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La lisière Elfique est en place à la frontière du 27 octobre au 27 novembre . L'entrée ou la sortie du Royaume Elfique sont donc compliquées entre ces deux dates.
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L'eau coule sous les ponts [Pv Eliowir]TERMINE

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MessageSujet: L'eau coule sous les ponts [Pv Eliowir]TERMINE L'eau coule sous les ponts [Pv Eliowir]TERMINE Icon_minitimeSam 31 Aoû 2013 - 15:25


Le soleil régnait là comme au cœur d'un été parfumé et odorant des terres de l'Empire, et il s'imaginait avec une extraordinaire précision la scène du passé qui s'imposait à lui à travers cette ambiance si spéciale, si... hors du temps, comme si la main d'une créature cataclysmique avait arraché cette portion de terre au continent pour la placer dans une bulle fermée et préservée des ravages de la guerre. L'on ne sentait absolument pas l'angoisse ou la pression continue de la menace Alayiene en ces lieux... tout était calme, paisible, profondément contemplatif. Comme si rien ni personne ne pouvait troubler ce lieux de plénitude, que rien ne pouvait les atteindre, ici... Peut-être était-ce effectivement le cas, peut-être que rien ni personne ne pouvait effectivement percer les immenses protections des Baptistrels. L'on pensait hélas trop souvent que le pacifisme des chanteurs élémentaires était synonyme d'impuissance, mais il suffisait de tâter des remparts immenses et solides pour comprendre qu'ils ne plaisantaient guère avec la protection du domaine, et qu'ils avaient sans doute les moyens de tenir leurs invités en respect... une surprise amusante, sans aucun doute, surtout lorsqu'on voyait avec quel mépris les autres vampires les traitaient. Quelle serait leurs expression en voyant que les chanteurs n'y allaient pas au flan sur leurs menaces ? Sans doute n'aurait-elle pas de prix effectivement, mais cela signifierait aussi qu'il faudrait rappeler aux contrevenants qu'ils n'étaient pas là pour ce genre de choses. On sentait, en étant attentif, l'observation lointaine des maîtres des lieux qui ne les quittaient jamais vraiment de l'oeil, prêts à agir dès que le besoin s'en ferait sentir. Et justement, il sentait à quelques pas derrière lui la présence d'un des chanteurs, marchant de concert avec lui, comme un garde silencieux.

Le Conteur ne faisait guère attention à lui, le considérant tout au plus comme une partie du paysage. Il n'avait pas l'intention de faire quoi que ce soit de mal en ces lieux, n'en ayant guère le courage d'ailleurs. Si il se promenait, et ce en pleine journée, c'était avant tout pour profiter de la beauté des lieux et de l'ambiance, de l'atmosphère spéciale qui flottait dans l'air. Il avait besoin de calme et d'un lieu isolé afin de pouvoir reprendre quelques forces, car le voyage n'avait pas été tendre pour lui. Il y avait eut, bien entendu, les lieux innombrables à parcourir sur le dos de son destrier et de Silarae, puisqu'il alternait entre les deux, se confiant aux soins de sa liée lorsqu'il se sentait trop faible, portant une grande partie de la malédiction du dragon en raison de la présence de Trissi et de sa blanche compagne. Mais il y avait également eut les accrochages avec les Alayiens, le feu et finalement la fuite éperdue vers le domaine Baptistral qui avait faillit l'achevé. Pourtant il ne pouvait s'en prendre qu'à lui-même, ayant passé une majeur partie de son temps à développer sa capacité de télépathe, et récoltant ainsi une torture de plus.... mais il ne pouvait guère se permettre de ne pas exploiter ce don surprenant et incompréhensible. Cela semblait être un effet secondaire de la malédiction du Double Royal, un effet complètement inattendu d'ailleurs, mais dont il appréciait les vertus, même si cela lui causait une souffrance atroce. Il lui fallait passer au dessus de ça, du moins jusqu'à atteindre sa limite comme il l'avait fait. Et Lorenz qui l'empêchait de discuter avec les Baptistrels.... ça aussi, ça ne l'aidait pas vraiment.

Il avait put, toutefois, s'éloigner un temps, afin de parcourir le domaine, et avait décidé d'aller voir de plus près la fontaine vif-argent. Féru de connaissances, il savait déjà que ces eaux purificatrices avaient la capacité de soigner les maux du corps, et espérait naturellement pouvoir se remettre plus facilement en en buvant une ou deux gorgées. Il fallait toujours essayé non ? Il ne perdait rien après tout, et dans le pire des cas il aurait toujours bénéficié de la tranquillité et de la solitude d'une longue marche solitaire. Le vent jouait dans ses cheveux alors qu'il marchait lentement vers la combe au pieds du Tomingorllo, dans l'étreinte de laquelle se nichait le sanctuaire de l'eau, presque inoccupé et silencieuse en dehors du clapotis de l'eau s'échappant de la roche. La chaleur de l'été éternel du domaine laissa soudain sa place à une fraîcheur agréable et à une légère ombre passagère qui produisait des haubans de lumière dans l'intérieur des arches de pierres. Il s'arrêta près de l'autel de pierre, regarda les coupes posées là : une d'argent simple, une d'or ciselé, une de pierre et une de bois. Il ne mit pas plus d'une seconde à choisir celle de bois, et s'approcha du bassin naturel de la fontaine afin de remplir le réceptacle de la jouvence aqueuse qu'il porta à ses lèvres, laissant le glacé de l'eau envahir son organisme chauffé par le soleil. Un soupire lui échappa. L'eau de vif-argent avait un goût étrange, minéral, mais pas désagréable, empreint de magie. Quoi qu'était ces eaux réellement, elles charriaient la magie comme un composant physique de leurs entièreté et il en était reconnaissant, y puisant un certain réconfort.

Reposant la coupe près de lui, il posa son front contre la pierre à demi humide et ferma les yeux, visualisant l'image qui lui était venu, celle du domaine de Castel-en-brume, son manoir blanc, aux murs piquetés de rosiers d'un pourpre si profond qu'il paraissait presque noir dans le crépuscule, et d'un carmin brillant à l'aube, l'odeur discrète des plantes allié à l'eau coulant d'une roue énorme.... la luminosité, la journée, dans un jardin magnifique et entretenu avec soin. Il s'en souviendrait toujours, quant bien même il n'était plus humain, et aspirait à retrouver cette quiétude. Une quiétude qu'il caressait du doigts en l'instant, dans ce silence léger, entrecoupé du bruit de l'eau, la lumière jouant sur sa chevelure d'or pâle comme un champ d'asphodèle ; très loin de toutes les préoccupations des guerres et des tourments. Il aurait voulut rester là à tout jamais, et dormir oui... dormir de nouveau, rêver à l'inconnu des grandes plaines du sud qu'il avait parcourut. Hélas, il ne pouvait se le permettre. Un spasme de douleur le contracta, il se redressa, et reprit la coupe, jouant un instant avec avant de la longer dans l'eau et de la porter à nouveau à ses lèvres pour plus de soulagement. Pouvait-on se droguer à l'eau de cette fontaine ? Il en doutait, dommage.... Dans le cas contraire ç'aurait été une bonne drogue, sans doute. Mais tant pis.

Il repoussa une mèche venu chatouiller sa joue et constata subitement qu'il n'était plus seul. De longues oreilles lui faisait face, de l'entrée de la combe, et il se leva poliment pour le saluer à la manière elfique. « Bien le bonjour, Messire »



Dernière édition par Achroma Seithvelj le Mer 13 Nov 2013 - 19:53, édité 1 fois
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Eliowir Serillëiel
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MessageSujet: Re: L'eau coule sous les ponts [Pv Eliowir]TERMINE L'eau coule sous les ponts [Pv Eliowir]TERMINE Icon_minitimeSam 31 Aoû 2013 - 22:41

Serein. Il se sentait étrangement serein. Bercé dans une douce quiétude qu'il n'avait pas envie de quitter.

Il sentait le chatoiement du soleil chauffer ses paupières closes. Il sentait une soierie douce caresser sa peau pâle alors nue sous les draps. De douces senteurs fraiches lui enivraient les sens, le changeant de l'odeur âcre du sang et de l'infection qui l'avait tant immergé jusque-là. Douleur semblait même avoir disparu ou s'être du moins nettement diminuée. Faiblesse réclamait toujours son dû, mais il se sentait bien. Oui, bien, ainsi nimbé de bien-être comme jamais il ne l'avait été depuis longtemps. Il avait envie de s'y laisser couler.

Malheureusement, il sentait sa conscience sortir peu à peu des limbes des songes qui l'avaient tour à tour tourmenté et bercé. Il n'osait ouvrir les yeux de peur de se retrouver confronté à une sombre réalité et que toutes ces rassurantes sensations ne s'évaporent comme neige au soleil. Ces songes torturés le hantaient encore, et il n'osait faire le tri entre ce qui pouvait être souvenir ou ce qui n'était que cauchemar. Il préférait pour l'instant se concentrer sur ce qu'il sentait, ressentait... et se laisser enivrer quelques secondes encore.

Quelques secondes qui suffirent pour que, malheureusement, la réalité reprenne pleinement ses droits et ne s'impose d'office à son esprit épuisé. Il eut toutefois l'agréable surprise de conserver les sensations qui l'avaient éveillé. Le soleil n'était pas voilé. La douceur de la soie n'était pas devenue rêche. Et les effluves florales dominaient toujours ses sens. Non il n'était pas mort, son cœur semblant toujours battre de son rythme régulier même si fatigué. Non, il n'avait pas succombé, quand bien même il l'aurait réclamé de tout son être. Ses muscles endoloris criaient miséricorde et son corps faible pleurait encore la perte de sa magie, mais il était vivant, preuve déjà que sa magie ne l'avait pas totalement abandonné. D'ailleurs était-ce lui ou la sentait-il bien palpiter un peu plus fort déjà en lui ? Enfin, il se réveillait au monde.

Peu à peu, alors que ses yeux s'ouvraient et que la lumière du plein jour l'éblouissait, les souvenirs revinrent eux aussi. Il se souvint alors être arrivé hier en bien piètre état au pays elfique, au royaume des Baptistrels plus exactement, en sinistre compagnie, et avoir ensuite rapidement perdu connaissance alors que ses ravisseurs le livraient aux siens. Toute la journée de la veille n'avait été que vagues réveils douloureux, entrecoupés de moments d'inconscience. Il avait eu vaguement conscience qu'on le transportait, plus ou moins délicatement, qu'on le déshabillait, le lavait et le soignait, mais tout n'était que brumes éthérées. Il se souvenait du visage de son soigneur, il se souvenait aussi avoir parlé à une ou deux autres personnes par moment, mais tout restait un peu flou pour lui encore.

Plus les souvenirs affluaient, et plus un relent de honte et de dégoût le submergeait. Déjà l'idée de revenir au pays avait été une appréhension sans nom, mais il devait avouer qu'il n'avait pas du tout imaginé arriver ainsi. Pas en si funeste état et en si piteux accoutrement. Il avait honte oui. Plus même. Et soudain une autre peur le frappa de plein fouet. Et si... Il ne se souvenait pas que cela ait eu lieu mais et si... et pour mieux vérifier ses craintes, il se redressa d'un coup sur son séant, les draps retombant sur ses genoux dévoilant son torse balafré, tandis que ses mains se portaient vivement à son cou. Le palpant rapidement pour s'assurer qu'aucune blessure anormale ne s'y présentait. Aucune morsure. Non, aucune morsure... Dracos soit loué, il n'avait effectivement pas été mordu.

Soufflant de soulagement, il se laissa de nouveau choir sur le dos, fixant le plafond qui lui faisait face et prenant enfin le temps d'observer la chambre dans laquelle il se trouvait. Une chambre qu'il ne connaissait pas. Une chambre d'elfes. Belle chambre, assez grande, sobre mais accueillante et chaleureuse. Une chambre comme il n'en avait pas eu depuis... depuis cent vint-huit ans. Cette simple pensée, qui lui fit alors réalisé qu'il était rentré au pays, même si pas encore vraiment officiellement, lui fit monter les larmes aux yeux, sans qu'il ne parvienne à les retenir. Sans qu'il n'ait vraiment envie de les retenir pour tout dire. Combien de temps sa vieille douleur s'épancha-t-elle ainsi ? Il n'aurait su dire. Si ce n'est que le soleil avait continué sa course. Peut-être devrait-il se lever un peu ?

Il ne savait pas s'il était consigné dans cette chambre, mais personne n'était venu le voir depuis qu'il était réveillé. Et il se souvenait vaguement du baptistrel réclamant sa libération et donnant liberté de circulation aux prisonniers. Il n'était certes plus prisonnier, et surtout était encore un banni, mais... Mais il sentait un irrépressible besoin de sortir, de voir le dehors, de voir son pays.

Non, pas vraiment son pays... mais qu'importe. C'était au moins la forêt de son pays, qui, lui, non loin, l'attendait peut-être... Plus encore il ressentait l'irrémédiable besoin d'aller les voir, eux, sa famille, sa femme, son fils... mais ce n'était sûrement pas possible. Interdit encore. Permis plus tard peut-être ? Il l'espérait. De tout cœur. Mais à défaut de pouvoir les voir, peut-être pourrait-il apercevoir la forêt, même si ce n'était que le domaine baptistral.... Cette idée lui donna alors la force de se lever. Lentement. Mais sûrement. Il se sentait fatigué, éprouvé, son vieil âge se faisant pleinement sentir à cet instant, après ces épreuves. Mais la douleur physique n'était quasiment plus. Sa plaie à la cuisse était propre, presque plus douloureuse, et surtout refermée, presque cicatrisée. IL remua la jambe précautionneusement et eut la joie de voir la plaie ne pas se rouvrir. Magnifique magie que celle des baptistrels ne put-il s'empêcher de penser.

Il se leva alors doucement, et s'enquit de quoi se revêtir. Il grimaça brièvement quand il aperçut ses vieilles guenilles, trouées par les diverses blessures qu'on lui avait infligées et encore tachées par endroit de son sang et de terre. Visiblement pas d'autres vêtements. Mais après tout, qu'on le soigne et lui offre une chambre étaient déjà beaucoup pour un banni tel que lui. Il ne fallait pas qu'il escompte qu'on lui offre en plus de quoi se vêtir. Chanceux il serait si déjà on lui offrait de quoi se nourrir. Il mourrait de faim d'ailleurs, en y pensant. Mais la faim du corps devrait attendre. La faim du cœur criait son dû plus encore...

C'est ainsi, que doucement, il sortit. Circonspect, scrutant les alentours, et trouvant la sortie à force de déduction. Il sentit quelques regards se tourner sur son passage, mais il préféra les ignorer, ne souhaitant pas créer de quelconque conflit. Peut-être n'aurait-il pas dû sortir de sa chambre ? Mais l'appel avait été plus fort que lui... Plus fort que toute raison, maudit soit-il. Il se fit donc le plus discret et parvint finalement dehors. Il huma l'air profondément, alors qu'il était tout juste sur le seuil du château dans lequel il était logé. Il ferma les yeux, s'enivrant des sensations, avant de finalement reprendre le chemin. Et dégager le passage avant qu'on ne le lui demande plus vertement. Il choisit finalement un sentier qui semblait peu usité, et arriva dans une combe magnifique. Il resta un instant interdit près des arcades de pierres, observant avec fascination la fontaine d'eau qui s'y trouvait au centre, quand une voie le sortit de sa contemplation.

« Bien le bonjour, Messire »

Il sursauta presque quand il réalisa qui se trouvait en face de lui. Vampire, cria presque son esprit, tandis que ses pupilles se dilataient soudain d'appréhension et que son cœur battait de nouveau chamade. Avant qu'il ne se rappelle qu'une clause de non agression avait été exigée en échange de la présence de ces créatures ici.

Eliowir garda toutefois un instant le silence, plutôt surpris, agréablement surpris, du salut que lui offrit le vampire en face de lui. Magnifique vampire, à l'aura charismatique, puissante et vibrante, s'il devait être honnête. Enfin, se sortant de sa léthargie, il salua à son tour à la manière elfique.

- Messire. Je ne voulais pas vous déranger., fit-il, d'une voix qui montrait clairement un certain scepticisme.

Son premier mouvement aurait été soit de partir, soit de s'indigner de la présence du vampire dans ce qu'il pensait reconnaitre comme étant une sorte de sanctuaire. Mais, fatigue aidant sans doute, et peut-être aussi les bonnes manières de la créature ainsi que son apparence calme, il ne se sentait pas la force de créer un conflit. Il hésita un instant, puis estimant qu'il était autant dans son bon droit que le vampire d'être là, il décida finalement de rester.

- C'est un lieu magnifique, fit-il simplement alors que ses pas amenuisaient la distance entre eux.

Il ne put s'empêcher toutefois de se draper dans ce qui lui restait d'arrogance, tentant de faire fi du fait que guenilles étaient ses seuls atours du jour, et s'avança de son pas altier et nonchalant, de ce pas qu'il avait si bien usé du temps où il était un noble et un conseiller.

Il s'avança jusqu'au bassin, quittant l'autre des yeux, pour mieux observer la fontaine. Magnifique fontaine, qui vous appelait à boire à son eau. Des coupes étaient disposées à votre bon vouloir. S'il avait à choisir, il aurait choisi le bois... mais il remarqua rapidement qu'elle avait servi il y a peu, visiblement... et si l'on considérait qui y avait bu... A cette pensée, une moue de dégoût le surprit, sans qu'il ne parvienne à la réprimer. Il détourna alors le regard des coupes, et à la place prit l'audace de placer sa main directement sous l'eau. Magique. La sensation était tout simplement magique. Presque rassérénante. En dépit de la présence qui se tenait à ses côtés.

Présence qu'il semblait avoir soudain complètement oubliée, tout à sa contemplation de l'eau. Et de la magie qu'il sentait s'y écouler... Magie... retrouverait-il pleinement sa magie ?



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MessageSujet: Re: L'eau coule sous les ponts [Pv Eliowir]TERMINE L'eau coule sous les ponts [Pv Eliowir]TERMINE Icon_minitimeDim 1 Sep 2013 - 0:50


Il n'avait pas crut tomber sur quelqu'un ici à cette heure de la journée, il devait l'avouer. La fontaine était isolée dans sa combe, et il avait assez l'habitude des peuples pour savoir qu'ils n'iraient probablement pas se mêler les uns aux autres en dehors des lieux où ils séjournaient, les sanctuaires du feu et du vent ainsi que les jardins intérieur de Tomingorllo. Surtout en pleine après-midi... le soleil brillait fort, là haut, en astre souverain, chassant les siens dans les coins ombrés, tandis que lui, millénaire créature, endurait seule. Aussi il était quelque peu surpris de voir apparaître cet homme elfe. Il était venu ici après tout pour de l'isolement et de la tranquillité... mais à vrais dire, il restait exacte que les elfes n'étaient pas des créatures particulièrement envahissantes et bruyantes. Aussi il pouvait très bien s'agréer de cette présence supplémentaire sans émettre la moindre critique. De plus et si il fallait être exacte, les sanctuaires des baptistrels étaient libres d'accès à tous sans restriction, si l'on omettait l'observatoire céleste. Il ne pouvait donc guère reprocher au nouveau venu sa présence, ce serait de mauvaise foi, voir pire. Et Achroma tenait à ses manières. Contrairement à la majorité des vampires, raison sans doute pour laquelle on les prenait pour des sauvages et des bêtes, des monstres sans réelle... raison ? Valeur ? La question méritait de se poser.... à un autre moment, cela allait sans dire. Il avait l'éternité pour se tourmenter de ce genre de débat philosophiques, et seulement quelques instants de paix en ces lieux. Certaines priorités méritaient d'être mises en avant.

Il avait clairement sentit la légère tension dans l'air, lorsque son vis à vis avait saisit ce qu'il était, et la note de scepticisme dans sa voix. Un sourire las effleura ses lèvres. « Vous ne me dérangez point Messire soyez en assuré. Ce lieu appartient à tous après tout » En réalité, ce serait plutôt lui l'élément dérangeant du décor, un vampire dans un lieu d'une telle pureté. Après tout.... il était souillé. De son propre chef et volontairement, mais souillé. Quoi qu'il en soit, personne ne l'avait repoussé, il gageait que le baptistrel le surveillant l'aurait avertit si il n'avait pas eut l'autorisation d'entrer là. Puisqu'ils avaient la délicatesse de lui permettre de son exploration, il devait également faire preuve de civisme en évitant de s'imposer de trop dans un moment pareil. Le domaine des chanteurs était après tout un lieu de concession et d'équité, un lieu où la courtoisie et le respect primaient sur tout le reste, et il ne comptait pas aller contre cet état de fait, admirant un tel dévouement.

Il avait parlé et salué le premier, par réflexe, mais doutait de s'être mépris. Il était un millénaire, dépassant largement le millier d'année de n'importe quel elfe, un prétendant au titre de prince, et un dragonnier, bien que sa compagne écaillée ai décidé de visiter les cieux alentours seule. Peu de chance que cet elfe se réclame d'autant de distinctions, surtout au vu de sa tenue. Tenue indigne d'ailleurs, pour qui que ce soit, qu'il soit humble ou puissant, l'on avait pas idée de porter pareilles guenilles. Et il était d'autant plus surpris que les Baptistrels ne lui ait pas fournit de quoi s'habiller correctement alors qu'ils se montraient si prévenants. N'avaient-ils pas clamés vouloir donner un minimum de dignité, ce même aux prisonniers ? Alors pourquoi laisser cet individu dans un accoutrement pareil ? Voilà qui paraissait complètement décalé. Mais évidement il ne se voyait guère aborder le sujet de but en blanc, sans aucune forme de procès. Cela risquait de le heurté, hors la fierté des elfes était.... proverbiale ? Pour user d'un terme non péjoratif. Il ne tenait nullement à le froisser, bien qu'à ses yeux son état soit préoccupant.

« En effet. J'en ai rarement vu de semblable, et c'est un paysage prompte au repos de l'âme comme du corps » Et il semblait que ce sylvain en ai autant besoin que lui. Maintenant qu'il y pensait, n'était-ce pas lui que Lorenz avait capturé et faillit tué ? Encore une victime de sa folie barbare... Encore un dont le sang réclamait vengeance. Qui méritait, sans aucun doute, que l'on lava l'offense faite. Mais de cela aussi, il ne pouvait parler librement. En vérité, il ne pouvait guère parler librement tout court. Courtoisie de la malédiction. Il en était l'heureux créateur heureusement et la connaissait suffisamment bien pour en connaître les vicissitudes, et ce même si elle le surprenait parfois. Il l'observait avec politesse, avec calme, faisant fi de l'état de celui qu'il avait sous les yeux. Il ne jaugeait ni l'apparence ni le port, simplement l'être, avec toutes les inconnues qui le constituait à ses yeux. Ses yeux de lagons clairs le suivirent dans sa progression, devant les coupes, et à sa moue, il s'assombrit un bref, éphémère instant. Bien sûr, c'était là une réaction autrement courante. Elle ne le désolait pas en elle-même, il la connaissait sous toutes ses coutures. Mais il se lamentait qu'on puisse ainsi déconsidérait les siens, alors même qu'ils avaient également leurs qualités, leur honneur et leurs dignités.

C'était justement pour effacer ce genre de réactions qu'il voulait agir. Et il bénissait au demeurant Galadrielle de son ouverture d'esprit à son égard. Il observa l'elfe venait déposer sa main dans l'eau, cette eau de jouvence qu'il venait lui-même d'expérimenter. Il semblait soudain figé, frappé... la sensation de cette eau glaciale et magique ? Sans doute... « L'on dit qu'elle efface les maux du corps et de l'âme. Meilleur que toutes les potions du monde. Mais sans doute le savez-vous mieux que moi, c'est la première fois que j'ai la chance de séjourner en ces lieux » La dernière fois qu'il était venu par ici, il avait dû affronter un dragonnier elfique passablement agressif durant les guerres antiques et avait bien faillit incendier la moitié d'une parcelle de forêt pour son plus grand désespoir. Mais ça, son interlocuteur potentiel n'était pas obligé de le savoir tout de suite. Si Galadrielle avait dit la vérité, il courrait suffisamment d'histoires sur son compte comme cela, et parfois un peu exagéré. Il n'avait d'ailleurs pas eut le cœur à lui demander d'épiloguer là dessus la dernière fois qu'ils s'étaient vu.

« Je me nome Achroma Seithvelj » Bon ce n'était pas tout à fait vrais. Mais c'était le nom qu'il usait depuis près de mille ans, alors ça revenait au même. Et il était toujours plus courtois d'offrir son patronyme lorsqu'on désirait un début de conversation.
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Eliowir Serillëiel
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MessageSujet: Re: L'eau coule sous les ponts [Pv Eliowir]TERMINE L'eau coule sous les ponts [Pv Eliowir]TERMINE Icon_minitimeDim 1 Sep 2013 - 17:39

Oui, repos de l'âme et du corps. Visiblement la créature qui se tenait à ses côtés en avait d'ailleurs autant besoin que lui, le nota rapidement Eliowir après un rapide coup d'œil en biais. Il retourna toutefois rapidement à la contemplation de l'eau et de la fontaine, préférant pour l'instant s'absorber à ses merveilleuses sensations. Il fut d'ailleurs assez étonné de ne pas être dérangé outre mesure par la présence de l'autre. Même les paroles que le vampire laissait monter entre eux ne dérangeaient pas vraiment. Simples, calmes, empreintes d'évidence et de l'expérience de la vie.

Vie... Que ce mot lui semblait déplacé pour décrire un vampire... et pourtant. Celui qui se tenait à ses côtés avait vécu. Charriait en lui une expérience qui se lisait aisément dans ses yeux, dans ses prunelles ardentes qui le sondaient en cet instant calmement, l'observant, le détaillant presque outrageusement. Eliowir aurait pu y lire mille choses, tels les contes de milles et une années.... Quel âge avait donc le vampire ? Un âge avancé en tout cas. Peut-être bien plus âgé que lui... oui, bien plus âgé que lui-même.

Et l'elfe réalisa soudain qu'il avait cessé sa contemplation de l'eau et dévisageait à son tour la créature. Yeux dans les yeux avec elle, Eliowir ne se sentait pourtant nullement gêné. Et étrangement encore moins menacé. Quand avait-il levé finalement le regard pour l'ancrer sur l'autre ? Il ne savait dire. Mais cet instant sembla durer sans pour autant réellement outrager. Eliowir se sentait en cette présence petit. Tout petit. L'autre était beau. Oui, beau, magnifique, d'une prestance et d'un charisme envoutant. Ses orbes vert d'eau qui le dévisageaient le troublaient, tandis que lui-même suivait du regard les courbes gracieuses de ce fin visage. Hautes pommettes saillantes, traits d'une délicatesse que n'auraient pas renié les elfes, bien plus délicat que n'étaient les siens propres alors que lui-même était elfe, cheveux qui semblaient soies sous ce soleil éclatant, drapé majestueux sur cette haute stature qui le dépassait... Eliowir se sentait presque jaloux de cette beauté que lui n'avait pas, de cette beauté ravageuse qui l'attirait pourtant... L'elfe dut faire un effort incommensurable pour s'extirper de cette deuxième contemplation, et pour revenir au monde des vivants.

L'autre lui parlait. Le vampire venait de lui donner son nom, réalisa-t-il soudain, se sortant difficilement de sa léthargie. Un lourd silence suivit le nom offert, avant qu'enfin Eliowir ne cille. Ne réagisse. Sans pour autant répondre tout de suite, ce nom lui coupant momentanément toute capacité de parler. Achroma Seithvelj... Ce nom... Ce nom, il le connaissait. Cela lui disait quelque chose. Vieux vampire oui, en effet, s'il se souvenait bien. Un vampire ancestral non ? Un vampire millénaire peut-être... Une sourde peur mêlée d'une fascination revigorée accéléra ses battements de cœur déjà fort éprouvé. Il avait entendu des récits, il lui semblait se rappeler d'histoires, mais cela était si vague. Et si empreint de fariboles outrageusement exagérées pour les récits, qu'il n'avait pas osé y prêter réellement foi. Mais et si finalement ces récits, ces contes, étaient vrais ? Et si...

Mille et une questions lui brûlaient soudain la langue, et si le respect des convenances n'était pas si bien ancré en lui, sans doute aurait-il laissé son impulsion première le guider. Au lieu de cela, il inspira grandement, ses pupilles se rétrécirent brutalement, certainement signe traitre que ce  nom ne lui était pas totalement inconnu, avant que finalement sa voix ne parvienne à s'échapper de sa gorge nouée :

- Je me nomme Eliowir Serillëiel.

Il doutait que ce nom évoque quoique ce soit au vampire. Peut-être l'avait-il reconnu comme le prisonnier elfe du prince des vampires nouvellement libéré par Merithyn Shadowsong, mais sans doute cela s'arrêtait là. Quoique, allez savoir... Peut-être certaines rumeurs avaient-elles déjà eu le temps de courir ? Au vu des murmures qui se chuchotaient déjà dans son dos alors qu'il sortait du château, peut-être que la rumeur du banni, de l'exilé, de l'Infanticide enfin, ou même simplement de la Fierté Balafrée, revenu au royaume s'était-elle déjà répandue ? Mais il doutait tout de même que, si rumeur il y avait, elle parvienne jusqu'aux vampires. Et peut-être les rumeurs n'étaient-elles que sur le gueux qu'il paraissait être et qu'il était inconcevable de laisser errer en de tels accoutrements... Possible aussi. Avec les elfes...

- J'avoue n'avoir jamais eu l'occasion non plus de venir en cet endroit. En ce domaine tout simplement. Je connais pourtant parfaitement bien la forêt dans son entièreté et le royaume elfique, mais pas ce domaine. Les baptistrels sont très secrets...

Il replongea un instant sa main dans l'eau, détournant momentanément les yeux, avant de reprendre dans un souffle à peine audible :

- Et très apaisants...

Oui, apaisants. Etrange comment soudain il était capable de parler si calmement, si sereinement avec un vampire... alors qu'un jour à peine plus tôt il se sentait presque terrorisé au milieu de leur troupe fantasmagorique.

- Apaisant, répéta-t-il en regardant la créature de nouveau, songeant, soudain, que peut-être l'apaisement ne venait pas seulement du lieu baptistral.

Cette créature là aussi dégageait une certaine aura apaisante. Ou plutôt disons calme, sereine. Comme jamais aucun vampire qu'il avait pu croiser ne dégageait. Qu'est-ce qui faisait de celui-ci un vampire si différent ? Ou n'était-ce qu'une apparence trompeuse ? Oui, peut-être n'était-ce qu'une illusion, une apparence pour mieux duper ses proies ? Il n'en avait pourtant aucunement l'impression... Mais les vampires étaient si trompeurs parfois...

Et soudain n'y tenant plus, Eliowir se décida à lâcher une question. Une, juste une. Il fallait qu'il sache. Il voulait savoir.

- Votre nom ne m'est pas inconnu. Vous êtes... un vampire millénaire n'est-ce pas ? Etes-vous bien... Etes-vous...

Celui qui a tué mon ancêtre, eut-il envie de dire. Mais les mots lui manquèrent. Oui, voilà pourquoi ce nom lui disait tant quelque chose. Si ses souvenirs étaient bons, et ils l'étaient souvent lui qui avait si bonne mémoire, il avait devant lui le meurtrier de son illustre ancêtre. Enfin meurtrier... C'était la guerre alors. Ils avaient été ennemis. Que cela lui semblait soudain étrange de parler si calmement à celui de qui il aurait dû vouloir pourtant se venger... Mais non, son cœur ne criait pas vengeance en cet instant. Pas envers ce vampire-là. Pas vraiment. Non, son cœur criait savoir... savoir et comprendre. Le vrai du faux. Le pourquoi. Le comment. Savoir...
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MessageSujet: Re: L'eau coule sous les ponts [Pv Eliowir]TERMINE L'eau coule sous les ponts [Pv Eliowir]TERMINE Icon_minitimeLun 2 Sep 2013 - 0:07


Ils se détaillaient mutuellement, le Conteur absolument stoïque sous le regard de l'elfe, et caressant lui-même cette figure haute et fière malgré l'état de sa défroque, avec une attention toute particulière. On apprenait beaucoup de la physionomie des êtres réellement vivants, et ainsi apprenait-il les nombreuses batailles qu'avait vécu son vis à vis, qui l'avait balafré ainsi, aussi profondément, sans pour autant lui ôter son charme. D'un charme elfique dans le dessin de la silhouette, dans le coup de plume des traits du visage, dans la chevelure abondante et plus indisciplinée que la sienne. Moins précieux également, plus guerrier... plus virile pouvait on même avancer, quand lui-même avait conservé sa finesse de mage pur, et une silhouette aérienne. Il dégageait l'impression d'une épée ayant vue maintes batailles, battue et frappée, mais toujours droite malgré tout. Il n'était pas le type même de l'elfe à la beauté céleste, sans doute était il plus physique, plus ancré dans la réalité, le contour de la mâchoire raide, la courbe des épaules plus prononcée. Mais il le maintenait, il avait du charme, des yeux d'un bleu royal et intense qui parlaient pour lui des horreurs du passé... un regard d'ailleurs qu'il sentait d'autant plus insistant sur sa personne, un regard ressemblant à une lame d'océan. Il le soutint en silence, lagons paisibles et las ancrés dans le saphir nocturne de ce compagnon inattendu, ne cherchant pas plus à le jauger qu'à le défier. Non... Admirant simplement, contemplant, un autre, avec ses qualités et défauts, et il lui semblait que les scarifications de ce visage faisait écho à celles de son âme propre.

Un silence, retentissant, alors que l'elfe cillait, muet et les battements de son cœur accélérant aux oreilles du vampire qui ne put que sentir en lui-même un léger pincement. De toutes évidences, son nom éveillait effectivement quelque chose au souvenir de l'elfe. Pas de bonnes choses, sans doute. Ses frasques étaient innombrables pendant les guerres antiques, et seul le départ progressif des dragons, l'enssomeillement des anciens, et la débandade des vampires avaient put le calmer et lui inculquer une nouvelle sagesse. A l'époque, il avait été un jeune vampire, plein d'énergie, plein de certitudes et enivré par la liberté qu'il avait acquise. Lui qu'on avait toujours brimé durant son existence humaine, que l'on avait craint pour ce potentiel magique titanesque, lui avait été, soudain, respecté, adulé même par son nouveau peuple. Les vampires respectaient la force, la puissance, et il était fort, infiniment fort, ne craignant rien, pas plus les dragons que les elfes... Il avait porté, avec les anciens, la guerre aux portes du royaume elfique, y avait combattu avec les autres, avait versé son sang, avait souffert pour une cause plus grande que le plus grand d'entre eux. Pour une véritable place en ce monde, pour ne plus être chassé comme un gibier, considéré comme un monstre. Il avait réellement cru, tout au fond de lui, qu'imposer sa pensée par la force avait été la solution, la bonne idée... et il s'était lourdement trompé, complètement fourvoyé, il le savait bien à présent... Avec le temps, avec de la patience, il avait apprit non seulement à se contrôler, mais à intellectualiser davantage ses ressentis, à analyser le passé pour en faire une critique constructive.

Et à présent, il bénéficiait de tout cela. Mais restait les égarements de jeunesse. Il ne pouvait refaire le passé, et ne le regretterait pas, au risque d'insulter les braves morts de sa main. Restaient ainsi les récits, semblait-il, que l'on colportait sur son compte, et sans doute sur celui de tout les anciens. Il espérait simplement que son vis à vis ne le jugerait pas trop durement, et pas sur ce qu'il avait put entendre de lui, d'un passé révolu depuis tant d'années. Mais il ne pouvait guère qu'attendre de le savoir de la bouche même de l'elfe. Par convenance, et désirant naturellement pouvoir nommer son interlocuteur, il avait offert son patronyme de choix, de choix oui, et non de naissance, si tant est qu'on ne considère pas la transformation vampirique comme une seconde et terrible naissance. Une douloureuse naissance, si singulière et qui l'avait changé à tout jamais... pour le meilleur, étrangement, car la transformation lui avait offert un avenir. Un avenir à la fois outrageusement douloureux, et immensément riche en possibilités... Il avait obtenu la force, la vigueur du corps doté d'une jeunesse éternelle, l'éternité... une éternité d'apprentissage, d'amélioration, de découvertes innombrables. La chance, réellement, d'être capable de devenir meilleur, de vaincre la bête affamée en chaque vampire de même que le corbeau de l'esprit du trépas. Peut-être était-ce la raison pour laquelle il différait tant des jeunes créatures que les masses appelaient vampires, alors même qu'ils n'étaient, pour la grande majorité, que des enfants perdus... Et il en était navré, désolé. Et lui ? Cet elfe... voyait-il tout cela ? Pouvait-il voir tout cela ?

Eliowir. Ainsi, c'était là son nom... Eliowir. Un nom agréable à l'oreil. Elfique, sans aucun doute. Il hocha doucement la tête, courtoisement, en un salut discret et gracieux. Ce nom ne lui disait rien, ou presque rien, si ce n'était que l'elfe lui avait offert la pareille à son nom, lui offrant la chance de mettre une véritable identité sur son visage, aussi piètre sa connaissance de cette identité fut-elle. Secrets et apaisants ? Oui, il comprenait parfaitement ce qu'il disait. Ce lieu avait quelque chose d'absolument... non en vérité il n'avait pas le mot exacte pour le décrire, quant bien même son désir de le faire était grand. Son regard n'avait pas quitté la silhouette de l'être sylvain... apaisant oui. Il se sentait bien ici, il aurait même put y séjourner sur la durée et s'en contenter, loin de tout le reste. Mais non, il ne pouvait se reclure ainsi, ne pouvait tout abandonner pour son confort personnel. Il n'en avait pas le droit. Il devait agir avec le bien de son peuple en tête peu importe ce qui devait lui arriver... et cela en tout temps, comme il l'avait fait jusque là. Mais l'apaisement était un présent sans prix en cet instant. « Oui, il règne ici une paix des plus agréables... je regrette de n'avoir eut la chance de séjourner ici en des temps plus cléments, et non pressés par un décompte si sinistre pour nous tous  » Comment pouvait-il goûter plus de quelque instants à ce fastueux présent, lorsque le monde souffrait d'un si grand périls. En miroir sans doute, à d'anciens périls tout aussi graves... Il fronça légèrement les sourcils, sentant la question plus qu'il ne l'entendait.

« Je suis en effet un millénaire. Et que suis-je ? J'ai cru comprendre que mon patronyme vous avez en effet interpellé, et l'on m'a informé que de nombreuses histoires courraient à mon sujet....  » Son attention redoubla, alors qu'un fragment brouillon de mémoire le taraudait soudain. Il leva une main avec douceur, et frôla le front de l'elfe, parcourant les chemins de ses cicatrices sans toutefois déposer sa peau froide contre la sienne. Il déplaça une mèche blonde, dévorant son visage du regard. « Je dois avouer qu'en y regardant de près.... votre faciès parle à mes souvenirs, je n'ai pourtant pas l'heure de vous avoir croisé auparavant....  » Il cherchait avec constance sa mémoire, cherchant à savoir comment ce visage pouvait lui être familier alors qu'il était inconnu à lui, cet elfe. Pouvait-on réellement connaître quelqu'un sans l'avoir jamais vu, ou bien était-ce.... ? L'hérédité ? Il aurait croisé, par le passé, un elfe portant ce même visage ? Probablement sans cicatrices alors, probablement fier, et déterminé... sur un champ de bataille ? Il n'avait guère croisé d'elfes ailleurs, à l'époque. Et tout aussi vite qu'il avait frôlé son visage sa main retomba, comme lestée de plomb. Dracos, était-ce réellement possible ?
« Ai-je.... eut le malheur de croisé l'un de vos aïeuls sur un champ de bataille ? Messire ?  » Il en était gêné, et affligé. Car il ne se souvenait absolument pas d'avoir put tué l'un de ses semblables parents. « Vous me voyez confus.... je n'ai guère eut l'occasion de demander le nom de mes adversaires, mais votre visage se rappel confusément à moi cependant... associé à un bien triste épisode de mon existence...  »
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MessageSujet: Re: L'eau coule sous les ponts [Pv Eliowir]TERMINE L'eau coule sous les ponts [Pv Eliowir]TERMINE Icon_minitimeLun 2 Sep 2013 - 14:20

Millénaire. Eliowir retint une inspiration à ce mot confirmé. Il avait devant lui un millénaire. Peut-être en avait-il déjà rencontré sur les champs de bataille, mais jamais encore il n'avait eu l'occasion de les regarder ainsi d'aussi près, de leur parler, surtout pas de cette façon si... civilisée en tout cas. Millénaire... Pour Eliowir ce simple mot représentait beaucoup. Cela représentait près de trois cent autres longues années comparé à son propre âge. Il était déjà vieux pour un elfe. Parmi les plus vieux vivant encore, ceux plus âgé que lui se comptant sur une main. Cela représentait encore beaucoup à vivre. A supporter. Mais Cela représentait aussi expérience, savoir, connaissances... puissance... Et s'il y avait une chose qu'Eliowir avait tendance à respecter, c'était bel et bien la puissance. mais pas forcément la puissance à l'état brute, pas la puissance bête et méchante qui aimait tant écraser l'autre... Non, même s'il respectait, par la force des choses, ce genre de puissance, ce qu'il respectait bien plus encore était la puissance.. réfléchie. Assagie et affutée par le fil des ans, aiguisée par les vastes connaissances et le savoir emmagasiné. De cette puissance qui vous happait du regard, vous explorait, vous étudiait, presque avec bienveillance, en tout cas avec un intérêt serein et non hostile... Comme à l'instant.

Millénaire... Ce mot planait encore entre eux, et surtout dans l'esprit d'Eliowir, quand il vit une main s'approcher de son visage. Son mouvement premier aurait été le recul, la méfiance. Mais contre toute attente, il laissa l'autre faire, agir, de ses gestes simples, doux, lents, comme si le vampire craignait de l'effaroucher. Comme s'il tentait d'approcher et d'apprivoiser un animal sauvage prêt à mordre. ce qui n'était pas loin d'être le cas. Déjà en temps normal, il était du genre farouche, agressif, mordant avant de n'être mordu, même parmi les siens. Alors avec les vampires... Mais était-ce la sérénité du lieu qui lui intimait de rester en paix, ou était-ce le calme stoïque du vampire qui lui criait de ne rien craindre de lui ? Il n'en avait aucune idée. Mais une immobilité expectative le frappa, tandis que l'autre le détaillait plus encore.

« Ai-je.... eut le malheur de croisé l'un de vos aïeuls sur un champ de bataille ? Messire ? »

Alors c'était donc vrai ? Cela serait donc bel et bien possible ? Ce vampire... Le trépas de son ancêtre ?

- Tout n'est que ouïe-dires, histoires confuses, rendues épiques pour fêter l'apogée d'un être bien-aimé, récits enjolivés pour commémorer la mémoire familiale et collective au coin du feu...

Il fut surpris lui-même du dédain qui suintait de sa voix redevenue un brin hautaine. Mais il devait avouer ne pas aimer les fioritures de cette sorte. Lui ce qu'il aimait c'était la mémoire, la vraie, l'Histoire, véridique, dans toute sa nudité, dans toute sa splendeur et sa laideur combinées.

