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| Quand maintes convictions se confrontent... [Terminé] | |
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| Sujet: Quand maintes convictions se confrontent... [Terminé] Mer 2 Oct 2013 - 17:03 | |
| Quatrième journée - Fin de journée
Quatre jours. Cela faisait quatre jours qu'il était arrivé sur les terres baptistrales. Quatre jours et de nombreuses rencontres enrichissantes, déconcertantes, curieuses, éprouvantes, toutes inoubliables. Jusqu'à la dernière... Ses retrouvailles avec Galadrielle. Sa petite Gala. Il n'aurait jamais pu espérer, même dans ses rêves les plus fous, qu'elle l'accueille ainsi, à bras ouverts, et même plus encore. Ces retrouvailles l'avaient ébranlé, mais l'avaient aussi ragaillardi. Tout n'était au final pas perdu. Pas forcément. Il sentait une force nouvelle courir dans ses veines. Celles de l'amitié retrouvée, celle d'un retour chez soi, même si difficile, celle d'avoir retrouvé une famille en quelque sorte, même si étrange et douloureuse famille...
Mais il y avait eu aussi bien d'autres retrouvailles. Svenn, ce jeune Havard Svenn qu'il avait rencontré, fort douloureusement d'ailleurs, lors de son voyage de retour. Le voir là, lui aussi, apparemment prisonnier des vampires, l'avait passablement surpris et secoué. Il en avait touché deux mots au gardien des baptistrels, Merithyn Shadowsong, de façon un peu abrupte il devait l'avouer. A sa décharge, il avait déjà été plus que choqué de voir que les baptistrels n'avaient pas essayé de libérer les humains et s'étaient contenté de marchander sa libération à lui uniquement. Et quand il avait appris qu'on laissait ainsi ce jeune général de l'armée du nord aux mains des vampires... Non, choqué était un bien faible mot. Il avait déchargé alors toute sa colère, sa rancœur, son incompréhension, sur l'elfe chanteur. Qui l'avait savamment renvoyé vers un humain du nom de Faudar Adroared, représentant de la délégation humaine s'il avait tout compris.
Eliowir avait été plus que fâché que Shadowsong se décharge ainsi de cette responsabilité, même si une partie de lui, cette partie qui avait été anciennement conseiller, comprenait les enjeux politiques sous-jacents qui liaient les mains de l'elfe chanteur. C'est d'ailleurs grâce à cette petite partie de lui, qui avait réussi à lui faire entendre raison, qu'il n'avait pas insisté outre mesure auprès de Shadowsong. Il avait donc décidé de tenter sa chance auprès de ce Faudar. Enfin, si ce dernier daignait le recevoir, ce qui était loin d'être gagné... Lui, vieil elfe banni, n'ayant plus ni titre, ni rang, ni rien justifiant un tel entretien... Être reçu par un si haut personnage de la délégation humaine ? Et pour un sujet potentiellement aussi insignifiant que celui de simples prisonniers humains ? Oui, peu de chance qu'il soit reçu. Mais il n'allait pas baisser les bras pour autant, et était bien décidé à tenter sa chance.
C'est ainsi qu'il déambulait dans les couloirs, après avoir appris l'arrivée de la dernière délégation tant attendue pour les négociations, tentant par tous les moyens de trouver le vieil homme. On avait daigné le lui décrire vaguement. Il avait toutefois été refoulé quand il avait tenté d'accéder aux appartements offerts au vieil homme. Puis il avait appris que ce dernier errait vers les bibliothèques, pour une obscure raison. Eliowir s'était donc empressé d'écumer toutes les bibliothèques, demandant sur son chemin si quelqu'un avait vu ce fameux Faudar. Il avait essuyé maintes réactions différentes : reniflement moqueur, sourire narquois, réponse cinglante teintée d'un profond mépris venant d'elfes proches de conseillers impériaux, réponse polie contrite de ne pas pouvoir l'aider d'un baptistrel, étonnement qu'un elfe, surtout celui-là, cherche le vieil homme venant d'un jeune humain, et j'en passe et des meilleurs. Eliowir s'était évertué à rester fidèle à lui-même, à savoir drapé dans sa légendaire fierté, arborant une arrogance qu'il n'avait même pas besoin de feindre, se montrant froid, poli et courtois, mais son ton péremptoire, son maintien noble, droit et fier, sa posture presque altière, montrant clairement que rien ni personne ne viendrait à bout de sa détermination et qu'il n'avait que faire de quelque jugement que ce soit.
Il avait écumé toutefois beaucoup de couloirs qui jouxtaient les fameuses bibliothèques et commençait sérieusement à désespérer de parvenir à ses fins. Pourtant le temps lui était compté. Dès le lendemain les négociations commenceraient et le vieil homme n'aurait certainement plus de temps à lui accorder. C'est sur ces sombres pensées, l'ombre du désespoir planant sur lui, qu'il entra dans la bibliothèque dite de l'eau. Il n'y avait de prime abord personne... Jusqu'à ce qu'il aperçoive sortant d'un des rayonnages, une belle jeune femme au port digne et altier. Il hésita un instant à la déranger, mais finalement, se ravisa et entra doucement dans la pièce.
- Bonsoir, gente dame. Je vous prie de bien vouloir pardonner mon intrusion dans votre étude, fit-il d'une voix grave et profonde, tout en lui offrant un rapide salut elfique. Je me nomme Eliowir Serillëiel.
Il ne pouvait s'empêcher de se présenter, ses vieilles coutumes elfiques étaient si profondément ancrées en lui...
- Je cherche un certain... Faudar Adroared. On m'a dit qu'il était arrivé il y a peu et qu'il parcourait les bibliothèques baptistrales. L'aurez-vous vu par hasard ? S'enquit-il, un fin sourire ornant son visage balafré.
Il avait beau avoir l'esprit focalisé sur son objectif, il ne pouvait s'empêcher de sentir son totem vibrer en pareille présence. Magnifique présence. Envoutante présence même. Et alors qu'il détaillait rapidement la jeune femme, un souvenir fugace s'imposa à son esprit. Il avait déjà vu cette jeune femme. Oui, il l'avait déjà rencontrée... Non, en fait non, il ne l'avait pas rencontrée en personne, corrigea-t-il rapidement en son for intérieur, alors que les rouages de sa mémoire, excellente au demeurant, se mettaient soudain en marche. Non pas rencontrée.. Mais il l'avait déjà vue quelque part. Oui, mais où ? Où... Et alors qu'il se répétait la question, toujours en silence, une autre image s'imposa. Un tableau. Oui, il l'avait vue en tableau. Oui quelque chose d'apparenté. Une personnalité célèbre donc ? Importante ? Se pourrait-il...
Se pourrait-il... Que ce soit-elle ? Une... Une Kohan ? Ici ? Devant lui ? Voilà qui serait fort déroutant alors... Était-ce bien elle ? Son esprit ne lui jouait-il pas des tours ? Et à cette pensée, il sentit le doute s'insinuer. Et une certaine gêne... Pour quel rustre allait-elle le prendre soudain, s'il s'agissait bien d'elle et qu'il lui manquât ainsi de respect en s'adressant à elle de façon si cavalière, sans même lui accorder de salut officiel ou il ne savait quoi...
Dernière édition par Eliowir Serillëiel le Dim 26 Jan 2014 - 18:57, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: Quand maintes convictions se confrontent... [Terminé] Jeu 3 Oct 2013 - 22:38 | |
| Voilà depuis que Merythin avait accepté son idée de l'aider dans ses recherches sur l'infime possibilité d'avoir un enfant entre humain et vampire, Esmelda passait son temps à faire des recherches, essentiellement dans les bibliothèques de l'eau. Mais pour le moment pas grand chose. Rien de concret et définitif, mais des espoirs. Certaines formes de magie arrivaient à reformer la vie sur des plantes. Et si cela pouvait fonctionner sur un être vivant même florale, pourquoi pas sur une partie du corps d'un vampire. C'était à peu près la même chose, à quelques différences près. L'essentiel c'est que mort il y avait et vie ensuite. Pour la princesse, c'était l'essentiel. Il fallait maintenant voir en plus grand et essayer de le transférer au vampire. En temps venu, quand le chanteur n'aurait plus sur les épaules le poids de négociations et de paix entre trois peuples que tout oppose. D'ailleurs, elle aussi serait bien plus sereine une fois passée ces tentatives de paix factices et temporelles pour sauver Armanda et pouvoir ainsi penser à l'avenir.
Mais ses recherches en amont l'aidait à tenir, à se projeter dans un avenir incertain où tout ce à quoi elle se rattachait glissait sous ses mains, sans qu'elle ne puisse les retenir. Et il n'y avait rien de plus frustrant. Arpentant les rangées de livres, la jeune femme ne savait plus où donner de la tête, car outre sa recherche très précise, il y avait aussi sa curiosité maladive à apprendre toujours un peu plus. Sur l'histoire de la magie baptisrale mais aussi sur leur histoire tout court et sur l'importance des éléments que la terre offrait.
Puis rien que pour le plaisir que celui de pouvoir toucher et feuilleter des ouvrages. La plupart était vieux, d'une beauté envoûtante, et tant de savoir à porter de mains. La jeune femme laissa traîner ses doigts sur les tranches, comme pour le s'imprégner de leur mots, les yeux perdus sur des titres peu évocateurs. Un voix la sortit de sa rêverie. Elle sourit à l'elfe et le salua de la même façon, en elfique. La jeune femme avait intégré ce salut depuis qu'elle vivait chez les elfes. Elle écouta sa requête tout en détaillant son visage parcourut par des cicatrices indiquant à la princesse la rudesse de la vie de son nouvel interlocuteur.
D'une voix douce, elle lui répondit.
« - Enchantée Eliowir Serillëiel et je vous pardonne, cela me donne une excuse pour faire une pause. Je me présente Esmelda Kohan.»
La jeune femme ajouta en proposant ses services. Après tout, même si elle ne l'avait pas vu, elle serait bien plus à même de trouver l'homme. Ne serait-ce qu'aux négociations. En espérant que ce ne soit pas pour une affaire des plus urgentes ?
« -Maître Faudar...je ne l'ai pas vu depuis son arrivée. Je suis désolée de n'avoir pu vous aider bien plus. Mais si je le revois, peut être pourrais-je le rediriger vers vous ou bien lui laisser un message de votre part ?» |
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| Sujet: Re: Quand maintes convictions se confrontent... [Terminé] Dim 6 Oct 2013 - 21:54 | |
| « - Enchantée Eliowir Serillëiel et je vous pardonne, cela me donne une excuse pour faire une pause. Je me présente Esmelda Kohan.»
Ainsi il s'agissait bel et bien de la princesse du peuple humain. Il avait passé près de cent trente années parmi eux, errant dans leur royaume, aidant certains d'entre eux et guerroyant aux côtés de leurs soldats, de leurs armées, contre leurs ennemis communs les vampires... Mais il n'avait jamais eu l'insigne honneur de rencontrer un des membres de la digne famille Kohan. Ne l'avait jamais recherché non plus. Plus il resterait loin des intrigues de la cour humaine, mieux il se porterait. Il en avait déjà vu assez en plus de six cent ans d'intrigues à la cour impériale elfique, Dracos merci.
En bon Serillëiel, on l'avait formé, dès son plus jeune âge aux fines arcanes de la magie et aux arts diplomatiques et politiques en vue d'en faire un grand mage et un digne conseiller impérial. Les deux objectifs avaient été atteints, avec brio dut-il admettre sans fausse modestie, mais il n'avait jamais aimé être conseiller. Il avait accompli son devoir, tel que son père l'avait espéré de lui. Pour être digne du rôle qu'on lui avait donné, il avait même fait maintes efforts : il avait dû rudement combattre son tempérament trop porté sur le franc-parler, trop intransigeant, aux idées souvent très arrêtées, il avait dû apprendre à mettre de l'eau dans son vin, apprendre à écouter les idées des autres... et à s'y plier quand le conseil le décidait. Il avait d'ailleurs finalement opté par se plier aux idées de Galadrielle Evanealle, leur belle impératrice et son amie d'enfance, la soutenant dès que conflit au sein du conseil semblait se dessiner.
En effet les Serillëiel se démarquaient au conseil sur plusieurs points : leur mémoire, détenteurs en quelque sorte de la mémoire elfique par excellence, au point d'en avoir créé un livre... ils faisaient en effet partie des premiers elfes arrivés par bateaux en Armanda ; par leur fidélité sans faille à la famille impériale, ayant toujours eu étrangement un lien étroit, même si jamais par mariage, avec elle, et l'ayant toujours soutenu même dans les situations les plus délicates politiquement parlant ; par leurs idées très arrêtées, un brin racistes même, prônant souvent l'autarcisme le plus complet des elfes, voire leur départ d'Armanda si vraiment la magie les abandonnait à leur triste déclin... Eliowir n'avait jamais dérogé à ces trois règles, et dans les situations où l'une d'elles rentraient en conflit avec l'autre, souvent sa loyauté à la famille impériale contre ses idéaux un brin étriqués, il se pliait à la famille impériale, à Galadrielle, sa fidèle amie, sa presque sœur... Il avait donc tout fait pour être le digne fils de son père, un digne Serillëiel. Mais...
Mais si on l'avait laissé choisir, si on l'avait laissé suivre la voie qu'il aurait aimée... Il n'aurait jamais fait partie du Conseil. De l'armée, mage offensif par excellence qu'il était, peut-être. Ou éventuellement grand maitre mage, érudit sans cesse à l'étude de ce grand savoir, en quête de savoir toujours lus grand et plus puissant, lui si avide de pouvoir... Eventuellement baptistrel même. Quand il avait été très jeune, et si naïf, il avait caressé un jour cette idée, lui qui aimait tant la musique du langage elfique, et les mélopées de son peuple... Mais ces destins n'avaient pas été les siens. Et il avait même été tout autre que celui dessiné par ses ancêtres.. Pauvres d'eux, qui devaient pleurer leur digne lignée...
Un bruit le rappela abruptement à la réalité. Et Eliowir se rappela au temps présent, se morigénant intérieurement de s'être ainsi laissé aller à ses obscures pensées. Il espérait que la princesse mettrait ce long temps de silence sur le compte de la surprise. La façon dont il la regardait d'ailleurs pouvait aisément appuyer cette hypothèse : tête légèrement penchée, comme cherchant effectivement à avoir confirmation de ce qu'elle affirmait, détaillant sans vraiment les voir chaque trait de ce fin et délicat visage, chaque courbe, chaque oscillation de cette magnifique chevelure...
- Votre Altesse, parvint-il enfin à répondre, tout en offrant ce qu'il pensait être le salut cérémonial des humains.
Ce qu'on lui en avait appris du moins, à savoir une profonde révérence, une main balayant devant avant de souplement se rabattre autour de sa taille.
- Je suis profondément contrit de ce qui doit vous paraitre de l'impolitesse. Sur le moment... Le doute m'a étreint en vous voyant, mais... Je vous prie humblement de bien vouloir excuser pareil manquement aux convenances, ajouta-t-il vivement d'une voix grave et profonde, tout en se relevant doucement.
Il avait parfaitement entendu sa proposition quant à ce maitre Faudar, et devait avouer hésiter. Il mourrait d'envie d'effectivement demander son aide. Il s'agissait après tout de la princesse des Hommes, mieux placée peut-être que ce maitre Faudar, en tout cas assez bien placée de toute façon pour appuyer sa demande, ou pour la transmettre s'il ne parvenait à atteindre le vieil homme. Mais... Mais était-ce convenable ? Le royaume humain accepterait-il pareille disgression à ses mœurs ? Les femmes chez eux avaient après tout une place bien soumise, de ce qu'il avait pu voir... Ce n'était pas comme chez les elfes, où qu'importe les sexes tous avaient leur place et leur droit...
Il croisa soudain le regard déterminé, franc et sincère de la jeune femme, qui eut soudain raison de tous ses doutes. De toute hésitation. Qu'importe les convenances. La situation de ceux pour qui il venait plaider était bien pire encore, et montrait que d'autres faisaient fi de toute convenance à leur place... Qu'importe la colère qu'il risquait, encore, d'essuyer, il n'était pas près d'abandonner sa quête. Il n'était après tout pas soumis, comme les baptistrels, à un devoir de neutralité en ce temps de négociations...
- Je ne voudrais pas abuser de votre temps et de votre... indulgence, fit-il enfin d'une voix suave.
Il sentait, sans qu'il ne comprenne réellement pourquoi, son totem s'agiter. Non pas de ce totem pétris d'arrogance. Ni de ce totem charmeur qui semblait vouloir attirer sur lui l'attention de toute personne ayant quelques attraits. Non, cette fois son totem s'agitait pour tout autre chose. Charmeur il se faisait oui, mais pas pour parvenir à des fins outrancières... Il s'agissait d'une princesse, d'une princesse humaine qui plus est. Même si lui-même avait passé la barrière entre elfe et humaine depuis quelques temps déjà, parfois à sa plus grande honte lui qui avait nourri des idées si racistes envers ce peuple des années auparavant, il n'était pas près à vouloir franchir celle de mendiant à princesse. Non, Dracos merci. Et il ne savait pourquoi, quelque chose lui inspirait respect pour cette jeune femme. Un respect qui contraignait même son totem à ne pas vouloir l'attirer dans ses filets.
Et pourtant... le charme de son totem palpitait, faisant crépiter sa magie autour de lui. Un charme destiné à permettre à ses paroles, délicates, difficiles, porteuses d'un message désagréable, d'être écoutées, entendues... de ne pas être rejetées d'emblée.
- Je souhaitais m'entretenir avec.. Maître Faudar..
Qu'il lui était difficile d'appeler un humain "maitre", lui qui était lui-même grand-maitre mage... et sept fois centenaires...
- d'une question délicate de toute urgence. Très délicate. Malvenue assurément pour votre peuple. Au sujet d'esclaves, retenus par le peuple vampirique, et qui malheureusement n'ont pas pu être délivrés eux aussi.
Il se garda bien de rajouter que lui-même avait voyagé avec eux, prisonnier lui aussi des créatures de la nuit, mais que son peuple à lui avait daigné le délivrer... Non, ce n'était pas le moment. Si questions lui étaient posées, sans doute, mais sinon...
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| Sujet: Re: Quand maintes convictions se confrontent... [Terminé] Ven 11 Oct 2013 - 22:43 | |
| La princesse avait l'habitude de ce genre de réaction à la prononciation de son nom de famille. Kohan, un nom aussi adorée de la princesse que maudit. Elle lui avait valu ce voyage et un mariage non voulu, non désiré avec un elfe. La princesse s'était imaginée un bon nombre de mariages possibles, car elle en avait vu des soupirants. Mais de là à être mariée à un elfe. Elle n'avait rien contre ce peuple, au contraire, la jeune femme en était fascinée. De ses connaissances envers la nature, les êtres qui composent Armanda, ce calme qui émane d'eux, cette sagesse infinie. Esmelda avait tant appris en quelques mois. Mais hélas, pas de la bonne façon à ses yeux. En la liant de force, en la vendant telle une jument à un elfe qui ne l'aimait pas et pour qui elle serait une épine bien plus qu'un réconfort. Était-ce mieux que d'être marié à un homme avide simplement de son pouvoir ? Tous n'était pas comme ça dans ceux qui étaient venus lui proposer leur mains. La plupart oui. En tout cas aucun digne d'un intérêt. Sans compter que petite, la princesse n'avait d'yeux que pour Alerick, son lointain cousin, à peine plus âgée qu'elle. Il était grand, il savait bien parler et surtout monter aux arbres et à cheval. Esmelda aimait quand il les accompagnait elle, Korentin et son frère. Il avait les traits fins des Kohan, et la gentillesse de son père. Mais ils étaient cousins et elle sœur de l'empereur. Puis cet attachement enfantin s'enfuit avec le temps et la princesse devenait insensible aux jolis paroles des hommes.
Elle ferma les yeux et secoua la tête, pourquoi pensez à ça et maintenant alors que l'elfe s'excusait face à elle. Elle divaguait. La jeune femme devait avoir besoin de dormir. Il fallait dire que ses dernières nuits étaient plus courtes.
« - Ne vous en faites pas, je ne suis nullement choquée et je n'ai vu aucune offense quand à votre façon de m'aborder et de me saluer. Vous ne pouviez savoir, quand bien même, je ne vous en aurai tenu aucun grief. Ne vous inquiétez donc pas pour cela et poursuivez. »
D'un petit signe de main, elle l'y encouragea. Elle parlait, elle parlait mais c'était lui qui avait lui demander un petit quelque chose.
« - Je dispose de mon temps comme je le désire, et vous ne me dérangez aucunement. Et je serai ravie de vous aider en quoique se soit. »
Ajouta-t-elle en lui proposant de s’asseoir. Elle était bien curieuse de savoir ce qu'un elfe pouvait bien vouloir au Maitre humain. Après tout, cela ne le regardait peut être pas, mais son interlocuteur ne semblait pas penser le contraire. Ou bien son statut parlait encore pour elle.
« - Asseyez-vous je vous en prie. Car cet entretien m’intéresse au plus haut point. »
Mais bon après tout elle était la princesse humaine, mais si ces derniers temps on oubliait un peu ce détail. Et elle aussi. Perdue dans ce qu'elle pouvait, devait, qui elle était encore pour les Hommes. Qui ne tente rien n'a rien, et cela c'était la devise de la princesse.
« - Des esclaves vous dites ?? Expliquez moi en détails ces faits dont vous me faites part. Ce sont de graves accusations, dont j'ai eu des... soupçons cependant. Mais si je puis faire quelque chose en cet instant, je n'hésiterai pas. »
La voix de la princesse en tremblait presque. Comment pouvait-on? Quel acte horrible et barbare!!! Il y avait de quoi la mettre en rage et aller de suite étrangler le prince vampirique, qu'il soit l'investigateur ou non. |
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| Sujet: Re: Quand maintes convictions se confrontent... [Terminé] Dim 13 Oct 2013 - 19:45 | |
| Eliowir fut des plus surpris par l'attitude courtoise, attentive et bienveillante de cette bien jeune princesse. Il avait connu et côtoyé maintes humains et avait été plus souvent touché de leur égoïsme, voire pire, que de leur possible altruisme. Il avait nourri alors une certaine méfiance envers ce peuple, même si teintée d'un certain respect et d'une admiration presque jalouse quant à leurs fortes capacités d'apprentissage et d'adaptation. Mais cette princesse-là, aussi jeune soit-elle, était différente. Était-ce là l'apanage de la noble dynastie Kohan ? Serait-ce là le secret de leur longue traversée des temps tout en ayant su rester empereur envers et contre tout... Ou envers et contre tous... Il avait soudain l'impression de retrouver en elle ce qu'il avait souvent vu dans la famille impériale elfique, la famille Evanealle. La dignité, noble et bienveillante, un altruisme hors du commun pour leurs enfants, leur peuple, un attachement sans faille pour les leurs, un dévouement incontestable et inébranlable... Une grandeur enfin, un charisme, une prestance, une noblesse... Noblesse d'esprit, de cœur et d'âme. Oui, cette Esmelda Kohan avait tout d'une Galadrielle Evanealle.
Ceci, plus que tout autre chose, le poussa donc à accepter l'offre et à s'asseoir comme le lui demandait la jeune princesse. Il se sentit incapable de répondre quoique ce soit tout d'abord, se contentant de prendre place à l'endroit indiqué, et d'accorder son assentiment d'un simple signe de tête. Il n'était pas du genre intimidé, oh non loin de là. Il était d'ailleurs habitué aux hautes sphères, y ayant grandi lui-même, ayant côtoyé de près, de très près, la famille impériale elfique, et ayant appartenu ensuite de longs siècles durant, au Conseil Impérial. Noble il l'avait été, et l'était toujours au final dans son cœur, dans son esprit. Tout en lui criait cette vieille noblesse, même si noblesse déchue. Non, pas intimidé donc. Juste... hésitant. De quel droit pouvait-il donc prétendre parler ainsi à la princesse Kohan ? Qui était-il donc pour s'abroger pareils privilèges ?
Mais bien vite, quand fusèrent les questions d'Esmelda, tous ses propres scrupules volèrent en éclat. On parlait effectivement d'esclaves. D'enchainement, vil, sombre et abjecte destin alors. On parlait de vies, d'êtres vivants, d'âmes écorchées ainsi bassement soumises. On parlait peut-être d'hommes et de femmes et non d'elfes, mais lui, qui n'était peut-être qu'un elfe, ne pouvait laisser d'autres êtres, quelqu'ils soient, en pareil esclavage. Il s'était après tout révélé incapable de laisser un vampire, ténébreux et pourtant magnifique vampire, enchainé à un autre funeste, tragique et dégradant destin. Rien d'étonnant à ce que son cœur lui dicte de faire de même envers ces humains...
- Pour ma part, ce ne sont pas simples soupçons, mais réelles confirmations, commença-t-il de sa voix grave tout de velours habillée. J'ai été moi-même prisonnier des vampires, même si un très court laps de temps.
Cette confession-là lui arrachait la gorge, écorchant son orgueil sévèrement malmené ces derniers temps. Même la cape de son arrogance peinait à cacher ses plaies suintantes qui béaient de plus en plus sur son âme torturée. Mais il savait que ces aveux, aussi âpres soient-ils, étaient malheureusement nécessaires, pour rendre son témoignage crédible et lui faire prendre la valeur de la véracité.
- J'ai été capturé quelques jours à peine aux portes du royaume elfique.
Il n'osa toutefois pas aller jusqu'à avouer pourquoi il se trouvait en dehors du royaume elfique... Banni serait assurément un mot qui le discréditerait, n'est-il pas ? Peut-être savait-elle déjà, peut-être avait-elle entendu les chuchotis et rumeurs qui voguaient dans son sillage, dans le sillage de l'Infanticide et de la Fierté Balafrée. Peut-être... Mais il préférait ne pas prendre le risque de lui confirmer quelque rumeur que ce soit. Pas tant qu'elle ne le lui demanderait pas ouvertement du moins.
- Je n'étais pas réellement parmi ces esclaves, ayant été gardé à part par un vampire qui m'a servi de gardien tout le long du voyage au nom de Lorenz Wintel. Je ne peux donc tous vous les décrire ou les nommer, ni même vous dire le nombre exact. Tout ce que j'en sais... J'ai vu un jeune homme capturé peu de temps après moi, un guerrier je pense.
Il n'osait dire son nom, même si celui-ci le démangeait. Svenn, Havard Svenn, aurait-il voulu crier. Mais deux choses le retenait : Svenn était général de l'armée du Nord, non pas de l'armée impériale humaine, or l'elfe qu'il était n'était pas assez aux faites des relations entre les différentes armées humaines pour risquer la non délivrance du jeune Svenn par simple vengeance ou autre ; deuxièmement, il pensait avoir compris que le jeune Svenn avait une fierté au moins aussi développée que la sienne propre, et, se mettant à sa place, lui-même n'aurait pas voulu que son nom soit dévoilé s'il était possible de l'éviter...
- Je pourrais aisément vous le décrire si besoin est. J'ai également rencontré une jeune femme, du doux nom de Ambre, prisonnière particulière de Lorenz Wintel. Elle est facilement identifiable par sa grâce, sa douceur et sa beauté. Sa condition d'esclave est aisément reconnaissable à un petit bracelet en cuir qu'elle porte. Cadeau du prince, il me semble, cracha-t-il, incapable de cacher tout le dégoût et le mépris que ledit prince lui inspirait.
Il marqua une pause, attendant la réaction de la jeune femme... quand un insecte piqueur voleta sous ses yeux, près de la joue de la jeune femme, la piquant avant même qu'il n'ait pu réagir. Il parvint toutefois, en un geste assuré, à attraper le mécréant, l'emprisonnant dans sa main, son geste lui faisant caresser, sans vraiment le vouloir, la peau douce de la jeune femme. Quiconque arriverait dans la pièce en cet instant pourrait croire en un geste déplacé, une caresse éhontée, de l'elfe envers la jeune femme, sa main emprisonnant l'insecte et la joue concernée étant tournés vers la fenêtre.
