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Symphonie six pieds sous terre TERMINE

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Dawan Sywel
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MessageSujet: Symphonie six pieds sous terre TERMINE Symphonie six pieds sous terre TERMINE Icon_minitimeVen 12 Sep 2014 - 21:17

Cela faisait désormais un bon moment qu'ils étaient à Aigue-Royale.
La première fois qu'ils étaient venus, la ville avait paru extrêmement grande à Dawan, qui craignit qu'elle resta à jamais pour lui un labyrinthe. Fort heureusement, leur escapade fut aussi l'occasion de lui découvrir un sens de l'orientation assez bon, les Esprits soient loués ! Son Cawr n'avait pas envie de passer leur séjour à le chercher dans toute la ville. Ils avaient bien assez à faire ainsi.
La ville paraissait également densément peuplée, aux yeux de mon elfe. Assis près du lac, par terre, il jetait de temps en temps des coups d'oeil aux êtres qui animaient les lieux. Peut-être n'était-ce que l'enfermement qui donnait cette impression ? Une boite aurait donc l'air plus remplie avec le couvercle fermé qu'ouvert… Cela se tient. Une boite au couvercle ouvert permet de poser des objets à moitié en dehors de son espace, ce que ne permet une boite fermée. Ou alors, elle est trouée. Mais qu'est-ce qu'une boite trouée sinon un assemblage de boites à avec et sans couvercles, juxtaposées et jointes ? Quelques passants posaient sur leur regard sur Dawan. Eh bien, n'avaient-ils jamais vu d'apprenti baptistrel ? Si au début de son séjour il avait mis certains regards en biais sur le compte de la nouveauté qu'apportait la présence d'elfes et de baptistrels en ces lieux, il commençait néanmoins à se dire que les humains, quand même, ils mettaient du temps à s'habituer à la nouveauté.

Son Cawr l'avait emmené dans des villes humaines. Dawan y avait déjà remarqué ces regards. Pareillement, il s'était dit que son maitre et lui n'étaient pas des figures habituelles. Mais… Peut-être se faisait-il des idées ? Peut-être que c'était là le regard naturel des humains.

"- Humains."

Le mot lui échappa, il avait pensé trop fort. Cela ne le dérangeait pas plus que ça. Il se détourna de l'eau et observa les humains: alors, comment se regardaient-ils entre eux ?

Je vous entends d'ici me demander ce que faisait là mon elfe, alors qu'il y avait du pain sur la planche. Les baptistrels n'étaient pas venu à Aigue-Royale faire du tourisme.
Les soins qu'administraient les baptistrels aux rebelles occupaient une bonne partie de leur journée, et une bonne nuitée à certains. Dawan offrait son aide du mieux qu'il le pouvait à son Cawr et aux autres maitres présents. Il portait des linges propres et de l'eau chaude, s'occupait parfois lui-même de laver les habits, pansait et nettoyait des blessures sur lesquelles son maitre pouvait lui faire confiance, et observait ce dernier s'occuper d'actes plus complexes. Il avait même pu assister à une amputation. Il en avait été à la fois ravi et choqué. C'était la première fois qu'il voyait quelque chose de ce genre, aussi brutal pour son esprit qu'impressionnant par les compétences déployées par ses maitres. Aussi l'avait-on vu les admirer, pâle mais souriant, les ongles rongés par l'inquiétude et la hâte de voir le résultat.
Enfin, les passes-temps ne manquaient pas à Dawan. Ses journées étaient souvent éprouvantes, son maitre lui laissait souvent la nuit pour se reposer. Pas question d'étudier autre chose, ces temps-ci. Mais Dawan était un elfe: passer plusieurs jours sur une même leçon ne le dérangeait que peu, il avait encore des siècles devant lui pour les autres sciences.
Mais assez vite, Dawan avait commencé à se montrer nerveux. Il répétait les mêmes phrases, sans arrêt, paraissait prêt à se ronger les sangs. La présence de la mort ? Le sang ? C'était étrange, pourquoi ne l'aurait-il pas manifesté plus tôt. Son Cawr se questionna un moment sur le sujet, avant de comprendre. Dévisageant son Enwr avec lassitude, il lui ordonna d'aller jouer un peu de vièle. Trop de temps sans son instrument finissait par taper sur les nerfs de ce garçon.
Cela l'avait calmé. Depuis, il avait régulièrement le droit à sa "pause vièle", qui lui était parfois imposée lorsque son maitre l'estimait trop nerveux pour le moral des troupes.


Ces derniers temps, il faisait une chaleur affolante, à l'extérieur. Du moins, c'était ce qui se disait. Dawan n'avait pas vraiment eu l'occasion de sortir d'Aigue-Royale. Quand il en avait eu l'occasion, il n'en avait pas eu l'envie ou le courage. Mais la chaleur se ressentait bien: jusque dans cet endroit, qui aurait dû être, tout de même, relativement frais car ombragé, ils en venaient à souffrir de ce changement de température Dawan n'aimait pas la chaleur. Il aimait la pluie. Il était de ces rares gamins qui, en voyant le ciel se griser, ne changeaient pas d'humeur. À une petite chaleur il préférait une petite fraicheur.
Alors ce temps, là, résolument trop brûlant pour un mois de mars, il l'exécrait ! Il avait beau porter sa plus fine tunique, avoir mis sa cape de côté, et avoir même profité de n'être pas à s'occuper des malades pour retirer ses bottes, rien n'y faisait. Il estimait toujours qu'il faisait trop chaud.
Son instinct l'avait porté vers le Lac. Visiblement, il n'était pas le seul à avoir eu cette idée. D'autres trempaient leur pieds, ce qui avait un effet rafraichissant indiscutable. Mais les autres n'avaient pas une vièle avec eux ! Avant de s'intéresser aux humains, Dawan en avait joué, un peu. C'était bon pour lui, c'était son Cawr qui le disait ! Il n'allait tout de même pas déplaire à son Cawr !

Ses pensées s'étaient petit à petit éloignées de leur sujet de base. Il avait voulu voir comment les humains se regardaient entre eux. Désormais il dissertait avec lui-même de la notion de bien et de mal. Il songea aux guerres, aussi, et aux combats. Il n'avait jamais aimé se battre, étant assez mauvais pour subir le verbe au lieu de l'employer. Plus le temps passait, plus il comprenait que son voeu de pacifisme serait fort aisé à faire, encore plus à tenir. Il avait vu les blessures. Il ne voulait jamais en infliger, oh non oh non, jamais. Se battre pour des idées, oui, mais par les mots, pas par les armes. C'était ridicule, nul n'argumentait correctement avec une arme. Frénétiquement, Dawan secoua la tête à droite et à gauche, comme à la recherche de quelque chose. Non non, pas se battre. Et son Cawr assurait que cela troublait les vibrations du monde. Il ne le fallait pas. Il fallait faire de ce monde un monde sans fausse-note.

Dawan se sentit inquiet, tout à coup. Il se grattait nerveusement les mains. Bah, il avait joué de la vièle, pourtant, cela aurait dû l'apaiser ! Que lui arrivait-il ? Il ne fallait pas rester là. Il le sentait, ici, ce n'était pas la place actuelle du Dawan. C'était la place de quelqu'un d'autre. Il se leva, et partit.
Un moment il longea ce grand lac. Son regard se portait régulièrement sur Fort-Espérance. Quel bâtiment incroyable ! Comme il aurait aimé être peintre et pouvoir reproduire ce qu'il voyait, pour ensuite le montrer à sa famille ! En même temps, la ville elle-même le surprenait. Que des êtres qui, de base, vivaient dans l'illégalité, puissent parvenir à s'offrir une cité qui l'impressionnait autant qu'elle le protégeait et nourrissait, cela lui semblait digne d'être conté. L'endroit allaient l'inspirer encore longtemps.
Peu à peu, la foule paraissait se raréfier aux abords du Lac. Plus de gens pour tremper leurs pieds, ou beaucoup moins. Oh, il devait s'approcher de la partie qui donnait sur la caverne du souvenir, alors. Mh. Soit, pourquoi pas, il n'avait pas prévu de s'aventurer par ici, mais puisque la vie lui proposait cette escapade, il allait accepter. Il continua de longer le lac. Son esprit était agité d'inquiétudes sans objets, et d'admiration constante. Il sortit sa vièle, dans l'espoir de s'exorciser de tout cela.

Il avança au rythme qu'il donnait à l'instrument. Un rythme lent, parsemé de passages plus rapides, plus troublés, mais maitrisés. Dawan parvenait à la musique qu'il voulait. La musique qu'il avait dans sa tête. On lui avait dit de ne pas jouer trop d'airs tristes, cela rendait les gens malheureux. Mais ici, nul ne l'entendait. Et puis, il n'était pas vraiment triste, son air. Pas complètement…
Comme fatigué, il fermait les yeux à intervalles réguliers. Un bref instant, il crut voir une silhouette, au loin. Oh ? Non, ce n'était pas un fantôme. Il croyait connaitre ladite silhouette. La mélodie changea, c'était la mélodie d'un animal qui, timidement et prudemment, s'approche de quelque chose de non-identifié. Arrivé à une distance respectable, il cessa de jouer.
La silhouette, il la reconnaissait ! C'était celle de Merithyn Shadowsong ! Ahah ! Il se sentait bon de s'en être souvenu ! Il se souvenait encore de la première fois où on lui avait montré cette silhouette. Son maitre était à ses côtés, un instrument à vent entre les doigts, et il avait pointé Merithyn avec. Dawan ne se souvenait plus vraiment de ce que lui avait dit son maitre sur celui-là. Mais si c'était un maitre baptistrel, il devait être encore plus bon de nature que les autres êtres de ce monde, c'était la moindre des choses !
En se rapprochant de son supérieur hiérarchique, Dawan songea à ce qu'on lui avait dit, récemment. Merithyn, ennemi numero un des humains. L'annonce était parvenue en même temps que celle de l'interdiction de la magie, qui avait beaucoup fait rire Dawan, avant qu'il réalise que ce n'était point une boutade. Il ignorait, cependant, pourquoi diantre les humains n'aimaient plus Merithyn.

"- Ils ont tort, ils ont tort... Tu n'es pas mauvais, je le sais. C'est inique, Merithyn. Leur vision a dû s'altérer. Des êtres à la langue hérissées d'épines..."

Les mots paraissaient être sortis de sa bouche sans que le reste de son corps n'en ait conscience. Dawan paraissait particulièrement troublé, et embêté. Un mouvement de tête, comme un cheval qui s'ébroue, en plus elfe. Il ne se sentait pas très bien. Il n'aimait pas penser à tout cela, ses espoirs flétrissaient, il ne le fallait pas. Songeur, il avança jusqu'à son camarade elfe, sur lequel il posa deux grands yeux gris clairs emplis d'une inquiétude presque familiale.

"- Gardien ?"


Et, comme visiblement sa voix était entendue et écoutée, il demanda, de cette voix aiguë et douce qui était devenue la sienne:

"- Tout va bien ? Vous semblez de triste humeur."


