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La fin d'un monde [PV Lorenz]TERMINE

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MessageSujet: La fin d'un monde [PV Lorenz]TERMINE La fin d'un monde [PV Lorenz]TERMINE Icon_minitimeVen 11 Juil 2014 - 17:52



--- 10 mars de l'an 2 de l'âge d'obsidienne---

Les rives du lac souterrain d’Aigue-Royal, un lieu frais et paisible, étonnamment paisible même lorsque l’on observait le tumulte de la vie rebelle dans les cavernes. L’eau tranquille offrait une surface lisse et sombre, semblant impénétrable au regard direct d’un observateur extérieur. C’était ici qu’Alford, le mercenaire humain, lui avait appris qui possédait Dévoreuse à l’heure actuelle. Et, comme en un coup ironique du sort, c’était également ici que la terrible chevalière avait trouvé une tombe temporaire par la volonté de la princesse Esmelda Kohan. Il avait été surpris de ne pas avoir compris plus tôt qu’elle se trouvait là, mais sans aucun doute cela tenait à la protection qui l’entourait ou tout simplement au fait qu’il avait été tellement persuadé qu’elle ne pouvait pas se trouver là qu’il l’avait occulté, elle et tous les indices l’entourant qui auraient pu lui servir à la localiser directement. Cela dit ce n’était pas plus mal, il aurait eu l’impression de la voler et il n’était pas un voleur. Installé sur une roche au bord de l’eau, le Baptistrel réfléchissait, profondément enfoncé dans ses pensées et observant la surface liquide avec un peu d’inquiétude. Il n’avait, certes, aucun doute sur la suite des évènements mais l’énormité de ce qu’il s’apprêtait à faire lui donnait quand même quelques sueurs intérieurs, et il puisait dans la présence mentale de Shaynar et dans la colère qu’il ressentait à l’égard de Néant, pour solidifier sa détermination et chasser ses angoisses. Il était au bout de sa quête, l’heure était venue, enfin, de réaliser la promesse qu’il avait faite. Là, dans les bras glacés du lac, se trouvait une part de néant, un artefact craint et destructeur… mais qui pouvait libérer le prince vampirique de sa malédiction et le venger lui de ce qu’avait fait Néant en lui ôtant ses souvenirs. Ainsi, c’était cela, le goût de la vengeance que l’on s’apprêtait à consommer ? C’était déroutant, un peu effrayant… et en même temps, il devait l’avouer, ça lui apportait une étrange satisfaction. Une satisfaction qui l’alarmait beaucoup mais qu’il ne pouvait s’empêcher de savourer avec une curiosité morbide. Et en vérité malgré la crainte, il avait hâte d’aller plus avant, hâte de réaliser finalement ce qu’il s’était promis d’accomplir. Une ferveur coupable le faisait trembler et il tenta de juguler ses émotions en se relevant, pas plus grand, une fois les pieds par terre, que la roche qui lui avait servie de perchoir.

Il inspira profondément, se détachant un peu de la conversation mentale qu’il avait avec le dragon noir pour s’intéresser à ses environs immédiats. Les abords du lac étaient presque déserts à l’heure actuelle, le moment était parfait. A nouveau, il ne put s’empêcher d’effleurer ce sentiment étrange qui l’habitait et le faisait vibrer, la tenace rancune qu’il nourrissait depuis des mois envers un esprit supérieur, rien que cela. Mais esprit ou pas, cela ne changeait rien à ce qu’elle avait fait. Esprit ou pas, elle n’aurait que le juste retour de ses crimes. Inspirant profondément, il laissa finalement s’élever une mélopée profonde, sombre et entêtante, destinée à un seul individu, une seule personne. Cela ne regardait qu’eux après tout, ils étaient les premiers concernés. Il chantonna un long moment, prenant son temps. L’appel était discret, diffus, afin de n’être capté par personne d’autre, tellement lacé de la connaissance qu’ils avaient partagés qu’il était certainement incompréhensible si on avait par miracle réussit à en entendre quelques notes. Merithyn avait la certitude que l’appel lui parviendrait, à la fois trouble et clair, vide et remplis de sous-entends… Pour quoi d’autre que ceci l’aurait-il appelé ainsi après tout ? L’urgence s’insinuait par la note, et d’une certaine façon, il eut l’impression de ne pas parvenir à dissimuler tout à fait sa satisfaction et son attente de la suite, qui ne lui ressemblait pourtant pas. Puis, alors que se mourrait l’ultime note, il soupira et s’installa de nouveau face à l’eau en attendant la venue du vampire qui ne tarderait certainement pas. Il s’agissait d’un évènement bien trop important pour qu’il traine. Pourtant, malgré sa propre patience, même cette attente semblait trop longue. Où donc était-il ? Ne pouvait-il faire plus vite ? Inspirant et expirant plusieurs fois d’affilées, il se mit à jouer avec le bord de tissu de sa cape pour s’occuper les mains. L’impatience non plus ne lui était pas une habitude, mais il se complaisait dedans pour le moment. Il n’avait pas vu Dévoreuse malgré tout, et s’imaginait distraitement ce à quoi elle pouvait ressembler, ce qu’elle dégageait… Mais ce chemin de pensées revint finalement à ce qu’ils comptaient faire et il eut un frisson, à la fois brûlant et glacé. Détruire Dévoreuse, nuire à un esprit supérieur. Et il ne ressentait pas la moindre honte à l’idée, juste cette intense fébrilité satisfaite. De quoi est-ce que ça aurait l’air ?

Il n’eut cependant pas le temps de penser plus loin que cela. Sans vraiment savoir combien de temps s’était écoulé depuis son appel, il sentit distinctement Lorenz advenir dans la caverne puis près du lac et se retourna avant de descendre de son rocher, déposant sur lui un regard mitigé. L’observant un court instant, intensément, il laissa son chant-nom porter jusqu’à ses oreilles sensibles et écouta avec attention ce qu’il ne connaissait pas, comme ce qu’il connaissait effectivement. Une façon de se rassurer ? Peut-être un peu. Ce n’était pas le moment de s’épancher en conversations légères certes… l’avaient-ils jamais fait d’ailleurs ? Aucunement. Finalement, avec un sourire fragile, il indiqua le centre du lac. « Elle est là-dessous. C’est la princesse Kohan qui a décidé de la placer là, certainement avec un peu d’aide » Il n’y avait guère à chercher qui avait bien pu l’aider d’ailleurs. « J’ai son emplacement exacte, j’irais la chercher dans un instant, comme promis. Mais avant cela… » L’idée lui était venue plus tôt, alors qu’il réfléchissait en compagnie de Shaynar et même si celui-ci n’était foncièrement pas chaud pour, il y tenait, faisant pleinement confiance à Lorenz là-dessus. Etait-ce dément, que de faire confiance au prince vampirique ? Beaucoup auraient dit oui, très certainement. Mais contrairement à cette certitude, il la lui accordait, sa confiance. « Avant cela, j’aurais une faveur à solliciter de votre part. Une faveur qui m’est très importante, vitale, même… et que je ne peux demander qu’à vous… »


Dernière édition par Merithyn Shadowsong le Jeu 17 Juil 2014 - 23:36, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: La fin d'un monde [PV Lorenz]TERMINE La fin d'un monde [PV Lorenz]TERMINE Icon_minitimeVen 11 Juil 2014 - 19:48

Il n'était pas vraiment concentré sur ce que son interlocuteur lui disait. Kyle lui faisait un rapport sur l'évolution des relations diplomatique avec leurs alliés rebelles mais cela ne l'intéressait pas beaucoup. Il avait beau être un politicien de formation, la diplomatie n'était pas un domaine particulièrement attrayant à ses yeux. Surtout lorsqu'on était dans des phases d'attente comme celle-ci où il valait mieux collaborer avec l'adversaire, pardon, la victime, plutôt que de la terrasser. Cela viendrait bien entendu, mais pour le moment il fallait se concentrer sur les Alayiens et leur sale manie d'occire tout vampire qui se présentait devant leur nez.

Combien en avait-il abattu ? C'était difficile à déterminer. Ils tuaient indifféremment les loyaux serviteurs du peuple vampirique et les renégats ou solitaires. Ces derniers constituaient des pertes moins préjudiciables bien entendu mais l'affront restait le même. Un humain ne pouvait terrasser un vampire, c'était contre nature. Ainsi que particulièrement irritant. Rien que pour cette raison donc, ils étaient à présent la cible prioritaire de son courroux. Le reste devrait attendre et voilà tout, n'avait-il pas l'éternité devant lui ?

Il reporta un regard ennuyé sur son interlocuteur parfaitement conscient du peu d'intérêt de son maître et prêt à s'interrompre au moindre geste. Mais Lorenz ne lui offrit pas, laissant sa voix harmonieuse et maîtrisée continuer à décrire par le menu la dernière entrevue du maître diplomate et de l'empereur des hommes. En vérité l'ancestral était déjà bien loin mais ce bruit de fond berçait agréablement ses réflexions. Il analysait pour la énième fois les implications de ce qu'il avait découvert lors de sa quête de la pierre de l'Esprit Terre. Ce presque-lien ô combien dangereux que Wallam était en train de bâtir avec ce qu'il avait découvert comme étant une dragonne femelle apparemment revenue d'un lointain continent sauvage. Comment ce retour avait-il pu passer inaperçu à ses yeux jusque là ? Mystère. Mais les faits étaient là, la créature était dangereuse en elle-même et son cas particulier faisait qu'il courait un danger mortel.

Distraitement, il effleura la marque brûlante sur sa nuque et ce simple contact émit un grésillement des plus désagréables. La douleur était là, pas seulement sur sa peau mais aussi au plus profond de son corps et de son âme. Tolérable à l'heure actuelle, mais non moins usante. Et d'autant plus inquiétante qu'il savait qu'elle passerait brutalement ce seuil dès lors qu'il serait remit en contact avec un dragon. Avec cette dragonne... Il avait depuis longtemps compris que la puissance de l'écailleux ne faisait que décupler son niveau de douleur. Si elle lui tombait dessus, il n'aurait pas l'ombre d'une chance.

Une lueur mauvaise s'alluma dans ses prunelles pendant qu'il retournait le problème dans son esprit en refusant de s'estimer vaincu. Wallam n'était pas dragonnier, pouvait-il utiliser cela ? Envoyer quelqu'un, quelque chose, pour affaiblir voir détruire la relation naissante ? N'était-il pas déjà trop tard à ce sujet ? Alors quoi... Créer une autre ombre ? Ce n'était pas facile et elle serait balayée comme un fétu de paille en cas d'affrontement. Une autre solution consistait à trouver le moyen d'attirer le renégat seul afin de le tuer avant l'arrivée de la dragonne mais puisqu'il n'était justement pas dragonnier alors elle ne serait pas tuée avec lui. Il serait difficile alors de lui échapper, pour le moment elle n'avait sans doute pas de réelle raison de lui en vouloir excepté le fait qu'il était un ennemi de son nouveau camarade de jeu. Sans compter le fait qu'il était bien forcé d'admettre que si Wallam lui échappait depuis tant d'année ce n'était sans doute pas pour tomber dans un piège grossier alors qu'il possédait à présent un tel avantage. Bien sur Lorenz était parfaitement capable de lui tendre un piège loin d'être grossier, mais cela ne suffirait pas forcément. Et il se refusait à prendre le moindre risque, la témérité n'était pas dans son caractère. Il ne restait qu'une seule et unique solution.

Un silence lourd s'était installé sur la scène, Kyle avait terminé de parler et attendait à présent calmement son bon vouloir. Un vampire patient que celui là... Pas qu'il ai vraiment le choix par ailleurs. Le prince le congédia d'un geste sans prendre le temps de commenter son rapport, si il y avait eu une information importante dans tout ce fatras il l'aurait extirpée sans mal malgré son peu d'attention. Nul besoin de s'attarder sur tout cela donc. Tel un chat faussement paresseux, il étira lentement ses muscles après que la porte se soit refermée et qu'il se soit retrouvé en seule compagnie de ses gardes. Il avait assez consacré de son temps à son peuple pour ce jour, il état temps de s'accorder un peu de détente et dans son esprit cela passait par l'exigence de la présence d'Ambre.

Il allait la faire appeler justement lorsqu'il songea qu'il serait intéressant de savoir à quoi elle pouvait bien occuper ses journées à Aigue. Il le savait déjà bien sur, il n'ignorait rien de ce qu'elle faisait à tout moment, mais cela ne changeait rien. Il irait à elle, la surprendrait sans doute, la troublerait encore. Elle pouvait s'en défendre mais il savait que c'était le cas très souvent, et qu'elle ne faisait que se débattre contre l'inéluctable. Elle était déjà à lui, elle était seulement longue à le reconnaître. Trop longue même... De quoi mettre ses nerfs à rude épreuve mais il y avait de nombreux domaines où il savait faire preuve d'une infinie et terrible patience. Quelque soit le temps que cela lui prendrait, il l'aurait toute entière. Son sang, son âme, son corps et son coeur. Il n'exigeait rien de moins que tout cela.

Mais il fallait croire que cela prendrait encore plus de temps que prévu. Il fronça les sourcils lorsque la mélopée effleura ses sens magiques, érigeant instinctivement un bouclier protecteur qui n'intimida pas son étrange agresseur. Pas bien difficile de l'identifier par ailleurs, et de s'en agacer sur le coup. Le culot de ce baptistrel atteignait décidément son paroxysme lorsqu'il s'agissait d'utiliser cette forme de magie détestée sur sa personne... L'irritation ne dura pas néanmoins, vite effacée par la perspective des conclusions à tirer de ce contact. L'elfe ne pouvait le contacter que pour une seule et unique raison, et elle le remplissait d'aise. Peut-être que le petit problème écailleux qu'il avait rencontré allait se régler au final... Cela demeurerait un danger terrible bien sur, mais au moins ne serait-il plus désarmé. Et l'effet de surprise pourrait même être plus qu'intéressant... Un sourire cruel s'épanouit sur ses lèvres fines lorsqu'il songea aux conclusions sanglantes qui pourraient bien s'imposer lors de sa prochaine rencontre avec son rebelle d'ennemi. Peu de choses auraient pu le décider à remettre à plus tard le plaisir d'une visite à son humaine, mais il répondrait à cet appel là sans retard.

"Restez ici."

Il avait localisé la source de l'appel et ne voulait pas être accompagné. C'est donc seul qu'il passa les portes du domaine qui lui avait été reservé en ce lieu et qu'il parcouru le chemin qui le séparait du lac souterrain. Pourquoi ici ? Il n'en savait rien, mais cela n'avait pas d'importance. Cet endroit en valait bien un autre pourvu qu'il touche enfin au but. Si Shadowsong avait Dévoreuse alors son interminable et terrible calvaire allait prendre fin.

