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| Un trio explosif [Terminé] | |
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| Sujet: Un trio explosif [Terminé] Sam 28 Sep 2013 - 23:27 | |
| Deuxième journée, fin d'après-midi
Cette journée avait été placée sous le signe de l'étrange. Et encore étrange était un bien faible mot pour décrire l'expérience qu'il avait vécue avec cette rencontre étonnante, déroutante... Achroma Seithvelj... Etrange nom pour un étrange personnage. Envoutant, captivant vampire, qui lui avait fait revoir en quelque sorte sa vision des choses concernant cette race, de façon assez imprévue. Même s'il peinait encore à se l'avouer à lui-même. Dangereux vampire aussi, instable, déroutant, qui semblait cacher de sombres facettes, et semblait osciller entre deux contrées qui faisaient peur sous certains aspects.
Oui, étrange journée pour une bien étrange rencontre, dont Eliowir peinait encore à démêler tous les fils, tous les tenants et aboutissants. Cette rencontre lui avait posé au final plus de questions qu'elle n'avait réellement apporté de réponses, lui faisant entrevoir certaines possibilités, certaines voies d'avenir, mais lui en faisant redouter d'autres aussi : lui faisant redouter d'avoir eu tord toute sa vie durant, d'avoir agi pour de mauvaises raisons, par vile ignorance ; lui faisant redouter aussi ce qu'il avait ressenti en présence du vampire, attirance, réelle curiosité, envie de connaître ce vampire, envie de l'écouter, de le comprendre, de savoir, de... le laisser faire... de se laisser entrainer dans son sillage de folie... ; lui faisant alors également redouter d'avoir été pris dans un piège, d'avoir été envouté, ou pire même... Bien qu'étant mage lui-même, et pas des plus impuissants sans se vanter, il l'aurait aisément senti s'il avait été sujet à quelconque envoutement... n'est-ce pas ? Plus de questions que de réponses en somme, oui. Une journée riche mais éprouvante donc.
Il avait quitté il y a peu les habitations vampiriques, errant dans la forêt qui la jouxtait, laissant ses pas le guider, visiblement direction le nord. Il avait décidé de se laisser quelques temps avant de rentrer au château baptistrel, trop éprouvé, trop bouleversé en fait, pour avoir le courage d'affronter de nouveau regards ou murmures. Ou même silence. Ou regard compatissant des baptistrels. Non, en cet instant, tout ce qu'il voulait, c'était être seul. Errer, au grès de ses pensées troubles, et écouter la paisible musique du vent dans les feuilles, ou le gazouillis des oiseaux se dépêchant de rentrer au nid avant que la nuit ne tombe. Les doigts dorés du soleil s'étiraient à l'horizon, menaçant eux aussi de se retirer définitivement pour la nuit, même si le ciel n'était pas encore tout à fait teinté de feu flamboyant. La lune commençait toutefois déjà de se lever de l'autre côté, visiblement impatiente de chasser son frère pour prendre sa place dans des cieux promettant d'être étoilés.
Oui paisible. Tout ce dont il avait besoin en cet instant. Et à tout bien y penser, Eliowir songeait même à y rester la nuit. Oui, voilà, trouver un arbre, bien tranquille, bien confortable, et s'y installer pour la nuit. Bon il ne voulait pas non plus abimer les beaux habits que le vampire venait de lui offrir... mais au pire il n'aurait qu'à faire attention. Ou à retirer le plus fragile si vraiment il menaçait de les déchirer ou autre... En attendant, trouver un arbre déjà. Et trouver de quoi manger, lui rappela soudain son ventre en un grondement peu distinctif.
Tout en laissant ses pas errer, son attention se focalisa donc sur la nature l'entourant... ramassant alors quelques champignons qu'il trouva par ci, quelques racines par là qu'il savait particulièrement savoureuses... Il en mâchouillait une déjà, incapable de se retenir et d'attendre d'avoir trouvé son erre de repos, l'autre main occupée à tenir toutes ses trouvailles, quand soudain son regard agrippa un arbre. Un cerisier. Dont les branches ployaient encore sous les fruits mûrs. Salivant d'avance de ce festin en préparation, il scruta l'arbre avec attention. Les branches basses lui faciliteraient la tâche pour monter là haut. Et le petit creux que formaient deux branches hautes, à quelques mètres au dessus du sol, lui assurerait un endroit confortable où passer la nuit en toute tranquillité et sécurité, formant presque un petit hamac des plus prometteurs.
Aussitôt pensé, aussitôt exécuté. Emballant son précédent butin dans un petit balluchon improvisé à l'aide d'une très large feuille, qu'il attacha ensuite à son cou par deux lianes trouvées non loin, il se mit donc à grimper souplement, prenant garde de ne pas salir ni accrocher sa belle tunique ou ses braies toute neuves. Il tenait trop à ce cadeau inattendu du vampire pour l'abîmer si bêtement... Il installa son balluchon dans le hamac des branches, et s'empressa d'aller piocher cerises après cerises, les stockant avec habileté sur ses oreilles ou dans une main libre. Après quelques temps de ce manège, et de plusieurs allers et venues, il se sentit satisfait de sa récolte et se décida à enfin s'installer paresseusement sur les branches, pour déguster son festin improvisé.
Jambes croisées, nonchalamment appuyées contre une branche lui servant de repose-pieds, fesses bien callées dans le creux ma foi fort confortable, et le dos souplement appuyé contre le large tronc de l'arbre, le lion en lui ronronnait presque de plaisir tandis qu'il grignotait racines et champignons, finissant ensuite par les petites cerises des plus juteuses. Il ne manquait plus qu'un peu d'eau, ou mieux de l'hydromel, et le vieil elfe en aurait été complètement satisfait. Mais qu'importe. Sans doute une petite pluie viendrait dans la nuit, ou sinon rosée du matin se ferait un peu attendre... Mais l'eau viendrait en son temps, il le savait, ce n'était qu'un peu de patience. Il avait de toute façon trop la flemme de redescendre pour aller chercher de l'eau. Il ne savait où en trouver rapidement et non loin, et tenait trop à son arbre pour s'en éloigner de toute façon. Il faisait trop chaud pour ca. Vraiment trop chaud.
Il commençait presque à somnoler, repus, un sourire aux lèvres, son esprit voguant sur les bruits paisibles l'environnant, quand...
Quand des bruits de pas vinrent perturber la douce harmonie qui le berçait. Maudit soit l'intrus qui s'avançait alors ! N'avait-on pas appris aux gens de ne pas déranger les autres ? Bon, d'accord, il fallait avoir un œil particulièrement avisé pour le voir si haut perché... mais tout de même. Dracos devait lui en vouloir pour lui voler si facilement ce petit instant de paix. Avec un peu de chance, l'intrus ne ferait que passer et laisserait la forêt gagner de nouveau ses droits...
Ou pas, pesta-t-il intérieurement, quand il vit l'intrus s'appuyer contre son arbre. Oui, SON arbre. Il l'avait vu après tout le premier !
Furieux, agacé, et la fatigue titillant sa soudaine méchante humeur, il sauta à bas de l'arbre, dans un geste souple savamment calculé, arrivant à quelques mètres à peine de l'inopportun, dans son dos.
- Cet arbre est déjà pris, fit-il d'une voix sombre.
Qui se tut de suite, quand l'inopportun en question se retourna... et qu'il le reconnut. Toutes ses récriminations, tout le beau discours hargneux visant à chasser l'homme, moururent sur ses lèvres, tandis que ses azurs errèrent sur le corps de l'autre. En fort mauvais état, dut-il constater.
- Svenn ? Havard Svenn ? Vous ? Ici.. ? Balbutia-t-il, clairement surpris et perplexe.
Et de cette apparition inopinée et de l'état de l'homme... Avant que, peu à peu, des doutes ne se forment, des hypothèses ne s'étayent. Mais non, ce n'était pas possible... si ? Non, ce ne pouvait être... Mais il préféra laisser à l'autre l'occasion de lui confirmer ce que son esprit embrumé imaginait déjà...
Dernière édition par Eliowir Serillëiel le Dim 26 Jan 2014 - 0:22, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: Un trio explosif [Terminé] Lun 30 Sep 2013 - 10:45 | |
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Il n'y avait pas grand chose à faire sur le domaine des baptistrels, et de toute façon il ne voulait réellement rien avoir à faire avec les elfes ou les vampires ce qui limitait d'autant plus ses possibilités. Il n'était pas du genre à s'émerveiller des jours durant du paysage, quant bien même certaines parties du domaine elfique valaient la peine qu'il cesse de jouer de mauvaise foi plus qu'apparente. Certes, la fontaine valait le coup d'oeil et il y faisait frais, un fait qu'il ne pouvait que saluer en ces terres qui semblaient accablées d'un été perpétuel... Il n'imaginait pas que l'on puisse survivre dans cette chaleur permanente même en y étant habitué, le froid aussi avait son charme et son utilité, et l'hiver était une saison magnifique. Surtout au nord, il fallait bien l'admettre, les saisons à Glacern n'avaient rien de commun, dans cet univers de haute montagne, avec celles du sud ensoleillé et le rapport des hommes à la nature en était grandement influencé. L'été de sa terre natale ne signifiait nullement la fin des frimas, mais surtout la réouverture du col de Tombe neige et de l'accès aux plages givrées près du port...
C'était la saison d'une chasse intensive, autant en matière de vampires que de nourriture, on remplissait les réserves de tout ce qui sustenterait l'hiver et l'automne : les légumes qui parvenaient à pousser dans les enclaves, rares, de verdures appartenant aux seigneurs de la ville ; la venaison, que l'on trouvait en relative quantité qu'il s'agisse de sanglier, de daims, de chevreuil, de volaille ou d'ours ; le poisson également, les morues et les colins, l'éperlan, la lamproie, l'omble et évidement les quelques fruits et accompagnements qu'ils trouvaient naturellement ou cultivaient grâce aux même parcelles de terres qui donnaient les légumes, offrant ainsi des quantités de bleuets sauvages, de givrelles, les camérises, les airelles, le genévrier. Ils trouvaient également, bien entendu, du miel, surtout pour la création de l’hydromel sous toutes ses formes, notamment ( et surtout ! De son point de vue ) l'hydromel noir, à base de miel et de cassis, très fort... même si il existait bien des sortes d'hydromel, et même de simples bières, grandes compagnes de veillées sur les hauteurs ou dans les fortins de la muraille intérieur. Peu étaient les sudistes capables de soutenir plus d'une gorgée des véritables boissons nordiques, et encore moins étaient en état de suivre la cadence dans une de leurs rares fêtes. Lui ne buvait pas forcément autant que les autres, il n'en avait guère prit l'habitude, mais ça ne changeait rien.
Et bien entendu, la saison d'été était également celle durant laquelle les caravanes marchandes en provenance d'Elena venaient se perdre à Glacern afin d'y vendre les rares produits du sud qu'ils affectionnaient, principalement des mets que l'on ne trouvait guère chez eux, ou des matières premières leurs manquant pour leurs artisans.Sans aucun doute, c'était là la saison la plus active, et celle où la cité se dépeuplait considérablement. Les chasseurs actifs s'en allaient souvent à cette période et pour un an par le vaste monde afin de traquer les vampires ou de partager avec leurs lointains cousins Elanéens leurs techniques et leurs faits d'armes, apprenant en retour ce qu'eux avaient fait de neuf durant leurs absences. Ils ne s'approchaient guère des autres villes, Gloria était une destination peu prisée car trop corrompue et avilie, Aldaria et Althaïa n'étaient quant à elle que des sujets de mépris pour les guerriers nordiques qui ne supportaient pas la magie. Un an durant, ils voyageaient, avant l'été suivant qui les voyaient alors rentrer au logis, les bras débordant de trophées et d'achats divers...
Ils passaient alors une autre année en ville, afin de laisser leurs place à un autre chasseur, se reposant et enseignant ce qu'il avait apprit aux autres. Ces roulements perpétuels permettaient de ne pas sur peupler la ville et de ne pas trop en demander aux réserves de vivres, et permettaient également de garder les tueurs de vampires frais et disponibles à chaque fois. Souvent, ils étaient d'ailleurs accompagnés d'un jeune soldat, afin de le former et de lui donner une vue plus large du monde. Venait ensuite, et évidement, l'automne, une saison souvent pluvieuse, et gelée, où l'on s'occupait des derniers préparatifs, où les retardataires des voyages apparaissaient enfin, galopant à toute allure... Une saison venteuse également, parfois au point d'empêcher l'accès au port par le grand col, et provoquant des éboulements. Cependant c'était également une saison merveilleuse pour qui aimait prendre des risques ou profiter de la nature, car les voyages en montagne étaient alors très courant, des soldats s’éclipsant afin de profiter du calme des demeures d'ermites gardées propres et droites par le génie militaire. La natation, très prisée en cette saison, se pratiquait souvent dans les lacs d'eau sombre au fond du gouffre bordant le flanc de la ville perchée. Inconscient du froid, beaucoup de jeunes y pataugeaient jusqu'à l'arrivée de l'hiver.
Hivers, saison ô combien fabuleuse et fabulé, surtout à Glacern. L'on ne sortait pratiquement jamais de tout son long, utilisant plutôt les couloirs intérieurs de pierre pour passer d'un bâtiment à l'autre, afin d'éviter les blizzards et la neige permanente, le froid si mordant qu'il pouvait rapidement conduire un homme à l’hypothermie sans un habillage adéquate. En cette saison les feus brûlaient sans discontinuer, et la vie s'effectuait entièrement sur l'artisanat et l'entraînement d'intérieur, transformant l'extérieur de la ville en désert vide de toute vie humaine ou animale. Longue saison également, prenant plus de la moitié de l'année. Le paysage était alors blanc et gris, parfois légèrement bleu, et aussi magnifique que mortel. Le col bouché les isolaient de toutes choses, et ils devaient alors ronge leurs freins, soumis à un régime stricte et restreint afin de ne pas dépenser une miette de nourriture. C'était le temps, pour les jeunes, de s'appliquer aux cours intellectuels plus que physique, et aux autres de discuter de la politique de l'année suivante, et de relater entre eux les souvenirs qu'ils chérissaient... L'hiver était plus qu'une saison, à Glacern, mais un art de vivre véritable. Et l'on disait souvent aux voyageurs venus séjourner parmi eux que l'hiver était adoré ou détesté, mais qu'il n'y avait aucune moindre mesure. Lui l'adorait véritablement, lorsque le vent et le blizzard s'apaisaient, il n'hésitait pas à mettre le nez dehors pour contempler ses terres et profiter de l'air si pur qu'il faisait souffrir les poumons....
Oui, il était un être d'hiver par essence, alors cette chaleur lui était véritablement insupportable. D'autant qu'il trouvait assez paradoxale que les Baptistrels puissent clamer aimer l'harmonie et ne pas laisser la nature aller à sa guise. Mais bon personne ne lui demandait son avis, et comme il en avait prit l'habitude, il était simplement venu s'installer à l'écart, en paix, pour prendre un peu d'ombre et surtout de silence avant de devenir complètement fou à supporter les autres. Adossé à un arbre, il ferma les yeux, tournant la tête de coté et espérant simplement pouvoir s'endormir et se reposer un peu, correctement tout du moins. C'était quelque peu compliquer avec l'autre malade mental qui se passait un peu les nerds sur lui à cause de quelque chose que son père avait fait ( et pas son père biologique avec ça, pour compliquer les choses... mais oui pourquoi faire simple lorsque l'on peut faire compliqué c'est tellement plus drôle ! ). Il n'en eut pas l'occasion cependant, une voix l'interpellant subitement et le faisant se tourner, fatigué et passablement de mauvaise humeur, prêt à mordre sauvagement l'importun qui osait lui voler son instant de paix. Hey ! C'était SON arbre ! Il l'avait vu d'abord ! Cependant il n'en eut pas le temps, car le faciès en face de lui ne lui était pas inconnu. Eliowir ? Ici ? Et bien... quelles étaient les chances qu'ils se croisent de nouveau avant leurs rendez-vous programmé ? Peu il fallait l'avouer, il n'avait pas eut l'intention de se trouver ici, ce n'était pas de son fait... Mais bon, il préférait tomber sur lui que sur un autre elfe, au moins celui-là avait acquis une parcelle de respect de sa part. Il ne comptait pas vraiment essayer de lui tordre le cou.
« Ah.... le monde est petit. Bien le bonjour Eliowir, quoi qu'il ne s'agisse pas vraiment d'un bon jour pour moi... » Il grimaça, une expression singulière son sur visage de marbre « J'ai eu le malheur de confondre le malade mental qui sert de prince aux vampires avec un tremplin et apparemment il n'a pas apprécié.... étrange non ? » Bon d'accord c'était ironique au possible, mais autant en rire, il n'aimait pas se plaindre et surtout pas devant celui-ci qui l'avait déjà vu en fort mauvaise posture. Soupirant doucement, et l'observant avec attention et intensité, il se releva. « Et vous ? Comment s'est passé votre voyage ? Tout s'est bien passé ? Enfin, je suppose que oui, étant donné que vous êtes libres. Quoi que... qui est vraiment libre ici ? Je n'appelle pas liberté les muselières que ces chanteurs nous ont mit.... » Moui, il avait ragé et tempêté autant que possible lorsqu'on l'avait forcé à son serment. Il n'était pas du tout consentant quoi qu'on en dise.... mais bon il n'était pas volontaire pour être là non plus. Se massant le cou il s'avança pour se tenir face à l'elfe mais s'arrêta en sentant quelque chose de très singulier dans son dos.... Deux bras froids virent soudain enserrer son cou et il se tendit, raide comme un manche de lance et ouvrant de grands yeux lorsque la voix vint heurter ses oreilles... son cœur fit un triple salto arrière et se mit soudain à battre à tout rompre. Autant de signes qui ne trompaient pas....
HRP : L'entrée de Ked a été vu avec sa joueuse ^^ Si ça ne vous va pas n'hésitez-pas à me le dire et j'éditerais
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| | | Kedrildan Maralawë Maitre de la Caste
| Sujet: Re: Un trio explosif [Terminé] Lun 7 Oct 2013 - 13:31 | |
| Kedrildan s'ennuyait fortement. Allongé dans son lit, dans les appartements qu'on lui avait attribué au sanctuaire du feu, il fixait le plafond d'un air maussade alors qu'il pouvait sentir l'humeur pétillante de sa dragonne en train d'essayer de compter fleurette avec le moindre saurien mâle qui passait son périmètre de surveillance. Que pouvait donc être l'équivalent reptilien femelle de « coureur de jupon »... Bonne question. C'était presque navrant dans le fond, abandonné comme une écaille de mue dans un coin du nid, le roux ne pouvait être que le spectateur des assauts verbaux de sa compagne alors qu'elle arrondissait sa nuque et son langage, froufroutant de ses ailes en minaudant, faisant tour à tour la belle et la garce pour les entortiller autour de sa griffe. Elle n'était pas encore tout à fait mature pour la période des amours et de la nidification mais il semblerait de toute évidence qu'elle soit du genre précoce au vu de son enthousiasme loin d'être discret pour la gente masculine de son espèce... Et Kedrildan avait été abandonné dans un coin. Il aurait pu, bien entendu, se fondre dans l'ombre d'Achroma et passer son temps avec lui, à l'admirer et discuter, continuant à prendre ses leçons pour devenir plus intelligent qu'il ne l'était déjà et embêter en cherchant à écarter ce misérable sac à main parlant de Zaphirel qui se targuait d'être exclusif au blond vu qu'il était son fils. Tsss... Achroma avait dû avoir des problèmes de vu le jour où il avait transformé cette horrible blatte en l'un des leurs ! Et non Ked n'était pas jaloux, il était seulement réaliste ! Na !
Saloperie de parasite... Sans compter que, depuis leur arrivée chez les baptistrels, la malédiction qui avait finit par sauver le roux agissait en transférant la douleur de leur chef dans le corps du blond, le faisant souffrir le martyr. Il ne pouvait qu'à peine quitter sa couche... En même temps avec cinq ou six dragons dans les parages, il était d'une évidence clairvoyante que la souffrance devait être terrassante et personne ne pouvait faire quoique ce soit pour le soulager de tout ça. Kedrildan se sentait tellement impuissant alors que la douleur froissait le si joli visage de son aîné, l'être qui comptait le plus pour lui, et bien vite, quand il n'en pouvait plus, il lui offrait un léger sourire avant de sortir, tournant en rond, faisant les cents pas pour décompresser et puis, qui sait ? Peut-être qu'une idée de génie finirait par fleurir entre ses deux oreilles, dans son cerveau décomposé, pour l'apaiser de tout ce mal. Sait-on jamais... Mais aujourd'hui pas plus qu'hier ou le jour d'avant, une réponse miracle explosa dans sa boîte crânienne et il finit par soupirer en glissant ses mains dans les poches de le pantalon en cuir de son armure, traînant des pieds et grognant de plus belle boudeusement en repensant au fameux jour d'avant avec le heurt qu'il avait eu avec un autre dragonnier. Achroma l'avait disputé comme un enfant quand il avait su et cela le fit encore plus culpabiliser parce qu'il n'était vraiment pas en état de le faire... Il n'avait plus qu'à trouver autre chose à faire. Le quoi restait pourtant un mystère entier...
