Il en avait fait, du travail pour le masquer et changer son apparence. Grimer un être naturellement tape à l’œil, ce n’était pas évident et il saluait les efforts du maître pour le faire ressembler à un vulgaire humain. Pas qu’il fut particulièrement heureux de ne ressembler qu’à u vulgaire humain, il était même parfaitement inconfortable et agacé à cette simple idée, mais le résultat était probant et c’était là tout ce qui comptait pour leur entreprise. Il avait, cela dit, déjà hâte que cela se termine. Prit entre deux sources d’irritation, il était bien difficile de définir laquelle était la pire. Les rebelles, ou ce jeu auquel il prenait part ? Bah, c’était nécessaire et cela suffisait pour qu’il fasse un effort. Il avait également prit le temps de confectionner la potion qui jugulerait sa force magique pour passer les barrières invisibles de Gloria… pas une mince affaire, mais grâce au marché noir, il avait de quoi. Il était l’un des rares êtres capables de la produire correctement, et il n’allait pas se gêner. L’alternative aurait été de demander à Lorenz et c’était strictement hors de question, surtout au vu de ce que cela entraînerait. Il ne voulait pas qu’on le questionne ou qu’on tente de l’arrêter. Cela était, au moins, certain. Non vraiment, il fallait que cela reste entre Isendal et lui, et le maître des chuchoteurs était du genre discret. Un bon point. Une fois transformé en humain, il aida son ami à enfermer ceux dont ils comptaient prendre la place. Laissant au chuchoteur le soin de faire passer ses ordres, il attendit donc avec patience, reflétant ce qui serait intéressant d’accomplir pendant la visite à Gloria, en plus de ce qui paraissait naturel et instinctif. Une fois qu’il en eu finit, le millénaire le rejoignit. Ils devaient bientôt prendre place dans la délégation, autant se tenir prêts. Avec sérieux, mais un brin d’amusement, il écouta effectivement ce qu’il lui expliquait, laissant pour le coup aller la plaisanterie. Qu’il écope du nom le moins infâme ne la soulageait pas plus que cela, il restait terriblement humain. Prenant le parchemin, il examina les visages qu’on lui indiquait, hocha la tête. « Fort bien » Mieux valait que les membres de la délégation ne leur cherchent pas de crosses, ça aurait pu compromettre toute la mission. Enroulant le parchemin et le mettant de côté, il suivit Isendal avec un sourire aux coins des lèvres, plus amusé par l’enthousiasme du maître chuchoteur que par le voyage en lui-même.

Un bref instant, il se permit de caresser les pensées de Silarae des siennes, pour savoir où exactement elle se trouvait, et la trouva de fort méchante humeur à son égard. Pas étonnant, mais au moins, ça ne durerait pas des années. Ils partageaient de toute façon le même esprit. Rasséréné, il se joignit aux côtés de l’espion à la délégation, s’y glissant sans trop de mal. Il ne mangea pas, contrairement à son ami. Son dernier repas était encore frais, il ne nécessitait pas plus de sang que cela… Et lorsqu’il fut l’heure de partir, ils prirent la route avec les autres. Les maîtres montaient des chevaux romantiques, mais les assistants n’avaient droits qu’à des montures classiques. Pas plus mal cependant, il était déjà assez compliqué de faire obéir une monture classique pour qu’elle porte un vampire. Les animaux n’appréciaient pas en général, et il avait fallu l’usage d’un petit sort pour pallier le problème. Heureusement qu’il était aisé à produire, si non les autres s’en seraient vite rendu compte. Le voyage se fit sans accrocs, et en vus des murailles Gloriennes, il fut temps de passer à la phase numéro deux du plan. A savoir, entrer dans la cité sans encombre. Un passage obligé et dangereux, car ce serait à cet instant qu’il serait, pour sa part, le plus vulnérable. Si les barrières glorienne coinçaient ou si on cherchait à les voir de beaucoup plus près… il y avait un risque. Il hocha la tête à ses dires, puis pinça sensiblement les lèvres. « Nous allons voir ça tout de suite » Ils arrivaient enfin. Les portes étaient l’autel d’une activité intense. Des civiles allaient et venaient, certains arrêtés par des gardes, des patrouilles Alayiennes et Glorienne faisaient leur ronde… On s’approcha d’eux, les maîtres et les nobles prenant la parole pour tous. Comme ils se le devaient sans doute. C’était tant mieux. Ils expliquaient la raison de leurs venues, déjà connue semblait-il. Normal, c’était l’Usurpateur qui avait mandé ces individus. Puis les gardes passèrent à la fouille. Il n’était pas vraiment craintif de cette partie-là… après tout, ils n’avaient rien dans leurs effets qui puissent laisser penser à autre chose que ce qu’ils étaient non ? Au détail près des sacoches sans fin, mais on pouvait fourrer n’importe quoi à l’intérieur et ne jamais le retrouver.