Dernière édition par Dawan Sywel le Mer 17 Sep 2014 - 21:35, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Symphonie six pieds sous terre TERMINE Symphonie six pieds sous terre TERMINE Icon_minitimeMer 17 Sep 2014 - 19:09



--- 15 Mars ---

Ses doigts étaient posés sur les cordes de la harpe sans qu’il parvienne à en tirer la moindre mélodie. Venu ici spécialement pour se détendre et initier une nouvelle partition, il se trouvait soudain, après s’être assit et confortablement installé sur une pierre, à cours d’inspiration. Rien ne lui venait. Rien ne l’inspirait. Il semblait vidé de substance, incapable de parvenir à trouver la force de faire émettre à son instrument la moindre note. Figé ainsi, il finit, après un moment, par soupirer. Non, impossible de parvenir à jouer… L’idée même semblait le déprimer profondément. Peut-être faisait-il fausse route une fois de plus, pourtant prendre un instant pour lui et s’accorder le droit de se vider la tête et de reprendre des forces lui avait semblé être une bonne idée, un peu plus tôt. A croire qu’il oubliait facilement la situation. Pourtant celle-ci n’avait de cesse de se rappeler à son bon souvenir… qu’il s’agisse des soucis climatiques, de la magie, des totems… Armanda réunissait en ces heures tout ce qui s’avérait nécessaire à le déprimer profondément, d’autant que c’était entièrement de sa faute à lui. Il avait provoqué la fin du monde et si violenter Néant le satisfaisait, il était réellement dévasté de voir l’ampleur de la catastrophe qui avait suivi. Et à présent, il avait l’impression que rien de ce qu’il faisait ou pourrait jamais faire servirait réellement à quelque chose pour endiguer le flot… Pouvait-on seulement rétablir un équilibre aussi rompu ? Si ça l’était, aucun mortel n’en avait le pouvoir, cela revenait aux Esprits. Tout comme son jugement certainement. Apprendre que les alayiens le faisaient rechercher, en compagnie de Lorenz, lui avait tiré un sourire sans joie… Ils pouvaient toujours essayer, mais si quelqu’un pouvait prononcer la sentence ce ne serait certainement pas un suppôt du Néant. Il ne se laisserait pas attraper par ces individus-là… Mais ce n’était pas particulièrement réjouissant non plus.

Clignant des yeux lentement, il laissa finalement tomber l’idée de jouer et déposa la harpe près de lui avant de tirer son matériel de copiste… L’original en équilibre devant lui, la copie partiellement réalisée sur les genoux, il traçait les mots avec lenteur, prenant son temps et se fermant au monde extérieur, pour ne garder que l’attention presque maniaque dédiée à sa tâche. Le livre était elfique, un recueil d’antiques poésies de l’âge de bronze et du temps de la jeunesse de son peuple en ces terres. Le tracé demandait toute son attention, vidant sa tête et son cœur pour un moment. Au final, il était clair que se reposer ne lui allait pas bien du tout, il n’était tout simplement plus fait pour cela… Peut-être n’était-il tout simplement plus fait pour le repos, le calme et la contemplation. Peut-être n’avait-il jamais été fait pour cela et ne le remarquait-il que maintenant. Mais à quoi cela servait de s’interroger ainsi, après tout… Il était ce qu’il était et c’était ainsi, personne ne le changerait. Et il avait ses propres satisfactions, à être qui il était. Il avait des connaissances, des victoires à son actif et, mieux que tout, une famille et un lié. Il ne demandait rien pour lui-même. Et y penser n’avancerait pas plus son travail de copie que la soudaine présence qui s’avançait vers lui, dans son dos. Oh il n’avait pas entendu la musique ou le pas, aussi léger soit-il… il avait entendu les vibrations de son chant-nom surtout, et le Gardien qu’il était ne se fermait jamais à elle. Mettant un terme à la course de sa plume sur le grain qu’il parait d’encre, il garda l’outil en équilibre entre deux de ses longs doigts fins et délicats et releva la tête, le laissant prendre l’initiative. Espérant peut-être un peu qu’il renoncerait à l’approcher. Jamais il ne l’aurait renvoyé de lui-même, mais il ne se sentait pas forcément prompte à se sociabiliser en l’instant.

Ce qui ne l’empêcha pas de se tourner sensiblement vers son interlocuteur, l’observant de sous sa capuche, le tissu ombrant son visage et pâlissant l’or de son teint en ne laissant que l’intensité du regard de perle douce. L’appellation lui tira à retardement un sourire chagrin. « Effectivement, Dawan. Cela m’attriste beaucoup que vous m’appeliez encore par mon titre. Nous sommes pairs d’un même ordre, sans compter que je ne suis qu’un humble elfe parmi d’autres, inutile de vous adresser à moi avec autant d’obséquiosité » Il eut un sourire mutin qui lui demanda un brin plus d’effort qu’il n’aurait dû. Pas tout à faire naturel, mais offert avec autant de sincérité. « Et que faites-vous donc ici ? Ou plutôt, laissez-moi reformuler, que puis-je faire pour vous ? Je suppose que vous ne venez pas simplement pour vous enquérir de ma santé, si ? » Quoi que… Si c’était bien possible le connaissant. Mais enfin, s’il ne venait que pour lui demander un service, peut-être pouvait-il simplement remplir la demande et en avoir fini. « Vous et votre Cawr travaillez bien ? Tout se passe correctement ? »
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MessageSujet: Re: Symphonie six pieds sous terre TERMINE Symphonie six pieds sous terre TERMINE Icon_minitimeJeu 18 Sep 2014 - 18:37

Dawan dévisageait Merithyn. Le feu donnait vraiment au maitre baptistrel un aspect tout à fait unique. Ce n'était pas laid, aux yeux de mon elfe. Le teint un peu mielleux, les cheveux entre la lave et l'or... L'union créait vraiment des êtres qui incarnaient leur élément et, comme à chaque fois que l'on assemble deux éléments faits pour aller l'un avec l'autre, cela ne pouvait qu'être beau. Mais, comme si elle était le prolongement du corps de Merithyn, le regard de Dawan glissa sur la harpe. Tiens... Il n'avait pas entendu de harpe. Il n'avait entendu que la propre mélodie de son violon. Oh. Pourtant il avait l'ouïe assez fine pour percevoir les autres instruments en sus du sien. Est-ce que Merithyn pouvait avoir... Des soucis de musique ? Par les Esprits ! Quelle hypothèse terrible !
L'esprit de Dawan n'eut pas le temps de trop s'égarer. Merithyn le reprenait sur son titre. Mon elfe pencha doucement la tête sur le côté. En continuant de regarder la harpe, il lui répondit, d'une voix qui avait la lenteur d'une voix d'enfant:

"- Nous sommes peut-être du même ordre, mais vous m'êtes supérieur. Je suis élève et vous êtes maitre. Vous avez accès à des choses qui me sont encore interdites. J'aspire à devenir comme vous."

Il pensait aux vibrations du monde, dont lui parlait si souvent son Cawr. Il avait hâte de voir ce qu'il en était réellement. Il croyait les imaginer avec assez de justesse... Il rangea sa vièle et son archer dans son étui. Lui aussi voulait découvrir ce que cela faisait d'être lié à un élément. Se sentait-on enfin... Complet ? Comme ces dragonniers qui retrouvent l'autre moitié de leur âme ? Est-ce qu'en sentant les vibrations du monde, on le comprenait mieux ? Est-ce qu'on le vivait plus fort ? Si Dawan fantasmait beaucoup ces savoirs, ce n'était pas faute d'essayer de ne pas trop le faire, afin de n'être pas déçu. Mais comment s'en empêcher quand ses collègues et frères en parlaient, en portaient les traces ?

"- Et vous n'êtes pas un elfe comme les autres. Vous le savez bien. Les autres n'ont pas une vie comme la vôtre. Tout Armanda a votre nom à la bouche !"

Et lui, il semblait trouver cela bon. En tout cas, son ton s'enjouait un peu, en disant cela, et un fin sourire se dessinait sur ses lèvres. Il était fier de connaitre un elfe si fameux ! Et peu lui importait qu'il soit fameux pour un haut fait ou un méfait. Cette célébrité, cela voulait dire que Merithyn avait fait quelque chose, et que ses agissements avaient touché beaucoup de personnes. Etant donné que Meri' était un baptistrel, il ne pouvait qu'avoir agi en bien, de toutes façons, c'était évident !

"- Mais si cela ne vous plait pas, alors je ne vous appellerai plus Gardien. Que préférez-vous comme titre ?"

Dawan avait ceci de très bon qu'il n'était pas bien pénible, et assez respectueux pour utiliser les noms que les gens voulaient recevoir. Une qualité bien plus rare qu'elle n'en a l'air. Son regard revint un court instant sur le visage du maitre baptistrel. Il lui rendit son sourire, décuplé.
Bien vite, son attention revint sur la harpe. Comme s'il voulait jouer l'air que le maitre ne jouait pas, il laissa ses doigts trainaient sur l'instrument, nonchalamment d'abord, en écoutant les questions qu'on lui posait. Il n'y répondit pas. Il se demandait, plutôt: n'est-ce pas incorrect de toucher ainsi l'instrument de quelqu'un d'autre ? Oh... Merithyn n'avait pas l'air de vouloir l'utiliser. Il était sur son matériel de copiste. Et puis, il lui aurait dit s'il ne voulait pas qu'on y touche, non ? Il lui aurait dit.
Les doigts de Dawan s'approprièrent bientôt les cordes de l'instrument, et il n'afficha pas le moindre remord ou la moindre hésitation, quand bien même il en eut. Avec la musique, hésitation était mère d'erreur trop souvent. La harpe était des instruments qu'il avait approché durant son apprentissage. Dawan fut surpris de tirer des notes assez mélancoliques. Il se força un peu la main pour obtenir quelque chose de plus vivant. La mélodie revenait sans cesse vers quelque chose de plus doux. comme son esprit revenait régulièrement à ses inquiétudes pour Merithyn. Pourtant, il était incapable de mettre des mots là-dessus. Il regardait de temps à autre le maitre baptistrel, mais son esprit transmettait chaque pensée et chaque ordre de telle façon que cela finissait fatalement en note de musique. Aussi il fallut un long moment avant que Dawan réagisse: Merithyn lui avait parlé, et ses questions étaient justement celles qui allaient permettre de moins s'inquiéter, ou le pousser à chercher à faire sourire son frère baptistrel !

"- Je me rafraichissais par ici. Je vous ai vu. Oh... Vous devez être bien triste pour bouder une si jolie harpe. Comment aurais-je pu ne pas m'inquiéter ?" Ses doigts pinçaient encore les cordes de la harpe. D'une main, il offrit à la belle une caresse, avant de reprendre son jeu, sans hâte. "Il ne faut pas oublier. Si on oublie, l'existence par avec. L'oubli est la seconde mort..."

Il avait murmuré ces dernières phrases, sans vraiment s'adresser à Merithyn. Et si vous croyez que cela allait le gêner... Franchement. Déjà, il s'asseyait par terre, empruntait la harpe de Merithyn, et ne lui répondait que longtemps après. Et tout cela, sans ressentir la moindre gêne. Comment de simples pensées rebelles auraient pu le faire se sentir mal à l'aise ? D'autant plus qu'il n'en eu sans doute pas conscience.

"- Tout se passe bien, oui. Aigue-Royale a son charme... Nous faisons du mieux que nous le pouvons, mon Cawr et moi. Le "mieux" de mon Cawr est quand même meilleur que le mien ! En ce moment, nous avons juste des soucis lorsque l'on soigne avec notre magie. Nous soignons parfois... Mieux que prévu. Nous avons même réussi à faire pousser un troisième bras à un humain ! Mais il n'avait pas l'air d'en être satisfait, nous avons dû le lui retirer... C'est triste. Vous imaginez ce que l'on pourrait faire, avec trois bras ? Nous pourrions jouer de deux instruments à la fois ! Ou... Manger tout en recopiant des textes ! Ce serait bien pratique... Même si inesthétique."

