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| Certaines fleurs n'éclosent qu'à l'ombre de la destinée [PV Lorenz] TERMINE | |
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Merithyn Shadowsong Légende
| Sujet: Certaines fleurs n'éclosent qu'à l'ombre de la destinée [PV Lorenz] TERMINE Ven 30 Aoû 2013 - 21:18 | |
| Première journée après l'arrivée des vampires, Matinée
Voilà plusieurs heures que les vampires étaient installés, aussi paisiblement qu'il était possible à ce peuple de le faire, et s'habituant peu à peu à ce qui serait leurs demeure pendant plusieurs jour au minimum. Nul ne savait vraiment combien de temps dureraient les négociations, ni comment elles allaient se dérouler, lui pas plus que les autres, bien qu'il angoissa à l'idée même de présider un tel événement. Tout ce qu'il savait c'était que les vampires étaient venus, et qu'ils avaient fait moins de vagues qu'il n'aurait crut... S'étant attendu à une bataille ferme et continue pour obtenir la moindre concession de la part du groupe de sangs-froids, il avait été agréablement surpris en constatant que, jusque là, la menace qui pesait sur eux, et leurs serments, fonctionnaient parfaitement. Ne connaissant pas tout les composants de ce groupement hétéroclite, il ne pouvait deviner à l'avance la manière d'être de chacun, en revanche Lorenz lui tenait ses promesses, il s'était comporté exactement comme il s'y était attendu. Et il l'en remerciait en silence, n'ayant pas forcément l'envie de lui dire ce genre de choses en face. Si il devait être tout à fait franc... Il n'avait guère envie de le voir en face si il pouvait l'éviter, et encore davantage si ils étaient seuls. Tout simplement parce qu'au delà de ce qui avait transpiré entre eux, il y avait une promesse qu'il n'avait pas tout à fait tenu. Car presque deux ans plus tôt, il avait découvert la vérité dissimulée par le drapé de puissance et d'arrogance du prince vampirique, et c'était une vérité qu'il n'avait pas soupçonné, surprenante, et touchante... tellement éloignée de l'image maléfique que l'on se faisait d'un Lorenz foncièrement mauvais. Ah si seulement les autres savaient ! Mais justement, le vampire lui avait fait juré de ne rien en dire, de ne jamais parler de cela à quiconque... Bien sûr, il ne voulait pas qu'on pense qu'il avait un cœur, et des sentiments, si ce n'était la haine... non ? N'était-ce pas cela ? Ce passé était une faiblesse, une faille dans son armure impénétrable... Alors il avait juré, il avait promis, de ne rien dire. Et il n'avait rien dit à personne, oh que non, son serment il l'avait respecté, comme tout bon Baptistrel. Il n'avait rien dit... il avait chanté, et il l'avait fait pour une pierre, ainsi il était toujours parfaitement blanc. Blanc comme neige. Son serment tenait toujours, tout comme ses pouvoirs... mais il ne pensait pas que Lorenz verrait la différence si il devait jamais apprendre ce qui s'était passé. Oh Dracos... Si jamais il apprenait que Lyroë et Kylian étaient en possession des diamants contenant son chant-nom et toute son histoire, ce serait une catastrophe. Il avait d'ailleurs eut l'intention, pendant un moment, de quitter sa maison du sanctuaire du feu afin de planter la tente dans le nid de Shaynar jusqu'à la fin du séjour de la délégation vampirique, juste pour être certain que Lorenz ne vienne pas le chercher. Après tout, il ne supportait pas la présence des dragons non ? Shaynar serait la meilleur garantie d'être tranquille....
Oui, mais non, il devait rester digne et ne pas s'enfuir. Quitter les lieux serait déjà un comportement suspect. Il devait supporter de rester là et de rien faire, ce qui revenait à une véritable torture... Non seulement devait-il s'empêcher de s'occuper des souffrances de tout les membres de la délégation vampirique, mais il devait également contenir sa curiosité sur les cachotteries concernant l'un des deux dragonniers. Et puis il y avait toujours la réaction des humains à attendre... leurs délégation aurait dû arriver la première et ce n'était point le cas, alors où était-elle, avait-elle eut des problèmes sur la route ? Une attaque d'Alayiens également ? Il ne pouvait pas savoir et ne voulait pas envoyer quelqu'un... Trop dangereux. Il allait devoir sérieusement y penser, pendant la journée, car si les humains traînaient trop toutes les négociations seraient figées pour un temps considérable. Mais à l'heure actuelle il était beaucoup trop épuisé pour cela, étant resté une partie de la nuit debout après l'installation des vampires, ne supportant pas de dormir dans un moment pareil. Des vampires dans le Domaine, en si grand nombre, ça ne s'était jamais vu... et ça ne se reverrait pas de sitôt il le supposait, mais en attendant, il devait avouer qu'il était angoissé. Le sommeil le fuyait, et même avec la présence de Shaynar, quelque chose le laissait tendu et fébrile. Toute la nuit il avait écouté les chants-noms des vampires, tentant de faire ordre dans se charivari irrépressible lui donnant la migraine, et ses décoctions de plantes avaient des limites. Pour une fois, étrangement, le silence aurait été le bienvenu, hélas on le lui reniait... il devait bien faire avec. Comment réagissaient les vampires ? Que pensaient-ils ? Qu'allaient-ils faire en un lieu de paix comme celui-ci ? Autant de questions qui le prenait à la gorge et qu'il tournait et retournait dans sa tête sans vraiment s'apaiser, peu importe le nombre de nuances dans les réponses qu'il trouvait. Peut-être fallait-il simplement que cette première nuit s'achève pour qu'il se sente mieux, une fois certain que les vampires n'allaient rien faire qui contreviendrait à la trêve... Oui il pourrait sans doute mieux dormir à ce moment là. Aussi il avait simplement décidé de rester au lit, lisant à la simple lueur de son propre corps, sa chevelure ruisselant sur ses épaules et sur les draps comme une rivière de lave et d'or fondus.... Un recueille de poèmes anciens du temps de son grand-père, ouvrage précieux à ses yeux et qui l'avait toujours émerveillé par les harmoniques qui s'en échappait. Si cela ne pouvait réellement le détourner de ses préoccupation, au moins le tenait-il en place et concentré. Lorsque la première épée d'aube avait transpercé le ciel, il avait cependant finit par tomber de fatigue, roulé en boule dans son lit et tremblant doucement, l'angoisse affectant son organisme plein de chaleur.
Il s'était réveillé quatre longues heures plus tard, d'un seul coup et s'était levé, s'habillant pour une fois et selon son ancienne habitude, très simplement. Il en avait parfois assez des robes dignes de son rang, et préférait nettement les tissus moins riches et moins éclatant. De vert et de brun, sa cape de brume passée sur ses épaules, il était sortit par derrière, très discrètement, afin de rejoindre le puits de flammes. Là, il avait baigné un long moment dans la grâce rugissante de son élément, observant le brasier ardent sans craindre pour ses yeux, se ressourçant auprès de ce nexus d'énergies comme un assoiffé à une oasis. Shaynar s'était tut, très certainement partit en compagnie d'un des dragons s'ébattant sur le domaine. Il lui laissait son intimité, pour une fois, restant sagement dans son esprit.... Et lorsqu'enfin il se fut assez baigné de cette lumière ancienne, et de cette chaleur, il rentra chez lui afin de réunir quelques objets. Pointe, sa dague, retrouva sa place à sa ceinture, de même que ses sacoches pleines de potions et d'herbes. C'était devenu une habitude, surtout avec Galadrielle dont il surveillait la grossesse, mieux valait toujours avoir de quoi pallier les urgences sur soit. Au cas où. D'ailleurs il fallait qu'il la visite dans la matinée afin de s'assurer que tout allait bien et lui faire part des dernières nouvelles. Puis, une fois équipé, il s'apprêta à sortir, par la porte de devant cette fois, ouvrant la porte et...
« AH ! »
Le glapissement/trille d'oiseau surpris lui échappa, strident sur le coup et il recula d'un pas, se pliant légèrement et portant une main à son cœur qui battait subitement la chamade, menaçant de s'arracher de sa poitrine. Mais par le Dracos, c'était qu'il essayait de le tuer en plus ! Lui faire faire une attaque cardiaque était vraiment la dernière chose à laquelle il s'attendait de la part de cet individu... il l'imaginait plutôt le noyer sous des lisières d'eau comme lors de leurs dernière entrevue. Et pourtant, il se tenait là, sur le pas de la porte, telle une apparition impromptue et complètement effarante. Il ne s'attendait pas à le voir là, surtout pas alors que tout était si calme lors de cette matinée. Mais il était effectivement là, Lorenz Wintel...
Inspirant profondément, il se redressa et l'observa avec attention, mélange d'intérêt et d'étonnement, et d'un reste de frayeur. « Désolé pour vos oreilles.... Que puis-je faire pour vous exactement ? Je n'ai pas l'habitude de voir de vampire debout en pleine matinée »
Dernière édition par Merithyn Shadowsong le Dim 20 Oct 2013 - 15:49, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: Certaines fleurs n'éclosent qu'à l'ombre de la destinée [PV Lorenz] TERMINE Lun 2 Sep 2013 - 16:10 | |
| Le réseau protecteur qui enserrait sa magie l'irritait. Elle était le fondement de son être, son arme principale et son armure surtout. Il comptait sur elle en toutes circonstances et il aurait pu supporter sans regret l'absence de ses dagues pour peu que sa puissance lui reste acquise mais les circonstances actuelles le forçaient à quelques concessions. La mascarade qui allait se jouer ici l'aurait sans doute fait exploser de colère peu de temps auparavant sauf qu'un peuple avait débarqué sur Armanda et que ce peuple n'était pas loin de forcer le sien à se terrer de nouveau tout en balayant au passage tout ses projets. Dans ces conditions il était facile de comprendre son choix et l'effort qu'il déployait depuis maintenant quelques heures pour éviter de céder à la tentation de secouer un peu trop violemment les liens magiques qui régnaient sur tout le domaine. Les défis magiques avaient toujours eu un attrait quasi irrésistible sur lui, mais il n'était pas assez idiot pour aller faire capoter toutes les négociations juste pour le plaisir de se prouver qu'il en était capable. Il devait plutôt rester patient et compter sur ses qualités de politicien pour mettre le peuple vampirique en bonne place dans les négociations qui allaient se jouer, le temps du combat et d'un possible bras de fer entre lui et les baptistrels viendrait bien assez tôt.
Pensif, il restait parfaitement immobile dans l'obscurité presque totale de cette grande et confortable pièce qui lui avait été dédiée au sein du sanctuaire du feu. Une chaleur intense régnait en ces lieux, incommodant sans doute les gardes vampiriques qui veillaient sur sa personne et plus encore la petite humaine qu'il ne laissait jamais longtemps éloignée de lui mais elle n'avait aucune prise sur son corps figé. Les sifflements réguliers de l'esprit serpent hésitant entre la satisfaction de se tenir en ce lieu et l'agacement de se sentir bridé résonnaient dans sa tête au même rythme que la lente pulsation de la malédiction qui se faisait beaucoup moins discrète depuis qu'il était arrivé dans ce sanctuaire. La marque des dragons était présente ici, le dragon noir à lui seul, déserteur de son armée, était un danger mortel mais il y avait aussi ceux qu'il avait emmené avec sa propre délégation, ceux qui venaient avec les elfes et les autres qui arriveraient sans nul doute avec les humains. Sa mâchoire se serra à cette pensée et une lueur mauvaise s'alluma dans son œil, garder son calme face à ces créatures haït serait un autre défi à sa patience, il ne lui restait qu'à espérer qu'il parviendrait à décharger un peu de la haine que la malédiction allumait en lui à Achroma en même temps qu'il lui transmettrait sa douleur. Il en doutait néanmoins, la colère qu'il ressentait face aux dragons n'était pas naturelle et même si il se savait capable de la refréner il ne pensait pas parvenir à la transmettre pour s'en débarrasser même temporairement.
Un léger soupir s'échappa de ses lèvres tandis que l'acier de ses prunelles se promenait sur les gravures qui ornaient les murs de son nouveau domaine. Cet endroit lui procurait des sentiments divers et contradictoires. Il y avait bien longtemps qu'il n'avait pas résidé ailleurs que dans une tente appelée à être déplacée presque chaque nuit et le plafond pourtant haut qu'il sentait au dessus de sa tête le perturbait en lui rappelait les décennies passées à se cacher au fin fond des souterrains. Le flux de magie était particulier ici, à la fois doux et mélodieux et pourtant d'une puissance écrasante dans laquelle il brûlait de pouvoir puiser. Le feu, il était le centre de tout ici et l'ancestral ne pouvait manquer de ressentir très clairement la grâce terrible de la source de son terrible élément, une source si profonde qu'il ne savait si il avait envie d'y puiser ou bien d'entièrement s'y noyer. Est-ce qu'il aimait cet endroit donc ? Pas entièrement... Pas seulement. Il le haïssait aussi pour être le repère de ces ennemis dangereux qu'étaient les Baptistrels et il s'agaçait aussi du potentiel qu'il ressentait à cet endroit et qui n'était pas exploité à sa juste valeur. Il y aurait bien des choses à faire ici, il n'avait jamais réfléchit à ce qu'il ferait une fois que les forêts elfiques auraient été brûlée entièrement et son peuple remis à sa juste place, peut-être y avait-il un chemin à suivre ici... Un autre projet à accomplir. A moins qu'il ne choisisse tout simplement de mettre un point final à son destin car après tout le Baptistrel n'avait pas eu tout à fait tort lorsqu'il lui avait demandé ce qu'il deviendrait une fois sa vengeance accomplit. Il serait vide alors, sans autre but... S'éteindrait-il de lui-même comme on le lui avait prédit ? Si cela devait se terminer ainsi alors ce ne serait pas pour lui déplaire, il y avait bien longtemps qu'il ne craignait plus la mort et il aurait pu facilement la prendre comme une délivrance pour peu que son serment soit enfin accomplit. Alors oui... Peut-être qu'à la toute fin il reviendrait ici, au milieu des cendres de la forêt il se consumerait une dernière fois et laisserait le puits l'engloutir afin de rejoindre enfin et pour de bon celle qui l'avait fait marcher si loin sur les sentiers de la guerre et de la souffrance. Cette nuit là viendrait un jour et ce repos éternel ne serait que justice pour tout ce qu'il avait dû accomplir pour en arriver là, mais ce n'était pas pour tout de suite...
Il bougea enfin, comme émergeant d'un long et sinistre rêve et l'étoffe de sa tunique émit un bruissement léger. L'armure n'était pas nécessaire en cet endroit mais il ne pouvait réprimer un léger malaise habitué qu'il était à la porter quasiment sans interruption depuis des années. Il étira ses muscles comme un chat, savourant lentement la puissance racée de son corps vampirique. Les chose avaient bien changé depuis son départ des forêts elfiques... Avec ou sans magie, il restait un prédateur et cela au moins il pouvait s'y raccrocher. D'une démarche souple, il se dirigea vers le seuil de la pièce et la porte pivota sans grincement sous sa paume. Les yeux des vampires qui la gardaient étaient rendus brillants par le reflet des flammes du sanctuaire, ils le saluèrent avec déférence en le voyant sortir mais restèrent à leur place, ils avaient sentit le désir de solitude de leur maître et resteraient pour veiller sur Ambre. Avant de s'éloigner tout à fait il se décida tout de même à les interroger :
" Pas d'ennuis avec le reste de la délégation ? "
Le plus gradé secoua la tête
" Non mon Prince, rien de notable, les choses se passent étonnamment bien depuis notre arrivée... "
Pas si étonnant que cela si on songeait qu'ils n'avaient pas vraiment d'autre choix... Néanmoins l'ancestral s'accorda un hochement de tête approbateur, il n'était pas d'humeur à aller déjà régler les nombreux incidents diplomatiques qui risquaient de jalonner ces négociations.
Bien que tranquille, son pas le mena rapidement à l'extérieur et il ne pu que plisser les yeux lorsque le soleil matinal vint les agresser. Désagréables, les rayons se promenèrent sur sa peau pâle et il s'accorda un instant d'observation immobile autant pour se repérer en ce lieu inconnu que pour s'accoutumer à cette morsure. Encore un problème qu'il faudrait supporter, peu de chance en effet que toutes les négociations ne se passent de nuit, d'autant plus qu'il était trop bon politicien pour ne pas savoir que la majorité des décisions se prendraient à la fois pendant les réunions mais aussi en dehors dans les milles et unes rencontres plus ou moins privées qui ne manqueraient pas d'avoir lieu. En attendant, il avait autre à faire et c'est donc avec assurance qu'il reprit son chemin. Il savait très bien ce qu'il cherchait et même si il ne savait pas très bien où il allait pouvoir le trouver il se laissait guider par son instinct et plus encore par son odorat pour parvenir à ses fins. Totalement concentré sur son but il ignora royalement les quelques elfes qui grimacèrent et s'écartèrent en le reconnaissant, il ne démontra pas beaucoup plus d'intérêt pour le baptistrel qui le salua de la tête ni même pour un messager vampire qui s'inclina sur son passage avant de reprendre sa route sans doute porteur d'un message pour tel ou tel ancien. L'ancestral n'avait cure de tout cela pour le moment, il était arrivé à son but.
Scrutateur, son regard se fixa sans détour sur la demeure sylvestre. Il n'avait pas le moindre doute à l'heure actuelle, les odeurs qui régnaient en maîtres ici ne pouvaient pas le tromper. Merithyn Shadowsong vivait ici, d'ailleurs la trame magique ne s'y trompaient pas non plus, ce lieu était le repaire d'un baptistrel du feu. Que venait-il faire ici au final ? L'elfe chanteur aurait dû mourir il y avait de cela quelques années quand il avait eu l'impudence de mettre son nez au plus mauvais endroit. Il avait survécu malgré tout et bien évolué depuis mais le fond de leur relation ne changeait pas pour autant. Il était un ennemi, un être qu'il lui faudrait abattre un jour ou l'autre et d'autant plus maintenant qu'il était devenu le meneur de son ordre. Mais en attendant, il était aussi le seul être au monde capable de comprendre ce que l'ancestral voulait, et capable de le lui accorder aussi d'ailleurs. Peut-être même s'y attendait-il, c'était la première chose à laquelle Lorenz avait pensé avant même de songer à tout le reste : en revenant dans les forêts elfiques il aurait la possibilité de se replonger dans son passé. Quel intérêt que tout ceci ? Aucun en réalité, et pourtant c'était un besoin qu'il ne pourrait en aucun cas réprimer. Le Baptistrel devrait céder, parce que lui ne renoncerait pas. D'ailleurs cela ne l'inquiétait pas, Merithyn lui refuserait sans doute d'autant moins cette demande qu'il espérerait lui faire entendre raison au sujet de ses désirs de vengeance grâce à ce pèlerinage. Ce qu'il pouvait penser ou espérer ne dérangeait pas le prince, l'important était qu'il obtienne ce qu'il voulait.
Entièrement plongé dans toutes ces pensées il s'était approché de la porte et avait tendu la main vers la clenche avant de changer d'avis et de reculer, méfiant. Il chercha un instant la magie protectrice qui ne devait manquer de protéger la demeure du chef de file des baptistrels mais elle n'était pas présente. Ses canines brillèrent furtivement sur un rictus irrité, évidemment Shadowsong était parfaitement du genre à laisser n'importe qui pénétrer chez lui et à ne surtout pas barder sa demeure de protections. Dommage qu'il soit présent comme le prouvait le battement de cœur qu'il entendait de l'autre côté de la cloison, il aurait peut-être pu lui rendre cette vieille politesse et violer lui aussi son intimité pour y trouver... Quoi ? Rien de bien intéressant sans doute. Sur un léger haussement d'épaule il tendit la main à nouveau afin de pousser la porte mais elle s'effaça devant lui si brusquement qu'il ne pu réprimer le grondement défensif qui monta aussitôt de sa gorge. C'était sans importance de toutes façons car il fut couvert par le cri du baptistrel. Aussi surprit l'un que l'autre les deux êtres reculèrent chacun d'un pas et les canines du vampire brillèrent un instant à nu avant qu'il ne se remette de cette rencontre plus fracassante que ce qu'il avait prévu.
« Désolé pour vos oreilles.... Que puis-je faire pour vous exactement ? Je n'ai pas l'habitude de voir de vampire debout en pleine matinée »
Le masque lisse de son visage se recomposa de lui-même et il haussa les épaules
" Nous sommes des créatures promptes à nous adapter. "
Quel autre choix avaient-ils ? Ils ne pourraient pas rester enfermés toute la journée pendant que les humains et les elfes comploteraient dans leur dos. Ils étaient de toutes façons habitués depuis longtemps à composer avec des éléments et des situations difficiles, le soleil n'était qu'un inconvénient qu'ils maîtriseraient sans trop de problèmes.
Un silence s'installa entre eux, la situation était des plus étranges et le vampire ne savait plus trop si il devait s'étonner ou s'irriter des caprices du destin qui les mettaient ainsi face à face. Perçant, son regard se planta dans celui de son interlocuteur comme pour y lire les tréfonds de son âme et il fronça à demi les sourcils. Comme tout vampire, il n'aimait pas le changement et ce qu'il lisait dans les yeux de Merithyn lui déplaisait, il était déjà assez compliqué de cerner un homme ou un elfe alors si celui-ci se permettait de changer les fondements de son âme dès que l'ancestral tournait le dos il n'allait plus s'en sortir ! Une flamme agacée brilla dans ses prunelles à cette pensée mais il ne s'y attarda pas, il lisait autre chose dans l'oeil du baptistrel et en était troublé. Ses narines se dilatèrent tandis qu'il analysait les odeurs et les milliards d'informations dont l'air entre eux recelait et il se figea plus encore en goûtant le venin vampirique qui lui montait à la bouche. Il y avait de la peur dans l'air, une peur anormale de la part d'un chanteur qui jusque là s'était révélé presque immunisé à ce sentiment face à lui. Qu'est-ce qui avait changé ?