- Je n'ai pas non plus pour habitude de demander le nom de mes victimes au combat, je vous le concède. Et mon ancêtre non plus. Sans doute ne connaissait-il sûrement pas votre nom en tombant sous votre lame, si toutefois ce fut bien le cas. Mais... Il m'a effectivement été raconté qu'un vampire du nom de Seithvelj l'avait tué. D'une bien sinistre façon. Décimant d'ailleurs mon peuple en grand nombre par la même occasion.

Il se tut un instant. Ses paroles auraient pu sonner comme une accusation, mais... Etrangement, il n'en était rien. Il n'aimait pas les vampires, et pensait ne jamais pouvoir les aimer. Peut-être accepterait-il de bien vouloir les connaître, un peu, ne serait-ce que parce que connaître son ennemi valait mieux que l'ignorance au combat. Et peut-être par curiosité avide aussi, lui qui était toujours si fasciné par cette malédiction en même temps qu'il l'abhorrait. Et la redoutait. Mais au-delà de ce constat, il savait ce qu'était la guerre. Vampires et elfes y avaient toujours été, même si par épisodes sporadiques. Qu'un elfe tue un vampire et inversement n'avait rien de malséant selon lui. Du moins tant que cette mort se faisait au combat, à la loyale, dans la dignité des combattants...

Mais était-ce de la gêne qu'il percevait chez le vampire ? Un vampire pourrait-il seulement éprouver de la gêne ou quelque sentiment vis à vis de ses victimes ? N'étaient-ils pas censés ne plus rien éprouver ? Ou n'était-ce finalement qu'une énième duperie pour mieux l'amadouer ? Eliowir se sentait quelque peu perplexe devant ce comportement étrange.

- A l'heure de la guerre, quand il s'agit de défendre sa vie et celle des siens...

Un large geste de sa main balayant l'air devant lui accompagna ses mots, avant qu'il ne reprenne, hésitant :

- J'ai certainement dû tuer bon nombre des vôtres, mes cicatrices dont ces balafres au visage en attesteront aisément. Mon aïeul est au moins mort bravement au combat... Du moins est-ce ce que l'on m'a raconté.

Non il ne cherchait pas à dédouaner l'autre... Non, il cherchait juste à lui expliquer que pour lui une telle mort n'était pas déshonorante. Qu'il ne l'accusait pas, pas vraiment, et comprenait même en un certain sens. Il cherchait surtout à rompre la glace qui menaçait d'ériger un mur entre eux. Lui, il voulait juste savoir... pas accuser... mais comment le faire comprendre au vampire ?

Et soudain fatigue l'assaillit sans préavis. Il tait las, éprouvé, et toutes ses pensées tourbillonnantes n'arrangeaient en rien la chose. C'est donc dans un lourd soupir qu'il rompit le contact visuel avec l'autre et s'assit, aussi gracieusement que possible malgré sa blessure à la cuisse qui l'élançait encore un peu, sur le rebord de la fontaine.

- Je ne pensais jamais parler aussi civilement à une...

Il faillit lâcher créature mais se retint à temps...

- à un être tel que vous, je dois l'avouer. Et au lieu de profiter de cet étrange instant de trêve, voilà que je relance le sujet de la guerre. Je vous prie de bien vouloir m'excuser messire de vous avoir importuné. Je voulais juste... savoir. Je voulais juste... comprendre. J'aurais aimé pouvoir vous demander de... me raconter.

Un autre soupir lui échappa, tandis qu'il cachait son visage dans ses mains, comme pour chasser toutes les émotions contradictoires qui l'agitaient.

- Mais même si vous me racontiez... Qui me dira que vos mots ne sont pas mensonges et tromperies ? J'avoue ne pas vous comprendre, vous autres vampires... Je vous croyais mensonges, duperies, sauvageries, barbaries des plus sanglantes, souillures maudites de notre peuple dans les temps anciens... et voilà que je rencontre quelques êtres différents, plus... censés, se montrant étonnamment capables... je ne sais si on peut dire émotions... mais capables de retenue, d'écoute, de dialogue... Peu nombreux peut-être mais existant bel et bien... Ou n'est-ce encore que fourberies de votre espèce ?

Le doute le rongeait soudain.




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MessageSujet: Re: L'eau coule sous les ponts [Pv Eliowir]TERMINE L'eau coule sous les ponts [Pv Eliowir]TERMINE Icon_minitimeLun 2 Sep 2013 - 21:37


Le farouche de l'elfe était à la fois désarmant, car il n'avait guère l'habitude d'un tel comportement, et charmant, d'une certaine façon. Les vampires les plus anciens le connaissait bien, ses millénaires, ses pairs, ils savaient comment son esprit fonctionnait, savaient qu'ils n'avaient rien à craindre de lui, du moins tant qu'ils ne passaient pas du coté de Lorenz. Ils étaient sa famille, ses frères, ses sœurs, sa mère et son père...ceux avec qui il avait saigné et combattu, à qui il avait confié sa vie en pleine bataille. Et puis il était vrai que les millénaires, par nature, n'étaient pas le genre d'êtres à craindre quoi que ce soit de qui que ce soit... ils étaient les meilleurs prédateurs à deux pattes de ce continent et jouissait de ce statu librement. Quel guerrier aurait la stupidité de tenter de s'ne prendre à eux alors qu'ils pouvaient aisément les détruire sans sourciller. Quand à ceux qui se réclamaient millénaires sans l'être, ces vampires assez vieux pour prétendre à l'aînesse sans pour autant posséder leurs sagesse et leurs force tranquille mais létale, ils étaient déjà corrompu par la bassesse des nouveaux nés, rendu malades par le besoin confinant au monomanique de posséder le pouvoir, perdant absolument toute raison dès qu'il s'agissait de grappiller une miette d'influence... et qui, en plus de cela, avaient l'audace de se comparer aux anciens. Pitoyable... réellement pitoyable. Quand aux jeunes, ils étaient matés depuis longtemps, du moins à son égard. Depuis la redoutable colère qu'il avait laissé éclaté contre Lorenz à son retour, et qui lui avait valut de manquer ouvrir le crâne de ce dernier comme une noix à grand coup de bâton, il imaginait sans mal que voir le maître es contrôle de soit exploser d'un seul coup avait put être choquant pour la majorité des spectateurs présents ce jour là. Quand aux humains, ils saisissaient rarement qui il était, le confondant non sans raison avec un elfe, puisqu'il en avait l'apparence, si on omettait ses oreilles à l'humble arrondis, dissimulées derrière les voiles de sa chevelure dorée. Ils le regardaient alors avec admiration, de cette lueur qu'il chipait coupablement, sachant au fond de lui qu'il s'agissait d'une imposture, mais préférant ne pas toujours les détromper, s'accordant simplement le droit à un autre regard de temps en temps. Quand aux elfe... et bien il n'avait guère l'occasion d'en croiser, mais il avait apprécier de parler d'égal à égal avec l'impératrice Galadrielle, une femme remarquable entre toutes, et de discuter des tenants et aboutissants de la formation d'une confrérie des dragonniers en compagnie de Lyroë, une jeune elfe pleine de fougue qui apprenait lentement la patience et lui rappelait curieusement ses jeunes années. Il n'avait cependant jamais croisé quiconque de si... délicieusement farouche. C'était un comportement neuf et curieux, de son point de vue, et il se montrait d'autant plus précautionneux.

Puis la voix de son délectable vis à vis retentit à nouveau, une once d'arrogance la couronnant, et il n'avait pas tord, il était vrai que beaucoup de récits étaient enjolivés. Lui-même était conteur après tout, ayant toujours adoré tisser d'épiques gestes pour les jeunes qui venaient le trouver dans l'espoir de bénéficier de ses connaissances ou de son enseignement. Et comme tout bon conteur, il enjolivait également ses récits, car les meilleurs d'entre eux le méritaient amplement. Jamais au profit de qui que ce soit cependant, il s'étendait bien davantage sur des aspects purement intellectuel de ses créations, car elles étaient autant des outils d'émerveillements que d’apprentissages de leçons de vie. Il aimait créer, tout simplement, s'imaginer des univers, des personnalités, il aimait donner vie à des rêves sombres et des cauchemars éclatants.... Il aimait le simple plaisir de dérouler une histoire en son intégralité, mener une intrigue, accrocher les esprits à la trame, les garder en haleine, haletant, attendant la suite avec passion. Bien plus que d'agir en marionnettiste dans le monde physique, il se voulait souffleur de théâtre dans l'intimité du récit partagé, guidant l'auditoire, et le faisant participer au drame comme une entité à part entière... Mais certes, il comprenait tout de même que l'on puisse mépriser les racontars, lui-même n'appréciait guère le bouche à oreille qui avait une nette tendance à transformer la réalité et à démoniser certains êtres. Silencieux, il eut un léger hochement de tête, tandis que son vis à vis poursuivait sans interruption. Les détails qu'il apportait le navrait d'autant plus que cela correspondait en effet au triste épisode qu'il avait en tête, un accident, aurait-il put prétendre, si il n'avait lancé de sortilège volontairement, à la fin de les voir périr, tous autant qu'ils étaient, dans la fuite éperdue loin des bois elfiques. Il aurait tellement voulut pouvoir affirmé à cet elfe, Eliowir, que son aïeul avait perdu la vie sous une lame, simplement, proprement, sans qu'une magie sombre l'ai souillé... mais il ne le pouvait pas, quant bien même il le voulait. Mentir sur ses exactions n'était pas dans sa nature, il assumait son passé et ses erreurs, bien qu'elles lui brisa le cœur. Voilà un autre bienfait des contes... ils enfermaient les terreurs du passé à double tour, derrière le sceau d'un passé révolu, interdisant la résurrection des abominations englouties par la vague du temps. C'était sans doute le seul point positif de la perte de magie du continent tout entier, qui interdisait l'usage de sortilège aussi cruel désormais au risque de faire voler en éclat le fragile équilibre instauré.

«  Oui. Je pense en effet me souvenir avec exactitude de cette épisode des guerres anciennes, quoi que le nombre et la qualité de ceux que je tuais alors fut si disparates et innombrables que je puis leurs rendre hommages individuellement sans risquer d'en omettre un » Défendait-il réellement sa vie, à l'époque ? Plus que cela, il combattait pour un idéal. Mais il n'alla pas plus loin de ses pensées, l'elfe poursuivait, sagement, et venait s'installer près de lui sur la roche de la fontaine. Il devait être fatigué lui aussi, épuisé même si véritablement il avait voyagé en compagnie de leurs délégation, les Alayiens sur les talons. Sans doute avait-il était soigné par les Baptistrels lorsqu'ils étaient arrivés à destination. Et il n'avait pas l'endurance des vampires pour le soutenir.... Sourdement, il soupira, un geste extrêmement humain qu'il conservait depuis toujours. Si il avait mieux maîtrisé la magie des soins il aurait sans doute put lui venir en aide, mais hélas il était mage de bataille et l'art de rendre la santé n'était pas le sien. Il n'avait cependant pas perdu la parole et la suite le satisfit autant qu'il l'amusa. Il s'agissait là d'une peur aussi millénaire qu'il l'était lui-même, la peur de la fourberie vampirique, la peur d'un piège subtile, raffiné mais cruel dans lequel il l'enfermerait par les mots... mais Eliowir n'était pas son adversaire, Lorenz l'était. Mais cette méfiance était tout à l'honneur de l'elfe, et expliquait qu'il ai vécu si vieux, au moins en partie. Le Conteur n'était pas le moins du monde froissé par sa vision des choses qu'il ne comprenait que trop bien. Il eut un sourire doux, quelque peu amusé, d'un amusement affectueux.

«  Qu'ai-je à gagner à vous mentir Messire ? Je ne vous connais pas assez pour souhaiter votre perte sur la simple base d'un ressentit racial, et je ne cautionne pas la cruauté gratuite » Il examina le verre de bois dont il s'était servit «  Voyez vous, j'ai constaté depuis longtemps que mon peuple n'affectionnait pas la vérité. Qu'ils ne concevaient pas de l'offrir à quiconque. Aussi naturellement, je ne mens jamais. Leurs esprits tordus de méfiance et de conspirations s'empressent de déformer mes paroles et de les guider faussement. Ils ne pensent pas que je puisse dire la vérité, simplement et sans apprêt. Je dois avouer que certains humains le font également » Il reposa l'objet. «  Je n'ai jamais aimé le mensonge, et sans doute y étais-je destiné, je suis lié au hibou. En réalité, Messire Serillëiel je n'ai aucun usage au mensonge, que ce soit en politique ou socialement parlant, je suis depuis longtemps passé au dessus de l'usage de telles bassesses. Et vous trouverez peu de millénaires qui affectionnent également ces pratiques. Nous sommes, il est vrai, bien loin du concept de vampires que les races éphémères imaginent... » Un bref instant, il se tut, cherchant et construisant ses idées, puis reprit une fois de plus «  Nous pouvons être sauvages, si l'on nous pousse à l'être, mais vous nous trouverez bien davantage contrôlés, car la discipline de fer est notre maître mot. Il a toujours été hors de question de laisser la bête assoiffée en nous contrôler notre existence, et il en ira toujours ainsi. La raison avant tout, et nos objectifs avec elle. C'est pourquoi nous sommes à la fois plus proche de vous, et bien plus dangereux. Nous avons survécu à tout, tout vu, tout expérimenté.... la quintessence d'un prédateur éternel intelligent, patient et infiniment fort. Mais cet état de fait nous pousse également à ne pas voir les autres races comme des proies, mais comme des partenaires de réflexions. Parce que nous ne voyons pas les nôtres comme les créatures sans cervelles et sans honneurs, sans dignités et sans manières, que vous pouvez trouver n'importe où ou presque à présent... Cela semblera sans doute d'une arrogance extrême, mais le peuple vampirique nous ressemblait, fut un temps, à nous anciens, et il nous ressemblera de nouveau un jour je l'espère » Il soupira de nouveau, affichant un instant une mine d'autant plus lasse «  Oui.... je l'espère ardemment. Je donnerais tout ce que j'ai pour donner une véritable éducation à nos jeunes, leurs apprendre à penser, à se contrôler, à agir en êtres raisonnables et pas simplement en prédateurs muent par des pulsions fonctionnelles. J'ai été comme eux un jour, et j'ai réussis à grandir grâce à mes parents, et pour leurs patience, leurs extraordinaire soutient, je leurs suis de tout cœur reconnaissant. Sans doute est-ce cela qui leurs manque d'ailleurs... un parent qui les prenne en main. Pendant mille deux cent ans je me suis refusé à prendre un enfant à ma charge, pensant que je n'étais pas encore prêt, pas encore méritant. Il y a six mois seulement que j'ai trouvé mon élu, et que j'ai pris assez de courage pour passer le cap. Et je tente aujourd'hui d’honorer l'engagement que j'ai pris en lui faisant don de cette vie éternelle.... cette chance. Je ne vois pas le vampirisme comme une malédiction, mais comme une chance. Une seconde chance pour moi que j'ai saisis, et sans aucun doute pour mon fils. Que j'espère retrouver très bientôt d'ailleurs, il me manque affreusement.... »

Un petit rire doux lui échappa «  On s'y attache vite.... il est aussi frustrant qu'adorable. Mais enfin... il semble que je digresse énormément. Pardonnez m'en, j'ai une nette tendance à prêcher pour ma cause lorsqu'on m'en laisse l'opportunité. Vous ne m'importunez pas, je prise les conversations, et d'autant plus lorsque j'ai la chance de discuter avec un elfe. Je dois avouer ne pas en avoir beaucoup l'opportunité. Voir pas du tout, cela fait plus d'un an que je n'ai eu l'occasion de converser avec Galadrielle..... Mais je vous en prie, si je vais trop loin n'hésitez nullement à me le dire. »
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MessageSujet: Re: L'eau coule sous les ponts [Pv Eliowir]TERMINE L'eau coule sous les ponts [Pv Eliowir]TERMINE Icon_minitimeMar 3 Sep 2013 - 16:33

Ce qu'un vampire avait à gagner à mentir à un elfe ? Potentiellement son consentement pour un repas, une morsure ? Le charmer pour le convaincre du bien fondé de leurs potentielles revendications à exister ? Quand ce n'était pas tout détruire plutôt... Eliowir aurait eu maintes arguments à contrer à ce semblant de question. Mais... Mais il devait aussi concéder à l'autre un "je ne sais quoi" de sincérité qui le forçait à se taire. Et à écouter. Comme jamais il n'avait écouté un vampire.

Sans doute le caractère millénaire de celui-ci changeait la donne. Sûrement même. Tout comme l'elfe aurait su montrer un tant soit peu de déférence et de respect envers un elfe plus âgé, il se sentait la même obligation envers cet Achroma, sans qu'il ne parvienne à réellement se l'expliquer. L'aura, la prestance, le calme, apparent peut-être, tel le calme précédent une tonitruante tempête. Peut-être tout ceci n'était qu'un piège pour mieux endormir sa vigilance. Sûrement même, lui soufflait une petite voix en son for intérieure, cette petite voix qui lui avait valu sa survie toutes ces années durant. Mais une autre voix, plus profonde encore, venant de plus loin encore, ancrée en lui depuis si longtemps et pourtant qui s'était si souvent tue, lui criait de ne pas écouter raison et de cultiver curiosité. Une curiosité alors mêlée de fascination, sentiment dès lors bien dérangeant d'ailleurs...

Hibou, nota-t-il dans un coin de son esprit. Cela signifiait que le vampire était capable de détecter le mensonge ? Ou quasiment du moins... Voilà qui était intéressant. Mais dangereux aussi. Il était rare que quiconque dévoile si facilement son esprit totem ainsi, et Eliowir savoura cet aveu avec une certaine délectation. Sans pour autant dévoiler le sien. Que l'autre le devine donc, si tant est que cette information l'intéresse...

Tiquant parfois à certaines répliques, telle l'appellation dérangeante de race éphémère (n'avait-il pas près de sept cent quatre-vingt ans tout de même ? Si cela était éphémère, qu'était-ce qu'une vie d'homme... ?), ou le "discipline de fer est notre maître mot" (il n'avait vu, pour sa part, aucune réelle discipline ou maitrise de soi en un certain Lorenz Wintel... ou allait-on lui rétorquer qu'il s'agissait là de l’exception confirmant la règle ?), il se tut, laissant l'autre parler. Quand bien même il ne pouvait empêcher son visage d'exprimer clairement ce qu'il pensait parfois, tantôt tiraillé de curiosité, tantôt ridé de scepticisme... Ce vampire était décidément très loquace. Cela lui rappelait un certain elfe de sa connaissance. Non, peut-être que l'elfe auquel il pensait était plus bavard encore que ce Seithvelj. Mais de peu... Enfin, cela n'était pas pour déplaire à Eliowir, qui écoutait alors avidement, aussi calmement que possible, même si mille et unes question lui brûlaient la langue, s'agitant parfois de cette impatience à les poser, mais attendant, et enregistrant toutes les informations ainsi délivrées. Mémoire, mémoire, retiens donc tout cela, belle mémoire...

Au fond de lui, pourtant, Eliowir avait envie de croire aux paroles de ce vampire. Aux promesses qu'elles pourraient receler. Un monde où, effectivement, les vampires n'étaient peut-être pas des bêtes si avides qu'elles étaient actuellement. Où compromis, même si le compromis qu'il imaginait n'était pas forcément pour lui plaire personnellement, pourrait naître. Un monde où paix pourrait tenter de voir le jour. Si tant est qu'un tel monde puisse réellement exister entre de tels prédateurs, comme Achroma disait, et les proies qu'ils convoitaient... Oui, l'elfe avait envie d'y croire. Il avait envie de penser que l'autre ne mentait pas.

Cependant, quand le sujet de la famille et du fils vint sur le tapis, il sentit une douleur lui vriller son coeur. L'autre l'avait-il perçu ? Avait-il entendu ce râté de battement ? Ce rythme soudain accéléré ? Ce pouls soudain plus frappé qui lui vrillait les tempes ? Mais heureusement, si le vampire pouvait lire dans son corps, et entendre en son coeur, il ne pouvait pas encore lire ses pensées... Du moins l'espérait-il. Car alors il y aurait lu la soudaine envie, jalousie farouche, qui le saisit, quand le mot fils s'éleva dans l'air. Comment donc une telle créature pouvait-elle seulement avoir un fils ? Comment pouvait-elle donc parler de la vie ainsi ? Lui, créature morte à jamais pour l'éternité, avait un fils, alors que lui, elfe pourtant âgé avait perdu le sien ? Certes... par sa faute, lui rappela cruellement sa raison coupable. Mais tout de même... Il avait un soudain sentiment d'injustice.

- Les vampires ont donc une famille ? S'entendit-il soudain demander, s'étonnant lui-même de rompre le silence entre eux de façon si abrupte. Qu'on m'explique donc comment mort peut donner la vie...

Incrédulité, jalousie, douleur virulente, suppurante, teintée de son éternelle arrogance, sourdait dans sa voix.

- Et vous avez discuté avec Galadrielle ? Ajouta-t-il vivement, cette fois jalousie se faisant plus féroce et se mêlant à curiosité.

Comment donc, lui, vampire, avait-il pu discuter un tant soit peu avec Galadrielle, Impératrice des elfes, alors que lui, elfe du même âge que Galadrielle, ayant grandi avec elle en quelque sorte, l'ayant si bien connue, pouvant presque se considérer en un certain sens comme un vieil ami, ne lui avait pas parlé depuis plus de cent ans ? Certes, banni il était, banni expliquait tout... mais quand même ! Eliowir se sentait soudain outré, étrangement trahi, et plus encore il se sentait... floué. Complètement dépassé, largué dans un monde qu'il ne connaissait plus, qu'il avait cru connaitre mais qui lui était si étranger... un vampire lui parlait sereinement de diplomatie et lui faisait miroiter des rêves de paix, puis disait avoir discuté avec leur impératrice, alors que lui... lui, vieil elfe aigri qui avait fait la guerre pour son peuple, était rejeté des siens, torturé par leurs anciens ennemis vampires, poursuivi et traqué par leurs nouveaux ennemis alayens... traqué, rejeté, exilé, n'ayant plus de passé... plus d'avenir ? Soudain la vie lui semblait bien vide, bien miséreuse. Bien inutile.

Et la jalousie s'estompant, la colère se calmant, ce fut le désespoir qui déferla sur lui en un raz de marée.

D'un effort incommensurable, il tenta de se reprendre, et préféra changer de sujet au quart de tour, sans même attendre de réponses, préférant que l'autre continue ses contes au final, plutôt que de laisser cours ainsi à ses viles pensées...

- Non, pardonnez mon interruption. Poursuivez donc. Racontez... racontez moi, reprit-il, d'une voix toutefois atone.

Oui, racontez moi une histoire, racontez moi mon histoire... Peut-être que s'il retrouvait son passé, il retrouverait un avenir ? Ou peut-être aurait-il la confirmation que son temps était révolu...
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MessageSujet: Re: L'eau coule sous les ponts [Pv Eliowir]TERMINE L'eau coule sous les ponts [Pv Eliowir]TERMINE Icon_minitimeMer 4 Sep 2013 - 22:46


Le battement raté ne lui avait pas échappé, pourtant il ne pouvait imaginer ce que les pensées de l'elfe formaient, en grondant nuages d'orages, tandis qu'il achevait sa très longue tirade. Oh oui, cela faisait longtemps qu'il n'avait eut l'occasion de discuter ainsi à cœur ouvert avec un parfais inconnu, sans que cela nuise à ses ouailles, à ses plans... à quiconque à vrai dire. Ici et en cet instant, son vis à vis ne craignait nulle menace, de qui que ce soit. Alors qu'est-ce qui pouvait troubler à ce point Eliowir ? Et bien il pensa que l'elfe en fit voix à peine quelques instants plus tard, entraînant de sa part un nouveau sourire cousu de tendresse et de tristesse. Oui... et non, les vampires avaient une famille, et n'en avaient pas. C'était tout le drame de leurs situation, la majorité des leurs transformaient à tours de bras, sans penser aux conséquences, sans éduquer les jeunes, les laissant à leurs instincts primaux, à leurs sauvagerie... un terrible destin, et une terrible ingérence de la part des criminel. Lui-même avait toujours fait très attention, lors de ses repas, de ne pas contaminer ceux qui lui servait de réceptacles, ou de les tuer, le cas échéant. Mieux valait la mort qu'une transformation par un être incapable de s'occuper d'eux. Ceux qui avaient effectivement une famille devenaient comme eux, des images des anciens, de véritables êtres, raisonnables et raisonnés, les autres n'étaient guère plus que des animaux hélas... pour son plus grand désespoir. Il souffrait de savoir son peuple au plus mal et encore davantage de ne rien pouvoir faire pour lui... rien de plus du moins, et cela, Galadrielle l'avait bien comprit, elle avait comprit, de façon si empathique, qu'il considérait les vampires comme ses enfants, tous autant qu'ils étaient, et que cela le blessait de les voir utilisés comme des machines de guerre. Tout comme elle était la mère des elfes, lui était le père des vampires... et il avait honte d'être réduit à l'impuissance face à son rôle, honte de ne pouvoir faire pleinement son devoir.

Il observait l'elfe, observait son tourment, avec calme. Il était prêt à lui répondre, près à beaucoup de choses, pour l'éclairait, encore, et encore, des jours, des semaines si il le fallait... mais son vis à vis choisit une autre voie en lui demandant l'histoire d'un passé antique qu'il avait promise. Il s'assombrit de nouveau, torturé par la simple idée de faire revivre un tel épisode de sa vie, se détournant un instant il regarda l'entrée de la combe, la lumière se répendant sur eux... et eut un instant l'irrépressible besoin de respirer. Comme un homme, inspirant et expirant pour réguler la bouffée d'horreur qui lui venait, il resta de longues minutes silencieux avant de finalement occulter la vision de la fontaine, de l'elfe... Il fallait qu'il fasse le vide, qu'il parvienne à se défaire de tout les sentiments qui s'attachaient à ce passé entaché d'un sang souillé. Il fallait qu'il cesse de s'en vouloir, et pourtant c'était chose presque impossible, la culpabilité le prenait à la gorge et l'étouffait quant bien même il n'avait pas besoin d'air pour exister. Après un long moment, il sembla se détendre quelque peu, et reprit enfin la parole, d'une voix presque fragile, frêle, comme un cristal délicat. Une voix qui trahissait la blessure encore douloureusement suintante après tout ce temps.

«  Il y eut bien des batailles, durant les guerres antiques, bien des tueries dont la violence n'est plus relatée dans les récits, estompées en tant de mémoires. Et pourtant, le bain de sang nous a tous noyés, ce jour là en particulier, plus que les autres. Vampires, elfes, humains, dragons... nous avons tous été définitivement marqué par ce qui s'est passé. Quelles étaient les raisons de notre venue en cette nuit fatidique ? Comment avons nous étaient repérés ? Comment les vôtres nous on-t-ils prit en chasse ? Cela n'importe plus. Poussière au vent de la destinée. De cette augure sinistre que les copistes des siècles suivants nommèrent la Danse macabre. J'aurais tant aimer pouvoir clamer haut et fort que ce fut une bataille honorable, digne, mais je mentirais en l'affirmant. Les premiers tombés, tout au plus, pourrons prétendre avoir eut la chance d'une mort propre, alors même que dans ma folie je condamnais une armée entière à une fin tragique » Une pause, courte mais nécessaire «  Nous nous étions enfoncés dans les bois, et débusqués par les contingents elfiques, nous fûmes contraints de briser les rangs pour espérer nous en sortir. Loin de ma mère et de mon père, mon frère perdu, de même que ma sœur, je me trouvais bien vite seul, isolé et perdu en pleine forêt, prit en chasse par des soldats elfiques... » Ses mains tremblaient doucement, et il les crispa sur les pans de sa tunique «  Les cauchemars destinés à la perte des intrus m'envahir, et j'étais bien trop angoissé et terrifié pour parvenir à en venir à bout. Oui... j'étais mortellement effrayé, devant cette puissance, comme jamais auparavant. Le magicien face à moi avait davantage d'expérience véritable, de subtilité. Je n'étais encore qu'une jeune créature avide de gloire, et ma discipline manquait, quant bien même mes dons étaient grands. Je m'enfonçais plus loin encore dans la forêt, du moins je l'imaginais, n'ayant aucun repère... une course poursuite éperdue, si démente que je pensais alors entendre mon cœur battre de nouveau sous la peur.... »

Il ré ouvrit des yeux marbrés d'une douleur et d'un désespoir soudain intense. Son récit était crû, sans apprêt, sans son extraordinaire talent habituel. Il ne contait là qu'une vérité nue et dévoilée... Vrillant ses yeux des siens il poursuivit. «  Alors que les soldats me rattrapait, j'ai résolut un geste désespéré, un geste aussi dément que la folie qui m'envahissait. Au devant de cet adversaire qui me semblait si imposant, j'ai usé d'une de mes plus terribles créations... j'ai... j-j'ai usé... de la faim sans fin » Le nom laissait un goût de fiel dans sa bouche. Il déglutit, prit la coupe de bois d'un spasm de la main et la trempa dans l'eau pour en boire une longue rasade, ressentant le besoin de se purifier avant de reprendre, le verre serré dans ses mains blêmes «  Ce qui étreint tout les vampires, cette faim de sang qui jamais ne s'arrête.... je l'ai transformée en un sortilège, Eliowir, voilà très longtemps. La Faim sans fin n'appartient pas à notre existence, elle n'a ni forme véritable, ni couleur ni odeur... mais elle est... elle existe, attirée par l'énergie de l'incantateur, animée d'une volontés inflexible que jamais je n'aurais imaginé, affamée de sa proie condamnée... elle la poursuit jusqu'au confins du monde, en broyant tout sur son passage, en absorbant toute vie, toute.... non-vie. Ce n'était qu'une masse révoltante de volonté, de souillure d'existence, mais c'était là... et ça me défendait.... Esprits tout-puissants comme je m'en veux.... » Il dû de nouveau s'interrompre un instant. «  Cette faim... se lança après le mange qui m'avait attaqué, elle tua tout sur son passage alors qu'il fuyait, elfes... vampires.... dragons.... tout... nos deux bataillons entiers furent décimés, la forêt elle-même fut marbrée pendant des années et je suppose qu'aujourd'hui encore, une part de la volonté maléfique que j'invoquais reste. Je ne la contrôlais pas, elle puisait en ma magie et se déliait de moi... je crû périr également, si une dragonne d'orage et son dragonnier n'avaient réussit à l'arrêter enfin. Mais pas sans qu'elle n'attrape sa proie... hélas » Honteux.... il mourrait de honte et pourtant, les mots affluaient comme le sang à une plaie «  Jamais le lieu du trépas de ce mage ne guérit. J'y suis retourné, le sol y est noir et mort, et l'on sent encore dans l'air...... »
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MessageSujet: Re: L'eau coule sous les ponts [Pv Eliowir]TERMINE L'eau coule sous les ponts [Pv Eliowir]TERMINE Icon_minitimeJeu 5 Sep 2013 - 22:49


S'il s'était attendu à ce que sa demande produise un tel effet... Peut-être ce serait-il abstenu. Au silence qui lui répondit soudain, il crut que le vampire allait finalement refuser et se détourner de leur déconcertante conversation. Mais non ce dernier resta, se figeant un instant en magnifique statue de marbre, mais resta. La statue sembla soudain reprendre quelque vie, ou du moins mouvement, quand le vampire cilla de nouveau, et inspira grandement, "comme si une telle créature respirait vraiment" ne put-il s'empêcher de penser avec une once d'ironie. Eliowir observait de manière attentive, presque ébahi, ce spectacle incongru qu'il n'aurait jamais cru possible.

Tout dans l'étrange attitude du vampire menait à croire que celui-ci éprouvait... des sentiments. Un mot qu'il avait cru banni chez ces créatures pourtant. Mais à n'en pas douter, les signes étaient là... Hésitation, regard lointain, mouvements de crispation, sorte de tension comme lorsqu'on se rappelle des choses qu'on aurait voulu oublier, des choses qui vous faisaient vibrer, qui faisaient hurler votre mémoire à l'agonie, et qui vous faisaient trembler face aux réminiscences alors réveillées... Oui, il connaissait et reconnaissait tous ses signes. N'étaient-ce que signes trompeurs et nouveau jeu de dupe typiquement vampirique que l'autre lui offrait ? Ou réelle valse de sentiments qui emportaient le vampire dans son maelström puissant, contredisant toutes les croyances de l'elfe ? Non, cela n'avait rien d'une simulation. Cela n'y ressemblait guère, cela sonnait tellement... tellement vrai. Tellement sincère...

Eliowir avait l'impression de se retrouver face à lui-même. Oui, face à lui-même, quand on lui avait demandé de raconter ce qui s'était passé avec son fils. De raconter comment il l'avait tué. Il se souvenait avoir eu même réaction. Un instant de silence, qui aurait pu s'éterniser dans le deuil qu'il éprouvait si l'on n'en avait pas extirpé, un long moment d'agonie où tout en lui se déchirait, et son âme et son esprit, tel un voile de soie tiré aussi loin que le sombre firmament des étoiles, et enfin le récit... d'une voix hachurée, entrecoupée de sanglots qu'il n'avait pas eu conscience de verser toutefois à ce moment, d'une voix atone, se détachant peu à peu de la réalité face à l'ignominie des mots âpres que ses lèvres laissaient échapper.

Et là aussi, finalement le récit commença. Pas de sanglots toutefois, pas de larmes. Une voix empreinte de tant de sentiments par contre, que l'elfe eut bien du mal au début à se focaliser sur les mots, subjugué et presque hypnotisé qu'il était par elle.

Et quand l'autre leva son regard pour l'ancrer dans le sien... Eliowir peina à soutenir ce regard. un regard qui le troublait, le hantait soudain... et le hanterait longtemps sans doute. Non, pas de jeu de dupe en cet instant. Sentiments étaient bien là, au fond de ces prunelles, y brulant d'un feu si ardent que ca en devenait presque inhumain, semblant y consumer jusqu'à l'âme même. Et Eliowir était bien prêt de s'y laisser consumé lui aussi...

Ce mage qu'il contait, cet adversaire qui de traqueur devenait traqué... Oui, tout cela concordait assez à ce qu'on lui avait raconté. Les contes enjolivés qui se récitaient au coin du feu chez les elfes ou même les récits un peu plus proches de cette réalité là qui se livraient en secret dans sa famille... Oui, cela correspondait. Ce mage, son ancêtre donc... De la victime qu'il pensait, du héros qu'il avait presque vénéré il fut un temps, du temps où il croyait à toutes les histoires qu'on lui offrait... le mage devenait presque bourreau, chasseur, vile et sauvage, qui s'acharnait contre une bête apeurée... bête qui était certes vampire, mais qui apparemment semblait bel et bien connaître la peur. Et des sentiments, aussi bouleversante que soit cette révélation. Non, son ancêtre n'avait rien d'un héros. Il l'avait déjà deviné depuis quelques années maintenant, depuis que sa curiosité légendaire l'avait mené à chercher la vérité, les faits, l'avait mené à vouloir savoir et comprendre toutes choses, et tout mensonge... Non, rien d'un héros. Rien non plus toutefois d'un monstre, à bien y regarder. Juste un mage guerrier, tel qu'il l'avait été lui-même en fait, entrainé dans une guerre qui le dépassait de loin, entrainé dans des monstruosités qui le ravageaient ensuite souvent...

Et qu'en était-il du vampire ? Monstre ou héros ? Victime ou bourreau ? Un peu des deux peut-être... Du moins concernant ce vampire-là. Une petite voix en lui avait envie de s'écrier que non, tout vampire n'était que monstre, une abomination, une souillure, qui devait être détruite, réduite à néant, avant qu'Armanda ne sombre dans le chaos que ces monstres engendraient assurément. Mais ce vampire-là... Ce vampire-là semblait bien décidé, peut-être inconsciemment, à détruire une à une toutes ses convictions. Avec ce vampire-là... il avait envie de lui laisser le bénéfice du doute. Un mouvement de compassion l'attirait vers cet Achroma, un mouvement qui lui donnait envie de l'écouter, de le croire, et de le regarder autrement que comme un monstre. De le regarder, peut-être, comme un être pensant et ressentant. Un être en somme qui avait peut-être aussi le droit d'exister.

Exister. Ce mot résonnait durement à ses oreilles. Mais il sonnait soudain tellement juste.

Si tous les vampires étaient comme lui, peut-être un avenir de paix entre elfes et vampires serait-il possible ? Peut-être... ou peut-être pas. Eliowir se sentait bien trop perdu en cet instant pour réellement répondre à cette question. Bien trop bouleversé.

« Jamais le lieu du trépas de ce mage ne guérit. J'y suis retourné, le sol y est noir et mort, et l'on sent encore dans l'air...... »

- La mort et la détresse errer.

Oui, il connaissait cet endroit. Il le connaissait bien. C'était là un endroit de recueil de sa famille. De sa famille uniquement d'ailleurs, jamais aucun autre elfe n'osant s'y risquer. C'était là, disait-on, que son ancêtre avait été tué, avait disparu, emporté par cette sauvagerie. C'était là...

Il n'avait que dix ans d'âge elfique, encore un enfant à peine, quand on l'y avait amené. Il en avait fait des cauchemars des nuits durant.

- Je connais cet endroit. On dit effectivement que c'est en ce lieu infâme que mon aïeul aurait... rendu l'âme.

Il se tut un instant, en pleine lutte intérieure face à tous les sentiments contradictoires qui l'agitaient soudain. Colère, rancœur, envie de vengeance, haine farouche, étrange compassion, compréhension, indulgence aussi, nécessité de pardon, gratitude sincère... curiosité encore... curiosité surtout. Oui, autant aller jusqu'au bout... qu'il sache. Enfin. Que tout soit éclairé, dans l'âpre lumière de la vérité, vérité chérie, qu'il avait tendance à étreindre souvent si sauvagement dans sa franchise parfois exacerbée.

- J'y suis déjà allé. Il y flotte comme... une âme en peine. Une errance qui menace de vous emporter dans son sillage. Fouler cette terre morte à jamais est.. affreusement déroutant. Je pense que je m'y serais perdu d'ailleurs il y a près de cent trente ans si l'un des miens ne m'avait pas retenu.

Un lourd soupir lui échappa, avant qu'il ne se mordille les lèvres, réfléchissant à ce qu'il allait dire, pesant le pour, le contre... le pour l'emportant finalement.

- Merci de votre récit. Et de votre franchise. J'avoue que... je ne m'attendais pas à ça. Mais... je suis heureux, soulagé même, de connaître la vérité. Enfin. Plus de fioritures, rien que la vérité nue. Elle fait mal certes, et elle est bien laide, mais elle est nécessaire je pense. Et elle n'est pas seulement laide de vos actes... mais aussi des siens à lui. Il est dur de voir l'image du héros qu'on pouvait se faire voler ainsi en éclat. Oui, la vérité est laide. Mais je la préfère mille fois aux mensonges qu'on m'a offerts jusque-là.

Car oui, il savait au fond de lui, que ce récit-là n'était pas mensonge. Que les vampires soient fourbes ou non, ce récit-là ne l'était pas. Trop de choses concordaient, trop de choses...

- Merci, reprit-il. J'avoue toutefois être aussi plutôt troublé... de la façon dont vous l'avez raconté. On dirait... Il m'a semblé... Vous paraissez regretter. Et éprouver... des sentiments. Je pensais, pour être tout à fait franc, que tout ceci était révolu pour les vampires, que sentiments et regrets, que remords et conscience, n'étaient devenus que des mots perdus pour cette race... Des mots errants au vent, sans une once de sens pour eux... Mais... à vous entendre... Quant à parler de famille...

Un rictus de dégoût déforma ses lèvres sans qu'il ne parvienne à le retenir, avant qu'il ne se reprenne, difficilement :

- Je ne voudrais pas vous offenser.. mais je croyais que la semence des vampires était stérile. Morte comme eux le sont...

Hum. Un peu direct peut-être comme approche ? Possiblement naïve aussi. Oui il était bien naif de croire qu'il n'y avait qu'un seul mode de concevoir la famille, naïveté typiquement elfique sans doute. Une certaine naïveté qui rappelait celle des enfants, de celles qui vous font croire que les garçons naissent dans les choux et les filles dans des fleurs... S'il avait évolué de cette conception naïve à une conception plus sexuelle de la reproduction, il devait avouer avoir gardé tout de même une autre part de naïveté, de celle qui lui faisait croire, que, peut-être, finalement, certains vampires n'étaient pas dangereux, et pouvaient tout de même être bons... Oui, naïf il était, mais inconscient d'elle aussi.
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MessageSujet: Re: L'eau coule sous les ponts [Pv Eliowir]TERMINE L'eau coule sous les ponts [Pv Eliowir]TERMINE Icon_minitimeDim 8 Sep 2013 - 19:12


Les larmes n'étaient pas choses aisées pour les vampires, bien au contraire. Ces perles incarnats ne venaient pas orner sa peau au lustre moiré de pâleur, quant bien même l'aurait-il voulut, son être froid et figé, tel un marbre ancien empreint d'un immobilisme qui lui volait cette richesse carmine. Non il ne pouvait pleurer, et pourtant les esprits seuls savaient à quel point il se languissait de le faire, étouffé de cette culpabilité sinueuse qui grimpait tel un lierre meurtrier le long de son âme éperdue...  ô les mots honnis de cette impie incantation, l'énergie suintante de son corps supplicié lors que cette impitoyable volonté surgissait d'un distant néant pour se jeter voracement sur la sylvaine créature qui appelait sa perte. L'existence qu'il chérissait plus que tout valait elle réellement le poids de l’infamie ? En cet instant, il lui semblait bien que non et l'angoisse de se voir ouvertement désavoué lui était insupportable, bien qu'il mérita ce triste sort. Et la flamme ardente qui consumait les prunelles de lagon, les transformant en troubles disques d'un mercure teinté de prisme d'empyrée, semblait soudain s'éprendre du reste de sa chair ivoirine, la piquetant d'impalpables ornement ignés, menaçant de l'engloutir en un brasier sans fin. En écho sourd et amer au récit dépourvu de lyrisme qu'il avait tissé, de pourpre et de jais, venaient ces souffles du vivant, complétant la boucle, achevant la terrible histoire qui souillait de son existence la trame de ses pérégrinations. Oui... il avait raison, terriblement et affreusement raison, et lui se refusait à de telles verves, de tels mots. Mort et détresse oui, et le souffle soudain d'un être qui avait vu ces lieux et connaissait leurs terrible secret. Trouble puits d'affect qu'était la voix d'Eliowir en pareil instant, et une arme empalant le reste de ce cœur pathétique qui s'étiolait sur l'autel d'une antique stupeur, et le Conteur attendait le verdicts de son attentif auditoire, déterminé à subir sa vertueuse fureur ou à accepter son outrageant mépris si c'était là sa volonté. Muet et attentif, il flottait dans l'expectative de ses paroles, se raccrochant à ses lippes tel un naufragé à une flèche rocheuse en pleine tempête.

