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| Quand Merci fait des rimes... [PV Shaynar & Merithyn] | |
| Auteur | Message |
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| Sujet: Quand Merci fait des rimes... [PV Shaynar & Merithyn] Ven 18 Oct 2013 - 22:36 | |
| Troisième journée - Fin de journée
Trois jours. Cela ne faisait que trois jours qu'il était en ce domaine et pourtant, l'effervescence était telle, les rencontres étaient si nombreuses et si irréelles, qu'il lui semblait y errer depuis plus longuement. Pourtant il savait encore compter, Dracos merci, et cela ne faisait bel et bien que trois jours. Trois petits jours. Trois petits jours durant lesquels tout semblait se précipiter, en un tout qui le précipitait soudain dans un saut bien trop vertigineux pour lui, petit elfe si âgé. Il avait beau avoir vécu plus d'un siècle parmi les Hommes si promptes à tout changement, à toute aventure nouvelle, à toute envolée vers de nouveaux cieux, il n'en restait pas moins un elfe et ses ailes peinaient à autant se déployer. Il n'avait pas le temps de s'adapter, de réfléchir posément, calmement... Peut-être n'aimait-il pas voler... Il avait beau avoir fait maintes et maintes efforts toutes ces années durant, il devait avouer peiner encore à pleinement prendre ce même essor.
Lui, il aurait aimé arrêter quelques instants, quelques secondes à peine, la roue du temps et se figer avec elle, dans l'infini des possibilités. Il aurait aimé parvenir à s'emparer du sable qui s'écoulait si fielleusement dans le verre si fin et l'emprisonner dans son poing pour mieux le contempler et réfléchir à la signification de chacun. A l'avenir de chacun. Au destin de chaque grain, de chaque être qui tissaient tous ensemble la toile d'Armanda. Oui, il aurait aimé devenir maître du temps en cet instant. Et maître de ses pensées aussi... Mais le temps en avait décidé autrement et avait choisi un autre maître. Quant à ses pensées...
Il préférait ne pas y penser justement, de peur de totalement les perdre dans l'écheveau compliqué que son esprit peignait. Non, ne pas y penser. Et autant laisser le temps courir comme il l'entendait. Pas sûr qu'il courrait lui-même après, pas sûr simplement qu'il puisse tenir l'allure de ce rythme bien trop effréné pour lui, mais tenterait-il du moins de ne pas se laisser trop distancer.
Trois jours donc. Il était plus que temps qu'enfin il accomplisse ce que la décence et sa bonne éducation lui dictaient depuis son arrivée en ces lieux. A savoir aller trouver le nouveau gardien du domaine et le remercier de son accueil. De ses soins, de ses attentions concernant sa libération, et de sa prise de risque concernant un banni. Oui, il aurait dû le faire depuis bien longtemps déjà. A sa décharge, il avait déjà essayé la veille mais on l'avait renvoyé en lui répondant que le gardien était surchargé ce jour-là et qu'il aurait bien du mal à la recevoir. Cette fois-ci, il avait quelque peu insisté, et on avait finalement, après maintes tergiversations, concédé à lui révéler où trouver Shadowsong. "Mais pas dit que vous puissiez entrer toutefois", l'avait-on prévenu, après lui avoir indiqué le chemin. Qu'importe, pensa-t-il, il ferait le siège s'il le fallait.
Direction l'Observatoire céleste donc. Magnifique observatoire... Il devait en convenir. Tour majestueuse dans la forêt ancestrale du domaine, qu'il voyait se dessiner devant lui au loin, dans toute sa magnificence et sa simplicité mêlées, au fur et à mesure que ses pas, étrangement sereins dans ce lieu apaisant, le menaient vers elle. Elle semblait réellement vouloir épouser la forêt environnante. Etrange pierre monument, comme devenue arbre centenaire, millénaire peut-être, se dressant vers le ciel pour mieux le défier de s'attaquer à sa sœur forêt qu'elle couvait du regard. Quels trésors pouvaient donc se cacher dans les ténèbres de cette tour ? Quel savoir, quelle puissance, pouvait donc y sombrer ? Quel dommage qu'il ne puisse sans doute pas y entrer, ne put-il s'empêcher de penser, tristement, tandis que son regard restait rivé sur elle, et que son imagination fertile le faisait déjà voguer vers les maintes mystères des temps anciens qui devaient y être capturés.
En tout cas, s'il devait tenir le siège, les étoiles célestes pourraient lui tenir agréable compagnie, musa-t-il, un fin sourire étrangement radieux éclairant son visage fatigué. Oui, ce soir, elles promettaient de briller de mille feux, mille espoirs peut-être, ou mille vœux... Il en serait presque venu à espérer que Shadowsong ait décidé d'y passer la nuit et que seule la belle aurore vienne faire sortir l'elfe chanteur de son antre privée. Malheureusement, il ne fut guère exaucé, constata-t-il quand il aperçut des silhouettes au bas de la tour. Des silhouettes ? Shadowsong ne serait donc pas seul... Enfin s'il s'agissait bien de lui toutefois. Voilà qui était gênant. Fort gênant... D'autant plus qu'une des silhouettes paraissait massive, gigantesque même... Un dragon ? Moui, on dirait bien. Fort gênant, en effet. Mais Eliowir n'allait certainement pas rebrousser chemin pour si peu. Le gardien était bien assez difficile comme cela à trouver. Maintenant qu'il le tenait dans ses filets, il n'allait pas le lâcher avant d'avoir pu délivrer ses remerciements.
Il força alors un peu le pas, faisant fi de son léger essoufflement dans la très légère montée de terrain. Alors qu'il n'était plus qu'à quelques dizaines de mètres, il reconnut enfin les fameuses silhouettes. Shadowsong en effet. Et le magnifique dragon noir, premier né de ces nobles créatures, Shaynar, qu'il avait rencontré l'après-midi même. A croire que cette journée serait placée sous la griffe de l'écailleux noir. Un fin sourire ourla de nouveau les lèvres pâles de l'elfe...
Jusqu'à ce que son pied, traitre de lui, ne se prenne dans une racine qui trainait par là. Et qu'il tombe lourdement de tout son long par terre. A quelques mètres à peine d'une patte griffue justement...
- Maudite racine, pas idée de se mettre sur mon chemin, aussi, grommela-t-il de fort méchante humeur soudain, alors qu'il tentait de se relever.
Couinant toutefois fort piteusement quand sa cheville le vrilla de douleur. Merveilleux... se l'était-il donc cassée ? Manquait plus que cela... Quelle arrivée fracassante ! Lui qui espérait pouvoir recouvrer un minimum de dignité, voilà bien qui était raté. Pour quoi donc allait-il passer maintenant ? Pour un imbécile incapable de tenir debout ? Rien qu'à cette idée plus que malvenue, il sentit son totem rugir de rage et le vriller de son arrogance outragée.
Tentant de se redresser autant que faire se pouvait, et faisant fi de sa royale douleur, honte à elle, il s'empressa d'offrir un salut des plus cérémonials et des plus respectueux à l'elfe et son sombre compagnon. Le protocole aurait exigé en temps ordinaire qu'il ne prenne pas la parole le premier et attende qu'on l'y autorise, mais face à une entrée aussi impolie et si peu digne, il se sentit obligé de déroger quelque peu aux règles élémentaires. De toute façon les temps ordinaires semblaient révolus ces derniers temps... C'est donc d'une voix qu'il tenta de rendre ferme et assurée, et qui s'enveloppa de ses accents hautains si célèbres antan, qu'il reprit la parole.
- Je suis fort désolé de vous déranger de pareille façon, Maitre Shadowsong, noble gardien baptistral, et vous aussi Maitre Shaynar, digne dragon premier né. Je suis venu enquérir une audience de votre part.
Hum... pas fameux comme entrée en matière. On aurait dit qu'il réclamait une entrevue à l'Impératrice elfique en personne. Alors que les mots s'élevaient entre eux, il réalisait lui-même combien il était si engoncé dans les vieilles coutumes. A lui-même, vieil elfe aux idées souvent bien arrêtées, cela lui sautait aux yeux en cet instant. Sans doute son long séjour parmi les hommes qui lui permettait de voir dès lors pareille chose. Mais quand bien même...
Quand bien même, il ne parvenait à totalement se départir de tous ses anciens carcans. De ses anciennes œillères ? souffla une petite voix mutine qu'il fit taire tout aussi rapidement qu'elle était venue. Aussi conscient qu'il fut de cela, il n'osa pas pour autant se relever de lui-même. Maudissant sa cheville qui lui faisait mal, la racine qui lui avait tendu ce piège si fourbe, et Armanda toute entière pour toujours le mettre dans les pires situations possibles...
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| | | InvitéMon identité Mes compétences Invité
| Sujet: Re: Quand Merci fait des rimes... [PV Shaynar & Merithyn] Sam 19 Oct 2013 - 23:55 | |
| Il ronronnait sans discontinuer. Confortablement lové dans la mousse épaisse qu'il affectionnait tant, le dragon ne cessait de planter et déplanter ses griffes dans la terre grasse et odorante qui s'effritait sous ses assauts. Un bien-être sans borne s'émanait de lui, alimenté à la fois par la douce texture de la mousse sous son ventre, par l'agréable tiedeur du soleil qui jouait sur ses écailles et par la simple mais ô combien satisfaisante présence de son presque lié à ses côtés. Un bonheur très simple donc mais pourtant complet. Un bonheur typiquement dragon qu'il ne manquait pas de partager et de déverser bruyamment dans l'esprit du presque-lié en question de toute la force de sa jeune exubérance au risque de l'empêcher de travailler.
Que cherchait-il exactement ? Shaynar n'avait jamais très bien compris ce que les bipèdes pouvaient bien trouver à ces mystérieux signes qui se bousculaient de page en page dans ces pavés souvent bien poussiéreux qu'ils appelaient des "livres". La signification de ce langage écrit ne lui était pourtant pas totalement obscur puisqu'il pouvait le décrypter dans l'esprit de Merithyn à mesure que celui-ci lisait mais l'intense paresse qui allait de pair avec son bien-être du moment ne s'accordait pas avec une telle idée ! Il préférait mille fois laisser dériver ses pensées et continuer de déconcentrer traîtreusement son chanteur en lui transmettant tout son plaisir, et ses envies aussi en passant... Les rubis de ses prunelles observèrent la course du soleil qui se faisait plus lointain et moins chaud :
"Il nous reste encore un peu de temps avant qu'il ne fasse nuit... Nous pourrions aller voler..."
Plein d'ardeur à cette idée, il rabaissa son énorme tête vers l'elfe et ses livres dont les pages tournèrent follement lorsqu'il expira sans douceur
"Anh ?! Pardon..."
Et de resouffler derechef... Pas du tout désolé... En réalité il commençait à se lasser de cette immobilisme forcé et aussi douce qu'ai pu être la mousse avant qu'il ne se couche dessus elle se faisait à présent bien plus rêche ce qui était d'autant plus légitime qu'il l'avait totalement arrachée et déchirée avec ses écailles !
Têtu, il fit défiler de délicieuses images de vrilles et autres loopings dans l'esprit de son presque-lié puis pencha la tête en cette arme qu'il savait fatale contre Merithyn. De flamboyant, son regard se fit suppliant, il avait activé le mode dragon battu ! Autant dire que Merithyn n'avait aucune chance. Ah et il voulait une chanson aussi ! Depuis combien de temps son chanteur n'avait-il pas fredonné pour lui ? C'était intolérable ! Si en plus il pouvait avoir quelques caresses et un morceau de viande... Oui bon, là il sentait clairement l'amusement qui pétillait dans l'esprit ouvert. Pas dupe hein le baptistrel ?
Pas gêné pour un sous, le comédien cligna paresseusement des paupières et nettoya une écaille moins brillante que les autres sur sa patte avant. Alors ? Elle venait cette chanson ? Il caressa à l'instant l'idée fort attirante de mettre accidentelement le feu à tout ces livres mais il avait sans doute pensé un peu trop fort car la douce réprobation de son presque lié vint presque aussitôt caresser son esprit. Bon.. D'accord. Mais il allait falloir qu'il cède vite, Shaynar n'était pas un dragon patient ! Tout frétillant à l'idée de s'élancer bientôt dans les airs pour une série d'acrobatie il menaçait déjà d'écraser malencontreusement les grimoires les plus proches de ses pattes et il poussa sa chance :
"Tu dors avec moi ce soir n'est ce pas ? Comme prévu ?"
Ce n'était bien sur absolument pas prévu, mais on ne remettait pas en cause la parole d'un dragon n'est-ce pas ? Et puis le baptistrel ne pouvait pas facilement chanter dans les airs avec les pressions donc si il voulait l'entendre il valait mieux que ce soit sur terre. Quoi de plus agréable qu'une berceuse pour se laisser aller au plus doux des sommeils ? Ce programme lui plaisait décidément au plus haut point !
Il s'en enthousiasmait tant dans l'esprit de son dragonnier qu'il ne s'aperçu même pas qu'ils n'étaient plus seuls et ce n'est que lorsqu'un craquement sonore rétentit tout près de lui qu'il sursauta de toute sa masse et se retourna d'un bloc, tous crocs dehors. Quoi ? Encore lui ??
Le regard flamboyant alla de la racine à l'elfe et de l'elfe à la racine en s'arrêtant sur la cheville qui gonflait déjà. Maladroit en plus... Quelques heures avant il avait décidé qu'il l'aimait bien mais à présent il avait presque envie de changer d'avis en sentant déjà l'instinct de soigneur de son presque-lié se réveiller. Et bien voilà... Adieu la petite tournée dans les airs ! Il en aurait grondé de frustration si il avait été un dragon mal élevé. Ah mais attendez... On ne l'avait pas élevé ! Il gronda donc avec retard tandis que l'intrus s'excusait :
Je suis fort désolé de vous déranger de pareille façon, Maitre Shadowsong, noble gardien baptistral, et vous aussi Maitre Shaynar, digne dragon premier né. Je suis venu enquérir une audience de votre part.
"C'est l'elfe que j'ai rencontré cet après midi... Celui à qui j'ai rendu sa magie."
Merithyn n'ignorait bien sur rien de leur rencontre, ni de la façon dont son dragon avait bien failli mettre le feu à toute la forêt d'ailleurs mais Shaynar n'était pas du genre à s'attarder sur ce genre de détails gênants. Calmement, il remarqua :
"Tu as une bien drôle de façon de demander audience, ami des abeilles. Affectionnes tu à ce point les rencontres fracassantes ?"
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| | | Merithyn Shadowsong Légende
| Sujet: Re: Quand Merci fait des rimes... [PV Shaynar & Merithyn] Dim 20 Oct 2013 - 18:08 | |
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Il avait officieusement ré ouvert l’observatoire, selon ses prérogatives de Gardien, puisqu’il était le seul, en dehors du chanteciel, à avoir le pouvoir d’entrer là sans l’avis de quelqu’un d’autre. La raison en était simple, l’observatoire était le lieu le plus mystique de tout le domaine, plus encore que la clairière de la grande mère, et son intérieur était si imprégné de magie qu’il en devenait presque dangereux pour quiconque n’était pas Baptistrel. L’harmonie naturelle accompagnant son ordre préservait ses représentants des conséquences d’une intrusion au cœur des brumes magiques et des étoiles, mais il ne désirait vraiment pas faire face aux potentielles conséquences d’un accident en un lieu pareil… Non c’était beaucoup trop risqué, d’autant qu’à l’intérieur de l’observatoire se trouvaient des ouvrages à l’importance capitale. Des rédactions de sages de toutes races, conservés là en rapports avec leurs sujets et leurs importances. Et justement, en cette journée il avait un besoin vital de les consulter. Il avait donc prit la fin d’après-midi pour se rendre en ce lieu en compagnie de Shaynar, et avait retiré le sceau proprement avant de braver l’intérieur à la recherche des sujets qui l’intéressait. Avec un classement par époque, il se trouva donc à consulter les ouvrages les plus proches de la sortie, bien heureusement, et en profita donc pour les transporter à l’extérieur et s’installer confortablement dans la mousse avec le dragon noir qu’il ne désirait pas abandonner tout seul pendant plusieurs heures, surtout alors qu’il avait enfin l’occasion de passer du temps en sa compagnie en dehors des nuits passées contre ses écailles, roulé en boule sous les ailes protectrices. Installé contre Shaynar, il avait dévoré ouvrage sur ouvrage sans s’arrêter un seul instant, essayant de se concentrer tout en écoutant avec plaisir les manifestations bruyantes de satisfaction qu’émettait le ronronnant écailleux.