Ah, la mélodie semblait prendre un ton un peu plus rapide, malgré les quelques notes un peu basses qui l'habitaient encore.

"- Vous pouvez prendre ma vièle, si le coeur vous en dit..."
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MessageSujet: Re: Symphonie six pieds sous terre TERMINE Symphonie six pieds sous terre TERMINE Icon_minitimeDim 21 Sep 2014 - 19:19


Il aspirait à devenir comme lui ? Poids honni tombant soudain sur ses épaules comme une cangue de lourd argent. Il aspirait à devenir comme lui… Que voilà une bien vilaine nouvelle, pensait-il soudain. Pourquoi voudrait-on lui ressembler en quoi que ce soit. Pourquoi voudrait-on devenir comme lui. En quoi pouvait-il se révéler une figure iconique ou un quelconque modèle à suivre. Voilà bien une énigme et des plus désagréables en pareil instant. Reprocher sa candeur ou son honnêteté à Dawan aurait été bien ingérant, et pourtant, il ne parvenait pas à retenir la vague d’aloès envahissant sa bouche et le forçant à déglutir presque nerveusement. D’un regard perlé, il scruta la silhouette de son vis-à-vis, y cherchant quelque réponse, aussi fantasque puisse-t-elle être, à son dilemme. Mais aucune ne vint véritablement et sa raison, cette froide et crûe logique, cette morte raison dépourvue d’affect, pris à son tour le relais pour lui chuchoter des réponses sans âmes, des ersatz d’objectivité en des tentatives lâches de se rassurer. Sans doute n’était ce en rien une aspiration le visant lui en particulier. Il était plus juste de penser que le jeune elfe n’affirmait-là rien plus que son envie de devenir maître, pleinement baptistrel, comme pouvaient le rêver nombre d’Enwr. Il n’y avait rien de mal à cela. Peut-être prendrait-il sa place à lui, un jour. Qui pouvait savoir. Perdu dans cette contemplation au doux frimas, il ne répondit absolument pas à la question qu’on lui soumettait, occultant une part du discourt de son pair sans même s’en rendre compte. Son sourire ne quittait nullement ses lèvres, tandis qu’il l’observait, le détaillant plus avant. Le silence semblait de mise, puisque lui non plus n’eut aucune réponse. Il ne s’en formalisa pas pour autant, n’émettant pas la moindre protestation lorsqu’il s’appropria la harpe que lui-même avait abandonné un peu plus tôt. C’était un instrument fort conventionnel, simple. Un outil sans histoire singulière ni magie particulière, si on omettait l’attention et l’affection qu’avait mis son créateur à lui donner ‘vie’.

Sa propre harpe, la sienne propre, se trouvait au cœur de Tomingorllo, dans une salle de pratique, à la garde des jeunes Enwr restés là-bas. La harpe de Tisserêve, une merveille de magie et de beauté construite en d’autres temps, n’était pas un objet que l’on transportait facilement et quand bien même il l’aurait été… Il ne s’estimait pas digne d’en faire usage à présent. Jamais son aïeul n’aurait soutenu ses décisions. Mais il ne reprocherait jamais cela, pas plus à son âme qu’à ses pairs bien vivants. Les premières notes l’emplirent de morosité et de nostalgie, semblant refléter une part de son humeur avec une étonnante justesse et un bref instant, il ne put que s’émerveiller comme au premier jour devant les prodiges qu’accomplissait l’art baptistral entre les bonnes mains. Dawan était bien plus doué que lui et un instant il s’en voulu, car il lui semblait que durant un battement de cœur, la jalousie l’avait envahie. Oh, une jalousie pleine de respect, certes. Mais jalousie tout de même. Et cette constatation déroutante ne put qu’approfondir encore sa détresse. Quel monstre devenait-il donc, pour ressentir pareille chose ? Il aurait dû être heureux et fier, qu’un tel talent puisse fleurir et croître grâce aux soins de l’ordre. Et il l’était ! Dracos il l’était… alors pourquoi cette jalousie ? N’était-il pas également un très bon musicien, quand bien même l’higen était son véritable instrument ? Frappé d’inertie, paralysé, il continuait de tendre l’oreille… Telle l’héliotrope se tournant invariablement vers le soleil, son corps se tournait vers la musique que le jeune élève tirait du plaintif instrument. Son regard perdu dans le vague dépassait à présent Dawan, sa teinte grise se troublant comme la surface d’un mercure en fusion, vif-argent se consumant lui-même pour atteindre d’impalpables sphères. Où donc voguaient ces prunelles à la lueur singulière ? Même leur propriétaire n’aurait su le dire. Mais elles voguaient, dans une minute ressemblant fort à l’éternité même…

Puis il revint sur terre, cilla, et reporta le poids léger de son attention en deuil sur le musicien jouant pour lui. Personne n’avait jamais joué pour lui auparavant. Il était toujours celui qui jouait, tirait des soupirs satisfaits ou rêveurs à son auditoire… La triste constatation ne fit que s’ajouter à la liste qu’il avait établie et qui s’allongeait à une vitesse alarmante, de tout ce qu’il avait jadis accepté sans rechigné mais qui faisait, aujourd’hui, si mal. Le discourt resta une nouvelle fois sans réponse, tout comme la proposition. Non, il ne voulait pas jouer, il était fatiguer de jouer. Les notes s’égrenèrent sans qu’il daigne émettre le moindre son, le voyant se gorger de la chanson, détaillant l’air qui prenait corps, plus enjoué que ce qu’il aurait pu faire naître… De profonde détresse, il devint lassitude et lâcha un doux soupire. Et soudain, après ce qui semblait être des heures, la caverne et les abords du lac s’emplirent des modulations de sa voix admirable, dont les trémolos parfaitement contrôlés donnaient vie à un tout autre monde.

« A Utha au bord du Thïs ondoyant,
Les habitants respectent les chats,
Les chats d’Utha veillent sans tracas,
Car aucun homme n’oublie l’histoire d’antan…
»

Les mots virent, naturels, presque inconsciemment. Comme le flux rythmé d’une rivière, il conta l’histoire de la ville d’Utha où vivait un vieux couple aigrie qui tuait les chats, mais dont l’apparence et les manières étaient si sinistres, que personne n’osait les confronter. Et un jour, alors qu’une caravane du désert voisin passait en ville pour s’approvisionner, advint l’évènement. Un petit garçon solitaire de la caravane jouait sur la grande place, en compagnie de son petit chaton noir. Ses parents avaient été emportés par la maladie, et la fatalité ne lui avait laissé que ce petit compagnon félin. Mais tant qu’ils jouaient tous deux, tant que le jeune garçon observait l’animal bondir et s’ébattre, il ne pleurait pas… De longues heures, le petit garçon resta là, sur les marches d’une fontaine usée, à sourire des allées et venues du petit chat noir. Puis advint la soirée et, au détour de son inattention, le jeune garçon perdit le petit chat de vue. Alors il sanglota longuement, jusqu’à ce qu’un artisan de la ville, le prenant en pitié et honteux, lui parle du vieux couple et des chats qui disparaissaient. Le jeune garçon paru moins triste et plus songeur, et bientôt il se leva pour s’adresser aux esprits. Dans le ciel, les nuages arborèrent de fantasques formes, puis tout redevint calme et la caravane prit congés. Pourtant, après son départ, tous les chats de la ville disparurent subitement. Les habitants furent très perturbés et se réunirent. Certains accusaient la caravane des gens du désert d’autres le vieux couple aigri. Le fils du forgerons prit alors la parole, affirmant avoir vu les chats se réunirent effectivement dans le jardin du couple… mais pourquoi ? Personne ne le savait, et le lendemain les félins étaient de retour, ronronnant, gras et le poil luisant. Ils n’acceptaient pas de nourriture, et restaient dehors, se dorant au soleil. Cette attitude curieuse ne devint inquiétante qu’après quelques jours car les chats sont réputés capricieux. On avait pas vu le vieux couple depuis cette fameuse nuit, et aucun chat n’était mort depuis également. Résolut, le forgerons, le tanneur et le chef de village décidèrent de s’aventurer jusqu’à la demeure pour s’enquérir du couple. Ils entrèrent par la porte étrangement ouverte et découvrirent là deux squelettes parfaitement nettoyés. Il ne fut pas difficile alors, de savoir ce que les chats avaient pu faire la nuit du départ de la caravane, et il était clair que la prière aux esprits du jeune garçon avait été entendu, mais pas par les esprits. Les chats d’Utha avaient vengés le petit chaton noir. Alors, saisi d’effroi et de respect, les habitants firent passer une loi interdisant de tuer un chat à Utha. Elle est toujours respectée.

Il s’arrêta enfin, mais ne sourit pas au publique attiré par leur petite prestation. En réalité, il se sentait très mal à l’aise d’être ainsi observé, dévisagé… Mais il ne dit rien. Rangeant son matériel de copie, il prit le parti de parler enfin à Dawan. « Appelez-moi Merithyn » fit-il, à retardement. « N’irions-nous pas nous rafraichir plus loin ? L’autre angle du lac est particulièrement agréable, si vous ne l’avez pas déjà visité »
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MessageSujet: Re: Symphonie six pieds sous terre TERMINE Symphonie six pieds sous terre TERMINE Icon_minitimeDim 21 Sep 2014 - 23:28

Les humains et les elfes, dans leurs conversations, aimaient se répondre du tac-au-tac, ne faisant pas attendre leurs interlocuteurs, dusse la qualité du dialogue en pâtir. Dawan aimait prendre son temps. Si le choix lui avait été laissé, il aurait été capable de faire attendre son entourage un long moment avant de répondre aux questions les plus banales. Rares étaient, néanmoins, les gens qui comprenait que l'on puisse passer plusieurs minutes à réfléchir sur la meilleur façon de leur répondre, la plus belle tournure de phrase, la métaphore appropriée. Pourtant, cet art apportait beaucoup au discours. Un malheureux placement de mot pouvait changer l'appréhension d'une pensée, et le soin que l'on mettait dans sa diction était toujours garant du respect porté à autrui. Voyez comme il est plus aisé d'écrire à des personnes méprisées qu'à des êtres aimés !
Son apprentissage lui avait enseigné la rhétorique et l'éloquence, des arts qui maniaient les mots comme on manie les instruments. Quand les plus hâtifs n'y voyaient qu'un enseignement à utiliser ponctuellement, Dawan trouvait là une véritable méthode qui l'aidait à trouver plus facilement ses mots. Au lieu de peiner, seul, avec son esprit, sans savoir comment s'y prendre, il pouvait désormais réfléchir au rythme, aux emphases, aux césures. Après toutes ces années de silence, parler lui avait paru bien complexe, et cet apprentissage était bienvenu. Il n'empêchait que les conversations étaient toujours trop rapides à son goût, qu'il aurait préféré que le monde se laisse plus de temps pour répondre.