«  Ce récit vous était dû, Eliowir.. Quoi qu'en coûte son énoncé » Le temps d'un battement de cœur, il se drapa de silence, avant qu'un souffle ne s'arrache à ses lèvres exsangue « Grattez le vernis de n'importe quel héros, vous verrez alors un monstre » Des mots telles de cruelles lames d'épées, telles des écharpes de verre brillant venant fendre le vélin rosé des lèvres, mais qu'il jugeait nécessaire, bénéfiques. Avait-il tord ? Il ne pouvait le dire, et ne cherchait nullement à s'introvertir sur ces sujets, bien plus attentif à ce que l'autre souhaitait obtenir de lui, aux interrogations qu'il énonçait d'une franchise rafraîchissante. Eliowir s'éveillait à d'autres considérations que celles, étriquées, de la majorité des êtres des bois, qui considéraient depuis si longtemps son peuple comme une abomination autant qu'une aberration. C'étaient les elfes qui, les premiers, avaient instillés le dégoût chez les humains, les altérants et les transformant sous la roue de la haine qu'ils éprouvaient pour ceux des leurs qui subissaient la malédiction du vampirisme... Rien d'étonnant, ainsi, à ce qu'ils perpétuent, encore en ces temps, l'irrépressible  aversion qu'ils éprouvaient voilà des siècles pour ceux qui se nommaient les sangs-froids. Il n'attendait rien de plus de l'elfe, et ce fut d'un triste sourire que son visage délicat s'orna, d'une infinie tendresse à l'égard de celui qui, pourtant, l'insultait en cette dé considération de sa personne, le réduisant à l'état d'animal... Non, pire en vérité, car les animaux eux-même possédaient des sentiments et une famille. Pourtant le millénaire n'entretenait pour lui aucune rancune, aucune colère, ayant l'habitude de tels approches et comportements, trop souvent confronté à cette peur du monstre pour s'en émouvoir.

«  Vous ne m'offensez pas, bien des éphémères pensent ainsi, et vous n'avez pas tout à fait tord. Oui, notre semence est stérile, c'est de notre venin que naissent nos enfants. De nombreux vampires restent dépourvus d'une telle notion, à mon grand regret, mais la transformation d'un vivant en vampire est une seconde naissance pour l'élu, et ainsi, la lignée et la famille du vampire parent perdure. Le vampire parent a des devoirs envers sa progéniture, qu'il le veuille ou non, et c'est un drame qu'ils les refusent si souvent. L'individu transformé arbore certaines caractéristiques de son parent, mais plus que cela, il dépend de lui. C'est l'une des raisons pour lesquelles la majorité des jeunes vampires ressemblent à des bêtes, et que vous pouvez vous persuader qu'ils ne possèdent pas de sentiments. Éduquez cependant un mortel sans lui offrir le loisir de développer son affect, il en viendra au même point que ces vampires  »

Il chassa une mèche dorée de son visage en un geste innocent, et reprit. «  J'éprouve des regrets, et bien d'autres sentiments, Eliowir. J'aime ma mère, la femme qui m'a transformé, et qui a été meilleur pour moi que celle qui me mit au monde en temps qu'humain. Elle m'a toujours protégé, elle m'a éduqué, m'a ouvert les yeux et offert la fierté d'exister réellement. J'aime mon père, qui ne l'est que de nom et d'attention, car c'est grâce à lui que je peux me nommer mage. J'aime mon frère Isendal, et ma sœur Merveille... j'aime mon fils également... Ils sont tous ce que je possède. Et j'aime également Silarae, liée de mon âme. Certes, je ne les montre pas à tout un chacun, mais ils existent, en mon cœur, en mon âme. Beaucoup des nôtres ne les ont pas apprit, d'autres les ont rejetés... mais certains les cultives, dans l'intimité de leurs esprits. Cependant.... on ne devient pas un monstre sans conscience tout seul, sans raisons. Comme les autres races, les vampires naissent avec toutes les potentialités de la balance d'équilibre. Ce sont leurs histoires qui les poussent vers l'un ou l'autre extrême...  »
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MessageSujet: Re: L'eau coule sous les ponts [Pv Eliowir]TERMINE L'eau coule sous les ponts [Pv Eliowir]TERMINE Icon_minitimeMar 10 Sep 2013 - 10:54

Choqué. Voilà tout ce qu'il était en entendant ces mots. Déjà entendre le mot éphémère pour le décrire lui, dans la bouche d'un vampire, quelqu'il soit, avait de quoi sévèrement le déstabiliser. Etant l'un des plus vieux elfes existant, certainement plus âgé que la majorité des vampires soit dit en passant, il peinait à accepter cette appellation. Sans compter... Que dit ainsi par un tel prédateur, cela ne sonnait que trop le glas à venir de son existence.

Mais que dire du reste ! Venin donnant naissance, seconde naissance, élu, lignée... A croire, à entendre ce millénaire, que l'état vampirique était une bénédiction, un état parfait ultime, que tout un chacun rêvait d'atteindre, le paroxysme d'une existence, une terre promise enfin aux seuls élus dignes de ce nom ! Non, vraiment, cela le choquait. Et cela devait se lire clairement sur son visage aux traits tirés. Ses yeux devaient aisément parler pour lui, oscillant entre envie de fusiller son vis-à-vis pour ses propos par trop libertaires et irrésistible avidité de poser mille et une autres questions. Car ce que lui révélait là le vampire, aussi difficile que cela soit de concevoir, était une conception des choses tout de même à étudier. Ne serait-ce que parce qu'apparemment elle était l'une de celles qui dirigeaient leurs ennemis. Cependant il peinait à comprendre, à tout saisir...

Mais toute question s'échappa de son esprit, quand l'autre acheva de réduire ses pensées à néant.

"Éduquez cependant un mortel sans lui offrir le loisir de développer son affect, il en viendra au même point que ces vampires"

Le vampire aurait souhaité le faire exprès, il n'aurait pas pu mieux frapper. Là, en plein coeur, directement dans sa cible. Oui, ces paroles-là il les comprenait. Elles sonnaient si justes, si vraies... Lui-même les pensait, lui-même aurait pu les prononcer.. Il fut un temps. Du temps où il n'avait pas encore rompu son serment de paternité. Parce que c'était bel et bien de cela dont parlait le vampire... D'un serment, invisible, ténu, inconscient, naturel même, instinctif plutôt, entre un père et son enfant. Entre une mère et son enfant plus encore sans doute. Mais voilà... ce serment-là, lui l'avait brisé. Il avait commis l'irrémédiable, l'intolérable, par ce geste honni envers son fils.

Certes, il n'avait pas éduqué son fils dans la haine... Il l'avait aimé, de toute son âme. Mais... le lui avait-il montré ? Sa déception, son désespoir de voir son fils parler un jour, n'avait-il pas été plus fort que son amour et n'avait-il pas tout détruit ? Avait-il seulement laissé à son enfant la possibilité de se développer comme disait le vampire ? L'avait-il lui-même réduit alors au silence ? Autrement que par la mort, cela s'entend... Peut-être son fils avait-il été réellement capable de parler, en avait-il eu du moins les capacités physiques... mais ne l'avait-il pas fait et avait-il gardé le silence, lourd silence, à cause de lui, son père, qui avait placé tant d'espoirs en lui, trop sans doute... jusqu'à l'étouffer ? Son fils se serait-il confiné au silence comme son père l'avait confiné dans ses attentes ? Rha... Maudit vampire qui faisait ainsi ressurgir en lui tous ses doutes, toutes ses douleurs... Qu'était donc cette créature là pour venir lui faire la morale ?

Mais était-ce réellement ce qu'elle faisait ? Se morigéna-t-il soudain. Non, pas vraiment. Elle ne faisait que répondre à ses questions. Les vampires n'avaient pas, pas encore, la capacité de lire dans les esprits, n'est-ce pas ? Donc l'autre ne pouvait savoir, ne pouvait deviner. Simples paroles malheureuses qui l'avaient frappé si justement en simple écho à ses propres pensées... Peut-être au final avait-il plus en commun avec ces étranges créatures, maudites selon lui, qu'il ne l'aurait pensé... et surtout qu'il ne l'aurait voulu...

"Ce sont leurs histoires qui les poussent vers l'un ou l'autre extrême... "

Là encore ces mots vibrèrent en lui, de façon bien étrange. Mots de trop, mots trop féroces. Mots qui se muèrent alors en un réel raz-de-marée, venant se fracasser contre les falaises de sa raison, de façon si âpre, si violente, qu'il en érodait la roche sans l'ombre d'un scrupule. Bientôt falaise devint véritable éboulement incontrolable, et folie menaça de le happer véritablement, l'entrainant dans sa danse macabre de culpabilité. Cette vieille compagne qui le rongeait depuis tant et tant et tant d'années... Vieille douleur qui venait de se réveiller soudain, sans crier gare, et qui effaçait toute réalité autour d'elle.

Si les larmes lui échappèrent et si son corps se mit à trembler, il n'en eut aucune conscience. Tout comme il n'eut pas réellement conscience de soudainement se lever, s'écartant vivement de la fontaine et offrant à l'horizon son regard azuré empreint d'une folie nouvelle. Son esprit voguait loin de son compagnon du moment, vers des souvenirs, des cauchemars même plutôt... Son fils se tenait de nouveau devant lui. Son fils incapable du moindre sort formulé. Son fils que dans son implacable arrogance il condamna de cette même magie aux mots pourtant si doux, si chantants. Oui, il avait atteint cette extrémité, tant récriée, tant redoutée, basculant dans une ignominie finalement peut-être plus terrible et plus affreuse encore que celle du vampirisme. Il avait bon dos de condamner les créatures de la nuit, lui elfe qui était devenu tout aussi ténébreux par ce geste maudit, lui qui se targuait d'être être de lumière et être de vie et qui pourtant possédait cette part d'ombre et de mort si féroce...

Un bruit non loin, à peine perceptible, à ses côtés... Un mouvement calme, serein... Des sens lui revinrent, réalité se dessinant de nouveau peu à peu à ses yeux éteints. Sa raison, ou ce qu'il en restait, s'accrocha à ces perceptions du monde, pour tenter de chasser ses sombres songes. Non, le corps étendu devant lui n'était pas réel. Non, ce n'était pas lui qui étreignait son fils sans vie dans ses bras en cet instant. Non, ce n'était pas sa femme qui baignait dans son sang après s'être planté une lame en plein coeur. Non, ce n'était pas elle qui lui avait crié son désespoir en le maudissant de tous les mots... non, tout cela n'était pas réel. Plus réel. Plus... Tout cela était loin. Oui, loin...

Là, tout près, il y avait un vampire, réalisa-t-il de nouveau, sursautant presque quand ses sens aperçurent la créature non loin. Un écart, se retournant vers la présence, un regard un peu fou, se demandant l'espace d'un instant qui était ce vampire et ce qu'il faisait là. Ce que lui-même faisait là d'ailleurs... et qu'était ce "là" ? Avant que finalement tout lui revienne. Aussi clairement que le présent s'était fait oublié, il se rappela à sa mémoire, pourtant réputée infaillible, et le frappa de plein fouet. Les baptistrels. Son arrivée ici. Les vampires. Les négociations. Cet Achroma. Oui, tout lui revint.

Et honteux, il détourna le regard, fuyant. Fuite, encore et toujours. Il fallait croire qu'en ce moment c'était tout ce qu'il savait faire.

- Qu'il est étrange... et déroutant... de vous entendre parler ainsi, vous vampire. Oui, étrange. Dérangeant. Douloureux, croassa-t-il alors qu'un sanglot manqua de le faire s'étrangler.

Et déshonorer. Qu'il aurait été honteux de pleurer devant un de ses ennemis. Ou ancien ennemi ? Mais... était-ce des traces de larmes qu'il sentait sécher sur ses joues pâles réalisa-t-il abruptement, en portant la main à son visage. Avait-il... par le Dracos... Avait-il pleuré ? Devant la créature ? non, pas créature, pas vraiment, pas seulement... Avait-il pleuré devant ce.... vampire ? Devant lui, Achroma ? Quelle disgrâce alors... Pour quel être faible allait-il donc le prendre...


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MessageSujet: Re: L'eau coule sous les ponts [Pv Eliowir]TERMINE L'eau coule sous les ponts [Pv Eliowir]TERMINE Icon_minitimeMar 10 Sep 2013 - 22:59


Aurait-il sut l'impacte de ses paroles qu'il ne les aurait changées pour rien au monde, prisant bien plus le présent de sincérité qu'il offrait que le confort de celui qui les recevait. Il parlait juste, et franchement, et c'était plus que ce que nombre de vampires avaient à offrir, répondant sans se restreindre aux questions de l'elfe qui lui faisait face... Il ne cherchait nullement à lui faire du mal, bien loin de la perverse satisfaction de voir l'esprit d'un autre se briser sous l'effet de méticuleuses paroles. Non il n'était pas ainsi, et voir le trouble qu'il causait chez Eliowir ne lui plaisait en rien, bien au contraire, ce n'était pas son but, son but était de lui ouvrir les yeux à une autre vision de l'existence, dont il aurait le loisir de faire ce qu'il voulait... mais à tout le moins, il l'aurait entendu. Des perles transparentes roulant sur la soie pâle et couturée de son visage portant davantage les affres du temps, alors que le millénaire était l'aîné de ce duo, le regardant se détourner de lui, se détourner de leurs conversation vers des souffrances dont il n'était pas conscient, dont il ne savait rien. Oh il savait que l'elfe avait souffert, ça oui, mais de quoi et comment, cela restait une énigme... Et cette voix, rauque de pleures contenus, déchirée... lui arrachant un élan de tendresse véritable malgré sa froideur. Il se leva alors, ondoyante forme de lumière, moirée d'or glorifié, et s'approcha de lui à pas comptés, lentement, jusqu'à se tenir près de lui, l'observant toujours sans ciller un seul instant, à l'écoute du cœur ravagé de souffrance qui battait dans sa poitrine. Élevant une main il vint caresser les rubans humides sur ses joues, les effaçant de ses doigts froids puis il la posa sur son cœur, le sentant battre, chaud et fébrile entre le tissu, la chair, et sa main. Autrefois, il aurait été affamé de sentir l'organe palpiter si délicieusement, mais en cet instant il n'en ressentait absolument rien... un vide béant, et c'était parfait.

« Pas vampire, messire. Achroma. Peu importe la race, tout individu est unique...  » Il pressa légèrement « Vous souffrez, je le vois... Venez avec moi...  »

Il glissa un bras autour du sien, fermement mais avec douceur, une une autorité paisible qui lui ressemblait trait pour trait. Et ainsi, il quitta les abords de la fontaine, marchand d'un pas tranquille sous le haut soleil de la journée d'été du domaine, ne craignant nullement de se montrer par ce temps ou en cette compagnie. Ses fréquentations avaient toujours été des plus étranges après tout, ce ne serait certainement pas la dernière fois qu'il entretiendrait de singuliers liens. Après de longues minutes une ombre brillant vint les survoler, jetant des éclats prismatiques sur l'herbe alentours, ses immenses ailes battant l'air et le faisant vibrer. Son esprit et celui de la dragonne se caressèrent avec douceur et légèreté tandis que la forme blanche les encerclait depuis les cieux. Il appréciait le spectacle qu'elle offrait, c'était d'une beauté saisissante, poignante, qui apaisait le cœur et lui rappelait qu'il y avait une promesse attendant encore d'être réalisée entre eux deux : leurs premier vol en duo. Juste elle, lui et le ciel immense et sans fin pour territoire, un royaume juste pour eux... pour partager leurs lien unique. En attendant cependant, il guidait son invité vers le sanctuaire du feu sans se presser, mais ne lui laissant pas le loisir de s'esquiver, tenant absolument à ce qu'il le suive, partage son temps, et continue de poser ses milliers de questions qu'il sentait papillonner là, sous la surface de sa personne.

« Vous savez... » entama t-il après un temps  « Ce n'est pas tout à fait la première fois que j'enfante. Certes, c'est la première fois que mon fils est réellement relié à moi, mais auparavant j'ai élevé un jeune vampire. Je l'ai rencontré dans les forêts du royaume humain, il y a plus de sept cent ans. Il était sauvage, indiscipliné, ne parlait pas et n'avait aucun sens du contact raisonnable.... je l'ai pris sous mon aile, je l'ai élevé comme mon fils, je lui ai donné un avenir. Je lui ai donné ma confiance, du moins je le pensais, lorsque je lui ai attribué mes devoirs. Je devais fuir, les miens voulaient faire de moi un prince, mais la couronne ne m'a jamais intéressé. Il a accepté de veiller sur le reste des anciens à ma place et je suis partit... et lorsqu'enfin je suis revenu, que j'ai trouvé la force, le courage de faire face à mon peuple... j'ai découvert qu'il avait été tué par Lorenz Wintel. La douleur que j'ai ressentit alors a faillit m'être fatale. Je suis devenu fou, j'ai affronté Lorenz... et je l'ai poussé à boire le sang du dragon... » Il tourna son regard  vers l'elfe. Il ne savait pas ce qu'il se reprochait, mais il se reprochait quelque chose s'était certain. Aussi limpide qu'un clair cristal. Autant continuer de se livrer alors, lui-même n'avait rien de parfait après tout, bien loin de là. Si Lorenz était si fort c'était entièrement sa faute, et sa faute également si Adryne était mort... tout était de sa faute oui, si seulement il avait eut le courage de se couronner prince.

Il ne l'avait pas eut hélas, et ils en étaient là. Mais peut-être que la situation se serait aggravée d'une autre façon. On ne pouvait jamais réellement savoir. Aussi il ne se torturait que peu de ces considérations. « Si vous désirez me confier vos souffrances, j'écouterais avec la même patience que vous m'avez témoigné. Si non, permettez moi simplement de poursuivre notre échange, il est rare d'avoir une oreille si attentive, et un esprit si éveillé»
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MessageSujet: Re: L'eau coule sous les ponts [Pv Eliowir]TERMINE L'eau coule sous les ponts [Pv Eliowir]TERMINE Icon_minitimeMer 11 Sep 2013 - 15:39

La sensation de doigts froids sur son visage, semblant retracer les sillons de ses larmes traitresses, le sortit à peine de sa torpeur étrange. Même la main ensuite posée sur son cœur ne le fit pas reculer, comme il l'aurait fait d'ordinaire.

« Pas vampire, messire. Achroma. Peu importe la race, tout individu est unique...  »

La main se pressa davantage encore, mais son cœur n'en battit pas plus vite, aucune peur ne lui fut insufflée. Aucun recul n'installa de distance entre eux. Son instinct de survie semblait endormi, enfoui au fond de lui tandis que les affres qu'il avait ensevelis jusque-là en son for intérieur semblait prendre la place et ressurgir sans aucune gêne.

Achroma, répéta une petite voix dans son esprit. Achroma. Oui le vampire n'était pas que vampire, ni que créature. C'était effectivement un être, un être semblant ressentir des choses, des sentiments, ou des réminiscences de sentiments, il ne saurait trop dire. Mais en cet instant, le vampire lui montrait une certaine compassion. De cette compassion silencieuse qui n'avait pas besoin de mots. Pas vraiment... Achroma venait de lui offrir en cet instant ce que beaucoup lui avait refusé jusqu'alors. Ecoute. Un semblant de compréhension peut-être...

Ainsi quand ledit vampire agrippa son bras, et l'entraina avec lui, il ne savait où, Eliowir ne manifesta aucune réticence et se laissa faire. En temps ordinaire, il se serait récrié, vivement écarté, voire aurait pris tout simplement la fuite ou du moins congé... Mais ils n'étaient visiblement pas en temps ordinaire. Cette conversation étrange, qui lui aurait paru déplacée, lui semblait en cet instant agréable, intéressante et apaisante. Si on lui avait dit, la veille encore, qu'une telle conversation était possible avec un vampire, sans doute l'elfe aurait-il harponné le plaisantin avec sa lance. Comme quoi certaines choses pouvaient changer. Même chez les elfes, pensa-t-il avec une certaine autodérision ironique.  

Une ombre les survola rapidement, mais l'elfe y prêta que peu d'attention, son esprit encore embrumé de ce qu'il venait de ressentir, des cauchemars éveillés qui venaient de le hanter. Ce qui l'entourait à cet instant ne parvenait à happer son esprit, tant il peinait à reprendre pied. Les oiseaux gazouillant non loin, l'herbe chantant sous leurs pas, le vent soufflant dans leur chevelure, psalmodiant sa suave mélopée à leurs oreilles, le soleil miroitant sur les pétales aux mille couleurs des fleurs parfumées... Rien de tout cela n'éveilla ses sens. Non, ce ne fut que la voix mélodieuse d'Achroma qui l'extirpa de ses pensées confuses.

L'enfantement des vampires. Il peinait encore à appréhender cette notion-là, pour être honnête. Enfanter... Pour lui, enfanter se faisait dans l'amour et l'union de deux êtres... Enfanter était donner vie à un autre être à qui l'on offrait ensuite amour et protection. Or un vampire... Un vampire mourait. Un vampire était un être non doté de vie justement... Comment pouvait-on donc enfanter la mort ? Il se garda bien toutefois de donner cette vision des choses à Achroma à ses côtés. Il commençait d'ailleurs à penser que l'autre l'avait pertinemment bien cerné et se doutait déjà des questions, doutes et autres scepticismes qui agitaient l'elfe qu'il tenait à son bras. Enchainait, aurait-il plutôt tendance à dire. La poigne était ferme. Sans, être douloureuse certes, mais elle semblait bien déterminer à ne pas le laisser s'échapper. Pas qu'il en ait véritablement envie en cet instant, mais à voir où le conduisait Achroma... A savoir vers le puits flamboyant où logeaient les vampires... Il aurait aimé récupérer sa capacité à fuir. Au cas où... Sait-on jamais.

Il continua donc de suivre, ne faisant aucun mouvement pour se dégager ni s'esquiver, ni pour faire comprendre du moins qu'il en aurait eu l'envie. Il peina toutefois à ne pas quelque peu se crisper à mesure qu'ils se rapprochaient du lieu fatidique.

« Si vous désirez me confier vos souffrances, j'écouterais avec la même patience que vous m'avez témoigné. Si non, permettez moi simplement de poursuivre notre échange, il est rare d'avoir une oreille si attentive, et un esprit si éveillé»

Il hésita un instant. Court instant où il peina à trouver ses mots. Se confier ? ne pas se confier ? Puis finalement il décida de simplement se laisser porter par ce qui venait à l'esprit. Que les mots viennent à lui puisqu'il ne parvenait à venir à eux...

- J'essaie de vous écouter et de comprendre oui. Mais je dois avouer... que j'ai tout de même du mal. Je pensais... Enfin vous avez compris ce que je pensais jusque-là de ceux de votre race... Sire Achroma.

Voilà déjà un pas. L'appeler par son nom. Et ce n'était pas un petit pas concernant le vieil elfe qu'il était, aux idées parfois étriquées. Oui, il avait bien dit étriquées... Il se savait borné et aux idées bien arrêtées. Seul son long séjour hors du royaume des elfes l'avait obligé à mettre de l'eau dans son vin, comme disaient les hommes, et l'avait obligé à revoir nombre de ses idées reçues. Une de plus, une de moins...

- J'ai du mal avec cette conception... d'enfantement. Pour moi l'enfantement est intimement lié à la vie. Hors... les vôtres... représentent pour moi la mort. Leur venin... une malédiction. Je sais, je pense avoir compris, cette vision des choses vous semble étroite d'esprit et très naïve. Et peut-être l'est-elle effectivement... Peut-être... mais cette notion des choses me bouleverse. Je... En fait, j'avoue avoir du mal avec la vision des vampires que vous dépeignez tout simplement. A vous entendre, à vous voir, il semblerait que les vampires peuvent ressentir, éprouver des sentiments, avoir de la peine, de la souffrance, de l'affection, de l'amour peut-être même... éprouver le besoin de liens, d'une famille... Mais je n'arrive pas à trancher si ce ne sont là que mots pour me tromper, ou réelles convictions profondes. Quand je touche votre main...

Se disant, il s'exécuta de sa main libre, n'osant pas toutefois étreindre la froideur qui envahissait soudain la peau chaude sa paume.

- Elle est d'un froid déroutant, troublant. Pire même. Une froideur qui me fait frissonner si je voulais être honnête. Pourtant vos mots, vos regards... vos gestes d'attention... pourraient témoigner d'une chaleur... de cette autre chaleur inespérée chez les vôtres.

Il se tut un instant, ne sachant comment aborder la suite, ne voulant pas, pour une obscure raison, vexer le millénaire outre mesure.

- Si... Si tout ce que vous me dîtes n'est pas mensonge, alors... cela ouvrirait des perspectives. Peut-être que paix et peut-être même respect seraient possibles entre nos deux peuples. Oh cela ne se ferait pas en un jour, et cela serait bien difficile et éprouvant, après tant d'années, que dis-je, de siècles ! de haine féroce et de sauvagerie. Et j'admettrais volontiers de sauvagerie de toute part, si cela vous sied. L'esprit de vengeance des elfes peut être bien aiguisé, et combiné à la peur... donner lieu alors à des massacres aussi sanguinaires que ceux perpétués par votre espèce. Peut-être... Peut-être si tout ce que vous dîtes est vrai, pourrait-il y avoir un avenir... un début d'avenir du moins.  

Enfin si tous les vampires pensaient de même toutefois...

- Si bien sûr votre "Prince", rajouta-t-il rapidement en mettant tout le mépris dont il était capable, à savoir beaucoup, dans ce simple mot, n'était pas ce qu'il était. A savoir un rustre sauvage, sanguinaire, qui prend plaisir dans la souffrance des autres, assoiffé de puissance. Si assoiffé qu'il a bu du sang de dragon ! Du sang de dragon !

L'outrage qu'il ressentait vibrait dans sa voix. Mais il se rappela soudain à qui il avait affaire, à savoir un vampire, potentiellement fidèle audit prince... Même si, au vu de la vision des choses d'Achroma, il émettait quelque doute quant à ce qu'un tel vampire, prônant de telles idées, puisse suivre un tel prince aux idées si radicales.

- Vous me direz... Certains elfes ne valent guère mieux. Et je serais bien mal placé pour vous détromper. Je... Je ne vaux guère mieux que certains d'entre les vôtres. Mes crimes durant la guerre... pendant laquelle j'ai tué nombre des vôtres, et ce sans l'ombre d'un scrupule, défendant certes ma vie et l'engagement des elfes aux côtés des Hommes... Cette sauvagerie dont j'ai été capable, moi qui aime me targuer d'honneur... Les cicatrices que je porte, que j'aurais d'ailleurs pu faire disparaitre aisément pour beaucoup avec un excellent guérisseur, ne sont que le reflet de ce qui m'a habité pendant les combats... de cette fièvre là... Mais au-delà de cela...

Et soudainement les mots se turent, se bloquant dans sa gorge nouée. Ah, semblait-il que les cauchemars voulaient de nouveau s'inviter. Mais cette fois-ci il parvint à puiser la force de les chasser et de s'ancrer à la réalité. Ou peut-être était-ce la bras qui le retenait si fermement qui lui permettait de garder ancrage justement ? Oui, peut-être, sans doute... Etrange présence si forte et si apaisante, que celle à ces côtés. Une présence qui aurait dû lui faire peur, le faire fuir ou attaquer, mais qui au contraire le sécurisait presque. Peut-être était-ce impression trompeuse, mais il n'avait aucunement envie de s'apesantir sur ce possible doute. Il en avait bien trop d'autres pour s'attarder sur celui-là.

- Je... Vous êtes auprès de l'Infanticide. C'est ainsi qu'on me nomme par chez moi, parvint-il à cracher dans un souffle tout juste audible. J'ai...

"Oui, allez dis-le", siffla une petite voix encourageante.

- J'ai tué mon fils. Il... Il était... Dracos m'a donné la chance de pouvoir enfanter, de pouvoir donner la vie, alors que mes cinq cent ans étaient déjà bien sonnés. Il en est souvent ainsi dans la lignée des Serillëiel, dans ma famille. Nous enfantons souvent tardivement et de plus en plus tard d'ailleurs, nous faisant craindre à chaque fois que notre lignée s'éteigne. Je pensais réellement que je n'aurais plus cette joie quand il est arrivé.

Etrange, il lui semblait impossible encore aujourd'hui de prononcer son nom...

- Mais il était muet. Peut-être sourd, nous n'avons jamais réellement réussi à le savoir. Je... Quand nous avons découvert son handicap... Ce fut une terrible épreuve pour moi. Dans notre famille, nous sommes de puissants mages, sans vouloir nous vanter, et des nobles conseillers. Deux voies qui requièrent capacité de parole. J'étais... désespéré que mon fils ne puisse reprendre la relève et que notre lignée achève là son essor. Dans mon extrême arrogance, car oui je sais l'être, je l'ai toujours été et on me l'a toujours reproché, encore un trait de famille qui semble s'être particulièrement exacerbé chez moi, dans mon extrême arrogance donc, j'ai tout fait pour contrer ce handicap. J'ai été dur, autoritaire... pire sans doute même. Cruel me disait parfois ma femme, ma douce Serwina. Et... Et dans un accès de colère, le sort est parti.

Un sanglot l'étouffa un instant, avant qu'il ne se calme aussi abruptement en inspirant profondément.

- Il ne lui était pas destiné.

Sa voix tremblait toutefois encore. Maudite faiblesse.

- Mais il l'a atteint de plein fouet. Foudroyé. Tué, transpercé de toute part. Je l'ai tué. Tué mon fils, mon enfant, ma... ma vie... Une vie dont j'étais si fier, si...

Les larmes perlèrent de nouveau.

Etrangement en parler semblait apaiser un peu les spasmes de son cœur éprouvé. Jamais encore il ne s'était confié ainsi. Il avait raconté les faits oui, mais simplement les faits. Sans tenter d'exprimer sa peine...

- Et ma femme, après ses terribles accusations, justifiées malheureusement, s'est donnée ensuite la mort. Je suis le dernier. Et la digne et noble lignée des Serillëiel s'arrêtera avec moi. Avec l'ignominie que je suis.

Cette fois il s'arrêta derechef, forçant son compagnon à s'arrêter avec lui. Il se tourna abruptement vers le vampire, et le darda d'un regard sombre, plus sombre encore que la nuit, où les ombres de ces horreurs, toutes entremêlées entre elles, semblaient valser dans une folle farandole, au fond de ses prunelles ternies, tandis que les étoiles semblaient finir de s'y éteindre elles aussi.

- Voilà l'abjection que je suis, Sire Achroma. Voilà l'Infanticide. Vous qui dîtes tant aimer ceux que vous enfantez, quels... sentiments... éprouvez-vous donc devant celui qui a assassiné son enfant ?
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MessageSujet: Re: L'eau coule sous les ponts [Pv Eliowir]TERMINE L'eau coule sous les ponts [Pv Eliowir]TERMINE Icon_minitimeSam 14 Sep 2013 - 17:04


Oh il avait comprit en effet, Eliowir n'aurait put être plus transparent même si il avait essayer d'écrire tout ce qu'il pensait. Bien qu'il y ai effectivement eut de quoi se vexer, ou se rengorger, tel un paon outragé, il ne le fit pas, pas plus qu'il ne l'avait fait en débutant leurs conversations. Il était naturel, hélas, que son interlocuteur pense ainsi, l'inverse eut été une véritable surprise. Hors précisément, lorsqu'on s'attendait aux réactions de ses interlocuteurs, l'on en souffrait que rarement, voir jamais. Depuis les siècles qu'il se frottait aux autres races, il avait finit par adopter une attitude purement compréhensive, et un brin désabusée, dès que l'on en venait à parler de tout cela, n'attendant rien de surhumain, d'inhumain... Qu'il ai écouté, quand bien même il avait du mal à appréhender ce qu'il disait, était déjà un énorme pas en avant... Il ne rejetait pas ses idéaux, ne le condamnait pas d'office pour ces simples paroles. N'était-ce pas déjà la preuve qu'il n'était pas entièrement perdu ? Un autre aurait très certainement refusé de lui accorder le moindre crédit, ce serait écrié, aurait ragé... pas lui semblait-il, bien que tout ce qu'il ai put lui dire le perturbait à juste titre, il semblait plus prompte à questionner davantage que de se hérisser. Oui il avait du mal, n'importe qui dans son cas en aurait eut et lui le premier, au départ, avait été quelque peu perplexe face aux considérations diverses qui parvenaient jusqu'à lui. Lorsqu'il était un jeune vampire il avait lui-même entretenu une certaine haine pour les autres races, un certain mépris... mais la guerre lui avait retiré ses illusions, et de la manière la plus violente qui soit. Ça avait été le début, la naissance de sa maturité, qui avait pourtant prit bien des siècles à se construire réellement... et pour cela seulement, il ne demanderait jamais à qui que ce soit d’acquiescer à ses paroles tout de suite et sans réserves. Parce qu'il ne fallait pas attendre des autres ce que l'on était incapable d'accomplir soit-même... Eliowir se montrait déjà plus ouvert que lui-même ne l'avait été à ses débuts. C'était la seule chose qu'il retenait.

Ça et le fait qu'il était, d'une certaine façon, cruellement naïf. Point en raison de son malaise face à ce qu'il affirmait, mais bien dans sa façon de se méfier, encore un peu. Il n'avait absolument aucune raison de le tromper après tout, pourquoi l'aurait-il fait, alors qu'il prisait l'attention que l'elfe lui offrait avec simplicité, alors qu'il prenait sur lui pour entendre ses confessions. Ce serait bien mal le remercier que de lui mentir. Il n'avait pas l'usage des mensonges, jamais... en quoi les mensonges pouvaient-ils lui servir ? Si il voulait se servir de quelqu'un, il pouvait aisément le faire sans mensonges, juste à manipulant la vérité. Mais il ne voulait pas se servir de lui. Cet Eliowir, rien qu'à son accoutrement hurlait son statut de mendiant. Sa valeur était intellectuelle et rien d'autre, pourquoi aurait-il voulut se servir de lui ? Et puis... il le respectait, cet elfe, du peu qu'il en avait vu et entendu. Ce qui faisait une raison de plus de ne pas le tromper. Il l'observait pourtant, muet, l'écoutant avec douceur, n'esquivant pas la prise timide de sa main, sentant la chaleur de la main vivante contre la sienne.... Douloureusement vivante, cette main, et lui rappelant une chaleur qu'il n'avait jamais connu de son vivant. Il étendis délicatement les doigts, caressant le vélin de la peau sylvaine sans l'interrompre. Oui il était froid... il avait toujours été froid, même dans sa vie d'humain... il était un hiver long et rigoureux, sans pourtant le vouloir le moins du monde. Son toucher mettait les fleurs de vie à genoux bien malgré lui, lors même qu'il désirait tant les voir s'épanouir. Un début d'avenir, oui... si seulement cela pouvait être vrai. C'était tout ce à quoi il aspirait... voir son peuple vivre en toute intelligence avec les autres. Être reconnu, comme un véritable peuple, et pas une horde de monstre.... Il était prêt à tout pour parvenir à cette ultime utopie, et par chance, il avait l'éternité pour cela...

Une éternité que ne partageait nullement Eliowir, ou aucun autre mortel. Tout au plus savait-il que les dragonniers vivraient plus vieux, en compagnie des Baptistrels qui le désiraient. L'elfe ne pouvait savoir ce qu'il avait éveillé en lui, mais une sombre amertume lui nouait les entrailles. La chaleur de la vie manquait parfois à son âme, cruellement... Pouvoir la ressentir jusqu'au plus profond de lui-même, l'étreindre avec abandon... une autre faim, sans doute plus poignante encore que la soif de sang, la faim de vie. Oh il comprenait, d'une certaine façon, ceux qui haïssaient les vivants de posséder un don aussi précieux et admirable. Et le simple fait de côtoyer de si près cette chaleur le tentait outrageusement... Durant son exile, il avait vécu presque sans arrêt sous le soleil et auprès des humains de ces terres inconnues de tous, il s'était habitué à toujours bénéficier de ce trésor inestimable... et s'en trouver privé, en retournant auprès des siens, avait été une perte tragique de plus, peut-être la dernière, la plus intolérable de toute. Il lui fallait faire quelques efforts pour rester impassible en pareille situation, et en cela la mention de Lorenz aida. Il se secoua intérieurement et s'obligea à se concentrer. Ah Lorenz.... il était hélas plus subtile que l'elfe ne le pensait, et c'était bien le problème. Quand au sang de dragon.... c'était sa faute à lui, Achroma, puisque le prince n'avait cherché qu'à sauver sa vie, ou sa non vie, alors qu'il allait le mettre à mort. Il aurait dû réussir, il aurait dû le tuer... mais il n'avait pas réussit hélas et ils en étaient d'autant plus désespérés. Mais un jour cette erreur serait réparée et Lorenz jeté à bas de son odieux trône... Il ne pouvait en être autrement, car si ils échouaient, si il échouait, ce serait le continent tout entier qui en pâtirait sévèrement. Pire même, il n'y aurait plus rien de bon en ce monde... une terre brûlée dans le cœur de tous, et ce indéfiniment. Pouvait-il offrir une meilleur alternative ? Il avait l'orgueil de le croire, oui, à tord ou à raison.

Un froncement de sourcil lui vint, mais il ne fit pas de commentaires sur l'auto flagellation de l'elfe. Non, il n'y avait aucun crime à s'être laissé emporté dans le tourbillon de la guerre. Mais pas d'honneur non plus. Ils étaient tous coupables, à des niveaux différents. Aucun d'eux n'était blanc, pur, et justement... c'était précisément parce qu'ils étaient tous coupables qu'ils savaient dans quels travers il valait mieux ne pas tomber. Ils savaient ce qu'ils avaient à faire, ils avaient vu l'obscurité de leurs cœurs, et s'en défiaient... Et pourtant il y avait autre chose, une chose qu'il ne lui avait pas encore dite, mais qui menaçait de percer le barrage de ses lèvres. Alors il attendit, se refusant à parler, à briser ce quelque chose qui passait entre eux. Et son attente fut récompensée bien assez vite... Meurtrier certes, infanticide ? Quelque chose en lui se serra, de l'entendre parler ainsi. Il avait tué son fils ? Son sang ? Sa chair ? L'être à qui il avait donné la vie ? Mais pourquoi donc ?! Quelle terrible démence l'avait saisit pour qu'il commette un acte aussi terrible et incompréhensible ? Non pas si incompréhensible en vérité, pas alors qu'il se livrait si totalement à lui... Et la tristesse ne fit que s'accroître, la peine, pour un père désespéré par l'état de sa progéniture, par un fils qui sans nul doute avait été misérable de ne pouvoir contenter son géniteur... Étrangement, cela relativisa également la déception qu'il éprouvait envers Zaphirel, qui n'était guère à la hauteur de ses attentes malgré l'affection qu'il lui portait. Il ne voulait pas en arriver à tuer son enfant... quelle terrible malédiction était-ce là, quel terrible poids à porter. En lui, de lourds sentiments se battaient... l'indignation de l'entendre s'appeler ignominie, la pitié, réelle et profonde, la compassion, la réprobation naturellement...

Il s'arrêta un instant, forcé par Eliowir et l'observa, le visage impassible un moment, le regardant dans les yeux. Ce qu'il pensait ? Beaucoup de choses... Son visage s'assombrit, et il éleva la main comme il l'avait déjà fait, caressant le visage couturé de l'elfe. « Beaucoup de choses, Eliowir. Sans doute rien qui vous plaira » Il entoura son visage «  J'éprouve de la compassion pour vous, de la pitié, je ne peux le nier... votre histoire... est terrible. Je ne peux imaginer la souffrance que vous avez dû éprouver. Ni votre détresse, je n'ai jamais été confronté à pareille épreuve.... mais je sais que la souffrance dans votre voix, dans vos paroles, fait écho à la blessure au fond de votre âme. Bien sûr, je ne nierais pas qu'il s'agit là d'un geste choquant... mais la peine l'emporte à mes yeux. C'est un récit tragique que le votre... tragique autant pour votre fils que pour vous-même... et j'aimerais réellement être capable de vous soulager de cette peine, non point l'effacer, car elle vous construit, encore aujourd'hui, mais vous permettre de vous défaire d'une partie de son poids... » Il chassa une mèche pâle, puis posa ses mains sur ses épaules, pressant avec délicatesse pour éviter de les lui broyer sans le vouloir « Vous retenez vos larmes. Et ce depuis longtemps je le suppose. Trop longtemps. Pourquoi vous refuser un soulagement tel que celui-ci ? Pleurer lave l'âme et lui permet de respirer... c'est un don exceptionnel, inestimable... tout comme la chaleur de votre corps. Ne vous torturez pas ainsi Eliowir... ne vous refusez pas votre propre peine » Un pauvre sourire lui vint « Croyez en le conseil d'un homme qui a passé des éons sans une larme, c'est un bienfait.... »

Il le serra dans ses bras, avec tendresse, comme il aurait put le faire d'un enfant qu'il aurait tenté de réconforter. Il n'était pas empathique, loin de là, et pas particulièrement doué pour soulager les âmes torturées... mais il désirait véritablement se montrer... 'humain'. « Mais je vous en prie... ne vous appelez plus jamais ignominie, ni abjection. Aucun mot que je pourrais prononcer ne sera à la hauteur de votre peine, et je ne les prononce pas avec cet espoir... Mais au moins, vous ne l'avez pas confiné dans le mépris ou l'ignorance Eliowir. Il aurait souffert encore davantage de vous savoir indifférent à lui... bien davantage »
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MessageSujet: Re: L'eau coule sous les ponts [Pv Eliowir]TERMINE L'eau coule sous les ponts [Pv Eliowir]TERMINE Icon_minitimeDim 15 Sep 2013 - 17:30

Etrangement, une réelle appréhension attendait le verdict du vampire. D'ordinaire, en d'autres temps, le fier elfe, arrogant qu'il était, n'aurait eu que faire de l'avis des autres, d'autant plus quand ces autres étaient de race non elfique. Ne parlons même pas de l'avis de quelconque vampire.... Mais il fallait croire que ce jour n'était pas placé sous le signe de l'ordinaire. Rien que cette conversation surréaliste, ces aveux et sombres confessions que tous deux venaient de partager... Rien de tout cela déjà n'était ordinaire. Et Eliowir devait avouer qu'il était impressionné, intrigué, et particulièrement attiré par Achroma.

Pas comme il pouvait être attiré et révulsé à la fois par Lorenz Wintel. En Lorenz seule la puissance qui émanait de lui l'attirait et attisait son avide curiosité. Mais l'aura sombre teintée de tant d'horreur et de douleur qui entourait Lorenz lui inspirait dégoût profond, si profond qu'il annihilait presque tout autre sensation envers le prince des vampires.

