La rébellion… triste chose que cela en vérité. Cinq long mois pour mettre en place ce qui n’était ni plus ni moins qu’un ersatz pauvre et pathétique de l’Empire humain, constitués d’individus à l’allégeance discutable et des alliés dépareillés que s’étaient octroyés l’humanité, si tant est qu’ils eurent été suffisamment stupides pour user d’un tel terme. Que Lorenz Wintel soutienne ces actions n’était pas le fruit d’une quelconque générosité ou d’un subit altruisme, bien loin de là, et il espérait tout de même que le souverain humain s’en souviendrait. Souverain humain… bien pauvre souverain humain de son point de vue, il semblait sur le point de rendre l’âme d’un moment à l’autre et s’attachait encore aux offenses passées, qui n’étaient pourtant que trivialités. Dragonnier, de surcroît ! Et que faisait-il de ce précieux don ? Pas grand-chose il fallait bien l’avouer. Non, Achroma n’avait guère de tendresse pour lui… mais pas vraiment d’animosité non plus. Il l’indifférait probablement beaucoup, tout simplement et cela même si il était censé s’intéresser à son sort puisqu’il avait repris le flambeau de Lyroë à sa mort. L’elfe avait permis sa libération sans le savoir, il lui devait bien ça ! Par son bon vouloir et parce qu’il le souhaitait, autrement il ne connaissait pas tant cette fameuse conception de dû… Peu importait. Il n’avait aucun contact avec cet homme, de même qu’il n’avait aucun contact avec les rôdeurs élfiques présents. Mais la position des végétariens était pour le moins singulière une fois de plus… Il n’avait pu que hausser un sourcil devant celle-ci. Les sylvains n’aidaient pas réellement la rébellion, quand bien même l’Empire était allié aux Alayiens.

Soit, conduite laissant supposer d’autres considérations et projets, et pourtant il était amusant de voir que les hommes acceptaient l’insulte sans rien dire. Mais après tout ça ne concernait qu’eux, au vu de l’amour des vampires pour leurs ‘géniteurs originels’… Mais que la rébellion était triste oui, définitivement. Se terrant dans des cavernes et souffrant de cette vie troglodyte, traqués et en danger à tout instant, composée de bric et de broc… C’était la lutte du pot de terre contre le pot de fer, avaient-ils la moindre chance de parvenir à vaincre ? Il fallait s’en assurer, car après tout, de leur victoire dépendait également la survie des vampires, même si certains choisissaient de l’ignorer. Aussi navrants puissent-ils être, il n’avait d’autre choix, comme le reste des vampires d’ailleurs, que de servir de nourrice à ces idiots… et c’était donc avec une constance et un self-control tout en finesse qu’il avait daigné être abordé par des mages plus incompétents les uns que les autres, espérant grappiller des miettes de son savoir. Doux Dracos… à quoi donc cela leur servirait-il alors que les Alayiens étaient immunisés à la magie ? Ils n’avaient pas l’intelligence nécessaire pour contourner le problème, et lui n’avait pas envie de gaspiller son précieux temps et sa salive pour tenter de remonter leur niveau. D’autant qu’ils avaient d’autres moyens de venir en aide aux leurs sans passer par un combat frontal, encore se devaient-ils de trouver comment.

C’était d’ailleurs à l’aune d’une singulière pensée qu’il avait décidé d’ajouter une véritable pierre à l’édifice qui tanguait déjà. Mais hors de question qu’il officialise cela pour de multiples raisons. La première d’entre-elles évidement, était que le principal acteur de son idée n’apprécierait pas forcément que la lumière le baigne… lui qui agissait bien plus efficacement dans l’ombre. La seconde raison était qu’il souhaitait garder le contrôle de tout cela, et qu’informer l’une des têtes couronnées reviendrait à voir le projet lui échapper des mains, alors qu’il pouvait s’arranger pour ne divulguer que les informations vitales, au compte-goutte et de façon à en tirer le plus grand bénéfice possible. La troisième raison était qu’il n’en avait pas encore discuté avec le premier concerné et qu’à ce titre, il préférait attendre d’être certain de la procédure avant de divulguer quoi que ce soit de son projet… et puis… il y avait des chances qu’Isendal y ait également pensé de son côté, le connaissant cela ne l’étonnerait guère. Et c’était là la raison pour laquelle il bravait à présent les cavernes populeuses sans la présence bienfaitrice de Silarae qui attirait les regards loin de lui, pour trouver l’individu qu’il cherchait et qui, sans nul doute, se serait trouvé un poste d’observation de premier choix. A l’instinct autant qu’au hasard, il se rendit donc dans la zone appartenant au marché noir, lieu de vente et d’échanges, et de bien d’autres choses encore, sous la houlette des trois marchands au totem saumon. Dans l’ombre bleuté des lieux, il repéra le maître espion, dans un coin. Gagné. Et cependant il refusa d’approcher. A la place, il s’installa bien en vue, à mi-chemin des étals, de façon à être visible tout en laissant à Isendal le soin de décider si il viendrait lui faire l’honneur de discuter ou non.

