cette destruction était en réalité une liaison indélébile qu'elle avait inconsciemment créé ? Il lui venait soudain l'impression en effet de l'avoir toujours su. Un retour en arrière, le défilé de tous les évènements. Immobile, elle le laissa parler.

Je me rappelle à présent. Sais-tu que ta magie est toujours présente en moi et que jamais elle ne m’a quittée ? Pour une raison que j’ignore elle s’est liée en moi, et marque toujours les meurtrissures que tu m’as laissée il y a tant d’année.

Bien sûr, l'humain souffrait. La révélation avait eu cet effet terrible d'acide concentré qui ronge les chairs les plus coriaces. Il souffrait, mais peut-être pas pour les raisons auxquelles il pensait présentement. Les mots coulaient, telle l'encre courant sur le parchemin, guidée seulement par le bec acéré de la plume. La pluie ne tombait pas du ciel, mais de leurs cœurs. Son corps suivit son esprit dans sa dérive de déception et il s'écroula, ses jambes avaient visiblement décidé de lâcher l'affaire. Pourquoi en aurait-il eu besoin ? À cet instant, seul sa conscience avait besoin de forces vives pour rester vaillante et comprendre. Oui, c'était là tout ce qu'elle avait exigé de lui, tout ce qu'elle avait résumé dans ce regard acéré qu'elle avait dardé sur lui. Et tout comme il avait écouté, elle prenait ses paroles en elle. Hors du temps.

Aurait-elle dû l'épargner, le laisser continuer sa route et sa vie sans le retenir ? Ne pas l'étreindre dans ce maelström de douleur et de mélancolie qui transpirait du peu qu'il restait de son ancienne âme, au milieu de cette gigantesque forteresse noire qu'elle avait bâti patiemment comme l'architecte qu'elle était. Mais il n'y avait ni doutes ni compassion dans cet univers là. Juste la mécanique. Belle, froide, mortelle. Un rouage a toujours besoin d'un grain de sable.

Althaïa sentait venir ce point de non retour. Mais sa décision était prise et elle avait renoncé à reculer depuis une éternité. Allait-elle payer cet acte comme elle le redoutait ? Allait-elle finalement achever de se scinder en deux en deux âmes incompatibles qui finiraient tôt ou tard par s'entredétruire ?

Elle fixait les lèvres qui s'agitaient doucement sous le souffle des mots de l'humain. Il lui venait tant d'idée à la fois, qu'elle trouva salvateur qu'il parlât à sa place.

Althaïa… Tu es un fantôme du passé, un passé que j’essayais tant bien que mal d’oublié, alors pourquoi revenir ici et maintenant ? Et pourquoi me raconter tout cela à moi ? Je ne suis qu’un humain. Une pauvre âme perdue dans cet océan de folie et de guerre qu’est ce monde. Il devait y avoir mieux que moi pour tisser ce lien, pour ce partage.

Était-ce de la magie avant cela ? Cette douceur et cette joie qu’il y avait sur ton visage, cette musique qui mettait du baume sur mes plaies ? Était-ce réellement toi ? Ou uniquement un tour de magie ?


C'était il y a si longtemps. En relevant le regard, elle aperçut la voûte, la dentelle de pierre et de verre coloré qui les couvraient.

Te souviens-tu de ce que je t’avais dit à notre dernière entrevue ? J’avais dit que je tuerais, et longtemps j’ai essayé de le faire. À Feusacré je t’ai traqué sans jamais te trouvée. J’ai poursuivi ma quête pendant un temps, puis j’ai compris que cela ne servirait à rien et j’ai cherché à oublier. Mais l’on ne peut complètement oublier…

Ils échangèrent un long regard silencieux, dans lequel les iris cristallins trahirent tout le vide qu'abritait son âme détruite. Au travers de l'esprit indifférent de la vampire, les paroles du mortel avait fait écho à la sphère brillante de souvenirs, projetant de nouveaux éclats au delà des cendres. Elle comprenait maintenant. Toute la subtilité de la malédiction, toute l'abominable étendue de ses noires tentacules et les visées les plus sombres. L'indifférence, l'inconscience et l'ignorance n'avait été au fond qu'un bouclier salvateur. Une barrière qui aurait pu continuer à contenir la réalité crue et cynique de ce qui lui avait été léguée par la Chanteciel. Le poids du monde s'abattait brusquement sur ses épaules, pourtant habituée à porter constamment une charge entravante. Ce qui n'avait aucun sens jusque-là en prenait subitement un. Aucun de ces sentiments ne semblaient lui appartenir en propre. C'était comme entendre une autre langue, tout en saisissant le sens global des phrases.

Ce fut à son tour de rire. Mais cette fois, il ne s'arrêta pas à quelques notes. Il grandit, froid, désincarné, fou, terrible. Il n'y avait plus de tour, plus de Matis, plus d'Althaïa. Unique et sombre, la folie malade résonnant à l'infini dirigée vers cette entité inconnue et fuyante qui, dans son infinie mansuétude, lui avait tout ôté. Pour ensuite la mener elle-même sur les chemins sans retour du renoncement.

Monde futile, qu'y a-t-il donc derrière ces rideaux de volubilité candide sinon la vacuité d'une existence qui ne mène à rien ?

Devait-elle haïr ? Crier vengeance ? Mais contre qui ? Contre quoi ? Le monde entier ? Les puissances supérieures qui décidaient de tout ? Ou ce jour maudit où Lianth'ar elle-même l'avait reniée ? Gesticuler et éructer, en pleurs comme une mortelle devant la dépouille d'un être cher ?
Non. Rien de tout cela ne l'atteignait plus. Althaïa Actaaë pouvait se battre contre une armée de fanatique enragés, survivre face aux dangers des profondeurs, aux pièges écœurants des politiciens véreux, espions et autres assassins. Elle l'avait fait. Elle était toujours là. Mais il y avait un combat qu'elle avait perdu depuis longtemps. Depuis le début.