Aussi le silence observé par Merithyn le surprit tout d'abord. Avec la majorité des gens, il avait l'apanage du silence. C'était lui qui le provoquait. S'il n'en était pas toujours conscient sur le moment, il le savait par ce qu'on lui rapportait. Merithyn paraissait le singer, dans les pauses que Dawan aimait marquer, dans celle qu'il avait marqué en s'appropriant la harpe, pour jouer, sans ressentir d'empressement vis-à-vis de la réponse qu'il devait au Cawr qui le questionnait. Ce fut même si surprenant qu'il tourna son regard vers celui de Merithyn, pour vérifier qu'il allait bien. Le Gardien paraissait toujours aussi triste, mais surtout perdu dans ses pensées. Réfléchissait-il ? Pas de raison de se presser.
Dawan offrit un fin sourire à son camarade elfe. Peut-être qu'au bout d'un moment, à lui sourire ainsi, Merithyn l'imiterait, au moins par empathie. La joie de mon apprenti musicien venait surtout de la révélation qu'il avait eue: il n'était pas seul. Il n'était pas seul à vouloir mêler le silence à la musique, à vouloir que l'on laisse le temps aux paroles. Merithyn agissait comme lui. Comment ne pas ressentir un élan de sympathie pour lui ? Et... Oh ! Il avait les yeux de la même couleur que lui. Dawan pouvait difficilement ne pas ressentir cette joie secrète que l'on éprouve en se découvrant des points commun avec des êtres admirés, ou appréciés. Ces petits points commun qui poussent parfois à lier des amitiés. Oh, il n'attendait pas d'amitié de Merithyn, non... Il n'attendait d'amitié de personne. Il appréciait juste que quelqu'un d'autre dans ce bas-monde lui ressemble et le comprenne. C'était... Une preuve, pour lui, que rien n'était impossible, et que ce monde pouvait être plus agréable que lui-même l'imaginait.

Son regard s'était à nouveau posé sur la harpe, sur ces jolies cordes qu'il frôlait avec douceur. Il la sentait presque plus accessible, pour lors qu'il savait que Merithyn lui ressemblait un peu. Alors ses notes y gagnèrent en franchise, en assurance, sans pour autant venir plus violemment. Il respectait le silence observé par le baptistrel... Un moment, il songea bien que, peut-être, sa présence le dérangeait. Mais... Non. Son attitude n'en disait rien.
Il joua donc, cet air qui mêlait la mélancolie, qui paraissait inhérente à l'instrument, à cette petite joie indicible qui frémissait en lui comme une petite flammèche. La musique apaisait la chaleur, ramenant son esprit dans un univers de sons, le détachant de ce monde. Il ne voyait pas le lac, pas les grottes, ni les gens. Il voyait les émotions, peut-être un peu de lumière bleue, à la limite. Il voyait le regard gris de Merithyn. "Comme le mien !"
Quand brusquement, la voix dudit Merithyn se fit entendre. Dawan sentit un frisson remonter le long de sa nuque, hérisser les petits poils qui s'y trouvaient. Oh. Ainsi, la voix était le principal instrument de Merithyn ? Par les Esprits, si ce n'était cela, il faudrait qu'un jour Dawan l'entende jouer de son instrument favori. Le plus jeune des deux elfe s'était stoppé dans son mouvement, avait cessé de jouer. Il avait l'impression que la chanson de son frère baptistrel utilisait l'air pour venir en lui, et les trémolos étaient presque palpables, de fines ondulations dans son esprit. Comment était-il possible de maitriser à ce point la musique ? Si l'on pouvait parler de maitriser... Dawan n'avait pas l'impression que Merithyn forçait les sons. Le mot création aurait été trop dur pour qualifier l'instant où les mots se détachaient dans l'air, où ils se mêlaient pour former la mélodie.

Dawan resta un moment totalement immobile, à profiter de cette sensation provoquée par le chant. Il commença à écouter le sens des paroles vers le milieu de l'histoire, sans quoi il n'écoutait que la mélodie. Petit à petit, ses doigts osèrent mêler la harpe à la voix de Merithyn. Quelques sons esseulés, puis un véritable morceau, qui tentait d'aller au mieux avec cette histoire de chats. L'Enwr mettait toute sa concentration dans son travail, essayant de ne pas gâcher la chanson par son jeu. Ses doigts hésitaient, parfois, il lui arrivait de faire réagir la harpe un peu trop tard. Un air assez répétitif lui permettait de maintenir son attention sur le chant. Ce dernier était ce qu'il fallait écouter...

La voix de Merithyn se tut. Dawan laissa s'échapper encore quelques petites notes, puis fit se taire ses doigts, posa ses coudes sur ses genoux pour soulager ses bras. Il tourna vers le chanteur un regard brillant d'admiration et de reconnaissance. Il aimait que l'on se prête à ce genre de jeux avec lui, il était très touché que Merithyn ait chanté pour lui.
D'un signe de tête, il approuva à l'idée d'aller ailleurs, bien qu'il ignorât de quel angle parlait le baptistrel. Il lui emboita le pas. La foule ne le gênait pas, en temps normal, il n'éprouvait pas plus de honte devant cent personnes que devant une seule. Il appréciait néanmoins l'idée d'exclusivité. Et puis, Merithyn paraissait mal à l'aise devant tant de monde... Il fallait comprendre ces pauvres êtres: qui ne se serait pas avancé, charmé, par cette chanson ? Dawan, lui, en avait été assez transporté pour ne pas l'oublier.Il voulait faire pareil.
En chemin, il questionna Merithyn, à voix basse, comme s'il réclamait une confidence:

"- Merithyn ? Y avait-il de la magie, dans votre chant ?"
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MessageSujet: Re: Symphonie six pieds sous terre TERMINE Symphonie six pieds sous terre TERMINE Icon_minitimeSam 27 Sep 2014 - 19:51


L’harmonie magistrale, aux mirifiques nuances de soie et de velours, à l’ondoyante liberté d’un cours d’eau limpide de haute montagne et aux trémolos d’un oiseau rare et délicat… La perfection dans chaque note, rayonnante d’une vie et d’une beauté qui peinait pourtant à atteindre le cœur de celui qui produisait pareille symphonie. L’appel inconscient de cette voix, sa douceur et son attrait, comme un baume sur l’esprit et le cœur de tous. Il n’était guère étonnant que tant de mortels aient été attirés, comme de fragiles phalènes par la lueur d’une flamme… Il voyait le rêve dans leurs yeux, l’admiration, parfois la fascination, portés qu’ils étaient par les vagues de son chant, leurs esprits voguant sur les sentiers des songes éveillés que s’ouvraient à eux, leur permettant de contempler la ville contée, les chats aux poils luisant et la lente rivière qui poursuivait son éternel cheminement vers le golfe de Lun. Pourtant, bien loin de ces laies parfumées et ombrées, lui, bride de cette horde imbibée de rêves, se trouvait bien en peine d’éprouver la moindre satisfaction, le moindre bonheur devant ce spectacle pourtant proverbiale. Non, il ne pouvait éprouver le plus petit confort devant sa propre œuvre. Cette vision lui rappelait, implacable, la destruction de Dévoreuse et le blasphème qui présidait à toutes les catastrophes actuelles, tel le crescendo d’une funèbre composition… Non, tout chanteur qu’il fut, il ne désirait pas demeurer ici plus longtemps. D’ici peu le sortilège de sa voix magique se dissiperait et une sourde mélancolie remplacerait l’émerveillement. Il ne voulait pas en être témoin. Lâche souhait que celui-ci, il n’en avait aucun doute. Mais n’était-il pas déjà un être méprisable et méprisé ? Un brin de lâcheté ne saurait y changer quoi que ce soit. Tant en mal qu’en bien.

Aussi, l’agrément du jeune Enwr ne put que lui apporter un immense soulagement. S’éloignant de l’attroupement dont ils avaient été le noyau, le chantefeu guida son compagnon de mélodie sur les rivages déchirés du lac de Coeurempire, marchant près de l’eau jusqu’à atteindre une paroi et un très petit chemin de pierre serpentant contre elle et contournant les flots sombres et héraldiques jusqu’à une cavité de quelques mètres de large et de haut, nid singulier creusé là naturellement. Cultivant le silence de leur marche, il attendit d’être parvenu au sein de cette caverne réduite après avoir joué d’équilibre sur la sente réduite. Là, dans la solitude consommée de l’isolation, il put à nouveau respirer convenablement. Et ne s’en priva nullement, emplissant ses poumons avant de les vider complètement. Alors seulement, se tournant une nouvelle fois vers Sywel, brisa-t-il le vélin de son mutisme. « Se pourrait-il seulement, ô œil innocent, que tu ne saches pas encore ? » Question rhétorique que celle-ci, son interrogation, sincère et admirative, ne souffrait nul doute à ce sujet. Un bref sourire auréola son visage, l’illuminant comme une aurore d’espoir, brillante de l’or d’un soleil naissant, avant de replonger dans l’océan de la nuit, lorsqu’il le perdit. « Oui » répondit-il simplement. Oui, magie était son chant. Magie était son outil et sa compagne. Magie était son voile, son linceul… Magie oui, douce, immortelle, éternelle magie qui baignait ce monde et ses habitants. Et ses mots étaient également magie, douce et caressante, se glissant dans l’oreille et chatouillant l’audition de leur agréable tonalité… et transportant la certitude que son auditeur était le seul à qui ils étaient destinés.

« Mes paroles et mes chants sont magie. Ils l’étaient, auparavant, lors de mes jeunes années, mais bien davantage depuis… » Mais la suite ne vint pas. Il cessa, laissant le silence présider à nouveau, dans sa robe anthracite. Un long moment, il se refusa à briser à nouveau ce coton douillet. Et pourtant, au bout du compte, il le brisa effectivement, se résolvant enfin à cet acte de singulière destruction. Mais ce fut pour chanter à nouveau, comme si l’acte l’absolvait de toutes ses sombres pensées, de tout son désespoir… Il chanta l’union avec le feu, il chanta l’accession au titre de fondateur et ses cordes vocales détruites par la puissance sans pareille du chant premier. Il chanta la magie qui avait remplacé ce sacrifice et l’effet singulier qu’il avait sur son auditoire. D’une mélodie simple et légère, il parvint à transmettre tout ce qui avait présidé à l’accomplissement d’un tel phénomène mais, loin de désirer cesser sa mélopée, il la poursuivit simplement, invitant son auditeur dans le secret de son rythme et de ses notes.

« Toi, charmant jeune homme à la vièle enchantée,
Pour une brève saison du cœur, laisse-moi me reposer,
Dans l’ombre de ton esprit empreint de sérénité,
Allège ma peine, moi qui suis si désespéré,
De retrouver en la vie, l’ombre d’une félicité…
»

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MessageSujet: Re: Symphonie six pieds sous terre TERMINE Symphonie six pieds sous terre TERMINE Icon_minitimeDim 28 Sep 2014 - 0:31

À grandes enjambées rapides, Dawan suivait Merithyn. Il savait son envie de s'éloigner de la foule, aussi ne voulait-il pas le ralentir, ç'aurait été pour lui déplaire. Oh, Dawan ne cherchait pas spécialement à plaire à Merithyn, mais plutôt à ne pas lui être pénible. Il lui était reconnaissant. De sa voix, de sa ressemblance avec lui... Ce dernier point lui rappelait le jour où il avait mis les pieds pour la première fois au Domaine de la Rhapsodie. Outre le bonheur qui était intrinsèquement lié à ce jour-là, et cet événement, il avait aussi eu la sensation toute nouvelle d'appartenir à un groupe de personnes, qui lui ressemblait plus ou moins sur certains points, avec des objectifs plus ou moins commun, si l'on parlait des Enwr... Ce sentiment d'appartenance lui avait plu, là où d'autres auraient ressenti la peine d'une perte d'unicité. Dawan avait ressenti cet environnement un environnement qui lui était adapté, autant dans sa nature que dans les humains et elfes qui l'habitaient.
Naturellement, jamais il ne le dirait ni ne le songerait ainsi, pour la simple raison que l'idée d'un monde adapté le dépassait. C'était quelque chose de ressenti, et non réfléchi. De plus, il ne voyait aucun souci avec le reste du monde. Mais le Domaine, les baptistrel... C'était plus agréable. Des gens comme lui... Pour la même raison, Dawan aimait au cours de ses périples rencontrer des camarades bardes, ou de simples musiciens à leurs heures perdues. Les autres appréciaient, au mieux, la musique, mais ne pouvaient pas connaitre ce quelque chose qui poussait vers un instrument, ce quelque chose qui poussait à créer les sons, ce quelque chose qui transporte le musicien...