D'une manière ou d'une autre d'ailleurs. C'était un objet tout aussi dangereux qu'un dragon à ses yeux, il pouvait le priver de sa magie donc de son arme principale. Aucun trouble ne vint obscurcir l'éclat ténébreux de ses prunelles néanmoins lorsqu'il les posa sur l'eau calme au loin. Il sentait l'odeur du chanteur, reconnaissable entre mille. Celui-ci était seul, et aussi paradoxal que cela puisse être considérant la puissance du gardien, l'ancestral ne voyait en lui aucun danger. Son pas souple et nonchalant d'apparence ne provoquait aucun bruit tandis qu'il s'approchait de la silhouette au loin mais celle-ci était pourtant conscient de sa présence. Il ne l'ignorait pas mais son déplacement furtif n'était que le comportement naturel de son espèce. L'acier de ses prunelles planté sur sa cible, il s'immobilisa non loin d'elle.

"Chanteur..."

Moitié salutation, moitié constatation. Il demeura immobile et circonspect pendant que l'autre le fixait, conscient qu'il écoutait certainement cette musique que les baptistrels étaient les seuls à entendre et qui dévoilaient les secrets les plus sombres des êtres tels que lui. Ou les moins sombres aussi d'ailleurs... Tout ceci aurait dû l'agacer, mais quel autre secret l'elfe risquait-il de déterrer ? Plus grand chose assurément. Il gronda tout de même pour la forme :

"Suffit. Je ne suis pas un livre offert à ta curiosité."

C'était une remontrance plus qu'une véritable rebuffade. Curieusement cela ne le dérangeait plus autant qu'avant, peut-être s'habituait-il simplement à cet étrange lien qui s'était noué entre eux-deux... Ses prunelles perdirent leur éclat métallique lorsqu'il les posa sur l'eau en sommeil et il murmura, troublé :

"Ici ?"

Si proche... Et pourtant si bien cachée. Voilà bien un endroit où il n'aurait jamais songé à chercher... Il n'interrogea pas son interlocuteur sur la façon dont il avait pu trouver l'endroit, ne remit même pas en cause sa certitude. Si il disait qu'elle était là, alors elle l'était. Et peu importait que ses sens magiques soient incapables de la localiser. Elle était liée au Néant après tout.

"Avant cela quoi ?"

Une infime note ombrageuse avait percé dans son interrogation. Il n'appréciait pas ce retard, aussi assuré qu'il soit de la parole donnée par l'autre. Si il le faisait attendre alors c'était qu'il allait forcément demander quelque chose. Un service en échange d'un autre ? C'était correct, mais pas acceptable pour un ancestral qui considérait sa libération comme un dû. Pourtant les mots choisit ne cadrèrent pas avec cette idée. Une faveur... L'autre avait besoin de lui et requérait son aide. Il haussa les sourcils, quelque peu perturbé par cette idée et interrogea avec prudence :

"Que veux-tu de moi ?"

Son esprit aurait déjà dû bouillonner, analyser les implications de cette demande d'aide et ce qu'il pouvait bien en tirer mais pour le moment il ne ressentait qu'une curiosité intense et concentrée. Ses prunelles s'étrécirent lorsqu'il transperça l'elfe de son regard perçant et recueillit les étranges informations que constituaient les lourdes cernes et la pâleur que son interlocuteur arborait. Quelque chose ne tournait pas rond chez lui, quelque chose lui déplaisait. Avait-il rencontré des difficultés dans son enquête au sujet de dévoreuse ? Curieusement, tout cela l'irrita et il se redressa de toute sa hauteur en attendant une réponse à sa question. Il ignorait si il pourrait ou si il désirerait seulement lui rendre le service qu'il demandait, mais il ne l'enveloppait pas moins de sa calme et totale assurance et de cette aura autoritaire qui le caractérisait. Il ne craignait rien ni personne, et si sa décision était de finalement aider le chanteur alors ce serait fait et nul ne pourrait s'y opposer.
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MessageSujet: Re: La fin d'un monde [PV Lorenz]TERMINE La fin d'un monde [PV Lorenz]TERMINE Icon_minitimeVen 11 Juil 2014 - 22:12


Il était là, finalement, égal à lui-même, n’ayant pas changé en apparence et pourtant… qu’était-ce qu’il entendait dans son chant nom ? Une note, çà et là, il s’en était passé, des choses, pendant son absence, cela se sentait effectivement. Mais ce fut sans mauvaise grâce qu’il cessa effectivement d’écouter et de faire l’indiscret. Lorenz avait-il finit d’une manière ou d’une autre par comprendre quand il se livrait à cet exercice ? Il aurait presque voulu demander, mais ce n’était pas le moment pour ce genre de choses, plus tard peut-être ? Mais en l’instant il y avait des sujets plus graves, oui. Le vampire, comme lui semblait-il, se trouvait surpris de savoir que la chevalière se trouvait ici. Réaction parfaitement compréhensible de sa part qui avait vécu la même chose. Il en était tombé des nues lorsqu’Esmelda lui avait appris la vérité. Il n’y avait pas cru au départ, même si il aurait ressentis le mensonge s’il avait eu lieu… Dans le lac, une cachette toute bête mais bien pensée, il n’aurait jamais pensé qu’elle serait si proche. Il était passé devant ce lac à de nombreuses occasions, aveugle à la vérité. C’était une belle leçon qu’il avait reçu en vérité. La vérité ne s’offrait pas toujours sur un plateau, même à un Baptistrel. Il fallait rester à l’écoute, ouvert à toutes les possibilités même celles qui semblaient invraisemblables. Il aurait gagné beaucoup de temps s’il ne s’était pas borné à ne rien voir et il aurait évité des souffrances à Lorenz. Là-dessus, il se sentait désolé et coupable, mais au final, il avait réussi. Il suffisait d’aller chercher dans les eaux profondes et le tour serait joué. Il en était soulagé. Véritablement. Heureux de cette conclusion, en plus de tout le reste, de tout ce ressenti emmêlé duquel il n’avait, au final, pas totale compréhension. Qu’importait au final. Il observa de nouveau le prince, d’un regard intense où transparaissait fatigue, lassitude, satisfaction d’avoir réussi… et la douleur de se remémorer toute la douleur de la révélation qu’il avait faite en compagnie de Shaynar.

La façon dont Lorenz accueillit la question lui tira un pâle sourire de reconnaissance. Là encore, il puisait, étrangement peut-être, de la force et de l’énergie à voir qu’il n’était pas rejeté et que le vampire semblait réellement attendre sa réponse. Il l’avait déjà dit par le passé, mais il admirait Lorenz et le voyait sincèrement comme quelqu’un que l’on gagnait à connaître. Et une fois de plus, c’était parfaitement vrai et il le lui prouvait quoi qu’il puisse en penser outre cela… Ne le faisait pas plus attendre, il se lança dans son explication. « Lors de la bataille des bois sombres, l’an dernier, les dragonniers et leurs dragons ont été envoyés pour tenter d’aider le Dracos en combattant Néant qui venait de le vaincre. Bien que n’étant pas dragonnier, j’y suis également allé, comme vous le savez. Et alors que nous avions réussi à aider à la libération de Dracos, Néant nous a dit que nous n’avions réellement rien gagné. Elle a dit qu’elle allait nous punir et que sa malédiction nous accompagnerait. J’avoue que, dans l’urgence je n’y ai pas prêté grande attention et ce fut une erreur. Dès notre retour dans le monde physique, nous avons ressenti l’effet de cette malédiction. Elle était différente pour chacun de nous… Dans mon cas, je pensais qu’il s’agissait d’insomnies, d’hallucinations, de cauchemars et de sautes d’humeurs, autant de choses qui m’empêchaient de me concentrer et rendaient chaque tâche compliquée. Durant votre rétablissement ça ne m’inquiétait pas, c’était même un atout mais ensuite… » Il soupira lourdement avant de reprendre « Je me suis trompé en pensant que la malédiction placée sur moi se limitait à cela et… c’est là où la faveur que je quête apparaît » Il déposa son regard dans le sien, s’inspira à nouveau de ce que dégageait le vampire autant que de la présence, au fond de son esprit, du dragon noir. Un silence s’installa un instant avant qu’il ne finisse par reprendre, évitant ainsi également qu’il s’impatiente.

« Je n’ai découvert qu’en Janvier la véritable portée de ce qu’elle m’a fait. Presque par hasard d’ailleurs » Son cœur se serra un bref instant, de tristesse. D’une tristesse qui se refléta dans son regard, livre ouvert qu’il était, incapable de cacher sa détresse. « Elle m’a pris mes souvenirs… Oh ! Pas tous… certes… » Sa gorge se serrant aussi, il fut reconnaissant pour une fois que sa voix fut magique et pas physique. « Elle, car oui, l’esprit du Néant est une femme, elle m’a pris Eliow. Tous mes souvenirs le concernant sont absents et d’autres complètements brouillés… je ne ressentais rien lorsque l’on m’a parlé de lui, il ne m’évoquait rien. C’est Shaynar qui m’a montré ses souvenirs, qui m’a parlé d’Eliow et a essayé de m’aider à retrouver les miens » Il s’interrompit un instant, le temps de juguler le flux de sa détresse à l’évocation de tout cela. « Je ne me souviens de rien… pas par moi-même. Aujourd’hui je sais qui il est, je sais qu’il était important pour moi, et essayer de penser à lui me met mal à l’aise et me fend le cœur… mais je ne me souviens pas réellement de lui. Ces souvenirs étaient mon bien le plus précieux, ce à quoi je tenais plus qu’à ma vie. Ils sont tout ce qui me reste de lui » Certainement, il pouvait comprendre, lui plus que beaucoup d’autres. Il le savait. « Votre totem, le serpent… influe sur la mémoire » finit-il par expliquer après un nouvel instant de silence et d’incertitude. « Et je sais qu’il est particulièrement puissant…et voilà où je veux en venir, la faveur que je voudrais vous demander a trait à cela. Accepteriez-vous de retrouver ces souvenirs ? Ou du moins… de faire usage du pouvoir de votre totem pour influer sur ma mémoire ? » Il ne pouvait dissimuler qu’il plaçait de l’espoir dans cette possibilité. En dehors de ses recherches pour tenter de retrouver ses souvenirs, il ne voyait que cette possibilité… un ultime recourt, en quelque sorte.

« Je vous en prie… » conclut-il, sincère et toujours plein de tristesse.
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MessageSujet: Re: La fin d'un monde [PV Lorenz]TERMINE La fin d'un monde [PV Lorenz]TERMINE Icon_minitimeVen 11 Juil 2014 - 23:32

L'atmosphère entre eux était étrange, mais ne l'était-elle pas toujours ? En fait cela n'avait rien d'étrange justement, c'est le contraire qui l'aurait été... Son visage demeura impassible lorsque son regard capta le sourire de l'elfe et ne tressaillit pas plus lorsqu'il entama les explications. La bataille des Bois Sombres... Une tragique pièce qui faisait déjà parti du passé mais dont on parlerait sans doute encore dans un avenir lointain. Chaque détail était gravé en lettres de feu dans sa mémoire mais il semblait qu'il n'avait tout de même pas toutes les informations sur ce qui s'était passé. Il avait obtenu tout ce qu'il avait pu sur le combat qu'avait mené les dragonniers, mais ce n'était malgré tout que des bribes, aussi écouta-t-il avec une attention toute particulière le récit qu'on lui offrait.

Ils n'avaient rien gagné à combattre Néant... Pourquoi donc cela ne l'étonnait-il pas tout à fait ? Les Esprits demeuraient un concept désagréable à ses yeux. Des être surpuissants qui pouvaient l'écraser comme une mouche si il leur prenait fantaisie de se mêler un jour de sa non vie, ça non il ne pouvait le tolérer. Sauf qu'il y était bien obligé puisque comme dit juste avant justement, on ne gagnait rien à combattre un Esprit. Et on y perdait tout. Nul surprise à cela, lui-même aurait agit de même si il avait eu tant de pouvoir et des ennemis à châtier durement. Toute la question étant de savoir quel avait pu être ce châtiment. Quelques chose de très raffiné surement, il ne voyait pas ce qui aurait pu pousser le baptistrel à lui demander son aide sans cela.

Insomnies, cauchemars, hallucinations.. Voilà qui expliquait les cernes et l'air quelque peu hagard. Mais pas la supplique. Il connaissait assez bien son vis à vis pour savoir qu'il était capable de supporter tout cela sans se plaindre. De plus quelque chose avait changé en lui... Quelque chose d'indéfinissable. Il ne possédait pas les pouvoirs intuitifs du baptistrel et ne pouvait donc pas le deviner aisément, mais la lueur farouche que prenait les flammes de son regard ne trompait pas. Il y avait... De la peine. De la révolte aussi. Révolté son chanteur ? Il était plutôt du genre à prendre les choses comme elles venaient et à s'y soumettre de bon coeur. Qu'est-ce qui avait bien pu provoquer cela en lui ? La question passionnait l'ancestral et faisait luire étrangement l'acier de son regard. Mais il ne coupa pas son interlocuteur pour autant, sachant déjà que les réponses allaient venir sous peu. En janvier donc.. Néant avait... Quoi ?

"Frapper là où cela fait mal..."

Il avait murmuré ces paroles, pas vraiment écoeurée par le concept si familier mais assez désappointé de l'intelligence de celui, ou plutôt de celle qui était leur ennemie. Ce n'était jamais une bonne nouvelle d'apprendre que son adversaire jouait finement, surtout quand il avait déjà tant d'atouts. La ligne de sa mâchoire se crispa lorsqu'il la serra avec force, écoutant sans tout à fait les entendre les explications de l'elfe. Il n'avait pas besoin d'en savoir plus, il imaginait déjà très bien ce que cela pouvait faire de perdre le tout dernier vestige de l'être aimé. Que serait-il si il n'avait pas été mené par le souvenir d'Enelya ? Pas grand chose sans nul doute... Il n'avait jamais été très doué pour se mettre à la place des autres, pour ressentir leurs sentiments et leur douleur. Mais à cet instant il y parvenait aisément, et ça lui déplaisait souverainement. Néant était encore plus terrible que ce qu'il avait imaginé, elle était une menace absolument indescriptible. Devait-il aider l'elfe pour autant ? Il avait quelques raisons de le faire, et cela ne lui coûtait pas grand chose, mais ces arguments étaient-ils suffisants pour qu'il consente à se préoccuper d'un autre que lui ou Ambre ? Il avait déjà compris ce qu'on attendait de lui avant même que le mot serpent ne soit prononcé. Mais il n'était pas encore vraiment décidé.

La supplique résonna, troublant encore l'atmosphère entre eux. Silencieux et insondable, il scruta interminablement le regard attristé qui lui faisait face et il sembla un instant qu'il allait refuser, réclamer simplement son dû et partir. Mais c'est un avertissement qui tomba finalement de sa bouche :

"Ce ne sera pas agréable... Du tout."

