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La lisière Elfique est en place à la frontière du 27 octobre au 27 novembre . L'entrée ou la sortie du Royaume Elfique sont donc compliquées entre ces deux dates.
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Mon père, ce tyran... [PV Artaher] TERMINE

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MessageSujet: Mon père, ce tyran... [PV Artaher] TERMINE Mon père, ce tyran... [PV Artaher] TERMINE Icon_minitimeMar 18 Mar 2014 - 23:00

Le calme et imperturbable royaume Elfique grouillait d'activité. Ces derniers mois il n'avait plus rien à voir avec ce qu'il avait été par le passé, et ce n'était pas vraiment pour déplaire à Aranël et à son insatiable énergie. Enfin les choses bougeaient ! Certes il n'était pas particulièrement heureux de savoir qu'une armée de colonisateurs se promenait sur Armanda et avait même eu l'audace d'attaquer le sanctuaire baptistrel mais au moins ne se morfondait-il plus en attendant un peu d'hypothétique action. Il y avait tant de choses à voir, tant de choses à imaginer ! Et à espérer surtout. Il n'ignorait pas qu'un coup d'état s'était fomenté dans le royaume des hommes et qu'une armée de rebelle combattait à présent à la fois les Alayiens et les traîtres qui avait tourné le dos à Armanda en s'alliant à eux. Comment le peuple Elfique pouvait-il rester encore en attente ? Englué dans des intrigues politiques tortueuses et dans la lenteur bien connue de leur administration d'un autre âge, les elfes n'avaient pas prit parti. La jeunesse impétueuse d'Aranël ne pouvait tolérer cela sans une rage légitime. Mais bien entendu personne ne l'écoutait...

C'était terrible d'avoir son âge quand il y pensait. Les gens ne voyaient en lui qu'un gamin sans cervelle et le faisaient taire dès qu'il faisait mine d'ouvrir la bouche, ou s'amusaient de son caractère passionné. Nomin l'écoutait bien sur mais ce n'était pas pareil, c'était une part de lui même. Enetari ne pensait qu'à se moquer, sa mère le couvait comme un oisillon, appuyée par son père. Il en avait assez et plus qu'assez, rien que de penser à tout cela faisait trembler ses mains. Il se maîtrisa difficilement, sentant toute l'absurdité de la situation. Il n'avait même plus besoin de l'aide de personne pour se mettre en colère, il y parvenait très bien tout seul... Décidément cela n'allait pas en s'arrangeant.

Il grogna pour lui-même en détournant les yeux du cours d'eau devant lequel il se tenait. Il aimait bien cet endroit, Nomin y venait souvent pour tester ses inventions liées à l'eau et ils s'étaient souvent baignés plus ou moins volontairement. Le courant était fort par endroit, mais pas assez pour intimider Aranël qui était bon nageur. L'eau était même son élément fétiche, il s'y sentait libre et calme au contraire de ses habitudes terrestres. Mais tout ceci n'avait pas d'importance, ce n'était pas dans l'eau qu'on se battait et il comptait bien prendre part à tout ceci ! Il était temps que les autres elfes s'aperçoivent qu'il avait grandit, à commencer par son père. Le temps des jeux était terminé, il s'était entraîné dur pour devenir un guerrier et il se sentait prêt. Il ne tolérerait pas qu'on s'oppose à ce qu'il considérait comme sa destinée plus longtemps. Gonflé à bloc par ces pensées encourageantes, il sauta sur ses pieds et tourna le dos à l'écume grondante qui semblait l'appeler. C'était vers une autre tempête qu'il se dirigeait...

Il lui fallu un moment pour mettre enfin la main sur son père. Il trouva bien sa mère plongée dans un livre à la maison, évita sa soeur qui apparemment le cherchait, échangea un regard avec son frère très concentré sur une nouvelle invention, mais de père point ! Il fallait dire qu'Artaher avait pas mal de travail en ces temps troublé, et qu'il était sans doute aussi agacé de son fils devant l'immobilisme des elfes. Mais cela n'excusait rien, jamais là au bon moment... Allait-il devoir le traquer à travers toute la forêt ? Il n'hésiterait pas ! Il était hors de question qu'il attende jusqu'au soir pour lui parler, la signification du mot patience n'ayant toujours été qu'un profond mystère pour lui. Et l'acharnement finissait toujours pas payer, la preuve !

Son espoir était allé en s'amenuisant à mesure qu'il s'éloignait du coeur du royaume afin de s'approcher de la frontière magique. Artaher avait-il été envoyé au loin ? Il avait du mal à y croire, celui-ci aurait forcément prévenu sa famille avant de partir. A moins qu'il ne s'agisse que d'une petite mission, une patrouille de quelques heures peut-être. Là c'était plausible mais sévèrement contrariant sachant qu'Aranël n'avait pas l'autorisation de passer la frontière. Il serait passé outre sans la moindre hésitation bien sur mais le bosquet magique ne s'ouvrait pas plus dans un sens que dans l'autre pour un être non autorisé à le franchir. Tout ce qu'il réussirait à faire c'est à marcher sans fin jusqu'à s'effondrer de fatigue et de fureur. Ce ne serait néanmoins pas nécessaire, son père était là...

Il l'entendit avant de le voir, reconnaissant sa voix ferme entre mille. Tout un groupe d'elfes se trouvaient là, des gardes du bosquet... Son père était en inspection... Pas vraiment le bon moment pour l'interrompre, mais il n'avait pas fait tout ce chemin pour rien ! Il n'attendit donc pas plus que nécessaire, daignant à peine patienter jusqu'à ce que son père ai fini de parler et attira tous les regards sur lui lorsqu'il émergea des arbres. Quoi ? Ils voulaient son portrait ? Il fronça les sourcils en croisant le regard du plus proche soldat et eut la satisfaction de le voir détourner le sien, sans doute troublé par ce général miniature et son assurance presque insolente. Les autres moins timides se contentèrent de le contempler avec curiosité ou indulgence, ils aimaient tous ce rejeton de leur supérieur qui n'avait plus eu de cesse de les provoquer en duel et de partager leurs entraînements depuis qu'il était capable de tenir debout. Mais Aranël n'était pas d'humeur à discuter avec ceux qu'il connaissait.

Il se dirigea droit vers son père, apparemment pas intimidé par le regard clair qui s'était posé sur lui. Le coup du regard de glace il connaissait, cela ne lui faisait pas peur puisqu'il avait le même. Sa démarche se fit néanmoins plus légère, moins insolente bien que toujours fière à mesure qu'il s'approchait. Le but du jeu n'était pas non plus de se faire renvoyer directement dans sa chambre sans avoir pu placer un mot... Il réfréna donc son caractère provocateur en s'immobilisant finalement devant lui et leva son regard intense vers lui, gardant poliment le silence en attendant que l'autre daigne le saluer. Il ne l'avait pas vraiment dérangé en plein travail n'est-ce pas ? Après tout il semblait avoir terminé... Oserait-il le renvoyer sans l'avoir entendu ? Le jeune plissa les lèvres à cette pensée, déjà furibond et prêt à envoyer paître toutes les règles de politesse si le besoin s'en faisait sentir. Mais ce ne fut pas utile, leurs saluts effectués, il pouvait parler.

"Pouvons nous parler en privé père ?"

Sa voix était calme, tout allait bien pour le moment. Il allait pouvoir exposer son point de vue, peu lui importait en vérité que la discussion soit privée ou non, mais il connaissait trop bien la vie militaire pour ne pas savoir qu'il n'était jamais très bon de régler des affaires familiales devant ses hommes. Cela pourrait nuire à son père et cela il n'en voulait pas. Les réactions des soldats auraient peut-être pu le servir, certains le connaissaient bien et savaient qu'il se battait et s'entraînait courageusement depuis toujours, mais ce n'était pas dans son caractère que de se servir de cela à supposer même qu'aucun d'entre eux ai osé s'immiscer dans la vie privée du général Terendul. Ils ne bougèrent pas lorsque le père et le fils s'éloignèrent de quelques pas, se détournant même poliment d'eux. Aranël les oublia pour se concentrer prudemment sur les mots qu'il allait dire :

"Je connais certains d'entre eux, j'ai battu le plus jeune à l'entraînement et donné du fil à retordre à plusieurs parmi les plus expérimenté. Je pourrais intégrer leur unité..."

Il leva un regard plein d'espoir, sachant ce qu'on risquait de lui répondre mais refusant de se considérer battu avant même d'avoir lutté. Il avait quasiment l'âge, peu d'elfes étaient intégrés à l'armée à quatre-vingts ans mais cela arrivait, et la période était spéciale. Les troupes elfiques allaient avoir besoin de toutes les volontés et il ne demandait pas la lune. Une simple unité sans gloire, il avait sérieusement revu ses ambitions à la baisse depuis la dernière fois qu'il avait demandé (bon d'accord, les troupes d'élite c'était peut-être un peu tôt...). Mais il pouvait accepter de commencer bas, l'honneur ne serait que plus grand lorsqu'il se hisserait vers le haut. Une lueur farouche s'alluma dans son regard à cette pensée, il brûlait si fort de faire ses preuves qu'il craignait parfois de finir par s'embraser pour de bon... Pressentant l'argument qu'on allait lui opposer, il prit les devants :

"Les temps sont troublés, nous n'avons plus le temps de mesurer le temps que met ma garde à vaciller devant mon père. Il me faut une épée, je suis prêt depuis une éternité !"

Le dos rond, prêt à lutter pied à pied, il attendit la réponse.
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MessageSujet: Re: Mon père, ce tyran... [PV Artaher] TERMINE Mon père, ce tyran... [PV Artaher] TERMINE Icon_minitimeVen 21 Mar 2014 - 21:09

Fidèle à ses habitudes, Artaher s'était levé de bonne heure, bien avant même que paraissent à l'horizon les premiers rayons du soleil hivernal. Dans le silence de la demeure familiale encore endormie, le jeune père avait englouti un rapide petit-déjeuner, fruits et pain elfique pour l'essentiel, avant de revêtir son armure et achever les préparatifs de la journée à venir. A son plus grand désespoir, la décision d'intervenir dans le conflit n'avait toujours pas été prise : comme souvent, le conseil enlisait l'essentiel du sujet dans des discussions plus stériles encore que ne l'était le désert d'Esfelia, et ce n'était certainement pas l'abdication de l'impératrice Galadrielle en faveur de ce Meraennon qui permettrait d'accélérer les choses. Toutefois, si le général n'était pas encore parvenu à obtenir la mobilisation de l'armée, il n'en restait pas inactif pour autant et l'intrusion Alayienne sur le domaine baptistral avait suffisamment secoué les consciences que pour lui permettre de faire intensifier les patrouilles frontalières. Aujourd'hui, c'était précisément l'évolution de ces nouvelles mesures que l'officier avait décidé d'évaluer, au cours d'une tournée d'inspection qui l'occuperait probablement toute la journée.

Et de fait, l'un après l'autre, les détachements affectés à la surveillance des abords de la forêt reçurent la visite du général. A chaque nouvelle affectation, le même rituel s'accomplissait : inspection des équipements, passage en revue des troupes, échanges de quelques mots personnels avec les officiers responsables des différents groupes et finalement, le petit discours de rigueur du gradé galvanisant ses troupes. Monotone, certes, mais nécessaire pour assurer la cohésion de l'ensemble.

Artaher achevait l'inspection du quatrième groupe de la journée lorsqu'une intrusion pour le moins inattendue vint pourtant briser cette immuable routine. A l'instar des hommes de troupes qui lui faisaient alors face, le général tourna son regard clair vers la silhouette qui venait de surgir des bois et découvrir... Aranël ? Par le Dracos, quelle raison avait bien pu conduire son fils jusqu'aux abords du royaume ? A en juger par le rythme effréné des pas du jeune garçon, la réponse ne tarderait toutefois guère à se faire connaître. Sans se préoccuper des regards qui pesaient sur eux, le général laissa s'écouler quelques secondes, toisant de son regard d'acier l'adolescent pour bien lui signifier qu'il n'appréciait que moyennement ce genre d'interruption, avant de lui accorder son salut et, de fait, le droit de parole.