Et s'il allait rendre une petite visite à son prisonnier ? Leur rencontre avant l'entrée dans les bois elfiques avait été plutôt cocasse en fin de compte mais depuis qu'il l'avait remit au chef de l'endroit, il n'avait plus entendu parler de lui, ni vu d'ailleurs. Une simple rumeur avait parvenu à ses oreilles en disant qu'il pouvait vagabonder à sa convenance dans les lieux et qu'il était un intime de l'impératrice des elfes... Comme quoi, il avait eu bien plus de valeur que ce qu'ils avaient cru quand il lui avait mis la main dessus. Mais, ça mis à part, il sentait rudement bon et était agréable à regarder, assez sympathique et son côté sauvage et grande gueule l'émoustillant encore plus : son sang devait être savoureux... Et s'il lui demandait de lui offrir un petit flacon en guise d'encas ? En plus les rayons du soleil étaient sur le point de disparaître de l'horizon alors c'était le moment le plus idéal pour prendre l'apéro comme disent les humains ! Non ?
Motivé, Kedrildan se fia à son flair pour repérer la trace de son elfe à lui, marchant tranquillement et furetant par-ci par-là pour regarder ce qu'il se passait avant de frétiller de plus belle en se rendant compte qu'il avait sa piste dans le collimateur. Entrant dans les bois, il continua de faire confiance à son odorat avant d'apercevoir une chevelure blonde à la senteur de fougère : c'était lui, bingo ! Tout content, un sourire d'enfant et de pur ravissement aux lèvres, le rouquin trottina jusqu'à lui avant de se figer non loin d'eux, interloqué : oh oh il n'était pas seul... Mais cette silhouette lui disait quelque chose... Il était sûr d'avoir déjà vu quelque part cette allure de félin et cette crinière d'un noir bleuté... Hmmm... Oh ! Oh ouiiiiii... Han c'est pas vrai ?! Mouahahahaha ! Comment Dracos pouvait être si généreux ?! Le regard du vampire s'alourdit de bonheur et de sensualité alors que ses lèvres se firent lécher avec gourmandise : l'apéro serait vraiment des plus appétissants... Il s'avança avec autant de discrétion et silence que l'air, s'avançant jusqu'à eux avant de coller son torse contre son dos, ses bras s'enroulant autour de ses épaules alors qu'une moue triomphante ourla ses lèvres fines.
- Eh bien, eh bien... Qu'avons-nous là... Mon prisonnier et mon jouet réunit, c'est-y pas mignon... Ronronna-t-il d'extase en frottant le bout de son nez glacé contre l'oreille d'Havard alors que ses billes émeraudes pétillantes fixaient l'elfe sans méchanceté ou violence, uniquement de l'amusement enfantin. Coucou Eliowir, comment ça va ? Je t'ai manqué ? Demanda-t-il avec malice avant qu'il ne tourne la tête pour fixer le profil rigide, crispé et coincé des fesses de son petit humain de compagnie. Et toi Havard... Je t'ai manqué durant ces trente dernières années ? Murmura-t-il, s'amusant comme un vrai petit fou. Moi je ne t'ai pas oublié, tes cris et tes gémissements non plus, ainsi que la chaleur et la douceur de ta peau, ou encore la volupté de ton sang coulant le long de ma gorge... Nous avons fait un vrai festin des sens toi et moi dans le passé, tu te souviens?
Son instinct lui confia qu'il n'allait plus s'ennuyer très longtemps avec les deux mâles dans son champs de vision et à portée de main... --- {hrp: désolée pour le retard, j'espère que ma réponse vous plaira } |
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| Sujet: Re: Un trio explosif [Terminé] Sam 12 Oct 2013 - 16:46 | |
| Eliowir se contenta de répondre au bonjour de l'humain d'un salut respectueux de tête. Oui, il pouvait aisément le croire quant au fait que ce ne soit guère un bon jour pour lui. Pour lui non plus, ces temps-ci oscillaient un peu d'humeur et son retour s'annonçait délicat, difficile, tendu... Bref. Pas vraiment de bons jours en perspectives non plus, même s'il avait parfaitement conscience que cela aurait pu être bien pire encore, notamment s'il était resté aux mains des vampires. Comme le jeune Svenn, au demeurant. Et cette simple pensée lui permit de relativiser son propre sort et toute son empathie se focalisa sur le général.
« J'ai eu le malheur de confondre le malade mental qui sert de prince aux vampires avec un tremplin et apparemment il n'a pas apprécié.... étrange non ? »
Oui, étrange. L'elfe devait avouer avoir bien du mal à comprendre ou s'imaginer de quoi parlait l'humain, mais un fin sourire s'esquissa sur ses traits tirés.
- Oui, étrange. Mais j'aurais adoré voir ça, confessa-t-il sans l'ombre d'un remords.
Son sourire s'effaça toutefois bien vite quand l'humain se mit en tête de le questionner sur sa situation.
- Quant à mon voyage...
Il hésita un instant. Devait-il lui avouer ? Devait-il... Et puis, à quoi bon le cacher ? Quelle honte y'avait-il donc à avoir été prisonnier de ce Wintel ? Surtout face à quelqu'un qui l'était présentement... Cela permettrait peut-être d'ailleurs de montrer au fier nordique qu'il comprenait sa situation et... était prêt à l'aider, dans la mesure de ses moyens. Car oui, il voulait l'aider, pensa-t-il aussitôt tandis que son regard sombre détaillait aussi discrètement que possible le jeune homme.
- Il s'est assez bien passé, même si ce fut laborieux d'éviter les troupes alayennes qui pullulent.... jusqu'à ce que je tombe aux mains des vampires et de messire leur prince. J'ai... connu un sinistre moment je dois l'avouer et ai bien failli passer à trépas. Ou pire...
Le pire sous-entendant devenir vampire... vile créature de nuit.
- Mais pour une fois les alayens m'ont sauvé la mise en nous prenant en chasse, forçant les troupes vampiriques qui m'avaient fait prisonnier à filer droit au pays elfique.
A la réplique impétueuse de Svenn, un autre sourire se dessina, avant qu'Eliowir ne reprenne, d'une voix étonnamment calme, lui qui, il fut un temps, ce serait écrié au scandale de la même façon que le garçon :
- Oui, nous sommes muselés. Mais je dois avouer ne pas vouloir jeter la pierre aux Baptistrels. Je leur dois ma liberté, comme vous dîtes. Et ma survie, les elfes chanteurs n'ayant pas hésité à soigner l'elfe banni que je suis pourtant. Je leur dois beaucoup. Quand bien même je meurs effectivement d'envie aussi de reprocher beaucoup...
Il s'apprêtait à tenter de calmer l'humain et lui demander des détails, de lui proposer son aide aussi, même s'il ne savait encore comment... Mais il n'eut guère le temps de tout cela, alors qu'une écharpe vivante se prit d'idées de venir étrangler le jeune humain.
Non... pas étrangler. Si telle avait été l'intention de cet inopportun, le serment baptistral se serait enclenché et aurait sévi. L'humain n'était donc pas étranglé, ni réellement menacé, réalisa subitement l'elfe, bien que circonspect. Si circonspect qu'il resta un instant totalement tétanisé, paralysé, comme enchainé à la surprise qui étreignait son esprit.
Circonspection qui décupla quand il reconnut l'inopportun en question. Vampire. CE vampire. D'entre tous, il fallait que ce soit celui-là. Kedrildan. Celui-là même qui l'avait protégé. Celui-là même à qui souvent il s'était surpris de penser, ne serait-ce que pour le remercier. Celui-là même qui, en cet instant, lui donnait froid dans le dos. Celui-là même qui semblait, en cette seconde, faire trembler d'effroi le jeune humain. L'elfe fit un pas, mais la voix suave, caressante, faussement soyeuse, du vampire l'arrêta quand elle s'éleva entre eux.
- Eh bien, eh bien... Qu'avons-nous là... Mon prisonnier et mon jouet réunit, c'est-y pas mignon...
Prisonnier ? Ca, ce devait le désigner lui. Ce qui signifiait que "jouet"... jouet ? Havard Svenn ?
Sa mémoire s'activa soudain au triple galop, et tous ses souvenirs concernant les deux individus lui faisant face, toutes les informations, infimes, engrangées sur ces deux êtres, s'énumérèrent rapidement, à la vitesse d'un dragon voguant plus vite que le vent. Svenn, humain, immunisé, cicatrices, sévices, traumatismes, par des vampires, Kedrildan, vampire assez âgé, jouet.... Jouet... Se pourrait-il que... Kedrildan soit responsable des sévices commis sur le jeune Svenn ? Se pourrait-il...
Un soudain haut-le-coeur menaça de le submerger, alors que soudain conscience et compréhension se faisaient de plus en plus clairement en lui. Son regard, alors un peu hagard, mais au fond duquel s'avivait la lueur de la compréhension et de l'horreur, erra du vampire à l'humain de long moment. Pendant que le vampire continuait ce petit jeu...
Petit jeu qui lui confirma le pire de ses doutes.
- Et toi Havard... Je t'ai manqué durant ces trente dernières années ? Moi je ne t'ai pas oublié, tes cris et tes gémissements non plus, ainsi que la chaleur et la douceur de ta peau, ou encore la volupté de ton sang coulant le long de ma gorge... Nous avons fait un vrai festin des sens toi et moi dans le passé, tu te souviens?
- Non, souffla enfin Eliowir. Non... Cela ne se peut, fit-il sa voix grave se faisant plus rauque qu'elle ne le devrait, tandis que tous ses traits se crispèrent, exprimant pleinement toute la compassion qui soudain l'envahissait.
Mais pas la pitié. Non, pas la pitié. Plutôt une certaine admiration soudain. Trente ans... Svenn avait subi tout cela il y a trente ans. Quand on observait l'humain... Il n'était pas bien âgé, même si maintenant un homme fait. Il n'était donc qu'un enfant, un enfant par le Dracos !, quand il avait subi toutes ces atrocités.
- Ce n'était qu'un enfant, répéta-t-il, cette fois haut et fort, sa voix grondant colère. Qu'un enfant, rugit-il, le lion vibrant soudain en lui.
Se disant, il fit un pas. Mais pas un geste de plus. Il ne voulait pas mettre l'humain plus en danger encore. Quand bien même le serment baptistral les liait tous trois alors... Maudit soit-il ! Maudit soient les elfes chanteurs !
- Lâchez-le, commanda-t-il, sans ambages.
De cette voix autoritaire et péremptoire d'un homme habitué à être obéi sur le champ. De cette prestance d'elfe habitué à commander, à ordonner, de cette puissance altière d'elfe important, de noble conseiller, que rien ni personne n'osait défier, ou si peu...
- Lâchez-le.
Son regard passa un instant sur Svenn, tentant de communiquer par ce seul échange toute sa force, tout son soutien, avant de revenir sur le vampire, qu'il foudroya de ses iris nuit.
- J'avoue que, même en étant votre prisonnier, j'ai été agréablement étonné de la conduite du vampire que vous étiez alors Kedrildan. Mais j'avoue aussi que de comprendre... de comprendre soudain... les horreurs, les outrages, que vous avez pu commettre dans le temps... il y a trente ans... sur un enfant... Cela me... déçoit. Pour ne pas dire plus.
Et puis après tout, pourquoi donc prendre des gants ?
- Non, cela m'écoeure au plus haut point en fait. Moi qui pensais que... peut-être... certains vampires pouvaient être différents. Lâchez-le. Prouvez-moi donc que je ne me suis pas trompé, et lâchez-le.
Et soudain un rictus de colère, presque carnassier, menaçant, vint déformer son visage balafré, de ce rictus qu'il avait tant arboré alors lors des combats, de ce presque-sourire qui n'augurait rien de bon.
- Prouvez-moi que vous n'êtes pas qu'un lâche qui attaque ses proies par derrière. Lâchez-le et osez donc affronter votre œuvre en face... En face, rugit-il de nouveau, les poings crispés, sa colère palpitant autour de lui. Et non lâchement dans le dos, telle la vile créature bestiale, traitre et sauvage, que vous avez pu être dans le passé. Ou mieux encore, affrontez moi donc en face, sans avoir besoin d'un humain comme bouclier. Lâchez-le, ou je me ferai un plaisir de vous montrer la force de vengeance que courage et fierté sont capables de nous donner, vampire.
Et ce dernier mot fut craché avec toute l'abjection qu'il pouvait éprouver en cet instant.
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| Sujet: Re: Un trio explosif [Terminé] Jeu 17 Oct 2013 - 14:41 | |
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Son souffle s’arrachait à sa gorge avec difficulté, tremblant, comme le reste de son corps tendu avec violence. Plus tendu encore que la corde d’un arc. Douloureusement. Il n’osait pas bouger, quand bien même la position aurait put l’engourdir ou lui faire mal. Il était cruellement habitué à ce genre de choses. La tension n’était rien de plus qu’une conséquence, un malheureux dégât collatéral… la vérité était qu’il ne le sentait même pas. Il ne sentait plus rien. Plus rien d’autre que la terreur pure qui s’insinuait lentement au fond de ses tripes et de son cœur, le faisant palpiter follement… Il allait s’évanouir, il le sentait bien. Aussi détestable que ce fut, il sentait la part animale et enfantine de son être reprendre progressivement le dessus alors que la réalisation de quoi se tenait dans son dos le frappait. Il se sentait l’envie de tomber à genoux et de ramper en pleurant loin de cette créature de cauchemar, de supplier même, contre sa volonté et même si il savait pertinemment que ce monstre n’avait aucune pitié, il y avait Eliowir… Oui il avait peur, plus que peur même, il n’y avait pas de mot assez juste pour décrire la profonde horreur qu’il ressentait, dépassant de loin ses capacités de contrôle. C’était une ombre froide venue des tréfonds de son passé et de son subconscient, sur laquelle il n’avait absolument aucun contrôle, pauvre humain qu’il était. La simple sensation des bras passés à son cou fracassait le moindre recoin de son esprit, le laissant figé, incapable de hurler ou de bouger, de s’éloigner de la chose qui hantait ses cauchemars. Il aurait voulu disparaître ou mourir, là tout de suite sur place, foudroyé… n’importe quoi, pourvut qu’il échappe à Kedrildan. Kedrildan… le nom résonnait comme les cloches sinistres du monde clôt d’en-dessous. Comme la promesse de nouveaux tourments. Non il ne voulait pas revivre ça, plutôt mourir que de revivre ça, plutôt se convertir au Néant que de revivre ça…
Tétanisé, il regardait fixement en face de lui, l’elfe, sans le voir pour autant. Il ne voyait plus rien de son environnement, ne ressentait plus rien, si ce n’était l’étreinte froide qui l’hébétait totalement. Ses tremblements se sentaient-ils ? Il aurait préféré que cela ne soit pas, et pourtant c’était presque impossible de ne pas les percevoir. Même crispé, il était secoué aussi violement qu’en un tremblement de terre intérieur, partagé entre la tétanie de la peur et l’envie furieuse de s’enfuir tant bien que mal. Et il ne pouvait guère penser à autre chose, focalisé sur sa peur et sur la menace juste derrière lui il était incapable de sortir la tête de l’eau, de ne pas se noyer… embrouillé et aveuglé, il ne voyait que cette intime contradiction qui aurait pu venir à bout de lui sans le moindre souci si il n’avait pas été accompagné. Une bénédiction, sans doute, et une malédiction toute à la fois. Car au-delà de la peur, il brûlait de honte. D’une honte aussi cuisante que le fer rouge qui avait cautérisé ses plaies trente-deux ans plus tôt… Les mots du vampire étaient la pire des humiliations possibles pour lui qui avait toujours tout fait pour taire la vérité sur ses années au-delà de sa cité, et sur ce qui lui était arrivé. Jamais il n’en avait parlé, jamais il n’avait osé y repenser consciemment et de son plein grès, il ne pouvait le faire sans se torturer lui-même… Le souvenir du sortilège d’Eliowir le plongeant dans son passé avait été un accident, un accident horrible mais un accident. Et il faisait pâle figure en comparaison de ce retour en arrière vivant et parlant qui s’accrochait à lui fermement. Il avait beau être fort, il avait l’impression d’être prêt à se briser rien qu’au contact froid sur sa peau. Non… qu’il se taise. Qu’il ne dise rien. Qu’il n’avoue rien. Il ne voulait pas le dire à Eliowir, il ne voulait pas qu’il sache… qu’il sache…
Mais trop tard… beaucoup trop tard. Le vampire babillait comme un fou. Les mots s’échappaient comme le sang de ses veines. La voix de l’elfe se joignant soudain au cœur le tira finalement de sa transe hébétée et il ne put que rougir de honte en baissant les yeux. Et voilà… humilié devant un elfe. Même si celui-ci l’avait déjà vu au plus mal, ce n’était rien comparé à ce qu’il avait et savait à présent pour son plus grand désarroi. Il aurait voulu lui dire de se taire, de ne pas s’en mêler… il aurait voulu pouvoir se draper dans le peu de dignité qu’il avait encore et le faire fuir les lieux, quitte à l’insulter et à se montrer insupportable. Mais il était la seule chose qui empêchait peut-être Kedrildan de s’ne prendre vraiment à lui. Car tous deux savaient, homme et vampire, qu’il était dépourvu de volonté quand il s’agissait de lui. Le rouquin l’avait brisé trop profondément. Trop parfaitement. Il ne pouvait bouger, pas même en cet instant, alors qu’il subissait l’échange entre les deux en tremblant de tout son corps… Pas même lorsqu’il se mit à hurler, non pas même en cet instant, il n’eut la force de bouger un seul muscle, se contentant de regarder fixement la terre, les prunelles troubles et vagues, à la fois rougissant et mortellement pâle. Si pâle d’ailleurs que l’on voyait se dessiner les veinules sous sa peau. Un pas, et il se mit à trembler encore davantage, le cœur menaçant de le lâcher tant il battait vite, et la respiration rapide et erratique… L’elfe tentait de l’aider, mais le plongeait plus encore dans la honte. Même si il voulait lui venir en aide, l’humain n’osait pas le regarder, n’osait pas… parce qu’il avait bien trop peur de constater ce qu’il y aurait dans son regard. Dégoût, pitié… mépris peut-être ? Peut-être… il ne voulait pas le risquer. Il avait bien trop honte. Il ne cessait de parler, mais plus il parlait plus il se sentait prêt à exploser. Jusqu’à l’instant fatidique. Choqué, perdu, et blessé, profondément blessé, il releva finalement les yeux pour l’observer. Oh il n’était pas blessé par lui… non, simplement il encaissait une fois de plus la vérité. « Je…. Eliowir…. »
Il n’était jamais sorti de cette caverne…
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| | | Kedrildan Maralawë Maitre de la Caste
| Sujet: Re: Un trio explosif [Terminé] Sam 2 Nov 2013 - 15:34 | |
| Dire qu'il ne pensait pas retrouver un beau jour Havard au travers de sa route, encore moins au château des baptistrels, carrefour de la destinée du monde. C'était surprenant... Et même temps très plaisant, Kedrildan avait encore le goût savoureux de leur souvenir commun, ses oreilles teintant encore des hurlements plaisants de son jouet. Ah... C'était le bon temps. En tout cas, cela lui faisait encore plus plaisir de voir qu'il ne l'avait pas oublié, tous les pores de sa peau suintaient la peur alors qu'il était tellement rigide dans ses bras, contre son torse, sa peau blanchissant de plus belle et presque aussi glacée que la sienne. Merveilleux... Tout simplement merveilleux... Le roux ronronnait de bonheur en diffusant son venin dans le creux de son oreille, susurrant le bonheur qu'il avait à le retrouver, le toucher et le sentir. Mais il semblait que cela ne soit pas au goût de tout le monde... Une moue ennuyée ourla le plis sensuel de ses lèvres boudeuses alors que le vampire posa son menton pointu sur l'épaule de son humain de compagnie, jetant un regard torve à l'elfe qui s'excitait furieusement en les regardant, lui donnant des ordres en fulminant bruyamment. Allons bon... Pour une fois qu'il n'avait fait aucune bêtise, qu'il était sage comme une image, voilà qu'on le disputait comme un malpropre, un gamin capricieux qui aurait fait la pire bêtise de sa vie. Tch... Kedrildan lâcha un profond soupire en reculant lentement, faisant glisser ses mains le long des épaules et des bras d'Havard avant de planter un baiser froid comme la glace dans le creux doux et chaud de sa gorge, et de s'esquiver trois pas en arrière, croisant les bras.
