Une nouvelle matinée, plus paisible que la précédente ce dont il était reconnaissant. Sa nuit avait certes était courte et confuse, emplie de rêves étranges apportés par le feu, mais il se sentait reposé, d'attaque et prêt à faire face à ce qui risquait de l'attendre au delà de la porte de sa demeure du sanctuaire du feu. Car malgré la mésaventure avec Lorenz, il n'avait pas décidé de déménager dans ses appartements de gardien, au sommet de la flèche de Tomingorllo. Il avait ouvert un œil vitreux, étalé sur son lit comme une arapède sur son rocher, et avait eut un mal fou à se dépêtrer de ce qui était les draps, ses vêtements et ses cheveux, manquant trébucher dans son demi sommeil et de finir dans un mur ou un meuble. Mais finalement il était parvenu à se réveiller correctement, à se rafraîchir et à se vêtir, et ce selon les règles à son grand dam mais sous la surveillance d'Aramis qui n'avait pas apprécié de le voir la veille vêtu comme un elfe de basse caste. C'était qu'elle y tenait, à sa dignité ! Par tout les esprits, il semblait qu'il ne puisse même plus choisir ses tenues tout seul vu la signification qu'il devait transmettre. Hélas, il ne pouvait guère y couper de nouveau, et dû donc se plier à un choix rigoureux avant de pouvoir enfin échapper des griffes de la cheftaine de l'air. Il avait à faire, notamment vérifier que les vampires s’acclimatait correctement à l'été presque perpétuel des lieux qui pouvait en dérouter plus d'un, puis vérifier que les demeures des hommes étaient correctement approvisionnées, puis enfin revenir aux milles et une tâches qui constituaient son quotidien au château.

Une visite dans les jardins intérieur lui apprit que certaines plantes avaient besoin de soins attentifs, sans doute un contre coup du changement subtile de ton dans le domaine, et il les confia aux soins d'Eawyn et de ses apprentis chanteurs de la terre, une armée discrète qui saurait sans coup férir rétablir le fragile équilibre des végétaux en question. Lui, hélas, n'y connaissait pas grand chose, et risquait surtout de mettre le feu à l'entièreté du jardin si il décidait de mettre la main à la patte. Il n'était pas prêt à risquer ce genre de catastrophe et les foudres de son frère chanteur qui pouvait être plus terrifiant que Lorenz lui-même lorsqu'éclatait l'une de ses monstrueuses colères. La dernière en date lui avait valut un sommeil magique prolongé pour préserver sa tension cardiaque et l'empêcher d'éclater purement et simplement comme une bulle d'hydrogène. Une fois ce soucis réglé, cependant, il se décida à aller visiter la bibliothèque du feu qui concernait l'histoire ancienne, celle dont les étagères avaient attenté à sa vie quelques jours plutôt et qui avait nécessité qu'il fasse appel à un artisan pour réparer les dégâts malencontreux. L'incident était plus comique qu'autre chose, une fois passé, mais il s'en voulait beaucoup d'avoir manqué incendier des siècles d'histoire simplement parce qu'il ne supportait pas la poussière. Sa propre délicatesse avait tendance à l'irriter parfois, d'autant plus qu'il faisait de gros efforts pour ne pas être aussi frêle et féminin....

On le prenait déjà suffisamment pour une femme comme ça, si en plus il avait les manières qui allaient de pairs s'en était finit de lui. Non qu'il méprisa la gente féminine, il voyait assez Aramis pour savoir que les femmes possédaient une force qu'eux n'auraient jamais. Mais il était difficile à sa dignité de se remettre de la cour empressé de ce jeune elfe... comment s'appelait-il déjà ? Il ne s'en souvenait plis, et qui l'avait prise pour une damoiselle. Au grand amusement de Shaynar d'ailleurs. Évidement, le dragon trouvait ça très drôle... mais lui non ! Et puis tout le monde n'était pas Eliow qu'il se laissa traité avec une telle attention et une telle délicatesse ! Diantre il était un chanteur de feu, mieux encore, le feu incarné ! Ce n'était pas parce qu'il était précieux qu'il ne pouvait pas se mettre en colère comme n'importe qui. Oui... bon, il ne se mettait jamais en colère, Aramis disait d'ailleurs qu'à force d'avoir autant de patience il allait égaler le Dracos Honoris, mais tout de même, il en était capable... enfin il le supposait. Quelles extrêmes pourraient enfin le faire flamber comme un feu de forêt, il l'ignorait, sans doute la présence de ce vieux brise rêves d'Eliwyr qu'il rêvait de pousser tête la première dans le puits flamboyant de son sanctuaire pour le regarder rôtir joyeusement.... Oui sans doute.  Mais en l'état il ne pouvait guère penser à cela. Et d'ailleurs il n'avait pas réellement l'intention de se mettre en colère d'un jour à l'autre, il préférait volontiers le calme si il le pouvait.