« Certainement... Lieutenant ! Faites rompre les rangs, que chacun s'en retourne à son poste. »

Père et fils firent ensuite quelques pas pour s'éloigner. Instinctivement, les yeux bleutés du général glissèrent sur les alentours mais à sa grande surprise, Nómin ne semblait pas avoir accompagné son aîné cette fois-ci. Voilà qui était pour le moins contrariant. Pour l'instant, Aranël semblait encore serein mais Artaher connaissait suffisamment bien son fils que pour savoir apprécier à sa juste valeur le célèbre dicton qui énonçait que le calme précédait toujours la tempête. Et pour peu que la-dite tempête se lève, le général pourrait assurément remettre la suite de ses inspections au lendemain.

Lorsqu'ils furent arrivé suffisamment loin d'éventuelles oreilles indiscrètes, ils s'immobilisèrent pour se faire face et le jeune elfe put détailler l'objet de sa venue. Il voulait une affectation. Encore. La requête n'avait en effet rien de surprenant et Artaher avait eu raison de penser qu'il ne s'agissait pas d'une simple visite de courtoisie. Après tout, ce sujet occupait la majeure partie des conversations qu'il pouvait avoir avec son fils aîné, et la façon dont s'étaient achevées la plupart de ces discussions passées ne pouvait que lui faire regretter davantage encore l'absence de Nómin.
Empruntant le calme de son fils, le général répondit avec précaution :

« C'est donc cela qui t'a mené jusqu'ici. Il ne t'était pas nécessaire de venir me trouver, tu pouvais attendre que je sois rentré à la maison. »

Il avait dis cela parfaitement conscient du fait que le jeune elfe avait hérité de l'impatience de son paternel. Difficile donc de lui en tenir rigueur et si sa réserve toute militaire ne lui permettait guère de le montrer, Artaher souriait intérieurement devant la fougue de son fils. Lui-même n'avait pas été différent à cet âge, à cette exception près qu'il avait toujours eu une parfaite conscience de ses actes. Bagarreur, certes, mais dans le cas d'Aranël, il y avait un malaise autrement plus profond et complexe. Conscient que ces quelques mots ne pourraient venir à bout de l'entêtement de son rejeton, encore un trait commun qu'ils partageaient, il poursuivit :

« Nous avons un accord, Aranël. J'ai donné ma parole et je la respecterais, tu sais l'importance que j'y accorde, mais j'en attends autant de ta part. »

Son regard clair se détourna un instant de celui de son fils pour contempler les abords de la forêt, semblant se perdre dans le lointain.

« Tu as raison, nous vivons une période sombre. Cependant, il est d'autant plus important que ta garde soit parfaite lorsque viendra le temps pour toi de prendre les armes et défendre les intérêts de notre peuple. Que ton épée vacille devant les assauts de ton père ne prête pas à conséquence, mais s'il devait en être de même devant ceux d'un Alayien, ta mère ne me le pardonnerait jamais. »

Lui non plus d'ailleurs, le moindre de ses hommes tombé au combat lui pesait déjà sur la conscience, alors imaginer qu'il put en être de même pour son propre sang le terrassait plus sûrement que n'auraient pu le faire les lames ennemies. Lentement, avec des gestes chargés de mille précautions, Artaher leva une main pour venir la poser sur l'épaule du jeune garçon et conclure :

« Tu deviendras un redoutable guerrier, fils, et tu as encore tout le temps de le démontrer. Inutile de se précipiter... »
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MessageSujet: Re: Mon père, ce tyran... [PV Artaher] TERMINE Mon père, ce tyran... [PV Artaher] TERMINE Icon_minitimeSam 22 Mar 2014 - 23:35

Il ne flancherait pas. Même le regard lourd de son père apparemment pas très satisfait d'avoir été interrompu ainsi n'avait pu le faire reculer. Il voulait une réponse là maintenant, tout de suite, et une réponse positive. Il en avait assez de vivre dans l'attente, il voulait de l'action, il n'avait jamais été aussi prêt. Il ne pouvait tout de même pas passer sa vie dans le calme royaume elfique en attendant que les problèmes d'Armanda se règlent tout seul ! Il deviendrait fou si il continuait ainsi... Peut-être même que le fait d'avoir un but l'aiderait à canaliser son énergie... Tiens c'était un argument pas mal ça, il pourrait peut-être l'utiliser... Il allait le garder dans sa manche.

Le bref regard circulaire de son père ne lui échappa pas mais il demeura de marbre. Il n'était pas difficile de deviner qu'il cherchait Nómin. Il fallait dire qu'il était très rare de croiser l'un des jumeaux sans l'autre, et que ce n'était pas une bonne nouvelle sachant le caractère explosif de leur conversation. Mais Aranël n'avait pas cherché à se faire accompagner de sa moitié pour cette excursion-ci, c'était une affaire entre lui et son père et si ce dernier refusait encore de céder alors il ne voyait pas pourquoi il devrait faire le moindre effort. A quoi bon maîtriser ses colères si cela ne s'avérait pas payant ? Il n'y avait pas de raison qu'il soit le seul à se sentir mal.

Il chassa la première remarque d'un simple haussement d'épaule léger, les sourcils légèrement levé. Son père le connaissait mal si il croyait qu'il aurait pu attendre plusieurs heures que celui-ci se décide à rentrer. Il n'était pas du genre à remettre ses combats à plus tard, quand il prenait une décision alors il faisait en sorte de l'exécuter immédiatement, et tant pis pour les conséquences. Puis le couperet tomba, lui tirant un rictus agressif. Ah, il en avait assez de cette histoire de minutes ! Cela devenait ridicule !

Sur le coup la proposition de son père lui avait semblé une superbe idée, et comme toujours il n'avait pas été long à prendre sa décision. Une seconde à peine, peut-être moins, avant qu'il parte en courant chercher les armes d'entrainement. A aucun moment il n'avait réfléchit à la difficulté de sa tâche, pas plus intimidé par la différence de carrure que par le terrible niveau de son paternel. Son enthousiasme le perdrait décidément... Mais au moins ne pouvait-on pas l'accuser de lâcheté, la témérité était sa marque de fabrique. Il en était parfaitement conscient et savait que l'inquiétude de ses parents à l'idée de lui confier une arme venait aussi de là, mais n'avait-il pas le droit de vivre comme il l'entendait ? Il n'allait pas changer son caractère pour les rassurer, il était ainsi et c'était tout. C'était la marque des grands soldats que d'aller au devant du danger et de ne craindre personne, il en était persuadé. Bien qu'avec le recul il se disait que se montrer plus réfléchit le jour où son père lui avait fait cette proposition traitresse n'aurait peut-être pas été un luxe. Il se sentait coincé à présent, et ça le rendait furieux. Il ouvrit la bouche pour protester, le regard plein de colère, mais son interlocuteur reprenait déjà la parole.

Le jeune elfe referma la bouche en suivant le regard de son père vers les abords de la forêt. Sentant les flammes rageuses de sa fureur danser en lui, il inspira profondément par le nez afin de tenter de les discipliner. Laisser Nómin en arrière n'avait peut-être pas été une si bonne idée finalement... Mais son père prouvait à nouveau qu'il n'avait aucune confiance en lui, alors pourquoi le détromper ? Les prunelles assombries, il cracha brutalement :

"Je me fiche de ce que mère pense !"

Il recula vivement lorsque la main se leva et effleura son épaule avec l'intention visible de venir s'y poser. Ses oreilles sifflaient et c'est à peine si il entendit les derniers mots de son père. Sa voix se fit acide lorsqu'il accusa :

"Tu savais parfaitement ce que tu faisais en proposant ce duel. Tu savais qu'il me faudrait des années, tu espères me barrer la route aussi longtemps que tu le pourras. Jusqu'à quand père ? Combien de temps encore vas-tu m'étouffer ? Je ne te laisserai pas faire !"

Il le défiait du regard sans même s'apercevoir qu'il le tutoyait comme un vulgaire paysan humain l'aurait fait, les poings serrés et tremblants. La rage flambait en lui mais il la maîtrisait encore, conscient de jouer avec le feu. Il fallait qu'il parte dès maintenant, pendant qu'il en avait encore la volonté et avant que le monstre colérique en lui ne prenne pour de bon le dessus. Une présence chuchotait dans son esprit, alimentant sa rage comme pour en tirer de la force. Il expira brutalement l'air bloqué dans sa poitrine et repoussa une nouvelle fois le monstre. Son regard fit un bref allé-retour entre le sentier par lequel il était venu et le regard calme de son père. Il pouvait encore partir... Retrouver Nómin et se faire plaindre tout son saoul jusqu'à ce que sa fureur retombe. Mais il ne voulait pas en rester là, il ne voulait surtout pas avoir à recommencer cette conversation plus tard et donc à combattre le monstre à nouveau. Il fallait qu'il obtienne gain de cause maintenant, pour le bien de tout le monde. Il puisa tout au fond de lui des forces qu'il ne pensait pas avoir afin d'argumenter à nouveau avec le peu de calme dont il était encore capable :

"A moins de combattre les serviteurs eux-même, ce dont je doute d'avoir l'honneur, je n'ai que peu de chance de me retrouver face à des guerriers d'un tel niveau. Et d'ailleurs les toutes jeunes recrues de mon genre ne seront pas envoyées à la guerre, sauf cas extrême. Cette soit-disant inquiétude pour ma sécurité n'est qu'un mensonge. C'est de confiance qu'il est question..."

L'éclat accusateur de ses prunelles aurait été difficilement soutenable pour qui n'y était pas habitué et il le dardait sans la moindre concession sur son père. Le prenait-il pour un idiot ? Il savait parfaitement pourquoi celui-ci ne voulait pas lui confier une épée et donc à plus forte raison le faire intégrer dans une unité. Il gronda :

"Je ne vais pas renoncer à ma vie simplement pour respecter un principe de précaution. Si vous m'estimez trop dangereux pour les autres père, ayez au moins le courage et la décence de régler le problème pour de bon."

Il l'affronta du regard à nouveau, sachant qu'il allait trop loin. Un fils ne pouvait défier son père de le faire exiler, enfermer ou même carrément tuer. Mais n'était-ce pas ainsi qu'on réglait ce genre de chose ? Quand un danger menaçait son peuple, Artaher Terendul ne faisait jamais dans la dentelle. Alors pourquoi hésiter face à l'abomination qu'il avait engendré hein ? Si c'était ainsi qu'il le voyait alors il n'y avait plus rien à espérer de lui. Ses yeux brillaient tandis qu'il refoulait farouchement sa peine pour ne lui opposer qu'un masque de haine pure. Il jeta un dernier regard vers le sentier, mais il était trop tard. Il n'avait plus la volonté d'en rester simplement là...
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MessageSujet: Re: Mon père, ce tyran... [PV Artaher] TERMINE Mon père, ce tyran... [PV Artaher] TERMINE Icon_minitimeMer 26 Mar 2014 - 21:10

Depuis les premiers mots qu'avait eu son fils aujourd'hui, peut-être même depuis qu'il en avait vu la silhouette élancée s'avancer dans la clairière, Artaher avait pu pressentir la tournure que prendrait la conversation. Et de fait, il reçut la confirmation de ne pas s'être trompé sitôt qu'il sentit l'épaule de son aîné se soustraire à l'approche de sa main. La tempête se levait dans l'esprit du jeune Terendul et les premières exclamations acerbes ne tardèrent d'ailleurs pas à se faire entendre. Privilège du parent, le général pouvait lire dans les attitudes de son fils aussi clairement que dans un livre et en ce moment, là où beaucoup n'auraient vu que colère, lui percevait sans mal souffrance et angoisse. Des maux intérieurs qui torturaient son propre enfant, sous ses yeux, et contre lesquels sa force, sa maîtrise de l'épée ou encore sa détermination sans faille ne pouvaient strictement rien. Tandis que l'adolescent répliquait et argumentait, Artaher réfléchissait rapidement à la meilleure réponse qu'il pourrait y donner. Pour l'instant, la crise demeurait encore sous contrôle mais rien ne permettait d'affirmer que ce serait encore le cas l'instant suivant et ce d'autant plus qu'il lui faudrait bien réagir au discours du jeune garçon. Pour leur plus grand malheur à tous les deux cependant, céder n'apparaissait pas encore au registre des possibilités que le colosse elfique était prêt à envisager, quand bien même il pouvait parfois être si tentant de simplement capituler et s'épargner le spectacle de son enfant vous maudissant avec l'ardeur d'un dragon.

