La bataille des bois sombre ne s'était pas du tout passée comme prévu... Christan y avait bien entendu combattu avec zèle, et même tuer un, ou deux elfes au passage grâce à sa hache de verre noire, mais quand la bénédiction du Néant avait disparu le cours du combat avait radicalement changé en défaveur des Alayens. Ce qui s'était annoncé comme une glorieuse victoire pour les Alayiens, et pour l'unique s'était soldé en une humiliante défaite pour eux tous.

Leurs première défaite d'ailleurs, mais Christan n'allait sûrement pas en rester là... Ce serait mal le connaître. Il avait sans doute était dans les derniers à se replier, et cela faisait environ une journée entière qu'il en avait finit avec cette bataille. Il ne resterait plus qu'a retrouver son unité, et il aurait sans doute un jour une occasion de se venger de cette affront fait à l'unique, et à son peuple. Lui qui quelques jours auparavant jubilait à l'idée de tuer ces arrogants l'elfe, et de décapiter les dirigeants ennemis. Il était maintenant en train d'être rongé par la honte de la défaite, et par une bien noire rancune.

Oh il ne savait pas pourquoi le Néant les as brusquement abandonné, mais il était sûr qu'il y avait de la magie là-dessous. Encore une preuve que cette dernière n'était qu'une abomination qu'il fallait faire disparaître au nom de l'unique.

Bon en pensant à tout cela Christan se rappelait qu'il faudrait se nourrir éventuellement. Heureusement qu'un singe a eu l'idée débile de lui envoyer une châtaigne sur son casque avant de glisser malencontreusement de sa branche pour tomber, et se briser le coup devant Weren. Il ne restait plus qu'a faire un feu, et il pourrait manger de la viande après avoir bien entendu subit l'assaut d'une dizaine des amis du macaque qui finirent par abandonner au bout d'une demi-heure...

Même si Weren n'était absolument pas quelqu'un de délicat manger de la viande cru était un peu trop dégoûtant même pour lui. Heureusement qu'il était facile de trouver du bois, et des racines ici. Au moins cette saleté de forêt avait cela pour elle.

Même s'il serait tout a fait heureux de la voir brûler, car après tout quoi de plus inutile que la nature pour un Alayen? A part du bois, de la viande, et de la fourrure il n'y avait pas grand chose à tirer de toute cette foutu verdure. Cela ne valait sûrement pas les splendides cité qui se tenaient fière sur son Alayia chérit... Il se rappelait encore de ce moment où il avait tué son père, et de la fin de son continent. l'Alayia qui disparaissait à l'horizon, alors que son peuple débutait son exode pour pouvoir survivre.

Il oublia néanmoins vite ces sombres pensée car il ne voulait pas se remémorer tout cela. Mais cela en contrepartie nourrissait sa haine, et sa foi envers le Néant qui ne faisait que s'accroître... Bon il devait faire quoi déjà? Oui bouffait un singe c'est vrai.

Le feu commençait d'ailleurs à être assez bien alimenté, et il découpa un bout de carcasse qu'il avait auparavant vidé de ses entrailles avec sa hachette. C'était le foie du singe sans doute... Christan se contenta d'embrocher l'organe encore chaud sur une branche, et de la faire cuire pour le manger. Cela mit environ plusieurs minutes à être cuit, et quand cela fut fait Weren mordit dedans à pleine dents. Il avait goûté meilleur sans aucun doute, mais le goût n'était vraiment qu'un détail quand il fallait se nourrir... Car après tout comment se battre efficacement au nom de l'unique si l'on est même pas capable de porter son arme?

Il mit environ une heure pour en finir avec cette carcasse dont il ne restait plus les os, et les parties immangeables.. Maintenant qu'il s'était nourrit il ne restait maintenant plus qu'a retrouver l'unité au plus vite. Il pourrait alors se reposer un peu car les blessures qu'il avait récolté pendant la bataille sont encore bein douloureuses, et il allait sans doute avoir bientôt besoin de dormir. Au moins il n'avait pas été vaincu, et il pouvait se dire qu'il retrouverait vite son armée s'il se pressait un peu...

C'est ainsi que Weren reprit sa marche dans les bois dans la direction qu'il présumait être la sortie, et il pourrait ainsi revenir dans les rangs...

Néanmoins il s'arrêta de marcher quand il entendit une branche craquer, et il se retourna dans la direction où il avait entendu ce bruit.

Quel massacre ! Quel funeste spectacle que celui qui s'étendait sous ses yeux en cet instant. Terres bourbeuses aux feuilles tombées, mourantes, souillées de sang, arbres et nature environnante en cendres presque encore fumantes, fumée funeste de ce bucher de deuil s'évaporant encore dans les brumes du jour nouveau, sous un ciel ombrageux, et une fine bruine de pluie agonisante. Comme si ciel et terre pleuraient en choeur la destruction de leur belle Armanda. Et Eliowir avait soudain envie de pleurer avec eux, sa colère et sa peine face à cette ignominie se joignant si bien de concert à cet opéra de mortelle affliction.

Pourtant, son coeur avait beau saigner à chaque pas, ses yeux pleurer à chaque tableau semblant dessiner l'apologie du glas d'Armanda, Eliowir continuait sa route. Franchissant, sans réellement s'en rendre compte, les limites du domaine baptistral. Et pénétrant alors dans le vaste bois sauvage... lui aussi ravagé des affres et des mânes saumâtres de la guerre qui avait eu lieu la veille à peine. Même les appels, un brin inquiets, d'un baptistrel l'enjoignant à ne pas trop s'éloigner du domaine, ne purent l'arrêter dans son élan comateux. Le vieil elfe n'entendait plus rien, et ne voyait plus rien, que cette vision apocalytique qui l'envoûtait en même temps qu'elle le désespérait.

Comment donc en étaient-ils arrivés là ? Comment donc pouvait-on détruire ainsi ? Comment donc enfin, sa belle forêt, la si belle forêt des elfes, avait-elle pu ainsi se voir souillée, avilie, corrompue même par ce fiel de la guerre, éclaboussée de cette infection nourrie de haine et de volonté de détruire. Car c'était bien là le but des alayiens, n'est-il pas ? Détruire. Détruire mais dans quel but ensuite ? Ne voulaient-ils donc conquérir qu'une terre d'agonie ? Détruire pour reconstruire ? Mais que pouvait-on donc reconstruire sur de telles cendres fumantes de haine ? Le vieil elfe peinait à comprendre, pour tout avouer.

Mais un elfe pouvait-il seulement comprendre pareille infamie ? Un elfe pouvait-il comprendre les obscures desseins des adeptes fanatiques du Néant ? Pouvait-il comprendre cette flétrissure qui semblait les entacher jusqu'aux tréfonds de leur âme ? Sans nul doute, non. Une flétrissure qui se mesurait, à en croire ce qu'il avait pu entendre, à l'étendue de leur vil et abjecte tatouage. Une flétrissure à la mesure de leur fanatique dévotion... à la mesure de leur fanatique volonté de détruire au nom du Néant, voilà tout ce qu'il comprenait réellement. Mais il ne comprenait guère plus. Et s'il y avait bien une chose qu'il détestait, c'était de ne pas comprendre.

Ne pas comprendre étai, selon lui, aller droit à sa perte. Comment étaient-ils censés combattre un ennemi qu'ils ne comprenaient pas ? Il n'y avait qu'à voir avec les vampires... Les elfes n'avaient, en fin de compte, jamais tenté de comprendre les vampires. Et jamais ils n'avaient réussi à maitriser ce qu'ils avaient considéré comme une malédiction, comme le fléau de leur digne et noble race. S'ils ne parvenaient à comprendre les alayiens, jamais ils ne parviendraient à les combattre non plus. Et ce serait alors la fin de leur belle Armanda, songea-t-il, son coeur pleurant de nouveau à cette idée. La fin, le déclin, le chaos... Voilà vers quoi ils semblaient tous se diriger, inexorablement, le destin se jouant d'eux et de leur éphémère combat désespéré.

Désespéré. Voilà un mot qui résumait bien son état d'esprit actuellement. Un état d'esprit qui le laissait alors presque aveugle à ce qui l'entourait, le perdant dans les méandres de ses pensées. Tant et si bien, qu'il faillit manquer le petit foyer de feu aux cendres plus tout à fait chaudes. Il avait déjà fait quelques pas le dépassant, quand son instinct d'ancien rôdeur errant se réveilla. L'odeur des braises mourantes... et d'une viande cuite il y a peu, lui fit faire volte face si brusquement qu'une nuée d'oiseaux s'enfuya dans les cieux, soudain apeurés de ce brusque changement d'humeur de la part de l'elfe. Danger, semblaient-ils siffler tout en battant frénétiquement de leurs ailes. Danger, semblèrent lui susurrer les braises qui commençaient tout juste à refroidir. Un humain avait rôdé par ici. Oui, un humain. Seuls eux mangeaient de la viande cuite au feu. Seuls eux laissaient autant de traces sur leur route. Un humain...

Mais si cet humain avait été allié, pourquoi aurait-il erré ainsi dans la forêt ? Pourquoi n'aurait-il pas rejoint le domaine baptistral ? Un humain perdu ? Ou... un humain ennemi ? Un alayien peut-être ? Après tout, fanatiques peut-être étaient-ils, mais les alayiens étaient avant tout humains, n'est-il pas ? Un alayien... oui, probablement... Et cette seule conclusion suffit à lui faire froid dans le dos. Danger, s'écria une voix en lui. Danger... Danger, en susurra une autre, frissonnant presque d'une étrange anticipation. Oh, oui, danger, continuait-elle presque à ronronner, avant qu'il ne l'étouffe consciencieusement en son for intérieur, tout en se concentrant de nouveau sur son environnement.

Il trouva bientôt des traces de pas... qu'il entreprit de suivre. Une partie de lui criait à la folie et l'enjoignait de rejoindre le domaine baptistral pour en prévenir ses occupants, d'aller chercher ainsi du renfort pour partir à la chasse d'un potentiel alayien... ou pour partir en aide à un possible perdu. Mais sa curiosité légendaire et... une partie de lui cherchant aventures et témérités en tout genre... le poussaient, sans qu'il ne puisse les combattre, à se lancer seul sur ces traces-là. Fou qu'il était oui. Mais une folie plus forte que lui.

Et alors qu'il suivait ainsi les traces, tous ses sens aux aguets, il se déplaça rapidement, furtivement, tout en silence, tel un félin en chasse, ce qu'il n'était pas loin d'être. De buissons en buissons, son échine se courbant souplement pour épouser les formes de la nature, comme pour mieux se fondre en elle, ses pas se faisant de soie, et ses gestes se faisant air impalpable, il parvint rapidement à retrouver sa proie. Et le lion en grogna presque de joie et de félicité orgueilleuse. Fier de lui. Fier de sa chasse.

Et quelle chasse ! Bel et bien un homme, put-il ainsi constater, de loin. Bel et bien un alayien aussi, comprit-il rapidement à l'accoutrement de l'homme, et à la vue de la lame noire si caractéristique de son arme. Bel et bien folie donc. Mais considérant qu'il était trop tard pour reculer, et la curiosité du pourquoi et du comment un alayien se trouvait encore là étant si forte... il ne put se résoudre à retourner chercher quelque renfort.

Il aurait certes pu attaquer de par derrière. Mais... mais cela n'aurait pas été honorable. Lâche même. Or, elfe peut-être, mais lâche sans doute pas. Un Serilllëiel n'était pas un lâche. Fort de ces considérations, il décida alors de se manifester. De façon fort peu protocolaire toutefois.

Il marcha bruyamment sur une branche près de lui... et un sourire mi-carnassier, mi-nonchalant flotta sur ses traits balafrés, alors qu'il observait ceux de l'homme se composer en diverses expressions différentes quand il sembla comprendre qu'il n'était pas seul. Les humains étaient si fascinants à observer. Si lisibles, si... si... expressifs. Si intéressants alors. Oui fascinants. Mais dangereux, aussi, se rappela-t-il, tandis que l'éclat presque noire de l'arme de l'homme se rappela à ses pupilles sous le soleil miroitant.

- Voilà qui est intéressant. Je vous croyais tous en déroute, à mille lieux d'ici, fit-il d'une voix grave et suave, un cynisme latent couvant dans ses accents susurrants. Que fait donc encore un alayien dans cette noble et digne forêt ? Se pourrait-il... que vous soyez perdu ? Le Néant disparu, se pourrait-il que vous ne sachiez même plus quel chemin prendre ?

« Un elfe. » Se contenta t-il de dire avec une grande froidure, et dureté.

Alors c'était un elfe! Une saleté d'elfe se disait-il intérieurement, et de manière rageuse pendant que les expressions de son visage sous son heaume alternaient entre la surprise, et la colère pur. Une de ces abominations née de la magie, et qui en plus se pavane devant lui en prenant un air méprisant, et décontracté comme s'il ne savait pas à qui il avait à faire. L'orgueil elfique! Quelle chose peut-être plus ignoble sur cette terre nommé Armanda à part l'abomination vampirique, et l'arrogance draconique? A douce haine, et mépris cinglant. Impureté de cette terre peuplée d'êtres aussi méprisables, et qui insultent par leurs simples existences l'unique, et son œuvre.

Ils auraient pu balayer cette race ignoble si seulement ils avaient pu gagner cette bataille, mais il l'ont perdu, et c'était leurs première défaite, et il a fallu que ce soit maintenant. Ils auraient pu déferler sur la forêt elfique s'ils avaient remporté le combat, et la ravager purement, et simplement. Ils auraient ainsi faits la curée des oreilles pointues, et terminer un de leurs objectifs, mais non une série de circonstance sans doute dû à cette ignoble magie elfique, et aux impies esprits Armandéens a eu raison d'eux cette fois-ci... Néanmoins cela n'était que partie remisee, et le jour où l'Alayia déferlera sur cette forêt pour la réduire en cendre il sera là...

Cet elfe semblait s'intéressait aux raisons de sa présence ici... Mais ces raisons sont évidentes pourtant, et en elles même elles représentent un argument assez convaincant pour renforcer sa haine de ce perfide peuple. Cet elfe visiblement se raillait bien de lui en le regardant de manière hautaine, et Weren avait déjà le désir fulgurant de serrer ses deux mains autour de la gorge de cette erreur de la nature qui n'est elle-même capable d'engendrer que des abominations. Il désirer déjà lui briser le cou, et lui casser la gorge. Voir cet elfe lentement s'étouffer devant lui, et entendre son dernier râle d'agonie pendant que sa rage s'exprimait.

Il continua néanmoins d'écouter l'elfe ne serait-ce que pour contempler jusqu'à où peut aller l'arrogance sans limite de ce peuple, et son irrespect, et il semblerait que ça aille vraiment très loin. En plus d'insulter le Néant il se moquait de lui, et de son peuple à visage à peine couvert, et cela l'irritait profondément... Comment un elfe pouvait oser se moquer de l'unique? Comment un elfe pouvait se moquer de lui sans avoir peur des conséquences? Soit les oreilles pointues sont encore plus arrogantes qu'il ne le pensait soit celui-là était un cas parmi son espèce déjà méprisable. De toute façon cela l'agaçait, mais autant répondre quand-même aux questions de cet elfe pour ne pas lui laisser la satisfaction de croire qu'il avait le dernier mot.

« Une forêt qui n'est bonne qu'a brûler avec vous, et vos sournoiseries sans limite. Vôtre magie ignoble nous as privés de la victoire, mais nous reviendrons vous le faire payer. » Puis il poursuivit d'une voix beaucoup plus sifflante de mépris, et bien plus grave. « Mais toi tu ne sera pas là pour le voir. »

Une menace, ou un avertissement? Peut-être, mais d'abord une prédiction! Il n'allait pas laisser un elfe en vie, et encore moins si celui-ci ose l'insulter lui, son peuple, et l'unique. Sa colère ne pouvait permettre cela, et il ne pouvait rester imperméable à ce genre d'affront. Aucune pitié pour la magie, et l'abomination comme le disait le prêcheur, et ces paroles résonnaient profondément en lui comme le tintement d'une cloche, ou le fracas des os, et de la chair qui se déchire dans la bataille. Il ne se sentait libéré de toute sa colère, et de sa frustration que quand il tue, ou participe à la danse macabre qu'est la guerre. Jusqu'à ce que quelqu'un est raison de lui, ou que l'unique le rappelle pour l'élevé au-dessus des simples Alayiens mortels. Quoi que ce soit il combattra jusqu'à ce que mort s'ensuive, et il ne déposera jamais les armes tant qu'il n'aura pas vaincu tout ses ennemis.

Néanmoins il se permit de réfléchir quelques instants après qu'il ait laissé planer sa menace qui était lourde de sens, et sûrement pas dite avec une seule trace de légèreté, et de doute. Qu'allait-il faire donc? Combattre cet elfe dans tous les cas, mais celui-ci n'avait pas l'air d'être prêt à sa battre, ou d'avoir des intentions agressives... Donc l'attaquer immédiatement pour en finir vite? Non cette simple idée le dégoûtait. Il n'était pas un lâche, et dans tout les cas il voulait un combat pas une simple formalité. Comment pourrait-il décharger sa colère sur cet elfe si celui-ci n'était pas capable de se défendre? C'est sur ces réflexions là qu'il poursuivit avec une voix toujours aussi forte, et grave.

« Dégaine ton arme elfe, et prépare toi à ta battre! »

Il disait cela tout en prenant en mains sa hache de guerre de verre noire. Il regarda ce que ferait l'oreille pointue. Celui-ci répondrait-il à ce qu'il avait dit, et dégainerait? Sans doute c'était un elfe, mais pas un fou, et son arrogance n'irait pas jusqu'à oser l'ignorer. Sauf si c'était effectivement le cas, et que cette oreille pointue ne veut pas lui donner un combat honorable... Non cela ne peut pas se faire car après tout un elfe, et un Alayen... Cela ne peut finir qu'en bain de sang, et cela finira en bain de sang! Du sang, la mort, et des cris de douleurs qui s'élèvent comme un terrible chant funeste.