Dawan se sentait bien. Sans doute n'aurait-il pas su expliquer pourquoi. Où alors, il aurait mis cela sur l'unique compte de la voix de Merithyn. C'était réducteur. Merithyn n'avait pas fait que cela. Et il n'y avait pas que Merithyn en acteur. Ils arrivaient dans un coin de caverne étrangement un peu plus frais que le reste. L'ombre y était également un peu plus importante, elle reposait les yeux. La présence de l'eau produisait un son léger et régulier, des mouvements lents. De façon plus générale, la présence des éléments apaisait Dawan. Sa solitude avec Merithyn lui plut étrangement.
Aux côtés de son ami baptistrel, mon elfe prit place dans l'alcôve. Il l'observa respirer, le fixant de ses grands yeux gris sans se sentir impoli. On aurait it qu'il voulait graver ses traits dans sa mémoire, ou au moins cette image-là. Il aurait donc l'image de Merithyn, prenant une longue inspiration, après s'être enfin libéré de la foule. Oh, il n'était pas seul, certes. Encore que l'on disait souvent qu'être avec des personnes appréciées était aussi agréable et peu contraignant qu'être seul... Eh bien ! Heureusement que Dawan l'ignorait, ou du moins, ne le comprenait pas. Sans quoi il se serait senti apprécié, et assez flatté pour commencer à en perdre son... Mince, y a pas de latin sur Armanda. Bon. Il en aurait perdu son [insérez ici langue ancienne de votre choix].

Alors qu'il répondait à sa question, Merithyn offrit un court instant un sourire à Dawan. Mon elfe l'imita. Le même sourire. Mais il le garda. Pourtant, la réponse de son camarade elfe l'avait déstabilisé -bien joué. Il pencha lentement la tête sur le côté, ne sachant qu'éprouver. Oh, que son chant soit de magie ou de cordes vocales n'enlevait aucun mérite au baptistrel. Cela rendait simplement la tâche plus complexe à atteindre pour qui voulait l'imiter uniquement à la force de la vièle. Peut-être qu'il pourrait essayer, lui aussi, d'utiliser sa magie, pour jouer... Peut-être. Il n'avait jamais vraiment su comment s'y prendre. Il voyait mal comment Merithyn s'y prenait pour rendre son chant si... Si... Enfin. C'était comme s'il contrôlait le son lui-même. Non. C'était comme s'il contrôlait l'esprit des gens. Non. C'était comme s'il contrôlait le son et l'esprit. Non... Dawan ne savait pas ce qu'il en était.
Le plus jeune elfe entr'ouvrit la bouche, ses multiples questionnements lui faisant oublier de faire attention aux réflexes de son corps. Il écouta sans bouger Merithyn commencer une phrase... Puis s'arrêter, à nouveau. Oh. Il cherchait encore ses mots, il allait chanter ! C'était fort bien ! Dawan respecta son silence. Son sourire s'était agrandi, il avait hâte. Il s'assit par terre, en tailleur, ses mains posées sur ses chevilles. Son regard ne quittait pas le visage de Merithyn. Devait-il se concentrer ainsi avant chaque chant, pour qu'il produise les effets escomptés ? Dawan se balançait doucement d'avant en arrière. Il guettait l'instant. Le silence qui s'installait ressemblait à une porte ouverte sur le monde qui les entourait, avec les sons de la ville au loin, une sorte d'ultime mise en abîme. Une occasion de sentir comme le monde était vaste, avant de ne plus en avoir cure. Avant d'être aspiré ailleurs.

Cela ne manqua pas. Dawan ferma les yeux, à nouveau emporté par le chant. Il lui sembla que tout venait à lui, que ses oreilles n'avaient pas même besoin de chercher les sons, qu'il n'avait pas besoin de décrypter les mots. Il vit le feu, sentit sa chaleur contre ses joues. Il vit sous ses yeux le chant fondateur rassemblé, les cordes vocales de Merithyn qui se brisaient. Puis la voix, la nouvelle voix qui venait. Ah, quel beau sacrifice ! Il en valait la peine.
Et soudain, le drame.
C'était son tour.

Brusquement sorti de sa rêverie, Dawan se voyait remettre une tâche plus grosse que lui. Du moins, c'était ce qu'il croyait comprendre. Comment devait-il s'y prendre ? Il ignorait tant de choses sur Merithyn, il connaissait si mal les elfes... Oh, bien sûr il les avait observés, mais... Ce monde était encore si mystérieux. Comment pouvait-il offrir ce que le chanteur cherchait ? Il ignorait seulement quelle était sa peine, s'il pouvait l'en soulager un peu... Devait-il chanter, lui aussi ? Oh, non, non... Il chantait mal. Sa voix était pâle, à côté de celle de Merithyn. Elle n'était qu'un son, un son qui essayait de se rendre beau, qui voulait imiter la musique des instruments. Le son de sa voix se posait sur les oreilles, et non sur le coeur.
Dawan rouvrit les yeux. Il avait l'air un peu apeuré. Il porta sa main devant sa bouche et se mordit l'articulation de son index, en regardant ailleurs. Il allait décevoir Merithyn, il n'aimait pas ça, pas du tout, du tout... Il leva à nouveau les yeux vers Merithyn. Cette fois-ci, son regard était interrogateur. Il cherchait une réponse en lui. Peut-être la trouva-t-il. Sa main se dirigea vers sa vièle... Puis se ravisa. Non. Ce n'était pas cela. Il n'y arriverait pas ainsi. La vièle était une solution qui convenait la plupart du temps, mais pour Merithyn, ce serait insuffisant.
Finalement, sans raison apparente, et alors que Merithyn aurait pu commencer à se dire que Dawan n'avait pas compris, ou qu'il n'allait pas oser, l'Enwr se leva à nouveau, avec un fin sourire. Ses doigts effleurèrent , et il lui répondit, sur le même rythme que le sien:

"- La peine dont vous me parlez, j'aimerais l’alléger,
Mais je ne puis supprimer ce que je ne sais.
Au vu de ce que vous m'avez céans conté,
Je ne peux concevoir un pareil désespoir.
Vous êtes en ce jour ce que désirent mes espoirs,
Un avenir comme le votre, je serais comblé.

Néanmoins, je vous crois. Une telle peine me chagrine,
J'aimerais tant vous offrir ce que j'ai d'esprit.
Hélas, il n'est pas un havre de paix, oh, Merithyn.
Je crains qu'en lui vous ne trouviez aucun répit.

Les sentiments ne peuvent se forcer, ou mentir.
L'humeur est une sauvage bête sans pitié aucune.
Nous ne serons pas trop de deux, pour la chasser.

Accepteriez-vous de m'aider ?
Un bon sommeil vous serait profitable.
Ajoutons à cela un rêve éveillé,
Le monde sera déjà plus confortable.

Ainsi je pourrai vous montrer,
Cette part d'esprit qui semble vous attirer.
J'essayerai, je vous le promets
De vous transmettre cette joie que j'ai..."

Malgré lui, le rythme avait peu à peu changé, revenant vers quelque chose de plus rapide, un air qu'il connaissait mieux. Ses yeux gris pétillaient d'une lueur étrange, mais il paraissait encore intimidé. Il s'était rapproché de Merithyn, petit à petit. Ses mains se rapprochaient du capuchon de Merithyn, du côté de ses tempes. Il n'osait pas encore le toucher...

HJ:
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MessageSujet: Re: Symphonie six pieds sous terre TERMINE Symphonie six pieds sous terre TERMINE Icon_minitimeJeu 2 Oct 2014 - 17:55


Un bref mouvement de recul, fugace et à peine esquissé. L’espace d’un infime et éphémère battement de cœur. Presque invisible en vérité. L’angoisse fuyante de celui qui se sait dangereux pour les autres et voudrait leur éviter tout dommage. Pourtant, il ne se déroba pas davantage, tandis qu’il continuait d’avancer les mains. En lieu et place d’une retraite craintive, il fit descendre sa température corporelle et jugula le noyau de feu qui l’habitait. Ainsi, l’Enwr pu entrer en contact avec lui sans en subir de conséquences, s’épargnant par sa modération les profondes souffrances qu’il avait ressenti lui-même, par écho empathique, lorsqu’Aaron Dessay s’était carbonisé les mains en tentant de l’étrangler. Pourtant, ce fut de lui-même qu’il fit tomber sa lourde capuche d’étoffe enchantée, révélant la splendeur ondoyante de sa chevelure aux boucles paresseuses, retenues en un tressage elfique classique, sans prétention. Simplement utilitaire. Pratique, dans son dénuement. Rien qui puisse se comparer aux coquetteries des conseillers. Pourtant, l’or fondu des mèches scintillantes valait bien tous les trésors du monde. Un bref instant, il frémit, mal à l’aise à être ainsi découvert. Il n’en avait nullement l’habitude. Depuis des années, il vivait dans l’ombre de cette capuche et de la nuit… se découvrir, même sous des yeux bienveillants, lui semblait particulièrement étrange. C’était comme se mettre à nu, au sens premier du terme. Il observa cependant son vis-à-vis sans baisser les yeux, n’ayant jamais eu pour habitude de le faire devant qui que ce soit, qu’il soit mendiant ou empereur. Il cilla un instant, rompant l’observation silencieuse qu’il lui imposait pour balayer la cavité nue et lisse d’une œillade pensive.

Maîtrisant les mots et mélodies sans le moindre mal, il avait, certes, parfaitement saisi l’intention communiquée par l’Enwr. Désirait-il une telle chose ? Bonne question. Désirait-il se remettre si pleinement à lui ? Il avait aspiré à sa simple compagnie et à plonger dans les méandres de son chant-nom… Cette proposition le surprenait alors et il craignait, une fois de plus, de provoquer des souffrances inutiles. Que se passerait-il si la magie n’avait pas l’effet souhaité, ou s’il était si puissant qu’il ne pourrait pas s’en dépêtrer sans blesser celui qui la maniait ? Sywel pourrait-il seulement réussir un tel acte magique sans dommage ? Le souvenir de sa propre découverte de l’actuelle puissance démente de l’énergie lui revenait en cet instant… Inondé d’une magie pure, dirigeant l’ordre baptistral, il ne doutait pas de se voir épargner quelque potentielle lésion psychique. Mais cela ne signifiait pas qu’il échapperait à tout. Devait-il, en s’appuyant sur de telles incertitudes, refuser l’offre qu’on lui proposait ? Il en avait le droit, oui et sans doute la raison… Pourtant, ne pouvait-il lui faire confiance ? Il le pouvait, sans aucun doute. Si lui-même n’offrait pas cette chance, si lui-même refusait de se remettre à un pair, qui le ferait donc en toute sincérité ? Au bout de ce qui semblait-être un très long moment, il mit fin d’un geste à l’intervalle méditatif qu’il s’était accordé. Un simple hochement de tête, tout aussi furtif. Rapide, presque trop rapide en vérité. Mais il l’avait certainement remarqué. Lui laissant alors l’opportunité de prévoir ce qu’il désirait pour son intervention….