On leur demanda effectivement leurs papiers, puis ils furent autorisés à passer, sous la bonne garde d’un détachement de soldat. Voilà qui était embêtant, même si ils avaient déjà une solution. En revanche, ce qui s’avéra beaucoup plus embêtant, fut la réaction des protections magiques de la grande porte, lorsqu’il passa au travers. Sentant tout d’abord une légère résistance, il fut contraint de la forcer, envoyant une alerte légère aux mages membres de la garde. Réfrénant une grimace en les voyants s’arrêter, il attendit, gardant son masque, stoïque et jouant le jeu de son mieux. Ils vérifiaient les protections, les alayiens, eux, restés à la porte, fronçaient les sourcils. Ils repartirent finalement et une vague de soulagement l’emplis. Il jeta tout de même un coup d’œil à Isendal, puis se rapprocha et fit semblant de lui montrer quelque chose dans le décor pittoresque, en susurrant à voix basse. « Nous devrions demander à rejoindre la bibliothèque immédiatement… avant qu’ils n’aient l’idée d’interroger plus avant chaque membre de cette délégation… » Heureusement qu’il avait plusieurs doses de potion bien dissimulées, pour le reste du séjour. Prenant les devants, il fit bifurquer sa monture vers le maître le plus proche.

Il avait suivi sans vraiment rien dire. Le soulagement de ne pas être inquiété davantage par la garde était bien plus grand qu’il n’aurait cru, lui qui expérimentait les sentiments comme de curieuses bêtes plutôt lointaines depuis longtemps. Mais là, vraiment, il était soulagé… il ne se voyait vraiment pas affronter toute une ville. Enfin, ils l’avaient déjà fait, si on poursuivait ce chemin-là évidemment mais pas dans les mêmes circonstances. C’était une chose que de se servir d’armes de destruction massive, aussi appelées dragons, pour détourner l’attention, s’en était une autre que de se proclamer vampire aux nez et à la barbe de tant de soldats Alayiens. Heureusement donc, ils étaient passés et il suffisait maintenant de quitter la troupe et de s’enfoncer dans la ville pour y disparaître proprement. Suivant l’avis d’Isendal, qui primait sur l’instant, il étouffa son impatience et se résigna à attendre la vue du palais impérial. Il y était déjà venu, également en infiltration, si tant est que l’on puisse appeler cela une infiltration vu le chambardement causé par Lorenz et Ethan ce jour-là. Cette fois au moins, le seul qui risquait de commettre une bévue, c’était lui… Ne faire confiance à personne, à part à soi-même, disait-on. Bon, il faisait davantage confiance à Isendal qu’à lui-même, c’était aussi une manière de s’y prendre. Arrivés devant l’entrée, il se garda de grimacer. Des Alayiens de l’ordre d’obsidienne… encore ! Ils étaient partout, infestaient la ville comme de la vermine. En apparence, la décision de s’allier avec eux pouvait paraître une bonne chose c’était fort vrai… Fabius Kohan avait mis fin à la guerre et protégeait son peuple. Oui mais à quel prix ? Pour un vampire, il était clairement dit que les ennemis étaient ces fanatiques du Néant, mais pour les humains ? En dehors d’un régicide, qu’avait-fait Fabius Kohan de si atroce ? Aux dernières nouvelles il agissait avec autant d’intelligence que possible et c’était d’ailleurs bien le souci… Du moins pour les humains, mais pour eux par extension. Qu’est-ce que Korentin Kohan avait comme argument qui dépassa ceux de son rival ? Au final pas tant que ça. Il défendait la magie, certes… mais c’était un peu léger pour son propre peuple. Et un droit légitime au trône, qu’était-ce au final ? Les vampires avaient la loi du plus fort et elle était sans doute moins hypocrite que le droit du sang humain. Mouai… ça ne le regardait pas après tout, mais y penser était toujours intéressant.