- Dire que je venais seulement en ami, totalement inoffensif... Soupira-t-il en jouant avec ses mèches, les fixant tranquillement avant de sautiller jusqu'à s'asseoir sur une branche basse en souriant d'un air goguenard. J'ai promis à mon maître Achroma d'être sage et de ne pas aller contre le serment des elfes, alors vous ne risquez rien : je suis juste content de voir des têtes familières, c'est tout, sourit-il en balançant ses jambes dans le vide, amusé, profondément ravi même.
Alàlàlà... Il était un incompris ce pauvre vampire à la chevelure écarlate...
- Pourquoi tant de harangue passionné et vénéneuse à mon égard... Moi qui suis aussi sage qu'une image... Dit-il d'un ton faussement larmoyant avant de pouffer de rire. Ah Eliowir, mon pauvre ami : les idéalistes comme vous sont rares vous savez ? Mais la rareté est un phénomène savoureux et appréciable... Vos états d'âme à mon égard sont, dommage pour vous, sans intérêt pour moi donc que je vous déçois ou vous écœure ne m'émeut absolument pas. Quant à ce que j'ai fait à Havard par le passé ne regarde que lui et moi... N'est-ce pas mon mignon ? Ronronna-t-il tranquillement du haut de sa branche, baissant son regard vers le petit humain qui semblait aussi vivant qu'une statue de marbre.
Mais c'est qu'il s'énerve encore plus le bougre à oreille pointue... Kedrildan lui jeta un coup d'oeil de savant intéressé, pétillant de curiosité, alors que l'elfe hurlait toujours plus fort et méchamment à l'encontre du vampire. Sauf que cela glissait sur lui comme l'eau sur du verre... Bien essayé Eliowir mais le rouquin ne mange pas de ce pain là.
- Pour me juger de cette manière, ma petite fougère, il faudrait pour cela que tu me connaisses un minimum moi et mon passé. Serait-ce le cas peut-être ? Connais-tu mon enfance du temps où j'étais humain ? Connais-tu mon enfance du temps où j'étais un bébé vampirique ? Tu ne sais rien de ma vie donc tu ne peux pas me juger de lâche de cette manière sans comprendre qui j'ai été et qui je suis à présent... Même un débile aurait sûrement eu un peu plus de jugeote sur ce coup-là... Tu raisonnes trop avec tes affects, voilà ton erreur, le sermonna-t-il tranquillement en secouant le doigt d'un air très professoral. Où as-tu vu que j'étais un lâche qui attaquait mon Havard par derrière ? Je ne lui ferais pas de mal et je suis plus que fier de voir l'être qu'il est devenu, je suis comblé devant mon « œuvre » comme vous dites mais vous ne pouvez pas comprendre... Rajouta-t-il, navré pour l'elfe, montrant de la pitié à son égard.
Havard ne semblait pas bouger ou remonter des enfers de ses souvenirs... C'était jouissif ! Et un peu ennuyant.
- Alors mon petit jouet, tu es content de me revoir dis ? Tu ne veux pas raconter à ton copain l'elfe comment on s'est bien amusé par le passé ? Peut-être qu'à l'occasion, si jamais tu t'ennuis, on pourrait s'isoler tous les deux pour reparler de notre histoire, de ses merveilleux souvenirs qui nous lient l'un à l'autre... Qu'en dis-tu mon chéri ? Murmura-t-il en centrant son regard sur le pauvre humain tétanisé par la présence du regard. Et si tu nous disais à qui tu es... Histoire que notre ami la salade comprenne bien les choses... Parce que tu as aimé n'est-ce pas ? Chaque minute que nous avons passé ensemble, n'est-ce pas que tu les as aimées Havard... J'ai été si triste quand tu es partit... Dis moi que je t'ai manqué... Dit-il d'une voix remplie de peine, penchant la tête sur le côté.
Le Kedrildan d'Eliowir avait mué pour redevenir l'être cruel du passé, la présence de l'humain l'émoustillant au plus haut point alors qu'il faisait l'enfant, le sale gosse capricieux qui croyait que tous n'étaient que des jouets dans le but de le distraire. |
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| Sujet: Re: Un trio explosif [Terminé] Jeu 7 Nov 2013 - 20:29 | |
| Eliowir se sentait encore vibrant de colère. Il la sentait suinter de lui, de son âme, une âme au final peut-être aussi sombre que celle du vampire sur lequel il s'écriait, elle suintait de tous ses pores, de tout son être même. L'autre l'avait-il sentie aussi ? Sûrement. Un vampire sentait ces choses là, non ? Ou n'était-ce encore qu'un mythe ? En tout cas, qu'il l'eut sentie ou non, il sembla concéder à lâcher sa proie. Et de reculer un peu plus loin, non sans avoir pu s'empêcher un dernier geste blasphématoire envers le pauvre Havard qui semblait encore tétanisé. Non pire que tétanisé, observa rapidement le vieil elfe, quand enfin le jeune homme osa enfin relever les yeux sur lui. Oui, tétanisé était un bien faible mot soudain, alors que l'autre paraissait hanté, perdu, errant dans un autre monde, une autre ère... une ère d'horreurs, de souvenirs douloureux. De souvenirs honteux.
Une honte honnie, insidieuse agonie, qui le happa quand l'azur de l'homme le frappa de sa foudre. Oui, honte... une honte qu'il n'avait jamais véritablement vécue lui-même. Pas vraiment. Il l'avait un jour frôlée de peu, oui, de bien peu. Il se souvenait encore quand elle avait bien failli étendre son lourd manteau poisseux sur lui. C'était lors de ses premières années d'errance au royaume des hommes. Une vieille auberge, ce qu'il avait pris pour un refuge, un groupe d'hommes à l'haleine un peu vinassée, attablés bruyamment, à l'humour douteux et scabreux, le vieil elfe perdu qu'il était alors, cible facile, seul et errant... Cible qu'ils avaient aussitôt attaquée de leurs fourbes plaisanteries, de leurs manières rudes... et de leurs envies honteuses. Il se souvenait la force des bras qui l'avaient plaqué sur la table, des mains entrepreneuses d'un autre qui déjà l'avaient presque délesté de ses froques... Il se souvenait de ses ruades, des mots susurrés et des rires en réponse, il se souvenait oui. Mais heureusement ses souvenirs à lui s'arrêtaient là, alors qu'un homme, un soldat sans nom, avait corrigé les mécréants, tout en le priant de se sauver avant qu'ils ne reprennent leurs esprits. Il ne s'était pas fait prier longtemps. Il avait couru, couru, couru à en perdre haleine, jusqu'à ne plus vouloir voir d'hommes, d'humains, des semaines durant. Des mois peut-être. Peur... Honte... Voilà qui furent alors ses viles compagnes pendant tout ce temps. Lui, qui pourtant n'avait vécu qu'une honte tronquée, qu'une honte frôlée...
Que pouvait donc ressentir le gamin en face de lui ? Gamin qui lui avait vécu une honte plus vile encore, plus féroce, plus violente... plus profonde et plus âpre. Une honte qui plus est avait maintenant un nom. Kedrildan. Et un visage. Brûlé. Une honte qui se moquait de lui, de l'enfant blessé, outragé... Que pouvait donc ressentir ce petit d'homme alors ? Honte oui, mais pire encore. S'il avait été lui... Oui s'il avait été lui, pire aurait été l'étau qui aurait enserré son cœur, pire aurait été la folie qui aurait menacé d'engouffrer son esprit. Alors certes, il n'était pas lui. Peut-être était-il plus faible que ce bout d'homme, sans doute même, pensa-t-il alors qu'une vague de respect déferla en lui et brilla dans son regard. Oui, sans doute... Il doutait qu'il aurait pu survivre à pareilles sévices, pareilles ignominies, il doutait qu'il aurait pu s'en relever d'une quelconque façon. Il doutait... Mais l'homme devant lui semblait aussi happé par le doute. Il ne serait pas dit toutefois que lui, Eliowir, le laisserait longtemps douter. Non, le doute n'était plus permis. Pas après tout ce chemin parcouru, pas après avoir si vaillamment survécu, pas après s'être si douloureusement battu contre cauchemars et abominations du passé. Non, le doute serait chassé, quelle qu'en soit la méthode.
Même si aucune méthode ne se dessinait encore à lui....
Les sentencieuses paroles du vampire le tirèrent toutefois de sa léthargie songeuse. Un nom surtout, un nom qui sonna en lui de façon si particulière... Achroma... Oh oui, ce nom faisait écho en lui. Douloureusement écho en cet instant. Tout n'avait-il donc été que duperie là aussi ? Mensonges éhontés de la nuit voulant voiler le jour ? Ou... Ou le mensonge était-il celui qui lui faisait face ? La duperie, la fourberie... Non, elles n'avaient pas été l'apanage du beau millénaire, du moins l'elfe n'en avait eu nullement l'impression. Par contre... par contre l'être assis devant eux... Oui, lui oui, ce vampire-là oui, était habillé de ces sombres atours, tout de mensonges et d'horreurs parés, son masque enfin tombé. Son sombre passé dont il se vantait encore avec tant de délectation... oui, ce vampire-là n'était que duperie, fourberie et horreur assoiffée de vices et de douleurs. Et ce rustre de Kedrildan osait se prétendre disciple de la magnificence d'Achroma ? Peuh...
- Vous vous targuez d'être le disciple du digne millénaire Achroma Seithvelj, mais je doute que son enseignement vous féliciterait d'un tel passé, de tels actes honnis, qui ne font que révéler la sauvagerie dont ceux de votre race sont parfois si friands. Je doute qu'il serait fier d'un tel disciple, lui qui pourtant prône la dignité du peuple de la nuit, lui qui prône sa capacité à recouvrer mémoire et sentiments, à recouvrer moralité et contrôle de soi, contrôle de sa soif et de sa... bestialité. Je doute qu'il serait si fier de vous alors, de vous voir vous vanter de ce passé pavé d'horreurs sans nom, lui qui par ailleurs se repend de ses propres horreurs passées...
Oui, il y croyait. Oui, il croyait en Achroma, en ses promesses, en ses harangues pour le peuple de la nuit. Oui, il devait y croire... Oui il voulait croire que la sauvagerie mielleuse et éhontée de ce Kedrildan n'était pas l'apanage de tous les vampires, et surtout pas celle d'Achroma. Oh certes, il avait senti les ténèbres du millénaire l'envelopper de leurs ailes si tentatrices un certain nombre de fois lors de leur échange, mais toujours Achroma avait su les replier. Oui, les vampires avaient une certaine dualité, ce serait se voiler la face que de le nier... Mais il voulait croire que certains étaient réellement capables de la maitriser, de réellement controler leur bestialité... et que certains avaient réellement une morale, des sentiments... ou des ersatz, des échos, de sentiments du moins. Assez pour compatir, ressentir... comprendre ? ce que les vivants ressentaient... Oui, il voulait croire en cela du moins. Ou autant laisser les Alayiens détruire leur belle Armanda qui jamais ne connaitrait de paix, sans cela...
Non, effectivement, il ne connaissait rien du bougre de vampire qu'était Kedrildan. Et pour tout dire, en cet instant, il n'était pas bien sûr de vouloir connaître quoique ce soit. Connaître Achroma oui, connaître des êtres tels que lui, oui, mais un fou tel que ce rouquin ? Non, pas bien sûr de vouloir le connaître, ni le comprendre. En cet instant, il n'avait qu'une envie, vile et honteuse, fuir cette ignominie. Mais...
Mais non il ne fuirait pas. Pas tant que l'homme serait là aussi. Il ne pouvait laisser ce gamin aux mains de cette bête sauvage. Pas avec ce qu'il savait, du peu qu'il savait.
- Et non en effet, je ne vous connais guère. Mais je doute que vous vous connaissiez vous-même en fait. Certes, mes affects l'emportent souvent sur ma raison, je vous le concède également. Mais ce sont aussi mes affects qui font de moi ce que je suis, un être pensant et ressentant, un être vivant, un être dont le cœur bat non pas seulement pour faire pulser le sang qui le nourrit...
Et se disant, il attrapa une pierre et s'entailla légèrement la paume de la main gauche, fit couler quelques gouttes, puis porta la main à son cœur.
- mais qui bat aussi pour faire pulser ces sentiments, ces affects, ces raisons de vivre enfin... la vie ne vaudrait pas la peine d'être vécue sans ces affects justement. Elle serait si fade, si âpre... N'est-ce pas d'ailleurs les conclusions, du moins en partie, qu'en est venu à prononcer votre maitre à penser, Achroma ? Mais je pense que vous n'avez pas encore compris toute la portée de ce digne enseignement, vous, dont le cœur mort ne parvient plus à battre, pas même pour quelques affects que ce soit...
Il se détourna alors lentement du rouquin, quand bien même les mots du vampire menaçaient de lui faire perdre définitivement toute raison. Il avait envie de se ruer sur lui, de le frapper, de lui faire subir outrage sur outrage, répétant l'année entière de tortures que l'humain avait dû subir... Il lui aurait montré alors de quoi son affect le rendait capable. Mais... Mais cela aurait aussi été le faire gagner. Cela lui aurait montré qu'affect ou pas, tous pouvaient être monstres, ou pire. Non, il ne se ruerait donc pas sur lui. Et ce n'était pas le serment des baptistrels qui l'en empêchait en cet instant, non, pas seulement du moins. C'était un autre serment qui le retenait. Un serment qu'il n'avait peut-être jamais prêté, pas encore en tout cas, mais qu'il se sentait en devoir de respecter. Le serment de se montrer digne de ces affects. De se montrer digne de préceptes d'un autre, des préceptes millénaires qui avaient soudain fait chavirer son cœur, les préceptes d'un certain Achroma... il n'était peut-être pas son disciple lui-même, mais il pouvait bien se montrer digne d'un tel serment.
Il ne se rua donc pas sur le vampire, et préféra ne plus lui accorder aucune attention. Au lieu de cela, il riva son regard nuit sur les azurs voilés du jeune homme et s'approcha doucement de lui. A pas comptés. Comme s'il tentait d'apprivoiser un animal blessé, un loup sauvage, prêt à attaquer à la moindre menace malgré son apparente léthargie. Il n'était plus qu'à un mètre à peine, et aucune attaque ne vint. S'enhardissant de ce signe de bon augure, l'elfe tendit la main, frôla la joue, releva doucement le menton. Un geste doux, presque tendre, affectueux, sincère...
- Havard, jeune homme. Regardez-moi. Ne prêtez pas attention à ses viles paroles. Il n'en vaut pas la peine. Havard, regardez-moi.
Aucune réaction.
- Dîtes quelque chose. Regardez-moi, et réagissez... Ne le laissez pas vous usurper votre dignité. Il n'en vaut pas la peine, tenta-t-il de nouveau.
Sans succès. Visiblement douceur et mots encourageants étaient trop faibles pour faire revenir au pays des vivants cette âme qui avait presque connu la mort en un autre temps. Un autre lieu. Une autre ère. Une âme qui semblait à deux doigts de se perdre à nouveau en ce temps honni, en cette ère de dysharmonie. Oui, bien trop faibles pour cet esprit qui avait été forgé de dureté, de violence, de souffrance. Il lui fallait souffrir, dirait-on, pour mieux vivre. Et fort de cette constatation, Eliowir se décida, à sa plus grande consternation, pour la méthode forte.
La gifle claque durement mais fortement.
- Havard, claqua également la voix de l'elfe comme en écho. Réveillez-vous. Montrez-nous que vous n'êtes pas un lâche.
Il le prit alors pas les épaules, le fit se tourner, et lui releva le menton, de telle sorte que le regard de l'homme puisse croiser celui, moqueur dirait-on, du vampire.
- Vous n'êtes pas un lâche, petit d'Homme. Vous êtes devenu grand, et un grand Homme. Vous n'êtes pas un lâche. Vous n'êtes pas comme lui. Vous êtes fort, courageux, vous êtes un loup. Et les loups affrontent leur peur en face, même la pire des peur, même la pire des morts, même la mort de l'âme. Il la regarde droit dans les yeux et leur hurle au visage. Hurlez donc petit d'Homme. Laissez donc hurler le loup en vous, et chassez la honte que cette vile créature a voulu instiller en vous. Le loup ne connait pas de honte, pas de peur, le loup mord et le loup combat. Pour la meute, et pour la vie !
Il n'avait pas conscience que tout à son discours, tout à sa véhémence, il avait haussé le ton. Ni même que de son poing gauche, qu'il avait laissé pendre le long de son corps, gouttait toujours le sang.
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| | | InvitéMon identité Mes compétences Invité
| Sujet: Re: Un trio explosif [Terminé] Dim 10 Nov 2013 - 20:49 | |
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Si il avait été conscient et en état de penser correctement sans doute se serait-il étouffé sous les paroles du vampire et sa nonchalance, sa mauvaise foi peut-être également. Il se serait certainement récrié de tout cela, vertement, avec fougue, avec force… oui il aurait pu, mais en l’instant, cependant, il était encore cruellement plongé dans les souvenirs qui terrassaient sa combattivité avec l’efficacité horrifiante de la meilleur des tortures psychologique. Garder la tête hors de ce flot, tenter de s’en sortir sans se briser purement et simplement, était un travail de titan et il était certain de ne pas en être capable, de ne pas posséder à nouveau la force nécessaire pour se hisser hors du passé comme il l’avait déjà fait. Il était alors soutenu par Roëric, quand bien même le maître-lame n’avait pas eu de geste de compassion envers lui, quand bien même il n’avait jamais essayé de l’aider à parler ou à extérioriser, ne l’avait jamais rassuré… Il n’avait jamais eu besoin de douceur cependant, son univers ne l’agréait guère. Non, son esprit et sa vie martiale et rassurante, protectrice, avaient été parfait pour le calmer. Mais plus que tout, il avait fallu du temps. Beaucoup de temps, pour parvenir à amortir le poids de son passé qui persistait encore aujourd’hui à le hanter… Tout cela semblait soudain voler en éclat comme la plus banale des structures de verre fragile, balayés comme des grains de poussière au vent, comme des esquilles d’os pathétiques. Tous ses efforts n’avaient après tout servi à rien. Dompter par la présence angoissante et vulgaire de ce monstre du passé, le pauvre loup n’était plus rien d’autre qu’un chiot apeuré, terrifié, qui n’avait qu’une envie, s’éloigner de la source de son mal être.
Source qui soudain, sous l’impulsion d’un autre, s’ôter de lui, toujours présente et vénéneuse, mais plus lointaine. Il inspira violement, tentant de juguler ses nerfs, tentant de bouger, d’oublier, de revenir à l’instant présent… Il n’était pas dans cette caverne, il n’était pas… il n’était pas prisonnier, ou du moins pas de Kedrildan, il n’était pas enchaîné à un mur dans une cave empuantie par la mort, il n’était pas sans défense, il n’était même pas seul ! Il fallait bien qu’il parvienne à réagir à se secouer d’une façon ou d’une autre. Il le fallait, c’était plus qu’une simple question de principes, plus qu’une question de… était-ce seulement une question ? Non pas vraiment. On ne mettait pas de telles choses à la question, c’était tout simplement impensable, horrifiant… tout autant que leur existence originelle. C’était simplement vital, car sans cela il deviendrait probablement complètement fou et en finirait avec cette vie qui n’avait pour saveur que l’aloès le plus virulent. Vivre chaque jour de sa vie enfermé dans une honte muette était presque pire que les tortures en elles-mêmes, sentir la marque de cette honte sur soit, sentir la souillure… c’était insupportable et pourtant, il continuait de le supporter, chaque jour, chaque heure, il continuait d’avancer, en espérant un jour être capable de l’oublier, de l’enterrer une bonne fois pour toute. Et pourtant une fois encore on le replongeait au cœur de tout cela, on rouvrait ses plaies… cercle infernal, honnit ! Le moindre pas en avant était trois pas en arrière. La moindre blessure refermée, des centaines d’ouvertes qui saignaient lentement dans le noir le plus total… Il ne parvenait pas à s’en tirer, ses pensées le ramenaient toutes vers lui.