Artaher inspira profondément, considérant mentalement la possibilité de mettre un terme à la discussion en chassant purement et simplement le jeune elfe pour le renvoyer au domicile familial. Il s'épargnerait ainsi de bien véhémentes critiques à venir mais c'était prendre le risque qu'Aranël refuse d'obtempérer et provoque Dracos savait quelle catastrophe sur le chemin du retour. Sans oublier Lisaë, bien entendu, qui pour peu que Nómin demeura introuvable aurait également à souffrir des tourments de leur colérique progéniture.
Impossible donc, et de toute façon, il était désormais trop tard pour cela. Pas plus que son fils Artaher n'était de ceux qui tendaient volontiers la joue droite après qu'on leur gifla la gauche, aussi bien par le geste physique que par la virulence des mots. En laissant clairement entendre que son paternel faisait preuve de lâcheté, Aranël malmenait une corde parmi les plus sensibles qui soient chez un elfe aussi fier que pouvait l'être le général elfique.

Chargée de cette implacable autorité qui le caractérisait tant, la voix du militaire claqua sèchement dans l'air pour faire cesser le déversement de rancœur dont il était la cible. Ses traits demeuraient figés en un faciès sévère tandis que ses yeux clairs soutenaient avec fermeté le regard flamboyant qui le défiait avec insolence.

« Suffit, Aranël ! »

Un empereur lui-même se serait interrompu devant l'aplomb avec lequel l'ordre avait été donné. C'était bien le général et meneur d'hommes fort d'une assurance inébranlable plus que le père qui s'exprimait alors, chargeant son discours de cette froide distance toute militaire avec laquelle un commandant s'adressait à ses troupes.

« Ce n'est pas pour les autres que je m'inquiète, c'est pour toi. »

Ce qui n'avait rien d'un mensonge par ailleurs : que son fils en vienne à tuer un innocent au cours de l'un de ses accès de rage et même l'influence de son général de père ne pourrait être suffisante pour lui éviter le bannissement, la dernière chose que l'on pouvait souhaiter voir infliger à un proche.

« Les Alayiens ont déjà apporté la mort sur le domaine baptistral, si ce n'est pas un cas extrême, de quoi s'agit-il alors ? Je les ai vu de mes yeux et les ai combattus de mes mains, ne l'oublie pas. Ce ne sont peut-être que des hommes mais continue de les sous-estimer comme tu le fais et tu attendras encore longtemps avant de pouvoir arborer l'uniforme qui te fait tellement envie. Car je suis non seulement ton père, mais si tu aspires à rejoindre l'armée, je suis aussi ton général alors tâche de ne pas l'oublier ! Si tu es incapable d'obéir au premier, tu ferais bien d'apprendre à montrer davantage de respect envers le second car lui ne tolèrera pas l'indiscipline. Je n'ai jamais autorisé quelqu'un qui n'y était pas prêt à prendre les armes, ce n'est pas avec mon fils que je vais commencer. »

Sa voix s'adoucit d'un ton lorsqu'il poursuivit, délaissant progressivement ses atours de général pour retrouver ceux du père.

« Je comprends ton impatience. Sincèrement. Mais tu n'es pas encore prêt à porter ta propre épée, aussi bien sur le champs de bataille qu'ailleurs. Et tu peux bien me détester pour cela, mais aussi longtemps que tu ne m'auras pas démontré le contraire, je te refuserais le droit d'en porter une. »

Il n'était pas difficile de comprendre qu'il ne s'agissait pas là de ce que l'impulsif adolescent avait souhaité entendre de cette conversation mais Artaher ne doutait pas que, par certains aspects, sous cette carapace de rage derrière laquelle il se cloisonnait hors de portée de son père, Aranël avait parfaitement eu conscience de la vacuité de sa demande. Alors, parce qu'il l'aimait, parce qu'il craignait pour lui, Terendul père se montrerait inflexible sur ce point.
Pourtant, au contraire de ce que prétendait le jeune elfe, les trois minutes de duel qu'avaient imposé le colosse elfique à sa progéniture n'avaient certainement pas pour but de l'étouffer. Trois minutes, c'était un temps relativement long lorsqu'on en passait chaque seconde à combattre et plus encore lorsqu'on devait se défendre des assauts d'un guerrier de la trempe d'Artaher. Pour que son fils puisse démontrer une maîtrise de soi suffisante et ainsi faire en sorte que sa concentration demeura intacte de la première à la dernière de ces cent-quatre-vingt secondes, il n'aurait d'autre choix que d'apprendre à contrôler son impulsivité... et sa colère.

Le général conclut finalement, sa voix retrouvant un peu plus de sévérité :

« Et si vraiment tu te fiches de ce que pense ta mère, alors je m'en soucierais pour deux. »
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MessageSujet: Re: Mon père, ce tyran... [PV Artaher] TERMINE Mon père, ce tyran... [PV Artaher] TERMINE Icon_minitimeVen 28 Mar 2014 - 19:49

L'ordre claqua entre eux avec une force digne de faire sursauter n'importe quel autre interlocuteur mais il s'agissait d'Aranël. Il était bien trop téméraire pour craindre qui que ce soit, même l'intimidant général qu'était son père. Il obtempera néanmoins et coupa le flot acide de ses paroles, mais c'était plus pour chercher un nouvel angle d'attaque que pour vraiment céder... Il plissa les yeux, à la recherche d'une faille dans l'armure inébranlable de son père ert se ferma plus encore en décelant la froideur du ton que celui-ci prenait. Il ne lui offrait aucune prise, et cela le frustrait plus encore. Il se fichait de savoir pour qui son père s'inquiétait, en réalité il ne savait plus très bien si cela le vexait plus qu'il s'inquiète pour les autres ou bien pour lui ! Il ouvrit la bouche pour le couper mais n'en eut pas le temps et en fut réduit à écouter le long discours qui suivit. Il parvint tout de même à en placer une en plein milieu :

"Je ne les sous-estime pas !"

Il avait protesté d'une voix hargneuse, prêt à argumenter sur ce point mais il s'en révéla incapable. Il possédait assez de courage inconscient pour aller se jeter au beau milieu d'une bataille enragée mais certainement pas assez pour avouer à son père qu'il le considérait comme meilleur bretteur que tous les Alayiens réunis... D'ailleurs il lui aurait certainement rétorqué que c'était faux, ce qu'Aranël n'aurait pas cru une seule seconde... Bref, tout ceci n'était pas bon à dire et il était de toutes façons déjà bien empêtré dans la suite... Envoyer paître son père c'était une chose, faire la même chose de son général en était une autre... Son front se plissa lorsqu'il analysa ce nouveau point de vue particulièrement gênant pour ses projets mais il trouva rapidement la parade :

"Je ne suis qu'un gosse, pas un soldat. Nul ne peut me reprocher mon indiscipline..."

Il avait parlé d'un ton aussi mauvais que railleur, soulageant sa frustration par la moquerie insolente. Si il ne voulait pas le laisser grandir autant qu'il récolte les pots cassés, il l'avait bien cherché après tout. Qu'il lui laisse seulement sa chance et alors Aranël se retrouverait obligé de courber l'échine et d'adopter pour de bon la discipline du soldat, à condition qu'il en soit capable... Si au moins on lui laissait l'occasion d'essayer alors ce serait vite réglé ! Mais il voyait la calme résolution dans les yeux de son père et il comptait bien lui faire payer sa fermeté. Si on devait le voir éternellement comme un enfant irrascible alors il ferait en sorte de mériter sa réputation, et tant pis pour les conséquences.

A moitié déconcentré, il revint instantanément à l'instant présent en se hérissant contre le ton raisonnable et résolument compréhensif pris par le général Elfique. Dracos, qu'il détestait ce genre de jeu ! Il serra les dents pour ne pas lui balancer en pleine figure qu'il ne comprenait en vérité rien du tout. Il choisit plutôt un autre angle :

"Aucun soldat n'a jamais eu à relever ce genre de défi avant d'obtenir son uniforme, ou son épée. Si je n'étais le fils de personne je serais déjà armé ! Peut-être même gradé ! Si je n'étais pas un Terendul j'aurais la paix, j'en ai assez de cette famille !"

Il avait crié les derniers mots, certain de blesser profondément son père grace à eux. Mais ce qu'il n'était pas prévu c'était qu'il le blesse tout autant lui-même... Il cligna des yeux avec hébétude à l'instant même où ils quittèrent sa bouche pour heurter sèchement ses oreilles. Qu'est-ce qu'il racontait ? Il aimait sa famille plus que tout, même ses parents et même cette petite peste de soeur dont il avait hérité. Et Nomin surtout... Il aimait Nomin qui n'aurait pas cru un seul mot de ce qu'il venait de dire et qui aurait chassé tout ceci d'un haussement d'épaule désintéressé. L'image de son frère s'imposa à ses yeux et il secoua la tête pour chercher en lui le calme qui n'existait déjà presque plus. En relevant craintivement le regard pour croiser celui de son père, il réalisa qu'il avait reculé d'un pas. Sa réponse à la dernière phrase prononcée un peu plus tôt par le général lui sembla absurde, mais il la murmura sans réfléchir, consterné par sa propre attitude :

"Je ne m'en fiche pas..."

Bon d'accord, il se contredisait tout seul mais il ne savait plus très bien où il en était... Assombrit par des tonnes de souffrance, son regard habituellement clair prit une teinte terne lorsqu'il interrogea d'une voix tremblante :

"Pourquoi suis-je ainsi ?"

Question qui revenait sans cesse dans son esprit, mais maintenant qu'il y réfléchissait il s'apercevait qu'il ne l'avait jamais posée à son père. Il s'était contenté de la faire tourner en boucle dans sa tête, de la confier à Nomin aussi mais c'était pareil. Et si c'était ses parents qui en avaient la réponse ? Ils l'avaient mis au monde, ils devaient bien savoir ce qui clochait en lui ! Aucun elfe ne possédait cette fureur brute qui le rongeait à tout moment de l'intérieur. Aucun elfe ne s'était vu refuser le port d'une arme pour cause d'instabilité furieuse. Où était l'erreur ? Il aurait été si soulager de trouver un autre que lui à blâmer... Mais il doutait fortement que l'éducation qu'il avait reçue ou la façon dont il était né avait pu influencer ses crises de rage, sinon il n'aurait pas été le seul touché... Etait-il simplement fou ? Etait-il condamné à une vie différente de cette des autres simplement parce qu'il n'était pas adapté à la normalité ? Car c'était ce qu'il demandait après tout... Il était loin d'être le seul garçon à rêver de bataille et de combats glorieux. Il voulait simplement pouvoir poursuivre les mêmes rêves que les autres... Son regard se fit suppliant au contact de celui de son père, il ne demandait même plus qu'on lui cède, il voulait simplement une explication à ces crises qui le terrorisait...
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MessageSujet: Re: Mon père, ce tyran... [PV Artaher] TERMINE Mon père, ce tyran... [PV Artaher] TERMINE Icon_minitimeDim 30 Mar 2014 - 17:36

Les mots ne seraient jamais que des mots, simples vibrations portées par l'air jusqu'aux oreilles de ceux qui voudraient les écouter, une inoffensive série de sons et autres vocalises harmonieusement arrangées selon des codes ancestraux pour les teinter d'une signification précise. Intangibles et impalpables, leur existence éphémère s'achevait sitôt qu'il n'y avait plus personne pour les entendre. Et pourtant, le pouvoir qu'ils pouvaient exercer surclassait indubitablement les plus puissants des sorts ou les plus tranchantes des lames. Les mots pouvaient en effet indifféremment apaiser ou blesser, se révéler sources de joie ou de malheur, engendrer sourires ou pleurs, partager la connaissance ou répandre le mensonge. Ainsi, les mots d'un empereur pouvaient sceller le destin de peuples entiers, les mots d'un soupirant pouvaient faire s'emballer le coeur, les mots d'un fils... pouvaient faire vaciller le plus solide des pères.

Un nerf de sa joue tressaillit brièvement, avant que les traits du général ne se figent complètement, mâchoires serrées, devant les paroles de son enfant. Artaher avait pourtant l'habitude d'entendre son fils prononcer des mots qui dépassaient sa pensée, après tout, lorsque la colère étreignait l'esprit, les mots incarnaient une arme qu'il était si facile de dégainer et dont on ne pouvait guère interdire le port comme on le faisait d'une épée. Mais jusqu'à présent, les éclats vocaux d'Aranël avaient toujours été dirigés contre son propre père, et lui uniquement, jamais encore il n'avait poussé l'insolence jusqu'à rejeter sa famille, son propre nom, son propre sang. L'adolescent avait voulu frapper au coeur, et y était d'ailleurs parvenu même si en surface, le général s'efforçait de conserver une apparente consistance. Seul un léger plissement de son regard d'acier laissait deviner le soubresaut qu'avait provoqué chez lui l'attaque - car comment aurait-il pu qualifier autrement cela ? - du jeune elfe.