Et justement, son bureau était tout ce qu'il y avait de plus calme, de plus paisible. Il achevait une missive expresse vers Aldaria, n'ayant pas vu passer la matinée, lorsque la cheftaine de l'air vint le trouver pour lui annoncer que la princesse Esmelda désirait le voir. Déposant sa plume, surpris de cette demande, il se leva en hâte et suivit son ancien professeur au travers des couloirs illuminés vers le lieu où séjournait la princesse en cette matinée. Une fois à destination il vint s'incliner brièvement, plus par politesse que soucis du protocole, et lui dédia un large sourire rayonnant. « Princesse, l'on m'a dit que vous vouliez me voir ? Que puis-je pour vous ? »

Entrant dans le petit salon, il s'avança jusqu'à elle sans hésiter. Ils étaient seuls, sa compagne chanteuse étant repartit dès que le Gardien n'avait plus eut besoin de son guide. La princesse humaine était, héla, passée au second plan de ses préoccupations lors de l'organisation de la vie au domaine pour les délégations, au vu du travail de titan que cela représentait et de la grossesse de Galadrielle qu'il surveillait comme le lait sur le feu pour éviter les complications inhérentes à la mise au monde de deux enfants à un si grand âge. Encore qu'il avait de la chance qu'il s'agissait de l'impératrice, qui était encore relativement résistante, et pas de l'ancienne gardienne et de ses presque mille ans... Cauchemar quand tu nous tiens. Cependant, il avait enfin l'occasion de souffler un peu, et c'était donc avec plaisir qu'il répondait à son appel. Pas de vampires, pas de délégations, juste une jeune femme ayant apparemment besoin de son aide. Et il serait ravis de la lui donner si il pouvait effectivement faire quelque chose pour elle.... mais il ne pouvait guère savoir à l'avance ce qui se passerait.

« Oh il s'agit moins de convenance que d'un confort personnel à vrai dire, je commençais à étouffer là-haut. Je vous en prie votre demande est un plaisir. Vous ne me dérangiez absolument pas »

Il n'allait très certainement pas la blâmer de le sortir de ses multiples pièges pour un moment paisible. Bien au contraire il lui aurait volontiers offert des fleurs. Il la regarda se déplacer jusqu'au meuble des spiritueux, mais ne la retint pas quant bien même il ne buvait guère, et encore moins de vin. Il avait tendance à ne pas aller de pairs avec la chaleur.

« Il m'était naturel de vous accueillir, tout individu est le bienvenu ici, et vous plus encore. Il est bien rare pour nous de recevoir une visite si distingué, et si avide de connaissances. Quoi que nous avons dû être passablement lointain à vos yeux, occupés comme nous l'étions »

Il ne pouvait pas imaginer plus mauvais moment pour habiter le château, c'était bien vrai. Cela le gênait quelque peu, mais comme il venait de le dire, l'accès était libre à tous, il ne se serait certainement pas vu refuser d'accueillir les deux dames et leur suite... quoi que celle-ci soit parfois fort bruyante et dérangeante. Le sanctuaire était après tout un lieu de paix...
Il prit le verre qu'on lui tendait, et la remercia d'un signe de tête tandis qu'elle s'installait à son tour.

« Je ne considère point que vous parliez pour rien, Princesse, et si parle peut vous aider c'est avec plaisir que j'écoute car c'est là autant un rôle qu'une vocation » Qu'il s'agisse de parler de politique, des délégations ou encore de ses tourments comme elle le disait, il était autant là pour elle que pour quiconque, qu'il soit riche ou pauvre, prince ou mendiant. Et ce qu'elle pouvait considérer comme du blabla de femme était peut-être révélateur de quelque chose d'autrement important, que pouvait-elle en savoir ? L'on avait pas plus mauvais juge que soit-même. Oh bien sûr, il n'était pas le meilleur des juges non plus, mais tout de même....