Par la connexion mentale qu’ils partageaient, le vampire sentait et suivait les allées et venues de Silarae, qui avait de toute évidence fait une rencontre intéressante en son absence. Le dragon d’or, dont le lié humain avait été si perméable à ses suggestions durant les négociations, présentait moins de bienveillance à l’égard des liés de la nuit. Toutefois, il pressentait que sa blanche compagne n’aurait guère de mal à lui faire changer d’avis au vu de la rudesse et du manque de subtilité des arguments qu’il avançait continuellement. Parfaitement confiant à ce sujet-là, il accordait donc une importance minime au danger que représentaient deux dragons ensemble en un lieu pareil. Un affrontement aurait très certainement mis à mal les fragiles infrastructures sans parler des morts potentiels et de l’hypothèse d’être découvert. Promenant son regard pair sur les étals qui s’étendaient un peu plus loin, il joua de patience sans s’en irriter. Le maître espion était une créature sinueuse qu’il fallait laisser venir en ces temps de faste et il n’y voyait aucun inconvénient… son vieil ami avait sans doute bien des choses à faire, hors l’écoute qu’il pouvait lui offrir au sujet de leurs intérêts communs.

Sa présence serait, de toute façon, remarquée, et sans nul doute qu’Isendal ne manquerait pas d’y souscrire par la suite. De cela, il ne doutait nullement, car après tout devant ces visages ternes et grotesques, ces couleurs sombres et ces armures, il dépareillait complètement. Pourtant, à sa plus grande satisfaction, son frère millénaire daigna venir à sa rencontre. Jambes croisées, un coude sur le genou et le menton dans l’angle de ses longs doigts, il observa le dos de l’espion avant de se fendre d’un sourire qu’on aurait presque pu penser affectueux. Mais c’était que le jeu de l’acteur était particulièrement habile et qu’en étant certes la ‘victime’ désignée, il ne pouvait que l’apprécier à sa juste valeur, au regard des compétences exemplaires que l’autre possédait toujours. Se relevant, il vint lui rendre l’accolade avec sincérité, ravis d’avoir enfin un être intellectuellement égal si non supérieur avec qui échanger.

« Fort bien» concéda-t-il sans surprise aucune. Il lui emboita donc le pas, marchant à son rythme, d’un pas relativement lent. On aurait pu penser qu’il profitait de la balade, alors même qu’il voyait à peine l’entourage immédiat, n’ayant aucune raison de réellement y faire attention. A nouveau, il se fendit d’un sourire, cette fois bien plus crochu que le premier. Oh oui l’heure était assez grave pour qu’il prenne sur lui de se montrer en publique loin des quartiers où les vampires avaient élus domiciles, et ce en supportant les regards irrémédiables qu’on lui lançait et les tentatives de l’aborder. Le pire avait bien entendu été l’un de ces pitoyables vermisseaux de marchand obèse et puant qui l’avait pris pour une femme… S’ils avaient été hors d’Aigue-Royale, et qu’il n’y avait pas eu de traité de paix, il l’aurait certainement égorgé sur place de la pire façon qui soit, en faisant fi de sa dignité de millénaire et de prince.