- Désolé. Je n'ai pas été assez rapide, princesse, souffla-t-il en un murmure suave, sentant son lion palpiter en lui.
Avant qu'il ne le fasse savamment taire. Pas touche, chasse gardée. Famille impériale, lui intima-t-il. Et comme pour mieux appuyer cette résolution, il se leva souplement, ouvrit la fenêtre, et libéra son prisonnier, l'invitant en un murmure elfique à aller piquer d'autres personnes en d'autres lieux mieux avisés. Non, l'insecte ne méritait pas la mort... Il ne faisait que vivre, que traverser son existence... Inutile de le punir d'un outrage qui n'en était pas un.
Il se retourna alors vers la princesse, un fin sourire ourlant ses lèvres pâles. Il ne pouvait décemment pas la laisser avec une telle piqure.
- Si vous me permettez, offrit-il alors, en montrant d'un geste doux la petite trace laissée par l'insecte. Je puis vous débarrasser de ce désagrément pour qu'il ne soit plus que souvenir et pour que votre peau immaculée n'en garde aucune trace, votre altesse.
Et se disant, il se mit à genou devant elle, dardant un lourd regard sur elle, lui permettant à tout instant de l'arrêter. Aucun mot, aucun geste, toutefois, ne vint l'empêcher de prodiguer sa magie elfique. Divine magie, magnifique magie, qu'il aimait tant, qu'il chérissait plus encore depuis sa mésaventure avec un certain prince. Et d'un rapide chant elfique, il fit disparaitre piqure et irritation, un sourire radieux illuminant son visage ravagé, tandis que ses yeux nuit pétillaient de contentement malicieux.
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| Sujet: Re: Quand maintes convictions se confrontent... [Terminé] Mar 15 Oct 2013 - 14:17 | |
| La jeune princesse, bien droite sur sa chaise, écoute le récit de l'elfe. Sur son visage se lisait toute la tristesse et le désarroi que pouvait procurer une telle chose que la privation de la liberté. Esmelda s'était fait un étendard de ne pas laisser opprimer des êtres vivants en esclavage. La privation de liberté, rien de pire, ne plus disposer de soit. Déjà petite la princesse n'acceptait pas la prison et le rôle fait aux prisonniers. La jeune femme avait par ailleurs poussé son père à améliorer les conditions de vie. Et oui une jeune princesse comme elle avait jeune visité les prisons et même sauver de l'injustice la jeune et belle Ninna. La justice oui l'injustice non et encore moins l'inhumanité.
La princesse avait envie de le réconforter face à cette terrible injustice dont il avait fait fasse. Mais elle était simplement démunie. Et pourtant son regard était rempli d'une compassion immense.
Ambre. Esmelda comprit beaucoup mieux les non réponses lors de leur rencontre. Tout comme l'histoire du bracelet. En effet, il valait mieux qu'elle n'en porte jamais, du moins jamais de ce genre. La princesse en portait aussi, invisible. Esmelda avait été touchée par la gentillesse, l'aura qui dégageait de cette jeune femme amoureuse de la nature, curieuse, mais aussi prête à aider son prochain, et cela malgré sa condition. Cette femme ne devait pas rester entre les griffes de ce vampire assoiffé de sang et de haine. Pas une belle créature comme elle. Esmelda ne le permettrait pas. Non. Elle irait voir Lorenz, lui parlerait. Au pire, il l'enverrait bouler, et au mieux, il l'écouterait avant de l'envoyer promener. Dans tous les cas, la jeune Kohan ne se battrait pas et ne resterait pas à rien faire et à continuer sa vie de femme désespérée quand il y a plus désespéré qu'elle.
« - Je vous remercie Eliowir Serillëiel. De m'avoir fait part de votre histoire. Douloureuse. Mais aussi de m'avoir prévenu pour cette jeune femme et pour l'autre prisonnier humain. Je tâcherai de leur rendre leur liberté, tout comme vous avez pu retrouver la votre. En ce sanctuaire de paix, il est inconcevable de voir des membres du peuple d'une délégation emprisonnée, en ce temps d'union et de confiance entre les peuples. J'irai voir le prince des vampires. Même si je pense me faire accueillir comme un moineau dans un grenier de blé. »
Au même instant, la jeune femme sentit sur la joue un gratouilli pas très agréable. Elle venait de se faire piquer par un moustique. Fallait mieux ça qu'autre chose, des crocs de vampires par exemple, mais elle n'aimait pas les piqûres de moustiques, ça grattait. Au même instant, l'elfe se leva un peu de sa chaise pour attraper l'insecte et lui rendre sa liberté. La jeune femme lui sourit. Prisonnier de la salle, lui aussi avait le droit à retrouver l'air de l'extérieur.
« -Ne vous excusez pas. La nature reprend ces droits et nous n'y pouvons rien. »
dit-elle en souriant alors qu'elle plongeait son regard dans celui désolé de l'elfe. Il y avait une chose étrange en cet elfe, une sensibilité et une retenue peu commune certes pas pour un elfe. Bien au contraire, rendre la liberté à un petite moustique était très elfique, peuple de la nature. Non, ça allait au delà de ça. Un quelque chose qui émouvait la princesse. Sa gentillesse, sa compensation, pour les autres, humains, animaux. Comme la première fois qu'elle avait rencontré Kylian. Esmelda se sourit pour elle même. Rien que pour cela, Esmelda le laissa la soigner. Car elle aurait pu le faire elle même en tant que guérisseuse. Tout en retenu il la soigna, presque gêné d'une telle chose. Pourquoi ? Parce qu'elle était la princesse ? Pour le moment, elle était juste une blessée à soigner, comme tant d'autres. On redevenait simple blessé face aux aléas de la vie. Ni prince ni pauvre.
« - Avec plaisir, et je vous en suis reconnaissante, rien ne vaut les soins et un chant de votre belle langue. Mais comment pourrais-je vous remercier ?? » lui dit-elle d'une voix douce alors qu'elle lui demanda de la main de se relever.
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| | | Kylian WallamMon identité Mes compétences
| Sujet: Re: Quand maintes convictions se confrontent... [Terminé] Ven 18 Oct 2013 - 17:32 | |
| C'était une bien étrange routine qui s'était installée dans la vie des amants interdits ces derniers jours. Depuis trois jours en effet, chaque soir, lorsque la clarté du jour laissait place aux ombres nocturnes, Kylian se faufilait discrètement jusqu'aux appartements de la princesse pour y retrouver sa belle. Avec la lune pour seule témoin, ils passaient ainsi la nuit ensemble, enlacés dans les bras l'un de l'autre. Bonheur simple mais bien précieux en ces temps difficiles. Hélas, inlassablement le soleil revenait interrompre ces moments, et alors que la lumière chassait l'obscurité, le vampire se retrouvait contraint de quitter les lieux... jusqu'au soir suivant.
Pendant ces longues, pour ne pas dire interminables, heures de jour, le renégat avait passé la majeure partie de son temps près de la source du sanctuaire de l'eau afin d'y méditer. Il n'était pourtant pas vraiment coutumier de ce genre de pratiques, mais l'atmosphère qui se dégageait du domaine de la Rhapsodie semblait une invitation permanente à la réflexion et Kylian ne manquait certainement pas de pensées à ruminer. C'est ainsi que chaque matin, sous les regards des baptistrels de l'eau vaquant à leurs occupations, il venait s'installer en tailleur à proximité de la source. Il fermait alors les yeux, pour mieux laisser le doux murmure de l'eau ruisselante apaiser son esprit, et passait la journée à réfléchir, immobile. Par un étrange caprice du destin, alors même que le continent était assiégé par une armée qui ne semblait pouvoir être vaincue et que les Armandéens étaient maintenant à quelques heures tout au plus d'une réunion historique entre les peuples, les réflexions du renégat étaient exclusivement tournées vers un sujet beaucoup plus personnel. Egoiste ? Peut-être. Sans doute même. Mais depuis des décennies, il avait parlé, il avait lutté et il avait même souffert en pensant aux autres, Dracos pouvait bien lui accorder un peu de temps pour qu'il pense à lui, à elle, à eux. Et surtout, à cet espoir, à cette lueur qu'il avait vu briller dans les yeux de son aimée lorsqu'elle lui avait parlé de son entretien avec Merithyn et dont il ne savait que penser.
Une fois encore, la journée touchait à sa fin et Kylian n'avait toujours pas trouvé de réponses à ses interrogations. Les trouverait-il seulement un jour ? Peut-être, peut-être pas. En attendant, il laissa échapper un soupir avant de se relever, saluant poliment les maîtres de l'eau avant de s'éloigner pour s'en retourner vers le Tomingorllo. Il était encore tôt et le rebelle avait quelques heures devant lui avant de s'en aller retrouver les bras de la princesse, il dirigea donc ses pas vers les bibliothèques de l'eau. Il n'était certes pas un grand érudit, mais il éprouvait une curiosité manifeste à propos de certains ouvrages dont lui avait parlé Esmelda et puisque l'occasion lui était donnée d'aller en parcourir quelques chapitres, pourquoi ne pas en profiter ? Avec un peu de chance, ces lignes pourraient le guider ou l'inspirer lors de ses prochaines séances de méditation.
Avec la discrétion naturelle propre à ceux de sa race, le vampire s'aventura entre les rayons chargés de livres de la grande salle, balayant du regard les titres des ouvrages qui défilaient sous ses yeux. Il venait de poser la main sur l'épais grimoire qu'il recherchait lorsque ses oreilles surprirent une conversation discrète dans le silence de la pièce dédiée à la connaissances. Une voix féminine et délicate qu'il n'appréciait que trop bien pour ne pas la reconnaître sitôt qu'elle vint caresser ses tympans, et une autre, masculine, qu'il ne se souvenait pas avoir jamais entendue. Plus silencieux qu'un chat, Kylian s'approcha, son regard acéré cherchant à percer ces rideaux de velours et de papier qui gênaient sa vue. C'est du recoin d'une lourde bibliothèque en bois finement travaillée qu'il put finalement apercevoir la princesse en compagnie d'un elfe. Rien d'exceptionnel à première vue : Esmelda avait passé de longues heures plongées dans les livres, accrochée à cet espoir que lui avait donné Merithyn, et quant à celui qui l'accompagnait, des elfes, on ne croisait que cela par ici. Avec un sourire, le vampire amorçait déjà un discret recul. Brusquement cependant, son sourire s'effaça et son sang ne fit qu'un tour. Là, à tout au plus quelques mètres devant lui, l'elfe venait de lever le bras pour caresser la joue de la jeune femme. Les muscles de ses épaules se contractèrent violemment lorsqu'il sentit poindre en son esprit les même instincts bassement primaires qui l'avaient étreints lors de sa rencontre avec Elrond. Immobile, il assistait à la scène en réfrénant les pulsions sanguinaires chantantes à ses oreilles, son regard meurtrier fermement accroché à la silhouette de l'elfe qui s'était maintenant approché de la fenêtre avant de se retourner vers la princesse, un sourire aux lèvres. Il y avait forcément une explication logique au fait que la princesse l'ai laissé agir de la sorte, mais leurs murmures demeuraient trop faibles que pour qu'il puisse en saisir le sens. L'elfe était plutôt bien habillé et en dépit des cicatrices qui marquaient son visage, son maintien dénotait manifestement une certaine noblesse... un autre candidat au mariage ? Les yeux clairs du vampire s'écarquillèrent brusquement sous l'effet de surprise : évidemment, il avait tapé en plein dans le mille ! Sous ses yeux, le balafré venait à l'instant de s'agenouiller devant la princesse pour lui chanter quelques mots en elfique. Une sérénade, au beau milieu de la bibliothèque ! Et ce regard, ce regard qu'il posait sur elle. Dracos et tous les esprits lui viennent en aide, les mâchoires du renégat se crispèrent de rage tandis que les quelques réminiscences de raisons qui teintaient encore son esprit s'efforçaient de refouler cet ardent désir qui s'emparait de lui, ce besoin irrépressible qu'il ressentait de crever les yeux du sylvain, à mains nues s'il le fallait.
Il ne se reconnaissait plus, ce n'était pas lui d'avoir ce genre de pensées, c'était sa malédiction, le venin qui coulait dans ses veines, qui alimentait son cerveau de telles images. Lui, il était celui qui luttait contre ces pulsions de violence. Alors pourquoi avait-il tellement envie de céder à ses instincts ces derniers temps ? Esmelda était une belle, une très belle femme. Il le savait. Elle était de haut rang dans la noblesse et était infiniment riche. Il le savait. Rien d'étonnant donc à ce qu'elle soit courtisée par des dizaines, des centaines même de personnes. Il le savait aussi, l'avait accepté ou du moins pensait l'avoir accepté. Mais si le savoir était une chose, le voir en était une autre : jusqu'à présent, il n'avait jamais été lé témoin direct d'un courtisan déclarant sa flamme à la princesse, à SA princesse. Et avec cette promesse de mariage toujours en suspend, Elrond écarté par son choix de rejoindre les baptistrels, la place était laissée libre pour un quelconque autre elfe de bonne famille. Tel que celui qui venait de se relever sur un signe de la princesse. Mais qu'avait-elle répondu ? Le balafré ne semblait pas particulièrement abattu, ni particulièrement heureux ; il se contentait de continuer à lui lancer ce regard enjôleur, un sourire niais étirant ses lèvres, alors quoi ? Non pas que Kylian craignit que les sentiments de la princesse à son égard aient pu changer, elle lui avait suffisamment répété à quel point elle l'aimait, elle s'était promise à lui et s'était même donnée à lui pour lui offrir ce qu'elle ne pourrait offrir à aucun autre homme désormais. Non, ce qu'il redoutait vraiment, c'étaient les chaînes de la politique : qu'elle le veuille ou non, Esmelda en tant que princesse était soumise à l'autorité de son empereur de frère, et celui-ci l'avait promise aux elfes. Dire qu'il commençait à peine à se rassurer sur le fait qu'Elrond n'épouserait pas la princesse, donc que le mariage n'aurait pas lieu, voila que déboulait un autre prétendant... Et celui là semblait plutôt satisfait à l'idée d'épouser la jeune femme, rien d'étonnant après tout, mais terriblement décourageant.
Une petite voix, probablement celle de la raison, vint susurrer à son esprit de quitter les lieux et de patienter, dans quelques heures, il retrouverait la princesse en tête à tête, il serait alors temps de s'inquiéter de ce à quoi il venait d'assister. D'une gifle mentale, le renégat la fit taire : il voulait en avoir le coeur net, et tout de suite.
A pas de velours, Kylian se laissa glisser sans un bruit dans le rayonnage adjacent à l'endroit où se trouvaient la princesse et son soupirant. Arrivé à leur hauteur, il se saisit du premier grimoire qui lui passa sous la main, un épais traité d'herboristerie à en juger par l'intitulé, et d'un geste adroit, balança le livre par-dessus les étagères pour le faire atterrir de l'autre côté de la bibliothèque et lui donner un prétexte à interrompre son rival. Il leva un sourcil interrogateur cependant tandis qu'il entendait le bruit sourd de la chute du livre rapidement suivi d'un grognement qui vint confirmer que le projectile improvisé avait en fait échoué sur le crâne du sylvain. Mieux encore qu'il ne l'aurait souhaité, en vérité. D'un pas rapide, il contourna la bibliothèque et s'avança vers les deux tourtereaux. Machinalement, son regard fit un rapide aller-retour vers la fenêtre et la silhouette du prétendant de la princesse, notant inconsciemment ou pas que l'ouverture était bien assez large que pour permettre le passage du blondinet. A quel étage étaient-ils au juste ?
Lorsqu'il arriva à leur hauteur, le renégat lança un rapide regard vaguement inquiet vers la princesse avant de feindre l'incompréhension et de se confondre en excuses auprès du soupirant balafré :
« Pardonnez ma maladresse, je rangeais quelques ouvrages dans le rayon attenant et l'un d'eux m'a échappé. J'espère qu'il n'y a pas de mal ? »
Apparemment pas et bien malgré lui, le vampire ne parvenait pas à se défaire d'un certain sentiment de déception. A vrai dire, il regrettait même de ne pas avoir choisi un livre plus épais encore. Ses yeux clairs revinrent accrocher ceux de la jeune femme tandis qu'il poursuivait d'un air faussement gêné :
« Aurais-je interrompu quelque chose ? » |
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| Sujet: Re: Quand maintes convictions se confrontent... [Terminé] Dim 20 Oct 2013 - 16:34 | |
| Certes. Il ne doutait nullement lui-même de l'accueil qui serait réservé à un tel petit moineau face à un tel cobra qu'était le prince des vampires... Il risquerait de n'en faire qu'une bouchée. La jeune femme semblait avoir de prime abord un caractère bien trempé, mais il était parfaitement bien placé pour savoir lui-même qu'un fort caractère et une détermination de roc ne faisaient pas tout et étaient loin de suffire face à un Lorenz Wintel. Lui aussi était doté d'un caractère fort et d'une détermination sans faille... Le faire céder, gagner cette bataille-là.... surtout au vu du caractère également particulièrement possessif que semblait nourrir le prince... Non, cela ne serait pas sans mal et le petit moineau aurait bien du mal. Il se garda bien toutefois d'énoncer ses doutes à haute voix. Ce n'était pas le moment d'offusquer une autre princesse...
« - Avec plaisir, et je vous en suis reconnaissante, rien ne vaut les soins et un chant de votre belle langue. Mais comment pourrais-je vous remercier ?? »
- Nul besoin de remerciement pour un geste si naturel, votre Altesse, répondit-il d'une voix aux accents ronronnants du lion. C'est moi qui devrait d'ailleurs vous remercier pour le temps que vous venez de m'accorder à m'écouter. Je viens de contracter à votre égard une dette incommensurable. Je serais toutefois plus rassuré de savoir que vous ne commettrez pas d'imprudence en allant voir vous-même, et seule, le prince du peuple vampirique. Quand bien même le serment baptistral nous protège, je pense pouvoir affirmer que le prince est quelqu'un de... plutôt ombrageux.
Doux euphémisme, susurra une petite voix mesquine.
- Je préférerais que Maistre Faudar en soit également avisé, si cela ne vous offense pas, votre Altesse.
Tout ceci avait été dit presque en chuchotant, de telle façon qu'eux deux seuls puissent entendre ces mots. Il préférait que, si une oreille indiscrète s'égare dans les parages, rien ne puisse être emporté dans les rumeurs du domaine...
Il allait ajouter quelques mots galants destinés à apaiser tout possible impair qu'il aurait pu commettre, quand un lourd grimoire lui tomba sur le crane. Un grognement presque bestial, de ce grognement d'un lion dérangé en plein sommeil, ou en pleine parade, lui échappa, alors qu'il porta vivement une main sur la zone lésée qui déjà l'élançait. Il était dit qu'il ne se passerait pas un seul jour sans qu'il ne se blesse, ou ne soit blessé, d'une quelconque façon. A croire qu'on cherchait à lui faire comprendre qu'il n'était vraiment pas le bienvenu en ces lieux elfiques...
Son regard se porta un bref instant vers le livre incriminé, puis vers le haut de l'étagère dans son dos... pour constater rapidement qu'aucun livre ne semblait y manquer. Ce livre ne provenait donc pas de là haut ? D'où provenait-il ? Venait-on de le lui lancer si sournoisement ? Si oui, qui et pourquoi ? Son regard s'empressa de rapidement faire le tour de la pièce, tous ses sens soudain aux aguets, ses muscles tendus, sur le qui-vive, prêts à réagir au moindre signe de danger. Danger qui bientôt se matérialisa devant lui, coupant court à toutes ses questions en y répondant sans l'once d'une hésitation.
Vampire. Là, devant lui. A n'en pas douter le coup du livre venait de lui. Ce que l'autre lui confirma d'ailleurs sans plus attendre.
« Pardonnez ma maladresse, je rangeais quelques ouvrages dans le rayon attenant et l'un d'eux m'a échappé. J'espère qu'il n'y a pas de mal ? »
Et en plus, il osait le narguer. Une rage sourde l'enveloppa de son sombre manteau, menaçant de recouvrir toute raison. Un vampire l'attaquait, à coup de livres certes, mais l'attaquait quand même et osait se moquer ainsi de lui ? Pour qui ce petit avorton se prenait-il donc ? Car oui, ce vampire-ci faisait bien pâle figure face à un Wintel, et Eliowir le classa bien rapidement dans la catégorie des insignifiants, des avortons pathétiques, des misérables créatures qui ne méritaient qu'une bonne leçon.
« Aurais-je interrompu quelque chose ? »
Culotté en plus le bougre. Eliowir bouillonnait. Et la colère grondante en lui dut aisément se lire sur son visage. L'attitude avenante qu'il avait eue jusque là avec la princesse changea du tout au tout et laissa place à celle du guerrier-mage prêt à défendre la princesse et lui-même en cas de danger, et à celle du noble elfe arrogant soudain plus qu'offensé d'un tel outrage, d'un tel manquement aux convenances. Il se redressa de toute sa stature, droit, fier, de ce port altier qui lui seyait tant, le menton levé en un geste des plus dédaigneux qui montrait clairement ce qu'il ressentait soudain pour l'intrus, tandis qu'il se posta légèrement devant la princesse. Pas suffisamment pour l'empêcher de voir la scène, mais assez toutefois pour faire barrage de son corps si danger il y avait.
- Décidément, j'ai beau avoir côtoyé et connaître certains de vos paires, je serais toujours étonné de l'impolitesse outrancière dont sont capables ceux de votre espèce... vampire, fit-il d'une voix qui ne présageait rien de bon.
Il hésita un court instant, puis décida de montrer un minima de bonne volonté. Ils étaient placés sous le signe du serment baptistral, en un terrain qui se voulait neutre le temps des négociations. Eliowir s'était plié au serment... et n'avait aucunement l'envie d'être l'origine d'un clash de ces soit-disant négociations. Il adressa alors un rapide salut elfique, tout en se présentant d'une voix suave, plus posée, plus calme, moins grondante :
- Eliowir Serillëiel.
Il n'en garda pas moins un maintien pétris de son elfique arrogance, le lion grognant sourdement en lui prêt à bondir à la moindre incartade du vampire.
Il préféra cependant ne pas se lancer dans les présentations de la princesse humaine. Allez savoir ce qui pourrait bien venir à l'esprit de cette créature s'il savait en présence de quelle haute personnalité il était. D'ailleurs comment donc une telle créature était-elle entrée dans le château du domaine, songea-t-il soudain, plus que frappé qu'un vampire ait réussi cet exploit. Ou... A moins que... Y avait-il été autorisé ? Si oui, comment, par qui, en quel honneur ? Le doute s'insinuant soudain en lui, mille questions se bousculant dans son esprit, il s'empressa de rajouter :
- Quant à interrompre quelque chose... Il parait évident que nous étions en pleine conversation. Mais à qui avons-nous l'honneur, je vous prie ?
Il ne put résister de prononcer ce dernier mot d'un ton venimeux et moqueur.
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| Sujet: Re: Quand maintes convictions se confrontent... [Terminé] Dim 20 Oct 2013 - 18:16 | |
| Doux charmeur. La princesse avait toujours imaginé les elfes comme ça. De beaux êtres dont la simple présence, prestance les plaçaient en haut de l'élégance, de la beauté et de la galanterie. La preuve en était. Il savait parler, se mouvoir et charmer les jeunes filles. Heureusement pour Esmelda, il n'était pas le premier. Premier elfe certes, mais pas le premier homme à chercher à la séduire, la charmer. Quand elle était bien plus jeune, la petite Esmelda avait failli se brûler les ailes par les paroles remplies de jolis mots mis les uns au bout des autres. Mais bien vite, elle avait compris les agissements des hommes. Et puis aujourd'hui, son cœur ne battait que pour une personne. Une seule et unique qui faisait vibrer tout son être.
Mais cela restait flatteur, même si son titre faisait plus appel que le reste, de votre un homme vous parler avec une voix des plus suaves et enjoleuses. Même quand c'était simplement pour s'inquiéter de la voir se jeter dans les griffes du prince vampirique. Mais que pouvait-elle faire de plus ? Laisser des humains esclaves sans se soucier d'eux. Non, il n'y avait pas moyen.
« - Cela ne m'offense nullement. Votre conseil est sage et avisé. Je connais hélas, les agissement de ce prince. Mais je ne peux que... »
La princesse n'eut guère le temps ni l'occasion de finir sa phrase et le fil de ses pensées. Un livre de belle taille venait de tomber de nul part sur son soigneur. La jeune femme chercha la provenance d'un tel atterrissage pour bien vite en comprendre la provenance.
Kylian.
Esmelda effaça son sourire et d'un regard elle lui demanda la raison de sa présence. Et surtout le pourquoi d'un tel acte ? En même temps, cela ne devait pas être une agression, vu que cela était impossible en ce lieu. Mais quand même. Comment ? Pourquoi ? Et ses mots. Dérangeait-il ? Esmelda eut envie de dire oui rien que par principe. Mais la sagesse devait prévaloir et bien vite le visage de la princesse s'adoucit et sa voix avec.
« - Pas de mal pour ma part et vous cher Eliowir Serillëiel ? A nous de vous soigner ? La lecture peut avoir le don de vous guérir ou bien au contraire, comme quoi, il ne faut pas l'oublier.»
Ironisa-t-elle en lançant un regard en coin au preux chevalier vampirique. Comme si elle n'était pas assez grande pour rester seule avec un homme et parler avec lui de politique, sans qu'on vienne la secourir de...de rien. Mais bon, il fallait prendre sur soi.
Et en bonne princesse polie et bien élevée, elle se présenta en inclinant légèrement la tête. Un peu ironique que de se présenter à son amant, mais il fallait jouer le jeu après tout. Et ne pas se lancer dans une scène de ménage devant un elfe au beau milieu de la bibliothèque. Et Esmelda devait se rendre auprès du prince des vampires.
« -Je suis pour ma part Esmelda Kohan. »
D'ailleurs, Esmelda tilta. Lorenz Wintel, Kylian Walam. Il fallait qu'elle se débarrasse de son amant. Qu'il ne la suive pas au camp de son ennemi juré. Même sous la paix des chanteurs. Non, il n'y avait pas moyen. Elle trouverait quelque chose.
« - Je vous prie cher ami elfique, il est inutile de laisser tant d’animosité sortir de vos lèvres. La politesse vampirique est celle de venir s'enquérir de votre santé. »
Après tout, généralement les vampires se moquaient bien de savoir si vous allez bien ou pas. Lorenz Wintel ne s'était pas inquiété de savoir si elle souffrait quand son bras était cassé. Alors là, c'était une première. Mais c'était Kylian. Qui n'avait rien de ses congénères. Pour lui chaque être avait le droit à la considération, au respect, à la vie. Et c'était pour cela qu'elle l'aimait. Alors pourquoi cette attitude si éloignée de lui, de sa douceur? Le coup du livre. Puis Eliowir n'était pas menaçant. |
| | | Kylian WallamMon identité Mes compétences
| Sujet: Re: Quand maintes convictions se confrontent... [Terminé] Mer 23 Oct 2013 - 19:33 | |
| Un simple regard pouvait souvent en dire bien plus long que les grands discours et de fait, ce fut encore le cas cette fois. Pendant cette fraction de seconde pendant laquelle leurs yeux se trouvèrent, Kylian n'eut aucune peine à lire les reproches dont étaient chargées les prunelles couleur noisettes de son aimée. Le vampire retint un sourire. C'était la première fois qu'il voyait la jeune femme en colère contre lui : jusqu'à présent, ils n'avaient jamais eu le luxe de se voir assez régulièrement que pour se permettre ce genre de scènes. Ce qui en devenait presque regrettable par ailleurs, car maintenant qu'il en était le témoin, il eut pu affirmer sans hésitation que la princesse faisait partie de ces femmes dont les traits se trouvaient encore embellis sous l'effet de leur courroux. Etrangement cependant, il ne parvenait pas à se sentir contrarié et n'éprouvait pas le moindre remord pour son intervention quelque peu maladroite, voire grossière. Après tout, ce n'était certainement pas lui qui avait invité l'elfe à se montrer aussi entreprenant envers la princesse, et bien qu'il put aisément concevoir les motivations de son rival, ç'aurait été trop lui demander que de laisser faire sans réagir. D'ailleurs, puisqu'il en revenait au sylvain, ses yeux se détachèrent avec regret du regard courroucé de sa douce pour reporter son attention sur le visage rageur du représentant du Beau Peuple.