" Je n'aime pas cette nervosité. "
Péremptoir, son ton n'admettait aucune réplique. Il sentait la malaise de l'autre avec l'instinct infaillible d'un prédateur habitué à cet art et il en tirait les conclusions qui s'imposaient. On lui cachait quelque chose. Néanmoins il n'était pas là pour cela et il n'avait pas l'intention de renoncer à son désir même pour le plaisir de découvrir ce que le baptistrel pouvait bien cacher au fond de son cœur. Il réprima donc le désir de violence qui s'allumait dans son esprit et c'est avec lenteur, les yeux plantés dans ceux de son interlocuteur qu'il articula :
" Je veux sortir du sanctuaire. "
La demande aurait sans doute fait bondir n'importe quel baptistrel ou membre des trois délégations mais son ton était paisible, assuré. Il savait ce qu'il voulait et il savait aussi que l'autre comprendrait très facilement où il voulait en venir. Néanmoins et pour éviter toute incompréhension fâcheuse il se décida à préciser :
" Pour la matinée seulement, et je n'ai ni l'envie ni l'intention d'approcher des frontières Elfiques. Tu n'ignorai pas que je ferai cette demande chanteur, tu as dû prendre tes dispositions... "
Sur de son fait, il se tint immobile prêt à entendre la réponse. Il ne pensait pas qu'on lui refuserait ce qu'il demandait mais ce qu'il ignorait c'est ce qu'il ferait si cela devait être le cas. Son désir méritait-il de prendre le risque de mettre à mal le déroulement des négociations ? Peut-être... Assurément même. Il devait s'y rendre, ce n'était pas négociable. |
| | | Merithyn Shadowsong Légende
| Sujet: Re: Certaines fleurs n'éclosent qu'à l'ombre de la destinée [PV Lorenz] TERMINE Ven 6 Sep 2013 - 18:24 | |
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Ça commençait décidément très mal. Si il avait voulut le faire mourir de peur il s'y prenait fort bien, les menaces ne lui faisait plus grand chose, mais le prendre au dépourvu dans un moment pareil était très bien joué... enfin, si, il aurait put faire pire, entrer chez lui par effraction alors qu'il dormait ou s'habillait, et là c'était le domaine entier qui aurait eut droit à sa performance vocale. Mieux valait ne pas trop y penser, son pauvre petit cœur avait bien assez de mal à se remettre de ses émotions pour en plus se tarauder l'esprit avec ce genre d'images... Bon certes, il s'était attendu à le voir venir un jour ou l'autre, et il était prêt à parier tout ce qu'il possédait qu'il savait très exactement la raison de sa venue ; mais tout de même. Oh il savait que cela lui tiendrait à cœur, et c'était l'une des raisons qui le mettait si mal à l'aise, et cependant il n'avait guère le choix. Lui refuser pareille demande n'était pas dans sa ligne de conduite, d'autant qu'il lui prouvait par là même que quelque chose de bon pouvait, irrémédiablement, subsister en lui, tout au fond, bien dissimulé, comme une gemme plongée dans un bourbier sans nom.
Était-ce seulement possible ? Il avait consumé le sang du dragon, il avait ignoré le tabou ultime, pour posséder le pouvoir... L'instant où il l'avait apprit, le désespoir l'avait emporté comme une lame de fond rageuse, faisant voler en éclats tout ce qu'il avait crut possible, tout les espoirs de voir ce vampire se tourner si non vers le bien du moins vers une certaine forme de décence, toutes ses abracadabrantes hypothèses montées dans le seul but de le détourner de ses aspirations morbides... Tout cela n'avait plus eut de raisons d'être, poussières grises au vent, sans valeur, sans portée... c'était finit. Le temps de l'espoir n'était plus, Lorenz s'était condamné lui-même à mort. Non... il s'était condamné à bien pire que la mort, et si il acceptait de le voir périr s'était sans doute encore par charité et non par réel goût du sang. Et peut-être, désormais, en un brin de lâcheté, pour voir cesser toutes ces interrogations, ces revirements, ces doutes... Qu'il soit libéré de cette danse sur le fil du rasoir, car il pressentait que, tant que le prince vampirique serait en vie, il continuerait de pencher d'un coté et de l'autre, quant bien même il n'aspirait qu'à s'en tenir à une décision.
Rester ferme sur ses positions était bien plus compliqué qu'il ne l'avait imaginé. Peut-être avait-il tout simplement trop bon cœur. Mais quelque chose lui soufflait, dans le creux de l'oreille, qu'il y avait une autre raison à cette incapacité émotionnelle.... Laquelle ? Il ne l'entrevoyait même pas, pas encore du moins, mais il était devenu évident que quelque chose avait décidé qu'il devrait dépasser la condition de simple guérisseur de campagne. Ou bien était-ce qu'il coupait lui même les fil du destin pour les raccrocher à d'autres ? Non, il n'avait pas l'arrogance de se croire aussi fort. Et cependant, il se languissait d'être capable de s’octroyer une certaine liberté. Car était-ce une liberté que de se faire héraut d'une harmonie dissolue et agonisante ; en laquelle ne croyaient que de vagues âmes perdues dans la masse des belliqueux innombrables. Était-ce de la lâcheté que de vouloir conserver ses dons, et ses idéaux, contre vent et marée ? En un monde où tout s'écroulait, était-ce vraiment une tare que de vouloir rêver ? Au moins une ultime fois ?
Si ma seule liberté est de rêver, alors je rêve de liberté
Lorenz seul le rendait si fébrile qu'il se noyait dans ses propres réflexions comme dans un lagon sans fond, participant de son malaise face à ce seigneur qui pourtant le sollicitait. N'était-il pas venu pour cela ? Bien sûr que si. Aussi, il hocha simplement la tête, admettant l'affirmation sans briser son soudain silence, muet qu'il était, la gorge enserrée de sentiments contradictoires. Oui les vampires s'adaptaient aisément, jouissant là d'un avantage qui faisait clairement défaut au peuple des bois qui, dans son arrogance, l'aurait sans doute qualifié de duperie. Lui admirait cette propension bien évidement, tout en continuant de penser qu'il ne s'attendait pas à voir beaucoup de vampires baguenauder sur le domaine en plein flamboiement de l'astre diurne. Par pur confort, cela allait clairement sans dire. Mais pour l'occasion, peut-être se fourvoyait-il, après tout c'était l'occasion unique de pouvoir discuter en toute tranquillité avec les autres races. Et il ne doutait pas un instant d'être avertit d'une quelconque querelle si elle avait lieu, le réseau de protection était bien rouée. Il n'avait d'ailleurs nullement l'intention de libérer ceux prit dans sa trame. Sans doute les laisserait-il mariner jusqu'aux négociations proprement dites. Ça leurs ferait amplement les pieds après tout. Ils n'en étaient pas encore là pourtant et c'était parfait, car il n'imaginait pas devoir gérer tout cela si dès la première matinée les deux délégations d'ennemis éternels se mettaient à se défier.
Il planta son regard dans le sien, et, se concentrant sur l'instant présent, il répondit, non sans une pointe sourde au fond de la voix. « Vous venez de me faire très peur, prince, je crois que cela justifie amplement ma nervosité » Et après tout c'était la vérité, puisque sans cette prise à contre pied il aurait bien mieux dissimulé sa culpabilité. Il ne mentait pas, encore une fois, n’omettait rien, après tout. Mais il ne comptait pas lui dire le fond des choses. Le feu se cabra en lui, chassant la nervosité, et il raffermit sa posture face au vampire, de même que son regard, attendant la suite. Sortir du sanctuaire.... il aurait dû parier il aurait gagné à tout coups. Laissant un sourire léger fleurir sur ses lèvres, il hocha la tête de nouveau. Bien sûr qu'il voulait sortir... « Bien sûr, je m'y attendais » Ils savaient tout deux pourquoi, comme Lorenz devinerait aisément qu'il s'était déjà rendu en ce lieux pour s'en imprégner et le purifier. C'était le moins qu'il pouvait faire pour Enelya et son esprit, des rites de passages dignes de ce nom, et lui donner des nouvelles de son amour. Elle le méritait bien... Elle aurait également mérité bien mieux que cette exécution, ce déversement de haine raciale... Mais il n'était pas bon de revenir là dessus. « Je vous accompagnerais. Mais vous allez devoir me prêter serment de ne pas attenter à la vie des elfes que nous pourrions croiser, au royaume ou à la forêt. Soyez clairs, je vous fais confiance, et je ne souhaite nullement vous priver de cette visite.... il s'agit simplement d'une assurance pour les autres »
Il se doutait également que le vampire jurerait ses grands esprits plutôt que se voir privé de cette visite, d'autant qu'un tel serment ne lui coûtait au final pas grand chose. Qu'avait-il à y perdre ? Par rapport à ce qu'il y gagnait. Attendons donc, il lui fit passer son serment, long, très certainement ennuyeux tant il l'avait préparé pour éviter les failles, preuve flagrante qu'en effet, il attendait sa venue, puis une fois que ce fut finit, il s'inclina devant lui. « Je vous remercie... suivez moi ? » Le guidant dans le domaine, il prit un chemin détourné et plongé sous les frondaisons, loin de la vue de tous. Un chemin peu usité qui permettait de rester tranquille lorsqu'on désirait marcher en toute quiétude. D'abord silencieux, alors qu'ils marchaient, il finit cependant par prendre la parole avec une touche d'hésitation, ne désirant point le troubler. « Je me suis permis de lui offrir les rites de passage, j'ai purifié ce lieu et je me suis permis de lui parler de vous. Un geste que vous trouverez stupide je suppose, mais je doute que quelqu'un d'autre ai eut assez d'intérêt pour lui offrir au moins cela... »
Tournant le regard vers lui, il l'observa, dans la demi luminosité de la forêt au matin « Est-ce... que tout ira bien, Sire ? »
Dernière édition par Merithyn Shadowsong le Lun 9 Sep 2013 - 13:32, édité 2 fois |
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| Sujet: Re: Certaines fleurs n'éclosent qu'à l'ombre de la destinée [PV Lorenz] TERMINE Lun 9 Sep 2013 - 0:49 | |
| Muet... Voilà qu'il était parvenu à le rendre muet... De tous ses exploits celui-ci serait certainement et de loin le plus étonnant ! Tuer un dragon c'était une chose, mais couper la chique à Merithyn Shadowsong ? Il n'y croyait pas vraiment.. .Et il avait bien raison puisque après un interminable et assourdissant silence le baptistrel se décida enfin à plonger son regard dans le sien et à lui répondre mais le ton bien que forcément soutenu par l'assurance de la vérité fit tiquer l'ancestral. Quelque chose lui déplaisait décidément de plus en plus, il ne parvenait pas à mettre le doigt sur ce que pouvait bien être cette lueur qu'il voyait luire dans le regard de son interlocuteur mais nul doute qu'il y reviendrait très bientôt, c'était trop intéressant et même quelque peu inquiétant pour être ignoré. En attendant il préférait se concentrer sur la véritable raison de sa présence en ce lieu tout comme l'elfe d'ailleurs qui semblait avoir raffermi sa position et qui le fixait à présent avec un léger sourire.
L'acier tranchant des prunelles de l'ancestral s'assombrit à cette vision, il ne savait comment le prendre. Il y avait bien longtemps qu'il ne s'était pas retrouvé en position de demandeur, l'avait-il jamais été d'ailleurs ? Et il devait bien avouer que cela non plus ne lui plaisait pas. En temps normal il aurait tout simplement attaqué les protections magiques de toute sa formidable puissance et pour peu qu'elles cèdent sous l'assaut il aurait pu marcher droit vers son objectif sans même se préoccuper de ce que pouvait bien penser les baptistrels, sauf que si les choses avaient été normale il n'aurait même pas eu à se trouver là. Il ne serait revenu au cœur des forêts elfiques que pour les brûler et effacer à tout jamais le cuisant souvenir qui brûlait jusqu'à sa santé mentale depuis maintenant bien des années. Il ne desserra pas les lèvres néanmoins et c'est à peine si une étincelle d'intense satisfaction s'alluma dans son regard lorsque l'autre confirma qu'il s'y attendait bel et bien et qu'il ne s'y opposerait pas. Voilà qui éviterait bien des tracas, car à présent qu'il avait évoqué son exigence il aurait été pour le moins incapable de revenir dessus et de simplement y renoncer. Quand aux conditions qui allaient de pair avec tout ceci Lorenz n'y répondit que par un léger haussement d'épaule et une réplique aussi ironique que polaire :
" Je m'y attendais. "
Et puis il n'était plus vraiment à un serment près n'est-ce pas ? Même sans cela il n'aurait sans doute pas eu la bêtise de s'attaquer seul à des elfes si proches de leur royaume mais on était jamais à l'abri d'un coup de colère comme certains membres de son entourage pouvaient en témoigner et la possibilité de retourner sur les lieux de son passé valaient bien ce petit sacrifice. C'est donc avec un parfait stoïcisme qu'il toléra l'interminable corvée bien qu'il ne chercha même pas à cacher tout à fait la moue de plus en plus narquoise qui cherchait à s'afficher sur son visage. Quoi... Un si long serment ? Bon il était vrai qu'il aurait sans doute été vexé si cela n'avait pas été le cas, ou bien il aurait méprisé la bêtise du baptistrel... Ou les deux plus certainement.
Lorsque enfin ce fut terminé l'elfe ne laisse pas le silence retomber entre eux et s'inclina aussitôt devant lui avant de l'inviter à le suivre. Etrangement l'ancestral sembla hésiter un très court instant avant de lui emboîter le pas, comme ne sachant plus très bien si son choix était vraiment une bonne idée. Une minuscule part de lui totalement inconsciente s'était bercée de l'illusion qu'il ne lui serait jamais possible de retourner sur les lieux du drame et qu'il y aurait toujours quelque chose pour l'en empêcher. Seulement maintenant que ce moment était tout proche il s'apercevait que cette petit part avait peur. La peur... C'était un étrange sentiment qu'il n'avait plus ressenti depuis très longtemps, qu'avait-il à perdre de toutes façons puisqu'il ne vivait plus que pour la vengeance ? Pas grand chose de toutes évidences, et pourtant ses mains tremblèrent une seconde avant qu'il ne reprenne farouchement le contrôle de lui-même et ne se mette en marche.
Ils marchèrent un moment sans un bruit, l'elfe prenant grand soin de les mener par un chemin désert ce qui convenait parfaitement à Lorenz. Profondément plongé dans ses pensées, il avançait de sa démarche souple et pourtant altière sans laisser un seul muscle de son visage trahir ses pensées pourtant bouillantes. Bien sur il était parfaitement conscient que l'autre percevait très bien ses sensations mais on ne se débarrassait pas ainsi d'une habitude si profondément ancrée et son armure impassible était sans doute l'une des premières armes qu'il avait été capable de se forger dès sa plus tendre enfance. Son profond dégoût pour l'art Baptistral venait sans doute de là d'ailleurs, il n'appréciait pas beaucoup que l'on viole son intimité bien que pour une fois il était bien trop loin dans ses sinistres pensées pour véritablement s'en inquiéter. Il avait complètement occulté l'existence du chanteur qui marchait à son côté, trop occupé à ressasser les souvenirs qui brûlaient son âme jour après jour et qui ne pouvait que se raviver à la vue de ce chemin qu'il connaissait. Il avait déjà marché ici... Et là encore, il n'était pas seul. Dracos... Que n'aurait-il pas donné pour rejouer la passé, même une seule seconde, mais c'était impossible, son bonheur lui avait été arraché depuis bien longtemps et il ne reviendrait plus.
Une colère sourde et encore contrôlée pulsait en lui au rythme d'une malédiction dont il n'avait absolument plus rien à faire à l'heure actuelle. Qu'ils étaient sots ces dragons d'avoir cru qu'il pourrait craindre leur basse vengeance... Elle n'était absolument rien face à la douleur intense de sa véritable malédiction. C'était un mal patient et retors qui le rongeait de l'intérieur depuis l'instant même où le corps sans vie d'Enelya avait touché le sol, on avait murmuré sur son passage que le sang de dragon le rendrait fou et finirait par le tuer. Amusant... Quand on savait qu'il s'estimait condamné depuis bien longtemps, et qu'il ne s'accrochait qu'à sa vengeance pour trouver la force et la motivation de rester en ce monde. La voix hésitante du Baptistrel vint le couper au beau milieu de tout cela et il ne pu s'empêcher de le foudroyer du regard au premier son, mécontent d'être ainsi dérangé mais la signification de ce qu'on venait de lui dire le troubla au point qu'il ne su d'abord quoi répondre et qu'il se contenta de l'observer d'un regard pénétrant et parfaitement insondable.
Il ne s'était pas vraiment attendu à cela en vérité, il n'y avait même pas pensé. Il méprisait trop l'art des Baptristrels pour avoir seulement songé qu'Enelya pouvait avoir eu besoin de la purification de l'un d'entre eux. Troublé, il sembla réfléchir quelques instants comme si il se demandait ce qu'il était bien sensé répondre à cela. Plus encore que les rites dont il n'avait cure l'idée que quelqu'un ai pu parler de lui à son aimée l'emplissait de sentiments mitigés. Le doute bien sur, se moquait-on de lui ? L'effroi peut-être, avait-elle entendu et était-elle satisfaite du chemin qu'il avait parcouru ? Une certaine satisfaction aussi, quelqu'un avait honoré sa mémoire qu'elle ai entendu ou pas. Comprenant soudain que son silence s'était sacrément éternisé il reporta son attention sur l'elfe et se décida à lui offrir un hochement de tête, sec, un peu coincé peut-être mais c'était le meilleur qu'il puisse lui offrir au vue des circonstances et il savait que l'autre comprendrait son remerciement muet.
Il ne pouvait pas prendre le temps de s'éterniser sur tout cela néanmoins, ses souvenirs autant que son instinct lui hurlaient qu'ils arrivaient presque sur les lieux. Son pas silencieux se ralentit, presque imperceptiblement mais l'elfe dû s'en apercevoir puisqu'il se tourna vers lui, lumineuse silhouette le fixant à contre-jour. Sa question tomba plutôt mal étant donné que l'Ancestral en était déjà à se débattre avec lui même et avec ses divers sentiments, il n'avait pas spécialement envie de répondre à une telle interrogation et c'est donc avec sécheresse qu'il répondit :
" Cela irait mieux si tu t'écartais de mon chemin. "
Et il s'avança, d'autant plus brusquement qu'il voulait lui prouver qu'il n'était pas faible. Un peu trop brusquement sans doute, car la soudaine vision qui lui éclata au visage manqua le fracturer tout entier, fracassant son âme déjà meurtrie et glaçant son sang pour la première fois depuis bien longtemps. L'acier indomptable de ses prunelles sembla prendre une autre lueur lorsqu'il fit lentement le tour de la clairière, une lueur qui ne s'était pas allumée depuis bien longtemps. Une souffrance si pure les vrillaient qu'elles semblèrent un instant retrouver la teinte pâle et océane de son ancien regard elfique. Figé sur place, il enregistrait chaque mouvement, chaque bruissement de feuille et il n'aurait su dire combien d'éternité il était resté là simplement silencieux et les narines frémissantes des odeurs connues qu'il retrouvait ici.
Enfin, et très lentement, il se mit en mouvement. Occultant encore une fois totalement l'elfe qui avait apparemment la sagesse de le laisser seul dans ces instants précieux il fit le tour de la clairière en s'arrêtant en plusieurs endroits pourtant insignifiants au premier abord mais qui pour lui étaient porteurs de tendres souvenirs. Calmement, il revint ensuite vers l'énorme chêne qui se tenait au centre de ce lieu, effleurant au passage le tronc arraché sur lequel il s'était si souvent installé. Doucement, sa main vint effleurer le tronc centenaire et il crut un instant que l'arbre allait lui répondre. Ne lui avait-il pas parlé bien souvent ? N'avait-il pas cherché le courage ici de demander à ce que son aimé accède enfin à sa requête ? Et étrangement, un bruissement léger secoua les feuilles au même instant, lui arrachant un demi sourire rendu grimaçant par l'aube de souffrance qui l'enveloppait encore. Sa main glissa sur le tronc tandis qu'il recherchait distraitement l'éraflure qui devait se trouver là, il n'eut pas à chercher longtemps, elle était bien là. Alors seulement il soupira et se tourna, dos au tronc et observa le Baptistrel.
" C'est ici. " dit-il simplement.
Et effectivement c'était ici. La douleur reflua peu à peu dans ses prunelles qui reprirent leur teinte acier à mesure qu'il se remémorait le tragique instant, le regard braqué vers l'endroit où Enelya était tombée. Sa voix se fit sourde tandis qu'il reprenait :
" Nous étions installés contre l'arbre, elle dans mes bras et moi les yeux fermés. Je n'ai pas entendu le pas des elfes, mais je reste persuadé qu'elle les avait parfaitement entendus mais se sachant perdue elle a voulu profiter de ces derniers instants. Elle s'est relevé brusquement, et lorsque j'ai fais de même elle m'a repoussé si violemment contre le chêne que j'ai manqué perdre connaissance. Pourtant j'ai lutté pour garder conscience, et j'ai voulu m'interposer mais elle ne m'a pas laissé faire. C'est là qu'elle m'a mordu... "
Il caressa la cicatrice sur sa main comme si elle pouvait elle aussi lui rappeler tous ces souvenirs et laisse la haine reprendre peu à peu son ascendant sur lui-même, elle seule le protégeait assez efficacement contre la douleur aussi ne pouvait-il pas faire autrement que de la laisser monter en lui. Elle le rendait fort aussi, assez fort pour accomplir son serment et conscient de s'être trop dévoilé aux yeux de l'elfe il ne se priva pas de continuer :
" Elle m'a donné les armes pour la venger. Je ne pensais pas revenir ici avant cela. Mais c'est sans doute une bonne chose, cet endroit brûlera la prochaine fois que j'approcherais la forêt elfique. "
Pressentant ce que l'autre allait lui dire il s'empressa de lui couper l'herbe sous le pied :
" Je ne renoncerais pas, Elfe. Aucun pardon n'est possible, je ne sais pas pardonner et n'avais pas su aimer avant de la rencontrer. Certains êtres sont capables d'aimer deux fois, ou plus... Pas moi. Ce qu'ils m'ont enlevé c'était si précieux que même le bain de sang dans lequel je vais plonger ton peuple ne suffira pas à amender sa faute. Je n'aimerai plus jamais, et pour cela les elfes payeront. Tu payera. C'est ainsi. "
Et c'était parfaitement injuste, mais il assumait cette injustice sans la moindre hésitation. Une seconde seulement il pensa à ce que l'autre avait perdu, la nouvelle de la mort d'Eliow Wriendel avait fait le tour des trois royaumes mais il était totalement incapable de comparer sa propre peine à celle d'un autre. Elle était trop profonde, il avait trop aimé et d'un amour trop exclusif pour s'imaginer une seule seconde qu'un autre amour du même type ai pu exister. |
| | | Merithyn Shadowsong Légende
| Sujet: Re: Certaines fleurs n'éclosent qu'à l'ombre de la destinée [PV Lorenz] TERMINE Lun 9 Sep 2013 - 17:12 | |
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En vérité, Merithyn ne s'était nullement attendu à être gratifié d'un remerciement, son geste avait été naturel. Après son retour sur les terres elfes, à l'aube de ce que l'on nommait déjà âge d'obsidienne, il était venu en ces lieux de tristesse et de souvenirs doux-amers, l'ayant trouvé grâce aux indications de l'histoire de Lorenz. Et comme il l'avait fait pour Cymbor sur la tombe de roche, dans les plaines de l'empire, il s'était installé là, écoutant les chuchotements de la clairière qui contait l'amour interdit d'un elfe et d'une vampiresse. Des heures, des jours durant, il s'était simplement tenu là, yeux fermés, écoutant et s'imprégnant de la tragédie avec encore plus de clarté que dans ses souvenirs du chant-nom de Lorenz. Entre deux voyages en compagnie de Shaynar il se reposait là, y dormait même parfois, refusant de laisser quiconque l'accompagner afin de ne pas troubler les lieux. Plongeant au cœur même du temps de ce lieu, presque au delà du monde, il avait finalement touché ce regret... loin très loin de la sensibilité de tout autre être vivant, une seule note du chant-nom de ce lieu, une note qui recelait des milliers de souvenirs et de sentiments, et qui avait autrefois porté le nom d'Enelya. Un fragment infime d'elle n'avait pas été emporté par le corbeau de l'esprit de la mort, et c'était une bien triste constatation, mais non une surprise, au vu des circonstances de son trépas, il aurait été étonné de la voir reposé dans une paix totale.