« Notre rencontre ce soir, était pour nous un hasard. Mais existe-t-il un réel hasard ? Je crois que tu as la réponse. Effectivement, nous sommes sur un échiquier. Mais pire encore, dont la partie a déjà été joué bien avant notre venue. Que nous reste-t-il ? Le libre arbitre, peut-être. Soit de parcourir librement les seules voies qui nous sont offertes. Et parmi toutes celles-ci, nous sommes ici ce soir. Serait-ce le cas si nos deux volontés ne s'étaient rejointe ? Non. »

Le Néant était-il tout cela ? C'était croire que l'existence y était assujettie. Préjudice ou don, pouvait-on savoir de quoi l'existence avait découlé ? Le Néant s'était-il scindé ou multiplié pour devenir deux et sortir de lui même ?
Devaient-ils d'être là à un acte volontaire, subi, ou un évènement spontané ? Le Monde était-il un enfant roi, voulu et adulé ? Ou une monstruosité supportée par la force des choses ?

Lentement, elle se détourna et fit quelques pas légers vers l'ouverture sur le ciel.

« Matis Falkire, serais-tu ce que tu es aujourd'hui devant moi si tu n'étais pas tombé entre mes mains ? Tes pairs te verraient-ils de même ? Aurais-tu rejoint la rébellion ? Et même... aurait-elle seulement existé, quand on sait que chaque grain de sable compte pour former la colline ? 
Chaque acte déroulé sur l'axe du temps a contribué à forger ton corps et ton âme. Il en est de même pour tout, non ? Alors... Si nous sommes un assemblage, n'est-ce pas notre passé, et non le présent, qui font de nous ce que nous sommes ?
»

La magie ondula autour de ses traits. La réalité se tordit, les formes, devenues changeantes, se figèrent sur des contours pour lui familier. Les drapés redevinrent longs pans métalliques d'une robe autrement plus sombre. La Dame de Fer reprit son apparence. Ce n'était rien de plus que le point de la conclusion écrite par l'homme, duquel émanait les soupirs mélangés de la tristesse et de la résignation.

« Ce que tu as devant toi n'est-il pas que magie, illusion ? En effet. Un fantôme. Une bien misérable tromperie, n'est-il pas ? »

Le ton n'était plus qu'un trait ironique mordant teinté de sarcasme. Elle ne lui en voulait même pas, d'être comme tous les autres. De ne voir que ce qui donnait à être vu. Sinon, pourquoi aurait-elle gardé l'illusion jusqu'ici. Althaïa ne mentait pas.

Le masque inexpressif se tourna de nouveau vers lui. Les yeux blancs le toisèrent sans dureté. Sans douceur.

« Penses-tu que je t'ai trompé ? Te sens-tu bafoué ? Trahis ? »

Après tout, n'était-ce pas la conclusion la plus logique ? De la part de celle qu'elle était à ses yeux, quoi d'autre qu'un piège ignoble, après avoir abusé de ses sens et de sa crédulité ? L'avoir mené ici, sans échappatoire ? Tels l'insecte prédateur, un piège aussi beau que mortel.
Elle laissa s'écouler à son tour toute la déception qui était la sienne. Comme si tout se jouait encore et encore.

« Cette femme que tes yeux ont regardé, ce chant que je t'ai donné ? Un fantôme qui jadis hantait ce lieu jour et nuit. Des sons qui berçaient le sommeil des âmes endormies. Des illusions, n'est-ce pas ? Que penses-tu que je suis, Matis ? Que penses-tu qu'il y ait derrière le masque ? Un monstre difforme ? Une vampire à la beauté éclatante ? Un visage connu, banal ? Un être imbu de sa personne au point de se croire intouchable ? Une frêle créature ayant besoin d'une coquille pour se grandir ? Un visage sur lequel mettre tous les maux qui t'ont accablés depuis notre première rencontre ? Ou, après tout, il ne t'importe plus de le savoir, toi qui a déjà tant vu. »

Elle posa sa main sur la rambarde de marbre et y laissa courir ses doigts. Les étoiles apparaissaient et disparaissaient derrière la barrière de nuage. Le rythme de sa voix oscillait en une sinusoïde parfaite, prenant des allures de litanie sinistre.

« Que vois-tu de moi, Matis ? Rien de plus que tous les autres : une armure certainement, peut-être bien singulière et ne ressemblaient pas à celles des hommes, mais enfin, rien de plus. »

Il était là, désormais, il avait accepté. Certes, pas en connaissance de cause, mais il avait accepté le vœu d'une inconnue. Ou plutôt de celle qu'elle fut et n'était plu. Donc, fin de l'histoire ? Rideau ? Non.
Sa voie à elle était ailleurs.
Mais certainement pas dans le renoncement, l’apitoiement ou les regrets. Toutes ces notions, qui n'était que pure littérature, et ne valait que ce qu'on voulait bien leur céder. D'ailleurs, ce qui la poussa à revenir vers lui trouva sa source dans le regard que lui avait lancé le blond. Du chagrin, une sorte de pitié mélancolique qu'elle ne déchiffra qu'en surface, comme toujours. Elle était de ces condamnés à qui l'on retire les sens pour mieux les voir se cogner aux murs. Elle n'entendait rien aux sentiments profonds, ceux qui, en ce moment même, elle le savait, façonnait en silence l'esprit du mortel recroquevillé sur l'estrade. Il semblait plus petit, dans tout ce blanc.

« Est-ce que parce que le soleil brille et les masque que les étoiles cessent d'exister ? Non. Seulement, la lumière ne peut s'exprimer que dans l'obscurité. Une chose n'existe qu'au travers de son contraire. »

Althaïa se rapprocha encore. L'espace entre eux se distordait, un pas était devenu un siècle, un contient. Ils étaient sur deux rivage, mais sa détermination menait le frêle esquif qu'il lui faudrait rejoindre. Il avait accepté, mais avant qu'ils ne puissent aller plus loin, il lui fallait comprendre.