Mais Achroma... Achroma c'était différent. Ce calme, cette feinte sérénité, cette indifférence froide et pourtant plus attentive qu'elle n'y paraissait, cette force tranquille qui émanait de lui, cette majesté même... Achroma paraissait tout aussi puissant que leur prince, mais de manière différente, et cette puissance s'alliait à des ténèbres bien différentes. Attirantes. De ces mêmes ténèbres qu'Eliowir sentait parfois pulser en lui, même s'il avait toujours tenté de les brider au plus profond de sa folle âme. Oui il se sentait irrésistiblement attiré par Achroma Seithvelj. Comme jamais un vampire ne l'avait attiré. Comme jamais un homme ne l'avait attiré en fait.

Une attirance qu'il n'aurait su décrire réellement alors, bien trop perturbé déjà par cette révélation et ce sentiment qui l'agitait. Une attirance étrange, qu'il aurait dénoncée comme contre nature venant d'autres, et même venant de lui, mais qui pourtant l'envahissait sans qu'il ne parvienne à lutter contre cette tempête insidieuse. Une attirance qui mêlait mille et un sentiments contradictoires, qu'il ne parvenait à démêler et qu'il n'arrivait même plus à nommer. Une attirance qu'il décida alors de suivre, en priant Dracos de ne pas tomber dans un sombre piège.

C'est ainsi que, quand les doigts froids vinrent lui caresser le visage, aucun mouvement de recul ne vint rompre ce moment hors du temps. Il resta tout aussi calme, à défaut d'être totalement serein, quand la main vint entourer son visage. Une main froide certes, mais ô étonnamment douce. Pour un vampire...

« J'éprouve de la compassion pour vous, de la pitié, je ne peux le nier... »

- Je ne veux pas de votre pitié, murmura-t-il doucement, coupant l'autre un court instant.

Mais se muant dans un calme silence quand l'autre reprit. Non, pas de pitié. La pitié lui semblait dégradante. Déshonorante. La compassion par contre... Oui, cela peut-être qu'il pourrait l'accepter. Oui, la compassion pourquoi pas...

Oh oui il avait envie de pleurer. Et déjà les larmes avaient commencé à l'emporter en quelques occasions depuis son arrivée en ce domaine. Comme si la magie baptistrale l'incitait effectivement à épancher cette peine qui l'envahissait et l'étouffait petit à petit menaçant de le faire définitivement succomber, soit dans la folie, soit dans la mort de l'âme. Ou les deux à la fois, allez savoir. Mais non, il ne voulait pas pleurer, quand bien même les larmes traitresses s'échappaient malgré lui. Pleurer était... était... signe de faiblesse. Et indigne de lui, indigne d'un Serillëiel. Plus encore il n'avait pas le droit de pleurer, pas pour ce qu'il avait fait. Il était coupable, horriblement coupable. Et un coupable ne pleurait pas, quand bien même il regrettait profondément son geste honni. Non les pleurs devenaient interdits au coupable, n'est-il pas ?

« Croyez en le conseil d'un homme qui a passé des éons sans une larme, c'est un bienfait.... »

Et soudain il se retrouva happé dans une étreinte. Son corps chaud pressé par une force incroyable contre un corps froid. Une étreinte qui était loin d'être aussi froide que le corps qui l'enserrait toutefois. Une étreinte de laquelle émanait une autre chaleur, de cette chaleur impalpable et irréelle mais pourtant si présente, si réconfortante, si rassurante. Bien plus encore que les larmes qui, insidieusement, avaient recommencé à dévaler les sillons de ses joues pâles.

- Je n'ai pas le droit de pleurer, croassa-t-il entre deux sanglots, tentant de se convaincre lui-même. Les pleurs, les larmes, me sont dès lors interdits...

Et pourtant, il ne parvenait plus à les retenir...

Oh non il n'avait pas confiné son fils dans l'ignorance. De tous les êtres qu'il avait connus, son fils avait été certainement le seul qu'il avait aimé, véritablement aimé. Plus que sa femme, à qui pourtant il avait voué une réelle affection. Mais avec sa femme, il s'était agi d'une alliance politique, de convenance, et d'intérêt, et non d'un mariage d'amour. Même si avec le temps, affection, réelle tendresse et profond respect les avaient ensuite définitivement liés. Même s'il avait bien souvent trompé sa chère et tendre, il lui avait voué une affection sans faille, oui. Mais son fils... Non son fils, il l'avait aimé. A sa façon certes, probablement amour égoïste, mais il l'avait aimé, comme jamais il n'avait aimé.

Et à cet instant, il réalisa qu'il n'avait jamais connu le véritable amour. Pas celui que décrivaient nombres d'elfes, de ceux qui se disaient ensuite brisés par la perte de leur amour éternel. Non, il n'avait jamais connu cela, il n'avait jamais trouvé une telle personne, un tel alter ego. Pas même la belle humaine, belle Ardwenna, avec qui il avait, contre les convenances de son peuple, passé quelques années de sa vie, avant que finalement elle ne meurt. Non, pas même elle n'avait su lui insuffler cet amour inconditionnel. Seul son fils avait su lui inspirer un sentiment proche, mais c'était alors amour paternel et non amour d'amants. Et soudain, un cruel manque enserra son cœur. De quel bois était-il fait pour être ainsi incapable d'aimer ? Était-il donc si arrogant, si égoïste, qu'amour lui serait impossible ? Interdit peut-être ? Avait-il commis au final trop d'horreurs pour que quelqu'un puisse l'aimer, lui aussi, tel qu'il voudrait aimer ?

Tant de questions soudain. Tant de doutes dansant alors une folle farandole dans son esprit. Tant et si bien, qu'il ne réalisa pas qu'il venait d'enserrer à son tour le corps du vampire. Il était resté jusqu'alors bras ballants, se laissant enserrer, réconforter même, sans réellement réagir. Mais son corps sembla agir de sa propre force, faisant fi de toute pensée, et de toute aversion, pour répondre enfin à l'étreinte. C'est ainsi qu'il se retrouva à entourer lui aussi le corps du vampire de ses bras, ceux-ci venant enserrer les épaules de l'autre, tandis que ses larmes perlaient sur la peau froide du cou du vampire. Nulle peur en cet instant que morsure ne vienne, même s'il sentait pertinemment bien le souffle de l'autre dans son cou, un souffle inutile mais étrangement présent. Son propre cœur, bien vivant, pulsait contre l'autre, muet, sans qu'aucun autre battement ne lui réponde. Mais il semblait n'avoir nul besoin d'un echo pour que leurs deux âmes semblent soudain se comprendre.

Il resta ainsi un long moment, avant finalement de parvenir à se détacher. Difficilement. Douloureusement même. Remerciant intérieurement Achroma de cet instant magique empli d'une réelle compréhension et compassion, comme jamais on ne lui avait offert. Un instant que même les siens lui avaient refusé. Et qu'un vampire, être réputé auprès des siens pour être dépourvu et d'âme et de cœur, lui avait offert sans retenue. Un instant qu'il n'oublierait certainement pas de si tôt...

Il se surprit alors à détailler longuement le beau visage lui faisant face, sa main retraçant sans qu'il ne s'en rende compte les traits fins et délicats presque sculptés dans l'albâtre du magnifique éphèbe qu'était Achroma. Le soleil semblait rayonner sur sa chevelure d'or et transfigurer son regard d'ambre. Ironie du sort quand on songeait que l'astre solaire était censé affaiblir ces créatures et non les sublimer de la sorte. Non... Non, pas créatures, se morigéna-t-il intérieurement. Achroma. Oui, Achroma.

- Merci, souffla-t-il, caressant doucement une mèche soyeuse.

Avant que soudain son regard ne se porte sur l'épaule du vampire. Là, sur le somptueux vêtement, une tache souillait odieusement le précieux tissu. Une tache venant de sa propre tunique, quelque peu souillée par le voyage et les épreuves qu'il avait passées avec les vampires, et qu'il n'avait pas eu l'énergie de nettoyer avant de sortir.

- Je suis... désolé... ajouta-t-il soudain confus, le rouge lui montant aux joues, tandis qu'il tentait d'effacer la trace en la frottant doucement de la main.

En vain.

Et un soudain sentiment de profonde honte le submergea, le faisant vivement s'écarter.

Dans un brusque mouvement de rage, il se retourna, dos au vampire, et déchira sa tunique qu'il finit par carrément retirer et jeter à ses pieds, un grognement furieux s'échappant de sa gorge tel un lion enragé. Ce qu'il n'était pas loin de devenir en cet instant, son totem se ravivant d'autant plus, maître arrogance ne pouvant tolérer l'outrage de passer pour un tel mendiant, un tel pouilleux...

Sans crier gare, sans même penser aux possibles conséquences, il visa l'objet méprisable du doigt et fit apparaitre un champignon ardent, qui explosa aussitôt en projetant des spores brûlants, consumant alors les restes de tunique. Grand mal lui en prit, car un vertige sans nom le saisit, et le fit tomber à terre presque inconscient. Pourtant il ne s'agissait que de faible magie ? Songea-t-il amer. Oui, mais il n'était pas encore remis. On lui avait pourtant dit de ne pas faire appel à quelque magie que ce soit pendant quelques temps, trop faible qu'il était après ce que ce maudit Lorenz lui avait infligé... Oui, maudit Lorenz, parvint-il à penser, tandis qu'il luttait pour ne pas tomber dans les limbes de l'inconscience.
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MessageSujet: Re: L'eau coule sous les ponts [Pv Eliowir]TERMINE L'eau coule sous les ponts [Pv Eliowir]TERMINE Icon_minitimeDim 15 Sep 2013 - 20:39


Silencieux, muet comme une tombe antique, voilà ce qu'il était en cet instant étrange, étreignant le corps de l'elfe dans ses bras avec beaucoup de précaution et de douceur, le ressentant avec une acuité presque effrayante. Le tressaillement de ses épaules sous les pleures, comme un oisillon loin de son nid, le cœur battant contre son torse et dans ses oreilles, produisant une musique langoureuse et attirante qu'il se refusait de suivre, la chaleur qu'il dégageait et qui agaçait sa peau froide comme le marbre... Il était tellement fragile, aussi bien physiquement que mentalement, comme une figure de cristal délicatement ciselée qu'il craignait de broyer d'un geste. Pensée d'aloès que de s'imaginer être réellement un monstre, un bref instant, antique créature, bien plus vieille que ne l'était Eliowir, et pourtant toujours terriblement forte, capable de lui briser les os du corps sans efforts... Oh il ne voulait pas le blesser, bien au contraire, son seul souhait aurait été de pouvoir l'aider à guérir comme on l'avait aidé à guérir de la perte de son propre enfant. Mais si il en était incapable, du moins pouvait il lui offrir cet instant là, prit entre deux temps, isolé, hors de la trame de la vie, où il n'y avait plus qu'eux deux, et où enfin il pouvait laisser aller sa peine, pleurer... au moins une fois. Quel être cruel interdirait ainsi à qui que ce soit de pleurer, quelle sorte de démence pouvait conduire à un tel ordre ? Il ne comprenait pas, et d'ailleurs ne cherchait guère à comprendre, seulement à chasser l'idée de son esprit pour lui permettre de se laisser aller... Bien sûr qu'il avait le droit de pleurer, c'était un droit naturel, inaliénable quoi qu'on en dise et peu importe ce que l'on pensait. Une faiblesse ? Sottise, si la nature avait crut bon de doter les individus de cette capacité, c'était bien qu'elle servait à quelque chose ! Non il ne voyait pas là un coupable pleurant son geste, il voyait là un père ravagé par un acte impulsif qui n'aurait jamais dû avoir une portée si dramatique. Et il comprenait, oui...

Il comprenait, du plus profond de son cœur mort, la détresse d'Eliowir, ne se souvenant que trop bien de la sienne, plus récente. Oui, l'elfe avait aimé son fils, de façon peut-être violente, obtuse, mais il l'avait aimé, et cet amour était tout de même un don inestimable, sans commune mesure. Un don que lui-même n'avait jamais reçu, car ses parents l'avait considéré comme une abomination. Utile, sans aucun doute, mais une abomination tout de même, une malédiction frappant la cité en réponse à une faute incompréhensible... Car oui, naître avec une si grande puissance magique avait été une malédiction en un lieu où la magie était perçue comme une félonie. Il savait, intuitivement, qu'il valait mieux l'amour, même destructeur, que la froide ignorance, et c'était sans nul doute la raison qui absolvait en partie le sylvain à ses yeux. Et c'était également pour cette raison qu'il le serrait si précieusement contre lui, caressant son dos et ses cheveux, immobile, tel une statue, un socle sur lequel Eliowir pourrait s'appuyer, qui serait là pour lui, pour lui permettre de déverser un peu de sa douleur au sein des perles d'eau salée qu'il sentait piqueter son cou délicat. Si fragile... sans aucune défense, en cet instant, offert... Sa détresse était poignante, perçant les défenses de sa froide âme déchirée par des siècles de ténèbres éclatantes, et pinçant la corde sensible de ses sentiments et le faisant vibrer de concert avec son chagrin... Il ne pouvait toucher le cœur de sa misère, englober l'entièreté de ses pensées endeuillées, un tel exploit était au delà de ses capacités, l'intimité de l'esprit elfique était intact, inviolé, mais ce qu'il lui confiait, il l'absorbait de son mieux, ouvert et dévoué, espérant ainsi le libérer d'une part de son immense fardeau. Et c'était là une souffrance qu'il portait avec plus de volonté que celle de Lorenz...

Il sentait l'étreinte de l'elfe sur lui, son cou tout près, à portée de croc, l'odeur étrange qui émanait de lui... non point l'odeur de sang délicieuse, mais une odeur corporelle qui devait lui être propre, et qu'il humait avec une curiosité paisible, inspirant et expirant comme un humain l'aurait fait pour survivre. Plus qu'une présence physique, là entre ses bras, c'était une présence psychique, spirituelle, qui semblait caresser son esprit, et il se fit violence pour ne pas déployer le drapé sombre de son pouvoir pour se glisser au sein des pensées d'Eliowir pour se nicher douillettement dans le fourreau chaud et pulsant de son esprit. Il avait déjà visité l'esprit d'Isendal, de Merveille, et bien entendu de Silarae... mais aucun d'entre eux n'était un elfe, et encore moins un être qui l'intriguait à ce point. La tentation était immense... savoir ce qu'il pensait, goûter ses sentiments comme un vin, savourer la chair juteuse de ses considérations, se repaître de tout ce qui le constituait malgré la souffrance... Mais non, il désirait le soulager, et non le condamner à une démence souillée de la souffrance d'un autre. Plus forte que la sombre malveillance du dragon en lui, tordant ses tripes, il y avait son envie de le préserver. Quant bien même il n'était pas un enfant, pas son enfant, il ne pouvait guère s'en empêcher et s’émerveillait presque de cette impulsion si singulière qui le faisait frémir... Il ne recula pourtant pas, pas un seul instant, laissant les minutes s'écoulaient le long du cours sinueux du temps. Puis, comme une note finale à une mélopée lancinante, il se détacha, le Conteur le laissant aller sans le retenir, et pourtant sans le quitter des yeux, attentif à ses moindres gestes. Il ressentait un certain vide, tout à coup, une absence, un manque... la chaleur de l'elfe ? Peut-être.. Il n'osait avancer d'hypothèse, bien trop absorber par l'échange intense qu'il entretenait avec son vis à vis, qu'il avait apprit à connaître depuis le début de leur discussion...

La caresse le frôla avec une délicatesse égale à la sienne, faisant papillonner ses longs cils, et il se laissa faire, une aube de sourire s'éveillant à ses lèvres. Quelle étrange chose que la nature... Lui qui était millénaire, antique créature née de l'autre coté de la ligne temporelle ressemblait à un jeune homme d'une vingtaine d'année à peine, asphodèle, crème et or, et son cadet, elfe des temps de détresse, du départ des dragons, bien plus jeune, semblait ravagé de misère et d'épreuves terribles. Quelle étrange chose, oui, qu'il ne craignit pas le soleil, son plus grand ennemi, ne ressentant que sa douceur chaleureuse, alors qu'il semblait craindre, lui, une nuit qui n'était nullement son prédateur. Le frôlement de ses doigts n'éveillait nul instinct de défense, en lui... nul malaise. Il était parfaitement serein, laissant l'elfe l'observer et le découvrir sans aucune crainte.En vérité, il s'en rendit vite compte, lui aussi avait reprit l'exploration de son visage couturé, l'observant avec appréciation, voyant bien au delà de l'outrage de la chair fendue, dans la couleur d'empyrée des prunelles et l'éclat de la chevelure ressemblant à une crinière... Le vélin de la peau était encore doux, et si chaud... cette chaleur enivrante qui lui donnait envie d'enfouir son visage contre le creux du cou de son vis à vis, au risque, peut-être, de lui causer quelque frayeur. Mais le remerciement le retint, le faisant sourire d'autant plus largement qu'il n'estimait pas mériter cette reconnaissance. « Vous n'avez pas à...» Il n'alla hélas pas plus loin...

Le voyant se figer, il redevint sérieux, son regard soudain acéré cherchant ce qui n'allait pas. L'elfe, empourpré semblait s'être choqué d'un tâche sur le blanc de sa tunique, lui tirant un demi sourire émerveillait... Dracos, il était tellement... il n'avait pas vraiment de mot pour décrire ce que lui inspirait cette réaction. Qui donc pourrait s'en vouloir d'une simple tâche ? Il avait gâché des tenues bien plus opulentes que celle-ci avec le sang de ses combats et n'en avait ressentit absolument aucune honte. Et lui s'en troublait ? Il était... délicat oui. Une fois de plus, l'image qui lui venait était celle d'une figure de cristal se fendillant à la moindre brise. Et il lui inspirait une tendresse impulsive et très singulière, étonnante même chez lui. Il aurait été presque prêt à l'enlacer de nouveau, à le loger, l'enfouir tout contre son cœur, quant bien même il ne battait pas, et de le cajoler pour le reste de la journée si il le fallait. Un trouble pour si peu, en pareilles circonstances, était tout simplement irrésistible... et pourtant Eliowir lui-même ne semblait pas particulièrement de cet avis. Non à dire vrai, et au vu de sa réaction, c'était tout l'inverse... Il la sentie comme un animal sent le feu, la rage... si commune aux vampires, le fit se refermer dans son écrin de froideur et il resta à distance en le voyant se mettre à nue. Il n'aurait guère de mal à maîtriser l'elfe, si il le fallait, mais ce n'était pas ce qu'il désirait, et étrangement, il sentait qu'il n'était qu'un fil conducteur de cette soudaine colère, non son origine. L'impulsion magique le fit se hérisser cependant, et il évita d'une torsion du buste une giclée de spores ardents en se précipitant en avant pour rattraper l'autre avant qu'il ne tombe par terre.

Il l'entoura d'un bras, le serrant contre lui tandis que de l'autre, il libérait son flot de magie pour étouffer la chaleur qui aurait put donner vie à un incendie, en ce lieu saturé de magie. Puis il reporta son attention sur l'elfe, l'examinant avec attention. C'était là l'oeuvre de Lorenz, il la reconnaissait aisément, et en lui, le feulement de sa dragonne lui indiqua qu'elle était du même avis. Lui-même avait subit cet état après leurs combat, il savait qu'elle faiblesse cela représentait. « Ne bougez pas, je vous prie. Il va vous falloir un peu de temps pour vous remettre » Le sylvain voguait aux abords de l'inconscience, et étrangement, il aurait presque voulut qu'il sombre, car il se voyait obliger de le transporter en un lieu plus adéquat et tant pis pour sa fierté. Le soulevant comme si il ne pesait rien, le Conteur prit grand soin d'assurer une prise confortable quoi que particulièrement étrange, sur le corps de l'elfe, le portant comme une princesse avant de ne pas lui faire mal. Il était d'une telle légèreté... c'était presque déroutant, car il avait plutôt bonne carrure. Et pourtant, il ne pesait pas plus lourd qu'une plume au vent, ou bien était-ce lui qui était trop fort ? Peu importait en vérité, alors qu'il allait d'un pas paisible vers le sanctuaire du feu en priant les esprits de ne croiser aucun vampire ou elfe... ou humain d'ailleurs, car ils faisaient un couple bien étrange, ainsi. Mais les vampires n'étaient pas de sortie par ce temps, et les humains pas encore arrivés. Quand aux elfes.... bah... il doutait réellement de croiser ceux qui n'étaient pas Baptistrels, ils avaient autre chose à faire. Hélas, les surprises pouvaient toujours advenir...

Par bonheur, le sanctuaire fut plus rapidement en vue, et, sous les exhortations et les douces moqueries de la grande blanche, il parvint à se glisser dans sa demeure d'emprunt sans rencontrer personne. Ouf donc, il n'aurait pas à subir de questions. Il déposa alors Eliowir sur le lit et ressortit chercher Merveille, sa servante, afin qu'elle prépare un thé. Oui, un thé, insista t-il devant son air perplexe. Cela lui arrivait parfois, de boire autre chose que du sang, même si ce n'était pas nutritif, il appréciait la chaleur du breuvage... mais sans doute que son invité, lui, apprécierait plus que cela. En attendant cependant, il retourna à l'ombre de la maison arboricole fermée et s'installa sur une chaise près de lui, tirant à lui l'une de ses malles qu'il ouvrit. Si véritablement l'elfe s'était ainsi énervé de la saleté qu'il portait, et que les elfes ne l'avaient pas vêtu, il n'y avait pas dix façons de procéder, d'autant qu'il ne pouvait pas se promener torse nu et que lui-même possédait des ornements richissimes à ne plus savoir qu'en faire. De temps à autres, il jetait des regards vers la silhouette allongée, afin de s'assurer de sa taille, cherchant dans les piles bien ordonnées qui étaient le fruit du travail constant de l'ancienne qui le suivait comme son ombre. Il devait avouer n'avoir aucun sens pratique quand il s'agissait de pareilles choses, c'était d'une certaine façon trop terre à terre, et merveille y prenait plaisir, ce qui engendrait cet accord parfaitement équilibré de chaque coté. Finalement, il sélectionna une tunique couleur d'encre, cousue d'argent et dont les fermetures étaient également d'argent ciselé avec une grande délicatesse, mi longue, elle était de coupe classique, discrète mais digne, et allait de pair avec des braies de même natures, et une paire de bottes hautes de cuir à fermoirs d'argents. En fouinant davantage, il découvrit une pair de gant assortie qu'il déposa nettement sur la pile. Le noir ne lui seyait guère, ça le rendait sinistrement... vampirique, chose qu'il n'appréciait guère, d'une nature sensible à l'esthétisme.

Un bref instant, il lorgna son épaule, où le tissu s'était salit, et caressa la fabrique douce. Rien d'irréparable, il pouvait même simplement le dissimuler sous ses cheveux, il n'y paraîtrait rien. Et d'un haussement d'épaules, il couvrit le problème, se relevant pour humecter le front de son invité d'un linge humide d'eau fraîche. Il n'était pas un grand guérisseur, loin de là, mais il s'appliqua à faire agir la transe vampirique. Ce n'était pas le sommeil, mais c'était, il le savait, un repos salvateur d'une autre sorte, soulageant avant tout l'esprit. Le laissant se reposer, sachant que la transe se romprait dès que l'elfe serait de nouveau en possession de ses moyens, ou dès qu'il le voudrait, il se reposa sur son fauteuil et sirota son thé....
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MessageSujet: Re: L'eau coule sous les ponts [Pv Eliowir]TERMINE L'eau coule sous les ponts [Pv Eliowir]TERMINE Icon_minitimeJeu 19 Sep 2013 - 23:35

La terre ne vint jamais à sa rencontre. Ou il ne vint jamais à la rencontre de la terre, comme vous préférez. Non, au lieu de cela, son corps soudain presque inerte, vide de toute énergie, dépourvu de toute maitrise, sembla flotter à quelques centimètres de l'herbe verte. Non, pas flotter, réalisa-t-il au milieu des brumes qui agitaient son esprit. Non, pas flotter... Son corps ne flottait pas, il était retenu. Retenu par un bras puissant, un corps solide, une force insoupçonnée. Par un vampire. Non, par Achroma.. Achroma, répéta-t-il en son for intérieur, comme cherchant à s'ancrer sur ce nom pour ne pas sombrer dans les vapeurs éthérées qui semblaient vouloir le bercer. Achroma avait évité sa chute et le tenait actuellement dans ses bras, avec une délicatesse étonnante, déroutante même, et le regardait avec... bienveillance. Tendresse peut-être. Ou un il-ne-savait-quoi qui en tout cas lui réchauffait le coeur.

A moins que ce ne soit son esprit tiraillé de fatigue qui ne lui jouât quelque mauvais tour, ce n'était pas impossible non plus. Mais qu'importe. Il aimait ce regard posé ainsi sur lui, l'examinant, comme inquiet... inquiet.. Qui donc l'avait-il regardé ainsi ces dernières années ? Il aimait ce regard oui, et aurait voulu le cristalliser à jamais. Mais déjà brumes traitresses semblaient vouloir reprendre leurs droits et le tiraient vers des contrées inexplorées, toutes de songes irréels et de rêves empoisonnés.

« Ne bougez pas, je vous prie. »

La voix tinta quelques instants à ses oreilles, et fit même écho dans son esprit léthargique. Il tenta de s'y agripper, telle à une corde salvatrice, et s'y cramponna de toutes ses forces, forçant son esprit à se focaliser sur ses accents chantants et graves. Mais la douce mélopée semblait vouloir s'éloigner, le laissant seul dans son sombre sillage. Silence et ténèbres l'enveloppèrent rapidement dans leur manteau soyeux, le drapant soigneusement pour mieux l'isoler dans un monde de songes vaporeux. Seule la sensation de bras forts et puissants le serrant contre eux s'ancra en lui, lui intimant un sentiment de protection et de sécurité qui le berça un long moment. Une douce et soyeuse protection qui lu offrit un étrange cocon dans lequel il aima se lover. Un cocon où même ses cauchemars habituels ne parvinrent à l'atteindre.

Oh, il les voyait au loin, errer aux frontières de son esprit enténébré. La mort rôdant tout autour de lui, par lui, et en lui, la mort, vile amante, qui l'avait embrassé en ce jour funeste où sa magie avait frappé la chair de sa chair. Certes ce n'était pas lui alors qui était parti dans son sillage, mais il s'était alors enchainé à elle, tel un esclave à jamais asservi, qui jamais ne pourrait se défaire de ses chaines, et qui à jamais se retrouvait condamné à errer, comme une âme en peine, dans le monde des vivants, alors que son âme pleurait la mort. La mort de son fils. La mort de sa femme. La mort de sa famille. Sa petite mort à lui, tout autre, tout aussi puissante toutefois, même si plus languissante... Une amante, oui, la pire, la plus traitresse qu'il ait jamais eue. La plus vile, la plus chère aussi, la plus forte, la plus puissante, la plus accaparante. La plus fidèle surtout. Il avait beau essayé de la tromper avec mille et une autres partenaires, la belle mort revenait toujours le hanter, se rappelant à lui et réclamant ses exigeantes faveurs...

Mais étrangement, là, en ses songes arachnéens, la mort ne parvenait à tisser sa poisseuse toile autour de lui. Une autre trame, au chant inconnu et pourtant envoutant, semblait casser les traitres fils de soie funeste, et le protégeait alors, impérieusement, incorruptible aux charmes pourtant ravageurs de cette faucheuse d'âmes. Une trame dont il ne parvenait à trouver la source. Une source proche, douce et sombre à la fois, possessive mais tellement protectrice... salvatrice. Une source qu'il avait envie d'étreindre soudain, à laquelle il avait envie de se fondre à tout jamais, de peur qu'elle ne l'abandonne... elle aussi...

Une source qu'il sentait pulser de plus en plus à ses côtés. Là, juste là, tout proche... il avait l'impression de pouvoir étendre la main pour la saisir, mais chaque fois que sa main pensait la happer, la source s'esquivait. Glissait. Lui échappait. Combien de temps joua-t-il ce jeu, tout d'ombres et de cache-cache irréel ? Il n'en avait aucune idée. Mais lentement, doucement, il semblait arriver à presque la toucher... à presque...

Se réveiller. Le retour au monde réel, s'il fut cruel, se fit toutefois sans à-coups, ses sens s'éveillant un à un. D'abord les sons, doux bruissements de tissus autour de lui, léger clapotis d'un liquide dans un récipient, puis les senteurs, doux parfum de menthe et d'herbes qu'il ne parvenait à identifier. Sensation du toucher vint ensuite quand satin vint caresser sa peau sous ses doigts et que la douce caresse de l'eau sur son front lui apporta une fraicheur bienvenue. Il préféra cependant profiter de toutes ces sensations réconfortantes et les laisser s'emmêler avant de rouvrir les yeux et de laisser le monde réel s'imposer à son esprit encore fatigué. Il ne savait où il était, il ne savait avec qui il était, mais... Il se sentait bien. Etrangement bien. Et il n'avait pas envie de retrouver quelques vieilles désillusions. Ou pire encore des nouvelles. Non, vraiment, il n'avait qu'une envie alors : que ce moment, magique, pur et simple, s'éternise. Qu'il devienne cristal dans son esprit pour qu'aux moments douloureux il parvienne à s'en souvenir.

Malheureusement, même le cristal risquait de se casser. Et, à défaut de voir cet instant réduit en miettes, en mille et un diamants coupants, il préféra le garder intact, même si passé. Il choisit donc de se réveiller réellement, ouvrant douloureusement les yeux.

Un bruissement à son côté lui fit tourner la tête, et une silhouette se dessina à lui. D'abord confuse, indistincte, aux contours flous... avant que finalement tout se précise. Achroma. Vampire. Et en un éclair, ses vieux réflexes se réveillèrent, le faisant se hérisser sur le lit, même si assis, une main venant instinctivement palper son cou pour en vérifier l'intégrité. Aucune trace de morsure, put-il constater, soulagé. Intact oui. Mais un manque de tact malheureux toutefois. Voilà bien un geste qui risquait fort de vexer le vampire à son chevet. Car, s'il avait bien observé la scène présente, il y avait tout lieu de croire que le vampire - non que Achroma, se fustigea-t-il mentalement - ait gardé son chevet tout ce temps durant. Une tasse de... thé ? à la main... Les vampires étaient-ils donc capables de boire aussi du thé ? Se demanda-t-il furtivement, un haussement de sourcil trahissant toutefois sa surprise à voir le beau éphèbe dans une telle position.

- Je... je ne... enfin... je...

Voilà maintenant qu'il bafouillait. Son inconscience l'aurait-elle donc privé de parole ? Voilà qui aurait-été un sort des plus cyniques le concernant, remarquez... Sombre douleur l'envahissant soudain à cette idée, il préféra chasser son cynisme des mauvais jours au loin et se focalisa sur l'instant présent. Achroma donc. Qui apparemment l'avait soigneusement installé, il ne savait où, et l'avait veillé, et qu'il venait assurément de vexer. Que pouvait-il donc dire alors pour se rattraper ? Je suis désolé ? Je ne voulais pas vous vexer ? Hum... Un peu léger sans doute.

- Vieux réflexe, s'entendit-il dire, soudain.

Se giflant mentalement à la seconde où les mots franchirent ses lèvres. Mais par tous ses ancêtres, était-il devenu crétin ? Ou avait-il laissé son cerveau au pays des songes ?

- Hum.... Enfin... Merci. Je...

Décidément éloquence avait décidé de le déserter. Et bien soit, puisqu'il en était ainsi...

- Merci, répéta-t-il. Je me sens bien. Comme je ne m'étais pas senti depuis longtemps. Presque... reposé.

Même si épuisé encore, ajouta-t-il mentalement.

Un rapide regard autour d'eux. Non, vraiment, il ne connaissait pas cet endroit. Il devait s'agir des bâtisses occupés par les vampires, assurément...

- Où sommes-nous ? se permit-il toutefois de demander, un air contrit s'inscrivant sur ses traits tirés, incapable qu'il était de s'excuser davantage pour son précédent geste malheureux, et pourtant fort honteux de cet impair.

C'est qu'il commençait à tenir à cet Achroma. Surtout... surtout depuis son songe. Si... Si la "source" était la présence à ses côtés... et si l'on songeait que la présence à ses côtés dans le monde réel était bel et bien cet Achroma... Pouvait-il logiquement penser que la source de ce sentiment de protection et de plénitude jamais inégalé était ce vampire ? Ce vampire parmi tant d'autres, tant d'êtres ? Si oui, que devait-il alors en penser ? Quelles conclusions devrait-il en tirer ? Mais...

Mais il n'était sûr de rien en fait. Sauf d'une chose : il appréciait, étrangement, ce vampire-là. Il appréciait Achroma. Et voulait le connaître. Réellement le connaître. Avec ses lumières et ses ténèbres. Sa froideur et sa chaleur. Ses sentiments et son indifférence. Il voulait le connaître oui, sous toutes ses facettes, et qu'importe alors quelles sombres et obscures, pires mêmes, facettes pourraient soudain se révéler. Il en avait eu de toute façon un rapide aperçu avec cette histoire de Faim sans fin qui avait emporté son aieul. Non, Achroma n'était pas un enfant de cœur. Et lui non plus. Mais il voulait le connaître... connaître cette dualité qui faisait un tout. Et peut-être comprendrait-il alors sa propre dualité... Oui, peut-être....

- C'est ici que les baptistrels vous ont logé, je suppose, relança-t-il, confus, dans le fol espoir que l'autre ne se ferme pas à lui.

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MessageSujet: Re: L'eau coule sous les ponts [Pv Eliowir]TERMINE L'eau coule sous les ponts [Pv Eliowir]TERMINE Icon_minitimeLun 23 Sep 2013 - 0:09


Il s'éveillait, enfin. C'était un véritable soulagement que de voir la vie revenir à lui, quant bien même il sentait son cœur et sa chaleur, la transe l'avait préservait de tout autre signe d'existence, du précieux don d'un esprit supérieur qui aimait chaque chose à égale valeur. Lui n'avait pas bougé pendant tout ce temps, patient, et non disposé à tourner et virer comme un lion en cage. Oh il avait l'habitude de veiller, Eliowir n'était pas le premier, bien des jeunes humains de son entourage avaient, un jour ou l'autre, trouvés les bras déliquescents de l'affliction... Ils étaient si fragiles, ces mortels, un souffle de vent pouvait les briser, ils subissaient les maladies, la vieillesse, la mort vraie ; oui ils étaient sujets à bien des restrictions naturelles, sans parler du froid ou de la chaleur qui tuaient tout autant qu'une arme ou une bête fauve. Leurs durée de vie était si courte, à peine un clignement d'oeil pour les humains et guère plus de quelques battements d'âme pour les elfes, aussi vieux puissent-ils sembler, ils étaient encore tous trop jeunes, trop verts, trop... innocents, trop fermés sur eux même également, la vie n'avait guère le temps de leur apprendre à s'ouvrir et à voir au delà d'eux-même, parfois même voir sans eux. L'acceptation de la mort n'était pas chose facile, l'acceptation d'une prospérité qu'ils ne partageraient pas l'était encore moins, il en avait une conscience aiguë mais ne pouvait s'empêcher d'espérer qu'ils entendraient raison... au delà de ce spectre indissociable de l'existence qu'était le corbeau de la fin. Bien des vies étaient motivées, en leurs moindres aspects, par cette crainte du trépas, une crainte presque confinée à la démence quoi que beaucoup ne le comprennent jamais. Ils étaient empoisonnés par la peur, tordus, et aveuglés... et pourtant de cette folie pouvait également naître une formidable endurance, une formidable volonté de vivre, de survivre quoi qu'il advienne... oui, la grande force de la race humain, s'accrocher à son existence quoi qu'il en coûte, quoi qu'elle vous fasse subir, comme si elle était la chose la plus précieuse qu'ils possédaient, et pour certains s'étaient effectivement le cas. Et pourtant il y avait également l'âme, et l'intégrité... n'étaient-ils pas plus précieux encore que la vie ? A ses yeux c'était le cas, non qu'il pensa sa condition de vampire comme une perte d'intégrité, c'était plutôt le Double Royal qu'il visait en ces termes peu élogieux, mais la vérité était que l'on pouvait offrir bien pire que la mort. Qu'était la mort si ce n'était la délivrance d'un corps pour un autre ? Qu'était la mort si non une période de repos paisible, loin de tout tracas... il ne craignait nullement la mort, si ce n'était d'être séparé de sa blanche compagne d'écailles.

Il s'éveillait alors de sa transe, un frémissement avant coureur avant que ses prunelles ne se dévoilent, et Achroma se pencha au dessus de lui, l'observant intensément de ses orbes couleur d'eau fraîche, ravageant cette silhouette alanguie sur ses draps d'un rets visuel brûlant, étudiant avec un intérêt dépassant subtilement la courtoisie... Il avait eut les traits si détendus, au sein de sa transe, presque paisibles. Très beau, malgré tout... une beauté austère, martiale, amère, une aloès transformée en rose anthracite, à la corolle fragile, froide, les pétales manquant de tomber à chaque frôlement du doigt pour venir giser à terre, encore royale dans leurs trépas. Il se serait penché davantage si il l'avait put, pour se gorger avec plus de précision du moindre coup de burin qui avait taillé ce faciès marqué par le temps et les batailles, comme seul un combattant courageux aurait put l'être. Hélas, l'autre se redressa soudain vivement et il se releva, assurant l'équilibre de sa tasse de thé par la même occasion, surpris du geste autant que de sa rapidité... Il avait l'air bien remit, et c'était tout ce qui comptait, même si la main qu'il porta à son cou ne put que résonner en lui comme une vexation réelle. Allons... n'avait-il pas montré assez de lui-même pour que l'elfe comprenne que jamais il ne le mordrait et encore moins dans son sommeil ? Il n'était pas un lâche ou un charognard, pourquoi d'ailleurs l'aurait-il traîné jusqu'ici si il avait eut l'intention d'en faire son déjeuné ? Oui, instinctivement il s'en était vexé, mais la raison reprenait bien vite le dessus... Eliowir avait vécu toute sa vie dans la croyance que les vampires étaient des êtres méprisables et sauvages, il faudrait plus que quelques heures en sa compagnie pour changer cela. Ce n'était qu'un réflexe, comme il le faisait justement remarquer, et aussi malheureux soit-il il restait honnête et en parfait accord avec sa vie passée.... Cela faisait pourtant incroyablement mal. Un serrement de cœur que sa raison pourtant patiente et compréhensive ne pouvait tarir. Il n'avait jamais eut affaire à une telle réaction en vérité... ses proies avaient toutes étaient des combattants ou des volontaires, les humains qu'il avait côtoyé lui offrant souvent leurs sang d'eux-même, et les autres combattant pour leurs survies et périssant en braves. Il n'avait jamais eut l'occasion d'être ainsi frappé de plein fouet par la vision que l'on avait d'eux... pas de cette manière. C'était nouveau, neuf... et il n'aimait pas cela. Il n'aimait pas voir un tel malaise s'installer quand bien même il avait toutes les raisons du monde de le goûter.

« Ne vous en faites pas. Je comprend » Il lui sourit avec douceur, quand bien même l'amertume l'habitait encore. Bien sûr qu'il comprenait, il aurait fallut qu'il soit stupide pour ne pas comprendre. Hochant paisiblement la tête au remerciement, il sirota une gorgée de son thé pour reprendre contenance. Il était rassuré de savoir qu'il avait put prendre un brin de repos. Certes la transe ne remplaçait pas une véritable nuit de sommeil, mais c'était déjà un minimum et parfois même plus salutaire que le repos réel car c'était l'esprit qui déposait son fardeau. Lui-même usait souvent de cette magie afin de s'éclaircir les pensées ou tout simplement pour pouvoir reposer son corps de non-mort qui souffrait de son incapacité à dormir. Oui le sommeil était également un bien précieux que peu de personnes valorisaient suffisamment... dommage. Ils ne savaient pas ce qu'ils perdaient, comme toujours. L'on ne comprenait vraiment la valeur de quelque chose qu'en la perdant... La vampirisation était, en cela, la réalisation de bien des choses précieuses, telles que la nourriture, le sommeil, ou simplement des sentiments naturels et simples. Innocents. « Ceci est le sanctuaire du feu, si ce que l'on m'a expliqué est correcte. Le lieu où nous sommes logés. Je me suis adjugé une des bâtisses les plus isolées, depuis ce matin seulement à vrai dire, je séjournais auparavant avec Lorenz mais sa compagnie m'indisposait... et j'ai préféré ne pas vous l'imposer » Il ne s'imaginait guère croiser Lorenz et devoir lui expliquer ce qu'il faisait avec un elfe dans les bras, surtout cet elfe là. Ce serait complètement dément, mieux valait cette retraite-ci, même si ils étaient plus loin de tout le reste. En soit pas un mal en l'instant, la tranquillité leur était acquise. Et malgré tout, il ne parvenait pas vraiment à se sortir de la tête ce simple geste qu'il l'avait vu faire. Devait-il dire quelque chose ? Il en avait envie et pourtant parfois mieux valait oublier, laisser couler...

Non il le sentait instinctivement, il ne le pouvait pas, alors il reposa sa tasse avec précaution, se dressa et vint s'installer sur le lit à ses cotés, tout près, l'observant toujours. Fronçant légèrement ses sourcils d'or, il vint effleurer sa joue d'un doigt. « Eliowir... je ne le répéterais jamais assez, mais vous n'avez rien à craindre de moi, tant que vous ne menacez pas ma famille. Je pourrais vous contraindre, ou vous faire du mal, et nous le savons tout les deux. Mais je ne le ferais pas. Parce que je ne le désire pas, parce que je n'ai aucune raison de le faire » Il se rapprocha sensiblement, plantant avec une violence sourde ses prunelles ignées dans les siennes. Ses lèvres rosées s'entre ouvrirent, laissant voir ses crocs d'ivoire éternels, luisant d'une blancheur absolue, polies et acérés. « Même ainsi.... » sa voix profonde avait baissée d'un octave tandis qu'il penchait légèrement la tête, chassant les mèches qui ourlaient sa gorge et caressant la peau tendre et chaude, d'abord de la pulpe des lippes, puis avec le tranchant des canines... finement, tendrement, presque sensuellement, laissant simplement traîner la pointe, ne perçant même pas la chair. Non Eliowir ne risquait rien avec lui, même affamé il ne boirait jamais quelqu'un ainsi... et certainement pas un invité. « Je pourrais percer votre gorge délicate, ponctionner votre jugulaire. Je pourrais sans doute vous vider de votre sang en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, ou bien vous injecter mon venin sans laisser couler le précieux carmin, et vous regarder vous tordre de souffrance pendant des jours... c'est bien plus douloureux d'être transformé sans être bu, du moins c'est ce que l'on m'a dit » Il se déplaça légèrement, frôlant le creux de la clavicule, griffant à peine, sans lui injecter le terrible poison « L'on dit aussi que la meilleur transformation est la plus lente, et je la connais très bien, celle-là.... les crocs plantés dans la gorge jusqu'à ce qu'ils deviennent presque agréable, et la lente, très lente succion du sang, presque goutte à goutte, pendant des heures, exaltant les sensations jusqu'à ce que la douleur devienne un plaisir inexplicable et que l'on participe de soit même à l'acte, que l'on se cambre et que l'on enfonce sa propre chair sur les pieux vous transperçant, le cœur palpitant comme un oisillon fébrile, puis ralentissant lentement... »

D'une main il vint presser la courbe de son visage contre celle de son cou, savourant la chaleur délicieuse de la peau contre la sienne, et remontant lentement jusqu'à lui faire face, n'ayant pas un instant perdu son air paisible. « Certains humains, et vampires, voient la morsure comme un acte sexuel. Rare sont ceux qui en possède la pleine maîtrise. Je m'en crois cependant. Alors si véritablement je devais vous transformer, ou même vous boire..... » Il murmura la suite avec délicatesse « Sachez que je vous garderez éveillé de bout en bout, et qu'à aucun moment je ne quitterais votre regard. Pas un instant » Il recula finalement et son sourire s'épanouit alors, chassant le givre langoureux de son visage et de sa posture et le faisant rayonner. Il reprit un instant sa tasse, termina le breuvage puis soupira. «J'ai essayé de vous faire vous reposer un peu grâce à nos transes, le seul moyen que nous avons de reproduire le sommeil des races mortelles. Je suis heureux de voir que cela a eut un effet positif, aussi humble soit-il. Je vous enseignerais volontiers la technique mais l'on m'a déjà dit qu'elle était trop complexe à retenir. Vous m'avez grandement inquiété cependant.... J'ai été, bien entendu, mis au courant de votre mésaventure avec Lorenz. Mais je ne m'attendais pas à de tels effets »
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MessageSujet: Re: L'eau coule sous les ponts [Pv Eliowir]TERMINE L'eau coule sous les ponts [Pv Eliowir]TERMINE Icon_minitimeMar 24 Sep 2013 - 23:08

Que ces mots lui semblaient étranges venant d'un tel être, venant d'un vampire, quand bien même ce vampire se nommait Achroma Seithvelj et lui avait montré que finalement discussion courtoise était possible entre leurs deux races. Mais de là à offrir de tels mots, presque promesse... "Je comprends"... Ces deux mots sous-entendaient tellement de choses, bien plus que la simple compréhension des mots justement. Ils allaient au-delà, bien au-delà, voguant jusqu'aux contrées des sentiments et des états d'âme. Cela sous-entendait alors qu'un vampire était capable de sentiments et d'états d'âmes... ce que semblait s'évertuer à lui prouver Achroma certes... Mais tout de même.

