¤ Cendre & sang ¤

Au sud-est du bois sauvage, non loin du Wylorel, ni profondément dans la forêt, ni trop près de l’orée du bois, règne une odeur. Une odeur de bois brûlé, une odeur de cendre, de terres calcinées. Les habituels effluves des mille fleurs se trouvant dans cette forêt ne gratifient plus de leur odeur majestueuse cette partie du bois. Elles ont pourtant lutté, férocement pour empêcher que cette odeur ne s’installe. Mais elles faillirent et périrent brûler, leur corps venant amplifier cette inquiétante odeur de cendre qui y fait régner une atmosphère des plus terrible. Au milieu de cet océan de verdure, un éclat s’était produit. Cette tranquillité, cette douceur habituelle n’est plus. Lugubre, une inquiétante aura hante le lieu, pressante, elle donne l’impression d’être observée.

À cette odeur inhabituelle dans le bois, est venue s’en rajouter une autre, se mêlant à merveille avec les premières. Douce aux premiers abords, certains bipèdes du continent se sentiraient devenir fou à son contacte, fou, car leur instinct primaire s’éveillerait. Du sang, en quantité abondante à couler ici. Il imbibe la terre, il imbibe les cendres. Ici et là on trouve des flocons rouges. Il est encore frais. Lentement une autre odeur parvient à vos narines. Plus agressive, plus révoltante, et pourtant si douce à ceux qui y sont habitués. L’odeur du feu, l’odeur de la chair, l’odeur de la chair de bipède brûler et calciner. Des morceaux d’amures noirs gisent, briser en morceaux, ici et là. Théâtre d’un carnage, vision d’effrois. Des corps mutilés et des tripes tapissent la terre devenue noire sous le feu d’un dragon. Des corbeaux volent, lentement dans le ciel, observant, à la fois inquiets et envieux, avant de descendre pour se délecter. Le grand rouge n’est pas là, c’est le moment d’en profiter.

Plus loin, des arbres gisent sur le sol, couchés, déracinés, voire même balayés, comme si une tornade était passée. Pourtant il n'en est rien. De larges marques forment une piste sur le sol. La terre est retournée, labourée, éventrée. Et l'odeur de sang semble la suivre. Ce chemin de destruction s'arrête finalement au bord d'un des rivages du Wylorel. L'eau est calme, comme si la chose ayant semé la destruction s'était envolée ici. Mais tapis dans l'eau la bête reste immobile. Le Wylorel est une fois de plus tâcher de sang, mais celui n'est pas qu'humain, non. Du sang d'Alayiens se mêle au sang d'elfe, malheureux s'étant présenté à Verith.

Le sol tremble légèrement et le lit de l’eau se soulève. L’eau semble se mouvoir, la rivière déborde venant mouiller la terre de chaque côté des rivages comme si elle était en crue. En une cascade, celle-ci ruisselle, sur les écailles du dragon rouge qui se redresse. Lentement la bête sort de l’eau, retournant sur terre avant de s’ébrouer violemment, provoquant une violente, mais courte averse. Le sang de ces fous ne souille dorénavant plus ses écailles, mais l’odeur du sang reste encore présente dans l’air ambiant. Grondant, Verith fils de l’orage est d’une humeur massacrante en ce jour. Depuis son réveil, une chose, une chose indescriptible, à peine perceptible, mais pourtant présente lui tourne autour, rôdant comme un prédateur à l’affut. Il ne saurait dire qu’elle était cette chose, mais il n’aimait pas cela. C’est aujourd’hui que les bipèdes se réunissaient pour faire leur pitoyable réunion, dont sa mère avait décidé d’assister. Soit, il attendrait, oui il attendrait patiemment, que celle-ci se termine. Que l’assassin de son frère sorte du périmètre protéger par la promesse de sa mère pour que Verith, tel un chat attendant que la souris sorte de son trou, ne se jette dessus pour le dévorer.