Cruelle, cruelle mémoire, traîtresses pensées… un jouet ? Aurait-il vraiment été conditionné par Kedrildan pour ses horrifiants jeux ? Non il ne voulait pas croire ça, il ne pouvait être assez faible pour ça. Et pourtant Dracos seul savait qu’il se sentait vraiment faible, sur le point de craquer et de se plier à toute cette folie, un dernier lambeau de dignité et d’intégrité s’accrochant encore fermement alors que tout hurlait de simplement mourir là. Ce n’était plus un combat, plus une bataille… si bataille il y avait eu, elle était perdu dès le premier instant, partie en fumée. C’était simplement l’agonie d’une bête blessée, une lente agonie dans la santé mentale était sur le point d’abandonner et de rendre le tablier, abandonnant son propriétaire à la folie. Il avait conscience du monde, terriblement conscience, soudain… de Kedrildan, d’Eliowir également qui s’approchait de lui. Pourquoi s’approchait-il de lui ? Que lui voulait-il ? Que lui voulait-il ?!!! L’achever ? Allait-il se joindre au vampire ? Non il ne pouvait le croire, pas lui… pas lui aussi, pas lui encore. Il ne pouvait pas faire ça, s’ne prendre à lui… après le peu de confiance qu’il avait réussi à lui arracher après un tel exploit… Clac La douche froide lui tomba dessus subitement quand la gifle claqua. Ramené sur terre violement il ouvrit de grand yeux, faisant à nouveau le point sur la réalité. Eliowir se tenait devant lui, et il eut un léger mouvement défensif, se laissant manipuler avec réticence, encore pantelant et tremblant de ses cauchemars. Il eut un second mouvement de recul en apercevant le vampire…
L’elfe l’empêchait cependant de reculer véritablement, le retenant toujours, et son discourt claqua au sein de son esprit comme un coup de fouet. A la fois vivifiant et déroutant, il n’avait jamais entendu d’encouragement, et encore moins d’un être qui savait ce qu’il était, ce qu’il avait vécu… Un soutient. Un véritable soutient, comme il n’avait jamais pu se résoudre à avoir. On lui offrait de plein grès, généreusement, fortement ? L’elfe clamant haut et fort qu’il devait se battre… Se battre oui, c’était toute sa vie, ça il savait. Il s’était toujours battu pour survivre… dans l’état chaotique de son esprit, cette seule commande sembla réellement prendre sens. Se battre ? Se battre… et d’un mouvement sauvage et puissant il se jeta en avant, bien décidé à étriper Kedrildan, à main nues si il le fallait. Un bref instant il sentit le bras d’Eliowir buter contre lui, puis tout prit une teinte fantomatique, spectrale…
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| | | Kedrildan Maralawë Maitre de la Caste
| Sujet: Re: Un trio explosif [Terminé] Jeu 14 Nov 2013 - 14:49 | |
| Bon okay il n'avait aucune crédibilité au naturel mais tout de même ! Quand il était venu dans la forêt, de une il ne s'attendait absolument pas à tomber sur les deux zigotos là, et de deux il ne voulait absolument pas du tout leur faire de mal : en fait, il était même carrément content de les avoir retrouvé là, il en frétillait d'extase et s'amusait follement et innocemment en leur compagnie. Pourquoi l'elfe se mettait la rate au cour bouillon ? Il ne leur voulait aucun mal pourtant, il était même peiné de tant de manque de crédibilité à son égard : pour une fois qu'il était gentil quoi ! Pfiou... Ils n'étaient vraiment pas sympa... Du haut de sa branche, Kedrildan fusillait Eliowir du regard, sincèrement blessé de temps de venin contre sa personne, affichant une moue boudeuse aux lèvres en croisant les bras, faisant l'enfant capricieux. Et Havard qui ne réagissait absolument pas... Etait-il trop prit par le bonheur de ses souvenirs pour garder les lèvres closes ? Roh et son prisonnier qui créait des interférences ! Il ne pouvait pas se taire trente secondes et laisser son jouet atterrir dans la réalité ! Dans la petite tête du roux se jouait un film très intéressant : il était convaincu d'avoir dressé l'humain à un tel point qu'il lui obéirait et se jetterait dans ses bras en disant mille merci et qu'il était lui aussi très heureux de le retrouver !
- Mon maître ne s'est pas encore penché sur mes frasques passés pour le moment mais seulement sur mes lacunes présentes et il y avait fort à faire, un peu trop pour s'occuper d'autre chose, rétorqua-t-il en le fusillant du regard, plus boudeur que jamais. Alors pour l'instant il est très fier de mes progrès et nul d'autre qu'il déchantera quand il s'occupera de tout le reste mais je n'en suis pas là pour l'instant et le jour où j'y serais, je sais que je ferais n'importe quoi pour remédier à la déception qu'il ressentira : la seule préoccupation de mon éternité c'est la satisfaction et le bonheur de ma dragonne et de mon maître, Achroma.
Kedrildan n'avait peut-être pas plus un cœur battant et chaud de vie, mais ça ne l'empêchait pas de ressentir des émotions et en particulier vis à vis de son bourreau qu'il haïssait jusqu'à la moelle pourrissante de sa colonne vertébrale, et de son possesseur et de sa moitié d'âme écailleuse. Et puis il ressentait quelques petits trucs comme de l'agaçant ou de l'affection... Il n'était pas dépourvu d'affect comme le croyait l'oreille pointu : lui aussi était un être pensant et ressentant, il était même tout de qu'il y avait de vivant puisqu'il se mouvait et raisonnait !
- Vos états d'âme à vous, triste sire elfique, ne m'importe aucunement malgré « l'affection » que j'ai à votre égard, et puis mon jouet me tient très à cœur lui aussi, n'est-ce pas mon petit Havard ? Tu sais que je t'aime n'est-ce pas ? Roucoula-t-il en tournant les yeux vers l'humain, ses pupilles se gorgeant de teintes rouges d'un désir contenu tant bien que mal et d'un fantasme qu'il souhaitait réaliser.
Mais il pouvait y avoir un gouffre entre ce qu'il se passait dans son cerveau malade et mort, et ce qu'il se passait dans la réalité.
Certes au bout d'un moment, Havard finit par réagir et bondir vers lui mais au vue de la rage et de la hargne qu'il y avait dans son regard, c'était évident que ce ne serait pas pour roucouler dans ses bras... Se crispant sur sa branche, le roux se prépara à le recevoir de pied ferme et un léger souffle balaya son visage avant que... L'elfe et l'humain disparaisse tout simplement. Un moment de flottement se passa avant que Kedrildan ne finisse pas descendre de sa position pour atterrir à l'endroit où ils étaient précédemment, usant de son ouïe et de son odorat pour essayer de retrouver leur piste. Un instant assez long se produisit alors que la poussière de ses neurones se mêlent pour lui offrir la réponse au pourquoi du comment de ce changement soudain de situation : le serment des baptistrels avait agit et puisque Havard avait voulu l'attaquer et qu'Eliowir avait posé sa main sur lui pour le retenir, cela expliquait pourquoi ils venaient brusquement de s'évaporer sous ses yeux.
Bon, bah il n'avait plus qu'à retourner au chevet de son maître... Si Achroma était conscient, il pourrait même quelque peu le distraire en racontant ce qu'il venait de se passer ? Ça pourrait lui changer de son malaise général et cela ne dérangerait même pas Kedrildan de se faire gronder pour les avoir provoquer de cette façon : ça le rassurait même de voir le blond s'énerver un peu, cela indiquait que son état pouvait s'apaiser à certain moment. Alors... Bah on y va ? Hop ! Le vampire se demandait par ailleurs ce que les deux hurluberlus étaient en train de faire dans leur plan astral de punition... |
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| Sujet: Re: Un trio explosif [Terminé] Dim 17 Nov 2013 - 19:04 | |
| la seule préoccupation de mon éternité c'est la satisfaction et le bonheur de ma dragonne et de mon maître, Achroma.
Qu'il était étrange d'entendre le vampire oser une telle affirmation. Oui, il fallait oser, selon Eliowir. Du peu qu'il avait appris et compris du bel Achroma, nul doute en effet qu'il allait rugir de fureur en apprenant tel passé. Et oser dire, alors que le vampire lui-même semblait se douter d'une telle fureur, que tout ce qu'il souhaitait c'était plaire et satisfaire aux exigences du millénaire... avec un tel passé... Un passé qui semblait ne pas forcément l'émouvoir. Ne pas le choquer. Il était étrange d'ailleurs de voir que le vampire semblait avoir vaguement conscience que ce passé ne plairait pas au millénaire mais que ce même passé ne le choquait pas lui-même outre mesure... Kedrildan n'avait-il donc pas acquis une conscience aussi pointue qu'Achroma du bien ou du mal de ses actions ? N'avait-il pas encore développé de conscience tout simplement ? Ou ne l'avait-il développé que de façon tronquée, à moitié, tel un ersatz de conscience ?
Était-ce là la différence ultime entre les vampires actuels, la majorité des vampires qu'il avait d'ailleurs pu rencontrer durant sa vie de simple elfe, et les millénaires de leur espèce ? Oui, sans doute, songea-t-il. Était-il alors possible que les vampires plus jeunes, plus... rustres, plus... sauvages... développent quand même une telle conscience ? Maitrisent leurs instincts, et acquièrent une certaine notion de bien ou de mal, de bienséant et de malséant du moins ? Les vampires avaient-ils donc besoin de plus de mille ans pour acquérir tout cela ? Ou pouvait-on espérer que le processus soit plus rapide et plus constructif sous la férule d'un guide avisé ? Eliowir l'espérait. De toute son âme. Pour que son espoir fou de paix puisse un jour se dessiner, il le fallait, c'était là une des conditions sine qua none... Et Achroma semblait y croire visiblement. Alors il devait y croire lui aussi.
Et peut-être devait-il concéder cet infime effort à Kedrildan ? Oui ce passé lui donnait la nausée. Et non, il ne pardonnerait pas au vampire si facilement, d'ailleurs il ne lui appartenait pas de pardonner telle ignominie. Elle ne lui avait pas été infligée à lui après tout. Mais non, ne put-il que conclure, il n'était pas près d'accepter telle horreur, telle torture honnie. Peut-être pourrait-il concéder au moins au vampire qu'il ferait l'effort de comprendre ses erreurs... qu'il ferait bientôt l'effort de se repentir ? Peut-être était-ce trop espérer... trop concéder... Non, pour l'heure, il ne parvenait pas à concéder autant. La colère était trop forte. Et qu'importe que l'autre envoie paitre ainsi ses états d'âme. Il n'avait que faire de l'avis d'un tel rustre sanguinaire et sauvage.
- Peu m'importe votre affection. Vous pourrez vous en targuer le jour où ce mot prendra sens pour vous. J'espère que votre maitre Achroma parviendra à vous le faire comprendre rapidement...
Et comment osait-il donc avouer qu'il aimait le petit d'homme ? Comment osait-il... après de tels outrages... Comment donc... Mais oui, sans doute dans son esprit malade, un esprit atteint du poison vampirique de façon bien pire qu'il ne l'aurait cru possible d'ailleurs, Kedrildan croyait-il véritablement ses mots, et croyait véritablement aimer Havard. Havard....
Havard qui en cet instant manqua de se jeter sur ledit vampire. Oui, il avait parlé de se battre. Mais de se battre contre ses vieux démons, pas contre leur incarnation non vivante, grommela-t-il intérieurement, alors qu'il dut bander tous ses muscles pour retenir cette force incommensurable qu'était le nordique. Tel le loup bondissant d'un coup sur sa proie, celui-ci faillit bien lui échapper. Il remercia en cet instant d'être un elfe et d'être un lion pour parvenir à faire face à une telle force, visiblement décuplée par une rage soudaine. De cette rage nourrie de haine viscérale, de haine qui devait ronger le petit d'homme depuis tant d'années... Pas besoin de siècles aux hommes pour forger leur fer de haine visiblement. Ils vivaient peu, mouraient vite, mais leurs sentiments étaient à leur image : un feu brulant qui s'attisait aussi vite qu'il pouvait mourir. Un feu grandissant toutefois... comme en cet instant. Un feu dévastateur. Oui, les Hommes n'étaient que feu dévastateur...
- Du calme, jeune loup, du calme...
Tout à sa presque lutte avec l'humain, il ne s'aperçut qu'à retardement qu'ils venaient de... de changer de lieu. Enfin lieu... difficile de nommer ceci lieu... Tout n'était que spectre autour d'eux. Ombres ondulantes, fumées vaporeuses, vagues formes fantomatiques... Seul l'humain qu'il tenait encore dans ses bras, et qu'il relâcha petit à petit, semblait encore avoir une consistance palpable. Un instant incrédule, Eliowir se palpa les bras et le corps pour vérifier que lui-même n'était pas devenu ombre. Était-ce là un jeu de son esprit ? Vil jeu alors, que celui de sa folie...
Ou était-ce... Serait-ce là... Le serment ?! Oui, le serment, réalisa-t-il abruptement. Le jeune humain avait été sur le point de rompre son serment en se ruant sans ménagement sur le vampire, et lui le tenant... ils avaient tous deux été frappés des conséquences de cette rupture de serment, quand bien même elle n'était pas de son propre fait. Ils étaient dans de beaux draps, tiens ! pensa-t-il amèrement, en fusillant un bref instant l'humain.
- Quand je parlais de se battre, je ne parlais pas de rompre son serment en attaquant ainsi...
Mais son regard se radoucit rapidement quand il détailla la silhouette, tremblante ?, du jeune homme. Non, il ne pouvait pas lui en vouloir... pas vraiment.
- Mais je préfère encore cela que votre précédent état catatonique, ajouta-t-il alors, un fin sourire fleurissant sur ses traits fatigués. Voilà bien en tout cas le loup que j'ai connu, affirma-t-il avec un hochement de tête appuyant son contentement.
Oui, même s'ils se retrouvaient finalement dans cette mauvaise posture, il préférait encore cela, plutôt que l'état de larve tout juste capable de ramper hors de sa gangue de peur qu'il avait pu voir quelques instants plus tôt. Les stades larvaires n'appartenaient pas au développement d'un loup, à sa connaissance...
- Bon, comment sort-on maintenant de ce... ce... cette chose ? S'enquit-il, une moue dubitative et presque inquiète chassant son sourire précédant.
Se disant, il se tourna vers les ombres vaporeuses qui les entouraient et tenta de les toucher de la main.
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| | | InvitéMon identité Mes compétences Invité
| Sujet: Re: Un trio explosif [Terminé] Lun 18 Nov 2013 - 23:00 | |
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Ça faisait un bien fou… Une sensation de légèreté qui lui donnait l’impression de ne rien peser, comme si la cangue qui avait enserré son cœur jusque-là s’était dissipée, comme un mauvais songe au matin. La terreur n’était qu’un vague souvenir, un vague arrière-goût sur sa langue, le contrecoup d’un ouragan à présent dissipé. Dissipé par la hargne éveillée en lui, puissant antidote, mais tout aussi corrosif. Il écumait de rage, se sentant poussé des ailes à l’idée de nouer ses mains autour du cou de poulet de sa Némésis et d’avoir la satisfaction de sentir les vertèbres craquer et se disloquer sous sa poigne. Un tour de poignet et hop ! Il arracherait proprement la tête de ce monstre et en ferait un magnifique trophée… il lui devait bien ça non ? C’était plutôt des dents que les autres conservaient en général, mais une tête de vampire comme décoration d’intérieur ce n’était tout de même pas si rare, si ? Si on l’empaillait correctement elle ne risquait rien et durerait au moins quelques années, le temps de savourer la victoire. Oh ça lui irait parfaitement bien ! Il avait une furieuse envie de réduire Kedrildan à l’état de bouillie palpitante. Une furieuse envie de se défouler le plus sauvagement possible pour tout ce qu’il lui avait fait subir… ce ne serait que de bonne guerre non ? Ce ne serait que justice non ? De rendre coup pour coup ce qu’il avait reçu. Il n’était qu’un vampire, une raclure ne méritant pas de vivre. Il n’avait jamais prouvé être plus qu’une bête sauvage enragée et inutilement cruelle, dont la mort ne chagrinerait personne. Et même si ce n’était pas juste, la loi du talion lui suffisait, non ? Cette ordure avait fichue en l’air la totalité de sa vie et… S’arrêtant, écumant toujours, il se crispa et décocha un regard sombre vers l’elfe et l’environnement alentours. Il ne savait absolument pas où il se trouvait, comment il était arrivé là ni à quoi cela rimait… Tout était si… sinistre. Dans cet été éternel et insupportable voir un endroit pareil avait de quoi donner quelques frissons. Ou plus de quelques. Rien n’avait de formes propres, rien n’avait de matière… la fumée charbonneuse s’échappait en volute du sol, des arbres, des pierres, oh elle ne suffoquait nullement les poumons… en fait elle était… plutôt fraîche, si l’on pouvait dire. Paillettes moirées, tel des flocons de neiges étincelant par instant, absorbant la lumière l’instant suivant. Reflétant une luminosité changeante, un aveuglement retourné comme un gant, l’ombre attaquant sa rétine, la lumière le perdant dans son velours… Son sens de la perception semblait s’être altéré avec cet univers psychédélique, ou bien était-ce seulement qu’il n’était pas habitué à la magie ? Après tout, c’était de la magie non ? Ces arbres spectraux, ces formes fantasmagoriques qui se dessinaient par instant et cet écho profond et retentissant au moindre mouvement sur la surface d’un sol ressemblant à des plaques de mithril recouvertes de terre… Un long frisson parcourut son échine, qu’il chassa en secouant la tête, s’accrochant mordicus à sa colère. Au-dessus de lui un ciel d’une clarté insoutenable semblait s’étirer à l’infinie sur une plaine vallonnée de nuages grisâtres… Le soleil, invisible, était pourtant présent, c’était une certitude. Ne pas regarder le ciel, comprit-il en un instant alors qu’une puissante sensation de vide s’ouvrant sous ses pieds, une sensation de chute l’aspirant vers le bas… Ne surtout pas regarder le ciel. « De quel esprit malade est donc issu cet endroit… » Fort peu à propos. Cela n’avait certes rien en rapport avec les paroles de Eliowir, mais elles lui parvenaient étrangement distendues et lentes. Un écho oui. Secouant de nouveau la tête, il essaya de faire réflexion de tout cela. « Tout ça pour cette saleté de serment ! » A nouveau furieux. A croire que sa colère ne demandait plus qu’à exploser. « Et ils parlent de liberté ? Pah ! Hypocrites ! Est-ce que je leur ai demandé moi de prêter serment ? Est-ce que je leur ai demandé de m’inviter ? Qu’on me laisse donc dehors même si je dois en crever je ne veux pas la moindre miette de ces misérables créatures ! » Fulminant, il reporta son regard sur l’elfe « Quelle liberté y as-t-il là hein ? Qu’on ose me dire que c’est une liberté ! Qu’on ose seulement ! Je préfèrerais encore être là dehors ! Et cet… cet…. » Il en perdait ses mots à mesure que les nerfs lâchaient, cassant sous la tension de la rencontre et la présence perpétuelle de la magie. « Pourquoi fallait-il qu’il soit là ? POURQUOI ? J’aurais dû le… Si il n’y avait pas eu cette saleté de magie…Magie… je…déteste…la….magie…. » Tournant en rond, feulant, grondant, se tassant sur lui-même comme un loup prêt à attaquer, faisant voler des nuées de pétales blanchâtres autours de lui en faisant les cent pas. « Je déteste la magie, je l’ai toujours détestée et je crois que si je pouvais étriper tous les magiciens je le ferais ! » Et que ça s’écoulait, sans cesse, comme le sang d’une plaie, il jurait tout ce qu’il pouvait, promettant milles morts et tourments aux Baptistrels et à Kedrildan, aux vampires et à tous les imbéciles à qui il devait d’avoir quitté sa montagne. « Du calme ! Vous en avez de bonnes ! Comment puis-je être calme ! Enfermé dans un lieu pareil alors que j’ai tous les droits de tordre le cou de cet immondice ! » Et soudain, il se rendit enfin compte de ce qu’il débitait. Ouvrant de grands yeux, il tourna un regard mi sauvage mi horrifié vers l’elfe. D’un seul coup, toute la tension s’évacua de nouveau et il ferma les yeux un moment, soupirant lourdement. « Je… pardonnez-moi… » Ouvrant seulement à demi les yeux « Je ne… voulais pas que vous voyez ça… » [Règle n°1 de la prison du serment : La vérité prime]
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| Sujet: Re: Un trio explosif [Terminé] Dim 24 Nov 2013 - 17:50 | |
| « De quel esprit malade est donc issu cet endroit… »
- Bonne question, maugréa-t-il comme seule réponse.
Oui, bonne question... l'endroit était réellement particulier, il devait bien l'avouer. Tout semblait distordu, la réalité s'étirant dans des éclats iridescents à faire pâlir d'envie les étoiles les plus lumineuses, et dans des échos murmurants qui vous faisaient croire presque sourd. Tout en discordance, les sons de ses pas lui semblaient bien plus assourdissants que les paroles de l'humain, et il dut presque s'arrêter pour entendre parfaitement les mots du gamin. Ou plutôt essuyer sa véhémence.