En l’état, il avait ravalé son indignation et expédié le moins que rien de quelques paroles fort bien placées et lacée d’une courtoisie qui n’apaisait en rien l’ire sous-jacente. Il n’eut cependant pas l’occasion de faire profiter son ami de ses traits d’esprit et observa l’échange devant l’étale du tisserand en haussant un sourcil. Devait-il réellement y voir une perche qu’on lui tendait, en parlant ainsi des terres du nord ? Isendal ne devait effectivement pas ignoré qu’il était originaire de Glacern depuis le temps. Examinant un instant la marchandise, il se fit la réflexion que nul, à Glacern, n’aurait porté une couleur pareille. En revanche, la foule clairsemée, elle, lui parlait effectivement bien davantage. Ils s’éloignaient à présent, dans l’espace libéré et dépourvu d’oreilles curieuses, ce qui n’était pas plus mal… Quoi que dans la foule, leur conversation aurait été complètement noyée. La question, posée en toute franchise, l’amusa. Non certes, il n’avait guère de respect pour cette soit disant rébellion et l’autre le savait parfaitement.

« Mais qui donc a dit que je désirais mener une quelconque action pour la rébellion ? » s’interrogea-t-il avec une innocence feinte, pensif. « Vois-tu je contemplais les actions menées par ces humains et m’interrogeait. Ils tentent de gagner du terrain, de gagner les cœurs des paysans, des civils… et pourtant, tout à leur agitation, ils ont complètement oubliés que la capitale était aux mains de l’usurpateur » le dernier mot était seriné avec ironie

« Ils oublient sans doute que tout s’y décide. Hors ils n’ont aucun moyens de savoir, justement, ce qui s’y décide. Toi plus que quiconque, tu sais à quel point l’information peut faire pencher la balance d’une guerre. Et nous savons tous deux qu’aucun réseau n’égalera jamais celui du maître des chuchoteurs… »

Oh mais c’est qu’il en avait un, de réseau. Un sacré effectivement. Le meilleur en ce continent sans aucun doute et toutes époques confondues. Le meilleur également pour percer les lignes et s’introduire dans Gloria afin d’y écouter ce qui se préparer. Il prisait l’avantage que représentait ce réseau d’espions et de chuchoteurs. Aux mains habiles de son ami, le dragonnier n’avait aucun doute sur le fait de disposer d’informations de choix. Encore fallait-il qu’Isendal trouve son compte et agrée au complot qu’il prévoyait, mais quelque chose lui disait que ce n’était pas nécessaire de s’angoisser à ce sujet. Il lui prêta donc une oreille toute attentive, le laissant discourter à son rythme. Oh il le croyait parfaitement, c’était entendu. Il était bien rare et presque impensable qu’il ne se fia pas à lui… tout en conservant une autonomie propre et un esprit critique. Autrement, ils n’auraient pas été amis, mais maître et esclave. Subroger chaque décision à ce que pouvait vous apprendre un chuchoteur et vous finissiez vite en pantin. Et après tout, Isendal n’aurait sans doute eut alors aucune estime pour lui et à juste titre. Cela dit, il s’en remettait cette fois à son expertise en toute connaissance de cause. « Nous sommes parfaitement d’accord » ponctua-t-il à la tirade bien plus sérieuse de ce vampire aux yeux de gel.

Ce n’était effectivement pas acceptable s’ils devaient mener une action digne de ce nom. A tous coup, ce serait l’occasion d’un piège vicieux. De la part des deux clans d’humains d’ailleurs. Si les vampires pouvaient espérer user des conflits pour voir l’humanité se saigner à blanc, les humains pouvaient également espérer que les vampires allaient perdre des leurs durant les batailles… Quoi de mieux qu’un soit disant coup fourré de l’adversaire pour vous perdre une centaine de vampires ? Voilà pourquoi ils devaient tenir les informations entre leurs mains à eux, où il était certain de ne rien perdre de vue. Tout à ses pensées, il suivit donc le mouvement, pensif et manquant à nouveau de partir dans l’une de ses longues méditations à la profondeur infinie. Ce n’était pas le moment cependant, vraiment pas même. Quelqu’un voulant voyager vers la capitale ? Oh Kedrildan apprécierait certainement l’idée bien entendu, mais il doutait que ce fut une bonne idée, et abandonner son ami avec un vulgaire humain lui aurait grandement coûté. Non, c’était bien de lui qu’il s’agissait. Silarae serait-elle d’accord avec une idée comme celle-ci ? Probablement pas beaucoup, mais sans doute que la perspective de sortir de ces cavernes et de l’odieuse présence des moutons bipèdes lui serait assez attirante pour qu’elle se décide à accepter. Lui en tout cas appréciait l’idée de se dégourdir les jambes et de jouer la comédie un moment… Il hocha légèrement la tête, très légèrement, de façon si infime que rien n’aurait put le distinguer d’un mouvement instinctif.