Avec une attention polie, il l'écouta sans dire un mot, conscient de la difficulté qu'elle avait là à se livrer. Et ce qu'elle lui confiait lui tirait un maigre et triste sourire. Ah oui... la grande question. Autrement plus compliqué que de la politique malgré tout ce qu'on pouvait dire. Elle voulait être mère, évidement, c'était naturel du moins à ses yeux pour une femme de vouloir un enfant. Chez les elfes la naissance d'un nouvel être était une célébration absolument magnifique tant l’événement était rare. Être père ou mère était le plus immense des honneurs, et tous y aspiraient bien entendu, enfin presque tous, il doutait un peu de cette affirmation au sujet de Lyroë... Mais il comprenait bien entendu ce qu'elle pouvait ressentir. Évidement il ne se sentait absolument pas de fibre paternel lui-même, mais au fond... oui, il pensait réellement la comprendre. Et il tenait d'autant plus à essayer de l'aider. Essayer ! Il ne pouvait guère offrir plus en l'instant car la question qu'elle posait sans vraiment le faire était... oui, elle était vraiment unique en son genre, si l'amour de la princesse lui ne l'était pas.

« Folle ? Non vous n'êtes pas folle, Princesse. Désillusionnée ou perdue seraient peut-être de meilleurs mots. Je comprend tout à fait, que vous puissiez croire n'avoir aucune chance. Mais comme vous l'avez vous-même affirmé et rappelé, la magie, don des esprits, nous permet déjà de produire des miracles. Nous étudions l'art de la guérison sous toutes ses formes depuis déjà des éons, toutes les découvertes que nous avons faites ne représentes pourtant qu'une infime partie de ce dont nous pouvons être capables. Non, votre rêve n'est pas impossible, bien loin de là. C'est une aspiration merveilleuse, et si je ne puis affirmer que je possède, là tout de suite, une solution, je peux en revanche vous promettre d'y travailler. Mes pairs sont les plus grands guérisseurs de ce continent, à nous tous, nous devrions être capable de trouver un moyen » Il reposa son verre sur la table basse de bois chaud, et l'observa de nouveau, avec grand sérieux « Kylian est-il au courant de votre désir ? Qu'en a-t'il dit exactement?»

Bien sûr qu'il s'inquiétait, c'était dans sa nature de s'inquiéter à foison et pour tout le monde ou presque même si il n'en montrerait rien. Les angoisses, il les côtoyait nuit et jour, en permanence, et pas seulement les siennes mais celles de ceux autour de lui, sensible comme il l'était, tendu vers l'extérieur, il ne pouvait que craindre et absorber la crainte, la vivre en leurs compagnies... Il savait cependant qu'il avait choisit cet état, cela faisait partie de son devoir et de sa condition. Alors oui il s'inquiétait, de petites et de grandes choses, cela ne changerait jamais, quand bien même il le voudrait. Et elle ? Elle était pleine de tout les sentiments qu'il cherchait à effacer, sans y parvenir à tout les coups. Qu'est-ce qui la désillusionnait ? Il ne pouvait que conjecturer là dessus, il ne pouvait qu'essayer d'imaginer de quoi il retournait. Les sujets n'étaient si nombreux dans un contexte de vie tel que le leurs... ils étaient même relativement réduits.

« Inattendu certes, mais non malvenue. En de tels instants les souhaits tels que le vôtre renforcent ma foi en l'avenir » Et ce n'était que la pure vérité. Si des individus comme la princesse étaient encore capables de penser à l'avenir, étaient encore capable de souhaiter des choses aussi bénéfiques sans arrières pensées alors peut-être que tout n'était pas perdu. Peut-être qu'ils pourraient reconstruire le monde, et un monde bien meilleurs que celui qui tombait en morceaux autours d'eux. Oui, après tout... peut-être qu'au travers de couples tels que celui-là, ils pourraient bâtir une seule, grande nation, qui ne serait plus régie par la race mais par un sentiment d'unité. Mais voilà qu'il extrapolait de nouveau, et si il s'ouvrait à ce genre de sentiments, il allait très certainement être prit pour un fou et la faire fuir à toutes jambes.... ce serait une bien mauvaise chose alors que c'était elle qui l'avait fait appelé.

« Votre aide sera la bienvenue. Nous serions ravis que vous ajoutiez vos idées aux nôtres, et ainsi si nous parvenons effectivement à trouver une solution cette victoire sera autant la vôtre que la nôtre. N'est-il pas toujours plus doux de pouvoir se charger soit-même de sa destinée ? » Et d'ailleurs en parlant de ça, la mention de Kylian Wallam eut un effet détonnant sur la jeune humaine qui lui tira un sourire. Elle s'inquiétait pour lui, naturel quand on savait ce que les Alayiens faisaient aux vampires, et ce que les vampires faisaient aux traîtres, et histoire de compliquer les choses le renégat conjuguait les deux. Il aimait définitivement la difficulté dans tout les aspects de sa vie. Et tout comme le vampire avait semblé chercher frénétiquement le pourquoi du comment il connaissait ses secrets, la princesse elle aussi semblait tenter de comprendre comment il avait bien put être mit dans la confidence....