C'eut été mentir que de dire que Kylian n'éprouva aucune satisfaction en constatant cette accélération du rythme cardiaque et cette respiration saccadée propre aux sentiments de fureur qu'il avait provoquée. De même qu'il s'amusa plus qu'autre chose lorsqu'il entendit l'autre lui cracher son venin. Impolitesse outrancière, hein, et comment qualifierait-il alors le fait de compter fleurette à la femme d'un autre ? Même si techniquement, Esmelda n'était pas encore son épouse, elle restait sa fiancée et quand bien même le ''cher'' Eliowir n'avait aucun moyen de savoir que le coeur de la demoiselle était pris, le vampire n'avait pas l'intention de le laisser pousser plus avant ses investigations. De fait, tout involontaire qu'ait été son geste, le renégat n'était nullement déçu du résultat final et se permit même de lancer à son tour un regard réprobateur vers la princesse lorqu'elle proposa ses soins, alors qu'il n'y avait même pas de quoi faire apparaître une bosse sur le cuir chevelu du blondinet.
Dardant un regard peu impressionné sur la haute silhouette de l'elfe bouffi d'arrogance, il les écouta se présenter non sans sourire intérieurement de l'ironie qu'il y avait à entendre sa fiancée se présenter à lui, avant d'en faire de même :
« Kylian Wallam, pour vous servir. »
Il avait pris un malin plaisir à singer avec panache l'arrogance et la gestuelle du sylvain. En temps normal, il n'était pas vampire à se laisser entraîner dans ce genre de spirale mais il conservait encore en mémoire la scène dont il avait été témoin quelques minutes auparavant. Et puisqu'il semblait évident que celui qui se tenait devant lui avait à coeur le respect des usages et de la politesse, le renégat pouvait bien le lui en donner. Ignorant Serillëiel avec un dédain que n'eut renié le plus prétentieux des elfes, il s'inclina vers la princesse et se saisit de sa main pour la gratifier d'un baise-main selon toutes les règles de l'art.
« Esmelda Kohan, princesse des Hommes, un nom qu'il est difficile de ne pas connaître. Je suis honoré de me trouver en si prestigieuse compagnie, altesse. »
Il se redressa, la couvant discrètement du regard avant de consentir à laisser ses yeux alterner entre les visages des deux tourtereaux et de reprendre :
« J'ai ouï dire que vous aviez été promise en mariage aux elfes... »
L'avantage étant qu'il n'avait pas vraiment eu à se forcer pour teinter sa voix d'une certaine forme de tristesse et de dépit, néanmoins celle-ci se fit plus froide et hautaine lorsqu'il s'adressa finalement directement au sylvain :
« Seriez vous l'heureux élu, Serillëiel ? »
Certainement pas la manière la plus courtoise de poser la question, mais tout comme lorsqu'il s'était trouvé face à Elrond, le renégat avait eu tendance à perdre toute notion de tact et préférait clairement mettre les pieds dans le plat sans attendre dès lors qu'il se retrouvait à aborder le sujet du mariage imposé à son aimée. L'essentiel était de provoquer des réactions suffisamment vives que pour lui permettre de savoir à quoi s'en tenir, et si le dragonnier elfique ne lui avait finalement pas donné de raison de s'inquiéter outre mesure, que du contraire même, le comportement de ce nouveau rival avait eu tout lieu de le préoccuper. |
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| Sujet: Re: Quand maintes convictions se confrontent... [Terminé] Dim 27 Oct 2013 - 19:17 | |
| Non il n'y avait pas de mal. Pas vraiment. Disons qu'il aurait certainement une bosse, qu'il parviendrait bien à soigner lui-même au calme... ou qu'il laisserait tout simplement se résorber naturellement si jamais sa magie lui faisait encore défaut ou si la flemme le prenait. Mais non, pas de mal, pas vraiment. Il avait vécu bien pire, ses nombreuses cicatrices en témoignaient aisément pour lui. Il se contenta toutefois de répondre d'un simple signe de dénégation accompagné d'un léger grognement mécontent, sans pour autant lâcher des yeux l'inopportun.
Il se surprit à grogner plus encore sa désapprobation quand la jeune femme prit à son tour la parole.
« -Je suis pour ma part Esmelda Kohan. »
Déjà qu'à la simple présence du vampire, tous ses instincts de défense étaient à l'affût, alors que dire quand il entendit ses mots de la part de la belle Esmelda ! Était-elle donc inconsciente de se présenter comme cela ? Une Kohan, ainsi, en présence d'un vampire, sans autre garde pour la protéger qu'un vieil elfe encore éprouvé ? Inconsciente oui. Certes, le serment baptistral était censé les protéger, mais Eliowir préférait ne pas se reposer entièrement sur ce dernier. Même s'il avait eu l'expérience de comment ce serment fonctionnait, il préférait rester aussi sur ses gardes. D'autant plus avec une tourterelle aussi effrontée et impétueuse, et si importante pour la communauté de ces petits humains, à ses côtés. S'il avait été seul... Cela aurait importé peu. Mais là... Il se sentait le devoir de la protéger. Quand bien même il ne la connaissait que depuis quelques minutes à peine.
Quant à la politesse vampirique.... Peuh... Foutaises oui ! Il la connaissait, lui, leur soit-disant politesse, Dracos merci. On ne pouvait jamais se fier à de si viles créatures, toujours prêtes à fondre sur vous au moindre signe de faiblesse. Jamais s'y fier ? siffla une petite voix traitresse en lui. Vraiment jamais ? Alors pourquoi t'être fié au bel Achroma ? Mais non, Achroma c'était autre chose. Le millénaire était tout autre, différent. Oui, différent. Oh oui, différent... Mmh... Si différent... Mais peut-être y'en avait-il comme lui ? Peut-être y avait-il d'autres vampires différents ? Vraiment ? Était-ce seulement possible ? Possible... Mais il n'avait aucune preuve de ce possible. Et ce vampire-là ne paraissait pas vraiment dans les possibles. Non, pas dans les possibles différents... Vraiment ? Ne pouvait-il être dans les possibles ?
Tout à son tumulte intérieur, il n'entendit que vaguement l'autre se présenter. Ce nom... Ce nom lui disait vaguement quelque chose. Il l'avait déjà entendu quelque part. Mais où ? Il n'eut malheureusement guère le temps de fouiller sa mémoire, que l'autre poursuivait, chaque mot prononcé par la créature de nuit faisant se hérisser l'elfe en lui. D'autant plus quand il vit l'autre l'ignorer royalement... pour prendre la main de la princesse et lui offrir un baise-main. Il tenta de réfreiner la pulsion qui lui dictait d'écarter la dangereuse créature de la princesse. "Serment, serment", tenta-t-il de se raisonner... "Il ne peut normalement l'agresser en ce lieu". Il ne put s'empêcher cependant de guetter chaque geste, les muscles tendus à l'extrême, prêt à intervenir à la moindre incartade, au moindre danger. Ses yeux fous devaient parler pour lui, devaient exprimer sa peur et son appréhension, ses doutes aussi.
Et soudain...
« Seriez vous l'heureux élu, Serillëiel ? »
S'ils avaient été en d'autres circonstances, nul doute qu'il aurait ri au nez du fou qui aurait osé proférer une telle hypothèse et poser une telle question. Il se préparait à répondre ouvertement à l'autre et à lui montrer quelle était l'ampleur de sa stupidité : lui, l'Infanticide, Banni de son peuple, heureux élu pour épouser la princesse du peuple humain ? Il fallait être fou ou ignorant pour oser telle idée. Ou les deux.
Mais l'éclat de... d'il ne savait quoi... qu'il lut dans les yeux du vampire le ravisa. D'ailleurs de quoi donc se mêlait cette vile créature ? En quoi les affaires des Hommes et des Elfes concernaient un vampire ? Stupide petit vampire joufflu... Odieux suceur de sang qui osait se mêler de ce qui ne le regardait pas. Et à cette pensée, un sourire cynique ourla ses fines lèvres en un rictus des plus méprisants, avant que sa voix grave voilée d'arrogance nonchalante ne susurre en une caresse empreinte de suavité empoisonnée :
- Cela se pourrait peut-être. Ou peut-être pas. Il est en tout cas une chose de sûre, Sire... Kylian Wallam.
Que l'autre soit impoli était une chose, mais il ne serait pas dit qu'il ferait fi des convenances, même envers un tel être indigne de lui et des siens. Même si le nom fut prononcé avec un mépris des plus évidents.
- Aucun vampire ne pourra prétendre être l'heureux élu d'une telle union bénie du Dracos. Une union qui d'ailleurs, il me semble, ne vous regarde nullement. Ou bien peut-être nous cachez-vous quelquechose, messire ? Pourquoi cette union vous intéresserait tant, vous qui appartenez au peuple de la nuit ? D'ailleurs comment donc êtes-vous parvenu à vous infiltrer en ce lieu ? Seriez-vous là pour espionner la digne famille des Kohan afin de justement mettre fin à cette belle et noble alliance qui se prépare ? Seriez-vous donc jaloux Sire Wallam, jaloux d'une union que jamais vous ne pourrez espérer ?
Et se disant, ses traits se figèrent en une expression de mesquine victoire, avant qu'il ne reprenne, cette fois d'un timbre grondant, répondant aux échos de son totem en lui :
- Quoiqu'il en soit, je vous prierai de prendre vos distances avec son Altesse Kohan, ou vous risqueriez de tâter de la sombre colère du possible heureux élu que je suis.
Et à ses mots, voletèrent dans son regard nuit les milles promesses d'une folle sauvagerie, de cette même sauvagerie qui avait fait de lui un redoutable guerrier sur les champs de bataille. En cet instant précis, il suffirait de peu pour qu'il morde la créature lui faisant face, afin de lui faire ravaler l'affront qu'elle osait lui faire depuis son arrivée. Il ne serait pas dit qu'un vampire soit parvenu à agresser une princesse en sa présence...
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| Sujet: Re: Quand maintes convictions se confrontent... [Terminé] Dim 3 Nov 2013 - 12:48 | |
| L'ironie de la situation aurait pu être très drôle si la jeune princesse n'avait pas en tête d'aller voir le prince vampirique et lui demander des comptes quand à la présence d'esclaves humains dans ses filets. C'était vrai, imaginez votre fiancé, amour de trois années, entrain de se présenter à vous et jouant les amoureux jaloux face à un elfe serviable. Mais jouait-il vraiment ?? Esmelda se posait bien la question, car au travers de ses yeux il y avait un mélange d'amusement et de reproche quand à se trouver ici, dans une bibliothèque, seule en compagnie d'un homme, autre que lui. La jeune femme ne l’espérait pas, le temps n'était pas à ce genre de reproches ni même à penser à quelconque jeu de séduction, quand des membres de son peuple son privé de leur liberté au sein du sanctuaire de l'alliance des trois races pour la paix. Il y avait là quelque chose de paradoxale.
Mais apparemment si. Kylian mettait sur le tapis son mariage elfique. Comme si le sujet n'était pas assez douloureux pour elle, assez gênant, il fallait que le vampire revienne à parler de cela avec un parfait inconnu mettant la princesse dans un embarras sans nom et une tristesse lisible dans ses yeux. Cette confrontation vampirique/elfique, cet combat de basse-cour donna un ton bien plus froid à la douce voix de la princesse, et il lui fallait bien vite sortir de ce guêpier en les laissant tout deux à leur querelle adolescente.
« - Vos oreilles sont bien informées. En effet, un mariage inter-racial sera bientôt célébré au cœur de ce sanctuaire bénit des esprits. »
Mais ce n'était sans compter sur la gentillesse et la galanterie de son interlocuteur et soigneur. Elle qui avait eut des appréhension depuis son arrivée sur l'accueil des elfes pour une petite humaine venant vivre chez eux n'avait eut à aucun moment à souffrir de la méchanceté de sa condition de mortelle éphémère. Non, bien au contraire, on lui avait ouvert les portes du savoir, Esmelda avait été traitée avec bien plus de bienveillance qu'elle avait pu parfois l'âtre au sein de son propre palais. Ou bien les elfes étaient bien plus discrets quand aux critiques.
Bref quoiqu'il en soit pas le temps aux bavardages inutiles quand la vie d'êtres humains est en jeu. Même si la tirade de l'elfe soigneur lui donna un coup au cœur. Oui, aucun vampire ne pourrait prétendre à avoir officiellement la main de la princesse. Aucun vampire n'aurait jamais l'aval de se trouver aux côtés de la jeune femme. Mais le vieil elfe touchait peut là la corde sensible. Oui Kylian était sûrement jaloux d'une union inter-raciale dont il ne pouvait pas prétendre ne serait-ce que l'idée.
Esmelda posa sa main sur le bras de l'elfe en espérant qu'il n'y ait pas à en arriver bien plus que des mots.
« - Il n'est nul besoin d'en arriver à cette extrémité. Nul personne ne pourra annuler cette union. Les insultes ne sont donc pas de rigueur, surtout à la veille de négociation prônant notre unité pour la paix. »
Est-ce que la voix de la princesse se ferait entendre ? Au milieu d'un lion imposant son autorité et d'un faucon jouant de ses serres pour défendre le moineau en cage. Ce n'était pas gagné, une fois les fauves lâchés aller leur dire de rentrer les griffes. |
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| Sujet: Re: Quand maintes convictions se confrontent... [Terminé] Mer 6 Nov 2013 - 19:04 | |
| Cela ne lui ressemblait pas, il en avait pleinement conscience, et il n'était pas difficile de comprendre qu'Esmelda n'approuvait pas du tout sa conduite face au sylvain, mais le vampire ne pouvait s'empêcher de ressentir une certaine forme de satisfaction devant le regard que posait sur eux l'elfe balafré. A chacun son tour d'avoir envie de bondir à la gorge de l'autre pourrait-on dire, encore que le dénommé Eliowir n'avait en vérité pas la plus petite idée de ce que la princesse représentait aux yeux du vampire. Et même s'il ne doutait pas que la tête qu'afficherait le sylvain devant pareille révélation vaudrait le détour, Kylian n'avait certainement pas l'intention de laisser filtrer la moindre bribe de confidence sur le sujet. Pas volontairement en tout cas, et la maîtrise qu'il avait de lui-même fut d'ailleurs rudement mise à l'épreuve lorsque l'autre lui répondit évasivement, à grands renforts de 'peut-être'. Le vampire ne pouvait s'en prendre qu'à lui même pour avoir amené sur le tapis le sujet du mariage, mais Dracos lui en soit témoin s'il avait pu prévoir se retrouver en face de ... d'un ... de ça ! Lui qui était censé avoir le sang froid au propre comme au figuré avait l'impression très nette que le liquide qui s'écoulait dans ses veines venait brusquement d'entrer en ébullition.
Il ne pouvait pas savoir. Il ne pouvait pas se douter. C'était l'ignorance qui pavait les mots de Serillëiel. L'ignorance, et l'intolérance caractéristique qui envenimait depuis si longtemps les relations entre les peuples d'Armanda. Une vraie plaie au regard du renégat aux idées... novatrices. Chaque muscle du visage du vampire se figea tandis que sa mâchoire, contractée à s'en briser, ne rêvait que de s'ouvrir en grand pour prononcer, pour hurler même, les mots fatidiques. Assurément, cela serait une gifle magistrale adressée aux certitudes de bas étage du sylvain et la plus belle revanche dont Kylian aurait pu rêver. Mais il ne pouvait pas. Il ne devait surtout pas. Pour Esmelda, qui aurait bien trop à souffrir des retombées de cet amour interdit si cela devait se savoir. Alors, s'accrochant désespérément à cette petite pointe de raison qui survivait encore dans son esprit noyé par les pulsions sanguinaires plus meurtrières les unes que les autres dont l'abreuvait la face sombre de son être, le renégat serrait les mâchoires pour s'empêcher de parler. Son regard quitta un bref instant le visage de l'elfe pour se plonger dans celui de la princesse et y puiser le surplus de force de caractère qui lui faisait défaut à cet instant. Une seconde, deux tout au plus, fut tout ce qu'il put se permettre car déjà, la peur de s'être dévoilé l'étreignait.
Ne pas céder. Laisser glisser les paroles du sylvain et ne pas y accorder d'attention, elles n'en valaient pas la peine. Il en était capable, il avait à peine 200 ans, un âge dérisoire pour ceux de son peuple, et pourtant il était parvenu à dompter la soif sanglante que lui imposait sa malédiction aussi bien, voire mieux, que certains millénaires. Alors ce n'était pas un vieil elfe obtu qui allait le faire sortir de ses gonds. Enfin, pas totalement. Mais si Esmelda ne pouvait pas se permettre d'avouer au monde que son coeur battait pour un vampire, Kylian, lui, était déjà traqué et recherché plutôt mort que vif par son peuple et considéré comme un monstre par les deux autres. Alors, un peu plus ou un peu moins... Décrispant prudemment ses maxillaires, le rebelle mesura avec soin ses paroles, teintant sa voix d'une assurance certaine et d'un mépris clairement affiché pour les mots qu'avait tenu l'elfe :
« Et bien figurez vous que oui, Serillëiel, je suis jaloux. Jaloux, et surtout profondément attristé de constater qu'un représentant elfique, peuple dont la sagesse est réputée sur tout le continent, fasse montre d'un esprit aussi étriqué. Car au risque de vous décevoir, vous apprendrez que tout vampire que je sois, j'ose bel et bien prétendre à une telle union. »
Il laissa s'écouler une seconde, son regard sévère braqué dans celui du sylvain, avant de reprendre en haussant d'un cran le ton, sans crier pour autant mais manifestement sans craindre d'être entendu.
« Parfaitement, j'aime une humaine qui m'aime en retour, je suis fier de cet amour et en dépit de l'opinion de gens comme vous, nous souhaitons voir notre union bénie par le Dracos. J'ajouterais même que nous croyons ardemment qu'un jour viendra où les discours tels que celui que vous venez de tenir seront perçus pour ce qu'ils sont : un tissu de stupidités antique et dégradant tout juste bon à satisfaire quelque arriéré intolérant. Le monde évolue, Serillëiel, et il serait temps pour vous d'évoluer avec lui.
Alors oui, je m'intéresse aux unions entre les races, bien plus que vous ne pouvez l'imaginer visiblement. »
Tout du long de sa réponse, Kylian avait martelé du bout de son index le poitrail du balafré, insistant particulièrement chaque fois qu'il avait prononcé le mot ''vous''. Ramenant son bras contre lui, il ajouta d'une voix plus posée :
« Et ravalez vos accusations : je ne me suis pas infiltré en ces lieux, c'est le Gardien du sanctuaire lui-même qui m'a autorisé à me déplacer librement sur le domaine. Si cela vous pose un problème, allez donc vous expliquer directement avec lui. »
Après un dernier regard empli de défi à l'adresse du sylvain, le renégat vampire se tourna vers la princesse qui venait d'adoucir l'atmosphère au son de sa voix. Un nerf tressaillit toutefois dans sa joue lorsqu'il la vit poser la main sur le bras du balafré, mais s'efforçant de ne pas y accorder plus d'attention que nécessaire, il inclina le buste vers son aimée pour lui répondre d'une voix aussi calme et paisible que possible :
« Votre Majesté est sage. Qui qu'il soit, il est heureux pour votre futur époux que de se voir prendre pour épouse une femme à l'esprit aussi éclairé, et je ne doute pas que vous le comblerez de bonheur. »
Fallait-il préciser qu'à cet instant, il ne pensait pas du tout au dragonnier elfique à qui la princesse avait été promise ? |
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| Sujet: Re: Quand maintes convictions se confrontent... [Terminé] Dim 10 Nov 2013 - 20:02 | |
| « - Il n'est nul besoin d'en arriver à cette extrémité. Nul personne ne pourra annuler cette union. Les insultes ne sont donc pas de rigueur, surtout à la veille de négociation prônant notre unité pour la paix. »
Que de sagesse dans ces paroles-là, songea soudain le vieil elfe, plus que décontenancé. De tous trois, il devait être le plus âgé, et sans nul doute le vampire était-il plus que centenaire aussi. Et de tous trois, c'était une jeune humaine, ayant tout juste dépassé quelques décennies, qui leur faisait la leçon ? Et quelle leçon ! Toute empreinte de modestie non feinte, de sincérité, et pourtant de réelle conviction... Oui, leçon. Un peu dure à encaisser, pour lui arrogance née. Mais une leçon qu'il se garda bien de rembarrer. Cela ne sonnait que trop juste, il devait bien l'avouer. Il ne put toutefois répondre à ces paroles et dut se contenter d'acquiescer doucement d'un simple signe de tête, préférant ne pas laisser sa voix trahir sa colère rugissante.
Mais c'était compter sans l'impudence de la détestable créature à leurs côtés. Sans nul doute, sans elle, aurait-il dévié la conversation sur un autre chemin moins scabreux. Et ce en faisant l'incommensurable effort d'outrepasser le fait qu'on l'avait accusé à tord de faits qui n'étaient pas. Outrepassant le fait que ce "on" n'était nul autre d'ailleurs qu'un vampire, créature honnie, mystérieusement accepté en ces lieux pourtant censés être protégés... Oui, il aurait été prêt d'outrepasser tout cela et de faire revenir la conversation sur des terrains moins hostiles, si seulement..
Si seulement la vile créature ne s'était pas avisée de lui faire une leçon de morale. Mais s'il avait écrasé sa folle fierté pour admettre la leçon, délicate au demeurant, donnée précédemment par la jeune princesse, le lion en lui n'y tint plus et rugit de plus belle face à l'outrecuidance que l'autre lui offrait. Etriqué ? Lui ? Oui, bon peut-être. Un peu. Juste un peu. Un étriquement toutefois qu'il commençait à ouvrir à d'autres visions, n'en déplaise au vampire. Tissu de stupidité antique ? dégradant ? Arriéré ? Quel autre épithète allait-on lui offrir encore ? Oui, sa vision des choses, il le savait, en avait pris conscience ces cent trente années d'errance et plus spécialement tout récemment, était erronée, tronquée, "étriquée", un peu arriérée, du moins dépassée... Oui les choses avaient évolué, et évoluaient encore... Oui ses idées sur les autres peuples étaient fausses, du moins en partie, parfois en grande partie, toutes conçues d'anciens mythes et d'anciennes haines... Oui, tout cela il voulait bien le concéder. En son for intérieur. Eventuellement à quelques rares élus qui ne lui cracheraient pas ses vérités en plein visage de façon si méprisante...
Mais non, il ne les concéderait pas, pas ainsi, à ce petit prétentieux, à ce mécréant de vampire. Qui était donc ce Wallam pour oser lui parler ainsi ? Pour oser le juger alors même qu'il n'avait rien fait ni dit qui lui vaille tant de vindicte ? Furieux oui, outragé. Maitre arrogance se redressa et toisa l'abomination qui lui faisait face, car oui en cet instant le vampire ne redevenait qu'une exécrable abomination. Il laissa l'autre finir son long laïus, avant d'enfin susurrer son propre venin, de cette voix grave et profonde, vibrante de l'outrage qu'il ressentait, grondante de sa colère rugissante :
- Quel beau discours que celui-là. Et quelle douce utopie aussi. Sachez, maitre es leçon de soit disant tolérance, que, quelque soit mes intimes convictions, quelque soit ma soit disant sagesse elfique, quelque soit mon esprit étriqué et arriéré, il n'est pas bon non plus de se bercer d'utopies irréalistes. Voyons la vérité en face, sans même s'arrêter à nos propres idées ou convictions... et voyons que le temps n'est encore qu'à une tentative de trêve. De paix oserait-on espérer. Mais de là, à parvenir alors parler d'alliance... de mariage...
Oui, tentons de voir les choses froidement, sans un tintement de convictions. Juste les faits. Les possibilités actuelles. Et non celles à venir dans le lointain avenir.
- L'évocation seule d'une union entre elfes et hommes, d'un mariage entre ces deux races, un mariage alors malheureusement stérile, cette seule évocation déjà fait rugir les plus grandes inquiétudes et les plus ferventes convictions protectionnistes. Alors que dire d'une union entre humains et vampires... Une union qui n'est pas sans danger, vous ne pouvez le nier, une union redoutable et redoutée, pour l'être humain lié surtout. Qu'il est facile pour vous, si fier prédateur de nuit, d'oser prétendre une telle union, mais qu'en est-il pour votre compagne ? Pour votre possible... promise... ?
Ce mot lui fut arraché de mauvaise grâce. Mais il voulait aller jusqu'au bout de son exercice.
- Vous êtes-vous déjà mis une seule fois à la place de l'humaine que vous convoitez ? Osons imaginer qu'elle soit effectivement attachée à vous au point de vouloir, de plein gré, de cette union... Vous êtes vous mis une seule fois à sa place et avez-vous songé à tous les risques encourus pour elle ? Non immunisée peut-être... non protégée contre vos paires qui peut-être, sûrement même, ne partagent pas tous vos convictions si belles... si utopiques...
Il s'arrêta un instant, le souffle lui manquant étrangement. A croire qu'il était encore quelque peu éprouvé par les épreuves passées. Ou peut-être n'avait-il plus l'habitude de ces longues harangues, de ces longs discours... ou peut-être l'âge, allez savoir. Il sentait effectivement son rythme s'accélérer presque anormalement. Pourtant, il ne se sentait en cet instant ni en danger, ni soumis à un effort intense... Mais le sang lui battait aux tempes, il sentait ses mains presque trembler, et son pouls ne parvenait à se calmer. Peut-être aussi le martèlement dont son torse venait de faire l'objet... C'était que le vampire avait de la force et n'y était pas allé de mains mortes non plus.
Hors de question toutefois qu'il se taise, quelque malaise qu'il puisse faire. Il reprit donc, après un lourd soupir, forçant sa voix à garder un ton maitrisé, quand bien même la colère pulsait encore en lui.
- Avant de construire de tel rêve d'union, construisez donc l'avenir qui vous permettra de conclure une union sûre et non mal venue. Construisez donc un avenir où votre peuple, et ce dernier nom fut prononcé fortement, ne sera plus considéré comme un danger mais comme un allié. Un allié sûr et non un prédateur sans une once de remord. Construisez donc un avenir où paix sera le mot d'ordre et non plus guerre. Alors, seulement alors, de telles unions pourront voir le jour. Alors, seulement alors, l'humaine que vous dites... aimer...
Qu'il lui était difficile d'accorder ce mot. Il n'y croyait guère, mais dans sa volonté de démontrer, il se devait cette concession là.
- pourra s'unir à vous librement sans crainte pour sa vie ou son âme.
Pâle. Il se sentit pâlir sans qu'il ne sache bien pourquoi. Les battements étaient toujours aussi frénétiques, et il sentait une suée froide s'insinuer le long de son front, le long de son dos... Sa vision manquait de peu de se brouiller... Jusqu'à ce qu'il secoue la tête, agacé de cette faiblesse qu'il ne comprenait d'ailleurs pas, et qu'il souffle un grand coup, tout en écartant un peu rudement le vampire.
La promiscuité... si proches, et pourtant si loin tous deux... L'étouffement de la pièce peut-être aussi... Une pièce fermée... comme il n'en avait plus connue depuis si longtemps... Oui, de l'air frais...
D'un pas rapide, il s'approcha alors de la fenêtre, et l'ouvrit en grand, pour en inspirer les vagues de vent qui vinrent à lui. Mieux... Il se sentait mieux soudain. Ses sens revenaient à la normale. Son cœur semblait également redevenir plus conciliant et plus calme.