C'était un euphémisme. Il n'utilisait pas souvent ce pouvoir mais il n'ignorait pas pour autant que se faire trifouiller les souvenirs n'était absolument pas une partie de plaisir. Le serpent n'était pas délicat, il prenait et brûlait ce qui l'intéressait sans prendre garde à tout ce qu'il pouvait bien remuer en passant. Ce serait encore pire dans leur cas étant donné qu'il ne savait pas si ce qu'il cherchait se trouverait en surface ou profondément enfouit. La seconde solution ne pouvait qu'être la bonne étant donné que le chanteur n'y avait pas accès. Cela rendrait les choses difficiles.

Il ne s'attarda pas plus, ne lui demanda même pas si il était vraiment sur de son choix. Il le savait déjà et il n'avait pas l'habitude de tergiverser quand il avait prit sa décision. Pourquoi d'ailleurs ? Pourquoi acceptait-il ? Il n'aurait su le dire lui-même. Un mélange de beaucoup de choses sans doute. Du lien qu'eux deux partageaient, de son attachement à ses propres souvenirs, de sa haine de plus en plus tenace contre Néant. D'Ambre aussi. Aurait-elle été là qu'elle lui aurait demandé d'accéder à la requête du baptistrel. Et puisque cela ne lui coûtait rien, pourquoi l'aurait-il contrariée ? Calmement, il s'approcha un peu plus de sa cible jusqu'à ce que celle-ci ne puisse plus faire autrement que de lever la tête pour plonger son regard dans le sien. Leurs prunelles s'accrochèrent, soudées d'une étrange façon.

Aucun son ne troublait plus leur échange. Si ce n'était celui du serpent qui sifflait avec voracité dans l'esprit de l'ancestral. La température augmentait à une vitesse alarmante de même que l'intensité de l'acier qui prenait une teinte plus vive jusqu'à sembler en fusion. L'aurait-il souhaité que l'elfe n'aurait pu détacher son regard à cet instant, il était à lui entièrement et déjà son esprit s'offrait sans pouvoir résister. Sans essayer d'ailleurs... Plein d'une intense jubilation, le serpent se jeta contre les souvenirs ainsi sacrifiés.

Le choc fut sans doute rude pour l'elfe confronté d'un seul coup à l'envahissement gourmand du totem affamé de connaissances. Dans la petite seconde que Lorenz mit à maîtriser les assauts du reptile, celui-ci parvint à ingurgiter une quantité effarante de souvenirs pour la plupart sans le moindre intérêt. Enfin fermement maintenu et contrôlé, il siffla avec frustration et se mit à la recherche des souvenirs perdus. L'ancestral évitant soigneusement le presque lien douloureusement présent qui reliait son hôte au premier des dragons. Il se concentra plutôt pour fouiller avec méthode, sans chercher à faire mal mais sans non plus s'arrêter aux souffrances mentales ou physiques qu'il pouvait causer. Il l'avait prévenu après tout, et il ne pouvait faire autrement. On ne fouillait pas dans la tête de quelqu'un sans lui provoquer quelques désagréments.

Combien de temps cela dura-t-il ? Sans doute pas plus de quelques minutes mais c'était difficile d'en être certain. Il s'enfonça de plus en plus profondément, remontant jusqu'aux souvenirs les plus inconscients car refoulés ou trop anciens pour finalement remonter bredouille et perplexe. Néant avait-elle donc tout effacé ? L'esprit humain, vampirique ou elfique était complexe et il aurait pu y passer des millénaires sans en faire le tour bien sur mais une telle quantité de souvenirs aurait dû être plus facile à dénicher... Il sentit l'inquiétude et la souffrance du chanteur mais l'idée d'abandonner ne lui vint pas à l'esprit et il reprit ses recherches avec plus d'intensité, éveillant et secouant sans pitié des dizaines de souvenirs plus ou moins douloureux. Et enfin, il trouva.

Devant cette vision il n'eut pas de mal à comprendre pourquoi il avait eut tant de mal. Le serpent lui-même siffla avec dégoût devant toute cette gangue qui semblait engluer une partie de la mémoire du baptistrel. Elle collait à tout, ternissant même les plus beaux souvenirs et les rendant parfaitement illisibles pour quiconque. Il s'y frotta lui-même par inadvertance et ce fut comme si il avait été piqué par des centaines d'insectes, son esprit s'engourdissant comme sous un puissant sédatif et l'obligeant à se secouer avec fureur pour se débarrasser de cette impression. Aucun doute, c'était là qu'étaient les souvenirs d'Eliow, et ce ne serait pas facile de les libérer. Avait-il la force de s'opposer à un Esprit ? Il allait le savoir immédiatement... Avec assurance et sans même prendre le temps de prévenir le principal concerné, il frappa. Il déploya toute sa force mentale et magique, acharna tant et si bien les flammes de sa rage de vaincre qu'un autre qu'un lié du feu n'aurait sans doute pas survécu. Longtemps il se concentra, détruisant la noirceur qui revenait à chaque fois et y retournant avec une tenacité aussi admirable qu'inquiétante. Ce ne fut que lorsqu'il eut entièrement épuisé toutes les possibilités de cette stratégie qu'il marqua une pause frustrée afin d'observer la façon dont la gangue s'était réinstallée avec méthode sur les souvenirs confisqués et que l'idée lui vint. Elle était moins épaisse sur les souvenirs les plus anciens...

Désormais conscient de ce fait, il pu agir avec plus de méthode. Il concentra son pouvoir sur le souvenir qui lui semblait le plus facile d'accès, brûla la noirceur qui le recouvrait et se retrouva englué dans la scène de la toute première rencontre entre Merithyn, Eliow et Shaynar. Ils le vécurent ensembles et il pu constater avec une féroce satisfaction que l'elfe avait bel et bien de nouveau accès à ce souvenir là. La méthode découverte, il ne lui restait plus qu'à continuer de la même façon et c'est ainsi qu'ils revécurent lentement mais surement toutes les scènes de ce qu'avait été la relation entre l'elfe et le vampire. De plus banales ou plus intimes en passant par les plus douloureuses, il les libéra l'une autre l'autre et les vécu avec patience en sondant avec curiosité les réactions mentales du baptistrel qui redécouvrait ainsi toute une partie de son passé. Cela prit du temps, mais sa patience était infinie dès lors qu'il s'agissait de vaincre un ennemi et ils y parvinrent. Lorsque enfin leurs esprits se séparèrent avec lenteur, la noirceur n'existait plus. Le serpent était rassasié, et l'elfe avait ses souvenirs. Aussi secoués l'un que l'autre, ils s'observèrent intensément avant que le prince vampire ne trouve les bons mots :

"Un premier pas vers la défaite de Néant..."

Une lueur farouche s'alluma dans ses prunelles lorsqu'il sonda magiquement l'eau sombre avec plus d'attention qu'il ne l'avait fait jusque là. Dévoreuse n'était pas facile à localiser lorsqu'on ignorait où elle se trouvait, mais ce n'était plus le cas et à présent qu'il savait où chercher il ne lui était pas difficile de remarquer l'anomalie magique qui déstabilisait la trame. Elle était presque totalement invisible toutefois, masquée par une magie plus puissante qui lui fit froncer les sourcils. Il tourna la tête vers le baptistrel sans prendre compte du fait qu'il était sans doute encore destabilisé :

"Elle est dans une boite... Puissante je crois. Un sort simple de télékinésie pourrait être dangereux. Je vais le lancer, et tu va l'envelopper de ta magie afin qu'il ne soit pas considéré comme agressif. Cela devrait suffire."

Il donnait ses ordres comme à un subalterne, mais c'était sa façon d'être et c'était lui le haut mage non ? D'accord, l'autre l'était aussi mais il était meilleur. Et il ne tenait pas particulièrement à voir une boite mystérieuse lui éclater en plein visage simplement parce qu'il n'avait pas été assez prudent. Il reprit son observation du lieu où la boite était engloutie, laissant ainsi le temps à l'elfe de se remettre et d'éventuellement commenter le retour de ses souvenirs puis il interrogea :

"Prêt ?"
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MessageSujet: Re: La fin d'un monde [PV Lorenz]TERMINE La fin d'un monde [PV Lorenz]TERMINE Icon_minitimeDim 13 Juil 2014 - 9:05


L’attente semblait insupportable. Pire que la pire des tortures. Il voyait balancer son espoir au bout d’une corde, ne tenant plus qu’à un fil, au bon vouloir de Lorenz. Pourtant, il s’y accrochait de toutes ses forces, refusant d’abandonner, regardant le vampire dans les yeux. Si quelqu’un pouvait comprendre, c’était lui. Si quelqu’un pouvait imaginer sa souffrance, c’était lui. Il pouvait refuser, et Merithyn craignait qu’il le fasse. Mais il croyait farouchement à l’inverse. Aussi restait-il immobile face à lui, plongeant son regard dans le sien et le laissant le scruter sans se cacher. Il n’avait rien à cacher, encore moins à quelqu’un qu’il espérait voir entrer dans ses souvenirs. Ce serait complètement idiot après tout de jouer les prudes dans un cas pareil. Mais outre cela, ils avaient déjà échangé tant, vécus certaines choses… Il existait un lien, entre eux, depuis le jour où il avait appris la vérité et offert sa vie en sacrifice. Il avait ouvert les yeux sur Lorenz en cet instant-là, et depuis ? Il ne les avait plus jamais refermés. Il avait vu beaucoup, était témoin de choses intimes, comme les derniers instants d’Enelya, au cœur de la forêt… Il pouvait bien lui confier cela, peu importait le reste, y compris cette promesse lointaine d’affrontement. Rien de cela ne venait le troubler en cet instant, tout reposait sur cette simple certitude, cette confiance. Pourtant l’attente le rendait plus fébrile encore, son cœur battant follement et produisant certainement un concert effarant pour des oreilles pouvant entendre pareil boucan. Quelle serait la réponse ? L’achèverait-il ou tout au contraire, lui offrirait-il la délivrance qu’il demandait ? Une faveur, une simple faveur mais qui signifiait tant à ses yeux.

« Qu’importe » répondit-il du tac au tac, sans la moindre hésitation, ferme et déterminé. Qu’importe que ce ne soit pas agréable, qu’il souffre ou qu’il y perde autre chose en échange. Ces souvenirs étaient son bien le plus précieux, il les chérissait au-delà de tout le reste ou presque. Il l’avait dit, c’était tout ce qu’il lui restait d’Eliow et pour les retrouver, il était prêt à tout. Ces souvenirs étaient un baume, un réconfort, comme l’était la présence de Shaynar. Ils étaient le moteur de beaucoup de ses décisions, même lorsqu’il les avait perdus. Ils étaient ce à quoi il se raccrochait d’habitude, ce qui l’avait poussé en avant… Et il les retrouverait, coûte que coûte. Si cela devait être désagréable et douloureux alors soit, il supporterait sans rechigner. Rien ne le ferait changer d’avis, rien ne le ferait reculer. Cette décision était, sans aucun doute, scellée dans la pierre la plus impénétrable. Il avait de toute façon imaginé en avance que cela ne serait pas confortable. Il avait demandé cette faveur en tout état de cause. Pourtant, de voir Lorenz le prévenir ainsi le toucha remarquablement. Cette preuve d’attention, quoi qu’elle fut d’autre au demeurant, restait une découverte proprement merveilleuse. Optimiste, lui ? Pour certaines choses sans doute, pour d’autres… enfin, ça n’avait plus d’importance. Le soulagement, allié à cette observation, apaisèrent un instant son être et il ne manqua pas de soupirer discrètement, son cœur se serrant de reconnaissance et son corps se détendant sensiblement. Même si cela était douloureux, il serait très certainement aux mains d’un individu parfaitement capable, et décidé. Il ne lui en fallait pas davantage.

Il le regarda approcher sans frémir, sans bouger, parfaitement en confiance et leva la tête de plus en plus, lentement, jusqu’à sentir sa nuque tirailler un peu. Lorenz n’était pas particulièrement grand, loin d’être un géant même, mais il l’était toujours plus que lui, comme à peu près n’importe qui en Armanda d’ailleurs tant lui-même était petit. De près, le calme qu’il dégageait comme une aura était plus palpable encore, les vibrations curieusement harmonieuses titillant son ouïe délicate au possible. De nouveau, il accrocha son regard, ou plutôt se laissa accrocher, prunelles grises comme des perles contre prunelles grises comme le métal, reliées par un fil intense et impalpable, dont la force ne pouvait pourtant être niée… Deux regards en miroirs, singulièrement soudés, sans que la moindre parole ne vienne les troubler. Il n’y en avait plus besoin, ce n’était plus l’heure pour cela. Il n’y avait pas besoin de parole dans l’univers qui s’ouvrait à lui insidieusement. Il était conscient, de façon lointaine, de la température qui augmentait rapidement, atteignant l’invivable pour tout autre créature mortelle qu’eux dans ces cavernes. Mais il n’en avait cure, ce n’était qu’une information totalement anodine en cet instant, d’autant qu’il ne souffrait pas de cette chaleur. Son esprit et son attention toutes entières étaient tournées vers les yeux du vampire, dont la couleur changeait également, en parfaite harmonie avec la chaleur. Ce n’était pourtant pas la couleur qui occupait son esprit. C’était une étrange fascination, un engourdissement, alors qu’il sentait son esprit s’ouvrir comme une corolle de fleur, sans résistance aucune. En dehors de Shaynar, il n’avait jamais expérimenté l’entrée d’une conscience dans la sienne de cette façon…

Le choc fut effectivement douloureux, plus qu’il ne l’aurait pensé, et il se trouva complètement déboussolé. Pourtant, il n’émit aucune plainte, subissant sans rechigner. Pas sans broncher, car la douleur et la perte de repères étaient bien présentes. La sensation, la connaissance du serpent, prédateur de ses souvenirs, était même effrayante. Il ne pouvait le nier. Pour autant, il ne chercha pas à combattre, ni à résister, s’accrochant à la confiance qu’il portait au vampire. Cela ne dura qu’une seconde, mais elle sembla absolument effarante et unique… dans le mauvais sens du terme. Tremblant, conscient de trembler, mais plongé au cœur de cette lutte interne, il ne bougea pas. Des souvenirs sans importances lui avaient été pris, mais ceux-là n’étaient rien et ils valaient bien de retrouver ceux concernant Eliow. Il ne chercha pas à savoir desquels il s’agissait, laissant sa mémoire au soin du vampire. Il ne fit rien, restant parfaitement docile, craignant que d’essayer de l’aider d’une quelconque manière ne ferait que rendre les choses plus difficiles. Stoïque, il attendit, perdant toute notion de physique, de temps ou d’espace, dans cette recherche dont il était l’objet et le commanditaire. Il avait la terrible conscience du travail effectué, de la recherche qui remontait lentement, mais n’avait aucune prise dessus, se devant de laisser faire, d’attendre, malgré les souffrances et le manque d’aise. Mais en le sentant finalement revenir vers la ‘surface’ sans avoir rien trouvé, il ne put s’empêcher de s’agiter. Savoir qu’il ne trouvait rien, même avec ses moyens, le désespérait. Cette constatation était un sel dans les plaies de son cœur, faisant ressurgir son inquiétude et sa douleur, son angoisse.