Revenant au moment présent pour entendre la mention du couvre-feu, il hocha silencieusement la tête, jouant les réservés, et laissa son comparse prendre la tête. Deux heures donc… c’était contraignant en réalité. Mais ils pouvaient contourner le problème au besoin. Clignant des yeux, il nota avec détachement qu’ils prenaient effectivement la route de la grande bibliothèque, certainement pour une illusion parfaite ou simplement parce que leur point de chute se trouvait dans les parages. Il avait du mal à se concentrer, au fur et à mesure de leur avancée… quelque chose lui titillait l’instinct et l’incitait à la prudence. « Un minimum de risques est à prendre, je pense. Mais des risques calculés » énonça-t-il avec détachement. « Le palais serait effectivement un lieu idéal pour… » S’arrêtant, il se planta sur place et observa les alentours en fronçant les sourcils. Il y avait quelqu’un, ça oui et plus proche qu’il n’y paraissait. Il vit vaguement la forme bouger et détaler en se rendant compte qu’elle avait été découverte. Se tournant pour faire face à la direction qu’il venait de prendre, il souffla légèrement. « Tu as vu ? Je crois que, finalement, nous ne sommes pas passé tellement inaperçu… Allons voir ton homme » Il suivit de nouveau Isendal, puis posa le pied à terre, laissant leurs montures à un garçon de l’écurie proche contre une pièce. Puis, ils entrèrent. Peu habitué des tavernes, il ne savait pas exactement à quoi s’attendre en dehors des clichés d’usages… mais l’ambiance paraissait relativement détendue, si l’on omettait des gardes sombres dans un coin. Le reste de la taverne n’était occupé que par la faune habituelle de soudards et femmes de petites vertus. Dans une atmosphère mettant à mal l’odorat vampirique par les odeurs affreuses qui s’y trouvaient. A nouveau, il laissa Isendal mener la discussion avec son contact, le gérant de la taverne. Pendant ce temps, il observa les tablées alentours, ne reconnaissant pas grand-chose de ce monde-là et s’en trouvant même plutôt dégoûté. Cependant, l’étude attentive lui en apprit plus qu’il n’aurait pensé, même si il essayait de conserver un personnage inoffensif et innocent. Une fois qu’on les conduisit dans leur chambre. Là, à l’abri et après avoir vérifié que personne n’espionnait, il s’adressa à Isendal, qui devait également avoir remarqué ce détail-là.

« Il y avait un membre du Souffle, en bas. Et étrangement, j’ai l’impression que notre observateur précédent avait également l’insigne. Je pense que nous pourrions passer le reste da journée à poser des questions à ton contact et à écouter un peu de droite et de gauche. Des provinciaux venant prendre des nouvelles de la capitale, mes avis que ça ne sera pas trop questionné. Et cette nuit, toi et moi irons faire un tour du côté du labyrinthe souterrain. Mieux vaut commencer par ça. En fonction de ce que nous pourrons découvrir, il serait également utile d’aller fureter dans le palais. Maintenant que nous avons accès à l’intérieur de la cité, nous pouvons emprunter les issues du labyrinthe sans trop de problèmes. Peut-être devrions-nous également, à tout hasard, nous égarer du côté des bas quartiers. Il y a une taverne là-bas où se réunissait les réfractaires au régime »