Lentement, toute arrogance envolée soudain sous son éclat de fatigue, il se retourna lentement vers le vampire, un air toutefois de profond agacement teinté de léger mépris s'ancrant sur ses traits crispés et ravagés.
- Quant à mes propres idées, convictions ou pensées... Je ne vous permet pas de les juger. Vous ne savez guère ce qu'elles peuvent bien être. Oui, elles vous semblent peut-être arriérées, mais si vous souhaitez les combattre, peut-être vous faudrait-il d'abord les entendre et tenter de les comprendre. Pour trouver ensuite les arguments y faisant face. Ce n'est pas en insultant les convictions des autres que vous parviendrez à les convaincre, jeune impudent.
Un lourd soupir lui échappa de nouveau. Avant qu'il ne se décide à ajouter, non sans une légère hésitation.
- Vous auriez bien à apprendre de certain millénaire. Qu'il est dommage qu'il ne soit pas votre précepteur, il pourrait vous ouvrir certains horizons.
Il pensait bien entendu à un certain Achroma. Il se garda bien toutefois de prononcer son nom.
Tout à son discours toutefois, il n'avait plus fait attention à la princesse, tout concentré qu'il était sur le vampire. |
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| Sujet: Re: Quand maintes convictions se confrontent... [Terminé] Mer 13 Nov 2013 - 23:05 | |
| Au fur et à mesure que Kylian parlait, Esmelda avait le visage qui se décomposait. Certes pour Eliowir, cela passerait pour la peur de la princesse humaine pour une des siennes, un des êtres de son peuple. Pour Kylian, son amant comprendrait bien qu'il ne fallait pas qu'il pousse le bouchon trop loin, et qu'il en dévoile bien de trop. Il était une chose qu'il avoue son amour pour une humaine, mais ne serait-il pas trop aisé par la suite de le voir dans l'entourage de la princesse et de voir en elle cette amante humaine mystère ? Un regard noir de mécontentement apparut sur son visage fin. Seul Kylian pouvait le voir, heureusement, car il n'était rien que pour lui. Il avait beau mettre les formes et elle devait se sentir trop proche de son histoire pour ne pas se sentir gênée des mots du vampire. Il fallait bien trouver une fin à cette discussion, changer de sujet, trouver une parade. Mais elle ne vint pas et la dernière phrase de Kylian, pourtant d'une gentillesse sans nom, malgré l'ironie de la situation, agaça la princesse. Pourquoi ? Il ne fallait pas chercher, mais dès que Kylian mentionnait son mariage à peine voiler avec Elrond, même en détournant là le destinataire, la ramenait à sa condition de princesse, de simple objet de politique. Un joli pion qu'on déplace.
Mais dès que Eliowir Serillëiel prit parole, sa condition de pauvre malheureuse de l'empire s'évapora de son esprit de jeune fille pour revenir à leur discussion première. Puis cela l'agaçait de les entendre débattre et faire les coqs de basse court depuis l'arrivée de Kylian. Certes le fond du discours était d'une importance vitale aux yeux de la princesse, mais la forme par la force des mots, de la présence, un instant elle se revit à la cour du palais. Alors comme à la cour, elle profita que l'elfe discours et que Kylian soit concerné au premier plan par le sujet pour se mettre en retrait et quitter à petit pas la pièce. Qu'ils se débrouillent, elle avait bien mieux à faire. Ne pas se soucier de ses propres soucis, de son amour pour un vampire et ce que pouvait en penser un elfe, alors que non loin d'elle, des membres de son peuple sont privés du simple fait d'être libre. Un comble à l'aube de négociations pour la paix. Comment construire la paix en empêchant la liberté. Non, la princesse humaine ne pouvait l'accepter.
Esmelda ne ferma même pas la porte pour ne pas causer le moindre bruit et s'engouffra dans les couloirs afin de se rendre au plus vite auprès de la délégation vampirique. Elle devait parler au prince des vampires. Même si la jeune femme savait bien que Wintel allait lui rire au nez. Mais qu'importe, la jeune Kohan devait tenter. Qui ne tentait rien n'avait rien ! Et ce n'était pas du genre de la jeune femme de rester statique à ne rien faire. Et Wintel pouvait bien rire, se moquer, de toute façon, il n'avait pas le même genre d'humour.
Le domaine du feu avait été celui qu'elle avait évité le plus jusque là, mais il était inévitable, qu'elle se retrouve à un moment ou un autre face à son ancien bourreau. Leur dernière rencontre, la princesse et le prince s'était fini par le bras cassé de la jeune femme. Et ça ce n'était que le bon côté de cette rencontre. Alors comment finirait celle-ci. Une chance que se soit dans le domaine baptisrel. Car rien que sa première demande à l'entrée de la demeure temporaire des vampires semblait une farce de mauvais goût. La princesse humaine alpaguant un vampire et lui demandant audience auprès de leur prince. Rien que ça lui aurait valu un voyage direct vers l'esprit de la mort. La jeune princesse attendit dehors que le prince vampirique daigne sortir de son antre pour lui accorder audience.
Une chance il accepta, sûrement par curiosité. Qu'est-ce que pouvait bien lui vouloir la petite Kohan. Elle ne pouvait que le comprendre. D'un signe poli de tête, elle le salua.
« - Rassurez-vous cher prince, je ne prendrai guère de votre temps. Mais il est venu un sujet dont je voulais m'entretenir avec vous. »
Il était drôle comment l'assurance s'affichait sur son visage et sa voix posée, alors que son cœur battait à la chamade. Bien sûr, elle se doutait bien que le prince l'entendait. Les choses auraient été bien différentes sans le serment. Et les deux protagonistes le savaient bien. Mais en même temps, Esmelda avait une force de courage et de caractère qui lui confinaient une assurance parfois troublante.
« - Il est venu à mes oreilles que vous aviez auprès de vous des esclaves, des prisonniers, notamment humains. En tant que princesse, je ne puis accepter une telle chose au cœur de pourparlers de paix. » |
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| Sujet: Re: Quand maintes convictions se confrontent... [Terminé] Dim 17 Nov 2013 - 19:57 | |
| Il était troublé, et pensif. La journée avait été riche en événements et en découvertes à commencer par tout ce qu'il avait apprit de l'Alayien et qui continuait à tourner dans sa tête au rythme de ses réflexions sur le Néant. Mais ce n'était pas tout, et ce sujet qui aurait dû être le plus important à ses yeux prenait une place bien secondaire face à son autre préoccupation. Ambre... Une fois encore la petite humaine concentrait toute son attention et prenait le temps qu'il aurait dû plutôt consacrer à ses préparatifs pour les négociations du lendemain. Il tenait ses vampires d'une main de fer et c'était heureux car certains commençaient à murmurer au sujet de l'importance que leur prince semblait consacrer à son esclave, sans doute espéraient-ils qu'il ne les entendait pas... Il faudrait sans doute y mettre de l'ordre bientôt.
En attendant il continuait à s'interroger et plus encore depuis les doux moments qu'il venait de partager avec la petite étoile pendant toute cette fin d'après midi. La bête en lui ronronnait car elle avait été rassasiée de sang mais son bien-être n'était pas seulement dû à cela. Il avait aimé passer du temps avec elle, elle s'avérait une élève appliquée en plus d'un être à l'esprit aussi vif que passionnant. Ses réactions étaient toujours des plus imprévisibles, parfois amusantes, le plus souvent touchantes pour peu qu'il puisse être touché, lui, le prince vampirique. D'autres en auraient rit sans doute, mais peu d'êtres le connaissaient vraiment ou connaissaient plus que ce qu'il voulait bien leur montrer. A elle, il avait montré un autre visage et cela le reposait de mettre de côté quelques instants la haine et la fureur qui l'habitaient depuis la mort d'Enelya. Auprès d'elle il pouvait s'accorder ce luxe et le bonheur intense qu'il avait ressentit en voyant le plaisir qu'elle avait eu à recevoir son dernier cadeau lui avait presque coupé le souffle. Depuis combien de temps n'avait-il plus été heureux ? Même pour deux secondes, cette sensation était assez précieuse pour qu'il meure désormais d'envie de la connaître à nouveau.
Bon bien sur, cela ne voulait pas dire grand chose. Son coeur était mort en même temps que son aimée et même si il ne pouvait désormais plus nier ressentir un certain attachement pour sa petite esclave ce n'était pas une raison pour laisser courir des rumeurs absurdes. Ambre devait rester à sa juste place, et lui-même avait des préparatifs à faire pour le lendemain. C'est au moment même où il se disciplinait pour travailler enfin que l'on frappa à sa porte. Cette interruption alluma une lueur agacée dans ses prunelles mais c'est d'une voix calme qu'il ordonna :
"Entrez."
Un garde s'afficha alors dans l'encadrure, apparemment surprit lui-même de ce qu'il avait à lui annoncer :
"Esmelda Kohan, princesse des Hommes sollicite une audience mon Prince."
Etrange surprise que celle-ci... Leur dernière rencontre s'était soldée par un bras cassé et un kidnapping avorté. Il aurait plutôt pensé qu'elle soit du genre à l'éviter désormais, que pouvait-elle bien lui vouloir ? Ce fut la curiosité plutôt qu'autre chose qui le décida.
"Fais la patienter."
Le garde claqua des talons avant de disparaître, le laissant seul avec ses pensées. Il allait accepter cette audience donc, même si il aurait été très amusant de l'ignorer royalement afin de bien lui faire comprendre qu'aucune princesse n'avait grace à ses yeux dès lors qu'elle était humaine. Mais il voulait savoir, et cela ne lui coûtait pas grand chose. Il se leva donc et enfila plus par habitude que par véritable nécessité la cape noire qui complétait sa sombre tenue. Ne souhaitant pas la recevoir dans ses appartements, il en sortit d'un pas aussi nonchalant que silencieux pour se rendre dans le petit salon qui se trouvait à l'entrée du sanctuaire. Il entendit le coeur précipité de l'humaine avant même de passer le seuil et l'odeur sucrée de son peuple lui chatouilla assez les narines pour allumer une flamme méprisante dans l'acier de ses prunelles. C'est pourtant avec une parfaite et onctueuse courtoisie qu'il la salua, s'amusant de la précipitation outrée avec laquelle elle en vint au vif du sujet.
"Mon temps n'est pas si précieux que je ne puisse l'offrir à une princesse. D'autant plus que notre dernière rencontre a été trop rapide pour que nous puissions vraiment échanger... Ou pas dans le sens voulu..."
Voluptueusement ironique, son regard s'attarda sur le bras fragile avant de remonter vers les yeux sombres. L'acier de ses prunelles se fit plus tranchant lorsqu'il en vint au sujet sensible et c'est avec un plaisir non dissimulé qu'il ronronna :
"Et donc ? Je suis sommé de les relâcher ? Par... Esmelda Kohan ?"
Il haussa un sourcil en prononçant son nom, affectant avec dérision de réfléchir au sens de tout cela et au fait qu'une petite humaine puisse venir le trouver dans son antre pour exiger quoi que ce soit de lui. Après quelques secondes de réflexion feinte, il haussa les épaules comme si il abandonnait l'idée de chercher à comprendre :
"Je dois avouer que je comprend mal cette démarche. Mais c'est assez divertissant."
Un demi sourire étira ses lèvres fines tandis qu'il attendait patiemment sa réponse, la sondant avec gourmandise comme le prédateur qu'il était. |
| | | Kylian WallamMon identité Mes compétences
| Sujet: Re: Quand maintes convictions se confrontent... [Terminé] Sam 23 Nov 2013 - 14:22 | |
| Lorsque son regard croisa celui de la princesse, Kylian eut la désagréable sensation d'un coup de poignard dans le dos, porté précisément au niveau du coeur. Elle était contrariée et cela se voyait, sans doute pouvait-on même user des mots très en colère pour qualifier les émotions qui animaient ce regard ardent qu'elle posait sur lui. Mais pourquoi ? Il n'avait fait que dire la vérité tout en voilant l'identité exacte de son aimée, après tout, ce n'étaient pas les humaines qui manquaient sur les terres de l'Empire et un esprit aussi borné que celui du sylvain balafré serait bien incapable de considérer la princesse comme une candidate potentielle. Ce qui d'ailleurs n'en rendait ses points de vue archaïques que plus ridicules encore. Évidemment, le vampire n'avait pas attendu de la princesse qu'elle leva le voile sur le secret de leur relation, mais à travers ses mots, il avait composé une perche tendue qu'il avait espéré voir saisie par son amour, une occasion pour elle de le soutenir face à la verve elfique, de montrer à Serillëiel que les espoirs du renégat n'étaient pas vains et que les humains pouvaient bel et bien accepter les vampires. Elle n'en avait rien fait cependant, et s'était contentée d'un mutisme froid et distant, préférant même s'éclipser dès lors que l'elfe reprit la parole. Elle l'abandonna sans un mot, sans un geste, avec seulement ce regard sombre qu'elle lui avait administré, et ce fut au tour du rebelle de sentir éclore les graines de l'exaspération. Les retrouvailles du soir, à l'abri des regards indiscrets et des oreilles trop curieuses, seraient assurément riches d'explications et promettaient de belles étincelles. Plus encore qu'il ne devait le croire à ce moment d'ailleurs.
Sans plus s'inquiéter de ce que pouvait bien aller faire la princesse, Kylian ramena son attention sur l'elfe qui s'efforçait de dompter sa colère pour répliquer froidement dans ce qui semblait de plus en plus évoluer vers une véritable joute verbale. Adroitement distribués, tels les assauts d'un lutteur pugiliste, les mots du sylvain portèrent sur les convictions du renégat avec beaucoup plus d'efficacité que celui-ci n'aurait voulu l'admettre. Cela faisait en effet fort longtemps qu'il n'avait plus été habitué à s'entendre répondre de la sorte, les mœurs propres à la brutalité vampirique ayant plus souvent tendance à résoudre ce genre de désaccord par la violence, celui dont la botte écrasait le visage de l'autre obtenant gain de cause. Étrangement, le vampire aurait ainsi beaucoup plus facilement encaissé les coups et autres menaces à son intégrité physique, mais au contraire des adversaires habituels du renégat, le sylvain préférait certainement manier les mots. Quoiqu'il n'aurait pas été surpris outre mesure de le voir lui sauter à la gorge s'il n'y avait eu le serment baptistral pour interdire tout recours à la violence. A son plus grand regret en vérité, car plus sûrement qu'avec un coup de poing, Eliowir venait d'ébranler son adversaire qui éprouva les plus vives difficultés à ne pas perdre contenance lorsque l'elfe pointa de ses mots les doutes et les craintes du vampire.
Evidemment qu'il avait déjà songé aux risques que prenaient la jeune femme à le fréquenter, bien plus encore que le sylvain ne pouvait le penser d'ailleurs puisqu'aux risques inhérents à leurs différences physiologiques fallait-il ajouter les risques purement politiques propres au statut de princesse de son aimée et le scandale sans précédent que provoquerait la révélation au grand jour d'une telle relation. Régulièrement d'ailleurs, le vampire avait remis son couple en question, s'interrogeant sur ce qu'il était en droit d'attendre de cet amour et tremblant à l'idée qu'Esmelda serait vraisemblablement plus en sécurité, peut-être même plus heureuse, s'ils se séparaient. Etait-ce par égoïsme qu'il s'y était toujours refusé ? Qu'il avait même récemment franchi le pas de la demander en mariage ? Peut-être bien.
Refoulant ces sombres pensées, Kylian faillit prendre la parole pour couper court au discours de son interlocuteur elfique, mais s'abstint lorsqu'il remarqua que l'autre semblait défaillir. Certainement trop fier pour l'admettre, Serillëiel poursuivit en s'efforçant de donner le change, mais c'était sans compter sur les capacités prédatrices de celui qui se tenait face à lui : le renégat perçut nettement l'emballement cardiaque qui venait d'étreindre le sylvain et s'en inquiéta bien malgré lui. On ne se refait pas après tout, et si une part de son être ne rêvait que d'arracher les yeux du balafré pour ensuite balancer son corps par la fenêtre, en représailles de ce qu'il avait vu quelques instants plus tôt, ce qu'il était vraiment respectait trop la vie, fut-elle celle d'un arrogant vieil elfe borné, que pour rester insensible à ce genre de détresse. D'autant plus que si l'elfe venait à succomber à une crise cardiaque aux pieds du vampire, cela ne manquerait certainement pas de lui retomber dessus, voire pourrait compromettre la bonne tenue des négociations. Rien de souhaitable donc, mais le vampire se garda bien de proposer son aide toutefois, car si l'idée l'avait effleuré, il n'était pas difficile de comprendre que l'autre ne l'accepterait pas et serait même fichu d'y voir un outrage. Satané petit vieux borné. Kylian se contenta donc d'écouter le discours de l'elfe d'une oreille et de surveiller de l'autre les battements cardiaques précipités, juste au cas où, laissant son regard suivre la silhouette élancée du blondinet qui s'était approché de la fenêtre à la recherche d'air frais.
Le souffle du vent sur son visage sembla apaiser les troubles du sylvain, même sa voix semblait s'adoucir quelque peu mais il ne s'agissait probablement que du contrecoup du malaise qui l'avait étreint l'instant précédent. L'épisode néanmoins avait fait resurgir un Kylian plus modéré et disposant d'une plus grande maîtrise sur ses pulsions typiquement vampiriques, à moins que ce ne soit le départ de la princesse qui avait enlevé de l'échiquier la source de sa jalousie ? Imperméable à l'expression méprisante que portait sur lui Eliowir, il répondit à son tour d'une voix moins emportée :
« Il n'était pas nécessaire de vous mettre dans des états pareils, tomber raide mort à mes pieds m'attirera assurément de gros ennuis, mais ne donnera pas plus de poids à votre discours. »
Le vampire croisa les bras. L'orgueil de son adversaire n'apprécierait certainement pas la remarque mais il ne lui laissa pas le temps de réagir et reprit rapidement :
« Pour vous répondre, je ne suis peut-être qu'un doux rêveur, un utopiste, un fou diront certains, mais je reste pleinement conscient des obstacles qui se dressent devant les idéaux que je défends et il en faudra plus, bien plus, pour m'empêcher de croire en ces possibilités. Je n'ai jamais prétendu que ce serait facile, mais croyez le ou non, tous les vampires ne sont pas les prédateurs assoiffés de sang que vous semblez croire. Certains partagent mes idées ou à défaut m'accordent le bénéfice du doute et sont prêts à me suivre, mais si je reconnais qu'ils sont encore peu nombreux, ne dit-on pas que les petites rivières forment les grands fleuves ?
Sachez que je travaille depuis longtemps à construire l'avenir dont vous parlez, j'ai souffert pour cet avenir, et plus d'une fois, j'ai songé à abandonner, à laisser faire, à rentrer dans le rang. Mais si la route est encore longue, j'ai justement la chance d'avoir le soutien d'une fiancée aimante et d'amis fidèles, toujours prêts à insuffler un peu d'espoir dans les heures sombres et à me redonner confiance quand je viens à en manquer.
Alors si vous ne voulez pas que j'insulte vos convictions, n'insultez pas les miennes. Si vous ne voulez pas que je vous juge, ne me jugez pas. Car les conseils que vous me donnez gracieusement, vous ne me faites pas vraiment l'impression de les appliquer vous-même. »
Lentement, Kylian décroisa les bras, inspirant profondément. Il lui restait une dernière chose à clarifier, un dernier détail qui avait attisé sa curiosité avant de s'en aller arpenter les couloirs du Tomingorllo à la recherche de sa princesse boudeuse :
« Vous avez parlé d'un précepteur millénaire... De qui s'agissait-il ? » |
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| Sujet: Re: Quand maintes convictions se confrontent... [Terminé] Dim 24 Nov 2013 - 23:18 | |
| « Il n'était pas nécessaire de vous mettre dans des états pareils, tomber raide mort à mes pieds m'attirera assurément de gros ennuis, mais ne donnera pas plus de poids à votre discours. »
Quel impudent, pensa-t-il tout en tournant un regard des plus sombres sur le vampire. Le visage de nouveau crispé dans une attitude bien peu amène, rendant plus abruptes encore ses traits presque taillés à la serpe. Il sentit le vent de la colère de nouveau agiter ses sens et sa raison.
Négociations, négociations, lui rappela une petite voix, la petite voix sage qui avait tant de mal ces temps-ci à se faire entendre. Mais qui cette fois-ci parvint à surmonter la cacophonie des pensées agressives et furieuses qui martelaient les tambours de guerre par ailleurs. Oui, négociations. Serment. Non, il ne se ruerait pas sur ce vaurien de vampire, ce mécréant aux idéaux bien trop utopistes et égoïstes pour comprendre, pour oser accepter surtout, le danger que sa race représentait pour les autres.
Pas qu'il n'acceptait pas lui-même que cette race n'ait pas droit d'exister. Ou plutôt disons que cette idée avait émergé il y a peu et qu'il commençait à accepter, peut-être, un droit d'existence aux vampires. Mais si et seulement si ceux-ci acceptaient de voir le danger qu'il y avait et acceptait surtout les conditions pour écarter ce danger. Ce vampire semblait être de ceux prêts à accepter le marché... mais se rendait-il compte seulement du prix dudit marché ? Un marché lourd, très lourd... pour tout peuple d'ailleurs. L'amende serait salée, amèrement salée, et l'elfe n'était pas bien sûr que cette amende serait acceptée. Ni réellement acceptable. Il n'y avait bien que des utopistes comme ce petit gamin de vampire pour croire que tout serait réalisable... Réalisable. Possible. Que de mots faciles. Si simples à prononcer, mais finalement si difficiles à rendre concrets.
« Je n'ai jamais prétendu que ce serait facile »
Ah quoique... Ce petit insolent serait-il finalement moins aveugle qu'il ne le croyait ?
« mais croyez le ou non, tous les vampires ne sont pas les prédateurs assoiffés de sang que vous semblez croire. »
Ca oui, il avait pu l'entrapercevoir. Mais combien donc étaient-ils vraiment à savoir dompter leur soif ? Combien donc... Pour combien d'autres pures bêtes sauvages et bestiales qui se nourrissaient de la bête en eux, préféraient la suivre plutôt que de la dompter ?
« Certains partagent mes idées ou à défaut m'accordent le bénéfice du doute et sont prêts à me suivre »
Pour le coup, il se permettait d'en douter. Suivre.... ça... ? Un vampire de si faible accabit ? Être suivi par d'autres ? Oh des idées, le gamin en avait certes. Mais... où étaient donc la force, l'envergure, la volonté, la puissance enfin, pour réaliser ces idées ? Où étaient donc le charisme et le pouvoir de rendre le possible réalisé, de rendre le difficile finalement facile, de rendre l'utopie vérité réelle ? S'il n'aimait pas Lorenz Wintel, il devait avouer que le serpent avait au moins toutes ces choses là. Des capacités qu'il mettait malheureusement au service d'idées arriérées toutes de haine nourries. Mais ce... Kylian ? Devenir meneur, devenir chef de file de vampires prêts à le suivre ? Non, ce qu'il voyait là, devant lui, ne lui paraissait pas avoir ce je ne sais quoi qui fait de vous un meneur, un leadeur... un prince, un roi enfin... Non, qu'on lui permette de douter alors de ce point-là.
- Alors peut-être ne travaillez-vous pas assez à construire cet avenir, répondit-il, un peu durement.
Même à lui, ces mots-là lui firent mal. Car ils s'appliquaient finalement très bien à son propre cas aussi... La vérité faisait mal, il le savait depuis longtemps. Plus encore quand enfin, vous enleviez vos œillères, et vous osiez la voir en face et la dire à haute voix vous-même.
- Oui, sans doute n'y avons-nous pas travaillé assez, répéta-t-il, sa voix se faisant un peu plus basse, presque songeuse.
Avant que la nuit de ses yeux se reporte, cette fois brillante de moquerie teintée d'autodérision, sur la créature autrefois honnie devant lui :
- Quant aux conseils, avisés, que j'aime à donner... J'ai toujours été doué pour en donner. Pas forcément pour les suivre.
« Vous avez parlé d'un précepteur millénaire... De qui s'agissait-il ? »
- D'un certain Achroma Seithvelj que j'ai rencontré il y a peu. Nous avons.. pas mal échangé. Intéressant échange, je dois bien l'avouer, répondit-il tout en balayant la réponse d'un geste de la main faussement nonchalant.
Mais un petit quelque chose dans sa voix, dans son timbre soudain un peu plus rauque qu'il n'aurait dû l'être, ou dans ses accents un peu plus trainants et un peu plus suaves quand il prononçait le nom, trahissait son soudain trouble et une nonchalance qui n'était que masque d'une gêne.
Et, alors qu'il cherchait de quoi détourner la conversation, son regard erra dans la pièce... s'apercevant qu'il manquait quelque chose. Ou plutôt quelqu'un.
- La princesse ! s'exclama-t-il soudain. Où donc est partie la princesse ?
Et ses méninges se mirent à tourner à cent à l'heure, l'inquiétude lui vrillant les tripes, pendant qu'il rejouait dans son esprit leur conversation. Les esclaves dont il lui avait parlé. L'outrage ressenti par la jeune princesse Kohan. Sa volonté d'aller en parler... Par le Dracos ! réalisa-t-il brusquement.
- Par tous les dragons sanglants, rugit-il, ne me dîtes pas...
Et sans plus attendre, il sortit en trombe, courant presque, faisant fi de son précédent moment de faiblesse.
Il entendit un appel derrière lui, un bruit de talons le rattrapant, mais ne se retourna pas même pour savoir de qui il s'agissait. Le vampire, sans aucun doute. En quoi cette créature se sentait-elle donc soudain si concernée ? Qu'était-ce donc que cet air de presque panique, ou du moins de vive inquiétude, qu'il parvint à entrapercevoir rapidement, d'un bref regard en coin, sur les raits si juvéniles du vampire ? Et pourquoi donc le suivait-il ? Était-il inquiet pour la jeune humaine ? Si oui, pourquoi ? Pourquoi... Se pourrait-il... non... cela ne pouvait, n'est-ce pas ?
Mais il n'était nul temps pour ce genre de pensées et ce genre de questions. Le temps pressait, si ce qu'il craignait s'avérait juste. Si cette intrépide petite princesse avait bel et bien mis ses résolutions, vaines et futiles, à exécution. Aller voir Lorenz... Mais quelle idée ! Pourvu qu'il se trompe, faites donc qu'il ne se soit pris que d'un coup de folie... pria-t-il en son for intérieur.
Courant toujours, il ne put que grommeler aux questions incessantes de l'autre. Ne voyait-il pas que, lui, elfe, avait besoin de respirer, et que, courant, il commençait sérieusement à s'essouffler ? Maudit vampire qui ne comprenait décidément rien à rien... Lui répondre en courant ? Hors de question. Il était déjà hors d'haleine, et menaçait de succomber, si en plus il devait demander à ses poumons de lui insuffler suffisamment d'air pour parler. S'arrêter ? Ce serait perdre du temps... Et pourtant... Pourtant...
Il s'arrêta un instant, essoufflé, tentant de reprendre de précieuses goulées d'air, les mains s'appuyant lourdement sur les genoux, tête basse. Autant en profiter pour tarir la soudaine logorrhée verbale du gamin...
- Je subodore... au vu de la discussion que je venais d'avoir avec la princesse Kohan... et que vous avez si sauvagement interrompue... je subodore que la princesse est allée... est allée...
Une autre goulée d'air, un geste de main agacée pour calmer les nouvelles ardeurs du Kylian soudain plus qu'inquiet. Trop inquiet pour être honnête...
- est allée demander des comptes à un individu peu recommandable et passablement dangereux. J'étais venu parler de la condition de certains humains, en tant que prisonniers et esclaves des vampires, à la famille Kohan et leur représentant lors des négociations, un certain... Faudar...
Agacé, il essuya toute question d'un énième geste de la main. Son souffle lui revenait un peu. Mais semblait soudain manquer au vampire...