"Un humain !", fut-il tenté de répondre, à la constatation "raciale" de l’autre. Cependant pour toute réponse, il se contenta d’arborer le plus arrogant de ses profils, dos bien droit d’un port altier à faire pâlir d’envie la famille impériale elle-même, menton haut redressant son nez aquilin, et yeux nuit foudroyant l’"autre" d’un regard des plus hautains.

Oui il était elfe et fier de l’être. D’autant plus devant cette engeance fanatique du Néant. Et les elfes n’avaient-ils pas, au final, gagné cette bataille. Certes, ils n’étaient pas seuls, certes la victoire était plutôt due à la défaite du Néant face aux dragonniers… mais les elfes avaient joué leur part, et pour une fois pas qu’un peu, déplorant plus de pertes que les deux autres peuples réunis peut-être, dans cette bataille-ci. Comme quoi, tout peuple pacifique qu’ils se disaient être, ils savaient encore se battre. Et l’on taira le fait que savoir se battre et se battre efficacement étaient deux choses différentes que les elfes avaient encore à apprendre… En tout cas, il était bon que l’autre n’oublie pas le pouvoir et la force des elfes en ce monde. Et si Eliowir se devait de le lui rappeler, il tenterait de se montrer digne de cette tâche.

C’était dans ces moments-là qu’il était encore plus fier d’être un elfe. Et plus encore d’être un mage.

« Mais toi tu ne sera pas là pour le voir. »

Ce à quoi Eliowir se contenta de répondre par un ricanement des plus cyniques. Certes, l’assertion du serviteur du Néant n’était peut-être pas fausse. Que ce soit grâce à lui, ou grâce à d’autres : un certain Wintel ne manquerait sans doute pas de se faire une joie d’honorer cette promesse-là lui aussi. Mais qu’importe. Il avait vécu plus de sept cents ans. Probablement dix fois plus que ce que ce pathétique humain pourrait vivre. Alors mourir… du moment que la Mort ne le projetait pas dans les limbes sans fin de ses griffes acérées et qu’elle lui accordait une fin honorable, à défaut d’être digne…

« Dégaine ton arme elfe, et prépare toi à ta battre! »

Eliowir contempla un instant la hache de lame noire, une moue dégoutée déformant ses lèvres pâles en un rictus plus dédaigneux encore, avant qu’il ne rétorque, d’une voix basse et sifflante de menace :

- Mon arme est la magie.

Tout en appuyant ses dires d’un geste fugace, souple, et des plus naturels, qui fit jaillir un rayon de lumière à quelques pas de lui.

Il regretta un instant de n’avoir pas pris sa lance, d’avoir été si confiant et de s’être si éloigné sans arme. Mais bien vite il chassa ses idées moribondes. Il était mage, Diantre ! Un mage n’avait pas besoin d’arme, comme il venait si bien de l’affirmer. Et quand bien même les alayiens étaient réputés pour posséder armes et armures résistants à toute magie, et pire même l’annihilant, il saurait ruser pour pallier cet handicap. Et prouver que la magie était plus forte que tout, plus puissante que ces mécréants du Néant, plus forte que leur haine, et surtout plus forte que leur volonté de détruire.

- Je vous attends, Alayien. Osez donc m’affronter. Au lieu de palabrer en vains mots aussi futiles qu’inutiles, montrez-moi donc ce dont vous êtes capable !

Bon, d’accord, il était fort présomptueux peut-être. Lui petit mage, à peine mage guerrier, en tout cas fort inexpérimenté en face d’un tel guerrier aguerri aux faits d’armes et aux guerres, avait peu de chance de faire le poids. Enfin, si, peut-être, si ruse et magie se combinaient intelligemment pour déstabiliser ce pantin fanatique. Oui, peut-être…

Et se pensant, il entonna un rapide chant elfique. Quelques mélopées s’envolaient à peine entre eux que déjà un arbre se mit à bouger les branches non loin des futurs combattants… se mettant soudain à viser l’alayien, tout en flagellant l’air de son bois fourchus et griffus. Eliowir n’attendit toutefois pas que l’autre réagisse et enchaina en imitant le hurlement du loup… appelant tous lupus présents dans la forêt pour lui venir en aide.

Quoi de plus méprisable que cette vaine, et hautaine arrogance elfique que ce mangeur de salade ose abuser en sa présence! Quel impudent imbu de son propre orgueil qui en plus de cela se montre presque méprisant envers lui! "Que cela cesse" ce disait Christan qui commençait déjà à bouillir de colère sous son armure. Oui il aller massacrer cette elfe pour lui démontrer quel était la place de son peuple misérable, et pour lui faire ravaler son air hautain!

Il en profiterait aussi pour exprimer sa juste vengeance sur un représentant de ce peuple elfique qui était arrivé à arracher la victoire au fier peuple de l'Alayia sans doute par leurs sournoiserie sans limite! Oui justice sera faîte, et Weren a sans doute trouver là un parfait exutoire à son intense colère. Il haïssait lui aussi ce peuple elfique méprisable comme tout fidèle digne de ce nom, et de plus cela faisait partie de son devoir de se débarrasser ce cette abomination de la magie!

Il exprimait tout cela quand il fit entendre son avertissement à l'égard de cette oreille pointue car il ne le disait absolument pas à la légère, et il comptait bien faire périr cette engeance magique qui insulte l'unique par sa simple existence. Néanmoins il savait que ce peuple "elfique" était constitué de farouche combattant, mais cela ne l'inquiétait pas du tout... Au contraire Christan en était d'autant plus enthousiasmé à l'idée de pouvoir combattre à mort contre cet odieux adversaire. Car après tout un combat est un combat! Et cela est encore mieux si ce combat est dur, et intense car il pourra ainsi y exprimer toute son inépuisable zèle!

Le ricanement de l'elfe n'arriva qu'a énerver encore plus le soldat du Néant qui serra d'autant plus fort sa hache de guerre dans ses main signe qu'il ne laisserait pas cette insulte envers lui impuni.

« Typique des oreilles pointues que cet orgueil vain, et stupide qui caractérise vôtre peuple misérable. » Se contenta t-il de répondre avec un mépris des plus fracassants à l'égard de cet elfe.

Il aller l'éventrer, le démembrer, et se défouler sur la carcasse de cet elfe impotent jusqu'à ce que sa colère soit rassasié jusqu'à la lie! Maintenant il ne combattrait pas que pour tuer cet oreille pointue, mais aussi pour son honneur, et pour donner une bonne leçon au peuple de la forêt car ceux-ci seront sans doute horrifiés de voir la dépouille de cet elfe quand Christan en aura finit avec lui. De toute façon il ne pouvait pas perdre car l'unique est avec lui! De plus ce n'était pas son premier elfe à son tableau de chasse, et ce pathétique mangeur de salade l'observerait vite à ces dépens...

La magie? Une arme sotte digne des lâches, et des impurs. Donc tout a fait digne d'un elfe! Oh oui pure colère, et haine sans limite ce ne sera pas quelques petit sortilège qui arrêteront vôtre impérieuse puissance! Il peut bien venir avec sa magie car Weren était prêt à l'accueillir comme il se doit!

« Mon arme est ma hache, et je fracasserai ta magie avec en même temps que ton crâne! »

Un rayon de lumière... Quel démonstration peu impressionnante de magie qui n'attira que l'indifférence de Weren qui avait déjà vu bien mieux. Il se demanda même pendant un instant si ce combat serait digne d'intérêt vu que l'oreille pointue n'avait pas d'arme sur elle...

L'elfe le provoqua ensuite pour que Christan l'attaque. Quel sot! Il finira bien vite par regretter sa stupide menace! Car il n'avait pas un simple Alayien face à lui, et même si cet elfe avait déjà vécu plusieurs siècles. Christan avait pour lui l'expérience de 24 ans de guerre au nom de l'unique, et il en avait vu des bien plus coriace dans sa carrière sanglante qu'un oreille pointue balafré. Le vétéran qu'il était ne serait absolument pas facile à vaincre, et ce combat serait sans doute un combat à mort entre les deux adversaires. Cet elfe ferait mieux de fuir s'il tient à la vie, mais non celui-ci n'avait même pas la sagesse de prendre ses jambes à son cou pour essayer de sauver sa vie.

Pour seule réponse Weren se contenta d'entonner un chant morbide à l'adresse de l'elfe, et de lui-même.

« Tue, mutile, brûle, tue, mutile, brûle, tue, mutile, brûle, TUE, MUTILE, BRÛLE. A mort! » Dit-il avec une féroce intensité qui déclamait bien ses intentions meurtrière.

L'elfe chanta, et un arbre s'attaqua à Christan?! Ce dernier se contenta pour seule réponse de faire tournoyer sa hache pendant que les branches pleuvaient sur lui, et que l'arbre tentait de le flageller. Weren était distrait pendant ce temps, et l'elfe en profita pour hurler comme un loup. Fort mauvais présage pour l'Alayien, mais Weren heureusement en finit vite avec l'arbre en coupant plusieurs branches de l'arbre qui s'en prenait à lui avant de s'écarter de quelques pas vers un endroit plus dégagé, et donc moins risqué pour sa personne...

Christan concentra à nouveau son attention sur l'elfe qui semblait fort confiant, et quand le soldat du Néant allait passer à l'attaque plusieurs loup arrivèrent. Des loups! Le soldat du Néant savait maintenant pourquoi l'oreille pointue avait hurler, mais ce ne sera pas quelques chiens qui auront raison d'un serviteur de l'unique comme lui!

Lorsque l'une des ces sales bêtes saute sur Christan celle-ci fut accueillit d'un violent coup de hache dans la mâchoire qui eu raison de ce stupide canidé. Les autre loups en voyant le crâne fracassé de leur congénère reculèrent de quelques pas sans doute pour réfléchir à un nouveau plan d'attaque, ou se mettre un peu en sécurité par rapport à l'Alayien furieux en face qui avait presque de la bave qui écumait de ses lèvres.

Weren profita donc de ce court instant de répit pour prendre sa hachette en main, et la lancer sur l'elfe d'un geste expert avant de se remettre en garde haute pour la suite de l'action qui allait sans doute vite arriver...

Oui, possiblement orgueil vain que le sien. Il ne le savait que trop. Il était arrogant, vaniteux, orgueilleux, et tout ce que vous vouliez. Mais s'il y avait bien une qualité à accorder au vieil elfe c'était d'apprendre à ne plus se voiler la face. Dur et long apprentissage, un apprentissage encore en cours. Un apprentissage qui avait toutefois porté quelques fruits, dont celui d'être au moins lucide sur ses compétences, magiques ou guerrières, d'admettre sa puissance à sa juste valeur sans la surestimer, et surtout d'admettre ses limites, ses écueils, ses lacunes, ses manquements... Oui, tout cela il les connaissait et les acceptait bien que difficilement. Les avait fait sien, pour mieux tenter de les combattre, les repousser... Il serait toutefois illusoire de croire qu'il irait admettre tout cela à haute voix.

A l'assertion de l'alayien en face de lui, il se contenta donc d'un haussement de sourcil des plus dédaigneux. Qui ne fit que s'agrandir aux présomptions, peut-être véridiques, mais tellement plus vaniteuses encore que les siennes propres, concernant sa maudite hache noire... S'il pouvait seulement prétendre fracasser cette même lame avec sa magie !

L'elfe fut toutefois quelque peu déstabilisé par le chant funèbre qu'entonna l'autre, si haut, si fort, qu'une nuée d'oiseaux, derniers retardataires, fuya les cimes des arbres autour. Pour le coup, Eliowir faillit perdre de sa superbe et songea l'espace d'un instant, qu'il aurait aimé se joindre aux oiseaux pour fuir lui aussi le spectacle macabre qui s'apprêtait à se jouer. Songes qui ne dura guère, quand il réalisa la lâcheté de ses pensées. Lui, lâche ? Jamais il ne serait dit qu'un Serillëiel serait un lâche. Il s'enjoignit donc au courage tandis que ses sorts oeuvraient autour de son adversaire.

Et vit un loup mourir d'un coup de hache fracassant, faisant presque vomir Eliowir par la violence et le sang qui en résultèrent. Ces alayiens étaient de véritables barbares ! Et toi tu ne vaux guère mieux, persifla une voix perfide en son esprit, oui, toi, toi qui envoies d'autres se faire tuer pour toi. Des loups, des créatures d'Armanda qui n'aspiraient, tout comme toi, qu'à vivre en paix. Ils meurent, regarde les, ils vont mourir...

Mais il n'eut guère le temps de s'apesantir sur la question ni de répondre à son moi profond, si horripilant alors par ses propos si criant de vérité, qu'une hache fusait vers lui. Il parvint à l'esquiver de justesse en se baissant, et invoqua une armure d'Acier Végétal (Forme une armure de lierre résistante et légère qui vient se poser autour du buste du lanceur. Quatre bras de lierre viennent ensuite s'ajouter sur les côtés, ils sont d'une force de un rang inférieure à celle de l’utilisateur et peuvent tenir une épée) puis, bras tendus vers le bas et paumes ouvertes, fit appel aux Vents violents (Déclenche un vent si violent qu'il peut tout dévaster sur son passage, sort puissant et épuisant) qui valsa furieusement vers l'alayien, passant son chemin entre les loups... et les faisant fuir par la même occasion. Tant mieux. Autant qu'ils ne meurent pas en plus grand nombre pour lui.

Ce combat il le mènerait seul. Face à face avec l'alayien. Et avec sa magie

- Que disiez-vous déjà, fanatique du Néant ? Votre hache fracasserait ma magie ?

Et se disant, Eliowir se permit un rire des plus cyniques, se demandant alors comment le fier guerrier lui faisant face parviendrait à éviter les fourbes colères de sa tornade...

[HJ : un peu court, avec toutes mes excuses. Si toutefois tu souhaites que je prolonge, j'allonge, édite ou autre, n'hésite pas ]

Le combat était furieux, et intense comme il se devait de l'être! Les deux adversaires se toisaient mutuellement de leurs regards que ce soit de la haine, ou du dédain qui se lisait dans la lueur émanant de leurs regards emplis de gravité. Pourtant cela ne faisait que commencer, mais la danse de la guerre avait déjà débuté même à petite échelle. Quoi de plus revigorant, et entraînant qu'un combat à mort? Pas grand chose pour Weren qui se sentait presque invincible, et immortelle quand les coups pleuvaient tel une pluie furieuse d'acier, et que le sang giclait que ce soit celui d'un loup, ou d'un elfe. Nectar de la guerre qui se rependait par les plaies creusés par les lames, et démontrait bien à lui tout seul que ce combat était un combat à mort. De toute façon la lame elle-même incite à la violence après tout, et depuis que Christan avait brandi sa hache il était évident que cette rencontre n'allait pas se dérouler de manière "amicale".

Dans toute cette agitation le regard dédaigneux de l'elfe n'eu presque plus aucune importance pour le fidèle qui se contentait d'observer tranquillement les loups qui reculaient devant le meurtre d'un des leurs. Oui ces pathétiques bêtes n'ont qu'a fuir car il les tuerait tant qu'elles essayeraient de l'attaquer. De plus ce n'était pas un combat entre lui, et les loups, mais seulement entre Weren, et l'elfe! Christan d'ailleurs recommença à fixer l'elfe d'un regard remplit de défi, et surtout de sentiments martial. Il combattrait avec un honneur dans tous les cas, et il resterait juste à savoir si l'elfe ferait de même!

Dans tous les cas celui-ci semblait surtout occuper à utiliser sa satané magie, et l'oreille pointue après avoir esquivée sa hachette se fabriqua immédiatement une sorte d'armure en lierre qui possédaient quatre bras qui semblaient pouvoir combattre. Eh bien à croire que cet impur commençait à le prendre au sérieux comme il se doit! Weren n'avait jamais combattu contre un adversaire qui possédait 6 bras, mais ce serait sans doute une belle épreuve, et surtout une belle lutte! Il savait déjà que le corps à corps viendrait bientôt en voyant cela, et il ne pouvait que s'en réjouir car après c'était l'un des moments les plus transcendants dans n'importe quel bataille. Il le manifesta même en arborant une sorte de sourire tout en serrant sa hache un peu plus fort. Tout en disant d'un ton à la fois ironique, et emplie d'une singulière joie guerrière.

Eh bien il semblerait que vous ayez décider de vous battre à la loyale finalement? Eh bien soit...

Il savait bien que l'elfe n'avait pas du apprécier de voir un loup se faire tuer de manière aussi violente, et au moins cela renseignerait ce dernier sur les talents de guerrier de Weren, et aussi sur la détermination de celui-ci dans l’accomplissement de sa tâche. De plus seul un lâche enverrait des animaux se battre à sa place, et cette tactique de la part du mangeur de salade était d'une fourberie sans nom... Néanmoins il fallait reconnaître que la ruse dont savait faire preuve l'elfe était assez respectable d'un certain point de vue, et il faudrait donc faire avec car un adversaire rusé pouvait faire preuve de toute les bassesses possible, et imaginables...

L'elfe fit, alors fuir les loups en tendant les mains pour envoyer une sorte de tornade dans la direction de Christan. Weren eu le sang qui ne fit qu'un tour avant de sprinter vers la gauche pour essayer de sortir de la trajectoire de cette tornade, et même s'il couru à une vitesse respectable à cause de l'adrénaline il fut touché par la limite du sort, et projeté de 1 mètre avant de se relever précipitamment pour faire face à l'elfe à nouveau. Son étourdissement ne dura que quelque secondes avant qu'il ne récupère sa hache qui était tombé par terre pour la reprendre ensuite en main fermement. Maintenant que les loups s'étaient enfuis il ne restait vraiment que lui, et l'elfe. Peut-être que le combat pourrait se faire d'une manière convenable maintenant? Sauf si cela était trop demandé de la part d'un elfe.