Et de nouveau, il avait passé des jours entiers à côtoyer sans bruit ce fragment d'âme. Non, moins qu'un fragment d'âme... c'était un lambeau de quelque chose d'indéfinissable et de terriblement triste. Quelque chose qui n'avait de consistance pour personne mais qui était bien présent. Et cela attendait... un être, un seul. Cela attendait celui pour qui elle était morte. Ainsi avait-il sut que le prince vampirique viendrait, inévitablement, se recueillir en ce lieu. Il n'avait pas conversé avec ce fragment d'être, car il ne voulait pas la déranger dans son attente, loin de là... Et quand il eut assez imprégné sa propre personne de ce qu'elle dégageait, il avait prit son higen, avait pincé les cordes, et avait longuement chanté. Il avait chanté Lorenz, sa vie après l'ultime marque d'amour, et de talion, qu'elle lui avait offerte, sa vengeance, son armée, son serment ; il avait également chanté la sortie des vampires, les dragons et dragonniers. Tout ce qui avait trait à Lorenz, il le lui avait raconté, tout ce qui pourrait sans doute l'intéresser, qu'elle sache... qu'il vivait, qu'il était en bonne santé, ou aussi bonne que possible. Et qu'il l'aimait toujours.... Oui même après des centaines d'années. Puis il en avait appelé à l'eau et à l'air, purifiant les lieux, chassant les larmes non versées, chassant les mots haineux, chassant tout ce qui empêcherait ce petit fragment d'être d'attendre en paix. Il avait soulagé la clairière de son lourd secret, lui avait ôté son poids. Puis il avait chanté les rites de passage, un à un, et avait finalement demandé à la clairière de garder jalousement le secret profond de ces lieux, de détourner les curieux et les âmes perdues. Que personne d'autre que Lorenz ou lui ne puisse accéder à cet endroit, qu'il reste, tel qu'il était, pour le jour où enfin le prince des vampires reviendrait.
Tout cela il l'avait fait, patientant également. Et à présent, il guidait celui qu'Enelya attendait, droit vers ce fragment infime d'elle qui perdurait. Tout ce qu'il espérait, c'était que Lorenz parvienne à entrer en contact avec elle, qu'il puisse la sentir, comme lui l'avait sentit. Oui, il l'espérait, et s'angoissait, sentant son cœur se serrer. Toutes les ondes chaotiques qu'il dégageait, tout ce qu'il ressentait, la peur, la colère, l'angoisse peut-être, un maelström tourbillonnant que l'empathie naturelle du chanteur le poussait à tenter d'apaiser... toutes ces ondes seraient sans doute un obstacle à ce qu'il entre en contact avec elle, et il n'imaginait pas que Lorenz accepte de le laisser chanter pour lui. Il ne pouvait que comprendre... le vampire approchait du lieu d'un drame qui avait motivé le reste de son existence entière, d'un lieu qui l'avait vu renaître, qui avait vu la perte de sa bien aimée... quel sorte de monstre ne pourrait comprendre cette vague de sentiments et ce qui en découlait. Lui-même était grandement affecté, ressentant la souffrance de Lorenz comme si elle était sienne, point lié par une magie aussi sombre que le Double Royal, mais pas le poids de sa sensibilité au chant-nom. Si il avait pu le soulager, il l'aurait fait, mais en cet instant il n'était pas le bienvenu et mieux valait qu'il le laisse à la solitude de son esprit jusqu'à ce qu'il daigne accepter de nouveau sa présence.
Il le laissa passer, étant de toute façon à destination, et l'observa avec intensité, tendu et tremblant doucement... Ce n'était pas qu'il craignait une quelconque colère de Lorenz, loin de là, mais il craignait en revanche la douleur qu'il ressentait suinter de lui, et qu'il brûler de guérir sans s'y résoudre. Non il ne pouvait pas faire ça, pas alors que ce moment était entièrement sien. Restant à la lisière des arbres, il rechercha la présence du fragment d'être à qui il avait tenu compagnie, et le ressentit confusément, au travers de se que dégageait Lorenz et la clairière, comme un minuscule battement d'âme au travers du fracas des tambours. Dracos, grands esprits.... faites qu'il le ressente, faites qu'il entende... s'il vous plaît, il en a besoin ! Pour une fois dans sa vie faites preuve d'un peu de bonté envers lui ! Il ne mérite pas la cruauté d'un tel silence.... Les endroits où il s'arrêtait parlaient, il le savait, sachant tout ce que qui était advenu là... Un hochement de tête ténu fut sa réponse à l'affirmation. Oui, ici. Lui n'avait pas bougé, silhouette luisante sous l'ombre de l'arbre, se refusant à briser l'instant qui revenait naturellement au prince vampirique, espérant toujours qu'il saisirait ce discret murmure qui l'attendait depuis de très longs siècles. Oui c'était là, et les mots qu'il prononçait en l'instant le surprirent. Il livrait de lui même le récit de la nuit tragique de sa transformation... sa dernière nuit en compagnie d'Enelya.
Il écouta, oui, ce que Lorenz livrait, sans offrir de réaction, si ce n'était son entière attention et le regard braqué sur lui, plein de calme mais de tristesse. Que le vampire haïsse sa compassion si ça lui chantait, il ne l'éprouvait pas moins pour autant. Si la haine rendait le prince fort, c'était la compassion et la pitié qui lui permettait de continuer à avancer. Étrangement, si il avait eut des doutes jusque là, les mots de Lorenz l'avaient décidé. Il s'approcha finalement, dans le bruissement de sa longue tunique sur l'herbe douce et posa une main gantée de blanc sur le tronc du chêne, observant l'écorce avec douceur. La silence se prolongea un moment avant qu'il ne se décide enfin à répondre, d'une voix légère et douce, délicate, comme si chaque mot était une caresse. « Laisse moi te donner les armes pour leurs faire payer » Son regard se tourna vers Lorenz « C'était ses mots. Je m'en souviens bien » Il s'appuya également contre le tronc, imitant presque le geste du prince « Vous n'aviez jamais aimé avant elle, et elle était votre grand amour. Moi j'aimais tout un chacun, à tel point que l'amour ne voulait plus rien dire à mes yeux, et il me les as ouvert et m'a rendu ce que j'avais perdu. Le véritable sens du mot aimer »
Son cœur lui faisait mal, autant pour Lorenz que pour lui-même. Ça faisait mal de parler de tout cela, et d'un autre coté, il comprenait que se cacher derrière la haine été tentant. « Peut-être avez vous simplement besoin que l'on vous enseigne le pardon. Et peut-être qu'une autre frêle fleur de vie aura cette chance, pour vous découvrir à votre juste valeur. Une petite fleur, ou un fragment d'Ambre par exemple » La jeune humaine pour qui il s'attachait déjà, de façon discrète, ténue, mais il le faisait. Elle s'appelait Ambre, cette chanceuse. « L'on gagne beaucoup à vous connaître, Prince Wintel. Au delà de votre rang d'ailleurs. Vous m'avez beaucoup apprit je dois l'avouer, et je pense que quoi qu'il arrive je vous en serait toujours reconnaissant. Et sans doute que mon respect pour vous ne tarira jamais » Il déglutit, la gorge soudain serrée et eut du mal à reprendre « Je n'aimerais jamais quelqu'un d'autre qu'Eliow. Il était toute ma vie. Il était tout ce qui comptait à mes yeux. Lorsqu'il est mort j'ai cru sombrer dans la folie, je me suis jeté dans le puits des flammes de mon ordre... et il a rejeté ma mort. J'ai cru m'engloutir dans la haine. Je vous ai blâmé, j'ai blâmé mon peuple, les humains, je me suis même blâmé moi, trop faible pour le sauver... Si je n'avais pas compris ce que vous aviez put ressentir auparavant, je l'ai alors compris pleinement. J'aurais voulut mourir... il y avait ce vide béant en moi, cette certitude qu'il était partit, que jamais plus je ne pourrais le voir, l'entendre et le toucher.... et j'ai haïe ce monde tout entier de me l'avoir enlevé. J'ai même haïe les esprits qui avait eut la cruauté de me le prendre... »
Pourquoi lui parlait-il de cela ? Qu'est-ce qu'il en avait à faire après tout ? Il avait déjà sa propre douleur. « Vous aller noyer le monde sous la nuit pour elle, et vous désirez anéantir les miens pour elle. Je désir guérir ce monde, le protéger pour lui. Le faire vivre pour lui, pour toutes les choses qu'il n'a put voir les choses qu'il a manqué, qu'il aurait voulut, qu'il a pensé, ou souhaité... Jamais je ne le pleurerais, j'en suis incapable, jamais je ne l'oublierais, jamais je n'aimerais quelqu'un d'autre comme je l'ai aimé. Mon cœur est partit avec lui. Mais j'aime toujours ce monde, d'un autre amour, différent. Et je veux le protéger pour lui.... » Son regard chercha celui, dur, du vampire « Si je désire rester optimiste, et croire que vous pouvez encore chérir, je ne peux affirmer que votre vision de l'avenir ne se réalisera pas. Je crains également qu'il ne se réalise. Et si c'est le cas, Prince... lorsque vous vous présenterez ici, à la fin de tout, à cet ultime jalon pavant votre serment de vengeance. Je perdrais mes pouvoirs » Car je vous affronterais, et vous tuerais Lorenz. Pour que le sacrifice d'Eliow ne soit pas vain, pour que l'avenir perdure. Je vous tuerais de mes propres mains Voilà, c'était dit. Étrangement, il espérait que Shaynar avait écouté cette infime bribe de conversation, car ce qu'il venait de dire était lourd de la cangue du destin.
« Nous n'en sommes pourtant pas là. Pour le moment, les Alayiens menacent. Pour le moment les elfes vivent, et cette clairière vous accueille comme au premier jour. D'ailleurs, je puis encore la protéger si vous le désirez. De sorte que les flammes l'épargne. Mais je laisse cela à votre choix, j'ai quelque chose de spécial à vous montrer, je pense que vous aimerez » Souriant doucement il s'éloigna de lui et s'installa à son coin habituel dans l'herbe. Là il sortit son higen et pinça les cordes avec dextérité, suivant le rythme fluide mais léger qu'il avait composé pour le fragment d'être sommeillant là. « écoutez bien, je vous en prie » Émettant un léger bourdonnement sur la mélopée, le son finit par disparaître alors qu'il chassait les ondes qu'eux trois, Lorenz, lui et la clairière produisaient, au profit d'elle....
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| Sujet: Re: Certaines fleurs n'éclosent qu'à l'ombre de la destinée [PV Lorenz] TERMINE Sam 14 Sep 2013 - 1:09 | |
| Le temps était comme suspendu entre eux. Ici et maintenant il n'y avait plus de Prince Noir, plus de Baptistrel ni de vampire ou d'elfe. Il n'y avait que le souvenir et la souffrance que celui-ci engendrait. Il n'y avait que la vibration des mots qui franchissaient ses lèvres pour la toute première fois, la dernière aussi sans doute car si il n'avait pas imaginé se livrer ainsi un jour il imaginait encore moins que cela puisse se reproduire. Cette parenthèse sacrée dans sa quête de sang et de vengeance ne durerait qu'un instant, le noir but de sa non-vie était bien trop profondément ancré en lui pour qu'il y renonce et il prenait sa source ici, dans cette clairière.
La force des mots pourtant prononcés doucement fit se contracter sa mâchoire. Cette dernière phrase c'était le fil conducteur de sa non vie, sa raison d'avancer, la dernière chose qu'il lui restait d'elle. Aussi riche et puissant qu'il puisse être c'était certainement là son trésor le plus précieux, il avait savouré leur musique des milliards et des milliards de fois sous la lune douce ou le soleil mauvais, dans l'obscurité des grottes ou les ruelles sombres des villes humaines, dans les plaines humides ou sur les interminables routes impériales. A l'instant même où le venin avait fait son œuvre il n'avait gardé qu'un seul et unique souvenir et c'était celui-ci, à partir de lui il avait rebrodé tout le reste, récupérant un à un les souvenirs de sa première vie elfique et découvrant peu à peu la raison de sa terrible colère et de la peine incommensurable qui vrillait sans cœur mort sans même qu'il ne puisse la comprendre. Il avait comprit alors, et le souvenir de l'instant maudit avait fracassé soudainement sa mémoire. La raison de sa haine s'était éclairée alors, et avait gagné encore en intensité. Cette phrase et la promesse qui y était lié était son repère, le bastion qui soutenait tout son être. Elle n'appartenait qu'à lui. Raidit par cette pensée, il n'ouvrit pourtant pas la bouche, le laissant continuer par parler de sa propre évolution dans le domaine amoureux mais il ne pu bien évidemment pas rester silencieux lorsque l'autre dérapa brusquement en se permettant des insinuations fort désagréables.
" Je n'ai nul besoin que l'on m'enseigne quoi que ce soit. Et cette humaine n'est qu'une esclave rendue un peu plus précieuse par son immunité. Elle n'est qu'un jouet. "
Sa voix s'était faite grondante, pleine d'un sombre avertissement qui ne serait certainement pas répété une seconde fois. Ce sujet était sensible. Le petite humaine avait certes pris une place importante dans sa non vie et dans son esprit mais il n'était pas question de la voir autrement que comme son jouet du moment, le prédateur qu'il était n'accepterait certainement pas de se voir lié à sa proie autrement que dans un rapport de terreur et de sang. Comment cet elfe osait-il insinuer le contraire ? Peut-être même se serait-il mit en colère si la suite n'avait pas été si étonnante. Quelque peu méfiant il haussa un sourcil, cherchant l'ironie qu'il savait pourtant ne pas pouvoir trouver dans le cœur d'un mage chanteur. Lui par contre ne pu totalement effacer celle qui transparu dans sa voix :
" Tu es un être étrange, Shadowsong. Même pour un elfe, même pour un Baptistrel. Ton respect est un dû que j'exige, mais ta reconnaissance ? Non seulement je n'en ai que faire mais en plus elle est bien mal placée, je t'aurai tué ce jour là sans l'ombre d'une hésitation si ça avait dû servir ma cause. Et je recommencerai n'importe quand si tu m'en offres l'occasion. Me prend pour autre chose que pour ton ennemi serait une erreur. "
Mais l'autre ne l'écoutait pas, il était parti dans ses souvenirs et ses yeux brillaient de ces larmes contenues qui ne pouvaient survivre à son élément et qui pourtant brûlaient de s'échapper pour rouler sur ses joues. Le douleur qui brûlait en lui aurait pu trouver un écho en celle de Lorenz mais celui-ci demeurait de marbre, un seul amour comptait à ses yeux et il n'aurait pas de scrupule à détruire tous les autres pour venger le sien. Cela avait été une erreur de le laisser en vie après l'avoir attrapé dans sa tente, il le savait à présent et cette faiblesse ne se reproduirait plus, rien de devait avoir d'importance par rapport à sa vengeance. L'amour dont le baptistrel parlait était un obstacle à ses projets, il le détruirait donc sans le moindre remord. La promesse presque entièrement dévoilée qui suivit alors lui tira un sourire sombre et carnassier.
" Je suis heureux de voir que tu ne fais pas cette erreur finalement. Et je m'assurerai que tes pouvoirs ne te soient pas enlevés pour trop longtemps, cela me déplairait. "
Une promesse de mort bien étrange que celle-ci, mais au moins lui promettait-il un trépas rapide tout en acceptant comme allant de soit que leur affrontement finirait par avoir lieu. Il le tuerait donc puisqu'il le fallait, il connaissait parfaitement ce genre de situations à deux issues et y était à l'aise. Rien de plus simple qu'une équation où la seule inconnue est de savoir si l'on va tuer ou se laisser tuer. Lui avait fait son choix depuis bien longtemps. En attendant il était prêt à accepter de continuer cet étrange moment qu'il partageait avec le baptistrel et c'est sans colère, d'une simple dénégation de la tête qu'il répondit :
" Cet endroit doit brûler. Je ne reviendrai jamais ici après ce jour "
Son choix était fait depuis bien longtemps, il terminerait de consumer son âme en accomplissant sa vengeance et le reste n'aura plus la moindre importance. Instinctivement il devinait que la mort du dernier elfe sous sa main serait certainement aussi sa propre mort à lui, la fin d'une terrible épopée et le point final à la plus douloureuse farce que le monde ai jamais connu. Il ne voyait aucun futur qui pourrait aller plus loin que l'accomplissement de son serment, il n'y avait pas d'après. Simplement le vide. Cette morne pensée l'absorba si profondément qu'il n'écouta pas la fin de ce que l'autre lui disait et qu'il remarqua à peine qu'il s'était éloigné. Lorsque enfin il se reconcentra sur l'instrant présent ce fut pour froncer les sourcils en voyant l'instrument entre les mains de l'elfe. Allons bon... L'atmosphère de cet endroit était certes très bizarre mais pas au point qu'il se mette à aimer la musique tout de même!Il ouvrait déjà la bouche afin de gronder son mécontentement mais l'elfe savait apparemment ce qu'il faisait et bon gré mal gré il se retrouva donc à écouter le rythme léger sans trop savoir où le musicien voulait en venir. Oui bon c'était bien joli, mais encore ? De plus en plus agacé, il s'éloigna de l'arbre et posa la main sur la souche où il s'asseyait parfois en se demandait si il devait forcer sa patience et s'y asseoir à nouveau ou se laisser aller à son impulsion du moment et simplement planter l'elfe là lorsqu'il l'entendit. Ce n'était qu'un souffle, un bruissement, un bourdonnement entêté qu'il chassait de ses oreilles depuis qu'il était arrivé dans la clairière mais la musique semblait lui donner de la force, suffisamment de force pour qu'il parvienne enfin à la reconnaître. Dracos... Comment était-ce possible ?
Un craquement sec éclata dans la clairière, il venait de broyer la branche morte qui dépassait de la souche sans même s'en apercevoir. Quelque chose n'allait pas avec son cœur... Immobile et silencieux depuis presque huit-cent ans il avait pourtant trouvé le moyen de bondir dans sa poitrine et pendant une seconde il se retrouva la bouche ouverte, suffoquant. Il n'avait pas besoin d'air et pourtant il en manquait, son âme n'était plus qu'un infime filament et pourtant elle trouvait encore le moyen de le brûler comme au fer rouge. Etait-il en vie ou était-il un mort ? Il ne le savait plus, il avait tout simplement oublié. Concentré comme jamais il ne l'avait été, il se tenait plus immobile encore que les pierres qui dormaient dans cette clairière et il écoutait. Farouchement, obstinément, parfaitement inconscient de la présence de l'elfe il écoutait, oscillant entre émerveillement et incrédulité. Elle était là... Invisible, presque muette en vérité mais pourtant il la sentait. Elle était ici, et pas ici tout à fait. Ne pas la voir et ne pas pouvoir la toucher était une torture bien plus raffinée que toutes celles qu'il avait connu jusqu'à alors mais savoir qu'elle communiait malgré tout avec lui était un cadeau absolument inestimable. Elle l'avait donc attendu... Pendant des siècles elle était restée là, accrochée à ce petit coin du royaume elfique, ce royaume qui l'avait mal accueillie et où elle avait trouvé la mort. Pendant un bon moment, ils partagèrent un pur bonheur qu'il avait attendu bien longtemps sans le moindre espoir en ce qui concernait Lorenz. La haine avait fondu en ce lieu, il n'y avait plus qu'eux et ce qu'ils partageaient, il n'avait besoin ni de mot ni du moindre contact physique pour ne faire qu'un et si profonde était la tendresse qui les liaient que l'on peinait à croire qu'ils avaient été séparés si longtemps. Leurs âmes étaient sœurs, jumelles, unies et indissociables. Le temps s'étira, apparemment interminable tandis qu'ils s'échangeraient le plus profond de leur être en une offrande exclusive et sans limite ou pudeur aucune. Promis l'un à l'autre par les caprices du destin depuis l'aube même de leurs naissances respectives ils ne pouvaient que pleurer le sort tragique qui été venu fracasser leur idylle. Mais c'était ainsi, on ne pouvait revenir en arrière et Lorenz était un être trop lucide pour l'oublier plus qu'un instant. Un murmure s'échappa de ses lèvres tandis qu'il reculait d'un pas comme pour s'éloigner de la présence entêtante
" Vron sad law sï Enelya. Hantale sin hedleia. Caëwel daelar, avor pron meletrhil... " Ta place n'est pas ici Enelya, Merci mais repars. Trouves le repos. Fais le pour moi, aimée.
Un instant il sembla que le fragment d'âme allait s'obstiner, résister à sa tendre demande mais finalement un souffle frais et rieur souffla sur la clairière. Elle était heureuse, et son bonheur fut suffisant pour tirer un véritable sourire à l'ancestral. Un sourire épanouis tel qu'il n'en avait pas eu depuis bien longtemps.
"Navaer, meleth " Adieu mon amour.
Une caresse, un souffle doux. Elle était partie. Il ferma les yeux comme pour mieux s'imprégner des cet instant et ce n'est que très longtemps après qu'il se décida enfin à tourner enfin le regard vers l'elfe.
" Merci. "
Sa voix était rauque, mais parfaitement ferme. Il n'avait pas honte de ce qui venait de se passer et bien que ce soit la deuxième fois en trop peu de temps il ne pouvait pas véritablement faire autrement que de remercier celui qui lui avait offert un tel moment. Il tourna la tête, comme pour cacher son trouble et le presque regret qu'il ressentait à devoir prononcer ces mots :
" Cela ne change rien entre nous chanteur, ma quête ne change pas et je ne pourrai faire autrement que de te tuer. Mais je me souviendrai de cet instant. " |
| | | Merithyn Shadowsong Légende
| Sujet: Re: Certaines fleurs n'éclosent qu'à l'ombre de la destinée [PV Lorenz] TERMINE Jeu 19 Sep 2013 - 19:55 | |
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Que pensait-il vraiment de Lorenz ? De cette guerre ? De la tourmente qu'il faisait subir aux peuples de l'alliance, ou au continent ? Sans nul doute n'y avait-il pas de réponse harmonieuse en son esprit, aucune qu'il puisse transmettre avec de simple mots, un discourt clair et rapide. Certes, il en était incapable, résumer l'entièreté de ce qu'il pensait et ressentait demanderait certainement plusieurs heures... voir des jours entiers si l'on prenait en compte sa capacité naturelle à tout détailler jusqu'au perfectionnisme la moindre hypothèse et considération. Si il avait put savoir, la première fois qu'il avait croisé le regard de Lorenz, qu'il se prendrait d'une telle passion pour tout ce qui le concernait il aurait certainement été frappé de perplexité. Et pourtant il ne pouvait nier que, depuis son intrusion sous sa tente, deux ans auparavant, le vampire était devenu un prodigieux sujet d'inquiétude pour lui et ce de milles façons différentes, toutes importantes à leurs manières.