« La raison qui fait que je t'a choisi est que tu es la personne capable de voir la vérité. N'est-ce pas ? Ta confidence, ta Vérité, est conforme à celle que j'attendais. Pourquoi penses-tu que je recherche mieux ? Mieux que quoi ? Que qui ? Y a-t-il une échelle chez les âmes comme chez les vivants ? De grandes âmes et de plus petite ? C'est absurde.
Sais-tu mieux que moi ce qu'il me fallait trouver ? Pourrais-tu me dire quelles étaient les caractéristiques requises pour être apte à saisir et apprécier le récit que je t'ai confié ? Me fallait-il un grand mage, un poète, une tête couronnée, un haut responsable, ou un être venu d'ailleurs ? Qui es-tu, Matis, pour te juger plus bas que tu ne l'es ? Les humains sont méprisables pour beaucoup de raisons, pas pour d'autres. En effet tu n'es qu'un humain. N'était-ce pas justement ce qu'il me fallait ? Pourquoi aujourd'hui ? Pourquoi de cette façon et non d'une autre ? Il n'y a pas de raisons. C'est ainsi.
Tu m'as cherché, ne m'as-tu pas finalement trouvé ? Contre ton gré, cependant il était du mien, et uniquement du mien, de te garder et d'en arriver là. Ce soir, tu as entre tes mains une grande partie de l'histoire de la fondation de cette ville. Et peut-être est-ce parce que tu es l'une des seules âmes à s'en soucier. Tu as la curiosité et l'intelligence, que demander de plus ? Je ne reviendrai pas sur mon choix. Tes yeux me le disent : tu penses ce qu'ont pensé des centaines de paires d'yeux . Parmi eux des têtes parmi les plus éminentes du peuple nocturne. Maintenant, il va te falloir aller au-delà. Tu en es capable. De comprendre en quoi la mémoire est un trésor sans nom pour ceux qui en on été privé.
 »

Pourquoi blâmer qui que ce soit ? Sa volonté la précédait : une ombre anonyme malgré sa signature.
Elle s'approcha de l'homme écroulé à la rambarde en pierre, d'un pas lent, jusqu'à n'être plus qu'à un mètre de ses pieds.

« Qu'est-ce qu'une conscience sinon une mémoire ? Un être sans mémoire est une coquille vide. »

Il se pourrait que ce fut un aveu. Ou une prise de conscience ? L'un allait peut-être de pair avec l'autre. Elle n'était certes pas responsable de cet état de fait mais l'assumait pleinement depuis toujours. Ce puzzle, cette course insensée. Sa mémoire, et avec elle une promesse.

« La vérité Matis, est devant toi. Je ne suis ni une illusionniste, ni une mythomane. Toute ma non vie, j'ai dressé face à mes adversaires larme la plus efficace qu'il soit. Ne dit-on pas qu'un secret n'est bien gardé que lorsqu'il se trouve sous notre nez ? En règle générale, quand une vérité devient commune à deux âmes, elle effraie. Elle dérange. On pourrait comparer ce phénomène à l'assemblage d'une clef et d'une serrure, quand elles ne correspondent pas.
 »


Elle apposa ses mains de chaque côté de son heaume, à plat contre ses tempes. Là où le métal semblait intact, de fines courbes lumineuses apparurent, découpant des fissures noires dans l'armure, accompagnées du cliquetis des griffes métalliques se détachant de leurs supports. Les pièces métalliques se scindèrent, laissant apparaître les plis d'une étoffe noire.
Althaïa retira son heaume.

En lieu et place d'une longue crinière claire, des cheveux transparents, d'un blanc-gris cendreux étaient coupés nets à la mâchoire. De l'éventail de lames émergea un visage aussi blême que la face éclairée de la lune, d'un ovale aux mâchoires saillantes. Émacié, les traits durs et sévères, visage lunaire presque maigre dont les ombres dessinaient d'étranges coutures, les cernes noires laissant la froide impression d'y voir les os au lieu de la peau.
Un nez dont l'arrête était coupée net au trois quart en une figure triangulaire presque géométrique surmontait ses lèvres fines comme deux traits d'un violet presque noir, dont les formes, identiques à celles que lui avait rendu la magie, n'étaient altérées que par de longues plaies verticales sombres et fines.
Les longs cils se relevèrent en même temps que les paupières, dévoilant deux yeux de chat aux iris opaques d'un blanc pur.
Le masque abscons semblait avoir repris quelques unes des couleurs de la vie, à certains détails près. Sur toute la peau courrait un assemblage de traces géométriques semblables à des brûlures aux reflets bleutées. Elles ne se limitaient pas au visage, se prolongeait jusque dans les ombres de l'armure.

« Voici la vérité. Je suis. J'ai été. Ma mémoire t'a été livrée en ces lieux, et la tâche qui t'incombe est liée à ce secret.
Oh, je ne cherche pas la compassion. Elle me répugne en plus d'être inutile. Je cherche la vivacité de l'esprit et la persévérance. Matis Falkire, tu n'es pas Mathis Ygnorael et ne le sera jamais, mais tu pourras, par ta volonté, l'égaler à mes yeux. Je n'exigerai pas de toi ni la complicité ni l'attirance étrange qui nous lia, c'est impossible. Mais son esprit et sa détermination, oui.
 »

Ils étaient de nouveau côte à côte. Ses traits de marbre ne bougèrent pas quand ses pupilles glissèrent sur ses mèches dorées ondulées dans son col, comme une caresse silencieuse revenue du passé.

« J'ai été baptistrelle. La magie qui a pansé ton âme est celle du Diapason. La même qui permit l'édification de cette tour, et qui l’irrigue encore, malgré ma mort. »




Dernière édition par Althaïa Actaaë le Jeu 18 Sep 2014 - 21:08, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: A lullaby for damned soul [pv Matis] REFUSE PAR L'ADMINISTRATION A lullaby for damned soul [pv Matis] REFUSE PAR L'ADMINISTRATION Icon_minitimeVen 22 Aoû 2014 - 15:36

Elle se remit à lui parler après un long moment de silence. Tout deux s’observait, se regardait, se jaugeait et s’estimait. Mais il ne voulait, ou ne pouvait, rien dire à ce qu’elle lui expliquait, car dans ses questions il y avait déjà la réponse. Une réponse qu’il connaissait avant même d’avoir cette conversation, comme si tout ce qu’il se passait en cet instant précis était déjà écrit quelque part. Comme si le libre arbitre n’avait plus cours. Comme si, un être supérieur, avait choisi de leur vie à tous deux, et qu’ils ne pouvaient rien y faire. A la vérité il partageait complètement son avis sur la question, mais devait il lui dire ? Ou devait il le garder pour lui et poursuivre son raisonnement avant de le divulguer ? De toute manière elle le saurait d’une manière ou d’une autre quoi qu’il en pense ou qu’il en dise. Il était dans une impasse, il cherchait un moyen de changer tout cela mais le pouvait il encore ? Etait ce seulement possible.
Non, bien sûr que non.