Pourtant Lorenz ne s’avouait pas vaincu, l’empêchant de sombrer et il serra les dents en acceptant la souffrance et le chaos de souvenirs qu’il revivait plus ou moins au passage du vampire sans rien dire. Qu’importe avait-il dit plus tôt. Il y tenait. L’intensité de la recherche troubla plus encore ses sens, l’éloignant du monde matériel. Le vampire était son fil conducteur vers ce qui se passait, et il tentait de suivre sa progression avec plus ou moins de facilité, complètement novice dans cet art. Jamais encore il n’avait vécu pareille expérience et sans aucun doute ne voudrait-il plus jamais recommencer. Mais cela en valait la peine. Puis, finalement, la délivrance fut là… A ce point de l’opération, tout lui semblait si embrouillé qu’il ne comprenait plus grand-chose. Puis au premier coup, il se fit l’effet d’une cloche, complètement sonné, ou d’une nuée d’étourneaux effrayés, se cognant dans son propre crâne sans parvenir à se repérer. Le feu ne lui faisait pas de mal, mais la force du combat et son intensité à un niveau où il était si vulnérable lui ôtait toute prise et toute possibilité autre que celle de supporter comme il savait si bien le faire. Dans les accalmies, il tentait de sortir la tête ‘hors de l’eau’ pour retrouver un minimum de cohésion intérieur avant d’être de nouveau transformé en gong. Au bout d’un moment, lorsque la pause ne fut pas un simple instant de répit mais bien un arrêt dans l’attaque que portait Lorenz, il parvint à s’y retrouver enfin et examina ce qu’il se passait avec effarement. Le premier souvenir le happa comme une eau chaude et douce, et il se trouva à le revivre en compagnie du prince. Il l’avait vu au travers des yeux de Shaynar, de ses sens, mais ce n’était pas du tout la même chose… c’était…

C’était bien plus intense, bien plus puissant, à tout point de vue. Les sentiments affluèrent comme le torrent d’une rivière, ceux présents dans le souvenir mais également l’immense soulagement de voir la souffrance s’arrêter enfin. Oh il avait encore mal de l’intrusion du serpent, mais ce n’était rien comparé à ce qu’il avait enduré de savoir sa mémoire mise en pièce. Là, devant ses yeux, se jouaient les scènes qui lui étaient précieuses au-delà des mots… Soudain, le visage d’Eliow n’était plus celui d’un inconnu, et son cœur, au fil des visions, se gonflait d’un amour éperdu, immense, tellement puissant qu’il lui semblait impossible qu’on le lui ait arraché. Même un esprit ne pouvait lui enlever cela, semblait-il soudain. Mais cela ne comptait pas. Rien d’autre ne comptait que le sentiment de plénitude, de bonheur et d’appartenance exclusive qui venait avec le regard de son vampire. Soudain, Lorenz pourtant bien présent, intrus en ce lieu, était totalement occulté. Il n’y avait plus qu’Eliow. Son vampire seul comptait. Fascination, émerveillement, affection intemporelle, impérissable malgré la mort, joie sans limite même devant les souvenirs tristes… Il absorbait chaque scène, mémoire, comme un assoiffé, désespérément, pour les refaire siens, et chaque sentiment, chaque vision, venait nourrir un brasier qui grandissait lentement mais sûrement au fond de lui-même. Il chérissait ces souvenirs comme de précieux trésors, revivant chaque scène avec l’intensité du premier jour démultiplié par son état d’esprit. Il était là, bien présent, semblant presque revenir à la vie tant il semblait radieux, rayonnant pour lui. Des yeux d’amoureux naïfs et innocents, vierge de tout le reste. La plus belle chose qui lui était arrivée dans son existence de piètre mortel…

La radiance en lui sembla occulter absolument tout le reste. La noirceur disparue, ils se séparèrent, l’elfe toujours plongé dans le flot de ce qu’il venait de redécouvrir, ayant du mal à revenir à la réalité. Lorsqu’enfin il le fit, entendant à peine les paroles du vampire, il se rendit compte que ses joues, pour la première fois depuis longtemps, étaient mouillées de larmes. Portant une main tremblante à l’une d’elle, il effaça légèrement les traits humides et se reprit, aveugle à la lueur qu’il dégageait et qui exsudait la pureté de son sentiment comme une lanterne. Secoué, il se rendit compte qu’il observait toujours le vampire avec intensité mais ne détourna pas le regard. L’elfe hocha la tête lentement. Oui… un premier pas. Inspirant profondément, il se reposa à demi sur la pierre un bref instant. Tout cela faisait beaucoup en une fois, il avait besoin d’un moment pour se remettre… et pourtant, il enchaînait déjà. Il ferma finalement les yeux, les réouvrit, faisant le point, s’habituant lentement à ce verrou levé et à la lumière subite alentours. Il hocha à nouveau la tête aux instructions, n’y voyant rien à y redire. Il ne s’offusquait nullement de recevoir des ordres surtout en pareille circonstances. Bien au contraire, chamboulé comme il était, il préférait autant que quelqu’un le guide. Se redressant pleinement, il fit un pas vers l’eau, l’observant à nouveau et, avant qu’il ne se décide, souffla doucement un « merci » aussi sincère que bas. Cependant, il ne commenta pas plus avant. Il lui faudrait certainement un peu de temps avant que le tourbillon qu’il avait ressenti ne se calme complètement. En attendant, l’adrénaline allait vers autre chose : la destruction de Dévoreuse.

« Prêt » répondit-il finalement. Appelant sa magie, il émit une série de notes à fréquences différentes, puis, se tenant sur le qui-vive, enroba légèrement le vampire de ces vibrations, afin que, lorsque le sort partirait, il ressemble à une flèche passée à l’eau, imbibé de la magie baptistrale. Lorsqu’il partit enfin, l’elfe se tendit un instant, dans l’attente… et ne put cacher un sourire en voyant la boite jaillir bientôt des eaux, sans sembler réagir à la pêche dont elle était l’objet. Curieux, il l’observa attentivement, alors que le vampire la récupérait, puis fronça légèrement les sourcils. « Elle a été offerte par l’esprit de la mort, pour contenir le pouvoir de la chevalière entre autre je pense. Tant qu’elle est là-dedans, elle est plus ou moins sans danger. Mais elle ne nous servira pas à grand-chose comme ça » Si on ne pouvait user de son pouvoir, alors ils ne pouvaient libérer Lorenz de sa malédiction. Fort heureusement, il n’aurait pas à la forcer ou quoi que ce soit d’autre. D’une bourse à sa ceinture, il produisit une clef, petite et anodine d’apparence. « La princesse m’a confié ceci » Et il la tendit au vampire sans le quitter des yeux. C’était certainement le second instant important de cette journée… la révélation. Est-ce que tout allait bien se passer ? Est-ce que Lorenz s’en tiendrait à ce qui avait été décidé ? Il le croyait dur comme fer et encore plus après l’expérience qu’il venait de vivre. Avec un frisson, il croisa les bras et attendit qu’il ouvre la boite pour contempler ce qu’il y avait à l’intérieur, curieux de voir ce qui pouvait provoquer tant de dégâts de visu. « Ainsi…. C’est elle… » Il fronça un instant les sourcils, puis revint à Lorenz, chassant le malaise et la mauvaise impression qu’il ressentait à cause des effets de la chevalière. A peine ouverte, à peine visible, mais déjà beaucoup trop dangereuse. Il comprenait pourquoi Shaynar se hérissait à sa pensée, alors la ceindre…

Il recula sensiblement, lentement, pour éviter de se trouver trop près de l’objet. « C’est le bon moment » Mais peut-être pas le bon endroit ? Paranoïaque d’un seul coup, il regarda les environs mais ne décela rien d’anormal.
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MessageSujet: Re: La fin d'un monde [PV Lorenz]TERMINE La fin d'un monde [PV Lorenz]TERMINE Icon_minitimeDim 13 Juil 2014 - 13:36

Il ressentait le soulagement et le profond bonheur de l'elfe sans même avoir besoin de le regarder. Cette expérience avait été des plus étranges, elle était même carrément dérangeante à ses yeux car elle lui avait prouvé ce qu'il refusait de voir depuis toujours. Il n'était pas le seul à savoir aimer entièrement et sans la moindre barrière, il n'avait pas l'exclusivité de ce genre de folie. Ce qu'il avait ressentit pour Enelya, ce qu'il ressentait pour Ambre, Merithyn le ressentait pour Eliow. Difficile après cela de justifier et légitimer parfaitement sa certitude du bien fondé de ses désirs de vengeance. Il avait cru pouvoir tout détruire parce que rien au monde n'égalait la souffrance qu'il ressentait, et il s'apercevait à présent que c'était faux. Empli d'un étrange malaise, il se détourna plus encore afin de ne pas croiser le regard de l'autre lorsqu'il le remercia. Rien n'était plus désagréable et terrifiant que de sentir ses plus intimes convictions s'effriter de plus en plus. En particulier lorsqu'on avait bâti toute sa non-vie dessus... Sans sa vengeance, qu'était-il ? Quel chemin suivre ? A quoi pourrait-il continuer à croire ? Il avait les raisons valables à présent pour y renoncer, mais il n'en avait pas la force.

Une infinie détresse traversa son âme, effleurant la déchirure mal refermée que même les pouvoirs du baptistrel n'avait pu soigner tout à fait. Peut-être était-elle la raison de ses doutes de plus en plus fréquents à présent. Peut-être l'avait-elle changé si profondément qu'il ne se retrouvait plus lui-même... Ou peut-être se retrouvait-il justement. C'était une mauvaise chose, car ce qu'il retrouvait n'était alors plus que le vide. L'elfe Lorenz Wintel était mort, vidé de toute sa substance et horriblement mutilé à la fois par ce qu'on lui avait fait et par ce qu'il s'était fait lui-même. Le prince noir quand à lui ne savait plus vers où ou vers qui tourner ses rancoeurs. Si il n'était la haine, alors il n'était plus rien. Et il s'y refusait, c'était bien trop douloureux.

L'instant de doute s'envola comme une brindille balayée par un vent glacial et il se décida à envelopper à nouveau l'elfe dans le brasier de son regard. Il était trop intuitif et trop lié à lui pour ne pas avoir ressentit ce flottement, mais l'ancestral ne lui laisserait pas la joie de s'imaginer une seule seconde que les choses pouvaient changer. Il n'y avait rien, plus rien et moins encore derrière le masque du prince noir. Aussi devrait-il apprendre à s'en contenter et à perdre tout espoir. L'avenir devant lui était sombre, violent, douloureux. Simplement parce qu'il n'était que destruction, il l'avait toujours été. Comment imaginer que la douce humaine qui atténuait tout ceci pourrait résister bien longtemps à une telle noirceur ? Il pouvait se voiler la face et rêver doucement à un avenir serein pour eux deux, au fond de lui il savait parfaitement où s'arrêterait le sien. Dans un bain sanglant qui noierait son amertume et qui le noierait certainement tout entier d'ailleurs. La fin de l'épopée grotesque de ce que fut sa vie. La fin d'une bien sinistre farce dont il faisait les frais. Un demi sourire amer et narquois fit frémir ses lèvres à cette pensée. On se souviendrait de la façon dont il s'était moqué cruellement du monde entier, mais on ignorerait toujours à quel point il avait pu se moquer de lui-même. Un seul s'en souviendrait sans doute, si il était encore là pour le faire. Et c'était lui que le prince noir fixait avec une intensité douloureuse.

« Prêt »

Il cligna des paupières lentement, chassant les brumes du dépit que la contemplation de son existence lui inspirait. Tout ceci n'avait aucune importance, il ne pouvait que se laisser porter dans le flot de tout ces événements et y réagir comme il savait le faire, en faisant payer au centuple leur insolence à ceux qui avait la plus petite part de responsabilité dans tout cela. Au moins ne serait-il pas dit qu'il n'avait pas laissé son empreinte dans l'histoire du continent. Cela aussi, on s'en souviendrait. Et l'idée lui plaisait.

Il sentit la magie du baptistrel entourer la sienne, se hérissant à ce contact sans pour autant s'y refuser. Lorsqu'il fut bien certain que ses intentions magiques étaient bien masquées, il lança son sort. La trame réagit aussitot, et la boite émergea rapidement afin de filer vers eux sans tarder. Les mains tendues, le vampire la réceptionna avec méfiance en sondant instinctivement l'enveloppe magique surpuissante qu'il ressentait. Cette... Chose, possédait plus de pouvoir à elle seule que lui-même ne pouvait en puiser dans la trame ! Simplement parce qu'elle était la création d'un Esprit d'après ce que disait le chanteur ? Voilà qui était plus que vexant...

« La princesse m’a confié ceci »

Il se saisit de la petit clé, les sourcils froncés sur sa réflexion. Une chance pour eux qu'ils la possèdent car il était à peu près certain que leur puissance conjuguée n'aurait pas suffit à ouvrir le coffre. Peut-être même ne se seraient-ils pas sortis vivants d'un tel affrontement, ce qui aurait donné une fin sans véritable panache à leur deux existences ! A la place, il pu insérer l'objet dans le verrou de banale apparence et s'immobiliser avant de la tourner, hésitant soudain. Les deux compères du moment s'observèrent en silence, conscients de l'importance de ce moment et de toutes les catastrophes qui pourraient leur tomber sur la tête suite à cela. Dévoreuse était un objet bien noir, et plus que puissant. N'allait-elle pas les détruire tous les deux plutôt que le contraire ? Et d'ailleurs, allaient-ils seulement tenter de la détruire ? Il avait une promesse à ce sujet, mais il en avait déjà rompu bien d'autres... Pouvait-il l'utiliser pour ses projets ? Et surtout, le devait-il ?

Il n'avait pas la réponse à cette question, il ne l'aurait pas avant d'être confronté au mortel instant où il devrait prendre sa décision. La remettant à l'instant suivant, il tourna la clé. Le couvercle ne résista pas plus longtemps, laissant apparaître son terrible et pourtant si petit contenu. Sombre et minuscule objet aux insolents pouvoirs, l'ancestral ne pu s'empêcher de grimacer losqu'il sentit sa magie refluer en désordre, complétement perturbée par ce morceau de néant. Pouvait-il seulement hésiter face à une telle abomination ? Les effets s'estomperaient si il la passait à son doigt, il retrouverait sa magie ainsi qu'une autre forme de pouvoir, tout ceci il ne l'ignorait pas puisqu'il l'avait lu dans le grimoire. Malgré tout, il ne pouvait se laisser aller à tolérer l'existence d'une telle chose en ce monde. Elle n'y avait tout simplement pas sa place, même un être tel que lui pouvait comprendre cela. Ou peut-être surtout un être tel que lui...

"Ne recule pas. Pas maintenant."