Bras croisés devant lui, Artaher sentit ses épaules se contracter douloureusement tandis qu'il réprimait sa pulsion première, cet instinct difficilement contrôlable qui l'enjoignait de gifler l'impertinent pour lui inculquer le respect dû à sa famille : qu'Aranël critiqua son père était une chose, mais Lisaë, Nómin et Enetari méritaient autrement plus de considération à ses yeux. Le colosse elfique n'en fit rien cependant, la lueur coupable qui avait éclairé le regard de son fils à l'instant même où les mots lui avaient échappés l'incitant aussitôt à modérer sa réprimande.
Il était de toute façon trop tard que pour revenir en arrière : Aranël ne pourrait ravaler ses paroles quand bien même il le désirait. Toutefois, à en juger par sa réaction de recul et son visage défait, il s'était parfaitement rendu compte qu'il avait cette fois posé le mot de trop.

Terendul père conserva un mutisme strict pendant de longues secondes, laissant peser son regard sévère sur la silhouette de son fils. Le réprimander ne lui apparaissait plus nécessaire : la tête basse et le regard fuyant, l'attitude de ce dernier ne transpirait plus de cette ardeur bravache avec laquelle il était venu défier son paternel quelques instants plus tôt. Et puis, la vue de son enfant écrasé de honte et de douleur était typiquement le genre de spectacle qu'un parent aurait souhaité ne jamais avoir à endurer.
Sans vraiment qu'il en eut conscience, la respiration du général elfique s'était faite lente et profonde, calquant son rythme sur celui du vent léger qui faisait se balancer les branches d'arbres dénudées. Au bout d'un temps qui lui sembla étrangement incertain, il inspira une ultime fois puis laissa échapper un soupir las et reprit la parole. Il parla lentement et distinctement, détachant soigneusement les mots les uns des autres pour être parfaitement certain d'être compris et ne pas avoir à se répéter :

« Je pense que tu as parfaitement saisi la gravité de ce que tu viens de dire, aussi vais-je considérer n'avoir rien entendu... »

Il fallait que cela fut dit. Même si Artaher se montrerait clément et épargnerait à son fils d'avoir à souffrir de ses propres paroles plus qu'il n'avait déjà à endurer, il ne pouvait décemment pas se permettre de totalement occulter cet aspect de leur conversation. Qu'au moins le jeune garçon prenne conscience de l'importance que pouvaient prendre de simples mots si l'on n'y prenait pas garde.

« Mais parce que tu n'es encore qu'un enfant, sois sûr que ton père sera celui qui te reprochera tes manquements à la discipline. »

Et le jeune elfe pouvait s'estimer heureux de cette situation : lorsque le temps viendrait pour lui d'appeler son père ''général'' , il découvrirait un supérieur hiérarchique particulièrement exigeant envers ses troupes.

En attendant, c'était bien son père qu'Aranël avait interrogé et c'était bien au père qu'incombait la responsabilité de maintenant répondre à une question qui l'avait torturée de longues années et à laquelle, pas plus que son fils, il n'avait pu apporter d'explications satisfaisantes. Pourquoi son fils éprouvait-il tant de colère ? Lorsqu'ils devenaient réponses, les mots revêtaient davantage encore d'importance, aussi le général s'accorda-t-il quelques secondes de réflexion afin de choisir avec soin ceux qui composeraient sa prochaine réplique. Il inspira, comme s'il attendait de ce geste qu'il lui insuffla courage, puis relâcha l'air ainsi emmagasiné pour faire entendre ses paroles :

« Si j'avais la réponse à cette question, nous n'aurions jamais eu cette conversation... »

Après tout, quel père aurait laissé son fils endurer tant de tourments alors même qu'il possédait la solution à son problème ? C'était certes le rôle de la figure paternelle que de se montrer dur envers ses enfants, afin de leur inculquer les savoirs et les gestes qui les prépareraient à affronter l'âpreté du monde, mais à ce niveau, on parlerait plus volontiers de torture et de cruauté que d'éducation ou de sévérité.

« Tu es comme les Esprits t'ont offert à nous, Aranël, et ni ta mère ni moi ne pourrions souhaiter qu'il en fut autrement. Tu n'es certainement pas comme les autres elfes, c'est l'exacte vérité, mais crois bien que cela fait tout autant, si ce n'est plus, la fierté des Terendul. Quel père voudrait que son enfant ne soit qu'un individu parmi d'autres, selon toi ? Nómin, Enetari ou toi, vous êtes chacun différents des autres à votre manière, après tout, votre seule naissance faisait déjà de vous des êtres exceptionnels. »

Des triplés. Les naissances de jumeaux étaient déjà rares, au point que bien peu d'elfes pouvaient se vanter d'appartenir à une telle fratrie, alors que dire des triplés ?

« Pour l'instant, tu souffres encore de cette différence, mais elle deviendra un jour ta force. »

Quand et comment, il n'aurait pu le dire, mais il n'en demeurait pas moins fermement convaincu de son discours. Artaher décroisa les bras pour venir porter les mains à sa taille, bras écartés, tandis qu'il poursuivait maintenant avec un peu plus d'entrain, s'efforçant de rendre le sourire à son fils :

« En attendant, si tu veux tout de même mériter ta solde, je pourrais avoir l'usage d'un aide de camps : tu auras un uniforme et tu m'accompagneras pour m'assister dans mes fonctions, mais que les choses soient claires... Pas d'épée pour l'instant. »
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MessageSujet: Re: Mon père, ce tyran... [PV Artaher] TERMINE Mon père, ce tyran... [PV Artaher] TERMINE Icon_minitimeJeu 3 Avr 2014 - 16:20

Aranël connaissait suffisamment bien son père pour reconnaître les signaux d'alerte, et ils étaient flagrants à cet instant. Il se raidit dans l'attente de la gifle qui ne saurait sans doute tarder et qui ne vint jamais au final même si il aurait préféré cela à la lenteur grave des mots qui accentuèrent sa honte. Il détourna les yeux, trop fier pour se laisser aller à fixer le bout de sa chaussure pourtant si attirante mais incapable malgré tout de reprendre leur duel de regards. Dans d'autres circonstances la promesse de son père l'aurait fait bondir de rage, il se contenta à l'occurence de grimacer légèrement, un pli buté sur le front. Il n'avait rien à répondre à cela, mais il n'accepterait pas les reproches plus qu'il ne l'avait fait depuis qu'il était en âge d'hurler, c'est à dire depuis le début de son existence. Il ne savait pas plier, mais il avait de qui tenir n'est-ce pas ? Sans répondre, l'adolescent réaccorda toute son attention à son interlocuteur et à son étrange discours. Il ne s'était pas attendu à cela.

Décontenancé, il pencha la tête comme pour mieux analyser ce nouveau point de vue qui ne lui avait jamais traversé l'esprit. Un point fort de différence ? Son père était-il tombé sur la tête ? Il pinça les lèvres à cette pensée, déjà tout près de l'envoyer bouler mais l'étincelle de fierté qu'il voyait effectivement briller dans les prunelles paternelle le déconcerta encore plus. Sa famille était fière de lui, vraiment ? Malgré toutes les catastrophes qu'il déclenchait, les incidents diplomatiques avec les autres familles, les bagarres où il était invariablement mêlé voir instigateur ? Malgré ses mots durs, voir ses gestes inconsidérés lorsqu'il perdait le contrôle ? Malgré son acharnement apparent à vouloir s'éloigner à tout prix de l'image de l'elfe sage et contrôlé qu'il devait-être ? Qu'on l'aime encore après cela c'était une chose, les liens du sang ne se brisaient pas facilement. Mais qu'on soit fier de lui malgré tout... Pourquoi ?

La réponse lui vint avec l'évocation de son frère et de sa soeur. Bien sur il n'ignorait rien du caractère exceptionnel de leur naissance, il vivait avec cela depuis toujours et s'était habitué à provoquer l'étonnement et l'intérêt partout où il passait avec Nomin et Enetari. Il voyait bien le respect presque envieux que les autres elfes destinaient à tout instant à ses parents et on lui avait assez rabattu les oreilles du fait qu'il n'y avait pas eu d'autres triplets depuis des siècles entiers. Mais ce n'était pas cette fierté globale et légitime d'Artaher qui le désorientait le plus. A cet instant où toute l'attention de son général de père était concentré sur lui seul, il s'apercevait du lien particulier qui s'était tissé entre eux deux. Balloté par les tempêtes explosives qui les opposaient souvent, il existait pourtant bien ne serait-ce qu'à cause de l'intérêt enthousiaste que l'aîné Terendul avait toujours manifesté pour les arts guerriers. Et peut-être aussi à cause de ce caractère entier et enflammé... Ils se rejetaient avec violence comme deux aimants de même charge simplement parce que comme eux, ils étaient trop semblables.

*Il se voit en moi...*

Il se faisait cette réflexion pour la première fois et elle lui sembla alors si évidente qu'il se demanda un instant pourquoi il l'avait repoussée si longtemps. Il n'avait pas qu'une simple ressemblance physique avec son père, il était trempé dans le même acier même si lui avait poussé leurs travers jusqu'aux pires retranchements. Sa folie ne faisait pas de doute, d'ailleurs Artaher n'avait pas su lui expliquer les raisons de ses colères, mais au moins s'était-il trouvé quelques points communs avec son père. Son problème mis à part, il y avait en lui quelques petites choses dont il pouvait se sentir fier lui aussi, c'était une idée rassurante. Il avait une base saine sur laquelle s'appuyer.

« Pour l'instant, tu souffres encore de cette différence, mais elle deviendra un jour ta force. »

Il médita cette phrase un moment et la comprit d'autant mieux qu'il s'apercevait à présent que son caractère n'avait pas fait que lui mettre des bâtons dans les roues. Ses colères le desservaient le plus souvent, y compris en combat puisqu'on lui reprochait bien souvent de la laisser le mener par le bout du nez. Mais elle lui donnait aussi de l'énergie et de la force, et quand à son orgueil c'était aussi ce qui lui permettait de ne jamais lâcher prise. Lorsqu'il s'obtinait dans le bon sens, il finissait toujours par arriver à ses fins. Si seulement il parvenait à contrôler ses travers... Il se mordit les lèvres à cette pensée, pensif mais très conscient de la difficulté de la chose. Il s'était juré de changer assez souvent pour savoir qu'il n'en était pas capable malgré toute sa bonne volonté. La rage qui brûlait dans son coeur était tout simplement trop intense pour être contrôlée, mais de là à abandonner totalement...

Fort de toutes ces réflexions, il inspira profondément sans cacher la lutte farouche qui se déroulait en lui pour museler au moins temporairement la flamme rugissante qui menaçait de le dévorer tout entier. Les plus grandes entreprises commençaient toujours par de petites actions, si il ne pouvait s'amender en un claquement de doigt il pouvait au moins poser la première brique à l'autel de ses efforts. Alors qu'il s'apprêtait à mettre de côté son orgueil pour s'incliner devant la décision paternelle, il fut à nouveau pris de court et ne pu que cligner des paupières avec une certaine méfiance, où était le piège ?

"Un... Aide de camps ?"

Ce n'était pas n'importe quel poste qu'on lui proposait là, bien sur ce n'était pas celui dont il avait rêvé mais pas mal d'autres jeunes auraient tué pour le privilège de servir au côté d'Artaher Terendul et d'apprendre à son contact. Un peu plus tôt Aranël aurait sans doute été l'un des ses elfes de son âge à refuser ombrageusement une telle proposition. Se tenir à la disposition de son père sans avoir le droit de porter une arme et simplement pour lui rendre la vie plus facile ? Pouah, il n'était pas un valet ! Mais il voyait à présent les choses d'une autre façon, c'était un pas en avant, un compromis, et même une chance... Les flammes en lui n'aimaient pas les compromis, mais elles étaient muselées par sa volonté au moins temporairement. Il refusait de les écouter.