Il l'observa un moment, lui laissant le temps de se remettre du choc et répondre. Il n'allait pas la faire angoisser pour le restant de ses jours, il n'était pas aussi cruel. « Personne ne m'a parlé de Kylian, je l'ai rencontré voilà quelques mois, puis il y a quelques jours. Même sans cela cependant, il est dans mes capacités de connaître votre histoire et ses composants. Je sais donc qu'il est votre bien aimé, et celui dont vous aimeriez avoir un descendant » Un enfant né d'amour, élevé dans l'amour et dans le respect de celui-ci. Que pouvait-on demander de plus que cela ? Pas grand chose en fait. C'était l'idéal et un tel couple, si dévoué, ne devrait pas être dénié le droit d'être parents.

De nouveau il l'écouta, avec l'envie de pouvoir réellement lui assurer une solution, mais se refusant à mentir, même pour le confort de quelqu'un. Kylian était dévoué, et ferait sans doute un bon père, avec le temps, quand à la princesse, il n'avait guère de doutes. En réalité il s'inquiétait moins pour eux que pour Galadrielle et Eliwyr, les deux aînés ayant tout sauf l'habitude et la capacité d'adaptabilité nécessaire à l'éducation d'un enfant. « Non, ça n'a rien d'égoïste. Vous vous angoissez pour votre peuple chaque jour de votre vie, et l'on vous a toujours apprit à faire passer le bien de la masse avant le votre. Mais vous avez également droit au bonheur, et vous avez le droit de vous asseoir et de penser un peu à vous. C'est également la marque d'un courage et d'une sagesse d'une autre sorte, que de pouvoir réclamer une fois quelque chose qui ne concerne que votre personne, la Esmelda qui n'est pas princesse mais personne »

Il s'avança légèrement pour l'observé avec intensité « Ce que je sais, Esmelda, c'est que le rôle n'est pas définit par la naissance comme dans votre cas, ou par un seul choix comme dans le sien. Ce que je sais... ce que notre monde pourrait bien être en train de périr pour en voir un nouveau naître, au travers d'individus comme vous et comme votre aimé. Ne vous interdisez rien, princesse... surtout pas pour des différences. Ce qui semble être un désir personnel, pourrait bien être le début d'une belle et grande histoire » Il se tut un instant « Il n'est pas venu vous voir ? J'aurais pourtant juré qu'il le ferais dès son arrivée.... »

Elle avait tout à fait raison, et il était lui même admiratif de la sagesse qu'elle démontrait alors qu'elle était encore bien jeune, même pour une humaine. Comme quoi, on lui donnait encore raison, la sagesse n'attend pas souvent le nombre des années. Lui aussi espérait que leurs enfants, à eux tous, aient une meilleurs vie que la leurs, une vie sans guerre, sans mort... une vie paisible où ils vivraient en toute intelligence avec les autres races. Une vie où ils auraient apprit des erreurs de leurs précédents et accepteraient de nouvelles visions du monde. Utopie ? Certainement. Mais l'Utopie avait toujours été, et serait toujours, une réalité en puissance. Et la princesse un acteur potentiel de sa réalisation. Elle était curieuse, avait un grand potentiel de magie... somme toute elle avait toutes les qualités requises pour devenir une grande guérisseuse, peut-être même une Baptistrelle, bien qu'il s'agisse là d'un choix bien plus lourd en conséquences. « Nous vous conterons parmi nous avec plaisir. Vous pourriez apprendre des nôtres, nos leçons sont libres d'accès à tous, et votre œil neuf sur la question sera des plus intéressant » C'était après tout tout à fait exacte, ils avaient un point de vue tellement impliqué, mais tellement théorique, à force d'oeuvrer, qu'ils étaient promptes, parfois, à laisser passer des hypothèses qui pourraient peut-être conduire à une découverte majeur. Peut-être devraient-ils même penser à demander de l'aide au dragon blanc... après tout, les découvertes majeurs en terme de magie étaient leurs mot d'ordre non ? Autant mettre toutes les chances de leurs cotés.