Le mouvement lent de son compagnon ne lui avait pas échappé. Oh il ne comptait pas fuir, non sans doute pas. Mais il ne pouvait pas non plus rester sur place et ne rien faire, il avait le devoir d'avancer, de se jeter tout droit dans ce glauque pouvoir quitte à y être aspiré. C'était un acte extrêmement difficile que l'ancestral exigeait là, quelque chose de répugnant et de terriblement effrayant, mais c'était aussi indispensable. Savoir sa délivrance toute proche rendait parfaitement insupportable la morsure de la malédiction, comme si celle-ci s'éveillait plus violemment encore à présent qu'elle se sentait en danger. La marque le brûlait terriblement, ce n'était sans doute que psychologique mais il ne tolérerait pas de la subir plus longtemps. Il avait porté le poids de ce châtiment bien assez longtemps, et il s'en sentait usé jusqu'à la corde. Il savait désormais qu'il serait incapable de la porter plus longtemps, pas après avoir ressentit un tel espoir. Pas après avoir été tout proche du soulagement. La douleur avait cela de terrible qu'elle devenait encore plus intolérable lorsqu'on savait pouvoir s'en délivrer. Sans s'emparer de la bague, il tendit fiévreusement le coffre à l'elfe :

"J'ai assez payé"

Et ils savaient tous les deux que c'était vrai, quoi que puisse en dire la plupart des gens. Lui, Achroma en étant son ombre et Merithyn en le soignant avaient été les seuls à ressentir les affres de la malédiction. Eux seuls pouvaient se rendre compte de ce qu'elle était, de ce que pouvait-être la douleur la plus parfaite et la plus insidieuse de ce monde. Si on ne le délivrait pas ici et maintenant, il deviendrait fou. Et le monde en tremblerait.

"Tu dois la mettre, sans te laisser corrompre par elle. Aspirer ce mal en moi et t'arrêter au bon moment. Tu sauras."

C'était lui qui avait reculé cette fois, laissant le baptistrel seul détenteur du coffret. Il savait depuis longtemps que les choses devraient se dérouler ainsi, mais il s'apercevait à présent que c'était plus facile que ce qu'il avait cru. Il n'avait plus le contrôle de la situation à présent, il avait confié sa vie à un autre que lui pour la toute première fois de ses deux existences. Choix difficile que celui-ci, mais l'autre choix aurait consisté à passer lui-même la chevalière à son doigt en sachant qu'il ne la retirerait plus. En fait non, il n'avait pas eux le choix quand il y pensait. Prudent malgré tout, il prévint :

"Si je meurs, tu n'auras pas la force de la détruire à toi seul. Prend soin de ma non-vie, chanteur."

Et il attendit le choc, fixant patiemment l'elfe qui fixait lui-même l'objet de leur dégout. Ce serait sans doute atroce pour l'un comme pour l'autre, mais quelque soit l'issue de tout ceci Lorenz n'aurait plus à subir les affres de sa malédiction. Cette simple promesse apaisait son âme.
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MessageSujet: Re: La fin d'un monde [PV Lorenz]TERMINE La fin d'un monde [PV Lorenz]TERMINE Icon_minitimeDim 13 Juil 2014 - 19:24


Les évènements de cette journée resteraient gravés dans sa mémoire pour le restant de ses jours. Du plus grand évènement au plus infime détail. Il se souviendrait de tout, et avec autant d’intensité qu’au premier jour. Quelques instants plus tôt, il retrouvait ses souvenirs si précieux grâce à la force du totem serpent et c’était comme s’il avait pu toucher, caresser de son aimé qui semblait alors reprendre vie sous ses yeux. A présent, l’instant n’était cependant plus à la joie ou l’allégresse. L’instant était grave, terrible même de solennité. La cangue de la fatalité pesant lourdement sur lui. Figé sur place, il n’alla pas plus loin, autant en raison des mots du vampire que de sa propre décision… Il n’allait pas fuir non, il n’en avait pas eu l’intention. Mais cette chose, cet artefact, le rendait proprement malade. Elle était terrible, mauvaise et malicieuse… il le sentait dans la chape qui faisait vaciller la magie autant que dans sa simple présence une fois la boite offerte par Mort ouverte. Il ne se sentait pas bien à être simplement proche de l’objet. Poser les yeux dessus était un supplice. Il ne la désirait nullement et se repentait de toute idée qu’il ait jamais formé de la prendre pour empêcher Lorenz de faire une bêtise avec. Il se repentait même du projet de la détruire, tant rester à côté d’elle lui était une douleur. Cette chose était pétrie de beaucoup de sentiments, de néant mais également de la volonté de nuire, à la magie, aux êtres… Le regard qui reposa sur la boite était celui du dégoût absolu. Mais il ne recula pas davantage, se forçant à rester sur place. Non c’était vrai, il ne pouvait reculer, il n’en avait pas le droit quand bien même l’envie de fuir à toutes jambes le saisissait. Inspirant profondément, il ne répondit pas, mais puisa une fois de plus dans l’idée de rendre à Néant la monnaie de sa pièce, l’idée également de libérer Lorenz…

La simple pensée de devoir approcher de la chevalière lui retournait l’estomac au point d’en avoir envie de vomir et d’avoir la tête légère. La perturbation qu’elle provoquait le touchait de plein fouet. Néanmoins, il avait un devoir à accomplir, une promesse à remplir. Et sa détermination revint à la charge en sentant malgré tout la souffrance que Lorenz endurait même en cet instant, plus encore en cet instant… Que ce serait-il passé, si le vampire avait refusé de l’aider ? Qu’il ait vu l’espoir miroiter un instant avant de le laisser dans le noir ? Non il ne pouvait lui infliger cela, sachant que ce qu’il vivait était bien pire encore. Il prit le coffret sans protester, lorsque son compère de crime le lui tendit, les mains tremblant légèrement. « Oui » souffla-t-il, comme pour concrétiser encore davantage l’affirmation du vampire. Oui il avait bien assez payé, et ils le savaient. Il était grand temps que cela cesse. Quand bien même Shaynar pouvait dire le contraire, et malgré le respect qu’il avait de son opinion, il ne voulait et ne pouvait le laisser ainsi. Il avait sentis ce que c’était. Et cette douleur-là était tout aussi ignoble que la chevalière contenue dans la boite. Il y avait cependant une grande différence. Lentement, il baissa les yeux sur le coffret, l’observant attentivement. Il devait la mettre. L’idée était révoltante, et pourtant il le fallait. L’énormité totale de la chose le frappa soudain, non seulement au sujet de Dévoreuse, mais également du vampire et ce qui avait semblait si lointain auparavant était à présent bien réel. Il avait la vie du vampire entre ses mains… sans doute pas la première fois, il l’avait aidé par le passé, mais pas de la même façon. Auparavant, il ne la lui avait pas remise, et les choses n’avaient, stupidement, pas semblés aussi dramatiques qu’en cet instant et c’était pourtant beaucoup dire.

Un long moment, il resta silencieux, observant la boite, incapable de s’y résoudre, tentant de se faire à l’idée. Shaynar n’aimait pas ça, lui non plus… pourtant, au bout de ce qui sembla être une éternité à ses propres sens, il releva la tête et ouvrit la boîte. Il sentit immédiatement sa magie vaciller, brouillée, son lien avec Shaynar rendu muet, le terrifiant un bref instant avant qu’il ne se force à raisonner logiquement. C’était un des pouvoirs de l’artefact, c’était normal sur le moment. A l’instant où le lien vacillait, dans l’infime battement de cœur avant que la sensation de sa présence ne disparaisse, il transmit à Shaynar toute l’affection qu’il avait pour lui, tout ce qu’il pouvait, pour essayer de l’assurer… ce n’était qu’un petit moment, puis ils se retrouveraient. Inspirant finalement profondément, il parvint à articuler, sa voix semblant faible et frêle en raison de la présence de Dévoreuse. « Vous ne mourrez pas… et pas simplement parce que sans vous je ne pourrais la détruire » Il n’avait pas l’intention de le tuer. Pas du tout même. Souriant en essayant de paraître calme, il ajouta. « J’ai promis, non ? » Et, lentement, il glissa les mains dans le coffret, les déposants sur le métal qui lui semblait glacé comme une neige de montagne. Malgré son feu, il trembla en la retirant de sa cache pour l’observer dans la luminosité ambiante, jugulant de son mieux ce qu’elle lui inspirait…. Et la passa à son doigt, sur la main droite. A cet instant précis, il ne ressentit plus aucun dégoût ni aucune peur, au contraire. La sensation de la chevalière et son pouvoir était une pure extase qui le fit flotter sur un nuage d’adrénaline pendant un moment. Il avait l’impression, d’un seul coup, d’être totalement invincible, de pouvoir faire n’importe quoi…

Le cœur battant, les pupilles se dilatant légèrement, il observa l’objet. Il se sentait anormalement fort, et un instant, il eut un large sourire de satisfaction et de pur délice. Figé sur place, penché légèrement en avant, il observait fixement le jeu de chiche lumière sur la bague, sa propre radiance prenant une teinte vaguement pourpre, comme un crépuscule étrange. Il était ivre de cette sensation si agréable, si puissante qu’elle le noyait totalement. Invincible… il aurait pu tout faire avec cela ! C’était délicieux. Plus de fatigue, de souffrance, libre de tout… Pourtant, à mesure qu’il dévorait le ressenti apporté par la chevalière, un doute fit jour au fond de son esprit. Alors même qu’il observait la chevalière en la pensant déjà sienne, le sentiment de dégoût qu’il avait ressenti en tout premier lieu revint à la charge avec plus de puissance encore et il grimaça, plaquant la main qui ne portait pas Dévoreuse sur sa bouche en serrant les dents sous le spasme nauséeux qui lui vint. Inspirant par rasade, il concentra toute sa force mentale, sa volonté et sa détermination pour repousser l’influence de Dévoreuse et se concentrer sur sa tâche première. A présent, il comprenait parfaitement Alderick Kohan…. « Pardon… Pardonnez-moi, je suis désolé » Désolé de ce qu’il allait lui faire subir, parce qu’il le savait par avance à présent. Manquant hyper ventiler, il pointa la chevalière de Néant vers Lorenz, lui offrant en pâture la puissance noire de la malédiction des dragons. Il ressentit le choc, mais ce n’était qu’un vague fourmillement alors que la douleur devait être absolument intolérable pour le vampire. Pourtant, il n’alla pas plus vite pour autant. Il ne fallait être ni lent ni rapide, mais il fallait ôter absolument toute trace de cette malédiction. Il sentit la puissance aspirée lui venir, se mettre à son service, lui qui portait l’artefact gourmand et la sensation de puissance faillit de nouveau le consumer.

Pourtant il ne céda pas, s’ancrant dans la réalité de la souffrance du vampire, se maudissant intérieurement et s’excusant pour cette souffrance supplémentaire qu’il ne pouvait arrêter. Par office, par magie, il était lié à l’ordre, il souffrait avec les êtres en souffrance. Provoquer pareille chose menaçait de le rendre complètement fou. Il brûlait de cesser, de jeter Dévoreuse, de trouver un autre moyen, d’apaiser ce que ressentait le vampire… mais il n’y avait pas d’autre moyen. Il se devait de continuer. C’était immonde… la malédiction s’était insinué si loin en lui, si profondément, qu’il avait peur de ne pouvoir le garder en vie, ou du moins sain d’esprit. Se mordant la lèvre jusqu’au sang, il se força pourtant à ne pas bouger, à continuer d’offrir sa proie à Dévoreuse qui s’en repaissait avec un enthousiasme proprement alarmant. Lui-même se gorgeait de puissance, se sentait devenir bien plus fort encore… c’était cela, la puissance de la malédiction ? Elle le terrifiait et il n’imaginait même pas en faire usage, n’imaginait même pas comment Lorenz en avait fait usage. Et après ce qui lui sembla être des heures, il sentit instinctivement que le supplice arrivait à son terme, enfin. Il laissa l’objet aspirer les dernières infimes gouttes de pouvoir, de malédiction, puis la sentit diriger son attention sur le reste du vampire. Paniquant, il sembla pendant un bref instant qu’il allait être incapable de ne pas le tuer complètement. Et une fois encore, il parvint à la force de sa volonté à l’empêcher. Il ne voulait pas de mal à Lorenz, il voulait l’aider, il avait juré de l’aider… Il lui avait remis sa vie, lui avait fait confiance plus qu’à n’importe quel autre. Il était hors de question qu’une pacotille de ce genre, forgée par Néant ou non, fasse plus de mal encore à son… son ? Secouant la tête, tremblant, il grinça des dents. « Assez… » A cet instant précis, il se rendit compte qu’il était tellement répugné par l’objet qu’il ne ressentait plus ses effets trompeurs et surtout, qu’il ne le laisserait jamais plus le berner de la moindre façon. Une pacotille d’un esprit de pacotille voilà de quoi il s’agissait, l’invention d’une entité malade de tout…

Avec un regard de ce qui ressemblait à du mépris pour l’objet, il le retira et le reposa à l’intérieur de la boite, faisant claquer le couvercle. Lorenz n’avait pas en plus besoin de ressentir ses effets pervers tout de suite après son épreuve. Qu’il se remettre d’abord. Muet, il resta un instant encore debout, figé, puis serra la boite dans ses bras et osa enfin le regarder….
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MessageSujet: Re: La fin d'un monde [PV Lorenz]TERMINE La fin d'un monde [PV Lorenz]TERMINE Icon_minitimeLun 14 Juil 2014 - 0:10

La douleur pulsait insolemment dans sa tête, mais il ne pressa pas l'elfe pour autant. Il respectait son silence, sachant l'énormité de ce qu'il exigeait de lui et confiant dans le fait qu'il ne se déroberait pas. Le pacte entre eux était signé avec autant de puissance que si il l'avait été par la magie et par le sang. Peu importait le temps qu'il lui faudrait pour se sentir prêt, et peu importait si il ne l'était jamais. Il ferait ce qu'il avait promit, parce que c'était ainsi que les choses devaient se passer. C'est ensembles qu'ils observèrent l'artefact et ensemble qu'ils sentirent leurs pouvoirs s'étioler. Un même dégoût s'empara de chacun d'entre eux, mais la même résolution brillait dans leurs prunelles. Ils ne poursuivaient peut-être pas toujours les mêmes objectifs, mais à cet instant ils étaient plus qu'alliés. Ils défendaient la même cause.

L'ancestral ne détachait pas son regard de la chevalière, mais il n'avait pas besoin de voir l'elfe pour savoir à quel point il devait être mal à l'aise. Il ne ressentait plus la proximité du lien que celui-ci partageait avec le dragon noir, celui-ci avait été comme balayé par la puissance de la bague. Cela aurait dû le soulager, de même que l'atténuation soudaine des effets de la malédiction mais rien ne pouvait compenser l'écoeurement que cette vision provoquait en lui. Quelque soit la puissance qu'elle pouvait offrir, il n'aurait pas aimé avoir à la passer à son doigt. C'était pourtant ce que l'elfe allait faire, et il était prêt comme le témoigner ce qu'il venait de dire. Son assurance n'était que de façade, mais il était apparemment bien décidé à réussir. L'ancestral salua sa résolution d'un bref signe de tête satisfait et raffermit sa position lorsque son interlocuteur esquissa enfin le geste attendu. Cette fois ça y était...