Était-ce réelle compréhension ? Ou pure parole de courtoisie pour rompre la glace qu'il avait bien failli ériger, froide et impériale, entre eux par son geste malheureux ? Et par ses mots maladroits. Cela avait été pur réflexe, vraiment, et ses paroles n'avaient pas été mensonges. Pourtant il sentait un malaise flotter entre eux, presque palpable, vil sentiment qui venait les frôler de ses doigts glacés et avides, s'insinuant en eux tel un poison amer et érodant insidieusement la frêle confiance qu'ils avaient tenté de construire l'un et l'autre. L'un vampire, l'autre elfe...

L'un beau et majestueux, l'autre laid et presque mendiant... L'un millénaire plein de sagesse et d'expérience, l'autre simple centenaire encore plein de naïveté...

L'un irradiant de puissance, en l'instant même, et l'autre affaibli à sa merci, ne put s'empêcher de rajouter la petite voix mesquine et cynique de son éternelle méfiance. Voix qu'il tenta de faire taire.

Devait-il présenter des excuses ? Devait-il...

En vain. Arrogance et méfiance revinrent en force. Mais depuis quand songeait-il, ne serait-ce que l'espace d'un instant, à s'excuser auprès d'un vampire ? En quoi donc son geste méritait-il quelque excuse que ce soit ? N'était-ce pas au fond une réaction naturelle ? Instinct, réflexe, avait-il dit, avec justesse. Alors pourquoi s'en excuser ? Pourquoi en demander pardon ?

Parce qu'il avait offensé son hôte alors. Parce qu'il avait vexé le vampire... Non, parce qu'il avait blessé Achroma. Oui, voilà pourquoi au fond de lui, l'envie irrépressible et puissante de s'excuser semblait peu à peu l'étouffer.

Mais sa fierté, celle de l'elfe se croyant dans son bon droit, du moins dans un attitude nullement offensante, semblait rendre incapable tout autre forme d'excuse. D'ailleurs les mots mêmes d'Achroma, ce simple "je comprends", semblaient vouloir l'affranchir de cet effort insurmontable. Incompréhensible plutôt. Alors pourquoi se poser tant de questions ? Pourquoi tant de doute, de remords ?

Oui remords. Etrange et terrible bataille alors qui naissait en lui, sa fierté et sa vile arrogance ferraillant farouchement avec l'intérêt grandissant, tout de curiosité pétris, et l'attirance inexpliquée qu'avait fait naître Achroma en son âme. Une bataille âpre, amère presque, sanglante, dont il ne savait s'il sortirait réellement indemne, se sentant à deux doigts de basculer dans les imbroglios de son esprit, valsant si sauvagement au milieu de tous ses sentiments si violents, si virulents, si suppurants...

S'accrocher aux mots. Oui, s'accrocher aux mots salvateurs que l'autre chantait près de lui. Un mot, un nom, résonnant plus particulièrement à lui, offrant un sombre et douloureux écho à ses folles pensées.

« Je séjournais auparavant avec Lorenz mais sa compagnie m'indisposait... et j'ai préféré ne pas vous l'imposer »

- Délicate attention, je vous en remercie, entendit-il sa voix répondre.

Comme venant d'un autre monde. Un monde dans lequel il reprenait tout doucement pied.

Abruptement pied, quand un doigt glacé effleura sa joue. Sa lucidité sembla revenir au galop, du moins pour un temps, tandis que tous ses sens, soudain aux aguets, lui criaient danger. Danger ! Et pourtant il n'esquissa aucune fuite.

«Parce que je ne le désire pas, parce que je n'ai aucune raison de le faire »

Lui non plus ne le désirait pas. Tout comme visiblement, il ne désirait pas fuir. En d'autres temps, il aurait déjà eu lance et sorts en main, prêt à se défendre en cas d'attaque. Son cœur battait d'ailleurs tambour battant, tel un lion sentant l'ennemi tout proche, un lion alors, tout croc dehors, prêt à attaquer... Et pourtant, pourtant... Un il ne savait quoi lui dictait de n'en rien faire. Certes lance était aux mains des baptistrels, sorts l'épuisaient, et serment était censé le protéger... mais au delà de cela... Quelque chose, au-delà encore de tout ce que sa raison lui expliquait, lui disait de ne pas bouger. D'attendre. Pire même, de se laisser faire. Son corps resta ainsi pétris d'immobilité volontaire. Pas de sortilèges pour l'immobiliser, pas de liens pour le retenir, si ce n'est celui de sa propre volonté qui lui commandait de rester. De la façon la plus incompréhensible qui soit.

Il affronta le regard soudain de braise du vampire, se sentant happé par lui, son âme brûlée tout au fond de lui. Il subit, sans broncher, sans ciller, quand bien même son sang sembla courir plus vite encore dans ses veines, charriant avec lui mille et une peurs ancestrales qu'il peinait à totalement enfouir. Peur qui devait dilater ses pupilles, au point de presque cacher ses sombres iris, peur qui devait lui hérisser le poil et rendre son corps à la fois bouillonnant et frigorifié, un onde glacée semblant courir le long de son échine tandis que le feu embrasait tous ses sens de nouveau alertes. Et soudain un souffle contre son cou, des crocs caressant presque sa peau, sans jamais la blesser toutefois... Si en cet instant il avait voulu fuir, il sentait qu'il en aurait été capable. Et ce n'était plus ce quelque chose qui le retenait, plus vraiment. Il se sentait tout simplement paralysé. Purement et simplement paralysé. Peur et frayeur faisant fuir toute raison, si tant est qu'elle n'ait jamais existé, et tétanisant son corps et son esprit.

Ne pas bouger, ne pas bouger, fut tout ce qu'il parvenait à penser. Ne pas bouger, et les crocs peut-être ne perceront pas. Peut-être échappera-t-il au venin. Peut-être... s'il ne bougeait pas... Oui ne pas bouger. L'autre n'avait pas mordu encore. Et ne semblait pas vouloir mordre ? Non...

Non, aucune morsure. Aucune douleur. Aucun poison encore. Si ce n'est celui, doux toutefois, de ces mots chuchotés, qui caressaient sa peau, remontaient doucement, suavement, lassivement même, contre son épaule, son cou, sa gorge, pour enfin atteindre son sens de l'ouïe. Sans que sens ne prenne réellement toutefois. Que des mots, sans signification aucune. Des mots, des sensations... Il n'était que pures sensations alors, se noyant dedans, se laissant alangui sous le regard d'Achroma. Plaisir, disait-il. Oh, oui, en cet instant, il voulait bien le croire. Il n'était pas vraiment emprisonné de désir et de plaisir pourtant. Non, pas vraiment. Il était plutôt habité de folie indescriptible, savant mélange de sa plus vieille peur, de cette peur ancestrale qui avait si souvent déjà agité ses tripes à chaque combat, à chaque instant, à chaque seconde de cette maudite guerre, et de douces et étranges sensations que le vampire avait su insuffler en lui sans qu'il ne comprenne comment. Non, pas de réel plaisir, si ce n'est celui de se laisser aller, pour une fois, juste une fois, à cette étrange folie.

Folie qui prit fin aussi abruptement qu'elle avait commencé, quand la chaleur glacée d'Achroma le quitta soudain. Tout reprit place, comme si rien ne s'était passé. Achroma, sa tasse en main, à quelques mètres à peine, soudain aussi droit, froid, et courtois que lors de leur discussion près de la fontaine. Digne vampire alors qui le regardait presque avec une certaine bienveillance. Sensation curieuse encore que celle-là d'ailleurs. Et ces mots... Ces mots, cette fois si loin de sa soudaine folie, si loin de ces mots si pleins de sensualité, de promesses pourtant honnies... Ces mots soudain si froids, si détachés de tout sentiment, dépourvu de tout charisme. Des mots banals, pour exprimer des faits tout aussi banals...

«J'ai essayé de vous faire vous reposer un peu grâce à nos transes, le seul moyen que nous avons de reproduire le sommeil des races mortelles. »

Enfin si tant est que d'être plongé dans une transe vampirique pour un elfe soit réellement banal...

Et soudain le silence. Quoi ? Était-ce là tout ? Était-ce à lui de prendre la parole ? Visiblement oui... Et Achroma semblait d'ailleurs attendre une réponse. Mais quelle réponse pouvait-il donc offrir ? Lui qui n'avait que peu écouté ce qui avait été dit.. si peu... et tant à la fois...

L'elfe, l'esprit encore embrumé par cet éclat brutal, son corps encore engourdi de toutes ses sensations envahissantes, peina à reprendre contenance. Raclement de gorge, déglutition de salive, regard rapidement jeté alentours, un peu perdu, un peu confus, furent d'abord ses seules réactions.

- Je... ne saurais comment vous remercier. Effectivement, ma mésaventure avec votre prince a été des plus... éprouvantes, pour ne pas dire plus.

Oui, voilà. Lorenz Wintel. Voilà bien un sujet qui lui permettrait de reprendre un peu pied. Ou de complètement le perdre, allez savoir... Il ne savait plus lui-même.

Son regard oscilla toutefois entre méfiance, incompréhension, peur sourde et latente soudain bien ravivée, brulant d'un feu nouveau, mais aussi curiosité, attirance par cette puissance incarnée et cette prestance majestueuse que lui offrait le vampire devant lui... Oui, attiré. Il l'était tel un papillon attiré par la lumière quitte à s'y bruler les ailes. Autant il fuirait celle de Wintel aussi assurément que le soleil fuit la nuit, autant il se laisserait facilement prendre dans les rets de cette puissance-là... de cette puissance qui venait de l'emprisonner dans sa fine et somptueuse toile et dont il avait envie de visiter chaque fil, chaque trame...

Il ne put cependant s'empêcher de se masser de nouveau le cou, là, à cet endroit, là où il pouvait encore sentir la sensation des crocs d'Achroma sur lui. Des crocs qu'il n'était plus aussi sûr de vouloir fuir, même s'il abominait toujours autant le venin qu'ils contenaient.

- Il use d'une magie... d'une abomination, qui, je crois, le dépasse lui-même, reprit-il, sa voix rauque reprenant des accents plus assurés.

Avant qu'il ne réalise à qui il venait de dire cela. A un vampire. Potentiellement fidèle au prince... Il devait être réellement devenu fou, pour que lui, simple petit elfe mage dépourvu de sa magie, non immunisé, dise cela à l'un des plus puissants vampires, millénaire qui plus est, et ce dans son habitation même... Non, vraiment, il ne pouvait qu'être fou. C'était là la seule explication valable...

Soudain fatigué, plus encore qu'à son arrivée, il laissa ses épaules s'affaisser, dans un mouvement défaitiste concédant cette énième victoire au vampire, tout en baissant la tête, et se frottant les yeux, las. Epuisé.

- Je suis désolé. Pas de mes paroles. Je les pense vraiment concernant ce Lorenz Wintel. Mais je ne devrais pas vous dire cela, pas à vous, dont j'insulte presque le prince.

Il osa relever doucement le regard, espérant ne pas rencontrer ni animosité, ni rejet, et tenta de rajouter quelque chose qui permettrait de changer de sujet.

- Par contre, ce serait avec plaisir que j'apprendrais votre méthode de transe. Je suis toujours friand de nouvelles connaissances, aussi ardues puissent-elles être.

Et se disant, il offrit un pâle sourire. Un signe de paix. Du moins une offre de trêve. A défaut d'amitié, il souhaitait réellement, sans savoir pourquoi, conserver avec Achroma un certain... lien... ou du moins statu quo... En tout cas, il souhaitait ne pas perdre l'occasion, la chance, de comprendre, de savoir...
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MessageSujet: Re: L'eau coule sous les ponts [Pv Eliowir]TERMINE L'eau coule sous les ponts [Pv Eliowir]TERMINE Icon_minitimeSam 28 Sep 2013 - 23:47


Il avait réussit à se retenir, au prix d'un effort titanesque qui ne transparaissait nullement sur l'harmonique de ses traits ou de sa posture. Ce n'était pas la douleur ou la fatigue qui lui donnait faim, auquel cas il aurait simplement siroté un verre de sang offert par les Baptistrels... non c'était autre chose qui l'avait saisit, un bref instant, le besoin de lui prouver qu'il n'avait rien à craindre, qu'il se retiendrait toujours et que ses crocs ne lui était pas destinés... et pourtant cela avait dérapé, il ne savait comment, à l'instant même où il avait approché ses lèvres de la tendre soie de sa gorge il avait sentit quelque chose assombrir et étreindre son cœur, envahir ses veines mortes et lui susurrer de doux fantasmes... Cela fait si longtemps que tu n'as pas étreint quelqu'un... Tu n'imagines même plus correctement ce que cela fait, j'en suis certain. Tu veux que je te le rappelle ? Que je te décrive toutes les sensations qui te parcourt l'échine et vienne embraser ton cœur, tes reins ? Qui font fourmilier tes mains et tes doigts, t'invitant à frôler le corps tremblant de ta victime, à la broyer entre tes bras ? Non il ne voulait absolument pas se souvenir, il ne désirait pas voir resurgir des affects qu'il avait enterré il y a longtemps Tu ne peux oublier, tu ne fais que fuir.... Souvient-toi donc, mon tendre compagnon... la fine peau, si chaude et veloutée, si douce au toucher.... on pourrait la parcourir des heures durant, y tracer des arabesques du bout des doigts, la cajoler des lèvres... la mordiller, juste pour la voir délicatement rougir, la peindre de fleurs incarnats...oui nous pourrions la découvrir sous tout ses angles puis la percer, lentement, la perforant avec dévotion. Tu sentirais le délicat vélin se briser sous la pointe de nos crocs, t'envoyant un long frisson le long des flancs... Centimètre par centimètre, il s'abandonnera et rendra les armes face à nos sabres d'ivoires, et le corps se soumettant lentement à toi tremblera, de peur, d'angoisse, de douleur... crispé, avant de se détendre d'un seul coup lorsque nos crocs seront fichés loin dans sa jugulaire... Oh oui, tu ne peux oublier le goût du sang frais, savouré à la source, tes lèvres scellées à cette plaie pourtant ridicule, mais parfaite, fine et ponctuelle, plus mortelle que toutes les épées du monde. Le sang, ce vin au bouquet à nul autre pareil, coulant très lentement sur ta langue, éveillant tes sens comme aucun autre liquide ne pourrait le faire... goutte après goutte, ruisselant dans ta gorge avec délice, alors que nous appliquons cette pression si spéciale sur la blessure, la caressant, la dorlotant, jouant de la pulpe des lèvres et de l'agilité de la langue pour lui soutirer son essence carmine... Si il avait été humain, son souffle aurait accéléré, un bref instant. Il ne montrait pourtant aucune émotion alors qu'il continuait d'interagir avec Eliowir, et pourtant, il ne pouvait que sentir une part de lui-même se fracasser à cet assaut vicieux du dragon enfermé dans son âme....

Non c'est elle qui tremblait... ta proie. Ne fait pas l'innocent. Les souvenirs sont là, juste sous la surface de ta mémoire, tu n'as qu'à tendre la main... et à les attraper. Pense donc, à cette chaleur délicieuse contre ton corps froid et mort, les pulsations rapides du cœur vivant, comme le tremblement d'un petit oiseau entre nos griffes... Imagine toi, imagine nous, en train d'absorber cette chaleur si merveilleuse, la faire nôtre... Ce serait tellement jouissif, de le peindre de magnifiques fleurs vermeilles qui ravirait tes yeux... Il a la peau si pâle, regard le, il fleurirait si merveilleusement... Imagine ! Imagine le allongé, tout ton poids le maintenant là, sans espoir de fuite, chaque infime gorgée apportant son lot de délicieux supplice, jusqu'à l'instant fatidique où il se rendrait totalement, où il cesserait de se raccrocher à sa raison pour se laisser noyer dans ses sens saturés. Tu le sentirais soudain offrir de lui même sa gorge, tête rejetée fiévreusement en arrière, lèvres entre ouvertes sur une plainte silencieuse, te suppliant de l'épargner, et de l'achever tout à la fois... notre venin s'insinuant lentement, souillant le moindre lambeau de son être, se glissant, sinueux, jusqu'à son âme... te l'offrant soudain, nous l'offrant soudain, comme une invitation à la ravager outrageusement, à la dévorer gloutonnement... Laisse toi aller, n'as-tu pas vu ? Il n'a pas bougé, pas un seul instant... n'as-tu pas vu combien il était prêt ? Tu n'avais qu'un geste à faire.... un seul geste et tu aurais put jouir tout ton content de son sang et de sa délicieuse agonie.... Il est encore temps, lève toi, serre le et.... Et rien du tout. Il était hors de question qu'il céda à ce genre d'invitations. Ce n'était qu'une raillerie de plus, un défi de plus, une épreuve qu'il réussirait comme il l'avait toujours fait, sans jamais lui céder la moindre parcelle de son être. Le dragon n'était qu'un reliquat du passé, monstrueusement cruel, et qui ne devait plus jamais le guider dans ses actions... Il devait rester ferme, quand bien même la tentation était affreusement grande. Mieux valait se focaliser sur les paroles de l'elfe, ne pas prêter attention à cette voix intérieur et ne pas s'attarder sur elle. Oui, se concentrer sur Eliowir, il se le devait, il lui devait également... Il l'avait emmené ici, ce ne pouvait être un traquenard à retardement. Jamais de la vie ! Il ne voulait et ne pouvait pas le permettre... et ne le permettrait pas d'ailleurs, pas même si le monde venait à s'effriter sous ses pieds. Il sourit avec chaleur...

« Qui suis-je pour vous détromper ? Il est vrai qu'il use d'une puissance abominable qui le détruira un jour. Il se fiche pas mal des conséquences cependant. C'est ainsi... il est consumé de l'intérieur.... et sachez-le il n'est pas mon prin.... » Il grinça des dents, soudain et se tendit violemment, agrippant le bord de la chaise de bois et la broyant comme un fétu de paille entre ses mains. La souffrance, soudainement, était incontrôlable et n'avait rien à voir avec le reste. Des larmes de sang lui montèrent aux yeux alors que chaque nerf de son corps, chaque morceau de chair, jusqu'à la plus intime, hurlait de souffrance indicible, telle que l'esprit ne pouvait les concevoir... Il inspira soudain avec précipitation, en appelant à la technique la plus primaire qu'il avait à sa disposition pour conserver un minimum de discipline, tandis qu'il luttait pour garder les yeux ouverts, absorbant la douleur plutôt que de la rejeter. Courbé, il finit par glisser de sa chaise pour atterrir par terre, ses longs cheveux cachant une grande partie de son visage, mais pas ses yeux d'eaux qui, soudains, avaient prit une teinte d'acier orageux... Il resta là un long moment, silencieux, tremblant, avant de finalement abandonner. « Oui bien sûr... il est... mon prince... » La douleur se calma instantanément, alors que le dragon en lui sifflait de rage et de douleur, ne supportant pas les chaînes de la malédiction. Une amertume énorme lui noua la gorge alors qu'il respirait plus facilement et sentait ses muscles se détendre lentement..... Oh il savait ce que provoquait le Double Royal, mais jamais il ne l'avait ressentit avec tant de puissance, tant de clarté et d'efficacité. Pendant un instant, il lui avait semblait que des chaînes immondes le retenaient et l'écartelait, autant physiquement qu'au plus profond de son âme. Avec peine, il se releva, le dos toujours droit, tentant de faire bonne figure. « Pardonnez moi... je ne tenais pas à vous infliger cette vision... j'aurais dû être plus attentif »

Lissant les pans de sa tunique, il ramassa la tasse qui, par miracle, ne s'était pas brisé, et la reposa sur le meuble le plus proche avant de se tourner vers Eliowir avec un sourire d'excuse. « Et bien... oui... La transe donc » Il vint s'asseoir à nouveau près de lui, sur le lit. « Voilà bien quelque chose qui n'est pas si simple à expliquer.... »
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MessageSujet: Re: L'eau coule sous les ponts [Pv Eliowir]TERMINE L'eau coule sous les ponts [Pv Eliowir]TERMINE Icon_minitimeMar 1 Oct 2013 - 14:45

Ainsi Achroma pensait de même que lui ? Que la puissance de Wintel n'était que le fruit d'une abomination ? Visiblement le vampire ne considérait pas le serpent comme leur prince. Du moins était-ce apparemment ce qu'il s'apprêtait à dire, n'est-ce pas ? Eliowir sentait peut-être son esprit encore embrumé et avait peut-être du mal à totalement prendre conscience de son environnement, il était toutefois persuadé d'avoir bien entendu ces mots. "Il n'est pas mon prince". Mot tronqué, phrase inachevée peut-être, mais ces mots... Non, Achroma s'apprêtait bel et bien à les prononcer, avant...

Avant que quoi ? Que se passait-il au juste ? Qu'était ce soudain silence ? Cette soudaine tension dans tout le corps du vampire ? Etait-ce douleur qui réduisait soudain Achroma au silence ?

Oui, Eliowir connaissait assez bien cette vieille mendiante pour la reconnaître quand elle frappait à la porte. Et en cet instant, alors qu'elle semblait avoir fracassé les portes du vampire, elle paraissait vive, féroce, terrible. Oui, terrible redoutable même, pour que cet être d'ordinaire de marbre, pour que ce stoïcisme incarné, se laisse ainsi aller à fissurer son masque si savamment érigé jusque-là. Le vampire semblait à la fois figé dans sa tétanie de souffrance et tremblant de mille soubresauts infimes. Elle devait même être raz-de-marée ravageur pour que les larmes, traitreusement incarnates, s'épanchent sur l'ivoire magnifique, traçant des sillons sombres qui trahissaient vilement la nature ténébreuse de son hôte.

L'elfe resta pour sa part tétanisé par cet étrange spectacle, incapable de réagir. S'il avait été en transe vampirique quelques instants plus tôt, que dire alors de ces longues et éternelles minutes qui le figèrent dans un immobilisme sidéré ! Stupéfaction qui se mua soudain en totale incompréhension quand le vampire reprit la parole. Sept mots. Sept petits mots, qui cette fois eurent raison de lui, le faisant douter de réellement avoir bien entendu, ou de ne pas être devenu fou.

« Oui bien sûr... il est... mon prince... »

Et aussitôt ces mots prononcés, toute douleur sembla déserter les traits crispés d'Achroma. Le marbre reprit ses droits et redevint aussi lisse que s'il venait d'être poli, tandis que les fissures de ce masque rigide semblaient se resouder plus rapidement qu'il n'en faut pour dire elfe. Seule persistait cette ombre d'acier dans le regard d'ordinaire si clair et si limpide du vampire.

Eliowir se surprit à observer, détailler même, son vis-à-vis, doutant un instant d'avoir réellement vu cette scène. Cette douleur, cette souffrance.. Comment avait-elle pu donc disparaitre si rapidement, si elle n'avait pas été le fruit de son imagination agitée ? Imagination torturée alors qui était bien capable de lui jouer de tel tour... Ou se moquait-on ? N'était-ce que vile comédie qu'on lui jouait là ? Déjà il ressentait les affres de sa précédente folie menacer de ressurgir, l'enserrer dans son étau glacé d'amertume, de méfiance éhontée, pétris dans son arrogance rance...

"Ou peut-être... Oui, ou peut-être était-ce...", lui chuchota la petite voix de sa raison, si discrète, à peine murmurante, en son for intérieur. Oui, peut-être... Se pouvait-il que la douleur qui avait attaqué si violemment le vampire soit due... à ces mots ? A la dénégation du vampire quant à son prince ? Un prince qui était honni, et qui, pire encore, affligeait ses vampires d'une telle atrocité s'ils venaient à s'opposer à lui ou à le dénigrer ? L'elfe n'était plus assez naïf pour nier que de tels princes existaient, tyrans et dictateurs plus que réels rois d'ailleurs. Lorenz Wintel serait-il de ces princes-là ? Oui, assurément, répondit-il pour lui-même, sans l'ombre d'un doute, ses deux voix s'accordant enfin sur une même idée. Oui, Wintel en était tout à fait capable.

Et si Achroma était sujet à telle tyrannie, si ce digne vampire, millénaire, si indéniablement puissant, était ainsi affligé d'une telle soumission... Cela pouvait-il présumer d'une puissance absolue du prince des vampires ? Cela signifiait-il que Wintel ne connaissait plus aucune limite et que personne, en ce bas monde, ne parviendrait à arrêter sa sombre folie ? A cette seule pensée, Eliowir se sentit frissonner. Lui qui avait, quelques heures auparavant, émis l'espoir, idiot espoir, que peut-être... que peut-être un avenir de paix entre elfes et vampires serait possible. Oui, idiot espoir. Cet avenir ne serait potentiellement envisageable qu'entre les mains d'un prince tel qu'Achroma, du moins lui semblait-il. Mais... Mais visiblement les millénaires même ne pouvaient défaire ce prince maudit. L'avenir ne serait donc encore et toujours que guerre, sanglante, violente et meurtrière, conclut-il, l'amertume de la déception le saisissant vivement.

Le vieil elfe suivit alors vaguement son hôte du regard, le vit se relever, ramasser doucement la tasse, chaque geste semblant compter, comme si douleur n'était pas tout à fait partie, puis le vit s'asseoir de nouveau à ses côtés. Il ne fit pas un geste tout d'abord, se contentant de voir, sans voir, le poids de la désillusion semblant alourdir ses épaules et voiler son regard.

« Et bien... oui... La transe donc. Voilà bien quelque chose qui n'est pas si simple à expliquer.... »

On te parle. Réveille-toi petit elfe, on te parle, susurra dame conscience, alors qu'il rêvassait son regard azur perdu dans la beauté surréaliste d'Achroma à ses côtés.

- Pardon, Messire, parvint-il à croasser, en secouant la tête pour se ressaisir. Je... Je serais effectivement fort honoré et plus qu'impatient d'apprendre votre transe. Mais... Peut-être n'est-il pas prudent... Après ce que vous venez de traverser...

Sa voix sembla mourir sur les derniers mots, réalisant, un peu tard, qu'évoquer cet épisode, un épisode de faiblesse, faiblesse d'un vampire devant un elfe, anciens ennemis, même si une trêve étrange semblait les lier et ce autrement que par un simple serment baptistral, n'était peut-être pas le plus avisé. S'il s'eut agi de lui-même, il en aurait été vexé. Mortifié. Et quand bien même le millénaire semblait empreint d'une sagesse plus posée, moine enclin à exhiber une fierté outragée, il ne voulait pas le vexer. Enfin disons pas outre mesure qu'il ne l'avait déjà fait, par sa défiance continuelle quant à une possible morsure.

- J'avoue être également passablement éprouvé, préféra-t-il avouer, les mots lui écorchant la gorge, mais lui apparaissant alors à la fois honnêtes et utiles pour offrir une porte de sortie à la fierté bafouée du vampire, si cela était nécessaire.

Ses yeux se posèrent alors de nouveau sur les traces de sillons sombres, larmes de sang si caractéristiques des vampires, qui zébraient la peau porcelaine. Irrésistiblement, sans qu'il ne réalise réellement son geste, Eliowir en approcha la main. Du doigt, en effleura la froideur carmine, en suivit délicatement le tracé, puis retira la main, son empreinte très légèrement maculé de ce rouge sombre impressionnant.

- Ainsi, le livre disait vrai. Les vampires peuvent bel et bien pleurer... Mais des larmes de sang. De sang...

Et comme pour parfaire son expérience jusqu'au bout, sans réaliser les potentielles conséquences, il en porta le doigt à ses sens. Odorat d'abord en goûta les effluves. Il n'y avait là rien de l'âcreté de leur propre sang. Puis le goût. Une grimace lui fut arrachée dès que ses papilles délicates en saisirent les nuances. Aussitôt il s'essuya la main sur ses vieilles braies, à deux doigts de rendre le contenu de son estomac. Non, vraiment, il ne comprenait pas comment des êtres, quels qu'ils soient, pouvaient aimer ce goût-là. Vraiment.

- Pardon, balbutia-t-il enfin, tel un enfant pris en faute, baissant la tête sur ses mains, posées sur les genoux. Je ne voulais pas... Rha, j'ai l'impression de commettre outrage sur outrage. Pourtant, je puis vous l'assurer, Achroma, je ne veux nullement vous offenser. Je... Je découvre. Je découvre des choses bouleversantes sur des choses que je pensais pourtant... si claires, si limpides, si évidentes... Tant de convictions séculaires semblant dévastées soudain, si profondément ébranlées par une simple petite conversation. Cela est beaucoup pour moi... Je ne sais plus que penser

Il osa relever les yeux pour les planter, doucement, avec une certaine hésitation, dans les perles de lac si calmes du vampire.

- Je ne sais ce que Lorenz Wintel a pu vous faire... Mais...

Les mots lui manquèrent soudain. Il n'y avait soudain pas de mots pour décrire tout ce qu'il ressentait. Sans doute parce qu'il y avait trop de choses alors, et qu'il peinait lui-même à en démêler tous les fils.

- Cette douleur tout à l'heure... C'est lui, n'est-ce pas ? Est-ce lié à l'abomination qu'il a commis ? Comment...

Se sentant soudain de nouveau reparti dans ses travers, il se coupa net, et rebaissa les yeux, confus, et gêné par sa propre curiosité.

- Je suis désolé. Je ne devrais pas. Cela ne me regarde certainement pas. Oubliez donc mes questions incessantes et fort mal placées. Je serais vous, je me mettrais à la porte séance tenante, voire...

Voire je me mordrais, là, sur le champ, et nous n'en parlerions plus, petit impudent. Oui, s'il était vampire, et s'il avait subi le quart des questions abusives qu'il avait osé poser, sans doute aurait-il sévi de la plus violente des façons, à la mode vampire. A croire qu'Achroma n'était pas lui. Et n'était pas vraiment vampire. Ou pas seulement. M'enfin mieux valait peut-être ne pas finir sa pensée et ne pas donner d'idées mal avisées.


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MessageSujet: Re: L'eau coule sous les ponts [Pv Eliowir]TERMINE L'eau coule sous les ponts [Pv Eliowir]TERMINE Icon_minitimeSam 5 Oct 2013 - 20:53


Le contrecoup de la douleur se faisait toujours sentir, au fond de ses os, de ses nerfs… comme une lente pulsation dans le fond de son crâne. Lancinante mélopée de son corps au supplice qui continuait de le tarauder faiblement alors même qu’il décidait de ne plus y accorder la moindre attention. Il ne fallait pas s’abandonner à l’amertume de la défaite, car ce n’était là qu’une petite victoire de la part de Lorenz, une victoire sans importance, sans répercussion si ce n’était sa soudaine fatigue. Malgré tous ces joies malsaines, ces satisfactions, ces imbéciles qui jubilaient derrière son dos, ou même ouvertement… Faibles insectes trop heureux de voir le titan tomber, fatigués de te faire des courbettes mais trop peureux pour te manquer de respect. Ils pensent que tu es fini, ils pensent que tu n’es plus rien, une simple poupée de jeu pour Lorenz… Ils sont si stupides, tu ne trouves pas ? De pauvres petits animaux sans intelligence et bouffis d’orgueil, ne comprenant rien au jeu que nous jouons Cette fois il était parfaitement en accord avec le dragon au fond de ses tripes et de son cœur. Le conseil, les soldats… personne ne parvenait à comprendre à quel point cette petite défaite n’était rien. Pas même sa digne mère d’ailleurs. Ce qui voulait dire qu’il avait joué un coup de maître et que personne ne s’en était rendu compte… et cela l’emplissait d’aise, si le reste ne lui plaisait pas. Ils montrent leurs vrais visages maintenant que tu sembles défais, ils se montrent tels qu’ils sont, de pauvres petites choses incapables de subtilité… sans même saisir une seule seconde que nous sommes plus fort que jamais. Les mains totalement libre à présent que personne ne nous soupçonne, et puisque nous connaissons parfaitement le Double Royal, nous savons également comment parvenir à le contourner. Et lorsque l’heure sera venue, lorsqu’ils s’y attendrons le moins, il sentirons le froid de la mort-vrai se glisser en eux du bout de tes doigts, et ils s’éteindront portés par notre rire et notre triomphe, en sachant qu’ils ne sont que des fous et des pions sur notre échiquier C’était la pure vérité. Et contrairement aux murmures tentateurs qu’il lui servait auparavant, ces paroles étaient le réconfort même, le faisant danser sur deux tons différents, le désarçonnant… mais il comprenait, ce n’était pas un piège, c’était l’être profond du dragon qui était ainsi. Ils étaient un, un seul être, lumière et ténèbres, ordre et chaos, et quoi qu’ils puissent penser, quelles que soient les batailles qu’ils puissent se livrer dans l’intimité de leur esprit, ils restaient un contre le monde extérieur, toujours… depuis l’instant où il avait pour la première fois ressentit la terrible étreinte de la faim. Et ce qu’il affirmait était l’entière vérité… dès l’instant où il avait prononcé la sentence qui devait le lier au prince vampirique, il avait commencé à échafauder un plan désespéré et d’autant plus vicieux et mortel qu’il était guidé par l’assurance qu’il n’avait strictement rien à perdre à essayer. S’il restait sous le joug de Lorenz, il ne ferait que péricliter, et Silarae deviendrait aussi folle que lui, c’était l’évidence même… s’il restait, le prince actuel en titre se lasserait et mettrait un jour fin à son existence. Il mourrait de toute façon, alors autant tenter le tout pour le tout, autant frapper un grand coup magistral… quitte à en mourir, il mourrait libre et en pleine gloire, en faisant ce qu’aucun autre ne semblait en mesure de faire : frapper Lorenz au cœur. Les voir agir envers lui était une source d’ironie mordante depuis le début, autant que les soupçons d’Ethan… Il ne valait pas mieux que les autres. Il se méfiait en raison de son affect à ton égard, pas en raison de son intelligence… il t’aurait accusé d’être humain si il avait pu

Seule la douleur, compagne grégaire, le dérangeait véritablement, le reste, il s’en accordait parfaitement avec le temps, en jouant des failles légères de la malédiction, qu’il n’avait pu trouver à sa création mais qui lui apparaissaient maintenant qu’il en était victime. C’était une nouvelle perspective. Une utile perspective, si un jour, par chance ou malchance, il devait se trouver une ombre personnelle. Il avait mal oui et cela l’ébranlait car il n’était pas habitué à ne pouvoir gérer sa douleur comme il aurait gérer le reste de sa personne, avec une discipline de fer. Cette souffrance la ne se laissait tout simplement pas domptée, elle était sauvage, broyant ses défenses et le réduisant à l’état de proie tremblante sans lui laisser la moindre prise pour se relever. Oh ! Il avait été bien plus doué que son propre orgueil ne l’avait pensé… le sortilège adaptait la douleur à la puissance de la cible, à ses capacités, afin d’être le plus efficace possible. Un détail dont il n’avait absolument pas eu conscience en le faisant naître… et un rire sournois résonna dans son crâne Ah ça… tu es absolument sans pareil quand il s’agit de créer des catastrophes à l’ampleur continentale. Et dire que tu n’as encore rien montré. La Faim sans fin n’est qu’un chiot comparé à ce que nous pourrions faire en nous y mettant à deux Certes… il n’y pouvait pas grand-chose. L’efficacité était un maître mot qu’il entretenait depuis si longtemps qu’il en était devenu une manière de vivre, ou de non vivre. Il en payait à présent le prix et n’y pouvait pas grand-chose, puisqu’il devait le subir en serrant les dents le temps de pouvoir se débarrasser de son ennemi. Tout ce qu’il pouvait faire, c’était éviter au maximum les écueils qui le conduiraient à souffrir davantage que ce qu’il ne pouvait contrôler, les caprices de son soi-disant maître et de sa cruauté. Oui, en cet instant il avait oublié ce petit détail, en son empressement d’être pleinement ouvert à son invité et interlocuteur… il avait oublié que la malédiction l’empêchait de s’exprimer à haute voix comme il l’aurait voulu, la douleur fondant sur lui comme un vautour, un horrible oiseau de proie le guettant en permanence. Ce n’était qu’un écart malheureux cela dit et il espérait bien se montrer assez vigilant pour ne plus recommencer ce genre de commentaires… Ou alors, il devait les faire mentalement, mais préférait taire encore un peu cette capacité très spéciale. C’était un atout majeur qu’il ne voulait pas perdre. Moins on serait au courant de son existence et plus il serait sauf car c’était là sa seule et unique liberté… par la télépathie qu’il développait, il pouvait s’évader, pouvait conspirer, et médire à loisir si il le désirait. Oui encore l’un des points positifs de cette affaire bien qu’il soit également fort douloureux durant son développement. Il s’était torturé pour être capable de communiquer en compagnie d’un autre être pensant sans troubles, et bien que sa santé s’en ressente, il était très satisfait des résultats. Il parvenait à présent à tenir de très longues minutes sans le moindre souci… Cela étant dit, il ne devait pas en parler avant d’être certain de ne rien risquer.

La voix d’Eliowir soudainement, lui permit de s’ancrer davantage dans la réalité et loin de ses considérations oisives qui l’assaillaient à cet instant. Il se recentra sur lui, fixant son regard sur le visage avenant et charismatique qui lui faisait face. Ce timbre de voix tira un frémissement au dragon qui l’habitait, et il le sentit se tapir, prêt à bondir pour se repaître de la tendre chair de l’elfe sans qu’il ne le laisse faire, car le contenu de ces paroles le glaçait d’outrage, et de gêne. Il n’avait pas tords, certes, et pourtant le vampire ne pouvait s’empêcher de se trouver honteux d’avoir plié en présence de cet homme. Il aurait dû rester droit et digne, imperturbable dans le marbre de sa gloire toute royale, comme le prince millénaire qu’il était. Et pourtant il s’était trouvé à terre comme un simple gueux… cela n’allait guère avec sa dignité, et sa fierté il fallait honnêtement l’avouer. Ce n’était qu’une réaction instinctive et très naturelle, que de ne point vouloir s’abaisser devant cet autre… point que ce fut sa race qu’il le vexa, mais il l’avait invité chez lui, et s’était par la suite clairement posé comme son aîné, et son guide en certaines choses, et parce qu’il respectait déjà beaucoup cet Eliowir, il ne désirait pas qu’il voit sa faiblesse… il voulait le laisser croire qu’il était fort et impassible, capable de tout supporter, de porter le poids de son peuple sur ses épaules sans faillir. C’était ainsi qu’il se devait d’être pour les autres, pour ceux qui n’étaient pas sa famille : un prince… Son altesse Achroma, oui, pour qu’ils gardent espoir, pour qu’ils s’apaisent, croient en un avenir où Lorenz serait vaincu… était-ce seulement possible ? Certainement. Mais il venait d’échouer… il venait d’afficher clairement sa faiblesse du moment et à moins de tout lui avouer, il allait devoir vivre avec le sentiment brûlant qu’un regard étranger c’était posé sur son plus terrible secret. Un goût amer dans la bouche, il souffrit sans un mot la tentative de l’elfe de se rattraper et de lui épargner une honte plus grande encore…. C’était appréciable, mais il en était encore plus amer si c’était seulement possible. Recevoir une telle délicatesse ne lui était pas commune, il souffrait autant ses blessures que les affronts à son honneur sans en faire mention, et sans en rajouter… « Je comprends et j’en suis navré » Il ne doutait ni de son honnêteté ni de la délicatesse soudaine dont il faisait preuve, c’était même remarquable si l’on considérait ses idées au sujet des vampires.