L’odeur de sang et de chaire brûler se faisait plus forte alors que le dragon de l’ire avançait, retournant sur cette place qu’il avait retouchée pour s’y sentir à son aise. Avec tous ces arbres réduits en cendre et coucher au sol, rien n’était en mesure de le gêner dans ses mouvements. Alors qu’il retournait sur son lit de cendres fumantes, le rouge s’immobilisa. Un être venait de faire son apparition. Non ce n’était pas un prédateur attiré par l’odeur de viande brûlée. Il ne s’agissait non plus des corbeaux qui avaient depuis longtemps filé en le voyant arriver de loin. Non, la créature qui venait de faire son entrée était pourtant aussi noire que le plumage des corbeaux et au combien plus dangereux qu’eux… fort heureusement, pas pour Verith.

¤ Rouge et noir ¤

Une créature était là, invisible rodant autour de lui. Éthérée, Verith n’arrive pas à la saisir. Son esprit plongeant dans la trame magique, il la discerne presque, un serpent, non un ver… non c’est autre chose. Obscure il est immonde, son odeur spirituelle le révulse. Petit à petit ce parasite disparait de sa vue. Où est-il passé ? Rien, il ne ressent plus sa présence. A-t-il réussi à la chasser ? Qu’elle était cette chose ? C’est la première fois qu’il voyait cela. Il tremble. Inquiétude ? Non, ce n’est pas cela, c’est autre chose, un mauvais pressentiment. Cela lui prend le ventre. Est-ce à cause de tous ces bipèdes qu’il a mangé ? Jusqu’ici il n’avait goûté qu’aux humains et aux Alayiens, mais rien de tel ne s’était jamais produit. Alors cela était-il à cause des elfes ? Ça ne peut être que ça. C’est mangeur de salade. Tout cet équilibre alimentaire reposé uniquement sur des produits du sol, pas une seule fois leurs lèvres n’avaient touché de la viande. Pfeu, cela avait dû les pourrir de l’intérieure et maintenant cette pourriture bouillonnait dans son ventre. Hum, ce ne serait qu’une question de temps, bientôt son estomac d’acier le supporterait.

Malgré ce long moment passé dans l’eau, cette boule qui se forme dans son ventre ne part pas. Grondant perdant patience il ouvre les yeux. L’ouverture de ses paupières fait fuir les petits poissons qui les plus courageux c’étant approcher de lui. Lentement il sortit de l’eau faisant déborder celle-ci. Tout ce sang qui le recouvrait n’était plus là. Pourtant il embaumait encore l’odeur de celui-ci. Mh, après avoir chopé l’assassin de son frère à la sortie de ces négociations, il s’occuperait de cette odeur âcre.

Sortant de l’eau, le dragon rouge fit bouillonner son feu intérieur. Sa température corporelle grimpa rapidement, les quelques gouttelettes encore présentes sur ses écailles s’évaporèrent. Un nuage de vapeur se dégageant avant de disparaitre lorsque Verith fit cesser son feu. Ses pattes s’enfonçaient dans le sol sous son poids, marquant dans les cendres son empreinte. Bientôt son esprit qu’il avait laissé vagabond rencontra celui d’un autre membre de sa race qui venait d’apparaitre face à lui. Baissant ses yeux, le regard doré illuminant de son habituelle colère se posa sur la jeune dragonne noire face à lui. Celle-ci se rapprocha légèrement, elle empestait ce lien que Verith trouvait révulsant, celui d’être lié à un bipède. Comme un avertissement, le dragon de l’ire envoya son esprit à la rencontre de la jeune ombre, celui-ci résonna comme mille éclaire fendant le ciel avant de s’abattre sur la terre.

Grondant légèrement, Verith se remit en marche, passant à côté d’Isyndar comme si de rien n’était, faisant trembler le sol à son passage. Arrivant derrière, au niveau d’un tas de cendre, le rouge ouvrir sa gueule. La magie se concentrant dans tout son être avant qu’une lueur inquiétante ne se forme au creux de la gorge de Verith. Bientôt un feu impérial en sortit, jaillissant à la vitesse d'un éclair venant frapper le sol. Tournant légèrement la tête, il réchauffa les cendres avant de venir se poser dessus, s’allongeant, le rouge soupira faisant voler quelque cendre mal accrochée au sol.