Il se laissa faire, de bonne volonté. S’installant sur une roche, pour ne pas tomber à terre s’il perdait le contrôle de ses muscles, en particulier ceux qui lui permettaient de tenir debout, bien entendu. Une fois installé, il détendit son esprit, abaissant sa vigilance et la dureté singulière qui enrobait sa volonté. La magie baptistrale qui l’entourait en permanence, en des vibrations aussi brûlantes que les flammes qui vivaient en lui, laissa une faille volontaire qu’il pourrait utiliser. Puis, la magie opéra finalement. Il ne bougea pas, confiant et détendu, le laissant l’entraîner dans le rêve qu’il désirait créer pour lui… Un rêve issu de son propre esprit, de lui-même. Il s’y était attendu bien sûr, le rêve éveillé lui était connu. Pour autant, l’image qui vint, quand bien même était-elle un rêve, fut un coup terrible à son cœur…. Il n’y avait rien de sensationnel à cette scène, rien de merveilleusement fantasque, d’illusoire, de fiévreux, dans l’absolue d’une réalité alternative, où l’esprit débridé jouissait de perceptions uniques. Le spectacle de son rêve était le plus simple qui puisse être, et à ses yeux, le plus agréable possible. Un simple champ, sans pompe, sans singularité, comme il en existait beaucoup sur la route entre Gloria et Aldaria, dans lequel il avait marché, quatre ans auparavant, et à ses côtés, allait Eliow, dans un silence relatif de nature apaisée.

Revoir la personne avec laquelle il avait voulu passer sa vie, qu’il avait perdu et que l’on avait utilisé contre lui pour le blesser, ne lui fit aucun bien, quand bien même il avait la certitude qu’il s’agissait effectivement de la plus belle chose qu’il puisse posséder et vouloir revoir, et rêver. Lorsqu’il revint enfin à la réalité, après ce qui semblait un très long moment de voyage dans cet étrange rêve artificiel, son expression était impénétrable et lointaine, ses yeux profonds mais ailleurs… En silence, il se releva simplement et sourit à Dawan, reconnaissant malgré tout. Puis il fit un pas, laissant ses prunelles caresser de leur lueur la surface de l’eau huileuse. Et soudain, la petite caverne dans la caverne, fut emplie par les ondes vibratoires d’une émotion profonde, qui ne faisait que le traverser, venue du plus profond de l’ailleurs impalpable. Indéfinissable, il ne les exsuda pourtant qu’un instant avant que tout ne redevienne silencieux et paisible. Soupirant, il croisa les bras, se serrant sur lui-même. « Voilà un beau présent » Beau oui, sans nul doute… « Je souffre pour ce monde en peine, empli du chaos que j’ai provoqué. Je souffre de mon propre esprit, qui se rebelle contre ses devoirs. Je souffre pour chaque blessé, pour chaque esprit en doute, pour chaque angoisse… pour cette canicule et ces tempêtes, ces tremblements de terre… Parce que tout cela est ma faute. Maintenant, vous savez. »

Tout cela est ma faute…

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MessageSujet: Re: Symphonie six pieds sous terre TERMINE Symphonie six pieds sous terre TERMINE Icon_minitimeSam 4 Oct 2014 - 15:21

Dawan marqua un arrêt dans son mouvement, surpris. Il ne s'était pas attendu à ce que Merithyn retire sa capuche. Ce qu'il savait de ce bas-monde lui avait permis de comprendre que ce maitre-là ne devait être touché à même la peau tant cette dernière était brûlante. Rien qu'en rapprochant ses mains, il avait en effet senti la chaleur... Désormais il ne la sentait plus. Le feu avait été avalé, ne restait que la chaleur ambiante de la caverne, qui ressemblait à de la fraicheur, par contraste. S'il avait imaginé que Merithyn puisse potentiellement accepter, rien ne l'avait préparé à ce qu'ainsi il se découvre devant lui. Aussi, avant même qu'il devine que Merithyn, plongé dans ses pensées, s'accordait un moment de réflexion, il ramena ses mains près de lui, comme un enfant prit en faute. La bouche entr'ouverte, il avait accroché son regard à Merithyn, comme s'il le voyait pour la première fois. C'était plus ou moins le cas, d'ailleurs, si l'on exceptait le peu que la capuche montrait de lui. ses yeux suivirent la courbe créée par le tressage, puis revinrent au visage songeur de son... Patient ? Interlocuteur ? Lui qui s'attachait peu aux images y trouvait pourtant de l'intérêt, à cet instant. Il craignait de le voir refuser, lui qui voulait tant l'aider. Mais il semblait si hésitant...

Ils en étaient là, avec Dawan qui se mordait nerveusement la main en dévisageant sans gêne Merithyn, quand le maitre fit ce très discret hochement de tête qui fit faire un petit bond au coeur de l'apprenti. Il acceptait ! Il n'y avait plus qu'à laisser la magie panser les plaies faites à l'âme de celui qu'il appela jadis Le Gardien...
Un doux chant empli l'air. Dawan le sentait à peine faire vibrer sa gorge. Il le produisait sans réellement en avoir conscience. Il se plaça face à Merithyn, observa un ultime moment le gris des yeux de son camarade elfe. Ses mains revinrent lentement vers ses tempes et, finalement, timidement, ses doigts s'y posèrent. Il ignorait à quoi s'attendre. Oui, ces derniers temps, il était plus aisé d'utiliser sa magie, mis est-ce que cela suffirait à "endormir" un mage bien plus puissant que lui ? En voyant Merithyn s'immobiliser, il n'eut plus aucun doute.
Un moment, il resta debout face à lui, craignant de le voir tomber. Mais comme le grand blessé paraissait bien installé, Dawan s'assit finalement près de lui. En tailleur, par terre. Il retira l'étui de sa vièle pour pouvoir s'adosser au mur. Un long moment il demeura ainsi, avec le chant qu'il produisait tout bas. Il séteignit peu à peu. Fréquemment, il jetait un coup d'oeil à Merithyn. Inquiet ? Un peu. Il avait hâte de le voir se réveiller, pour observer le changement.
Le temps se faisait long. La nature de l'apprenti baptistrel le rendait très patient, mais il n'empêchait qu'il sentait les secondes devenir minutes, puis heures. Les reflets sur l'eau du lac occupèrent un moment son esprit. Comme une vièle posée près de lui ne saurait rester longtemps inactive, cela se termina bien vite en mélodie. Une mélodie entre deux eaux, qui voulait être une berceuse, mais qui attendait avec impatience que la sieste se termine.
L'impossible arriva alors: Dawan se fatigua de jouer. Posant à nouveau son instrument, caressant le bout de ses doigts qui jouait avec les cordes, le plus jeune des deux elfes songea à imiter son aîné, puisque son sommeil paraissait devoir durer. Recroquevillé contre la pierre, dans une position qui ne le faisait pas glisser trop vite vers le sol, il fit de son mieux pour rejoindre le monde des chimères, sans y parvenir. Malgré lui, il rouvrait souvent les yeux, vérifiait que Merithyn n'était pas de retour parmi eux, toutes les minutes à peu près.

Quand Merithyn se leva à nouveau, Dawan sortit d'un seul coup de l'état de lenteur somnolente dans lequel il s'était plongé. D'un bond étrange mais réalisable, il passa de la position recroquevillée à une position accroupie, puis debout. Le bref sourire de Merithyn ne passa pas inaperçu aux yeux du jeune elfe, lequel afficha aussitôt le double de sourire. Il aurait voulu l'ensevelir sous les questions, savoir ce dont il avait rêvé, si tout s'était bien passé, mais rien ne vint. Pas la moindre parole. Les mots se bloquaient dans sa gorge. Etait-ce parce qu'il savait qu'il vivait un moment où le silence était loi, ou parce qu'il ne parvenait pas à parler... Lui-même n'aurait su le dire.
Lentement il vint à nouveau aux côtés de Merithyn, face aux eaux du lac. Ce rivage, il croyait le connaitre par coeur, après l'avoir autant observé. Un frisson le pris. Quelque chose dans l'air avait changé. Il n'aurait su dire ce que c'était, cela venait juste mettre du désordre dans ses émotions. Il ne savait plus exactement ce qu'il ressentait. Quelque part, cela le prépara à ce qu'allait dire Merithyn, il n'allait pas tomber de trop haut. Un regard en coin, il vit en effet que son confrère ne paraissait pas plus heureux que cela. L'expression de Dawan se changea en une mine inquiète. Il se pinçait les lèvres. Les mots, hélas, ne le surprirent pas.

Ces mots furent suivi d'un silence, durant lequel Dawan chercha ce qu'observait Merithyn au milieu des ondulations de l'eau. Il avait échoué, c'était bien sa veine. Toutes ces heures passées à attendre... Pour rien. Et il ne savait pas quoi faire. Il se sentait comme une petite chose inutile. Un court instant il se demanda si les humains ressentaient cela, de part leur faible espérance de vie. C'était ridicule. Nul besoin de temps pour être utile, et un humain aurait très bien pu se débrouiller mieux que lui.
Sans qu'il s'en rende compte, il se balançait d'avant en arrière. Ses lèvres remuait, aucun son ne venait. Oh, si, à un moment, Merithyn put l'entendre susurrer deux ou trois vers d'une chanson traditionnelle vieille comme le monde, où le guerrier mourrait une fleur à la main. Son regard revint vers le visage de Merithyn, remonta le long de la ligne de sa mâchoire jusqu'à ses cheveux. À quoi ressemblait leur couleur, quand le bleu et l'ombre n'y apportaient pas de nuances ? Le long des cheveux, jusqu'au front. De la tempe à la ligne des sourcils, des sourcils en un rond vers les joues, le sillon labionasal, et les lèvres. Et un Merithyn sans ennuis, à quoi cela pouvait ressembler ? Dawan regretta de ne pouvoir toucher Merithyn sans risquer de se brûler. Il lui semblait, allez savoir pourquoi, que frôler le bras de Merithyn lui ferait savoir combien ses inquiétudes étaient communicatives, et vaines. Combien il était ridicule de se morfondre ainsi, et nécessaire de se tourner vers l'avenir. Mais Dawan osait assez peu les contacts physiques, quand la musique ne les obligeait pas.
De plus, il sentait que ce n'était pas ces mots-là qu'il fallait. Ceux-là, Merithyn pouvait très bien les penser tout seul, il était grand.

"- Peu d'entre nous peinent à souffrir. La peine vient si vite qu'une aide est rarement requise."

Sa voix était comme expirée. Un soupir. Pour rappeler à Merithyn que les gens savaient souffrir sans problème lorsqu'il le fallait, que souffrir pour eux n'était pas nécessaire, et ne les rendrait ni plus heureux ni plus malheureux. Dawan fixait désormais le poignet son interlocuteur. Il aurait voulu l'attraper.

"- Une faute ne vient jamais d'une unique personne. Un événement n'est jamais dû à une seule personne. Nous vivons un enchevêtrement d'actions et de personnes, et ce que vous avez fait, vous le devez à votre passé entier, à tous ses acteurs, et à ceux qui étaient là indirectement. Peut-être ai-je également ma part de culpabilité dans vos actes."

Qu'il était bon de nier le libre-arbitre dans ces conditions ! Mais Dawan savait pertinemment que cela ne convaincrait pas un esprit tel que celui de Merithyn.

"- Vous êtes peut-être l'élément final, le déclencheur. Mais vous n'êtes pas que cela. Vous êtes le soigneur des blessés, vous êtes mieux que moi capable d'apaiser les maux. Vous êtes Merithyn, vous l'avez dit vous-même. Comme tous les elfes, vous ne sauriez vous résumer à une faute."