Tout autre elfe l'aurait certainement traité de fou, mais fou il ne l'était pas, pas plus qu'il n'était rêveur, ou incapable de comprendre la noirceur du monde, bien au contraire, il la ressentait très bien, l'observait... Jamais il ne prendrait Lorenz pour une victime à dédouaner, ou un prince maudit par quelque sorcière malfaisante pour qu'il lui ressemble, comme il admettait aisément que les Alayiens étaient un chancre à évacuer, et qu'il y avait de mauvais éléments un peu partout... pourtant, il ne tenait pas le vampire comme un simple criminel à abattre non plus, si il jurait de le tuer, acceptait de le voir périr, c'était suite à de longues réflexions et à une suite d’événements lourds de sens. Lorenz ne pouvait être sauvé, cela était certain et il avait fait le deuil de cet espoir, jamais il ne reviendrait vers la lumière mais sans aller jusqu'à cette extrémité, il était encore tout à fait capable d'amender certaines de ses actions, en cessant de semer le chaos partout où il passait entre autres choses... une solution qui ne pouvait s'effectuer sans son concoure propre, car lui seul pouvait en décider.
Le monde n'était pas blanc ou noir comme on s'échinait à le faire croire, et cela aussi, il le savait. Chacun avait ses fautes, lui comme n'importe quel autre... Les elfes avaient tués celle que Lorenz aimait pour la simple raison qu'elle était un vampire, en retour, lui avait massacré les elfes qu'il avait rencontré, et portait la guerre sur les royaumes de l'Alliance. Pour autant, et malgré la cruauté dont il faisait preuve, Merithyn ne revenait pas sur ses paroles... L'on gagnait en effet énormément à le connaître, à la connaître vraiment, au delà des inimités, du mépris, au delà des menaces de morts réciproques également, que des individus tels que Lyroë ne manqueraient pas de lancer. Ainsi, malgré leurs différences, leurs camps opposés car à présent c'était clairement le cas, ils discutaient encore aussi calmement que possible, en partageant, du moins voulait-il le croire, plus que des banalités.... bien plus.
Il connaissait ses secrets, ses peurs, ses souffrances profondes, et en retour, Lorenz savait très bien ses idéaux, ses pensées, ou ses affects. Il avait permit sa vie aux cotés d'Eliow lorsque celui-ci se battait pour les vampires, et il l'avait épargné ; oh il pouvait bien dire qu'il aurait put le tuer, le chanteur en avait parfaitement conscience, mais il ne l'avait pas fait... Non il ne l'avait pas fait, et c'était ce qui comptait vraiment. Non content de cela, il y avait, si non une compréhension mutuelle, du moins une certaine forme d'écho... Il ne parvenait pas à l'expliquer, c'était vrai, il en était même totalement incapable et pourtant il savait intuitivement que cette promesse d'affrontement était à la fois un point final et une trêve. Ceux qui le taxait de n'être qu'une brute avaient beaucoup de soucis à se faire quant à leurs capacités d'estimation de la psychologie individuelle... Il était loin d'être une brute. Violent, certes, cruel, bien sûr, mais riche, infiniment riche...
Et c'était pour cela qu'il le respectait, parce qu'il était loin d'être maléfique pour le simple plaisir de l'être. Non son respect n'était pas dû quoi qu'en dise le vampire, mais il le lui offrait de bon cœur. De même que sa reconnaissance, car après tout, qu'il est tenté de le tuer ou non, il n'en restait pas moins qu'il lui avait offert une importante leçon. Une leçon vitale pourrait on dire. Mais qui ne l'empêchait nullement de jouer, imperméable à toute possible agression de la part de Lorenz. Non, il n'attaquerait pas, parce qu'il aurait bien autre chose en tête. Il y avait de la douleur, il y en avait toujours, mais au delà de cette douleur il y avait quelque chose de vital qu'il devait lui transmettre et qui dépassait les sentiments. Qui dépassait tout, réellement, qui n'était nullement une considération politique, matérielle, ou tout simplement personnel . Un don précieux pour le prince vampirique, qui avait attendu là des années pour lui et qui était farouchement décidé à attendre encore si il le devait.
Il n'aurait pourtant pas à le faire, car le Baptistrel lui avait promis de faire son possible, lors de cette visite, pour lui permettre de transmettre... ce qu'elle avait à transmettre. Il ne savait pas ce que c'était, et cela ne lui était pas destiné, il était simplement un soutient pour leurs dialogue, chassant les ondes parasites. Regard posé sur son humble higen, il se contentait de jouer et fredonner, sans pour autant pouvoir occulter les vibrations émanant de Lorenz. Il pouvait éviter d'y prêter attention, les laisser à leurs intenses retrouvailles, car c'était là la seule chose sensée à faire, mais une part de cette sensation lui parvenait tout de même et il eut un pauvre et triste sourire, quoi que très tendre, réellement heureux de savoir qu'ils pouvaient, même un bref instant se retrouver, s'offrir l'un à l'autre et raviver la flamme de leurs amour. Pas de haine en cet instant, seulement l'incommensurable joie de trouver la chaleur de l'âme promise à la sienne... Oui, c'était parfait comme ça, il avait droit à ce bonheur éphémère, on le luit devait, pour toute la corruption de cette âme vampirique.
Lorenz était haine pour tout autre ou presque, mais pas en cet instant. En cet instant son âme au supplice pouvait prendre une bouffée de liberté et de douceur. C'était le mieux qu'il puisse faire, oh... il aurait tant voulut être capable d'incarner ce fragment infime, de lui offrir un semblant d'enveloppe corporelle pour un moment, qu'ils puissent au moins se s'enlacer mutuellement. C'était cependant hors de ses moyens, il ne pouvait qu'attendre la fin de leurs communion, le cœur battant fiévreusement. Aurait-il jamais l'occasion d'un tel échange avec Eliow ? Il ne le savait pas. Il l'espérait confusément, tout en se morigénant. Il avait détaché Eliow, et le vampire n'avait eut aucune raison de s'attarder, du moins le pensait-il. Et pour le moment, seul importait le bonheur fugace d'une âme sombre qui semblait, pour la dernière fois, contempler la lumière profonde...
Les ultimes notes moururent doucement, tandis que le fragment d'Enelya se dissolvait enfin, apaisé, et un long silence cotonneux suivit, alors qu'il rangeait son instrument sans un bruit, respectant l'instant de recueillement du vampire. Qu'es-ce que cet instant allait changer ? Pour lui-même, rien ou presque c'était vrai, mais pour d'autres ? Pour Ambre, par exemple ? Allait-elle pâtir de son présent à Lorenz, de cette ultime union avec sa tendre aimée ou au contraire aurait-elle une véritable chance désormais ? Il l'espérait profondément mais ne se prononcerait pas. Et le temps s'étirait, longuement, alors qu'il patientait paisiblement en l'attente du verdict de Lorenz. Et celui-ci lui fit rater un battement, bien plus que son premier remerciement. Une unique pointe de douloureux soulagement avant qu'il ne reprenne sa course tranquille dans sa poitrine. Souriant à la suite, en paix avec cette fatalité, il répondit d'une voix légère, comme pour éviter de troubler l'atmosphère soudaine de ce lieu.
« C'est tout ce que je désirais »
Tout ce qu'il pouvait demander également. Avait-on forcément besoin d'une raison pour offrir un présent, ou tout simplement pour aider quelqu'un ? Il ne le pensait pas, n'avait eut aucune arrière pensée en rendant possible cet échange. Savoir qu'il chérirait sans doute son ultime instant, doux, avec celle qu'il aimait, était une récompense inestimable pour lui. Lui aussi chérirait cet instant, sans nul doute. Il était simplement heureux de sa réussite, simplement heureux d'avoir été témoin d'un tel instant. Confusément, il sentit une légère chaleur à son coté, indiquant clairement que le trésor qu'il portait avait emmagasiné sa vision de cet instant singulier. C'est très bien... Ainsi, peut-être, un autre que moi veillera à conserver un souvenir plus juste de cette idylle Ils étaient pareils à tout autres, Lorenz et Enelya, deux êtres qui s'étaient aimés, et que l'on avait condamné à tord. Et il ressentait autant de compassion pour la vampiresse décédée que pour son aimé encore en vie. Sans doute l'affect n'aurait-il pas été partagé si elle avait vécu, il n'en savait rien, mais admirait ce qu'elle avait fait, et ce que les souvenirs de Lorenz susurraient d'elle.
« Si je dois partir, je crois que je partirais sereinement... »
D'avoir put réaliser ce cadeau, si vraiment l'on pouvait appeler ça un cadeau. Il ne réclamait nul droit sur cet échange, il était dû, il était naturel... il était à eux deux, et lui n'était qu'un moyen de l'accomplir. Si vraiment les esprits l'avait entendu, ils avaient choisit de ne point être cruels, et il était leurs débiteur. C'était tout. A nouveau silencieux, il ne tenait nullement à rompre la magie si simple mais si merveilleuse de cet instant, alors qu'il l'observait avec minutie, admiration, et une large pointe d'affection qui lui aurait certainement valut de se faire grogner dessus. Et la profondeur du silence s'emplit pendant un long moment avant que quelque chose ne capte son attention, subitement, confusément, une trace, à la lisière des arbres. Se relevant dans un bruissement de robes, il s'approcha pour regarda plus attentivement, curieux de savoir de quoi il s'agissait...
Un froncement de sourcil vint altérer les traits de son visage, alors qu'il se baissait pour constater une marque légère de brûlure. De brûlure ? Mais qu'est-ce que ça venait faire là ? Soudain passablement irrité, il essayait déjà de relever les traces d'une possible intrusion de force dans le sanctuaire qu'était la clairière sans en trouver aucune. Il allait se mettre très en colère, si quelqu'un était venu là.... très, très en colère.... Le genre de colère qu'il n'avait encore jamais ressentit. Se tournant vers Lorenz un bref instant, il se demanda si lui avait remarquer quelque chose. Non, sans doute pas... Après tout, la surcharge émotionnelle était énorme. Alors il s'approcha encore davantage de la bordure des arbres, espionnant un vague éclat fugace au loin, entre les branchages. Il y avait quelque chose, plus loin dans les bois, mais quoi ? Il ne pouvait guère abandonner Lorenz là sans un mot...
« Prince.... ? Suis-je devenu fou ou bien la voyez-vous également, cette chose là-bas ? »
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| Sujet: Re: Certaines fleurs n'éclosent qu'à l'ombre de la destinée [PV Lorenz] TERMINE Mar 24 Sep 2013 - 23:19 | |
| Elle était partie... Entre amour sincère et souffrance mortelle il ne savait trop de quel côté son âme penchait le plus, il était heureux de savoir qu'elle avait enfin cessé son attente pour trouver le repos qu'elle méritait tant mais d'un autre côté il ne pouvait calmer la brûlure intense et le vide terrible que son départ lui laissait. Bien sur il lui avait demandé lui-même de partir, il était à peu près certain que si il le lui avait demandé elle serait restée quitte à prendre possession de ces lieux pour l'éternité mais elle méritait tellement mieux... Désemparé, il détourna un instant le regard de celui de l'elfe comme pour mieux se renfermer en lui-même et serra les poings dans son effort pour réprimer la vague douloureuse de regrets qui menaçait de l'engloutir tout entier. Il avait fait ce qu'il fallait, elle n'était plus à lui depuis bien longtemps et ce qu'il venait de se passer à l'instant n'y changeait rien. Enelya n'était plus, et toute la révolte du monde contre cet état de fait ne suffirait pas à le faire changer.
Un léger soupir s'exhala de ses lèvres pâles lorsqu'il se réintéressa à l'elfe dans un violent effort pour mettre de côté tout ce qu'il venait de vivre. C'était terminé à présent, il l'avait libérée de son attente et il se devait de reprendre le contrôle de ses émotions afin de continuer sa route sanglante vers l'accomplissement de son serment. Des heures difficiles l'attendaient encore, les négociations ne seraient pas de tout repos et les Alayiens ne leur pardonneraient pas la moindre erreur. Une coalition devait se construire contre eux sous peine de les voir vaincre et de ruiner tous les espoirs du peuple vampirique mais c'était bien plus facile à dire qu'à faire. La haine entre les peuples durait depuis bien trop longtemps pour pouvoir être effacée d'un seul claquement de doigts, lui même avait bien du mal à contenir son dégoût face aux faces suffisantes des elfes et son souverain mépris face aux hommes mais il se savait capable de maîtriser ses humeurs pour peu que cela lui soit utile. Restait à voir si tous les membres des trois délégations allaient parvenir à accomplir ce même exploit jusqu'au bout et si ce qui en ressortirait serait assez fructueux pour bouter les Alayiens hors d'Armanda... Rien n'était moins sur que cela...
Silencieux, il fixa le baptistrel sans daigner lui répondre. Il n'avait pas vraiment de réponse à lui offrir en vérité, ce moment si étrange qu'ils partageaient semblait si fragile que le moindre mot aurait sans doute pu le faire voler en éclats. Ce qui ne l'aurait pas dérangé outre mesure d'ailleurs, plus habitué aux duels physiques ou mentaux qu'à ce genre d'aventure il ne savait très bien comment y mettre fin. Le désir commençait à le tenailler de s'isoler quelque temps pour chérir tranquillement les instants précieux qu'il venait de vivre mais il savait que malgré toute sa bonne volonté l'elfe ne pourrait accepter de le laisser seul en dehors au milieu de la forêt Elfique. Il lui fallait donc retourner au sanctuaire, même si ce n'était pas forcément l'endroit qu'il aurait choisit pour s'isoler si il avait eu d'autres alternatives. Il s'en contenterait dans tous les cas, l'antre de feu qui lui avait été réservée comme demeure ne lui déplaisait pas tant que cela et il aurait au moins le plaisir d'y être seul pour peu qu'il ordonne qu'on ne le dérange pas. Mais en attendant d'en arriver là il devait d'abord quitter ces lieux, s'en arracher malgré tout l'attachement qu'il pouvait en ressentir et se tourner pour ne jamais revenir. Les souvenirs ne l'aideraient pas à avancer, il devait à présent s'en détacher.
« Si je dois partir, je crois que je partirais sereinement... »
Il s'accorda un léger haussement d'épaule pas tout à fait convaincu. Les êtres qui quittaient sereinement la vie étaient rares, on avait toujours quelque chose à regretter ou à se reprocher. Les elfes et les vampires avaient ce petit avantage sur les humains qu'ils vivaient très longtemps donc qu'ils avaient le temps de se lasser de leur existence mais en général cela ne suffisait pas à effacer la profonde frayeur qui s'allumait dans leurs yeux à l'instant où sonnait leur heure. Il avait mit lui même fin à bien assez d'existences pour savoir cela, le départ était presque toujours douloureux et seuls les êtres les plus sages ou les plus épuisés par une existence trop difficile accueillaient la mort avec le sourire. Le baptistrel pourrait en être capable après tout... Difficile à dire, on ne pouvait jamais savoir ce que serait sa propre mort, trop d'inconnues venaient complexifier cette équation.
Se secouant pour se tirer de toutes ces pensées il se reconcentra sur l'elfe et fronça les sourcils en notant que celui-ci le fixait depuis plusieurs minutes, une lueur indéfinissable dans l'oeil. Ou plutôt non, une lueur bien trop définissable à son goût, il n'aimait pas ce regard... Ombrageuse, la flamme de ses prunelles se fit plus ardente et sans vraiment réprimer son agacement il s'apprêtait à ouvrir la bouche pour ordonner sèchement le retour au sanctuaire lorsque un sentiment étrange vint le perturber. Avait-il entendu un bruit ? Il n'en aurait pas juré, et pourtant les mots qui étaient sur le point de franchir ses lèvres s'arrêtèrent dans sa gorge tandis qu'il concentrait tout ses sens vampiriques pour essayer de voir ou d'entendre ce qui captait ainsi son attention. Plus que son ouïe ou sa vue c'était son instinct de traqueur qui s'était mis en branle, il se sentait comme observé et il n'aimait pas beaucoup cela. Le souvenir furtif du sentiment de sécurité que lui procurait les dagues qui pouvaient à tout instant apparaître dans ses mains et la frustration dû à leur absence lui tira un grondement mauvais tandis qu'il concentrait sa magie dans l'intention bien arrêtée de se défendre en cas d'agression. La puissance de la magie baptistrale et de ses serments enserra aussitôt son pouvoir, amenant une crispation sur sa mâchoire et c'est tendu comme un arc qu'il observa le baptistrel se diriger vers la bordure des arbres non sans s'arrêter pour observer quelque chose à terre...
Circonspect, le vampire se déplaça lentement à son tour et rejoignit le chanteur de son pas aussi prudent que silencieux. Quelque chose le troublait, il ressentait une présence quelque part mais ne parvenait absolument pas à la localiser ce qui n'était pas dans ses habitudes prédatrices. En règle générale c'était lui qui observait la proie inconsciente de sa présence et pas le contraire... De plus un bourdonnement agaçant lui résonnait depuis un petit moment dans les oreilles, c'était si insidieux qu'il ne l'avait pas remarqué jusque là mais à présent qu'il y faisait attention c'était tout bonnement insupportable, il avait l'impression que l'on martelait son esprit même si il ne voyait pas très bien comment un tel prodige était possible. En quelques gestes furtifs et sans le moindre mouvement inutile il se porta aux côtés de Shadowsong qui s'adressait justement à lui en lui désignant quelque chose. Curieuses, les prunelles aciers se portèrent au loin et n'aperçurent pas tout de suite ce qu'on voulait lui montrer mais lorsque ce fut le cas elles ne purent manquer de s'agrandir jusqu'à devenir deux véritables puits d'interrogations :
"Qu'est-ce que... Cela ? "
Perçant, son regard n'avait aucun mal à percer l'ombre produites par les branchages épais et de là où il se trouvait il avait même un meilleur point de vue que l'elfe. Impossible de s'y tromper donc, ce qu'il voyait au loin c'était une créature vivante. Il entendait d'ailleurs battre son cœur à présent qu'il se concentrait dessus, un battement lent et calme, presque majestueux en réalité. Plissant les paupières pour mieux voir l'ombre qui ne cessait d'apparaître et de disparaître entre les branches il jura doucement en elfique en constatant qu'il ne parvenait pas à la voir distinctement mais qu'elle avait tout de même une taille impressionnante. C'était trop gros pour être une biche, trop sombre et trop... Rougeoyant... Une odeur de brûlé planait dans l'air et il lui semblait même apercevoir quelques flammèches dans la direction de la créature. Alors quoi ? Un dragon ? Impossible, il souffrirait si c'était le cas et il ne lui avait pas semblé apercevoir le brillant d'une armure d'écaille mais plutôt le lustré d'un pelage sombre. Inquiétude et fascination se mêlait dans son esprit, jusqu'à ce que...
" El Naur ! " le feu !
Il n'avait pas pu retenir cette exclamation instinctive à l'instant où les prunelles brûlantes lui avait transpercée les yeux. L'élément qui couvait en lui depuis l'éveil de son totem et peut-être même depuis toujours s'était tout à coup embrasé et courait à présent follement dans chacune de ses veines Avant même de savoir ce qu'il faisait ou de seulement penser à la folie qui tout à coup le poussait en avant il se précipita. Oublié l'elfe abasourdi resté en arrière, oublié la clairière et tout ce qu'elle pouvait bien signifier, oublié même l'endroit où il se trouvait, tout ce qui l'intéressait c'était le feu qui couvait dans le regard farouche qu'il venait de croiser. Il ne savait plus qu'une chose, n'avait plus qu'une seule et unique pensée en tête : il devait retrouver le propriétaire de ces prunelles et tant pis si pour cela il lui fallait traverser la forêt entière et le royaume Elfique en prime. De toutes façons cela ne risquait pas d'arriver étant donné qu'il se dirigeait vers l'extrême opposé de ce royaume, s'enfonçant plutôt à toute allure au cœur même de la vieille forêt dans une zone que les elfes eux même n'avaient sans doute même pas explorée. Il n'avait cure de tout cela, et il n'avait cure du baptistrel qui cherchait sans doute à le suivre. Il courrait, en silence et avec cette souplesse endurante qui était celle de son peuple il ignorait les branches basses qui lui cinglaient le visage. Dans sa tête résonnait le son produit par le trot du cheval qui devant lui semblait lui indiquer le chemin. C'était donc un cheval... Mais en vérité cela ne l'intéressait pas, ce qu'il voulait c'était se noyer dans les flammes qu'il n'avait fait qu'apercevoir l'instant d'avant et qui le fuyait à présent, lui tirant un feulement animal d'impatience et de dépit.
Enfin, le fuyard se décida à ralentir l'allure. Sans doute avait-il réussi à l'amener là où il voulait... Bizarrement à présent qu'il s'était arrêté il ne semblait plus provoquer le même attrait chez Lorenz et celui-ci ne pu que s'immobiliser à son tour, secouant la tête avec égarement en s'apercevant qu'il avait été comme fasciné et même hypnotisé par cet étrange animal. Comment était-ce possible ? Sa magie le protégeait en général de ce genre de choses, mais elle n'avait tout simplement pas réagit face à cette agression comme si ce devait en réalité ne pas en être une. Qu'est-ce que cela pouvait être d'autres en réalité ? Qu'un animal vous attire ainsi dans sa tanière en vous hypnotisant ce n'était sans doute pas pour prendre le thé ! Tendu comme un arc, il hésita quelque temps immobile, humant l'air et observant les alentours sans trop savoir si il devait avancer ou rebrousser chemin. En réalité il ne reconnaissait absolument pas cet endroit et n'était pas certain de pouvoir retrouver son chemin facilement. D'ailleurs il n'avait pas envie de rebrousser chemin, était-il encore sous le contrôle de la créature ? Il n'aurait su le dire, mais il se sentait comme attiré par elle même si moins violemment cette fois. La curiosité étant la plus forte il se décida à faire quelques pas prudent et déboucha dans une nouvelle clairière bien différente de la première qui ne manqua pas d'allumer une lueur stupéfaite dans son regard.