Il eut un doux sourire sous ses compliments « Venir en aide aux autres est ma vocation depuis ma plus tendre enfance, le fardeau que je porte, je le porte avec joie et plénitude car il me permet de soulager autant l'âme que le corps » Bien sûr, cela pouvait sembler infiniment lourd parfois, même à ses yeux. Parfois, la défaite menaçait de le faire abandonner, mais il se souvenait alors de tout ceux qu'il avait put guérir, de tout ce que ses dons lui avait apportés, et il reprenait courage. C'était grâce à lui qu'il avait put espionner les secrets de Lorenz Wintel, qu'il avait put aider et soutenir Eliow, qu'il avait soigné Shaynar lorsqu'il s'était brûlé les yeux.. C'était grâce à ses capacités qu'il avait guérit nombre de soldats et de paysans humains, qu'il avait prêché contre le Néant de tout son cœur, sachant exactement où et comment parler pour ramener les humains dans le droit chemin. Grâce à lui encore qu'il était capable de défaire les liens d'une malédiction ancienne, ou offrir une seconde jeunesse à un vieux guerrier dont la raison de vivre disparaissait avec sa capacité à combattre. Tout cela, il le devait à ses dons, alors porter le poids du désespoir des autres n'était pas cher payé quand on savait quelle satisfaction il avait en retour, à pouvoir leurs venir en aide. Car c'était là tout ce qu'il désirait, leurs venir en aide à tous....

Nouveau sourire en la voyant rougir. Oui c'était effectivement le cas. Il ne fit cependant pas de commentaires. « Vous savez... » Elle était réellement franche, c'était un vrai plaisir que de la voir se livrer ainsi. Et il se rendait compte qu'il avait bien plus que de l’empathie pour elle, mais qu'il se distinguait vraiment dans son histoire « J'ai été dans un cas très similaire au vôtre, à la seule différence que même si je le voulais je serais totalement incapable d'avoir un enfant vampire ou non » Un rire chaud lui échappa, qui dissimula le serrement de cœur qui l'étreignait « Mais je comprend plus que de raison ce que vous ressentez, Princesse, et je ferais tout ce que je peux pour que vous puissiez obtenir ce bonheur que vous méritez. Pour que vous puissiez affirmer à la personne que vous aimez qu'il pourra être père » Il avait déjà des pistes à suivre, des individus à interroger.... Il aurait largement de quoi débuter des recherches. « Au cours des siècles après le départ des dragons l'usage de la magie s'est beaucoup abâtardi, nous avons perdus des monceaux de connaissances sans pouvoir rien y faire. Une partie siège ici, mais il en est beaucoup qui ont tout simplement cessé d'être. La maîtrise des anciens et leurs connaissances ont certainement put répondre à un début de nos questions, tout ce qu'il nous reste à faire c'est à retrouver tout cela.... Il existe encore en ce monde des créatures provenant de cette époque, et les ouvrages, si nous les retrouvons. Ce serait un bon début »

Il avait beau être un elfe, et pourtant le protocole n'avait jamais vraiment réussit à s'imprimer dans son esprit. Lors même que les siens en étaient férus et friands, qu'ils se complaisaient dans les conditions et les ronds de jambes, lui avait toujours été d'une simplicité navrante pour son entourage. De bonne naissance mais pas noble, d'une famille bien sous tout rapport, et constant en son effort de travail si il n'était pas un génie, le jeune Gardien avait obtenu l'apprentissage auprès d'un des maîtres de guérisons, Heiles, qui l'avait éduqué des années durant, et qu'il admirait toujours malgré l'éloignement et le caduc de sa formation. De fil en aiguille il était devenu Enwr, puis Baptistrel et sa tendance naturelle à l'anticonformisme n'avait fait que croître jusqu'à ce point final, le couronnement en temps que Gardien, certes intérimaire mais tout de même. Statut équivalent à celui de souverain, il n'avait à présent que faire de la parade... quand à juger les autres, il était de notoriété publique que son ouverture d'esprit et son attention l'entraînaient à ne jamais mésestimer qui que se soit. Quant bien même il l'aurait fait, il ne se vexait jamais d'être détrompé, ce qui le confortait encore en ses positions.

Il ne connaissait pas suffisamment Esmelda pour critiquer sa vie ou ses choix, son comportement... Bien entendu, il était au fait du plus petit détail de sa vie jusqu'à l'instant présent, y comprit la couleur de ses dessous, mais ce n'était pas une véritable connaissance, en ce sens qu'elles étaient vides de contact social, réel, physique. De discussions entre eux, par exemple, comme en cet instant. Elle était une terre vierge, une nouvelle personne à côtoyer et découvrir, avec ses qualités et défauts, ses idées, ses rêves, ses travers, avec sa façon d'être et d'agir... une jeune femme, son équivalent humain, en terme de croissance et de maturité mentale, car il n'était encore guère qu'un jeune adulte pour son peuple malgré l'immense auréole de gloire que son titre apportait bien malgré ses propres désirs. Et peut-être autant en cela qu'en leurs traits communs.