« Nous pourrions effectivement entrer en toute discrétion. Cela dit, peut-être serait-il plus sage de nous trouver des couvertures. Tu dois bien savoir qu’une délégation Althéanne va quitter la ville sur demande de Fabius Kohan, afin de séjourner à Gloria. Pas seulement des nobles. Toutes les strates ou presque y seront représentées. Nous pourrions nous mêler aux autres, avec une invitation royale il sera aisé d’entrer dans la ville. Ensuite nous n’aurons qu’à trouver un prétexte pour quitter le groupe. Cela dit, tu es plus doué que moi pour passer inaperçu… » Il ressemblait à un elfe, il le savait bien, hors avec les alayiens, ça allait finir par lui valoir des haltes à tous les postes de gardes et son identité raciale finirait vite sur le tapis. Se grimer serait certainement une condition sine qua none, et encore, cela ne suffirait peut-être pas. Ils allaient également devoir se procurer des montures nordiques, seules destriers en dehors de ceux élevés par les vampires pouvant supporter sans flancher de porter une créature de la nuit comme eux. Et il serait séparé de Silarae pendant un moment car rester à l’intérieur de la ville serait une isolation presque complète. « En tous les cas, je t’accompagnerais. Si je reste ici plus longtemps ce n’est pas de Fabius qu’ils devront craindre une attaque mais bien de moi »

Fort plaisant effectivement, à voir comme à pratiquer. Il y avait longtemps qu’une telle virulence ne l’avait pas saisit à l’égard des hommes… Ayant finis par les apprécier avec le temps, il les observait avec l’œil bienveillant d’une créature possédant bien davantage de compréhension du monde qu’eux. Ils étaient des enfants turbulents et parfois simplets. Mais voilà, depuis quelques temps déjà, il en revenait à ses opinions initiales et tendait à ne pas supporter la présence et les idées stupides de cette race étriquée. Ils l’horripilaient de la plus odieuse des façons. Alors oui, au final, il risquait effectivement de commettre un génocide de masse, contre la volonté de Lorenz si il le fallait. Hélas, ce n’était pas pour servir leurs intérêts qu’il se livre à pareille massacre orgiaque, aussi valait-il mieux qu’il prenne l’air quelques temps… On avait de toute façon peu ou pas besoin de lui sur les affaires du moment, ce qui l’arrangeait infiniment.

Ecoutant donc la parabole d’Isendal, il se détourna de ses considérations homicides. L’autre n’avait pas tort… du moins, des mages trop puissants seraient effectivement un étrange lot, chez les marchands. Ils se retrouvaient dans d’autres strates de la cité, comme l’espion le suggérait avec tact et raison. Des membres de la tour d’astronomie donc ? Pourquoi pas après tout. Les astres n’étaient guère sa tasse de thé mais il s’en accommoderait certainement mieux que de jouer les ferrailleurs… Tant qu’on ne lui demandait pas de discourter sur la chose. Cela dit il restait à trouver comment passer outre son ‘petit problème’ physique… car si il pouvait faire beaucoup de choses, passer inaperçu était cependant très difficile pour lui. Voir même totalement impossible, surtout au milieu des humains et de la capitale Glorienne… Et combattre des hordes de fanatiques Alayiens ne lui disait rien. Quoi que ravager Gloria d’un tremblement de terre soit possiblement jouissif il y avait les protections magiques… et puis la rébellion en viendrait à le voir comme un brise tout. La question, ironique, lui arracha un rictus.

« Il le faudra bien, hélas » Voilà qui serait un exercice étrange, il ne se rappelait pas avoir dû réellement jouer à l’homme depuis sa vampirisation. A part en une occasion… et d’ailleurs, cela lui rappelait quelque chose, au-delà du fait que, finalement, être prit pour un humain serait affreusement vexant. Paradoxalement, il avait toujours jugé frustrant et contraignant d’avoir l’air d’un elfe à la brillance absolue… à présent, il avait davantage l’air d’y tenir, et ne se souvenait même pas quand exactement cela avait commencé.