Althaïa se détourna de lui et poursuivit son questionnement sur son sujet. Elle voulait savoir s’il pensait que quelque chose pouvait être différent s’il ne l’avait pas déjà rencontré. Honnêtement il ne le savait pas, son passé lui disait ce qu’il devait être ou ce qu’il devait penser. Pour une fois qu’il était certain d’une chose, voila qu’elle le remettait en doute. Alors quand il lui parla il essaya d’être le plus neutre possible, il avait avec elle une discussion qu’aucun humain n’avait jamais du avoir avec elle. En sommes, c’était bien une première.

Je sais ce que je serais devenu si je ne t’avais pas rencontré. Mon chemin, ma vie, est tracée depuis longtemps pour plusieurs raisons. Depuis mes cinq ans on me prépare à la guerre, toute ma vie je n’ai fais que combattre, souffrir, me sacrifier et me battre encore et encore. Si tu n’avais pas été là j’aurais continué à me battre contre les tiens, puis j’aurais combattu les Alayiens et enfin j’aurais rejoint la rébellion. Mais comment pourrais-je penser ma vie sans toi ? Que je le veuille ou non, qu’on le souhaite ou pas, je suis lié à toi de part cela…

Elle poursuivi en remettant le jeune homme à sa place et en lui demandant s’il se sentait trompé. Si seulement s’avait été le cas, mais ça ne l’était pas. S’il en voulait à quelqu’un ce n’était pas à elle, mais bien à lui. Lui qui avait été faible au point de se laisser avoir par de la magie. Après tout, s’aurait été le cas de tout non mage n’et ce pas ? Alors il lui répondit en soupirant mais, étrangement, il avait un sourire sur les lèvres. Pourquoi ? Arrivait-il encore à faire du second degré dans de telles situations ? Était-il au moins sérieux par moment…

Trompé ? Non. Comment le pourrais-je après ce que tu m’as offert ? S’eut été impossible d’en vouloir à quelqu’un comme toi pour ces raisons là. Mais oui j’en veux bien à quelqu’un, mais pas à toi. La faiblesse qui m’habite a toujours été là, et une fois de plus elle a fait surface… Je suis loin d’être un exemple ou un modèle. 

Mais ça, tu le sais déjà n’est ce pas ?


Etrangement elle lui fit part du fond de pensée et de son cœur, pour peu qu’elle en ait encore un soit dit en passant. Elle voulait savoir ce qu’il voyait d’elle, et jamais il lui serait venu à l’idée le fait qu’elle se voyait ainsi. Peut être ne voulait elle pas vivre ainsi ? Sans doute essayait d’elle d’oublier tout cela. Il était perdu dans ses pensées qui partaient dans tous les sens, mais la question restait posée. Et son devoir était d’y répondre. Ses mains effleuraient la rambarde sur laquelle lui-même s’appuyait. Ils se savaient si proche et pourtant si loin. Ce n’était pas une chasse, ce n’était pas une cour. C’était bien plus étrange que tout cela, quelque chose qu’il ne pourrait sans doute jamais réellement comprendre ou appréhender.

Ce que je vois de toi ? Tu es vampire, tu es conseillère de ton prince. Tu as une place importante dans la hiérarchie vampirique et je sais que tu inspire la crainte aussi bien dans mon peuple que dans le tien. Tu es Althaïa. Tu es cette ville. Et tu es la seule à m’avoir brisé. Je connais, maintenant, beaucoup de chose de toi et c’est à la fois un fardeau, un devoir et un plaisir. Comment pourrais-je le qualifier autrement ?

Alors ce que je vois de toi… Est-ce que ça a la moindre importance ? Nous sommes ce que nous sommes, rien de plus, rien de moins.


Elle continuait de se rapprochait tandis qu’il ne bougeait plus. L’envie n’y était plus, il n’attendait plus rien depuis longtemps. Le cœur lourd, il écoutait ce qu’elle lui disait tout en se rapprochant. La distance ne se réduisait pas en réduisant les zones d’ombres, c’était même le contraire. Et plus elle se rapprochait, plus il pouvait sentir sa présence comme jamais. On ne pouvait pas dire qu’il « sentait » les vampires, mais ses années de combat contre eux lui ont permit de sentir certaines choses. Elle parlait de métaphore, et honnêtement le capitaine savait qu’elle était bien plus instruite qu’il ne le serait jamais. Mais que sa mère en soit remerciée, il la comprenait parfaitement.

Elle finit ses explications pas une simple question et le fait qu’elle se trouvait plus qu’à un mètre de lui. L’espace d’un instant il détourna ses yeux d’elle et regarda le ciel. Puis, dans un soupir, il revint vers elle.

Qui je suis pour me juger ? Je peux me juger justement parce que je me connais depuis des décennies. Je ne sais pas ce que tu recherchais et jamais je me targuerais d’espérer comprendre tes désirs les plus secrets. Cette vie que j’ai mené et que je continu de mener en tant qu’humain. C’est cela qui me permet de te dire que je peux comprendre et apprécier ce que tu m’a offert, oui il y aurait eu mieux et meilleurs que moi car après tout, que suis-je à part un simple soldat ?

Cette ville, cette révélation. C’est mon passé, même si je ne l’ai jamais vécu. C’est une partie de moi-même, même si jamais je ne l’ai su. Tout cela fais partie de mon être et compose la personne que je suis. Alors oui cette ville me tient à cœur, son histoire m’intrigue et m’intéresse. Et si je me bats aujourd’hui, c’est pour que plus rien ne soit broyé dans cette machine construite par l’homme et pour le pouvoir de certain.

Il baissa d’un ton et se laissa retomber un peu plus, comme s’il tombait d’une falaise, le sol était proche, et il n’essayait même plus de se débattre. Par moment je me sens comme un phare défiant les marées. Mais ce n’est jamais le phare qui gagne, car petit à petit la mer ronge la côte et fini par détruire les fondations.

Mais c’est la suite qu’il n’attendait pas qui se produisit. Elle hotta son casque et elle lui parla de nouveau, mais il était occuper à l’observer encore et encore. C’était la première fois qu’il voyait son visage, et il savait que cela n’avait pas été offert à qui que ce soit depuis longtemps. Il le sentait. Car devant lui il avait une femme d’une grande beauté possédant les mêmes marques que lui à un détail près. Celle-ci semblait bien plus ancienne que les siennes ne le seraient jamais. Voila encore une chose qui les liait, mais en même temps s’il s’agissait de sa magie c’était plus que logique que lui-même en ait les marques. Après tout, n’était ce pas à elle qui les devaient ? Et c’est là qu’elle s’approcha encore pour finir à côté de lui, à lui expliquer qu’elle avait bâtit c’est tour avec la magie et que lui-même avait été soigné par cette même magie. Il ne savait pas quoi lui dire, alors il resta silencieux l’espace d’un instant.