Il n’était pourtant pas prêt à le voir approcher la main du vélin de sa peau, et resta immobile, surpris, ses yeux suivants autant que possible le geste alors qu’il sentait sa chaleur si près, faisant à nouveau bondir le dragon en lui, l’enjoignant de se gorger de son sang si chaud et parfumé. A retardement, il comprit que sa peau était toujours marquée des sillons pourpres de ses larmes… il aurait dû les effacer, bien entendu, mais n’y avait absolument pas pensé. Ces larmes n’étaient pas plus naturelles que sa souffrance, une autre preuve de faiblesse soudaine, une preuve que quelque chose en lui ne fonctionnait plus. Il ne pleurait jamais, en avait toujours été incapable, alors pourquoi, subitement, ces traîtresses perles rubis ruisselaient elles sur sa peau ? Il ne pouvait l’expliquer, peut-être était-ce tout simplement la lassitude profonde qu’il avait en ces instants. Il n’y avait qu’un point positif à tout cela : Eliowir était si proche… tout près de lui, suffisamment près pour qu’il puisse humer de nouveau le parfum de sa peau et de la chair chaude et douce, tendre comme celle d’un nouveau-né. Pouvait-il s’enfouir contre son cou pour y dissimuler son visage souillé de carmin ? Il fut tenté de le faire un bref moment… très tenté même, mais il se retint, se faisant violence pour ne pas bouger. « Le livre ? Quel ouvrage pourrait parler d’une si rare manifestation ? » Il faillit l’arrêter en le voyant porter ses doigts peints de rouge à sa langue. Ce n’était pas sain du tout de goûter à ça… Il grimaça un sourire, soudain attendrit par le geste presque enfantin de l’elfe. Quelle idée ! Il aurait pourtant pensé qu’un être de son âge savait qu’il valait mieux faire attention à ce dont on remplissait son estomac. Et instantanément la tension le quitta alors qu’il portait une main à ses lèvres pour dissimuler un sourire, manquant une fois de plus l’étreindre… Il planta son regard pétillant dans le sien, reconnaissant de ce changement d’atmosphère. Et pourtant cela ne dura pas, et il reprit son air sérieux…

« Mais vous n’êtes pas moi » Sa voix était posée, calme, et pourtant, une légère note de reproche l’habitait « Et je ne juge pas vos questions mal placées. Je ne vous repousse pas et vous poursuivez car vous y êtes invité, si je désirais vous voir vous taire je vous demanderais de cesser…. » Il soupira doucement, sécha ses joues et le regarda de nouveau, avec peine. « Oui, vous avez raison, c’est bien lui… d’une certaine façon. Il s’agit d’un autre de mes sortilèges. Le Double Royal. En quelques mots, je suis contraint à la servitude…. » Mais pas pour toujours, si il jouait correctement. Pas pour toujours… « Je suis contraint de lui obéir et de ne pas médire à son sujet. Je suis contraint… de porter ses souffrances, dès qu’il le décide. Et si il devait mourir, alors oui… je mourrais à sa place. Il peut se servir de ma puissance, voir au travers de mes yeux lorsqu’il le veut. L’on pourrait croire que je suis défais, vaincu… que je ne suis plus qu’un jouet qu’il peut utiliser comme il le désir… ils sont nombreux à le croire et à s’ne féliciter, ignorants ambitieux gravitants dans le conseil. Ces stupides enfants mal éduqués, noyés sous l’orgueil mal placé » Un bref instant un éclat irréel, empoisonné, scintilla dans son regard, regard de dragon malveillant et méprisant de la stupidité d’une proie facile. Puis il fut de nouveau or et miel, et douceur incarnée, force tranquille, souriant… « Voilà ce qui m’afflige. La cangue qui me pèse en ces temps de troubles et me lie. Mais… pas pour toujours. Non certainement pas. Je suis le créateur de ce sort, qui mieux que moi pour en connaître les faiblesses ? L’heure venue, il cherchera son ombre…. Et tombera dans le vide, seul et sans bouclier » Il éleva une main et vint lui caresser la joue, changeant soudain de sujet « Vous savez, Eliowir..J’ai l’habitude des outrages. Et si votre comportement peut parfois me froisser quelque peu, cela n’est dû qu’à notre différence, au fait que nous ne nous connaissions guère, que nous avons chacun notre histoire et notre vie. Si votre comportement est un outrage, alors je connais des vampires qui se trouveraient foudroyer sur place pour avoir offenser les esprits même de leurs manières » Il laissa échapper un rire bref « Apaisez-vous…vous ne m’offensez pas. Nullement. Je découvre autant que vous. Mais si possible… n’essayez plus de boire le sang de mes larmes, hm ? Il a été déjà digéré, et ce n’est vraiment pas sain, même pour un mort…. »
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Eliowir Serillëiel
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MessageSujet: Re: L'eau coule sous les ponts [Pv Eliowir]TERMINE L'eau coule sous les ponts [Pv Eliowir]TERMINE Icon_minitimeDim 6 Oct 2013 - 23:20

« Le livre ? Quel ouvrage pourrait parler d’une si rare manifestation ? »

- Conscientia, un livre qui détient un savoir ancestral, un vieux savoir elfique qui remonte à des temps...

Se disant, il fit un vague geste de la main. Tout à sa réponse, il manqua l'attitude qu'eut le vampire quant à sa tentative pitoyable et échouée, de goutter les larmes de sang. Il était parti dans ses pensées, ses souvenirs.

- Un livre qui répond à vos questions sur notre monde, sur le monde d'Armanda, son histoire, ses peuples... Chaque peuple en avait un autrefois, mais je crois qu'ils sont revenus au peuple de ses créateurs, au peuple des elfes. Mes ancêtres...

Il tourna son regard enfin vers celui d'Achroma, y décernant une malice qu'il ne comprit pas. Et continua sans s'en soucier outre mesure.

- Mes ancêtres sont à l'origine de l'idée de ce livre. Pour que la mémoire ne se perde pas. Pour qu'on n'oublie pas...

La mémoire... Elle était si chère à sa famille...

Puis la conversation dévia quand il bafouilla ses nouvelles questions et ses excuses. Il ne put que baisser les yeux et la tête, dans une attitude penaude, et se sentit traitreusement rougir de gêne et de honte quand la voix du vampire claqua.

« Mais vous n’êtes pas moi »

Pas forcément de ce claquement dur et abrupt auquel il s'attendait. Mais la remontrance était là. Là où il ne l'attendait pas cependant. Il s'était attendu à ce qu'effectivement l'autre le chasse, ou du moins chasse ses questions indélicates et malvenues, et non à ce qu'il le conforte à en poser au contraire... Tout à sa surprise, l'elfe releva lentement le regard, les yeux écarquillés d'étonnement sincère, un soulagement étrange irisant ses orbes de nuit, tandis qu'il observait le magnifique masque de marbre qui se fissurait devant lui, révélant l'être derrière. L'être... Achroma était. Existait. N'était pas que vampire !

La fissure était légère, à peine perceptible, mais par ses fins interstices on percevait assez du vrai visage d'Achroma. Ou d'une partie du moins. Eliowir avait soudain envie de se saisir de ce masque de marbre, de glisser ses doigts dans les fissures, pour les écarter plus encore, d'en casser les pans, bout à bout, rognant les bords de ses ongles s'il le fallait. il avait envie d'en soulever les morceaux, d'y laisser sa curiosité s'y glisser pour mieux les fissurer, de casser ce masque tout en cassant ses propres idées arrêtées, de faire voler marbre d'apparat et étau de convictions en mille morceaux en même temps.. Peut-être l'un était-il lié à l'autre d'ailleurs ? Pourrait-il, en détrônant toutes ces anciennes croyances au sujet des vampires, rendre son vrai visage à celui qui affolait ainsi son esprit ? Pourrait-il...

Mais au lieu de cela, il ne fit aucun mouvement. Ne dit mot. Et écouta. Avidement, avec une soif inattendue, d'une autre soif que celle qui avait dû agiter le vampire. Soif ancienne qu'il avait déjà connue lui-même. Soif de savoir, de pouvoir, de puissance... mais au-delà encore, plus profondément, plus sourdement, tel un lent tambour qui enfin naissait en son cœur, soif de comprendre, soif de connaître. Soif... soif... Il avait soif. Et cette soif portait soudain un nom inconnu, incongru, imprévu... Cette soif s'appelait Achroma. Et il avait peur de cette soif-là... Peur... qu'il était toutefois incapable de combattre et à laquelle il s'abreuva sans s'arrêter. Ecoutant. Attentif. Tout son être tendu vers cet autre, vers cet Achroma...

Tout à son envoutement, c'est à peine s'il perçut la lueur qui vrilla le regard limpide du vampire. Il en eut vaguement conscience, mais sa conscience justement semblait voguer au loin. Il se laissa donc de nouveau happer par les mots, alangui par leur douce mélopée, en même temps que l'horreur de leur réalité le frappait de plein fouet. Tout ceci n'était qu'ignominie. Lorenz n'était qu'ignominie, cria son esprit fatigué.

L'elfe ne frémit pas même, quand la main d'Achroma se fit caresse sur son visage martyrisé. Il était subjugué, incapable de réagir, de protester, de s'écrier au scandale. En cet instant, il n'était qu'instinct envouté, totalement à l'écoute des gestes et mots de l'autre.

- Alors je veux vous connaître, s'entendit-il répondre, sans même réaliser ce qu'il allait dire.

Il se sentit mortifié par ses soudaines paroles, si empreintes de spontanéité, mais si teintées de naïveté presque enfantine aussi. Il en était honteux. Et soulagé aussi. Voilà qui était dit. Il ne pouvait plus reculer lui-même devant l'évidence qu'il venait d'énoncer, d'avouer à haute et intelligible voix. Une voix qui pas même ne trembla sous ces mots éhontés !

- Apprenons donc nos différences pour que plus jamais outrages ne se fassent, reprit-il, cette fois en un murmure tout juste audible, incapable de prononcer ce presque serment trop haut. Non, plus jamais je ne boirais le sang de vos larmes. Mon esprit s'en révulserait. Et de leur goût... et de vous voir de nouveau les verser, se surprit-il à ajouter, confus.

Il déglutit, se demandant ce qui lui prenait de prononcer pareilles choses. Encore un peu et on pourrait croire... Mais cela était impossible, n'est-ce pas ? Achroma était vampire et il était elfe. Deux peuples ennemis. Et deux hommes qui plus est...

Sans compter... que jamais, ô grand jamais, il n'avait été capable de ressentir cet impossible. Impossible cela avait toujours semblé être pour lui, par le passé, même envers son épouse que pourtant il affectionnait tant. Alors impossible cela serait encore, pour lui, maintenant et à jamais. Ainsi en avait-il soudain décidé en cet instant, son regard s'ancrant pourtant dans les braises incandescentes du vampire, son esprit vrillé à ses mots, ses révélations, ainsi qu'à ses propres convictions écroulées, qui gisaient à leur pied, et continuaient de s'écouler entre leurs mains maintenant presque liées, tandis qu'il venait de porter la sienne contre celle du vampire. Oui, à jamais impossible... malgré son cœur battant qui voulait lui faire croire le contraire, malgré le malaise grandissant en son être, en son âme qui lui criait de se laisser aller, à mesure qu'il se faisait happer par ce tourbillon de sensations... malgré les deux voix en lui, qui pour une fois en accord, lui murmuraient de ne plus écouter raison et de lâcher prise, de s'ancrer aux yeux d'Achroma et de s'y laisser voguer, sans honte aucune, de se perdre à jamais dans cet azur d'étranges et sombres promesses, de se laisser convaincre par la soie de cette voix onctueuse, de se laisser languir sous la caresse froide de cette peau sous laquelle plus aucune vie ne pulsait... de s'accorder à ce cœur mort mais à cet esprit si vivant...

Eliowir se sentait perdre pied et était bel et bien à deux doigts de glisser dans sa douce folie, quand... la tasse chuta encore. Tintant dans l'air dans un bruit mat qui le fit sursauter. Et le ramena à l'abrupte réalité. Un vampire et un elfe. Deux hommes...

Un doux rêve sans doute, mais un rêve nommé impossible.

Cruel. Douloureux. Mais réaliste, songea-t-il, soudain un peu amer. Déçu. Il en aurait presque pleuré, sans réellement comprendre pourquoi d'ailleurs. La fatigue, certainement.

Détournant soudain les yeux, incapable de soutenir davantage encore cette présence qui l'attirait, ce regard qui menaçait de nouveau de le dévorer de sa magnificence envoutante, il ne put retenir un lourd soupir. Et décida de finalement reprendre leur conversation précédente. Wintel. Lorenz Wintel. Voilà bien un sujet qui ne menaçait pas de glisser vers des rêves impossibles...

- Quelle abomination que ce sort encore. Ce... Votre prince... Rien donc ne l'arrêtera ? Que veut-il encore ? Après la puissance d'un dragon, la soumission d'un millénaire qui pourtant le dépasse de bien loin en puissance... Ah si je sais ce qu'il veut : la destruction de mon peuple, si possible dans la déchéance la plus outrageuse, l'asservissement total des humains qu'il rendra esclaves de ses vils et terribles désirs, et la domination suprême sur Armanda, si possible en détronant Dracos lui-même... Son avidité et sa cupidité n'ont d'égal que son scandaleux égoïsme. Mais...

Tout son être vibrait d'un outrage qui pourtant n'était pas vraiment le sien. Il en tremblait presque. Doucement, étonné lui-même de sa réaction, il osa relever les yeux sur le fin visage, sans toutefois les ancrer dans les perles qui l'observaient.

- Mais vous dites pouvoir vous en défaire ? De ce sort abominable, je veux dire. Aucun être ne devrait être soumis à pareille... servitude. Encore moins un être digne tel que vous. Vous... Non, je serais bien incapable de pouvoir affirmer que vous ne méritez aucunement pareil sort. Mais... à mon sens... personne ne mérite cela. Et puis...

Une main, sa main réalisa-t-il, se leva vers les traits délicats, qu'il dessina de ses doigts un peu calleux, en détaillant chaque contour, chaque fine sinuosité...

- Et puis j'aimerais croire qu'avec vous... qu'entre vos mains... que vous seriez capable...

De mener dignement les vampires, de promettre un avenir plus digne aux siens, et à Armanda tout entier par là même. Oui, il voulait y croire. Mais il ne parvenait pas à énoncer clairement ses fous espoirs. Fou, oui, il devait bien l'être...

- Je pense que nous n'avons rien à perdre à vous défaire des ses chaines. Libérez-vous si vous le pouvez, défaisons donc ces entraves, déjouons les sombres plans de Lorenz... Ce sera déjà un premier pas vers d'autres voies, d'autres possibilités...

D'autres avenirs. D'autres espoirs...



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MessageSujet: Re: L'eau coule sous les ponts [Pv Eliowir]TERMINE L'eau coule sous les ponts [Pv Eliowir]TERMINE Icon_minitimeSam 12 Oct 2013 - 17:34


Ah oui… ce livre-là. Il en avait eu une copie entre les mains, une fois, longtemps auparavant, mais n’avait pas eu le loisir de la conserver. Les siens étaient à l’origine de sa création ? Il y croyait volontiers. La maîtrise du sortilège qui l’animait ressemblait en effet aux elfes. Qu’il ait cependant interrogé l’ouvrage au sujet des vampires était une surprise, bien plus vive que la réponse qui semblait avoir été faite. Pouvait-on vraiment décrire cette manifestation comme des larmes ? Par défaut, il le faisait, et pourtant, les larmes n’étaient rien moins que des perles diamantines d’eau salée, non des gouttes incarnats et interdites… Cela avait-il la moindre importance ? De son point de vue, oui, tout à fait même. Il était mage et conteur, prisant les mots comme des outils et des puissances singulières, détenir le bon terme pour chaque chose était plus qu’un besoin, un devoir, une obligation. Point à la manière des politiciens qui se plaisaient à en jouer, de façon si rude et si peu sensible que son sens esthétique en était outragé, et que son expérience ne pouvait qu’observer ces fous avec un brin de condescendance… dont sa raison et son éthique se lamentaient. Mais hélas, il n’y pouvait rien, ils se donnaient tout simplement en spectacle. Et osaient réclamer le respect par la suite ? Il n’en avait guère à leur offrir en ces instants. Contrairement à sa vision de cet elfe tiraillé entre ses considérations nouvelles et anciennes, cimentées par des années de combats… Eliowir méritait bien plus de respect de sa part que la totalité des parvenus du conseil réunit, quand bien même il était un infanticide. Ce qui en dit long sur eux d’ailleurs. Mais pourquoi étayer mon avis et refuser de le boire ? Tu sais que tu en as envie, tu n’attends même que ça… savourer le bouquet unique de ce sang admirable, le sentir t’enivrer…. Précisément parce qu’il ne voulait pas gâcher le potentiel de cet individu en se prenant pour un esprit supérieur. Il ressentait quelque chose, à s’ouvrir à lui ainsi, il ressentait un lien étrange s’établir entre eux, et les mots qu’il laissait couler comme le sang d’une blessure était un moyen de l’entretenir, de le nourrir de son être intime. Il offrait des réponses à sa curiosité qui semblait sans limites, il offrait également un espoir, une porte de sortie autant qu’une porte vers ses pensées et ses considérations… sur ses conspirations. Oui il risquait beaucoup à lui révéler tout cela mais étrangement, il sentait que l’elfe ne le trahirait pas… ne ferait rien qui pourrait lui nuire, bien au contraire.

Oui bien au contraire et pourtant… ce qu’il ressentait était si déroutant. Étrange mélopée au fond de son esprit, ancré dans son cœur et dans son âme. Le regard nocturne qui pesait sur lui était si intense qu’il pouvait presque en caresser le faisceau… qu’observait-il ainsi en lui ? Qu’est-ce qui attirait ainsi son attention, le figeant et oblitérant le reste du monde ? Il se sentait soudain troublé, mis à nu… crispé, il lui semblait que l’elfe tentait de s’introduire encore plus avant dans son psyché, pour y faire régner une lumière malvenue… Pourtant, il ne bougea pas le moins du monde, se laissant faire, se laisser observer…. Caressé plutôt, ou même… dévoré ? Il te regarde. Toi. Pas seulement ta puissance, ton statut… pauvre oisillon, pauvre petite chose sans défense, envoûté par le plumage doré d’un oiseau de malheur qui se dissimule sous de beaux dehors. Tu l’enivre déjà… si tu t’approchais maintenant il te tendrait docilement son cou et te supplierait de sa jolie voix de le mordre. Ne serait-ce pas…. Délectable ? Son ton fiévreux et effrayé tout à la fois, hypnotisé par ta présence, sa chaleur t’entourant comme un fourreau de soie… Non ? Tu sais pourtant que tu as des goûts irréprochables. Quoi de mieux qu’une perle venant à toi conquise et volontaire ? Le couperet tombant, il cligna lentement des yeux. Le connaître ? Par Dracos mais le dragon risquait d’avoir raison, à la longue… et pourtant, du plus profond de son être, il savait se refuser à laisser l’elfe tourner les talons. L’aveu scellait ce qui grandissait entre eux depuis leurs premières paroles échangées, à peine quelque temps plus tôt et qui ressemblaient pourtant à toute une vie d’immortel. Il voulait lui apprendre, quitte à devenir un monstre à ses yeux et cette fois pour de bonnes raisons.. Que l’elfe boive à la coupe honnie des secrets sombres et enfouis et ils verraient alors ce qui adviendrait. Il voulait le connaître… et il le connaîtrait, jusqu’à plus soif. Il était si doux de l’entendre qu’il pourrait presque se bercer de ses mots… apprendre l’un de l’autre, que plus jamais outrage ne se fasse ? Apprendre… et l’entraîner avec lui, vers le fond et les cieux tout à la fois. C’était plus probable décidément mais il parvenait à le toucher avec une justesse qu’il le déstabilisait…

Ne plus le voir verser de ces larmes de pourpre ? Doux rêve et pourtant… peut-être n’en verserait-il plus jamais, trop froid et trop désabusé par l’existence qui le taraudait. Un sourire délicat fleurit sur ses lèvres sans qu’il ne puisse s’en empêcher. Se forcer à ne plus en verser, ou ne plus avoir à les verser, physiquement ou mentalement… pouvait-il y parvenir ? Lui faire ce présent ? Il aurait voulu en être capable… il aurait voulu être capable de bien davantage. Adryne était celui que tu aimais, ton fils ! Ton fils assassiné ! Ne te laisse pas berner… tu ne pourras ressentir à nouveau ce qu’il t’a offert. Cet elfe est une proie magistrale, une douce sucrerie pour ton plaisir… mais pas, certainement PAS…. Suffit. Qu’il se taise, qu’il cesse. D’une main déterminée, il s’apprêtait à broyer la voix insidieuse quitte à faire voler en éclat son esprit. Il ne voulait pas se demander si il aimait, ou si il en était capable. Il voulait… partager. Entrer en communion, avec lui, se laisser plonger dans son psyché, dans son affect, autant que dans son être… et faire vibrer leurs esprits. Simplement, partager… se confier, s’ouvrir, se mettre à nu… Se débarrasser de ses considérations et saisir le joyau offert à pleine mains, ses mains souillées de sang et d’horreur… Se perdre dans sa chaleur et son odeur, cette chaleur enivrante qui engourdissait ses sens. La chaleur de la vie, de l’innocence…

Et soudain, un bruit incongru brisa l’attirance soudaine comme un coup de tonnerre. Sursautant intérieurement, il détourna un instant les yeux pour regarder d’où provenait cette révoltante interruption.. La tasse… maudit soit-il, il avait dû la poser. Et cette stupide petite erreur venait de détruire un instant absolument magique. Voilà… c’était exactement pour cela qu’il se devait d’être le plus parfait possible, en refusant le droit aux erreurs. Le regard nocturne l’avait quitté, abandonné, et il se sentait soudain glacé et dérouté sans la chaleur presque dévorante qu’il avait ressentie un bref instant. Non… Non, regarde-moi… regarde le… regarde…REGARDE NOUS ! Ne détourne pas les yeux ! Pas maintenant ! Ne fuit pas… ô mon doux petit, ô ma sucrerie, non ne détourne pas les yeux… nous avons besoin de ton regard…regarde-moi misérable ou je t’arracherais les yeux pour m’en faire un collier ! je… Il ne voulait pas lui faire de mal, et pourtant il était torturé de ne plus pouvoir contempler ses yeux. Se perdre dans les lacs nocturnes qui lui offrait tant de bien-être, autant que de déraisons. Et la conversation qui soudain reprenait subitement, comme si de rien n’était ou presque… Pouvait-il seulement chasser ces sensations d’un revers de main ? Il s’en sentait incapable… et pourtant il fut forcé d’écouter, préparant une réponse presque arrachée à sa gorge. Une réponse qui se coinça en lui à la sensation de la main qui vint effleurer son visage, le caressant, le découvrant lentement en un toucher légèrement rude qui lui arracha un tremblement et un bruissement de ses longs cils tandis qu’il fermait à demi les yeux. Impossible de comprendre d’où venait cette réaction, mais son corps tout entier se tendait violemment vers lui….

Ses paroles. Dracos… ses paroles. Non, plus de ces chants insidieux qui l’enivraient. Comment pouvait-il même se défaire de la toile du destin qui le poussait lentement en avant… avec une telle figure de proue. Il comprenait bien les silences, les non-dits. Le voir prince couronné des vampires. Le voir les mener vers un meilleur avenir que la destruction offerte par Lorenz… une dictature, certainement, mais plus courtoise, plus noble… oui il voulait y croire, quand bien même il ne voulait pas de couronne, il voulait croire qu’il serait capable de régner comme il vivait à présent. « Oui certes…. » Sa voix semblait si lointaine, si étrange, étrangère… « Oui. Mais pas tout de suite. Si je me délivrais à présent, tout serait perdu je dois… supporter, encore quelque temps. Bien que cela me paraisse des âges entiers. Il le faut. Il faut qu’il… » Il inspira longuement pour se calmer. La proximité de l’elfe ne l’aidait en rien à se contenir, à se discipliner. « Il faut qu’il soit confiant, qu’il ne se doute de rien. Il faut qu’il fonce dans le piège, en se pensant invincible, inatteignable. Il faut qu’il ait l’illusion de nous prendre tous au dépourvu. Et alors qu’il se pense au fait de son triomphe… » Il n’acheva pas sa phrase, mais il doutait que Eliowir ne comprenne pas. Au fait de son triomphe le Double Royal disparaîtrait, le laissant seul face à son jugement, entouré d’ennemis prêt à le détruire une bonne fois pour toute. Quelle serait son expression alors, se sachant trahit et déjà mort ? Quelle serait son ultime pensée ? Et lui ? Comment fêterait-il sa victoire ? En réclamant le meilleur vin qui soit

Faible qu’il était, de contempler cette possibilité. Faible, faible. Il ne fallait pas. « Je pourrais peut-être m’en délivrer. Mais pas seul, hélas. Dans mon inconséquence et ma cruauté, trop jeune pour en saisir toute les implications, j’ai construit le Double Royal sans lui inclure la moindre possibilité d’un contre-sort. Il n’y a que deux puissances en ce monde capable de venir à bout de ma malédiction si mes hypothèses sont exactes. La première gît en ces lieux, il s’agit des dons des Baptistrels et de leurs Fondateur en particulier. Pour avoir brièvement croisé le seigneur Tisserêve à l’époque, je crois que son héritier, qui qu’il soit, pourrait en effet faire voler en éclat mes chaînes. La seconde, plus dangereuse… est le verre noir. La création du néant. Car après tout elle détruit tous les sortilèges, est-il si dément de penser qu’elle ferait disparaître ma malédiction si elle frappait Lorenz ? Quelque chose me dit que non, mais je préfère n’avoir recourt à une telle extrémité qu’en dernier ressort, lorsque le reste aura échoué » Il soupira finalement, caressa la main aventureuse de l’elfe avant de la serrer avec une grande douceur. « Je n’ai rien à perdre, ou presque. Mais Eliowir… ‘nous ‘… vous vous incluez donc à mes côtés ? »
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MessageSujet: Re: L'eau coule sous les ponts [Pv Eliowir]TERMINE L'eau coule sous les ponts [Pv Eliowir]TERMINE Icon_minitimeMar 15 Oct 2013 - 20:28

Supporter... Supporter encore.... Ces simples mots l'horripilaient déjà. Il en frissonnerait presque. Supporter parfois était pire que porter ou qu'assumer. Supporter avait ce goût d'imposé, de non choisi. L'existence tout entière était certes souvent truffée de ce goût-là, un goût parfois amère, parfois délicieux... Tout dépendait des chemins choisis pour les savourer. Mais de son expérience à lui, du moins durant les derniers temps, l'amertume, l'acidité même, semblait le goût prédominant de ces choses-là. Les vampires avaient-il le sens du goût ? Oui, il le pensait, aux dires du millénaire. Il espérait alors que la saveur de ce supporter ne soit pas trop infecte, et qu'elle parvienne un jour à se transformer en délices qui fassent enfin chatoyer les papilles de la vie. Ou de la non-vie. Et si par un heureux jeu du destin, cela permettait à tous de partager le sucré de ces saveurs... Oui, voilà tout ce qu'il espérait pour le vampire. Et peut-être pour eux tous ensuite...

« Et alors qu’il se pense au fait de son triomphe… »

Oui, il voyait, il comprenait. Il n'était pas bien sûr d'aimer ces méthodes-là. Les complots l'avaient toujours horripilé, quand bien même il avait longuement vécu avec, son rôle de conseiller l'empêchant de se voiler la face et le forçant bien souvent à devoir déjouer ceux de ses paires, pour mieux les contrer. Oui, ces jeux-là aussi l'horripilaient. Mais il était aussi parfaitement conscient qu'avec un être tel que Wintel, nul autre jeu ne serait possible. Le prince des vampires étaient bien trop vil, bien trop sournois, et à son grand désarroi bien trop intelligent, pour parvenir à contrer tout autre jeu. Non, effectivement le meilleur était de se couler dans les sombres filets du prince, de s'y presque lier... pour mieux en trancher les fins fils de soie un à un, doucement, en silence, dans l'ombre, pour mieux retisser les siens au fur et à mesure, sournoisement, insidieusement, faisant passer ses propres fils pour ceux du prince... et ainsi l'enserrer dans sa propre toile si solidement tissée... Oui, cela il le comprenait. Le réprouvait, au fond de lui, viscéralement, mais le comprenait. Et une petite voix lui susurrait même qu'il serait bien prêt d'y participer si jamais le besoin s'en faisait sentir.

Cette simple constatation lui laissa un autre goût amer, qui manqua de le faire vomir, ravivant la flamme de la haine et du dégoût qu'il éprouvait parfois pour lui-même, pour sa folie. Mais oui, il ne pouvait le nier... Si l'occasion de défaire le prince actuel des vampires se présentait, si l'occasion de trouver un digne successeur pour le peuple des ténèbres, afin d'assurer paix ou au moins trêve en terre d'Armanda... si l'occasion se présentait enfin de défaire Lorenz Wintel pour sauver son peuple, le venger... se venger aussi... alors, oui, certainement saisirait-il cette occasion avec avidité, et s'y cramponnerait-il avec l'énergie du désespoir. Il était d'ailleurs parfaitement conscient que si occasion il y avait, elle serait fugace, fuyante, et bien ténue. Aucune hésitation ne lui serait permise. Et aucun retour en arrière ensuite. Quitte à devenir maudit également, définitivement, et se maudire des siècles durant...

Eliowir se contenta donc d'acquiescer, étrangement calme, posé, attentif... totalement tendu vers l'autre, vers le millénaire. Dans l'attente, avide presque. Curieux, soucieux aussi. Que deux puissances pour détruire cette malédiction ou la contenir. Deux... Deux seules. Eliowir se sentir froncer les sourcils, sans pour autant intervenir. Un froid glacé l'envahissait toutefois à mesure qu'Achroma lui révélait le tout. Peu de possibilités, bien maigres, si fines, si précaires... Impossibles même peut-être. Pourraient-ils, Achroma, lui, d'autres encore, rendre cet impossible possible ? N'était-ce soudain que belle illusion, fol espoir, que cette malédiction soit détruite ? Que Lorenz Wintel soit défait ? Que la paix soit enfin créée et durable ? Illusion... Poussières au soleil... Vil rêve maudit... Peut-être.

Ou pas. Il disait baptistrel. L'héritier des fondateurs. Shadowsong... L'héritier n'était nul autre que Shadowsong, n'est-il pas ? Eliowir connaissait peu l'elfe chanteur, quasiment que de nom et de réputation, pour tout avouer. Mais après tout... Pourquoi pas ? Cet espoir-là ne lui paraissait soudain pas si vain. Pas si impossible.. Pas si fou. Mais un fou impossible était parfois un fou puissant, non ?

Une main caressant la sienne et l'enserrant le coupa soudain de ses pensées et attira de nouveau son attention sur Achroma.

«Mais Eliowir… ‘nous ‘… vous vous incluez donc à mes côtés ? »

Nous ? Avait-il dit nous ? Cela l'en laissa coi. Tant et si bien qu'il en ouvrit la bouche, voulut répondre, mais les mots lui manquèrent. Toute pensée cohérente s'enchevêtrait dans son esprit, le laissant pantelant, incapable de répondre, comme rendu soudain muet.

Muet... A croire que cela serait le sceau honni de sa famille...

Non, sombres souvenirs que cela. Sombres souvenirs qui furent violemment chassés, tandis qu'il referma brusquement sa bouche silencieuse, détourna le regard, et qu'il écarta sa main, balayant devant lui d'un geste vif. Peut-être son comportement allait-il paraître étrange, voire discourtois, tout ce qu'il ne voulait pas. Mais l'assaut de ce qui le hantait à jamais avait été si puissant soudain, à la pensée d'un seul et unique mot, qu'il n'avait su se maitriser.

Il avait été bien incapable de toute façon se maitriser ces derniers temps. Sa folie, vicieuse et subtilement féroce, semblait prendre un malin plaisir à constamment psalmodier en son for intérieur, son chant enchanteur se faisant de plus en plus puissant à mesure que le temps passait...

- Je n'avais pas...

Non, mensonge, "tu avais" parfaitement. Tu en avais parfaitement conscience. Une conscience, là, au fond de toi, peut-être, mais une conscience quand même. Tu AS choisi ce mot. Bel et bien choisi. Tu AS choisi ton camp. Tu l'AS choisi LUI. Oui, tu as choisi Achroma... Pourquoi ? comment ? Si vite, si irréfléchi... Peuh... irréfléchi ? Es-tu sûr que ce soit si irréfléchi, petit elfe perdu ? Oui. Oui, ça l'était. Non, ca ne l'est pas ! Non... Si, ca l'était, il était envouté... Achroma l'avait attiré dans ses filets ! Non, ca ne l'est pas. Oui Achroma t'attire, mais plus encore, Achroma est plus encore. Il est soudain l'incarnation de tous les espoirs que tu veux fonder, auxquels, faible que tu es, tu veux croire encore, auxquels tu sembles si bien t'accrocher. Oui, fous espoirs, que ceux de voir ton peuple ne plus dépérir, ceux de voir Armanda enfin connaître une paix méritée...

Seuls espoirs qui en fait lui permettaient encore de rester en vie, de faire battre ce cœur sept fois centenaires, seuls espoirs qui lui permettaient d'encore entrevoir la lumière du soleil... même s'il lui semblait qu'elle prenait un malin plaisir à s'obscurcir à chaque instant. Et étrangement, aussi sombre et ténébreux soit-il, Achroma incarnait ces espoirs et avivait cette faible lumière qu'il tentait de suivre. Non. Ce n'était pas irréfléchi. Pas totalement. Peut-être l'irréfléchi résidait en un autre chose encore, un autre chose qui grimpait en lui doucement mais sûrement, un autre chose qu'il sentait palpiter au fond de lui, qu'il sentait répondre en écho aux battements de son cœur, des battements qui ne cessaient de menacer de s'affoler à chaque fois que ses orbes de nuit s'ancraient dans les soleils de ce vampire. Oui, si irréfléchi, peut-être était-il là. Un là toutefois qu'il ne se sentait pas près d'explorer, encore moins de nommer. Un là bien trop inconcevable selon lui, réprouvé même... Un là irréfléchi qu'il ne nommerait pas donc. Mais l'irréfléchi n'était pas seul, conscience et raison se mêlaient soudain pleinement dans cette décision, dans ce choix.

Oui, ce choix.

- Enfin si, peut-être avais-je. Je suis confus... Le nous m'est venu de lui-même. Peut-être parce que...

Il hésita. Il n'allait tout de même pas lui avouer ses tergiversations internes ? Non, Achroma le prendrait pour un fou. Ce qu'il était assurément, ou du moins n'en était plus loin. Mais... Non, mieux valait ne pas encore révélé cette conscience défaillante.

- Peut-être parce que de voir des êtres ainsi enchainés, entravés, dépourvus de liberté me révulse. Peut-être aussi parce que je souhaite voir un autre avenir, la paix surtout, et qu'avec un tel prince pour votre peuple, la paix, cet avenir, ne sera jamais possible. Je suis...

Ce choix. Affirmer ce choix/

Il osa enfin relever les yeux vers le vampire, penchant légèrement la tête, offrant sans le vouloir son cou sans défense, alors qu'il ne cherchait lui-même qu'à mieux sonder les pensées du millénaire.

- Je suis fatigué de tout cela, de toutes ces guerres, de tous ces conflits. Je rêve de paix. Peut-être n'aurais-je jamais l'honneur de la voir moi-même, encore moins de la vivre. Je commence à me faire vieux, pour un elfe.

Surtout pour un elfe non immunisé, chose de plus en plus rare. D'autant plus rare, s'il se présentait ainsi à un vampire. Un vampire ! lui cria son instinct. En vain. Il avait dépassé ce stade depuis quelques instants avec Achroma. Peut-être était-ce une redoutable erreur, mais il n'était pas bien sûr de la regretter, étrangement.

Non, regret ne serait pas de ce choix.

- Mais... Mais je pense, peut-être me trompe-je, mais je pense, j'ai dans l'espoir... que vous puissiez être un autre avenir. Que vous puissiez être cette paix. Mais vous ne pourrez jamais l'être avec ces chaines.

A peine achevait-il de prononcer ces mots, que la décision en lui déferla. Oui, ce serait "nous". Oui il prendrait place aux côtés du vampire s'il le fallait. Oui, si bien sûr Achroma ne se montrait pas une menace pour les elfes, pour son peuple, et pour la paix, alors oui il combattrait pour lui et avec lui avec force et détermination.

Et cette résolution nouvelle, cette assurance étrange et déconcertante, dut se lire dans ses sombres prunelles jusqu'alors en proie au doute. Proies du vampire aussi.

- Oui. Je serais à vos côtés Achroma. Je serais des vôtres, combattrais avec vous s'il le faut, si vous me promettez d'être cet avenir ou du moins de tout faire pour. Si vous me promettez d'être un digne prince, d'être paix entre nos peuples, si vous me promettez d'être un avenir de clémence entre les trois races... Alors oui, je serais avec vous. Je serais nous, avec vous.

Je vivrais ce choix avec vous.

Il marqua un petit temps d'hésitation, avant de proposer, plus hésitant.

- Et cela pourrait déjà commencer... par plaider votre demande et votre cause à l'héritier du fondateur des baptistrels ? Si vous ne l'avez pas déjà fait. Je pense savoir de qui il s'agit. Je le connais peu... pour ne pas dire pas du tout. Mais cela ne me coûte rien déjà d'évoquer l'idée avec lui ? Et nous aviserons ensuite... Si cela vous convient, bien entendu.

Il se sentait soudain gêné. Et tenta de le cacher en se raclant la gorge. Il peinait encore à pleinement réaliser tout ce que cela impliquait... Mais si gêne l'enserrait dans son étau de maladresse, en tout cas le doute et l'incertitude semblaient l'avoir quitté et leur froideur amère avec eux...

Ses yeux se posèrent alors sur les débris de la tasse à terre. Maudite inopportune qui avait brisé l'instant magique qu'ils avaient partagé... Il l'aurait volontiers brisé en mille morceaux encore, mais finalement se raisonna. Ce n'était qu'une tasse. Qu'une tasse... Qu'il se baissa à ramasser, morceau par morceau... jusqu'à s'en couper avec. Du sang perla un peu, très peu, de son doigt. Instinctivement, il le porta à ses lèvres pour en nettoyer le sang, et tenter d'arrêter le très léger écoulement. Sans même avoir conscience de l'impact que cela pourrait avoir sur son compagnon de l'instant...
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MessageSujet: Re: L'eau coule sous les ponts [Pv Eliowir]TERMINE L'eau coule sous les ponts [Pv Eliowir]TERMINE Icon_minitimeMar 22 Oct 2013 - 11:26


Il n’avait pas ? Allons, cela il ne pouvait guère y croire. Bien sûr qu’il avait, et même plutôt deux fois qu’une… Un elfe, mage, politicien, se perdant dans ses propres mots ? Il ne pouvait croire cela. Ce ‘ nous ‘ l’avait grandement surpris, mais il ne pouvait douter que cela fut autre chose que la plus exacte pensée émanant de l’elfe. Il s’était effectivement inclut au sein de cette conspiration, il s’était adjugé la place à son coté avec une aisance qui l’amusait et le flattait. Oui, cela le flattait, naturellement, l’on parlait là d’un elfe ancien pour ce peuple, doté de grandes qualités quoi qu’encore loin d’un plein potentiel, et disposant d’un esprit agile et productif qui s’ouvrait lentement. Et puis, il y avait cette étrange attirance qui l’illuminait, cette fragrance singulière d’interdit et de danger dans la morsure à laquelle il pourrait le soumettre… son dragon intérieur semblait s’ancrer avec passion sur son existence vacillante, sur la raison qui s’effritait au sein des orbes nocturnes, encourageant dans le silence de son esprit l’abandon de l’esprit terre à terre au profit de l’immuable contrée ou rêves et déraison s’ébattaient en une danse alanguie d’improbable, d’impersonalisation. Une part de lui, froidement empirique, se contentait de s’abreuver de fonctionnalisme, de s’isoler dans la merveille continuelle de sciences purement matérialistes au travers de l’efficacité, de l’efficience, et de la matérialisation physique de maints mystères, au travers des calculs et du raisonnement cherchant une explication à tout acte de l’univers autour de lui, se plaçant sur un pivot semblable, par sa terne nostalgie, par sa constance dans la plongée vers un univers stérile si ordonné que chaque mécanique serait connue et analysée en profondeur. Oui, une part de lui se complaisait effectivement dans l’étreinte froide de cet implacable esprit de conservatisme et de dictature, empreint de l’ordre parfait dans la compréhension et le maniement à loisir du monde extérieur.

De cette partie de lui était né celui qui se nommait le chef des anciens, un être froid, détaché, emplit par le devoir. Un être respecté et craint, admiré pour son intelligence hors norme, envié pour tous les bienfaits dont il était bénéficiaire, autant physiquement qu’en puissance ou en destin… Un être auréolé des délicieux ornements que l’esprit sec et stérile du vampire prit dans sa cangue volontaire de normes et d’éthiques illusoires admirait et enviait au-delà du raisonnable. Cet abandon de tout ce qui faisait la richesse d’un univers où les possibles n’avaient aucune tangibilité, dans la nuée multiple et sans fin de l’ubris magnifié où ne sommeillait rien moins que son autre face, comme un miroir à l’envers, une lueur nocturne, une ombre illuminée aux contours flous et embuées, au travers de l’exhalation alourdie d’un jour d’hivers embrasé… Cette autre face que l’on ignorait souvent, à tort, enfermée, silencieuse dans l’immensité de ce qui n’était pas lui. Une facette de personnalité autrement différente de celle qu’il présentait au monde, et qui se perdait, loin de la sècheresse d’un cours d’eau tarit, vidé de toute substance, de toute beauté, dans l’immensité d’une galaxie mourante, tourbillon d’empyrée au creux de son esprit qui se défaisait alors de ses chaînes physiques pour s’élever, oiseau éperdu, embrasé d’aspirations trop échevelées pour ce monde, vers les sphères intemporelles où il pouvait retrouver, pour un temps, la source merveilleuse de son imaginaire haletant, la graine étrange d’où germait les rameaux innombrables de son psyché opulent, à la verve aussi sucré qu’empoisonnée, un ciguë courtois, galant, mais sans nul doute frappé de trépas, charogne à l’odeur de lys d’eau blanc, aussi suave que pourrit, aussi dément que sain d’esprit.