Il était calme, bien plus paisible que deux jours plutôt, quand il avait dû faire face à une avalanche successive de vampires de tous acabits. Confortablement installé contre son compagnon, il s’adonnait à l’une de ses grandes passions : la lecture longue et prenante d’ouvrages valant à eux-seuls toutes les librairies privées des nobles du conseil elfique. La sagesse des étoiles contenues dans ces livres était tout simplement saisissante. Mais il devait avouer que plus les heures défilaient et plus il avait du mal à se concentrer sur les mots. Les sensations plaisantes déversées dans son esprit par le dragon, et son propre bien-être, ne l’encourageait nullement à la constance, d’autant que sa nature flamboyante était du genre à se laisser ondoyer naturellement à la première tentation qui enflammerait son intérêt. Pour l’occasion, Shaynar ne l’aidait pas du tout, mais il était totalement incapable de lui en vouloir ne serait-ce qu’une brève seconde. Et lorsque l’esprit du dragon vint caresser le sien avec la traîtreuse proposition de s’ne aller voler, faisant au passage tourner les pages de ses livres sans qu’il puisse avoir le temps de noter sa progression, il abandonna et leva le nez pour l’observer. Si on le prenait par les sentiments aussi… Il adorait voler, presque aussi à l’aise dans les airs que sur terre après tout le temps qu’ils avaient passé à parcourir l’empire. Aussi, en le voyant faire, il ne put que sourire, puis rire, amusé devant le numéro que lui jouait Shaynar. Comment pouvait-il résister à une mine pareille ? C’était juste impossible, mais il n’était pas non plus du genre à se faire avoir aussi facilement. Il savait que le dragon jouait la comédie, c’était simplement trop irrésistible pour qu’il dise non. Il était grandement amusé et attendrit. Pas besoin d’en faire autant pour qu’il passe toute la soirée à le cajoler…
Il pouffa de nouveau quand il sentit son envie de mettre le feu aux ouvrages et l’en empêcha avec douceur, s’apprêtant enfin à répondre. A la proposition il s’avança et lui étreignit le poitrail comme il le pouvait, ne faisant même pas le tour de la base de son cou avec ses petits bras. Non, ce n’était absolument pas prévu qu’il dorme avec lui, mais la proposition lui gonflait le cœur de bonheur. Oh oui il allait dormir avec lui, il allait même passé toute la soirée avec lui et il pourrait enfin reprendre son higen pour chanter une chanson qui ne serait que de sa composition, et destinée simplement au plaisir des oreilles. L’enthousiasme du dragon alla de pair avec le sien, alors qu’il validait avec grande joie le programme et s’apprêtait déjà à remettre sous clefs les ouvrages avant de sauter sur le dos de l’écailleux pour s’en aller caresser les nuages, et il fut grandement surpris quand un bruit vint le tirer brutalement hors de leur fusion d’esprit pour le faire revenir les deux pieds sur terre. Reculant, il cligna des yeux et regarda le nouveau venu avec surprise, perturbé par cette soudaine interruption. Shaynar avait déjà réagi, et ce violement. Pourtant il n’aurait pas pu s’agir d’une attaque, cela ne pouvait donc être qu’un visiteur, et puisque la zone était vide, il ne pouvait être là que pour le voir. Se décalant pour l’observer correctement alors qu’il se remettait debout, il nota la cheville faisant grise mine et s’avançait déjà, instinctivement, pour le soigner. Mais l’autre l’interrompit à nouveau, à croire qu’il s’acharnait à le faire, et lui fit un salut cérémonial elfique. L’acte lui tira un froncement les sourcils, et il eut bien du mal à cacher à Shaynar le peu de bien qu’il pensait de ce genre de manifestation.
Il n’appréciait pas vraiment l’austère courtoisie elfique, même si il la connaissait bien. < Après son entrée en scène il aurait pu se passer de courbette à mon égard… > Il hocha cependant la tête, ayant bien fait le lien entre la rencontre de Shaynar l’après-midi même, et avec l’alerte incendie qui s’était déclenché. Tous les chanteurs du domaine l’avait ressenti et avaient foncé vers lui pour lui demander de l’aide. Il se souvenait également de l’aide que Shaynar avait offert à cet elfe et c’était sans nul doute la raison pour laquelle il ne se mit pas à rire devant l’obséquieuse manière qu’il avait de lui demander un instant de son attention. Se mordant l’intérieur de la lèvre pour rester sérieux, il finit par saluer également et s’approcha de lui. Le prenant fermement par le poignet, il le fit s’asseoir par terre sans un mot et soigna sa cheville d’un chant léger avant de s’installer également près de lui. Oui, on lui avait parlé et ce à plus d’une reprise, d’Eliowir. « Je vous en prie. Nul besoin d’être aussi austère. Vous avez votre audience, de quoi vouliez-vous me parler ? » Observant le dragon du coin de l’œil, il rajouta « Je dois avouer que je ne m’attendais pas à recevoir de la visite ce soir, je comptais rester un peu avec Shaynar. Qu’est-ce qui requiert autant de précipitation ? »
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| Sujet: Re: Quand Merci fait des rimes... [PV Shaynar & Merithyn] Sam 26 Oct 2013 - 18:47 | |
| Eliowir tenta de ne pas ciller au grognement que le dragon noir lui offrit, exprimant clairement son fort mécontentement. Il n'était visiblement pas le bienvenu, et il avait la désagréable impression qu'au moindre geste ou au moindre mot de travers il se ferait engloutir sans l'once d'une hésitation. Remarquez... Mourir par les crocs d'un dragon, voilà qui devrait être une belle mort, n'est-il pas ? Il espéra toutefois ne pas l'avoir pensé trop fort, nul besoin de donner des idées à l'écailleux. Il retint donc son souffle et attendit le verdict, qui ne tarda guère à tomber, tel le couperet du bourreau.
"Tu as une bien drôle de façon de demander audience, ami des abeilles. Affectionnes tu à ce point les rencontres fracassantes ?"
Était-ce du sarcasme derrière cette pensée ? Ou n'était-ce qu'une pensée anodine, teinté du mécontentement d'avoir été dérangé ? A cet instant, l'elfe ne sut s'il préférait qu'on se moquât ainsi de lui ou qu'on le mangeât tout cru sans autre forme de procès. Son orgueil, sa fière arrogance, aurait tendance à choisir la deuxième option.. Mais à bien y penser....
Il s'apprêtait à répondre, quand il fut coupé dans son élan par le baptistrel, qui, après lui avoir rapidement rendu son salut, le prit par le poignet, lui empêchant toute retraite et le força à s'asseoir. Eliowir fut si surpris de ces manières si abruptes et radicales, qu'il se retrouva soudain incapable de toute protestation. Il sentait son totem grogner d'indignation face à tant de soudaines familiarités, pour le soigner sans même lui demander son avis (comme s'il avait besoin qu'on le soigne ! rugissait une voix de fort mauvaise foi au fond de lui), mais il préféra le museler. Ce n'était nullement le moment de froisser son interlocuteur, et encore moins le premier né des dragons. Pas alors qu'il venait, visiblement, de les déranger dans un moment de complicité intime.
Un moment qu'il se surprit à envier d'ailleurs. Un lien unissait les deux êtres à ses côtés. Il le sentait, le ressentait. Il était même prêt à parier qu'ils communiquaient entre eux, à son insu, à ses dépends même peut-être. Il n'y avait qu'à voir les regards de connivence qui s'échangeaient devant lui. Se moquaient-ils de lui ? De son "arrivée fracassante" ? De ses "manières austères" ? Il en rougissait de honte intérieurement, mortifié d'être encore une fois en position de faiblesse devant ses deux êtres, confus et profondément honteux qu'on puisse le penser faible ou pire encore. Il se sentait également étrangement enragé qu'on le traitât d'"austère"... Austère ! Par tous les dragons sanglants, il n'était pas austère. Il n'était qu'elfe. Un elfe noble, bien éduqué, au fait des bonnes manières ! Comment avaient donc été éduquées les nouvelles générations pour traiter les manières de leurs ainés d'austères ? Ce n'était là... que naturel... qu'éducation... Bonnes manières enfin ! Ou peut-être était-il trop vieux ? Peut-être était-il dépassé ? Peut-être était-il... d'un autre temps.
Oui, d'un autre temps, pensa-t-il, tandis que son regard voguait du dragon à son presque lié et du presque lié au dragon. D'un autre temps, d'un temps révolu. Que cette pensée lui vrillait le cœur ! Il avait mal. Oui, mal. Ce n'était pas la première fois déjà qu'il avait cette insidieuse et douloureuse impression. Cette impression d'être largué, d'être dépassé, que le temps avait avancé sans lui, le laissant en arrière, que son temps était passé, que son temps était venu... Oui, cela faisait mal. Il en aurait presque pleuré soudain. Seule sa fierté outrancière l'empêcha pourtant de verser de traitresses larmes. Non, il ne pleurerait pas. Pas devant eux.
Etrange d'ailleurs de songer qu'il avait pleuré presque sans aucune honte devant un vampire, ce magnifique millénaire qui répondait au nom d'Achroma, mais qu'il se sentait incapable de pleurer devant eux deux, cette simple idée faisant déferler en lui un dévastateur raz de marée de honte et de remords. Non il ne se sentait pas capable de pleurer devant ce noble écailleux noir et ce digne baptistrel. Pourtant l'un d'eux était de son peuple... Peut-être était-ce cela justement qui le retenait et l'empêchait de déverser tous ses sentiments contradictoires.
Il ne pleura pas donc. Il sentit cependant son cœur saigner au fond de lui, suppurer... Et cette plaie-là, songea-t-il amer, personne ne pourrait la guérir, assurément. Pas même le gardien des baptistrel, pas alors que lui-même venait de l'entrouvrir à nouveau.
« Je dois avouer que je ne m’attendais pas à recevoir de la visite ce soir, je comptais rester un peu avec Shaynar. Qu’est-ce qui requiert autant de précipitation ? »
C'était là les mots de trop. Il se savait malvenu, mais voilà qui était dit ouvertement. Eliowir sentit tout son corps se crisper et son cœur définitivement se serrer dans un étau sans nom, se comprimer sous des chaines de mille et un sentiments contradictoires. Il sentit son souffle se bloquer dans sa gorge, son regard se voiler sous l'aura de rage qui menaçait de le submerger, la honte, le remords, la colère, la tristesse, la nostalgie, la peine, la souffrance enfin, l'étouffant de leurs longs doigts glacés qui menaçaient de définitivement l'étrangler. Il dut faire appel à tout le contrôle qu'on lui avait si soigneusement inculquer dans sa jeunesse, dures leçons que celles-ci pour un elfe emporté et passionné tel que lui, pour parvenir à ne pas rugir.
Au lieu de cela, il inspira fortement, profondément, avant de finalement doucement se lever. Dignement. Il n'en eut pas conscience lui-même, mais en cet instant, dans son maintien, on retrouvait l'ancien conseiller si noblement enveloppé de son manteau. Pas de réelle arrogance toutefois sur ses traits ravagés. pas de mépris orgueilleux ou de fierté mal placé. Juste... Juste une immense nostalgie de son temps d'avant, de son temps d'antan, juste... juste un terrible sentiment de solitude, d'incompréhension, de... petite mort. Juste... Juste...
- Je ne voulais pas vous déranger. J'ai conscience que ma présence vous importune, tous deux, vous et votre presque lié. J'aurais aimé pouvoir vous demander audience avant, mais vos baptistrels ont savamment fait barrage depuis la veille. Mais vous avez raison, nulle précipitation n'était réellement requise, vous avez bien d'autres préoccupations en tête. Je vais donc faire bref. Je souhaitais simplement vous...
Rha, que ce mot lui arrachait la gorge ! A tel point, qu'il dut se la racler pour parvenir à continuer.
- vous remercier. Pour vos soins, pour ma libération et votre accueil. Ces deux derniers points risquant fort, comme vous devez le savoir, de vous attirer quelque ennui. De quelque part que ce soit d'ailleurs.
Nul besoin de préciser. Entre le prince des vampires qui n'avaient dû guère aimer qu'on lui enlève ainsi un de ses prisonniers, et entre les elfes qui devaient se sentir outragés qu'on ait accueilli ainsi un banni...
- Je ne veux nullement vous poser le moindre souci. Et je partirai dès que possible, pour ne pas aggraver la situation. De même... j'ai une dette envers vous, qu'il me faudra vous rembourser de la manière qui vous conviendra. J'attendrai donc votre convocation pour que vous me fassiez part de vos convenances à ce sujet.
Se disant, il se tourna vers le dragon, qui avait hanté ses pensées toute la journée durant.
- Je suis profondément désolé de vous avoir ainsi dérange, premier né. Maintenant que mon message est délivré, je vais vous laisser en paix. J'espère toutefois que vous ne me tiendrez pas rigueur de cette... interruption.
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| | | InvitéMon identité Mes compétences Invité
| Sujet: Re: Quand Merci fait des rimes... [PV Shaynar & Merithyn] Dim 27 Oct 2013 - 19:34 | |
| Il acquiesça mentalement à la remarque de son presque lié, le dragon qu'il était n'avait jamais vraiment compris l'attachement des elfes à leur pompeux code de politesse. Le fait qu'il ai passé les premières années de sa vie parmi les vampires ne devait pas aider non plus, ceux-ci ne s'encombraient en effet pas de ce genre de raffinement et c'était une bonne chose aux yeux de l'écailleux. A quoi pouvait bien servir tout ceci sinon à provoquer des incidents diplomatiques entre les peuples ? Voir même au sein d'un même peuple d'ailleurs... Mais les elfes étaient ainsi, sans doute y avait-il pire comme défaut y compris chez les vampires...
L'amusement de Merithyn pétillait à travers leur lien, adoucissant imperceptiblement le caractère ombrageux du dragon. Il n'avait remarqué que tardivement ce phénomène, c'était si naturellement ancré dans les gènes des dragons liés qu'il avait fallu qu'il redevienne sauvage pour en prendre la mesure. Désormais il ne pouvait nier cette réalité, ses sensations et son caractère avait été comme affiné par le filtre formé par sa liaison avec son dragonnier. En rencontrant Verith le dragon rouge il s'était aperçu que celui-ci ne possédait pas ce filtre. C'était donc ceci qui séparait les dragons liés des dragons sauvages... Cela pouvait-il marcher dans les deux sens ? Si les dragons devenaient plus sensibles et moins terribles les dragonniers de leurs côtés devenaient-ils plus sauvages ? Moins bipèdes quelque part ? Il en était presque persuadé. Oui... C'était parfaitement clair dans son esprit. Instinctivement, il partagea cette découverte avec Merithyn sans se poser une seule seconde la question de savoir si cela pouvait concerner les presques-liés. Cette distinction presque-lié/dragonnier se faisait de plus en plus floue dans son esprit, pour tout dire il ne voulait pas y penser.
Aussi courtois qu'à son habitude, le baptistrel salua "l'intrus", comme le dénommait déjà le dragon. Comment cela il était moins diplomate ? Il n'avait pas à l'être de toutes façons, son chanteur l'était bien pour deux non ? Apparemment pas assez... Une étincelle de curiosité s'alluma dans les prunelles rubis tandis que le dragon penchait la tête en entendant l'elfe se racler la gorge. Les remerciements semblaient avoir du mal à passer ! Voulait-il un traitement pour la toux en plus de s'être déjà fait soigner la jambe ? C'est que Shaynar allait finir par exiger que son chanteur se fasse payer hein ? Peut-être que sa terrible jalousie et lui-même auraient alors le plaisir de l'avoir pour eux tout seuls... Bon d'accord... Il n'allait pas accepter. Faussement contrit, il laissa une onde aussi douce qu'innocente caresser l'esprit du baptistrel et reporta son attention sur l'autre elfe.
Des ennuis ? A Merithyn ? Par sa faute ? Il ne manquerait plus que cela tiens ! Ce n'était pas parce qu'il avait décidé un peu plus tôt dans la journée qu'il l'aimait bien qu'il allait lui permettre de causer des ennuis à son presque-lié hein ! Normalement le dragon ombrageux qu'il était aurait dû gronder un bon coup rien qu'à cette idée mais il était trop concentré sur les signaux étranges que lui offrait involontairement Eliowir pour cela. Quelque peu étonné, il fit remarquer pour Merithyn :
"Je crois... On l'a blessé ?"
Et bien dans le genre fragile... Voilà qui était désagréable, Shaynar connaissait assez son presque lié pour savoir que celui-ci allait s'attrister de la douleur que ressentait son interlocuteur. Et puis, qu'on le croit ou non, cela lui déplaisait que l'autre puisse se sentir mal face à eux. Il avait décidé qu'il l'aimait bien alors il ne pouvait pas accepter une chose pareille ! D'autant plus qu'il comprenait mal cette réaction... Qu'est-ce qui le rendait si triste ? Dans un effort titanesque le dragon tenta de se mettre à la place du bipède, sans réellement y parvenir d'ailleurs, c'était bien trop difficile ! Mais cette petite expérience lui permit tout de même de voir un peu mieux les choses du point de vue d'Eliowir et donc de se voir lui-même en compagnie de Merithyn. Abasourdit, il souffla dans l'esprit de celui-ci :
"C'est notre complicité qui lui a fait mal..."
Etrange conclusion que celle-ci mais il sentait confusément que c'était la bonne explication même si peut-être pas la seule. Une bouffée de bonheur coupable s'empara de la créature devant cette soudaine révélation. Jusque là il avait savouré les instants sans vraiment réfléchir, un peu mal à l'aise à l'idée d'être heureux alors que son dragonnier était mort mais à cet instant précis il lui semblait que l'esprit d'Eliow était encore lui, lui envoyant toute la douce satisfaction que le dragonnier aurait sans doute ressentit à l'idée de savoir son dragon heureux. Et pas uniquement son dragon d'ailleurs... Un ronronnement mental enveloppa l'esprit du baptistrel :
"Je t'aime Merithyn. Je suis désolé que ça puisse le blesser, mais je suis heureux de t'aimer."
A nouveau, leur relation avait prit un virage. De plus en plus il la voyait évoluer et grandir, alors qu'il avait cru qu'elle ne serait jamais qu'un amer ersatz à l'absence de son dragonnier il découvrait peu à peu qu'elle ne pouvait s'y comparer. Elle était différente, simplement différente. Eliow serait son dragonnier et lui manquerait à tout jamais, mais cela ne voulait pas dire qu'il serait un obstacle au lien qui se forgeait entre Shaynar et Merithyn. Il ne l'aurait d'ailleurs pas voulu... Lui aussi il l'aimait. Plus que deux liens avec deux êtres différents Shaynar partageait en réalité un seul et unique lien avec deux êtres exceptionnels à ses yeux. A eux trois, ils ne formaient qu'un. A jamais. Ce qui ne devait pas être une excuse pour faire souffrir ceux qui n'avaient pas la chance de partager ce genre de choses d'ailleurs... Se sentant encore coupable de ce bonheur égoiste, il intervint :
"Tu es là maintenant, ne pars pas comme cela. Ta présence me sied."