Comment égaler une telle personne ? Je ne sais pas ce qui vous lia, mais il y a bien quelque chose qui nous lie. Peut être est-ce la même chose, peut être pas. Peut être finira tu par me tuer et ce ne serait sans doute pas une grande perte. Peut être accomplira t’on des miracles. Ou peut être que tout ceci ne restera que du vent car l’un de nous deux ne souhaiteras pas se jeter du haut de la falaise.

Tu as été vivante, mais ne l’es tu pas encore aujourd’hui ? D’une certaine manière je te l’accorde mais tout de même. Comme tu l’as déjà dit, notre mémoire c’est ce qui nous façonne et ce qui nous fais exister en tant qu’être unique. Et tu as marqué ma mémoire bien plus que n’importe qui, sans doute pas pour les raisons aux quelles tu pense.

Sans doute pas pour les raisons que je pensais moi-même.


Il se ressaisit et l’observa calmement. Il la regardait d’un air presque amical et fini par lui tendre la main. Allait-elle accepter ? Même au travers de son armure elle sentirait ce qu’il pensait… De toute manière elle ne pouvait qu’accepter, n’était ce pas elle qui l’avait mis devant ce gouffre ? Il venait donc de s’y jeter dedans, allait toucher le sol dans la plus grande des violences ? Il ne le savait pas vraiment, et sans doute ne voulait il pas le savoir. Il se fiait à son instinct et celui-ci ne lui disait qu’une chose.

Va y.
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MessageSujet: Re: A lullaby for damned soul [pv Matis] REFUSE PAR L'ADMINISTRATION A lullaby for damned soul [pv Matis] REFUSE PAR L'ADMINISTRATION Icon_minitimeMer 24 Sep 2014 - 18:38




**

« Je vous souhaite une bonne nuit, Ma Dame !

-Et vous de même, capitaine, puisse les étoiles être vos guides. »

Le garde s’inclina, et d’un pas aussi léger qu’il pouvait l’être avec une cuirasse, sortit par la grande porte de marbre en direction des rues en contre-bas. Althaïa le regarda s’éloigner quelques secondes, puis se détourna elle aussi, sourire aux lèvres, empruntant l’escalier qui menait à la Tour. Une fois à l’étage, elle remarqua à peine le courant d‘air qui la suivait. Celui-là pourtant n’avait rien de magique. Il lui fallut un bruit de pas mal maîtrisé sur le parquet pour qu’enfin, sortie de sa rêverie, elle se retourne et enregistre le visage éclairé par la lueur blafarde de la lune.

« Mathis ? »

Le ton était celui d’une question, mais la réponse lui avait déjà été fournie. Althaïa se retourna vers lui tout à fait.

« Je te pensais déjà couché. Ne pars-tu pas demain pour Aldaria ?

-Si, lui répondit un soupir coupable, mais justement. Je ne trouve pas le sommeil. »

L’homme brun s’avança à découvert, les mains nouées dans le dos, le regard quelque peu troublé par l’anxiété. Althaïa se rapprocha de lui.

"Un tracas ?

-Eh bien, à vrai dire, je le pensais, mais il semble que ce soit plus que cela."

Leur deux silhouettes arpentèrent les tapis comme deux satellites autour d'une même lune, s'échangeant un regard complice.

"Plus que cela ? Je pense alors qu'il faut un remède en conséquence. Que dirais-tu de monter à la Tour ? Je t'aiderai volontiers à trouver le sommeil."

Mathis sourit, reconnaissant, mais dédaigna poliment la proposition d'un hochement de tête.

"Sans doute, mais... Je ne pense pas que cela suffira à apaiser ce trouble. J'ai besoin de..."

Le mot ne vint pas à lui, et il se retrouva à tenter de l'exprimer avec les mains.

"De parler, conclut-il enfin."


Althaïa fronça légèrement les sourcils. Elle hésita un instant à attraper le chant-nom de son ami au vol, pour y trouver plus facilement la réponse. Mais la voix de sa conscience rejeta cette option. Elle ne se sentait pas de briser ainsi son intimité.

"Je vois. En ce cas, je ne peux que te proposer mon écoute attentive."

La Chanteciel se dirigea vers la grande table en chêne et tira une chaise à elle, puis deux. Après être resté immobile, en retrait, Mathis finit par l'y rejoindre. Un long silence s'installa, alors qu'Althaïa posait doucement son regard cristallin sur le visage inquiet. La souffrance muette de l'homme l'alarmait. Elle la ressentait chaque seconde un peu plus et cette sensation la rongeait. Qu'il parle, enfin, ou elle n'aurait d'autre choix que de fouiller elle-même son âme pour l'en purger.
Mais elle n'eut pas à le faire.

"Je me fais vieux, il est vrai. J'ai donc eu une bonne vie, que je juge ma foi bien remplie. Mais pas bonne dans le sens où elle fut saine et vertueuse. Oh ça non. Je ne suis pas ce que je parais aux yeux de tous, là. Comment ai-je pu traîner ça sans remord jusqu'ici ? J'en sais rien. Je n'arrive même plus à me comprendre moi-même. Althaïa, je dois te demander, si tu... un jour, j'ai dit te faire un présent, ma confiance, un présent, c'était..."

Son regard s'arrêta sur le haut de sa poitrine, à la base de son cou, où un reflet métallique indiquait la présence d'un objet. Il murmura quelque chose d'incompréhensible, l'air horrifié. Althaïa tira la chaise vers la table, perplexe devant telle réaction.

Elle s'aperçut alors qu'il pleurait.

"Tu... le portes toujours... murmura-t-il comme si cette nouvelle fut la plus émouvante du monde."

La baptistrelle baissa les yeux sur l'objet de son étonnement. Elle caressa l'argent du bout du doigt, reportant son regard sur Mathis, plus grave, mais toujours aussi doux et surpris.

"Bien sûr. Pourquoi pensais-tu que je l'ai ôté ? Il m'accompagne."

Elle lui livra un sourire, tendre et apaisant, où flottait tout ce qu'elle ressentait, avait ressenti, et espérait ressentir à ses côtés. L'homme sembla désarçonné. Son regard chatoyant s'était terni et il paraissait en proie à une grande tristesse.