Colère, soudain Havard n'était plus que colère. De l'apathie presque mourante dans laquelle il s'était plongé, il semblait soudain se réveiller tel un volcan longtemps ensommeillé qui entrait en irruption. Sans doute n'était-ce d'ailleurs pas très loin de la réalité, quand on songeait à la cause de ce brusque éclat. Oui, tel le volcan, le gamin éructait sa noire colère, dans des vapeurs de mots empoisonnés, et sa lave incandescente aurait presque pu bruler l'elfe si elle lui avait été destinée réellement. Enfin, si, elle l'était en partie... N'était-il pas avant tout magicien ? Guerrier certes, par la force des choses, mais magicien avant tout, les sorts lui étant tout de même plus faciles à manier et bien plus instinctifs que la lance, ou que quelconque autre arme.
Quand l'humain menaça de vouloir étriper tous les magiciens, Eliowir ne put s'empêcher un pas de côté. Mieux valait être prudent, surtout dans un tel endroit dont il ne connaissait rien, enfermé visiblement avec un possible futur meurtrier en puissance. Après tout, maintenant que le serment était rompu, qui lui disait que celui-ci s'activerait à nouveau dans ces contrées étranges ? Non, il n'y avait selon lui plus aucune raison d'être au serment... Mieux valait donc rester sur ses gardes et sur le qui vive. Le gamin semblait prêt de perdre toute raison et était bien capable de le jeter à bas. Après tout, n'était-ce pas exactement ce qui s'était passé lors de leur première rencontre ? Vigilance constante donc.
Oui, lui aussi aurait aimé ne pas voir cela. Mais il avait vu. Et entendu. Bon, pour tout avouer, ce que le jeune Svenn venait de débiter, l'elfe le savait déjà ou l'avait aisément deviné : en bon homme du Nord, Svenn détestait toute magie et tout ce qui s'y apparentait. Il détestait les elfes aussi, et l'avait même savamment détesté quand ils s'étaient rencontrés. Un étrange lien avait toutefois réussi à se nouer, au grand étonnement du vieil elfe, et une certaine tolérance s'était, semblait-il, installée envers lui. Elfe pourtant, mage pourtant, mais... un elfe, un mage, différent ? Oui, peut-être... Toujours était-il que, jusque-là, Havard avait semblé... peut-être pas apprécier, pas pleinement, mais tolérer Eliowir. Et réciproquement d'ailleurs. Allez, avouons-le, l'elfe ressentait également une petite pointe d'admiration teintée d'une étrange affection envers le courage de cet humain-là. Son entêtement, sa volonté de vivre, survivre... oui, il aimait bien en un sens le jeune loup.
Et qu'importe si ce n'était pas retourné.
- Voilà en tout cas une diatribe des plus... intéressantes.
Etrange. Il avait été à deux doigts de dire courtoises... mais en avait été comme... empêché. Mensonge impossible donc. Bon à savoir. Voilà qui était noté. Reniflant soudain d'un air agacé, face à cette déplorable constatation, l'elfe reprit, tentant de rendre son ton calme.
- Ne vous inquiétez pas jeune loup. Je sais que vous détestez tout ce qui est magie. Dracos merci, je l'ai assez bien compris lors de notre première rencontre. Et visiblement de toute façon ce lieu nous empêche tout faux semblant.
Il offrit alors un soudain sourire à l'humain, alors que sa voix se teintait d'une touche de moquerie.
- Et je préfère encore vous voir mordre, même s'il vous faut me mordre moi et mes paires. Sans compter... que j'avoue être en partie d'accord avec vous. Concernant la liberté, le serment et toute cette mascarade, entendons-nous bien. Pour le reste....
Cette fois l'ombre de tristesse voila ses traits.
- Détruisez la magie, et vous me tuerez. Vous tuerez tous les elfes, tous les vampires, tous les dragons... Ne resteront que les Hommes... ou du moins certains. Mais sans doute est-ce cela votre but au final ? Oui, possible... Fort possible... Vous devriez vous entendre avec les Alayiens.
Cette fois sa voix se fit ombre.
- Mais peut-être que vous vous entendez déjà avec eux ? s'enquit-il soudain, alors qu'une petite lumière se faisait dans son esprit.
Le feu de la forêt, les alayiens rodant non loin quand ils étaient arrivés... Se pourrait-il qu'en fait Svenn soit des leurs ? Coopère avec eux ? Se pourrait-il... Cette simple idée le fit froncer les sourcils en une expression soucieuse. Douloureuse même. Se pourrait-il... qu'ils deviennent réellement ennemis ?
- Peut-être... peut-être vous êtes vous déjà alliés avec eux ? Mêmes idéaux, potentiellement même but... Après tout, oui. Qu'est-ce qui pourrait donc vous retenir à contracter une telle alliance ? Peut-être la peur que les loups se fassent aussi dévorer par ce prédateur plus vorace encore... Ou pensez-vous que la meute sera plus forte et plus soudée pour combattre vos alliés quand ils se retourneront contre vous ?
Et se pensant, il préféra se détourner, et repartir dans la contemplation de ce qui les retenait de nouveau prisonniers. Prisonniers... qu'il détestait ce mot.
- Si tel est vrai, quels fous vous êtes... Mais fous sont les Hommes après tout. Quand comprendrai-je donc ? Folie que vous êtes, petits d'Hommes. Toujours plus, toujours plus grands, toujours plus forts... Vous voulez toujours plus, sans partage. Sans... Oui, folie que tout cela. Le monde n'est donc plus que folie...
Et sans prévenir, il frappa du point le mur invisible qui les empêchait de s'échapper, tout en s'écriant :
- Et quelle folie aussi que ceci ! Comment donc sortir de ce lieu maudit ? A quoi rime donc tout ce cirque ? Prisonniers encore et toujours... Sortez-nous de là, rugit-il de toute sa force, frappant encore et encore, de plus en plus fort. Sortez-nous de là, libérez-nous mécréants, ou ne valez-vous guère mieux que nos anciens geôliers ? Sortez-nous de là !
Son poing frappa une dernière fois. Une dernière fois de trop... car il se sentit pousser en arrière par une force formidable qui l'envoya valdinguer à l'autre extrémité, aux pieds du gamin... sonné par l'impact avec le sol.
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| | | InvitéMon identité Mes compétences Invité
| Sujet: Re: Un trio explosif [Terminé] Mer 27 Nov 2013 - 22:10 | |
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Il devait avouer que la réalisation qu’il lui était non seulement impossible de mentir mais qu’en plus ce lieu de fous-furieux semblait lui extorquer ce qu’il pensait sans lui demander son avis était pratiquement intolérable. Le loup avait l’impression d’avoir avalé un cadavre vieux de plusieurs semaines et qui descendait mal. Non seulement on se permettait de le maintenir prisonnier mais en plus on le jetait dans cet espèce de cachot magique et maintenant on le forçait à dire la vérité contre son grès ? Il avait beau n’avoir aucun usage ou presque pour le mensonge cela ne l’empêchait pas de tenir à ses prérogatives et à ses libertés. Et oui, par Dracos, mentir était une liberté comme une autre ! Est-ce qu’on empêchait le monde de respirer aussi ?! Il ne manquerait plus que cela, et le pire ? Il n’en serait guère étonné. Et il n’aimait vraiment pas cette situation, cela attisait son antipathie à l’égard des elfes comme un soufflet sur le feu d’une forge. Il avait beau estimer Eliowir un brin plus que les autres, ou peut-être plus qu’un brin à présent ? Allez savoir… en tout cas, toujours était-il qu’il s’agissait d’un elfe et que malgré tout il ne pouvait s’empêcher de le rendre aussi responsable que les chanteurs. Ce n’était nullement sa faute évidement, mais rien à faire, quelque chose le poussait à maudire en bloc toute la race sylvaine une fois de plus. Mais après tout il en avait l’habitude, il ne faisait que ça dès qu’on lui en donnait l’occasion. Pour le coup il aurait préféré se taire et garder tout ça pour lui… Après tout, c’était sa faute si ils se retrouvaient coincer au milieu de nulle part. Si il avait prit le temps de faire fonctionner ce qui lui servait d’esprit sans doute aurait-il pu voir la nuance dans les propos du végétarien, mais il fallait le dire, on n’avait pas idée de faire dans le subtile alors qu’il sortait difficilement d’un coma traumatique. Et évidement il imaginait bien que cela allait polémiquer si il lui prenait l’envie de faire part de son point de vue là-dessus…
… ce qui aurait été particulièrement peu indiqué alors que, justement, son interlocuteur se mettait en tête d’être de son côté. Ah et bien voilà qui était fort bienvenu ! Au moins il y en avait un dans toute cette damnée race qui avait un brin de décence et de dignité. Jusqu’où ces vertus allaient il n’en avait absolument aucune idée et n’avait guère de moyens de le savoir à moins d’essayer. Et dans cet endroit, il n’y était franchement pas encouragé. En revanche, il avait une folle envie de l’attraper par le col en entendant la suite et de le secouer comme un prunier trop mûre histoire de faire un peu descendre la pulpe qui lui montait à la tête. Pinçant les lèvres, il lui jeta un regard polaire, se refusant à dire quoi que ce soit. Avec la menace de débiter les plus amères vérités sans le moindre contrôle de soi-même, il ne tenait absolument pas à ouvrir la bouche plus que nécessaire. Une sorte d’assurance anti gaffe… Bon en fait il se fichait souvent de faire ou non des gaffes, mais pour une fois qu’un elfe était un peu moins insupportable que la grande majorité de cette race il tenait également à faire un effort, c’était donnant donnant non ? Et tout le monde était content. Enfin… c’était sans compter sur les Baptistrels ça, et sur leur capacité à provoquer un chaos sans nom dès qu’ils touchaient au libre arbitre d’une façon ou d’une autre, parce que mine de rien c’était exactement ce qu’ils faisaient. Toujours était-il que cet elfe, là, s’aventurait en terrain glissant… très très glissant. Non seulement il l’accusait mais en plus il se permettait de juger sa race ? Voilà qui n’était pas pour lui plaire. Pas pour lui plaire du tout. C’était fou tout de même comment il parvenait à le faire passer du calme à la colère et vice versa en quelques mots. Il le faisait exprès ? Havard allait vraiment finir par le croire.
Il le regarda s’écraser à ses pieds, bras croisés, visage fermé. C’était petit, mais bien fait pour lui, ça lui apprendrait à agir comme un humain tient. C’était lui non le bœuf qui frappait avant de réfléchir. Il s’accroupie près de lui, sans le quitter des yeux, et dû changer légèrement d’assise au bout de quelques secondes, pour avoir manqué de tomber directement sur lui. « Ah parce que ça c’était d’un malin… très humain comme réaction, bravo » Il soupira, n’aimant pas spécialement se trouver à croupetons comme ça. Il avait toujours l’impression qu’il allait piquer du nez et atterrir par terre. Plutôt que de rester là, il se redressa et le releva au passage, en conservant une prise solide sur lui pour éviter de le voir de nouveau s’étaler au sol comme une serpillère. En temps normal il n’aurait probablement pas bronché, mais il était malaisé de faire la causette à quelqu’un qui jouait les carpettes. « Vous n’avez jamais pensé que si nous prenions sans demander, c’était que nous n’avions pas vraiment le choix ? Croyez-vous qu’il soit aisé de se comparer aux vôtres, en particulier quand ils nous méprisent ? Vous nous méprisez… Vous nous pensez fou ? Qu’est-ce que vous savez vraiment de nous ? Vous n’êtes pas des nôtres, il y a des choses qui vous échapperons toujours peu importe le nombre de siècles que vous passez auprès de nous. Ce n’est pas à vous de fixer nos limites. Les vôtres ne veulent pas le comprendre, ne veulent pas comprendre que nous n’avons pas besoin de vous, de vos conseils ou de vos sagesses… Nous avons besoin de grandir par nous-même. » Il secoua la tête et le relâcha un instant le temps de changer à nouveau de prise, défroissant le tissu qu’il tenait et qui tirait sur ses doigts, en engourdissant très légèrement le bout.
« Vous n’avez pas tort en disant que nous pourrions être alliés avec les Alayiens. Nous avons bien faillit en vérité. J’ai discuté avec la générale du Néant appelée Lyra. Mais ce que j’ai vu d’elle m’a éclairé sur ce qu’ils ont sous le crâne. Et je n’aime pas ça du tout. Ce qui ne m’empêche nullement d’apprécier le principe de ne pas user de magie. Je le dis et je le clame haut et fort depuis longtemps, on se sert beaucoup trop de magie. Elle finit même par remplacer des parts importantes de la vie. Ce n’est pas sain. Oui j’aimerais que l’usage de la magie recule, à défaut de disparaître et peut-être que ce conflit aura ouvert les yeux de certains. En attendant si nous devons mourir au service des nôtres, nous le ferons et moi le premier. J’ai passé plusieurs semaines au milieu de ces fanatiques, à les observer, à apprendre d’eux… ce qu’ils avaient de bon, je l’ai pris au profit des miens. Le reste je leur laisse » Silencieux un bref instant, il finit par avouer, revenant de façon décousue sur ses précédents mots « Je n’aurais pas hésité un instant à sacrifier les autres races Eliowir et d’un certain sens c’est toujours le cas. Mais je ne puis nier que vous me rendez les choses plus difficiles. J’avais moins à m’interroger quand je haïssais les vôtres en bloc…. »
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| Sujet: Re: Un trio explosif [Terminé] Dim 1 Déc 2013 - 18:25 | |
| « Ah parce que ça c’était d’un malin… très humain comme réaction, bravo »
Eliowir ne put que fusiller du regard le jeune nordique. Pour être honnête, il devait avouer qu'un tel regard devait de suite avoir bien moins d'impact alors qu'il était encore à terre devant le colosse de glace. Et même quand l'autre daigna se mettre à sa hauteur en s'acroupissant, le jeune humain le dominait de toute son imposante stature. Impressionnante stature. Un véritable nordique en somme. L'elfe faisait bien pâle figure à côté, avec sa taille svelte et élancée... quand bien même les dernières années étaient parvenues à l'étoffer d'une certaine musculature. Mais il s'agissait là d'une musculature finement ciselée, nerveuse, et non de cette musculature tout en charpente que semblait posséder les Hommes du Nord. Oui, bien pâle figure, se vit-il confirmer quand l'autre le souleva de terre comme un vulgaire fétu de paille. Eliowir crut voir rouge. De honte et de colère. Mais le lion n'eut guère le temps de se manifester, le loup semblant parti dans une diatribe fort mouvementée.
L'elfe aurait aimé se défaire de la poigne de fer qui le maintint un temps debout et surtout l'empêchait de s'écarter. Il aurait aimé s'en défaire, d'autant plus quand on songeait que le colosse haranguait de façon véhémente contre les siens et contre la magie. Contre lui en somme, en quelque sorte. Il avait envie de le frapper, de le forcer à le lâcher, de rétorquer aussi, avec des mots tout aussi véhéments. Les elfes méprisaient les Hommes et les Hommes s'en plaignaient ? Mais il n'y avait qu'à voir le comportement des Hommes, comme en ce moment même ! Ce qu'il savait d'eux ? il savait des Hommes la cupidité, l'égoïsme, l'envie de toujours croitre, encore et encore et encore... quitte à tout détruire. Voilà ce qu'il savait des Hommes. Et il n'avait que faire des possibles qualités qu'en d'autres temps il aurait soulignées, contrebalançant cette image des plus négatives... Non, il n'en avait que faire en cet instant. Le nordique lui crachait ses vérités au visage et il n'avait qu'une envie, lui rétorquer les siennes, tel le jet de vapeur qui vous revient en pleine figure.
Mais...
« Mais je ne puis nier que vous me rendez les choses plus difficiles. J’avais moins à m’interroger quand je haïssais les vôtres en bloc…. »
Mais ce gamin avait le don de savoir frapper là où ca faisait mal. Là où on s'y attendait le moins. Oui, ce gamin, malgré les baffes qu'on avait envie de lui donner, malgré ses mots arrogants, malgré sa hargne raciste, ce gamin-là savait le toucher en plein coeur. Là. Juste là. Et Eliowir dut prendre un instant pour parvenir à répondre, d'une voix étonnamment calme, lui qu'agitait une fureur grondante quelques secondes à peine auparavant :
- J'ai pensé des tas de choses quand j'ai erré près de cent trente années parmi les vôtres, jeune humain. J'ai pensé des tas de choses... des bonnes et des mauvaises. Du mépris oui, j'en ai eu envers les vôtres. Tout comme les vôtres en ont eu envers moi. Et pire que du mépris... vos paires ont su me faire goûter à bien pire encore.
Il aurait voulu dire ces mots avec colère, telle celle qui sourdait en lui comme une lave en fusion... mais il fallait croire que son volcan à lui n'avait pas décidé de se réveiller. Pas là. Pas avec ce jeune homme, aussi impudent soit-il.
- Et oui, Dracos merci, je ne suis pas des vôtres. Et de ce que j'en ai vu, je n'ai aucunement envie d'en être. Mais je vous rassure, je ne suis pas bien sûr non plus de vouloir être de ceux censés être les miens.
Ses propres dires l'étonnèrent lui-même et cela dut se lire sur ses traits soudain figés de stupeur. Maudit lieu qui vous faisait avouer des choses dont vous ne vous doutiez pas vous-même. Ou dont vous ne vouliez pas vous douter...
- Vous avez raison sur certains points. Mais ne rejetez pas toute la faute sur les autres peuples. Votre peuple aussi a sa part de tords. Grandissez, soit, mais grandissez en paix, c'est tout ce que nous, elfes, rêvons de vivre. La paix...
Oui la paix... Voilà tout ce qu'il désirait au fond de lui.
- Quant à votre presque alliance avec les Alayiens... cette idée me peine. Vraiment. La magie... Pour vous la magie n'est peut-être rien, ou peut-être est-elle la maitresse de tous vos maux, mais pour moi... La magie est la vie pour moi et les miens. Sans magie... Que la magie meurt, et nous mourrons avec elle. Mais voyez-vous, aussi étrange que cela puisse paraitre, jeune Svenn, même sachant que vous appelez de tous vos voeux notre mort... je ne parviens pas à vous haïr. Même...
Oui, même...
- Je crois que je vous aime bien.
Mais qu'est-ce qui lui prenait de dire pareille chose ? Jamais encore il n'avait osé avouer ainsi ses sentiments devant la personne concernée.. encore moins devant une personne qu'il connaissait si peu... si mal...
"Enfin, sauf quand il vitupère contre moi et les miens, ou quand il menace de m'étouffer sous sa poigne", ajouta-t-il pour lui-même.
Il se permit alors de longuement détailler le jeune homme, comme caressant la peau finement ridulée accusant la trentaine humaine de ses orbes nuit, avant de finalement tenter de se défaire de la prise.
D'abord simplement en bougeant un peu, espérant faire comprendre à l'autre son désir de liberté... puis en tentant de desserer le poing de l'homme, en tirant un peu sur les vêtements... et, n'y parvenant pas, il dut se contenter de défaire doigt par doigt... sans succès, l'autre semblant prendre un malin plaisir à ne pas le lâcher et à resserrer son doigts dès qu'il s'attaquait à un autre. Levant la tête, l'autre le dominant bien plus encore, il dut se résoudre à foudroyer du regard le jeune loup.
- Pourriez-vous, s'il vous plait, me lâcher, jeune homme ? J'aimerais autant ne pas déchirer de suite mes habits tout neufs... seuls que j'ai d'ailleurs, grommela-t-il plus bas, dans sa barbe imaginaire. |
| | | InvitéMon identité Mes compétences Invité
| Sujet: Re: Un trio explosif [Terminé] Mar 3 Déc 2013 - 11:22 | |
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Preuve était faite, si il en avait eu le moindre besoin, que finalement les Baptistrels n’étaient peut-être pas simplement des sociopathes adeptes de l’hypocrisie et du contrôle… Il avait toujours sut faire la différence entre une vérité frustrée et une vérité franche. Hors justement, ce qui sortait de sa bouche à l’heure présente était de la franchise forcée, mais de la franchise, qui lui ôtait des épaules un certain poids, le soulageant fortement à chaque information qu’on lui arrachait de force. Oui, malgré la mauvaise foi qu’il entretenait ça faisait aussi du bien de lâcher toutes les vannes une bonne fois pour toutes. Bon certes ils en étaient à se balancer leurs quatre vérités sans pouvoir faire cas des possibles conséquences mais… oui d’un certain coté ça faisait un bien fou, de pouvoir cracher tout ça une bonne fois pour toutes sans qu’on ne se permette de venir transiger. Il pensait ce qu’il pensait, et ce n’était certainement pas les sudistes qui allaient apprécier le contenu de son esprit, ce dont il se fichait éperdument. Mais puisqu’il n’était pas sensé provoqué un conflit (les Alayiens s’en chargeaient fort bien eux-mêmes) il se retrouvait muselé… sauf en cet instant. A croire qu’un de ces fichus chanteurs avaient attendu, pendu à un arbre, qu’il disjoncte pour l’expédier là avec de la compagnie histoire de ne pas hurler dans le vent. Il n’allait peut-être pas faire tant sa mauvaise tête vu ce que cela lui apportait. Ils voulaient le voir jeter tout ce qu’il pensait ? Et bien d’accord ils allaient être servit !