Il n’aimait pas trop l’idée de les affronter maintenant, alors qu’ils connaissaient parfaitement la ville et avaient des appuis et des installations parfaitement rôdés. Ils pouvaient également se servir de la populace encore danse dans la journée ou même des Alayiens… Quand à passer par les toits, il était encore moins assuré et confiant. Pas qu’il mettait en doute l’expertise de son ami, mais en revanche, il mettait en doute sa propre agilité et sa capacité à rester effectivement sur le toit en question sans se faire très mal au passage. Il avait déjà du mal à rester convenablement sur le dos de sa dragonne alors sur un toit. Enfin tant pis, si il le fallait vraiment il supposait qu’on ne lui laissait pas vraiment le choix… Il allait devoir faire extrêmement attention en se déplaçant, voir devoir user d’un peu de magie pour s’éviter une humiliation cuisante et d’autres complications dans leur plan. Heureusement qu’il connaissait suffisamment bien le labyrinthe pour s’assurer de ne pas tomber dans un traquenard fomenté par les assassins du Souffle. Il y avait une véritable ville dans la ville, là en bas alors tout avantage pouvait leur être précieux. Il resta silencieux, laissa Isendal s’occuper de son homme quand celui-ci se montra enfin alors qu’il étendait son esprit lentement pour essayer de repérer les humains suspects, ou du moins aux pensées suspectes, proches de la taverne en question… Ce que le tavernier apprenait n’était qu’à moitié intéressant. Les mouvements de troupes importants étaient pour la grande majorité des réponses aux actions des rebelles. En revanche il fut plus intrigué par les nouvelles noblesses et la façon dont Fabius Kohan avait repris en main la ville d’Elena. On en parlait beaucoup, les rumeurs d’arrestations et d’emprisonnements allaient bon train. Gloria était moins compressée et plus loyale au souverain même si accepter les Alayiens n’était pas chose facile. Dans son coin, le millénaire attendit le départ de l’homme puant la peur avec impatience. « Allons-y »

Il se hissa un peu péniblement à la suite de son compère, pas particulièrement à l’aise avec ce genre d’exercices. Il suivit des yeux ce qu’on lui montrait et réprima un rictus méprisant. Il suivit Isendal d’un clignement de l’œil, utilisant un bond magique pour le suivre. Ce genre de magie n’attirait pas vraiment l’attention et ne lui coûtait absolument rien. Le déplacement ne le troubla même pas. En revanche, il manqua perdre l’équilibre lorsque l’humain voulu s’attaquer à lui. Il parvint à se rattraper et lui brisa la nuque d’un coup sec, les os craquant comme un fagot de bois sec. Les combats au corps à corps n’avaient jamais été sa tasse de thé, aussi fort soit-il. Débarassés de ces deux-là, il ne restait qu’à suivre le dernier qui pensait les avoir semés. Malheureusement pour lui, il était bien plus difficile de se débarrasser d’un vampire que de se débarrasser d’un humain… Ils le suivirent donc en se faisant aussi furtif que possible, une autre chose particulièrement difficile pour lui mais qu’il rendit un peu plus aisée avec un peu de magie basique. Comme quoi, pas besoin d’être un Lorenz Wintel pour parvenir à être efficace et utile. De la magie basique pouvait également faire parfaitement l’affaire. L’homme fila directement vers l’une des entrées du labyrinthe, pas celle qu’il avait désiré prendre car très proche de la ville intérieure mais une entrée tout de même. Elle n’était pas gardée, pas besoin en vérité, il fallait savoir qu’elle était là pour la trouver. Manque de chance encore une fois, eux le savait et suivirent l’humain à l’intérieur. Le boyau serpentait mais Achroma les fit changer de direction. Plutôt que de suivre l’assassin jusqu’à l’entrée principale de la ville intérieure, qui serait non seulement gardée mais également renforcée, il avait l’intention de contourner le problème.

Le labyrinthe était un vrai gruyère, avec des passages secrets dans les passages secrets. Aussi il suffisait de repérer les ouvertures laissées sans surveillance pour s’introduire comme ils le désiraient à l’intérieur même de la ville. Par la suite, c’était plus simple. Il y avait également des vampires dans le Souffle, leur manque de ‘vie’ ne serait pas un problème, seulement leur apparence. Mais là encore, rien d’insurmontable. Mais il ne comptait pas se promener nez au vent. En fait, ce qu’il proposait, c’était ni plus ni moins que de s’inviter directement chez les membres des hautes sphères histoire de demander le pourquoi du comment de leur suivit. Quitte à employer les grands moyens. Il trouvait finalement le mur évanescent qu’il désirait et le fit pousser suffisamment pour qu’ils s’introduisent là sans mal. Les quartiers du Corbeau, chef du Souffle. Il n’y avait personne sur l’instant mais c’était un bon point de départ. « Tant que nous y sommes, tentons de voir ce que nous pouvons glaner ici aussi » dit-il en désignant des liasses de paperasse sur un bureau. Des rapports d’assassins, d’espions… ils pouvaient bien se servir non ?