"Mais... pourquoi ?

-N'était-ce pas un cadeau ? dit-elle avec cette assurance empreinte d'un calme infinie qui ne la quittait plus, ton cadeau ? Il m'est arrivé de douter de toi, oui. Mais n'étais-je pas une petite, encore inconsciente de la complexité du monde et prompte à tout juger en blanc et noir ? Le temps fait son office, et si nous ne sommes point éternels, au moins avons-nous la chance de vivre pleinement chacune de nos précieuses secondes. J'ai grandi Mathis. Je ne suis plus cette flamme rebelle et revêche. Je suis... autre chose ? Je ne sais pas encore quoi, exactement, mais je m'attache à le découvrir, comme tous les être conscients. Mathis, tu as fait beaucoup pour moi. De simple tuteur, tu es devenu confident, guide. Même si Tuëryn est et restera mon maître, tu as toi aussi participé à forger ma voie. Et je n'aurais pas assez de mots en toute ma vie pour t'exprimer ce que cela représente à mes yeux. Alors, cette simple médaille à plus de valeur, oui, que tous les trésors, d'or ou non, que compte ce continent. Voilà pourquoi je le garde, et le protège."

Elle accompagna ses mots d'un geste tout aussi symbolique. Ses doigts se refermèrent sur le médaillon au dragon et le serrèrent avec force, pour le porter à ses lèvres.

"Quelque soit la distance qui nous sépare, ce que tu es perdure ici, avec moi."

Une larme transparente roula sur la joue d'Ygnoraël. Ses épaules s'affaissèrent sans bruit, et il se redressa, posant sa colonne vertébrale douloureuse sur le dossier en bois.

"Althaïa. Je... Jamais je ne pourrais oublier ça. Tu sais, bien avant d'être engagé à Serrenoire, j'en ai connu, des femmes. Des hommes aussi bien sûr. Des gens intelligents, des gens sages. D'autres beaucoup moins. Mais aucun, jamais, n'avait posé... ce regard-là, sur moi. La première fois que j'ai croisé tes yeux, j'ai eu l'impression..."

Il contemplait les stries de la table d'un air concentré. Ses mains parlaient autant que sa langue, et il semblait forcer sur chaque mot pour former une phrase cohérente. Il croisa de nouveau son regard à elle, et d'un coup il sembla libéré.

"... d'être nu. Complètement nu."

Son visage s'éclaira d'un sourire niais, révélant l'or de ses iris noisettes.

"J'étais là, dans la grande salle, à m'incliner devant ton père et tous ces gens et...et... bon sang, je t'ai vu, toute petite, toute... pâle et blonde et là, Dracos, qu'est-ce que je me suis senti... bête ? J'ai été un sacré idiot par le passé. Bien sûr, ne m'en veut pas s'il te plaît... Je ne t'en ai jamais parlé. Parce qu'on avait beaucoup d'autres choses en tête, et que les dragons sont un sujet autrement plus passionnant que ma vie privée.

Il se gratta machinalement les cheveux, Althaïa le laissant parler sans même essayer de l'interrompre. Maintenant qu'il pouvait se libérer, il le faisait, et elle n'avait pas l'intention de le bloquer à nouveau.

"J'ai honte, lâcha Mathis, la mine sombre et dégoûtée, j'ai honte de ce que je t'ai fait."

Il releva son regard de la table, s’amarrant à sa question muette comme pour y puiser la force de continuer, puis replongea dans les motifs du bois, plus tendu que jamais.

"Je t'ai menti. Toi qui t'es liée à la Vérité, qui a fait un serment inviolable, tu as été trahie par... un pauvre menteur. Moi. Doublé d'un lâche, parce qu'il n'a jamais trouvé la force d'avouer son crime."

Les mots utilisés étaient d'une telle puissance qu'ils tirèrent une vague grimace de sévérité à la baptistrelle. Sans pour autant lui faire perdre sa sérénité. Voyant qu'elle ne réagissait toujours pas, effondré, Mathis se tordit les doigts. Puis il montra la médaille de son index.

"Cette chose... murmura-t-il, n'est ni un vulgaire souvenir de famille, ni une babiole anodine destinée à guérir les blessures. Et encore moins un porte bonheur. S'il-te-plaît, Althaïa. Pour tout ce que tu as de raisonnable en toi... enlève ce truc. Enlève-le. Et balance-le au fond d'un volcan."

Cette fois, les sourcils de platine s'envolèrent loin au-dessus des orbites. Althaïa ne bougea pourtant pas. Mathis resta figé, son regard planté fermement dans le sien. Désemparé de pas la voir réagir. Contraint de continuer pour la convaincre.

"Tu veux savoir pourquoi, n'est-ce pas ? Pourquoi. C'est normal. Tu es curieuse... très curieuse... il se tordit sur sa chaise, peut-être... un peu... beaucoup... trop ? Non ? Peut-être que la magie baptistrale l'a mi en sommeil. Peut-être que grâce à ça, cette chose n'a aucune prise sur toi."

La baptistrelle croisa les bras. "Continue" l'encourageait-elle sans la moindre once d'agressivité latente. Elle parut même... sourire. Alors il se pencha vers elle, cogna ses coudes sur la table en une vaine tentative de la faire réagir face à sa culpabilité.

"Ce motif ! Regarde-le ! N'est-il pas... ignoble ? Te rends-tu compte ? Une créature qui se mange elle-même... sans fin !! Sans fin ! Tu pourras toujours courir, tu n'en arriveras pas au bout !"

Mathis essuya d'un revers de manche les larmes qui continuaient malgré tout d'affluer.

"Je n'ai jamais réussi à savoir ce que c'était vraiment. Il n'y a aucune magie à l'intérieur, je l'ai fait examiner par... par un dragon. Ces créatures ne se trompent pas sur ça. Il m'a certifié qu'il n'y avait pas de magie mais... Mais pourtant, il a été clair : "N'approche pas ça de moi, c'est une création mauvaise." Je n'ai rien compris. Sur le moment. Une malédiction. Il ne peut s'agir que de ça. Par le Dracos, Chantétoile, un dragon a eu peur d'un misérable morceau d'argent ! Peux-tu continuer à le porter avec la conscience tranquille ?! Ce médaillon, ce n'est ni ma mère, ni personne qui me l'a confié en héritage. Je l'ai découvert. Je n'aurais jamais dû. J'aurais dû le laisser pourrir là où il avait été dissimulé. Mais j'étais jeune. Et sot comme un pot."