Esprit contradictoire, esprit épris de liberté, se perdant sur les tortueux chemins d’une absence de temps où avenir et passé se mêlaient et décédaient de même, fleurs éphémères, asphodèles intangibles qui s’effritaient dans un vent inexistant, pavant la route de dalles iridescentes et cristallines des halls mouvants de cités espérinnes, aux noms sans consonances mortelles, sans traduction, sans compréhension aucune pour les pitoyables consciences inférieurs qui grattaient des ongles sur le dôme magnifié de soupirs alanguies des âmes aveugles venues trépasser là dans la quiétude immémorial d’un auguste ossuaire couronné d’or et de gemmes. Lieux semblables à aucun autre au monde, dépourvu de matière et pourtant présents, dépourvu d’existence si non de cette folie nourricière qu’un éclat de cornaline, plantée en son cœur mort, irradiait sinistrement, avec une hauteur outragée de martyr volontaire, sacrifié sur l’autel d’un ailleurs aussi riche que l’était cette immense aspiration qu’il entretenait fugacement, à la dérobée, à la sauvette, fuyant son propre pragmatisme, son empirisme qui le cadenassait dans un écrin trop froid et trop figé pour l’énorme désir, l’énorme besoin de transcendance qui le tiraillait depuis ses jeunes années. De jeunes années teintées par l’affect virulent, par des rêves qui le poussait à une inspiration plus morbide qu’à son tour, attrayante en une fascination horrifiée des excès sauvages et profanes qu’il avait commis et commettait encore, en un défi brûlant lancé à la face des esprits et de toute décence. Absout par sa propre cruauté d’une humanité n’ayant pas lieux d’être, il revêtait la défroque poussiéreuse de l’orgie de puissance séculière qui enivrait sans qu’ils le sachent les pauvres hères se targuant d’une porte ouverte sur cette immensité sans commune mesure, où les lois étriquées de l’être raisonnable et humain. Il était ainsi, valse de dualité, exaltation des contraires, et irrémédiablement chaotique au cœur, se drapant d’ordre, héraut du bien suintant de mal… se riant, sardonique, de la constance et de la cohérence, de la vérité et de la bonté, révoltant dans ses atours jonchés des ossements de victimes malheureuses et à jamais défait par une méchanceté impériale, apanage des anciens prédateurs passés maîtres en leur art. Serpentine figure, attirant l’innocente victime dans l’étreinte troublée de l’eau, figurant au sein de ses prunelles interdites la même dualité qui fendait son âme et son esprit souillait d’un fluide plus terrible que le sang…

Aussi, c’était avec une patience infinie qu’il savourait cette folie naissante, une dualité semblable quoi qu’infiniment plus désirable. Nous oui… un mot comme une gemme intaillée, un trésor arraché sans le vouloir à l’abysse de corail de ses considérations. Il ne l’avait pas laissé échapper par erreur non, mais loin de lui d’aspirer à la contrainte de son parti, il se félicitait cependant que ses talents d’orateurs aient pu convaincre un individu aussi peu friand de vampirisme et encore moins des politiques sinueuses qu’ils pratiquaient autant par jeu que par intérêts et soucis du futur. Sans nul doute à ses yeux, Eliowir l’avait choisi, nanti de bien des choix et des possibilités toutes diverses et toutes riches, il avait choisi de se joindre à lui. Ce n’était pas innocent. Et dans la nuit sans fin des prunelles qu’il étreignait des siennes, ondoyaient des pensées autrement plus contradictoires qu’il caressait sans oser pénétrer des siennes, encore échaudé d’une intrusion au sein d’un esprit qui n’était point fait pour le recevoir. Il avait, sans nul doute, eut la preuve en compagnie d’Isendal, que les bipèdes, même puissants mages, n’étaient pas fait pour supporter le poids de son esprit, encore alourdit de la chape de la malédiction… un contact bien trop déchirant pour une souffrance qui n’avait d’égale que sa jumelle partagée, au cœur du prince vampirique. La folie naissante qui semblait par instant ressurgir de l’eau sombre d’un ciel fracassé sur terre n’avait nul besoin de son aide pour se cultiver et s’enrichir de nuances fabuleuses qui l’enivrait et menaçaient de défier sa discipline et la résistance venue de son ego stérile et ordonné. Une impulsion, au fond de son esprit, se glissant de l’entrebâillement d’une porte des rêves autrement silencieuse, l’imaginait saisir cette folie à pleine main et s’y plonger tout entier, s’enivrant d’elle comme d’un vin liquoreux qui lui tournait la tête et chassait les pensées et les songes de ces villes fabuleuses et de ses drames qu’il traduisait en contes et en sortilèges à la hauteur des cris que son cœur faisait retentir et fracasser sur la grève d’un émois contrôlé mais fiévreux.

Oui, il s’y serait noyé sans les mots qui l’agrippait pour l’ancrer à la réalité de cette voix agréable quoi que porteuse de la même empreinte duale qu’il sentait sourdre de ses orbes sombres. Immobile, il s’abreuvait de ses justifications, coupe d’aloès qui le distrayait de ses dangereuses pensées, sans pour autant s’attacher aux formulations rudes et terre à terre qui parait les pensées comme une peau de bête sans délicatesse. En ces instants, plus encore qu’en d’autres, il retrouvait les raisons profondes qui le poussait de plus en plus loin de la parole vocale pour se concentrer sur l’immense potentiel de beauté et d’immense puissance, justesse, de la transmission par télépathie. Il y avait tant de profondeur à lier son esprit à celui d’un autre, avec Silarae évidement, naturellement même, elle qui était sa liée, la moitié de son âme étincelante de tant de feus de démences, monstrueux incendies qui sublimaient ses pensées avec la gloire d’une lave fondue et d’un or liquide, pulsant de la vie de cents comètes tombées au sein d’eaux immémoriales. Mais elle n’était plus la seule, et de loin, à recevoir la visite de son psyché vagabond, en des instants de purs ennuis, ou tandis qu’il s’entraînait à la maîtrise de cet art nouveau, d’autres caressaient les termes d’une union pourtant prohibée, loin des déguisements de chairs qui ne représentaient qu’une matérialité informe et restrictive, avec son esprit et son âme au supplice, comme un agneau dont ils boiraient le sang. En cette amour du silence, il avait pourtant commis bien des infidélités, rien qu’au cours des dernières heures, produisant longuement sur des sujets dont l’être encore frappé d’inertie recevait les mots bien davantage que les non-dits. Mirant cette gorge offerte qu’il lui présentait, alors même qu’il offrait l’insondable mystère de ses considérations à l’étude de son elfe, la proposition, naturelle et fluide, lui vint aux lèvres, qu’il tue d’un pincement que l’on aurait sans mal interprété comme un signe de méfiance ou de désamour des propositions faites. Rêver de paix, accepter sa fin comme sa faim, tant d’ergotismes purement matériel qu’une part de lui rejetait en tribune, et que l’autre encensait avec ferveur sans pourtant manquer à cette proposition qu’il retenait encore, conscient du manque de profondeur d’un tel geste à ce stade d’une relation s’annonçant passionnante. Il ne le transformerait pas. Pas maintenant.

Coup de dés sardonique du destin qui déroulait les pans chamarrés d’un tapis incarnat devant lui, il voyait la résolution s’ancrer et prendre forme, saluant et lamentant une prouesse toute mortelle et qui pourtant signifiait bien plus à ses yeux que bien des hauts-faits de son propre troupeau. D’excuses le flot devenait affirmation, harangue même d’une détermination retrouvée, percluse de conclusion fraîches et neuves et aussi suaves qu’elles pouvaient, à termes, se montrer fausses. Qu’en savait-il lui-même après tout ? Que savait l’elfe d’ailleurs, de ce futur, de leurs futurs, ou des termes qu’il imposait, comme des îlots de vérités dans un monde partant à la dérive sans que l’on puisse même essayer de le sauver. Non point par la menace d’une quelconque annihilation, toute probable fut-elle et qui relevait encore bien trop des mythes bassement terrestres, mais par la simple mort spirituelle de tous ceux qui vivaient en ces lieux, en ce continent. Il n’y avait aucun îlot si ce n’était les rocs massifs fendant la surface des eaux de leçons désabusées par les longues années broyant lentement toutes lumières au fond de son cœur et qu’il s’échinait pourtant à conserver au prix parfois de sacrifice qui n’en valaient nullement la peine. Combien de cadavres gisaient au tréfonds des voiles de la mort pour une minute de plus de cette lumière factice, ce trait d’ombres devenu si aveuglant qu’on le prenait pour un rayonnement et qui étendait lentement ses griffes sur ses domaines, sa personne, le contraignant à revoir avec franchise toutes les affirmations et les certitudes sur lesquelles il basait une existence vieille de plusieurs siècles et de bien des éons, par-delà les flots du temps ? L’îlot qui le contraignait se nommait dragon, si l’on devait le nommer, et cousait sa bouche de fils d’argent alors même que les filins le reliant à ce vis-à-vis si charismatique et si précieusement attirant se refermaient sur eux, scellant par une force profane ce qui devait être le premier pas d’une valse mutuelle et sensuelle au travers de ce qui était, pour beaucoup, rien moins qu’un avenir du monde, et qui pour lui prenait l’aspect d’un rêve d’indigo mêler de devoir et de conscience, lame à double tranchant qui pendait au-dessus de sa tête….

Muet toujours muet, il ne donnait nulle réponse, si non celle que hurlait son regard au travers de milles chœurs de damnés. Il l’observait, ponctuer une si pesante conversation d’un acte banal, comme un jalon outrageusement repérable de l’avancée à laquelle ils étaient parvenus sans même le savoir. Et à l’effluve de sang, une fracture interne affirma son besoin presque maladif et commué par le dragon de se rapprocher en une plus grande proximité de l’elfe. Concédant avec courtoisie à un caprice réprouvé, il tendit une main élégante vers celle, rude, du sylvain, et la lui prit, portant la coupure à ses propres lèvres et en aspirant une simple goutte de liquide vermeil, la liqueur suave au possible et entêtant coulant dans sa gorge en apportant un frémissement de plaisir compulsif à son corps qui se tendis et se détendis subitement, ses yeux papillonnant un bref instant, le temps d’un battement de cœur, avant qu’il ne le relâche et ne vienne, de même, et avec une fascination complète, chiper le lustre rougeâtre qui peignait sa lèvre inférieur. Reculant pourtant sans mal, malgré l’envie du dragon de simplement s’abandonner au désir, il usa d’un sortilège de soin enfantin pour refermer la plaie, et de masque de marbre blanc, son visage rayonna d’un sourire presque irréel comparé aux propos et aux attitudes qu’il tenait jusqu’alors. « Faites attention. Il serait dommage de vous blesser sérieusement en pareil instant, d’autant plus avec la fatigue qui s’accumule » Gardant sa main dans la sienne, il ajouta enfin, comme d’un revers de main évasif, telle une pensée secondaire dont il daignait faire part dans l’immensité de ses considérations « Je vous suis reconnaissant de votre appuis. Mais sachez qu’il est mutuel, les bienfaits doivent être partagés. Aussi si vous le permettez… je me ferais une joie de vous venir en aide, au moindre besoin. Je pense d’ailleurs commencer immédiatement » Détourner la conversation n’était sans doute qu’un caprice de dragon déçu, mais c’était également une courtoise façon de dédramatiser l’impact que pouvait avoir eut son geste sur l’elfe. Avec simplicité, il indiqua, comme il avait pensé le faire depuis le départ, la riche tenue choisie pour lui, trônant toujours sur le coffre de bois odorant….
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Eliowir Serillëiel
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MessageSujet: Re: L'eau coule sous les ponts [Pv Eliowir]TERMINE L'eau coule sous les ponts [Pv Eliowir]TERMINE Icon_minitimeMar 29 Oct 2013 - 0:33

L'elfe n'aurait su dire s'il devait apprécier ou se vexer de la moue que le vampire lui offrit à ses paroles de paix, ses rêves d'autres avenirs. Lèvres pincées, yeux plissés, soudaine retenue... Le vampire paraissait soudain plus que sceptique. Et qui ne le serait pas en effet, quand on voyait le chemin pris tous ces siècles durant par les Armandéens, tous confondus ? Pire même, comment pouvait-on encore croire en de telles choses, quand toute l'Histoire n'avait été peinte que de guerre et de morts, et quand la magie même semblait déclarer sa reddition face à une mère si destructrice qui avait ravagé le cœur de ses enfants.

Oui, certes, énoncés ainsi, ses mots paraissaient chants bien simplets, aux couplets tronqués erronés, douces rêveries faisant miroiter de bien folles utopies, teintées d'une naïveté écoeurante et désespérante, même à ses propres yeux. Une naïveté indigne d'un elfe de son âge, indigne d'un être qui avait tant guerroyé, qui avait vu tant d'abominations, tant de massacres, tant de morts... tant de luttes... tant de destructions...

Oui, indigne, et pourtant. Il ne pouvait se résigner à abandonner ses douces utopies. Son vieux cœur d'elfe semblait vouloir encore battre en chœur avec ses rêves naïfs d'enfants. Et qu'importe s'il devait mourir sous le glaive traitre de cette même naïveté, qu'importe que ces rêves irréels le conduisent au final au trépas, ou pire même sur les sentiers d'une folie qui déjà enserrait son âme et son esprit, ces mêmes sentiers qu'il sentait en cet instant enliser ses pas, ces mêmes sentiers qu'il voyait s'illuminer sous le regard attirant, ravageur, destructeur et pourtant prometteur, d'Achroma. Qu'importe tout cela. Il ne voulait abandonner rêves et espoirs, quand bien même ils devraient valser avec ténébreuse folie et macabre destinée un temps, peut-être son temps à lui, pour arriver enfin à enfin vivre l'opéra d'un avenir brillant et retentissant.

Et, il n'aurait su dire pourquoi, il avait la déroutante impression, que ces rêves et espoirs venaient de trouver leur guide. Le guide d'un temps, le guide d'une folie peut-être, mais un guide qui était capable de dessiner le passage, de composer les différentes mélopées, pour qu'un jour, peut-être, un autre artiste prenne la relève pour en faire toute une harmonie. Oui, peut-être n'étaient-ils tous, ensembles, que des passeurs d'un temps, mais l'elfe espérait bien que le passage qu'ils traceraient ouvrirait enfin la porte de la paix.

Qu'importe donc tout cela, il n'abandonnerait pas. Mais la réaction du millénaire le blessa sans qu'il n'en comprenne le comment. Ni le pourquoi. Sans doute fut-ce cela, ou autre chose, qui le poussa à détourner mots, promesses et serments, vers des sentiers plus sûrs, plus connus... plus terrestres sans doute, moins rêveurs... Un objet brisé au sol, prosaïque écho de ses pensées présentes qui se fracassaient en un violent orage déchainé contre les falaises de sa raison. Une falaise qui s'érodait inexorablement, à chaque assaut, et qu'il semblait bien incapable de consolider, la pierre et la terre semblant être bien faible devant la puissance de ses frères océans et vents. Il sentait encore les embruns de tous les sentiments endiablés et contradictoires, qui prenaient malin plaisir à s'envoler par dessus bord et à s'emmêler au fin fond de son âme déjà bien torturée. Oui brisé, il sentait qu'il l'était et se brisait plus encore.

Déchiré aussi, sur les arrêtes tranchantes de cette folie, tout comme son doigt venait de se couper sur les morceaux abruptes de la blanche porcelaine. Une coupure, si petite soit-elle, qui, aussitôt, sembla attiser le vampire. Il se rendit compte du danger, quand une main douce prit la sienne, et quand des lèvres caressantes vinrent pourlécher sa blessure... puis ses propres lèvres... presque en un doux baiser qui le laissa coi, alangui, stupéfié. S'il frissonna, ce ne fut ni de peur ni de colère. Non, rien de tout cela n'agitait les soubresauts de son cœur. Non, s'il frissonna, ce fut d'un indiscible plaisir dont il ne comprenait l'origine, onde éphémère qui le traversa de toute part, le foudroya en un geste, ne lui laissant aucun échappatoire, et surtout l'abandonnant avec le souvenir brutalement fugace de cet instant intemporel... si fugace qu'il se demanda s'il ne l'avait pas rêvé.

Oui, ce devait être cela. Son imagination fatiguée lui jouait des tours, voilà tout. Le millénaire ne pouvait... ne pouvait... D'ailleurs, déjà la plaie était refermée, le vampire venant de lui prouver, une fois de plus, sa maitrise, en lui prodiguant soin et en écartant toute tentation.

« Je vous suis reconnaissant de votre appuis. Mais sachez qu’il est mutuel, les bienfaits doivent être partagés. Aussi si vous le permettez… je me ferais une joie de vous venir en aide, au moindre besoin. Je pense d’ailleurs commencer immédiatement »

Eliowir suivit du regard la direction indiquée par Achroma. Un coffre... Non... pas le coffre visiblement, questionna le regard empli de soudaine incompréhension de l'elfe. Sous l'insistance du millénaire, Eliowir reporta son attention vers le coffre et enfin l'aperçut. Là, juste posé dessus, délicatement plié... magnifique, tout de noir et d'argent, de tissu somptueux, plus somptueux qu'il n'en avait plus porté depuis... depuis... depuis il ne savait combien d'années. Riche tenue soyeuse, qui attira sa main sans qu'il ne s'en rende compte, celle-ci savourant la caresse délicate sous sa peau rugueuse. Oui, belle tenue... était-elle pour lui ? demanda-t-il silencieusement, d'un regard étonné, à la fois avide, curieux, et heureux. Et gêné. Oui, cela était bel et bien pour lui, lui confirmait le regard empyrée du millénaire. Pour lui. Pour lui, le banni, l'Infanticide, le Balafré. Oh certes, il avait déjà porté pareilles merveilles antan. Du temps d'antan où il avait été... Mais il n'était plus. Et pourtant, même s'il n'était plus, ce cadeau était pour lui. Futile cela semblerait sans doute pour quiconque d'autres. Mais pour lui...

Pour lui, ce cadeau était comme dignité retrouvée, en quelque sorte, était son ancienne prestance recouvrée, sa magnificence d'antan pour un temps de nouveau possédée. Il en aurait presque pleuré.

Tournant vers son hôte un regard ému, troublé, décontenancé aussi, chaviré par cette étrange et délicate attention, il peina à maitriser les accents tremblants de sa voix.

- C'est... c'est un magnifique cadeau. Bien trop magnifique... jamais...

Oui, jamais. Jamais... et pourtant ce jamais était maintenant.

- Je ne pourrais jamais vous... offrir pareil présent. Je ne...

Ne pas accepter ? Cela serait vexer Achroma, n'est-ce pas ? Un cadeau ne se refusait pas. Non, un cadeau s'échangeait éventuellement. Restait à trouver quel échange serait digne de ce présent... Et soudain, l'idée lui vint.

Détermination brilla soudain dans ses perles nuit quand il s'avança doucement d'un pas souple vers le bel astre lunaire qui étincelait devant lui.

- Ceci sera bien modeste cadeau comparé au vôtre. Mais je n'ai en ma possession actuellement que deux biens de valeur qui devraient vous sier. Le premier est ce foulard.

Se disant, il s'empara de son éternel foulard rouge, ce vieux foulard qui paraissait si simple de première vue, mais qui représentait tant pour lui, qui avait traversé tant d'années, tant de siècles avec lui, qui avait vécu tant d'épreuves, tant... Oui, tant. Qui avait été lui, avec lui, tout ce temps durant.

- Modeste foulard offert par mes paternels pour mon entrée au Conseil des elfes, il fut... il y a longtemps. Il a traversé mille et une épreuves, et pourtant le temps ne semble avoir eu aucune emprise sur lui, intact, malgré les guerres, les batailles, le sang versé, les morts fauchées... Intact. En apparence du moins. Mais porteur de tant d'expériences, de tant... Comme vous, en quelque sorte.

Délicatement, il plaça le foulard autour du cou du vampire, l'en drapant dignement tel le bel empereur qu'il pourrait être un jour, tout comme il drapait la belle créature de la soyeuse admiration qui brillait dans son regard nuit.

- Bien modeste présent, je le concède, mais il représente tant pour moi...

Oui, s'en défaire le rendait toute chose, il pouvait déjà sentir les fourmillements de ce déchirement. Mais il ne le regrettait aucunement non plus. C'était là, songea-t-il, un étrange héritage... mais il espérait que le vampire en serait un digne successeur.

- L'autre bien que je possède et qui peut représenter une certaine valeur...

Son regard coula le long de la salle, comme cherchant quelquechose... qu'il trouva rapidement. Là... Du tranchant. Là... Du contenant. Et sans plus attendre, il s'empara des deux objets, prenant une grande inspiration face à ce qu'il s'apprêtait de faire. Folie encore que tout cela, se fustigea-t-il. Jamais la veille encore il n'aurait songé, n'aurait concédé, un tel geste. Mais après tout, lui qui disait rêver de paix... cela ne passerait-il pas par là aussi ? L'offrande de la vie, des uns pour les autres... Oui, les peuples ne pourraient vivre en paix que le jour où chacun serait prêt à ce geste, prêt à ce pacte de paix, prêt à céder un bout de terrain, un bout de vie... Et fort de cette pensée, il incisa d'un geste sûr et rapide son poignet gauche... sous la coupe qui tendait ses bras sous lui.

- Mon sang. Ce sang où coulent vie et magie, toutes deux si indiscibles et si indissociables pour l'elfe que je suis. Vieil elfe... Un sang aux saveurs "exotiques" dit-on... un sang aux mille délices. Un sang que je vous offre, de plein gré, de savourer en cet instant...

Sans me transformer, toutefois, pria-t-il intérieurement. Mais... Peut-être se trompait-il, mais il était persuadé que le millénaire ne commettrait pas l'irréparable envers lui. Pas là, pas maintenant, pas alors qu'il avait eu maintes occasions déjà.

- Pour vous. Mon présent, en votre honneur... Mon sang...

Et se disant, il tendit le bras vers le vampire, happant son regard pour lui transmettre toutefois ses prières muettes.

En guise de paix et de serment d'alliance, fut-il tenté d'ajouter. Mais seuls se yeux prononcèrent ses mots, le silence préférant garder ses droits entre eux.


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MessageSujet: Re: L'eau coule sous les ponts [Pv Eliowir]TERMINE L'eau coule sous les ponts [Pv Eliowir]TERMINE Icon_minitimeMer 30 Oct 2013 - 21:58


Il avait une nette conscience de la portée de son geste. Et d’ailleurs, il ne l’aurait pas souhaité autrement. Son cadeau avait de multiples significations, certaines attendues, voulues, d’autres entrevues et espérées, d’autres encore qu’il n’avait pu qu’effleurer du doigt et que se jouaient sous ses yeux comme une partition de grand maître. Il avait tenu à ce présent, lui-même, après avoir été témoin de la violente réaction qu’il avait eu plus tôt en constatant la souillure du tissu immaculé de sa longue tunique. Non seulement afin de remplacer les oripeaux qu’il avait porté jusque-là et brûlé, mais également parce qu’il n’était pas juste d’abandonner quelqu’un, qui qu’il soit, en haillon, fusse en plein milieu d’un songe éveillé… l’éthique autant que la dignité aurait voulu que leurs hôtes s’en charge, mais de toutes évidences cela n’avait pas été une de leurs priorités. Tu ne le préfèrerais point dévêtu plutôt que drapé ? Il serait parfait, ainsi orné. Ce ne serait qu’un tissu pour révéler la beauté réelle du diamant qu’il était, et qui se dissimulait sous la couche de crasse, la douleur et l’inextricable mélange de honte et de biens d’autres choses qui venaient troubler son harmonie intérieur. Il avait une grâce naturelle, non celle de son peuple, non c’était… différent, unique, singulier. Une manière d’être, de bouger, d’exister, qui ne cessait de l’attirer, le faisant s’émerveiller en silence. Et ces vêtements n’étaient qu’une confirmation, un aveu frappé de mutisme de ce qu’il pensait, ayant choisi ce qui, il le pensait, lui irait le mieux des ensembles fabuleux qu’il avait emmené avec lui. Si il lui avait, en personne, fait don de ses drapés, c’était pour valoriser, sublimer, sa personne, non son ancien titre, quand bien même celui-ci l’avait, en partie du moins, forgé. Et, souriant, il le couva d’un regard scintillant, l’imaginant déjà portant ce qui était à présent son bien… Une beauté à porter, une beauté à retirer également non ? Imagine une seule seconde le tissu douillet quittant sa gorge magnifique Et pourtant, il y avait, plus poignant encore… l’éclat dans le regard de l’elfe, alors qu’il se tournait vers lui. Un regard qui ficha un pal au travers de son cœur mort, l’enserrant de son étreinte nocturne et lui refusant toute échappatoire. Magnifique présent ? Non ce n’était… qu’une banalité physique, matérielle, là où son esprit était capable de donner naissance à des infinités de galaxies pour le simple plaisir du rêve d’un autre… Des mondes sans nombres, naissants et mourant de l’ourlés de tes lèvres pour les siennes. Oh oui… unique que tu es, capable de rassembler les vies en de vastes bouquets d’opulente cruauté, sans égards pour la délicatesse de ses existences et de l’en parer, couronne de ronces et torque d’amaryllis, robe if magnifiée… Tu accrocherais des drames à ses oreilles, et enserrerait ses poignets de gloires fugaces et éphémères comme la flamme d’une bougie bleu au creux des ombres… tu peindrais son corps des langueurs de milliers d’âmes assoupies, et éclabousserait son âme des dévorantes passions de masses figés par un ordre stérile… Tu le noierais dans le jardin funeste de ta folie pour mieux le voir revivre, immaculé, dans des sphères et des plans, des angles de monde inaccessible à ceux qui s’enchaînent à ce monde…. Tout cela et bien plus oui… le diadème de ton imagination apposé sur la courbe pure de son front

Magnifique avait-il dit…. ? Trop magnifique ? Sottise, c’est si pauvre comparé à sa valeur que s’ne est presque insultant [ /i] Que voulait-il donc offrir en retour… Lui ne demandait rien, absolument rien de rien. Il avait offert avec franchise et attention, avec précaution également, avec… bien des affects, et ne voulait rien en retour si non le voir, magistral, dans ses atours. L’elfe ne possédait rien, en dehors du trésor qu’il était, et pour-tant il ne semblait pas près de quitter cette idée saugrenue qu’il lui devait quoi que ce soit. [i]Tu ne devrais pas refuser. Cela le froisserait. Une occasion en or comme celle-là… tu pourrais le faire tiens… Il ne lui devait rien. Rien de rien, si ce n’est de porter ces atours, et de resplendir plus encore. De s’apaiser enfin, et de pouvoir, au moins en cette étroite part d’esprit honteusement pragmatique et inquiète du paraître physique. Et pourtant, alors qu’il poursuivait sur son chemin de réflexions, il ne l’interrompit pas, comprenant intuitivement le besoin qu’il avait de cet échange pourtant inutile. Qu’avait-il donc en tête ? il fallait avouer que la curiosité le taraudait aisément quand il s’agissait de cet être qui le surprenait, en bien cela allait de soit, mais le surprenait tout de même, chose pourtant si impossible en ces temps sombres. Détaillant ses gestes avec douceur mais intensité, il observa le foulard carmin que l’elfe lui présentait, écoutant ses dires et, lentement, saisissant où il voulait en venir… son cœur desséché palpitant pourtant avec fébrilité devant la tendresse que lui inspirait le geste. Mo-deste ? Si l’on s’attachait à sa valeur physique, certes, il l’était, et pourtant, son histoire, la valeur sentimentale qu’il transportait ainsi que les mots qu’il tissait entre lui et cet objet, l’y personnifiant… faisant naître une étrange chaleur en lui, de ce geste si étrange que personne n’aurait osé avoir envers lui. Aucun vampire n’aurait eu l’idée folle d’agir ainsi envers lui, pas même, peut-être, sa propre mère. Hors lui… Tu l’attires. Il n’a pas la même vision de toi qu’eux. Eux sont des larves incapables et inutiles au possible, des rebuts tout justes bons à pourrir. Ils sont sans espoir, souillés par la bêtise de ceux qui les ont transformés. Pas lui…différent oui. Exotique. Si… tentant… Il sentait la brûlure de son regard empreint d’admiration, car qu’est-ce que cela pouvait être si non de l’admiration ? Elle le dérangeait moins que cette même lueur, criblée au fond des prunelles de son peuple. Ce qui le dérangeait sans doute était sa propre satisfaction à goûter cette vénération, cette complaisance à vivre les émotions de l’elfe comme un vin capiteux, comme une drogue douce et irrésistible. Si frais si.. Profondément vivant, profondément sincère également. Ah ! la sincérité… une délicieuse torture de la vie. L’on a le malheur d’y tremper les lèvres et elle nous fait perdre le goût à toutes autres choses. Désespérant n’est-ce-pas ?Et pourtant il ne pouvait cesser de l’étudier, de le mirer, le voyant se remettre en marche alors qu’il l’abandonnait là, frappé par la foudre, tétanisé sous les sentiments contradictoires et immensément complexes, en débat avec lui-même…

L’elfe, Eliowir, dans son galop infernal d’étalon lancé à toute vitesse, l’obligeait à s’accrocher et suivre le flot à son tour. Une folie démente, une fièvre onctueuse à la violence inouïe qui le traversa en voyant la chair céder, la fleur purpurine apparaître… Du sang… vin de vie, nourriture de son peuple. Du sang à l’odeur fruitée, ou peu s’en fallait. Il lui offrait son sang… fou qu’il était. Mais folie désirable, si désirable, si, entêtante, lui faisant tour-ner la tête presque autant que la pensée du sang. Il fallait pourtant qu’il se contienne, se discipline, qu’il ne se jette pas sur lui comme une bête affamée, comme un monstre… Il savait déjà son apparence modifiée, oh si subtilement, ses yeux, comme mille années plus tôt, se transformant en dague de gel profond, prédateur, sa posture, légèrement tendue, et son corps, plus blanc, moins doré, moins elfique… mais non ! Non il n’était pas un monstre et ne lui voulait aucun mal. Se faisant violence, se contraignant, en lutte avec lui-même, avec le dragon, avec tous les contraires de sa personne… lentement, très lentement, il se détendit, fermant un instant les yeux, et les ouvrant de nouveau sur deux lagons apaisés. Prend-le. Prend cette offrande, ce sang… fou que tu es ! Tu en meures d’envie… Tant qu’il ne le mordait pas, qu’il ne l’entraînait pas dans l’étreinte sensuelle et mortelle… alors sans doute pouvait-il se le permettre. Délicatement, il lui attrapa le poignet, le rapprochant de lui, se penchant sans le quitter des yeux, frôlant la plaie de ses lèvres… Et tourna violement la tête loin de lui, le relâchant. Non il ne pouvait pas. Il avait fait une première erreur en recueillant le sang à son doigt et à sa bouche, une énorme erreur, la moindre petite concession était une victoire de sa bête sur lui, un retour à l’état primaire, à une extase trop vile pour qu’il accepte de l’embrasser. Il se sentait affreusement humilié… le geste de l’elfe était hors norme, lourd de signification… mais il se sentait profondément humilié, humilié de sa propre faiblesse, de cette gourmandise subite et inexplicable, de cette attirance sans fond qu’il éprouvait pour cet être singulier… lui et nul autre. Humilié de boire ainsi devant lui… de boire oui, se repaitre de lui comme une vulgaire bête… Il n’était pas une bête ! Pas une bête non… mais tu le désir comme une bête, soit franc. Tu crèves d’envie pour lui… Il n’était pas une bête. Et l’amertume de cette revendication emplissait sa bouche d’aloès Dégoûte toi de toi-même, et lave ton palais de ce vin pourpre… cela n’est que justice que de lui accorder sa décision Il ne pouvait pas boire ainsi… il ne voulait pas… boire ainsi…

Alors, dignement, il prit la coupe. Calmement, il la déposa, et, contrairement à ce que désirait le dragon, il appo-sa avec délicatesse ses lèvres sur la plaie, la nettoyant attentivement, cajolant son poignet plus sensuellement qu’il ne l’aurait désiré, et, y déposant un baisé, le relâcha, tendant le bras vers la coupe en pureté, il la leva, comme un hommage à celui qui y avait versé sa vie. Royal, impénétrable, ne laissant rien filtrer de sa furie in-terne, il bu lentement, sans hâte, le breuvage proprement indicible de plaisir brut des sens… Il n’était pas bon. Il était bien plus, à son goût. La simple sensation que faisait naître le liquide lui tournait la tête, la lui laissant lé-gère… fébrile. L’alliance était conclue, la paix établie, entre eux tout du moins… et pourtant son corps s’affamait lui-même de l’elfe, le laissant en lutte pour ne point se lécher vulgairement les lèvres dans l’espoir de récolter quelques gouttes restantes. A nouveau, il referma la plaie de la chair délicate, mais laissa s’attarder sa main. Muet… il le fut, pendant de très, très longues minutes, avant de parvenir enfin à prendre la parole. « C’est… moi, qui ai une dette envers vous Eliowir, après un tel geste » Il ne savait réellement si il ne serait jamais capable de défaire l’inextricable écheveau de ses sentiments « Je ne désirais rien en retour de mon pré-sent… mais jamais je n’aurais pu refuser, un tel don » Un appel à tant de vices… « Un tel don est inestimable. Autant par sa richesse que par ce qu’il véhicule. C’est à moi de vous honorer de ce geste… de ce présent sans prix… »
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Eliowir Serillëiel
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MessageSujet: Re: L'eau coule sous les ponts [Pv Eliowir]TERMINE L'eau coule sous les ponts [Pv Eliowir]TERMINE Icon_minitimeVen 1 Nov 2013 - 20:36

L'espace d'un instant, Eliowir se demanda s'il n'avait pas présumé trop du vampire. Après tout, ils ne se connaissaient pas, pas vraiment, du moins que depuis quelques heures à peine, donc bien peu. Que par les mots, par des promesses, à demies échangées d'ailleurs, certaines à peine prononcées, d'autres presque passées sous serment... Seuls les mots les liaient jusqu'à présent, et non l'expérience de l'autre ou de son être. Juste des mots ? Vraiment que des mots ? Non, pas tout à fait, il était vrai.

Ils avaient échangé d'autres choses aussi. Des pleurs, de la compassion, le récit du passé, de leur passé à l'un puis à l'autre, une ignominie honnie aussi, regrets et remords d'un antan inavouable et presque inavoué... Et de cet antan, ils en étaient venus à échanger des vœux, des espoirs, des rêves d'avenir, des rêves peut-être différents, chacun pour leur peuple propre, mais qui se rejoignaient peut-être sur la même route... Un rêve de route ensemble. Oui, ensemble. Un rêve d'avenir de paix, construit, ensemble, main dans la main. Oui, main dans la main, et plus encore... Ils avaient partagé beaucoup au final, peut-être de trop ? Non pas de trop. Au contraire, si peu... Ils avaient partagé si peu en fait. Et il avait alors pensé pouvoir partager plus, bien plus, oh oui tu voulais bien plus en fait, tu aimerais tant... Juste un partage de sang, un don comme une promesse, comme un serment d'alliance... Oui, voilà ce qu'il avait voulu échanger enfin. Une alliance, scellée de ce pacte de sang, de ce don offert en toute connaissance de cause, en toute sincérité... En toute connaissance de cause vraiment ? Oui... vraiment. Telle une offrande de paix. Ou telle une supplique de mort ?

Non, pas une supplique. Une offre. Véritablement une offre, sincère, sans arrières pensées. Sans... Juste une offrande de paix. Le sang avait scellé une guerre entre leurs deux peuples, ce serait le sang également qui devrait sceller la paix entre eux. Il n'était après tout pas le premier elfe à offrir ainsi son sang à un vampire, n'est-ce pas ? Il ne devait donc pas être le dernier... Et si ce geste pouvait être le chainon d'une longue maille de paix... Alors oui, il le referait. Si toutefois le vampire en face de lui, ce vampire si beau, si magnifique, se disant empreint de maitrise, de sentiments profonds et de réelle volonté, ne se transformait pas en ce redoutable prédateur, en ce prédateur vorace et affamé qu'Eliowir avait si souvent rencontré déjà sur les champs de bataille... Si le vampire en face de lui ne le vidait pas outrageusement de tout son sang, scellant non plus un pacte de paix, mais une promesse maudite... A cette pensée, une peur sans nom le foudroya de plein fouet, une étincelle de crainte primaire palpitant soudain dans la nuit de ses yeux, tandis que son cœur semblait ne plus savoir sur quel rythme danser, tel un tambour dont il manquait subitement un bâton pour garder une cadence coordonnée. Il ne bougea toutefois pas d'un iota, resta immobile, d'apparence stoïque même si en son for intérieur il n'en était rien, et attendit le verdict de la créature.

Créature qui lui prit le poignet, créature qui semblait réellement menacer de le mordre. Il lui avait offert de certes se nourrir à même la plaie, mais pas de le mordre. Et il était persuadé qu'Achroma avait bien saisi l'offre dans toutes ses nuances... Mais la créature ? La créature qu'il était, le vampire qu'il était, était-il seulement capable de se nourrir ainsi sans planter ensuite ses crocs dans la chair sous l'ivresse carmine ? A voir la lueur qui embrasait l'empyrée du vampire, l'elfe sentit clairement le doute étreindre ses sens. Et quand les lèvres le frôlèrent... Quand elles menacèrent de le happer sous leur douce caresse... L'elfe se sentit à la fois paniqué et électrisé. Soudain partagé entre l'envie de fuir et l'envie de s'alanguir, quoiqu'il arrive, quoiqu'il advienne. Toute raison sembla le quitter et il ne fut plus soudain que sensations. Effroi et émoi, irraison et douce illusion, palpitations de maintes récriminations, rage et colère, grâce et ivresse, envie fourbe de danser avec ce regard de braise, de se laisser happer par la folie de ce presque baiser, révulsion et attirance étroitement enlacées soudain, tel qu'il aurait voulu se faire enlacer par l'être de glace qui lui enserrait la main. Oui il voulait Achroma, il le voulait... mais ne voulait pas non plus. Douce torture alors que ce déchirement-là. Un déchirement qui le tétanisait, le laissant inerte, pantois, incapable de réagir...

Heureusement, la créature... Non, Achroma... réagit pour lui. Se détourna. Se maitrisa. But certes, mais à la coupe de marbre et non à la coupe de chair. Si une part de lui en fut déçue, l'elfe en lui en fut rassuré. Rassuré oui, la malédiction ne serait pas pour lui, pas aujourd'hui. Mais aussi... aussi peinée. Une peine étrange qui insinuait doucement mais sûrement son glaive glacé en lui, menaçant de sa pointe acérée son vieux cœur éprouvé. Il sentait se dernier reprendre des battements plus posés, moins effrénés, mais également palpitant d'une sourde déception. Son sang semblait soudain charrier non plus peurs passionnées ni envies folles et irraisonnées, mais sensation d'abandon, de rejet, encore et toujours, mal être de ne pas avoir été accepté, solitude sans nom alors que l'être inavouablement désiré buvait son offrande loin de lui... Non pas loin. Si près, à quelques mètres à peine. Mais pourtant si loin, si...

Rejeté. Il l'avait rejeté. Pas son offre, pas vraiment, mais... Vraiment rejeté ? Oui, rejeté. Il s'est détourné. Dégouté. Ton sang il veut oui, mais pas toi. Regarde donc. Regarde le. Regarde les tous. Il ne veut pas de toi, ils ne veulent pas de toi. Personne ne peut vouloir de toi. Ta puissance, ton sang, oui, cela a de la valeur, mais toi... Si, lui, lui veut de toi. Mais il s'est détourné. Il s'est écarté. Il t'a rejeté. Il t'a évité d'être maudit. Il ne veut pas de toi. Il ne veut pas te blesser. Il t'a promis. Qu'a-t-il promis ? Il t'a promis de tout faire pour ne pas te décevoir. Rien promis. Pas en parole non. Mais il n'en a pas besoin. Toi, tu en as besoin. Oui, on en a besoin. Besoin de paroles, besoin... Besoin de lui ? Non, pas de lui. Besoin de quelqu'un. Oui, besoin de quelqu'un. Et si ce quelqu'un était lui ? Ce ne peut... Ce ne peut être lui. Et si ? Les "et si" n'existent pas, que dans les rêves. Mais tu aimes rêver. Oui, j'aime rêver. Mais les rêves font mal. Les rêves font souffrir. Les rêves déçoivent forcément et vous plantent un jour leur lame traitresse en plein cœur pour mieux vous achever. Ce rêve là ne fera peut-être pas mal. N'as-tu pas dit vouloir rêver de paix ? Oui, je veux rêver de paix. Oui, je le veux. Et si tu rêvais de paix avec lui ? Ton offrande de sang, n'était-ce pas justement une offrande pour voir ce rêve avec lui ? Si. Peut-être. Je ne sais pas. Si tu sais. Non, je ne sais pas. Je ne sais plus. Et je ne veux pas savoir ! Alors reste donc en ne sachant pas. Mais sens, ressens, laisse-toi guider par tes sens et non plus ton savoir. C'est ce que tu as fait jusque là avec Achroma, continue donc de laisser tes sens te guider avec ce vampire. Laisse tes sens gagner leur emprise. Laisse le vampire prendre tes sens... Mais le vampire est dangereux. Et les sens plus encore. Oui, il est dangereux. Mais tu aimes le danger. Et tu aimes le danger qu'est ce vampire surtout. Et si tu as peur des sens, laisse donc le vampire gagner ta raison. Gagner notre raison... Oui, laissons le gagner notre raison, elle qui vacille tant de toute façon. Et écoutons donc la sienne, voyons si elle saura guider nos sens. Guider nos sens...

Et à peine pensait-il ceci, qu'il sentit de nouveau les lèvres contre sa peau, là, juste là, sur la plaie, sur la peau fine si sensible de son poignet. Et tous ses sens de nouveau s'avivèrent d'un feu qui menaça de l'embraser. Il en frissonna, trembla littéralement. Toute peur avait déserté toutefois. Envolée. Disparue. Sa raison avec elle, sans aucun doute. Ses sens reprenant les rênes de main de maitre et le laissant pantelant, presque agonisant, sous le baiser, chaste pourtant, de la créature de nuit. Qu'il enviait soudain cette dernière d'être chaque fois le témoin de l'éveil de cette créature, qu'il enviait étoiles et lune de pouvoir éclairer cette magnificence.. Qu'il aurait aimé être ces étoiles et cette lune, des astres n'appartenant même qu'à lui, ne serait-ce qu'un instant, pour voir briller la pleine puissance de celui qui arrivait à enflammer ses sens comme jamais personne ne l'avait fait jusqu'alors.

Non, personne. Personne n'avait réussi à lui faire perdre pied ainsi. Personne n'avait réussi à lui faire miroiter pareils plaisirs cachés, tels des secrets millénaires que seuls quelques élus pouvaient déterrer. Personne n'avait fait vibrer ses sens et trembler sa raison de cette façon. Personne n'avait réussi à créer un tel oubli, un tel abandon. Personne. Qu'était-ce donc que cela ? Était-ce secret pouvoir ancestral des vampires et de ces créatures presque mystiques ? Ou était-ce là un pouvoir tout autre qui ne se révélait qu'en de rares occasions entre deux êtres qui se trouvaient soudain, se retrouvaient ? Pourquoi et comment n'avait-il jamais encore ressenti cela ? Toutes ces sensations malmenées lui faisaient presque penser à ce que certains décrivaient comme "aimer". Était-ce cela aimer ? Pouvait-il seulement aimer un être qu'il ne connaissait pourtant pas ? Pouvait-il seulement aimer tout court ? Il était persuadé n'avoir jamais encore aimé, pas de cet amour irrévocable et absolu dont certains parlaient avec la passion des désespérés et des fous. Mais... Mais en cet instant, il se demandait s'il n'était pas devenu un de ces désespérés ou l'un de ces fous. Pourtant...

Non, c'était impossible, n'est-ce pas ? Impossible. Il ne pouvait être fou ou désespéré de la sorte. Pas pour un tel être. Pas pour Achroma, aussi magnifique soit-il. C'était un vampire. Et quand bien même... C'était un homme ! Chassant donc rapidement, d'un revers de pensées, ces folles questions qui soudain le tourmentaient, il rouvrit les yeux, qu'il n'avait pas eu conscience de fermer, et reprit, difficilement, pied dans la réalité. Il dut toutefois s'ancrer dans le regard miroir de l'autre, ce regard teinté de tant de promesses et tant de dangers, pour ne pas de nouveau errer vers sa douce folie.

Ce ne fut toutefois que les échos des mots se répercutant laborieusement dans les limbes de son esprit, qui lui permirent de s'accrocher de nouveau à la réalité. Réalité d'un moment. Réalité d'un échange. Irréaliste échange en fait, et pourtant, il lui semblait bien que tout cela avait eu lieu. Ou n'était-ce qu'un rêve éhonté ? Le fruit pervers de son imagination débridée ? Il ne savait plus soudain. Il lui semblait bien pourtant que tout s'était bel et bien joué... Peut-être n'en avait-il été que la marionnette et peut-être alors peinait-il à réaliser ce que son corps, son esprit, avait joué pour lui ? Oui, peut-être...

- Mais vous m'avez déjà honoré, s'entendit-il répondre.