"C'est un poste honorable. Merci père, je ne vous décevrais pas."

L'effort intense qu'il avait dû consentir pour prononcer ces quelques mots manqua lui faire perdre tout son contrôle mais il se mordit la langue assez fort pour s'empêcher d'ajouter quoi que ce soit d'inacceptable. Dracos... Si toutes les briques de son édifice devaient s'avérer aussi lourde que celle là il n'était pas au bout de ses peines ! Il chassa cette pensée décourageante au fin fond de son esprit et recupéra sa fougue habituelle pour reprendre :

"Pas d'épée tant qu'on ne me le permet pas, je sais. Sauf si je relève le vieux défi d'ici là."

Ses prunelles s'étrécirent lorsqu'il le fixa avec une intensité nouvelle. Il venait d'apprendre beaucoup de choses en peu de temps et ne s'attendait plus à gagner son pari dès aujourd'hui. Des plaies et des bosses, c'était plutôt ce qu'il allait récolter pour la quatre-cent quatorzième fois du mois mais il y avait autre chose qu'il gagnait à chaque combat et donc il était à présent conscient. L'expérience, la connaissance de son adversaire. Son nouveau poste allait aussi lui servir à cela, mais rien ne valait le combat pour progresser vite. Aussi difficile que soit pour lui l'idée de l'utiliser, il venait de comprendre la valeur de la patience.

"Avez vous encore un peu de temps à accorder à votre fils général, avant qu'il ne revêt l'uniforme ?"

Il leva un sourcil en l'interrogeant malicieusement, conscient de l'avoir sans doute à son tour déconcerté par son changement d'humeur soudain. Après tout il n'y avait pas de raison...
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MessageSujet: Re: Mon père, ce tyran... [PV Artaher] TERMINE Mon père, ce tyran... [PV Artaher] TERMINE Icon_minitimeMer 9 Avr 2014 - 18:10

Les quelques secondes de silence qui suivirent les derniers mots du général elfique semblèrent s'étirer une éternité entière. Son regard aussi clair que l'acier de ses lames demeurait fermement accroché à celui de son fils aîné tandis que son visage s'efforçait de conserver un masque serein. Sous la surface pourtant, l'esprit du colosse elfique affrontait des ennemis qui lui étaient bien peu communs : le doute et peut-être même les germes de ce que l'on pouvait qualifier de peur déployaient progressivement leurs armes de siège devant la forteresse de son assurance et de sa confiance en lui. Car Artaher avait depuis longtemps appris à domestiquer la peur qui étreint le coeur de tout soldat avant la bataille, usant et transformant celle-ci afin qu'elle le serve dans l'âpreté du combat, affermissant ses gestes, accélérant ses réflexes et affûtant ses sens. Nulle armée sur ce continent ou un autre n'aurait pu faire trembler sa lame. Aucun ennemi, aussi puissant soit-il, n'aurait pu le faire douter, que du contraire d'ailleurs puisque le guerrier qu'il était recherchait constamment adversaire à même de le surpasser. Mais devant son propre enfant, il se trouvait parfois totalement dépourvu de cette confiance infaillible qui le caractérisait tant.

Artaher hocha lentement de la tête lorsque l'adolescent répéta l'intitulé du poste qui venait de lui être proposé, comme pour lui confirmer qu'il n'avait pas mal entendu. L'offre qu'il avait faite au jeune elfe faisait figure de bouteille à la mer, une tentative presque désespérée de faire retomber la pression de la colère sous-jacente. Discrète oui, mais bien présente. Jusqu'à présent, Aranël parvenait encore à maintenir la bride de ses émotions sous l'emprise de sa volonté et de sa raison, mais depuis la première fois qu'il l'avait tenu dans ses bras, le général connaissait suffisamment bien son aîné que pour savoir que le moindre grain de sable, le plus petit mot de travers, la plus banale erreur dans l'intonation de sa voix pouvait provoquer une réaction en chaîne qui décuplerait l'ire du jeune elfe dans des proportions qui deviendraient rapidement incontrôlables par tout autre que Nómin.
Néanmoins, la proposition demeurait parfaitement honnête et sincère : si Artaher avait eu le moindre doute quant aux qualifications de son fils pour remplir le rôle qui lui serait désormais dévolu, il se serait purement et simplement abstenu de le lui présenter, quitte à en subir les conséquences. Sur un plan purement professionnel, Aranël avait assurément le sérieux et les compétences pour seconder efficacement l'officier commandant des forces armées elfiques, tandis que sur un plan plus personnel, la perspective de passer davantage de temps avec son aîné n'était pas non plus pour lui déplaire. Et puis, qui pouvait dire si la prise de responsabilités ne permettrait pas à l'adolescent d'apprendre à mieux cerner les difficultés qui étaient les siennes ?

« Je n'en doute pas un instant. »

Il avait dit cela avec aplomb, masquant habilement le soupir de soulagement intérieur qui n'avait pas manqué de l'étreindre en constatant qu'Aranël était parvenu à voir l'opportunité qui lui était donnée plutôt que la contrainte qu'avait été obligé de lui imposer son père. La remarque suivante parvint néanmoins à arracher un sourire amusé au colosse. Après que soit retombé son premier éclat de voix, le jeune elfe s'était montré étonnamment docile mais il n'en perdait pas pour autant le sens des réalités. Artaher opina de nouveau avant de confirmer avec une rigueur toute militaire :

« Sauf si tu relèves ton défi, je n'ai qu'une parole. »

L'ombre menaçante de la tempête semblait définitivement s'éloigner cette fois, que ce soit dans sa gestuelle, dans l'intonation de sa voix ou simplement dans la façon qu'il avait de regarder son père, Aranël semblait s'apaiser. En fait, il paraissait même se draper d'une jovialité des plus inhabituelles qui, si elle faisait indubitablement plaisir à voir, n'en laissait pas Artaher moins perplexe pour autant. Certes, le jeune elfe s'était toujours montré particulièrement enjoué par la perspective de croiser le fer avec son paternel : dès le premier jour, celui-là même où le général avait lancé ce défi à son jeune fils, Aranël et lui avaient combattu des heures durant jusqu'à l'épuisement complet du fougueux combattant, lequel avait d'ailleurs fini par littéralement s'endormir dans les bras de son père. Mais cette fois pourtant, quelque chose était différent. L'aîné de la jeune génération Terendul n'était pas exclusivement concentré sur son objectif d'obtenir une épée, quand bien même il ne manquerait certainement pas la réclamer s'il obtenait gain de cause.

Artaher leva son regard clair vers le ciel, estimant la course de l'astre solaire pour déterminer l'heure qu'il pouvait bien être. L'après-midi était fort avancée, d'ici deux ou trois heures tout au plus, le soleil serait déjà bas sur l'horizon et il lui fallait encore inspecter deux garnisons pour achever la tournée prévue aujourd'hui. Une moue ennuyée déforma les lèvres du général tandis que celui-ci ramenait son attention sur la silhouette impatiente de son fils : le temps lui faisait défaut. Néanmoins, les obligations de l'officier avaient souvent pris le pas sur celles du père, trop souvent peut-être, et cette étincelle qu'il avait vu s'allumer dans le regard de son fils ne faisait qu'encourager encore la décision qu'il venait de prendre. Son regard se fit bienveillant et le froncement de ses lèvres se mua en un sourire affectueux lorsqu'il répondit :

« Accordé, soldat. »

La poursuite de son inspection attendrait le lendemain : aujourd'hui, le général se consacrerait à une nouvelle recrue. Pensif, le colosse se passa une main sur le menton avant de poursuivre :

« Mais il n'y a pas d'armes d'exercice dans ces postes avancés... »

Son regard clair croisa celui non moins clair de son fils. Il cligna ensuite lentement des yeux avant de lever les mains vers les gardes de ses épées jumelles qu'il dégaina d'un geste souple. Il présenta finalement l'une des lames à son jeune adversaire avant de commenter :

« Ce n'est pas bien grave, je pense que celles-ci feront tout aussi bien l'affaire. Nous n'irons pas jusqu'à la touche toutefois, ton but sera de garder cette épée en main : si tu parviens à m'empêcher de te désarmer pendant trois minutes, je considèrerais ton défi accompli. Si cela te convient, alors, en garde ! »

Sur ces mots, le général prit position, invitant son aîné à se présenter devant lui.
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MessageSujet: Re: Mon père, ce tyran... [PV Artaher] TERMINE Mon père, ce tyran... [PV Artaher] TERMINE Icon_minitimeLun 14 Avr 2014 - 19:28

HJ : comme je le disais je n'ai pas réussi à intégrer de dialogues x') je pense que ça laisse quand même pas mal d'ouverture mais si soucis n'hésites pas à me le dire.


Il n'avait pu s'empêcher de décocher un dernier regard méfiant à son père après tout ceci. Avait-il proposé ce compromis simplement pour avoir la paix ? Etait-il sincère lorsqu'il disait de ne pas douter de ses capacités ? Ne l'ayant jamais attrapé en flagrant délit de mensonge, Aranël avait toutes les raisons de le croire, mais c'était tout de même perturbant... Il ne rumina pas longtemps malgré tout, la perspective de revêtir bientôt un uniforme et de faire un premier pas même minuscule vers le métier de soldat l'emplissait d'excitation. Enfin sa vie prenait un tournant ! Depuis le temps qu'il attendait ça... Il ne faisait même pas l'effort de camoufler les flammes enthousiastes qui brûlaient dans ses prunelles, il n'était de toutes façons pas vraiment du genre à dissimuler ses pensées.

La confirmation que le défi tenait toujours lui arracha un demi sourire satisfait. L'objectif était ambitieux, mais il ne reculait pas devant les difficultés. Par ce chemin-ci ou pas un autre, il finirait par avoir son épée. L'idéal étant tout de même de l'obtenir ainsi, ne serait-ce que pour sa satisfaction personnelle... Quelle fierté il ressentirait si il parvenait enfin à faire tomber ce vieux challenge ! Cette perspective berçait ces nuits depuis des années et endurcissait sa résolution au point de rendre ses entraînements physiques de plus en plus exigeants. Il n'avait pas besoin de cela pour viser l'excellence bien sur, mais c'était une motivation des plus efficaces. Satisfait, il releva le regard à temps pour voir l'hésitation dans les yeux de son père. Allait-il refuser sa demande ? Sans doute pas, la remettre à plus tard par contre c'était plus que vraisemblable. Le jeune elfe se rembrunissait déjà lorsque la décision tomba :

« Accordé, soldat. »

Le titre le fit ciller de plaisir, ce n'était qu'affectueux bien sur mais il n'empêchait qu'il pouvait à présent vraiment se faire appeler ainsi. Il était dans l'armée... Pas armé certes... Mais dans l'armée. L'avenir s'annonçait passionnant ! Et épuisant sans doute... Mais ce n'était pas comme si il n'avait pas des tonnes d'énergie à revendre. Il lui tardait déjà d'annoncer à la nouvelle à Nomin, à sa mère aussi et même à Enetari qui se moquerait sans doute. Il n'en avait cure, il était heureux. Et tant pis si il n'y avait pas d'arme d'exercice dans les camps avancées.

Quoique.. Attendez... Qu'avait-il entendu là ? Il redescendit sur terre instantanément, une lueur de déception dans l'oeil. Alors le combat allait bel et bien être remis à plus tard... Il n'aimait pas attendre. Pire que cela, il détestait attendre ! Il se sentait plus que prêt là maintenant, tout de suite. Patienter ne ferait qu'attiser sa frustration et au final c'est elle qui mènerait le combat et qui le conduirait inévitablement vers une défaite rapide. Il avait beau le savoir pertinemment, cela ne lui permettrait pas de se contrôler pour autant alors qu'en combattant maintenant dans l'état d'esprit où il se trouvait il était certain de pouvoir s'en tirer plus honorablement. Comment dans ces conditions pourrait-il ne pas se sentir frustré ? Il fronçait déjà les sourcils lorsqu'un mouvement soudain attira son regard, ses prunelles s'écarquillèrent lorsque son père lui présenta l'une de ses épées jumelles et il ne pu la saisir qu'avec un petit temps de retard.