Des ruines, voici ce qui se trouvait là... A quelle civilisation avaient-elles appartenu ? Il n'aurait su véritablement le dire même si quelques indices semblaient pencher pour un antique sanctuaire Elfique. Une courette dallée formait l'entrée d'une bâtiment qui avait dû être élégant mais dont on ne trouvait plus que les fondations. Quelques une des dalles avaient été arrachée dans un coin de la courette et au lieu de montrer la terre qui aurait dû se trouver en dessous elle béait vers un vide obscur. L'entrée d'un souterrain... Quels mystères pouvaient se cacher à l'intérieur ? En d'autres circonstances il s'y serait sans doute intéressé mais son regard s'était porté plus loin. Ignorant totalement la magnifique fontaine qui fonctionnait miraculeusement encore et qui déversait une eau plus pure qu'un cristal il observait le cheval. Et quel cheval... En étalon en réalité, la plus magnifique monture qu'il n'ai jamais vue de sa vie ou de sa non-vie. Plus haute encore que les étalons qu'il montait habituellement, plus rétif aussi comme il pouvait le constater vu l'énergie que mettait l'animal à encenser le sol de ses sabots. Les muscles noueux qui roulaient sous le magnifique et sombre pelage le fascinèrent un instant avant qu'il ne tombe à nouveau sur les terribles prunelles qui achevèrent de le clouer sur placer, comme transpercé. Plus immobile que les merveilleuses statues qui le toisaient de toute leur hauteur il cru rester des heures ainsi, à quelques mètres de l'animal qui l'observait sans broncher, comme fasciné lui aussi. Il fallu un craquement dans le bois derrière le vampire pour que l'étalon se décide à bouger enfin et à pousser un hennissement strident et de toutes évidences mécontent avant de se cabrer sauvagement sous le regard effaré du prince... |
| | | Merithyn Shadowsong Légende
| Sujet: Re: Certaines fleurs n'éclosent qu'à l'ombre de la destinée [PV Lorenz] TERMINE Ven 27 Sep 2013 - 22:51 | |
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Du feu... voilà ce qu'il venait de s'exclamer en le plantant sans cérémonie là où il était pour partir après il ne savait quoi au fond des bois. Et ce il ne savait quoi n'était pas un chemin vers le royaume elfique, de cela il en était sûr et certain, il n'y avait rien par là de ce qu'il savait, rien à part la forêt, profonde et impénétrable... Alors du feu ? Pourquoi du feu ? Qu'est-ce qui pouvait avoir prit naissance au cœur de ce nexus de magie qui pourrait porter en lui une flamme détestée par la végétation pourtant maîtresse des lieux... Le plus étrange était qu'il ne sentait pas ces flammes, si réellement elles existaient. Lui, incarnation de feu, ne ressentait pas la moindre parcelle du pouvoir de son esprit protecteur. C'était très étrange, singulier, inimaginable et pourtant il ne pouvait qu'admettre ce qui emplissait la voix du vampire alors qu'il disparaissait dans l'entrelacs inextricable des arbres et des branchages... Pendant un bref instant il faillit l'attendre là, trop ahuris pour réussir à lui courir après, et pourtant cela passa très vite sous l'impulsion de la curiosité et de l'urgence et il détala après Lorenz avec difficulté, pas du tout vêtu pour ce genre de courses poursuites en milieu accidenté et ne disposant pas de jambes de la taille des perches du prince non-mort. Il n'hésita cependant pas un instant, usant du chant de la forêt pour se faciliter le chemin, sachant quelques instants à l'avance où seraient les pièges pouvant le faire trébucher et les chemins plus pratiques à emprunter... Suivant les pulsations si familières du vampire couronné, il suivait, bien en arrière, ne tentant pas de le rattraper mais plutôt de le conserver dans son champ de perception afin de pouvoir le retrouver quand il cesserait de courir. Sa vision n'était plus qu'un embrouillamini réduit de vert, de brun, et d'une pointe de doré quand la lumière du jour parvenait jusqu'à eux... ou bien était-ce sa chevelure flamboyante comme la lave d'un volcan, libérée de son carcan de fine étoffe, qui illuminait son coté ? Il n'y prenait absolument pas garde alors qu'il tentait désespérément de ne pas se fatiguer trop vite et de ne pas s'inquiéter pour Lorenz, se demandant ce qui avait subitement poussé le vampire à un tel comportement alors que quelques minutes plus tôt il semblait plongé dans la bulle presque palpable de son passé. Et n'avait aucune idée de la réponse à son interrogation, pour tout arrangé. Il ne comprenait pas du tout et cela lui donnait une raison supplémentaire de continuer à courir après lui...
Combien de temps exactement dura la poursuite il ne le savait pas et s'en fichait bien. Bientôt, une étrange mélopée lui parvint, lancinante, ancienne, langoureuse, alanguie... la mélopée d'une entité ancienne et sans âge tout à la fois. Intrigante et infiniment belle, et qui rappelait à lui des souvenirs qui n'étaient pas tout à fait les siens mais qui dérivait de son absorption des écrits du Fondateur et de son chant personnel. Ce n'étaient que de fugaces impressions provenant d'un autre âge, qui le taraudait alors qu'il s'approchait avec lenteur du lieu où s'était arrêté Lorenz, sans pouvoir encore l’apercevoir. Il percevait cependant clairement la présence d'un feu désormais, tandis que ses pas le guidait sûrement vers l'avant au rythme timide de sa marche.... Les bâtiments ressemblaient à un ancien sanctuaire elfique, comme il n'en avait jamais vu auparavant. Les ruines étaient partiellement envahie de végétation, des racines sortaient du sol, décalant les plaques blanche de la cour, et de grandes statues au dessin délicat et à la beauté austère, travaillées dans le plus pur style des années impériales d'avant le départ des dragons.... A quelle histoire fantastique appartenait ce lieu si étrange, respirant d'une atmosphère à nulle autre pareille ? Oui, l'atmosphère avait quelque chose d'étranger, de très étrange même... quelque chose qui ne se retrouvait plus dans le royaume elfique, pas même dans le Tomingorllo... Il n'avait guère de mots pour la décrire avec exactitude et ne l'aurait de toute façon pas fait, admiratif qu'il était il en oublia un bref instant ce qui l'avait conduit là. Immobile dans le cercle extérieur des ruines, son regard se promenait sur les faciès des elfes ivoirins se tenant là, tels des échos d'un tribunal ancien... L'or véritable ne craint pas le feu Un battement de cœur vint faire poindre l'inquiétude au fond de lui, sourde et angoissante, étouffante, un bref instant, le faisant se tendre et se retourner pour examiner les alentours, l'orée de la forêt... Cette voix ? Qui était-ce donc ? Il n'en savait rien... Et pourtant elle paraissait si vivante, bien plus encore que les chants et vibrations de ce lieu, elle était une véritable source d'émerveillement... un rêve éveillé dans lequel il plongeait soudain.
Il connaissait ce timbre cristallin, il l'avait entendu... et pas qu'une fois. Comme un jalon des crises de son existence, c'était cette voix qui avait exalté ses chants lorsqu'il avait effectué la fusion élémentaire, lorsqu'il s'était dans le feu sacrificiel après la mort d'Eliow, lorsqu'il avait fait sien le chant Fondateur... Il avait entendu les accents d'une voix si magnifique qu'elle aurait put faire pleurer les dragons, fendre les pierres, faire palpiter les cœurs morts... Chaque note de son chant, car chaque parole était un chant, était un éclat d'étoile vivante tombée sur terre, et qui caressait l'âme avec une douceur infinie, et presque insupportable. Et là... en cet instant, comme l'éclat intense d'un astre que serait à la fois soleil et lune, étoiles et galaxie mourante, comme l'empreinte du destin incarné, elle résonnait de nouveau avec délicatesse... Le feu semblant éteint dort souvent sous la cendre Nouveau volte-face , au devant d'une figure de pâle et virginale jeune fille elfique en robe vaporeuse, les mains étendues en une approche de danse d'été, fleur en main. Une belle figure et pourtant... que montrait-elle ? Pourquoi elle ? Qui était-elle ? Avec fascination il la contempla, et nota, peu à peu, des similitudes d'avec un autre visage elfique féminin qu'il avait appris à bien connaître... Cette jeune femme ressemblait beaucoup à Galadrielle, aussi étrange que cela paraisse. Étrange car cette statue était bien plus vieille que la souveraine et certainement oubliée de tous, tout comme ce lieu, au cœur même de la vieille forêt... La réalisation lui arracha un soupire tremblant et il se serra dans ses bras en frissonnant. Cette voix, aussi belle fut-elle, l'emplissait d'une crainte révérencielle... Quel coup du destin se jouait ici ? Lorenz... il ne pouvait périr ici n'est-ce pas ? Il ne pouvait changer, subitement, plonger plus profondément encore dans le mal... Cette sourde angoisse faisait palpiter son cœur comme un oisillon tombé du nid et il finit par fuir le regard de la statue, regard si vide, de pierre, et pourtant infiniment vivant... Il s'en fut, penaud, vers la source étrange de réconfort que représentait la présence du prince vampirique à quelques pas de là. Réconfortante, certes, car il était une chose tangible et connue, certaine en ce lieu qui le perdait...
Un craquement de branchage alors qu'il avançait, regardant le dallage et soudain, il se tendit, son cœur ralentissant considérablement, comme chaque fois qu'il se sentait en danger. Devant lui, bouchant presque son champ de vision, un immense étalon furieux se cabrait, semblant le menacer... Il resta cependant sur place, ouvrant grand les yeux. Qu'est-ce que c'était ?! Par Dracos quelle était cette créature dont la vibration auparavant invisible l'assaillait à présent avec une violence rare. Il était soudain perdu, ne savant que faire face à cette montagne de muscles et de colère... Cette créature ne voulait absolument pas de lui ici, ça c'était certain, et il semblait qu'il n'y ai que lui qui subisse son courroux. Un pas, puis un autre le firent reculer alors qu'il se reprenait avec difficulté. Un instant supplémentaire le vit acculé au bord de la fontaine dont l'eau pure coulait en un flot constant et une caresse délicate qui attirèrent son regard alors même que la menace de l'étalon se faisait encore plus présente. Il avait eut tout à fait conscience que la peur première qui l'avait saisit un instant devant la bête n'avait pas incité ce prédateur stupéfiant à se montrer clément, mais en l'instant ça n'avait plus la moindre importance... en réalité, il ne regardait même plus la créature flamboyante, il ne regardait que la fontaine, son eau magnifique... elle semblait chanter, pas par ses vibrations, mais par son cœur, et il le sentait battre dans son oreille, chuchoter délicatement, profondément, Il tendit finalement la main, et plongea ses doigts dans l'eau, voyant le gant s'imbiber lentement du liquide frais. Il sentit l'eau s'iriser d'ondulation, se mouvoir sous ses doigts, provoquant un long frisson dans son dos, et il referma la main sur quelque chose qui semblait figer entre l'état solide et aqueux... Sans comprendre ce qu'il faisait il éleva la main, tenant fermement ce serpent d'eau sans détail, et cingla l'air entre lui et la créature d'un mouvement rapide....
L'eau faillit, plus puissante qu'une lisière d'eau, plus froide et plus pure, comme un arc qui délimita une zone de sûreté entre l'étalon et lui... L'eau s'étendit, se dressa, comme un mur scintillant de haubans argenté alors qu'il brandissait toujours le serpent d'eau qui ressemblait à présent à une pointe de glace. Surpris de ses propres gestes autant que de l'effet qu'ils avaient eut, il observait avec horreur et fascination la barrière d'eau qui transformait l'étalon en silhouette indistincte...
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| Sujet: Re: Certaines fleurs n'éclosent qu'à l'ombre de la destinée [PV Lorenz] TERMINE Jeu 3 Oct 2013 - 0:16 | |
| Passionné, voilà le bon mot. Il était purement et simplement passionné, absorbé par la vision de l'étalon. Très bon cavalier, il savait reconnaître la valeur d'une bête et n'ignorait pas à quel point cela pouvait s'avérer un élément vital en combat. Impossible de se tromper sur celui-ci, il ne pourrait être qu'un atout formidable pour celui qui le monterait. Lui ? Et pourquoi pas ? Il était venu à lui, il l'avait appelé de par son pouvoir télépathique et au final l'avait amené ici. Il devait bien y avoir une raison non ? Peut-être même... Il n'osait trop y songer mais l'idée que cette formidable arme de guerre pouvait être un dernier cadeau envoyé par son aimée n'était peut-être pas si invraissemblable... Quoique si, c'était invraissemblable mais agréable tout de même comme idée avouons le !
Fasciné, il n'avait pas bougé d'un pouce devant la colère visible du somptueux animal. Il n'était de toutes façons pas difficile de deviner que celle-ci n'était pas tournée vers lui ! Les yeux de braise foudroyaient l'elfe sur place et la colère qui y brûlait ne semblait pas se calmer même devant le recul prudent du baptistrel. Etonnant.. Les animaux n'étaient-ils pas sensés aimer les elfes et détester les vampires ? Plus encore, n'aimaient-ils pas les chanteurs en général ? Apparemment le cheval noir n'était pas au courant de cette règle tacite et ne renonçait pas à ce qui semblait être son idée première : à savoir piétiner purement et simplement l'objet de son courroux. A moins qu'il ne cherche simplement à lui arracher un membre ? Etonnant pour un cheval mais il semblait bien que celui là très loin de se considérer comme une proie préférait plutôt adopter les habitudes d'un prédateur.
A ce moment de l'action le vampire aurait peut-être intervenir, ou au moins y songer à défaut de bouger pour de bon. Shadowsong était le meneur des baptistrels, celui qui avait organisé les négociations et qui veillerait autant que possible à leur bon déroulement. Nul doute que lorsqu'on apprendrait qu'il n'était pas revenu de sa petite promenade avec le prince vampirique on se poserait des questions. Et aussi bon orateur qu'il soit il était à peu près certain que personne ne croirait à son histoire de cheval magique bref... Si il n'intervenait pas l'avenir risquerait de s'annoncer problématique et dans d'autres circonstances il n'aurait sans doute eu aucun mal à parvenir à cette conclusion et à mettre sa mauvaise volonté de côté pour voler au secours de l'elfe, quitte à ce que personne ne le croit non plus lorsqu'il s'en vanterait plus tard. Sauf qu'il ne bougea pas.
Paresse ? Simple mauvaise volonté ? Curiosité de voir la suite ? Peut-être était-ce un mélange de tout cela mais quoi qu'il en soit le résultat était le même. Il observa froidement la scène étrange de ce cheval qui avait décidé de s'en prendre à un elfe et les choses auraient certainement tourné très mal si l'elfe en question n'avait pas eu à son tour un comportement anormal. Dans la situation où il était comment trouvait-il le moyen de s'intéresser à la fontaine ? L'ouvrage était fort soigné, mais de là à bloquer dessus alors que sa dernière heure semblait venue... Le monde marchait sur la tête décidément, à commencer par l'instant où il avait rendu visite à Merithyn pour obtenir la possibilité de se rendre à la clairière en passant par ce qu'il s'était passé dans ladite clairière et même jusqu'à l'état de transe dans laquelle sa rencontre avec l'animal l'avait plongé. Après tout ça voir un elfe en danger de mort se mettre à fourrager dans une fontaine à la recherche d'il ne savait quoi lui même ce n'était peut-être pas si étrange... Ce qui l'était plus c'est ce qui en sorti !
"Qu'est-ce que ?"
Un choc fracassa son esprit, le tirant de son état contemplatif et un juron elfique accompagna le saut instinctif qu'il fit vers l'arrière ainsi que la nouvelle flambée d'agacement provoquée par la défection de ses dagues incapables de le rejoindre sur son ordre. La cause de tout ce chambardement ? Une arme ! Le baptistrel avait tiré une arme de la fontaine et elle s'épanouissait à présent sous ses yeux en un terrible serpent d'eau qui irrita aussitôt son totem et alluma une flamme défiante dans les prunelles d'acier. Un mur d'eau s'était formé devant eux, les séparant de l'étalon qui piaffait à présent de rage et de surprise mêlée et l'ancestral ne pu que constater avec surprise qu'il s'inquiétait à présent autant de sa propre sécurité que de celle de la créature. D'ailleurs la séparation qui s'était créée par la force de l'élément l'agaçait au plus au point comme elle semblait agacer l'étalon qui, surmontant l'horreur manifeste que l'eau lui provoquait cherchait déjà à se frayer un passage pour les rejoindre. Un hennissement sauvage traversa le mur d'eau tandis que la silhouette se débattait de l'autre côté, s'approchant et se reculant alternativement de cet étrange phénomène. A l'instant même où le vampire songeait qu'il ne passerait jamais l'étalon sembla prendre sa décision et avança la tête pour la reculer aussitôt avec un cri de détresse sous la terrible pression et le grondement impressionnant de la muraille. Une seconde seulement l'acier avait rencontré la braise et l'échange de regard avait suffit pour que le prince prenne à son tour sa décision. Tourné vers le baptistrel il ordonna avec sécheresse :
"Cesses. Maintenant."
Il avait dû élever la voix pour couvrir le bruit et ce ne serait sans doute pas de trop pour tirer l'elfe de sa fascination. Pour ne pas dire insuffisant... Impatiemment il fondit sur lui et s'empara du devant de sa tunique pour mieux le secouer :
"Suffit j'ai dis ! Contrôles la !"
La proximité de l'arme affolait son totem et le rendait nerveux, il contrôla sa magie en un violent effort et relâcha l'elfe en constatant qu'il avait retrouvé ses esprits. Disparue, la muraille ne les séparaient plus d'Aranwë. Le nom s'était imposé en lui à l'instant où il avait comprit et accepté le lien qui les unissait. Calmement, il s'approcha de la créature et tendit la main vers l'étoile blanche qui couronnait son front. De la même pâleur que sa peau, elle était la seule et unique source de lumière dans la parfaite noirceur de l'épais pelage. Un noir absolu, parfait, et pourtant pas complet. Aranwë lui ressemblait, et faisait désormais partie de lui.
Apparemment satisfaite la créature renifla de plaisir, le bousculant quelque peu dans son impatience de l'observer sous toutes les coutures. Conscient de l'importance de ces premiers instants le prince ne se déroba pas à cette analyse en règle et tourna le regard vers le baptistrel apparemment plongé lui aussi dans la découverte de son nouveau partenaire. Une arme donc, et une monture... Voilà qui allait leur donner à réfléchir pendant un moment... Aranwë sembla s'apercevoir de l'intérêt de son maître pour l'elfe et se rappeler ainsi tout à coup de sa présence. Un souffle agressif s'échappa de ses naseaux et il fracassa la terre de ses sabots. Quelques mots et la main légère du vampire sur son encolure semblèrent le décider à remettre à plus tard la mise à mort de celui qu'il avait apparemment nommé comme son ennemi personnel, à moins que ce ne soit le souvenir de ce qu'il venait de se passer. Néanmoins la flamme ardente qui brûlait dans son regard de braise ne trompait pas, amusant l'ancestral qui observa d'une voix neutre :
"Il te déteste."
L'affirmation ne pourrait souffrir aucun démenti, il suffisait d'observer le comportement de l'animal. Les yeux fixés vers le baptistrel le vampire continua :
"Je sais qui il est, Aranwë est l'un des immortels. Ces chevaux qui renaissent sans cesse et dont les légendes parlent. Elle par contre, je ne la connais pas."
Et il ignorait aussi pour quelle raison Aranwë avait bien pu le choisir lui. La question ne se posait sans doute pas, c'était ainsi et c'était tout... Il préférait s'intéresser à l'épée d'eau dont il sentait l'essence magique sans même chercher à l'effleurer. Levant les yeux vers les statues qui les observaient il reprit :
"Cet endroit est trop ancien pour qu'on puisse seulement songer à le dater, il y règne une magie si pure que nous ne le retrouverons sans doute pas une fois que nous l'aurons quitté... Quelque chose nous a mené là."
Le hasard était bien trop étonnant pour qu'il y croit cette fois, qu'ils aient tout deux trouvé l'un une arme de légende et l'autre une créature immortelle ne pouvait que signifier quelque chose. Mais quoi ? Pour la première fois depuis bien longtemps, il marchait sur un sentier inconnu. La sensation était à la fois plaisante et inquiétante. Il plongea l'acier de ses prunelles dans le regard du baptistrel, curieux d'y trouver les mêmes doutes... |
| | | Merithyn Shadowsong Légende
| Sujet: Re: Certaines fleurs n'éclosent qu'à l'ombre de la destinée [PV Lorenz] TERMINE Dim 6 Oct 2013 - 18:26 | |
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Il contemplait la manifestation aqueuse avec une fascination terrifiée. Cette chose, il la sentait déployer une puissance phénoménale pour une simple… une simple quoi d’ailleurs ? Cette chose dans sa main ressemblait à un serpent gigantesque aux ailes gonflées, dont la part qu’il tenait en main s’était solidifiée sous l’effet d’un gel étrange. Il ne s’avait pas ce que c’était mais ce qu’il savait c’était qu’il ne devait absolument pas la lâcher, et ne l’aurait pas pu de toute façon puisque cette chose semblait s’être insinué sous sa peau, traversa ses vêtements comme si ils n’existaient pas. Sur sa peau, là où les filins d’eau avaient pénétrés, la chair adoptait à présent une couleur bleuâtre tirant sur le noir, comme la couleur d’une hypothermie, alors même qu’au fond de lui il sentait son âme palpitant, soudain soumise à une étrange fraîcheur, les tendons de l’eau pure et manifestement magique s’attachant jusqu’à son noyau… il vivait soudain en harmonie avec l’épée, sachant soudain inconsciemment ce qu’elle était et ressentait la barrière aqueuse comme une part intégrante de son corps et de son esprit. Confusément, il sentait sa capacité à manier cette eau, à lui donner forme et puissance bien qu’elle draina rapidement son énergie… Un bref moment, il se sentit perdre pied lorsqu’une lumière éblouissante s’alluma dans ses yeux et que son esprit s’ouvrit sur un océan interne à la magnificence absolue.
C’était indescriptible, même pour lui, et étrangement cela lui rappela sa liaison avec Shaynar… à défaut qu’il plongeait ici dans une conscience impalpable et ondoyante, inhumaine et non vivante, non morte, et même non vampirique ; une conscience et une volonté intemporelles, à la fois dure et liquide, figée et ondoyante, murmurant du roulis de l’océan par temps gris, coloré d’anthracite ; grondant férocement et impétueusement sous le plein soleil d’un été au sud… Un bref moment qui sembla pourtant une véritable éternité alors qu’il vivait au travers d’une mer imaginaire, contenue dans l’écrin puissant de cette lame… Chaque battement de son cœur semblait soudain s’accorder avec les éclats de l’eau violente, et les vibrations qu’exsudait son corps semblaient soudain se tordre et se transformer, se sublimer un bref instant en une symphonie d’eau et de feu, brûlant et glaçant… pureté du feu qui chassait la souillure de l’âme et de l’esprit et consumait le chaos, pureté de l’eau soulageant le corps et l’affect, caressant la chair, et tous ses constituants, offrant une nouvelle fraîcheur et un nouveau souffle à l’être… Chandelle de Crynella à taille elfique, il ne quittait pas une seule seconde le bloc de glace en mouvement qui se nichait plus profondément dans sa main, semblant lentement se dégrossir et laissant apparaître les contour du fil clair à une main, empreint de runes bleus et vertes…
Une paix intérieur vint de nouveau l’entourer, l’emplir, il se sentait infiniment calme. Calme et déterminé, constant… comme un océan immense plutôt que comme le feu qui était son élément naturel, dont il conservait pourtant la passion et la vivacité… Guidé et discipliné par l’épée, il faisait face à la créature flamboyante qui le menaçait, dignement, conforté dans son idée qu’il n’avait rien à craindre tant que le mur aquatique le protégeait. Là, derrière ces entrelacs mirifiques d’un liquide éclatant d’argent et de bleu, il pouvait demeurer sans peine, bercé par le son des vagues, emporté dans une transe qui l’isolait du reste du monde et même des paroles pourtant importantes à ses yeux du vampire nommé Lorenz Wintel. C’était elle, l’épée, qui le dirigeait, pleine de grâce et de vertueuse fureur, d’assurance… pour elle, Lorenz n’était rien, elle ne connaissait même pas son nom, mais la créature qui tentait de s’en prendre à lui, elle le connaissait et lui portait aucun amour. Une créature de légende, de feu, pendant de la jument d’écumes qui avait disparu depuis longtemps… Merothyn la sentait confusément, faisant face dans la moindre gouttelette d’eau, à l’étalon qu’il ne voyait pourtant plus et ressentait simplement comme une autre flamme proche et éloigné tout à la fois… tentant de combattre cette eau, de la contourner, d’en forcer le sanctuaire. Non, il ne pouvait pénétrer en son sanctuaire, elle ne le permettrait pas, il en avait la certitude… et pourtant elle ne semblait pas prête à lui faire du mal non plus. Elle semblait simplement… attendre, attendre qu’il cesse de s’entêter, attendre qu’il se calme, comme si il en était seulement capable ! Non le chanteur n’y croyait nullement, cette créature était trop puissante et avait trop mauvais caractère… elle ne se lasserait pas ainsi.