Et ce n'était pas totalement faux. Il était plutôt curieux de voir comment lui et Merithyn allaient s'entendre. Il serait toujours temps de voler un peu plus tard, ou demain. Quand à la berceuse elle ne serait que plus douce lorsqu'il serait véritablement fatigué. En attendant il darda un regard attentif vers les deux bipèdes, pressentant que le côté sensible de Merithyn ne tolérerait de toutes façons pas qu'on blesse plus encore leur étrange invité.
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| Sujet: Re: Quand Merci fait des rimes... [PV Shaynar & Merithyn] Ven 1 Nov 2013 - 20:54 | |
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A l’instant où il ressentit le raz de marée interne de l’elfe face à lui, il sut qu’il s’était montré un peu trop franc, un peu trop ouvert. Lui pourtant diplomate et délicat à son habitude venait de commettre un impair majeur qui aurait sans doute était plus seyant venant de Shaynar. Le mal était fait hélas, et il ne pouvait guère reprendre ses paroles sans risques d’y laisser ses pouvoirs au passage puisqu’il n’avait dit que la stricte vérité… Et pourtant, il le regrettait profondément en cet instant, souffrant de plein fouet des émotions de son vis-à-vis, comme si elles étaient les siennes propres. Se tendant sensiblement, son regard se para d’un voile terne un bref instant alors qu’il se faisait violence pour ne pas lui sauter dessus pour tenter de le soulager de ses maux. C’était plus fort que lui, dès qu’un être souffrait près de lui il devait absolument tout tenter pour lui permettre de retrouver son harmonie interne, quitte à en souffrir lui-même parfois. Cette pulsion était sans doute discutable aux yeux de ses propres non Baptistrels, mais il n’y pouvait rien même si il parvenait de mieux en mieux à se juguler et à ne pas en faire trop. Il aurait alors voulut lui permettre de pleurer, ou au moins épancher la douleur, la prendre sur lui si il le fallait, que l’elfe puisse respirer paisiblement et jouir de sa vie sans ce nuage sombre qui le liait et l’enserrait. Il aurait voulu pouvoir oui mais étrangement, un instinct peut-être mal guidé lui faisait dire que le geste ne serait peut-être pas bien prit, voir aggraverait encore la situation. Aussi bénissait-il la maîtrise qu’il avait pu acquérir de ses pulsions, l’observant pourtant avec une certaine tristesse.
*Oui on l’a blessé *
Il s’en voulait atrocement, mais se sentait totalement muet sur l’instant, alors que l’autre se relevait. D’autant plus d’ailleurs qu’il était fautif, Eliowir était fragile mentalement, après les épreuves qu’il avait traversé, et voilà que lui, censé être à l’écoute, mettait les deux pieds dans le plat, avec de l’élan et un salto arrière en prime. Il voulait le remercier ? Un bref instant, il caressa l’idée de balayer cette volonté, ne trouvant aucunement que ses actes méritent un remerciement… mais sa précédente bourde le tint coi, tout comme, soudain, l’intervention de Shaynar dans son esprit, attirant son regard vers la masse d’écailles noires. Il en fut stupéfait, réellement surpris de la conclusion qu’apportait le dragon à ses questions. Leur complicité ? Mais pourquoi ? Sur le coup, il s’imagina la jalousie, naturellement. Peu de personnes, non dragonniers, pouvaient se targuer d’une relation comme celle qu’il entretenait avec le noir. Beaucoup jalousaient effectivement les dragonniers. Il balaya l’hypothèse immédiatement pourtant, l’elfe ne suintait nullement de jalousie, qu’il aurait sentie comme un goût acide sur la langue… Alors pourquoi ? Il était perdu face à une considération qu’il n’avait même jamais eu. Il n’avait jamais réfléchit à ce que cela pouvait signifier pour les autres, qu’il soit lié à Shaynar ainsi, il n’en avait jamais en vérité ressentit le besoin… c’était venu naturellement, peut-être trop naturellement, mais de façon confortable. La présence de son compagnon à écailles… son… oui son lié, lui était un bonheur qui éclipsait le reste. Et pourtant, il se sentait vaguement coupable de son étourderie, comme un jeune elfe prit sur le fait d’une bêtise par ses parents.
Et cependant, au même instant, son trouble fut balayé par la vague de joie de son compagnon de pensées, qui l’apaisa efficacement, manquant même lui tirer un sourire, et faisant vibrer en lui, avec délicatesse, quelque chose de semblable, qui palpita pourtant bien davantage à ses mots. Des mots qui lui gonflait le cœur de tendresse et d’affection. Il n’avait pas de mot pour qualifier ce qu’il ressentait, mais ce dont il était certain, c’était que, jour après jour, le lien qui les unissait se renforçait et se singularisait, prenant une existence propre et surtout une existence qui n’était nullement contestée. Rasséné, quoi que toujours coupable, il lui dédia une pensée pleine de chaleur.
*Et moi donc Shay’… et moi donc. Plus que tout*
Et pour lui ces mots avaient une saveur particulière. Ils partageaient beaucoup de chose, dont leur affection, pourtant elle n’avait jamais semblée aussi explicite qu’en cet instant. Non seulement par les mots, mais par tout ce qu’ils véhiculaient, et qui, bien que légèrement coupable du fait de la situation, lui donnèrent assez de courage pour ouvrir la bouche sans craindre un nouvel impair. « Shaynar a raison » Il se releva et s’avança pour se tenir près du vieil elfe « J’ai manqué de délicatesse à votre égard, j’espère que vous me le pardonnerez. Il n’était certes pas prévu que vous soyez présent, mais cela ne veut nullement dire que vous êtes malvenu pour autant. Nous serions ravis de passer un moment en votre compagnie si vous voulez bien nous en faire l’honneur » Etrangement, il avait du mal à affirmer une façon d’être, désirant plus que tout éviter de blesser l’elfe. Avec un sourire plus timide, il tenta de capter son regard. « Je…. Vous avez dit vouloir rembourser votre dette n’est-ce pas ? Vous savez, vous ne me devez rien. Et je doute que quiconque essaye de me reprocher de vous avoir accueilli. Nos terres nos lois. Mais hm… si vous le désirez vraiment…. Peut-être accepteriez-vous de m’aider à m’occuper de nos bibliothèques ? Je crois savoir que vous appréciez la connaissance. Cela pourrait être une occasion à saisir non ? »
Dracos, il fallait espérer que ce soit une accroche qui convienne. * Impressionnant, j’ai l’impression de ne plus avoir de mots en pareille situation…. *
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| Sujet: Re: Quand Merci fait des rimes... [PV Shaynar & Merithyn] Sam 2 Nov 2013 - 0:20 | |
| Il était à deux doigts de partir, sentant réellement en cet instant sur ses épaules voussées le poids des sept cent quatre-vingts années et des poussières qu'il avait vécues, survécues plutôt même cette dernière décennie. Sept cent quatre-vingts années de solitude, plus que prononcée dernièrement. Sept cent quatre-vingt année d'erreurs, de fourvoiements, d'œillères qu'il sentait tomber, de façon bien amère, au fil de ces dernières rencontres. Sept cent quatre-vingts années de convictions vaines et futiles, de convictions basées sur de vieux mythes tronqués, mensongers, sur de vieilles haines qui ne lui appartenaient pas, pas vraiment, vieilles haines ancestrales issues de son si vieil et si précieux héritage... Sept cents quatre-vintgs années soudain remises en question, en balance, toute son arrogance se révulsant de ses doutes abruptes et malvenus. Sept cent quatre-vingts années qui lui laissaient soudain une lassitude sans nom et un ressentiment profond. Une peine, une souffrance, étrangement ravivée par la présence de ce si beau, si magnifique duo, que formaient l'elfe chanteur et son dragon. Un mélodieux opéra au riche lyrisme se jouait entre eux, une symphonie qu'il avait l'impression de soudain briser, en apportant avec lui toutes ses désharmonies, ses cacophonies et discordances aux notes endiablées qui devaient suinter leurs mélopées amères.
Oui il en était troublé, gêné. Et plus même souffrait de ce lien qui les unissait, souffrait de cet amour qui les liait, et que jamais, lui, ne pourrait connaître. Il en souffrait, et, égoïste qu'il était, ne parvenait pas même à cacher sa peine et sa douleur. Elle suintait de lui par tous les pores de sa peau, et il s'en voulait d'être si ouvert, si expansif, soudain, envers ces deux presque étrangers. Il avait alors l'impression de gâcher leur bonheur. Mais il avait beau se morigéner de se morfondre ainsi sur lui-même, de façon aussi soudaine qu'intense, tandis qu'une petite voix lui soufflait qu'il n'en avait d'ailleurs aucun droit, que solitude n'était que son lot, un lot bien doux en outre pour l'horreur honnie qu'il était, il ne parvenait pas à s'en empêcher. Oui, mieux valait partir, les laisser, et emporter sa peine avec lui, éloigner ses effluves assurément aigres et âpres pour ne pas contaminer celles si suaves et si douces qui émanaient du duo.
Mais, alors qu'il avait déjà fait un pas, juste un seul, une voix l'arrêta. Une voix puissante, qui le fit frissonner quand elle résonna en lui, à défaut de résonner dans l'air.
"Tu es là maintenant, ne pars pas comme cela. Ta présence me sied."
Ces mots... si simples mais si intenses. Ces mots le clouèrent sur place. Le tétanisèrent même. Ta présence me sied. Quel hommage... Quel honneur même ! Eliowir se sentait soudain honteux de l'élan de puérile peine qu'il avait pu ressentir précédemment. Oui, puérile. Il y avait tant de choses de bien plus grande importance en ce monde que la solitude d'un vieil elfe. Ce dragon, cette créature ancestrale, par exemple, était mille fois plus importante que lui. Oui, bien plus. Et si le lien qui l'unissait avec l'elfe chanteur maintenait ce dragon ici présent, le liait à leur monde, alors... Alors oui, tout cela, ce dragon, ce lien, et même l'elfe chanteur lui-même, était bien plus important que tout ce qu'il pourrait être ou ressentir.
Lui, n'était rien. Ce qu'il pouvait éprouver n'était rien, se convainquit-il intérieurement, tout en se retournant vers le dragon, une lueur de profonde admiration teintée d'un respect sans fin et d'une reconnaissance sans nom brillant dans ses prunelles nuit. Ce dragon était tout. Ce dragon était magie. Ce dragon était Armanda. Et ce dragon, ce tout, demandait à lui, vieil elfe, à lui, rien, de rester. Eliowir s'en sentit gêné. Mais ému. Et ne put refuser. Les mots lui manquèrent toutefois, et il ne put qu'offrir une légère révérence au dragon en guise d'acquiescement.
« Shaynar a raison »
La voix de l'elfe à ses côtés le tira quelque peu de sa torpeur. Oui, le dragon avait toujours raison. Même si leur raison dépassait de loin celle des pauvres êtres qu'il pouvait être, eux, elfes, humains ou même vampires.
- Comme il vous plaira, ne put-il que répondre, en baissant la tête.
Toute arrogance envolée. Toute fierté balayée, comme si elle avait fui sous le coup du destin, en même temps que les lames avaient faire fuir sa faible beauté sous les balafres.
- Je n'ai rien à vous pardonner. Je sus certainement trop... susceptible.
Lourde concession que celle-ci pour le lion qu'il était.
- C'est vous qui me faites honneur en cet instant, Sires.
Son regard sombre, où nulles étoiles, nulle lune, ne semblaient plus pouvoir y briller, alla du dragon à l'elfe et de l'elfe au dragon, comme cherchant à déterminer si pitié guidait leurs paroles ou si réellement ils lui offraient cet instant par volonté et plaisir. Mais non... Un dragon ne pouvait avoir de pitié, n'est-ce pas ? Ces créatures majestueuses étaient réputées pour en être dépourvues. Si le dragon l'invitait à rester, ce n'était que par pure envie... ou se trompait-il encore ? Ou n'était-ce encore que vile croyance dépassée ?
Las. Qu'il se sentait las de tout cela.
Si las, qu'il ne chercha pas à batailler outre mesure avec ces questions ni avec les deux êtres. Un lourd soupire lui échappa, ses épaules s'affaissant encore un peu. En cet instant, il avait l'impression de faire tout son âge.
Heureusement l'elfe chanteur ne les laissa pas s'enliser dans un silence gênant.
« Je…. Vous avez dit vouloir rembourser votre dette n’est-ce pas ? Vous savez, vous ne me devez rien. Et je doute que quiconque essaye de me reprocher de vous avoir accueilli. Nos terres nos lois. Mais hm… si vous le désirez vraiment…. Peut-être accepteriez-vous de m’aider à m’occuper de nos bibliothèques ? Je crois savoir que vous appréciez la connaissance. Cela pourrait être une occasion à saisir non ? »
Il inclina légèrement la tête vers le petit baptistrel, le sondant un instant sans réellement le voir, essayant de faire prendre sens aux mots qu'il venait d'entendre. Était-ce bien ce qu'il avait compris ? On lui demandait, en guise de paiement, de s'amuser avec des livres ? Les baptistrels savaient-ils seulement ce que signifiait le mot payer une dette ? Visiblement non... et il fut bien tenté l'espace d'un instant de le faire comprendre au jeune elfe. Mais...
Mais son côté curieux le fit rapidement se raviser. Et vivement acquiescer. L'idée lui plaisait. Plus même. Et son regard se raviva un peu. Curiosité et connaissance, voilà bien le feu sacré qui l'avait si souvent ranimé...
- J'accepterai de vous aider de quelque façon que ce soit. Vous aider en m'occupant des bibliothèques serait effectivement un honneur que je ne peux refuser et qui me ferait grand plaisir. Si mon savoir et ma puissance peuvent ainsi vous servir.
Bon, apparemment, Dame arrogance ne pouvait s'empêcher de pointer de nouveau le bout de son nez. Mais il ne connaissait pas la fausse modestie, ce n'était pas son lot. Il était puissant oui, il n'allait pas le nier, et personne ne s'y oserait vraiment. Il avait du savoir et des connaissances aussi, sa famille et lui-même étaient réputés pour cela. Et en tant d'années, encore heureux... Peut-être n'avait-il pas besoin d'étaler tout cela de façon si fière, presque se pavanant, mais il était fait ainsi.
- Mais je doute toutefois que cela suffise à payer une si grande dette. Je pourrais... Je pourrais... vous être utile pour bien d'autres choses aussi, je suppose. En plus des bibliothèques.
Et soudain un fin sourire illumina quelque peu son visage fatigué, tandis qu'une idée lui titillait soudain l'esprit.
- Je pourrais... vous donner des leçons de diplomatie.
Certes, la taquinerie était osée. Mais... Cela avait été aussi plus fort que lui. Pour tout dire, il avait quelque peu vu, entraperçu, l'elfe chanteur à l'œuvre en politique, lors de son arrivée notamment... et il ne pouvait que déplorer son manque de sens diplomatique dans cet art difficile et délicat. Certes, lui aussi en était parfois dépourvu, mais lui avait reçu il fut un temps un dur enseignement, qui avait été plus que âpre pour mâter son caractère entier et franc, bien trop passionné pour ce genre d'art.
- Je pourrais... partager avec vous l'enseignement qui a été le mien antan. L'enseignement de la politique, de la diplomatie, des tenants et aboutissants de cet art. Partager aussi avec vous mes connaissances sur certaines personnalités majeures du monde, elfiques notamment. Du Conseil par exemple. Mes connaissances ne s'arrêtent pas qu'à l'art des livres, Sire, ajouta-t-il avec l'ombre d'un sourire.
Un sourire qui effectivement ne devint plus qu'ombre, tandis qu'il songeait à toutes les autres connaissances qu'il avait pu engranger. Connaissances du monde, des Hommes, connaissances d'Armanda, de la magie... Mais aussi connaissances de la mesquinerie, de la cupidité, de l'égoïsme profond de certains petits d'hommes, de la guerre, de l'horreur... de la destruction... de la folie... Oui, tout cela aussi faisait partie de ses connaissances. Il doutât toutefois que le baptistrel veuille le voir les partager avec lui. Lui-même ne savait pas vraiment si ses connaissances valaient la peine d'être partagées. Qu'il aurait, pour certaines d'entre elles, aimé ne jamais les avoir possédées !
Non l'heure n'était pas à se morfondre de nouveau, se fustigea-t-il mentalement, se forçant à la bonne humeur, sentant toutefois une discordance se jouer encore en lui.
Il se tourna alors vers le dragon, une moue mutine parvenant à se dessiner sur ses traits balafrés, tandis qu'il ajoutait, la voix grave teintée d'une petite note moqueuse :
- Et je pense pouvoir aussi vous apprendre toutes mes connaissances en apiculture. Mes connaissances en terme de miel, d'abeilles, et de ruches... et les enseigner à vos petits baptistrels, pour permettre à votre... dragon... à Shaynar, noble premier né, de pouvoir goûter aux ruches entières et au miel y suintant, sans détruire les abeilles elles-mêmes.
Car oui, après sa petite rencontre plus tôt dans la journée avec le dragon, il avait longuement pensé à ce goût étrange chez une telle créature... et avait alors imaginé un subterfuge possible pour que tous soient contents, abeilles, baptistrels et dragon noir. Construire des ruches à part, dans lesquelles transvaser les abeilles ensuite l'été venu, pour leur permettre de reconstruire leur miel et réserve pour l'hiver... tout en permettant au dragon d'engloutir, vorace qu'il était, les ruches précédentes. Et ce sans menacer les insectes au si bon nectar...
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| Sujet: Re: Quand Merci fait des rimes... [PV Shaynar & Merithyn] Dim 3 Nov 2013 - 12:33 | |
| La confirmation de son lié l'appuya encore dans sa pensée, il n'avait pas envie de faire souffrir cet elfe là. De bipède insignifiant il était passé au stade de créature curieuse au moment où il était venu vers lui et plus encore lorsqu'il lui avait offert sa nourriture. Puis leur conversation en avait fait un être digne d'intérêt, pour ne pas dire intéressant. Et enfin au moment de s'envoler Shaynar avait conclut avec son caractère instinctif habituel que cet Eliowir pouvait éventuellement lui être sympathique. Une évolution absolument extraordinaire comparée au temps qu'il fallait habituellement pour seulement attirer l'attention du noir, pour la plupart des bipèdes cela n'arrivait même jamais. Il était tourné tout entier vers lui-même, vers les autres dragons, et vers Merithyn. Bien rares étaient les instants où il partageait son attention vers d'autres êtres... Eliowir avait réussi au moins ce coup de force, même si il avait bien faillit y perdre quelques kilos de chair...