Il s'attendait à ressentir quelque chose mais en fait ce ne fut pas le cas. Il eut simplement la vision d'un elfe désormais riche d'un nouveau bijou particulièrement immonde. Sa magie demeurait complétement perturbée, son totem baillonné. Rien de nouveau donc, et ça le mettait toujours aussi mal à l'aise. Il ne supportait pas de se sentir désarmé mais il avait su dès le début que cela arriverait. Ce qu'il vit changer par contre ce fut le regard de Shadowsong, une lueur d'extase s'était allumée dans ses prunelles et il ne pu s'empêcher de faire un pas en arrière, se mettant instinctivement sur ses gardes. Il jouait avec le feu en se mettant dans une telle situation, il n'ignorait pas à quel point la chevalière pouvait corrompre son porteur et malgré la confiance qu'il plaçait en ce lui là il ne pouvait réprimer la naturelle prudence qui faisait partie de son être. D'autant plus qu'un large sourire s'épanouissait à présent sur le visage lui faisant face, un sourire malsain d'autant plus dérangeant qu'il n'était pas du tout à sa place sur les traits du baptistrel...

Mais celui-ci s'effaça aussi vite qu'il était venu et la tension du vampire s'éloigna à son tour. Etrange comme on se sentait détendu lorsqu'on décidait d'abandonner le cours du destin à un autre que soit-même... Comme dans une mauvaise pièce, il vit l'artefact se pointer vers lui en tremblotant et une lueur d'agacement s'alluma dans son regard lorsque l'autre s'excusa. Il lui avait demandé de le faire non ? Il n'avait donc aucune raison de s'excuser, et en aurait-il eu le temps qu'il le lui aurait dit vertement. Mais il était déjà trop tard, et au final il s'apercevait que les excuses étaient bien légitimes. Dracos, il le tuerait pour cette douleur infligée !

Il ressentait distinctement le flot sombre qui s'échappait de lui, déchirant son organisme et ses sens magiques au passage. La malédiction s'était profondément ancrée en lui, déployant ses tentacules partout dans son âme et dans son corps. L'arracher c'était comme déchirer en même temps une partie de lui-même, comme retirer une lame planté au coeur d'une terrible plaie. Il savait que ça le soulagerait à terme, mais pour le moment il voulait simplement que ça finisse. Qu'importait la façon, il fallait que ça s'arrête, il en avait par dessus la tête de déguster aussi férocement tous les quatre matins. Cela commençait à bien faire.

Il haletait malgré que ses poumons n'aient pas besoin d'air, cherchant un soulagement qui ne venait pas. Il avait résisté à la douleur avec sa hargne coutumière dans les premières minutes mais avait fini par s'affaisser lentement jusqu'à pouvoir se retenir au sol d'une main et d'un genou, preuve que l'artefact était bel et bien capable de vaincre n'importe quel mage. Non pas qu'il résistait vraiment, il combattait la douleur mais pas les effets en eux-même malgré la difficulté de ce lâché prise. Pendant un temps interminable, il dû subir la poigne intraitable de la chevalière et à chaque instant il craignit de ne pouvoir s'en remettre. Il sentait la malédiction faiblir, savait qu'elle était malgré tout encore là et ne pouvait s'empêcher de trembler à l'idée que l'elfe ne puisse s'arrêter. Il y avait bien des façons de mourir, mais celle là serait décidément bien trop atroce. Dommage qu'il ne puisse plus revenir en arrière...

Cela dura encore, et encore. La malédiction cédait de plus en plus de terrain, s'effaçant presque entièrement et aggravant son inquiétude de voir l'elfe aller trop loin. Lui avait eu eu entièrement confiance en lui, il s'était livré sans réelle peur et plutôt avec beaucoup d'espoir. Mais Lorenz était différent, faire confiance était un concept qu'il maîtrisait fort mal, qu'il commençait à peine à appréhender. Au fond de lui il savait que Shadowsong n'irait pas jusqu'à le tuer, il se tuerait lui-même plutôt. Mais aussi frèle qu'il soit, le petit doute qui demeurait était terrible et ingérable. Et si, et si il le trompait encore ? Si il profitait de sa faiblesse ? Peu probable mais si...Si il n'arrivait simplement pas à résister aux attraits de Dévoreuse ? Ou encore si il ne s'arrêtait pas à temps simplement par maladresse ? Il n'arrivait pas à chasser ces pensées, et il souffrit ainsi physiquement, magiquement et mentalement jusqu'à l'instant bénit où cela s'arrêta enfin.

« Assez… »

Oh ça oui, il en avait assez. L'épreuve le laissait désorienté, assommé et pourtant encore bien solide. Son premier soin fut de sonder sa force magique et de constaster avec plaisir qu'elle était parfaitement intacte même si enchaînée par Dévoreuse, Shadowsong s'était arrêté pile au bon moment, il avait éliminé la malédiction sans lui ébouriffer un cheveux de plus que ce qui était nécessaire. Les implications de cela ne l'effleurèrent pas tout de suite, il était trop occupé à lever un regard attentif sur l'elfe, un regard dans lequel brillait une furtive lueur respectueuse. Il avait résisté aux pouvoirs de la bague... Il ne semblait même plus en ressentir les attraits. Ce qu'il faisait là, lui-même avec toute sa légendaire volonté de tête de mule n'était pas certain qu'il aurait réussi à le faire. Il ne respectait pas grand monde dans cet univers, quasiment personne même. Mais il fallait pourtant bien le reconnaître, le petit elfe avait gagné ce combat là aussi.

La malédiction... Il y songea en second lieu et se demanda aussitôt comment il avait pu occulter cette évidence. Plus de douleur... Pas de migraine. Il leva une main tremblante vers la marque qui tâchait sa joue, sachant qu'elle était encore là mais bien obligé de constater qu'elle ne le brûlait plus. Ses doigts en effleurèrent la noirceur désormais moins intense et ne s'y brulèrent pas, c'était la première fois depuis la mort du dragon qu'il pouvait ainsi effleurer sa peau à cet endroit sans s'y carboniser instantanément le bout des doigts. C'était aussi la première fois depuis longtemps qu'il se sentait non pas bien, mais simplement en pleine possession de ses moyens. C'était comme si on lui retirait tout à coup un voile qu'il aurait eu devant les yeux, il avait été plongé si profondément dans sa propre douleur qu'il en avait oublié à quel point elle le changeait. Ce n'était que maintenant qu'il s'apercevait à quel point il était passé proche de la folie, à quel point le monde était passé près de voir la naissance d'un monstre bien pire que tout ce qu'on pouvait bien prétendre de lui. Il ferma les yeux quelques secondes, savourant cette plénitude dont ses propres actes l'avaient privé.

La pression de la chevalière s'évanouit et il rouvrit les paupières pour voir le coffret qui se refermait. Silencieux, il se releva lentement sous le regard de l'elfe immobile. La perfection prédatrice de son organisme vampirique lui semblait plus efficace et mortelle encore maintenant qu'il était libéré. Son esprit lui semblait plus vif, sa magie plus pure. Son regard se fit plus vague lorsqu'il profita du fait que Dévoreuse était de nouveau muselée pour puiser goulument dans la trame, y récupérant l'énergie qu'il avait perdue et se satisfaisant de voir qu'il en était toujours capable. Il n'y avait plus de douleur, mais il lui restait les avantages. Le pouvoir magique, la force de son totem. Il n'avait rien perdu et tout gagné à ce petit jeu en réalité... Et pourtant, il n'aurait pas choisit de recommencer si il avait eu ce choix. Rien au monde ne pourrait le décider à revivre un tel calvaire, rien au monde n'était assez important pour contrecarrer le pouvoir dissuasif de la malédiction des dragons. Il le savait à présent. Et le baptistrel savait qu'il le savait.

"Je... N'oublierai pas."

Non, cela non plus il n'allait pas l'oublier, pas plus que ce qu'il s'était passé dans la clairière. Il s'était voilé la face en pensant qu'il pouvait continuer à voir cet elfe là comme un ennemi simplement un peu différent des autres. Il s'était trompé en s'imaginant seulement qu'il pourrait le garder à distance. Ils étaient liés si profondément désormais qu'il se demandait si il avait déjà été plus proche d'un autre être. Sans doute pas... Ou pas de cette manière là. Il détestait toute forme de lien en règle générale, mais celui là était acceptable. Cette confiance réciproque qu'ils ressentaient tout deux, cette certitude de savoir exactement ce que l'autre voulait et ne voulait pas. Tout était clair entre eux, depuis toujours. Il ne pouvait plus nier le profond attachement qui s'était insidieusement développé en lui vis à vis du baptistrel. Il le transperça alors de toute la terrible intensité de son regard metallique et jura en elfique :

"Cen pül nedia or enni. An-ùir."
Tu pourras compter sur moi, toujours.

C'était une promesse donnée de façon instinctive, mais non moins pleine de vérité. Quoi qu'il puisse arriver entre eux et même si leurs destins respectifs les menaient à s'affronter, il ferait toujours de son mieux pour que les choses aillent le moins mal possible pour le baptistrel. Quoi qu'il puisse arriver, il serait un soutien infaillible. Ce qu'il offrait, il ne l'avait jamais offert à personne hormis par amour. Il détourna le regard, peu adroit dans ce genre d'échanges mais reprit sans que sa voix ne perde son assurance naturelle et coutumière :

"J'ai été aussi constant à tenter de te blesser autant que possible que tu l'as été à tenter de me reconstruire. Tu n'y parviendra pas, parce que c'est impossible. Mais je ne te blesserai plus. On ne blesse pas un frère, même si il a l'insolence d'être elfe, et chanteur."

Un bref sourire éclaira son visage à ces mots incroyables, et qui pourtant sonnaient si juste dans sa bouche. Il observa un instant le coffret avec attention, déjà morne à l'idée de le rouvrir mais n'ignorant pas que ce serait nécessaire. Sauf qu'avant cela il voulait qu'une chose soit claire :

"Néant t'a blessé plus profondément que personne ne l'a jamais fait. N'est-ce pas ?"

L'interrogation résonna entre eux, il connaissait déjà la réponse mais voulait l'entendre. Car il n'ignorait pas à quel point ce qu'il était sur le point de proposer était énorme, impensable aux yeux de beaucoup et pourtant bien légitime aux siens. Il fixa le baptistrel avec calme avant d'assener :

"Il y a des actes qui doivent se payer."

Un silence suivit ces mots, terrible de solennité.
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MessageSujet: Re: La fin d'un monde [PV Lorenz]TERMINE La fin d'un monde [PV Lorenz]TERMINE Icon_minitimeMar 15 Juil 2014 - 18:39


Par instinct, il avait envie de se précipiter vers Lorenz pour l’aider à se remettre, que ce soit simplement en lui offrant son énergie, ou en le soignant si le besoin s’en faisait sentir. Pourtant, il ne le faisait pas. D’abord parce qu’il craignait qu’en le bousculant quelque chose n’aille mal, ce n’était pas rien ce qu’il venait de subir, il avait probablement besoin de se remettre lentement. Ensuite, tout simplement, parce qu’il était encore estomaqué de ce qui venait de se passer. Ce qu’il avait fait là, la résistance qu’il avait opposé à la volonté de Dévoreuse, lui semblait littéralement impossible. Quelques années plus tôt, il serait sans nul doute tombé sous sa coupe et alors les choses auraient été très mal. Il ne savait pas comment il avait pu réussir. Ce qu’il savait, c’était qu’il était proprement dégoûté et que, dans toute autre situation, il n’aurait jamais pu faire cela. Dévoreuse n’avait plus rien d’attrayant et il était heureux de pouvoir la retirer. Ce fardeau était trop lourd et trop immonde pour qu’il le supporte… Et puis, il n’avait plus de raisons de le faire, Lorenz était libre. Libéré, enfin, et la menace de le voir devenir fou et un danger plus grand encore écartée. Il ne souffrait plus, l’elfe le sentait. Il n’y avait plus la présence de la malédiction qui l’avait torturé, aspirée qu’elle avait été par la chevalière. Il en avait ressenti le moindre tendril de sa présence à l’intérieur du vampire, et même si il ne l’avait pas subit comme lui, il était tout de même heureux qu’il en soit délivré, peu importe ce que l’on pouvait dire. Certes, il avait bu le sang d’un dragon, certes, il avait tué un dragon… et que ces donneurs de leçons se le disent, il était mieux placé que la plupart pour savoir, n’avait-il pas vu la douleur de son amie ? Ne l’avait-il pas goûté avec elle ? Avec Shaynar ? Mais quoi qu’il en fût… il avait assez payé, et lui était heureux de le savoir de nouveau en pleine possession de ses moyens.


Restait simplement à se remettre de ce qui venait d’être fait, juste le temps de reprendre son souffle, de se retrouver. Il n’y avait guère le choix à l’heure actuelle, puisqu’ils avaient encore quelque chose à accomplir par la suite. Quand Dévoreuse serait détruite, ils pourraient passer à autre chose. Tournant alors son regard vers lui, il put constater qu’il était bien conscient et qu’il se remettait. La ponction sur la trame ne manqua pas le soulager, puisque cela signifiait qu’il se remettait parfaitement. N’importe quel guérisseur serait content de voir son patient se remettre si bien… mais ça allait au-delà de cette simple évidence. Voir le prince diminué avait eu, il s’en rendait compte, quelque chose de profondément dérangeant. De profondément dérangeant. Les choses étaient rentrées dans l’ordre, d’une certaine façon, même si la majorité n’apprécierait certainement pas le changement. De son côté, il chercha immédiatement la présence de Shaynar, appréciant de le retrouver après cette interruption. Ce n’était qu’en la perdant un moment qu’il s’était rendu compte à quel point le dragon occupait son esprit au quotidien… Aussi, le retrouver était un second soulagement, et il lui résuma ce qu’il venait de se passer, n’ayant rien à lui caché malgré le mécontentement qu’il pouvait ressentir à l’avoir vu contraint de porter l’artefact. Cependant, il ne resta pas longtemps focalisé sur le dragon, Lorenz attirant de nouveau son attention en s’adressant à lui. Des mots… Non, il s’agissait de bien plus que des mots, en réalité, c’était tout l’impact de ce qu’ils signifiaient qui le laissait pantois. Observant avec une attention soudain particulièrement intense le vampire, il resta parfaitement silencieux devant le miracle qu’on lui offrait.