« N’y a-t-il que des dragonnes sur ce continent ? Cette maladie de l’esprit qui nous fait nous lier à ces pitoyables bipèdes n’atteindrait que les femelles ? Toi, quel est ton nom, et quel est l’être qui souille ton esprit ? »

La mauvaise humeur du dragon transpirait dans les paroles de son intonation spirituelle. Il n’était pas d’humeur à jouer ni à faire de concessions.

¤ Désolation ¤

Le grand rouge se tenait là, en pacha sur un lit de cendre fumante dont il venait de raviver quelques braises à l’aide de son feu. Sous ses écailles, une douce chaleur s’éveillait. L’odeur de cendre, sang et destruction emplissait ses poumons l’exultant. Oui il était bien, du moins, il devrait l’être. Si cela ne relevait d’un micro et minuscule petite, détail. Face à lui se tenait une dragonne, l’une ses compères, un membre de la race dragonnier, une sœur d’écaille. Et pourtant ! Celle-ci provoquait un profond malaise dans le sien de Verith. Ce lien avec un bipède qui habitait cette jeune cracheuse de feu en était la cause. En plus de révulser le dragon de l’ire, celui-ci l’inquiétait. Oui, il avait peur de ce que cela représentait. Un dragon et un bipède aux âmes entremêler étaient contre nature à son esprit. Cela ne pouvait n’être qu’une maladie, et la plus grande terreur de Verith était de se voir lui aussi frapper de celle-ci. S’il n’avait le fier et courageux dragon qu’il était, le rouge aurait depuis longtemps battu des ailes pour mettre de la distance afin d’éviter que les germes de cette folie ne l’atteignent. Sa mère lui avait néanmoins expliqué que ceci ne fonctionnait pas de cette manière. Mais Verith émettait tout de même quelques réticences.

Alors que les paroles spirituelles de dragon venu d’outre-mer se dissipant dans le flot magique, la voix de la dragonne se fit entendre. Elle aussi vint défendre avec hargne sa position de lier. Cela ne faisait qu’énerver un peu plus Verith qui en vint à planter ses griffes d’ébènes dans les cendres. Cette femelle, nommée Isyndar était comme Ashy, une petite sotte. Décidément le rouge avait du mal avec les dragons de ce continent. Lui qui avait pourtant dit à sa mère qu’il tacherait de faire un effort. Cela semblait au-dessus de ses forces, et cette pensée n’était en rien pour le ravir, au contraire, savoir qu’il y avait une chose qu’il n’était pas capable de surmonter réveillait la colère vrombissante en son sein.

« Et vous n’êtes-vous pas Verith, le fils de feu dont m’a parlé Skade, dragonne de tonnerre ? »

Les petits yeux dorés du rouge se posèrent à nouveau sur la petite ombre qui semblait se tenir fièrement face à lui. Elle avait donc rencontré sa mère ? Skade avait déjà commencé à prévenir les dragons du rassemblement qu’elle envisageait ? Peut-être devrait-il s’en assurer.

« Ces Alayiens n’ont donc aucun respect pour le moindre souffle de vie. »

Verith déploya lentement son esprit, il sentit que la petite Isyndar s’employait à redonner de la force à la nature et la terre calciner. Dans ses yeux, dans l’aura qui se dégageait d’elle, le rouge pouvait le ressentir. Le dégout, la tristesse, la colère face à ce spectacle. Il ne semblait pas à son goût, pourtant il était des plus magnifiques ! Tout s’alliait à merveille, feu, cendre et sang pour un théâtre de désolation. Son lié devait être un elfe pour qu’elle ne puisse apprécier cette scène qui se trouvait juste sous ses yeux. Ces êtres aux oreilles pointues, si détestables. Doucement Verith se mit à rire.