Il se contenta donc de fixer l'elfe pendant plusieurs secondes Laissant s'installer un silence qui ressemblait presque à une sorte de trêve momentanée dans les hostilités, mais qui fut interrompue quelques secondes après par la voix tonitruante de Christan.

Eh bien moi qui pensait pouvoir enfin faire un combat singulier il semblerait que j'ai affaire à trois adversaires...

Il se précipita sur son adversaire avant que celui-ci n'ait le temps de lui envoyer un autre sort. Il donna un coup puissant qui fut esquiver de justesse par l'elfe , mais l'alayen en profita pour détourner son coup au dernier moment, et ainsi couper d'un coup net l'un des bras en lierre avant de commencer à parer les ripostes de l'oreille pointue en faisant tourner de manière habile sa hache puis de tenter par la suite une attaque audacieuse, et aussi vicieuse par le bas pour essayer de trancher son adversaire dans une zone qui était pas protégé par son armure en lierre...

Eliowir ne put que grimacer intérieurement quand le fourbe alayien osa insinuer que son style de combat n'était en rien loyal... Il aurait bien aimé lui rétorquer qu'un combat à la loyale serait un combat entre deux adversaires ayant les mêmes capacités de lutter, ce qui était loin d'être son cas, lui qui n'avait pas l'expérience de l'homme en matière de guerre. Mais cela aurait été alors avouer ses faiblesses, son inexpérience, ses lacunes... Et, outre son orgueil qui le lui interdisait ouvertement, son esprit tactique lui soufflait aussi de se taire et de se faire croire aguerri. De se montrer sûr de lui, sûr de ses arts de combat, aussi piteux soient-ils en vérité.

Il fut d'ailleurs plus que soulagé de voir l'alayien presque fuir, du moins sévèrement courir, pour esquiver sa magie. Voilà au moins qui était rassurant. S'il n'avait ni l'expérience ni la force combattive de l'autre, il avait pour lui la ruse de sa magie, et sa puissante détermination à survivre. Vivre. Sa puissante détermination à défendre la vie de son peuple !

Sa joie et son soulagement furent toutefois de bien courte durée quand l'alayien lui fonça dessus. L'attaque fut si rapide, si prompte, que le vieil elfe n'eut guère le temps de faire appel à quelque autre ruse ou sort que ce soit. Esquives et parades ne furent plus que son lot, mettant à rude épreuve ses réflexes pourtant fort excellents. L'un de ses rares atouts en combat après la magie : sa rapidité et ses réflexes, l'art d'esquiver, de faire tourner en bourrique son adversaire en lui tournant autour, le temps souvent de contre-attaquer ensuite avec la plus noble et la plus fidèle maitresse qu'il n'ait jamais eu : Dame Magie. Malheureusement il fallait croire qu'en ce jour ses réflexes ne suffisaient pas. L'autre n'en était pas dépourvu lui-même, pour tout avouer, et Eliowir vit ses bras de lierre tomber un à un sous les coups de hache, tandis que les siens propres évitaient de subir le même sort.

Le vent mugissait autour de lui à chaque coup porté du verre noir, le bois alors brisé criait près de lui son agonie, tout en faisant pleuvoir ses échardes vers le visage déjà bien ravagé du vieil elfe, menaçant à tout instant de l'éborgner. Eliowir entendait son coeur battre tambour dans sa poitrine, comme essayant d'exorciser la peur montante en lui par ce leitmotiv de vie. Son sang n'était plus que lave en fusion sous la chaleur de l'adrénaline, et ses tempes battaient alors avec la même férocité ce rythme de folle guerre, tandis qu'une froide sueur lui perlait le long de son échine. Une lourde chape de plomb semblait s'abattre sur lui, tant et si bien qu'il décida de délaisser sa piètre protection de bois si salvatrice mais pourtant si fragile sous la hache féroce du fanatisme. Ses cheveux battaient au vent au rythme de ses tournoiements, et la belle armure toute de noir de son adversaire menaçait de l'éblouir en miroitant si sauvagement sous les traitres rayons du soleil. Son souffle n'était plus que saccade erratique, et le rythme de ses pas menaçait de se ralentir...

Il peinait à parer, plus encore à riposter, alors que l'alayien ne semblait nullement fatigué. Ou le cachait à merveille. Il se devait de trouver une porte de sortie, de quoi le repousser... si ses bras n'étaient pas tant occupés à tenir cette hache à distance en la repoussant sans cesse, peut-être aurait-il pu lancer un sort pour repousser le bougre... ou peut-être aurait-il pu le lancer sans gestes clés... s'il n'était pas si épuisé, si peu sûr alors en cet état de réussir un tel challenge...

Non, il devait trouver autre chose. "Magie, ô ma douce magie, aide-moi, sauve-moi", psalmodiait-il en lui-même, tout en cherchant en lui un sort, un chant... Oui, un chant... Il pourrait sans doute encore trouver l'énergie d'un chant, le souffle de la mélodie elfique, pour contrer ce redoutable bourreau...

Mais à peine pensait-il cela, qu'un coup des plus traitres, des plus vicieux, fusa de nouveau vers lui. Un petit pas de côté légèrement en arrière, tentative d'esquive... se transformant en soudaine sensation de glisser en arrière, tandis qu'une douleur fulgurante le vrillait. Puis la chute, dure, rude, sur le dos, lui coupant momentanément le souffle... tandis que la hache de l'autre gouttait au-dessus de lui, de son sang à lui... Un instant inquiet que la blessure ne lui soit fatale en pareil endroit, Eliowir esquissa un regard en direction de sa blessure : une belle balafre déchirait ses vêtements, partant de l'aine et remontant jusque la taille, le tout déjà bien ensanglanté... mais pas tel que cela aurait dû être si hémorragie il y avait. La douleur était cuisante certes, mais elle était aussi de bonne augure. Dans une telle région, il était vite arrivé de voir veines ou artères lacérer et se vider en quelques minutes, secondes à peine, du précieux fluide vitale. Non, pas d'hémorragie. Son esquive avait dû lui éviter le pire et la blessure n'était restée que superficielle.

Enfin... superficielle... Un bref instant, Eliowir craignit le pire quand il aperçut entre la déchirure une région en particulier totalement ensanglantée... Par le Dracos ! Il n'allait pas... il n'allait pas être... châtré ?! Pas par un alayien ?! Et la peur, la stupeur, menacèrent de le clouer au sol... quand un ricanement retentit au dessus de lui. L'autre savourant sa prochaine victoire sans aucun doute...

Et cela suffit à raviver hargne et rage chez le vieil elfe. Il ne serait pas dit qu'un tel outrage resterait impuni ! Lui, un lion, se laisser ainsi si pernicieusement blesser, se laisser toucher dans l'un de ses meilleurs... de ses meilleurs... ! Non, il ne serait pas dit qu'il laisserait le vil chasseur guidé par sa foi vicieuse et destructrice gagner sur le vieux lion ! Et dans un rugissement faisant écho autant à sa douleur qu'à sa colère, Eliowir se redressa quelque peu... pour mieux chanter sa colère de Grom (sort elfique qui crée un tremblement de terre).

Il en avait toutefois oublié que lui-même se trouvait au même endroit que sa cible. Tant et si bien qu'il sentit sous lui le sol trembler férocement, menaçant de les engloutir tous les deux sous la colère de la Terre, bénie soit-elle.

Non, rectification : les engloutissait tous les deux ! Et à peine pensa-t-il cela, qu'il se sentit happé par le vide soudain apparu sous lui... puis entrainé dans une interminable glissade le long d'un immense toboggan souterrain vers les profondeurs de la terre. Ce fut suffocant, étourdi, étouffant par la terre qu'il avalait par pleine poignée, qu'il tomba sur le dos, un alayien le suivant de près et subissant le même sort à ses côtés, tandis que des trainées de terre menaçaient à nouveau de les ensevelir en les recouvrant à leurs suites. La chute avait certes cessé, mais il fut toujours incapable de se relever de suite, complètement sonné, perdu, désorienté. Ses seules pensées cohérentes furent tout d'abord de prier Dracos pour que la pluie de vase boueuse cesse et pour ne pas mourir ainsi bêtement asphyxié par l'un de ses propres sorts. Prières qui semblèrent avoir été entendues : la pluie cessa, et peu à peu le brouillard de poussières s'évapora, lui permettant de mieux voir autour de lui.

Dans une caverne. Ils étaient tombés dans une caverne souterraine. Sombre, rocailleuse, dont il devinait dans l'obscurité des aspérités abruptes, certainement des murs. Il mit un petit temps à s'adapter aux ténèbres environnantes... pas totalement ténèbres, toutefois, constata-t-il avec surprise et intérêt. Emanait en effet de la roche elle-même une légère lumière bleutée, qui permettait de mieux contempler, ou deviner, les lieux une fois habitué. Une cavité visiblement elfique, à en croire les inscriptions courant et s'entrelaçant sur les murs. Et malheureusement, il semblait s'agir d'une impasse. D'une caverne sans issue de prime abord, si ce n'est l'entrée par laquelle ils étaient tombés...

Une entrée qu'il était impossible d'emprunter à nouveau toutefois. La hauteur en semblait vertigineuse, et la terre bien trop friable pour qu'ils parviennent à gravir cette colonne qu'ils avaient dévalée. Même avec sa hache, l'alayien ne parviendrait qu'à creuser plus encore son tombeau... Non, pas de sortie possible par là donc. Mais y en avait-il seulement une autre toutefois ?

Il n'eut guère le temps de songer à la question, quand une lourde masse lui comprima la poitrine, lui faisant réaliser que, stupide elfe qu'il était, il en avait oublié son adversaire, et avait bêtement baissé sa garde en restant ainsi au sol... Oui, vraiment stupide elfe qu'il était !

Ce combat devenait décidément de plus en plus intense à chaque seconde, et l'attaque opportuniste de hache de Christan siffla littéralement en traversant l'air avec toute la force que l'Alayien déployait dans ce puissant coup meurtrier. Avec de la chance cette attaque couperait peut-être l'elfe en deux même si à vrai dire Weren n'en espérait pas tant vu qu'il savait que ces fourbes d'oreilles pointues étaient aussi agiles que des danseuses, et que cet elfe au mieux récolterait une profonde entaille qui pourrait toujours s'avérer mortelle. Dommage que l'arme de verre noire ait perdu temporairement son pouvoir car Christan aurait presque jouit de voir cet elfe lentement agoniser devant lui... Après tout il adorer autant le moment du coup de grâce que celui du duel.

En tout cas il fallait bien l'avouer cette elfe savait comment esquiver les coup car ce dernier su esquiver de peu le coup fatal que faillit lui administrer Christan avec toute la puissance de son zèle de fanatique. Néanmoins le fidèle put voir avec contentement la belle balafre qui traversait presque tout le corps de l'elfe de bas en haut. Il se disait fièrement que au moins que si cette engeance survivrait à cette bataille elle se souviendrait quand même de lui grâce à cette blessure douloureuse, et aussi du coup douloureux que venait de porter Weren à son orgueil...

Eh bien au moins cela prouve que vous êtes bien un homme car on n'est jamais sûr avec vôtre peuple... Dit-il de façon tout a fait moqueuse, et cruellement taquine en voyant l'entrejambe ensanglanté de l'elfe. Christan avait presque envie d'en rester là en regardant son oeuvre, et laisser cet elfe s'échapper uniquement car cette blessure fait à l'orgueil de ce dernier était presque un châtiment suffisant pour l'Alayien. De plus le fanatique ne put s'empêcher pendant quelques secondes de faire une grimace hautement dégoûté en voyant cela, mais il se ressaisit vite. Même chez un elfe le spectacle n'était pas beau à voir, et Weren savait qu'il avait fait un coup bien vicieux là. Le genre de coup qu'il fait peu souvent, mais au moins cela constituera une belle leçon pour l'elfe qui à l'avenir ne sous estimera plus jamais un serviteur de l'unique dans la peur de perdre définitivement sa fierté. Surtout que Christan se doute que cela fait autant mal à un elfe qu'a un humain... Et il ledémontra bien en ricanant comme une hyène pendant quelques secondes...

Néanmoins il savait qu'il fallait achever son oeuvre maintenant, et Christan revînt vite à lui, et reprit en main sa hache de guerre pour un ultime assaut contre l'elfe qui devait encore être sous le choc de cette blessure. Oui la douce odeur du sang, et le goût de celui-ci était revigorant pour un guerrier comme le fanatique. Le sang de l'elfe était presque comme une regain d'inspiration qui apaisait la colère de Christan qui se transformait ainsi en froide discipline guerrière. Maintenant il n'était plus le temps de s'amuser, ou d'autre inutilités! Le prochain coup viserait simplement à tuer froidement l'elfe sans tenter d'émasculer, ou de mutiler plus que nécessaire ce dernier. La cruauté à une limite quand celle-ci ralenti dans le devoir, et Weren savait de toute façon qu'il valait mieux pour lui qu'il en finisse vite avant que de quelconques renforts viennent en aide à cette oreille pointue... Car on ne savait jamais, et puis Christan était toujours en territoire ennemi, et il devait encore fuir pour survivre. Un elfe pouvait encore passer, mais il ne ferait pas le poids face à une dizaine d'entre-eux. Donc il valait mieux faire vite!

Son adversaire quand à lui semblait assez en colère ce qui était tout a fait compréhensible après ce qui venait de se passer. Cet elfe reprenait du poil de la bête, et le prenait maintenant au sérieux comme il aurait du le faire dès le début! Peut-être que le vrai combat pourrait enfin commencer? Il se disait cela pendant qu'il était en train de foncer sur l'elfe silencieusement la hache au poing, et que ce dernier entonna un chant elfique qui était sans doute un dernier sortilège que l'oreille pointue lançait pour tenter de vaincre le fidèle. Mais quel était ce sort d'ailleurs se dit Christan qui ne vit aucun vent, ou aucune boule de feu aller dans sa direction...

Il s'en rendit compte quand il fut contraint de s'arrêter en plein élan, et poser ses deux pieds à terre dans une posture stable pendant que la terre tremblait autour de lui. Que se passait-il? La terre elle-même était du côté de cet elfe dans ce combat? Christan fit de son mieux pour ne pas perdre l'équilibre en voyant que l'oreille pointue était touché lui aussi par ce tremblement de terre...

Mais malgré cela Weren chuta lui aussi dans le trou que la terre avait ouvert en dessous des deux combattants. Que se passait-il bon sang? Est ce que cet elfe voulait l'emporter dans la tombe de façon désespérée? Eh bien ce serait assez courageux de sa part même si Weren aurait préféré une mort plus glorieuse celle-ci aurait au moins le mérite d'être rapide, et sans douleur. Néanmoins il vit que cela ne serait peut-être pas mortel quand il se mit à glisser de manière chaotique sans voir sur quoi il glissait à cause de son casque qui n'arrêtait pas de vibrer à cause de tout les frottements, et son armure bien entendu fit un bruit tout simplement assourdissant en dérapant pendant que lui se contentait de rester silencieux pendant cette "glissade" tout en se laissant emporter par la gravité.

Heureusement il finit pas atterrir sur du dur, et en un seul morceau même s'il était un peu sonné il se dépêcha immédiatement de se relever malgré toute la terre qui lui tombait dessus, et qui ne lui faciliter absolument pas la tâche. Mais cette chute de boue finit vite pas s'arrêter ce qui n'était pas pour lui déplaire, et il put enfin se relever complètement même s'il restait un peu étourdi bien entendu après tout cela... Il était au moins encore en vie! Ce qui n'était pas si mal déjà...

Mais malheureusement l'elfe aussi en avait réchappé vivant! Ce qui suffit à assombrir son humeur pour une courte période sans doute car ce dernier était encore à terre, et tout proche du fidèle... Autant dire que Weren avait le champ libre, et il se contenta donc de marcher lentement jusqu'a l'oreille pointue.

Il regarda un passage les alentours au passage, et il vit qu'il était sans doute dans une sorte de ruine elfique qui semblait assez complexe en plus d'être éclairée de manière magique. Peste! Il ne porta pas plus d'attention au détail car il verrait cela plus tard, et aussi car il devait d'abord se consacrer à cette saleté d'elfe!

Une fois arrivé près de ce dernier Weren lui agrippa sans aucune délicatesse la gorge pour le remettre sur le dos avant de donner un violent coup de pied dans la fierté blesser de l'elfe pour en rajouter un coup! Et un autre juste après car cet impudent venait de le mettre dans une situation très délicate! Puis un troisièmre coup uniquement pas pur sadisme!

Puis Christan immobilisa son ennemi au sol avec sa botte calé sur la poitrine avant de lui dire d'un ton particulièrement peu amicale.

Où suis je vermine?

Il rajoute encore d'un ton froid après avoir appuyé un peu plus avec sa botte sur la cage thoracique pour réveiller l'elfe.

Comment sort-on d'ici elfe? Répond, et j’abrégerais tes souffrances!

Il était presque tenté de tout simplement tué cette abomination de la magie, mais il savait qu'il risquerait du coup de facilement se perdre dans ce genre d'endroit s'il n'avait pas un peu d'aide... Néanmoins il sentait que ce n'était décidément pas sa journée aujourd'hui...

Les coups se mirent soudain à pleuvoir sur lui sans qu'il ne les ai vus venir et sans qu'il ne parvienne alors à les parer. Le vieil elfe serait resté plié en deux sous les coups vicieux que l'autre lui offrait, si justement ce dernier ne venait pas de l'immobiliser sur le dos, une botte solide lui comprimant la poitrine et menaçant de le faire suffoquer. La douleur à son entaille le vrillait, redoublée par la rossée dont elle avait été la cible. Et si la pensée amère de la possible perte de cette partie, si... importante... pour lui, lui vint à l'esprit, plus vive encore fut celle de possiblement mourir là, si bêtement, de façon si peu honorable. Car nul doute que l'alayien allait le tuer. N'est-ce pas ?

Où suis je vermine?

A moins que...

Comment sort-on d'ici elfe? Répond, et j’abrégerais tes souffrances!