L'arme était lourde pour son bras. Ce n'était pas la première fois qu'il tenait une véritable épée même si il n'avait jamais eu l'autorisation de la garder après les joutes, mais c'était par contre une première en ce qui concernait les armes de son père. Il n'avait jamais eu le droit de les toucher autrement qu'avec les yeux, et il ne s'en était d'ailleurs pas privé, se demandant plus d'une fois quel effet cela pouvait faire de brandir ce type d'arme. Voilà, il était renseigné... Il la soupesa pensivement et avec le respect instinctif que tout bretteur manifeste face à une telle perfection puis reporta son regard vers sa jumelle en réalisant tout à coup qu'il ne portait que la moitié du poids véritable de l'épée double-lame. Message reçu, si il voulait un jour égaler son père il allait devoir travailler ses biceps... Entre autre. Pour le moment le maniement de cette lame là suffirait à faire son bonheur, d'autant plus qu'il s'y habituait lentement et que la surprise du poids et de l'équilibre particulier de la lame s'estompait. En fait elle lui allait comme un gant au final... Il sentait d'instinct qu'elle serait parfaite pour son style de combat, ce qui était d'autant plus logique qu'il avait été inconsciemment inspiré par l'exemple de son père dans ce domaine particulier ! C'est à partir de l'observation de son père qu'il avait consolidé ses bases, il s'en éloignait à présent à mesure qu'il trouvait son propre style mais les fondations de ce genre d'entraînement ne disparaissaient jamais tout à fait.

Les pensées du jeune elfe s'apaisèrent en même temps que son souffle lorsqu'il chercha en lui le calme efficace qu'il voulait privilégier dans ce combat. La fougue était sa marque de fabrique, sauf qu'elle n'avait pour le moment absolument rien donné. Ses instructeurs lui avaient assez répété l'importance de ne pas s'enfermer dans une méthode inefficace, le gros problème étant qu'il ne s'agissait en réalité pas d'une méthode de combat en ce qui le concernait mais bien de sa façon d'être. Pouvait-il contrôler ses pulsions téméraires au moins le temps d'un combat ? Il n'en était pas certain, et il savait trop bien à quel point il pouvait rapidement s'échauffer lorsqu'il ne parvenait pas à toucher son adversaire et combien cela le défavorisait face à celui là. En règle générale son énergie inépuisable et sa hargne viscérale suffisait à surprendre et à mettre à mal ses rivaux, mais la technique et l'expérience de son père étaient assez fines pour qu'il puisse en jouer sans réels efforts. Il était grand temps de le surprendre...

Il ne répondit à son père que par un hochement de tête, confirmant par là qu'il avait bien comprit les nouvelles règles mais refusant de se laisser distraire. Il allait déjà avoir bien assez de mal à garder sa concentration et à réprimer son envie de foncer pendant tout le combat... Ses prunelles s'étrécirent jusqu'à ne plus former que de fentes uniquement concentrées sur son adversaire lorsqu'il se plaça. Sa garde était banale, une position simple de droitier. Il avait apprit à privilégier l'efficacité sur tout le reste, et en particulier sur l'esthétisme que semblaient rechercher certains elfes. Bien inutilement d'ailleurs car malgré sa jeunesse Aranël avait comprit bien avant eux que la beauté d'un combat tenait plus à la perfection technique des deux combattants qu'aux fioritures inutiles qu'ils pouvaient ajouter à leurs mouvements. C'est donc avec simplicité qu'il commença ce combat, entamant un mouvement circulaire lent afin de mieux jauger son adversaire à la recherche d'une faille quelconque.

Cette première phase ne durait en général pas plus de quelques secondes, lorsqu'il prenait le temps de la mettre en place d'ailleurs... Le plus souvent il fonçait directement sur son ennemi du moment et ne le lâchait plus jusqu'à défaite de l'un ou de l'autre. Mais il avait décidé de combattre avec sa tête pour cette fois, qu'importait le résultat du duel, il allait faire de son mieux. Il s'immobilisa tout à coup, sans lâcher son adversaire des yeux et laissa un sourire fleurir lentement sur ses lèvres en voyant la perplexité dans le regard paternel. Le temps sembla se suspendre jusqu'à ce qu'il s'accorde un bref regard mutin vers la course du soleil, rappelant ainsi habilement et pour peu que ce soit utile que le temps jouait bel et bien pour lui ! Le message sembla passer parfaitement, et l'attaque arriva enfin. C'était étrange d'inverser le jeu de cette manière... En règle générale c'était lui qui déployait toute sa technique pour tenter de toucher son père avant qu'il ne le touche, mais il s'apercevait à présent que jouer les défenseurs nécessitait une rigueur encore plus grande. Il recula pas à pas en parant avec une certaine habileté les combinaisons de plus en plus complexes que son père lui opposait. Farouche, son regard cherchait à tout instant le bon moment pour tenter lui même une offensive mais il refusa l'ouverture plusieurs fois, pressentant la feinte. Il lui fallu déployer un effort considérable pour ne pas se jeter sur ces failles qui lui tendaient les bras, savoir qu'il s'agissait de piège ne les rendaient pas moins attirantes... Peut-être même plus attirantes en fait. Il repoussa ses instincts téméraires en un violent effort et rompit brutalement dans l'espoir de casser le combat et cette escalade de complexité qui dépasserait très bientôt ses compétences.

Les deux adversaires s'observèrent à nouveau en se tournant autour, Aranël tentant de percer le regard insondable de son père. Le temps s'écoulait lentement, il n'était pas dupe et savait que le combat aurait dû finir depuis longtemps si son adversaire n'avait pas prit le partie d'augmenter la difficulté peu à peu. Il le testait... Ou prenait plaisir à combattre peut-être. Dans tous les cas, il ne lui restait plus à présent qu'une minute à tenir. Elle serait sans doute fatale à ses espoirs, mais l'assaut avait été des plus instructifs. Calme, il était plus efficace qu'en colère. Il hésita quelque instant à continuer sur sa ligne défensive afin de gagner autant de temps que possible mais il n'attendait pas la victoire en ce jour, il n'avait donc rien à perdre et pouvait se faire un petit plaisir. Raffermissant sa poigne sur son épée, il carra les épaules avant de passer enfin à l'offensive...
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MessageSujet: Re: Mon père, ce tyran... [PV Artaher] TERMINE Mon père, ce tyran... [PV Artaher] TERMINE Icon_minitimeSam 19 Avr 2014 - 14:59

Le sourire qu'affichait le général s'effaça sitôt que son adversaire du moment leva son épée pour se mettre en garde, laissant place à un visage froidement militaire. Artaher ne prenait jamais aucun combat à la légère, fut-il une séance d'exercice avec son propre fils, et s'il adaptait effectivement son propre niveau à celui de son adversaire, de sorte que l'entraînement lui soit profitable, il ne se montrait jamais particulièrement clément pour autant. Son regard clair fermement accroché à celui du jeune elfe, il suivit donc le mouvement circulaire que ce dernier initia, laissant son épée glisser négligemment contre la lame du garçon en signe de provocation. D'une seconde à l'autre, Aranël s'avancerait pour prendre l'initiative de la première attaque, comme il en était coutumier, et un simple geste du poignet suffirait au général pour dévier la lame ennemie. Toutefois, à son grand étonnement, cette seconde semblait aujourd'hui vouloir se faire désirer et le sourire qu'afficha à cet instant son opposant le lui confirma rapidement. Pour toutes félicitations, le général ne se permit guère plus qu'un hochement de tête discret, muet signe de satisfaction devant la retenue de son fougueux aîné. Si l'attaque était réputée la meilleure défense, la patience avait ses propres vertus également et il semblait bien qu'Aranël l'eut finalement découvert.

Ainsi, Artaher fut donc le premier à attaquer et entreprit d'exécuter avec vitesse et précision divers enchaînements, débutant avec les classiques les plus simples pour progressivement introduire des séries plus complexes et de moins en moins prévisibles. L'accroissement du rythme avec lequel se faisait entendre le tintement des lames frappant l'une contre l'autre indiquait à qui voulait l'entendre que chaque seconde voyait le défenseur redoubler d'effort pour déjouer l'un après l'autre les multiples assauts de son paternel. Partageant sa concentration entre ses propres attaques et les réponses qui y étaient données par son fils, le général évaluait avec toute la rigueur de l'officier les progrès du garnement et ce qu'il voyait ne manquait pas le satisfaire. Plus modéré, attentif à son objectif sans pour autant totalement négliger de rester concentré sur une éventuelle opportunité, Aranël parvenait même à domestiquer son impulsivité pour ne pas se laisser duper par les feintes que lui présentait son père. Rompant avec ses propres principes, Artaher laissa filtrer l'ombre d'un sourire à l'idée qu'il ne faudrait plus longtemps désormais pour que le jeune elfe remporte son défi et parvienne à acquérir l'autorisation de porter la lame tant désirée. Une fierté pour le père, évidemment, mais une source d'inquiétude aussi. Et s'il s'était trompé ? Si son fils décrochait légitimement le droit de posséder son arme et qu'un malheur survenait ensuite ? Non pas qu'il le souhaitait, évidemment, et il avait une totale confiance en son jugement et en son fils, mais difficile pour autant de totalement écarter cette pensée. L'esprit méthodique du général se devait toujours d'envisager chaque possibilité, y compris les plus sombres. Surtout les plus sombres, en vérité.

Aranël se dégagea finalement une opportunité de briser l'enchaînement de coups dont il était la cible, laissant brièvement retomber l'intensité du duel armé. Le temps s'écoulait, Artaher devait maintenant envisager de passer la vitesse supérieure pour désarmer nettement son fils car autant ses progrès étaient indéniables, autant il était encore trop tôt pour lui confier une arme. Bientôt, il serait prêt, oui, mais pas aujourd'hui. Il demeurait encore une importante leçon que l'intrépide adolescent devait assimiler, peut-être la plus importante de toute d'ailleurs. Une épée était et resterait toujours une arme, un objet conçu dans le seul but de blesser, voire tuer, et à ce titre, celui qui la maniait ne devait jamais en sous-estimer la dangerosité. Pour espérer se voir accorder l'autorisation de posséder sa propre arme, son aîné devait le comprendre et le général avait son idée sur la manière de l'y aider.

Les secondes s'égrainèrent lentement, jusqu'à ce que le jeune garçon décide de reprendre l'offensive, s'élançant vers son colossal adversaire avec détermination. Une lueur fugace brilla dans le regard clair du général tandis qu'il amorçait sa parade, avant de ralentir imperceptiblement son mouvement. La différence tenait du dixième, peut-être du centième de seconde, mais l'instinct guerrier et l'expérience d'Artaher lui permirent d'ajuster sa défense de sorte à laisser juste assez de temps à l'épée adverse pour caresser de son tranchant la peau de son épaule droite, taillant la chair et y dessinant un étroit sillon sanglant.
A en juger par l'étincelle hébétée qui éclaira le bleu des yeux du jeune elfe, celui-ci n'avait pas espéré ne serait-ce qu'un instant faire couler le sang de son père, mais cette seconde pendant laquelle il baissa sa garde ne fut pas perdue pour tout le monde. De fait, la réaction du général fut immédiate et sans appel : avec une technique parfaite, son épée écarta la lame adverse avant de venir buter sur la garde, ouvrant largement la défense d'un Aranël désormais totalement dépourvu devant la montagne de muscles qu'incarnait son père. Le tranchant de la main libre du général vint alors s'abattre avec un geste vif et sec sur le poignet droit de son fils et l'obligea à lâcher son arme, laquelle tomba sur le sol avec un bruit métallique. Ils combattaient depuis deux minutes et quarante-trois secondes.

Père et fils demeurèrent ainsi immobiles pendant quelques secondes de plus, avant qu'Artaher ne daigne finalement se redresser et se reculer d'un pas. Sans un mot, il porta lentement la main à son épaule blessée, effleurant du bout des doigts le tissu déchiré de sa tunique et les bords de la plaie avant de ramener la main devant lui et poser le regard sur les extrémités rougies de ses doigts tandis qu'il énonçait :

« Touché. »

Il avait parlé d'une voix tranquille, presque indifférente, avant de poursuivre avec une sévérité toute didactique :

« Après m'avoir blessé, tu as perdu ta concentration, tu as cessé de penser au combat et ton esprit s'est égaré sur d'autres considérations... Cette erreur t'a coûté la victoire. »

Plongeant son regard d'acier dans celui de son aîné, il interrogea :

« Selon toi, pourquoi ? »
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MessageSujet: Re: Mon père, ce tyran... [PV Artaher] TERMINE Mon père, ce tyran... [PV Artaher] TERMINE Icon_minitimeSam 26 Avr 2014 - 23:30

Une offensive nette, précise et avec juste ce qu'il fallait d'agressivité pour se montrer efficace sans pour autant le découvrir. Il était fier de lui-même et de ses progrès, que cela suffise ou non ce combat figurerait parmi ses meilleures prestations. Et le fait que cela se déroule devant et même face à son père était la cerise sur le gâteau, même si il ne s'avouerait pas à lui-même qu'il n'espérait rien autant que son approbation. Il ne fallait pas trop pousser... De toutes façons il n'avait pas le temps de réfléchir.