- Ayant rencontré la noble Eesmralda Kohan, je lui en ai donc fait part. Et scandalisée, elle promettait de faire son possible. Dont demander des comptes à votre fameux prince... Wallam... Wallaaaam
Mais le Kylian était déjà reparti...
Maugréant contre ces fous, et ces vampires des plus déstabilisants et passablement agaçants, il reprit donc sa course, tentant, désespérément, de rattraper le vampire. En vain. En espérant qu'il arriverait à temps, si ses prévisions étaient justes, pour éviter tout massacre ou tout incident. Enfin... le serment devrait aussi l'éviter en toute logique...
Il courut donc. Direction le puits flamboyant. A croire qu'il était abonné à ce lieu... maudits vampires. Maudite princesse. Oui, maudit, il était maudit... |
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| Sujet: Re: Quand maintes convictions se confrontent... [Terminé] Mar 26 Nov 2013 - 10:46 | |
| Qu'est-ce que ce vampire le répugnait ! Tout en lui du bout des doigts jusqu'au bout de ses cheveux en passant par sa façon de la regarder, comme un festin sur pattes. Esmelda avait du mal à se plonger dans ses yeux abjectes et encore moins à supporter son odeur putride. Et pourtant, elle aimait plus que tout un de ses semblables, qui était son opposé parfait. Le jour et la nuit, comment cela pouvait être possible ? Et se remémorer, en étant face à lui pour cela, cet épisode où comme un voleur il entra et sema le trouble et la mort au sein de son palais, était pour Esmelda une épreuve difficile à vivre. Elle ne voulu que lui rendre la pareil. Le gifler, lui faire mal pour avoir osé s'en prendre à ses soldats, à ses lames noires, souiller son sanctuaire sacré par le sang et la violence. La jeune femme chercha à ironiser, il valait mieux ça, et de toute façon, elle n'avait pas vraiment le choix. La claque serait aussi inutile que bien dangereuse dans son cas, maudit sanctuaire. Mais il lui fallut un grand courage pour continuer, une force intérieure insufflée par son désir ardent de liberté.
« - En effet, vous êtes partis si vite que je n'ai guère eu plus de loisirs de parler avec vous. Sans compter le fait que vous avez pris le choix du silence plutôt que demander une invitation en bonne et due forme. Peut être étiez-vous pressé ?»
Rien que de repenser à la folie de Kylian sautant sur les vampires, le murmure des voix de son frère, Esmelda en frissonna. Elle préféra revenir à ses moutons, enfin aux esclaves de Lorenz.
« - Cette démarche est pourtant limpide et il n'est nul besoin d'avoir un rang de princesse pour exiger la libération de prisonnier au beau milieu de négociations inter-raciales. Sauf si bien évidemment votre intérêt n'est pas là. »
Mais voilà, elle était princesse et humaine. Double raison de demander la libération des siens. Quitte à le faire au culot devant le prince vampirique. D'ailleurs qu'il soit prince, ou simple forgeron, le jeune Esmelda aurait agit de la même façon. Son titre n'était qu'usurpation et d'un. Et de deux, quand il s'agit de liberté les fonctions s'envolent, seul compte l'humain. Enfin pas pour un vampire psychopathe, ethnocentrique et centrique tout court.
« - Hélas, je suis en effet, princesse des Humains en plus de simple humaine et je ne peux accepter que des membres de mon peuple soient privés de leur droit le plus aliénable qui est celui d'être libre. Surtout quand nous cherchons tous à le devenir. »
Certes il devait s'en moquer comme de sa première canine !! Et Esmelda devait parler dans le vent. Quoique le vent devait avoir plus d'écoute. Et l'argument paix et négociations, elle repasserait. Lorenz Wintel devait déjà avoir une autre option anti alayenne et anti armanda. Et à cet instant, la princesse se demanda pourquoi vouloir réduire un peuple à néant et l'autre en esclavage sachant qu'il périclitera. La force, ok, la domination aussi, la haine ok mais finir seul. Bref, elle n'était pas là pour ça. Les eslcaves.
« - Mais là où vous voyez divertissement, où vous nous voyez comme divertissant, il y a pour moi vies et enjeux. Donc j'exige en effet que vous les relâchiez. Sinon, me direz-vous ? Sinon, je me devrai aller le faire par moi même. »
Oui en menace il y avait certes bien plus impressionnant pour le vampire bien des fois centenaires, qui en a vu d'autres, qu'une princesse en jupon. Mais en même temps, comment pourrait-il l'en empêcher. Ni même d'aller chercher d'autres mains pour l'aider. Et un caprice de princesse au beau milieu des négociations, dans un camp vampirique, ça ferait bien plus tâche pour lui que pour elle. Primauté de la jeunesse sûrement. Alors elle en profiterait.
Mais la première esclandre ne viendrait pas d'elle, car dans quelques instants sa garde rapprochée du moment viendrait soutenir son action au mieux ou au pire venir la chercher comme le faisait sa nourrice quand elle était petite. |
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| Sujet: Re: Quand maintes convictions se confrontent... [Terminé] Dim 1 Déc 2013 - 17:09 | |
| La haine, la répugnance. Il les lisait sans effort dans le regard limpide et cela ne faisait qu'accentuer la flamme ironique qui brillait dans ses yeux. Il n'était jamais aussi à l'aise que lorsqu'on l'attaquait sur ces terrains bien connus et c'est donc sans se laisser démonter qu'il encaissa l'ironie.
"Hélas oui, les circonstances ne se prêtaient pas à un véritable échange tel que je l'aurai souhaité. Les choses auraient pu être bien différentes, et plus intéressantes, si j'avais eu plus de temps devant moi. Mais rien n'est perdu n'est-ce pas ? Nous ne pouvons jamais savoir ce que l'avenir nous réserves..."
La lueur ardente de ses prunelles tranchantes prouvait assez qu'il le prévoyait cruel pour la petite humaine cet avenir. Qu'importait ce qui serait décidé dans ces négociations, les Alayiens ne seraient pas toujours là pour forcer les peuples Armandéens à s'entendre et le cours naturel des choses finiraient par reprendre. De plus il n'oubliait en aucun cas ce qu'il avait vu lorsque Kylian était venu l'affronter, ses doutes avaient été confirmés à ce moment là et il n'y avait donc que peu de chance qu'il ne finisse pas par utiliser la fragile humaine au désavantage de l'irritant rebelle...
Poliment attentif, il la laissa dérouler ses explications sans rien laisser transparaître de ses sentiments, sauf à la fin peut-être lorsque le mot liberté lui tira une légère moue ironique. Libres ? Les humains ? Tout dépendait de la liberté qu'on acceptait d'octroyer à ses proies... Mais évidemment il ne pouvait leur interdire de chercher à devenir libre, cela n'en rendait la chasse que plus intéressante après tout. Le reste se révéla tout simplement tordant et malgré le masque impassible qu'il ne quittait jamais tout à fait il se révéla incapable d'éteindre entièrement la lueur incrédule qui s'était allumée dans son regard. Venait-elle vraiment de lui donner un ordre ? Et de le menacer par dessus le marché ? Qu'espérait-elle tirer de cet affrontement si ce n'était la défaite et le désespoir ? En la voyant arriver il s'était dit qu'elle avait sans doute un atout ou deux dans sa manche sinon elle n'aurait pas été assez bête pour venir n'est-ce pas ? Apparemment si...
Un long silence passa tandis qu'il pesait lentement toute les implications de cette situation. Paradoxalement la sottise de la jeune humaine l'avait presque désarçonné. Il n'était pas habitué à combattre avec tant d'atout dans sa propre manche, en général ses ennemis s'arrangeaient pour avoir au moins une chance d'obtenir gain de cause et il se faisait un plaisir de leur démontrer très rapidement le contraire, mais là... Et bien là elle arrivait devant lui avec rien, aucune arme qu'elle puisse utiliser pour arracher la victoire sinon sa propre opiniatreté mais ce ne serait évidemment pas suffisant car le prince en possédait lui-même pas mal. Ce n'est qu'après un certain temps de réflexion et lorsqu'il fut bien certain qu'il n'y avait pas de piège caché derrière cet apparent étalage de sottise qu'il se décida à répondre d'une voix tranquille :
"Bel enthousiasme... La fougue de la jeunesse à son état pur, voilà qui est rafraichissant. Je comprend un peu mieux Wallam..."
Perçantes, ses prunelles accrochèrent celle de l'humaine au moment où il prononçait le nom du vampire et ce qu'il vit sembla le satisfaire. Touchée. Elle pouvait chercher à cacher ses sentiments autant qu'elle le voulait, il n'était pas idiot et il avait longtemps réfléchit à la réaction anormale du rénegat lors du vol du grimoire. Pas difficile de résoudre l'équation lorsqu'on disposait de toutes les informations nécessaires. A partir de là mettre les choses au clair comme il venait de le faire était une stratégie des plus amusantes, elle savait à présent qu'il savait et passerait sans doute les prochaines nuits à se retourner dans son lit en songeant à la façon perverse dont il allait pouvoir utiliser ce qu'il considérerait comme une terrible faiblesse de Kylian. Celui-ci n'aurait pas pu lui rendre plus service qu'en s'entichant d'une humaine, il en aurait presque rit cruellement si l'image d'Ambre n'était pas furtivement passée dans son esprit. Rien à voir bien sur... Mais tout de même...
Refusant de se laisser déconcentrer, il reporta toute son attention sur son interlocutrice et décida soudainement qu'il avait assez joué pour aujourd'hui et assena d'une voix mordante :
"Les exigences n'ont pas lieu d'être lorsqu'elles ne s'appuient pas sur des valeurs sures. Tu n'as rien à m'offrir en échange des esclaves et l'idée que tu puisses avoir la force de me contraindre à les relâcher est risible en elle-même. Je ne sais pas qui t'a enseignée la politique petite, mais tu as encore bien des choses à apprendre. Commence donc pas ne pas te ridiculiser vainement en proférant des menaces qui te dépassent."
Et voilà pour son grade. Songeant qu'il avait assez perdu son temps avec cette drôle mais ô combien inutile princesse, il se prépara à tourner les talons sur une dernière salutation suave :
"Au plaisir de t'entendre à nouveau chanter, petit moineau..."
Moqueur, il lui accorda un dernier signe de tête narquois mais un soudain tintamarre attira instantanément son attention. Qu'est-ce que c'était encore que ce raffut ? La soudaine arrivée d'un garde vampirique échevelé aurait pu le renseigner mais il n'eut pas le temps d'en placer une que d'autres acteurs entraient déjà en scène, et pas n'importe lequel. Rien que le deuxième qui entra déjà provoqua une horde de questions dans la tête de l'ancestral. Qu'est-ce que Eliowir venait faire là ? Il avait espéré que leur dernière confrontation lui ai servi de leçon et ne s'attendait certainement pas à le voir débarquer dans son antre, rouge comme une pivoine et soufflant comme un boeuf. Mais ce n'était pas le plus important, c'était même absolument négligeable à côté de l'événement qui se déroulait sous ses yeux. Sa voix siffla de haine intense lorsqu'il prononça le nom honni :
"Wallam..."
Instinctivement, son corps s'était figé en une posture prédatrice, pour ne pas dire agressive tandis que ses lèvres se retroussaient en un rictus qui dévoila ses canines. Leurs prunelles se rencontrèrent avec violence et la seule pensée des négociations en cours faillit ne pas être suffisante à lui éviter d'accomplir un geste irrattrapable. Quel Esprit pouvait bien protéger Kylian assez efficacement pour qu'à chacune de leur rares rencontres il s'en sorte sans dommage ? Une troupe de cavalier l'autre fois, un dragon la fois d'après, un serment aujourd'hui... A aucun moment il ne lui avait brûlé les lèvres autant qu'à l'instant présent, alors qu'il maîtrisait péniblement sa fureur en promenant son regard mauvais sur l'un et l'autre des nouveaux arrivants. Enfin il lui sembla que sa voix avait retrouvé un degré de maîtrise suffisant pour susurrer :
"Drôle de surprise... C'est donc le bouclier protecteur des Baptistrels qu'il te manquait pour oser enfin m'affronter ? Je te savais lâche, mais je vois que tu y mets en plus l'art et la manière... "
Il reprenait le contrôle lentement, trop malin pour le perdre au point de se risquer à braver la magie qui les entravait tous. Reprenant la tactique qui lui avait bien réussi à avec la princesse il interrogea d'une voix suintante de feinte innocence :
"Tu viens récupérer ton oisillon ? Je ne l'ai pas abimé cette fois, je me réserve ce plaisir pour bientôt... Et tu t'es fais un ami en plus... Ma foi, vous formez une jolie paire."
Son côté stratège n'aimait pas beaucoup l'idée de voir ses ennemis se regrouper, voir s'allier. Son regard perçant se fit donc plus méfiant encore lorsqu'il le reporta sur l'elfe en cherchant vainement à analyser le lien qui avait bien pu se former entre ces deux là. Incapable d'y parvenir avec si peu d'élément, il revint à la princesse :
"Le moineau devrait retourner dans sa cage, je crains que ses gardiens n'aient pas beaucoup apprécié son escapade..."
Touché encore sans doute, il se doutait bien que les deux arrivants n'étaient pas venu de leur plein gré et que la folie de l'humaine était la seule chose qui avait pu les amener là. Mis à part le furieux désir de meurtre qu'il ressentait en voyant Kylian si proche de lui il ne pouvait s'empêcher de ressentir un certain amusement face à cette scène. Pouvait-on aisément faire plus pitoyable ? Sans doute pas...
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| Sujet: Re: Quand maintes convictions se confrontent... [Terminé] Jeu 5 Déc 2013 - 22:32 | |
| Une lueur méfiante traversa le regard du renégat lorsque le sylvain balafré prononça le nom du fameux précepteur millénaire qu'il aurait souhaité voir lui enseigner : Achroma Seithvelj, ni plus ni moins que le mage et dragonnier à la botte du prince noir. Un vampire que Kylian avait déjà rencontré par le passé, pas très loin de Gloria, lorsque Lorenz avait tenté de prendre en otage la princesse impériale. Sans même vraiment prendre conscience de son geste, le rebelle leva une main pour venir se masser la tempe tandis qu'il repensait au souvenir de cette première entrevue : pour sa part, le jeune vampire n'avait eu droit pour tout échange qu'à une joute magique et s'il avait fait une rencontre ce jour là, c'était surtout avec la tête du bâton dont Seithvelj s'était servi pour tenter de lui ouvrir le crâne. Pas vraiment le genre de rencontre que le renégat pouvait souhaiter renouveler donc, et ce probablement d'autant moins si l'on ajoutait à l'équation le fait qu'il ait enlevé pendant quelques semaines le fils dudit dragonnier.
« Vous me pardonnerez de ne pas vouloir pour précepteur d'un larbin de Lorenz. Je ne travaille peut-être pas assez dur à votre goût, mais je ... »
Il n'eut pas l'occasion de développer plus en avant le fond de sa pensée : un Serillëiel soudainement en proie à la panique l'interrompit pour s'enquérir de ce qu'il était advenu de la princesse. Dracos, si les yeux du vampire avaient pu lancer des éclairs, l'elfe aurait été littéralement foudroyé sur place et tant pis pour le serment baptistral. Non mais, en quoi cela pouvait-il bien le concerner ? Il voulait aller la retrouver, sans doute ? Et bien il pourrait faire une croix sur ses espoirs, Kylian n'avait certainement pas l'intention de laisser déambuler un prétendant potentiel dans l'entourage de sa fiancée et d'autant moins un courtisan elfique qui oubliait de rester à sa place : si elle n'était pas capable de tenir à distance ses soupirants, le vampire s'en chargerait. Malheureusement, à peine ouvrit-il la bouche pour rappeler au balafré que les allées et venues de la princesse ne le regardaient en rien, l'autre le planta sur place pour se ruer dans les couloirs. L'archer rebelle en demeura pantois pendant une à deux secondes tant la situation le désarçonnait : qu'avait donc bien pu lui promettre Esmelda que pour qu'il soit aussi impatient de la retrouver ? Encore abasourdi, le vampire cligna rapidement des paupières pour se ressaisir avant de s'élancer à la poursuite du sylvain en criant :
« Par tous les esprits ! ELIOWIR ! »
Heureusement, tout fier qu'il était de son âge, l'elfe accusait le coup des années et Kylian le rattrapa sans difficulté. Calquant son allure sur celle du vieillard, il se posa à sa hauteur :
« Arrêtez vous immédiatement ! Où croyez vous aller, bon sang ? Arrêtez vous, ou par le Dracos, serment ou non, je vous arrête moi même ! »
L'autre obtempéra finalement, plus pour reprendre son souffle que par crainte de voir son poursuivant mettre ses menaces à exécution en vérité, mais l'essentiel était qu'il avait cessé de courir comme un dératé. Le vampire laissa un regard sombre peser sur la silhouette prostrée du sylvain tandis qu'il interrogeait d'une voix glaciale :
« Alors, expliquez-vous : quelle mouche vous a donc piqué ? »
A mesure que la réponse lui vint, la colère laissa la place à l'anxiété dans l'esprit du jeune amant vampirique. Serillëiel ne l'avait pas laissé derrière parce qu'il avait été empressé de retrouver la princesse, ou plutôt si, mais pas de la manière dont Kylian l'avait pensé de prime abord. Il s'inquiétait pour elle. Sincèrement. Comme s'il était conscient que la jeune femme était sur le point de commettre une terrible erreur. Et plus l'elfe parlait, plus ce sentiment se propageait au vampire. Individu peu recommandable et dangereux, esclaves des vampires, demander des comptes à ... Lorenz ! Dracos non, elle n'avait tout de même pas... et si, il en avait été convaincu sitôt que le balafré laissa échapper les mots fatidiques, il la connaissait suffisamment bien pour savoir que c'était parfaitement le genre de chose qu'elle ferait sans une once d'hésitation. Car le peuple était à la princesse ce qu'un oeuf était à une dragonne : quiconque se risquerait à y toucher devrait répondre de son acte devant la concernée. Mais si elle en avait le tempérament enflammé, Esmelda ne partageait pas beaucoup d'autres points commun avec une dragonne, alors l'imaginer se présenter devant Lorenz en personne pour poser réclamation... Sous l'effet de la colère qu'il sentait affleurer à la surface de son être, le vampire serra les poings. Poings qu'il aurait d'ailleurs volontiers écrasés sur le crâne du blondinet elfique qu'il était en droit de tenir pour responsable de cette situation, et pour une fois, la bête sanguinaire qui sommeillait dans ses veines n'avait rien à se reprocher. Mais si Kylian aurait apprécié de se défouler de la sorte, il s'en abstint toutefois, trop conscient encore des conséquences d'un tel geste, et préféra reprendre sa course en direction cette fois du Puits Flamboyant, sanctuaire qui accueillait la délégation vampirique pour la durée de leur séjour.
Le vampire transi combla la distance qui le séparait des appartements du prince noir aussi vite que ses jambes purent le porter, n'accordant pas le moindre regard aux vampires qui le dévisagèrent avec effarement tandis qu'il franchissait tel une tornade les portes du sanctuaire du feu. Totalement paniqué, s'accrochant avec espoir à l'idée que le serment baptistral protègerait la princesse, il parcourut de long en large les allées du sanctuaire, à la recherche d'il ne savait trop quel détail susceptible de lui faire comprendre derrière quelle porte se cachait Wintel. Le détail en question lui apparut bientôt en la présence de deux grands vampires que l'on devinait aisément mauvais comme des teignes, flanqués de part et d'autres d'une paire de portes finement travaillées. La garde princière. D'un pas décidé, il se dirigea dans leur direction en leur intimant l'ordre de s'écarter. Visiblement peu enclin à l'idée d'obéir à un vampire recherché plutôt mort que vif par son prince, l'un des gardiens s'interposa néanmoins pour saisir d'une main le col du rebelle et armer de l'autre un coup de poing que l'on pouvait sans peine croire digne d'expédier les canines du malotru jusqu'en Alayia. Il ne conclut jamais son geste cependant, puisqu'à peine eut-il amorcé son attaque qu'il s'évapora sans laisser la moindre trace de sa présence. Finalement, le serment avait du bon. Sans attendre d'y être invité, Kylian profita de la stupeur du second soldat pour ouvrir à la volée l'un des battants de porte et pénétrer dans le bureau de son plus grand ennemi.
"Wallam..."
« Wintel... »
Il n'en fallut pas plus pour qu'un pesant silence s'installe entre les deux adversaires. L'air du bureau sembla considérablement s'alourdir à mesure que la tension dans la trame magique dont était tissées les protections baptistrales prenait de l'ampleur : s'il était un moyen de vérifier la puissance véritable du serment que chacun avait eu à prononcer pour fouler du pied le domaine des chanteurs, c'était bien de réunir dans une même pièce le prince noir et son plus fervent opposant vampirique. Les yeux clairs du renégat firent nerveusement un rapide aller-retour entre le visage dégoulinant de haine de Lorenz et la silhouette de la princesse, avant de revenir soutenir avec conviction le regard flamboyant de l'ancestral.
"Drôle de surprise... C'est donc le bouclier protecteur des Baptistrels qu'il te manquait pour oser enfin m'affronter ? Je te savais lâche, mais je vois que tu y mets en plus l'art et la manière... "
« Je te suis bien plus nuisible lâche et vivant que courageux et mort, cela me suffit amplement. »
Les insultes et les menaces, Kylian connaissait. Lorenz pouvait bien épuiser tous les dictionnaires de jurons en langue humaine ou elfique et lui promettre tous les supplices qu'était capable d'imaginer son esprit dérangé, le renégat aurait laissé les mots glisser sur lui sans sourciller. En revanche, malgré tous ses efforts, il ne parvint pas à totalement occulter cette peur qui traversa son regard lorsque l'ancestral dirigea ses menaces vers... ''son'' oisillon. Pourquoi... Pourquoi utiliser un tel possessif ? A moins que... Non. Non, non et non, il refusait d'y penser. Lorenz ne pouvait pas... émettre des soupçons. Et encore moins nourrir les moindres certitudes. Kylian s'était toujours posé en défenseur des humains, alors... alors il était normal de le voir prendre la défense de la princesse des hommes, non ? Ce devait être un hasard. Une simple coïncidence. Le prince autoproclamé avait toujours considéré l'attachement de son adversaire à leurs proies comme une faiblesse et s'en servait d'ailleurs régulièrement contre lui, alors il devait en être de même aujourd'hui, tout simplement. Tout simplement.
Le renégat détourna le regard pour poser les yeux sur la princesse et s'adresser directement à elle, s'efforçant d'ignorer les commentaires du sinistre monstre et de ne pas laisser transpirer dans sa voix le curieux mélange de colère et d'angoisse qui déchirait son esprit :
« Princesse, j'admire votre audace mais croyez en mon expérience, vous perdez votre temps à essayer de discuter avec... lui. »
Ramenant finalement son attention sur l'intéressé lorsqu'il prononça le dernier mot, il reprit à l'attention de celui qui se faisait appeler prince :
« Quant à toi, ravale tes menaces et garde tes distances. J'ignore comment Merithyn peut croire même un instant que tu seras capable de respecter le moindre accord de paix, mais puisque les Alayiens te font tellement peur, tâche de ne pas tout gâcher avant même l'ouverture des débats. » |
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| Sujet: Re: Quand maintes convictions se confrontent... [Terminé] Sam 14 Déc 2013 - 17:43 | |
| Eliowir dut lutter pour ne pas totalement se laisser distancer. Il parvint toutefois à garder Wallam en vue et à le suivre, même si à une certaine distance. Si essoufflé qu'il fut, il frissonna d'appréhension quand il aperçut l'un des gardes attraper le collet de Wallam... pour quasiment aussitôt disparaitre. Nullement étonné du phénomène, pour l'avoir lui-même vécu il y a peu, le vieil elfe ne put que bénir en cet instant le serment qu'il avait su maudire pourtant tant de fois. Oui, promis, il ne cracherait plus contre ce serment, aussi enquiquinant soit-il.
Il n'eut toutefois guère le temps ni de reprendre plus posément son souffle, ni de s'apesantir sur la question, que déjà Wallam entrait, comme en terrain conquis, ou presque, au nez et à la barbe du deuxième garde. Eliowir s'empressa de l'imiter avant que le bougre ne reprenne ses esprits et ne cherche à l'empêcher d'entrer lui aussi. Et manqua un battement quand il se retrouva dans l'antre de Wintel en personne. La princesse lui faisant face, avec toute la grâce et l'innocence qui la caractérisait. Et les deux vampires alors présents s'affrontant âprement du regard. Faisant fi du regard de vipère que coula sur lui, à plusieurs reprises, le prince des vampires, Eliowir se permit de savamment observer ce qui semblait être deux vieux ennemis en pleines et émouvantes retrouvailles.
Et soudain, tout lui revint. Wallam. Kylian Wallam... le célèbre jeune vampire qui avait osé prôner haut et fort que Wintel n'était qu'un usurpateur. Kylian Wallam, le rebelle, comme le soufflaient parfois certains vampires et même humains. Si jeune pourtant... Enfin d'apparence si jeune, rectifia-t-il pour lui-même. Mais même si l'apparence était trompeuse et même si le jeune vampire était sans doute bien plus âgé qu'il ne le paraissait, Eliowir ne put s'empêcher de penser que le jeune rebelle était trop jeune. Bien trop jeune face à l'ancestral qui se prétendait prince. Et surtout il semblait faire si peu le poids... Leur prestance, leur charisme... Ils étaient si différents. Si Eliowir voulait être honnête, malgré tout le dégoût que le prince des vampires lui inspirait, respect et admiration étaient aussi de la mêlée. Alors que concernant Wallam...
Pour Wallam, il n'y avait que profond agacement, irritation vive, teintés depuis quelques secondes d'une once de respect. Mais là où le respect qu'il ressentait pour Wintel lui était imposé par l'aura imposante et puissante du prince, celui qui le titillait de façon lancinante pour le petit rebelle n'était qu'inspiré par sa folle rébellion justement. Et non par une quelconque puissance qu'il pourrait envier. Non par une quelconque prestance ou charisme qui vous donnait envie de suivre même le plus faible des loups... Non par cette aura de mystère qui l'avait tant attiré tel un papillon de nuit vers la lumière, concernant le bel Achroma.
Parmi toutes ses pensées qui s'envolaient vers des considérations bien loin de celles présentes, quelques paroles parvinrent toutefois à se frayer un chemin dans son esprit. Quelques mots surtout... "Tu viens récupérer ton oisillon ?" Ton oisillon... Oisillon devant être la jeune princesse... Pourquoi donc cet oisillon-là appartiendrait à Wallam ? Pourquoi Wintel désignait donc la jeune femme ainsi comme si un lien existait entre elle et le jeune rebelle ? Comme si...
Non... Pas comme si ?.... Ecarquillant les yeux face à cette idée, bientôt constatation, non évidence même, Eliowir ne put s'empêcher de laisser son regard errer de longues secondes entre le rebelle et la princesse, faisant des vas et viens entre eux, alors qu'enfin, enfin, l'évidence prenait pleinement forme. Oui, évidence... La réaction du jeune vampire, cette étrange jalousie, car maintenant il pouvait mettre un nom face à la réaction que le gamin avait pu avoir, ces échanges de regard entre les deux tourtereaux... les paroles qui avaient été dites, l'amour, possiblement sincère, mais il préférait ne pas en préjuger, que le gamin avait proclamer nourrir pour une humaine, et plus particulièrement pour une humaine qui le lui rendait bien.... Et soudain le vieil elfe se sentit perdu. Perdu dans ce qu'il devait faire, dire, s'il devait intervenir...