Enfin quand Eliowir aurait fini de sortir les violons et de lui conter en large et en travers… Minute, comment cela il l’aimait bien ? Il le rejeta sans hésiter, le relâchant et le poussant vers l’arrière pour l’éloigner de lui, autant qu’il l’avait laissé se batailler contre sa poigne jusque-là. Renaclant, une expression à demie agacée et à demie navrée passa fugitivement sur ses traits alors qu’il lâchait, très platement, d’une voix ressemblant à un galet qu’on lançait à plat dans l’eau. « Il n’y a vraiment qu’un fou comme vous pour m’apprécier alors que j’essaye peu ou prou de me faire haïr » Croisant les bras, ronchon, il rentra la tête dans les épaules et le regarda en coin. Devait-il encore ouvrir la bouche pour rétorquer ou cela suffisait-il ? Étrangement il se sentait prêt et même plus que prêt à continuer indéfiniment ce petit jeu de vérités assénées, quitte à ce que cela finisse en esclandre. « Si vous osez penser que l’humanité ressemble à ces gens du sud vous vous fourrez le doigt dans l’œil jusqu’au coude… Ils sont aussi méprisables que les elfes » Et hop les deux pieds dans le plat, avec un superbe salto arrière et beaucoup d’élan en prime pour la table 4… sauf qu’il l’avait fait exprès. Et il le pensait sincèrement et profondément. « Ils n’ont pas de valeurs, pas de dignité, ils n’ont aucune vertus, aucun savoir vivre…. Ils ne savent même plus ce que c’est que d’être humain. Ce qu’ils en voient c’est simplement que des saloperies de sangsues géantes pourraient les grignoter…. »
D’une inspiration tremblant à nouveau de colère, il émit un son rauque de dépit avant de cracher à demi « C’est ça être humain ? Un casse-dalle pour vampire se laissant engraisser dans son luxe pendant que la plèbe crève de faim dans la boue ? Laissez-moi rire… ou laissez-moi en pleurer peut-être. Mieux vaux mourir que de se laisser corrompre comme ça… et la magie est le centre du problème, quoi que vous en disiez. Alors est-ce vraiment une mauvaise chose que vous ne vous considériez pas comme un elfe ? Personnellement je pense que non, plutôt n’avoir aucune appartenance que se reconnaitre dans ça. Et cela même si je tiens de toutes mes forces aux miens » Regard accusateur « Vous leur ressemblez au point que j’ai une folle envie de vous secouer à mort par certains côtés… mais si tous les elfes étaient comme vous peut-être aurait-on moins envie de les laisser crever. Je n’en sais rien en fait… Je ne m’imagine pas faisant ami ami avec un elfe hors c’est justement ce que je suis en train de faire, sauf que je ne sais absolument pas comment j’ai pu en arriver là tout en ayant rien à regretter à ce que je fais même si je regrette qu’on soient coincés là et que soit tout sauf naturel et…. »
Jurant dans sa langue natale il lança « Comment voulez-vous être en paix avec des monceaux de contradictions pareil hein ?! » Inspirant de nouveau à fond il finit par s’asseoir sur une souche qui ressemblait à un rocher et se massa les tempes « Je vous aime bien aussi Eliowir mais vraiment j’ai envie de vous assommer pour me donner une telle migraine…. »
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| Sujet: Re: Un trio explosif [Terminé] Sam 14 Déc 2013 - 20:26 | |
| Il n'eut guère longtemps à attendre pour que le nordiste le lâche enfin. Un peu abruptement, en le poussant un peu plus rudement que nécessaire vers l'arrière, ce qui manqua de le faire tomber de nouveau sur son fessier, mais il le lâcha. Voilà au moins une chose de réglée déjà. Même s'il peina à retrouver son équilibre pour ne pas s'affaler de nouveau par terre de façon des plus déplorables aux pieds de l'humain mal luné.
« Il n’y a vraiment qu’un fou comme vous pour m’apprécier alors que j’essaye peu ou prou de me faire haïr »
- A croire que vous n'essayez pas assez fort, marmonna-t-il en réponse, alors qu'enfin ses pieds avaient décidé de ne plus tanguer sur cette terre étrange.
Et qu'était-ce là cette soudaine attitude ? Le gamin se mettait-il soudain à bouder ? A bouder ?! Voilà qui était fort. S'il savait les humains immatures, jamais il n'aurait cru un fier nordiste se confiner à une attitude si infantile. Mais après tout... les humains n'étaient-ils pas que des mômes souvent bien mal éduqués ? Voilà qui n'était guère étonnant alors de voir telle attitude puérile.
Et allons-y. Comparons donc les elfes aux piètres humains... et allons-y en insultes, en comparatifs inutiles et futiles, déplacés tant ils étaient grossiers... Et allons-y de sa morgue gamine et colérique... sincère toutefois, le serment les confiant ici les contraignant à la vérité, leur vérité, sincère et profonde.
Il fut un temps lui-même titillé de répliquer qu'en son temps, il avait préféré jouer les casse-dalle pour vampire au fin fond d'une grotte obscure, plutôt que de mourir... Mais un étrange relent d'affection et de compassion pour cet humain qui avait tant souffert le retint. Retint ses mots qui moururent d'eux-mêmes dans sa gorge, avant même qu'ils n'aient pu naître, tout en étouffant cette bien mesquine pensée dans les obscures contrées de son esprit un peu embrumé. Non, il ne pensait sincèrement pas cela. Vraiment pas. Il ne le dirait donc pas. Il essuierait donc les insultes et la verte colère, et attendrait qu'elle s'apaise. ou du moins se calme assez pour le laisser parler à son tour.
Silence fut donc son lot, laissant à l'autre l'honneur de le rompre tout seul, en un flot acerbe et un venin acéré.
Quel bien lui en prit d'ailleurs. Car la fin du monologue fut des plus intéressants... Très très intéressants. Etait-ce lui ou l'humain était en train de se dépêtrer avec ses sentiments ? Quel méli mélo cela semblait être dans la tête de l'humain. Remarquez, il n'était pas forcément le mieux placé pour critiquer un tel capharnaüm... Celui présent dans son propre esprit devait faire pâlir d'envie celui de l'humain sous certains aspects...
« Je vous aime bien aussi Eliowir mais vraiment j’ai envie de vous assommer pour me donner une telle migraine…. »
- Voilà en tout cas un bon point. Je suppute que beaucoup ont cette même envie de m'assommer voire pire d'ailleurs. Mais peu ont eu le courage ou l'honnêteté de me l'annoncer en face. Voilà au moins quelque chose que j'apprécie.
Et alors qu'il réalisait qu'il venait de nouveau de dire aimer quelque chose chez l'humain, il se laissa emporter par un grand éclat de rire. Un éclat de rire un peu fou, un peu... décalé. Comme son esprit en somme.
- Je viens encore de vous dire que je vous aime bien et vous apprécie, gamin colérique et puéril que vous êtes pourtant, parvint-il enfin à baragouiner entre deux spasmes, tandis que son fou rire se calmait quelque peu.
Puis, épuisé de rester debout, surtout après son précédent atterrissage des moins gracieux, il se cala à son tour sur la souche, aux côtés dudit gamin, en lui offrant un rapide regard en coin pour évaluer sa réaction. Et pouvoir esquiver tout coup que pourrait avoir envie de lui porter la susceptibilité exacerbée du nordique.
- Mais je ne suis pas d'accord avec vous. Les elfes n'ont rien à voir avec les Hommes, même les Hommes du Sud. Les humains que vous êtes me l'ont suffisamment fait remarquer toutes mes années d'errance en vos terres. Quoique je n'ai pas pu aller bien loin au nord. J'aurais bien aimé visité Glacern, si réputée pour sa majestuosité et sa grandeur d'un autre temps. Mais arrivé aux pieds des montagnes, on n'a eu de cesse de me refouler en terres du sud en me faisant comprendre que j'étais bien malvenu.
Un sourire mi amusé mi peiné s'esquissa à travers ses vieilles balafres, tandis qu'il reprenait d'une voix grave et profonde au fond de laquelle les souvenirs gravaient des aspérités rocailleuses d'un autre temps. Une autre époque...
- A croire que même un elfe seul devenait une menace pour le pays du Nord. Pourtant...
Il tourna son regard sombre vers le jeune humain, son sourire se faisant doucement mais sûrement plus serein, moins errant dans ses souvenirs d'antan...
- Pourtant tout ce que je voulais était voir, explorer, découvrir... Découvrir... J'ai toujours aimé découvrir, apprendre d'autres choses, d'autres savoirs. D'autres puissances... Glacern est puissante parait-il. J'aurais aimé voir de mes propres yeux cette puissance-là.
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| | | InvitéMon identité Mes compétences Invité
| Sujet: Re: Un trio explosif [Terminé] Jeu 19 Déc 2013 - 18:48 | |
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Non effectivement il ne devait pas essayer assez fort, c’était la seule explication valable au fait que l’autre osait lui dire qu’il l’appréciait. Mais là il ne savait pas ce qu’il lui fallait. Etre Lorenz Wintel sans doute ou commettre un génocide massif… qu’il s’agisse de fougères ou d’elfes. Quoi que, vu la façon dont il parlait de son propre peuple on pouvait se poser la question de savoir si effectivement il se mettrait à le haïr dans un cas semblable. C’était plus simple de faire face à la haine, bien plus simple, pour lui tout du moins. On lui avait appris à haïr, oh ça oui… il avait été à très bonne école. Et il savait comment s’en débrouiller. Il savait comment y faire face et l’absorber. Simple, facile… c’était l’affection qui était difficile. Difficile à exprimer, à gérer, difficile à appréhender, qu’il s’agisse de l’affection admirative de son fils, de celle de ses frères et sœurs, ou de l’aveu de l’elfe envers lui. Plus encore de cet aveu en réalité car il provenait d’un presque inconnu. Mais même si l’on écartait ce sujet-là il y avait fort à faire entre eux deux.
Réprimant un renâclement ronchon et hautain, il lui jeta un coup d’œil affecté. Que d’autres aient eu envie de l’assommer il le concevait parfaitement et plutôt deux fois qu’une puisqu’il le vivait à l’heure actuelle sans subtilité. L’envie de le bâillonner aussi au passage. Et peut-être qu’il aurait effectivement avoué cela même sans l’aide de la magie qui semblait les contraindre. Il n’avait rien à cacher de ce côté-là après tout. Pourquoi l’aurait-il dissimulé ? Il n’avait de toute façon pas l’intention de mettre cette envie à exécution, ce qui jouait sans doute pour beaucoup également car si il s’était effectivement mit en tête de lui faire sucrer les fraises il l’aurait fait sans prévenir. Trop de paroles, pas assez d’action. Mais pour le coup la question ne se posait même pas. « Il n’y a ni courage ni honnêteté lorsque l’on est contraint contre son grès à dire la vérité. Ça n’a absolument aucune valeur ici, j’aurais préféré avoir le luxe de clamer cela sans cette damnée prison » Haussant un sourcil en le voyant rire, il pinça les lèvres, se demandant avec suspicion si il ne se payait pas sa tête.
Gamin colérique et puéril ? Non peut-être que finalement il allait réellement l’assommer un coup, juste pour lui apprendre à le juger à la va vite. A le juger… comme un elfe en somme, ce qu’il était malgré ses réclamations d’appartenance révolue. Le regardant approchant sans se dépatir de son expression perplexe, il ne fit aucun geste pour l’empêcher de s’asseoir à ses côtés. Ça ne le dérangeait même plus au point où il en était alors… ah tien pas d’accord, qu’est-ce que c’était étonnant dit-donc. Il en serait tombé des nues ! En revanche qu’il ait eu dans l’idée de visiter sa ville le surpris réellement. Et bien pour un fou il en faisait un superbe spécimen. Il ne voulait pas même imaginer la réaction qu’avaient dû avoir les gardes en faction en entendant la demande. Si jamais telle chose était arrivée à ses oreilles du temps où il avait prit son trône, sans doute aurait-il réagit de la pire des façons et aurait trouvé cela parfaitement normal. En vérité ? Il trouvait toujours que le refus se justifiait. Un elfe à Glacern ? Voilà bien une chose inouïe.
Il resta un long moment silencieux, le regardant avec sérieux, puis se détourna. « Glacern est inexpugnable. Cela au moins est la vérité. Elle a été construite de sorte à soutenir n’importe quel siège, avec ou sans dragons. Elle se trouve au fond du val de Tombeneige, au bord d’un immense précipice que l’on dit sans fond. Une seule route y mène, on ne peut l’encercler d’aucune façon, et les murailles sont faites des meilleurs matériaux, hautes et fortes, renforcées par les enchantements de mes aïeuls, du temps où ils étaient encore de puissants mages. Des enchantements en langue du nord, que nul autre que mon peuple utilise. Sous elle, des passages conduisent dans les montagnes afin de pouvoir fuir ou se ravitailler. Les labyrinthes de roches sont connus de nous seuls et nous avons des voies sous la roche qui nous permettent d’aller vite d’un bout à l’autre des monts lorsque nous voyageons seuls »
La nostalgie pointait dans sa voix, comme l’amour de sa cité « La ville se divise en cinq quartiers, chacun régis par une des nobles maisons régnantes. Les demeures les plus proches des murailles sont basses, et de plus en plus haute jusqu’au palais des glaces. Ça permet de monter sur les toits et d’avoir un accès privilégié et un avantage sur les possibles assaillants qui entreraient. Il y a une distance entre la muraille et les premiers bâtiments également, afin que, si elle venait à être prise, elle ne soit pas un danger. Les tours de gardes jalonnent la ville de façon régulière, mais elles sont mobiles, afin de permettre de les agencer en fonction des attaquants. Toutes nos routes sont pavées, et relies les quartiers aux différentes places qui sont le centre névralgique de l’activité en été. Le palais de ma famille est une réplique miniature de la ville en extérieur et est le dernier nœud de résistance si la ville devait tomber. Et à l’intérieur même du bastion il y a… » Il eut un sourire affectueux à se souvenir là. « Peu importe. La magie est interdite en ces lieux. Mais même si une armée devait avoir la folie de chercher à nous attaquer il faudrait qu’elle passe par le col de Tombeneige, le seul chemin d’accès pour des troupes armées. Une gorge où seul quatre chevaux passent en même temps, creusée et profonde, de sorte qu’une embuscade menée correctement saignerait à blanc la force la plus grande du continent avant qu’elle n’accède à la vallée »
Il tourna la tête vers lui « Il faut au moins ça pour nous préserver. Notre culture n’a rien à voir avec celle du reste de l’Empire et nous en sommes fiers »
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| Sujet: Re: Un trio explosif [Terminé] Jeu 26 Déc 2013 - 19:21 | |
| Glacern. Voilà, semblait-il, le mot magique, pour délier la langue du fier nordique, si froid, si austère en temps ordinaire, et qui soudain semblait s'animer d'une fougueuse passion. Un long récit débuta alors, au plus grand plaisir du vieil elfe, qui se sentit redevenir presque enfant, écoutant un conte, aux pieds du noble narrateur.
Silence fut son lot tout le long du récit, tandis qu'il buvait littéralement le conte, l'histoire, les mots qui lui donnaient naissance et qui voguaient entre eux, se répercutant ensuite dans son esprit. Des mots qui dessinaient pour lui les hautes murailles de la belle citadelle qu'il rêvait de voir, qui esquissaient les toits montants tels un gigantesque escalier jusqu'au magnifique palais, qui coloriaient soudain le long et âpre chemin engorgé qu'il fallait gravir, seul et unique chemin d'accès, pour parvenir aux pieds de la somptueuse et majestueuse citadelle. Il se voyait déjà fouler la terre poussiéreuse de ce chemin, il se voyait déjà, sur un fier destrier, pénétrer les hautes murailles, le regard perdu au loin sur les toits du digne palais qui le toisait de si loin et de si haut... il se voyait déjà parcourir les ténèbres des labyrinthes sous la roche... Oui, le nordique les décrivait si bien, que l'elfe s'imaginait parfaitement y être en personne.
Doux rêve des plus utopiques assurément. Ceux de son espèce n'étaient pas les bienvenus en ce lieu pourtant magnifique. On le lui avait bien fait comprendre en ce temps-là et le jeune loup ne fit que le lui confirmer. Mais qu'importe, il avait eu au moins l'insigne honneur de pouvoir se l'imaginer en esprit, à défaut de pouvoir l'admirer de ses propres yeux. Pour un elfe tel que lui, c'était déjà beaucoup.
Mais, alors qu'il croyait avoir eu la plus belle des surprises, en se voyant narrer un tel conte, une phrase le frappa. Une entre toutes... "les enchantements de mes aïeuls, du temps où ils étaient encore de puissants mages. " Par le Dracos ! Avait-il bien entendu ?! Ou n'était-ce là que le fruit de son imagination si fertile ? Des mages... Des mages puissants ! A Glacern ! Les aïeuls même du jeune Svenn ! La magie avait donc bel et bien exister à Glacern, parmi les âpres et rudes nordiques, eux qui pourtant se disaient la détester ! Révélation alors que celle-ci. Révélation douce et soyeuse à son esprit où magie et puissance en attisaient continuellement les rouages et les envies. Les folies même.
« Il faut au moins ça pour nous préserver. Notre culture n’a rien à voir avec celle du reste de l’Empire et nous en sommes fiers »
- Oh non, elle n'a effectivement rien à voir. J'aimerais réellement pouvoir mieux la découvrir. Mieux la comprendre. Si empreinte de noblesse, de dureté mais de dignes exigences, pétrie d'un sens de l'honneur et de la justice si acéré... Oui, j'aimerais avoir l'honneur de mieux la connaître. De mieux connaître Glacern. Pouvoir la voir de mes propres yeux...
Il releva le regard sur le jeune loup et ajouta bien rapidement, avant que l'autre ne s'avise de couper court à ses beaux rêves par un sarcasme bien senti.
- Oui je sais, les elfes sont honnis en ce lieu, Dracos merci, je l'ai bien compris. Cela ne m'empêche pas de nourrir de fous et doux espoirs.
Et le mot mage titilla de nouveau son esprit, lui extirpant un fin sourire alliant curiosité et amusement taquin.
- Et qui aurait cru que la majestueuse Glacern avait abrité des mages un jour. Jours lointains sans doute, mais jours ayant existé tout de même. Et de vos aïeuls qui plus est !
Il ne put alors contenir son excitation et se leva d'un bond, levant les bras au ciel.
- Des mages à Glacern. Des mages du nom de Svenn. Qui l'aurait cru ! Que j'aurais aimé voir cette magie-là alors. Elle doit être si différente, si... si... puissante.
Et sa voix vibra à ce dernier mot. Un mot qui l'avait toujours tant enivré, qui avait toujours tant attisé sa curiosité légendaire, sa convoitise même. Oui, convoitise, envie, folle attirance irrésistible, âpre drogue même qui parfois lui enivrait les sens au point de lui faire oublier toute raison. Oraisons funèbres enfin, il le savait pourtant, que celles que pouvaient chanter ce simple mot quand le vieil elfe se laissait aller à sa folie. Folie. Oui folie. Mais une folie qu'il ne pouvait repousser alors. Une folie à laquelle il se brulerait, assurément, tel le papillon se brulait les ailes à la lumière du feu... Mais qu'importe. Cette folie était bien trop forte pour lui, pour son esprit. Et il n'avait aucune envie de lui résister, de la combattre.
Non, surtout pas en cet instant. Non en cet instant, il voulait juste savoir. Voir. Connaître. Comprendre. Voir puissance. Toucher du doigt puissance. Devenir puissance même.
- Oui, si puissante. Ahhhh il me faut la voir. Il me faut en savoir plus sur elle, pria-t-il le nordique, en se retournant vivement vers lui, une lueur enfiévrée dans ses orbes nuit. Dites m'en plus sur ces mages, cette magie. Dites m'en plus sur ce que contient votre bastion. Dites-moi tout, racontez-moi, insista-t-il, se jetant presque à genou devant le jeune homme.