Il sentit soudaine quelque chose étreindre sa tunique et le secouer. Sa première réaction fut instinctivement de retirer son esprit de l’eau qui se tordit à nouveau dans sa main, tandis que sa peau brûlait soudain de toute la chaleur dont elle était capable et peu importe si cela ne faisait rien au vampire. Peut-être était-ce en réalité une bonne chose, car si il s’était agi de quelqu’un d’autre, il se serait certainement brûlé au dernier degré et sans espoir d’une récupération complète. Il se trouva un instant perdu, revenant à lui, puis contempla le vampire avec surprise et ahurissement, complètement incapable de reprendre correctement pied dans la réalité et ne sachant plus du tout ce qu’il faisait là… qu’est-ce qu’il faisait là ? Est-ce que ça avait la moindre importance ? L’arme dans sa main, son épée, reprenait sa forme réelle, abandonnant l’aspect de serpent d’eau en même temps que le mur aqueux éclatait au sol et humidifiait les dalles déchaussées… Une arme magnifique à une main, épée effilée, luminescente et dégageant une délicate pureté, une aura d’eau salée qui renforçait terriblement les effets de sa cape de brume, qui produisait un brouillard plus intense que d’habitude. Il avait également une sensation de son élément d’origine plus diffuse… comme si l’épée régulait naturellement la température de son corps et de ce qui l’entourait pour lui offrir davantage de fraîcheur. En lui-même, il ressentait toujours la présence vague de la conscience de l’épée au creux de sa main, l’appelant doucement et accaparant de nouveau son regard et son attention. La voix de Lorenz était lointaine, pourtant il se força à écouter, avec difficulté… mais il ne ressentit pas grand-chose, si non ce calme plat qui semblait le caractérisait. Hochant la tête, il quitta l’arme des yeux un instant pour contempler son adversaire, l’étalon de flammes et de noirceur qui se tenait près du vampire…
Aranwë donc… le nom lui disait quelque chose. Une vieille légende qu’il avait lu dans les bibliothèques de feu. Une ombre dans la mémoire, et une traînée de flammes… et son arme ? Comment se nommait-elle ? Amïrïa Oui c’était là son nom. « Amïrïa, la fendeuse des mers… une arme humaine.. » Une arme légendaire humaine cependant. Sans pareille. Elle contrôlait l’eau. Et elle avait des pendants… Stormbringer de l’air, Mournblade de la terre et Nöryë du feu… Il ne savait pas à qui elles appartenaient, mais elles existaient encore, et Amiria était la dernière d’entre elles. Perdue depuis longtemps… Il se demandait ce qu’elle faisait là et comment elle avait pu tomber là. Comment ? Ce lieu semblait isolé de tout… non seulement cela, mais pourquoi l’épée avait-elle décidé de le choisir comme élu ? Les élus de ces lames sans prix étaient des êtres très spéciaux, ils avaient entre les mains un dangereux pouvoir, un pouvoir loyal envers eux et eux seulement, et très bien capables de se montrer violent envers tout autre. Les histoires abondaient au sujet de Stormbringer et de sa tendance à se tourner dans la main de son propriétaire pour tuer ceux qu’il aimait, jalouse de l’intérêt de son élu. Et Amïrïa ? Serait-elle également jalouse ? Elle n’avait guère de raison de l’être, il ne possédait aucun proche véritable si ce n’était Shaynar et un dragon n’était pas une menace pour elle… Aurait-elle tenté de tuer Eliow ? Quelque chose lui disait que non, elle n’était pas ainsi, n’en avait pas besoin. C’était une lame bénéfique par essence… mais elle semblait bien protectrice. Et Lorenz avait raison… Ils ne pouvaient être venus là par hasard. Il n’y avait jamais de hasard, seulement un destin jouant avec eux. Alors pourquoi ce lieu, pourquoi eux ? Merithyn voulait y voir un signe, de quoi il était bien incapable de l’expliquer, mais ne repoussait pas l’hypothèse…
« Oui…Ce lieu… est unique… » Unique et puissant. Les statues étaient étrangement familières, sans qu’il parvienne à comprendre pourquoi. Tout ce qu’il savait c’était que quelque chose se jouait là… Il posa son regard dans celui du vampire, y retrouvant les mêmes doutes. Oui, ils pensaient la même chose… « Nous avons une chance singulière. Et je suis curieux d’en savoir davantage sur ce lieu… et sur la raison qui nous a amené ici, en plus de ces… présents… » Des présents particulièrement royales d’ailleurs, à en faire pâlir beaucoup d’autres… tout ce lieu regorgeait d’étrangetés, de possibilités, de magie… pure magie qui résonnait à ses oreilles et qu’il écouta avec attention, se laissant porté, charmé,. Là, tout prêt, il ne l’avait pas vu auparavant… une cave semblait-il, une antre, plongeant sous le sanctuaire, au sein même de la terre… « Nous devrions explorer, visiter les lieux… s’assurer qu’il n’y a rien d’autre, ou personne d’autre… » Sans même attendre, il s’avança vers la béance du sol, descendant avec précaution sur les dalles brisées puis sur la terre meuble et légèrement humide. Là, l’ombre semblait brumeuse, palpable… et froide, lui rappelant étrangement l’antre d’un serpent, et il aurait soudain voulut que Shaynar soit là. Avec l’écailleux à ses cotés, il aurait été plus rassuré face à cette exploration, mais il n’était pas seul, heureusement… il y avait également Lorenz, bien qu’on ne puisse vraiment le prendre pour un soutient. Il ne l’aiderait probablement pas en cas de problème… mais cela ne l’empêcherait pas d’y aller. D’autant que le trou était bien assez grand pour lui qui était de petite taille, et il s’avança, chandelle dans les ténèbres…
« J’ai l’impression diffuse de connaître ce lieu… sans le connaître réellement… » C’était sans doute stupide, mais c’était vrai. Avec lenteur, il se laissa engloutir par les ténèbres de la fosse et laissa son regard s’habituer avant de brandir Amïrïa pour qu’elle éclaire les environs…
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| Sujet: Re: Certaines fleurs n'éclosent qu'à l'ombre de la destinée [PV Lorenz] TERMINE Jeu 10 Oct 2013 - 23:44 | |
| Une épée légendaire, c'était donc cela... Facile donc de comprendre pourquoi il avait eu tant de mal à le faire redescendre sur terre malgré la violence avec laquelle il l'avait secoué ! Lorenz ne pouvait exactement savoir ce qu'on pouvait bien ressentir à posséder une telle arme mais il avait lu assez d'ouvrages sur ce sujet pour s'en douter. Il évita pourtant soigneusement de poser les yeux sur la lame ô combien trop lumineuse et préféra se concentrer sur Aranwë. Au moins les esprits savaient-ils ce qu'ils faisaient en donnant cette abomination à Merithyn tandis qu'ils lui laissaient l'étalon sombre... L'elfe était d'ailleurs sans doute du même avis !
« Oui…Ce lieu… est unique… »
Il ne releva pas, inutile d'insister sur cette évidence. Leurs regards se croisèrent, reflets d'interrogations identiques et malgré un petit mouvement d'impatience Aranwë ne sembla pas se formaliser trop de cette étrange communion. Ayant trouvé son lié il semblait suffisamment satisfait pour ne plus avoir envie d'occire l'elfe chanteur dans la seconde. Tant mieux d'ailleurs, Lorenz n'avait pas trop envie d'expliquer aux baptistrels que son nouveau cheval avait proprement écrabouillé leur meneur et qu'il n'avait strictement rien pu faire malgré toute sa bonne volonté. Même lui il n'arrivait pas à se convaincre...
La proposition suivante ne le surprit qu'à moitié. Il avait déjà remarqué le trou qui s'ouvrait dans le sol et il était aussi assez curieux de voir ce qui pouvait bien se trouver dans cet espèce de souterrain. De toutes façons maintenant qu'ils étaient là ils n'allaient pas repartir sans s'y être intéressés non ? Ils risqueraient de passer le reste de l'éternité à se demander ce qu'ils avaient bien pu louper ! Devinant qu'Aranwë n'allait sans doute apprécier la blague qu'à moitié il murmura à son oreille, utilisant instinctivement la langue elfique dont il usait toujours pour s'adresser aux animaux. L'étalon sembla accepter, ou tout du moins comprendre la promesse qui venait de lui être faite. Son maître allait revenir, il n'y avait donc pas lieu de piquer une colère et d'incendier toute la forêt pour le moment. Légèrement frustrées mais apparemment convaincues les prunelles rougeâtres accompagnèrent le vampire tandis qu'il baissait la tête pour passer l'ouverture du souterrain.
Les ténébres l'enveloppèrent au rythme de ses pas sans lui provoquer plus qu'un clignement de paupière. En une seule seconde sa vue s'adapta à cette absence de luminosité bien plus naturelle à son espèce et il porta un regard quelque peu agacé sur la lueur intense émise par l'elfe. C'était d'une discrétion absolument formidable... Bon d'accord, il y avait peu de chance que les deux compères du moment rencontrent un adversaire de taille à les affronter de front mais tout de même ! Etait-ce une raison pour s'afficher ainsi comme une cible ? Quoique quand il y pensait l'elfe n'y était pour rien en vérité... Haussant les épaules pour lui-même, il pressa le pas et rattrapa ainsi l'autre aventurier. En fait sans sa vision nocturne il se serait sans doute contenté de lui rentrer purement et simplement dedans vu que celui-ci s'était arrêté !
"Qu'est-ce que c'est ?"
Sa curiosité était des plus légitimes, il y avait bien longtemps qu'il n'avait pas vu ce genre de choses ! Les vampires enterraient leurs morts, les humains les brûlaient et même si il était un ancestral il avait laissé sa vie d'elfe derrière lui depuis bien trop longtemps pour reconnaître du premier coup d'oeil les sculptures parfaites et brillantes qui s'étalaient à perte de vue sous son regard nyctalope. De taille humaine, elles reposaient sur de magnifiques tables en marbre qui semblaient régner sur ce lieu depuis bien des siècles. Gigantesque, la salle était pourtant des plus sobres et l'effet produit par toute ces dalles mortuaires n'en était que plus impressionnant. Mortuaire oui.. Il lui avait fallu quelques secondes mais il venait de comprendre...
"Par les esprits... Un cimetière !"
Ce qu'il avait prit au premier abord pour des sculptures particulièrement réussi n'était en réalité que cet art morbide des elfes consistant à glacer les corps de ceux qui selon eux, méritaient un tel traitement. Quelle idée que celle-ci... Lorenz n'avait jamais été particulièrement à l'aise avec cette technique et c'est avec une certaine répugnance qu'il s'approcha du premier congelé. Qui donc pouvait bien avoir envie de finir comme ça ?
"Andnuil Elaïs"
Le nom résonna dans la caverne sans déclencher quoi que ce soit dans son esprit. Cela ne lui disait absolument rien. Il s'agissait à coup sur d'un elfe ça c'était certain mais au beau milieu de la forêt elfique ce n'était pas très étonnant... Le personnage avait été glacé avec sa tenue de cérémonie, somptueuse de toute évidence, ce ne devait pas être n'importe qui. Il ne portait pas d'armes, un conseiller peut-être ? Sa curiosité naturelle ne se satisfaisait pas du manque cruel d'informations dont il disposait mais un détail tout à coup lui sauta aux yeux et brisa complétement le masque impassible qu'il portait pourtant depuis toujours avec talent.
"Cet endroit ne date pas de l'âge d'argent... C'est incroyable... Cet elfe n'a pas connu les hommes ! Il a vécu avant l'âge d'argent..."
Soufflé, il se tourna vers Merithyn comme pour s'assurer que celui-ci voyait bien la même chose que lui. Il n'existait que très peu de restes de l'âge de bronze, et le plus souvent il s'agissait de données immatérielles comme les souvenirs colportés par les longues tradition chantées des elfes.
Curieux de voir si les autres dormeurs étaient aussi anciens il se dirigea vers le suivant, laissant le baptistrel sans doute en plein recueillement devant leur trouvaille. Aussi étonné qu'il puisse être Lorenz n'était pas vraiment du genre à perdre son temps à honorer des elfes morts mais il n'avait jamais perdu son avidité pour la connaissance et tout ceci le fascinait. Peu à peu et sans s'en apercevoir il accélérera le pas, les tombes s'étalaient de l'âge de bronze au début de l'âge d'argent. En fait à mesure qu'il avançait il s'apercevait qu'il avançait dans le temps et qu'en s'enfonçant de plus en plus profondément dans la caverne il se rapprochait peu à peu des années fatidiques qui avaient vu le départ des dragons. Il comprit le danger une seconde trop tard.
La douleur le planta sur place aussi surement et efficacement que l'aurait fait un coup de poignard. Une douleur mordante, ravageuse, hargneuse. Elle s'alluma dans ses veines avec une soudaineté si totale qu'il pensa un instant qu'il s'était entièrement embrasé et qu'il pria les esprits de lui faire perdre rapidement connaissance. Quelque part au fond de lui il sentit l'ombre se convulser, prisonnière de la douleur qu'il avait lui même provoqué et qui se révélait si puissante qu'il était absolument incapable de la transmettre à Achroma qui n'aurait de toutes façons certainement pas survécu à un tel traitement. Le double royal sauva leur non vie à tout deux à cet instant là mais c'est ensembles qu'ils le maudirent en implorant la mort de se hâter de les délivrer de ce supplice. Ensembles aussi qu'ils tombèrent, l'oeil grand ouvert et la gorge trop serrée pour laisser passer le hurlement de bête sauvage qui leur déchirait les entrailles. La mort venait les chercher, mais Lorenz était incapable de détacher le regard de ce qu'il voyait.
Ces tombes là se trouvaient un peu à l'écart, et les sculptures étaient placées différement. Assises sur des trônes de pierre et d'acier elles semblaient en attente. L'attendaient-elles lui depuis tant de siècles ? Etaient-elle là pour le juger et lui faire payer sa faute ? Sans doute pas, mais que ce soit prévu ou non elles allaient sans doute avoir sa peau tout de même. Des épées à peine recouverte d'une fine pellicule de givre dormaient entre les mains de ces dragonniers, leurs armures en parfait état semblaient témoigner de la bonne santé de leurs porteurs et de la rapidité avec laquelle ils pourraient sans doute se relever pour châtier l'impudent qui osait se présenter devant eux. Impressionnantes oui... Elles étaient même effrayantes aux yeux même d'un vampire mais ce n'était pas ce qui avait attiré son regard en réalité. Ses pupilles dilatées se fixaient sur autre chose, comment aurait-il pu le manquer vu la taille de certains ?
Les dragons se tenaient derrières leurs liés, figés avec eux pour l'éternité. Quelle magie les elfes avaient-ils pu déployer pour parvenir à un tel prodige ? Les créatures de feu prises dans la glace ! Oh il n'y en avait pas tant que cela en réalité et certains dragonniers n'avaient de toutes évidence pas réussi à se faire ensevelir avec leur dragon mais c'était déjà bien suffisant. Certains touchaient quasiment le plafond pourtant presque invisible, d'autres avaient dû se coucher pour ne pas l'effleurer. Comment avaient-ils pu entrer ici vu leur taille ? Mystère... Mais ils étaient bien là. Les plus petits aussi, morts jeunes et pourtant déjà intimidants. Un dragonnet se lovait sur les genoux d'un des elfes, et tiens... Il y avait un humain aussi... Comment trouvait-il donc le moyen de se rendre compte de cela alors que sa tête explosait ?
Souffrance. Révolte. Hargne. Il n'était pas question que cela se termine ainsi, il n'avait pas signé pour finir sa non vie au fin fond d'un trou avec des créatures qu'il haïssait plus que jamais. Un effort violent, convulsif, le propulsa sur les genoux et il s'écarta de quelques mètres en luttant pour détourner le regard de ses ennemis. Sa nuque irradiait. La marque, la sinistre et traiteuse marque eut raison de lui et le coupa dans lutte, comment combattre lorsque l'adversaire est en vous ? Il brûlait.
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| | | Merithyn Shadowsong Légende
| Sujet: Re: Certaines fleurs n'éclosent qu'à l'ombre de la destinée [PV Lorenz] TERMINE Dim 13 Oct 2013 - 0:27 | |
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Il n’osait y croire, car ce qu’il avait sous les yeux, combiné à ce qu’il savait déjà de ce lieu, le laissait pantois. Qui aurait pu imaginer qu’un tel sanctuaire mortuaire existait dans cet endroit ? Et surtout un sanctuaire de cette taille, aux dimensions exceptionnelles alors même qu’il se trouvait sous terre et enfouis, le plafond lui-même n’était pas visible dans les lambeaux de ténèbres qui en descendaient. Mais moins que cela, c’était la formidable concentration de chants qui venaient de le frapper de plein fouet qui l’avait arrêté net dans son avancée… tout comme avec Verith, il y avait trop à absorber d’un seul coup, trop à appréhender, sans qu’il parvienne à en bloquer ne serait-ce qu’une partie. Il avait soudain l’impression d’être projeté dans une salle à échos où des symphonies de styles complètement différents résonnaient avec la force d’un ouragan titanesque et violent, furieux… un combat de musique à l’échelle titanesque. Il en suffoquait presque, la tête prise dans l’étau ondoyant des ondes sans fin, ayant l’impression diffuse de se noyer. Confusément, il sentait la chaleur de Lorenz dans son dos, Amiria à sa hanche… mais ne parvenait tout simplement pas à s’arracher du sol. Trop, il y en avait tout simplement… trop. Désespérément, le chanteur essayait de se défaire de l’emprise hypnotique que ce cimetière avait sur lui, tentait d’absorber le plus grand nombre d’informations sur ces morts sans y perdre tout simplement la raison tant il y avait à faire. Tout cela fondait sur lui en même temps, faisant tinter ses oreilles et l’appelant. Un appel qu’il aurait voulu honorer, mais que, pour sa santé, il écartait comme il le pouvait… Il devait s’arracher à sa contemplation, il n’avait pas le choix, il allait perdre son esprit dans les profondeurs insondables de ces chants si il ne faisait rien. Il n’avait pas besoin de lumière en ces lieux, n’en avait plus besoin en réalité… la puissance des ondes était si grande, leurs épaisseurs telle, qu’il pouvait voir au travers d’elle tout ce qui se trouvait là avec une précision effarante. Avec guère plus qu’un peu de chance, face à ce miracle incarné, il aurait presque pu les toucher du doigt et danser avec elles… en attendant cependant, il lui fallait tenter de rester conscient et attentif à l’instant présent en ignorant le chant de ces sylphes de temps anciens qui cherchaient à le perdre de leur magnificence. Inspirant doucement l’air sec et lourd du lieu il ancra son regard sur la silhouette de Lorenz, le prenant comme point d’appui, comme phare dans cet océan étrange alors que de quelques pas tremblants, il approchait à son tour.
Le nom en lui-même ne lui disait rien, absolument rien, et pourtant le chant-nom de l’elfe enfermé dans la glace lui en apprenait énormément, bien que beaucoup de ses connaissances soient brouillées par l’incompréhension. Trop de siècles d’écart, trop de différences de vie, d’expérience, d’éducation… il lui semblait avoir à faire à un être d’une autre race tant cet elfe était différent. Il n’avait jamais connu les humains… comment était-ce ? un monde sans humain ? Il ne parvenait guère à l’imaginer, c’était tout simplement impossible même avec le témoignage des chants-nom. Une main posée sur la glace, son regard troublé rencontra, dans le noir, celui du vampire, et hocha la tête avant de reporter son regard sur la silhouette… « un membre du conseil » une des rares informations lui parvenant clairement « Bien aimé du couple royal de l’époque. Un grand politicien » Il aurait voulu pouvoir traduire autre chose, mais devait toujours lutter contre l’impressionnante masse déferlante dans ses oreilles délicates. Il laissa Lorenz aller, restant près de ce premier endormit et l’observant avec attention, se concentrant uniquement sur lui. La mort était venue le cueillir voilà longtemps, si longtemps… et pourtant il semblait aussi fringuant que de son vivant, sous la couche de gel. Qu’est-ce que cela faisait d’être ainsi gelé ? Il se le demandait confusément en cet instant… comment l’âme vivait-elle cette dernière étreinte avant qu’un Baptistrel ne sépare ses lambeaux du monde physique pour le laisser voguer vers les bras aimant de l’esprit de la fin. Il n’imaginait pas finir ainsi… la simple idée d’être ainsi gelé, quand bien même quelqu’un serait assez fou pour lui offrir ce soi-disant honneur, lui était intolérable. Son esprit flamboyant n’admettait pas d’être ainsi figé pour le restant de l’éternité. Lorsqu’il mourrait, car c’était inévitable, il voulait brûler… que son corps se consume dans les flammes qui l’habitait et qu’il rejoigne autant les bras de la mort que du feu à qui il appartenait si totalement. Oui… il voulait brûler, en une dernière étreinte, une dernière danse passionnée qui l’emporterait très haut et le conduirait pour un court instant jusqu’à Eliow avant de le laisser se dissoudre au-delà du monde, en paix avec lui-même. Une fois l’âme partie, le corps terrestre n’était plus rien d’autre qu’une enveloppe vide, un souvenir n’ayant plus d’importance…
Le gel n’avait était aucunement bénéfique à ceux qui dormaient là. Ils n’étaient plus aimés par leurs familles qui ne trouveraient jamais ce lieu, ils ne seraient jamais observés, jamais visités… était-ce vraiment un honneur alors que de subir pareil sort ? De respect, le gel était devenue cruauté, alors même que les enveloppes des trépassés auraient put se dissoudre dans la terre comme elles le devaient…. « La mort tue deux fois. La seconde par l’oubli » Chuchotis étrange lui venant naturellement, il se sentait presque inspiré par l’elfe gisant. Oui, il aurait put rester là des heures, des jours même… à s’imprégner et s’immerger dans les chants. A apprendre d’eux comme d’anciens maîtres. Il ne le pouvait malheureusement pas, mais essayait tout de même de retenir tout ce qu’il lui était possible de retenir… Il ne retrouverait sans doute jamais plus ce lieu après tout. Se rapprochant lentement, il vint caresser le faciès mort sous la glace et l’examina avec attention, respirant presque trop lentement, retenant à demi son souffle. Il avait peur… peur de briser la paix austère de ce lieu, peur d’influencer cette bulle temporelle unique au monde en en brisant l’essence irrémédiablement. Un acte purement criminel de son point de vu, ausis se montrait-il d’autant plus délicat qu’il souffrait de la demi-surdité qu’il tentait de s’imposer. Avec beaucoup de précaution, il tira de ses sacoches de quoi écrire et dessiner, ainsi que des feuilles de vélin roulées qu’il étala sur un coin de la table de marbre, tandis qu’il commençait à noter le premier chant et à dessiner des croquis de la salle et de ces formes aux atours somptueux… Bien davantage que ses contemporains. Même les gravures des tables de marbres étaient différentes, singulières et pleines d’apprentissages. Il était ardu de déchiffrer les entrelacs, et pourtant il s’échina à le faire, suivant lentement le fils des tombes de glace, bien plus lent que le vampire.