« Oh vos questions ne nous gênes absolument pas ! Nous adorons répondre aux questions. Mais c'est votre droit le plus naturel que de participer de ce qui vous concerne. Et vous avez raison, il n'y a pas d'âge pour apprendre, moi-même suis encore en formation, le poste de Gardien ne m'est alloué qu'en raison de la disparition de celle qui le portait auparavant. De fait, m'ayant désigné comme son successeur, je me dois de me former à certaines disciplines que j'avais dédaignées jusque là » Il eut eut pauvre sourire « C'est idiot mais la politique m'horripile, je me trouve bien le moins bon candidat à la tête de mon ordre »

La voyant s'approcher et se pencher, il fut un instant angoissé, n'ayant pas envie de lui faire de mal sans le vouloir. Mais il se souvint bien vite qu'il portait des atours parfaitement ignifugés, don de la communauté des chanteurs, et que les risques de voir la jeune femme se brûler au dernier degrés étaient quasi nuls. Un soulagement sans fin. Blesser quelqu'un serait une véritable torture pour lui, même si il s'agissait de Lorenz Wintel lui-même. Lui souriant avec douceur, il opina du chef, parfaitement charmé par cette description qui convenait si bien. « Je vous en suit reconnaissant. Je donnerais toutes les breloques précieuses d'Armanda pour un instant passé auprès de ceux qui me sont chers... Je gage qu'il en va de même pour vous » Réellement, la princesse avait tout les atouts pour devenir Baptistrelle. Sa compassion était un bienfait, son empathie aussi surprenante qu'admirable enchantait, et sa volonté, à la fois d'apprendre et de tisser sa propre histoire, tout en gardant à cœur l'intérêt de son peuple et de sa famille, étaient autant de joyaux qui l'ornaient et qu'aucun diamant, fusse de pureté, n'aurait put égaler. Si l'honneur d'une telle rencontre revenait à quelqu'un, c'était à lui, d'échanger et de former, une jeune personne telle qu'Esmelda Kohan, qui ferait une impératrice superbe. Et quand elle parlait de Kylian ? Elle rayonnait véritablement, de cette beauté que seules possèdent les femmes amoureuses et sincères, et qui fait passé même la plus laide pour une véritable enchanteresse.

« Je le crois en effet, et je suis certain qu'avec des hérauts tels que vous ces barrières se lèverons » Il prit une gorgée de sa coupe, puis reprit, souriant toujours « Oui ! Certains des plus anciens elfes ont vu les derniers jours des dragons, à l'ère d'antan... même si ils étaient alors des enfants, ils doivent certainement se souvenir de certaines choses. Mais je ne me limiterais pas aux elfes. Cette entrevue qui réunit nos races, c'est une occasion en or. Plusieurs des vampires millénaires sont également là, ainsi que les dragons à la mémoire ancestrale. C'est un trésor à exploiter, il ne faut surtout pas passer à coté ! » Il joignit les mains « J'espère sincèrement que la véritable gardienne reviendra prochainement. Elle est liée à la terre, savez-vous ? Et comme moi, elle a accomplit le rituel d'unification. Sans aucun doute, la mémoire de la terre doit également contenir des indices qui pourraient être utiles. Mieux vaut ne négliger aucune option ! »