Lorenz n’oubliait rien, cela il le savait et depuis longtemps. Il l’avait prouvé à de nombreuses reprises. Mais la suite, il ne l’attendait absolument pas. Un bref instant, il frémit sous le regard auquel il était sujet avant d’être la proie d’un sentiment totalement indéfinissable à ses paroles. Planté sur place, il fut incapable de savoir tout de suite comment réagir à pareil aveu, à pareil cadeau… car c’était un cadeau et une surprise absolument totale pour lui. La justesse des mots, leur sincérité, vibrait contre sa magie en une harmonique unique. L’elfe était parfaitement conscient du caractère unique et inestimable de ce qu’on lui offrait. Connaissant le vampire, ayant entendu tout de lui, il savait qu’il se trouvait privilégier par ce geste, par ces paroles, à un point qui frôlait l’inconcevable. Venait-il véritablement de lui dire cela ? Pendant un bref instant il se demanda s’il n’avait pas tout simplement imaginé cela, si le serpent n’avait pas fait quelques dégâts à son esprit. Mais non, c’était parfaitement réel. Prodigieusement réel. Un mot plus que tous les autres l’avait frappé. Frère. Il l’avait appelé frère… La première chose qu’il réussit à penser, stupidement, de façon fort coupable, était qu’il aurait peut-être préféré avoir Dévoreuse encore en action pour que Shaynar n’entende pas ça. Fort heureusement, il avait sans doute détourné suffisamment son esprit pour que ce ne soit pas le cas. Il ne se voyait pas du tout arrêter un dragon furieux en train d’essayer de croquer Lorenz… encore moins son propre lié. La deuxième chose qu’il parvint à articuler dans son esprit fut une telle gêne mêlée à un sentiment mitigé de flatterie et d’autre chose, qu’il ne savait plus où se mettre.


Il admirait le vampire depuis longtemps. Malgré ses exactions, il &tait une figure que l’on pouvait admirer, respecter et qui n’était pas simplement mauvais pour être mauvais, loin de là. Il avait un passé conséquent, de grandes qualités et mine de rien, ils se ressemblaient un peu… Mais qu’un tel personnage, à qui il s’était lié si étroitement, le considère comme son frère… Cela le touchait, en plein cœur. Il en était totalement désarçonné. Il n’avait plus de famille dans ce sens-là du terme depuis quatre ans… il avait perdu son aimé… et soudain, on lui offrait un tel présent. D’une délicatesse extrême. Tant qu’il n’osait rien dire ou faire. Comment devait-il réagir face à cela ? Il se sentait tellement fébrile qu’il se demanda un instant si il n’allait pas tomber dans les pommes ou exploser sous l’afflux de ressentis. Heureux ? Certainement et le mot était faible. Absolument émerveillé se rapprochait plus de la réalité… et il se sentait également un peu honteux, vis-à-vis de Shaynar. Et pas que de Shaynar d’ailleurs. Lyroë… Kylian… tous les autres… aucun ne comprendrait ou n’aurait compris. Et même si cela passerait difficilement avec son lié, celui-ci savait tout autant que lui qu’il ne repousserait pas le vampire. Un frère… leur lien était-il devenu si profond ? Regarder en arrière pour comprendre l’étourdissait. Il n’y avait rien à comprendre en vérité. Tout cela c’était construit au fil de leurs rencontres, presque naturellement sans doute, chacun en étant eux-mêmes. Il lui faisait confiance, et aujourd’hui, Lorenz lui avait plus que prouvé que c’était réciproque… Alors, finalement, en un geste un peu gauche mais qui semblait de circonstance, il posa une main sur le cœur. Un geste muet mais qui voulait tout dire.


Il était encore complètement déboussolé par ce qui venait de lui tomber dessus, mais il en était tout de même profondément touché et… heureux. Lorenz avait peut-être tenté de le blesser, quoi que jamais il ne l’ait interprété ainsi, mais cet instant-là valait toutes les peines du monde. Parce qu’on lui donnait une raison supplémentaire d’affirmer qu’il n’était pas totalement mauvais. Cette raison-là était ancrée dans la pierre, dans le granit le plus endurant. Sans qu’il puisse le contenir, un sourire délicat fleurit sur ses lèvres, comme en réponse à celui qui illuminait le visage du vampire. Un sourire lui allait bien. Un autre cadeau à chérir… Il en était encore à se débattre de cette incroyable surprise lors que la question le pris de court. « Oui » l’unique mot lui avait échappé, avec une sincérité instinctive portée par un ton neutre mais fatidique. Néant était la seule créature à l’avoir véritablement blessée et plus profondément que tout autre, Lorenz y comprit, aurait pu le faire. Il cligna des yeux, l’observant avec interrogation. La réponse à sa muette curiosité arriva bien vite, terrible de conséquences… Un bref instant, il pondéra ce que venait de proposer le vampire derrière cette affirmation. Il n’était pas adepte de la punition, loin de là en vérité mais… mais là, il ne pouvait nier qu’il adhérait à l’affirmation. Il y avait songé avec Shaynar précédemment sans approfondir la question. Faire payer un Esprit supérieur ? Était-ce seulement possible ? Cela relevait de l’hérésie, même pour Néant. Un serviteur des esprits comme lui aurait dû rejeter l’idée, même s’il était réellement blessé… et pourtant il ne le fit pas. Le regardant dans les yeux, il finit par rompre ce silence si solennel.


« Esprit supérieur ou pas, cela ne change rien. J’aurais pardonné toute autre crime, mais cela je ne peux pas. Ce qu’elle a fait ne doit pas rester impuni… ce qu’elle a fait, je ne peux pas le laisser passer. Même un esprit supérieur ne peut pas jouer ce jeu-là et en sortir indemne » La détermination lui était revenue. « Dévoreuse est un morceau de Néant… il serait donc possible, éventuellement, de l’atteindre elle, au travers de l’artefact…. N’est-ce pas ? » Il inspira profondément, alors qu’il écoutait la réponse qu’on lui donnait, puis rouvrit la boîte lentement, bien décidé à l’aider. Oui, il l’aiderait et à détruire Dévoreuse… et à blesser Néant. Esprits supérieurs oui… mais jusqu’à un certain point. Ils n’étaient pas supérieurs pour cela. Ils n’étaient pas supérieurs pour penser éviter la vindicte de quelqu’un qui ne se rebellait pourtant jamais. Il aurait tout pardonné… mais pas ça.
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MessageSujet: Re: La fin d'un monde [PV Lorenz]TERMINE La fin d'un monde [PV Lorenz]TERMINE Icon_minitimeMar 15 Juil 2014 - 23:58

Il se sentait calme, plus détendu qu'il ne l'avait été depuis bien longtemps. La malédiction n'était plus qu'un souvenir atrocement désagréable mais bel et bien lié au passé. Et surtout il était enfin parvenu à être entièrement en accord avec lui-même. Il avait accepté Ambre et les sentiments qu'elle éveillait en lui, il acceptait à présent Merithyn et l'étrange échafaudage qu'ils avaient bâti ensembles. Il avait évolué, il changeait plus vite que ce qui était naturel à un vampire et pour autant il ne doutait pas de rester toujours le même au fond de lui. Ses aspirations n'avaient pas changé, ses convictions non plus. Il avançait simplement sur des bases plus solides puisqu'il en avait apprit sur lui-même. Il restait le prince noir, terrible à l'égard de tous car toujours prompt à voir en chacun un ennemi et pourtant désormais tout aussi capable de reconnaître ceux qui ne l'étaient pas. Des exceptions confirmant la règle sans nul doute, mais cela ne les rendaient pas moins réels.

Là encore, il ressentait le trouble du baptistrel comme si il avait été dans sa tête. Il l'avait perturbé, plus que perturbé même. Et pourquoi donc ? Oh bien sur il pouvait comprendre que la scène qui venait de se jouer devait lui faire l'effet d'une comète tombant tout à coup sur le sanctuaire baptistral, mais lui n'en était pas perturbé. Il était d'un genre prudent et réfléchit, de ce genre d'être qui ne prenait ses décisions qu'avec méticulosité même si il lui arrivait aussi très souvent de s'en remettre à un instinct qu'il savait sur. Ses décisions prises, il n'y revenait pas, et il ne s'autorisait pas le moindre doute. C'est la raison pour laquelle seule une assurance tranquille se reflétait à présent dans l'acier de ses prunelles. Il savait ce qu'il faisait, et il n'avait pas la moindre incertitude. Sur ce point là il lui semblait qu'eux deux étaient bien différents. Il connaissait le baptistrel comme étant homme, ou plutôt elfe, à savoir se remettre en question. Jusqu'à parfois souffrir en se demandant si ses choix étaient bien les bons et si il n'allait pas plutôt provoquer le contraire de ce qu'il avait voulu. Ces inquiétudes là, Lorenz ne les connaissait pas. Mais il savait aussi désormais que l'autre était capable d'y puiser de la force et que doutes ou pas il était parfaitement capable de s'en tenir à ses décisions.

Ils s'observèrent un long moment, partageant des instants qui auraient pu leur paraître bien étranges un peu plus tôt mais qui n'étaient en vérité que la suite logique de leurs aventures. Les choses auraient-elles pu se passer autrement ? Quand il y repensait, tout ce qu'ils avaient vécu jusque là n'avait tendu qu'à les amener là. Ici et maintenant, liés d'une façon qui n'était plus du tout inconcevable et prêts à accomplir ce que nul au monde n'avait jamais accomplit. Coup de maître ou erreur fatale, l'ancestral ne voulait même pas le savoir, car là dessus non plus il ne doutait pas. Néant avait beaucoup de choses à payer. Ce qu'elle avait fait à Merithyn venant encore s'y ajouter. Il hocha la tête lentement lorsque le baptistrel mit la main sur son coeur, quelque peu amusé de le voir aussi dépourvu de longues tirades tout à coup. Ce n'était pas la première fois qu'il le mettait à court de mots et il était à peu près certain d'être l'un de seuls en ce monde capable d'y parvenir. Voilà qui l'emplissait d'aise..

L'amusement s'effaça pourtant de ses prunelles afin de n'y laisser qu'une dureté implacable à l'instant où son interlocuteur lui répondit. Pendant un moment il avait craint que la douceur habituelle de l'elfe ne vint l'empêcher de réclamer sa vengeance, mais ce ne fut pas le cas. Néant été allé trop loin même selon les critères du plus doux de tous les Armandéens alors mieux valait ne pas prendre en compte ceux du prince vampirique. D'ailleurs même sans ce désir de vengeance il ne pouvait que prendre en compte les avantages que pourraient avoir une victoire contre l'Esprit qui soutenait les Alayiens. Il suffisait de se rappeler de la façon dont s'était terminée la bataille des bois sombres pour ne pas hésiter une seule seconde, c'était une occasion en or qu'ils tenaient là. Il haussa légèrement les épaules au sujet des Esprits Supérieur, c'était un domaine dans lequel il avait des idées bien tranchées comme le prouva ses dires :

"Il y a bien les jeux auxquels les Esprits ne devraient pas jouer. Ils n'ont pas à agir sur ce monde, ce n'est pas l'ordre naturel des choses."

Et il ne le permettrait pas, aussi difficile que puisse paraître l'idée de s'opposer à ces créatures là. Cela ne faisait que quelques ennemis de plus remarquez... Sauf qu'il s'en occuperait beaucoup plus tard. Néant mis à part, il avait bien d'autres priorités. Et surtout il ne savait pas encore comment s'assurer la victoire. Si encore il était absolument certains que les créateurs ne gêneraient jamais ses projets... N'en ayant pas la certitude, il était forcé de les voir comme des menaces potentielles. Il répondit à la question qui suivit avec une sombre satisfaction, enchanté de voir que son partenaire avait déjà cerné ce qu'il voulait faire :

"D'après le grimoire, Dévoreuse est quasiment une part d'elle-même. Le simple fait de la détruire l'atteindra je pense, mais nous pouvons faire bien plus. Je suis presque persuadé que la chevalière est un portail... Un de ces ponts qui relient le plan astral et le notre. Elle n'a pas les dragons, il faut bien qu'elle s'appuie sur autre chose..."

Il en était arrivé à cette conclusion après bien des heures et des heures de réflexion. Son potentiel magique et sa curiosité naturelle l'avait poussé à édudier ce domaine dès son plus jeune âge et il était à présent sans doute l'un des spécialistes les plus calés en la matière. Malgré cela il ne comprenait pas encore le fonctionnement global de la magie sur Armanda et ailleurs, par contre il avait bien comprit cette histoire de pont et deviné de nombreuses choses sur le fonctionnement du Néant. Elle tirait sa force des prières, c'était maintenant une chose dont il était certain mais comment s'ancrait-elle dans le monde réel ? Ses frères Esprits dépensaient eux-même des quantité phénoménales d'énergie quand ils décidaient d'agir sur ce monde, et pourtant ils étaient plusieurs et reliés à Armanda par les dragons ! Qu'en conclure ? Simplement qu'à défaut d'avoir des dragons, Néant avait certainement d'autres portes qui lui facilitaient le passage dans le monde réel. Il continua d'expliquer son point de vue lentement, dévoilant toute l'étendue de ses intenses réflexions stratégiques sur le sujet :

"Les prières lui donnent la puissance, la bague et sans doute d'autres objets ou êtres vivants lui ouvrent les portes de notre monde. Si j'étais parieur, je miserai sur les Serviteurs... Mais je n'ai pas encore eu l'occasion de vérifier, ce sont des cibles dangereuses."

Et il n'était pas du genre téméraire. Il tuerait ces êtres c'était certain, ne serait-ce que pour vérifier sa théorie et désorganiser les armées ennemies, mais il prendrait son temps. Comme toujours, il ne lancerait vraiment son attaque que lorsqu'il serait absolument certain d'en sortir vainqueur. Et comme toujours, il vaincrait. Mais cela passerait d'abord par un gros effort magique...

Les effets désagréables de la chevalière se firent sentir à nouveau dès que le baptistrel eut le malheur d'entrebailler le couvercle. Ils savaient tout deux le résultat qu'ils devaient atteindre au final mais il fallait qu'ils soient bien d'accords sur la méthode à utiliser. Même si elle serait très loin d'être subtile en fait... Mais il n'en voyait pas d'autre. Il énonça donc sans quitter l'objet des yeux :

"Je ne vois qu'une seule maladie capable de toucher un objet qui aspire la magie... L'indigestion. Ce qui la rend indestructrible, c'est que peu d'êtres au monde possèdent la puissance magique nécessaire pour la saturer..."

Sa voix avait prit cette douce vibration ironique et caressante qu'il ne prenait que lorsqu'il s'apprêtait à mener un combat à l'issue certaine. Il détacha enfin son regard de Dévoreuse afin de le planter dans celui du baptistrel :

"Et puisque je ne pense pas me tromper au sujet du lien que Néant a avec son précieux bijou, je crois que nous serions bien inspirés de ne pas nous arrêter là. Quoi qu'il puisse arriver et même si l'objet explose entre nos mains il faudra continuer notre effort. J'ignore quelle puissance magique il faudra déployer pour atteindre le plan astral, mais ce sera certainement l'effort le plus intense que nous n'ayons jamais eu à accomplir. Nous ne devrons nous arrêter qu'à l'extrême limite de nos forces."

Ce qui risquait de les pousser très loin sachant qu'ils étaient capables de puiser dans la trame chacun à leur façon. Quand à ce que cela provoquerait... C'était un mystère qu'il était décidé à éclaircir. Avec fermeté, il ota la boite des mains de l'elfe et la déposa à leurs pieds, elle serait mieux ici si elle décidait de mal prendre leur petite expérience. Un dernier regard entendu à son allié du moment, et il déploya sa magie.