Il se sentait hérissé d'une telle relation, qui n'était pas seulement une relation entre une humaine et un vampire, mais aussi entre une princesse humaine, une princesse Kohan, et un petit renégat... Cette relation selon lui était... honnie. Interdite. Prohibée. Et pourtant... elle semblait aussi sincère. Profonde. Touchante en un sens. Et il se sentait perdu. Que faisait-il là d'ailleurs ? Il ne se sentait pas à sa place, pas au lieu où il aurait dû être, pas avec les personnes avec qui il aurait dû être. Si tant est qu'il y ait un lieu et des personnes avec qui il était censé être. Peut-être n'y en avait-il aucun ? Solitaire qu'il était, condamné à la solitude... Peut-être. Et pourtant, en cet instant, il n'était pas solitaire.
Et il ne pouvait rester les bras ballants sans intervenir, sans au moins tenter d'éviter une catastrophe imminente.
- Sages paroles, jeune Wallam, si seulement vous les écoutiez vous-même, fit-il alors s'avançant de son pas faussement nonchalant, pour se poster entre les deux vampires.
Il tendit un bras vers chacun et les repoussa quelque peu, très légèrement, sans agressivité aucune, comme pour leur intimer une distance de sécurité.
- Et je pense, chère princesse, que notre cher petit rebelle n'ait raison, aussi agaçante soit cette constatation pour moi. Il est impossible de plaidoyer face à tel personnage. Surtout si vous n'avez rien à lui offrir en échange.
Se disant, il tendit une main vers la princesse, et lui saisit doucement le bras pour la placer derrière lui, du côté de Wallam. Hors de portée du prince des vampires, si imprévisible et si dangereux, même en présence d'un serment baptistral.
Dangerosité dont il se souvenait si bien qu'il peinait à ne pas trembler devant lui. S'il parvint à relever les yeux vers ce visage haineux, il dut faire appel à toute sa force de volonté, pour ne pas ciller et pour ancrer son regard nuit dans les braises incandescentes que l'autre leur offrait.
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| Sujet: Re: Quand maintes convictions se confrontent... [Terminé] Dim 15 Déc 2013 - 15:02 | |
| « - Offrir en échange ?? Des valeurs sûres ?? Au cœur de négociations qui débutent dans quelques heures ?? La politique n'est pas ça continuellement ?? Je pense qu'il est temps d'y repenser à tête reposée une fois que je serai sortie. Je pensais que c'était une évidence cependant. Mais si la politique n'est que marchandage immédiat avec vous et qu'il faut mettre clairement les choses à plat : allons-y !! »
Esmelda ne le quitta pas du regard, direct, franc et droit, sans ciller. Elle ne lâcherait pas le morceau. Non, la vie d'hommes, de femmes en dépendait, et les railleries du prince ne changerait rien à cela. Il pouvait dire ce qu'il voulait, ne pas la prendre au sérieux, la princesse y croyait et ne flancherait pas au premier obstacle. Et encore moins face à l'indifférence du prince vampirique. Pour lui c'était un amusement, une mascarade de la part de la jeune princesse, pour elle, la vie de ses sujets. Pas un sujet à prendre à la légère, et il l'écouterait, fut-elle obligée de camper devant sa porte.
« - Mais qu'est-ce que... »
Esmelda se retourna quand vint chatouiller ses oreilles le doux bruit de pas accourant dans le couloir puis d'une porte qui vola avec vigueur dans la salle d'audience du prince vampirique. Elle se retourna avec une angoisse montant au creux de son ventre, son cœur s'emballa à une vitesse vertigineuse. Ce visage, ses yeux en panique, sa présence, mais pourquoi par tous les esprits était-il là ??? La princesse l'avait laissé en plein discussion de basse court et de coqs à savoir qui avait raison ou le meilleur argumentaire sur la vie et son écoulement, ses affres et ses complications. Esmelda n'avait pas deux cents ans à discuter de telle chose, mais des esclaves humains, qui tout comme elle, n'avaient pas le temps de discuter et pinailler pour un rien. De politique, pas de gueguerre de vampires. La princesse ferma ses poings de rage. Kylian venait d'entrer dans la pièce après avoir vraisemblablement couru depuis la bibliothèque. Un silence pesant s'installa et Esmelda lui lança un regard furieux, sûrement plus menaçant que celui de Lorenz. Elle était furieuse, contrariée et humiliée. La présence de Kylian en ces lieux, les échanges de menaces puériles avec Lorenz Wintel, mais surtout : sa façon de s'adresser à elle, de la regarder, ou justement d'éviter de trop la regarder. Elle avait l'impression d'être une petite fille prise en faute, gronder par son père. Il n'avait donc aucune confiance en elle. Puis, elle n'était pas allée voir Lorenz entant qu'Esmelda, mais en tant que princesse des Humains. Donc sur un sujet qui ne le concernait en rien. Elle ne se gênerait pas pour lui dire. Qu'il cesse de la voir comme une poupée de porcelaine prête à se briser. Quand elle était Kohan, il n'avait pas à intervenir. La jeune femme avait du mal à saisir son comportement depuis leurs retrouvailles.
Mais elle n'eut guère plus de loisirs de penser plus longtemps à Kylian, car arrivait l'elfe soigneur. Oui, c'est vrai qu'il lui fallait bien au moins un deuxième chevalier sauveur pour passer la porte et la sortie de l'antre du prince vampirique. Une deuxième voix pour lui dire quoi faire, voir même une troisième si on prenait en compte ce prince qui la renvoyait gentiment à ses napperons. Entre l'angoisse de voir Kylian et son prince se sauter à la gorge et le sage elfe en bouclier, Esmelda avait le sang qui lui montait à la tête. Quand serait-elle prise au sérieux ??? Certes, face à deux vampires et un elfe, ses vingt-deux ans passait pour quelques mois. Mais l'attitude aussi chevaleresque que possible des deux hommes l'agaçait au plus haut point.
« -Et moi, j'admire votre empressement à accourir pour me venir en aide dans une affaire qui ne vous regarde en rien et qui ne nécessite aucune intervention extérieure. Et je peux encore parler, plaidoyer auprès de qui je veux. »
dit-elle d'une voix froide et assez glacée, malgré la chaleur et la tension qui se dégageait de la pièce. Poussant avec douceur le vieil elfe, elle se dirigea vers la porte, vu qu'on l'y invitait plus que fortement et qu'avec Kylian dans la pièce Lorenz Wintel avait mieux à faire que de l'écouter. Et dans sa colère, Esmelda n'entendit même pas les menaces à demi voilées à son encontre. Oisillon de Kylian. Encore heureux. Sinon, elle l'aurait insulté et aux Néant les négociations.
« - Le petit oiseau peut rentrer seule dans sa cage, en espérant qu'un jour les vautours lui fichent la paix. »
Dans une révérence polie mais forcée, le regard haineux, vexée, humiliée, Esmelda passa la porte comme une petite fille en colère de ne pas avoir eu la liberté d'agir. Encore une fois. Et cette fois-ci pas à cause des siens, mais d'un vampire fou, un autre parano et un elfe moralisateur. Belle brochette ces trois là.
« - Bien le bonsoir messieurs ! » |
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| Sujet: Re: Quand maintes convictions se confrontent... [Terminé] Dim 22 Déc 2013 - 16:24 | |
| Jamais l'atmosphère de ces pré-négociations n'avait été aussi lourd qu'à cet instant. Les baptistrels savaient déjà qu'ils en demandaient beaucoup aux trois peuples en exigeant d'eux qu'ils se tiennent tranquilles et s'entendent sans se taper dessus pendant autant de temps mais de là à pousser le vice jusqu'à réunir les deux plus mortels ennemis du continent sur le même territoire... Voulaient-ils vraiment que les choses se passent bien ? Il y avait de quoi se poser la question, et s'interroger aussi sur ses priorités. Aussi importantes qu'elle soit la possible alliance qu'ils allaient tenter de mettre en place ne pesait pas bien lourd face à la haine profonde qu'il vouait à ce vampire. Il en était presque... Oui presque, à jeter aux orties tous les efforts consentits jusque là juste pour le plaisir de voir s'éteindre la minuscule et vacillante lueur d'assurance qui brillait encore dans les yeux de Kylian. Quelle joie se serait que de lui montrer qu'aucun serment au monde ne pouvait le protéger de la fureur de son prince... Cela vaudrait presque le coup quand il y réfléchissait, d'autant plus qu'il aurait aussi la joie de s'en prendre au petit moineau sous les yeux de son amant. Un délice vraiment...
Les flammes de ses réflexions dansaient dans l'acier de ses prunelles tandis qu'il opposait un visage parfaitement neutre à son ennemi. Kylian le connaissait un peu trop bien pour ignorer à quel point il pouvait s'avérer imprévisible. La princesse pouvait se croire à l'abri, mais le rénégat ne savait sans doute que trop bien à quel point les choses étaient proches de basculer dans l'horreur à cet instant précis. Oh le risque serait gigantesque bien entendu, il lui faudrait monopoliser toute sa puissance brute pour espérer détruire d'un coup et d'un seul les liens baptistrals qui le retenaient, le laissant libre ensuite de s'occuper de ces trois là. Ceci fait il lui faudrait encore fuir la colère des délégations, des chanteurs, et de tout le peuple elfique qui ne résidait pas si loin. Traverser tout un continent en guerre pour rejoindre une armée dont il ne doutait pas qu'elle ne résisterait pas éternellement aux forces Alayiennes. Beaucoup de choses à perdre donc... Juste pour le plaisir d'apaiser sa colère et de mettre fin une bonne fois pour toute à la fuite d'un rebelle qu'il pouvait encore capturer plus tard. Son esprit pragmatique et sa rancune patiente ne lui permettait pas de faire un tel choix, mais pourquoi alors était-il si tenté ? Tellement tenté qu'il était tout proche de céder et qu'il lui fallait tout son contrôle pour contenir l'énergie du serpent et éviter que la température de la pièce ne devienne tout simplement mortelle pour tout autre que lui. Les liens du serment baptistral se resserraient lentement à mesure qu'augmentaient les degrés, irritante limitation qu'il brûlait de défier brutalement afin de voir éclater la peur au coeur du sanctuaire baptistral. Allons... Il fallait qu'il calme le jeu si il ne voulait pas voir accourir un Shadowsong moralisateur... Quoique il n'aurait peut-être pas le temps de moraliser si Lorenz décidait de convoquer l'apocalypse... Et les Baptistrels ne pourraient s'en prendra qu'à eux même, inviter Kylian... Quelle sottise.
« Je te suis bien plus nuisible lâche et vivant que courageux et mort, cela me suffit amplement. »
Le prince se contenta d'un haussement de sourcil tout en contrôlant son totem. Kylian avait changé depuis sa fuite, ce n'était pas la première fois qu'il s'en faisait la réflexion et cela ne lui plaisait qu'à moitié. L'imbécile impulsif qu'il avait épargné la première fois n'avait que peu de chance de survivre à son exil tandis que le rebelle matois qu'il découvrait au fil des mois pouvait lui empoisonner l'existence un bon moment. Encore une bonne raison de le tuer tout de suite donc... Mais à nouveau il se contrôla en décochant un regard en biais vers la princesse humaine. Le tendon d'achille était là, il suffirait de le trancher au bon moment et ce n'était pas maintenant. Sa colère renfluait peu à peu et si il ne daignait pas faire baisser la température quasi insupportable il ne laissait pas non plus son totem griller vif ces trois gêneurs. Qui vient à point à qui sait attendre n'est-ce pas ? Ses canines ne dévoilèrent sur un demi sourire ironique lorsque la pique du rebelle atteignit ses oreilles et il les dévoila franchement sur un rictus méprisant au moment de répondre à l'attaque. Sa réplique se révéla glaciale :
"J'ai l'impression d'entendre pérorer un coq dans une basse-cour... Sur invitation des baptistrels Wallam, je suis chez moi dans ce sanctuaire et si je n'avais voulu garder mes distances c'est moi même qui me trouverait sur votre territoire à toi et ta volaille royale, pas le contraire. Je comprend ton besoin de jouer les fiers à bras devant elle, mais prends garde à qui tu t'adresse. Ces négociations peuvent s'avérer intéressantes pour mon peuple, mais cela ne veut pas dire que je renoncerai au plaisir de te fracasser les os sous ses jolis yeux si cela devient trop tentant..."
Il avait parlé d'une voix sans timbre si calme et impersonnelle qu'il aurait tout aussi bien pu parler de la pluie et du beau temps, mais nul ne s'y tromperait, il était mortellement sérieux à cet instant. Négociations ou pas, sa patience avait quelques limites qu'il ne fallait pas franchir. L'elfe semblait l'avoir compris même si il réagissait sottement en croyant pouvoir empêcher la catastrophe en se plaçant entre eux. Tout ce qu'il parviendrait à faire serait de mourir le premier mais après tout pourquoi pas ? Lorenz ne l'aimait pas beaucoup plus que Kylian... Il se contenta d'un léger haussement d'épaule face au reproche semi soulevé :
"Je n'ai rien à offrir à mes ennemis, si ce n'est la mort."
Simple constatation qui ne se voulait pas vraiment une menace mais que le tranchant d'acier de ses prunelles eu tôt fait de mêler à une onctuosité dangereuse. Il soutenait le regard de l'elfe sans effort apparent, habitué à ces âpres et interminables luttes. Il observa dédaigneusement le geste qu'avait fait l'elfe pour placer l'humaine derrière lui et assena, railleur :
"Vous devriez changer de place, elle sent moins la frousse que toi."
Et non seulement cela, elle se payait en plus le luxe de se montrer en colère. Un mortel amusement dansa dans le regard brûlant de l'ancestral lorsqu'il assista à la douche froide que la princesse imposa à ses deux chevaliers servants. Ou comment ridiculiser à jamais ces deux là et en particulier Wallam au yeux d'un Wintel qui n'avait franchement pas besoin de cela... Tordant. C'est un franc sourire qui dévoilà cette fois ces crocs, un sourire des plus gourmands qui naissait de la résolution qui venait de s'allumer dans son esprit. Une intense cruauté fit vibrer sa voix lorsqu'il s'adressa au rebelle :
"Elle me plait ton humaine, Kylian. Même si je comprend mal comment un brin d'acier comme celui là peut se satisfaire d'une chiffe molle dans ton genre. Remercie la lorsqu'elle t'aura pardonné, elle vient de me détourner de ta petite personne."
Sous entendu c'était elle qu'il prendrait un jour ou l'autre, faisant d'une pierre deux coups d'ailleurs puisque Wallam ne manquerait sans doute pas de venir à lui directement. Il y gagnerait l'affaiblissement de l'empire humain, le sang d'une Kohan, la souffrance de son adversaire et un amusement des plus pervers car elle ne se laisserait sans doute pas briser facilement. Il en salivait d'avance. Douce vengeance que celle-ci... Sans douceur aucune, il retourna le couteau dans la plaie :
"Je vais profiter de la fin de ces négociations pour réfléchir au temps que nous partagerons ensembles, elle et moi. Elle est belle, cela me paraîtra sans doute trop court."
Toujours séparé de son adversaire par un elfe peu décidé à les laisser s'approcher, il ricana en songeant à la fureur qui devait dévorer l'autre... |
| | | Kylian WallamMon identité Mes compétences
| Sujet: Re: Quand maintes convictions se confrontent... [Terminé] Jeu 26 Déc 2013 - 17:02 | |
| Cèdera, cèdera pas ? Telle était la seule question qui occupait à cet instant l'esprit du renégat. La température de la pièce, déjà exceptionnellement haute de part la proximité des flammes éternelles du Puits Flamboyant, grimpait en flèche sous l'effet de l'éveil du serpent. Son regard figé dans celui du monstre, Kylian se surprenait même à souhaiter voir son ennemi défier le serment et tenter de l'assassiner au mépris des conséquences. Cela aurait certainement tout simplifié. Il en aurait d'ailleurs presque oublié Eliowir qui s'approchait timidement des deux vampires. Pendant une fraction de seconde, le regard clair du jeune faucon quitta celui du serpent persiffleur pour trouver le visage balafré de l'elfe qui espérait lui faire la leçon.
« Voila qui nous fait un point commun... »
Le comble. Celui qui un peu plus tôt lui avouait être incapable de suivre ses propres conseils venait lui reprocher d'en faire autant. Au moins ne manquait-il pas de cran, ou peut-être était-il tout simplement inconscient, car il fallait assurément se montrer très courageux ou particulièrement stupide que pour venir ainsi se placer entre deux ennemis jurés. Toutefois, aucun des deux vampires ne réagit à son intervention, ignorant superbement le sylvain pour se défier du regard. Méfiant, Kylian avait tourné toute son attention vers la silhouette marquée par la malédiction des dragons et n'accorda pas même un regard à la princesse courroucée. Qu'importe sa colère, ils s'expliqueraient plus tard, l'essentiel à l'instant présent était qu'elle quitte la pièce et se tienne à l'écart du prince maléfique. Empruntant la voix assurée de ce dernier, le renégat balaya les menaces comme s'il s'était agi de banalités. Au point où il en était, cela faisait longtemps que les multiples menaces de mort et de souffrance que pouvait lui promettre Lorenz ne l'affectaient plus.
« Je sais parfaitement à qui je m'adresse... Tu ne me fais pas peur, Lorenz. »
Mais ce n'était pas pour autant qu'il en oubliait que, sans le serment pour le retenir, l'autre l'aurait plus que vraisemblablement déjà tué. Tendus tels les cordes d'un violon, ses muscles le faisaient souffrir au niveau des épaules tandis que ses yeux clairs guettaient dans le regard du prince l'étincelle annonciatrice du déchaînement de sa rage. Celle-ci ne vint pas, fort heureusement, et Kylian réprima un soupir de soulagement en entendant les pas précipités de la princesse quittant la pièce. La porte claqua et les trois hommes se retrouvèrent seuls. Enfin.
Sans détourner le regard, le rebelle amorça un pas vers l'arrière, il n'avait plus aucune raison de s'attarder ici maintenant qu'Esmelda s'en était allée, mais suspendit son geste devant le sourire qui étirait les lèvres du monstre. Kylian s'était attendu à voir Wintel se moquer de la réaction de la princesse ou même à railler l'intervention du vampire et du sylvain. Mais ce rictus sordide qu'il affichait n'avait rien de moqueur, quoique son regard dénotait tout de même un amusement des plus malsains, et l'inquiétude qui s'était un temps éloignée de l'esprit du renégat revint à vive allure l'étreindre de ses bras tentaculaires.
Le couperet tomba finalement, au rythme des mots qu'assénèrent les lèvres du prince autoproclamé. Le doute n'était désormais plus permis : il savait. De tous ceux qui jamais n'auraient dû apprendre la vérité, le pire avait percé à jour le secret des amants interdits. Le monde s'écroulait.
En dépit de ses efforts pour dissimuler son trouble, Kylian ne put cacher les jointures blanchissantes de ses poings crispés à s'en briser les doigts, de même que cette apparence de granit qu'avaient pris ses traits figés par la rage ou encore cette lueur enflammée qui éclaira son regard. Au plus profond de son âme, quelque chose venait de se briser chez le vampire transi : une barrière, soigneusement construite tout au long de deux siècles d'existence vampirique, venait de céder brutalement. A l'instant même où Lorenz avait prononcé le mot de trop, l'ultime point de non-retour avait été franchi. Kylian avait toujours su, d'une certaine manière, qu'il devrait tôt ou tard affronter le prince noir, mais jusqu'alors il s'en était toujours détourné. Non parce qu'il craignait son ennemi, mais parce qu'il ne souhaitait tout simplement pas s'engager sur une route de violence et de destruction, de haine et de mort. Aujourd'hui pourtant, et contrairement à ce qu'il avait affirmé quelques instants plus tôt, il avait bel et bien peur. Car si les promesses de mort à son encontre le laissaient froid, il craignait désormais pour la vie de son aimée, et plus que toute autre, cette peur pourrait être l'élément déclencheur qui le conduirait là où il n'aurait jamais pensé aller.
Combien de temps s'était écoulé depuis les derniers mots du prince maudit ? Quelques secondes ? Quelques minutes ? Difficile de le dire, il avait perdu la notion du temps. Il se devait de réagir pourtant, mais que faire ? Nier ? Cela n'aurait fait que renforcer davantage une certitude déjà trop fermement acquises. Son ébauche de recul se mua en un pas vers l'avant, pressant son torse contre le bras du sylvain qui espérait encore pouvoir les retenir. Pauvre sot. La voix du renégat baissa d'une octave pour se faire brutalement plus froide qu'elle ne l'avait jamais été :
« Cela ne la concerne pas, Lorenz, alors laisse la en dehors de ça. C'est moi ton ennemi, pas elle. Serais-tu devenu lâche au point de t'en prendre à une femme plutôt qu'à celui qui t'a défié ? »
Sa voix se fit plus cassante, presque orgueilleuse, tandis qu'il poursuivait non sans ironie :
« Voila donc le courage du terrible prince noir : incapable de réduire au silence un vermisseau qui lui échappe depuis trois ans déjà, il se tourne vers une proie plus à sa portée. Cela te ressemble bien, finalement, mais je ne te laisserais pas faire... La puissance n'est pas ton apanage, Lorenz, alors garde toi de te croire intouchable. »
Il accentua un peu plus la pression sur l'elfe balafré qui le retenait, levant la main pour refermer ses doigts sur l'avant-bras tendu en barrage, comme pour mieux se préparer à l'écarter et se jeter sur son adversaire, avant d'asséner avec un regard mortellement acéré que le prince lui-même n'eut renié :
« Effleure la seulement avec une plume, et les esprits eux-même ne pourront m'empêcher de te tuer... »
S'il restait une once de raison dans l'esprit malade maudit des dragons qui se tenait devant lui, la menace serait peut-être entendue, mais Kylian n'y croyait pas vraiment. Il s'attendait plus volontiers à le voir ricaner tout en se pourléchant les babines, drapé dans sa folle arrogance. Une assurance à double-tranchant toutefois : si le renégat avait survécu jusqu'alors, c'était bien parce qu'il n'avait jamais été véritablement pris au sérieux. Alors Dracos leur vienne en aide si Lorenz décidait de mettre ses menaces à exécution... |
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| Sujet: Re: Quand maintes convictions se confrontent... [Terminé] Mar 31 Déc 2013 - 0:19 | |
| Il n'aurait su dire ce qui l'agaça le plus. Qu'une jeune humaine, qui n'était qu'aux balbutiements de la vie, ose le réprimander aussi vertement de la sorte et ose lui rétorquer que cela ne le regardait en rien, à lui qui pourtant avait été celui qui l'avait informé de cette situation déplorable des prisonniers humains ; qu'un jeune vampire se disant rebelle ose lui faire des leçons de vie, tout en fanfaronnant devant son aîné alors qu'il tremblait par ailleurs de peur pour une personne qu'il n'avait même pas pris soin de protéger, et qu'il serait bien en peine de toute façon de protéger, impuissant qu'il était ; ou que le prince des vampires ose lui renvoyer sa frousse en pleine face en se pavanant de toute sa superbe... Il n'aurait su dire ce qui l'agaça le plus : qu'ils aient tous une grande part de vérité, ou qu'il soit lui-même incapable de le nier comme il l'aurait fait pourtant il fut un temps, du temps de son arrogance outrageante. Où était-elle donc en cet instant ? L'aurait-elle enfin abandonné ? Aurait-il enfin grandi, s'était-il enfin assagi ?
Non, il la sentait bien là encore. Là, au fond de lui. Et elle s'agitait, s'écriait à l'outrage dans des derniers spasmes d'agonie, se débattant dans ses nouveaux fers desquels déjà elle parvenait à se défaire, pouce après pouce, phrase après phrase, mot après mot... Chaque mot qu'on lui crachait était une nouvelle force avivant sa fierté malmenée. Chaque âpre vérité qu'on lui renvoyait était une lente coulée de lave qui faisait fondre sa peur primaire. Oui, il avait peur, oui, il puait la frousse comme se gaussait de lui le digne prince. Oui, tout cela était vrai. Mais il était vrai aussi qu'il savait muer sa peur en un sourd courage. Courage fou plutôt, mais peu importait.
Et alors que les échos de la dernière menace du rebelle finissaient de se fracasser dans le soudain silence de la pièce, la gifle, geste de pure folie et fureur honnie, partit. D'un revers d'abord, elle cingla la joue froide et pâle du môme, avant que sa main ne balaye l'air devant lui pour aller rejoindre celle rêche et moirée des trainées moirâtres maudites du prince. Et qu'enfin il réalise l'ubris qui venait de le saisir, tandis qu'une vive brûlure l'irradiait. Venait-il réellement d'oser cela ? de gifler... gifler, par le Dracos... le prince des vampires ? Et malgré ce geste, malgré cet acte...
Il leva la main comme pour s'assurer d'être bien là, toujours présent, au milieu d'eux deux. Et s'aperçut qu'une importante brûlure la marquait dès lors, l'élançait vigoureusement, la faisant durement trembler. Mais il se força à chasser la douleur lancinante de son esprit et reporta son attention sur l'instant présent, relevant les yeux vers les deux protagonistes, peinant à déglutir le peu de salive qu'il lui restait... Le serment. Le serment n'avait pas agi. Son geste n'avait pas été considéré comme une attaque. Car tel il n'était pas en effet. Il avait juste eu pour but de les arrêter dans leur puéril et stérile conflit. Geste tout aussi puéril, certes, réalisait-il, mais puéril il devait admettre l'être aussi.
- Oui, s'entendit-il enfin gronder, en se tournant vers le rebelle, son regard nuit vrillant ce dernier de sa colère contenue. Oui, la puissance est l'un de ses apanages, petit rebelle, ne vous en déplaise. Regardez-le, objectivement, regardez-le. Jamais vous ne parviendrez à égaler sa puissance justement, et encore moins sa magnificence, sa prestance. Si l'on peut reprocher nombre de choses à ce Prince noir, convenez qu'au moins il a été le seul, le premier et pour l'instant l'unique, à parvenir à unifier votre peuple sauvage et cruellement bestial, votre peuple qui peut pourtant se montrer parfois si digne et si fier.
Se disant, il s'était rapproché de Kylian et le dominait maintenant de sa haute taille, le toisant de haut mais pourtant sans réel mépris. Non pas de mépris. Il devait admettre que le gamin, aussi faible soit-il, avait un certain cran. Et venait de monter alors un peu dans son estime, de gagner une once de son respect.
- Vous avez des idéaux et des convictions ? Han... la belle affaire ! Mais comment pensez-vous donc pouvoir les faire entendre en fuyant sans cesse et en vous terrant ainsi ? Comment pensez-vous donc combattre cette nouvelle armée que Lorenz a su lever, quand tous ceux qui ont écouté vos paroles se retrouvent à fuir par le pays sans même un être apte à les assembler ? Observez donc ce prince noir que vous osez menacer, observez-le, apprenez donc de lui, forgez alors vos forces et là, seulement là, vous pourrez vous targuer de proférer telles menaces et de protéger ceux que vous dîtes aimer.
Non aucun mépris. Juste une profonde fureur en lui, que ce gamin dans son imbécilité puérile et son impétueux idéalisme ait mis ainsi en danger des personnes tierces, des personnes d'importance qui plus est, dont une n'était nulle autre que la princesse Kohan. Ou comment créer un incident diplomatique à grande échelle sous couvert de ces folles et utopiques convictions de jeunesse !
Mais sa fureur n'était pas tournée que vers le petit cancrelat de rebelle. Elle était tournée aussi vers lui-même, mais il n'allait sûrement pas se sermonner devant eux, ses pensées folles le faisant assez pour lui. Et elle se tournait aussi vers le prince lui-même.
- Quant à vous, gronda-t-il sa voix baissant d'un octave se faisant onctueusement suave pour mieux masquer ses accents encore angoissés.
Des accents agonisants aussi sous cette chaleur torride. Il sentait la sueur lui perler du front, suivre les arêtes marquées de sa machoire, s'insinuer même dans une de ses balafres le démangeant soudain furieusement, et couler le long de son échine... une chaleur torride si accablante qu'il avait l'impression soudain qu'on enserrait sa gorge dans un étau. Il dut faire appel à toute sa maitrise pour ne pas porter une main à ce col et desserrer sa tunique. Au lieu de ca, il parvint à faire quelques pas, se postant alors devant Wintel, qu'il dominait quelque peu, à son grand étonnement, et planta son regard sombre dans les braises ardentes du vampire. Affrontant ce feu haineux qui ne lui était sans doute pas entièrement destiné (il ne se faisait aucune illusion, il n'était rien aux yeux du prince, une telle haine serait bien trop d'honneur pour un tel vermisseau que lui). Contenant les tremblements traitres de son faible corps qui déjà menaçaient de le submerger.