"Bien sur que j'ai raison... "
Sa bougonnerie n'avait été dirigée que vers le baptistrel qui en sourirait sans doute, habitué à l'humilité toute particulière de Shaynar. Le résultat était là toutefois, Eliowir s'était immobilisé à leur demande et semblait prêt à rester même si il fixait à présent ses chaussures avec beaucoup d'intérêt. Le dragon réprima son envie de lui demander de la relever, il aimait voir les yeux de son interlocuteur mais la gêne que celui-ci semblait ressentir l'en empêcha. Shaynar ressentait intensément l'effort gigantesque que le petit être devait déployer pour ravaler sa fierté. Une sensation plutôt connue, même si il n'avait pas l'habitude de comparer la sienne à celle des bipèdes. Décidément cet Eliowir était plutôt amusant, fascinant même !
La suite du discours de son presque lié exacerba encore son air suffisant. Il doutait lui aussi sérieusement que quiconque puisse oser s'opposer aux décisions du gardien, et pas uniquement à cause de sa position chez les Baptistrels... Présent ou pas à côté de Merithyn, l'ombre du Premier-Né flottait toujours plus ou moins à ses côtés et affermissait encore sa position. Que celui-ci en joue ou pas il était difficile à ses interlocuteurs d'oublier une seule seconde qu'une gigantesque masse pleine d'écailles, de griffes et de dents pouvait débarquer à tout moment en emmenant son caractère ombrageux. Et justement lorsqu'on parlait du loup...La proposition de Merithyn le tira de ses pensées et lui fit redresser la tête, et les écailles, sur un grondement capricieux :
"Quoi... Des livres ? Encore ?"
Une motte de terre vola tandis qu'il frappait le sol de sa queue en dardant un regard flamboyant sur Merithyn. De l'extérieur la scène pouvait s'avérer terrifiante mais le presque-lié était confronté depuis plusieurs années aux humeurs changeantes du dragon noir et avait goûté une fois à ce que je pouvais être sa véritable colère. Il n'ignorerait sans doute pas le fait que celle-ci était minuscule, même si terrible aux yeux de ceux qui ne le connaissaient pas. Un nuage de fumée noire s'échappa de ses naseaux tandis qu'il commentait avec mauvaise humeur :
"Ce sont tes pages un jour, qui te dévoreront, plutôt que le contraire. Et je serai obligé de détruire pierre par pierre ta sacro-sainte bibliothèque et tous les petits chanteurs qui oseront essayer de m'en empêcher..."
Conscient d'avoir laissé de côté le second elfe pendant ce petit mouvement d'humeur, il tourna la tête vers lui en l'entendant accepter le marché et la pencha tandis que ses pupilles s'étrécissaient jusqu'à ne plus former que deux fentes rouge sang :
"Savoir et puissance sont toujours utiles, encore faut-il avoir la sagesse de les voir ailleurs qu'en soit..."
Une flamme ardente brillait dans les rubis de ses yeux tandis qu'il posait le regard sur Merithyn, parfaitement clair dans ses pensées. Le vieil Elfe venait-il vraiment de vanter son savoir et sa force magique devant le gardien des Baptistrel ? Devant le presque lié du Premier Né ? Amusant... Il reporta à nouveau toute la force de son regard vers Eliowir, l'écrasant sous le poids de sa mémoire ancestrale sans vraiment chercher à le mettre mal à l'aise ou à l'humilier. Il ne faisait que mettre le bipède devant la réalité de sa propre erreur, l'arrogance n'était pas forcément un défaut à ses yeux mais elle devait s'appuyer sur des réalités tangibles. Quelque soit la différence d'âge qui pouvait les séparer, des deux Elfes, Merithyn était celui qui avait le droit de faire preuve de fierté. Il n'en ferait rien bien entendu... Mais son chanteur avait toujours été un être complexe.
La suite alluma une lueur interrogatrice dans le regard du dragon. Des leçons de diplomatie ? Pour Merithyn ? En avait-il vraiment besoin ? Avant cette rencontre le noir aurait sans doute répondu que non, et dévoré l'insolent en passant. Mais il était vrai qu'il avait commit une erreur lors de cette rencontre... Alors ? Après réflexion, le dragon poussa le baptistrel d'une pensée :
"Ce serait peut-être intéressant... C'est toujours une bonne chose d'apprendre, non ?"
Cette leçon là il l'avait apprise de Merithyn justement, et peut-être un peu d'Eliow qui aussi fier qu'il ai été ne refusait jamais l'opportunité d'étancher un peu sa soif insatiable de connaissances en tout genre. Toutefois un doute gigantesque, terrible, intolérable, s'empara presque au même instant de lui et la lueur intéressée se mua instantanément en fureur rien qu'à cette idée :
"Attendez... Cette leçon s'appliquerai aussi... Tu... Oserai prétendre m'enseigner la diplomatie ??"
La terre trembla sous le coup de patte ravageur qui manqua envoyer les deux bipèdes au sol et il étira son cou jusqu'à plonger ses prunelles brûlante dans celle du pauvre elfe qui n'allait sans doute plus supporter très longtemps sans dommages ses sautes d'humeur. Qu'on apprenne la diplomatie à Merithyn soit, mais à lui ? Comme si il en avait besoin ! Des tonnes entières de mauvaise foi flambaient dans ses prunelles et il semblait tout à coup mourir d'envie de terminer cette conversation là, sur un coup de crocs ravageur et assez rapide pour ne pas laisser le temps à son presque-lié d'intervenir. Néanmoins les dernières paroles d'Eliowir avaientt réussi à arriver jusqu'à lui avant qu'il ne repasse en mode furieux et il s'immobilisa, clignant des yeux avec hésitation. Miel ? Encore ? Des connaissances dans ce domaine ?
Un grognement interminable s'échappa de son poitrail tandis qu'il réfléchissait, cherchant à savoir si l'idée de dévorer l'elfe était plus intéressante que celle de l'écouter le conseiller sur son péché mignon. La conclusion de ces réflexions dû aller en faveur de cette seconde possibilité puisqu'il écarta enfin sa tête et donc ses crocs du visage de celui-ci, reculant pour mieux s'accroupir à leur hauteur en une posture attentive. Une seule pensée heurta l'esprit des deux bipèdes tandis que le calme revenait :
"Cela m'intéresse."
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| Sujet: Re: Quand Merci fait des rimes... [PV Shaynar & Merithyn] Mar 5 Nov 2013 - 13:30 | |
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Il n’y pouvait rien si il aimait les livres ! Ça avait toujours été l’une de ses plus grandes passions que de pouvoir s’enfermer quelque part pour y dévorer absolument tout les ouvrages ayant le malheur de tomber entre ses mains avides. Depuis le temps, il ne s’était pas du tout amélioré, c’était même tout le contraire. Bon certes il n’essayait pas vraiment de s’améliorer non plus. Alors dès qu’il avait l’occasion de pouvoir finir ensevelit sous les ouvrages, il la saisissait et ce avec enthousiasme. Aussi ne put-il que sourire devant le mécontentement de sa seconde passion, à savoir son presque-lié, Shaynar Il n’imaginait pas un seul instant la scène de l’extérieur, lui souriant et amusé face à l’énorme dragon noir apparemment de mauvais poils. Mais il n’avait absolument pas peur de son compagnon cracheur de feu, qu’il savait simplement agacé de le faire une fois de plus céder à la tentation de la lecture et ce encouragé et accompagné par leurs invité impromptu qui ne semblait pas mieux disposé. Il pouffa légèrement. *Mon sauveur !* La blague était pleine d’affection, car il trouvait tout de même adorable la façon qu’il avait de signifier qu’il lisait beaucoup trop. Mais il se sous estimait. Rester en compagnie de son lié était tout de même bien autre chose que le plus passionnant des livres. On ne voulait pas sur la couverture d’un ouvrage. Il pouvait vous parler oui… mais le débat était quelque peu unilatéral. Et puis Shaynar était Shaynar et l’explication se suffisait à elle-même.
Et cependant qu’il était ainsi prit à partit, il suivait tout de même la conversation que lui offrait l’elfe et qui le faisait autant sourire, pour diverses raisons. Il le trouvait mignon, et s’en voulait un peu de penser cela d’une telle façon de réagir, se flagellant en pensant qu’il devenait, d’une certaine façon, aussi méprisant que certaines personnes de sa connaissance. Mais non ce n’était pas cela. Pas vraiment. Il ne méprisait nullement Eliowir. C’était simplement… oui bon mignon n’était pas le terme approprié. Mais amusant certainement bien qu’incomplet. Chez quelqu’un d’autre, sans doute aurait-il levé les yeux au ciel d’une telle arrogance, mais de l’avoir vu si mal en point quelques instants plus tôt avait complètement changé la donne. Il n’avait cependant pas l’intention d’entrer dans ce débat. Shaynar s’ne chargeait fort bien et avait bien davantage que lui le poids et le droit de le faire. Silencieux, les paroles du géant sombre résonnant également dans son esprit, il les regarda tour à tour alors que son compagnon observait leur vis-à-vis… et Eliowir poursuivit, changeant de sujet, et abordant une proposition qui le fit dresser l’oreille, attentif et intéressé. Souriant, il acquiesça mentalement pour son lié. Effectivement cela pourrait lui être extrêmement intéressant d’autant que diplomatie rimait surtout avec politique… Hors politique était justement un domaine qu’il ne maîtrisait pas vraiment. Voir pas du tout si on repensait à la façon dont il avait failli flamber Eliwyr deux ans plus tôt.
Et cependant, le fait qu’Eliowir puisse penser que s’occuper des bibliothèques n’était pas suffisant le faisait se tordre de rire. Il y avait une centaine de bibliothèques, des milliers d’ouvrages et évidement… le second étage. Hors y mettre les pieds pourrait sans doute payer toutes les dettes du monde. De son point de vue tout du moins. Mais enfin il ne comptait pas détromper l’elfe alors qu’il proposait un échange aussi fructueux. Qu’un courageux individu lui propose des leçons de diplomatie… il n’allait pas dire non. Enfin, sauf si Shaynar décidait de le croquer avant. Allons donc ? La terre tremblait et il faillit se retrouver affalé par terre alors que le dragon noir faisait une fois de plus preuve de mauvaise humeur. Figé sur place, surpris mais mas encore inquiet, il regarda le lent chemin de pensées de son lié se former jusqu’à la conclusion finale et la levée de la menace. Pouffant de rire, il eut bien du mal à se contenir, tentant de se mordre la lèvre pour éviter de craquer… « Pff… pfffff…. » Peine perdue, il explosa d’un seul coup, subitement, comme un feu sauvage, les flammes de ses cheveux montant, hautes et claires, dansant follement alors qu’il se mettait à dégager une lueur et une chaleur allant de pair avec son état d’esprit.
Mort de rire le Gardien des Préceptes. Shaynar allait se vexer de le voir rire de son comportement, mais il n’y pouvait rien c’était juste drôle, beaucoup trop drôle. Il se plia littéralement en deux et manqua de finir à genoux par terre, hilare. Ça faisait un bien fou de rire un peu, avec tous les soucis qu’il avait sur le dos, il ne trouvait plus d’amusement à rien en général. Aussi il savourait sa crise de rire à fond, noyant le dragon noir sous des tonnes d’affections autant que de joie. Se mordant les lèvres et inspirant profondément, il tenta de contrôler les flammes virevoltantes autour de lui et finit par tenir le bon bout, se calmant doucement jusqu’à pouffer un peu, puis, avec un sérieux vacillant, menaçant de replonger dans son fou rire, il finit par répondre à Eliowir. «Je…. Je serais ravis de pouvoir bénéficier d’un tel enseignement » Il rayonnait toujours et lui décocha un sourire sincère « Je suis un danger publique en politique. Je crains toujours de manquer incinérer quelqu’un quand je dois avoir affaire au conseil » Il retint un éclat de rire « Et puis il est toujours bon de se cultiver après tout ! Mais bien sûr… cela doit rester dans les limites de mes capacités, vous savez parfaitement que je ne peux souiller les mots que j’utilise. Quand aux abeilles j’ai cru comprendre… » Il tenta à nouveau de ne pas trop rire « Que Shaynar apprécierait » il roucoulait presque de joie, tout content et l’esprit léger, produisant un son mélodieux qui ressemblait tour à tour à celui d’un oiseau de paradis ou à la profonde mélodie d’un feu dans l’âtre.
Se détournant légèrement, il tenta de se reprendre « Désolé… je ne contrôle pas particulièrement cet aspect de mes dons. Hm… J’espère ne pas vous avoir effrayé… »
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| Sujet: Re: Quand Merci fait des rimes... [PV Shaynar & Merithyn] Dim 10 Nov 2013 - 18:35 | |
| Eliowir devait avouer ne pas savoir sur quel pied danser face à ce duo. La proposition du baptistrel semblait avoir mis de mauvaise humeur le dragon noir, en témoignaient la queue battant le sol et le regard flamboyant qui semblait vouloir incendier l'elfe chanteur sur place. Toutefois ce dernier semblait n'en avoir pas peur, aucunement même. L'elfe souriait. L'elfe souriait ! Ou il était fou... ou le dragon n'était en fait pas vraiment en colère et l'elfe le savait à travers leur lien. Oui... ce devait être cela. On pouvait peut-être reprocher beaucoup de choses à Merithyn Shadowsong, mais pas celle d'être atteint de folie. Pas de réelle colère donc, tenta de se rassurer le vieil elfe, quelque peu décontenancé.
Tentative ratée, dut-il avouer, quand le regard rubis retourna son attention vers lui. Peut-être y'avait-il réelle colère et lui était-elle en fait destinée ?
"Savoir et puissance sont toujours utiles, encore faut-il avoir la sagesse de les voir ailleurs qu'en soit..."
Hum. Oui, peut-être bien en colère contre lui. Comment était-il censé prendre cela ? Les voir ailleurs qu'en soi... Bien sûr qu'il les voyait ailleurs qu'en lui ! Le dragon était-il en train de le traiter d'aveugle ? Il avait un dragon devant lui, un premier né, un des plus puissants êtres de leur monde, bien sûr qu'il voyait puissance et savoir dans cette créature majestueuse ! Avait-il vexé le dragon ? Avait-il... Mais il n'eut guère le temps de se poser plus de questions, qu'il sentit un poids incommensurable l'enserrer dans son étau étouffant. Puissance et savoir étaient soudain à l'œuvre, de cette puissance et de ce savoir ancestraux, qui jamais ne seraient sien, il le savait, et avec lesquelles pourtant on l'écrasait sans une once de remord, lui misérable petit vermisseau qui avait eu l'audace de se targuer de puissance et de savoir devant la magnificence d'un dragon... Oui, misérable vermisseau. Voilà tout le message qu'il reçut en cet instant. Tais toi, et plie toi, misérable être. Sa fierté s'effrita, son arrogance hurla, douleur fut sienne, et déchirement l'envahit, mais il ne lutta nullement et attendit, misérablement, que l'orage se passe. Menaçant toutefois de succomber sous cet assaut, qui n'était peut-être pas voulu comme dévastateur en temps normal, mais qui manqua de peu de faire chavirer la fragile barque de son esprit.
Cela ne dura guère pour tout dire, mais il eut l'impression qu'une éternité s'était écoulée, traitre sablier du temps qui semblait s'être brisé sous cette force incommensurable. Il aurait voulu hurler de souffrance et de colère. Il sentait sourde en lui une lente agonie qui promettait de définitivement l'empoisonner et qui ne semblait avoir comme seul échappatoire que rage et fureur. Mais... Mais il n'en fit rien. Il ne laissa pas suinter sa rage et sa fureur, la ravalant, sa fierté avec, malgré le goût aigre et amer que le mélange eut alors. Il se tut, encaissa le reproche, aussi dignement qu'il le put, une lueur profondément blessée dans la nuit de ses yeux, nuit de son esprit, lui qu'on venait, encore, de refouler, de rejeter, tel un être pitoyable, indigent, abjecte et indigne, lui qu'on venait, encore, de mettre au ban. Oui, voilà ce qu'en cet instant, il ressentait. Tels les échos de son bannissement, lui être devenu honni, aussi bien pour ses paires que pour tout autre être....
Tout autre être... sauf un. Un seul. Achroma. Le seul, oui le seul, qui n'avait eu aucun geste de tel rejet, de tel reproche. Le seul qui l'ait pris tel qu'il était, tel qu'il se prétendait, tel qu'il se parait. Avec ses forces et ses faiblesses, avec sa puissance... et son arrogance outrancière. Avec ses plus viles défauts, son passé, ses expériences et le savoir accumulé, ses abominations, ses cauchemars, ses remords, ses erreurs... et ses actions de grâce pour le peu qu'il ait pu avoir. Oui, certes, énoncer à haute voix sa puissance et l'importance de son savoir était sans doute un fort manque de modestie. Mais modestie n'était pas de mise pour lui, un Serillëiel. Il n'avait jamais su être modeste. Il ne se targuait pas non plus, par ailleurs, de faits, d'honneurs ou de compétences qui n'étaient pas siens. Il ne faisait qu'énoncer une certaine vérité. Sa fierté d'être puissant et de posséder nombre de connaissances. Oui, arrogant il était. Oui, fier il l'était. Parfois peut-être à tord. Peut-être aussi était-ce déplacé d'en faire ainsi étalage devant le gardien des baptistrels et devant la créature ancestrale, sans doute même au vu de la réaction du dragon, mais il était ainsi fait. On l'acceptait ou pas. Mais il ne changerait pas.