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| Sujet: Re: Un trio explosif [Terminé] Lun 30 Déc 2013 - 20:44 | |
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Il aimait sa cité, l’aimait plus que beaucoup d’autres choses, presque plus que tout en vérité … elle était une mère et une figure à suivre, une protection et un espoir… elle portait en elle quelque chose de spécial, quelque chose d’unique que seul ses enfants pouvaient réellement ressentir. Quoi qu’il puisse arriver, il serait avant toute chose, loyal envers sa cité et ce qu’elle contenait, ses trésors et ses ombres. Il la défendrait et la chérirait, et l’élèverait bien au-delà de ce qu’il était possible d’imaginer si seulement il en avait la moindre infime occasion. Glacern, la ville des glaces… elle le comprenait bien mieux que beaucoup de ses semblables. Et c’était bien le seul sujet sur lequel il se montrait volontiers prolixe comme le remarquaient ceux ayant le malheur de le placer sur ce chemin… Des anecdotes, des informations, des récits, il en avait des centaines, des milliers même et pouvait passer des jours à les conter sans jamais s’en fatiguer, tant il les appréciait. Aussi ne rechignât-t-il point à partager avec l’elfe quelques paroles, sans même noter la soudaine détente de son corps alors qu’il discourait avec simplicité, sans rodomontades et entrechats, présentant simplement ce qui était à ses yeux et à ceux de la population dont il était, plus que le chef, le roi, quoi qu’il ne portât nulle couronne et n’en désira aucune au fond de lui.
Fous espoirs que les siens effectivement, quoi qu’il fut amusé, et ce réellement, ce le voir les nourrir à l’égard de sa ville. Il avait l’air de courir après une amante qui se refusait à lui. Aussi se passa-t-il de sarcasmes, se contentant de l’observer. Avec un rictus, il le regarda, le perdant cependant bien vite alors que l’elfe se faisait plus fébrile et plus pressant, remplaçant l’expression d’un froncement de sourcil méfiant. Puissance… était-il au fond l’un de ces fous de pouvoirs, à la Lorenz ? Non ça il ne pouvait y croire, ce n’était pas ce qu’il lui avait montré. Fou oui, mais son instinct le lui soufflait, pas un sanguinaire. Il eut un mouvement de recule léger en le voyant quasiment à genoux devant lui et faillit tout bonnement l’assommer là pour être certain de lui remettre les idées en place. A la place de quoi il l’attrapa rudement par l’épaule et le fit se rasseoir à ses côtés. Un elfe à genoux devant lui, il ne manquait vraiment que ça pour le mettre mal à l’aise… « Oui puissant. Si puissant qu’apposée sur une baliste elle perça les écailles d’une gigantesque dragonne et manqua la tuer sur le coup. Et cette créature jugea que mes aïeuls, par leur volonté de protéger l’innocente population de sa fureur prenaient ces pouvoirs pour acquis, s’en servant comme d’un vulgaire outil. Et elle les retira à eux, chassant la magie de leur sang, de sorte que plus jamais ma famille ne connaîtrait les merveilles des arts antiques, nous condamnant nous tous à l’impuissance »
Et jamais ce jugement n’avait été pardonné par les nordiques qui depuis haïssaient encore davantage les dragons. « Notre mémoire a effacé beaucoup de ce que ces mages étaient. Nous ne conservons plus beaucoup de récits à leurs sujets. Le plus emblématique est devenu un conte que nous apprenons à nos fils et à nos filles. L’histoire du Loup et de la colombe » Il leva les yeux vers le ciel grisâtre « Autrefois, à l'ère des légendes et des grandes guerres, vivait un loup venu des mers. C'était un loup très brave, qui allait au-devant de ses ennemis sans peur, qui se jetait corps et âme dans la bataille afin de sauver ses soldats, et qui ne tuait pourtant que lorsqu'il le fallait, et toujours de sa main. Ce loup était très apprécié des siens, il était toujours serviable et aimant, mais féroce quand on mettait en danger ce qu'il aimait. Il n'avait cependant pas de famille, car il craignait de se trouver alors doté d'une impardonnable faible qui l'empêcherait d'accomplir son devoir, protéger les siens. Toutes les belles filles, les femmes les mieux dotés, il les refusa courtoisement, avec beaucoup d'égard, ménageant leurs orgueil et leurs dignité, ne rechignant jamais à courber la nuque. Et on l'aimait encore pour cela. Car sa droiture et sa franchise semblait aussi illimitées que ses capacités de combat. Pendant de nombreuses années, il combattit et repoussa les ennemis de son souverain, l'aigle. Et alors qu'une paix relative s'installait, ce brave loup revint vers les siens, las du champ de bataille, ne désirant que garder celui pour qui il avait versé son sang. Mais alors qu'il se trouvait dans les jardins du nid de l'aigle royal, il découvrit une colombe délicate, aux plumes d'un blanc merveilleux et qui respirait pureté et liberté. Et le loup au cœur las tomba finalement amoureux, de cette vision de sérénité, après toute la mort et le sang qu'il avait vu. Son cœur n'aspirait plus qu'à elle, à ses bras doux, à ses sourires. Et elle les lui donna de bon cœur, charmée et honorée d'avoir fait fondre la glace du cœur du loup. Ils s'aimèrent innocemment, sans jamais passer le pas terrible de l'étreinte de leurs deux corps. Amants bénis, ils vécurent trois ans d'une grâce parfaite avant que la guerre ne revienne, car le loup avait cessé sa veille immuable et ne désirait plus combattre. Mais la famille de la belle colombe était en danger, et elle supplia son tendre ami de reprendre les armes et de chasser les ténèbres, et il céda, la laissant seule. Il combattit bravement, noblement, l'image de la dame toujours en lui, n'aspirant qu'à ses doux baisés et son étreinte gracile. Il comptait l'épouser, lui donner de beaux enfants. Et il revint victorieux une fois de plus, avec un bel anneau arraché aux mains d'une enchanteresse sombre, qu'il comptait lui offrir. Il revint avec les honneurs, fut élevé au rang de seigneur par l'aigle royal, qui voulut, en un honneur supplémentaire, faire de lui le gardien de sa femme, qu'il avait épousé quelques semaines auparavant. L'aigle lui présenta l'heureuse élue, nulle autre que sa douce colombe, et le loup sentit son cœur se briser. Il avait gagné un rang éternel, pour perdre le seul trésor qu'il désirait... cette femme à nulle autre pareille. Et pourtant, diligent et loyal, il resta silencieux, plia l'échine devant l'aigle et s'en fut »
Il fit une pause, respirant doucement et reprenant son souffle « Il alla avec ses gens, loin de celle qu’il aimait, laissant à nouveau sa droiture parler, loyal jusqu’aux os… elle était à un autre et lui devait veiller sur les siens, en attendant la nuit éternelle. Porté par le deuil de son cœur et par sa constance, il traversa maint paysages et maints lieux, pour parvenir jusqu’aux montagnes où il créa avec ses fidèles une citadelle plus puissante que toutes celles à venir » A nouveau une brève pause « Ses fidèles étaient nombreux, des milliers, mais parmi eux se trouvaient quatre hommes, des seigneurs d’au-delà des mers, qui comme lui partageaient les rêves des glaces, un gel au creux du cœur… et dans ces montagnes, dans cette forteresse, se trouvait ce qu’ils avaient longtemps cherchés. Et le seigneur Loup pensait que ce trésor parviendrait à le sauver de l’immense tristesse qu’il ressentait toujours. C’est ce trésor qui transforma la magie de ces cinq hommes… »
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| Sujet: Re: Un trio explosif [Terminé] Ven 3 Jan 2014 - 22:44 | |
| Un brin de son arrogance s'outragea de se voir soulevé soudain, si facilement, comme s'il ne pesait pas plus lourd qu'une plume pour le nordique, mais la joie d'avoir droit à un récit, et qui plus est un récit sur une de ces cités réputées inatteignables pour un être tel que lui, la lui fit la ravaler. Il garda le silence donc, et même son faciès ingrat ne montra nulle rancune envers ce geste. Et il écouta. Il écouta tout simplement, tout ouï, tous ses sens tournés vers le jeune humain soudain si... si...
Serein. Tranquille. En paix. Oui soudain en paix. Comme si parler de sa cité lui procurait paix et calme qui lui avaient tant manqué, dont il avait eu tant besoin. Peut-être sentiment trompeur alors, mais qu'importait au final. L'instant était bien trop... magique... même si l'elfe se garderait bien de le décrire ainsi devant le loup sauvage à ses côtés... oui instant magique alors. Instant magnifique. Et au fond de lui, il n'avait qu'une envie, que cet instant perdure, se prolonge... qu'aucune fin ne puisse venir rompre ce moment inattendu mais bienvenu.
L'elfe qu'il était fut touché, et peiné, de ce récit. Qu'un dragon, dans sa furieuse colère, condamne d'une sentence si terrible les enfants de la magie... Oui, enfants de la magie. Il avait toujours considéré les elfes ainsi, ces êtres, son peuple, digne, fier, puissant, pour qui magie était tout, et même vie. Mais la magie imprégnait aussi toute chose en Armanda, avait-il pu voir de ses propres yeux, et comprendre lors de ses longues années d'errance. Oui, toute chose en Armanda, les humains aussi. Même ces fiers nordiques... certes impuissants en magie depuis cette terrible sentence, arrogante sentence aurait-il même osé dire, mais... eux aussi étaient imprégnés d'une certaine magie. Différente, d'une autre puissance... D'ailleurs n'usaient-ils pas quelque fois d'armes enchantées, de ces armes dotées de magie ? Se dire contre la magie et pourtant... Ils en étaient tout autant imprégnés qu'eux. D'une autre façon, mais elle était en eux. Eteinte, interdite même, mais en eux.
Il se garda bien toutefois d'en émettre la moindre remarque et continua d'écouter. Soufflé par ces histoires. Cette histoire, ce conte, d'antan, ce loup... sombre histoire, triste histoire. Belle aussi. Ne disait-on pas que parfois les plus tristes contes étaient également les plus beaux. Universels par leur vérité farouche et âpre, mais une vérité si forte, si poignante... que personne ne pouvait la dénier ou la contester. La vérité nue. Et c'était un conte qui la leur narrait...
- Et quel était ce trésor ? ne put-il s'empêcher de demander, dans un souffle, sa respiration se calant sur celle, presque erratique, murmurante, du jeune homme.
Transporté malgré lui par ce récit. Le vivant, ses battements de coeur faisant tambour battant au même rythme que les mots le berçaient.
Il craignit l'espace d'un instant d'avoir rompu cette belle magie que lui offrait le loup, lui qui pourtant se disait en être dépourvu. Le silence sembla soudain se figer, leur imposant son austère présence, l'air se bloquant dans son corps, son coeur menaçant de se figer de même, tandis qu'il attendit, à l'agonie, le crucial verdict du Nord.
Qui ne tarda guère à tomber, le délivrant en laissant son fier couperet effilé trancher... |
| | | InvitéMon identité Mes compétences Invité
| Sujet: Re: Un trio explosif [Terminé] Dim 5 Jan 2014 - 19:16 | |
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Il lui était étrange de discuter, disserter sur sa ville natale avec quelqu’un comme Eliowir. Quelqu’un qui n’avait aucune idée de ce qu’il disait mais qui écoutait sans arrières pensées, avec ce qui ressemblait beaucoup à de l’intérêt. Et bien tant mieux. Il ne parlait jamais en général sans avoir une bonne raison de le faire et ce qu’il disait-là était connu de tous les nordiques sans exceptions. Ce qu’il disait était simplement la face émergée de l’iceberg. Même le fait que des mages aient effectivement existés au sein de son peuple était connu de la majorité. On honorait souvent leurs mémoires et le peu que l’on savait d’eux, ils étaient à l’origine de bien des bienfaits de la ville, les murailles évidemment mais également de nombreux enchantements, de nombreuses lois et normes, part de la culture… Il observa attentivement puis reprit. « Je ne sais pas vraiment de quoi il s’agit en essence. Je sais simplement que cela changea leur perception de la magie, la façon dont ils l’utilisaient… Ils étaient changés en leurs cœurs, en leurs essences » Il croisa les bras. Le cœur de glace, comme ils l’appelaient. Une chose dont ils ne connaissaient rien. Dont ils ne comprenaient rien. Et qui pourtant avait existé, qui avait changé son ancêtre au point qu’il en oublie de nombreuses choses de l’ancien monde. « Ils construisirent la muraille extérieur de la ville, en des centaines de couches de pierres et de mithril gravés des runes de leurs enchantements, de ce que ce trésor leur avait offert de connaissances. Il n’était pas question de gestes clefs ou de chants chez eux… Il était question de runes, d’ancrages profonds dans les objets. De maîtrise des forces de l’hiver et de la montagne » Son épée, par exemple, en était une création. L’épée de sa famille, à l’image des armes légendaires, avait été fabriquée avec cette maîtrise de la magie des enchantements runiques. Elle était l’une des meilleurs du genre évidement même si lui n’aimait pas forcément en faire usage. « Ils se détournèrent du pouvoir siégeant à Gloria, jugeant qu’ils n’avaient rien à leur envier, jugeant qu’ils ne leur devait absolument rien. Qu’ils étaient libres, selon leurs codes, quoi que part de l’Empire »
Oh ils étaient restés loyaux évidement mais à leur manière bien à eux et qui n’avait rien d’un fanatisme aveugle ou d’une servile obéissance. « Ils mirent deux cents ans à façonner la muraille, les fils des premiers seigneurs reprenant là où leurs pères avaient cessés. Et leurs fils après eux. Ils mirent deux cent ans à bâtir notre ville et encore des siècles supplémentaires à dompter l’environnement naturel. Mais en chacune de ces choses, de ces combats, ils étaient secondés par le trésor qu’ils avaient découvert et dont le secret se transmettait. Jusqu’au jour de la malédiction. Nos vieilles familles avaient toutes des liens de sang, tous affiliés aux nôtres. Aussi lorsque la sentence tomba, toutes les familles furent touchées et perdirent lentement leurs magies. Certaines furent moins touchées que d’autres, en raison du moindre lignage. Mais ce fut un coup extrêmement dur et le seigneur de l’époque, dans une rage aveugle, fit ensevelir, détruire disent certains, le secret trésor du palais dans les montagnes. En jurant que désormais la magie serait interdite en sein de sa cité » Il n’avait jamais fait confiance à la magie après ça, si ce n’était la magie nordique évidement, mais ça il fallait s’en douter. « Mais jamais il ne cessa de croire aux protections de nos ancêtres. C’est pourquoi vous trouverez de nombreuses armes enchantées entre nos mains. Bien que nous ne faisions pas confiances aux mages. Les armes ne vous trompent pas, elles, et n’abusent pas de leurs pouvoirs. Aujourd’hui faire usage de ses pouvoirs au cœur de la ville, et encore davantage de la citadelle est passible de mort » Une sentence dure mais qui se comprenait lorsque l’on connaissait l’inimitée développée par les nordiques à l’égard de la magie. « La population à Glacern aujourd’hui est naturellement peu pourvu en magie. Un mage de niveau correct est déjà un retentissement lorsque ce cela arrive. Rarement cela dit. A l’époque cependant, avant le départ des dragons, il est parfois advenu qu’un mage d’une puissance exceptionnelle naisse parmi les nôtres. »
Il soupira. « Cette époque est révolue. A présent nous vivons sans cette magie et nous vivons bien. Je n’ai jamais eu l’impression de perdre quoi que ce fut à être impuissant »
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| Sujet: Re: Un trio explosif [Terminé] Lun 13 Jan 2014 - 0:32 | |
| « En jurant que désormais la magie serait interdite en sein de sa cité »
Que cette phrase faisait mal. Mal. Oui. Mal par ce qu'elle représentait : un rejet de ce qu'ils étaient, de ce qu'était la magie, du fait qu'ils étaient tous, armandéens, enfants de la magie, qu'ils le veuillent ou non. La preuve en était que cette digne cité, qui se disait rejeter magie et en avoir fait un ennemi honni, en était en fait incrustée, en son coeur, en ses pierres, dans ses murailles même. Et il ne s'agissait pas là de petite magie. Non, ce que lui contait là le Loup du Nord, se nommait magie ancestrale. Belle et pure magie. Une magie que les mots souillaient même en tentant de la décrire, pauvres sons indignes et éphémères qu'ils étaient.
Les armes ne trompaient pas disait-il ? Quel jeune loup bien naïf tout d'un coup. Les armes... Les armes étaient comme la magie au final, ne lui en déplaise au fier nordique. Elles pouvaient se retourner contre vous au moment le plus inattendu. Certes, sans doute étaient-elles, en des mains aguerries, plus aptes à servir fidèlement leur maitre, si leur maitre leur montrait respect et quelque dévouement. Mais durant la guerre, le vieil elfe qu'il était avait déjà vu maintes armes se retourner tout aussi durement, tout aussi traitreusement, contre celui qui les maniait. Si parfois la magie pouvait paraitre plus sournoise, plus volatile, c'était surtout par la difficulté qu'il y avait à la maitriser, à la canaliser, à ne pas se laisser dévorer par sa puissance. Par son appel surtout, cet appel sourd et insistant, l'appel de la puissance, l'appel de... Un appel qu'il entendait encore rien que d'y penser. Sans doute un maitre guerrier n'entendait-il pas tel appel et était-il moins apte à se laisser happer par la force de sa lame... mais sa lame ne s'en retournerait pas moins un jour s'il n'y prenait pas garde...
Il n'osa toutefois évoquer ses pensées à haute voix. Non pas par peur de rendre le loup furieux ou quoique ce soit de cet acabit. Il avait déjà manifesté quelques désaccords avec le nordique, et en manifesterait d'autres encore, nul doute à cela. Non... non, il ne voulait tout simplement pas rompre la magie, tout autre que celle qui étreignait son coeur et faisait pulser la vie en lui, mais tout aussi belle et forte au fond, que celle de l'instant présent, celle de ce récit, fort et émouvant. Une magie qu'il laissa donc couler entre eux, sans l'entacher de débats stériles et inutiles sur leurs possibles convictions profondes. Il tut aussi sa douleur sourde et lancinante à ces mots, parfois empreints d'une haine latente, contre la magie qu'il était, lui, elfe.
Douleur, donc, oui. Mais il savait aussi au fond de lui que l'autre ne lui voulait en fait aucun mal. Aucun véritable. Pas à lui propre en tout cas. A son peuple... Là, c'était tout autre chose. Mais le jeune loup était aveuglé par une haine plus vieille encore que lui. Tout comme lui l'avait été par la haine ancestrale de son peuple envers les vampires, réalisa-t-il soudain, tel un soufflet en plein visage. Qu'il encaissa autant que faire se pouvait, dans son lourd silence, tentant de garder toute son attention à l'autre.
"Déjà arrivé qu'un mage de grande puissance naisse parmi eux ? Et... que devenait-il alors ?" eut-il envie de demander. Si forte envie qu'il entendit résonner les mots, franchissant ses lèvres traitresses, sans qu'il ne s'en rende compte tout d'abord.
Réalisant ce qu'il venait de dire, il en écarquilla les yeux, et tenta de vite se reprendre :
- Désolé. Je... ne voulais pas vous interrompre. Et je ne veux émettre aucun jugement. Quand bien même pour moi, elfe, être empreint de magie même, dont la vie dépend de la magie pour tout dire, tout cela me parait difficile à comprendre. Non, réellement, je ne souhaite émettre aucun jugement, ou les taire au plus profond de moi pour essayer d'ouvrir mon coeur à vos paroles. Vraiment. Mais...
Mais il désirait tout aussi ardemment la réponse. LES réponses devraient-ils dire, car ce n'était pas la seule question qui le démangeait. Et comme si soudain les digues étaient coupées, les mots s'écoulèrent en vif flot, s'échappant de lui sans qu'il ne parvienne plus à les retenir.
- Je n'arrive pas à comprendre... votre cité est empreinte de magie et vous dites pourtant l'abhorrer, en avoir fait une essence honnie. Mais tout Armanda est magie, même les Hommes du Nord non ? Enfin je comprends ce que vous dites... mais sans le comprendre. Comment vous soignez-vous donc ? Comment entretenez-vous la magie de vos murailles et de votre cité ? Ce qui la protège ne s'affaiblit-il pas ? N'y-a-t-il donc vraiment aucun moyen pour un être tel que moi de pouvoir voir telle... magie ? telle magnificence ? Rha... que cela me semble...
Il en perdait ses mots soudain. Mais une autre question lui vint, sans qu'il ne sache d'où, ni comment, ni pourquoi.
- Connaissez-vous, en notre monde actuel, des mages venant du Nord ? Encore vivant je veux dire... Connaissent-ils alors votre ancestrale magie ? Ou ne peuvent-ils que connaître la même magie que nous ? Ya-t-il...
Y'a-t-il des traces, des êtres, portant encore une telle beauté, eut-il voulu dire. Mais au lieu de cela, il se rassit, n'ayant pas eu conscience de s'être levé pour faire les cent pas comme un lion en cage. Et soupira lourdement.