Et réalisant seulement à cet instant, ce qu'il venait de dire, il se sentit mortifié. Il en déglutit lourdement, avant de parvenir à reprendre, d'une voix un peu trop rauque à son goût.

- Et non, vous n'avez aucune dette. Je pense que ce mot devrait être banni entre nous. Tout comme il doit être banni entre alliés. Ce don... Prenez ce don comme un pacte d'alliance. Un pacte scellant un vœu, un espoir, un but commun...

Il se détacha alors, presque à contre-coeur, de l'emprise du vampire, sans pour autant le lâcher des yeux. Se demandant ce qu'il était censé faire dès lors. Jusqu'à ce que le souvenir ne se fasse, le souvenir d'un cadeau, d'un précieux... ce fameux cadeau qui avait été à l'origine de ce dangereux dérapage...

- Et c'est à moi dès lors d'honorer votre présent, ajouta-t-il, conviction tentant de semer le doute de ses intonations.

Se disant, il se tourna vers le coffre où le bel ensemble trônait encore royalement, lui tendant les bras, semblant n'attendre plus que lui. Il en caressa de nouveau le toucher soyeux... avant de finalement se décider pour de bon. Sans l'once d'une hésitation, il défit ses bottes, et les derniers apprêts qui le revêtaient, en faisant glisser puis en laissant choir au sol ses braies, dans un bruissement sourd, abandonnant enfin les derniers pans de tissu qui cachaient encore les lambeaux de sa nudité.
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MessageSujet: Re: L'eau coule sous les ponts [Pv Eliowir]TERMINE L'eau coule sous les ponts [Pv Eliowir]TERMINE Icon_minitimeLun 4 Nov 2013 - 19:34


Il n’était tout de même pas en train de… ? Là devant lui ? Il… n’éprouvait pas de gêne à se mettre à nu devant lui ? Certes… certes ils avaient beaucoup échangé, ils avaient fraichis certaines barrières… et cependant il n’aurait pas imaginé que l’elfe fasse si peu cas de sa présence. Et le millénaire ne savait guère comment réagir en pareille situation. Surpris, presque paniqué et surtout fortement gêné, lui-même, de se trouver un instant ‘ voyeur’ sans avoir rien demandé à personne, il ne put guère que tenir à sa place en empêchant son regard de trop vagabonder vers le bas. Il fallait dire qu’il y avait à voir, même sans cela… Heureusement d’ailleurs. La musculature déliée que présentait le sylvain, et qui différait beaucoup de celle de cette race en générale, lui donnait un charme exotique, une singularité toute personnelle qui ne déparait nullement… En réalité, il était même mieux bâtit que lui-même, dont le corps figé ne pouvait plus jamais changer sans l’intervention d’une magie quelconque. Et chaotique. Ce qui réglait la question, il était hors de question d’en user de quelque façon que ce soit. Il avait assez fait de dégâts comme ça par le passé. Néanmoins, en l’instant c’était d’un autre type de menace dont il s’agissait et d’un autre type de dégât qu’il risquait d’essuyer si il ne parvenait pas à se contrôler. Les contrôler, en réalité, lui et le dragon au fond de son corps qui ne demandait en cet instant que de sauter sur l’elfe.

Tu en meures d’envie… ne dit pas le contraire. Allons avances toi. Un pas, deux peut-être, et tu pourras laisser tes doigts courir le long de son dos et plus bas… plus bas oui. Il a l’air d’une statue tu ne trouves pas ? D’une magnifique statue éclaboussée de lait et de poussière diamantine… Tu crois que sa peau est aussi chaude et douce que dans son cou ? Je parierais que oui… chaude et douce comme de la soie. Tu crèves d’envie de te réchauffer, pourquoi ne pas sauter sur l’occasion ? Allons ne fait pas ta mauvaise tête… laisse toi aller… contre lui… juste une caresse Juste une caresse, ça ne pouvait pas faire de mal, si ? Simplement tendre la main. Frôler la chaleur qu’il dégageait… juste un instant. Juste… le temps d’une brève démence. A défaut de pouvoir l’enlacer, il pouvait se permettre ce petit écart de conduit qui ne provoquerait nulles catastrophes. Peut-être même que Eliowir ne remarquerait nullement son geste. Et si il le remarque ? Que penses-tu qu’il fera ? Qu’il dira ? Penses-tu qu’il t’en voudra ou te laissera poursuivre ? Peut-être valait-il mieux ne pas répondre, ne pas savoir, rester dans l’ignorance complète. Après tout, ce qu’il ne savait pas ne pouvait lui causer de tort. Allons ! On croirait entendre Zaphirel, ton pitoyable fils. Ne te cherches pas ce genre d’excuses, elles ne valent rien et font honte à ton intelligence Intelligent ? Lui ? Fou oui ! Mais sans doute d’une glorieuse folie que de courir après la vie comme il semblait se complaire à le faire. Car n’était-il pas la vie ? Son esprit, son cœur, son âme également sans doute… cette délicieuse chaleur, ce sang, tiède et fruité, au goût si exquis qu’il n’avait pas de mot pour le décrire avec justice.

Tu n’as pas besoin de mots pour lui rendre justice. Il te suffit de t’avancer… lentement, de quelques pas, et de le toucher… fait le, goût, et tu lui rendras plus que justice. N’est-ce pas ce qu’il veut également ? Comment pouvait-il le savoir, en être si certain. Il ne pouvait pas en vérité. C’était un dangereux pari. Pourtant il se sentait prêt à le prendre. Oui il pouvait simplement tendre la main… Oui… comme ça, exactement Frôler la peau Imagines toi en train de la perforer. Imagines toi, plonger tes crocs dans ce vélin délicieux, la peau cédant avec soumission, comme la pureté d’une vierge. Tu observes cette texture unique ? Tu laisses courir ton regard fasciné en un toucher bien plus osé… entoure le de tes bras maintenant… entoure le et… ça non… ça il ne pouvait pas. Le frôler, une fois, une unique fois, il le pouvait mais pas plus… il ne pouvait faire plus, n’avait point le droit de faire plus. Alors il le laissa, rongé de frustration et de colère envers lui-même d’être si faible. Il le laissa se vêtir dignement des atours qu’il avait choisi pour lui… De quoi as-tu l’air mon pauvre ami ? Tu ressembles à un enfant éconduit que l’on aurait privé de sucrerie… Tu le trouves beau comme ça ? Tu jouis de le voir disparaître sous ces oripeaux ? Bien sûr que non. Etrange et illogique créature que tu es parfois… je le déplorerais à jamais Oui Après tout… il était sans doute fort illogique de fuir son désir de cette façon, mais il ne s’était jamais accordé la moindre douceur auparavant et il était dur de rompre avec ce genre d’habitudes. Et puis… il avait suffisamment troublé Eliowir. Trouble partager mais cela ne changeait pas grand-chose au final. Et pourtant, il vint caresser le tissu du pectoral, le lissant consciencieusement, en un geste fort égoïste qui ne servait vraisemblablement qu’à se rapprocher du corps elfique qui le faisait souffrir le martyr.

« Ils vous ornent formidablement bien » Oh oui il lui allait formidablement bien effectivement. Il ne pouvait guère détacher son regard de la magnificence qui se présentait ainsi devant lui, tel un esprit de l’ancien temps. Tel… Non. Bien plus charismatique, bien plus… Avec admiration, et une douceur proverbiale, il prit un peigne de nacre ciselé et le passa dans les mèches blondes de l’elfe, dénouant les nœuds, lissant l’opulence de sa crinière sur ses épaules. De longues minutes, et avec révérence, il continua d’œuvrer, silencieux, appréciant la caresse de ces mèches à défaut de celle de sa peau, bien qu’il s’arrangea, de vaine façon, à pouvoir glisser un doigt ou deux contre son cou et sa nuque, à l’occasion. Oh, que devait-il penser de lui, à le voir agir ainsi… sans doute le méprisait-il quelque peu désormais. Il n’y pouvait rien. A défaut de commettre l’irréparable, il pouvait tout de même s’offrir ce pauvre luxe. Aussi s’appliqua-t-il jusqu’à en avoir fini, reposant son peigne et se mit en tête de lui tresser les cheveux, avec adresse, selon une vieille coutume de Glacern, dont il se souvenait confusément de voir sa propre mère faire, de son vivant, composant de magnifiques œuvres d’art capillaires qui impressionnait son esprit. Mais avec la crinière léonine d’Eliowir, c’était encore plus unique, plus magnifique. Attachant les tresses complexes d’anneaux rotatifs en argent vieillit, il le relâcha enfin, et lui fit un sourire délicat et précieux comme un cristal sur le point de se briser. « Et voici pour achever. Vous n’aurez désormais plus à souffrir de la moindre honte à cet égard, Eliowir »

Oh que non. C’était tout l’inverse même. Détournant la tête, il prit soudain conscience des heures passées, du poids de leurs actions et de l’intense fatigue engendrée. Soudain, il se sentait presque perdu. Perdu dans le gouffre qu’il avait lui-même créer d’avec son esprit et ses paroles. « Si je puis vous offrir quelque chose d’autre… Mais, si en réalité il y a effectivement… » étrangement, il se sentit le tic de se cacher dans le foulard carmin que lui avait offert l’elfe alors qu’il poursuivait « Il y a effectivement deux choses que j’aimerais ajouter à ces présents, mais si je puis garantir que vous prendrez le premier, le second me fait davantage hésiter » Il détacha de son cou le pendentif jumeaux de celui qu’il avait offert à Adryne, le symbole des abysses d’Ygg-Chall et de leur gardien. « Ceci… représente l’un des plus grands mythes de mon peuple. J’aimerais que vous le preniez. Quand au second… » Ce fut cette fois une bourse sonnante d’écus d’or qu’il lui tendit « Ce n’est pas énorme… mais c’est tout de même une somme qui devrait permettre de vous offrir davantage qu’un seul ensemble aussi riche soit-il »

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MessageSujet: Re: L'eau coule sous les ponts [Pv Eliowir]TERMINE L'eau coule sous les ponts [Pv Eliowir]TERMINE Icon_minitimeDim 10 Nov 2013 - 0:51

Il sentait la présence à ses côtés, derrière lui. Là, juste derrière, à quelques mètres à peine. Non, pas même quelques mètres, réalisa-t-il, sursautant presque quand il sentit un léger frôlement. Il tourna légèrement la tête et eut la surprise de voir le millénaire à un pas tout au plus de lui. Le bras le long du corps. Le frôlement avait-il été réellement senti ? Ou juste imaginé... rêvé ? Ou peut-être n'était-ce que vent illusoire qui était venu courir le long de sa peau nue ? Peau nue... Et soudain la réalisation de ce qu'il avait fait, osé faire, le frappa de plein fouet. Il s'était dévêtu, mis à nu, littéralement, et d'esprit et de corps, devant le millénaire, un presque inconnu, même si plus si inconnu que ca. Certes, après tant d'années d'errance, après tant d'années à devoir faire fi de sa fierté, si balafrée depuis lors, après tant d'années où il avait vu les bonnes convenances, qui avaient bercé toute son éducation et six cent longues années sous la protection des bois elfiques, balayées par les mœurs parfois libertaires des humains... la pudeur n'était plus son apanage. Plus vraiment. Plus de cette pudeur là en tout cas. Mais de là...

De là... De là à oser... ça... Un ça qu'il ne regrettait pourtant pas. Pas vraiment. Mais un ça qu'il n'avait pas réalisé et qui brutalement le rendait toute chose. Soudain légèrement honteux et gêné, il détourna le regard, reposant son attention sur le bel ensemble ainsi offert qu'il s'empressa alors d'honorer. Quand enfin il se sentit dignement vêtu, honteux cette fois d'un tel cadeau, d'un tel hommage, il se retourna vers le millénaire. Une douce caresse, soyeusement électrisante, grisante, qui le tétanisa un instant, infime instant qu'il aurait pourtant aimé éternité, vint lisser le doux tissu sur lui. Là, juste là, il pouvait presque encore sentir l'empreinte de la main du millénaire. Quel était donc ce pouvoir, cette emprise, que semblait avoir sur lui le vampire ? Était-ce un des atours si célèbres des créatures de la nuit ? Ou était-ce autre chose ?

Autre chose, tu le sais bien. Certes, mais quelle autre alors ?

Il préférait presque n'en avoir pas la réponse. La question le troublait déjà assez. La réponse ne pouvait être que pire. Et il n'était pas bien sûr que réponse existe réellement. Ou si elle existait, elle allait encore se parer de noms honnis, d'élucubrations éhontées... Non, mieux valait pas de réponse. Le temps n'était pas venu pour elles de toute façon. Pas encore.

Heureusement Achroma l'extirpa de ses songes. La poigne du vampire était aussi forte sur lui physiquement que psychiquement, semblait-il. Et si sa fierté mal placée s'en serait offusquée en d'autres occasions, Eliowir devait avouer qu'en cet instant elle était plus que bénie. Il se sentit toutefois bien incapable de répondre au doux compliment et laissa ses yeux répondre pour lui. Les mots de toute façon lui auraient paru trop fades, trop primaires. Trop... Juste trop. Il ne savait de toute façon que répondre, se sentant rougir imperceptiblement, face au regard de braise qui semblait presque le dévorer. Et qu'il aurait aimé dévorer en retour.

Que dire alors de la gêne, de la surprise, toutes mêlées d'envie et de contentement étrange, quand l'autre se mit à le peigner. Jamais encore personne n'avait eu tels gestes, telles douceurs, telles tendresses, envers lui. Peut-être sa mère, en un autre temps. Mais d'un temps de si longtemps... Non jamais en fait. Il entendait presque le lion ronronner en lui de se sentir ainsi caresser, de sentir sa longue et indomptable crinière se faire coiffer si amoureusement. Le fauve semblait dompté, et il ne pouvait donc plus que capituler. Il se laissa donc faire, alangui, laissant ses yeux errer sur les mains si habiles du vampire, si soyeuses, si caressantes...

Que tu aimerais qu'elles te caressent encore, et encore, et pas que... Oui sensuel ballet que celui de ces mains. Si seulement elles pouvaient mener un ballet plus enfiévré et plus enfiévrant encore... Mais ballet impossible voyons, ballet honteux, ballet honni ! Oui, ballet honni. Un ballet qui n'était et ne serait pas pour lui. Pas pour lui...

Et pourtant... si seulement... ces mains n'avaient qu'à errer un peu plus encore, un peu plus longtemps... là, cette douce et froide caresse sur sa nuque, tandis que la main revenait agripper une mèche rebelle... là, un doigt frôlant sa joue... un autre effleurant, caressant ?, son épaule... Il n'y aurait... si peu à faire... si peu... et tant pourtant...

Oui tant. Trop. Et pourtant... cela lui plaisait.

Il ne bougea pas. Et quand le millénaire entreprit de poursuivre en tressant sa longue et indomptable chevelure, il ne bougea pas plus. Jamais encore il n'avait essayé de coiffer cette opulente crinière. La démêler certes, mais sans plus... Non d'ordinaire, il la laissait errer au vent, au gré de ses envies propres, ou parfois l'enserrait souplement dans un simple catodan. Mais la coiffer ainsi... non. Et pourtant, il se laissa faire, savourant encore et toujours le sensation bénie d'être ainsi choyé, aimé, exquise sensation que celle-là. Non jamais sa crinière n'avait subi pareil outrage. Et pourtant... cela lui plaisait.

Son regard vagabonda rapidement dans la pièce en quête d'un miroir où s'admirer, en quête de son moi, de ce nouveau moi ainsi drapé. Mais nul besoin de miroir, constata-t-il rapidement, son reflet semblait déjà se moirer dans les perles du millénaire, lui renvoyant une image que jamais encore il n'avait vue. Ni même imaginée. Et ce sourire... Il ne put qu'y répondre par un sourire de même. Timide, gêné... et en même temps charmé. Non, non effectivement, plus aucune honte, du moins aucune physique, ne le parait. Elle venait de tomber sous les attentions, les gestes assurés et le regard embrasé que lui avait offerts le millénaire. Eliowir ne sut que répondre, et seul le silence s'imposa alors, tandis qu'il déglutissait lentement, étrangement muet.

« Si je puis vous offrir quelque chose d’autre… Mais, si en réalité il y a effectivement… »

Stupeur le figea soudain à ces mots. Quoi ? Encore des présents ? Comme si ceux-ci ne suffisaient pas déjà... Il était pour refuser, pour rejeter l'offre... il avait offert si peu lui-même. Un modeste foulard, qui en cet instant, admira-t-il, ondoyait si magnifiquement au cou du vampire. Oui, magnifiquement, comme si enfin, sur ces épaules-là, sur cette peau-là, toute la richesse du foulard prenait sens, comme si enfin, si modeste soit-il, il venait de trouver un digne possesseur... Oui, digne possesseur que ce millénaire, ne put que penser Eliowir, ce qui le laissa coi.

Tant et si bien, qu'il sembla perdre conscience du réel. Ce ne fut que la sensation d'un fin objet dans sa main qui le sortit de sa torpeur. Un pendentif... magnifique pendentif, fin ouvrage... L'un des plus grands mythes de leur peuple, disait-il ? Voilà qui déjà attisait sa vive curiosité. Il n'eut toutefois guère le temps d'admirer plus longuement le chef-d'oeuvre ni de poser ses questions, que déjà venait se joindre, au beau bijou pendouillant entre ses mains, une bourse d'or.

Et soudain sa fierté, écorchée vive, déjà bien balafrée, eut un soubresaut brutal... avant de réellement hurler, tandis que le lion en lui se mit à rugir, ruant, se hérissant férocement. Outrage ! Il n'était pas à vendre ! Certes, ils venaient de s'échanger nombre de présents. Ou plutôt le millénaire lui en avait offert de très nombreux contre un bien trop modeste... et jusque-là Eliowir les avait acceptés, tels des présents scellant leur étrange relation, leur nouvelle amitié... non pas amitié, pas seulement, même s'il n'osait en donner d'autres noms. Mais ça... ça ! Non, ça non, il ne pouvait pas.

Et la bourse chuta au sol. Le pendentif avec, l'elfe n'ayant eu le réflexe de le retenir. Son regard sombre erra un instant sur le précieux objet priant Dracos qu'il ne soit cassé, tandis qu'il sentait son cœur battre follement à cette simple idée. Un pas, il recula. Non, il ne pouvait pas, pas ça.

- Je suis désolé, croassa-t-il. Je... Je...

Les mots lui manquèrent, en même temps que la voix. Il lui fallut faire un effort incommensurable pour ne pas fuir et oser relever le regard. Etrange comment soudain, par ce simple geste, honte venait d'étendre son sombre voile sur ses frêles épaules. Etrange quand on songeait qu'elle avait été chassée par le bel Achroma, le même qui venait de lui rouvrir la porte... Oui, honte. Rage. Frustration. Dégoût aussi. Envers lui-même. Il ne put alors soutenir le regard plus longuement, et détourna la tête.

- Je ne peux accepter, parvint-il enfin à articuler d'une voix âpre. Pas ça. Pas... ça.

Était-ce lui ou l'écoeurement suintait de ce dernier mot ?

- Vos présents m'honorent, Sire, fit-il de nouveau, les yeux toujours détournés toutefois. Mais je... je crois qu'il y a méprise.

Et cette fois sa fierté voleta dans sa voix, quand enfin il releva le visage et happa le regard de l'autre. D'Achroma. Si bel Achroma...

- Je ne suis pas à acheter. Pas... Pas ça.

Peut-être avait-il dit cela un peu trop durement, réalisa-t-il soudain. Il ne voulait pourtant pas être dur. Il ne voulait pas blesser le vampire. Etrange, en y songeant, quand on savait que d'ordinaire il n'avait que faire de ce genre de choses.... Mais non, il ne voulait pas blesser Achroma. Et pourtant... Non, cela ne lui plaisait pas.

Il se sentit honteux. Miséreux. Et pas seulement de sa misère matérielle... Non c'était une bien autre misère qui faisait saigner son cœur en cet instant. Et sans qu'il ne sache pourquoi, il ramassa doucement le pendentif à terre. Il n'était pas brisé... Soulagé, il le serra un instant dans son poing, avant de fermer les yeux... puis de se relever.

- Ce présent-là était magnifique, d'entre tous, Achroma.

Se disant, il s'empara de la main du vampire, et y déposa le bijou, refermant les doigts sur le métal brillant. Si le vampire souhaitait le lui offrir encore, malgré son geste malheureux, soit. Mais alors il se devrait de le lui accrocher lui-même. L'elfe n'était plus bien sûr de parvenir à le tenir encore dans ses mains...

- J'aurais beaucoup aimé connaître le mythe et l'histoire que ce bijou renfermait.

Son regard se perdit alors de nouveau dans les azurs si pleins de promesses, et de douleurs, du millénaire, alors qu'il sentait sa propre main enserrer doucement la main de l'autre.

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MessageSujet: Re: L'eau coule sous les ponts [Pv Eliowir]TERMINE L'eau coule sous les ponts [Pv Eliowir]TERMINE Icon_minitimeDim 10 Nov 2013 - 12:07


La réaction le frappa avec une rare violence, lui faisant ouvrir grand les yeux et se refermer comme une huitre sur lui-même, reculant sensiblement. Une véritable douche froide qui calma même le dragon insidieux en lui, restant ébahit. Le réflexe instinctif vint sans même qu’il y pense et il rentra les épaules, se cachant plus encore dans le foulard à son cou, détournant les yeux et retrouvant sa façade de marbre. Un marbre qui cachait pourtant la fêlure bien présente, sous la surface d’un calme et d’une surprise franchement exhibées. Il n’avait pas voulu lui causer le moindre tort, bien loin de là en vérité… ces richesses, lui n’en avait que faire, il baignait depuis toujours dans le luxe et avait toujours eu ce qu’il désirait des biens matériels et n’y accordait guère d’importance pour lui-même, quand bien même il comprenait pourquoi cela pouvait être important pour d’autres. Alors que cela pouvait servir à l’elfe et qu’il avait espéré en toute bonne foi pouvoir lui offrir cette aide, voilà que celui-ci la refusait. Oui, il ne comprenait guère le geste en lui-même… ou peut-être était-ce simplement qu’il s’était trop laissé enivré par l’instant, qu’il s’était trop joué de familiarité avec lui, oublieux qu’ils n’étaient après tout l’un pour l’autre que des étrangers se domestiquant tout juste. Il aurait aimé être plus, bien plus, mais la réalité était là… ils avaient partagé bien des choses, profondes, troubles et intenses… mais cela au final n’était encore qu’un premier pas sur un lac gelé et glissant. Et lui venait de glisser justement, et de s’effondrer par terre.

«Ce n’était pas un achat »

Il ne s’étendit pas plus loin, ne le noya pas sous un long discourt. Il énonçait simplement sa vérité, sans même chercher à la défendre, ne le regardant toujours pas. Réaction à la fois dure et enfantine, qu’il avait eu dans sa jeunesse lorsque Cyrène le prenait sur le fait d’un de ses tours pendable : volant les bijoux d’Erin, ou s’enfuyant avec l’un des dragonniers pour l’aider dans ses quêtes… Amertume. Et soudain il se rendit compte que ce qui venait réellement de le blesser n’était pas cette histoire d’argent… C’était le pendentif, trop précieux à ses yeux, porteur de trop de souvenirs, de promesses… Porteur de trop de choses tout simplement, trop diverses, trop douloureuses. Peut-être avait-il tout simplement tenté de faire passer ce don-là plus aisément avec la bourse. Au final c’était un échec. Et pour le coup il se fichait de savoir ce qui avait pu le pousser à agir ainsi, ou Eliowir à refuser… Il ne voulait pas en entendre parler, juste… juste faire passer cet instant d’une façon ou d’une autre. Il se laissa faire, le laissa prendre sa main, jugulant la violente impulsion qui aurait voulu le faire s’arracher au toucher et attaquer comme l’animal blessé qu’il devenait chaque fois qu’il pensait à son précieux fils. Son unique fils peut-être… quand il voyait le geste malheureux qu’il avait eu également avec Zaphirel, le transformer sans une explication, il finissait par penser qu’il essayait tout simplement d’éloigner son deuil de lui de toutes les manières possibles.

Son regard revint vers l’elfe, sans que son visage se tourna vers lui, pointes brillantes et ignées dans son pâle visage. La présence du bijou dans sa main était comme la brûlure d’un fer rouge. Mais il se détourna bien vite, serrant le poing à broyer ce qu’il contenait. Si seulement il avait pu le broyer ainsi… mais il était bien trop résistant, de la meilleure facture. Il sentait distraitement sa peau s’ouvrir, laissant échapper quelques perles d’un sang noirâtre… mais la douleur n’était rien, absolument rien. Pas même assez pour le tirer de ses pensées assombries et détournées de l’émerveillement qu’on lui avait prodigué jusque-là. Un bref instant il pensa simplement le renvoyer, lui dire qu’il ne pouvait lui parler de cela, qu’il n’avait qu’à accepter ou partir… accepter et partir… le laisser tranquille, à soigner sa plaie. Mais non, il n’en fit rien. Sans même savoir exactement pourquoi, il se tourna finalement vers lui, plantant ses prunelles dans les siennes. Il avait eu beau réagir si violemment, il ne semblait pas le stigmatiser pour autant. Essayait-il de changer de sujet ? Peut-être bien, peut-être pas. Se dégageant doucement de sa prise, il se détourna à nouveau, lui tournant le dos. « C’est… » Il inspira doucement, stabilisa sa voix puis revint à lui, s’asseyant à nouveau, préférant éviter de supporter son propre poids en l’instant. Observant le bijou, il reprit. « C’est lié à la construction de l’Ygg-Chall, le grand hall de rassemblement de notre peuple » Un hall empli de tellement de chose « Il était déjà là lorsque les vampires se sont réfugiés sous terre, magnifique, immense, d’une architecture semblable à nulle autre que nous connaissions. Bâtit par des constructeurs nocturnes qui étaient déjà vieux lorsque j’étais enfant. Là, les statues de tous les grandes figures vampiriques sont érigées, veillant sur les leurs encore en existence. Ce fut notre refuge, le centre névralgique qui parvint à nous garder rassembler, à nous rappeler que nous n’étions pas de simples rats au fond d’un trou. Je ne pourrais vous décrire Ygg-Chall en entier, cela demanderait des mots qui n’existent pas, et des superlatifs plus riches que le plus riche de tous » Oui, le grand hall des ténèbres était une construction sans pareille « C’est également l’entrée des abysses sans fond, des tunnels serpentant autours d’un vide central béant n’ayant pas de fond dit-on. Les abysses forment le royaume inférieur, un lieu ancien plein de secrets et de mystères, habité par de très rares individus. C’est également sous Ygg-Chall que les miens ont dormit tout ce temps. Mille années sacrifiées pour le monde, afin de préserver un tant soit peu les reliquats de magie que nous avions »

Il ferma un instant les yeux, puis les rouvrit. « Dans les runes d’Ygg-Chall se cachent les plus profonds secrets de notre race. Ils sont protégés par le veilleur, un individu singulier entendant la voix de la tisseuse, une entité qui n’est ni esprit ni mortelle. Un produit d’imagination que la magie du lieu à animé, à renforcé… elle est omnisciente là en bas, l’on ne peut manquer de la voir, partout dans les ombres et pourtant invisible. Le veilleur est sa voix, son héraut, son gardien… il veille sur le sommeil des anciens et les protège de même que tout ce qui se trouve dans l’abysse » Amertume des souvenirs… « Il se nommait Adryne. Mon fils. Mon fils adoptif. Un être que j’aimais beaucoup… plus que de raison peut-être. Je fis forger ce bijou en duo avec un second identique. Il est en mithril, incassable, à l’image du sceau de la tisseuse. C’était mon ultime présent avant mon départ des galeries, lorsque je le laissais à son devoir, pour parcourir les terres de ce monde. C’était une promesse d’une grande importance pour moi… je lui ai juré de revenir un jour, pour nous tous. Une promesse que les savoirs de notre passé ne seraient pas perdu... simplement scellés, jusqu'à un avenir meilleur » Il soupira « Adryne était un vampire admirable, j’étais fier de lui… si fier… mais… il est mort, tué par… » Il s’arrêta là. Soupirant. « Je souhaitais trouver un être plus digne de porter ce bijou que moi. »
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MessageSujet: Re: L'eau coule sous les ponts [Pv Eliowir]TERMINE L'eau coule sous les ponts [Pv Eliowir]TERMINE Icon_minitimeLun 11 Nov 2013 - 0:54

Blessé. Le vampire semblait blessé, tout comme il l'avait été. Non... Pas tout à fait comme lui. Pas tout à fait la même blessure. C'était autre chose. Une autre douleur. Là où lui n'était qu'écorchure d'orgueil, le vampire semblait écorchure à vif, écorchure sanguinolente, plus profonde, plus douloureuse, plus virulente. Oh certes sur ce beau visage de marbre, on ne voyait rien. Toujours si lisse, si parfait.. mais... ce recul, ce léger mouvement, presque imperceptible, cette façon de rentrer en lui-même comme en une coquille imaginaire... ce regard. Oui, ce regard, cette lueur... cette façon de fuir le sien, cette façon de se détourner. Tout comme lui s'était détourné il y a quelques instants à peine auparavant. Pour la même raison, pour fuir, pour cacher, pour ne pas montrer. Et il avait beau peu connaître le millénaire, il devinait aisément ce que voulait soudain cacher Achroma. La douleur, la déception, pire même le lancinant sentiment de rejet.

Vieux sentiments bien connus du vieil elfe, assez en tout cas pour qu'il les reconnaisse quand ils osaient se montrer devant lui, aussi traitres soient-ils, se parant si insidieusement de tous les artifices possibles pour échapper au vieux lion qu'il était. Surtout après avoir passé plusieurs heures en compagnie de cet être magnifique, de ces yeux, de ce regard... On disait que les yeux étaient le miroir de l'âme. Il avait alors l'impression de savoir se projeter dans ce miroir azuréen, et avait envie soudain d'en chasser tout nuage, toute pluie, tout orage... Oui, dans ce miroir-là, il avait envie de s'y perdre, d'errer pour mieux arracher la douleur et la tristesse à cette âme éplorée. Et oui, en cet instant précis, si le doute était encore présent, quant au fait que les vampires puissent avoir une âme, il fut définitivement chassé. Du moins Achroma en avait une. Tourmentée, chargée d'un passé honni et sombre, toute de ténèbres enchassée, mais il en avait une, une qui voulait briller, une qui cherchait un soleil, une qui cherchait à trouver sa voie, son chemin... Si seulement il pouvait être son soleil, songea-t-il avec une étrange mélancolie. Mais non lui ne brillait pas assez pour éclairer cette âme sur ce difficile chemin. Toutefois...

Toutefois, s'il ne pouvait l'éclairer, peut-être pouvaient-ils chercher la lumière ensemble...

«Ce n’était pas un achat »

Non, ce n'était pas un achat, comprit-il en effet. Un peu tard. Douloureusement tard. Un lourd soupir lui échappa, tandis que tous ses traits s'étirèrent en une moue de profond regret. Lui n'était pas fait de ce marbre lisse. Non, lui n'était que traitres sentiments qui ne cessaient de zébrer son visage plus férocement encore que ses balafres.

Il ne sut ce qui lui fut plus douloureux alors. Que le vampire ne daigne toujours pas le regarder, ou qu'il ne le regardât que de ce regard en coin, fuyant tout contact, toute confrontation directe... ou qu'il resserre ce poing à en briser le beau bijou, comme s'il se retenait de le broyer lui-même. Ou qu'il se détourne de nouveau si soudainement, le rejetant, le dédaignant... Il aurait pu lui dire de partir que ca ne lui aurait pas fait plus mal. Etrange ce sentiment d'abandon, de déception intense... de regret... de perte... qu'il ressentait brusquement. Et tout cela pour un vampire, un millénaire, un être qu'il venait à peine de connaître. Si peu, mais si intense... Oui, à ce moment-là, en son cœur, il sentit un vide se former, creusant inexorablement dans des abysses sans fond qu'il n'aurait pas même imaginées et vers lesquels il sentait son âme tourmentée prête à sauter au moindre signe de l'autre. Nul besoin de grand chose pour qu'il ne plonge à jamais, pressentait-il.

Le vampire le sentit-il lui aussi ? Le sentait-il partir dans des contrées inexplorées dont il risquait de ne plus revenir ? Eliowir ne saurait dire, mais il se sentit revenir quand le millénaire se retourna enfin vers lui. Son regard sur lui, son attention, ses mots... le happèrent plus sûrement que la plus solide des cordes elfiques, et extirpèrent son âme du gouffre sans fond, le tirèrent de ce bord de falaise abrupte, priant raison de ne pas se fracasser contre ses roches coupantes. Cette corde-là, sans qu'il ne sache comment ni pourquoi, fut plus forte et le ramena à la lumière. Un semblant de lumière toutefois...

Et si un instant de nouveau les ténèbres se firent, fort heureusement lumière enfin se décida à rester, quand le millénaire reprit, s'asseyant non loin de lui, ne le rejetant pas. Sans l'inviter à s'asseoir toutefois. Sans le regarder non plus. Mais au moins il était là, devant lui, et lui parlait. Captait toute son attention. Et tel un enfant à qui l'on raconte une histoire, même si pas de ces contes de fées où toujours les bons l'emportent sur les méchants, il écouta, avidement, la nuit de ses orbes tentant de capter le regard de l'autre, en vain. Le miroir semblait vouloir se fermer pour lui dès lors. Qu'importe, peut-être parviendrait-il à le rouvrir un jour.

En attendant, une histoire lui était contée. Et il s'installa, tel un petit enfant, aux pieds du conteur, l'écoutant avidement, ses oreilles pointues frétillant presque à cette voix. Belle et sombre histoire. De celles qu'il aimait tant. De celles qui parfois faisaient peur, de celles qui vous faisaient hérisser le poil et vous faisaient même trembler, mais de ces histoires où ancienne magie et profond mystère étaient à l'œuvre tel le plus merveilleux des trésors. Il se sentait, à cette histoire, un enfant prêt à prendre son épée de bois pour partir à la conquête de ce nouveau château, même si château enfoui. Et peut-être y trouverait-il une belle princesse à sauver ? Peut-être cette princesse porterait le nom improbable d'Achroma ? Un Achroma qu'il devrait sauver de ces viles ténèbres qui menaçaient de l'engloutir et du vil méchant qui voulait le détruire... Il préférait toutefois ne pas imaginer le nom de ce ténébreux personnage. Mieux valait ne pas le nommer, l'histoire le ferait pour lui. Et son épée de bois le terrasserait, quelque soit son nom...

Oui beau conte que celui-là, songea-t-il alors que le récit du millénaire prenait fin lui aussi.

Avait-il bien entendu ? « Je souhaitais trouver un être plus digne de porter ce bijou que moi. »
Pensait-il que cet être plus digne serait lui ? Lui, Eliowir Serillëiel ? Petit elfe, vieil elfe balafré, à la fierté honnie ? Lui l'Infanticide, crime abominable pour l'abomination qu'il était ? Lui, serait digne de porter un tel bijou, un tel trésor ? Le millénaire devait être fatigué, éprouvé pour penser pareille ineptie. Ou fou, allez savoir. Mais loin de se moquer, aussi choqué soit-il de ce que ces simples mots pouvaient évoquer, il se tut un long instant. Avant de finalement reprendre, d'une voix grave où respect chantait en harmonie avec curiosité révérencieuse et envie profonde.

- Je serais enchanté de pouvoir un jour voir et visiter Ygg-Chall, si jamais on m'en faisait l'honneur. Je serais enchanté de pouvoir un jour voir ce qui fait la fierté de votre peuple, ce qui fait sa richesse.

Et non il ne mentait. Insatiable curiosité qui était la sienne et qui parlait en cet instant. Se disant, il inclina légèrement la tête, tentant de capter le regard du millénaire. En vain semblait-il.

Dépité, déçu, il baissa à son tour les yeux, qui se portèrent sur la main blessée, enserrant toujours de son étau de fer le précieux bijou. Il se pencha alors légèrement, toucha la main, doucement d'abord, presque simple effleurement, puis se permit de resserrer légèrement sa prise sur la peau froide. D'ouvrir les doigts, doucement, mais sûrement. Après un rapide regard vers le marbre qui le toisait, il se décida, et, même si à gestes hésitants, s'empara du pendentif... qu'il alla remettre au cou du beau vampire.

- Je crois que la tisseuse serait fière de vous le voir porter encore. En mémoire de votre... fils...

Il sentit à ce simple mot sa voix chevroter, déraper, et menacer de s'éteindre. Son cœur rata un battement, et ses mains tremblèrent. Mais il parvint à se ressaisir, chassant ses propres souvenirs, sa propre douleur, pour se focaliser sur celle de l'autre. Oui, celle de l'autre...

- Il serait fier de vous, même si je ne le connaissais pas. Je pense... je pense que nul autre ne pourrait être digne de porter pareille merveille. Je ne connais pas la tisseuse, n'ayant jamais eu l'honneur de l'entendre, mais je doute qu'elle vous aurait trouvé indigne de son gardien...

Une fois le pendentif remis à sa place, il offrit un pâle sourire. Pâle écho de celui qui avait pu être le sien quelques heures auparavant. Oui, bien pâle. Il n'avait aucune envie de sourire en cet instant. Non bien plutôt de pleurer. Mais aucune larme ne vint. Aucune.

Il reporta alors son attention sur la main, et, folie qui le prit, se mit à chanter. De ce chant elfique, magique, qui permit à la blessure de se refermer. Oui, folie que cela, pensa-t-il alors qu'il basculait de nouveau en arrière... son esprit menaçant de divaguer à nouveau dans les limbes de l'inconscience.
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MessageSujet: Re: L'eau coule sous les ponts [Pv Eliowir]TERMINE L'eau coule sous les ponts [Pv Eliowir]TERMINE Icon_minitimeMer 13 Nov 2013 - 19:20


Fière ? Oh non sans doute pas. La fierté était pour lui le plus surit des venins, un miel de fleurs rares lui coulant dans la gorge et dissimulant les accents de la ciguë sous ses dehors de sirupeuse satisfaction. Fierté il avait, autrefois, dansante maîtresse de l’orgueil, présidant à l’ego… une fierté qu’il avait regretté maintes et maintes fois, lancinante lamentation d’un regret éhonté et sourd de l’écho de centaines de discours ombragés, de milliers d’incantations profanes et profanées… Il se défiait de la fierté, s’attachant davantage à une certitude fondée, cousine d’alliance et pourtant différente. La certitude de ses capacités et de ce qu’il était, combattant les doutes rongeant son esprit comme de la vermine. Il n’était pas bien aimé de cette ode sans titre, phalène aux ailes gravées de délices coupables, peintes de versés fanatiques à la violence proverbiale, tribune d’une exaltation fiévreuse et cadencée, rythmée par les battements d’un cœur solitaire dans les abysses, d’une âme crucifiée sur l’autel des passions les plus désincarnées, appelant la nuit, appelant l’étreinte de milles fantasmagories aussi difformes que merveilleuses… Adryne l’avait été, seigneur d’un royaume impalpable où nul autre que son esprit ne semblait s’épanouir. Lui n’y avait nullement sa place, marbre à la raison souillée d’une empreinte chaotique et insidieuse. Il n’était aimé de la tisseuse, ou bien occultait-il sa voix, involontairement, perdu dans les murmures d’aloès de son dragon intérieur, se lovant dans ses tripes, et, comme une ronce assoiffée de domination, grimpant le long de sa colonne pour s’ancrer dans le tendre cerveau qui contenait l’essence de son intellect. Et pourtant, alors même qu’il s’apprêtait, tranchant, à le faire savoir, le silence étreignit sa gorge d’une griffe glaciale, le couronnant de sa domination comme une vulgaire poupée de chiffon, marionnette aux fils brisés.

Avec une clarté absolue, une acuité presque douloureuse, il le regarda replacer le pendentif à son cou, comme une cangue d’argent autour de ses épaules… une cangue qu’il ne pouvait retirer, qu’il ne pouvait rejeter, se laissant museler par les mains admirables d’Eliowir. Il aurait sans doute pu accepter n’importe quel outrage, de ces mains-là, sans protester un seul maigre instant, consentant et complice de tout outrage qu’il lui infligerait, bien trop empressé de cette proximité qui le torturait et le ravissait à la fois. Immobile, attentif, il ouvrit pourtant de grands yeux en sentant la première onde magique, relevant soudain un regard d’eau trouble sur l’elfe qu’il vit basculer en arrière, à nouveau privé de force… et d’une impulsion instinctive, de ces réflexes de reptiles qui surprenaient si souvent ses adversaires, il bondit en avant, cueillant le corps si léger entre ses bras, l’enfermant dans une douce étreinte protectrice. Il ne possédait aucune capacité à lui transmettre l’énergie bouillonnante qui courait en lui et la brûlure de la frustration le mordit avec férocité. Etait-il donc condamné à n’être qu’une voix de destruction en ses pouvoirs, lui qui ne désirait que la chance de venir en aide à celui qui faisait palpiter son âme si viscéralement. Amer, il soupira en silence, toujours frappé de mutisme, et le souleva, le reposant avec précaution sur le lit afin de le mettre à l’aise. Refusant toutefois de le quitter, bien trop attaché à cette forme souple comme une jeune pousse, à cet esprit éclairé d’obscurantisme et tiraillé de désirs contradictoires… Son regard errant sur les traits ravagés et pourtant charismatiques, empreint de maintes émotions, de maintes expériences.

Un elfe superbe, à ses yeux qui s’attardaient bien davantage sur les cicatrices que sur la peau encore vierge de toutes souillures. Et d’une main paisible, il vint suivre le chemin que traçaient ses doigts, caressant et cajolant, venant se perdre dans son cou tiède, dans les longues tresses qu’il avait si bien tissés un peu plus tôt. Cette simple texture le faisait frémir, tentation dorée qu’il ne pouvait s’accorder, contre toute l’envie qu’il pouvait avoir de céder. Pourtant… pourtant en cet instant là, au travers de la fascination, de la douleur causée, de l’attirance et de la répulsion, au travers de l’attente et de la déception, il ne pouvait que se laisser pousser en avant, déposant ses lèvres contre les siennes, un geste si similaire à celui qu’il avait eu bien plus tôt et pourtant profondément différent, profondément unique, et portant une symbolique si profonde qu’elle semblait l’embraser de son feu. Un geste si étrange, si étranger, depuis si longtemps oublié à son esprit froid et qui pourtant semblait parfait en cet instant d’incertitude et de doute… Tellement parfait, tout comme lui. Un profond sentiment de plénitude qui un bref instant le fit vibrer, avant qu’il ne recule, se surprenant lui-même et plus que tout, quelque peu gêné de son comportement, se mordit la lèvre d’un croc d’ivoire, n’osant pas s’avoir si il était, ou non, éveillé et conscient. A la place, il décida de s’installer contre lui, caressant les mèches légères de son front, et le veillant dans un silence apaisé…

Dans la pénombre de cette nuit lunaire, une colombe vint distraitement se poser sur la fenêtre, veillant, oubliée, ignorée… impalpable…
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