Ou peu. Difficilement du moins.
Visiblement ici présent, on ne l'acceptait pas, nota-t-il, douloureusement. Son arrogance ne semblait nullement tolérée ici bas. Soit. S'il le ressentait comme un vif rejet, il parvint à se montrer suffisamment maitre de lui pour se taire. Garder sa rancœur. Etouffer sa peine. Et se montrer aussi humble qu'il était possible pour lui. Ultime effort alors, surtout que cela lui demandait aussi de sévèrement museler son lion, ce qu'il peinait à faire. Il avait toujours eu tendance à se laisser ronger par la magie, à se laisser complètement absorber par elle, la magie elfique, puis la magie de son totem... Il n'avait jamais su imposer de limite à sa magie. Sans doute était-ce cela la cause de tous ses maux, si on y réfléchissait bien, la cause de son abomination, de son infanticide... Non, ne pas penser à cela. Ne pas penser...
Ultime effort donc, qu'il ne concéda que parce qu'il était en présence du dragon. Seul être selon lui duquel il pourrait tolérer pareille remontrance. Lui, en avait le droit, en quelque sorte. Sa puissance, son savoir, dépassaient toute imagination, tout entendement. Oui, le dragon pouvait se permettre cela. Quand bien même le vieil elfe en saignait en son cœur alors. Si cela était venu du baptistrel lui-même par contre... il n'était pas bien sûr qu'il l'aurait aussi bien toléré. Oui, la magie baptistrelle était puissante, savamment puissante même, et oui Shadowsong l'était sans nul doute possible, il n'était pas gardien de l'ordre pour rien et il n'avait pas été choisi par une créature ancestrale pour rien. Mais de là, à affirmer ouvertement que l'elfe chanteur serait bien plus puissant que lui... Eliowir n'aurait pas parié dessus. Leur puissance était différente, constituée d'autres harmonies, sans doute se complétaient-elles plutôt. Ni plus ni moins puissante l'une que l'autre. Juste différente, complémentaire... un savoir différent aussi, des expériences autres qui mises ensembles devaient bien faire un tout... Il n'avait en tout cas eu nulle intention de comparer, de graduer ou quoique ce soit d'autres. Il n'était pas là pour jouer au plus fort ou au plus puissant. Il avait énoncé un fait, voulant offrir ce qu'il estimait avoir de plus cher, de plus précieux et de plus utile, sans autres arrières pensées. Visiblement l'ancetsral ne l'avait pas pris ainsi, et en avait été vexé. Et pour lui et pour son presque lié. Vexation notée, vexation partagée. Ainsi soit-il.
Si ces folles pensées filaient à vive allure dans son esprit, il n'en fit nullement part et parvint à garder le silence sur toutes ses propres rancoeurs. Seule la crispation de ses traits aurait pu le trahir. A moins que le dragon ne puisse lire dans ses pensées, qui étaient alors grandes ouvertes et qui devaient voleter au vent sans qu'il ne cherche à les protéger de quelconque façon... Non il n'en fit nullement part à haute voix et préféra continuer sur un autre chemin, proposer tout ce qu'il avait, tout son savoir, n'en déplaise au dragon, en matière de politique notamment. Seulement cela non plus ne sembla guère plaire... Décidément.
Quand le deuxième orage éclata, s'il vacilla sous le tremblement de terre que déclencha le dragon, il ne fit pas mine de se protéger. Il essuierait ce qui adviendrait. Mais mis à part un équilibre précaire, il n'eut rien d'autre à essuyer, à sa grande surprise. Décidément ce dragon était bien ombrageux. Susceptible aussi. Voilà déjà un trait de caractère qu'ils avaient en commun, songea-t-il, non sans une once de légère moquerie.
Heureusement la sentence finale tomba, en sa faveur, mettant fin à la colère noire de l'écailleux.
"Cela m'intéresse."
Dracos merci. Il avait bien cru sa dernière heure sonnée. Eliowir se sentait déboussolé, profondément blessé encore, la vexation à son comble, quand bien même le dragon avait finalement accepté. Mais le paroxysme fut atteint quand un rire s'éleva à ses côtés. Un feu crépitant presque à la place du baptistrel.
Cette fois le vieil elfe recula franchement. Et pour éviter l'assaut des flammèches et de leur chaleur qui menaçaient de lui pourlécher le visage, et pour encaisser ce nouvel assaut contre sa fierté sacrément malmenée. On se moquait ! On se moquait encore de lui ! N'était-il donc devenu plus rien pour que tous se rient de lui ainsi ? N'était-il donc plus rien ?
Mais non, tu n'es plus rien, tu le sais. Tu es un banni. Un banni n'est rien. Un banni n'est que néant. Ironie de sort que celle-là. Il n'était que néant et pourtant Néant cherchait à détruire tout être doté de magie tel que lui... Oui, savante ironie du sort. Une ironie qu'il ne goûtait guère toutefois. Amère. Ecoeurante. Désespérante.
«Je…. Je serais ravis de pouvoir bénéficier d’un tel enseignement »
Que voulait donc dire tout ce manège ? Fronçant les sourcils, le vieil elfe se crispa, se redressant de toute sa hauteur, cherchant réellement à comprendre cet étrange comportement. On se moquait l'instant d'avant, pour finalement accepter son offre ? Non, il ne comprenait pas. Perdu, éberlué par ce comportement instable en face de lui et surtout ce manque grave de convenances...
Convenances... peut-être était-ce là le mot clé ? chuchota une petite voix au fond de lui. Peut-être était-il si accroché aux soit disant convenances entre elfes, qu'il peinait à comprendre ceux qui ne s'y pliaient pas ? Car il était clair comme de l'eau de roche, que l'elfe chanteur n'avait que faire des convenances... Était-ce là toute la clé de leur incompréhension ? Toute la clé de son incompréhension. Oui de ton incompréhension. Vieil elfe que tu es, il faut changer, tourner la page, t'adapter... le temps avance, et si tu ne veux qu'il avance sans toi, il te faut changer... Changer... Qu'il est dur de changer, petit elfe.
« Et puis il est toujours bon de se cultiver après tout ! Mais bien sûr… cela doit rester dans les limites de mes capacités, vous savez parfaitement que je ne peux souiller les mots que j’utilise. Quand aux abeilles j’ai cru comprendre… »
Oui, ne pas mentir. Voilà bien une des rares choses qu'il savait au sujet des baptistrels. Ne pas mentir, leur serment le leur interdisant. Il en tiendrait compte en effet, acquiesça-t-il d'un simple signe de tête, encore trop peur sûr que sa propre voix ne trahisse pas son désarroi face à telle hystérie.
Sans compter que le voir flamber ainsi... Il avait eu l'impression l'espace d'un instant de revoir Wintel et la chaleur suffocante qui s'était dégagée de lui sous l'effet de la colère. Sous l'effet de son totem, avait-il ensuite compris, un peu tard. Wintel, et sa rage. Wintel et sa violence. Voir l'elfe flamber quasiment à ses côtés... S'étaient rapidement, subrepticement, superposées les images de son face à face avec le prince des vampires et Eliwoir avait peiné à contrôler un frémissement. Peur. Sourde terreur. Sa magie tétanisée.
« Désolé… je ne contrôle pas particulièrement cet aspect de mes dons. Hm… J’espère ne pas vous avoir effrayé… »
- Non, vous ne m'avez nullement effrayé, répondit-il alors, sans l'once d'un hésitation.
Le mensonge suintant insidieusement de sa voix. Un mensonge pourtant si bien maitrisé que personne n'aurait pu déceler assurément... mis à part un baptistrel. A peine ce mensonge eut-il franchi ses lèvres, que déjà le vieil elfe s'en voulut. Et de s'être fait avoir, d'avoir commis pareille erreur, si indigne de lui, et d'avoir probablement causé une certaine souffrance à l'elfe chanteur. Car, s'il se souvenait bien, s'ils ne pouvaient mentir, le serment leur infligeait aussi douleur quand ils entendaient un mensonge n'est-ce pas ? Mensonge prononcé ou omis d'ailleurs... Il serait avisé d'essayer de ne pas l'oublier en pareille présence, se morigéna-t-il, confus et mortifié. Et s'empressant d'ajouter, d'une voix aux accents sincères :
- Je suis désolé. Je ne voulais pas...
mentir ? Bien sûr que si, il l'avait voulu. Et il avait failli recommencer !
- vous faire du mal, ajouta-t-il vivement, espérant que d'avoir corrigé le fil de ses paroles avait permis de ne pas renouveler l'erreur. Mauvaise manie. Je tenterai... de ne pas l'oublier et de corriger ce... ce...
cette habitude ? Cet instinct de survie ? Cette éducation enfin ? Cela lui serait quasiment impossible, pour tout dire... On lui avait appris à mentir, on l'avait formé ainsi, on l'avait éduqué pour qu'il sache manipuler la vérité, la prononcer selon sa bonne volonté, pour plier celle des autres à la sienne... Voilà ce qu'on avait fait de lui alors. Un politicien certes, soit disant fier diplomate, Conseiller soit disant avisé, mais surtout un menteur ! Un menteur éhonté ! Cette soudaine révélation fit sourdement écho à sa douleur précédente, mais il l'écrasa rapidement, au fin fond de son esprit, préférant la faire taire avant qu'elle ne l'ensevelisse de nouveau. Il lui fallut un certain effort toutefois, qui fut marqué par une lourde inspiration, avant de reprendre, d'un ton bas, presque hésitant.
- Je tenterai d'y penser en votre présence, préféra-t-il résumer, ne se sentant pas capable de nommer lui-même ce qu'il venait de réaliser. D'en prendre considération, autant dans mes paroles que dans les enseignements que vous souhaiterez prendre de mon...
Et voilà qu'il allait recommencer. Pas à se vanter, pas vraiment, mais...
Il coula un regard de biais vers le dragon, peu rassuré, avant que sa voix ne s'élève de nouveau, en un murmure.
- autant que dans ce que vous voudrez prendre de moi.
Oui, voilà. C'était simple, pas modeste, mais simple, efficace. Que le baptistrel et son dragon prennent de lui ce qu'ils souhaitaient. Et jettent le reste s'ils le voulaient aussi. Au point où il en était. Qu'il était ironique de se voir balbutier, lui qui prétendait donner ensuite des leçons de politique... Oui, ironique. Quel pathétisme il devait incarner.
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| Sujet: Re: Quand Merci fait des rimes... [PV Shaynar & Merithyn] Jeu 14 Nov 2013 - 13:46 | |
| Hmm.. Comment disaient les bipèdes déjà ? Il... Perdait la main ? Ainsi c'était à ce genre de situation que cette expression pouvait s'appliquer... Il la rumina un moment suite à la plaisanterie de son presque lié et fini par arriver à la conclusion qu'il n'y avait pas de quoi se vexer et qu'il pouvait s'en amuser avec lui. Il progressait dans cet art, une année plus tôt sans doute se serait-il purement et simplement mis en colère pour de bon, il aurait déplié ses ailes dans un claquement sec et décollé en les plantant là. A la place il se concenta de cligner des paupières en imaginant sans mal la mine catastrophée qu'arboreraient les baptistrels si il lui venait à l'idée de détruire leur bibliothèque. Tordant en effet... Eh bien voilà qu'il commençait à affiner son sens de l'humour... Il ne savait si il devait s'en réjouir ou s'en inquiéter, mais le reniflement amusé qui s'échappait de ses naseaux ressemblait bel et bien à un rire.
Un qui semblait beaucoup moins amusé c'était cet Eliowir. Par le Dracos, avait-on seulement idée d'avoir aussi mauvais caractère ? Cela en devenait ridicule ! Et l'idée que la remarque pouvait aussi bien être attribuée à lui-même ne traversa bien évidemment même pas l'esprit de Shaynar. Il en avait le droit lui, il était dragon, là. Quand à la légère lueur moqueuse qui s'était allumée dans les yeux de l'elfe il ne la remarqua même pas, ou ne voulu pas la remarquer. Par contre il ne peu absolument pas ignorer le fou rire soudain qui s'empara de Merithyn, il l'avait sentit venir à travers leur lien malgré tous les efforts de celui-ci pour ménager son égo et le voir échouer complétement à se maîtriser n'en fut que plus vexant. Mais c'est qu'il se moquait de lui...
Les écailles tranchantes se hérissèrent tandis que le dragon encaissait tout ceci avec difficulté. Si il y avait bien une chose au monde qu'il ne supportait pas c'était qu'on le tourne en dérision, mais il s'agissait de Merithyn... D'un Merithyn qui n'avait pas rit de si bon coeur depuis bien longtemps et qui pour la première fois depuis le début des négociations se permettait de se relâcher enfin. Une lueur indécise s'alluma dans les prunelles rubis et il fouetta l'air de sa queue tel un gros matou perplexe. Tiraillé entre l'envie de dévorer ces deux là sur place et de se réjouir avec son presque-lié il gronda sourdement comme pour lui-même, se dandina quelques secondes d'une patte sur l'autre en repoussant sans conviction le flot affectueux de bonne humeur que lui envoyait le baptistrel, puis céda enfin. Un nouveau grognement s'échappa de son poitrail et il ramena sa patte auprès de son museau afin de se nettoyer consciencieusement une griffe déjà étincelante de propreté :
"Oui bon... ça va hein..."
Grognon, il avait projeté sa protestation dans les deux esprits ouverts mais après quelques secondes il se décida à renvoyer une vague de tendresse à Merithyn :
"C'est bon de t'entendre rire."
Et par dessus le marché cela prouvait qu'il n'était pas la seule catastrophe ambulante à dix lieux à la ronde, Merithyn aussi pouvait perdre son contrôle et mettre le feu à la forêt ! Le noir se jura de garder ce fait en mémoire afin de pouvoir le lui rappeler si par malheur... Bref.
L'air de rien, il reporta son attention sur leur interlocuteur et s'aperçu que celui-ci était encore vexé... Décidémment... Allait-il aussi se mettre à se nettoyer les griffes ? Voici qui serait intéressant à voir... Mais non, l'elfe préféra ravaler à nouveau sa fierté et resta apparemment surprit lorsque Merithyn accepta son offre. Si le dragon avait-été un minimum moins fier lui-même il lui aurait soufflé discrètement que c'était de lui que Merithyn s'était moqué ne serais-ce que pour lui faire perdre un peu son air éberlué. Tiens mais c'est qu'il allait finir par les prendre pour deux malades finis... Pour peu qu'il propage cette rumeur et le monde en ferait des gorges chaudes, le premier né et son lié n'étaient en fait que deux fous tout juste bons à être enfermés ! Autant pour les espoirs du continent...
« Je suis un danger publique en politique. Je crains toujours de manquer incinérer quelqu’un quand je dois avoir affaire au conseil »
L'aveux de l'elfe chanteur le laissa froid
"Je ne vois pas en quoi cela serait un problème"
Oh bien sur que si, il voyait très bien en vérité. Il avait parfaitement assimilé le lien particulier qui reliait Merithyn à la magie, et ce depuis leur toute première rencontre et le tout premier instant où il avait entendu sa voix. Mais il devait bien avouer que parfois le serment qu'il avait prononcé lui liait les deux mains de façons fort peu amusante. Shaynar n'aimait pas beaucoup les politiciens et leurs interminables bavardages, d'autant plus que les elfes étaient les champions du monde toutes catégories dans ce domaine. Les humains eux même ne parlaient pas autant, et les vampires quand à eux étaient loin de faire tant de chichis. Il n'osait imaginer ce qu'allait bien pouvoir donner les négociations et surtout combien de semaines elles allaient durer pour que chacun puisse déverser sa verve jusqu'à parvenir à satisfaction. Mais il se fatiguait pour rien dans ses réflexions, même si Merithyn n'étaient pas bloqué par son serment il n'aurait pas la méchanceté d'incinérer quiconque y compris sur un coup de tête. C'était sans doute pour cela qu'il était là remarquez... Le monde était bien fait.
La suite lui aurait tiré une grimace si il avait été un bipède, il se contenta néanmoins d'un léger rictus qui dévoila ses gigantesques crocs. Si il n'avait rien contre le mensonge dès lors que cela ne le desservait pas, il n'aimait pas beaucoup que l'on heurte son presque lié. Restait à espérer que l'elfe serait capable de faire attention et de maîtriser ce travers comme il le promettait, sans cela leurs leçons allaient s'avérer des plus désagréables, voir des plus dangereuses. Une fois passait, mais pas plus... Ne sachant trop quoi ajouter et vers quoi ils allaient à présent se diriger, le dragon noir promena ses prunelles brûlantes de l'un à l'autre avant d'interroger :
"Commencerons nous maintenant ?"
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| | | Merithyn Shadowsong Légende
| Sujet: Re: Quand Merci fait des rimes... [PV Shaynar & Merithyn] Dim 17 Nov 2013 - 14:01 | |
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Ce fut un sourire éblouissant qu’il décocha au dragon, lorsque la pensée pleine de tendresse qu’il lui envoya parvint à son esprit. C’était bon de rire un peu… cela commençait à faire trop longtemps, et le poids terrible qui pesait un peu plus chaque jour sur lui. Rire était un baume sur une conscience de plomb, rire le rendait léger, innocent à nouveau pendant quelques brefs instant, comme si rien d’autre ne comptait en ce monde en dehors de l’allégresse qui semblait l’envahir, des dizaines de papillons caressant l’intérieur de son corps et de ses poumons. Oui, un bref instant rien d’autre ne sembla compter en dehors de son rire et de la situation qu’il trouvait passablement drôle. Et avec le retrait de la pression constante qu’il subissait, avec ce soulagement intense, vint une furieuse envie de pleurer pour se laver de tout ce qui noircissait son esprit… Pleurer un bon coup, décharger son cœur et repartir sur de bonnes bases, en prenant quelque recule d’avec ce qui le préoccupait en permanence. Mais hélas, il était incapable de pleurer, incapable de verser la moindre larme depuis le seul instant où, semblait-il, on lui avait permis cet ultime recourt, devant la tombe glacée qui contenait son cœur… Il ne pouvait pleurer mais il pouvait rire, aussi riait-il tout son saoul, savourant son hilarité en dépit de tout le reste. Il avait envie de sauter au cou de Shaynar et de le serrer jusqu’à en avoir mal aux bras, pour le simple plaisir de le faire et de joindre le physique au mental. Il avait chaud, diffusant cette chaleur tout autour de lui avec générosité, baignant dans cette lumière dorée qui l’apaisait souvent, comme une extension d’un soleil encore présent.