La première réponse de l'elfe fut de grimacer sous la douleur et l'étau qui lui comprimait ainsi le thorax, lui arrachant quelques toussotements.

Oui, peut-être avait-il une petite chance. Minime. Infime. Mais une chance quand même... s'il parvenait à répondre sans cracher ses poumons toutefois. Tentant de reprendre son souffle, tout en essayant d'écarter un peu la botte qui le comprimait avec ses deux mains, il parvint à s'arrêter de tousser, et à bredouiller, sa voix ne se faisant qu'un mince filet à peine audible :

- Je... je crois... une caverne elfique. Un ancien tombeau... ou un ancien... un ancien lieu honorifique...

Se disant, il s'obligea à lâcher la botte si menaçante de l'une de ses mains, et la tendit pour désigner les inscriptions elfiques qui couraient sur les murs.

- Là... Ce sont... ce sont des inscriptions elfiques.

Qu'il avait mal, pensa-t-il abruptement alors que sa plaie l'élança une nouvelle fois. Ce qui le fit grimacer de façon sans équivoque, tandis qu'un petit spasme le fit frissonner sous l'étau alayien. Il ferma les yeux un instant, et tenta de contrôler cette soudaine marée de douleur. Quand il les rouvrit, il tomba sur deux orbes sombres qui le vrillaient à travers les fentes du casque noir... S'il restait trop longtemps muet, sa chance risquait fort de s'effriter comme neige au soleil. Se forçant alors à chasser toute douleur, il reprit, d'une voix un peu plus forte même si un peu trop rauque pour ne pas trahir son appréhension :

- Elles disent... elles parlent de caverne des morts... là il est écrit repos éternel.. là encore "que les morts reposent en paix et que les âmes trouvent leur voie". Un tombeau je pense...

Ses yeux nuit parcoururent rapidement les murs qu'il parvenait à voir, ainsi cloué au sol comme il était, en recherche d'indices ou autres, d'issues, quelles qu'elles puissent être, quand enfin il trouva. Là. Non loin de là où ils étaient. Tout près d'une applique au mur, où un vieux flambeau semblait attendre...

- Je ne sais pas exactement...

Hum, sans doute pas les mots à dire, pensa-t-il quand il sentit la botte l'écraser plus encore. Etouffant un gémissement entre ses dents, il poussa un peu de ses mains pour faire contrepoids, et bénit en son for intérieur la force des elfes et la force de son lion qui lui permettait de ne pas se laisser complètement broyer par cette force de la nature qu'était l'alayien, même s'il ne parvenait pas à se dégager complètement. Peut-être aurait-il pu d'un sort... mais sur l'instant il n'était pas bien sûr d'y parvenir ni même d'en avoir le temps. Maudit alayien !

- Une issue, hoqueta-t-il entre deux efforts. Là...

Du regard il désigna le flambeau.

- Je pense... je pense que c'est une issue possible. Enfin, je crois. Cela ressemble... Les.. Les inscriptions... elles disent...

Il tenta de déchiffrer de là où il était, plissant les yeux, peinant à lire tous les caractères :

- Elles disent... de là où je suis... pas facile...

Mais la botte le dissuada encore une fois de réclamer quoique ce soit.

- Elles disent...
"En ce lieu, vous êtes nos prisonniers,
Nous échapper vous ne pourrez,
Avec nous pour l'éternité enfermés
Aucune issue vous ne trouverez.

A moins que notre parler vous aimiez,
et que notre flamme vous allumiez,
alors vos pas elle pourra guider
dans nos ténèbres vous éclairer.

Si notre flamme appeler vous voulez,
il vous faudra au-dessus d'elle vous pencher
et en son sein ensuite vos souffles mêler"

Il ne put s'empêcher de laisser un lourd silence planer après avoir lu, déchiffré, ces quelques lignes, soudain plus que dubitatif lui-même. Qu'est-ce qu'était ce charabia encore ? Voilà bien une énigme des plus elfiques, ne put-il s'empêcher de penser. Sans oser élever la voix toutefois. Vu l'humeur assombrie de l'alayien... il n'avait guère envie de raviver ses envies de frapper.

Après avoir un long moment fixé le mur et les écritures, comme voulant les fusiller du regard, il osa reporter son attention sur l'alayien... et ne put empêcher un certain frisson le parcourir quand il aperçut l'air peu amène avec lequel il le fixait. Hum... Peut-être sa chance venait-elle de complètement s'abimer dans les limbes du Néant. Moui, peut-être bien, redouta-t-il, tentant de se préparer mentalement à ce qui allait suivre... tout en préparant sa main libre à riposter d'un sort bien senti si l'autre relançait l'attaque.

Au moins après cette petite bastonnade cet elfe saurait de quel bois se chauffe Christan! Car celui-ci n'était pas particulièrement d'humeur à se faire mettre dans de beaux draps par un coup du destin, et s'il pouvait punir celui qui lui avait infligé ça il ne s'en priverait absolument pas. De plus voir un elfe souffrir à ses pied était quelque chose d'assez jouissif qui faisait un bien fou au fanatique qui pouvait ainsi défouler sa colère, et la frustration qui s'était accumulés depuis la dernière bataille. Après tout c'était ces saletés de mangeur de salade qui avaient infligés sa première défaite à l'armée Glorieuse de l'Unique! Et un tel affront, une telle abomination ne pouvait rester impuni bien longtemps pour le fidèle...

Néanmoins Christan refréna sa sainte colère, et il se contenta de maintenir l'elfe au sol brutalement en réfléchissant à la situation...

Le constat était simple. Il mourrait ici s'il n'avait pas d'aide car il était encore en territoire hostile, et inconnu, et ironiquement cet elfe serait peut-être sa seul chance de s'en sortir vivant...

Il se redirigea donc sont attention vers l'elfe, et il menaça celui-ci pour qu'il réponde à ses questions, et Weren pour donner plus de poids à ses paroles appuya d'autant plus la pression de sa botte sur la poitrine de l'elfe tout en tenant sa hache en main au cas-où.

Les grimaces de douleur de l'elfe firent pousser un soupir de mépris à Christan qui regarda l'oreille pointue toussoter tout en attendant gravement la réponse de cette dernière quand elle arrêterait de chouiner.

L'elfe était bien entendu en train de réfléchir, mais le fidèle n'avait pas non plus tout son temps devant lui, et c'est avec une grande impatience qu'il se fit violence pour ne pas simplement se défouler sur cette engeance de la magie. Car il savait bien qu'il serait bien bête de gaspiller sa seule chance de survie, et il écouta donc avec une attention grave ce qu'avait à lui dire l'elfe qui semblait lutter contrer sa botte de fer pour ne pas s'étouffer...

Un tombeau? Se dit-il en jetant un coup d’œil aux alentours... Oui cela pouvait être envisageable, mais ce n'était pas vraiment une bonne nouvelle vu que les tombeaux sont censés être les lieu du dernier repos des morts donc très difficiles d'accès.

Christan jeta ensuite un regard vers les inscriptions elfiques que lui montrait le mangeur de salade, mais comme il n'y connaissait rien à l'elfique cela ne l'avançait à peu près à rien, et il commençait doucement à s'énerver face à ces faux indices... De plus il vit que l'elfe avait l'air pensif...

Il vit que l'oreille pointue était en train d'avoir un spasme à cause de sa fierté blesser, et le fidèle esquissa un sourire sadique derrière son casque en voyant cela car ce spectacle était tout simplement sublime pour lui. Néanmoins il en fut vite lassé quand il vit que cet elfe restait silencieux à cause de cela, et qu'il continuer avec ses propos énigmatiques. Bon sang ils ne pouvaient pas se mettre à parler plus clairement!? Se dit le fidèle agacé par cela. Christan regarda donc l'elfe avec une grande malveillance lorsque celui-ci émergea à nouveau, et cela semblait faire effet car l'oreille pointue continua ses explications sur un ton ton inquiet qui n'échapper pas à l'alayien.

Mes cela ne l'avançait toujours pas plus sauf pour décrire ce que sont ces lieux! Néanmoins il se calma pour se retenir de cogner, et il attendit que l'elfe lui dise quelque chose d'utile même si sa patience s'effriter aussi sûrement que les roches face aux assauts répétés de la mer...

Il vit que l'elfe était encore en train d'épier le mur comme si cernier cherchait une réponse, et le fidèle se demandait bien ce que cet impur pouvait comprendre de ce texte. Néanmoins il en eu vite la réponse, et cela ne lui plaisait pas du tout, et il le démontra bien à l'elfe en ré-appuyant encore plus la pression de sa botte sur la cage thoracique de ce dernier, et en gueulant d'un ton hostile, et autoritaire.

LIS !

L'elfe sentit sans doute le coup passé, et ce dernier ne semblait pas apprécié bien sûr car c'était le but de la manœuvre. Weren donna de plus en plus de force dans cette opération cruelle jusqu’à ce que l'oreille pointue le convainque de relâcher enin la pression pour regarder dans la direction flambeau...

Une issue? Se disait-il en regardant le flambeau que lui indiquait l'elfe... Mais en quoi? Dans tous les cas il devrait tâcher de le découvrir au plus vite.

Il écouta encore ce que ce mangeur de salade avait à lui dire, et il devina avec aisance qu'il avait affaire à une énigme! Une foutue énigme bien complexe qu'il n'avait vraiment pas envie de subir. Ce n'était vraiment pas son jour de chance au final.

D'ailleurs il préférait que ce soit l'elfe qui le fasse, et il attendit donc avec une grande impatience la réponse de ce dernier qui était bien entendu occupé à lire avec grande attention le texte sur le mur.

Il faillit même un cour instant recommencer son manège pour faire accélérer l'oreille pointue, mais par chance pour le végétarien il n'eut pas le temps de le faire lorsque les réponses arrivèrent.

Une saleté d'énigme bien compliqué qui expliquait clairement qu'il resterait coincé ici s'il n'arrivait pas à la résoudre. Autant dire qu'il n'avait pas le choix, et Christan était en plein conflit dans sa tête pendant qu'il cherchait la démarche qu'il allait suivre pour ce sortir d'affaire avec un peu de chance...

Il prit finalement sa décision après avoir analysé ses issues possible, et il prit sa hachette en main tout en rengainant sa hache de guerre, et il décida de relever l'elfe sans aucune douceur avant de mettre sa hachette sous la gorge de ce dernier pour le dissuader de ce rebiffé.

Tu va m'aider à sortir d'ici compris, et peut-être que je ferai preuve d'un peu de miséricorde si je suis de bonne humeur vermine... Même s'il n'était pas vraiment de bonne humeur en fait, et la situation n'était pas vraiment en train d'arranger cela...

Il marcha donc vers le flambeau accompagné de son otage elfique, et arrivé près de celui-ci il dit à l'elfe tout en rapprochant la lame de la gorge de ce dernier pour se faire comprendre.

Maintenant prend la torche à ma ceinture délicatement, et allume la flambeau avec. Fais attention abomination à la moindre entourloupe je t'égorge sans avertissement. Puis ensuite tu va m'aider à résoudre cette énigme sinon tu en fera les frais.

Dit-il de façon froide tout en regardant l'elfe procéder avec attention tout en assurant sa prise sur ce dernier car il n'avait pas confiance en ce genre de créature fourbe dont est constitué le peuple elfique.

Eliowir grimaça de nouveau quand il fut rudement relevé par ce rustre d'alayien, une hachette sur la jugulaire. Les menaces n'avaient guère besoin d'être énoncées, eut-il envie de dire, les gestes et les regards peu amènes que l'homme lui offraient parlaient à eux seuls. Il retint toutefois son sarcasme, ne se jugeant pas en position d'ironiser. Ne s'y sentant d'ailleurs pas même la force, la douleur lancinante se faisant soudain plus cuisante maintenant qu'il était debout.

Miséricorde ? Ce mot faisait-il donc partie du vocabulaire des fanatiques du Néant ? Eliowir manqua de peu de lâcher un ricanement à ces mots et de s'attirer les foudres redoublées de son tortionnaire, mais la lame acérée qui lui entaillait presque la gorge l'en dissuada sans autre forme de procès. Peut-être, certainement même, aurait-il pu, là, en cet instant, désarmer le mécréant d'un sortilège bien senti. Mais...

Mais les lieux étaient exigus, risquant de faire ricocher le sort, ou pire. Il ne serait pas dit que sa magie créerait une énième catastrophe naturelle, après le petit séisme qui venait de les enterrer six pieds sous terre... Sans compter que le vieil elfe qu'il était se sentait éprouvé par leur combat. Essoufflé, épuisé, las... peu sûr alors de la précision de sa magie. Or dans un tel lieu, précision était nécessaire. Magie attendrait donc, avisa-t-il rapidement. Préférant faire appel à ruse et intelligence pour essayer de se tirer de cet énième mauvais pas. Si possible de s'en tirer vivant...

Il obtempéra donc quand l'autre le traina vers le flambeau et quand les ordres fusèrent. A gestes délibérément lents, comme pour montrer toute absence d'agressivité, Eliowir s'empara de la torche. En son for intérieur, il ne put s'empêcher de penser qu'allumer la torche puis le flambeau via la torche n'était pas particulièrement logique... il aurait été tout aussi simple de tenter d'allumer le flambeau directement. Mais il décida de ne surtout pas contrarier l'alayien. Ce n'était nullement le moment. Il fit donc appel à sa magie, pour allumer la torche. Une petite flamme naquit à l'extrémité de cette dernière... pour être rapidement soufflée par un vent inexistant.

Sur le moment incrédule, Eliowir releva un regard inquiet vers l'alayien, comme lui soufflant muettement qu'il n'y était pour rien. Ce n'était pas sa magie qui défaillait. Oh non, pressentait-il, sa magie n'avait rien de défaillante. Et la magie de ces lieux encore moins. Une magie qui empêchait alors toute autre d'exister, de survivre, pensa-t-il, avec un détestable frisson le parcourant. Une magie soudain traitresse qui le rendait totalement désarmé face à l'alayien maudit qui l'accompagnait.

Par acquis de conscience, le vieil elfe répéta toutefois la manoeuvre... pour voir sa flamme de nouveau s'éteindre aussi vite qu'elle était à peine née. Il tourna lentement son attention sur l'énigme, relisant encore et encore les mots inscrits. Des mots qui, peu à peu, firent écho en lui, s'imprégnèrent en lui, pour enfin... prendre sens.
Il n'était pas bien sûr d'avoir vu juste, et surtout, surtout, redoutait les conséquences en cas d'erreur... mais les conséquences en cas d'inaction seraient sans doute tout aussi terribles : enfermé, là, à jamais, avec cette compagnie détestable et hostile empestant le néant et la haine inassouvie... Ou peut-être une mort bien peu honorable, alors que l'alayien l'égorgerait d'impatience... Non, mieux valait tenter ce qu'il pensait avoir deviné.

Peu confiant, à la fois en lui et en l'autre, en la lame surtout qui entamait quelque peu sa peau pâle, faisant perler quelques gouttes de son précieux carmin, il se racla la gorge. Considérant le silence de l'autre comme un assentiment à lui donner la parole, il se donna une contenance faussement nonchalante avant d'assurer, d'une voix rauque et basse :

- Si j'en crois cette énigme, aucun feu de notre connaissance ne peut allumer ce flambeau. Ou quelque flambeau ou apparenté que ce soit.

Se disant, il rendit la torche à son compagnon d'infortune. Il poussa l'audace jusqu'à doucement repousser la lame de sa gorge.

- Je ne vais pas m'échapper, et je suis désarmé. Je doute que vous ayez besoin de cela plus longuement pour me retenir, osa-t-il ironiser, un faux sourire cynique frôlant ses traits abruptes.

Avant qu'il ne reprenne, plus sérieusement, tentant de chasser toute moquerie de ses accents elfiques :

- Je pense... Je pense que l'énigme nous enjoint à...

Une soudaine gêne l'embrassa, tandis que sa voix sembla déraper.

- Nous enjoint à souffler, ensemble. En même temps. Sur le flambeau...

Le souffle de la flamme... Ce serait de leurs souffles à eux qu'elle naitrait alors...

Heureusement pour cet elfe que le fidèle avait besoin de lui se disait Weren sinon ce dernier aurait proprement décapité cette oreille pointue depuis fort longtemps. De plus il était encore tenté d'égorger tout simplement cette engeance de la magie pour lui effacer définitivement cet air arrogant, et hautain qui commençait doucement, mais sûrement par agacer Christan qui avait presque envie de distribuer une nouvelle fourrée de coup dans la fierté de l'elfe, et il n'en était empêché que par le fait qu'il était pressé de sortir d'ici au plus vite car s'il tardait trop à rejoindre son camp il risquait d'être fiché comme un déserteur, et ce serait une disgrâce pire que la mort pour lui...

Il se dirigea donc vers la torche avec l'oreille pointue, et il fit acte de grande vigilance en resserrant son étreinte pendant que l'elfe manœuvrait avec la torche car Weren s'attendait à a peu près tout de la part d'un être aussi fourbe qu'un satané elfe, mais aussi car son impatience commençait à l'irriter de plus en plus en sachant amplement le fait qu'il était contraint de se montrer "diplomate" même si c'était de la diplomatie musclé à vrai dire... Mais cela suffisait largement à l’agacé car il avait honte d'être contraint de devoir confier en partie sa vie à un ennemi...

Il s'aperçu vite lui aussi que la flamme de l'elfe avait fait long feu de façon inexpliqué ce qui le rendit incrédule pendant un court instant avant qu'il ne lance un regard dur à l'elfe car il pensait que celui-ci était en train de joué avec ses nerfs ce qui n'était absolument pas une bonne idée d'ailleurs! Néanmoins il conclut vite que ce n'était pas là le fait du mangeur de salade, et il retint donc sa main qui s'était figé presque dans l'instant pour passer à l'acte, mais ne le fit finalement pas car il y avait peu être autre chose caché là-dessous, et il se contenta donc de dire calmement, mais d'une voix teinté d'une absolue froidure.