Il aurait aimé s'arracher la voix, à son tour, tant ses propres mots lui déplaisaient. Non, non ! Ce n'était pas cela qu'il fallait dire ! Il le fit, d'ailleurs. Sa main vint se porter à la hauteur de sa gorge, comme s'il avait voulu s'étrangler. Fort heureusement, il eut assez d'esprit pour ne pas le faire. Le silence revint, et il regardait au-delà de Merithyn.
L'Enwr crut alors savoir sur quoi il devait se concentrer. Rien, aucun mot ne pouvait ramener Merithyn à la raison. On ne change pas d'humeur sur une simple pensée. Quelle étrange chose, quand même, que la raison ne puisse se faire entendre aux sentiments, quand ces derniers écrasent si facilement la raison ! Merithyn souffrait, cela ne pouvait se nier ni s'effacer. Pas grâce à une tierce personne, pas comme cela. Au fond, qui n'aurait pas été dans le même état, en déclenchant pareils cataclysmes ? Dawan baissa les yeux, les ferma un moment. Oui, c'était somme toute l'ordre des choses, nul ne pouvait en vouloir au maitre baptistrel. Lui, en tout cas, ne lui en voulait pas. Pas même pour les cataclysmes. Il revit un instant l'image de sa soeur qui, riant, lui demandait s'il avait déjà ressenti de la haine, ou quelque autre sentiment négatif envers une personne. En y réfléchissant, il lui semblait que cela n'arrivait pas. Ou peu. La colère et la rancoeur n'étaient pas de son domaine. Pas envers les autres, en tout cas.
Sa main se détacha de sa propre gorge. Oui, il avait failli à rendre Merithyn heureux, il n'y arriverait sans doute pas. Mais il voulait faire tout son possible. Se redressant, il inspira profondément. Sa vièle était loin. Par terre, là-bas. Il aurait eu besoin d'elle, pour s'exorciser un peu. De mémoire, il ne connaissait pas de sort à sa portée capable d'offrir au maitre baptistrel quelques instants de repos, en lui permettant d'emprunter un moment l'âme et le corps d'une tierce personne. Nul doute que vivre à nouveau quelques instants la vie d'un apprenti de cent quarante ans à peine aurait été un bel instant de répit. Dans ces moments, tout petit repos pouvait être bienvenu. Il avait bien une idée... Peut-être que Merithyn comprendrait. Ou aurait une autre idée.

"- Vous vouliez vous reposer à l'ombre de mon esprit. Il est vôtre. Agissez comme il se doit."
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MessageSujet: Re: Symphonie six pieds sous terre TERMINE Symphonie six pieds sous terre TERMINE Icon_minitimeMer 8 Oct 2014 - 23:16


Contraint à l’honnêteté, il aurait pourtant aspiré à lui mentir et à lui certifier que son acte avait été le bon, apportant la quiétude que réclamait son esprit si las de l’existence. Pourtant, il n’avait pas la possibilité d’agir ainsi. Il le décevrait certainement mais sa sincérité et sa bonté méritaient, en fin de compte, la vérité, qu’elle soit belle ou hideuse, douce ou amère. La vérité avait été, et serait jamais, le seul bien et le seul trésor qu’il pouvait offrir aux autres et ce sans compter. Il n’avait pas jouit de cette vision comme il l’aurait dû, comme il l’aurait fait voilà quelques années, dans l’écrin d’une jeunesse qui avait perdurée au-delà de son temps, comme une floraison tardive et impérissable. Elle périssait pourtant à présent, brisée, volant en éclat dans le silence fracassant de ses propres et intimes constatations, motivées par nul autre que lui-même… Mais n’avait-il pas été, de tout temps, son propre bourreau ? Personne ne lui infligerait pire supplice que ce que lui-même pouvait se dédier. Mais sans doute était-il également vrai que personne ne le jugeait correctement. Pourtant si les autres avaient pu avoir une infime part de responsabilité dans ses actes, il admettait tout de même qu’il était le principal responsable et qu’il avait choisi sa voie en connaissance de l’ampleur des conséquences. Pas de leur nature exacte, mais de la portée qu’elle aurait forcément. Il assumait. C’était sa faute, à lui et à lui seul, au final, aucun d’entre eux n’avaient tenu la ligne, porté le coup final… c’était lui et personne d’autre. Si son être ne se résumait pas à une faute, ses actions passées n’excusaient pas davantage cette faute. Chaque acte devait être jugé pour ce qu’il était, indépendamment des autres. Aujourd’hui ce qui faisait tribune contre lui, c’était bien cette faute, justement et si on ne pouvait l’y résumer, cela ne manquait pourtant pas de motiver l’intégralité du chaos alentours. Il était responsable et cela le peinait que d’avoir provoqué pareille catastrophe. Il l’observa encore, son regard ne vacillant même pas, alors qu’on lui proposait le recueil de son esprit. Puis il éleva une main pour lui caresser la joue, diffusant sous la peau elfique, un pétale de chaleur qui se distillait comme l’effet d’un alcool puissant, réchauffant lentement.

« Vous n’êtes nullement responsable » dit-il simplement, affirmant sans autorité superflue et sans force de persuasion fanatique, simplement convaincu de ce qu’il affirmait, parfaitement conscient et objectif de la portée de ce qu’il formulait. Parlait-il simplement de ce que l’Enwr avait observé un peu plus tôt, ou était-ce destiné à chasser son impression d ‘échec au sujet du sortilège de rêve éveillé. Pour autant, il ne s’avança pas davantage, offrant la possibilité à son interlocuteur de choisir la manière dont il interprèterait ces quelques mots. Il lui offrait en cet instant son esprit en refuge mais à bien réfléchir, il ne désirait pas le blesser ou le souiller de sa morosité résignée… Cependant, sa bonne volonté était un fruit défendu dont il goutait avec timidité les possibilités, étranger à une telle bonté qu’on lui dédierait. Comme une souris à qui on aurait annoncé qu’elle pouvait manger toute la fromagerie, il se retrouvait interdit devant les possibilités offertes, comme si cela restait totalement impensable… Et de fait, il n’avait nullement le droit de bénéficier de telles largesses. Il était bien indigne d’une quelconque faveur et encore davantage de la part de quelqu’un d’aussi bon. D’ailleurs pourquoi le proposait-il ? Merithyn aurait voulu croire qu’on lui demanderait quelque chose en retour, ou qu’on cherchait simplement à conforter l’image du Gardien qu’il était, non l’elfe derrière cette illusion. Personne ne l’avait jamais fait avant cela non ? Alors pourquoi cela commencerait-il maintenant… Il ne comprenait tout simplement pas. Mais s’il ne pouvait bénéficier d’une quelconque paix intérieur, d’un quelconque répit, il y avait effectivement un petit quelque chose qu’il pouvait peut-être lui demander. En espérant que cela ne serait pas mal interprété évidemment. « Il y a quelque chose qui me ferait grandement plaisir, si vous acceptiez de me l’offrir » Il se doutait qu’il accepterait. Il n’avait pas vraiment de raisons de refuser, après lui avoir proposé son esprit comme refuge.

Il eut un petit sourire en coin, dépourvu de malice mais faiblement amusé, et se glissa contre lui en le serrant dans ses bras. Une étreinte, rien de plus. Depuis quand ne l’avait-on pas serré dans ses bras ? Eliow avait été le dernier à le faire… mais ce n’était pas la même étreinte. Car Eliow était unique. Pourtant cela ne l’empêcha pas de soupirer et d’en profiter un peu, sa prise pourtant légère, comme s’il s’attendait à tout instant à devoir le relâcher. Fermant un instant les yeux, il resta là, petite flamme chaude à la lueur tremblotante, silencieuse. C’était peu de chose qu’un tel geste. Et pourtant à ses yeux, c’était un très beau présent, et d’une immense rareté. Simplement le gage de la mortalité, de l’imperfection. Simplement le gage qu’il n’était pas cette image de perfection que tous désiraient, qu’il pouvait lui aussi, être soulagé et consolé. Qu’il n’était pas inaccessible.
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MessageSujet: Re: Symphonie six pieds sous terre TERMINE Symphonie six pieds sous terre TERMINE Icon_minitimeJeu 9 Oct 2014 - 23:34

Les yeux gris de Dawan cherchaient à décrypter Merithyn, cherchaient quelque chose dans ses traits qui aurait pu l'aider. Un indice, quelque chose, même infime. Pourtant, l'Enwr n'aimait pas se fier à ses yeux. Même en les utilisant, Merithyn lui paraissait brusquement indéchiffrable. Y avait-il un voile qui venait de tomber autour du joueur de vièle, l'empêchant de saisir le sens de ce monde ? Il n'aimait pas cette sensation. Elle arrivait trop souvent. Imperceptiblement, il se mordit la lèvre. Leurs corps étaient des prisons, de vraies prisons. Tout serait si simple si les esprits pouvaient communiquer directement les sensations ! Il était certain qu'ainsi, il aurait consolé Merithyn au-delà de ces espérances. Il n'aurait pas face à lui ce visage qui lui faisait tant de mystère, ces yeux qui n'apportaient pas de réponse.
Le plus jeune des deux elfe cessa de se mordre la lèvre, et parut se figer un moment, lorsque Merithyn leva sa main et la rapprocha de lui. Alors il ne voyait plus vraiment le monde, focalisé sur la sensation de chaleur qui se répandait peu à peu. Plus chaud que la canicule, sans être brûlant. Ç'aurait dû être désagréable. Dawan y vit plutôt quelque chose de positif, lui qui venait de rêver de pouvoir transmettre directement les sensations. La chaleur était bien peu complexe, en comparaison avec les sentiments humains, pourtant cela le toucha aussi bien. Les mots paraissaient tellement plus explicites, désormais, malgré leur ambiguïté ! Dire que lui peinait à s'exprimer en bafouillant moult phrases... Merithyn n'avait que quelques mots à prononcer, un peu de chaleur à offrir Peut-être était-ce là la différence entre un Cawr et un Enwr. Dawan avait tant à apprendre...
Pas responsable. Quelle ironie... Alors que l'apprenti voulait consoler le maitre, il se retrouvait consolé. Il n'en avait pas besoin. Sa peine, à lui... Bah, quelle importance ! Il était plus important de soigner l'esprit de Merithyn. Son chagrin était plus important... Etait-il en train de lui montrer la procédure à suivre pour l'aider à se sentir mieux, volontairement ou involontairement ? C'était bien possible, mais Dawan doutait en être capable. Il n'avait pas le même lien avec le feu, sans quoi leurs contacts seraient plus aisés, assurément. Pas responsable... Il ne le ferait pas croire à Dawan. Il était un responsable sans culpabilité, ce n'était pas mieux. La main se retira de sa joue. Par Dracos. Par ces températures, jamais il n'aurait cru qu'un peu plus de chaleur lui ferait du bien. Merithyn avait vraiment réussi à lui retirer une part de ce poids qu'il ressentait face à son échec, et ramené en lui un peu d'espoir. Dawan ne s'était rendu compte de rien.