Pourtant, comme tout astre diurne, sa lumière finissait invariablement par s’éclipsée derrière de lourds nuages. Se reprenant avec difficultés, il fut néanmoins douché par la suite. Instantanément, les dernières traces de sa joie disparurent, alors qu’il grimaçait et portait instinctivement la main à son cœur qui rata douloureusement un battement, la sensation inconfortable et poignante se diffusant depuis son esprit dans tout son corps. Ses flammes se tarirent soudain, brillant si peu qu’il semblait plus pâle que la mort, froid et ternis, ne scintillant plus que de façon fort lointaine, comme un astre mourant… Mensonge. L’autre, en dépit de tout, venait de mentir sous son nez, alors même qu’il était capable de ressentir ce mensonge comme une agression physique. Oh certes, cette fois-ci il n’avait plus envie de rire… Ramené les deux pieds sur terre, il se mordit la lèvre, subissant le contrecoup de ces mots malheureux et détournant le regard, grave. Il inspira profondément, attendant que la vague douloureuse s’apaise, le laissant légèrement tremblant. Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas subit cela… tellement longtemps qu’il avait presque oublié ce que cela faisait vraiment. Et il semblait qu’avec son accession au rôle de Fondateur, il se soit trouvé encore plus vulnérable à cette détection physique des mensonges qui l’obligeait à souffrir…. Ce n’était pas agréable du tout, mais il comprenait assez bien la raison pour laquelle l’elfe avait essayé de le duper… Du moins il le pensait. Sans doute aurait-il essayé de ménager son interlocuteur également si les places avaient été inversées et qu’il en avait eu la possibilité.
Se serrant dans ses bras, il hocha faiblement la tête à l’excuse qu’on lui présentait. Certes, il était de bon ton qu’il soit désolé de ce geste malheureux. C’était un minimum de décence que certains n’auraient pas eu. Il le croyait, même si il avait ressenti un faible tiraillement un bref instant indiquant qu’il s’était certainement apprêté à recommencer, probablement inconsciemment. Inconsciemment mais tout de même… C’était bien l’apanage d’un politicien. Essayer de corriger cela ? Il ne le demandait pas vraiment, n’avait pas cet orgueil. Non il ne demandait pas à l’elfe de changer pour lui, tout juste de faire attention à ne pas le blesser. Et pourtant malgré la soudaine froideur, le voir jeter un coup d’œil en biais à Shaynar lui tira un pauvre et maigre sourire, délicat comme une figure de cristal. Un sourire qui disparut pourtant très vite. « Merci » Fut tout d’abord la seule chose qu’il fut capable d’énoncer. Posant à nouveau son regard sur la silhouette sylvaine, il le détailla avec douceur et incertitude, lointain, n’osant plus rien dire de peur de provoquer une nouvelle blessure à l’un d’entre eux. Heureusement, Shaynar semblait d’humeur à débloquer la situation. Ah oui… les enseignements. Oui ils pouvaient sans doute commencer dès maintenant, ce n’était pas lui qui allait refuser. « Et bien si mon professeur y agréer… je suppose que oui » Son regard de perle restait ternis comme du vieil argent même si le feu commençait lentement à reprendre ses droits sur lui, illuminant doucement sa peau tandis que de timides flammèches léchaient ses tresses.
Il ne savait pas vraiment si Eliowir allait vouloir commencer tout de suite après tout. Ni sur quel sujet, ni comment procéder… S’apprivoiser allait être passablement difficile, il le sentait clairement à présent. Et ne savait nullement ce que cela donnerait, ou même si ils seraient capables de réellement travailler de concert sur quoi que ce soit. Oh bien entendu il était prêt à faire des efforts, comme pour chaque chose, mais est-ce que ce serait seulement suffisant ? Aucune idée, vraiment, et c’était un peu angoissant. Mais peut-être devrait-il commencer par ne pas avoir l’air d’une tombe comme il le faisait à présent. Avec hésitation, il essaya de nouveau de sourire. « Hm… vous savez… apprendre l’apiculture m’intéresse également. Et… enfin… peut-être que cela ennuiera moins Shaynar que si nous entamons des cours de politique tout de suite ? » Il appréhendait un peu l’idée de le vexer encore une fois…
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| Sujet: Re: Quand Merci fait des rimes... [PV Shaynar & Merithyn] Jeu 21 Nov 2013 - 14:12 | |
| Le duo formé par le dragon et l'elfe chanteur était étrange, assurément étrange. Comme s'ils étaient concordés entre eux... sans l'être véritablement. Le spectateur extérieur qu'il était peinait à déterminer si les deux êtres devant lui se comprenaient véritablement ou tentaient vaillamment de se comprendre : quand l'elfe chanteur s'était mis à rire, et à s'enflammer, le dragon avait eu l'air aussi surpris..; voire vexé... que lui. Enfin difficile de déterminer les possibles réactions, sentiments et autres sensations que pouvait ressentir un dragon, lui diriez-vous. Mais les quelques pensées que le dragon laissa échapper lui suggéraient fortement que oui, monsieur Shaynar avait été quelque peu vexé, ou du moins gêné. Et surpris. Avant d'apparemment se réjouir de voir l'elfe rire. Comme quoi, le lien qui unissait ces deux là n'était pas, pas encore, total, pas parfait, pas aussi bien ancré qu'un lien dragon - dragonnier, dirait-on... Etrange.
Époustouflante. Mais étrange. Et dangereux, s'avisa-t-il, quand les mots malheureux teintés de mensonge lui échappèrent. Les crocs luisants qui lui furent montrés soudain lui suffirent pour comprendre, que lien total ou pas, l'affection était là, la possessivité aussi, l'envie, le besoin ?, de protéger... et qu'il avait tout intérêt à ne pas faire de mal, pas volontairement du moins, à l'elfe chanteur. Bien, voilà qui était noté. Encore qu'il se connaissait assez, malheureusement, pour savoir qu'il était bien capable, sous le coup de la colère, d'oublier ce petit détail là... M'enfin.
M'enfin, il comprenait bien le dragon, pensa-t-il, honteux et confus, quand il vit la réaction du petit baptistrel. Il l'avait blessé, véritablement blessé, et pas seulement physiquement. Le mensonge avait donc un impact si violent sur les baptistrels maitres es leur art ? Il n'en avait que peu cotoyé durant toute sa vie, il devait bien l'avouer. Mais il ne s'était pas attendu à ce que douleur se fasse si vive et si violente. Il était désolé, et plus même. Mais les mots...
Les mots seraient de toute façon bien faibles pour apaiser pareille douleur, n'est-ce pas ? Non, seuls les actes y parviendraient. Il devrait faire un effort, contenir ses mots, ses mensonges, faire attention à ses pensées aussi ? Hum... Voilà qui allait s'avérer bien plus délicat encore... Mais il pouvait bien tenter. Oui, tenter... Pour cette fois-ci, pour cet elfe-ci...
Commencer tout de suite ? Voilà bien deux impatients... Qu'ils semblaient bien pressés tous deux ! Surtout envers un vieil elfe tel que lui ! Lui, était plutôt du genre à aimer prendre son temps, à observer, savourer, déguster, à... bref, à prendre son temps. Oui, il aimait agir, oui, mais après avoir réfléchi un tant soit peu. Il était elfe diantre ! Il était passé maitre dans l'art de prendre son temps. Dans l'art de la paresse disaient certains mécréants, inconscients qui ne disaient qu'inepties sans nom...
- Euh... répondit-il tout d'abord de façon fort peu intelligente, se morigénant intérieurement pour ce manque flagrant et éhonté d'élocution. Si vous le souhaitez, concéda-t-il enfin, non pas à contre-coeur, mais avec une certaine réticence.
De cette réticence de ceux qui sentent que les choses allaient trop vite. Oh, certainement pas assez vite pour les deux jeunes êtres qui l'accompagnaient, certainement pas. Mais pour lui... C'était dans ces moments-là où il se sentait dépassé. D'un autre temps. Du temps où on prenait son temps... Mais on lui avait déjà dit, il y a peu, que le temps manquait, qu'on ne pouvait plus prendre le plaisir de le voir couler ainsi sans fin, qu'il était venu un autre temps, celui de ne pas en manquer, celui de saisir chaque instant au bond sans lui laisser le temps de filer... Oui, vieux, qu'il se sentait vieux...
- Si vous voulez, je peux déjà vous montrer ce que j'ai pu réaliser avec l'aide de deux de vos petits baptistrels.
Il avait, dès que l'idée lui était venue, tenté de la mettre en oeuvre rapidement. Et alors qu'il grommelait, en s'évertuant à construire la nouvelle ruche, et qu'il se dépatouillait tant bien que mal avec le peu qu'il avait, deux petits baptistrels étaient venus le voir pour lui proposer leur aide. Il avait saisi l'offre non sans gêne amis avec soulagement, et c'est ainsi que la première ruche artificielle était née il y a quelques heures à peine. Peut-être le gardien était-il au courant ? Ou pas... mais qu'importe. Il espérait en tout cas que cela soit une bonne surprise pour l'écailleux.
- Si vous voulez bien me suivre... Ce n'est pas très loin.
Et se disant, il s'éloigna doucement, un rapide regard par dessus son épaule lui permettant de vérifier si on le suivait bien. Et manquant de peu de lui faire prendre un arbre en pleine tête. Grommelant après celui-ci qui osait encore lui barrer le chemin, il s'écarta vivement, et reprit son chemin, à plus vive allure, la mauvaise humeur l'assaillant de nouveau. Il n'eut guère à aller très loin, à peine avait-il passé le couvert des arbres, que la petite ruche grouillait non loin de lui. Tandis qu'une autre, la ruche d'origine, s'offrait, libre, quasiment inoccupée, alors que les abeilles finissaient déjà de déménager.
- Voilà, fit-il d'une voix aux accents de triomphe, tout en montrant de la main la belle ruche vide, où voletait un dernier groupe d'abeilles. Elle est à vous Premier Né, tout à vous. Vous pouvez déguster... et ce, sans craindre de détruire les butineuses qui y séjournaient.
Il montra alors à Merythin l'autre ruche, celle qu'il avait construite avec les baptistrels précédemment, et où les abeilles avaient été transvasées.
- Là, il s'agit de la ruche artificielle, qui a été construite tout à l'heure, dans laquelle nous avons transvasée quelques alcoves et alvéoles de la ruche d'origine. Les abeilles ont alors suivi le mouvement, avec un peu d'aide... Vos baptistrels ont l'art et la manière de convaincre dirait-on, tenta-t-il de flatter avec un sourire.
Sans réel succès. Visiblement l'elfe chanteur n'était pas sensible à la flatterie. Soit. Deuxième échec. Décidément, il n'était pas doué avec cet elfe-là. Avec aucun autre elfe, dirait-on. A croire, que même pour son propre peuple il était dépassé. D'un autre temps. Comme si...
Comme s'il n'appartenait plus à ce peuple-là. Plus les manières, plus les mêmes pensées, plus les mêmes préoccupations, plus les mêmes... Si différents alors. Si... autres... Ou peut-être était-ce lui qui était devenu autre ? Plus d'aucun peuple, d'aucune maison, d'aucun nom... Plus rien ni personne ? souffla sa petite voix intérieure, des plus narquoises.
- J'ai confié mes notes à vos deux baptistrels, concernant comment construire une ruche artificielle et comment procéder au transfert.
Il hésita un instant avant de poursuivre, s'apprêtant à détailler tout le processus, mais abruptement se ravisa. Alors que Shaynar semblait déjà s'intéresser à son cadeau, il se tourna brutalement vers l'elfe chanteur, tout air professoral ou triomphant s'évaporant pour faire place à un sérieux prononcé.
- J'avoue qu'avant de commencer notre.. partenariat... j'avais également deux autres questions à vous poser. A vous, Sire Shadowsong, Gardien de ces lieux. Deux questions... délicates, qui pourraient vous paraitre malvenues, mais qui... me... tiennent à coeur.
Me le cisaillent et me torturent l'esprit, aurait-il été tenté d'ajouter. Mais il s'en abstint, de peur de blesser, d'une quelconque manière, l'elfe chanteur. C'est qu'il ne savait plus comment se comporter avec le baptistrel... Ne pas mentir, juste ne pas mentir, souffla son esprit.
- Quand je suis arrivé.. Pourquoi... Pourquoi m'avoir libéré ? Pourquoi moi ? pourquoi pas.. les autres ? Parce que je suis elfe ? Pourquoi n'avez-vous pas libéré les autres... prisonniers ou esclaves ? Loin de moi l'idée...
Loin de moi l'idée de vouloir vous juger ? Hum... Non. Pas véritablement un mensonge, mais pas une réelle vérité non plus. L'elfe en serait-il blessé ?
- Je ne veux pas vous...
Non, je ne veux pas vous juger, mais je suis tenté de le faire quand même ? Rha... Comment donc le lui dire ?
- Je... Je...
Fort éloquent, en somme. Quel brio pour un politicien... Vraiment.
- Rha, que c'est agaçant, acheva-t-il, alors levant les bras au ciel, tout en tournant le dos et en faisant les cent pas.
- Comment donc suis-je censé vous parler sans vouloir vous blesser d'aucune façon, hein ? je ne peux pas vous mentir, mais vous dire la vérité, le fond de ma pensée, serait aussi vous blesser... Je ne veux pas vous blesser, là voilà. mais je suis choqué, lâcha-t-il enfin, cette fois s'arrêtant de nouveau face à l'elfe chanteur. Je suis choqué qu'un elfe ait pu laissé des esclaves entre les mains de ces... vampires.
Ce dernier mot avait été prononcé avec fort mépris. Avant qu'il ne se reprenne.
- Je suis choqué... et gêné. Je ne comprends pas. Je me sens...
Coupable, oui, dis-le, coupable.
- en faute.
Lâche, tu as peur des mots. Il me fait en avoir peur, oui...
- J'aurais presque...
Non pas préféré rester prisonnier, cela aurait été torture, lente agonie assurée pour toi.
- J'aurais préféré mourir, souffla-t-il cette fois en un presque murmure. Pourquoi moi et pas eux ? Je ne le mérite en rien, et eux... Ils sont si jeunes, si.. humains... leur vie est si courte, si éphémère.. Ils ne méritent pas ce destin. Pourquoi pas eux ? Murmura-t-il sa voix menaçant de se briser.
Et là aucun mensonge dans ces mots-là. Aucun.
(HJ : désolée je ne me suis pas relu, et je poste à la va vite^^)
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| Sujet: Re: Quand Merci fait des rimes... [PV Shaynar & Merithyn] Lun 25 Nov 2013 - 19:33 | |
| Tendrement conscient de la douleur que le mensonge avait provoqué en lui, Shaynar tâtonnait à travers leur presque lien et l'inondait sans vergogne d'un flot continu de soutien et de débordante affection. Il n'aimait pas beaucoup cet air désolé que celui-ci prenait et les doutes qu'il semblait entretenir vis à vis de leur capacité à s'entendre avec leur interlocuteur. Eh quoi, ce n'était qu'un elfe hein. Nul besoin de se mettre autant de pression et de rendre leur entente si importante, si cela ne pouvait se faire alors Shaynar l'oublierait purement et simplement pour peu qu'il ne l'ai pas mangé. Néanmoins il était bien placé pour savoir que Merithyn était fait d'une autre trempe et qu'il accordait souvent bien trop d'importance à ce qui n'était à ses yeux à lui que broutilles certes fort intéressantes mais pas du tout indispensables à son bien-être. Comment les elfes appelaient-ils cela ? Le lâcher prise ! Voilà, il fallait que son presque lié apprenne à lâcher prise. Voilà qui était plus facile à dire qu'à faire...
Concentré sur son chanteur, il n'avait pas véritablement fait attention à la réaction de l'autre elfe à leur demande de commencer les leçons immédiatement mais ce qu'il avait aperçu du coin de l'oeil et ce qu'il connaissait à présent de cette race le renseigna bien assez. Ils allaient trop vite, ils ne prenaient pas leur temps comme les elfes savaient si bien le faire mais au Néant les conventions. Dragon et quasi dragonnier ils étaient, ils n'avaient pas à se plier à des règles millénaires édictées par ils ne savaient qui. Bon d'accord il n'était pas particulièrement enthousiaste à l'idée de passer les prochaiens heures à écouter des leçons de politique et de diplomatie plutôt que d'aller voler mais il faudrait faire avec. Quoique non... Dracos, comme il aimait ce chanteur...
Un grondement sourd et presque aussi terrifiant qu'approbateur roula dans sa gorge tandis qu'il plantait son regard flamboyant dans les prunelles bleues en attendant qu'on se décide enfin à passer aux choses sérieuses. Il en avait déjà l'eau à la bouche tiens... A quand les travaux pratiques ? Tout de suite ? Ah mais voilà qui était parfait ! C'est avec un enthousiasme tout à fait honorable qu'il emboita le pas de leur professeur du moment, plantant là un Merithyn qui était certes tout doux, adorable et passionnant mais qui n'était certainement pas aussi appétissant qu'une ruche débordante d'un délicieux miel de saison. Et puis de toutes façons il allait les suivre non ? Quoi non ? Si ce n'était pas le cas il serait toujours temps d'aller le rechercher plus tard, il avait mis de côté un moment son idée d'aller voler mais ne renoncerait certainement pas à la berceuse promise.