Qu'est-ce qui se passe vermine? Ta magie te fait défaut? Dit-il d'un ton cruel, celui de ceux qui remuent le couteau dans la plaie pour atteindre l'orgueil de leurs interlocuteur. Car après tout, et connaissant l'orgueil de ces mangeurs de salade cela était assez jouissif de blessé la fierté elfique car celle-ci était tellement haute que la chute n'en était que plus dur... De plus cela lui permettait de contenter l'impatience grondante en lui pour quelques instants car à défaut de frapper l'elfe physiquement il pouvait le faire verbalement du moins pour le moment... Et au pire cela inciterait cette vermine à se presser ce qui était toujours ça de gagné pour l'alayien qui n'avait absolument aucune envie de pourrir ici en compagnie de cet elfe...

Ensuite il regarda l'elfe qui semblait occuper à scruter l'énigme comme si ce dernier n'avait pas encore compris le sens de ce charabia. Quel dam! Même les elfes n'arrivent pas à résoudre une énigme conçu par leur propre peuple, mais quand même quel comble! Surtout qu'a ce qu'il avait compris de ce qui s'était passé la magie de l'elfe n'avait aucun effet ici ce qui permit à Christan de se détendre un peu néanmoins car ça lui retirait une épine du pied au moins... Et cela permettrait de creuser encore son avantage sur son "compagnon d'infortune" s'il en avait besoin.

Il jeta d'ailleurs lui aussi un bref regard sur l'énigme en tirant surtout la conclusion qu'il ne comprenait absolument rien à ce foutu charabia. A ce qu'il avait compris auparavant cela parlait de flambeau donc c'est qu'il fallait allumer un flambeau logiquement! A croire que ces mangeurs de salade ne savaient jamais faire simple, et cela serait sans doute une raison supplémentaire pour lui de garder cet elfe en vie pour le moment... Car il avait malheureusement besoin de lui pour sortir d'ici vivant, et surtout pour lire ces énigmes écrit dans un langage qu'il ne savait pas lire...

L'elfe d'ailleurs semblait plongeait en pleine réflexion puis fit ensuite part de ses pensées à Christan, et cela n'était pas vraiment de bonne augure car il ne pouvait pas allumer le flambeau de manière normale a ce qu'il avait compris... Donc il devrait faire autrement, et il se doutait que ce serait déplaisant à faire.

Christan récupéra donc avec prudence la torche, et après avoir hésité un peu se contenta de relâcher un peu sa pression sur la gorge de l'elfe pour que celui-ci puisse exprimer sa pensée même s'il restait quand même vigilant.

Weren quand il entendit de la part de l'oreille pointue que la menace était un peu superflu pour le moment.... Se contenta de lâcher l'elfe sans oublier de repousser violemment celui-ci juste après pour lui rappeler qu'il restait néanmoins méfiant, et armé...

Puis le fidèle se rendit compte que la vie était vraiment une chienne quand l'autre engeance magique lui expliqua comment il fallait résoudre l'énigme sans doute, et il hésita un court instant avant de demander froidement.

Vraiment? Même si la réponse était malheureusement évidente pour tous les deux ce qui n'était pas du tout pour arranger Christan encore une fois...

Pendant qu'il râlait un peu il se rendit compte que souffler à travers son casque serait sans doute ardu, et qu'il devrait donc le retirer... Peste! Se dit-il en enlevant lentement son casque de verre noir pour révéler ses traits affreux, et envoyer un regard d'une hostilité sans précédente en réponse aux éventuelles moqueries de l'oreille pointue qui devait voir son orgueil ravivait en l'instant.

Faisons au plus vite. Dit-il sèchement car après tout il n'appréciait absolument pas la tournure de la situation se dit-il en surveillant l'elfe pour voir si celui-ci s’exécuter avant de le faire aussi...

Il ne restait plus qu'a voir ce que cela allait donner, et mieux valait pour cet elfe que ça marche se disait le fidèle qui commençait à avoir les mains qui lui démangeaient...

Entendre l'autre se réjouir si vertement que la magie puisse faire faux bond à un elfe eut de quoi faire grincer des dents Eliowir. Ne se sentant toutefois guère en position de répliquer quoique ce soit, il rongea son frein, même si son regard en disait long à lui seul. Il aurait aimé lui répliquer que sa magie ne lui faisait pas réellement défaut. Pour preuve, il avait bel et bien créé une flamme... une flamme qui s'était certes rapidement éteinte, mais qu'il avait tout de même pu créer sans l'ombre d'une difficulté. Non, sa magie ne lui faisait pas défaut... pas réellement. Seulement ces lieux semblaient l’annihiler, ou plutôt la contraindre, la contenir, la gangréner dans une camisole éhontée en faisant se volatiliser ses effets. Oui, voilà ce qu'il aurait bien répliqué à l'engeance fanatique qui lui tenait lieu de compagnon en l'instant.

Seulement... Seulement l'engeance en question le tenait en joue avec une lame, bien aiguisée d'ailleurs par le Dracos. Sans compter la force herculéenne de l'homme, maudit soit-il. Quand bien même en bon elfe et en bon lion, il aurait pu rivaliser avec cette force, il n'était pas bien sûr de se sortir indemne d'un combat à mains nues avec un tel guerrier si expérimenté, lui vieux conseiller balbutiant encore dans les arts de la guerre. Il garda donc silence... se promettant toutefois revanche en temps venu.

Au moins l'autre concéda à éloigner la lame traitresse de sa gorge, même si le tout s'accompagna d'une poussée bine virulente qui manqua de le faire tomber à terre. Le vieil elfe grogna quelque peu, et de mécontentement et de douleur, mais là encore garda sa hargne sous silence. Un court instant, Eliowir songea à en profiter pour se lancer un sort de soin sur la plaie lancinante qui lui vrillait encore l'aisne... mais se ravisa bien vite, en songeant que, sans aucun doute, là aussi son sort de soin se révélerait contré. Ou du moins limité. A cette pensée, il ne put réprimer un soupir dépité, à fendre l'âme, tout en lançant un rapide regard écoeuré au sang qui le maculait. Au moins la plaie s'était-elle arrêtée de saigner, cela lui éviterait déjà de se vider de son sang.

Faisant donc son deuil d'un quelconque soin, il reporta toute son attention sur l'énigme, cruelle énigme, qui allait les obliger à... coopérer. Quand il expliqua ses conclusions à l'alayien, ce dernier n'eut guère l'air réjoui. Pour tout dire, l'elfe l'était encore moins, songeant à la honte qui, immanquablement, allait le consumer quand ils s’exécuteraient. Mais.... mais avaient-ils seulement le choix ?

Vraiment? entendit-il l'autre demander.

"Nooooon, voyons, je dis ca pour m'amuser et me moquer de vous", avait-il envie de rétorquer, de tout son froid cynisme. Un cynisme que seul son regard fut apte à exprimer toutefois. De toute évidence, l'autre n'attendait de toute façon aucune réelle réponse. Que ces hommes étaient agaçants avec leurs sempiternelles questions idiotes !

Son expression agacée et cynique s'effaça cependant bien rapidement quand il vit l'autre enlever son casque et révéler un visage... d'une laideur à faire pâlir d'envie le plus maudit de tous les maudits.

- Par le Dracos, souffla-t-il, élevant à peine la voix, tant il était suffoqué par cette vision cauchemardesque.

Et dire qu'il se trouvait un elfe laid... plus beau peut-être que la majorité des hommes, mais un elfe qui, parmi les siens, avait souvent été moqué par ses traits abruptes. Voilà au moins, qui le consolait quelque peu, ne put-il s'empêcher de penser, fort méchamment. Il était ainsi en train de détailler un à un les traits marqués et sévères de l'autre, quand une voix le sortit de son observation. Il aurait été difficile de parler contemplation...

Faisons au plus vite.

Seul un hochement de tête acquiesça à cette assertion. D'un signe de main, il invita l'autre à se pencher en même temps que lui sur le flambeau. Après un rapide regard, chacun semblant fortement se défier de l'autre, ils soufflèrent en choeur sur ledit flambeau... pour s'écarter ensuite vivement quand la flamme s'en éleva. Et reculant d'autant plus quand la terre près d'eux se mit à gronder et les murs en face d'eux trembler quelque peu, tandis qu'un immense cercle de pierre se mit à rouler pour disparaitre dans la cloison, leur révélant alors une ouverture. Un couloir, au delà. Sombre, ténébreux couloir, mais qu'importe, ils avaient trouvé une issue.

Après un petit temps d'hésitation, Eliowir reprit la parole d'une voix étonnamment placide :

- Si vous permettez, fit-il tout en s'emparant du flambeau.

Puis, intimant en un geste, sans doute un peu trop impérieux, à l'autre de le suivre, il s'engagea dans l'ouverture, et suivit le couloir aux parois abruptes et presque trop bas de plafond. Presque... Il n'était pas à se courber en deux, pas totalement, mais il devait toutefois un peu ployer l'échine pour avancer, ce qui lancinait plus encore sa douleur. Faisant fi de celle-ci, mu par un instinct de survie qui déjà l'avait tant guidé ces dernières années et l'avait si souvent sauvé, il avança donc, aux aguets.

Après un temps qui lui parut une éternité, ils se retrouvèrent devant une bifurcation où se profilaient trois directions devant eux. Eliowir fut un instant plus que perplexe, indécis, avant que finalement ses yeux ne se portent sur une étrange dalle recouverte de terre à quelques mètres de leurs pieds. Il la désigna d'un doigt à l'alayien, et, tenant toujours le flambeau d'une main, s'accroupit près de la dalle en réprimant un autre gémissent, pour ensuite chasser la terre qui cachait la dalle de son autre main. Des inscriptions. Toujours en elfique, constata-t-il, presque soulagé, car cela enjoindrait l'autre à ne pas encore le tuer. Des inscriptions qu'il s'empressa donc de lire à haute voix.

"Trois étranges voies se dessinent devant vous,
Trois sombres chemins mais un seul vous sera doux.
Dur choix qui ne se fera qu'en vos coeurs sincères,
Priez et peut-être exaucerai-je vos prières.

Ensemble prenez cette terre à pleine main,
Lancez-là sans doute aucun sur les trois chemins
Si vos intimes prières ont chanté en choeur
Alors mes pas brillants vous guideront ailleurs."

- Je crois que cette énigme nous donne le chemin. Lequel toutefois...

Et il laissa là sa voix en suspens, attendant le verdict du fanatique, qui ne devrait sans doute pas tarder.

Il savait que ses petites piques vicieuses faisaient biendu mal à l’ego surdimensionné de l'elfe. Non pas que ce dernier le démontre en lui répliquant, mais simplement par le regard que cette abomination lancer au fidèle. Au moins ce mangeur de salade savait où s'en tenir s'il espérait ne pas se faire égorger purement, et simplement. De plus Christan savourait amplement cela car les blessures à l'orgueil sont souvent les pires après les blessures physiques, et de toute façon l'un des meilleurs moyens de montrer son mépris à un ennemi est d'humilier ce dernier, et Weren ne se privera pas de le faire tant que l'occasion lui en sera donné. Surtout que la rancœur gronde encore dans son cœur, et que le désir de venger en partie le désastre militaire qu'est la bataille des bois sombres semblait bien doux aux yeux du fidèle qui trouvait là un moyen efficace de défouler sa frustration.

Cet elfe resta à sa place quand Christan le repousse, et ne se montra pas suicidaire en se rebiffant. Weren ne savait pas s'il devait prendre cela pour de la lâcheté, ou de la sagesse, mais dans tous les cas cela l'arrangeait car il y aurait du meurtre dans l'air sinon. Et il aurait l'air idiot de tuer son seul moyen de sortir d'ici vivant car il n'allait sûrement pas mourir à cause d'un simple elfe. Non ce n'était pas son destin, et Néant n'avait pas décidé qu'aujourd'hui serait le dernier jour de son fidèle serviteur pour le moment. Alors autant prendre son mal en patience bon gré mal gré...

Puis il laissa cette oreille pointue s'occupait de l'énigme avec lui car après tout c'était le peuple elfique qui avait conçu cette énigme, alors ce serait cet elfe qui devrait la résoudre. De plus il était toujours étonné qu'il n'y ait rien à part ces énigmes car Christan s'attendait à ce qu'il y ait un piège à un moment où à un autre quand il en aurait finit avec cette salle. Ce qui semblerait assez logique..

Il espérait au moins que cet elfe soit autant honteux que lui à l'idée de ce qu'il devraient faire car il n'apprécierait pas du tout que l'autre le tourne en dérision...

Quand l'elfe lui adressa un regard dur il se contenta de l'encaisser stoïquement, et de lui renvoyer un regard glacial pour montrer qu'il ne plaisantait pas. Qu'est qu'avait ce mangeur de salade? il ne voulait pas répondra à sa question? Bon c'était une interrogation rhétorique donc autant ne pas y concentrer plus d'intérêt que cela car il n'avait pas non plus toute la journée...

Juste après cela il enleva son casque, et il vit l'elfe le regarder avec de gros yeux... Bon sang qu'il avait envie de l'étriper rien que pour cela! Il voulait bien comprendre qu'il était laid, mais là c'était gênant! Surtout que l'autre se contentait de le dévisager...

Par le Dracos! Mais quoi? Cet elfe était tellement habitué à voir son peuple de danseuse qu'il ne pouvait pas soutenir la vue du visage du fidèle? Pfff quelle bande de petite nature se disait Weren.

Mais Christan l'enjoint de se presser avant que la tentation de faire un massacre ne soit trop forte pour lui. Puis plus vite il pourrait renfiler son casque mieux ce serait! Le courant d'air qui passait sur son crâne chauve ne lui plaisait pas du tout, et il se sentait vulnérable sans une protection à la tête, et puis au moins ça l'épargnerait de devoir subir les regards insistants de l'autre... A croire que la vie est une chienne comme il n'arrêtait pas de se le dire depuis qu'il était tombé ici...

Puis ils passèrent enfin à l'essentiel, et ce n'était pas vraiment trop tôt. Les deux compagnons d'infortune se penchèrent avec assez de réticence sur le flambeau, et pendant qu'ils se lancèrent des regards digne de deux vipères ils soufflèrent en même temps sur ce satané flambeau, et Weren se releva quand il vit qu'une flamme apparut pour ne pas se brûler malencontreusement. Puis il recula quand il sentit la terre tremblait, et il jeta son regard au sol pour voir ce qui s'y passer. Il releva par la suite les yeux, et il vit qu'il y avait une ouverture qui était apparut d'un coup, et il se contenta de regarder calmement l'elfe avant de rajouter.

Tu y va en premier car on ne sait jamais, et puis il paraît que vous voyez mieux dans le noir...

Il laissa ensuite l'elfe reprendre le flambeau tout en poussant celui-ci pour l'enjoindre de se presser.

Il se contenta par la suite de suivre calmement l'oreille pointue en surveillant prudemment chaque mouvement de cette dernière...

Le fait de se baisser un peu pour avancer ne lui plaisait pas du tout, mais au moins cela enlever toute possibilité d'échappatoire à l'elfe, et restait donc appréciable. De plus il y avait peu de chance qu'il perde son "guide" dans un tel endroit car c'était assez exigu... Son armure quand à elle faisait un bruit de cliquetis faible, mais persistant pendant qu'il avançait, et cela lui rappelait juste qu'il devrait entretenir cette dernière dès qu'il en aurait la possibilité. Même si ce n'était pas vraiment la priorité pour le moment...

Puis au bout d'un petit moment de marche qui s'était déroulé dans un silence à la fois oppressant, et solennelle ils arrivèrent tous deux à une bifurcation, et Weren devinait déjà que ça allait être une nouvelle énigme... D'ailleurs il laissait son temps à l'elfe pour que ce dernier puisse identifier la nature de cette devinette. Puis Christan regarda calmement dans la direction que lui désignait l'oreille pointue. Ce dernier alla ensuite examinait la dalle de plus près tout en tenant le flambeau, et le fidèle le regarda attentivement faire pour vois si le mangeur de salade n'était pas en train de lui préparer un coup fourré... Il vit que l'elfe venait de trouver des inscriptions en elfique, et il se contenta donc d'écouter attentivement l'oreille pointue lorsque celle-ci lit le texte à voix haute...

Lorsque l'elfe eu enfin finit, et lui dit qu'il faudrait résoudre l'énigme pour trouver le bon chemin Christan fit une rapide réflexion avant de dire froidement à voix haute.

Cette énigme demande de prier donc peut-être que cela aurait pour rapport avec des prières effectivement, et ensuite il est écrit qu'il faut prenne cette terre à pleine main, et la jeter sur chacun des chemins. Puis ensuite il faut chanter en chœur ensemble a ce que j'ai compris donc il ne doit pas y avoir de sous-entendu je pense...

Il se contenta de pousser un soupir frustré avant de répliqué durement.

Vôtre peuple ne sait jamais faire simple décidément.

Puis il attendit la réponse de l'elfe pour voir si celui-ci n'avait pas une autre idée en tête au cas-où...

Cette énigme demande de prier donc peut-être que cela aurait pour rapport avec des prières effectivement, et ensuite il est écrit qu'il faut prendre cette terre à pleine main, et la jeter sur chacun des chemins. Puis ensuite il faut chanter en chœur ensemble a ce que j'ai compris donc il ne doit pas y avoir de sous-entendu je pense...

Eliowir resta des plus sceptiques quant à l'explication proposée par l'alayien. Oui, les elfes étaient plutôt compliqués, et ne faisaient rarement dans la simplicité. C'était là une de leurs moeurs qui leur avait sans doute permis de ne pas s'entretuer durant leur loooongue vie séculaire. Mais selon lui, l'alayien se trompait dans son interprétation de la charade.