Oui bon, il était peut-être un peu trop direct… c’était même fort probable mais tant qu’à être directe, autant l’être sur toute la ligne, au moins ils savaient à quoi s’attendre et si il fallait blâmer quelqu’un, ce serait lui. Il n’avait pas envie de rester plus longtemps que nécessaire dans ce labyrinthe qui lui rappelait les galeries vampiriques. En moins moisi peut-être et en moins profond, mais pour le reste, ça se valait. Puisqu’il fallait se frotter aux hautes sphères du Souffle, autant aller chercher directement le Corbeau, pourquoi faire les choses à moitié ? Ils étaient bien assez vieux pour se permettre ce genre de choses. Ce n’était pas comme si ils n’avaient pas l’habitude des sensations fortes. Bien au contraire, ils en avaient été adeptes dans un lointain passé et si il avait mûrit sur d’autres plans, il devait avouer que celui-là n’en faisait pas parti. Il ne lui répondit que d’un sourire plein de sous-entendus. Qu’aurait-il donné pour revivre les moments forts de leurs passé commun ? Beaucoup sans nul doute. Trop ? Bah ça n’avait pas d’importance, il suffisait de se créer de nouvelles occasions ! Comme en cet instant. Ils venaient de s’introduire à l’intérieur du saint des saints du Souffle, les quartiers du Corbeau, maître de la guilde illégale des tueurs. Comme quoi, les assassins ne connaissaient pas encore aussi bien qu’eux les lieux. Le passage avait été complètement dissimulé et laissé à lui-même, sans le moindre blocage. Ou alors c’était un piège ? On faisait croire à une faiblesse pour mieux les attraper dans leurs filets ? C’était également possible mais il en doutait par l’aspect même qu’avait le passage en question… Il n’était pas utilisé, ni définit. Laissé à l’abandon. Autant se servir donc, puisqu’il y avait là de nombreux documents qui pouvaient les renseigner avec plus de justesse que les racontars de taverne. Une pareille organisation avait besoin de se tenir informée de tout ce qui se passait dans les hautes sphères qui les employaient le plus souvent. Et pour eux, c’était une mine d’or… non mieux, une véritable corne d’abondance ! Isendal avait l’air de flotter sur un petit nuage devant ce monceau de ce qu’il aimait le plus au monde, et Achroma s’amusait de le voir aussi frétillant. Mais il devait avouer le comprendre, là tout de suite. Il comptait laisser son comparse s’en donner à cœur joie, car après tout c’était là son domaine de prédilection, il lui faisait confiance…

Cependant, ils n’eurent pas le temps de farfouiller profondément dans le tas de documents qu’on venait leur rendre visite. Aie… voilà qui était dommage. Dommage, dangereux et frustrant, un trio de choc qu’il goûtait avec ironie alors que la maîtresse du Souffle s’avançait vers eux. Tout comme Isendal, il était surpris de découvrir qu’il s’agissait d’une vampiresse… Une vampiresse ? Il savait que la guilde acceptait les vampires oui bien entendu, mais elle ? Elle en était la maîtresse, la mort elle-même pour ces assassins. Ce n’était pas n’importe qui. Un humain aurait été plus simple à éliminer au besoin, mais cette vampiresse ? Quoi que plus jeune qu’eux, elle serait un redoutable adversaire. Savoir qu’une vampiresse était la maîtresse du Souffle était déjà une information juteuse… ça pouvait leurs servir, elle fonctionnait comme eux, sur le même esprit, ils parlaient le même langage. Il changea légèrement de prise sur son bâton mais ne montra rien d’autre de ce qu’il pouvait penser… Pas besoin de tendre une perche pour se faire battre. Il était satisfait de laisser Isendal entamer la conversation, observant pour sa part les réactions que leur vis-à-vis pouvait avoir face à une introduction relativement ‘courtoise’ et civilisée de la part de deux individus s’étant introduit sur son territoire sans y avoir été invité le moins du monde. A sa grande surprise, celle-ci eut un sourire amusé et croisée les bras en les examinant. « Et bien et bien… moi qui pensait m’ennuyer ce soir, me voilà en bonne compagnie » La voix douce et amusée semblait en parfaite contradiction avec la froideur de son regard. « Mais je vous en prie, reposez donc ces documents et posez moi plutôt vos questions, peut-être les trouverais-je suffisamment intéressante pour y répondre » Il ne voulait pas savoir ce qui se passerait dans le cas contraire, c’était très clair, ils auraient à combattre pour sortir de ce guêpier… Néanmoins, si cette femme était joueuse, ils avaient une chance.