Née princesse et sœur de l'empereur, il n'avait aucun mal à imaginer qu'elle ait bien plus d'expérience dans le domaine de la politique que lui qui ne s'y était essayé que très récemment, une fois son institution en temps que Gardien achevée.  Sans aucun doute avait elle l'habitude des chemins tortueux de la politique, alors même que lui ne bénéficiait, à son avantage, que de ses pouvoirs sur la vérité, et sa capacité à user des mots comme bon lui semblait. Ce fut donc avec grande attention, et grand plaisir, qu'il écouta ses conseils, car rien ne valait l'enseignement d'une personne comprenant si parfaitement son point de vue. C'était flatteur, de savoir qu'elle l'estimait tant, mais ne savait guère si c'était mérité de sa part...  Galadrielle était une fantastique impératrice, Llyiah était également une Gardienne éclairée. Lui ? Il était encore si jeune et n'avait aucune prédisposition à ce genre de choses, il était un guérisseur avant tout, un serviteur, qui souhaitait venir en aide à tout un chacun, pas un seigneur siégeant en son château, attendant que d'autres fassent le travail qui lui revenait de droit, qui était son devoir autant qu'un réel plaisir. Il hocha la tête, souriant. « Ce sont de sages paroles. Je vous remercie, je pense que j'appliquerais vos conseils » Le contraire serait bien mal remercier cette douce jeune femme, qui avait de surcroît la prépondérance sur le sujet. Certes, il serait toujours seul devant ses décisions, du moins, Shaynar serait là, qui partageait son esprit en permanence, mais il se fichait un peu ( voir beaucoup ) de la politique. Quand aux autres, Aramis avait déjà fort à faire avec le conseil, Rheryn était toujours fourré à Gloria et il était hors de question que Eawyn lui serve d'aide, il risquait plus de tout faire sauter dans un moment d'énervement. Les négociations de la trêve seraient certainement un test à sa capacité de commandement, puisqu'il devrait se montrer intransigeant dans son rôle d'arbitre. Si il parvenait à contenir les trois délégations sans qu'il n'y ai de meurtre ou de rixe, sans doute serait-il capable de contrôler n'importe quoi, car après tout l'on voyait rarement pareil rassemblement et pareil tension... c'était la le pire et le meilleur d'un rassemblement des trois peuples et de leurs sommités.

La suite cependant était tout aussi importante, et il était ravis qu'elle soit de son avis. Même les vampires et les dragons aimaient, alors pourquoi interdire leurs bonheurs ? Ce qu'ils recherchaient était bon pour tous, qu'ils soient humains, elfes, vampires, dragons, ou peut-être autre chose.... Il ne fallait écarter personne de leurs recherches. Et plus il y aurait de pistes plus il y aurait de chance de parvenir à trouver une piste. « Tout à fait, tout le monde a droit à ces joies » Hochant doucement la tête il sourit « Oui j'ai plusieurs idées déjà, j'ai assez longuement étudier les vampires pour savoir qu'ils ne sont pas si différent de nous, humains ou elfes, aussi je pense sans trop me tromper que nous pourrions les traiter comme tels... enfin il faudrait que je vous explique en détail, ce que je ferais avec plaisir dès que j'aurais pu discuter avec mes pairs de l'eau. Ils sont spécialisés en guérison en tout genre et il me faut un avis sur la question. Si vous le désirez accompagnez moi lorsque j'irais et ainsi je vous exposerait au calme les pistes que je souhaite suivre. Je ne voudrais pas être interrompu, hors en pleine journée je crains hélas que cela n'arrive trop souvent. Vous ne m'embettez nullement, bien au contraire si je m'écoutais je me mettrais au travail tout de suite pour dresser mes hypothèses, Si vous le désirez, je vous conseille les bibliothèques de l'eau et de la terre, au rez de chaussé et troisième étage respectivement, mes pairs baptistrels qui ne sont pas occupés pourrons aussi sans aucun doute débuter les recherches. Et.... enfin il y a deux dragons ancestraux sur le domaine, peut-être serait-ce une bonne idée de bénéficier de leurs mémoires »

Même dans un lieu de paix, il préférait éviter qu'elle n'aille se fourrer chez les vampires comme cela. En revanche elle l'étonna au sujet de la question. Il adorait répondre aux questions évidement mais de quoi pouvait-il s'agir ? « Je vous en prie, faites » Attentif, et d'autant plus qu'il était curieux, il écouta sans mot dire. Un peu gêné, il regarda un instant les coupes, remplies d'un liquide aussi sombre que le sang. « Vous savez... je ne considère nullement le vampirisme comme une malédiction. De mon point de vue il s'agit simplement d'une seconde existence, peut-être parfois une seconde chance. Et après tout, la nature même a acceptée cette nouvelle race, n'est-ce pas là la preuve qu'elle n'a rien de maléfique et honteux ? Mais pour répondre à votre question, je pense qu'une malédiction peut-être brisée, mais je n'ai absolument aucune preuve hélas. Si vraiment c'est possible alors il faudrait un pouvoir aussi puissant que celui d'un dragon pour y parvenir... ou même bien davantage. Et à quel prix ? Le vampirisme fait partie d'eux, partie de lui. Même si il venait à redevenir humain... il y a de fortes chances que son être en soit altéré. L'entièreté d'un être ne peut être ainsi bafoué sans conséquences, c'est la première règle que l'on nous enseigne. Lorsque j'ai fais rajeunir un homme de dix ans, j'ai dû retirer dix ans à sa longévité pour compensé et lui éviter de perdre tout ce que son esprit avait conçu durant ce laps de temps. Et ce n'était que dix petites années... alors un socle aussi fondamentale que la race ? Je ne sais ce qui se passerais hélas... »  