Le pouvoir jaillit aussitôt en un flot continu et terriblement limpide qu'il sentit très vite renforcé par la magie du baptistrel. L'énergie magique en fut quasiment doublée sur le coup et il augmenta aussitôt le niveau non sans un certain amusement en puisant plus profondément au coeur de ses capacités. Le baptistrel ne manqua pas de surenchérir, non pas qu'il cherchait la compétition sans doute mais il avait tout autant envie que lui de voir leur mission réussir. L'ancestral se reconcentra à cette pensée et la pression qu'il imposait à Dévoreuse augmenta encore à mesure qu'il puisait en lui même, jusqu'à atteindre un paroxysme inexistant jusque alors lorsqu'il puisa finalement dans la trame plutôt que dans ses propres forces. A ce stade le rayon de magie qu'ils envoyaient sur la bague était devenu visible même aux yeux du plus pitoyable des mages. Il baignait toute la zone d'une lumière agressive et terriblement concentrée qui fit plisser les yeux du vampire. Une douleur qu'il n'avait absolument pas prévue... Mais il devrait faire avec. Plus question d'arrêter ce qu'ils avaient commencé à présent.

Leurs bras tremblaient, non pas qu'ils aient vraiment besoin de les pointer vers leur cible pour diriger leur magie mais les gestes clés étaient un support mental utile à tous les mages et ils ne devaient se priver d'aucune aide à cet instant. L'énergie qui s'échappait d'eux à une vitesse effarante n'aurait pu être mesurée, elle dépassait le seuil de la plus folle imagination. Et pourtant... Pourtant Dévoreuse ne frémissait même pas. S'étaient-ils trompé ? Allaient-ils au final s'épuiser pour rien du tout et se retrouver avec une bague véritablement indestructible sur les bras ? Cela ne devait pas arriver, ce n'était pas tolérable. Ils redoublèrent d'effort, chacun dans leur style de magie. La trame chantant et hurlant en réponse à leurs deux sollicitations. Tiens... Une autre douleur qu'il n'avait pas prévue, cette fois pour le baptistrel. Si il n'y en avait pas un qui finissait aveugle pendant que l'autre finissait sourd à l'issue de toute cette histoire ils auraient de la chance. Conscient de ce risque, le vampire détourna une partie de sa précieuse magie pour envelopper les sens du chanteur et ainsi protéger son audition. Il avait fermé les yeux pour tenter de calmer la torture infligée à ses prunelles mais la puissance du rayon en franchissait la fragile barrière. Un soulagement soudain lui permit de les rouvrir sans plus ressentir de douleur et il comprit que Shadowsong était venu à son aide. C'est ainsi liés de bien des façons qu'ils finirent par franchir brutalement le seuil de ce que la bague pouvait supporter. Le baptistrel ne pouvait plus l'entendre puisque le vampire avait bloqué ses sens, mais aussi peu baptistrel qu'il soit lui entendit bien le cri d'agonie de l'objet ! Elle se fissurait sous leurs yeux et il trouva le temps de gronder :

"Ne t'arrête pas ! La suite, c'est pour Néant !"

Et il puisa cette fois dans sa rage pour envoyer les dernières salves de ce qui restait de son pouvoir, et de la trame complétement vidée sur des lieux à la ronde... Soudainement, la terre trembla...

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MessageSujet: Re: La fin d'un monde [PV Lorenz]TERMINE La fin d'un monde [PV Lorenz]TERMINE Icon_minitimeJeu 17 Juil 2014 - 22:25


Ils n’avaient pas à agir sur le monde… Certes c’était parfaitement vrai et les esprits frères s’y tenaient, du moins à ce qu’il savait. Mais le souci avec Néant, c’était qu’elle ne jouait pas avec ces mêmes règles, d’où une partie de leurs problèmes. Si il avait été mauvaise langue et misogyne, il aurait dit que c’était naturel chez une femme, mais ce n’était pas le cas… A la place, il préférait se concentrer non pas sur ses raisons ou quoi que ce soit de cet acabit, mais bien sur ce qu’ils allaient faire dans un bref instant. Non, effectivement, il y avait de nombreux jeux auxquels les esprits ne devaient pas jouer, et après cela il espérait foncièrement que le message serait passé. Qu’ils laissent, tous, ce fichu monde à ceux qui l’habitaient. Ils n’avaient rien contre les Esprits en général mais il devait avouer que, malgré sa reconnaissance pour ceux qu’ils avaient fait lors de la bataille des bois sombres, il commençait à nourrir quelques angoisses à leur égard… et si les frères, eux aussi, se mettaient à intervenir auprès des mortels pour les châtier ? Et si eux aussi, outrepassaient les limites ? Que se passerait-il alors ? S’ils agissaient comme Néant ? Non cela ne se pouvait, cela ne devait pas arriver. Non, il avait respecté les esprits, les avait vénéré mais sa dévotion n’excluait pas ces angoisses… Mieux valait que les affaires de mortels restent des affaires de mortels, à tous points de vues. Et il avait parfaitement saisi ce que sous-entendait Lorenz. Oui, pour cette fois, il fallait faire de Néant un exemple… Lui voulait sa vengeance, aussi peu en accord avec son caractère que ce fut. Et en dehors de cela, il fallait pouvoir désavantager les alayiens, et le tout allait très bien ensemble. En silence, il écouta l’hypothèse que lui présentait le vampire avec grande attention. Il avait également noté ce passage concernant la chevalière et néant, et l’idée d’avoir enfilé à son doigt une part de l’esprit en question le répugna tout autant, si non plus, que l’acte en lui-même, précédemment accomplis. Une part de l’être du Néant… malsain.

Il combattit un frisson de dégoût et se concentra sur le reste. Un portail vers le monde astral… Dévoreuse ? L’explication tenait effectivement debout, et elle faisait même beaucoup de sens. Un pont donc, semblable aux dragons… si ils pouvaient porter un coup, ne serait-ce qu’un seul car ce serait déjà miraculeux, énorme, de réussir, oui si ils parvenaient à porter un coup en utilisant ce pont alors ils atteindraient Néant en personne. L’elfe hocha la tête, réfléchissant à cela avec attention. Lorenz en savait plus que lui, car plus proche de la trame, il ne doutait donc pas de ses dires. Curieux de cette question, ce fut donc avec autant de plaisir que de sérieux qu’il l’écouta expliquer plus avant sa théorie. Les prières, ils avaient pu le constater et le comprendre avec le prisonnier qu’ils avaient interrogé plusieurs mois auparavant, et il avait depuis, lui-même, pu attester de cette caractéristique. Si on ôtait les prières, Néant s’affaibliraient, mais ce n’était pas suffisant. Quant aux Serviteurs… Sa rencontre avec Aldakin du Néant à l’occasion de son voyage comme délégation à Gloria serait sans doute à réexaminé de près. Cette rencontre-là, il ne pouvait que lui attacher le qualificatif de singulier, voire d’étrange. Oui, il examinerait cela attentivement par la suite. Ce serait dommage de passer à côté d’un détail pouvant être important… Et puis il tenterait d’accompagner Lorenz lorsque celui-ci déciderait d’aller faire coucou à l’un de ces serviteurs. Histoire de. Mais une chose à la fois, pour le moment Dévoreuse était la priorité numéro 1. Dès qu’elle entra à nouveau en contact avec l’air libre, ses effets néfastes se firent sentir, mais il les ignora royalement, n’y prêtant pas plus d’attention qu’à un bourdonnement d’insecte. Ça lui était complètement égal après l’avoir porté.

Le remède à sa présence était audacieux. Une indigestion de magie ? Était-ce faisable ? Et bien ils verraient dans un instant, là encore il se fiait à Lorenz. « Nous saurons très vite » conclu-t-il simplement. Maintenant qu’il savait ce qu’ils allaient faire un peu plus distinctement, la fébrilité s’effaçait un peu, laissant place uniquement à la détermination opiniâtre. Laissant la boite lui être retirée et placée au sol, il s’écarta d’un pas, par sécurité, puis se mit en place, émettant à nouveau de basses vibrations pour réveiller ses capacités. Puis, au même instant où Lorenz passait à l’assaut, il attaqua également… si tant est qu’attaquer soit le bon terme. Hors comme il ne perdait pas ses pouvoirs, il fallait croire que non. N’y pensant absolument plus en cet instant, il entonna son chant, se plongeant dans une odhr presque totale qu’il contrôlait pourtant, puisant à sa façon à lui dans sa magie et modulant son chant pour en faire une arme contre Dévoreuse. Il avait opté pour le rythme du feu, afin de s’offrir toutes les chances de durer et de pouvoir fournir un impact conséquent avec un effort égal. Il vint renforcer le flot de pouvoir déployé par Lorenz, créant une rivière limpide de puissance que le vampire augmenta encore. Lui-même passa le cap de sa zone de confort, pour entrer dans celle, plus délicate, dont il n’usait pas depuis très longtemps, mais qu’il parvint à manipuler avec adresse, apportant sa part et ne souhaitant pas être en reste. Jusque-là, il n’avait jamais pris conscience de la quantité d’énergie qu’il pouvait réellement déployer, ni du fait qu’il effectuait, au final, peu d’efforts en général pour ses actes magiques… en dehors de l’épisode de la bataille des bois sombres et ce qui l’avait suivi, il était resté dans de raisonnables limites.

Soudain, il se donnait à fond, sans compter. Soudain, il donnait tout ce qu’il avait, actionnait la plus petite part de son énergie. Hors de question qu’il fasse tout le travail seul. Il n’eut pas le loisir de regretter l’absence forcée de Shaynar, et donc de son énergie, mais à la place, lorsqu’il sentit son être tirailler sous l’effort et la pression du flux magique, il se mit à ponctionner à son niveau dans la trame. Fixé sur son objectif, il fit abstraction de la douleur et de la fatigue de l’effort intense fourni, continuant sa litanie qui n’en finissait plus. Il n’avait jamais vécu auparavant une telle alliance et une telle concentration de magie, pourtant il continua de l’alimenter quoi qu’il lui en coûte. Et il devenait évidement qu’il allait leur en coûter effectivement. Il avait mal aux bras et à la gorge quand bien même ses cordes vocales n’étaient pas l’origine de son chant. Il sentait l’énergie qui quittait son corps à grande vitesse, pour nourrir le flot que leur effort conjugué déversait sur la chevalière. Celle-ci ne bougeait toujours pas, mais il refusait d’abandonner, quitte à périr en y laissant toutes ses forces, il voulait la voir détruite. Il abandonna son chant actuel pour celui, plus intense encore, qui avait réduit ses cordes vocales à rien, jetant tout ce qu’il pouvait dans leur office, ne se ménageant absolument pas un seul instant. En réponse, dans la trame, il pensa justement périr de douleur… le hurlement qui vint faire vibrer ses oreilles était intolérable, à tel point qu’il pensa devenir sourd, les tympans explosés. Cependant, la douleur ne dura pas longtemps. Ce fut avec un lourd soulagement mêlé de reconnaissance qu’il se sentit enveloppé et préservé, et rendit la pareille en prenant conscience de la torture oculaire vécue par le vampire.

A nouveau capable de se concentrer totalement, il accompagna Lorenz dans l’ultime effort. La puissance du rayonnement magique atteint son paroxysme, comme si le soleil venait d’exploser entre eux Il sentit une soudaine résistance, puis plus rien… ils avaient réussis. Il n’entendit rien, mais quelque chose remua là, alors que la chevalière se fissurait. Il se concentra d’autant plus, même si il arrivait au bout de ce qu’il pouvait donner. Sa voix avait depuis longtemps passé le cap de ce que des oreilles humaines pouvaient percevoir, mais les vibrations seraient certainement un superbe cocktail pour les oreilles internes de toute créature passant trop près. Il envoya tout ce qu’il pouvait, se vidant et vidant finalement la trame alentours avec Lorenz. A cet instant, alors qu’il projetait tout ce qui lui restait, il puisa dans tout ce que Néant lui avait fait ressentir et lui avait infligé. Les cauchemars abominables, les hallucinations monstrueuses, l’insomnie et finalement le coup de grâce, son amnésie à présent révolue, l’intense désespoir qui avait été le sien, sa fatigue sur des mois et des mois, sa lassitude… tout, absolument tout, il le condensa dans une unique note, une note qui n’avait pas existé jusqu’ici, une note qu’il créait par cet acte de magie brute et instinctif. Tout ce qui lui restait, propulsé par la seule force de sa volonté et de sa vindicte, il remonta le long de l’énorme puissance fournie par Lorenz et passa depuis Dévoreuse directement à Néant, frappant de toutes leurs forces conjuguées. Et à l’ instant où, instinctivement également, il sentait qu’ils avaient réussis…. La terre trembla.

Ça n’avait rien d’un tremblement de petite ampleur, non… Pendant plusieurs minutes, ce fut un tremblement de terre puissant qui craquela même la roche d’Aigue-Royale. L’épicentre, le lac, était évidemment le plus touché alors qu’eux se trouvaient subitement à reprendre du poil de la bête après l’effort surhumain fourni. Toute la rébellion pu le sentir, alors qu’eux dessus d’eux, certains bâtiments d’Althaïa étaient victimes de chutes intempestives. Cependant, il n’était pas le seul. Loin de là, la ville de Gloria subissait également un tremblement de terre bref, de même que plusieurs autres zones du royaume humain, des montagnes et de la forêt elfique. Au large de la ville de Lyssa, les flots grondèrent et se soulevèrent rapidement, une tempête de dimensions colossales se préparant sous les yeux médusés des habitants qui avaient droit, quelques instants plus tôt, à un magnifique soleil… Si une tempête de sable subite fit jour à Esfelia, c’est Glacern qui eut la surprise de se découvrir avec une tornade à sa porte pour la première fois de son histoire. Mais si c’est dangers étaient, sur l’instant, localisés, ce n’était pas le cas du reste. La chaleur se fit caniculaire un peu partout, les plantes changèrent et croissaient plus vite que jamais auparavant ; les animaux s’agitaient, s’excitant facilement… Alors que Dévoreuse volait en éclat dans son coffret, ils eurent un instant de répit et, sans les voir, se trouvèrent témoins privilégiés de ces phénomènes. Ce n’était pourtant que le début… Alors qu’ils avaient vidés précédemment la trame alentour, celle-ci fut de nouveau vibrante et pis que cela… Un torrent de magie se déversa soudain alors que le tremblement de terre cessait enfin…

Muet d’horreur, épuisé, le baptistrel n’osait pas, revenu de son petit tour d’horizon des catastrophes naturelles, poser la question qui devait également avoir traversé la tête de son allié. Que venaient-ils de provoquer exactement ? Lentement, il se tourna vers le vampire, les yeux écarquillés, en se demandant bien ce qui venait de se passer… Il ouvrit la bouche, la referma, la rouvrit… puis finalement, il parvint à articuler suffisamment. « On a réussi… »
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