Majestueux, il évita adroitement l'arbre qui semblait causer tant de hargne à Eliowir et qui n'aurait de toutes façons pas résisté à leur rencontre et le rejoignit un peu plus loin. Fortement intéressée, ses prunelles oscillèrent entre la première ruche vide d'où s'échappait une odeur sucrée des plus irréstistible et la seconde qui bourdonnait paisiblement. Les détails de ce transfert ? Très intéressants sans doute, mais ce serait pour une autre fois, il était déjà totalement déconcentré. D'un autre côté comment voulait-on qu'il soit un minimum attentif si on lui mettait un tel trésor sous les yeux et à portée des papilles ? Absolument pas concerné par les explications qu'Eliowir donnait à Merithyn, il plongeait déjà le nez dans la ruche vide, tout en grondements et en ronronnements satisfait. Béni soit l'Esprit qui avait inventé les abeilles ! Il n'existait rien au monde de plus délicieux que leur nectar et il mettait au défi quiconque de prétendre le contraire.
Tandis qu'il dévorait gloutonnement sa friandise en ensevelissant de son plaisir Merithyn et même Eliowir qu'il n'avait pas pris la peine d'écarter de son pouvoir télépathique, la conversation entre les deux concernés continuait. Un dernier coup de langue, le délicieux craquement d'une série d'alvéole sous ses crocs et le repas se termina déjà à regret. Quelque peu collant et les écailles du museau toute brillante des restes de son festin, il reporta son attention à temps sur les deux autres pour entendre Eliowir finir de se dépétrer avec sa promesse d'éviter tout mensonge. Dans d'autres circonstances il aurait sans doute grondé en voyant à quel point l'elfe était passé près de blesser à nouveau son presque lié mais il y avait un second cadeau de miel qui entrait en ligne de compte là... Peu hésitant sur la conduite à tenir il se contenta donc d'un reniflement neutre, couvant leur professeur d'un regard attentif où le capital sympathie avait singulièrement augmenté. Comment cela il se laissait acheter ? Certainement pas, il était bien sensé s'entendre avec le peuple qui l'avait accueillit non ? Et bien voilà, il faisait des efforts. N'était-on pas sensé le remercier ?
La question tomba enfin, délicate. Il ne pouvait pas vraiment répondre à la place de Merithyn là dessus mais il glissa tout de même :
"Aucune vie n'est moins méritante qu'une autre, et la longévité n'entre pas en ligne de compte. Je comprend ton trouble ami des abeilles mais nul ne devrait jamais sous estimer son propre droit à une vie heureuse. Nous n'avons pas fait le choix de te sauver toi au détriment des autres, nous avons simplement libéré le seul être qui était libérable à ce moment là. Te garder prisonnier des vampires n'aurait pas permis de faire libérer un humain..."
Et encore fallait-il que chacun ai véritablement envie d'être libéré au plus profond de lui. Shaynar n'ignorait pas les convictions de Merithyn au sujet de la petite esclave capturée par Lorenz et avait même très bien compris que l'esclave forgeron qu'il avait aperçu brièvement ne voulait pas du tout qu'on le libère. A chacun ses décisions n'est-ce pas ? Quelles sont conscientes ou non et aussi incompréhensibles que certaines puissent paraître... |
| | | Merithyn Shadowsong Légende
| Sujet: Re: Quand Merci fait des rimes... [PV Shaynar & Merithyn] Lun 2 Déc 2013 - 18:38 | |
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Si il était naturellement du genre à ne pas forcément prendre son temps en permanence, il était tout de même capable d’apprécier une certaine langueur lorsque le temps l’admettait. Mais le sujet était présentement plaisant, et il préférait passer à cela en oubliant ce qui venait de se passer pour se concentrer sur quelque chose de plus plaisant… quelque chose qui lui changerait les idées et le détendrait un peu, qui permettrait peut-être de retrouver une base saine pour tenter de s’apprivoiser mutuellement. Parce qu’il semblait bien que c’était vers cela qu’ils se dirigeaient tous les trois, d’une certaine façon, quoi que Shaynar ne devait très certainement pas prendre particulièrement gare à ce genre de considérations. Et lui s’en faisait peut-être tout simplement trop également mais il n’y pouvait pas grand-chose. Il était ainsi. Et cela faisait peut-être aussi une qualité, toute relative fut-elle… Néanmoins oui, il aurait bien voulut avancer vers autre chose et ne pas rester à ressasser immanquablement le passé. Il voulait brûler son intérêt pour un nouveau sujet sans regard pour l’ancien qui n’avait plus d’importance. Oh oui il avait été blessé, mais la rancune n’était nullement part de son caractère et il préférait croire dur comme fer qu’il ferait attention à ses mots plutôt que de se méfier. Alors pour cette fois, il ne se repentait nullement de mettre mal à l’aise le vieil elfe qu’il avait devant lui… Et apparemment celui-ci ne sembla pas décidé à véritablement prêcher contre leurs hâtes respectives. Oh il n’avait pas l’air particulièrement enchanté évidement mais il n’avait pas dit non, que ce soit sincèrement ou par politesse. Sans doute un peu des deux ? Il ne savait guère.
Curieux, il pencha un instant la tête. Cela faisait déjà deux fois qu’il utilisait cette formulation… « Vos petits Baptistrels » pourquoi donc les siens ? Ils ne lui appartenaient pas, quand bien même il était le Gardien. C’était curieux comme façon de s’exprimer. Et ça dénotait une curieuse façon de penser en découlant… il n’était pas bien sûr d’aimer ça en vérité. Mais n’était pas sûr du contraire non plus. Mais puisqu’il consentait à lui montrer ce qu’il avait pu faire il n’allait pas pointer du doigt ce petit détail. Dans le pire des cas il pourrait le faire plus tard, rien ne pressait. Enfin si… sa curiosité elle, pressait grandement. Hélas pour Eliowir certainement, mais à tout bien y réfléchir… c’était tout de même lui qui avait lancé l’idée ! Alors oui, il lui emboita le pas sans trop se faire prier, étouffant un rire lorsqu’il manqua s’assommer sur un arbre. Pour un elfe si ancien, il agissait vraiment comme un humain à ronchonner ainsi. C’était drôle… mais sans doute qu’il allait à nouveau se vexer si il le voyait pouffer, aussi dissimula-t-il le tout dans un repli de sa cape alors qu’il trottinait de ses petits pas à la suite de ces deux g géants. Pour le coup il avait deux ours des cavernes mal léchés pour le prix d’un, encore que Eliowir ne puisse même essayer de se comparer à Shaynar qui était le maître incontesté de ce jeu-là. Heureusement ce n’était pas très loin, ce qui empêcha le vieil elfe de tenter de s’assommer de nouveau sur le premier tronc venu.
Il eut cependant un petit sourire tendre en le voyant si fier de son œuvre. C’était tellement différent du marasme qu’il avait eu au fond de l’âme et qui menaçait encore que s’en était adorable. Il observa la ruche qu’on lui montrait, les mains jointes dans le dos et oscillant sur ses pieds en un lent mouvement de balancier, complètement absorbé soudain par le chant-nom de l’objet dans lequel il plongeait pour en découvrir l’histoire récente avec un doux sourire dont il perdit une partie en clignant des yeux lorsqu’on s’adressa à lui. Il ne comprenait pas bien ce que Eliowir voulait dire quand il affirmait qu’ils avaient l’art de convaincre… ce n’était pas vraiment dans leurs attributions. Enfin c’était surtout qu’il ne voyait guère ce que ça venait faire là…. A moins que ce soit un compliment, mais dans ce cas un compliment immérité. Ils n’étaient pas plus doués que tous autres. Et du coup, il ne pouvait pas s’empêcher d’être légèrement gêné… c’était sans doute idiot, encore une fois mais il semblait partit pour trouver absolument tout idiot ce soir-là. Heureusement qu’on ne s’attardait pas dessus, il n’aurait plus du tout sut quoi dire, mais l’autre le sauvait déjà et se fut avec une expression rayonnante qu’il répondit à l’affirmation que deux de ses pairs possédaient de quoi lui apprendre à construire ces ruches pour son compagnon à écailles… « Je vous remercie infiniment » Il fut cependant, encore une fois, arrêté en plein élan. Ça aussi, il allait probablement devoir s’y habituer.
Et pour le coup, une vague de froid lui étreignit le cœur. Silencieux, il l’écouta sans l’interrompre et sans faire un mouvement, ayant relâché ses bras qui commençaient à tirailler pour rester, simplement debout, mains le long du corps. Il sentait de nouveau la douleur d’Eliowir, poignante… juste à portée de bras. Il aurait presque pu formuler ce qu’il allait dire avant qu’il ne le fasse et cela le peinait grandement, profondément. Cela le peinait de le voir souffrant et de se faire souffrir ainsi… comment pouvait-on arriver à se haïr suffisamment pour s’infliger pareille chose ? C’était dément… alors qu’il parlait, alors même que ces mots-là s’écoulaient de cette bouche qu’il aurait voulue bâillonner, son regard se fit plus distant, lentement, de cette sorte de distance si spéciale qui présidait au chagrin, lorsque les larmes s’apprêtaient à sortir mais piquaient et alourdissaient encore les paupières et que l’on sentait la pression monter en soit jusqu’à l’étouffement. Pourtant point de larmes, fléau de son état. Jusque-là, il avait été accaparé par le contentement et le plaisir du dragon noir à déguster… ou engloutir voracement, mais c’était presque pareil, son miel personnel. En cet instant cependant, il pinça les lèvres et inspira profondément alors qu’il se reprenait avec difficulté et laissait Shaynar s’exprimer le premier, exposant comme à son habitude ses propres pensées de façon très claire. Il ne devait pas se mettre dans des états pareil pour si peu… mais Dracos que c’était dur.
« Je n’ai guère à ajouter à cela. Non, je ne vous ai pas libéré au détriment d’un autre. J’ai simplement fait ce que je devais du mieux que je pouvais. Vous n’aviez personne, ni royaume, ni proches, personne pour vous réclamer, vous étiez souffrant et en danger. Alors je me suis porté garant de vous. Je ne pouvais le faire pour les autres, bien que je l’eu voulut. J’ai fait ce que je pouvais pour les laisser libres sur le domaine, de sorte qu’ils puissent si ils le désiraient s’entretenir avec la délégation portant la voix de l’Empereur, seule à-même de négocier pour eux. » Il se tut un instant le temps de déglutir et de s’assurer sur ses pieds, il avait la désagréable impression d’être à deux doigts de flamber de tout son feu « Votre vie est aussi précieuse que la leur à mes yeux Eliowir. Et vous en devriez pas en douter vous-même. Vous… ce n’est pas une question de mérite. Ce n’est pas une question de quoi que ce soit d’ailleurs. Il n’y a pas de pourquoi. Je sais comment je devais agir alors c’est tout… Et je dois dire qu’en face de vous je ne sais pas du tout comment agir en revanche » Il accrocha franchement son regard, obligé de lever la tête pour se faire « Vous cachez une telle douleur au fond de vous, un tel dégoût de vous-même… Je ne parviens pas à comprendre comment on peut en arriver là, comment on peut se haïr soi-même comme cela… c’est… c’est hors de ma portée je pense. Mais cela me peine énormément. Et j’aimerais vous aider… même si je doute que vous me laissiez faire »
Désabusé ? Un peu, il fallait le dire, l’elfe le rendait fou, à sauter du coq à l’âne, du rire aux larmes… * Et puis je pense que si je lui disais franchement ce que je pense de Lorenz et Ambre, il en ferait une attaque vu sa fragilité… ça serait bien ma veine ça, perdre mes pouvoirs à cause d’une mort accidentelle absolument involontaire ! *
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| Sujet: Re: Quand Merci fait des rimes... [PV Shaynar & Merithyn] Ven 13 Déc 2013 - 17:15 | |
| Comprendre son trouble ? Un dragon pouvait-il comprendre le trouble d'un bipède ? D'un elfe ? La liaison le leur permettait peut-être après tout... En touchant un esprit mortel, peut-être les dragons percevaient-ils alors les sentiments agités qui étaient propres aux créatures éphémères qu'ils étaient ? De là à parler de compréhension... Mais sans doute était-ce là la notion de compréhension des dragons. Toucher du doigt, effleurer de l'esprit, leur suffisait peut-être pour croire comprendre. Et l'elfe avait beau douter soudain que le premier né le comprenne vraiment, il préféra garder silence. Sage silence, espéra-t-il.
Quant aux restes des paroles qu'on lui offrit... "Aucune vie n'est moins méritante qu'une autre"... Pfff, que c'était i facile à dire, si facile à entendre même. Mais au final... Etait-ce bien vrai ? Les dragons, créatures ancestrales aussi sages soient-elles, détenaient-elles assurément toutes les clés et toutes les vérités de l'univers ? Et cette façon de lui rappeler de façon si directe, sans hésitation, qu'il n'avait personne, personne pour plaider pour lui, pour sa cause ou sa libération... Ou comment lui rappeler simplement, efficacement, qu'il n'était qu'un paria... Mais comment donc être sûr qu'il n'en était pas de même pour les autres prisonniers ? Pourquoi avoir tenté de le libérer lui et pas les autres ? Pourquoi ne pas l'avoir laissé avec les autres sans autre considération que la neutralité que les baptistrels semblaient vouloir garder lors de ces négociations ?
Car oui, il avait bien compris une chose : les baptistrels offraient leur domaine et leur neutralité pour que ces négociations se jouent. Il pouvait alors aisément comprendre que les mages chanteurs ne se sentent aucun droit d'intervention par même pour faire libérer de quelconques prisonniers. Et quand bien même cette idée le révulsait, le choquait, le troublait, il la comprenait et l'accordait de plein droit aux baptistrels... mais il ne comprenait pas alors qu'ils se soient permis une telle entorse avec lui.
Mais de là à parvenir à l'exprimer à haute voix...
- Admettons, concéda-t-il alors d'une voix lasse, la tête basse, un vague mouvement de main accompagnant ses mots. Ma douleur ne concerne que moi, elfe chanteur, et j'en suis désolé si elle vous trouble ou pire vous blesse. Vous n'aurez qu'à m'expliquer comment faire pour la contenir, pour vous épargner pareille affliction, quand je suis en votre présence. Quant à comment on peut se haïr soi-même..
Il releva un regard sombre, plus sombre encore qu'un orage en pleine nuit. Tel celui ravageant son esprit.
- Comment ne pas se haïr avec... après... l'ignominie qui souille mon passé ? Et non personne ne peut m'aider. Personne... A moins que vous ne puissiez ramener mon fils et ma femme, Merithyn Shadowsong ? Pouvez-vous ramener les morts à la vie ? Non, j'en doute. Alors ne soyez pas trop prompte à dispenser aide et mérite à ceux qui en sont indignes.
Puis se détournant brutalement, tournant le dos au dragon et à l'elfe, tentant de chasser la nouvelle vague de douleur, folle douleur, qui menaçait de le submerger de nouveau, il se força à inspirer lourdement. Longuement. Se forçant au calme. Un calme trompeur toutefois, lui qui sentait la mer de ses sentiments ravagés s'agiter dans les limbes de son esprit à l'agonie.
- Admettons donc tout cela, reprit-il d'une voix un peu trop rauque pour être honnête, se retournant face à l'elfe chanteur pour le darder de ce regard fou qui parfois le caractérisait. Admettons donc. Et admettons également que ces prisonniers ne soient finalement pas si libres que cela ou ne parviennent pas à contacter quelqu'un de leur délégation... Si quelqu'un voulait le faire pour eux, à qui devrait-il s'adresser ? |
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| Sujet: Re: Quand Merci fait des rimes... [PV Shaynar & Merithyn] Mer 18 Déc 2013 - 22:11 | |
| Son interlocuteur n'avait pas l'air spécialemement convaincu par ce qu'il venait de lui dire mais il ne pouvait pas faire beaucoup plus et il était près à parier que même l'appui de son presque-lié n'y suffirait pas. L'elfe était tout simplement trop têtu et avait une trop basse opinion de lui-même pour en démordre, il ne pouvait comprendre qu'on l'ai sauvé et que les autres soient encore prisonniers. Inutile donc d'insister là dessus. Shaynar était déjà tout près de passer à autre chose, mais il connaissait trop bien Merithyn pour croire une seule seconde que celui-ci y parviendrait ou même le souhaiterait. Il ferma paresseusement les paupières en entendant le baptistrel interroger l'elfe, pas surprit pour un sous mais conscient que l'autre n'allait peut-être pas apprécier tout à fait cette intrusion dans ses malheurs. Il devrait néanmoins s'y faire, les baptistrels étaient ainsi et on ne les referaient pas. Surtout Merithyn...
La plaisanterie qui effleura ensuite son esprit lui tira un reniflement peu concerné. Malgré l'absolue confiance qu'il avait en son chanteur il avait bien du mal à le suivre sur cette pente là. Imaginer Wintel amoureux d'une humaine... C'était sans doute plutôt un autre de ses stratagèmes pour brouiller les pistes et se faire passer pour moins mauvais qu'il ne l'était, il pouvait toujours essayer d'ailleurs, Shaynar n'y croirait jamais. Et tant pis si Merithyn en était absolument persuadé, c'était tout simplement bien trop gros à ses yeux. Non sans franchise il partagea sa pensée :
"A mon avis il ne te croirait pas..."
Et qui l'en blâmerait ? Certainement pas Shaynar qui se reconcentrait déjà sur les dires de l'elfe et qui laissait échapper un grondement contrarié en entendant le ton avec lequel l'autre s'adressait à son presque lié. Accablé ou pas, il risquait fort de finir dans un estomac draconique si il ne montrait pas plus de révérence envers le gardien. Ce dernier ne s'en offusquait pas bien sur, pas son genre, mais tout de même... L'agacement se mêlait à la curiosité dans son esprit, l'elfe avait fini par véritablement accaparer son attention et c'est pour le coup qu'il commençait à véritablement se demander ce qui avait bien pu lui arriver qui nécessite tant de rancune envers soit-même. Son caractère entier le poussait à poser abruptement la question mais ce qu'il avait apprit du peuple elfique le rendait plus prudent, il savait qu'il ne serait pas bien reçu. Tête penchée, il cligna de ses paupières écailleuses lorsque l'autre évoqua sa femme et son fils. Là était donc le noeud du problème ?