Il semblait bien que la princesse partageait nombre de ses idées, de ses façons de voir les choses. C'était étrange, de voir soudain quelqu'un qui semblait si proche de lui, alors que tout le reste les séparaient, elle la princesse humaine, lui le guérisseur elfique... Mais c'était parce que des idéaux semblables pouvaient naître d'un bout à l'autre du continent que cette découverte l'émerveillait plus que tout le reste. Il n'était pas aussi seul qu'il l'avait pensé, et cette simple constatation lui offrait une immense joie, aussi humble soit-elle... il l'aurait presque étreint tellement il était reconnaissant, mais n'en était pas encore à fouler au pied la moindre dignité, fut-elle humaine. Aussi se contenta-il d'un sourire rayonnant, à en éclairer la pièce. Si la princesse humaine en personne pensait ainsi, elle pourrait sans doute être un fabuleux acteur de l'ouverture face aux vampires... après tout son peuple l'aimait sans compter, l'admirait... bien plus que son frère parfois, il en avait conscience sans être lui-même humain. Oui elle serait une parfaite voix de la tolérance si elle le décidait. Mais ce serait à elle seule de le vouloir, si quiconque la forçait, même sans en avoir conscience, alors cela ne vaudrait plus rien.... la spontanéité du cœur était la meilleur des armes, comme il l'avait très tôt découvert. N'avait-il pas survécu à Lorenz Wintel en personne de cette manière ? Mais mieux valait ne pas s'en vanter... Il n'aimait pas parler de ce qu'il pensait ou savait du prince vampirique, c'était là la discrétion respectueuse qu'il entretenait encore avec lui... Une certaine forme de réciprocité, voulait-il croire bien que ce fut pure folie. Mais c'était là également son droit propre que de se complaire dans la folie, comme on le taxait de le faire... N'empêche, c'était lui qui avait eut droit aux remerciements de Lorenz, deux fois en mois d'une heure, dans la même journée ! C'était du jamais vu jusque là non ? Et pour lui ça avait un prix, même si ledit prince faisait tout pour compenser ça par des menaces... comme si il avait besoin de menaces d'ailleurs, le gardien savait parfaitement à quoi s'attendre avec lui, il n'en revenait pas moins pour autant. Comme il le lui avait signifiait, on gagnait beaucoup à le connaître davantage... d'ailleurs que penserait-il de cela ? Il dirait certainement qu'il n'en avait rien à faire, ou se payerait sa tête... mais au fond, si il avait put avoir un enfant avec Enelya ? Qu'est-ce que cela aurait donné ? Ou bien Ambre dont il était épris à présent même en le niant ! Oh si seulement ça pouvait s'arranger ! Oui il rêvait en grande, mais faire autrement et il n'aurait pas été Merithyn... alors il rêvait. Intérieurement, mais il rêvait, et c'était plaisant... Chacun ses occupations après tout.

Toujours était-il qu'il avait du travail même si il répugnait à abandonner la princesse dans un moment pareil, après une révélation comme celle-là, qui promettait une discussion autrement plus sérieuse avec le premier concerné. Il n'imaginait pas ce que cela donnerait, et d'ailleurs cela devait rester entre Esmelda et Kylian, il n'avait pas à être au fait de ce genre de choses, quant bien même le serait-il de force si il les recroisaient après la fameuse discussion. Ou peut-être ferait il pour une fois abstraction du chant-nom... C'était à voir. En tout cas il lui fallait à présent abandonner Esmelda aux bibliothèques et à ses pairs et retourner affronter ses mille et une obligation... Il eut cependant un sourire à sa proposition. « Et bien si vous ne trouver pas le travail ingrat princesse il faut garnir les maisonnées du sanctuaire du vent où vont séjourner les votre, il y a également la grande salle à préparer, les cuisines et les milles et une fournitures à déplacer ou à aller chercher... Enfin il y a bien assez à faire. Cela semble idiot parfois, tout ces petits détails, mais c'est la majorité du travail, car les négociations en elles mêmes seront simple pour nous autres, si l'on peut dire.... nous ne sommes que des arbitres » Il lui tendit une petite clef dorée « Elle permet l'accès à la tour du Gardien, si vous désirez lire les ouvrages s'y trouvant ou si l'on a besoin d'un document de mon bureau. Je vous souhaite une bonne journée Princesse, sans doute nous reverrons nous ce soir » Il s'inclina de nouveau puis la laissa....