Il s'attendait à une parade de ce type lorsqu'il se fendit pour une attaque de front. Son idée première avait d'ailleurs été de se raviser au dernier moment pour plutôt frapper de biais, espérant ainsi surprendre son illustre adversaire. Mais même si il avait décidé de combattre avec sa tête, il ne mettait pas pour autant de côté son instinct de bretteur. Cela n'aurait pu être qu'une erreur d'ailleurs, il avait été trop bien formé pour ne pas savoir que certains moments clefs de combats ne pouvaient s'appréhender que de façon naturelle, sans réflexion et simplement avec le langage du corps et des réflexes. C'est ce qui le décida à l'instant précis de son attaque, il renonça à sa feinte à la toute dernière seconde et frappa simplement en première intention. Touché.

La surprise fut totale, ce n'était pas du tout ce qu'il avait prévu. En fait il n'avait même jamais osé imaginer qu'il pourrait un jour toucher son père en combat singulier, c'était tout simplement trop improbable... Le général Terendul était intouchable, non ? C'était en tout cas ce qu'il avait toujours inconsciemment considéré jusque là, et c'est aussi ce qui le perdit. La traînée écarlate captura son regard, stupéfiante vision qu'il fut dès lors incapable de repousser. Cela ne dura qu'une seconde bien sur, mais c'était une éternité dans un combat et sa garde n'y résista pas. L'instant suivant, une douleur cuisante lui irradiait le poignet, l'engourdissant assez pour qu'il en lache la garde de son épée. Désarmé... Le combat était terminé.

Aranël aimait les instants qui suivaient un combat. Ces quelques secondes de silence où il pouvait goûter à une paix totale bien éloignée de son caractère. Il n'y avait que dans ces moments là qu'il la retrouvait, cette paix qui semblait mettre un baume sur les brûlures de son âme. Mais ce ne fut pas le cas cette fois, son esprit était encore plus troublé que d'habitude. Pourquoi son attaque avait-elle touché ? Etait-ce son changement soudain de décision qui avait perturbé son père ? Cela ne lui ressemblait pas, il lisait toujours si facilement dans son jeu... De toutes façons ce n'était pas ce qui le perturbait de plus, ce qui l'embêtait c'était plutôt sa propre réaction. Pourquoi avait-il été aussi destabilisé par le résultat de son attaque ? Certes il n'avait pas pensé qu'il parviendrait à surprendre son père, mais n'était-ce pas ce qu'il recherchait dans chaque combat ? A quoi bon parvenir à ses fins si il perdait ses moyens devant quelques gouttes de sang ? C'était complétement idiot.

Plus qu'idiot même, c'était dangereux. Il ne pourrait pas s'autoriser ce genre de chose dans un véritable combat, ce serait la mort assurée. Et il ne pouvait même pas prétendre qu'il n'aurait pas eu la même réaction face à un autre que son père, certes cela l'avait surprit encore plus mais ce n'était pas là le seul problème. Il n'avait tout simplement pas considéré le combat à sa juste valeur, il l'avait vu comme un défi, un jeu aux enjeux importants certes mais pas au point d'y voir couler le sang. Et il considérait chaque combat, chaque entraînement ainsi, depuis toujours. Il aimait combattre, il faisait corps avec sa lame et ce qu'il lisait dans les yeux de ses instructeurs lui prouvait qu'il était plus que prometteur. Il avait du talent, mais il ne considérait pas son art à sa juste valeur. Il ne s'agissait pas d'une simple compétition, c'était une danse qui avait pour vocation de mener à la mort de l'un ou l'autre des participants. Il était grand temps qu'il prenne ça au sérieux... D'ailleurs son adversaire du moment ne se gêna pas pour le lui dire. Il détourna difficilement son attention du sang coulant encore pour répondre :

"Je... Je ne m'attendais pas à toucher... Je combattais sans combattre..."

Le déroulement de ses réflexions se lisaient dans son regard intense et concentré, une lueur courroucée le traversait à mesure qu'il prenait conscience de l'étendue de son erreur. Au moins aurait-il apprit quelque chose... Voilà qui ferait plaisir à son père... D'ailleurs... Ne cherchait-il pas depuis toujours à lui apprendre quelque chose de nouveau dans chaque affrontement ? Et même hors affrontement d'ailleurs... Est-ce qu'il... Aurait-osé ?

Le front du jeune elfe se plissa tandis qu'il observait son père, d'abord avec méfiance puis avec colère. Il n'avait pas besoin de réfléchir plus avant, il savait d'instinct que ce qu'il soupçonnait était juste. Plus qu'improbable, cette touche était même carrément impossible à ce moment de sa formation. Cela ne laissait qu'une seule possibilité, et elle le hérissait pire qu'une insulte. Sa voix claqua avec sécheresse lorsqu'il pointa son arme d'un air accusateur :

"Vous l'avez fait exprès, père..."

Ce n'était pas une question, ou pas totalement. Et la lueur qu'il vit briller dans le regard paternel fut suffisante pour lui prouver qu'il avait raison, et faire exploser sa fureur pour de bon. La seconde suivante, il hurlait :

"Vous ne pouvez pas vous en empêcher n'est-ce pas ? Est-le père qui me manipule ou le général ? Les deux ? Pour mon bien je présume ? Menteur !"

Il n'avait pas lâché l'épée, elle restait tendue vers l'objet de sa colère comme pour accentuer chaque mot craché avec violence. Elle tremblait dans sa main, et il semblait lutter avec peine contre l'impulsion terrible qui le poussait à se jeter sur son paternel pour tenter de le réduire en lambeaux. Il s'avança d'un pas agressif, les lèvres retroussées sur un rictus haineux :

"Je ne mens jamais... Et encore moins au combat. J'ai tous les défauts du monde mais je suis aussi assez idiot pour être honnête même lorsque ce n'est pas dans mon intérêt. Et vous savez pourquoi, général Terendul ? Parce que c'est VOUS qui me l'avez apprit. Je sais faire la différence entre une feinte et un traquenard, vous m'avez piégé dans le simple but de m'imposer votre point de vue."

Il était totalement hors de lui, ne sachant plus vraiment si il était plus blessé par ses propres erreurs, par la façon dont son père les lui avaient mises sous les yeux ou par l'énième défaite qui n'était en réalité pas plus facile à avaler que les autres malgré toutes ses bonnes résolutions. Il n'aimait toujours pas perdre, c'était un fait acquis. Mais le cas contraire aurait été inquiétant, mieux valait-être un gagnant qu'un perdant dans sa tête n'est-ce pas ? En attendant, il avait bien envie de jeter son épée à la tête de son père. Il était à peu près certain de ne pas le toucher, mais ce serait réconfortant d'au moins essayer... Sauf qu'il changea encore d'avis et c'est d'un geste méprisant qu'il la jeta au final aux pieds du général elfique, grondant sans aucune maîtrise :

"N'ayez pas peur, j'ai parfaitement intégré la leçon. La prochaine fois que je fais couler le sang, je me baigne dedans en criant victoire. Satisfait ? Quoi, ce n'était pas la leçon que vous vouliez me faire passer ? Alors peut-être aurait-il fallu l'exprimer clairement plutôt que par un geste mensonger... Je ne parle pas ce langage."

Il s'interrompit enfin, le souffle court. Son coeur battait à toute allure comme à chaque fois que le poison de la colère courait dans ses veines. Ses yeux le brûlaient, mais il refusait de cligner les paupières, tout à son duel d'attitude avec son père. Il le fixait avec dureté, tout son corps frémissant entre son besoin de se jeter sur lui et celui de fuir le plus loin et le plus vite possible, il lui serait facile de traverser toute la forêt, galopant de son pas léger jusqu'à l'ombre protectrice de son frère. Ses colères se finissaient toujours ainsi, par l'agression ou la fuite. Il ne voyait simplement pas d'autre portes de sortie, son attention s'était rétrécie jusqu'à ne plus incluer que son père et surtout pas les elfes qui les fixaient à présent sans se cacher, rendus curieux par les éclats de voix. Leurs regards finirent quand même par peser assez sur la nuque du jeune elfe pour qu'il en prenne enfin acte, il se tourna vers eux avec brusquerie :

"Vous voulez mon portrait ? Dans les dents ??"

Il avait craché sa menace sans la moindre hésitation et était parfaitement capable de la mettre à exécution. Il n'avait pas de portrait sur lui, certes, ni même d'épée puisqu'elle gisait aux pieds du paternel. Mais il n'avait jamais eu besoin de quoi que ce soit pour extérioriser sa rage...

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MessageSujet: Re: Mon père, ce tyran... [PV Artaher] TERMINE Mon père, ce tyran... [PV Artaher] TERMINE Icon_minitimeJeu 1 Mai 2014 - 13:19

Un sourire vint étirer les lèvres du général elfique tandis que celui-ci acquiesçait silencieusement à la réflexion de son aîné, satisfait de voir que le message qu'il avait voulu lui délivrer avait été bien reçu. Il en était convaincu désormais, Aranël porterait bientôt sa propre épée. Lorsqu'il aurait pleinement intégré le danger inhérent à la manipulation d'une arme quelle qu'elle soit, même ses fougueux éclats de colère ne représenteraient plus un danger pour lui-même ou pour autrui. Car si son fils avait certes son petit caractère, un caractère fort et enflammé digne de celui de son paternel en vérité, il n'était pas pour autant le monstre qu'il pouvait penser. Il n'était pas fondamentalement mauvais et il ne désirait pas plus qu'un autre causer injustement du tort à qui que ce fut, il était simplement... un peu trop passionné. S'il parvenait à comprendre, à saisir véritablement que son épée était un outil susceptible de distribuer la souffrance et la mort sur un simple geste de sa part, alors il serait prêt. Et aujourd'hui, un premier pas avait été franchi en ce sens, mais la route serait encore longue, comme le lui rappela d'ailleurs rapidement le jeune adolescent.

Artaher venait de rengainer sa propre lame lorsque son regard clair intercepta la lueur furieuse qui venait d'enflammer les prunelles de son fils. Son sourire s'effaça aussitôt pour laisser place à un visage aux traits soucieux mêlés de perplexité devant cette réaction pour le moins inattendue. Si l'on faisait abstraction des premiers instants houleux, père et fils avaient plutôt passé un agréable moment ensemble, du moins était-ce le ressenti du général, alors pourquoi cette attitude ? Comme toujours avec Aranël, la réponse ne se fit pas attendre bien longtemps et l'accusation claqua sèchement, froidement maîtrisée d'abord, telle le calme précédent la tempête, le retrait des eaux avant le raz-de-marée, le silence de l'éclair avant le fracas du tonnerre. Le général conserva une immobilité parfaite devant la pointe de l'épée que l'on venait de redresser dans sa direction, ne s'autorisant guère plus qu'un froncement de sourcils contrarié. La hargne du jeune elfe éclata la seconde suivante, son discours mêlant allègrement accusations et inepties en tout genre, les mots surclassant la pensée profonde sous le coup de la colère tandis que l'épée allait et venait de façon menaçante devant lui.

Silencieux, le visage figé dans le marbre, Artaher affrontait la tempête, se surprenant même à attendre patiemment que son fils épuise ses munitions verbales ou ne se décide à l'embrocher pour de bon. Car s'il était une décision qu'avait prise le père à cet instant, c'était de ne certainement pas s'écarter si son adversaire devait décider de faire usage de son arme. Si une simple éraflure n'avait pas suffit à lui faire comprendre la leçon, peut-être une blessure plus importante aurait-elle de meilleurs résultats, et quant à devoir blesser un elfe pour enfin maîtriser ses pulsions, autant que l'heureux élu soit son propre père.