- Oui, je pue la frousse. Oui la peur m'envahit. Oui cette jeune humaine a un courage que je n'ai pas, inconscience de la jeunesse qu'est la sienne sans doute. Mais mon courage à moi n'est peut-être pas de ne pas connaître la peur mais plutôt de savoir la combattre. ou d'en avoir toute la volonté.
Une goutte de sueur ourla sur ses lèvres, qu'il happa rapidement, en gouttant son goût âcre et salé. Etait-ce celui-là le goût de la peur ? Etait-ce ce goût-là que pouvait sentir le vampire ?
- Et oui vous êtes puissant. Indéniablement puissant, vous n'êtes pas le prince noir sans raison. Une puissance enivrante, attirante... qui attise en moi un instinct de convoitise, je dois bien l'avouer, tel un papillon ne pouvant s'empêcher de se risquer à la lumière quitte à s'y brûler les ailes... tel ce papillon, l'envie de toucher votre puissance du doigt...
Et se disant, il mima le geste, approchant sa main du visage sombre, en frôla la peau lisse de marbre froid, avant de finalement la retirer, comme s'il s'y était véritablement bruler.
- ...me happe et m'attise, me pousse vers vous tout comme elle me pousse à vous fuir. Etrange dilemme alors que cette attirance et cette révulsion mêlée... Lorenz Wintel, Prince des vampires, digne Prince noir... Qui êtes-vous donc ? Vampire ancestral... Autrefois elfe, vous pour qui maintenant les elfes ne sont qu'êtres honnis... Qui êtes-vous donc ? Quel âge avez-vous, prince ? Qu'a donc pu vous faire mon peuple en votre temps pour que vous le haïssiez tant ? Qui a-t-il tué ? Votre père ? Votre mère ? Votre aimée ? Qu'a-t-il donc détruit en vous ?
Que lui prenait-il soudain de déclarer ainsi ouvertement son étrange attirance, et son dégoût profond, pour l'être qu'était devenu Wintel ? Que lui prenait-il soudain d'oser le questionner ainsi ? Etait-ce lui ou la température avait encore grimpé d'un iota, menaçant de faire bouillir son sang en même temps que son esprit ? |
| | | Merithyn Shadowsong Légende
| Sujet: Re: Quand maintes convictions se confrontent... [Terminé] Dim 5 Jan 2014 - 14:28 | |
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Il avait bien fait de les faire surveiller. Si son instinct n’était pas le meilleur au monde, cette fois semblait avoir grandement payée… Depuis l’instant où il avait regagné Tomingorllo après sa rencontre avec Eliowir, il avait fait mettre le vieil elfe sous surveillance étroite de ses pairs, en appelant à l’air et à la terre là où le feu ne le conduisait pas. Celui-là avait quelque chose, un don pour s’attirer les pires ennuis imaginables et créer des situations de tensions presque impossibles à détendre. Inextricables, voilà bien le mot, un véritable fouillis de nœuds. Ah il était beau l’ancien conseiller ! C’était lui qu’Eliwyr accusait de se laisser guider par ses pulsions et ses sentiments ? La belle affaire. Lui ne provoquait pas de catastrophe à tout bout de champ. C’était lui qu’on accusait de ne pas être assez pragmatique et détaché, mais quand il voyait ce que certains faisaient, il avait une folle envie de rire de ces récriminations à son égard. Mais malheureusement son envie d’en rire passait bien après son envie de grincer des dents aux nouvelles tandis qu’il se hâtait vers le sanctuaire du feu aussi rapidement que ses jambes pouvaient le porter… Il n’y avait pas de temps à perdre, avec ces trois-là dans une même pièce les ennuis ne tarderaient certainement pas à arriver, galopant plus vite que lui ne pouvait le faire. Mais qu’est-ce qui leur avait pris à ceux-là ? Avaient-ils tout simplement perdu la tête pour débouler devant Lorenz comme cela ?
Oh oui bien sûr il y avait l’intervention de la princesse Esmelda, elle parfaitement légitime car elle était après tout membre de la famille impériale et à ce titre avait naturellement le droit, selon leurs règles, de négocier la liberté des prisonniers au nom du peuple humain. Pouvait-on réellement prendre comme excuse leur inquiétude ? Il la comprenait et plus que bien même mais non ce n’était clairement pas suffisant à ses yeux. Il savait déjà qu’il n’adviendrait pas à temps pour les empêcher de transformer leurs langues en savonnettes dangereuses mais tant pis, tout ce qu’il espérait c’était que Kylian ai encore un lambeau d’intelligence et ne révèle pas l’existence des diamants de pureté où ils auraient cette fois un énorme souci sur les bras. Lui le premier d’ailleurs. Maudits soient-ils eux et leur façon d’agir ! Il semblait qu’en l’instant le plus décisif leurs cervelles se décident toujours à se faire la belle ! Et non il ne voulait pas entendre parler de son propre comportement ! C’était totalement différent ! Suffisamment différent pour l’agacer prodigieusement en tout cas. Pas encore assez pour être vraiment en colère mais assez pour lui donner envie de rappeler que le but de ces négociations n’étaient certainement pas de risquer une nouvelle explosion de violence.
Parce qu’un duo Kylian Eliowir risquait effectivement de finir ainsi. Et si il ne tenait pas forcément le vieil elfe dans son cœur il n’avait certainement pas envie de le voir finir en petit morceau et tenter de l’expliquer à Galadrielle après coup. Et Kylian avait encore trop de choses à accomplir pour périr ici… Et encore une fois, c’était lui qui allait probablement prendre les coups à leurs places. Mais si ça pouvait arranger la situation il le ferait, ça ne le dérangeait nullement…. Ou pas. En ouvrant la porte sans laisser personne lui barrer le chemin (Dracos ! Il était encore chez lui en ces lieux !) il se figea subitement en entendant les derniers mots prononcés par l’ancien conseiller. Esmelda ne se trouvait plus sur place, comme on le lui avait soufflé et il doutait de la libération des prisonniers. Les ondes de la pièce le fauchèrent sur place alors qu’il prenait la mesure de ce qui venait de se passer… et de ce qui risquait de se passer dans les prochaines minutes. Il était… il était totalement stupide voilà tout ce qu’il pouvait en dire. Si ce n’était pas clair auparavant cette fois ça l’était, cet elfe avait vraiment envie de mourir et de la plus stupide des façons. Il sentait déjà la tension monter en flèche… autant chez Lorenz que chez lui-même étrangement.
D’agacement prodigieux il venait littéralement de passer à colère sourde et grondante qui se traduisit par un rugissement sauvage des flammes du puits extérieur. Il resta complètement immobile un bref instant, figé, son visage un masque de surprise horrifiée. Il était arrivé trop tard, cette fois c’était clair. Le pire venait sans doute de se produire. Un bref instant oui, il resta figé devant ce geste complètement aberrent. « Espèce…. De gamins imbéciles » Il n’avait pas pu s’en empêcher. Sa voix était blanche, faible, comme si il ne parvenait pas à croire ce qui venait d’avoir lieu. Il aboya un seul mot de commandement à la puissance vibrante et activa les protections Baptistrales de force, lui coûtant une large part de son énergie personnelle afin d’isoler Eliowir de la fureur très prochaine de Lorenz. Une perte d’énergie vite compensée par la présence du puits éternel qui lui rendit cette énergie sans tarder. Le sort était cependant moins puissant qu’il l’aurait dû… Eliowir était encore légèrement visible, un fin esprit impalpable qui n’avait plus d’accès à la matérialité mais qui pouvait encore entendre et parler.
Avançant finalement dans la pièce il vint se planter devant eux, les observant comme si il n’y croyait toujours pas alors que la température de la pièce grimpait encore, insoutenable, avec son propre apport en chaleur qui attisait en plus celui de Lorenz. « Pouvez-vous m’expliquez ce que vous faite ici ? » Sa voix était toujours blanche, mais elle portait indéniablement les traces d’une colère qu’il contenait de son mieux pour éviter de causer encore plus de dégâts et de tensions en ces lieux. « Dites-moi messieurs » Et il s’adressait effectivement à Kylian et Eliowir « Dois-je vous rappelez l’intérêt de la trêve en cours ? Faut-il vraiment…. Que je vous rappelle que le but est de parvenir à un accord d’alliance entre nos peuples afin de combattre la menace qui pèse sur nous ? Croyez-vous vraiment… messieurs, qu’en venant porter ici vaines et stériles menaces, vaines et stériles arrogances outrepassées, vous serviez autre chose que l’impulsion puérile et pathétique qui vous habite ? Le fait est… que cette trêve n’est nullement le sable d’une arène pour régler vos comptes et qu’elle n’est certainement pas une excuse pour vous montrer aussi… » Il ne trouvait pas le mot exacte et avait de toute façon besoin d’air ou il allait réellement se mettre à les gifler lui aussi. Prenant une inspiration tremblante en continuant de se juguler il poursuivit. « Puis-je savoir de quel droit vous levez la main sur mes hôtes Eliowir ? »
Il serra les dents, faisant jouer sa mâchoire alors qu’il cherchait ses mots, sans se laisser porter, justement, par ses sentiments immédiats. « Je ne vous ai pas accueilli pour que vous nous couvriez de honte en agissant de telle manière. C’est nous que vous desservez… L’action de la princesse était parfaitement légitime. La vôtre, à tous deux en revanche…. » De toute évidence, le présent qu’il avait fait à l’elfe n’avait servi à rien. Et cela le chagrinait autant qu’il était agacé par la situation. « Je devrais vous enfermer tous les deux jusqu’à la fin de cette trêve. Je me contenterais cependant de vous demander de sortir » Le dernier mot tomba, ferme, la colère et la déception sonnant en lui « Maintenant »
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| Sujet: Re: Quand maintes convictions se confrontent... [Terminé] Dim 5 Jan 2014 - 20:06 | |
| Cette fois il avait bel et bien trouvé le point sensible, et l'explosion n'allait plus beaucoup se faire attendre. Il voyait nettement l'étincelle de peur et de haine qui enflammait les prunelles du renégat. Si l'instant d'avant il n'avait pas vraiment menti en prétendant ne pas avoir peur de lui il ne pouvait à présent plus le dire, il tremblait pour sa belle et cette constatation emplissait l'ancestral d'aise. Avec jubilation il observa les piètres tentatives de son interlocuteur pour le détourner de sa nouvelle proie et se laissa aller à un demi sourire aussi cruel qu'acéré. Il ne le connaissait vraiment pas bien si il croyait que l'orgueil et la fierté blessée pourrait l'inciter à changer d'avis alors même qu'il s'apercevait qu'il avait mis la main sur une arme formidablement à même de faire souffrir son éternel ennemi. Une lueur moqueuse dans l'oeil, il laissa le jeune vampire s'approcher dangereusement de lui et regretta un instant la présence de l'elfe. Sans lui le point de non retour aurait sans doute été franchi, et cela aurait été des plus intéressants...
Avec gourmandise, il observa le geste agressif du rebelle qui semblait sur le point d'écarter celui qui l'empêchait de se jeter sur son adversaire. Ira ? Ira pas ? Tout ceci passionnait l'ancestral et le maintenait dans un état de tension constante. Conscient que les protections baptistrales bloqueraient sans doute Wallam il n'en demeurait pas moins prêt au combat, aspirant à une lutte à mort qu'il attendait depuis bien longtemps et qui ne pourrait se solder que par une victoire sanglante et rapide. Dommage vraiment, que cet elfe soit là... Peut-être fallait-il qu'il trouve le moyen de s'en débarrasser... En attendant il décida de répondre à son opposant principal et d'attiser plus encore sa haine :
"Tout doux, vampiret. Tu ignores jusqu'à la signification du mot puissance et rien n'est plus ridicule qu'une menace creuse. Si le courage consiste à éviter les points qui importent à un adversaire et à se priver d'un loisir agréable alors tu peux te le garder. Il y a bien longtemps que ton sort est scellé, ta princesse n'est qu'un petit plaisir supplémentaire..."
Ses prunelles se réduisirent jusqu'à ne plus former que deux fentes brûlantes et pleine d'un sombre amusement devant la promesse du rénégat et il susurra doucement :
"Oh... Mais j'y compte bien..."
Il en avait presque oublié l'elfe, trop occupé à soutenir farouchement le regard meurtrier de Wallam. Le moment de vérité était là, ils ne pourraient pas revenir en arrière sans s'affronter après un tel échange. Restait à savoir comment les protections baptistrales allaient réagir face à un tel duel et si il aurait la possibilité de toucher sa cible ou pas. L'importance des négociations demeurait comme un rappel incandescent brillant dans un coin de son esprit. Il n'était pas totalement libre de ses mouvements et cela l'agaçait mais l'occasion était belle, trop belle... Il tâtait à nouveau la magie baptistrale, déployant lentement les tentacules de sa formidable puissance dans la recherche des failles qui existaient forcèment dans la toile qui l'engluait. Les baptistrels n'étaient pas au complet, Merithyn était un être soigneux mais il n'avait pu à lui-seul créer la perfection. Tous deux savaient pertinement que le prince noir était capable d'affronter et peut-être même de vaincre les forces qui le retenaient, seul le prix à payer pour un tel acte le retenait encore mais que Wallam fasse le premier pas et plus rien au monde ne pourrait empêcher Lorenz de répliquer mortellement à l'agression. Un geste.. Un seul... Et il n'y aurait plus d'hésitation...
L'agression vint d'ailleurs. Imprévue. Incompréhensible. Un froncement de sourcil accompagna le claquement sec qui résonna sur la joue de sa cible et un geste instinctif l'amena à ouvrir les mains pour appeler ses dagues à la seconde même où Eliowir tourna sa fureur contre lui. Rien ne vint si ce n'est la douleur cuisante qui vint éveiller la chaleur de la marque au point de lui tirer un grondement furieux et parfaitement incrédule. Ses mains restèrent vides à sa grande désolation, ses dagues ne pouvaient venir à lui malgré toute son envie actuelle de les planter directement dans la jugulaire du fou furieux qui avait osé lever la main contre lui. L'image furtive de la désolation hurlante du dernier êter à avoir osé un tel geste lui revint aussitôt en mémoire et en lui la bête gronda, brutalement éveillée à nouveau et prête à accomplir son office. Le sens des mots prononcés par le cadavre autoproclamé lui échappait totalement à part le fait qu'on parlait de lui, il lui fallu toute sa concentration pour revenir à l'instant présent et écouter les conseils qu'Eliowir dispensait à présent à Kylian. Sa magie n'était plus qu'un torrent tumultueux ayant abandonné l'idée de combattre adroitement les points faibles des protections baptistrales, il était plutôt prêt à se jeter contre elle de toutes ses forces jusqu'à les voir s'écrouler à ses pieds et enfin se retrouver libre d'étrangler lentement le pourceau à l'origine de sa rage.
Son agressivité attentiste s'était muée en une immobilité prédatrice, il n'était plus que le vampire en attente de l'instant où sa proie serait dans une position propice à son attaque. Visage de pierre, il ne daigna pas bouger d'un pouce lorsque l'autre s'approcha de lui jusqu'à le toiser et leva le tranchant d'acier de ses prunelles jusqu'à pouvoir les plonger profondément dans le regard qui se voulait assuré sans réellement y parvenir. Le grondement de l'elfe ne lui tira qu'un rictus qui dévoila à demi ses canines dans une parfaite démonstration de ce que pouvait être la sottise de l'agneau défiant le loup. Formidablement et inexplicablement patient il le laissa parler, s'engluant encore et encore dans la trame douloureuse du destin qui lui était désormais promis. Ses narines se dilatèrent presque imperceptiblement tandis qu'il analysait instinctivement l'air entre eux, se gorgeant sans limitation aucune de l'odeur de celui qu'il allait tuer et qui parlait encore, comme si ses mots avaient le pouvoir de retarder l'échéance... Fou qu'il était.
Fou, oui. Aucun mot ne pouvait convenir à celui qui pour la seconde fois osait lever la main vers vers le visage du prince. Attentif aux paroles étranges qui sortaient de la bouche du fou, il se raidit plus encore si c'était possible dans l'attente du contact. Il ne permettrait pas d'être touché une seconde fois, agressivement ou pas. A l'instant même ou la peau infecte de la créature des bois toucheraient la sienne alors il attaquerait, et le sanctuaire tout entier tremblerait devant sa juste colère. Mais le contact ne vint pas et le flot des paroles reprit, infect lui aussi. Comment osait-il l'interroger après cela ? Et même avant d'ailleurs... Pourriture Elfique, cette fois il allait le détruire pour de bon.
Il avait totalement lâché la bride de son totem qui brûlait à présent d'un feu intense, menaçant d'embraser totalement l'air qu'il rendait de plus en plus irrespirable mais là n'était pas le danger le plus incisif. Le torrent de puissance le l'ancestral crépitait presque de façon perceptible sur sa peau, l'enveloppant d'une noire aura entièrement tournée vers le canevas serré formé par les mailles de la magie baptistrale. Autour d'eux et à des lieux à la ronde, la trame magique Armandéenne faiblissait à mesure qu'il y puisait en formant rapidement le bélier d'énergie pure qui lui servirait à ébranler violemment les défenses du sanctuaire. Jusqu'à la force conséquente de son ombre tapie dans une autre pièce du sanctuaire qui obéissait à son injonction et se mettait à son service pour détruire ce pour quoi ils étaient venu. Peu importaient les conséquences à présent, plus rien ne pouvait sauver les deux êtres qui se trouvaient près de lui. Ni ceux qui l'approcheraient ensuite d'ailleurs... Le jeu était terminé, Armanda devrait trouver un autre moyen de vaincre les Alayiens.
"Tu ne le saura jamais, mais tu va savoir ce que je le mot détruire veut dire..."
Il avait parlé d'une voix sombre, plus sombre encore que tout ce dont il était capable en temps normal. Gonflé de la puissance de sa magie, son ton avait les accents irrévocables du noir seigneur qu'il était. La trame magique tremblait et hurlait sous son assaut et il atteignait déjà le point culminant de puissance qui lui serait nécessaire pour espérer atteindre son but. Canines dévoilées, il déployait une majesté certaine dans sa totale concentration et il ne lui manqua que quelques secondes pour avoir l'occasion de lancer brutalement toute sa puissance contre les protections baptistrales déjà ébranlées. Désarçonné par l'ouverture soudaine de la porte et par l'afflux de chaude magie qui vint soutenir les défenses baptistrales, il recula d'un pas en maintenant difficilement son propre afflux d'énergie.
Shadowsong... Déjà... Lorenz n'avait pas douté un seul instant de le voir débarquer très vite suite à la colossale attaque qu'il était sur le point de mener contre ses défenses mais pas si vite... A moins de se trouver dans la pièce à côté il n'aurait pas pu arriver à temps, sans doute avait-il donc eu une autre raison de se trouver là. Peut-être même avait-il eu vent de l'arrivée des trois intrus dans l'antre de son plus dangereux invité, cela ne pouvait qu'être cela. Et à l'instant présent Lorenz ne savait plus très bien si cela l'irritait ou l'arrangeait. Il peinait à gérer à la fois la bête en lui qui réclamait le sang d'Eliowir et la magie irrascible qui menaçait de faire éclater tout le sanctuaire. Dans un colossal effort, il contrôla les deux à la fois et dû puiser dans toutes ses ressources pour que les sifflements du serpent cessent de résonner dans son crâne. Indifférent au savon que le chanteur était en train de passer aux deux autres, il n'était que colère noir eet rancoeur acide tandis que son regard se plantait vers la présence désormais inconsistante de sa proie. Les derniers mots le heurtèrent néanmoins, et il gronda comme un fauve :
"Ils n'iront nul part..."
Saisissante démonstration de maîtrise, il contenait les différents flux d'énergie qui jaillissaient en lui avec ce talent proprement terrifiant qui le caractérisait déjà bien avant sa transformation. Peu d'êtres au monde auraient pu contrôler la puissance que le sang de dragon lui octroyait et il ne semblait pas particulièrement disposé à s'en laisser compter par un baptistrel, tout gardien qu'il soit. Pleins d'une sombre menace, ses prunelles se fixèrent durement sur l'elfe chanteur tandis qu'il articulait avec lenteur :
"Cet elfe a levé la main sur moi, sa vie m'appartient selon les lois de mon peuple. Et ne viens pas me dire que ce sont tes lois qui ont priorité ici, Shadowsong, tu as été incapable de les faire respecter. J'avais ta parole, aucune agression n'était possible contre un vampire. J'exige réparation."
La menace se fit plus tranchante encore tandis qu'il attendait la réponse, une lueur prédatrice brillant dans l'acier :
"Répond vite chanteur, et répond juste. Ou je ne t'attendrai pas pour réparer moi-même l'offense..."
Et autant dire que Merithyn n'ignorait en rien la façon toute particulière qu'avait Lorenz de réparer ce genre de choses... Une compréhension mutuelle se transmettait entre eux sans qu'ils aient besoin de clarifier leurs pensées. L'ancestral n'hésiterait pas à avancer un peu l'échéance du combat qu'il avait promis quelques jours auparavant à son interlocuteur... |
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| Sujet: Re: Quand maintes convictions se confrontent... [Terminé] Jeu 16 Jan 2014 - 20:59 | |
| Il le tuerait. A chaque seconde qui voyait son regard effleurer le visage machiavélique de l'ancestral vampire, cette certitude le gagnait plus et plus encore. Il le tuerait. Sans remord, sans hésitation, sans même que sa main ne tremble au moment de porter le coup fatal, car le prince autoproclamé ne méritait aucun autre sort, aucun pardon, aucune clémence. Peut-être même le renégat prendrait-il du plaisir à voir la vie, si tant est qu'un être aussi abject ait pu jamais se voir béni d'un tel don, s'éteindre dans le regard outrageusement malsain qui teintait alors les prunelles d'acier qui lui faisaient face. La haine qui l'habitait à cet instant transpirait littéralement par chacun de ses pores, ses poings crispés dans une attitude rageuse tremblant d'une violence difficilement contenue. Au fin fond de son esprit, une petite voix que l'on appelait communément la raison s'efforçait péniblement de distraire le vampire des pensées et images de pure violence qui l'assaillaient. En vain. Seuls les instincts du prédateur qui sommeillaient en lui trouvaient encore voix au chapitre, quand bien même un affrontement direct équivalait ni plus ni moins à un suicide, Kylian était prêt. D'une seconde à l'autre, il se jetterait à la gorge du prince avec toute la bestialité dont il était capable et il en mourrait, aucun doute là-dessus, mais peut-être aurait-il ainsi une maigre chance d'emporter l'ancestral avec lui. Et dans le cas contraire... Le renégat mort, Lorenz obtiendrait satisfaction et n'aurait plus la moindre raison de s'attaquer à la princesse. Dans les deux cas, l'essentiel était acquis, Esmelda serait sauve. Pourquoi attendait-il encore ?
Un claquement sec contre sa joue vint toutefois brutalement devancer l'assaut du rebelle. Trop tard, Lorenz l'avait précédé et avait frappé le premier. Quoique le coup demeura étonnant faible de la part du prince noir, et de fait, l'agression n'était pas venue de là où Kylian l'aurait plus volontiers attendue. L'elfe balafré, qui de toute évidence avait été relégué au second plan aussi bien de la part du renégat que du prince, semblait brutalement décider qu'il était temps pour lui de réclamer un peu d'attention. Venait-il vraiment de les gifler tous les deux ? Incapable de véritablement réaliser, le renégat vampire n'écouta que d'une oreille distraite le sermon du sylvain. Non mais pour qui se prenait-il cet espèce de je-sais-tout imbécile ? Avait-il seulement conscience qu'en frappant Lorenz, il venait ni plus ni moins de signer son arrêt de mort ? Et des deux mains, encore bien. Alors comment, par tous les esprits, un être aussi dérangé pouvait-il espérer inspirer la sagesse nécessaire à lui dicter sa conduite ?
Nullement impressionné par la stature du sylvain qui le dominait du regard, la voix meurtrière du vampire lui répondit avec des sonorités dignes d'un iceberg :
« N'essayez plus jamais de me dire ce que j'ai à faire. Cela fait trois ans déjà que celui que vous glorifiez ainsi essaie en vain de me tuer. Trois ans, alors que pas un ne m'aurait donné une journée à vivre. Croyez vous vraiment que j'aie besoin de vos conseils ? »
Le rebelle se recula d'un pas, son regard étrangement adouci. La rage et la colère, bien qu'encore sous-jacente, laissèrent place à une certaine forme de pitié pour le balafré tandis que ce dernier se retournait vers Lorenz pour tenir un discours des plus... perturbants, à tout le moins. Cette fois, il n'y avait plus aucun doute, le bain de sang était inévitable et tandis que le prince noir annonçait sa sentence, l'on eut pu facilement croire que l'air lui-même était sur le point de s'embraser spontanément. Sans doute l'aurait-il été d'ailleurs, s'il n'y avait eu l'intervention du Gardien des baptistrels dont la silhouette menue venait de s'avancer dans la pièce avec l'espoir de ramener un semblant de maîtrise dans cet imbroglio de colère et de violentes promesses. Même s'il était évident que l'elfe chanteur se révélait au moins aussi contrarié que les trois autres occupants des lieux, à en juger par le sermon qu'il tint aux deux intrus. Peu enclin à s'en laisser conter néanmoins, Kylian répliqua presque immédiatement :
« La trêve et l'alliance ne sont nullement remises en cause ici, Merithyn, et je n'ai besoin de nulle excuse pour me justifier de mes actes. Lesquels ne concernent d'ailleurs que Lorenz et moi, il n'appartient pas aux elfes de se préoccuper des affaires de vampires... »
Son regard s'était posé sur la silhouette intangible d'Eliowir tandis qu'il prononçait les derniers mots. Rarement le rebelle s'était-il montré aussi froid, aussi enclin à la ségrégation, mais s'il était un sujet qui justifiait tout à ses yeux, c'était bien Esmelda.
Ainsi, lorsque l'elfe baptistrel les invita, non sans une autorité certaine, à quitter les lieux, Kylian ne se fit pas prier et amorça un nouveau mouvement de recul. Sourd à l'injonction de celui qui se prétendait son prince, il lui tourna résolument le dos, et entreprit de s'éloigner mais s'immobilisa toutefois lorsque Wintel réclama l'application des lois vampiriques et, par conséquent, la tête de celui qui avait osé lever la main sur lui. Evidemment. Et même s'il y avait une véritable ironie à voir le cruel prince noir chercher à justifier sa vengeance démesurée, le fait était que l'on ne pouvait que difficilement lui donner tort : Merithyn aurait assurément les plus grandes difficultés à le faire revenir sur sa requête. La mine sévère, le regard las, le renégat dévisagea pendant quelques secondes la face balafrée du sylvain qui s'était ainsi placé en bien fâcheuse posture, avant de laisser finalement échapper quelques mots :
« Trois ans, Serillëiel. Je vous hais, pour bien des raisons, et pourtant je vais encore vous souhaiter de parvenir à en faire autant. »
Le suite ne le concernait tout simplement plus, et en dépit de ses propres convictions, Kylian n'était à cet instant pas capable de ressentir la moindre once d'empathie pour le vieil elfe arrogant : le sort assurément funeste que pouvait bien lui réserver l'ancestral l'indifférait, tout simplement. Le vampire s'éloigna donc sans un mot pour se diriger vers la sortie. Il n'avait pas fait trois pas cependant que le remord l'étreignit l'espace d'un instant, mais le simple souvenir de la silhouette de cet elfe agenouillé devant Esmelda, sa main dans la sienne, suffisait à lui faire refouler toute volonté d'intervenir. Si la princesse n'avait croisé la route du balafré, rien de tout ceci ne serait arrivé, alors... Qu'importe ce qu'il pouvait advenir de lui. |
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| Sujet: Re: Quand maintes convictions se confrontent... [Terminé] Jeu 23 Jan 2014 - 0:34 | |
| Tout devint chaos pour lui. Chaleur suffocante et feu embrasant ses sens en même temps que son corps. Il dut faire appel à toute sa maitrise, et toute sa volonté mentale, pour ne pas flancher et ne pas purement et simplement s'écrouler aux pieds du vampire. Il sentait la colère du serpent flamber autour d'eux, il sentait son venin s'insinuer dans l'air et menacer jusqu'aux barrières baptistrales elles-mêmes. Il sentait les échos terribles de ce qui menaçait de s'abattre sur lui. Loin de vouloir fuir toutefois, il garda son regard ancrer dans celui du Prince, prêt à succomber quand enfin haine et rage auraient déferlé sur lui. Peur et terreur étaient peut-être ses compagnes en cet instant, mais courage et folie avaient eux aussi décidé de le tenir par la main, le forçant à affronter le tout sans ciller outre mesure. Enfin... suffocant, le souffle erratique et chaotique et des perles de sueur ourlant les traits disgracieux de son visage...