« Les Alayiens ? Tu veux parler de ces fous, adorateur d’une entité devenue folle ? Ces bipèdes ne sont pas à même de créer un tel spectacle. La beauté ne se trouve pas uniquement dans la vie, elle existe également dans la mort et la désolation. Tu l’as sens, cette odeur de sang ? Sang des elfes et d’Alayiens ayant fait l’erreur de se présenter à moi. »

Lentement le dragon de l’ire se redressa, venant d’éployer ses ailes pour les étendre, provoquant une légère bourrasque qui vit s’envoler la cendre.

« Tu as rencontré ma mère Skade écailles d’orage. Je suis son fils, Verith, le dragon de l’ire. Cette forêt est aussi abominable que les êtres qui s’y trouvent. Une étendue de cendres fumantes et de terres calcinées engorgées du sang des elfes serait mieux appropriée ! Armanda est souillé de la folie des bipèdes ce n’est que par le feu que ce continent en sera laver. »

Le rouge posa lentement sa patte qui en un coup suffirait facilement à balayer la jeune ombre face à lui. Ses griffes d’ébènes vinrent lentement tracer des sillons dans le sol.

« Comprends-tu jeune dragonne. Cette scène de désolation est bien mon œuvre. Cesse donc de t’employer à y redonner vie. Et laisse cela comme tu l’as trouvé. De toute manière, tôt ou tard, de cette destruction renaîtra la vie. Ton lié doit être un elfe pour que cette scène te révulse autant. Sa vision corrompue a dû souiller celle du dragon que tu es. »

¤ Justice ¤

Ses larges ailes se déployaient, étendant son ombre sur cette terre calcinée. Leurs mouvements firent voler les cendres, porter par ce vent soudain, certaines s’embrasèrent, illuminant ce soudain nuage noir et épais de petite lueur rouge flamboyante qui mourrait en revenant au sol. Ce n’était que le second dragon que Verith rencontrait sur ce continent, et déjà celle-ci l’agaçait. Il est vrai que ca nature irascible n’aidait pas, ni son humeur du jour, mais la vision des dragons liés commençaient à l’agacer plus que mal à l’aise. Il était inconcevable pour Verith que les dragons puissent autant s’attacher aux bipèdes. Ils sont des meurtriers, des fous, des larves ayant eu l’audace de prendre la vie de dragon. Au mieux ils ne sont que de simples animaux de compagnie qui ne sont là que pour les sustenter dans un moment de gourmandise ou de faim passagère.

Cette dragonne face à lui, à la vision étroite de la beauté. La mort la fin d’un cycle, la disparition de la beauté ? Non, la mort était un nouveau point de départ. Cette terre brûlée par ses soins, il y a peu encore recouverte de verdure, n’était pas morte comme le décrivait Isyndar. Elle n’était que détruite, et dans peu de temps de cette destruction naîtrait une nouvelle construction, sûrement plus belle que la précédente. La jeunesse de la dragonne l’agaçait, son arrogance l’agaçait, son ignorance l’agaçait, son lien l’agaçait ! En son sein, sa douce l’ire émergeait, ronronnant, s’embrasant.

De sa hauteur, le grand rouge toisait la petite ombre, et pourtant celle-ci continuait de le défier. Il avait l’impression de la revoir, cette Ashy. Elle aussi c’était confronté à lui, elle avait même eu l’audace de venir souiller son esprit d’images la mettant en scène lui et son lié. Folie, folie ! Tout ceci n’était que pure folie, comment pouvait-il vivre ainsi, si détacher de la véritable nature des dragons. Ou était passé leur grandeur leur noblesse ? Ils l’avaient troqué contre une attache à un bipède !

« Détruire pour renaître ? De quoi ? De qui ? Les bipèdes ne sont pas tous des fanatiques stupides et aveugles. Qu'ont-ils pu vous faire pour que même leur nature innocente subisse un tel acte d'horreur ? Et ma vision est très nette, celle d'une jeune dragonne qui voit l'avenir des dragons auprès des bipèdes. Certes tous n'ont pas la valeur que l'on mérite poser les yeux sur eux, mais de là à semer désolation, destruction et perte. Cela vous met sur la même ligne que ces Alayiens voulant tuer toute forme de magie. »

Ses pupilles se firent plus grosses, de ses naseaux de légères flammes de colère furent expulsées. Comment osait-elle ?! Levant sa patte, Verith frappa le sol avec toute la violence dont il pouvait faire preuve, avant de faire résonner son esprit dans la zone tels mille et un éclairs. Ses yeux remplis de rage fixaient la jeune dragonne.