Il secoua la tête.

« Il te perdra, Althaïa. Je t’en supplie, entends-moi. Je possède trop peu d’informations pour pouvoir t’expliquer ce qu’il adviendra, mais… C’est viscéral, là – il désigna le creux de son estomac – je le sens. Quand je l’avais en main, j’étais mal à l’aise. Et je te l’ai donné… Je te l’ai donné… pour m’en débarrasser. »

Le venin de sa propre laideur le dégoûtait, et il peinait à la regarder en face. Elle, en revanche, ne cillait pas.

« Parce qu’à l’époque, même sous mes sourires, j’étais quelqu’un de vide et de mauvais. Je ne cherche même pas à m’en excuser, c’est inexcusable. Mais je ne mérite pas ce que tu m’as donné. Je ne mérite même pas de figurer parmi tes amis, de vivre ici, de voir les gens me saluer comme… comme un « grand » homme. Je suis un moins que rien et un pleutre. »

Il se détestait. Le masque s’était fendu et ne pourrait plus jamais lui être rendu.

« Toi, Serenia, les autres… Tous les autres. Vous êtes tout ce qu’il m’est arrivé de mieux. Je vis un rêve éveillé. J’avais tellement la trouille de tout perdre. Mais ce souvenir est revenu, et toi, ici. Je n’arrivais plus à en dormir. Je me disais : « Tu vas mourir en menteur. Comme le vil que tu es réellement. » Alors tant pis. Jetez-moi dehors. Je m’en fiche, du moment que tu te débarrasses de cette breloque et que plus jamais je ne porte le poids de ma propre médiocrité : je l’assume, désormais. »

Et il expira, plus léger.
Toujours calme et immobile, Althaïa l'enveloppait d'un regard d'une totale compréhension. Sans pitié, sans apitoiement. Uniquement un regard vif et clair qui lui disait :

"Je comprends. Et j'accepte."

Il battit des cils. Elle lui accorda un chaleureux sourire, et une explication :

« Même si cette breloque est – à ma connaissance tout du moins – unique, le symbole qui t’effraie tant lui, ne l’est pas. Tu n’imagines pas l’étendue des connaissances entassées entre les murs du Tormingorllo, Mathis. Notre Ordre ne se contente pas d’apprendre le chant. Tout est consigné, depuis la nuit des temps… J’ai découvert tant de merveille, que même la médiocrité de l’humanité ne peut plus me décevoir. C’est une goutte d’eau dans un océan. L’Ouroboros a été découvert il y a bien longtemps. En effet, il est la faim sans fin, le dévoreur continuel, et sa symbolique est extrêmement forte. Beaucoup de théories ont été mises sur papier par les elfes et même certains documents qui le relatent… date d’avant. Des choses très troublantes. Je ne me suis plus intéressée à ce sujet depuis longtemps, il faudrait donc que je revienne au domaine pour t’en dire plus. Mais ne crois pas que j’ignore que ce que j’ai autour du cou est inoffensif. Et tout comme toi, j’assume mes choix. S’il devenait évident que cette chose avait une influence néfaste quelconque, ne penses-tu pas que je n’en aurais été… la première informée ? Ne sois pas inquiet. J’ai foi en ce dragon qui t’a renseigné, mais il parlait de lui. Et non d’un bipède. »

Une pause dans son discours permis à Mathis de fermer les yeux et d’intérioriser ce qu’il venait d’apprendre.

« J’aurais dû le savoir. Bien sûr que tu savais. Alors… tu vas le garder. Malgré tout. Très bien, je suppose que je n’ai aucun moyen de te faire plier. Soit. Mais moi ? Tu… ne m’en veux même pas ? Tu ne me juges pas indigne de ta confiance ?

"Mathis. Qui suis-je pour juger ? Les choses changent à tout instant. Pourquoi pas les hommes ? N'est-ce pas notre plus grande force ? Nous sommes un kaléidoscope tournoyant à toute vitesse. Nos couleurs ne sont jamais figées."

Elle lui prit la main et, doucement, laissa glisser Alya dans l'air, tirant un léger frémissement à son vis-à-vis.

"C'est un bon résumé de ce que je pense, conclut-elle."



**


C’était le son de sa voix. Elle n’avait rien d’exceptionnelle pour une voix humaine, mais elle contenait un accent presque chantant, quelque chose d’infime qu’il fallait scruter longtemps pour pouvoir le saisir. Et durant sa longue réponse, elle eut tout loisir de guetter le retour de cette note toute particulière qui lui rappelait… Qui lui rappelait…

L’humain venait d’exécuter un geste des plus incongrus. Elle baissa lentement ses prunelles vides sur la main qui lui était tendue. Non pas qu’il ne s’agisse d’un rituel inconnu : elle ne savait que trop bien ce qu’il représentait pour les sang-chaud. La paume ouverte et tendue : l’absence d’arme, symbole de la confiance accordée, du désir pacifiste et de l’entende commune. Ainsi, l’humain manifestait son acceptation, à sa manière. Même sans connaître la teneur d’un tel pacte, comme si au fond, il s’en moquait. L’usure du temps les avait tout deux, sur deux niveaux différents, suffisamment usé pour qu’il ne voit plus ni l’un ni l’autre d’issue favorable à rester plus longtemps de part et d’autre du mur.
Devait-elle serrer cette paume brunie par le soleil et la guerre ? Une conclusion logique pour qui observait, en l’instant même, cette danse abracadabrantesque à laquelle ils s’adonnaient. Le sourire de l’homme blond avait quelque chose de fatal. D’irrémédiable. Un parfum de conclusion.

Althaïa fit un pas en sa direction. Inexpressive, figée. Hors du temps.

Puis, brusquement, tourna les talons et se dirigea vers l’une des immenses colonnes sculptées qui soutenaient tout à la fois le pinacle où ils se trouvaient, et la voûte loin au-dessus d’eux. Elle s’y arrêta et caressa l’un des bas-reliefs avec une attention infinie, à la recherche d’une chose très précise. Qu’elle trouva bien vite : une grande phrase enroulée en spirale au centre d’un septagramme ouvragé. Amputée de toute magie baptistrale, elle ne put rien faire de plus qu’enclencher le simple mécanisme magique qui projeta un flux très mince vers le haut du pilier, illuminant très brièvement la pierre de l’intérieur, comme si elle eut été de verre dépoli.