« Je préparerais une potion pour brider mes pouvoirs, ce sera déjà cela de prit. Les protections de Gloria ont dû être renforcée depuis notre intrusion voilà un an… il serait dommage de nous faire prendre aussi bêtement. Je pense également laisser Silarae derrière moi. Elle pourra de toute façon venir nous chercher rapidement en cas de besoin, mais l’avoir trop près serait une erreur » Il cessa un instant de parler, puis reprit, ayant pensé à autre chose « Il faudra également savoir comment ressortir de la ville. Nous ménager une opportunité de nous esquiver en cas de besoin… mais pas trop tôt. Si nous disparaissons d’un seul coup, on risque de se poser des questions, ne penses-tu pas ? Mais de même, rester trop longtemps nous exposera à être découverts. Nous pouvons contenir notre appétit pendant des longues périodes, mais d’autres signes resterons probablement visibles… sans parler du fait qu’il vaut mieux ne pas nous éclipser indéfiniment de ce lieu… » Et laisser les affidés de Lorenz ou les humains tenter de conspirer dans leurs coins.

Il se souciait du retour oui. Il fallait dire qu’il n’avait plus l’habitude de travailler avec des professionnels. Les Lorenzs et Ethans étaient plutôt du genre à foncer dans le tas malgré leurs réclamations. Il suffisait de voir leur intrusion dans la capitale et le palais. S’il n’avait pas été là pour se souvenir qu’il existait un passage secret, ils y seraient restés. Quoi qu’il en dise, Isendal avait raté quelques intenses moments… mais c’était satisfaisant de le savoir de retour. A présent, il allait devoir réapprendre à collaborer avec des êtres efficaces et doués dans ce qu’ils faisaient. " Elle acceptera. Il semblerait qu’être la moitié d’âme d’une dragonne me donne l’occasion de quelques caprices. Et puis n’es-tu pas cher à mes yeux… mon ami ? " Emphase que ce dernier terme. Silarae serait plus irritée encore qu’il le présente comme un ami, mais elle plierait à son désir, surtout si sa vie était en danger. Il suffisait de savoir jouer de l’affect. Rien de très compliqué. Encore moins à présent qu’ils étaient plus proches que jamais. Il haussa légèrement des épaules, un geste fort humain, mais ne devait-il pas se mettre dans le rôle après tout ? Le souci du détail serait forcément de la partie. Rester en compagnie de la délégation tout du long donc… Qu’est-ce qu’il ne fallait pas, pour permettre à ces incapables d’humains d’avoir une petite chance face aux forces alayiennes et loyalistes. C’était les humains que l’on glorifiait de partout, mais les véritables coups se jouaient aux mains des vampires, encore une fois. Cela commençait à avoir l’air d’une vieille rengaine mais après tout… Non, mieux valait ne rien dire, pour le moment. Mais il était hors de question qu’il se nourrisse d’un ivrogne. Il préférait encore se contenir et ne rien manger du tout. Ça il avait l’habitude. Mais manquer se rendre malade avec de la nourriture de bas étage surtout dans un moment si délicat, ce n’était pas une bonne idée. Le sang aviné n’était vraiment pas le met qu’il prisait le plus… celui qu’il prisait le moins en vérité, à son humble avis. Avec un sourire crochu, il ponctua les mots de son compagnon de conspiration. « Me voilà remis à tes mains expertes. Mais tant que tu ne les coupe pas… » En quoi allait-il le teindrait d’ailleurs, ce serait amusant à voir. A voir tout ce qu’il ferait en vérité. Etre une poupée à pomponner n’était guère son genre. La curiosité et la nécessité pouvaient donc faire bien des miracles. « Nous avons donc un peu moins de deux jours pour nous préparer. Il me semble connaître mon but pour les prochaines heures. Et toi ? M’accompagneras-tu ou te retrouverais-je par la suite pour servir de modèle vivant ? » La question méritait d’être posée. Cela dit, il pensait déjà en connaître la réponse. Deux petits jours, et ensuite, ils seraient en route pour Gloria sans rien dire à personne. « Ah… malgré ces restrictions, cette visite glorienne pourrait être particulièrement profitable… pour nous tous. Travaillez de nouveau en ta compagnie promet d’être une entreprise intéressante »