« Silence ! Ne crois pas que parce que tu es l’une des miennes je ne te ferais pas payer ton insolence ! La magie provient de nous et simplement de nous ! Là ou nous somme elle est, là ou nous vivons elle fleurit, là ou nous mourrons elle meure ! Les bipèdes qu’ils soient d’Alaya, ou d’Armanda sont tous fous et c’est en raison de cette folie qui les habite qu’ils ne méritent de nous rien de plus que nos flammes dévorant leurs chairs, nos crocs perçant leurs corps, nos griffes broyant leurs êtres. Leurs crimes ne peuvent être pardonnés ! »

Griffant le sol, Verith baissa son museau se rapprochant de la petite Isyndar. Ses yeux lançaient des éclairs de rage, dans ses pupilles d’or, l’on pouvait y lire la colère, la haine et la tristesse qui l’habitait. La soif de justice l’habitait, une justice Draconique, une justice des flamboyantes et dévastatrices.

« Les bipèdes, larves qu’ils sont, ont osé se hisser jusqu’à nous tels des serpents et nous défier, tuant nombre des nôtres ! À présent ils veulent nous domestiquer, nous dompter. Leur folie nous a poussés nous dragons à quitter Armanda. Cette terre nous appartient ! Elle est nôtre ! Les bipèdes doivent à présent répondre de leurs crimes ! Vampires, Elfes et Humains tous se doivent d’assumer leurs actes. J’effacerais leurs présences de l’histoire de ce continent à tout jamais par mes flammes ! Je rendrais aux dragons ce qui leur appartient. J’apaiserais la colère de notre race. Je ferais payer aux vampires et aux elfes l’assassinat de mon frère Cymbor ! »

¤ La raison ¤

La voix spirituelle de Verith résonnait encore, l’écho de sa rage se faisant de plus lointain avant de mourir laissant place au silence. Le grand rouge toisait Isyndar, son regard ardent, brûlant d’un désir de justice, semblait lancer des éclairs de rage en direction de la petite ombre. Si elle continuait ainsi à le défier, elle s’attirerait ses foudres. Si Verith labourait le sol, c’était bien pour ne pas la broyer elle. La queue de dragon de l’ire se mit à s’agiter sous l’exaspération, frappant elle aussi le sol. Il grondait presque, enrageant à chaque parole d’Isyndar. Verith n’était pas assez sage pour se contrôler, seul le respect pour sa race ainsi que son honneur l’empêchait de s’attaquer à la jeune dragonne au combien plus faible que lui. Et c’est en raison de ce défaut de sagesse que le rouge pouvait à tout moment perdre le contrôle.

Verith ne faisait pas partie de ces dragons utilisant les mots et la sagesse comme armes pour se tailler une place dans la nuée. Non il faisait partie de ceux dont le seul dialogue était la force physique, le combat. Le rouge était un dominant, un chef et non pas un idiot de sage cherchant à conseiller et trouver des excuses à l'ennemi pour éviter le combat. Oui l'ennemi, car c'est bien ainsi que l'avatar de la colère voyait les bipèdes, comme une menace plus qu'une nuisance qu'il fallait éliminer.

Déjà face à lui la petite dragonne répliquait, ancrant ses griffes dans le sol pour se maintenir. Cette … Elle osait le défier, elle osait continuer à défendre les bipèdes ! Comment ?! Pourquoi ?! Quand bien même un lien existait entre elle et un de ces vers abominables, avait-elle perdue tout honneur, tout sentiment d’appartenance à la race Draconique pour ne pas réclamer justice après la mort d’un des siens ?! Les histoires de sa mère étaient donc vraies, les dragons par la faute des bipèdes en étaient venus à s’affronter et à se haïr, eux jadis uni. Impardonnable ! Ignoble et impardonnable que sont les bipèdes cette folie qui est la leur.