- Je vous prie de bien vouloir me pardonner, digne Sire du Nord. Je me suis laissé emporter.
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| | | InvitéMon identité Mes compétences Invité
| Sujet: Re: Un trio explosif [Terminé] Mer 15 Jan 2014 - 19:49 | |
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La question attira à nouveau son regard clair sur la silhouette elfique et il resta à le jauger, avec quelque chose de méfiant dans le fond de l’œil, semblant prendre la demande comme une inquisition tout sauf innocente. Pourtant il n’y avait pas de raison qu’elle soit plus intéressée que la curiosité qu’il avait montré jusque-là, n’est-ce pas ? Et pourtant, malgré l’assurance que l’elfe n’avait pas le moins du monde quitté cet état de folie curieuse qui semblait l’avoir gagné, il y avait quelque chose de clairement dérangeant dans la question, que son instinct attribuait à un coup de dés adroit plutôt qu’à une coïncidence quelconque. Il n’aimait pas beaucoup la façon dont certaines choses pouvaient se relier progressivement pour former une toile à la clarté alarmante… quoi que celle-ci fût encore relativement obscure. Et pourtant les faits étaient là et son instinct le trompait rarement, voire pas du tout. Et les excuses et explications qu’il offrait n’y faisait rien, tout juste lui tiraient-elles un vague amusement. Pas émettre de jugement ? N’était-ce pourtant pas ce qu’il faisait ? Ce qui n’avait d’ailleurs aucune importance, il ne s’était pas attendu à ce qu’il n’en fasse rien et devait admettre se ficher totalement de ce qu’il pouvait en penser… c’était ainsi après tout. Il pouvait en penser ce qu’il voulait ça n’allait pas l’empêcher de dormir sur ses deux oreilles. Et le voilà qui s’emballait à nouveau… Et bien, on ne pouvait certainement pas l’accuser de ne pas être un auditoire des plus attentifs en tout cas. Cela compensait certainement ses interruptions et ses innombrables jugements-qui-ne-devaient-pas-être. Mieux valait sans doute le prendre avec amusement, c’était du moins ce que cette compagnie aux longues oreilles lui avait appris depuis qu’il avait failli le tabasser à mort sous sa tente la première fois.
« Pas besoin de pardonner » Il n’était pas vexé le moins du monde, sans doute un pas de géant dans son caractère habituel même si ce n’était certainement pas n’importe qui, qui se rengorgerait d’un tel bienfait de sa part. « A Glacern la magie au sein des êtres est très rares. Une majeure partie de la population n’a que des dons très étriqués. Une autre part est totalement impuissante comme moi » Et au moins en cela ne s’était-il jamais sentit solitaire et abandonné. « Nous nous soignons par médecine comme n’importe qui d’autre, avec des plantes adaptées et des techniques développées pour compenser l’inutilité de la magie. Nos guérisseurs sont très doués dans ces domaines et même si cela prend plus de temps que ne le ferait un vulgaire sort, au moins sommes-nous certains que nous ne devons cette guérison qu’à nos propres forces. Les blessures font partie de la vie comme le reste. Peut-on vraiment saisir la pleine mesure d’une blessure et sa signification si elle disparaît d’un claquement de doigt ? Un Guerrier peut-il réellement apprendre le danger et la valeur de sa propre survie si il est convaincu que toutes ses blessures peuvent disparaître aisément ? Alors oui notre vie est certainement moins aisée en cela sans la magie mais nous y trouvons également de leçons d’une grande richesse et cela suffit à valoir la peine engendrée. Quand à nos murailles et de nos défenses… et bien elle s’entretient toute seule, nous n’avons jamais rien eut à faire à son sujet et ne le pourrions pas de toute façon. Réparer les runes et les défenses physiques, cela nous le pouvons, mais les enchantements eux sont hors de notre portée depuis longtemps et il n’y a rien à faire là-dessus, même si nous pouvions comprendre les traces laissées par mes ancêtres il nous serait impossible d’utiliser leurs magie, nous avons trop peu de puissance magique à disposition et trop de haine à son égard »
Il ne tenait absolument pas à changer cela. Il n’aimait pas l’idée de traiter avec une autre magie que celle de son épée et celle de son totem. C’était déjà bien assez. « Mais je n’ai jamais vu nos murailles s’affaiblir non. Elles sont aussi puissantes qu’au premier jour si l’on en croit les mémoires. Aujourd’hui il n’y a plus de mages venant du nord, non. Si un individu venant du nord possède encore les connaissances nécessaires aux sortilèges ancestraux liés à mes ancêtres alors cette personne est soit un dragonnier….soit un vampire. Et pourtant je n’ai souvenance d’aucun récit relatant la vampirisation de l’un de ces mages. Il aurait certainement été traqué et tué si il avait existé…» Il s’arrêta un instant avant de rajouter, comme après coup « Les mages les plus puissants nés dans le nord étaient envoyés à Gloria ou Aldaria, exilés loin de la cité… Ils n’appartenaient plus aux nôtres que par leurs noms de familles et les égards que l’on avait pour eux. D’eux, il n’y a absolument aucun récit ni aucune mémoire. Il me semble que si l’un d’eux avait effectivement été vampirisé, ou avait reçu le don des dragons, nul parmi nous n’en n’aurait eu connaissance. Je ne peux donc vous assurer pleinement… bien que je conçoive pareil être comme une hérésie et ne manquerait certainement pas de le faire passer de vie à trépas dès que possible si il s’avérait qu’il en exista un »
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| Sujet: Re: Un trio explosif [Terminé] Dim 19 Jan 2014 - 22:47 | |
| Il écouta aussi attentivement que possible, rongeant son frein face aux réponses offertes. Magie rare. Impuissance. Vulgaire sort. Tout autant de mots qui le frappaient de plein fouet, lacérant son moi profond et le faisant saignement âprement, en silence, sans un cri, sans un pleur. Mais si son coeur et son âme saignaient à entendre cela, son visage parvint à en rester de marbre. Marbre lisse, blanc, rigide, dont seules les orbes nuit luisaient d'une lueur lointaine, mais vive, à ce récit.
"Grande richesse" sans magie ? Sans la soi-disant "facilité" qu'elle offrait ? Pour lui, vieil elfe qui n'était fait que de magie, il aurait plutôt qualifié ce genre de vie de pauvre. Mais pour lui, mage elfe, impuissance magique voulait dire souvent grande faiblesse, fin d'une vie quasiment... Peut-être pour un humain, ne pas avoir de magie apportait alors une autre force et une autre puissance ? A l'entendre, du moins dirait-on. Mais, si Eliowir était prêt à lui concéder ce point-là, avec maintes difficultés toutefois, il ne pouvait en concéder un autre au jeune loup : la magie ne se faisait pas en un claquement de doit. Non, la magie ne se faisait pas "aisément". Un guerrier guéri par magie saurait la mesure de sa blessure et l'importance de sa survie à l'effort fourni par le mage pour le guérir... au sacrifice d'énergie, voire pire, qu'aura offert le mage pour la survie de l'autre... Les Nordiques étaient-ils toutefois trop imbus d'eux-mêmes pour ne mesurer la valeur de leur vie et survie que par le sacrifice consenti par eux-mêmes et non celui consenti par d'autres pour eux ? Voilà qui était intéressant à noter...
Mais ce qui suivit le choqua d'autant plus encore. Les mages du Nord étaient donc définitivement éteints, disparus, éliminés... Ou exilés... Exilés. Quel cruel destin alors... Ou comment bannir définitivement toute chance de voir renaître la magie parmi eux. Effectivement, que leur haine devait être grande envers la magie qui pourtant avait été leur mère en quelque sorte, comme tout être d'Armanda. Oui, qu'elle devait être grande... Trop grande pour en venir à bout, très certainement, réalisa-t-il brutalement, en un serrement de coeur.
- Quel destin tragique, souffla-t-il pour lui-même, en pleine empathie envers ces mages qu'on avait exilés, sans autre forme de procès, pour la simple et bonne raison qu'ils possédaient magie et que magie les possédait. Tragique. Une haine si grande... si féroce...
Il avait soudain la détestable sensation que jamais, ô grand jamais, les haines des peuples ne pourraient s'éteindre. A entendre le nordique... qui nourrissait, lui et son peuple, une haine si grande envers la magie... de la même haine que celle des elfes envers les vampires ou de celle des vampires envers les elfes... La haine. Si ancrée en eux, en ce monde... Y serait-elle donc ancrée à jamais ? Il en avait l'impression à entendre ce récit. Triste, sinistre, qui sonnait comme funestes promesses aux oreilles du vieil elfe. Vieux mage.
- N'aura-t-elle donc jamais de fin ? S'enquit-il, d'un ton songeur, les yeux dans le vague, plus pour lui-même que pour autre chose d'ailleurs.
Mais au-delà de ce récit... Une autre chose l'interpelait. Quelque chose de vague, de peu défini... un imbroglio d'informations qui semblaient vouloir se nouer pour lui montrer quelque chose... sans qu'il ne parvienne à ne voir ni comprendre quoi. Il sentait qu'il s'agissait de quelque chose d'important. Pas forcément pour Armanda, ou pour la guerre en cours, mais pour lui. Juste pour lui. Et pour quelqu'un d'autre. Un quelque chose... primordial pour cet autre. Une vie... Il s'agissait d'une vie. Il le sentait. Une vie nordique il fut un temps. Mage du Nord, dragonnier ou vampire, tué et traqué par ses paires s'ils l'avaient su... Hérésie.... vampire... dragonnier... mage puissant... mage du nord... Tous ces mots s'emmêlaient entre eux, valsaient dans son esprit dans une danse endiablée, qui menaçait de lui donner le vertige, sans pour autant parvenir à prendre sens parmi ses sens chamboulés. Dès qu'il en saisissait un embryon d'idée, celle-ci semblait prendre un malin plaisir à s'échapper de sa frêle emprise, s'évaporant en brumes honteuses et pernicieuses. Qu'il haïssait alors les tours de son esprit. S'il pouvait, ne serait-ce qu'un instant, entrer dans la ronde et y mettre un terme pour mieux lier les mots entre eux comme il se devait, les lier dans une harmonie digne de ce nom et non plus dans cette cacophonie éhontée...
Mais s'il ne parvenait lui-même à saisir le sens de cette valse des mots, il savait au moins une chose en son for intérieur : mieux valait ne pas évoquer ses doutes au nordique. Mieux valait ne pas lui faire part de ce que ses mots venaient d'agiter en lui, du feu qui soudain vibrait en quête de sa flamme originelle. Non mieux valait se taire. Car si lui, elfe perdu et désespéré, peinait à en comprendre le sens et à en trouver la source, nul doute que le nordique, lui, avait toutes les chances de rapidement faire un lien quel qu'il soit. Même s'il ne savait avec quoi, ni avec qui... Un lien cherchait à se faire, et le nordique ne peinerait sans doute pas à le faire. Oui, se taire, voilà qui était plus sage.
Et réalisant brutalement le silence qui s'était éternisé entre eux, sans qu'il n'en ait eu conscience, il releva les yeux sur le nordique, ses orbes nuit semblant se perdre dans leurs propres ténèbres d'interrogations sans fin.
- Voilà un récit troublant, je dois en convenir. Aussi magnifique que tragique, aussi sublime que funeste. Pour moi, elfe, du moins. Pour moi, mage. Je suis visiblement, tout ce que votre peuple abhorre. Ou presque. Ne manquerait plus que je sois vampirisé, et je crois que je pourrais me targuer de représenter les pires abominations pour votre digne peuple, tenta-t-il de plaisanter, en un rire... qui n'en était pas vraiment un.
Trop de tristesse envahissait sa voix pour que son rire ne puisse sonner vrai.
- Vous venez de réduire à néant tous mes beaux rêves de pouvoir visiter un jour la belle et noble Glacern.
Et là aucun rire ne vint entacher la peine qu'il éprouvait au plus profond de lui.
Il s'apprêtait à ajouter quelques mots, quelques questions, fâcheuse tendance qu'il avait toujours à poser des questions pour tout et sur tout, quand... il entendit du bruit. Vague, diffus, comme un chant en belle langue elfique, de l'autre côté de la brume qui leur servait de mur. Etait-ce lui ou.... ? |
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| Sujet: Re: Un trio explosif [Terminé] Mar 21 Jan 2014 - 17:50 | |
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Tragique ? Voilà bien un terme qu’il n’aurait pas choisi, et qu’il dédaignait même profondément… Non ce n’était pas tragique. C’était un simple mécanisme. Peut-être quelque peu eugénique mais c’était bien vécu. Les mages n’avaient pas leur place parmi eux… ils n’étaient nullement intégrés à la vie de la ville ni d’ailleurs à la structure de l’armée. Ailleurs, loin d’eux, ces individus pouvaient sans doute trouver une place plus honorable sans rester au banc de la société comme cela aurait été le cas dans le nord… ou d’être tué, car certains extrémistes parmi eux auraient parfaitement été capables d’en arriver là en vérité et c’était quelque chose de terrible. Mais ça il le garda pour lui. L’autre allait finir par se pâmer si il en rajoutait encore sur ce plan-là. Oui ils étaient haineux et méfiants mais à juste titre… et l’étaient plus encore envers les vampires. Quant au trio gagnant il s’agissait certainement d’un vampire mage et dragonnier. Là c’était certain, il serait certainement l’icône même de la créature à abattre de toute urgence et sans la moindre pitié. Une cible pour tous les guerriers quels qu’ils soient et d’où qu’ils viennent dans les terres du nord. Non elle n’aurait jamais de fin… certainement pas. Pas cette haine profonde. Une haine si motivée à ses yeux, qu’il ne pouvait en être autrement. Autrement que cela. Les vampires étaient des plaies pour son peuple, lui causant bien du mal. Et la magie ? La magie empoisonnait son peuple, venant des elfes, des dragons et même des vampires… Elle empoisonnait au point de corrompre ce qu’ils étaient. Et si il devait être tout à fait franc ? Il en était, lui personnellement, effrayé également. La magie l’effrayait souvent… c’était contre nature, à ses yeux, et il ne la comprenait pas, en était même incapable, il ne la sentait pas, si non comme une agression. On ne pouvait mettre fin à une haine pareille. Pas ainsi. Certainement pas ainsi oui.
Le silence se prolongeait entre eux, lui dardant son regard clair sur l’elfe et l’elfe… semblant plongé dans des pensées connues de lui seul. Et alors qu’il allait l’interpeler pour le faire réagir, l’autre sembla reprendre pied et balaya les lambeaux muets qui bâillonnaient l’air, répondant. Et voilà qui lui servait encore ce mot ! Tragique… Mais enfin qu’y avait-il de tragique là-dedans ! Il avait l’art de la dramaturgie celui-là… c’était presque horripilant. Avec un renâclement moqueur, il asséna « Vampirisé ET dragonnier et vous pourrez effectivement vous en targuer » Certainement pas longtemps mais il pourrait. Et comment ça sans cœur ? Mais bien sûr que si il avait un cœur. Pour d’autres choses évidement. Et puis on lui tendait le bâton pour se faire battre. Non lui n’avait rien à se reprocher. Cependant, il n’arborait aucune mauvaise intention envers cet elfe-là quoi qu’il arrive et ce même si il se moquait. « Pas à Néant. Quoi que je puisse penser, je ne donnerais rien à Néant dans tous les cas… » Il n’alla cependant pas plus loin car quelque chose faisait s’agiter la prison qui les contenait, comme un horrible cauchemar de fou. Une musique qui s’éleva lentement pour les entourer, les délier et les soulever, semblait-il… Un chant qu’il n’apprécia nullement en cet instant, empli de magie justement, d’une profonde et dense magie dans l’harmonique de sons trop parfaits pour exister réellement. Et sous ces notes-là, il semblait que la prison se dissipait lentement, le monde reprenant couleur et densité, vie… « On sort… » Enfin ! Ce n’était franchement pas trop tôt ! Il commençait à penser qu’ils allaient pourrir là pour le restant de leurs jours…. Ce qui risquait de faire plutôt long.
Et pourtant, lorsqu’enfin ils furent de nouveau dans ce superbe monde ‘normal’… pas de chanteur. Pas de Kedrildan certes, une bonne chose, mais pas de chanteur non plus. Ils les avaient libérés de loin ? Avec un grognement, il se releva. « Mais que voilà une charmante attention de leur part, même pas foutu de se déplacer pour relâcher leurs prisonniers… » Ils pouvaient dire ce qu’ils voulaient, ils n’étaient pas meilleur que les elfes. Faisant quelque pas pour s’éloigner du végétarien, d’ailleurs, il s’étirant profondément. « Bien, au moins nous sommes de retour les deux pieds sur le sol, je commençais à en avoir assez…» Il regarda Eliowir, sombrement. « Vous n’avez pas l’air bien » Pas bien du tout même, mais malheureusement il n’allait pas pouvoir l’aider. « Vous devriez vous reposer, à défaut d’avoir un diagnostic de ma part, je n’ai pas ce genre de compétences hélas. Quand à moi, à moins que vous n’ayez autre chose à me dire, je pense vous quitter…. »
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| Sujet: Re: Un trio explosif [Terminé] Dim 26 Jan 2014 - 0:21 | |
| « Pas à Néant. Quoi que je puisse penser, je ne donnerais rien à Néant dans tous les cas… » Etait-ce lui ou le nordique venait de s'essayer à l'humour ? Eliowir eut tout juste le temps de lui offrir une mine dubitative, un sourcil haussé en guise de silencieux questionnement, que leur conciliabule fut interrompu. Si le vieil elfe était content et soulagé de sortir de cette prison de brumes, il était également, quelque part au fond de lui, un peu déçu. Déçu oui, déçu que cette conversation s'arrête, que ces récits prennent fin, que les images du Nord esquissées par le loup s'estompe sous les notes harmonieuses du chant elfique qui s'élevait et s'imposait à eux. « Bien, au moins nous sommes de retour les deux pieds sur le sol, je commençais à en avoir assez…» Déçu aussi par ces mots abruptes, si francs et si sincères, qu'ils lui étreignirent le coeur menaçant de réduire en miettes le peu qu'il lui en restait. Oui, déçu que le nordique en ait eu "assez". Assez de quoi ? De la prison ? Ca il le comprenait aisément. Mais il subodorait que le jeune loup en ait plutôt marre de lui, de l'elfe qu'il était, de sa magie honnie, de sa curiosité agaçante et horripilante... S'il n'avait pas semblé répondre à ses questions de mauvaise grâce, cela ne voulait nullement dire qu'il avait apprécié pour autant. Et cela, oui, décevait étrangement Eliowir. Et non il n'allait pas bien. Fatigué, éprouvé, autant de corps que d'esprit d'ailleurs, sa conscience vacillante presque à l'agonie et menaçant de tomber dans les gouffres abyssaux de sa folie. Et cette incompréhensible et indicible déception qui l'agitait soudain n'arrangeait en rien les choses, d'autant plus qu'il ne la comprenait pas, qu'il la trouvait irraisonnée et irraisonnable. Il aurait voulu chasser ce troublant sentiment qui le perturbait au plus haut point, il aurait voulu chasser les tableaux du nord que son imagination n'avait pu s'empêcher de peindre en son esprit, au fil des récits nordiques qu'on lui avait offerts, et qu'il savait ne jamais pouvoir contempler les véritables de ses propres yeux. Il aurait voulu chasser la haine dans le coeur du loup qui lui faisait face et qui pourtant lui offrait là mots de paix, au moins de trêve, envers l'être honni que l'elfe était pourtant censé être pour lui Homme de Glacern... Oui, il aurait tant voulu. Mais tant ne pouvait se réaliser... Eliowir se contenta donc d'acquiescer silencieusement tout d'abord, ses prunelles sombres observant le jeune homme sans véritablement le voir, quand bien même la nuit n'était pas encore venu voler l'image du loup au reste du monde le temps de ses ombres. Et alors que Havard venait déjà d'amorcer quelques pas en s'éloignant, enfin il parvint à contraindre sa voix à s'élever, grave et profonde, bien que lasse : - Merci pour ces quelques instants, jeune loup, digne et noble Homme de Glacern. Que le Nord vous garde et vous insuffle sa force pour les épreuves à venir, et, si je puis me permettre, que Dracos soit avec vous. Et je vais pousser l'outrage jusque là : je serais heureux de vous revoir... après la guerre si possible, sain et sauf, en paix, avec le monde et avec vous-même. Je serais honoré de pouvoir à nouveau vous serrer la main alors.Se disant, il se détourna, s'éloignant alors lui-même sans même un regard en arrière, ses pensées déjà retournées aux récits qu'il venait d'entendre. Se les répétant encore, et encore, et encore, comme pour mieux les mémoriser. Ne pas oublier. Ne pas oublier, lui qui voulait être mémoire... [RP Terminé]
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