Cette réponse n'en était pas vraiment une puisqu'elle ne faisait qu'attiser plus encore la curiosité de Shaynar et c'est sans vraiment y penser, sans même vraiment le vouloir, qu'il glissa pour la première fois vers un part de l'esprit de Merithyn qui, il le savait inconsciemment, pourrait lui apporter des réponses. L'acte était des plus involontaires bien sur, il ne savait même pas qu'il en était capable mais était-ce vraiment étonnant ? Le lien que lui et Merithyn partageaient était de plus en plus solide, se nourrissant de la confiance qu'ils avaient forgés l'un envers l'autre mais aussi des epreuves traversées ensembles, sans être dragonnier l'elfe chanteur était tout de même ce qui s'en rapprochait le plus, et les dragonnier partageaient tout avec leur dragon, y compris leur âme et leur magie. Leur magie... Il n'y avait jamais pensé jusque là, mais son lié à lui ne pratiquait pas seulement la magie elfique, ni même humaine...
Il comprit ce qu'il était en train de faire inconsciemment juste trop tard. Oh bien sur il aurait pu revenir en arrière sans mal, mais encore faudrait-il le vouloir et vu ce qu'il venait de découvrir cela ne risquait pas d'arriver ! Sous ses yeux étonnés et pour le plus grand plaisir de son ouïe sensible le monde se transformait. Créature de magie, il y était plus sensible que nul autre et il la comprenait instinctivement mais c'était bien la première fois qu'il... L'entendait ? La terre était musique, l'air était musique, Eliowir était musique... Ah voilà qu'il comprenait comment il était parvenu à cet état de transe, en voulant comprendre l'elfe il s'était inconsciemment glissé plus profondément que jamais dans l'esprit de son baptistrel de presque dragonnier jusqu'à se retrouver attiré par la mélodie émanant de l'objet de sa curiosité. Son... Chant nom ? C'était cela que Merithyn entendait ? Et maintenant il l'entendait à travers lui ? Mais pourquoi alors ne le comprenait-il pas ?
Un intense sentiment de frustration s'empara de lui, la vérité était là juste son son nez et voilà qu'elle lui échappait ! Plongé sans l'avoir voulu dans une magie dont il n'avait ni les connaissances, ni la maîtrise, il paniqua tout à coup et voulu retourner en arrière, éteindre cette mélodie qui se muait peu à peu en une cacophonie où se mêlaient plus de notes qu'il n'aurait jamais pu en dénombrer. Il perdit pied à cet instant, incapable de se rappeler où il se trouvait ou de penser à autre chose qu'à ce bruit, ce bruit intolérable qui résonnait de plus en plus dans son esprit et qui menaçait de le rendre fou. Rageur devant cette agression, il poussa un rugissement rauque en se redressant brutalement sur ses antérieurs, fouettant l'air de ses pattes avant aux griffes plus qu'acérées. Il ignorait qui pouvait bien se trouver avec lui, il ignorait même qu'il avait eut un jour un presque lié. Esprit fermé, yeux fous, il cherchait la sortie de ce labyrinthe sonore qui lui semblait sans fin. La terre trembla lorsqu'il retomba sur ses quatre pattes et il chancela un instant, heurtant quelque chose de son corps massif avant de se souvenir enfin de ce que pouvait bien être cette présence qui tambourinait contre son esprit :
"Merithyn ? Aide moi !"
Son appel était moins mental que physique puisqu'il se mua en un gémissement lamentable qui le tétanisa sur place. Quoi, c'était lui qui avait fait ce bruit ridicule ? Bêtement ce fut sa fierté qui l'aida à récupérer ses esprits et à retrouver enfin le monde réel. Elle et le baptistrel qui avait sans nul doute comprit très vite ce qui arrivait à son lié, au contraire d'un pauvre elfe qui ne devait sans doute pas comprendre grand chose...
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| | | Merithyn Shadowsong Légende
| Sujet: Re: Quand Merci fait des rimes... [PV Shaynar & Merithyn] Lun 30 Déc 2013 - 18:56 | |
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Et vous ? Pensait-il pour une fois de façon fort égoïste. Et vous pouvez-vous me ramener mon aimé avec vos lamentations et votre auto-répugnance, vos tortures et vos rancœurs ? Ne soyez pas si prompte à dispenser châtiments et mal être. Il ne pouvait nier que l’acte avait été des plus horrifiants, non cela aurait été un mensonge que de le nier et pourtant s’arrêter à cette limite, à ce jalon, était une triste preuve d’un irrespect latent et d’un désintérêt affecté envers cet individu. Voulait-on vraiment lui faire croire que son monde débutait et s’achevait avec ce seul acte ? En ce cas il était bien plus stupide qu’il l’avait cru, ou bien tout simplement trop engoncé dans la culture de sa propre misère… Dans les deux cas, il jouait à l’autruche, se juchant d’œillères au visage et refusait tout net de sortir de ses petites certitudes étriquées. Fallait-il réellement qu’il se noie dans son marasme sans même essayer de se racheter, sans même essayer de compenser, de faire mieux, ou tout simplement de fleurir à nouveau le bien et l’ordre qu’il pouvait porter ? Comment ne pas se haïr ? En s’espérant tout simplement. Mais peut-être était-ce encore une fois trop demander. Il semblait passer son temps à trop en demander de toute façon. Il ne le trompait pas, pas plus son calme apparent que la douleur qu’il lui faisait ressentir en continue comme une longue litanie insupportable… Pinçant légèrement les lèvres, il le couva alors d’un regard sombre.
« Ce n’est pas la réponse à votre douleur et vous ne la trouverez pas en ces lieux croyez-moi bien. Mais soit, c’est au mage Faudar Adroared que vous devez parler, ou à la princesse Esmelda Kohan »
Mais il n’avait plus aucune confiance en cet individu si il en avait eut la moindre, pas avec ce qu’il ressentait, pas avec son comportement… et certainement pas avec l’écho de son chant-nom qui révélait d’intéressants détails. Et si il avait parfois un peu de honte à se mêler des chants des autres, là, ce n’était pas le cas et il dévorait les informations avec ardeur, les absorbant et les rangeant dans un coin de son esprit en passant sa vie au crible comme il l’avait rarement fait. En règle générale, il se contentait de laisser venir, de faire l’éponge naturellement, ne pouvant se soustraire à ces ondes omniprésentes et les subissant sans rechigner. Pourtant cette fois c’était lui qui tendait sa sensibilité vers l’elfe pour le décrypter, quitte à se faire mal il aurait pressé le jus de son être jusqu’au bout. Impalpable et discret, impossible à ressentir, il allait néanmoins à une vitesse sinistre au travers des notes pour les harmoniser dans son propre esprit malgré la cacophonie de souffrance dont il s’agissait. Pourtant alors même qu’il effectuait ce précieux travail, il sentit une intrusion toute particulière au sein de sa magie personnelle… ayant du mal à arrêter le flot de son travail, il mit plusieurs longues secondes à prendre conscience de ce qui se passait, avant de le sentir avec plus de netteté…
En particulier quand Shaynar rugit en le faisant sursauter cette fois. Instinctivement il le chercha de son esprit, se heurtant à un mur infranchissable sur lequel il tambourina de toutes ses forces pour essayer d’entrer et de l’aider… Reculant légèrement en le voyant se dresser et retomber, il manqua de finir à nouveau par terre, alors qu’il s’échinait intérieurement, ne faisant plus du tout attention à son corps physique. Pour éviter de tomber, il se raccrocha à Eliowir de sa main sans gant, la retirant aussitôt lorsqu’il sentit l’horrible odeur de chair grillée qui emplissait l’air à une vitesse terrible. Désorienté il recula précipitamment en dissimulant sa main, ne sachant plus où donner de la tête…tentant de venir en aide à son lié dont il avait enfin comprit la détresse. Abasourdit mais n’ayant pas le temps de digérer la surprise, il se glissa enfin dans les interstices de son esprit qui s’ouvrait de nouveau, alors que, ignorant à présent totalement l’elfe, il s’avançait pour se rapprocher de Shaynar et l’étreindre de son mieux, attirant son esprit contre le sien alors qu’il venait remettre de l’ordre dans la cacophonie qui étreignait le dragon…
Coupant tout d’abord une partie de celle-ci en refermant au mieux ses propres sensibilités, il effectua un travail similaire à celui de son propre maître lorsque pour la première fois il avait entendu le monde, essayant d’adoucir le contact avec les ondes vibratoires grâce à un chant sur lequel le reste du monde venait s’enrouler lentement. Ouvrant ensuite son esprit au maximum et avec autant de douceur qu’il le pouvait, il tenta, lentement, de guider le dragon noir vers les la connaissance, non pas technique, qu’il risquait de ne pas assimiler, mais instinctive, développée avec le temps, lui servant réellement de caisse de résonnance, d’yeux et d’oreilles afin qu’il comprenne ce qu’était le chant-nom et particulièrement celui qui l’intéressait, apaisant avant de satisfaire… et c’était une opération bien plus délicate qu’il ne l’aurait cru que de fondre ainsi une part si vitale de lui dans l’immensité de l’esprit du noir, de transmettre avec exactitude mais en coupant le coupant du reste du monde le chant désiré, le démêlant de son environnement comme un inextricable écheveaux. Faisant de son mieux, il transmit l’immensité de la vie mélodieuse de l’elfe qui pourtant sonnait de désaccords en de nombreux points. Comme si….
*Comme si on avait fait des trous dedans *
Comme une écharpe mangée aux mites. Intrigué, il ne se laissa cependant plus tenté et se contenta de poursuivre avec constance le travail de transmission, qui alors qu’il se déroulait, lui donnait un intense sentiment de satisfaction. Comme si partager cela avec Shaynar lui avait été un véritable plaisir, ce qui était effectivement le cas. Puis pourtant arriva l’information que Shaynar avait désirée, et qu’il ne dissimula nullement. L’infanticide. Ce terrible crime, bien plus encore chez les elfes. Sans pour autant se détacher de Shaynar, craignant une nouvelle plongée involontaire, il se tourna pourtant lentement vers Eliowir, reprenant conscience de sa présence. L’œil ternis de la fatigue qui lui tombait dessus rapidement après pareils sursauts de ressentis et de la douleur vibrant encore en lui, il attrapa fermement l’elfe de sa main gantée, après avoir marché sur lui manu militari. Le maintenant sur place malgré sa force restreinte il se mit à chanter, laissant libre cours à sa voix magnifiée par la magie unique du Fondateur qui lui avait arraché ses cordes vocales pour les remplacer par bien meilleur… Chantant son chant nom, le mettant face à lui-même… Une dernière, une ultime tentative pour lui faire ouvrir les yeux. L’obliger à regarder ses ombres… autant que sa lumière. Longuement, passionnément, donnant corps à l’échange qu’il avait eu avec Shaynar.
Avant de se taire, enfin. Haletant, et surtout las. « Voilà mon présent envers vous. Faite-en ce que vous désirez, mais je suis las et votre douleur me pèse autant que ces émotions… je vais... me reposer » Se détournant, il s’apprêta à retourner auprès de ses livres, les ranger… et peut-être se glisser quelque part loin de tout pour voler quelques instants de repos.
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| Sujet: Re: Quand Merci fait des rimes... [PV Shaynar & Merithyn] Mer 1 Jan 2014 - 22:59 | |
| Ce regard sombre... Ce visage soudain si fermé... Visiblement ses paroles, ses dires et ses façons d'être avaient l'art et la manière de déplaire au baptistrel. Et pas qu'un peu. Si l'elfe chanteur n'avait pas encore laissé couler son ire sur le vieil elfe, Eliowir n'était pas assez aveugle pour ne pas voir, comprendre, qu'il s'en fallait de peu que la mince frontière soit franchie. Lui qui était venu pour présenter ses remerciements et offrir ses services en paiement de ceux rendus par les baptistrels... Voilà qu'il s'attirait les foudres du gardien, voire pire même son animosité. Enfin... si tant est qu'un baptistrel puisse réellement en ressentir. Disons du moins ce qui s'en approchait ? Ou quelque chose y ressemblant ? Hum... Il n'aurait su dire. Ce n'était en tout cas pas la bonne entente qui régnait entre eux. Au grand dépit du lion. Un mage nommé Faudar donc. Soit. Nom retenu. Il tenterait de joindre cet homme. Ou la jeune princesse, mais il doutait parvenir facilement à lui parler. Le mage serait sans doute plus abordable... Faudar. Il en était là de ses pensées, inconscient de ce que l'elfe chanteur s'amusait à faire pendant ce temps, même si le soudain silence qui s'était imposé lui paraissait étrange. Etrange mais si imposant qu'il n'osa le rompre et se contenta de se perdre lui-même dans ses pensées, tout en détaillant chaque trait du gardien. Jusqu'à... Jusqu'à ce qu'un rugissement sinistre et inquiétant le ramène à l'abrupte réalité. Le dragon était pris dans une crise effroyable, incompréhensible pour le vieil elfe, mais particulièrement impressionnante. D'autant plus impressionnante, qu'il ne comprenait pas un traitre mot à tout cela. Impuissant, il ne put que se contenter d'être spectateur. Peinant à ne pas perdre son équilibre, tentant d'aider le baptistrel à rester debout lui aussi, en l'agrippant au coude, tandis que l'elfe chanteur l'agrippa à son tour d'une main... le brulant soudain d'une vive et atroce douleur. Il ne put toutefois que siffler, manquant de peu de tomber réellement entre les tremblements de la terre et ses soudains soubresauts de douleur. Il parvint toutefois, il ne sut comment, à rester debout, titubant un instant, contemplant sa brulure d'un air hébété... puis revenant au spectacle étrange et suppliciant que celui du dragon souffrant visiblement mille martyrs. Que se passait-il donc ? Qu'y avait-il ? Etait-ce lui ? Le dragon sentait-il la même douleur que l'elfe chanteur en sa présence, une douleur si terrible que la créature ancestrale ne puisse la supporter ? Faisait-il donc tant souffrir les autres par sa seule présence ? Si oui... Si oui, son bannissement ne devrait peut-être pas prendre fin. Son exil avait peut-être, au final, du bon... un exil qu'il se devrait peut-être de prolonger... en temps et en distance même. Oui, en distance... Se trouver une contrée où nul être vivant ne pourrait souffrir de sa présence. Existait-elle seulement ? Oui, peut-être.. Il pourrait du moins la chercher. C'était peut-être là la solution ? Au moins il ne ferait plus souffrir quiconque... Il en était là de son marasme de pensées, les yeux exorbités vers le dragon même s'il ne voyait plus rien de ce monde réel, quand il sentit la présence de l'elfe chanteur devant lui. A ses côtés. Il recula d'un pas. De la distance. Il devait mettre de la distance, peut-être cela suffirait-il à faire diminuer leur souffrance ? Mais il n'eut guère le temps de mettre plus de distance encore. Il se sentit férocement happé par l'elfe chanteur qui le força ainsi à ne plus bouger. Et à subir. Subir cette mélopée... Une mélopée étrange, envoutante, enivrante, vibrante... mais déroutante, souffrante, horriblement souffrante, lui arrachant des spasmes d'agonie sur son âme déjà malmenée. Qu'était-ce là donc ? Qu'était donc ce chant dysharmonique ? Si discordant, que les notes semblaient se disloquer dans l'air et pourtant y vibrant, se mêlant toutes ensembles dans une étrange mélodie, aux tambours battants frénétiquement, comme désespérément... Et soudain les battements cessèrent. ceux de son coeur manquant de peu de suivre leur exemple. « Voilà mon présent envers vous. Faite-en ce que vous désirez, mais je suis las et votre douleur me pèse autant que ces émotions… je vais... me reposer » "Qu'était-ce donc là ? Que... que signifiait donc ceci ?" avait-il envie de crier. Mais au lieu de cela... silence. Et l'elfe chanteur déjà s'éloignait. Il était, le dragon sur ses talons, déjà à bonne distance, quand enfin le vieil elfe sembla reprendre vie. - Qu'était-ce là ? Est-ce ça alors le chant-nom ? Mon chant-nom ? C'est cela... C'est mon chant-nom n'est-ce pas ? Il est si..Sa voix alternait les basses et les graves, montant d'un cran pour se faire emporter par le vent jusqu'au chanteur, et retombant soudain dans un murmure d'oubli... oscillant entre cris d'appels presque désespérés et chuchotement étonné à son moi tourmenté. - Oui c'était cela. Que dois-je donc en faire ? reprit-il. Que dois-je... je ne sais... je ne suis pas baptistrel... ce chant est si... discordant... troublant... si... Il en frissonna de nouveau, les mots lui manquant. - Que suis-je censé en faire ? Comment suis-je censé le comprendre ?Mais aucune réponse ne vint que celle du vent qui chatouillait les feuilles autour de lui. L'elfe chanteur s'éloignait encore. - Je vous dois encore une dette, elfe chanteur. Je vous suis encore débiteur. Ordonnez, quand vous le voudrez, et je serais votre serviteur, déclama-t-il, d'une voix forte, sa conviction en ce fait la renforçant suffisamment, il l'espérait du moins, pour qu'elle porte si loin. Je serais votre obligé, noble baptistrel, jusqu'à ce que vous me jugiez libéré !Et l'elfe disparu enfin au loin. Le laissant en désarroi. Abandonné. Oui, encore. Rejeté. Le laissant seul. Avec lui-même. Et sa brulure lancinante. [RP a priori terminé] |
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