Ainsi quand le Gardien lui annonça qu'il y avait bien quelque chose qui pouvait lui faire plaisir, son jeune camarade sentit à nouveau un peu de joie en lui. Il s'apprêtait déjà à accepter, à réclamer. Un fin souire s'était à nouveau dessiné sur ses lèvres. Celui de Merithyn lui parut être un écho.
Si Dawan avait eu de meilleurs réflexes, il aurait reculé, en voyant le maitre s'approcher autant de lui. Par simple habitude. Habituellement, les gens qui s'approchaient autant de lui insinuaient qu'il devait se pousser. Son esprit ralenti par la réflexion n'avait pas songé à ce mouvement assez tôt. Il ne s'activa à nouveau qu'en comprenant que Merithyn le tenait dans ses bras. Alors sa première réaction fut de douter de la réalité de la scène, quand bien même la sensation du contact était bien présente. Pour sa défense, sa dernière étreinte devait avoir eu lieu il y a plus d'un demi-siècle. Oh, même le simple contact que Merithyn avait osé sur sa joue, il n'en avait pas connu depuis un moment. C'est que... Les gens paraissaient plutôt éviter de le toucher. Alors que l'on ose ainsi s'approcher de lui... C'était beaucoup lui offrir. C'était notamment lui offrir l'idée que peut-être certains êtres le regardaient autrement. Surtout, cela voulait dire que les contacts de ce genre n'étaient pas inaccessible. Merithyn n'aurait pu envoyer de message plus positif, plus généreux en espoir.
Alors, sans se soucier de la demande de Merithyn, Dawan y répondit néanmoins, passant ses bras autour des épaules du maitre baptistrel. Comme il paraissait réel, tout à coup ! Un vrai petit elfe, avec un vrai petit corps, des os et de la chair. Pas uniquement ce personnage plus ou moins légendaire. Il sentait même ses cheveux lui chatouiller le bas du visage, et la légère chaleur qu'il dégageait. À son tour,il ferma les yeux. Son souffle était étrangement calme. Il se sentait bien. Mais son esprit, son maudit esprit, l'assaillait encore de questions. Merithyn faisait-il cela avec beaucoup de gens ? Ou était-ce un privilège, pour lui ? Non, c'était surréaliste. Pourquoi lui, Dawan Sywel, l'enfant spécial, aurait eu un privilège de ce genre ? Il remarqua que son étreinte était plus ferme que celle du maitre. Comment se sentait-il ? Peut-être que l'apprenti s'y prenait mal. Oh, cela faisait si longtemps qu'il n'avait pas offert d'étreinte, il n'aurait su véritablement dire quelle était la façon orthodoxe de s'y prendre. Soudainement, il fut à son tour tout mal assuré. Dans le doute, il utilisa sa méthode d'apprentissage favorite, celle qui avait toujours fait ses preuves: il imita Merithyn. Ses bras vinrent s'installer au même endroit que les siens, il essaya de rendre sa prise aussi légère. Cela fonctionna, plus ou moins... Rassuré, il osa enfin profiter de la situation. Poser plus ou moins sa tête contre celle de Merithyn, soupirer, et s'immobiliser enfin, gamin remuant qu'il était.

Il lui vint à l'esprit que Merithyn ne resterait pas éternellement ainsi. Il allait partir, et il allait à nouveau devoir attendre un demi-siècle, un siècle, avant que quelqu'un daigne à nouveau le regarder ainsi. Une pointe de tristesse enfonça légèrement le bout de ses doigts dans le dos de Merithyn. Son aîné savait-il déjà qu'il était quelqu'un de spécial aux yeux de Dawan ? Ce n'était pas un titre connu pour être flatteur. Mais tout de même... Il venait de passer de "maitre légendaire" à "maitre légendaire et personne exceptionnelle".
Sans hâte, il rouvrit les yeux. Ils étaient toujours seuls. Lui, et la petite flamme qu'il avait dans ses bras. Le maitre, l'Âme de feu, qui au final n'avait demandé qu'une étreinte. S'il n'y avait vraiment que cela pour lui faire plaisir, Dawan était prêt à intervenir sur un coup de sifflet pour subvenir aux besoins du baptistrel enflammé. Encore fallait-il que cette fois-ci, il sache convenablement s'y prendre. Quelle honte ç'aurait été de ne même pas savoir prendre un être vivant contre soi...

"- Merithyn..?"

Il regretta immédiatement d'avoir murmuré son nom. Parce qu'il n'y avait rien à dire ensuite. Ses lèvres remuèrent sans qu'aucun son ne sorte. Rien de ce qu'il ne pensait ne pouvait être prononcé. Il voulait demander à Merithyn de ne pas l'utiliser comme un objet, et l'oublier définitivement d'ici quelques minutes. Il voulait lui exprimer sa reconnaissance, lui dire qui il était pour lui. Ce serait mal interprété, fatalement, il le savait. Il aurait pu lui demander, aussi, s'il s'y prenait bien... Il aurait aimé lui assurer être toujours à sa disposition pour une étreinte dérobée au temps, ou pour n'importe quel autre service. Ou juste lui dire qu'il aimait beaucoup sa voix. Il l'avait déjà dit... Il se trouvait l'air bête, pour le coup. Il raffermit son étreinte.

"- ...Tout va bien ?" demanda-t-il, d'une voix timide.

De toute évidence, ç'avait été une erreur de jadis retrouver l'usage de la parole. Il était toujours aussi incapable d'en user de façon convenable. "Tout va bien". Il savait très bien la réponse. Ce n'était qu'une façon détournée de réclamer des informations sur l'état d'esprit de Merithyn, quand bien même il aurait pu le deviner, à la petite présence contre lui.
Il le libéra un peu, maintenant ses bras autour de ses épaules. N'osant se détacher, pour ne pas l'abandonner.
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MessageSujet: Re: Symphonie six pieds sous terre TERMINE Symphonie six pieds sous terre TERMINE Icon_minitimeDim 12 Oct 2014 - 18:09


Le geste était étrange et étranger, un geste sans doute vain, comme s’il tentait de monter un pauvre barrage de fortune pour contrer l’imminence d’une inondation que noierait l’entièreté de son âme dans un flot saumâtre. Et pourtant, pareil à ce frêle esquif allant au-devant de la tempête, le geste qu’il s’était octroyait était d’un traitre et illusoire réconfort. Il ne pourrait étancher la souffrance de son être, et sans doute rendrait-il le poids de ses soucis plus intense encore, comme une cangue que l’on relevait un instant, avant de la laisser retomber de tout son poids, écrasant celui qui en était victime. Qu’importait. On exigeait de lui la perfection bienfaitrice, mais il n’était qu’un mortel. Et à ce titre, il avait parfois besoin d’agir sottement, et rechercher la satisfaction immédiate plutôt que celle à long terme. Ne pas penser au lendemain, penser simplement à la lourdeur du présent, à ce qui étreignait son cœur… S’il avait seulement pu, il en aurait parlé avec Lorenz ou Korentin, pour essayer de s’en soulager. Ou simplement pour s’entendre dire qu’il était idiot de penser ainsi. Même le renâclement méprisant de son frère d’âme lui aurait été un secoure, tant que l’on réagissait à ses propos. Mais non il ne voulait pas déranger, il en avait déjà bien assez fait… Et même imposer son caprice à Dawan lui était difficile, et seulement adoucis par la certitude qu’au final, le jeune elfe en avait autant besoin que lui, bien que d’une autre façon. Plus profonde sans doute, plus lancinante. Depuis plus longtemps. Et ainsi, presque sans qu’il le remarque, naturellement, il retombait dans ses cycles habituels, à la simple sensation de tout ce que son geste ravivait chez son interlocuteur. Dès l’instant où il percevait ses ondes, ses pensées, et espoirs autant que ses aspirations ou ses doutes, ses peurs… oui dès cet instant, il ne s’agissait plus du tout de lui mais bien de l’autre, qu’il lui fallait aider autant que possible, en dépit sans doute de son propre bien être. Mais en un cas pareil, c’était acceptable. C’était naturel. Pour quelqu’un d’autre, il n’avait aucun remord à ne plus penser à lui-même… Il voulait aider, voilà tout.

Et pourtant il patientait encore. L’étreinte en elle-même était un début de réponse, à la fois intimidante et douce. Il n’osait le serrer davantage car s’il était tactile, il était surtout entouré d’individus qui, eux, ne l’étaient nullement. A bien y réfléchir, il ne savait plus trop comment étreindre avec simplicité, mais son sens de l’innée et sa sincérité y pourvoyait pour lui. Savoir que ce geste-là pouvait faire du bien à un autre que lui l’apaisait bien plus que tous les rêves du monde. Il le sentit poser sa tête contre la sienne et eut un reliquat de sourire désuet alors qu’il attendait simplement dans ce calme étrange et perturbé. Sans bouger, il resta ainsi un long moment, jusqu’à ce que la voix de l’Enwr ne brise le silence et le fasse revenir à la réalité. Il releva le nez pour l’observer en clignant légèrement des yeux, une interrogation muette au fond de ses prunelles. Que se passait-il ? Attendant la suite, il ne put s’empêcher de pouffer sensiblement en le voyant chercher quelque chose à dire et quand finalement il parvint à émettre de nouveau un son, c’était pour une question qu’il allait sans doute finir par définir comme le summum de la stupidité. Que n’avait-on idée de demander à quelqu’un si ça allait en pareille situation. Oui définitivement, elle était universellement la question qu’il détestait le plus lorsqu’il en était la cible. Néanmoins elle partait d’une bonne intention, aussi n’allait-il vraiment pas s’en offenser. Comme s’il était capable de s’offenser de toute façon… Enfin, il ne s’était pas cru capable d’être en colère non plus et il avait pourtant réussit à l’être alors il ne fallait jurer de rien. Il sourit. « Mieux qu’avant, pire que plus tard, sans doute… mais je vous remercie néanmoins, pour l’instant cela m’a un peu apaisé » Lui-même ne bougea pas plus de sa position. Il attendit un peu plus, et l’observa, autant par les vibrations que par le regard. Oui, ce n’était pas sottement dit. Sywel ne méritait vraiment pas qu’il le piqua ou qu’il l’ignora…. Bien au contraire. Il était ébréché, lui-aussi. Peut-être était-ce pour cela qu’ils s’entendaient si bien. Ou peut-être était-ce encore une douce illusion.

Après un moment, il reprit la parole. « Même si je pars, ça ne veut pas dire que vous serez seul, ni que je ne reviendrais pas. Nous nous reverrons après cette journée et mes pensées vous accompagnerons entre temps » Il soupira légèrement. « Et non, je n’ai pas l’habitude de ce genre de contacts. En général, les personnes qui m’entourent n’aiment pas être touchées… Je n’ai guère eu de contacts physiques qu’avec mes patients depuis… » Depuis Eliow. Il s’interrompit, baissant les yeux avec nostalgie et tristesse. « Je vous remercie, de penser vouloir accourir si j’en avais besoin. C’est sans doute idiot, mais je me sens comme un assoiffé au milieu du désert, découvrant enfin une source d’eau. Mais je ne vous utiliserais jamais comme un objet… pas plus que je ne vous oublierais. C’est impossible même si par quelque étrange décision du sort je venais à le vouloir. Jamais je n’oublie quelqu’un et encore moins quelqu’un m’ayant accordé autant. N’ayez crainte » Il lui caressa de nouveau le visage, en relevant le sien comme une aube discrète, avant de le serrer de nouveau entre ses bras. « Mais ne me lâchez pas encore… Ne rendons pas encore au temps ce que nous lui avons dérobé. Pour tout ce que nous lui sacrifions, n’est-ce pas notre droit que d’aspirer à un fragment d’éternité ? » Il serra plus fortement.

Ne me lâchez pas….

Et, silencieux dans la caverne, isolés, reposaient leurs deux êtres comme des graines de temps balayées d’un revers par le jaune vieillard et son sablier.

Supplique muette, aux notes lancinantes, qui jamais n’exprime sa souffrance, de ne trouver échappatoire, à un destin sans espoir.

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