Là aucun doute possible, un seul des chemins était sûr pour eux, les autres devaient être truffés de pièges, ou pire encore... Pas bien compliqué à comprendre, même un fanatique ne voyant pas plus loin que les limbes de son Néant semblait l'avoir compris. Là où il se trompait, selon le vieil elfe, c'était dans le côté "prière" et "chanter en choeur". Pour lui, oui, il devait y avoir "prières", des prières sincères, des prières pour trouver le bon chemin, le chemin sûr, le chemin le plus serein et sans danger aucun. Des prières qu'ils devaient formuler tous deux ensemble, en pensant à la même chose, en même temps, tout en jetant une poignée de terre ensemble sur les trois chemins... Jusque-là leur interprétation se rejoignait. Mais, selon Eliowir, les prières ne devaient aucunement être chantées en choeur... Pas réellement du moins.

Certes, la charade pouvait paraitre trompeuse, les mots insidieux, l'énigme floue et particulièrement sournoise voire fallacieuse. "Si vos intimes prières ont chanté en choeur", disait-elle. Intimes... Ce n'était qu'un mot, qu'un infime détail, mais pour Eliowir c'était là le détail qui changeait toute la donne. Il était intimement convaincu que les prières ne devaient pas être "prononcées", mais juste pensées, fortement pensées, qu'ils devaient "prier" de trouver le bon chemin en "choeur" mais dans l'intimité de leur coeur, en silence. Ils se devaient en fait de communier en quelque sorte, de parvenir à penser en commun au même but, au même objectif, sans qu'aucun mot ne soit prononcer à haute voix, et ce malgré les différends qui les étreignaient par ailleurs en leur âme.

Toutefois... Toutefois... Peut-être se fourvoyait-il lui-même dans l'interprétation de l'énigme ? Peut-être l'alayien avait-il visé juste ? Et qu'adviendrait-il si Eliowir s'avisait de le contredire pour ensuite les mener à leur perte ? Ou dans un piège ? Sans aucun doute, s'ils suivaient l'instinct de l'elfe mais que l'elfe se trompait, la mort serait pour lui promesse exaucée au bout du chemin, offerte alors avec joie de la main même du fanatique guerrier et de sa si fidèle lame noire... Non pas qu'il craignît plus que cela la fin de vie, mais mourir des mains d'un fanatique du Néant ? Quelle mort indigne ! Quelle mort cruelle même ! Non, qu'il meurt certes, cela était là le destin commun de tous, tout être se devait tôt ou tard de mourir, même les elfes à la vie quasi intemporelle. Il avait lui-même fait son temps, faisant partie des plus vieux elfes vivant encore en Armanda, et son crépuscule se dessinait de plus en plus dans de sombres ombres annonçant sa nuit prochaine... Mais s'il pouvait s'éviter le déshonneur de périr sous l'oriflamme du fanatisme néantique...

Il préféra donc taire ses doutes. Seule une moue dubitative et perplexe dut le trahir quelque peu, avant que ses traits ne s'étirent de nouveau en une expression des plus dédaigneuses comme seul un elfe savait en offrir, en un art dont seul un Serillëiel, lion de son état, était passé maitre. Il haussa alors les épaules, avant d'oser répondre, d'une voix nonchalante de laquelle il ne cacha nullement son possible mépris :

- Peut-être commencez-vous à comprendre le fin esprit elfique. En tout cas, autant essayer votre... théorie.

Et sans attendre, il empoigna un peu de terre, lança un long regard à l'alayien, l'invitant silencieusement à l'imiter, et entonna une prière improvisée, espérant que le fanatique reprendrait au moins ses paroles en choeur avec lui :

- Que cette terre guide nos pas en un chemin sûr et en une issue sécurisée.

Il répéta son petit rituel pour les trois chemins en choeur avec l'alayien à ses côtés, attendant avec une certaine appréhension ce qui allait suivre. Il ne savait pourquoi son coeur battait chamade de façon si frénétique, et pourquoi une sueur froide semblait soudain le faire frémir. De longues minutes s'étirèrent ainsi, le laissant transi dans un état d'expectative stressante, avant qu'enfin... des traces de pas ombreuses se dessinent sur le sol sur le chemin de droite.

Un subreptice regard en direction de l'alayien, comme pour s'enquérir de son assentiment... Et l'elfe s'engagea dans le chemin ainsi indiqué, suivant les pas qui s'effaçaient au fur et à mesure qu'ils marchaient eux mêmes sur ces traces. Eliowir ne put toutefois se défaire de son mauvais pressentiment, et se sentait de plus en plus fébrile, quand bien même il tentait de rester sur le qui vive. Le chemin se fit toutefois sans réelles encombres, si ce n'est quelques percussions de tête sur le plafond bas ou quelques trébuchements sur une pierre traitresse.

Ils parvinrent ainsi dans une immense salle sombre, où les ténèbres semblaient régner en maîtresse absolue, et où les échos lugubres vous faisaient frissonner plus assurément encore que les brises glaciales qui venaient vous gifler le visage ou que les pestilences qui manquaient de vous remuer tripes et boyaux. Eliowir marqua un brutal arrêt à l'entrée de la caverne, et sentit l'alayien buter durement dans son dos (ou l'avait-il pousser réellement ?) manquant le faire tomber dans les abysses qui semblaient s'ouvrir juste devant eux.

Poussant un grognement des plus mécontents, mais n'osant protester outre mesure, l'elfe parvint à rétablir son équilibre précaire évitant une chute mortelle, sans pour autant, ô miracle, lâcher le flambeau. Il avisa d'ailleurs un autre flambeau éteint accroché à une applique sur leur droite, ornant le mur pierreux et suintant d'humidité. Sans même consulter l'alayien qu'il avait une terrible envie de cogner pour son impolitesse et pour avoir bien failli le faire précipiter à bas du gouffre insondable qui se dessinait devant l'entrée, il entreprit d'allumer ledit flambeau avec celui qu'il tenait à la main... et eut l'agréable surprise de voir de multiples flambeaux entourant la salle s'illuminer un à un tel un jeu de domino. La salle s'éclaira alors d'une vive lumière qui chassa avec force et détermination l'obscurité qui régnait jusque-là, tel qu'il aurait aimé pouvoir chasser lui-même l'obscurantisme de son compagnon.

Se dessina alors devant eux une salle majestueuse, en un immense cercle dont il peinait à voir l'autre extrémité, constituée d'un abime semblant sans fond en son centre, et dans lequel l'on pouvait s'enfoncer grâce à un escalier de pierre en colimaçon, aux marches abruptes, usées et glissantes, courant non loin des parois humides. Entre l'escalier et les parois, une sorte de chemin de ronde, jalonné de fières colonnes de pierre marbrée aux fines sculptures en bas-reliefs sur toute leur hauteur, évoquant d'augustes figures mythiques draconiques, de légendaires scènes de guerres ancestrales vampiro-elfiques, ou de belles fresques de contes historiques d'Armanda... et d'outre-terre encore. Les faîtes des colonnes semblaient se rejoindre en une voûte magistrale qui se perdait dans les obscurités abyssales du plafond, que même la lueur flamboyante des flammes vibrantes ne parvenait à percer. Le mur qui entourait la salle semblait lui-même couvert de diverses fresques sculptées, émoussées par le temps, et l'on percevait maintes encoches, maintes perforations, ainsi que maintes ouvertures, certaines de la taille de meurtrières, d'autres de la taille d'une porte... certaines visiblement condamnées d'ailleurs par une herse rouillée ou par une porte bardée...

L'autre extrémité était encore difficilement perceptible dans les détails, mais il semblait s'y ériger comme un autel... d'où l'on percevait un vague flamboiement qui intriguait... et attirait... l'elfe en lui. Une voix, insidieuse voix, lui dictait, lui soufflait, d'atteindre cet autel, de s'y rendre et de l'honorer de son âme... Il n'aurait su dire pourquoi, ni comment, mais cette voix était forte, vibrait en lui, transcendait toute sa raison et ses facultés de réflexion.

Le vieux lion était alors des plus confus et perdus, n'apercevant aucun indice sur le chemin à suivre mis à part cette étrange part de lui qui semblait si attirée par cette extrémité lumineuse au loin, n'apercevant aucune inscription elfique semblant vouloir se révéler à eux, ni aucune énigme daignant de nouveau les tourmenter. Hésitant, Eliowir se tourna donc vers son compagnon et, tout en haussant un sourcil manifestant clairement son doute, daigna enfin reprendre la parole, d'une voix faussement nonchalante, que les échos renvoyèrent presque caverneuse :

- Quel chemin notre néantique guerrier souhaite-t-il suivre ? Descendre ? Rejoindre l'autre extrémité ? Tenter d'ouvrir l'une des portes ?

[HJ : voilà comme promis une salle qui devrait te permette de faire joujou avec pleins de pièges si tu veux... à toi de choisir nos misères ]

Il semblerait que l'elfe hésite devant la solution que Christan mettait en avant pour passer cette énigme. Quoi ce n'était pas ça? Mais dans ce cas que cet empoté donne son avis! Enfin bon en même temps il semblerait que ni l'un ni l'autre ne connaissait la solution à cette énigme, et que le seul elfe sur lequel il aurait pu se venger était dans la même galère que lui pour le moment. Donc autant refréner ses pulsions pour d'autant mieux les défouler plus tard quand il pourrait se le permettre...

Dans tous les cas il valait mieux espérer trouver la solution rapidement car sur trois voies présentes devant lui deux devaient présenter des dangers certains pour eux, et ce serait assez imprudent de tenter le destin en prenant une voie au hasard. Autant attendre que l'elfe donne son avis, et au pire pousser celui-ci dans l'une des voie pour qu'il s'aperçoive de lui-même si celle-ci est sûr, ou pas du tout... Après tout c'est son fourbe peuple qui a conçu ces énigmes, alors à lui de la résoudre!

Néanmoins il se demanda qui il fallait prier pour passer? Sachant que des elfes n'auraient jamais prier Néant selon-lui il en conclut que cela devait être soit des prière aux morts, ou pire des prières aux esprits. Il préférait largement des prières aux morts même elfiques à implorer ces satanés esprits Armandéens. Plutôt crever oui! Mais peut-être qu'il fallait prier autre chose qui sait? En espérant que cet elfe trouve la solution car lui-même était assez perdu là-dessus à vrai dire.

Dans tous les cas il fallait jeter de la terre ce qui faisait déjà en sorte qu'une partie de l'énigme soit résolue se dit-il pour se rassurer avant d'attendre en silence l'avis de l'elfe...

Après tout il y avait des chances qu'il se trompe d'une certaine façon même s'il en doutait fortement. Même ces ambiguës oreilles pointues n'auraient pas fait une énigme incompréhensible pour l'un des leurs, et n'auraient pas tordu le sens de leurs propos au point que seul un illuminé intellectuellement puisse en comprendre le sens profond. Après tout un homme de savoir a bien peu de chance de se retrouver dans un tel endroit sans avoir pris des précautions auparavant. Bon sang, et dire qu'il y a une heure à peine il était encore en train de se balader dans la forêt elfique avant que l'autre mangeur de salade ne vienne le faire tomber dans ce trou puant la mort. Il se demandait bien ce qu'il avait à l'unique pour que celui-ci lui inflige une telle épreuve. A croire que c'était une façon de le punir de la précédente défaite se dit-il un instant avec amertume...

Pendant tout ce temps il était en train de regarder l'elfe avec dureté, et avec froideur. Pour mettre la pression sur celui-ci bien entendu, et si possible pour hâter ses réflexions. Après tout lui il ne pouvait pas vivre des millénaires comme l'elfe, et il n'avait absolument pas envie de devoir supporter trop longtemps la présence de cette oreille pointue. Déjà que le simple fait qu'il ne l'égorge pas sur place lui fasse mal au cœur. Si en plus il doit supporter sa présence pendant des heures cela va doucement l'agacer... Surtout qu'il avait l'impression fortement désagréable que l'elfe riait de lui en silence. Qu'il se moquait de sa personne sans toutefois le dire clairement. Oui ces regards cyniques, et ces paroles qui devaient transpirait de mépris du fait qu'ils étaient tout les deux ennemis. Mieux valait pour eux deux qu'il n'aient pas à se supporter trop longtemps mutuellement sinon il y allait y avoir un massacre tôt, ou tard... D'ailleurs de préférence il gardera cet histoire pour lui quand il sera sortit d'ici, et ne la racontera à personne parce qu'il en était presque honteux. Sa commandante rirait de lui si elle le voyait, et son défunt père devait le faire là où il était, et cela lui fit pousser un soupir de dégoût qui n'avait pour une fois que peu de rapport avec l'elfe...

D'ailleurs l'elfe afficha encore une fois son air dédaigneux, et détestable pour le fidèle avant de parler d'un ton qui ne cachait pas son mépris, et qui donnait l'envie pure, et simple au fidèle de l'émasculer, et de l'arroser par la suite de coup de poing juste pour avoir fait cela. Néanmoins les paroles qui sortirent de la bouche de l'oreille pointue l'étonnèrent, et il ne su pas comment les prendre à vrai dire... Mais il ne s'empêcha pas néanmoins de répondre d'un air de celui que le prend de haut voir de très haut!

Vous êtes bien moins complexes, et fin que vous voudriez bien le faire croire vous les mangeurs de salade. Mais néanmoins je dois avouer que vous êtes bien tordus, et ce n'est pas une qualité dans cette situation...

Puis les deux compagnons de malchance firent ce que Christan avait dit, et lancèrent de la terre sur chacun des chemins tour à tour. Puis quand il entendit l'elfe faire sa prière il fit de même en essayant de la dire en cœur avec celui-ci. Car c'était déjà mieux de prier ça que les esprits, ou les morts...

Que cette terre guide nos pas en un chemin sûr et en une issue sécurisée.

Ils firent cela pour les trois chemin avec calme, et sans trop de problème pour une fois. Même si l'alayien n'était pas sûr que cela allait marcher étrangement il le faisait quand même car ça ne coûter rien d'essayait après tout... Puis ils attendirent comme des piquets pendant plusieurs minutes en silence pour voir si quelque chose allait se passer, et au moment où Christan allait abandonner des traces apparurent sur le chemin de droites, et Weren ne put s'empêcher de pousser un "Hum" moqueur, et de dire avec un humour noire.

C'est une blague! Et vous vous vantez de faire des énigmes complexes...

Par la suite après avoir fait un oui de la tête à l'elfe qui semblait vouloir s'enquérir de son avis le fidèle s'engouffra dans le chemin à la suite de l'oreille pointue. Pendant qu'il marchait il remarqua que les traces de pas s'effaçaient derrière lui comme si l’énigme se préparait pour accueillir de susceptibles nouveaux visiteurs. Au final néanmoins ce chemin était bien sans danger et a par quelques cailloux gênants, et la faible hauteur du plafond à certains moments l'alayien n'eu pas trop à se plaindre. De plus l'elfe était devant donc c'était ce dernier qui prendrait si quoi que ce soit ne se déroulait pas comme prévu...

Puis il débouchèrent dans ce qui semblait être une grande salle encore plongée dans le noir. Encore une énigme sans doute! Se dit-il avec consternation. A la limite l'ambiance lugubre du lieux, et le courant d'air frais ne lui faisaient pas grand chose, mais il commençait à croire que ces elfes adoraient vraiment les énigmes, mais à un point! Néanmoins il n'eu pas le temps de développer plus cette pensée que l'elfe s'arrêta brusquement, et comme Weren était proche celui-ci il fut poussé accidentellement par le fidèle qui se contenta d'agripper l'elfe avant que celui-ci ne fasse une chute dans le vide que l'alayien n'avait pas remarquer. Que cet oreille pointue attende d'être sortit avant de se briser la colonne vertébrale si possible! Cela l'arrangerait beaucoup!

Il lâche ensuite l'elfe après l'avoir un peu tiré car il ne comptait pas non plus l'aider outre-mesure quand même! Et il entendit par la suite l'oreille pointue grognait de mécontentement, et il se contenta de ricaner en retour en voyant ce spectacle presque comique. Ah sa faisait moins le fier quand c'était en difficulté se disait-il avec méchanceté. Il regarda ensuite l'elfe qui semblait fixer un autre flambeau dans la salle, et il regarda silencieusement l'oreille pointue allumer l'autre flambeau avec le sien ce qui semblait avoir magiquement déclencher une réaction en chaîne qui avait fait s'allumer les autres flambeaux qui se tenaient dans la salle ce qui chassa les ténèbres, et leurs révéla les issues possibles. Dans tous les cas cela ne plaisait pas beaucoup à Weren car ça avait l'air bien trop simple à son humble avis... Sans doute qu'il devait encore y avoir un texte, ou une indication quelque part se dit-il en observant scrupuleusement chaque coin de cette pièce à la recherche du moindre indice...

Mais a part une grande salle en cercle qui était somme toute bien décorée même si pas aussi splendide que les monuments de l'Alayia d’auparavant, et d'un grand trou au centre de la salle dans lequel l'elfe avait faillit tomber "malencontreusement"... Dans lequel il y avait un escalier qui semblait descendre dans les profondeurs de la terre ce qui attira en partit l'intérêt de Christan... Même si l'escalier n'avait pas l'air particulièrement "sûr" à emprunter. Il y avait aussi un chemin de rondes avec des piliers, et des fresques qui devaient raconter l'histoire antique de ce continent ce qui l'intéresse à peine à vrai dire... Il remarque aussi quelques portes, et perdit encore un peu de temps à ausculter cette salle du regard pour y trouver une autre issue avant de retourner son regard dans lequel scintillait l'impatience vers l'elfe pour écouter l'avis de ce dernier...

Celui-ci semblait avoir son regard dirigeait vers une sorte d'autel impie qui devait être consacrer aux divinités de ce continent, et cela donnajuste envie à l'alayien de mettre le feu à cet endroit même s'il avait mieux à faire pour le moment que désacraliser un lieu de culte aux frères impies de Néant...

Puis l'elfe après ce qui semblait quelques instants de réflexions proposa plusieurs options à l'alayien qui dit d'instinct, et avec froideur.

Nous descendons, et tu va ouvrir la marche elfe. Comme ça au pire si ils font une erreur c'est l’elfe qui prendra. Et il ne lui laissait pas le choix de toute façon comme le soulignait sa hache de guerre de verre noire...