Certaines dalles étaient réservées à des guerriers, d’autres des mages, d’autres encore des artisans, politiciens… il y avait également plusieurs Baptistrels parmi eux dont les noms lui étaient connu, sans qu’il en sache beaucoup sur eux. Tout le fascinait, et cette fascination lui permit de retrouver, progressivement, un semblant de cohérence mentale, lui sauvant également la vie. Avide, il se gavait de tout ce qui imprégnait le lieu, traçant à grande vitesse sur ses feuilles de vélins, ardent au travail… et pourtant, soudain, une onde chaotique vint le troubler au plus haut point. Lui, et tout le reste de la chambre mortuaire.
Lâchant ses outils, il se redressa instinctivement et cherchant dans le fouillis la signature de vibrations de Lorenz. Quelque chose n’allait pas ! Se précipitant sans attendre vers lui, il comprit bien vite d’où venaient les souffrances qui agressaient en cet instant le prince des vampires. Un bref instant il eut le souffle coupé en les voyant là, mais l’urgence de la situation l’empêcha de tomber en admiration devant ces figures d’un passé glorieux et sanglant, empreint de tristesse… il attrapa Lorenz du mieux qu’il put, faisant vibrer un chant sub phonique dans sa gorge, un chant d’air, trop bas pour influencer l’atmosphère et créer des dysfonctionnements, et assez pour parvenir à soulever le prince dans l’air afin de préserver son corps. Il l’emmena le plus loin possible des dragonniers et de leurs dragons, dans une alcôve à part où il n’y avait rien d’autre que des statues comme celles de la surface. Il n’osait pas imaginer la douleur réelle que Lorenz subissait, et qui transparaissait bien assez dans ses ondes pour l’angoisser. Avec empressement, il le relâcha sur le sol, le plus délicatement possible et sans attendre, il vint poser les deux mains sur son torse, pressant sur le cœur et sur le pectoral après avoir retiré ses gants…
Faisant toujours vibrer la magie dans sa gorge, il serra les dents et absorba volontairement une partie de la douleur et du contre coup de la malédiction et de cette rencontre malheureuse. Il n’avait pas imaginé le résultat, mais se retint de tout simplement rompre le contact en fuyant à toutes jambes. Fermant avec une détermination bornée son esprit pour ne pas alerter Shaynar, il se crispa et continua de drainer la douleur autant qu’il lui était possible de le faire. Combattant le feu par le feu, avec les armes qui lui allaient le mieux. Doucement, il fredonna des parties de son chant-nom pour lui rendre de l’énergie, et pour asseoir une prise convenable sur sa conscience, évitant les parties les plus sensibles. Pour combattre une malédiction aussi insidieuse, et qu’il ne pouvait guérir, il lui fallait raccrocher les minces prises de l’esprit du vampire… Loin des dragons glacés, la chose devrait être bien plus aisée, malgré la douleur latente. Lorenz était fort… mais même l’être le plus fort aurait été terrassé par une telle violence. Et il n’allait certainement pas apprécier d’avoir en plus eut un spectateur aussi altruiste soit-il… néanmoins, il déboucha une fiole de potion de sa sacoche, prêt à la lui faire avaler, de force si il le devait…
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| Sujet: Re: Certaines fleurs n'éclosent qu'à l'ombre de la destinée [PV Lorenz] TERMINE Lun 14 Oct 2013 - 15:00 | |
| Il avait perdu connaissance... Le pire dans tout cela c'était qu'il en était parfaitement conscient, il se souvenait très bien de ce qu'il venait de se passer et n'ignorait pas que son corps n'allait pas survivre très longtemps au traitement auquel il était soumit. Il fallait qu'il se réveille maintenant ! Tant pis pour la souffrance, tant pis si cette inconscience n'était qu'une sécurité pour l'aider à tenir sans devenir fou, il ne pouvait rester là. Il fallait qu'il émerge, qu'il se lève, qu'il s'éloigne de ces statues anciennement vivantes. Si il craignait la mort ? Absolument pas, mais ce n'était pas encore le bon moment. Il avait trop de choses à régler, son temps ne pouvait pas encore être venu. Il ne le tolérerait pas.
Tenace, il se concentra sur la réalité, refusant de suivre la dangereuse voie des songes et autres souvenirs qui lui tendaient les bras et l'aurait enseveli plus profondément encore dans l'inconscience totale. Résolument il tourna le dos au doux sommeil qui lui échappait depuis tant de siècles et qui l'attirait à présent comme un phare. Sans pitié pour sa propre douleur qui n'allait pas manquer de l'assaillir à nouveau il se focalisa sur les signaux de son corps mort et ils ne tardèrent pas à se rappeler à son bon souvenir. Lumière, il la sentait se diffuser à travers le fin voile de ses paupières closes. D'où venait-elle ? Il n'y avait pas de lumière sous terre... Ah l'elfe... Le satané baptistrel... Allait-il l'achever à présent qu'il en avait l'occasion sous pretexte de sauver ce monde auquel il tenait tant ? Possible...C'est ce que l'ancestral aurait fait lui, mais peu probable de la part de cet être là. Enfin aussi faible qu'elle soit cette probabilité lui déplaisait et c'est avec d'autant plus d'obstination qu'il regroupa les morceaux épars de sa conscience dans la ferme intention de revenir à la surface aussi rapidement que possible.
La douleur coula en lui comme un intraitable torrent, il était remonté... Déjà il ouvrait les paupières mais sa vision ne s'en trouva pas éclaircie pour autant. Dilatée jusqu'à l'extrême, ses pupilles demeuraient incapable de s'adapter à autre chose qu'à l'intense souffrance qui poignardait tout son corps. Le monde était flou, le monde était fou et il n'y avait plus rien d'autre dans cet univers que la lame glacée qui liquéfiait ses entrailles et son cerveau si ce n'était peut-être la brûlure phénoménale qui liquéfiait ses veines et la force inouïe avec laquelle ses muscles se durcissaient d'eux même comme pour tenter de résister maladroitement à l'assaut qui menaçait d'emporter toute vie au coeur des cellules du non-mort. Dracos, il allait reperdre pied... Et cette fois ce serait la dernière, c'était déjà plus qu'incroyable qu'il ne soit pas déjà mort face à tout cela. Au fond de lui il sentait la conscience de son ombre oscillant à l'extrême limite du précipice. Achroma tombait... Et après sa mort, il le suivrait. Ce ne devait pas être.
Dans un effort violent il concentra à nouveau son esprit, construisant dans l'urgence un rempart sombre fait de détermination, de haine, et de la force qu'il avait toujours tiré dans l'obstination à accomplir coûte que coûte son serment. Il ne voulait pas mourir ici, et il ne permettrait pas non plus à Achroma de le faire car sans lui il serait sans défense au sein des négociations et face aux dragons qui y seraient présents. Brutalement et sans égard pour le peu d'intimité qu'il restait à l'ancien ou sur tout désir qu'il aurait pu avoir de ne plus résister et de se laisser mourir il l'enferma avec lui au centre de ce mur, de ce rempart qu'il solidifiait peu à peu et dans lequel il concentrait de son mieux les fragments de conscience qui avait été éparpillés par la force de la malédiction. Lorenz... Achroma... Lorenz... De toute sa redoutable patience il usa pour récupérer chaque morceau sans exception et le mettre à l'abri dans ce noyau étrange qui devait les protéger et de la mort, et de la folie. Cela ne suffirait pas, il le savait. Il était très fort, et il pouvait même puiser dans la volonté d'Achroma pour s'en sortir mais la force de la malédiction des dragons les dépassaient tous les deux. Pourtant, un espoir brillait à la lisière de leur rempart. L'elfe... Quel imbécile... Comment pouvait-il laisser passer une tel occasion de débarrasser le monde du Prince Noir ? Quoi qu'il en soit, l'ancestral ne comptait pas dédaigner la main tendue.
A peu près protégées dans leur abri de fortune les deux volontés ne purent qu'assister impuissante à la lutte de l'esprit baptistral qui, aussi fou que cela puisse paraître, s'était mis en tête d'accepter la douleur en lui sans doute pour en aspirer une partie. De courtes mélodies résonnaient, éveillant autant de haine que soulagement dans l'esprit torturé du vampire et plus d'une fois son élément de prédilection intervint pour décrocher sans douceur et repousser les tentacules acérées de la malédiction qui broyait son être. La force conjuguée des trois mages était des plus efficace, mais leur ennemi était bien au dessus d'eux et aussi loin qu'il puisse être repoussé il ne serait sans doute qu'à peine éborgné par ce déchainement défensif et attendrait le meilleur moment pour attaquer de nouveau. En attendant, il ne pu que reculer et la douleur commença à décroitre lentement, si lentement... Cet instant fut certainement le plus périlleux pour le prince qui sentait peu à peu son potentiel de résistance s'effondrer, son rempart s'écrouler,cela n'allait pas suffire.. Il était en train de perdre, il détestait cela ! Un dernier effort inhumain, déchirant, et il repoussa plus loin encore les limites de sa résistance. Il n'en pouvait plus... Il céda à la seconde même où le baptistrel récupérait son dernir fragment de conscience échappée et repoussait la dernière bribe de souffrance dû à la malédiction. Un infîme quart de seconde de plus aurait été fatal aux deux vampires, mais c'était terminé.
Le retour dans le monde réel fut brutal sans doute pour Achroma mais aussi pour Lorenz. Brutalement repropulsé dans un corps plus que meurtri il serra la mâchoire convulsivement et les canines acérés déchichèrent la chair tendre de sa lèvre inférieure. Ses poumons semblaient bloqués, ce qui n'était pas trop gênant dans le sens où il n'avait pas besoin de respirer mais la sensation était pénible et il hoqueta quelques secondes en cherchant désespérement à faire repartir la machine qui fort heureusement n'attendait que cela pour se remettre en branle. A mesure que sa vision s'eclaircissait et que l'étincelle douloureuse s'effaçait dans l'acier de ses prunelles il distinguait de plus en plus nettement la silhouette penchée sur lui, s'apercevant au passage qu'il n'était plus au même endroit. Toutefois ce n'était pas ce qui l'intéressait le plus à l'heure actuelle. Ses canines ensanglantée par sa propre blessure étincelèrent dans le semi pénombre tandis qu'il grondait :
"Fais-moi avaler ça elfe, et ce sera la toute dernière erreur de ta vie..."
Il était complétement vidé de ses forces, physiquement d'abord mais aussi moralement et peut-être même magiquement. Pas de peut-être d'ailleurs, analysant stoïquement son état actuel il s'aperçu avec un nouveau grognement frustré que sa puissance magique avait été presque entièrement balayée par la tempête. Bon, il n'avait peut-être pas la force de ses ambitions là tout de suite mais cela il ne reviendrait pas sur sa menace pour autant et si le besoin s'en faisait sentir il se sentait encore assez gaillard pour tenter d'étrangler à mains nues le porteur de cette fiole, ou au moins pour essayer. Défiant, l'acier de ses prunelles se planta dans le regard enflammé du baptistrel et il rassembla ses forces dans l'intention bien arrêtée de se relever, au tout au moins de s'asseoir en une position plus confortable pour son égo. Dans d'autres circonstances il aurait sans doute tué sur place le témoin de sa déconfiture. Pas seulement par méchanceté non, par simple prudence. Pouvait-il laisser en vie un être qui avait contemplé toute l'étendue de son désarroi face à la malédiction et qui savait à présent que celle-ci était sa faiblesse ultime ? Un tel risque ne pouvait être toléré, cela se retournerait contre lui à un moment ou à un autre. Sauf que là la question ne se posait pas, il n'avait purement et simplement pas la force physique et magique de tuer le baptistrel.
"Libère m'en..."
Il avait parlé sans le regarder, un genou et une main à terre dans l'effort qu'il faisait pour soutenir son propre poids et sa voix avait résonné en un étrange mélange plus impératrif qu'implorant. Impérial, il réprima sans pitié le tremblement violent qui menaçait de s'emparer de son corps et répéta :
"Libère-moi, et tu n'aura pas à le regretter..."
Concentré à l'extrême sur l'effort qu'il lui fallait déployer pour montrer le moins possible de sa faiblesse il releva la tête vers lui, l'enveloppant de son regard perçant :
"Tu sais qu'il y a un précédent, j'ai lu une partie du grimoire et je suis prêt à parier que tu n'ignores rien de son contenu. Offres-moi Dévoreuse Merithyn et je te jure par ce que j'ai de plus précieux que je ne l'utiliserai pas autrement que pour me guérir. Tu l'obtiendra, le pire de mes ennemis l'obtiendra, je mettrai toute ma force pour tenter de la détruire si telle est ta décision mais il me la faut."
Dans un étonnant regain de force il s'empara du poignet du baptirel, le broyant presque sous son étreinte comme pour appuyer ses propres paroles :
"Que ce soit clair, chanteur. Je ne te demande pas la charité. Je sombre chaque jour, cette abomination me ronge de l'intérieur et me détruira corps et âme mais avant cela elle détruira mon esprit. Tu veux rendre service au monde petit elfe ? Empêche moi de sombrer entièrement, parce que ce que vous avez vu de ma noirceur ne sera rien à côté de ce que je deviendrai sous l'action de cette chose. Je suis un être mauvais, je ne le nie pas. Je suis ce que le monde a fait de moi et je revendique ma soif de vengeance. Mais je peux être pire... Bien pire..."
Du revers de la manche il essuya le sang qui perlait toujours sur sa lèvre avant de conclure :
"Ils ne comprendront pas ton geste... Tu seras accusé de traîtrise, châtié peut-être... Mais au fond de toi tu sais que cette solution est la bonne. Apportes moi Dévoreuse et tu seras haït par tous, mais toi et moi saurons que tu as sauvé le monde d'une terrible catastrophe. J'ai la force de le détruire mais ma haine ne se concentre que sur les elfes même si la malédiction me force à haïr les dragons. A mesure qu'elle s'emparera de moi je finirai par haïr toute vie quelle qu'elle soit... Je te laisse imaginer le résultat..."
Pour peu que ce soit imaginable d'ailleurs... Peu d'êtres au monde connaissaient assez l'ancestral pour savoir à quel point son potentiel destructeur pouvait être étendu. Beaucoup aurait rit de son discours, n'imaginant pas une seule seconde ce que pouvait bien être un Lorenz pire que l'actuel. Mais Merithyn le saurait lui, il connaissait bien des choses de lui et saurait imaginer ce que donnerait un prince totalement englouti par la malédiction. Un prince de noirceur et de flamme totalement sans limites et sans autre objectif au monde que de détruire tous les dragons et tout cet univers déplaisant à ses yeux. Un prince destructeur uniquement, qui ne poursuivrait plus une vengeance aussi injuste soit-elle mais qui détruirait pour le simple plaisir de détruire. Un prince sauvage, bestial, plus impitoyable encore et violent que ce qu'il était à l'heure actuel. Oui... Il voyait tout cela... Cette ombre terrifiante dormait au coeur de Lorenz et le baptistrel la voyait à présent, elle sommeillait en attendant de se réveiller, impatience de vraincre enfin les limites qu'il lui imposait... La bête en lui ne rêvait que du jour où la raison quitterait enfin le prince pour la libérer entièrement et irrévocablement... Une lueur étrange s'alluma furtivement dans le regard d'acier et l'ancestral détourna la tête, comme honteux :
"Tu as vu n'est-ce pas... C'est à toi de voir chanteur, mais moi je n'ai pas envie d'en arriver là."
Pas si loin... Pas à un tel point. Il était épuisé, usé par les siècles de haine et de fureur qui l'avaient porté jusqu'à ce jour. Il ne renoncerait pas pour autant bien sur, il vengerait Enelya quoi qu'il arrive mais il ne voulait pas voir plus loin. Et surtout, il ne voulait pas être celui qui ferait sombrer entièrement la magie, et Armanda toute entière. On pouvait être mauvais et avoir des limites à ses ambitions. La fin du monde n'entrait pas dans les siennes. Ses dents grincèrent quand il serra à nouveau sa machoire en sentant la marque le brûler férocement
"J'ai fais une erreur, j'y ai été forcé... Je l'aurai peut-être fait quand même, je ne le nie pas. Mais j'ai payé... Délivre moi Baptistrel, c'est ton devoir."
Sa main était brûlante, mais la peau du chanteur ne l'était pas moins. Fievreux, son regard demeurait planté dans celui de son interlocuteur. |
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| Sujet: Re: Certaines fleurs n'éclosent qu'à l'ombre de la destinée [PV Lorenz] TERMINE Mar 15 Oct 2013 - 11:17 | |
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La douleur qu’il absorbait était affreuse, immonde… Il n’avait jamais connu une douleur physique aussi grande, aussi prenante, aussi totale. C’était pire que d’être broyé, pire que… tout, il n’avait aucun mot pour décrire ce qu’il ressentait alors qu’il tentait désespérément de décharger le vampire d’une partie de sa souffrance. Il avait l’impression d’asphyxier, d’exploser en centaines de particules brûlantes qui attaquaient chaque parcelle de sa peau pour le réduire à néant. Et pourtant, ce qu’il ressentait n’était qu’une fraction presque ridicule de la douleur du prince vampire… un grain de poussière dans un désert immense et sans fin. Et déjà, ce grain de poussière semblait lui ôter tous ses moyens, le transformant en bête blessée. Il avait connu la plus pure douleur mentale, en se voyant arracher son aimé, en cette heure il expérimentait, cette fois, la plus pure douleur physique qu’il supporterait jamais. Il n’y était nullement habitué, contrairement à Lorenz ou Achroma, et être ainsi frappé amenant à ses yeux des larmes d’or qui menaçaient de s’échapper sans jamais le pouvoir alors qu’il s’entêtait toujours plus, plongeant à corps perdu dans ce flot de souffrance sans s’arrêter un seul instant pour réfléchir. Si il réfléchissait, il était perdu, il ne pourrait plus, même avec la meilleur volonté du monde, se forcer à subir tout ça, aussi il absorbait, encore et encore… puisant dans toute l’énergie solaire qu’il avait absorbée pendant des jours pour alimenter sa flamme intérieur, empêchant ainsi une petite mort. L’angoisse lui cisaillait le ventre encore plus que la torture de la malédiction, quoi qu’il puisse être, il ne voulait pas voir Lorenz mourir ainsi c’était tout simplement trop cruel. Le sang battait à ses temps, et en son cœur, fébrilement, tant et tant qu’il avait l’impression qu’il était sur le point d’exploser au sens propre du terme…. Son souffle était lourd, erratique, faible. Il lui semblait que sa gorge était mise à vif et suintait à chaque tressautement de son corps, alors qu’il s’entêtait toujours, déployant tout son art et toute sa résistance pour combattre pied à pied l’emprise de la malédiction, sentant confusément la bataille livrée tout près par Lorenz. Il ne savait pas réellement ce qu’il faisait, en vérité… il ne savait même pas qu’il était capable d’absorber la douleur de qui que ce soit avant cet instant et c’était avec une détermination inébranlable qu’il rassemblait le puzzle éparpillé de la conscience du vampire, chassant lentement la douleur causée par la malédiction, alors que chaque seconde lui paraissait interminable et qu’il craignait de le voir s’éteindre entre ses doigts sans lui laisser le temps d’agir pleinement, trop tard pour tout… Mais pas encore une fois, une fois seulement il avait manqué à l’appel, une fois seulement il avait vu la souffrance le prendre de vitesse et il se refusait à le voir de nouveau, n’en souffrirait pas, et ne voulait pas que le vampire ait à le faire également… Il avait beau mériter son sort, c’était tout simplement trop inhumain. Ce n’était pas dans sa nature de laisser qui que ce soit en proie à un tel calvaire ….