« Nous n’avons pas à nous unir à des races qui ont oublié le respect qui est dû ! Qui nous assassine et nous corrompt au point que nous nous entretuons ! »

« Ils ont certes tué les nôtres, alors soyons aussi stupides qu'eux et faisons pareil au lieu de hisser la race draconique à sa juste valeur, celle de la magie à l'état pure. Et sachez frère d'écailles rouges, que nous ne sommes pas des animaux domestiqués. Je ne suis pas comme ces chevaux de parade ou bien les chiens qui gardent les troupeaux de moutons. Mon lié ne m'a jamais considéré comme tel. Nous sommes deux entités à part entière. »

« Comment peux-tu défendre ceux qui ont tué les tiens ?! N’as-tu donc aucun amour envers ta race ?! »

« Et cette terre est bien assez vaste pour que tous puissions vivre dans un cycle harmonieux. Et nous, dragons nés à peine hier sur Armanda refusons cette éradication des vampires, des elfes, des humains, mêmes des plus obtus pour la simple domination draconique. Je ne suis pas là en conquérante, mais en guide, en sage, en gardienne d'une paix entre tous. Ici ma seule liberté m'appartient, le reste est un ensemble qui n'est à personne hormis aux esprits et à la vie même.»

Sur ses mots, l’esprit de Verith vit rouge. S’en était trop, il avait atteint sa limite. Peu importe les conséquences, il était temps ! Temps que tous comprennent ! Que les dragons se remémorent qui ils sont, qu’ils retrouvent leur honneur, leur noblesse ainsi que leur unité sur ce continent. Il était temps que les dragons liés fassent un choix ! S’allier à sa cause pour rappeler aux bipèdes le respect et la crainte qui sont dûs aux dragons en les punissant, ou bien s’opposer à lui et mourir de ses mains !

L’esprit embrumer par la rage son regard déformer par la haine et la tristesse, Verith leva son énorme patte. Fixant la dragonne, la nouvelle lueur dans ses yeux trahissait son intention. Isyndar avait selon lui fait son choix, elle devait donc en assumer les conséquences. Membre lever, griffes zébrant le soleil, le grand rouge s’apprêta à les abattre. Grondant il cracha.

« Il est impossible de vivre en harmonie avec des fous, des assassins qui nous pousseront à nous entretuer, à effacer l’unité de notre race ! Comment ne peut-on saisir cela ?! Il est inconcevable de pouvoir les défendre !! »

Verith abattit alors son attaque sur la dragonne de l’ombre. La toucha-t-il ? Non, son attaque avait cessé aussitôt qu’elle avait débuté, les paroles de la jeune Isyndar l’ayant arrêté.

« Une seule personne est responsable de la mort de votre frère. Et croyez-moi, il paiera pour ce crime odieux et injustifié. Mais pourquoi les autres en subiraient les foudres ? Beaucoup condamne cet acte. »

« Non ! Tous sont responsables ! Le vampire qui l’a tué condamne sa race, l’elfe à laquelle il était lié condamne également sa propre race ! Ils sont tous les deux les assassins de mon frère et pourtant tous deux sont encore en vie ! Pourquoi, si comme tu le dis nombre de bipèdes condamnent cet acte, ce fait il qu’ils soient encore en vie ! Pourquoi le sang froid meurtrier de mon frère est à la tête des vampires ?! Pourquoi la sylvain ancienne liée n’a pas péri avec lui ?! Pour moi il n’y a qu’une seule explication valable, la race vampirique n’ayant pas exécuté celui des leurs qui a tué mon frère cautionne cet acte et a même permis qu’il se retrouve à leur tête ! Quant aux elfes, la mort de mon frère ne vient qu’ajouter une raison qui justifierait leur extinction ! Maintenant, si tu arrives à me donner une seule autre raison valable au regard d’un dragon qui justifierait que je ne te fasse pas payer ton impudence ni celle des bipèdes alors parle ou subit dès à présent ma colère ! »