Autour d'eux, les soldats elfiques qui s'étaient approché pour assister au duel père - fils se montraient hésitants, ne sachant trop s'ils se devaient d'intervenir pour éviter un drame ou si au contraire mieux valait pour eux garder leurs distances. D'un geste de la main, Artaher leur fit toutefois rapidement comprendre que la deuxième solution était préférable, avant de ramener son attention sur la boule enragée qui venait de jeter dédaigneusement son arme au sol. Geste banal s'il en était, une simple impulsion colérique. Mais probablement le pire geste qu'eut pu poser à cet instant l'aîné de la fratrie Terendul. En effet, au regard de l'imposant général, le premier et le plus absolu devoir du combattant avait toujours été, était et serait toujours le respect qu'il devait à son arme, celui-là même que venait de bafouer son fils juste sous ses yeux. Ses traits se crispèrent tandis que ses poings se resserraient lentement à s'en faire blanchir les jointures alors qu'il se décidait finalement à interpeller l'adolescent qui achevait de feuler son mépris à l'encontre des curieux.

« Tu as terminé ? »

La voix avait sonné dans l'air avec le tranchant et la froideur de l'acier, annonciatrice de très mauvais augures pour quiconque connaissait un tant soit peu le tempérament du général elfique et de fait, la perspective de ce qui allait suivre acheva de convaincre les derniers spectateurs de s'éloigner sans attendre d'y être invités.

« Bien. »

L'instant suivant, la haute silhouette du général exécutait deux pas rapides vers l'avant pour se porter à hauteur du jeune elfe, tandis que son bras s'élançait vers l'avant pour venir saisir son fils par le col de sa chemise et le soulever de terre aussi facilement que s'il s'était agi d'un sac de plumes. La voix du colosse gronda furieusement dans l'air, amplifiée par la puissance d'une cage thoracique particulièrement volumineuse :

« Alors maintenant tu te tais et tu écoutes, misérable fils d'imbécile ! »

Désormais assuré de bénéficier de toute l'attention que pouvait lui accorder l'indiscipliné adolescent, Artaher baissa d'un ton pour poursuivre, implacable :

« Je ne me rappelle pas que les termes de notre duel aient précisé qu'il était défendu de laisser volontairement l'adversaire venir à la touche, je ne me rappelle pas m'être engagé à ne pas me laisser toucher et surtout, je ne me rappelle pas t'avoir laissé remporter le combat ! Il n'y a donc nul mensonge dans mes actes, alors garde toi de m'insulter ! »

Il le maintenait toujours fermement accroché en l'air, insensible aux gesticulations de protestation qui voyaient le corps du jeune elfe lentement glisser dans ses propres vêtements, la tunique peinant quelque peu à supporter son poids. Le tissu elfique était connu pour sa résistance et ne se déchirerait de toute façon pas, Artaher eut pu garder son fils dans cette position des heures durant que le vêtement n'aurait eu à en souffrir véritablement.

« De plus, JE suis l'entraîneur, TU es l'apprenti. J'ai donc tout loisir et toute légitimité pour t'enseigner de la manière qu'il me convient, il ne t'appartient certainement pas d'émettre un jugement sur mes méthodes quelles qu'elles soient ! Si j'estime que me laisser toucher peut être bénéfique à ton entraînement, alors il en sera ainsi, et tu ferais mieux de méditer sur ce que j'ai voulu te faire comprendre plutôt que de t'offenser alors qu'il n'y a pas lieu de l'être ! Car je me fiche pas mal que tu prennes ou non plaisir à faire couler le sang, ce qui m'importait était que tu comprennes qu'une arme peut blesser et qu'à ce titre, un elfe digne de ce nom ne lève pas son épée à la légère ! Si tu brandis une lame, tu dois être prêt à en assumer les conséquences, comme un adulte responsable. Tu veux une épée, oui ou non ?! »

Sans attendre de réponse, après tout il la connaissait déjà, Artaher baissa le bras avec lequel il maintenait son fils d'un geste vif, relâchant simultanément son emprise pour projeter le jeune garçon au sol, sans violence particulière mais sans douceur pour autant. Le ton de sa voix redescendit d'un cran supplémentaire, semblant retrouver un calme apparent qui ne manquait cependant pas de laisser deviner la froide colère sous-jacente. Tout en parlant, le général s'efforçait de ne pas tourner le regard vers la silhouette de son fils jeté à terre et se concentrait sur un point perdu dans le vide pour terminer :

« J'étais sincèrement très fier de toi, aujourd'hui, plus encore que je ne l'étais déjà. J'ai vu le jour où je pourrais confier sa première épée à mon fils plus proche qu'il ne l'avait jamais été, mais tu as tout gâché... »

Chacune de ses fibres musculaires étaient tendues à se rompre tant la colère qu'il ressentait à cet instant était grande.

« Ramasse cette épée, Aranël, et rends la moi comme il convient de le faire. C'est à dire en faisant preuve de respect pour l'arme que tu as porté et dont tu as fais usage. Elle ne t'a pas fait défaut, elle ne mérite pas ton dédain. »
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MessageSujet: Re: Mon père, ce tyran... [PV Artaher] TERMINE Mon père, ce tyran... [PV Artaher] TERMINE Icon_minitimeJeu 8 Mai 2014 - 18:07

Il regretta son geste presque aussitôt après l'avoir effectué. Non pas parce qu'il savait pertinement que cela allait mettre son père en rage (bien fait !) mais plutôt parce que son amour des armes était trop profondément enfouit en lui pour qu'il échappe aux remords. Surtout d'une arme comme celle-ci... Son regard expressif se fit plus sombre lorsqu'il le posa sur elle mais la colère y brillait toujours, en particulier lorsqu'il releva la tête vers son père. Si il avait terminé ? Il mourrait d'envie de continuer... Et de faire bien pire. Mais la lueur qu'il voyait dans les prunelles pâles ne lui disaient rien qui vaille... Ramassé sur lui même comme pour mieux se défendre, il ne pu toutefois rien contre la poigne irresistible qui vint le soulever de terre, lui tirant un grondement sauvage. Il se débattit avec fureur, cherchant à tordre puis à mordre le poignet paternel, mais la lutte était inégale. Elle l'avait toujours été et sa rage n'y pouvait rien.

« Alors maintenant tu te tais et tu écoutes, misérable fils d'imbécile ! »

Comme si il pouvait faire autrement ! Il lui montra les dents sans hésitation en continuant à se débattre farouchement mais garda le silence. Il n'était pas forcément très facile de reprendre son souffle dans ce genre de situation... Il ne pouvait même pas se couvrir les oreilles, dommage il aurait bien été capable de le faire en se mettant à hurler n'importe quelle complainte elfique rien que pour ne pas céder. Les termes du combat qu'on lui jeta en plein visage ne calmèrent pas son courroux pour autant, non mais est-ce qu'il le prenait pour un idiot ? Fallait-il un règlement écrit pour que son adversaire se sente obligé d'être honnête ? Lamentable ! Et encore heureux qu'il ne l'ai pas laissé remporter le combat tiens... Il n'aurait plus manqué que ça ! Il le défia du regard sans laisser une once de frayeur adoucir l'intensité toute particulière de ses claires prunelles et ouvrit la bouche pour gronder qu'on le relache, mais son père reprenait déjà son discours, à sa grande frustration. Allait-il se taire à la fin ?

Il semblait bien que non... Il avait droit à une leçon de morale en bonne et due forme et cela faisait sans nul doute parti des choses qu'il détestait le plus au monde. La même colère brillait dans les yeux du fils et du père mais aucun n'était décidé à céder d'un pouce. L'inconvénient d'avoir un caractère similaire... Dommage qu'ils n'aient pas la même force regretta encore le plus jeune en s'evertuant à nouveau à écarter les doigts resserrés sur son col. Peine perdue, autant tenter de déplacer une montagne à mains nues. Plus dépité que véritablement calmé, il calma le jeu quelque peu dans l'espoir de retrouver enfin le contact avec le sol et non sans se jurer mentalement d'égaler un jour son père dans tous les domaines. Et alors il verrait... Quoi ? Il ne savait pas trop, ne s'imaginant pas très bien collant une raclée à son paternel malgré toute l'envie qu'il en avait parfois mais c'était dans son caractère que de ne pas supporter qu'on puisse le surpasser. Un jour, il serait le meilleur. Sa résolution brillait dans son regard farouche, ce genre d'ambition avait toujours été le minimum qu'il pouvait s'imposer. Et peu importait qu'il morde la poussière à l'instant présent, cela ne ferait que renforcer sa détermination.

Il était tombé comme une masse, surprit d'être relâché si soudainement, et se serait certainement fait mal si son père l'avait jeté avec plus de violence. Cette constatation que celui-ci gardait, malgré toute sa colère, la totale maîtrise de lui-même le blessa plus que tout le reste. Absurdement le fait de voir d'autres que lui céder à cette douce compagne l'emplissait d'une joie sombre, il se sentait moins seul. Il n'y avait pas de raison n'est-ce pas ? C'était peut-être une des raisons pour laquelle il aimait tant pousser ses interlocuteurs dans leurs derniers retranchements. Être blessé ne lui faisait pas peur, cela lui permettait au moins de mettre son corps et son esprit d'accords en leur faisant ressentir la même douleur. Mais aucune chance que cet adversaire là ne perdre les pédales à ce point... Il ne le regardait même plus, fixant plutôt l'horizon en parlant avec une froideur qui glaça le sang du garçon. Au final si, ils s'étaient peut-être blessés mutuellement plus profondément qu'ils auraient pu le faire avec n'importe quelle épée... Mais il n'en démordrait pas pour autant, il avait été trompé et il possédait un caractère trop entier et enflammé pour garder cela sous silence même si cela devait lui faire perdre tout ce qu'il avait gagné ce jour là. Sa réponse claqua sèchement :

"Quoi que j'ai gâché, je ne l'ai pas fait seul."

Les flammes colériques de son regard s'étaient muées en une lueur de douloureux reproches. Il sentait parfaitement la déception et la colère de son père, ressentant exactement la même de son côté. Croyait-il qu'il n'avait pas lui aussi adoré ces moments ? Pour ce qu'il y avait apprit bien sur, mais aussi pour la connexion qu'il avait cru établir pendant un moment avec lui. S'apercevoir qu'ils ne pouvaient finalement pas partager de tels moments sans que cela vire au drame n'en était que plus douloureux. Il avait ses torts, et il se faisait confiance pour s'en vouloir lui-même pendant un long moment, mais que l'autre ne prétende pas ne pas en avoir aussi ! L'ordre tomba et l'incita à reporter son attention sur l'épée abandonnée au sol. Crispation... Il ne voulait pas céder, il en était parfaitement incapable d'ailleurs. Mais l'arme n'avait pas sa place dans la boue, cela n'allait pas avec ses convictions.

Il se redressa avec lenteur sans quitter son père de son regard défiant. Celui-ci pouvait refuser de le regarder, lui ne se déroberait pas. Ou du moins si, mais pas avant d'avoir remit les choses en place. D'un pas vif et rapide il se porta à hauteur de l'arme et la ramassa presque avec tendresse. Son coeur battait encore à toute allure, loin d'être débarrassé de toute cette haine qui flambait en lui. Comme à chacune de ses crises, il ressentait un terrible besoin de violence qu'il se savait incapable de calmer à lui seul. Il avait besoin de son frère... Sa simple vue le calmerait. Son simple contact le rassurerait comme cela avait toujours été le cas depuis bien avant leur naissance. Nomin seul lui permettrait de retrouver son équilibre, et il s'écroulerait d'épuisement sans répondre aux questions de sa mère ou de sa soeur. Les choses n'évoluaient pas décidément... Il aurait beau faire, il ne changerait sans doute jamais. Il ne savait plus très bien qui il haïssait le plus de lui-même ou de son père à ce moment. Il lui présenta l'épée, garde en avant avec l'air le plus stoïque qu'il était capable de composer à cet instant. Mais sa voix trembla lorsqu'il confia :

"Je ne le fais pas pour vous."

Non. Il n'agissait que par respect envers l'arme en elle-même, c'était tout ce qu'il était capable d'offrir à ce moment là. Son regard se détourna enfin juste à temps, espérait-il, pour que l'autre ne puisse le voir s'embuer. Et il s'écarta brusquement pour se lancer dans la longue course qui le ramenerait d'un seul trait jusqu'à la maison. Où qu'elle se trouve d'ailleurs... Sa véritable demeure se situait aux côtés de Nomin.
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