Comme s’éveillant d’un très long somme, la tour frémit imperceptiblement sous l’agitation nouvelle les courants magiques qui la constituaient. Doucement, la dentelle de pierre de la voûte sembla changer de forme au-dessus d’eux. D’innombrables lignes bleutées serpentèrent rapidement dans la roche qui la constituait, puis, éclatant en un feu d’artifice, l’enchantement libéra une carte du ciel grandeur nature dans la coupole. Des points magiques marquaient les étoiles, les courbes lumineuses sillonnaient la voûte en dessinant les constellations qui ornaient le ciel, voilà plus de huit siècles.

Et si elle avait seulement pu le ressentir à cet instant. Le Diapason résonnant en phase avec tous les chants alentour. Peut-être l’humain le sentirait-il ? Après tout, il était vivant, à défaut d’être baptistrel…

Althaïa laissa son regard errer sur cette représentation éthérée de ce qui fut l’une de ses plus grandes passions.

« Voici mon dernier leg. Ma dernière création avant ma mort. Avec l’aide de… »

Pouvait-elle prononcer ce nom ? Il resta bizarrement coincé dans sa gorge, et refusa obstinément de sortir.

« …mon maître. »

Jamais la blessure ne s'était autant rouverte, ravivant en elle la seule douleur à laquelle autant son corps que son âme pouvait encore réagir. Rien n’apparut pourtant sur ses traits, qui restèrent figés dans son immobilisme surnaturel.

« L’étoile en deuil, Lianta’ar, l’étoile qui surmonte la tour, sur le blason de la ville. L’entité spirituelle à laquelle sont rattachés les Chanteciels. Elle est là. »

Et de son doigt elle désigna l’astre représenté sur la voûte, étincelant de mille feux.

« Et voici… Tahanis. »

Sa main décrivit une longue courbe jusqu’à se fixer au-dessus d’une minuscule tâche blanche, presque à l’opposé de la carte céleste. Une présence si fugace qu'elle aurait pu passer pour un reflet insignifiant. Mais il s'agissait bel et bien d'un objet stellaire, au même titre que les plus imposants. Une Aria fort peu connue. Qu'elle même n'aurait sans doute jamais vue, si elle n'avait été l'objet d'un évènement impromptu et marquant.

« Matis Falkire, humain, soldat, guerrier, survivant, rebelle, en acceptant ma requête, tu acceptes de mêler à ta lignée un tout autre titre, un héritage. »

Elle revint à ses côtés, les traits toujours indéchiffrables, le regard fixe et perçant.

« Si je prends cette main que tu me tends, accepte le chant que j’ai reçu de Tahanis, et la responsabilité que je souhaite confier à celui que j’ai choisi. »

Althaïa ne savait pas réellement si sa tentative allait fonctionner, mais selon ce que lui avait dit l’humain, son intériorisation de sa malédiction avait été telle qu’il y avait une chance de voir un lien étrange naître entre eux. Ils en prenaient à peine conscience. Elle voulait en avoir le cœur net. Et peut-être aussi, lui donner une chance supplémentaire de mener à bien cette mission, à long terme, qu’elle lui confiait aujourd’hui.

Elle ôta son gantelet, laissant paraître sa main, tout aussi blafarde que sa tête, ornée des grands motifs saillants qui couraient dans sa chair, et posa sa paume glacée sur le front de l’humain et le fixant dans les yeux.
Une longue minute s’écoula en silence, pendant laquelle tout son esprit se mobilisa d’un bloc, tendu vers celui, tout proche, de Matis.

Et enfin, elle sentit que le flux qu’elle tentait de projeter était aspiré à travers la trame. Elle projeta alors un unique souvenir, flash brûlant et intense, vers l’âme qu’elle savait maintenant très proche.



***


Une bulle de lumière. Un souffle. Et une drôle de psalmodie qui se répétait sans cesse.

Entend ma voix,
Âme de l'an,
Entend ma voix,
Tout doucement,
Ouvrir l'esprit
De nos enfants
Pour que demain
Dans le Néant
Naisse la vie
Parmi le sang
de nos Anciens


La petite voix claire répétait son couplet entêtant comme une enfant sur le chemin de la ville. Althaïa fronça les sourcils. C'était le genre de méthode basique que l'on enseignait aux mages pour se prévenir des attaques mentales... Elle même excellait dans le domaine. Elle n'avait pourtant senti aucune présence mentale dans les environs... Et seuls les baptistrels pouvaient pénétrer dans le domaine sans autorisation.
La voix n'émanait pas d'un autre. Mais bien d'elle.


Le vent l'a porté
Au travers des champs
Mais le messager
Devra pour autant
Chanter pour ouvrir
Les Portes du Temps
Car demain verra
Quelque part au loin
Toujours ici bas
Une âme de feu
Qui tendra la main
Fera de son mieux


***



L’énergie s’écoula, et Althaïa relâcha le sort, expirant de force sous l’effort magique. Elle ferma les yeux, l’espace d’un instant, laissant les siècles s’écouler sur elle comme l’eau d’une cascade. Dracos que ces souvenirs lui avaient manqué. Elle ne savait pas réellement pourquoi. Et s’en moquait : désormais, le vide en elle avait cessé de croître. Elle parvenait lentement à un équilibre. Précaire, mais réel.
Replongeant dans les miroirs d’âmes qui lui faisaient face, elle laissa paraître sa question muette vers lui.
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Lorenz Wintel
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MessageSujet: Re: A lullaby for damned soul [pv Matis] REFUSE PAR L'ADMINISTRATION A lullaby for damned soul [pv Matis] REFUSE PAR L'ADMINISTRATION Icon_minitimeMer 24 Sep 2014 - 19:40

Ce rp a été verrouillé par le staff pour cause d'incohérences en cascade. Elles sont si nombreuses qu'une édition sera certainement impossible. Merci de patienter, vous serez contactés prochainement.


EDIT : au vu du nombre d'incohérences, le staff a décidé de refuser ce rp. Je déplace donc aux archives.
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MessageSujet: Re: A lullaby for damned soul [pv Matis] REFUSE PAR L'ADMINISTRATION A lullaby for damned soul [pv Matis] REFUSE PAR L'ADMINISTRATION Icon_minitime

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