Puis, lentement, la malédiction sembla refluer. Lentement Lorenz reprenait ses droits sur sa conscience et sur son corps… il se fit moins pressant, progressivement envahit d’une horrible lassitude, et le laissa revenir à lui, soutenant simplement l’effort. Et lorsque la menace vint, elle lui tira un sourire soulagé. Bon, si il était capable de le menacer en un instant pareil c’était que tout fonctionnait correctement. Il allait se remettre. N’insistant pas, le chanteur se permit de boire le liquide qu’il lui destinait, laissant la potion énergisante le secouer de fond en comble et l’aider à chasser les tremblements de son corps éprouvé. Il ressentait encore très distinctement la douleur, quand bien même son lien physique avec le vampire était rompu et le combat terminé, il allait certainement lui falloir quelques instants avant de pouvoir bouger correctement, surtout maintenant que la pression retombait et qu’il n’était plus poussé en avant par l’urgence de la mort probable du vampire. Reculant quelque peu, il s’adossa à une paroi de l’alcôve et laissa le traitement agir, pulsant et se diffusant pour lui donner de l’énergie et alimenter sa source intérieure. Lentement, il se remit à briller, retrouvant un peu de son éclat premier, bien qu’il lui faille remonter vers la surface pour pouvoir à nouveau s’épanouir pleinement après un tel duel… La noirceur du lieu et cette atmosphère emplie de chants l’oppressaient profondément, à présent qu’il n’avait plus d’énergie, loin de l’émerveillement premier, il avait l’impression qu’il se trouvait soudain dans sa propre tombe. Et puis il ne voyait pas particulièrement bien, n’étant pas vampire. Une fois de plus, il aurait bien voulu que Shaynar soit là… Il se sentait toujours en sécurité auprès du dragon, et pour l’instant il avait vraiment besoin de pouvoir sentir cette sécurité, cette protection. Soupirant doucement, il s’entoura de ses bras et s’intéressa à nouveau à Lorenz, pour éviter de ruminer ses sombres idées mais également parce qu’il s’inquiétait toujours de son état… Il venait d’être proprement broyé par la malédiction, il fallait qu’il fasse attention à lui-même, et si il se montrait trop têtu il serait bien capable de profiter de sa faiblesse pour l’envoyer rejoindre Morphée le temps de trouver de quoi le requinquer un peu. Ça ne lui ressemblait pas en temps normal mais ce qui se passait-là était tout sauf une situation normale. C’était même tout le contraire, tout, dans cette sortie, était exceptionnel depuis l’instant où il avait failli l’achever d’une attaque sur le pas de sa porte. Il planta son regard dans le sien, et ce qu’il y lut lui serra le cœur, amenant une bouffée de compassion pour Lorenz pour laquelle ce dernier l’aurait très certainement étranglé. Mais il n’y pouvait rien. Et, de façon surprenante, il sut à l’instant même où le vampire prit la parole ce qu’il allait lui demander…
L’instinct ne lui évita pas pour autant la surprise profonde d’entendre de tels mots sortir de la bouche du prince. C’était tout simplement inimaginable de croire qu’il venait vraiment de lui demander cela… et pourtant, il l’avait fait. L’observant avec intensité, Merithyn ne put qu’éprouver, en plus de la compassion, un immense respect pour cet individu que tous haïssaient et condamnaient sans véritablement le connaître. L’effort qu’il faisait, presque palpable, devait être énorme, surtout dans un tel état de fatigue. Lui-même n’en aurait sans doute pas été capable… Soutenant son regard sans rien dire, le cœur battant à tout rompre, à tel point qu’il s’étonnait de ne pas en casser les oreilles du vampire avec, il écouta la demande, la promesse, sans parvenir à y croire. Ou plutôt, sans être capable de s’affirmer qu’il n’était pas en train de subir une hallucination subtile et cruelle. Interdit, il n’osait même pas rompre son silence, pas même lorsqu’il saisit son poignet et l e serra à l’en faire grimacer de douleur. C’était un coup de marteau sur la tête, un coup de tonnerre, une gifle magistrale… non c’était encore pire, c’était bien plus déroutant. Il y avait tellement de choses… tourbillonnant en lui et fracassant nombre de ses pensées. Oui… il y avait un précédent, il avait lut le grimoire d’Alderick et même sans lui, la mémoire des anciens Fondateurs l’avait plus qu’informé sur ce qui s’était passé, et ce qu’ils avaient put apprendre de l’auteur du grimoire avant sa fin… Oui il y avait un précédent, mais était-ce la bonne chose à faire ? Qui pouvait vraiment lui dire que Lorenz tiendrait parole après avoir été libéré ? Il prenait un véritable risque en lui faisant confiance, il le savait et pourtant il n’y avait aucun mensonge dans la voix du vampire…. Il l’aurait sentit autrement. Certes, Dévoreuse avait le pouvoir de vaincre la malédiction des dragons et il lui promettait de la détruire…. Etait-ce possible, de la détruire ? Aucun n’avaient put le faire à l’époque, mais aucun n’avait la puissance des dragons c’était vrai… Il voulait y croire, véritablement, Lorenz comme lui savait quel danger représentait cet artefact, et le chanteur voulait désespérément se raccrocher à la certitude que le prince la détruirait plutôt que d’essayer de l’utiliser après guérison.
Mais ce n’était pas tout, loin de là. Non seulement il lui promettait d’essayer de la détruire, car il était évident que, si elle devait lui revenir, il tenterait de la faire disparaître, mais il lui laissait le choix de sa destinée ? Le pire de ses ennemis, lui ? Avait-il bien comprit ? Voilà qui le surprenait, et l’honorait également, en un certain sens. Peut-être l’était-il effectivement… mais cela ne l’empêchait pas de souhaiter sa guérison. Il avait tellement raison… Oui il ne pourrait combattre à tout jamais cette chose, cette folie, et Merithyn ne voulait pas voir advenir le monde qu’il décrivait. Un monde sous la menace d’une si terrible catastrophe que ce qui se passait actuellement paraissait presque une blague. Un Lorenz pire encore, et sans aucune raison, voilà quelque chose qui serait leur fin à tous quoi qu’il puisse se passer. Oh oui il l’avait compris… Le Néant, au doigt d’une créature sans aucun désir autre que celui de réduire le monde à néant, était bien plus terrifiant qu’un prince vampirique tout vindicatif qu’il soit. Il imaginait, à son grand désarroi et cela l’emplissait d’une crainte plus grande encore, à tel point qu’il devait se faire violence pour ne pas appeler à l’aide de toute la puissance de sa voix… Muet et frappé d’immobilisme, il le regardait de ses orbes luminescents et la peur sourdait clairement de la lueur qui s’en échappait, il n’essayait même pas de le cacher. Il n’avait jamais eu peur de Lorenz, pas vraiment, il en savait trop pour cela, le respectait trop pour cela… mais il devait l’avouer, la chose qu’il entrevoyait au travers du fin voile, cette chose qu’il pouvait devenir, elle, le terrorisait plus que toute autre chose au monde. Finalement, après un temps qui lui parut interminable, il hocha doucement la tête, tournant légèrement le poignet dans la prise du vampire et lui attrapa doucement la main, les doigts tremblant légèrement. Avait-il même le choix ? Il avait vu oui… de façon si limpide que cela glaçait son cœur de terreur. Il avait vu, cette promesse d’un monde trépassé, il avait vu la souffrance, la folie qui habitait l’être devant lui…
« Alors qu’ils me haïssent » Sa voix tremblait, mais les mots avaient leur justesse habituelle. Il était sincère, commençant à avoir l’habitude qu’aucun autre individu ne comprenne pourquoi il agissait comme il le faisait. Il n’avait jamais demandé l’amour ou l’appréciation de qui que ce soit, sauf peut-être Shaynar et Eliow. Et si il le devait, il continuerait de faire son devoir en portant l’opprobre d’une action que personne ne pouvait pleinement comprendre. Il condamnait peut-être son propre futur, mais si cela signifiait éviter au monde une fin atroce alors il n’y avait pas à pondérer plus longtemps. « J’irais à la recherche de Dévoreuse » Il la trouverait, même si il devait ratisser le continent entier en passant par les lignes alayiennes. Il ne pouvait pas faire moins. C’était, effectivement, son devoir. Mais bien au-delà de ça… il ne pouvait refuser, tout simplement. En temps qu’être. « J’ai vu…. Et ce que j’ai vu ne sera pas, si je le peux. Je vous fais confiance » Il était peut-être fou de le faire, mais effectivement il lui faisait confiance et trouverait Dévoreuse. Et qui que soit son voleur, il n’aurait guère de choix que le lui donner. Avec un peu de réflexion, il était sans doute tout à fait capable de trouver la chevalière, celle-ci ne possédait pas de chant-nom, car créée par le Néant, son porteur lui en avait un… Quel meilleur traqueur après tout, qu’un être capable de savoir exactement où vous vous trouvez et comment, en suivant simplement votre chemin. Observant avec attention le vampire, il finit par lui relâcher la main. « J’ai même déjà une piste » Klaus avait croisée le voleur, ainsi que les autres individus présent durant le vol de la chevalière, dans son chant-nom avait dû s’intégrer des indices concernant l’identité de celui ou celle qu’il cherchait. Il devait absolument mettre la main sur lui ou l’un des autres afin de s’assurer de tout cela… Voilà qu’il repartait en chasse, cela n’avait pas de fin… mais cette fois c’était le monde entier qui en souffrirait si il ne parvenait pas à s’en sortir.
Il soupira finalement, rompu de cette tension usante. Prenant une seconde fiole, il l’avala d’un trait sans le moindre arrêt. « Et pour commencer… nous devrions sortir d’ici. Le plus loin possible vous serez de ces choses et mieux ce sera je pense » Il voulait revoir le soleil, au moins pour revenir à un état plus calme. Non seulement cela, mais il pourrait ainsi se permettre de réfléchir plus amplement à cette traque, sans avoir à surveiller Lorenz comme le lait sur le feu, en craignant qu’il ne soit de nouveau assaillit. « Vous serez assez fort pour remonter ? Ou dois-je… » Il fit un geste, vers sa gorge. Il n’aimait pas beaucoup l’idée d’être mordu par lui, mais sil il fallait cela pour qu’il puisse remonter sans mal, il s’y plierait…
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| Sujet: Re: Certaines fleurs n'éclosent qu'à l'ombre de la destinée [PV Lorenz] TERMINE Sam 19 Oct 2013 - 15:07 | |
| La douleur lui avait fait perdre les esprits... Dans son état normal il ne se serait jamais abaissé à faire une telle demande mais avec le recul il s'apercevait bizarrement qu'il venait de jouer là son plan le plus parfait ! Bon d'accord, il n'avait eu aucun plan en vérité mais le Baptistrel était bel et bien coincé. Il ne pouvait pas refuser une telle demande, c'était sur et certain, et pourtant les conséquences qui allaient pleuvoir sur lui étaient terribles ! Abasourdi de sa propre réussite l'ancestral aurait presque éclaté de rire devant l'ironie du destin. Il avait fallu qu'il perdre complètement la tête pour trouver une idée aussi géniale qu'impensable... La non-vie était parfois bien étrange...
Une teinte curieuse dans l'acier dur de son regard, il observait la réaction de l'elfe. C'était la première fois qu'il lui semblait ressentir une certaine frayeur dans son maintien et il ne l'avait pourtant jamais ménagé... A peine avait-il réussi à le surprendre une fois ou deux, mais jamais il n'avait ressenti cette peur quasi religieuse que la plupart des gens ressentaient face à lui. Cette fois c'était le cas, cela aurait sans doute dû le remplir d'aise mais le fait de savoir que l'elfe ne le craignait pas lui mais craignait en vérité ce qu'il pourrait bien devenir lui déplaisait. Il ne voulait pas perdre le contrôle, cette seule idée lui faisait horreur. Contrôle et discipline avaient toujours balisé sa vie et sa non vie, il était hors de question que cela change avec le temps.
La réponse tomba enfin et les prunelles d'acier se firent plus ardente, plus concentrée et brûlantes du profond intérêt qu'il ressentait pour les événements s'enchaînant sous ses yeux. Qu'ils les haïssent hein ? Mais le baptistrel savait-il seulement ce que c'était que la haine ? Pouvait-il, aussi loin qu'il aille plonger dans ses souvenirs, retrouver un temps où chacun n'avait pu que le regarder avec fureur et dégoût ? Lorenz connaîssait cette situation depuis bien longtemps, depuis l'instant maudit où les yeux des elfes s'étaient posés sur Enelya et avaient compris le choix de celui qui ne s'était jamais considéré comme leur frère. Et tout ceci n'avait fait qu'empirer au fil du temps, ce qui n'était en réalité pas pour lui déplaire. Il est bien plus facile de haïr lorsque le sentiment est réciproque...
Ce ne serait pas le cas pour Merithyn. Il ne savait pas haïr. Il serait parfaitement incapable de se construire l'armure hargneuse et épaisse que l'ancestral avait su bâtir. Il avait tout de suite aimé être craint, et très rapidement apprécié la haine que les autres pouvaient ressentir à son égard comme une reconnaissance de leur impuissance et de sa propre valeur. Chaque manifestation de rage ou de dégoût envers lui affermissait encore ses certitudes et ajoutait de l'eau à son moulin en nourrissant son propre mépris pour ces races inférieures voir même pour d'autres vampires. Renforcé donc, c'est ainsi qu'il ressortait de toutes les confrontations avec ses adversaires mais Merithyn ? L'elfe en sortirait peut-être simplement détruit.. Blessé au plus profond de sa chair et de son âme, sachant qu'il a raison et que pourtant nul ne reconnaîtra jamais sa vérité. Bien sur il commencerait par se convaincre lui-même que cela lui importe peu, mais le temps finirait par prouver le contraire. Une intense satisfaction s'emparaît de l'esprit du prince à cette pensée, pure méchanceté diraient certains mais la réalité était toute autre, Merithyn allait se retrouver plus proche encore de ce qu'on pouvait ressentir lorsqu'on était à sa place et l'idée l'amusait.
Sa première rencontre avec l'elfe chanteur n'avait pas été des plus simples. Il se souvenait encore de son irritation à la vue de cet intrus que le dragonnier Wriendel avait été pêché il ne savait où. Il se souvenait de la colère de son peuple à la vue de ce représentant ennemi et du grondement mauvais qui avait résonné lorsque les premiers mots mélodieux avaient retenti. Tout chez Merithyn avait de quoi inspirer la haine des vampires, la simple pureté de son aura suffisait à rappeler aux sang-froids toute l'étendue de ce qu'eux avait perdu et même la légère lueur qu'il émettait naturellement avait de quoi rendre fou de rage la plus calme des créatures de la nuit. Lorenz n'oubliait pas la tension terrible et quasiment palpable qui s'était formée entre eux ni la sécheresse glacée du ton impérieux avec lequel il lui avait ordonné de ranger l'abomination qui lui tenait lieu d'arme à cette époque. Et par dessus tout, comment aurait-il pu oublier la scène suréaliste qu'il avait vécu dans sa tente et qui s'était soldé par un secret éventé et contre toute attente par la survie de l'elfe bien qu'il ne comprenne toujours pas très bien la raison profonde qui l'avait poussé à l'épargner. Des rapports plus que difficiles donc, tâchés de sang même suite à la solide correction qu'il lui avait distribuée il y avait de cela quelques années et malgré tout à l'heure actuelle Merithyn Shadowsong était sans doute le seul être sur terre à le connaître vraiment et a s'être révélé capable de voir au delà de la carapace haineuse évoquée un peu plus tôt. Si cette connaissance était réciproque ? Absolument pas... Lorenz demeurait incapable de percer les raisons et les inspirations profonde qui poussaient le baptistrel à se lier ainsi à lui au risque d'en souffrir. Sa froide logique ne pouvait tout simplement pas se faire à tout ceci, comment pouvait-on venir en aide à un adversaire au risque de le retrouver plus fort et dangereux encore lors du futur affrontement ? Aussi satisfait qu'il soit de se sortir "vivant" de sa mésaventure il ne pouvait cacher entièrement la perplexité totale dans laquelle le plongeait l'acte du Baptistrel et le naturel revenant au galop il ne pouvait évidemment que se sentir quelque peu méprisant face à une telle bêtise. Enfin au moins ça le servait...
« J’ai vu…. Et ce que j’ai vu ne sera pas, si je le peux. Je vous fais confiance »
Confiance... Le mot résonna dans la crypte mais l'ancestral ne releva pas. Merithyn était irrattrapable de toutes façons et même si ça avait été le cas la situation était bien trop grave pour qu'il fasse la moindre réflexion. Il avait besoin de Dévoreuse et bien qu'il n'ai jamais hésité à revenir sur sa parole lorsque le besoin s'en faisait vraiment sentir il pressentait que cette fois c'était plus sérieux. Pas un autre serment non, mais cette promesse là il pourrait difficilement s'y dérober. C'était importance, il avait besoin de se guérir et était prêt à payer n'importe quel prix pour y parvenir. Il la détruirait donc si c'était le seul moyen de se sortir d'affaire, il n'aimait de toutes façons pas l'idée qu'un artefact capable d'aspirer la magie se promène sur Armanda. La suite le sorti illico de ses pensées et il fronça les sourcils sous le coup de la concentration. Une piste ? Il avait totalement perdue celle de la porteuse de Dévoreuse malgré tout ses efforts pour faire continuer l'enquête au beau milieu de la guerre contre les Alayiens alors il ne pouvait évidemment qu'être intéressé !
Quelle piste allait-il demander ? Si il s'était sentit moins faible il aurait peut-être même attrapé le chanteur par le col pour le secouer comme un prunier jusqu'à ce qu'il partage ses informations mais le moment était plutôt mal choisit. L'elfe avait raison sur ce point, il ne pouvait rester ici et les vampires allaient commencer à le chercher et à crier au scandale, en particulier Ethan qui n'allait apprécier que moyennement ce genre de blague. Sans compter que les autres délégations n'aimaient pas savoir qu'il avait pu sortir de la zone neutre, en particulier les elfes qui craindraient sans doute pour leur forêt. Il serait toujours temps de l'interroger sur Dévoreuse un peu plus tard, pour l'instant il devait trouver le moyen de remonter à la surface. Il était à peu près certain qu'Aranwë se ferait un plaisir de le laisser le chevaucher ensuite, mais encore fallait-il parvenir jusqu'à lui... La question du chanteur fit grincer sa mâchoire et il gronda, agressif :
"Je n'ai que faire de ton sang"
Et c'était vrai, il n'avait pas soif. Du moins pas de ce sang là... L'énergie d'un vampire était intimement lié au sang qu'il buvait et ceci aurait sans doute été la solution de facilité, boire le sang du baptistrel et ainsi se sentir plus fort pour rejoindre sa monture mais il ne s'y résoudrait pas. Le lien qu'ils partageaient à présent était déjà bien assez perturbant sans risquer d'en rajouter. De plus comment aurait-il ne pas répugner à mordre cette carotide là sachant qu'une autre bien plus tendre et attirante l'attendait au sein du sanctuaire ? Il avait craint pendant un moment que les protections baptistrales l'empêchent de se nourrir à cette source mais il fallait croire que la bonne volonté d'Ambre suffisait à régler ce problème, il fallait dire qu'elle ne souhaitait pas le voir mordre quelqu'un d'autre... De quoi arranger tous les partis donc.
"Allons-y. Il suffit de remonter en surface, Aranwë nous reconduira au sanctuaire."
Un grognement quasi animal s'échappa de sa gorge tandis qu'il faisait fi des terribles protestations de ses muscles afin de forcer son corps à obéir à son injonction et à se relever. Chacun de ses nerfs protestaient contre un tel traitement, lui donnant l'impression d'avoir été roué de coups et laissé pour mort mais il était cette fois encore trop fier et tenace pour le laisser paraître et bien que forcé de prendre appuie sur le bras qu'il tenait toujours il recomposa rapidement le masque lisse qui protégeait son visage et calfeutra plus encore la douleur qu'il ressentait afin de commencer le long et même interminable voyage de retour qu'ils allaient devoir affronter. Une chose était certaine, il se souviendrait très longtemps de cette journée...
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| | | Merithyn Shadowsong Légende
| Sujet: Re: Certaines fleurs n'éclosent qu'à l'ombre de la destinée [PV Lorenz] TERMINE Dim 20 Oct 2013 - 15:48 | |
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Et remonter, ils le firent. En silence, dans cette étrange atmosphère qui semblait s’installer à la conclusion de leurs rencontres les plus anodines, comme si ils étaient incapables, même s’ils le désiraient, de se comporter comme n’importe qui d’autre l’aurait fait. Merithyn restait pensif face à tout ce qui venait d’être dit et fait, face au coup de dès sardonique du destin qui, une fois de plus, semblait le rapprocher de l’icône de destruction qu’était Lorenz, en lieu et place de l’en éloigner. Qu’est-ce qu’il y avait réellement, entre eux deux ? Quelque chose, ça s’était certain. Quelque chose d’étrange, de perturbant parfois… quelque chose qui l’avait destiné à se trouvé dans les plus grands secrets de Lorenz et qui n’avait rien à voir avec Eliow. Non, si il était en vie, ce n’était pas seulement en raison d’Eliow et ce dès la première fois. Mais pourquoi exactement ? Cela il ne pouvait en être certain… il n’avait aucune réponse à apporter. Pas de réponses satisfaisantes en tout cas. Il n’aimait pas se sentir aussi impuissant, mais n’y pouvait rien. Il ne pouvait, réellement, que pondérer ce qui s’était joué là sans qu’il y puisse quoi que ce soit, et les conséquences que cela aurait… Il avait été presque forcé d’accepter, mais sans doute l’aurait-il fait de toute façon. Il n’était pas le type d’individu qui ignorerait une telle menace alors qu’elle pendait sous son nez, ouvertement, là où tout un chacun semblait complètement aveugle à sa présence. Oui, ils n’étaient pas nombreux ceux qui auraient pu comprendre, et ceux qui comprendraient, à quel point agir était urgent. Il le savait, et savait aussi que de cet aveuglement naîtrait la haine envers lui qui avait agi de façon si inexplicable à leurs esprits. Il souffrirait peut-être, mais il avait Shaynar, qui ne l’abandonnerait jamais. Il était certain que le dragon noir comprendrait ses raisons. Le reste n’avait guère d’importance. Il vivait pour les autres mais non par eux… qu’ils le haïssent, mais il était la voix de la vérité, et ce qu’il disait ne pouvait être entaché d’aucune souillure. Lyroë serait également là, quoi qu’elle mettrait sans doute plus de temps à comprendre… et les autres Baptistrels également. Il ne lui fallait pas grand-chose d’autre, rien d’autre en vérité, il parviendrait à s’y faire avec le temps.
Le temps oui. Tout était affaire de temps. Temps assassin qui les menaçait, temps impatient qui s’effritait sous leurs doigts sans lui laisser plus de possibilité, ou temps salvateur lui donnant l’occasion de se faire à sa solitude. Il restait silencieux, accompagnant Lorenz jusqu’en haut, et se tint à distance de l’étalon alors que le vampire le montait. Lui-même avait appelé à lui son destrier elfique, tout en blancheur, et grimpa péniblement sur son dos, encore faible d’avoir absorbé autant de souffrance. Il s’installa confortablement sur le dos immense de la bête qui faisait presque trois fois sa taille, et ensembles, ils reprirent la direction du domaine, toujours en silence, chacun plongé dans ses propres pensés. Il sentait la magie du lieu mystique qui déclinait à mesure qu’ils s’en éloignaient, et, alors qu’il jetait un dernier coup d’œil en arrière pour observer l’éclat final des dalles blanches et des statues, le cœur étrangement lourd et la tête bourdonnante, il entendit de nouveau le murmure délicat de la voix familière venant caresser son esprit. Les rêves sont le combustible qui alimente le feu du désir Son cœur fit une embardée, et il pressa légèrement sa monture en avant afin de s’éloigner plus rapidement. Il ne voulait pas entendre cette voix… Elle lui causait assez de tord comme cela, à provoquer outrageusement le destin, il n’avait pas besoin d’en rajouter encore davantage. Tout ce qu’il désirait désormais, c’était s’enfermer dans son bureau pour pouvoir réfléchir tranquillement et prendre un peu de repos. Repos qu’il espérait voir le vampire suivre également, ne serait-ce que pour être d’attaque pour tout ce qui restait à faire… Serrant un brin de crinière entre ses doigts, il soupira et inspira successivement, se reconcentrant sur la route alors que, finalement, la barrière du domaine se faisait sentir et qu’il leur permettait d’entrer en toute discrétion. Ne restant pas plus longtemps, il salua Lorenz et se dirigea, en silence vers Tomingorllo, la voix délicat traînant après lui…
Les rêves sont le combustible qui alimente le feu du désir
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