C'est donc ainsi qu'il descendit à la suite de l'elfe, et que le fidèle observa tranquillement les escaliers tout en prenant garde à ne pas glisser si possible pour ne pas tomber dans le vide... Mais au bout de seulement quelques mètres un léger bruit de mauvais augure se fit entendre, et c'est par réflexe qu'il recula brusquement tout en regardant l'elfe pour voir si celui-ci arrivait à se débrouiller...

Nous descendons, et tu va ouvrir la marche elfe.

Bon, autant pour la solution "vers la lumière", songea le vieil elfe, avec une petite pointe de déception et de rancoeur. Il retenait à grand peine ses réparties aux insultes déguisées que l'autre lui offrait déjà. Devoir en plus suivre les choix de l'alayien... Son esprit de contradiction lui dictait de n'en faire qu'à sa tête et de planter là le fanatique, de suivre la sorte de chemin de ronde et d'aller voir ce qui se cachait à l'autre extrémité. Mais l'arme de verre noir que brandissait toujours son maudit compagnon l'en dissuada rapidement. Il garda donc, encore une fois, ses cyniques réflexions pour lui et se contenta de foudroyer l'homme du regard.

Puis obtempéra, même si avec grande réticence. Ils n'avaient pas fait quelques pas, ayant descendu à peine une dizaine de marches, qu'un brusque craquement sourd accompagné d'un étrange roulement, tel le roulement de terres lors d'un éboulis, se fit entendre autour d'eux. Pas sous eux, mais également au dessus, et tout autour d'eux, faisant redouter le pire à l'elfe : allaient-ils se faire ensevelir sans aucune issue possible ?

Un instant, il songea à remonter les escaliers en urgence, mais songea au final que si la caverne était sur le point de s'écrouler, ils n'auraient guère le temps d'atteindre une des portes, toutes ayant semblé d'ailleurs condamnées... Il opta donc pour reprendre sa route cette fois en pressant l'allure. Il n'avait pas fait un pas... que tout s'écroula autour de lui, le sol semblant céder sous ses pieds.

Etrangement toutefois, ils ne tombèrent pas très bas. A deux ou trois mètres de profondeur à peine. Le vieil elfe était même parvenu à retomber sur ses pieds assez gracieusement. Et il put alors constater, à sa grande stupeur... que la grande salle et le gouffre caverneux avaient disparu.. Disparus, envolés ! A la place une immense salle circulaire toujours, mais cette fois entourée d'un haut muret de deux mètres et de gradins montant à partir du sommet de ce muret jusque contre les murs de la salle. Une arène ! Ils étaient dans une arène ! réalisa subitement Eliowir, tout en faisant plusieurs tours sur lui-même pour bien observer ce qui les entourait.

Tout avait changé. Certes la salle était toujours fermée, entourée de ses murs suintants, mais là où il y avait un gouffre, une arène poussiéreuse et recouverte d'un sol sableux les entourait, là où il y avait un chemin de ronde éclairé de torches siégeaient maintenant de hauts gradins majestueux se perdant dans les obscurités du plafond de la haute salle. L'arène était éclairée de hautes flamberges tout autour du muret, ainsi que de petits brasiers se consumant au sommet de hautes colonnes dispersées ca et là au sein même de l'arène. Plus aucune ombre ne régnait dans celle-ci et on n'y voyait presque comme en plein jour à ses basses hauteurs.

- Une illusion. La salle précédente n'avait été qu'illusion, fit enfin Eliowir à son compagnon. Le tout est de savoir... celle-ci en est-elle une aussi ? Et si oui, comment mettre fin à ce cycle d'illusions ?

A peine, disait-il cela, qu'un grognement lui répondit, le faisant soudain se retourner presque en sursautant. Pour voir un ours sortir de sous une herse s'ouvrant dans le muret à quelques mètres d'eux. Un rugissement sur sa droite lui apprit qu'un fauve de haute stature venait rejoindre l'ursidé... Et lui qui n'était pas armé, pensa-t-il, ses sens soudain affolés. Regardant de tout côté, pour essayer de trouver quelque chose, quoique ce soit, pouvant faire office d'armes ou de bouclier, en vain, il aperçut à l'extrémité opposée de là où ils étaient entrés, la même "lumière" que dans la salle précédente. Le même autel, même si siégeant toujours sur le sommet du petit muret, entre deux gradins... Peut-être que...

Sans même expliquer sa soudaine lubie à l'alayien, l'elfe courut alors dans cette direction, faisant fi des grognements sauvages qui s'élevaient dans l'arène, et de toute sa force, sauta pour agripper le dessus du muret. Il peina un instant à se maintenir ainsi cramponné, ses pieds glissants contre la surface lisse et polie de l'arène et il manqua retomber sur le sol sableux. Mais s'accrochant de toutes ses forces, ignorant les protestations de ses ongles qui crissaient contre la pierre ou de sa peau soudain écorchée, il se hissa péniblement sur le muret. Et s'approcha de l'autel, peinant à pleinement le regarder, tant la lumière était vive. Quand enfin il put l'observer en face à face, il reconnut un elfe érigé en statuette, royalement assis sur une sorte de trône, tenant fièrement une lance à une main. Une lance ! Une arme, furent les seules pensées cohérentes d'Eliowir. Il aperçut bien des inscriptions elfiques sur le socle de la statue, mais n'y prêta pas garde.

Il y avait plus urgent. Bien plus urgent. Il tenta de s'emparer de la lance, pensant devoir lutter et se retrouvant fort étonné de l'aisance avec laquelle elle céda à sa prise... et se retourna sans autre préambule vers l'arène, voyant l'alayien en bien facheuse posture... un énorme serpent ayant rejoint l'ours et le lion. Il hésita un court instant à laisser l'homme dans cette maudite arène pour aller chercher une issue... mais une sourde conscience en lui se ravisa. Si l'alayien devait périr, ce serait de sa main. Pas du fait de ces étranges cavernes... tombeaux... ou quoique ce soit d'autres. Et armé de sa lance, Eliowir sauta de nouveau dans l'arène tout en rugissant tel un lion en colère. Et transpercant dans le dos l'ours qu'il avait ainsi pris par surprise. Ne restait plus que le lion et le serpent...

- Je vous laisse le fauve et je m'occupe de dompter le venin de cette vipère, commanda-t-il sans même demander son avis à l'alayien.

Et alors qu'il s'élançait contre la vipère, il marcha sur une sorte de dalle enfouie sous le sable... un terrible grondement s'ensuivit, le figeant dans son mouvement... avant qu'une volée de flèches ne les oblige à se baisser pour les éviter...

Heureusement pour lui l'elfe accepta à contrecœur sans doute l'injonction de Christan qui préférait largement que ce soit l'elfe qui se mette en danger en face d'un quelconque piège plutôt que lui car un guerrier de sa qualité ne peut pas souffrir de mourir de façon ignominieuse à cause d'un quelconque mécanisme elfique... Non lui son destin était bien plus glorieux. D'ailleurs Weren se contenta de sourire de manière maléfique, et de ricaner en voyant l'oreille pointue le foudroyait du regard. Ce mangeur de salade brûlait sans doute d'envie de lui fausser compagnie, et le fidèle n'était pas mécontent de gâcher la journée de cet elfe comme une sorte de vengeance personnel pour l'avoir expédié dans ce trou moisi, et sentant le cadavre...

Puis ils avancèrent ensuite dans l'escalier qui descendait sous la terre pour qu'un piège se déclenche assez vite... Une sorte de mécanisme qui provoquait un bruit d'enfer qui fit reculer le fidèle de quelque pas... C'était prévisible sans doute, mais l'alayien ne pouvait pas s'empêche de pester contre ce maudit peuple à oreille pointue, et contre leurs saletés d'énigmes vicieuses. Voyant que le bruit venait de partout il se contenta d'essayer de voir d'où cela venait, et de rester immobile en craignant le pire car on ne savait jamais avec ce fourbe peuple sylvestre...

Puis il vit l'elfe commençait à s'avancer avant que les marches de l'escalier ne s'effondrent, et les précipites tous deux plus bas. Allaient-il mourir écraser comme des crêpes, où était-ce encore une énigme étrange qui les attendaient plus bas? Dans tous les cas cela le mettait en colère, et en rage, et il ne pensa même pas à crier lorsqu'il fut réceptionner par le sol quelques mètres plus bas en compagnie de l'elfe qui avait malheureusement survécu à croire que la vermine adore s'accrocher comme de la mauvaise herbe à la vie...

Il se releva donc assez rapidement en grognant après cette chute tout a fait désagréable car ce n'était pas comme si c'était pratique de faire ce genre de chute avec une armure lourde comme la sienne. Surtout que l'elfe à côté était retomber comme un chat, et il avait presque l'envie de faire ravaler sa fierté à cet elfe qui devait le croire bien pataud en cet instant. Néant qu'il s'énerve vite! Mais comment ne pas s'énerver quand on est coincé dans une vieille ruine elfique truffé de piège en compagnie si hostile? D'ailleurs il regarda la salle, et avec surprise il vit que celle-ci avait changé pour prendre la forme d'une arène... Comme celle à Gloria, ou dans le camp d'entraînement où s'entraîne les champions... Pas vraiment de bonne augure donc même si la possibilité d'un éventuel combat compensait un peu ce déplaisir...

Il n'y avait bien entendu aucune sortie à part une herse, ou deux. Le genre d'herse par laquelle entre les combattants dans l'arène... Il se contenta donc de faire les cents pas pour observer cet endroit martial avec un sol recouvert de sable sur lequel il n'y avait pas encore de sang, mais qui semblait prêt à en accueillir, et les torches, et flamberges alentours permettaient de voir clairement l'arène, et tout ce qui était à l'intérieur. Un elfe, et un alayien, et Christan se demandait bien ce qu'il devraient faire pour sortir d'ici... Peut-être un combat à mort entre eux deux? Et le survivant sortirait d'ici se dit il... Non c'était trop facile, et puis il doute que les oreilles pointues ait le courage de donner ce genre d'épreuve à d'éventuels intrus... Non c'était autre chose.

Il se contenta donc de regarder l'elfe silencieusement quand celui-ci lui parla car il ne savait pas quoi dire, mais il nota que c'était une illusion, et était assez énervé que ce soit le fait de la magie tout cela... A croire qu'il aurait mieux fait de ne pas s'aventurer dans cette forêt si c'était pour se retrouver là...

Mais un grognement vînt vite leurs démontrer en quoi consistait sans doute l'épreuve à venir, et Christan regarda silencieusement les trois bêtes arriver dans la salle tout en dégainant sa hache. Des animaux? Soit il allait les massacrer, et sans doute les dépecer s'il en avait l'occasion... Mais il semblerait que l'elfe ait une autre idée n tête, et entreprenne quelques acrobaties pendant que les bêtes sauvages commencèrent à encercler le fidèle qui imperturbable patienta pour le déclenchement des hostilités. Sans doute que sa forte carrure devait faire hésiter un peu les prédateurs, mais ceux-ci semblaient résolu, et une certaine tension commençait à s'installer pendant ces quelques instants fatidiques, ou les futurs adversaires se toisaient mutuellement...

Puis cela prit fin quand l'elfe surgit derrière l'ours, et attaqua celui-ci par derrière pour mettre hors combat la bête. Voyant que celle-ci continuait à gémir quand même au sol Weren se contenta de lui fracasser le crâne pour que l'ours soit complètement mort avant de se retourner pour regarder l'elfe qui avait maintenant une lance en main... A croire que cet oreille pointue avait envie de joué avec le feu. Soit! Il lui en toucherait sans doute deux mots par la suite, mais d'abord il fallait parer au plus urgent... D'ailleurs l'elfe lui désigna le fauve, et même si Weren n'appréciait pas qu'on lui donne des ordres il accepta car cela restait un bon adversaire pour lui, et seulement pour lui. D'ailleurs avec un peu de chance il aurait le temps de s'en occuper tranquillement se dit-il en commençant à s'élancer pour charger avant qu'un bruit de mécanisme s'enclenche...

Il se baissa donc instinctivement pour éviter la volée de flèche, et leva prestement sa hache pour recevoir le fauve qui profitait de ce moment de faiblesse de sa part. Il bloqua la mâchoire de la bête avec le manche en acier de son arme, et la tenu en respect avec sa main droite suffisamment longtemps pour dégainer sa hachette de sa main gauche, et l'égorger de façon violente avant de jeter son cadavre sur le côté...

Il se releva ensuite pour voir où l'elfe en était, et lorsque celui-ci en eu finit avec le serpent (il ne l'aiderait pas de toute façon...). Il lui dit juste avec froideur.

Je ne savais pas que c'était si dur de tuer une simple vipère... Dit-il en ricanant.

Puis il alla calmement récupérer sa hache de guerre puis de prendre en main sa hachette pour commencer à dépecer le fauve pour prendre sa peau comme trophée...

As-tu trouver une sortie? Où bien cet salle nous réserve encore quelques surprises...

Dit-il pendant que sa hachette était en train de racler les os de la bête. Il n'était pas le meilleur quand il s'agissait de dépecer, mais il pouvait quand même arriver à quelque chose se dit-il en le faisant avec application...

Son combat contre la gigantesque vipère, s'il ne fut pas des plus difficiles, fut toutefois fort fatigant. Après son âpre tête-à-tête avec l'alayien, une chute dans le mini-cataclysme et les décombres créés par son propre sort de colère terrestre, puis cette longue marche fastidieuse dans des galeries souterraines morbides... le vieil elfe qu'il était commençait sérieusement à s'épuiser. Il était certes elfe, et donc de force supérieure aux hommes en général, il était certes lion, qui lui apportait une certaine force supplémentaire, il devait avouer ne pas être des plus résistants ni des plus endurants. Bien au contraire même. Il était puissant en magie, il était plutôt bon guerrier (il ne serait plus là pour s'en vanter sinon), mais question endurance, il n'était en rien maître dans ce domaine.

Heureusement il n'était plus totalement démuni et une lance lui tenait dès lors lieu de compagnie. Compagnie des plus agréables et des plus rassurantes, dut-il convenir, quand enfin, après quelques passes d'armes pour tester les parades de l'animal, il transperça ce dernier en plein crane, fichant l'énorme tête dans la terre. Et devant user de toute sa force pour ensuite en extirper la lance. C'est qu'il n'avait aucune envie d'abandonner de suite sa nouvelle amie. Elle pourrait bien lui être encore utile... allez savoir. Sans compter, qu'étrangement, quand il l'avait en main, il avait l'impression d'être plus agile encore avec ce genre d'arme qu'auparavant. Il n'eut toutefois guère le temps de s’appesantir sur la question, qu'une voix rugueuse et particulièrement agressive rappela à sa mémoire la présence du détestable fanatique.

Je ne savais pas que c'était si dur de tuer une simple vipère... fit ce dernier, ricanant tout ce qu'il savait.

Ce à quoi Eliowir se contenta de répondre en roulant des yeux au ciel. En plus d'être détestable, l'alayien était l'un des pires fanfarons qu'il ait pu connaître en matière de guerre et surtout l'une des plus mauvaises fois.

Il n'avait aucune envie de répondre à ce qu'il considérait comme une réplique puérile simplement destinée à le faire sortir de ses gonds. Sans compter qu'il était trop las pour jouter à coup de mots. Il préférait garder ses maigres forces pour une autre joute... si jamais elle devait se jouer.

Il se contenta donc d'observer son compagnon d'un regard torve des plus furibonds... avant de rapidement détourner le regard quand il vit ce dernier commencer à dépecer l'animal qu'il venait d'abattre. Un lion, soit dit en passant. Un lion... tel son totem.. Etait-ce un signe funeste de mauvais présage ? Rien qu'à cette idée, un frisson parcourut Eliowir qui faillit bien manquer rendre tripes et boyaux quand il vit la peau se détacher de la chair sans aucune once d'hésitation. Il devait avouer que l'homme semblait savoir ce qu'il faisait, ce qui était d'autant plus redoutable. Quand le vieil elfe vit du sang gicler et qu'il entendit quelque chose craquer dans la carcasse (un côté peut-être ?), il fut à deux doigts de réellement s'évanouir.

Chancelant soudain, il dut s'appuyer à un mur pour ne pas tomber réellement inerte. Ce n'était certainement pas le moment.

As-tu trouver une sortie? Où bien cet salle nous réserve encore quelques surprises... continua l'autre.

Le vieil elfe peina alors à répondre, et, peu confiant en sa voix qu'il devinait peu stable, il se contenta de répondre en un hochement de tête négatif. Livide. Blême même.

Et alors qu'il s'appuyait lourdement sur le mur... celui-ci sembla céder d'un coup. En un grondement sourd, mais aucun tremblement de terre cette fois-ci, le décor se flouta, pour disparaitre... et révéler un tout autre décor. Finie l'arène, disparu le sable recouvrant son sol, disparus aussi les gradins la surplombant jusqu'aux murs... il n'y avait plus qu'une misérable caverne de sol pierreux, traversée de quelques colonnes ressemblant à des stalagmites et stalactites se rejoignant, d'un gris terne et obscure, et surmontée d'un haut plafond sombre impossible à percer. Et toujours l'autel qui cette fois ne chatoyait plus d'aucune lumière. La même statuette, mais dépourvue de lance.

Eliowir pour sa part venait de tomber au sol, se recevant sans grâce sur un coude, dans une cavité creusée dans le mur, ce dernier n'ayant pas soutenu son poids comme prévu. Et pour cause puisqu'il n'y avait plus de mur... Un chemin réalisa-t-il rapidement en jetant un rapide coup d'oeil derrière lui. Une issue peut-être bien...

- Une illusion encore, souffla-t-il, sa voix teintée et d'agacement et d'admiration pour cette magie fantasque et puissante.