Mort, oui, mort semblait bientôt vouloir l'inviter.
Ou pas.
A peine entendit-il le baptistrel arriver et les mots, amers, abruptes, de "gamins imbéciles" résonner dans l'air, qu'il se retrouva... prisonnier. Isolé. Dans cette sorte de cocon brumeux et impalpable, dont il avait déjà goûté les affres, il y a peu, avec un jeune loup. Voilà qu'on avait la bonté de lui en offrir une petite variante. Variante oui, car au final il n'était pas totalement isolé, comme il l'avait été la dernière fois. Si le monde autour de lui, au-delà de cette barrière brumeuse et fantomatique, avait perdu toute consistance physique, il pouvait encore en entendre les sons... et visiblement être entendu, même si plus comme un écho lointain qu'autre chose.
Il put ainsi parfaitement entendre ce qui se disait. Ou plutôt ce qu'on lui disait, reprochait même. Même si pour cela, il dut tendre l'oreille et presque retenir son souffle, enfin redevenu normal d'ailleurs en même temps que la température en ces lieux éthérés était redevenue décente, pour entendre plus clairement les mots. S'il détestait se faire ainsi lapider verbalement, car il ne voyait là aucun autre terme, il préféra se taire et ronger son frein. Que le gardien des lieux explose donc sa colère contre lui, si cela l'enchantait, peu lui importait au fond. Ce n'était pas comme s'il était totalement innocent de toute façon. Il ne se considérait pas réellement fautif, pas pleinement, en tout cas certainement pas d'intention. D'impairs en impairs, il s'était retrouvé dans une situation inextricable en n'ayant pas su faire preuve de discernement et d'anticipation, et ce par une déplorable méconnaissance de ses interlocuteurs. Il avait oublié l'impétuosité humaine...
Non, il n'était pas venu régler ses comptes, et non jamais il n'aurait voulu venir ici proférer quelque menace que ce soit. Il n'avait fait que vouloir retenir une princesse impétueuse au tempérament de feu, et tenter de la rattraper et de la raisonner avant d'en arriver à ce déplorable interlude. Mais voilà... Shadowsong n'en savait rien. Et qu'importe qu'il le sache au fond, et qu'il se contente de décharger sa colère sur le plus à même de l'essuyer. Qu'il l'accuse donc de ce qu'il voudra, du être et du non être, de faits dont il était responsable ou non, si cela permettait de calmer tension et colère. Peu lui importait au final. Et si son premier instinct avait été de vouloir se justifier et de lui présenter les faits tels qu'ils étaient, tel un gamin pris en faute en quête de se justifier... il se ravisa bien vite. Et se contenta d'attendre que tous aient fini leur plaidoirie, les observant simplement de son éternel regard sombre, calme, étonnamment austère pour le lion rugissant qu'il était d'ordinaire, attendant, patiemment, son tour. Tout simplement.
Le seul acte qu'il se reprochait lui-même était effectivement d'avoir osé ces gifles éhontées. Oui, gestes déplacés alors que ceux-là, il en avait parfaitement conscience. Même si, là encore, ce geste n'avait été dicté que dans de bonnes intentions, et n'avait d'ailleurs nullement été considéré comme une quelconque menace par le serment. Mais nul besoin de préciser que si le serment lui-même n'avait pas agi, c'est que son geste n'avait pas eu pour but de menacer ou d'attaquer, n'est-il pas ?
Quant à sortir... Encore fallait-il le lui permettre en le libérant de sa prison de brumes. Mais avant cela, il avait à répondre à un prince qui demandait, à juste titre peut-être, réparation. Un Prince qui souhaitait visiblement qu'ils restent... pour régler leur compte. Et cette fois il s'agissait bel et bien de régler des comptes, en effet.
"Cet elfe a levé la main sur moi, sa vie m'appartient selon les lois de mon peuple."
Voilà qui était intéressant. Les lois vampiriques... Pas "une" mais "les"... Toutes les lois les concernant qu'il connaissait jusque-là avaient été la loi du plus fort. Visiblement ce peuple comptait d'autres lois, qui, si elles n'étaient peut-être pas suffisantes pour donner à ce peuple un caractère plus civilisé, du moins avaient le mérite d'exister. Dommage qu'il ne les ai pas connues alors. Visiblement il venait d'en enfreindre une. En somme, il s'agissait là d'une loi logique et sommaire : frapper un prince, pour tout peuple, signifiait atteinte grave, haute trahison voire pire. Cette loi-ci, toute vampirique qu'elle était, n'était donc que pure logique. Et puisqu'il s'agissait là d'une loi, Eliowir était prêt à s'y plier. Même si cela signait encore une fois son arrêt de mort. Au moins pourrait-il avoir une mort digne de ce nom.
Et le petit renégat avait beau lui souffler ses "trois ans" tel un leitmotiv, il n'avait que faire de son soit-disant exploit. Trois ans à fuir, trois ans à se cacher, trois ans à courir le pays pour éviter les sbires d'un prince fou, oui ! Certes, ces trois ans avaient été passés à proférer des propos anti-conformistes contre le régime dictatorial du prince en question, à proclamer de hautes convictions qu'Eliowir avait à peine entendues et à peine écoutées... mais qu'il savait au final dignes d'un certain intérêt, pour que ledit prince y apporte tant d'importance. Mais qu'importe ces trois ans... Puisqu'au final il s'agissait de trois ans de vide combat. Rien n'avait été construit de concret, rien n'avait été réalisé pour réellement contrer ledit prince, pas une armée, même dans l'ombre, pas un soldat, même pas l'ombre d'autres renégats à sa suite, à ses côtés, là, maintenant... Trois ans de vent donc. Non, Eliowir n'était pas du genre à passer trois ans ainsi. Le lion en lui n'était pas capable d'attendre trois ans ainsi. Lui, quand il prenait des décisions et voulait défendre une cause, il agissait dès que possible, construisait ds plans, élaborait des solutions et s'attelait à réaliser ses voeux, ses espoirs... Non, en effet. Il ne durerait pas trois ans. Peut-être pas même trois mois, ni même trois jours... Et alors ? Il avait vécu après tout plus de deux fois trois cents ans...
Il n'accorda donc qu'un rapide regard au petit rebelle. Non par mépris, mais juste qu'il n'avait rien à répondre et surtout aucune envie de relancer les hostilités quelles qu'elles soient. Non, toute son attention se focalisait sur ce Prince qui se disait bafoué, à juste ou injuste titre d'ailleurs, peu importait.
Et visiblement, tout ce petit monde semblait avoir fini de parler. Du moins, était-ce là l'ouverture dont il avait besoin pour enfin pouvoir répondre.
- Je n'envisageais nullement de venir menacer qui que ce soit Sire Shadowsong. Ni même de venir tout court, si je n'avais pas essayé de retenir l'impétuosité d'une princesse qui m'a prise au dépourvu au détour de notre conversation.
Il ne précisa pas, que cette même conversation lui avait d'ailleurs été conseillée par celui-là même qui lui reprochait tant de choses avec forte véhémence en cet instant.
- Je ne serais d'ailleurs sans doute jamais entré ici même, sans l'accord du Prince, si un certain vampire ne m'y avait ensuite entrainé à son tour.
Ce vampire-là désignant bien entendu le petit rebelle.
- D'ailleurs le serment ne s'y est pas trompé. Même ma gifle, envers tous deux, geste bien malheureux j'en conviens, n'avait nulle visée agressive, mais espérait juste détourner ce que je ressentais comme de coléreuses et désastreuses envies meurtrières entre les deux vampires. Quant à ses conséquences ensuite...
Il haussa les épaules d'un geste faussement nonchalant, en levant les mains au ciel.
- J'avoue que je ne connaissais que peu de lois vampiriques, mais celle-ci ne me parait guère incongrue. Et puisque nous sommes en terres vampiriques, même si de façon temporaire, je m'y plierais de bonne volonté. Si ce n'est maintenant, pour raison de trêves et de négociations, alors je m'y plierais quand il vous plaira Prince, au lieu qu'il vous plaira, dans les conditions qu'il vous plaira.
"Et mourrai comme il vous plaira", fut-il tenté d'ajouter. Mais il estima qu'il n'en avait nul besoin. Cette conclusion planait d'elle-même dans l'air entre eux deux. Il ne ferait pas le poids face à telle puissance, et ce serait une mort assurée. Belle mort, espérait-il seulement.
- Et Sire Shadowsong, même si je vous suis redevable de beaucoup déjà et vous sais gré de votre intervention présente, j'estime être capable de faire face aux conséquences de mes actes.
"Comme mon abjecte passé l'a déjà lui-même prouvé", fut-il là encore tenté d'ajouter. Il n'aurait su dire pourquoi soudain il retenait tant ses mots... Sans doute un fort sentiment de lassitude... Peut-être.
- Il est hors de question que quiconque réponde de mes actes à ma place, quelle qu'en soit leur importance, et si je dois payer réparation au Prince du peuple Vampirique, alors je paierai réparation. Et selon les lois vampiriques s'il le faut également.
Se disant, il marqua sa détermination farouche, de cette détermination qui en avait fait un redoutable conseiller en son temps, d'un long regard appuyé envers l'elfe chanteur puis envers le prince. Enfin, avant que le rebelle ne soit définitivement parti, il daigna lui accorder un brin d'attention à son tour :
- Quant à vous, Sire Wallam. Je ne puis que m'excuser également de ce geste irrévérencieux à votre égard, même si vous en avez là les explications. Et je vous en offre également réparation si jamais l'opportunité se présente... dans les limites permettant au Prince d'avoir la sienne en temps voulu toutefois.
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| | | Merithyn Shadowsong Légende
| Sujet: Re: Quand maintes convictions se confrontent... [Terminé] Sam 25 Jan 2014 - 14:16 | |
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Un être raisonnable et doté d’une intelligence ne serait-ce que commune aurait dû comprendre que l’heure n’était nullement à répondre comme un gamin en train de piquer une colère ou de faire un caprice en essayant d’avoir raison même quand il avait tort. Non, à l’instant où il avait tendu la perche dans l’espoir de les voir se reprendre et agir en adulte il avait espéré un peu de contrition mais surtout et avant toute autre chose… du silence, tout simplement. Qu’ils cessent de s’enfoncer plus encore et qu’ils fassent preuve d’un minimum de sens commun et de respect, autant envers eux-mêmes qu’envers lui. Et bien encore une fois, il semblait bien qu’il fut trop optimiste et beaucoup trop naïf au sujet des autres… Et la réaction la plus outrageante et la plus profondément stupide ne vint pas d’Eliowir comme il l’attendait mais bien de Kylian à qui il avait pourtant fait confiance et qu’il avait pourtant honoré d’un présent sans pareil. Et bien il s’en mordait les doigts et était, il fallait l’avouer, à deux doigts et de le lui reprendre et de le bannir même de son domaine pour toujours. Après tout, si il avait le culot, l’impudence et la bêtise d’oser lui cracher au visage que les elfes n’avaient rien à faire dans cet histoire alors que son ordre n’était nullement affilié à ce peuple, et qu’ils étaient effectivement sur SES terres, les terres dont LUI était le Gardien et le protecteur, oui, là il méritait amplement de se voir claquer la porte au nez et d’en souffrir définitivement les conséquences associées. Non seulement cela mais la façon dont il avait de traiter Esmelda d’affaire de vampire était tout simplement…. Abjecte. Et il se disait meilleur que Lorenz ? Une belle blague oui il était au moins aussi arrogant et buté. Qu’il ose même se croire au-dessus de qui que ce soit pour se penser en droit de ne pas se justifier lui donnait tout simplement envie de le gifler aussi violement qu’il le pouvait. Imbécile ! Mais réagir violement à pareil gaminerie ne serait en rien servir l’intérêt général. Ce serait même s’abaisser à son niveau, aussi inspira-t-il à fond en se forçant au calme encore une fois.
Reléguant le vampire au second plan il se tourna vers Eliowir, secouant la tête avec dépit, le regard réprobateur. Eliowir... si il y avait bien un individu avec lequel il avait du mal c’était effectivement celui-là, mais en l’état c’était effectivement plus du dépit et de la lassitude à l’égard de ce vieillard qu’autre chose. Il le fatiguait profondément. « Eliowir… je vais vraiment finir par croire que vous le faite exprès , de vous mettre en pareille situation » Même maintenant qu’il avait la possibilité de raisonner Lorenz, car il allait effectivement le faire, l’autre l’empêchait de s’exprimer. Mais au moins l’elfe sonnait juste. Il n’avait pas vraiment voulut venir, il avait juste agit sans réfléchir… comme un humain, ou un enfant. Et encore. Comme il l’avait affirmé, Esmelda elle avait tous les droits de venir réclamer des comptes à Lorenz. Elle. Pourquoi voulait-on forcément la protéger ? C’était aussi une insulte pour elle que de la croire incapable d’assumer ses actes. Elle n’était pas une pauvre enfant armée d’un bâton de bois devant un ours. La politique passait également par de telles tensions, de cela il en était certain et si lui avait peu d’expérience, il avait vraiment l’impression en l’instant qu’il n’était pas le pire du lot. Kylian certainement, mais même lui… Enfin il devait bien comprendre qu’il y avait plus que cela non ? Apparemment non. Difficile à dire en tout cas. En revanche, il n’était pas convaincu par les : c’est de sa faute pas de la mienne. Kylian l’avait entraîné ? Ainsi donc il était une pauvre chose incapable de décider par lui-même ou de se défendre ? Mais enfin le monde marchait sur la tête… Et encore une fois, ces trémolos sur le sacrifice et le manque d’égards envers sa propre vie. Pour ça, il l’aurait attrapé et secoué comme un prunier même si il manquait de force.
« Vous estimez ? Vous avez beau être un ainé de notre race, Eliowir, par de nombreux aspects vous avez encore à apprendre…. » Et pour le coup, il était réellement déçu. Il avait pourtant imaginé que son cadeau avait été plus utile que cela. Déçu oui… « Je n’ai nullement l’intention de payer à la place de quiconque je n’allais d’ailleurs par le proposer »
Abandonnant la partie avec l’elfe il se tourna vers Lorenz et le couva d’un tout autre regard. Il avait vraiment l’impression de marcher sur la tête… parce qu’il se sentait encore bien plus en sécurité et bien plus confiant envers cet être-là, aussi meurtrier soit-il, qu’envers un être de sa propre race. « Ce n’était pas une agression. Le serment ne peut être trompé. Si vous l’avez pris ainsi votre altesse c’est votre affaire mais mes lois sont respectées et agissent toujours. Cela dit, je comprends parfaitement votre réclamation. Je connais les lois vampiriques » Il avait eu le temps de les apprendre oui, ça c’était certain. « Je vous demanderais pourtant de retenir votre main. Un tel geste, aussi justifié soit-il, serait une entrave aux négociations qui vont avoir lieu prochainement, jetant une ombres sur la potentielle alliance qui a pour but de nous défendre contre les Alayiens et dont nous avons tous cruellement besoin quoi qu’il arrive. Ces négociations ne sont-elles pas plus importantes que le geste d’un seul elfe, exilé de surcroît ? Je ne peux vous empêcher de faire justice si c’est que vous désirez, pas au prix d’autres vies qui seraient alors en danger, mais je vous le demande instamment… pensez au plus important avant tout » Il s’arrêta un instant « Et si je puis oser… pensez à ce que vous m’avez dit, pensez à ce que vous avez promis de conserver en votre mémoire » De ce moment singulier dans la clairière et de ce qu’ils avaient pu y vivre.
A présent silencieux et complètement calmer, il tourna son regard vers Eliowir, à nouveau, et essaya de lui transmettre l’idée de se tenir tranquille et de laisser Lorenz pondérer l’idée de ne pas l’équarrir immédiatement. Il serait toujours temps après coup il fallait s’y attendre mais cela délayait la menace au moins. Aussi fatiguant que Eliowir puisse être, il était une vie et une vie importante avec sa valeur propre. Il ne voulait pas le voir mort.
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| Sujet: Re: Quand maintes convictions se confrontent... [Terminé] Dim 26 Jan 2014 - 16:19 | |
| L'assaut colérique de la bête baissait en intensité au fond de lui, il avait apprit à la maîtriser avec le temps et même si elle était loin de pouvoir devenir docile, elle parvenait parfois à patienter. Sa magie par contre s'embrasait avec presque autant d'enthousiasme que son totem et il lui fallait toute son expérience et sa maîtrise pour en discipliner le flux tumultueux. Il aurait pu la relâcher tout simplement, revenir à un niveau de tension et de puissance plus acceptable mais il voulait demeurer prêt au combat, d'autant plus que la donne avait changé avec l'arrivée de Shadowsong. Aussi méprisant qu'il soit des limites que s'imposait la magie baptistrelle, il n'était pas idiot au point d'en négliger la dangerosité. La lutte serait plus âpre que ce qu'il avait prévu. Les paroles acides du rebelle le détournèrent néanmoins de cette pensées et ses prunelles s'étrécirent lorsqu'il fit mine de quitter la pièce.
Il pouvait l'en empêcher. Kylian restait son ennemi le plus déterminé et aussi bizarre que cela puisse paraître surtout vu le dédain méprisant avec lequel il le traitait, Lorenz gardait dans le secret de son esprit la certitude qu'il demeurait l'un des plus dangereux. Pas en puissance non, ni en grand chose en vérité. Il y avait peu de domaines dans lesquels il pouvait rivaliser avec lui, mais il était un meneur. Un symbole pour ceux qui s'opposaient à lui. Il était suffisamment charismatique pour cela, et assez malin pour lui survivre jusqu'à faire vraiment peser une menace contre lui. Mieux aurait valu le tuer pendant que l'occasion se présentait, et pourtant à l'instant présent il n'était pas sa cible principale. Un ennemi en moins pour l'affrontement qui se préparait, ce ne pouvait qu'être bénéfique. Qu'ils l'affrontent ensembles et les choses auraient été plus difficile, sauf que le rebelle et l'elfe ne s'appréciaient pas suffisamment pour mettre leurs objectifs en commun. Bon point que leur sottise conjuguée...
"Nous nous reverrons bientôt Wallam... Je ne mettrai pas trois ans à la trouver, elle..."
Inutile de la nommer, la petite princesse humaine ne pouvait assurément pas fuir et disparaître de la nature comme le faisait à longueur de temps de rénégat. Dommage pour elle car ce genre de stratégie était bien plus efficace que tous les murs et toutes les armées du monde pour se protéger du prince vampirique. Tôt ou tard, il mettrait la main sur elle. Il s'en pourléchait d'avance les babines, mais pour le moment son attention était tournée vers quelqu'un d'autre. Quelqu'un qui devait mourir, parce qu'aucun autre chemin n'était plus possible pour lui, comme le criaient assez bien les prunelles dévorantes du vampire maudit. Un raidissement imperceptible le figea lorsque l'autre parla, il restait concentré sur chacun de ses mouvements, prédateur déterminé à aller au bout de son office. Comment l'elfe allait-il tenter de s'en sortir ? Quels arguments inventerait-il dans l'espoir d'échapper à son funeste destin ? Ah, le serment... En effet la magie baptistrale ne s'était pas activée et cela prouvait la véracité de ses dires, mais quelle importance ? Cela ne changerait rien aux yeux de Lorenz, le geste avait été accomplit et les raisons de celui-ci importaient peu. Il n'était pas du genre conciliant, surtout dans ce genre de situations. Il ne pu cependant réprimer l'étincelle de surprise qui s'alluma dans son regard suite à la réaction de l'autre.
Avait-il bien compris ? Ce fou furieux acceptait-il de se plier aux lois vampiriques en sachant que cela signifiait sa mort, et non sans douleur... Etait-il donc complétement idiot au point de ne pas vouloir comprendre les implications de tout ceci ? Circonspectes, les prunelles claires du vampire s'accrochèrent à celles plus sombres de son vis à vis. Il n'était pas idiot, il avait comprit... La folie le menait donc plus sévèrement encore qu'il ne l'avait cru. Ou peut-être croyait-il faire perdre tout intérêt à son adversaire en faisant mine de lui donner directement ce qu'il voulait ? Comme si cela pouvait suffire ! Lentement, très lentement, les crocs du vampire se dévoilèrent tandis qu'il écrasait sa proie sous son regard empli de sombres exigences. Le lien qui venait de se créer entre eux était terrifiant d'intensité macabre. Eliowir était-il seulement conscient de ce qu'il avait déclenché ? Lui qui n'avait été un qu'un vermisseau vaguement irritant aux yeux de Lorenz s'était propulsé d'un seul coup au rang d'ennemi mortel. Néanmoins le regard du baptistrel désormais tourné vers lui vint occulter tout ceci pour un moment.
"Je connais les lois vampiriques »
L'ironie toute particulière et parfaitement involontaire de cette remarque fit frémir son visage. Et c'était à lui qu'il disait ça si innocemment ? Il était d'autant mieux placé pour le savoir qu'il avait tenté de les lui faire entrer dans la tête avec force et constance pendant tout le temps où l'autre avait vécu parmi son peuple. Tout ceci s'était même terminé par une correction des plus douloureuses pour un chanteur et qui avait peut-être était le déclencheur des changements qui s'étaient alors opérés en lui. Drôle d'ironie encore ici... Serait-il devenu le gardien de son ordre sans tout cela ? C'était difficile à dire, mais l'idée qu'il avait contribué à le mettre à cette place emplissait Lorenz de perplexité. Le destin se moquait-il de lui, encore ? Qu'est-ce que c'était que cette constance qu'il avait à renforcer ces ennemis lorsqu'il ne s'en débarrassait pas du premier coup ? Cela l'agaçait plus qu'il ne voulait l'admettre.
Les arguments de l'elfe atteignirent malgré tout leur but. Il s'attaquait adroitement à l'esprit logique et tortueux du vampire qu'il était, prouvant par là même encore une fois à quel point il connaissait bien le peuple de la nuit. Revenu brutalement sur terre, l'ancestral fronça les sourcils en pesant à nouveau le pour et le contre au sujet des négociations. Elles étaient si importantes... Mais pas au point de laisser passer un tel blasphème non plus... Sauf qu'il pouvait remettre le châtiment à plus tard... Si il avait dû courir après Eliowir au risque de mettre aussi des années à l'attraper alors peut-être n'aurait-il pas prit le risque, sauf que celui-ci semblait sincèrement décidé à venir payer ses fautes de lui-même. Dans ces conditions, était-il judicieux de faire capoter les négociations ? Certes non... Et il était quelqu'un de judicieux. Merithyn le savait. Il avait choisi sa stratégie en connaissance de cause et avec un talent des plus inquiétants. Ainsi donc il était capable d'utiliser ce qu'il savait de lui pour le persuader de changer de direction... Cela lui déplaisait. Fortement. Et la suite plus encore...
« Et si je puis oser… pensez à ce que vous m’avez dit, pensez à ce que vous avez promis de conserver en votre mémoire »
Comment osait-il utiliser le souvenir de ces instants à ses propres fins ? Lorenz aurait voulu pouvoir dire qu'ils lui appartenaient, et à lui seul. Mais ce n'était pas le cas, l'elfe avait été présent et s'était même révélé un instigateur important de ces moments précieux. Ils lui appartenaient tout autant, et à ce titre il pouvait les utiliser. La flamme de fureur qui brûlait dans ses yeux perdit en force à mesure qu'il en arrivait à cette conclusion, et il se retrouva à le couver d'un regard circonspect et irrité. Il détestait qu'on lui dicte sa ligne de conduite et c'était d'autant plus agaçant à cet instant que le chanteur le faisait avec trop de d'ingéniosité pour qu'il puisse passer outre. Leurs deux volontés se heurtèrent en silence pendant un bon moment. Ce n'était pas vraiment une lutte, l'ancestral se contentant de jauger son interlocuteur d'un air attentif et presque poliment intéressé. Au final il ne pouvait nier tout à fait que l'aplomb tenace de son interlocuteur l'amusait quelque peu, les changements qui s'était opérés en lui lui plaisaient finalement... Quel dommage qu'il soit elfe...
Lentement, très lentement, la tempête de puissance qui s'était amoncelée en lui perdit en force. Le serpent sifflait furieusement à ses oreilles mais lui aussi dû se mettre au pas et laisser descendre l'horrible température qui s'était élevée dans la pièce. La commissure de ses lèvres connu un très léger frémissement tandis qu'il soutenait le regard tranquille du baptistrel, il avait le souvenir pas si lointain d'un être plus faible et plus torturé. Qu'aurait-il fait cet autre Merithyn dans cette situation ? Il se serait sacrifié pour les autres, sans doute... Peut-être apprenait-il finalement au fil du temps... Ou peut-être pas. Dans tous les cas la tension redescendit entre eux, tandis qu'il hochait la tête pour céder avec sécheresse :
"Soit."
Un mot simple et pourtant bien étrange. Ils n'étaient pas nombreux les êtres à avoir survécu à ses colères, et aucun n'avait jamais pu calmer celles-ci sans permettre la moindre effusion de sang. Quelques secondes encore, leurs regards se croisèrent. Celui du prince demeurait calculateur, réfléchit. Il analysait ce qui venait de se passer et en tirait les conclusions inévitable.
"Je n'ai effectivement pas fait tout ce chemin pour simplement châtier la démence d'un elfe insolent. Tu fais bien de me le rappeler... Mais n'ai pas la bêtise de croire que ce que je garde en mémoire peut avoir une quelconque influence sur mes actes. Je n'oublie rien, jamais. Et contrairement à ce que tu sembles croire, ce n'est pas une bonne nouvelle."
Enfin alors, il s'autorisa à tourner la tête vers Eliowir et à le maintenir dans l'étau quasi douloureux de son regard brûlant :
"Quand à toi... Que tu tiennes ou non ta promesse ne retiendra pas pour autant ma main. Ta vie m'appartient. Et elle risque de te sembler très longue bien avant que je n'en ai terminé avec toi..."
Une promesse terrifiante et à double tranchant car il n'écartait pas l'idée de faire durer le plaisir et d'accepter une petite entorse aux règles de son peuple. Et encore, ce n'en serait même pas une quand il y songeait, les lois vampiriques promettaient la mort à qui levait la main sur un prince mais elle n'interdisait pas la non vie n'est-ce pas ? Il n'avait pas oublié la lueur de panique qu'il avait lu dans les yeux de l'elfe à l'idée d'être transformé. L'idée était décidément des plus attrayantes... Le soumettre plutôt que de le tuer... Voilà qui serait délicieux...
"Dehors."
L'ordre claqua comme un coup de fouet, adressée avant tout au banni mais peut-être pas seulement... Le baptistrel n'était pas totalement chez lui en cet endroit tant que les vampires étaient ses invités. Et Lorenz en avait assez de leur présence à tous...
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