Il tourna alors son attention vers l'alayien qui siégeait encore dans la caverne et qui semblait s'être figé en plein dépeçage... et Eliowir se figea lui-même devant le spectacle d'horreur qui se jouait devant lui. L'alayien semblait bel et bien dépecer, oh oui... mais il ne dépeçait plus un lion. Ce n'était plus fourrure tout de roux nuancé qui courrait sous les mains rugueuses du guerrier. Ce n'était plus la carcasse puissante et musculeuse du fier fauve à l'image du totem elfique qui rugissait son outrage sanglant sous la hache du bourreau alayien... Non, plus rien de tout cela. Cette illusion aussi avait disparu. A la place... A la place...

Horreur que celle-ci ! A la place... Fourrure était devenue peau souple et bien plus fine que le cuir animal, fière carrure de fauve était devenue imposante musculature à la mode bipède. L'alayien semblait dépecer une carcasse humaine. Une silhouette tout à fait humaine, oui. Une silhouette... portant les traits de l'alayien lui-même ! Par le Dracos et le Néant réunis, quelle était cette horreur ?

- Ce n'est qu'une illusion, répéta Eliowir, la voix blême, tentant de se convaincre lui-même.

Et peut-être de convaincre son compagnon d'infortune. Il avait beau détester ouvertement l'alayien, en cet instant, il sentit un brusque élan de compassion l'étreindre.

- Ce n'est qu'une illusion, répéta-t-il alors, cette fois d'une voix plus forte et assurée, tout en se relevant aussi souplement que possible et ramassant la lance tombée à terre à ses côtés. Détournons notre attention de ces facéties, et tentons de voir... au delà des apparences. Voir.. Oui, voir au-delà des apparences, répéta-t-il encore.

Et son regard horrifié alla pendant quelques temps en va et vient, de l'alayien à sa carcasse sanglante et de cette carcasse à l'alayien. Un instant encore il fixa toute son attention sur l'alayien, et, penchant la tête d'un air soudain songeur, il répéta à voix basse, comme s'il venait de saisir quelque chose, comme s'il venait d'entrevoir quelque chose, qu'il n'avait pas forcément compris jusque-là :

- Voir au-delà des apparences...

Devait-il en voir tout autant au sujet des alayiens ? Un peu comme il avait essayé récemment au sujet des vampires, tentant de voir au-delà du caractère sauvage que ces derniers montraient de prime abord et de voir au-delà de ses propres croyances... Devait-il voir de même au sujet des alayiens ? Et de Néant ? Quand bien même ces derniers ne rêvaient que de la destruction de la magie et d'êtres tels que lui, vieil elfe ? Hum...

Puis se fustigeant de telles songeries en pareil moment si mal avisé, et en pareil endroit si dangereux, il se racla la gorge, et se força à reprendre la parole.

- Je crois... qu'une issue s'est enfin révélée à nous, fit-il, tentant de changer de sujet, tout en désignant la nouvelle trouée dans le mur qu'il avait révélée, sans le savoir, en s'appuyant dessus.

Maintenant que la menace immédiate avait été éliminé Weren jugeait qu'il avait largement les moyens, et le temps de dépecer ce lion en paix car au moins cela lui ferait un magnifique trophée qu'il pourrait arborer en face de ses ennemis, ou qui démontrerait sa puissance, et sa force à tous ceux qui poseraient les yeux dessus, et puis au pire cela devait sans doute valoir son montant de pièce d'or donc ça ne pouvait qu'être une bonne idée de de profiter de cette victoire pour en récolter les bénéfices. De plus si même l'elfe était sûrement contre Christan n'en avait à peu près rien faire à vrai dire. Ce n'est pas non plus comme s'il prenait en compte l'avis d'un vulgaire mangeur de salade, et puis il valait mieux pour l'oreille pointue qu'il se défoule comme ça que d'une façon moins plaisante pour l'elfe, alors autant qu'il ne la ramène pas trop même si pour l'instant le fidèle vit surtout que l'elfe était presque sur le point de vomir... Et que celui-ci avait à peine pu lui confirmer d'un hochement de tête qu'il n'avait par encore trouvé une potentielle sortie.

Ah quelle petite nature se dit-il... Le pire c'est qu'il avait fait bien pire au cours de toute sa carrière de guerrier, et il ne comprenait pas comment un elfe soit disant combattant pouvait être aussi pâle devant un peu de sang, et de muscle à vif... Le pire c'est qu'il ne devait pas avoir autant de considération envers un ennemi traité comme cela qu''envers cette sale bête. Se dit Christan avec un mépris souverain, et puis après tout il ne fallait jamais rien gaspillait se conclut-il en arrachant méticuleusement le cuir du fauve, et en séparant avec parcimonie celui-ci de la viande. Il n'était peut-être pas expert dans le dépeçage, mais il ne fallait pas être un génie pour couper les tendons avec la lame d'une hachette... Il fallait juste avoir un peu de doigté, de force, et les tripes solides ce qui n'était décidément pas le cas de tout le monde a ce qu'il voyait...

Il était presque près du bout de son dépeçage quand il abattit un dernier coup de hachette sur la carcasse, et qu'il vit que celle-ci avait brusquement changé de forme tout à coup... Une forme bien moins plaisante pour le fidèle qui n'en croyait pas ses yeux...

Celui-ci resta figé quelques instants en voyant sa carcasse les muscles exposés à l'air qu'il avait dépecé lui-même... Comment? Se dit-il en n'y croyant pas ses yeux. Qu’est-ce que c'était? Un signe d'avenir, de la magie, ou autre chose? Il porta sa main sur le corps pour s'assurer que c'était réel, et cela était bien le cas... C'était bien lui qui gisait à terre dépeçait par lui-même...

Même lui était horrifié par ce spectacle qui se tenait devant ses yeux. Il venait de se dépecer lui-même littéralement, et il s’apercevait que ce qui était auparavant le cuir du lion dans sa main était maintenant de la peaux humaine... Sa peau pensa t-il en la jetant sur le côté dans un sursaut de dégoût. Saleté de magie d'illusions finit-il par se dire, et surtout saleté de coup de coup du destin. Qu'avait-il fait pour mériter cela? Sans doute beaucoup peut-être d'un point de vue elfique, mais là les mots lui manquaient pour exprimer à quel points cette expérience était horrible, et lui donnait envie de vomir. Il se voyait dans ce cadavre, et s’imagina déjà mort dans quelques années après avoir été terrassé par un ennemi. Était-ce cela sans destin? Se dit-il trop choqué pour arriver à prononcer la moindre parole. Surtout qu'il voyait la carcasse dans un état bien horrible avec plusieurs côte cassé, et plusieurs organes à l'air...

Pris par ses pensées sombre il entendit à peine l'elfe lui dire que c'était une illusion ce qui confirmait ses pensées. une saleté d'illusion qui lui avait maintenant fait un effet au point qu'il n'arrivait presque plus à marcher.

Une illusion qui semblait si réelle, et si prophétique à la fois... Il n'avait jamais été exposé à ce point là à l'idée de sa propre mort... Non cela ne lui faisait pas peur bien entendu, mais le laissait songeur, et l'inquiétait...

Après tout combien d'homme avait l’occasion de se voir eux-même mort de cette façon sans l'être vraiment? Quasiment aucun sans doute. Il était donc toute à fait normal que cela l'inquiète car ça pouvait être bien un songe d'avenir, et surtout l'air horrifié que semblait affiché le cadavre lui donner quelques frissons désagréables, et froids dans la colonne vertébrale... Quelle mort aurait pu être assez horrible pour lui faire pousser à lui des hurlements, alors qu'il méprisait bien son propre trépas? Cette pensée la laissa songeur, et le tourmentait bien car il croyait que c'était un signe qui lui était adressé... Non il refusait de mourir comme cela. Jamais il n'accepterait de se faire vaincre, et Néant était avec lui. Si il devait mourir ce serait avec gloire, et non en hurlant comme une femmelette...

L'elfe aussi devait être pris par cette vision horrible. Christan était sûr que ce dernier devait rire en secret de le voir dans cet état après tout c'était la seule réaction à laquelle il s'attendait de la part d'une abomination de la magie. Mais bizarrement il s'en foutait bien pour le moment. Sans doute qu'il en serait fortement énervé par la suite, mais pas pour le moment...

Il jeta un coup d’œil rapide à l'oreille pointue pour s'en assurer... Celle-ci aussi semblait tout simplement horrifié... Aucun il avait peut-être eu tort sur ce point là, mais il se disait au final que ce n'était pas le plus important...

Ce n'est qu'une illusion? Disait l'elfe... On aurait presque cru croire que ce dernier était en train d'essayer de rassurer le fidèle. Weren lui-même n'en croyait pas ses oreilles, et cela le préoccupa presque autant que la charogne qui se tenait en face de lui. Lui qui détestait qu'on le prenne en pitié pour la simple raison que cela voulait dire qu'on te considérait comme faible, et pitoyable ne s’attendait pas vraiment à entendre cela de la part d'une oreille pointue... Sans doute de la faiblesse, mais il ne s'attendait pas à ce genre de faiblesse de la part d'une oreille pointue. A croire que la pitié est un vice universel chez toutes les créatures vivantes...

Il se contenta donc de donner un coup de pied sur la carcasse pour que celle-ci se retourne, et qu'il ne puisse plus voir le rictus horrifié qui était dessus. Par le Néant il ne voulait plus jamais vivre d'expérience comme celle-ci, et encore moins un compagnie d'un elfe qui le prend en pitié! Il avait l'impression d'être retourné en pleine enfance à l'époque où sa mère le protégeait de l'influence de son satané père... Quel ironie du sort!

L'elfe répéta à nouveau que c'était une illusion, et Christan eu du mal à détourné enfin les yeux du cadavre.

De plus il vit que l'elfe avait pris un air plus assuré, et lui disait de manière calme que ce n'était qu'une illusion, et qu'il fallait qu'il détourne les yeux de cela. Il était presque tenté d'obéir sans faire d'histoire...

Car ça aurait été facile, et rassurant, mais il ne fallait pas oublier que l'elfe était censé être un ennemi. Weren se contenta juste de le regarder encore sous le choc, et de dire sans pourtant arrivé à gardé la froideur habituelle de sa voix... En espérant que l'oreille pointue ne le remarque pas si possible car il ne voulait pas s'humilier devant un elfe.

Epargne moi ta pitié elfe! Tes moqueries, ton air hautain, et ton insolence d’auparavant m'indifféraient tandis que la pitié d'autrui m'exècre. Je n'ai pas besoin de ta compassion! Je ne suis pas un faible. Je ne suis pas un enfant en pleur qui va se cacher dans les jupes de sa mère. La vie m'a forgé à la dure, et je n'ai besoin de l'aide de personne! Par le Néant qu'on sorte d'ici car je n'en peux plus

Se contenta t-il de dire en détournant enfin complètement son regard du cadavre, et en suivant l'elfe qui semblait se diriger vers la sortie.

Au final il se dit avec soulagement qu'ils étaient enfin sortit de cet endroit malsain quand il vit la lumière de jour, et les arbres alentours se révélaient à lui. La sortie était une sorte d'ouverture très bien dissimulé à côté d'un arbre gigantesque, et il ne croyait décidément pas qu'il aurait été à peine content de revoir cette exécrable forêt car aussi exécrable soit-elle c'était mieux que ce mausolée elfique... Il pourrait enfin retourner à son camp une fois qu'il aurait régler un dernier détail...

Car oui il devait régler le détail de l'elfe car il n'avait pas oublié non plus la présence de ce dernier, et voyant que celui-ci se préparait à un éventuelle combat Christan se contenta de la regarder calmement, et de dire.

Je vais me montrer magnanime pour cette fois-ci mangeur de verdure. Je te laisse repartir vivant, mais là prochaine fois que nous nous verrons cela ne se finira pas sur une aussi belle note sur toi...

Il s'était souvenu qu'il avait dit qu'il épargnerait peut-être l'elfe, mais même s'il était tentant de le faire il était encore choqué par la vision de son cadavre, fatigué par cette aventure, et trop pressé de retrouver son armée pour s'attarder ici plus longtemps car il avait déjà perdu beaucoup trop de temps en compagnie de cette elfe, et il n'avait surement pas envie que celui-ci le précipité encore dans un endroit sordide en lançant mal un sort...

De plus il n'avait bizarrement aucune envie de se battre, et il se contenta de regarder l'oreille pointue quelques instants avant de rengainer, et de repartir de son côté sans demandé son reste... Mais il s'arrêta avant pour demander quelque chose.

Mais au fait je ne connais pas ton nom le danseur. Comme ça le jour où nous nous reverrons je saurai qui j'affronterai...

Puis il rajouta avant d'écouter l'elfe une dernières fois, et de s’éclipser sans demander son reste...

Je me nomme Christan Weren... Souviens toi en! Car moi je me souviendrai de toi...

Au spectacle morbide que lui offrait l'illusion de cadavre dépecé, Eliowir dut se retenir de ne pas souiller le sol en y vomissant tout ce que son estomac contenait. Seul un étrange élan de compassion envers l'alayien, qui, semblait-il, n'en menait pas bien large non plus, au vu de sa soudaine réaction de rejet envers la peau qu'il tenait jusqu'alors en mains, lui permit d'éviter cette énième humiliation. Que ce fanatique du Néant n'en profite pas pour l'injurier en le traitant de faible ou pire de lâche ! L'elfe parvint donc à se contenir tant bien que mal... non sans savamment détourner les yeux de ce spectacle écoeurant à vous retourner les sangs.

Il sut toutefois n'être pas totalement parvenu à cacher son horreur et son profond dégoût, ce que ne manqua pas de remarquer l'alayien à l'oeil acéré. Maudit soit-il. Heureusement pour lui, le fanatique sembla prendre sa réaction pour de la pitié ou pour du mépris hautain. Tant mieux, ne put que penser l'elfe en son for intérieur. Mieux valait cela qu'être pris pour un déficient facilement impressionnable. D'ailleurs l'elfe ne put que s'amuser de voir l'alayien craindre qu'on le prenne lui-même pour un faible. Voilà bien un point commun que tous deux nourrissaient, dirait-on. Même si l'idée de présenter quelque point commun que ce soit avec une telle engeance n'était guère au goût du vieux lion.

Pour toute réponse, l'elfe se contenta toutefois d'offrir un lourd silence, alors qu'il détournait enfin les talons et s'engageait, précautionneusement, dans le couloir enfin ouvert. Tout en gardant ses sens aux aguets, en cas d'attaque déloyale du fanatique. Quoiqu'il doutât d'une telle attaque encore. Pas alors qu'ils n'étaient pas sûrs d'être sortis d'affaire... Ils avaient beau se sentir tous deux en détestable compagnie, c'était là mieux que la sordide solitude qui aurait pu miner tout espoir dans ces sombres cavernes souterraines.

Heureusement pour eux, la lumière du bel astre solaire darda bientôt ses rayons ardents dans une petite ouverture, leur indiquant la sortie... et bien vite ils purent de nouveau respirer l'air frais et rassérénant de la somptueuse et majestueuse forêt environnante. Cette sortie, certes salvatrice et tant désirée, pouvait toutefois aussi être synonyme de fin et de mort pour l'un d'eux. A peine avaient-ils mis un pied au dehors d'ailleurs, que déjà tous deux s'observaient farouchement, prêts à l'attaque. Même si l'elfe était dès lors armé lui aussi, il préférait toutefois ne pas lancer l'assaut en premier. Peu sûr de gagner un tel combat en tête à tête avec un tel guerrier, épuisé comme il l'était et surtout blessé. Et grand bien lui en prit !

Je vais me montrer magnanime pour cette fois-ci mangeur de verdure. Je te laisse repartir vivant, mais là prochaine fois que nous nous verrons cela ne se finira pas sur une aussi belle note sur toi...

S'il s'était attendu à cela ! Etait-ce toutefois un piège et autre sournoiserie néantique ? Etrangement... Eliowir en doutait. L'alayien lui avait montré à maintes reprises faire preuve d'une franchise déconcertante. Rustre, guerrier brute et brutal, certes, mais ni sournois ni rusé au point de fomenter un quelconque piège contre l'elfe. Cet homme-là, aussi écoeurant soit-il, avait pour lui d'être direct. S'il voulait tuer l'elfe, il lui foncerait dessus, sans l'once d'une hésitation, dans toute sa barbarie. Cette simple idée suffit à l'elfe pour se détendre quelque peu, même s'il préférait rester sur le qui-vive, lance à la main.

Eliowir répondit alors par un hochement de tête, avant de laisser sa voix grave s'élever entre eux :

- Non, en effet, notre prochaine rencontre, si rencontre il y a entre nous deux, ne se finira pas sur une belle note. Ni pour moi, ni pour vous.

Il s'apprêtait déjà à rajouter quelque chose, mais l'autre fut plus rapide.

Mais au fait je ne connais pas ton nom le danseur. Comme ça le jour où nous nous reverrons je saurai qui j'affronterai... Je me nomme Christan Weren... Souviens toi en! Car moi je moi je souviendrai de toi...

- Je m'en souviendrais. Et mon nom est Eliowir Serillëiel, la mémoire des elfes, la Fierté Balafrée. Pour votre plus grand déplaisir, fit-il tout en offrant un salut digne et hautain à l'homme qui déjà se détournait pour partir.

De sa lance, l'elfe s'empressa de désigner un chemin, avant d'ajouter d'une voix empreinte d'une solennelle menace :

- La direction que vous cherchez pour rejoindre les vôtres et sortir de notre forêt est celle-ci. Si vous marchez d'un bon pas, vous devriez sortir de la forêt avant la fin du jour. Ne vous avisez pas toutefois de répandre mort et sang sur le chemin de la sortie. J'en serais avisé, et ma colère vous serait alors fort néfaste. Ne me faites pas regretter ma propre clémence, susurra-t-il, alors que déjà l'autre s'éloignait, avec un regard tout aussi farouche que celui du lion.

Oui, farouche, aussi farouche que la sombre promesse qu'ils venaient de signer l'un envers l'autre. Et l'elfe n'était pas bien sûr de vouloir parier sur le gagnant d'une telle promesse si l'avenir venait à les réunir de nouveau...