La monture Alayienne peinait sous lui, et son pas sans cadence le conduisait à une allure réduite vers l'objectif fixé. Il avait refusé de prendre une des montures de sa propre cité, ne souhaitant nullement la perdre dans une échauffourée quelconque, du moins pas pour si peu. Aussi devait-il se contenter de ce destrier là, allant avec la division chargée de lui obéir pour ce fameux test. Lyra voulait qu'il prouve ses dires et son intérêt ? Et bien il allait le prouver, n'ayant de toute façon pas le choix que d'aller dans son sens pour le moment. Et puis bon, puisqu'il fallait faire un sacrifice, autant qu'il soit elfique et pas humain, les mangeurs de salades auraient au moins une utilité de cette façon là, puisqu'ils étaient totalement incapables de faire autre chose que jouer les plantes décoratives lorsqu'eux mourraient contre les vampires. Tout comme il avait abattu le traître Elaneen sans l'ombre d'une hésitation, il n'hésiterait pas non plus à piocher dans la quantité négligeable qu'étaient les elfes pour assurer une possible supériorité à son peuple par la suite. Il ne devait rien aux elfes, créatures sans importances et condamnées dans un monde qui n'était déjà plus le leurs depuis bien longtemps.  Toute cette guerre sonnerait très certainement leurs glas... et y participer apportait, il devait l'admettre, une certaine satisfaction perverse. Mais ça, il le taisait et n'en parlait pas, après tout les humains étaient les alliés des elfes, et certains tenaient encore à cette soit-disant alliance... alliance à sens unique cela allait sans dire. Qu'est-ce que les elfes apportaient réellement ? Ils n'avaient pas envoyés de troupes, ils n'avaient pas envoyés de mages... ils se terraient dans leurs forêt, en attendant que les humains meurent pour eux, pour protéger les lambeaux d'une civilisation poussiéreuse et dépassée, qui se complaisait dans la sénilité et dans une arrogance issue d'une gloire fantôme, révolue... Révolue, voilà ce qu'étaient les elfes, et bientôt morts si le destin avait un tant soit peu de clémence. De quelle main, cela importait peu, mais que le chancre elfique soit enfin débarrassé une bonne fois pour toute de la surface d'Armanda... cela ne pouvait qu'être bénéfique à tout le monde.

Hélas, ils n'en n'étaient pas encore là. Pour l'instant, il s'agissait simplement d'un pas suivant dans l'accession aux informations et aux prérogatives qu'il convoitait pour de multiples raisons, et qui le poussait à participer à cette entreprise qu'il soutenait au demeurant de tout son cœur. Brûler la forêt... mais en voilà une bonne idée ! Certes, la perte de la végétation en elle-même était regrettable, il s'agissait d'un patrimoine important de ces terres, mais la perte que cela représenterait pour les elfes serait potentiellement fatale, si ils parvenaient à leurs fins. Au demeurant, il ne pensait nullement que les elfes laisseraient faire, ou resteraient cette fois sans réaction.... le tout étant de savoir à quel point ils réagiraient. Mais après tout, c'était là les hommes de Lyra, non les siens propres, n'importe quelle issue serait appréciable à l'affaire : Des elfes en moins, ou des Alayiens en moins. Ou mieux, les deux, mais il ne croyait pas à une telle chance. C'était dans cet esprit là qu'il restait loin de la tête de colonne, pas pressé pour un sous d'entrer sous le couvert des arbres. En lieu et place d'une telle position, il se tenait sur l'un des flancs tandis que les Alayiens se déployaient, et montaient leurs machines. Les lanceurs de glaives mobiles étaient une addition fort bienvenue à une telle troupe, encore qu'il se demandait comment ils feraient pour éviter d'embrocher au passage leurs propres piétaille. Toute cette expédition ressemblait davantage à un test grandeur nature qu'à une véritable attaque, mais cela dit, ils pouvaient se permettre de perdre quelques hommes au vu des résultats obtenus jusque là....

La nuit se refermaient sur eux. Lorsque le soleil se glissa hors de vu, il sentit un léger picotement et baissa les yeux sur ses mains pour les découvrir absente. L'effet de son totem venait de s'activer, comme toutes les nuits depuis qu'il était père, sans qu'il le désire, et volait sa vue à quiconque posait les yeux sur lui. C'était certes extrêmement pratique, d'un certain coté, mais d'un autre cela compliquait grandement tout ce qui se déroulait après le coucher du soleil, et dans maints domaines. Pour cette fois cependant ce serait une bonne chose, puisqu'il pourrait au besoin se faire la malle sans trop de problèmes. Mais en attendant, il observait une longue langue de feu, tel un serpent de lucioles, prendre vie contre la barrière des arbres. Elles étaient des dizaines, peut-être des centaines, de torches, prêtent à embraser la végétation, et à déclencher les hostilités. Il vit les chefs de divisions alayiens se tourner vers lui et grimacer, et un maigre mais sinistre sourire vint fleurir sur ses lèvres, sardonique au possible. Et bien oui, il n'était plus visible, quand bien même il le voudrait, son totem le servait toujours, et il bénéficiait de ses pouvoirs.... Tant pis pour eux, ils devaient le supporter, puisqu'il avait l'intérêt de leurs générale. Aucun d'eux n'iraient discuter les ordres de Lyra après tout. A quel point cela les frustraient-ils de devoir prendre des ordres auprès d'un Armandéen à la conversion encore trouble ? Certainement beaucoup, et il trouvait ça particulièrement amusant. Il ne manquait d'ailleurs pas de glisser deux ou trois allusions histoire de les voir grimacer encore davantage. Dans le cas où il accepterait réellement d'être adoubé serviteur du néant, il prendrait sans aucun doute un malin plaisir à faire peser son nouveau statut, au demeurant plus probant que le leur.

Mais tout ça était hypothétique et grandement indéfinie pour l'heure. Aussi il prit le partit de leurs donner le signal qu'ils attendaient. Les feus prirent, les glaives sifflèrent... a partir de cet instant ils n'avaient guère besoin de lui. Tout serait une question de réactivité elfique. Lui fit simplement tourner bride à sa monture en compagnie de deux soldats et s'éloigna pour observer les alentours dépourvu de luminosité, en dehors des deux torches de ses gardes. Gardes qui chevauchaient cotes à cotes, lui sur le coté, pas pressé de se trouver prit en tenaille entre deux Alayiens tout alliés qu'ils furent. Et puis il n'avait guère besoin de leurs feu pour y voir, ses années passées dans le noir l'avait habitué à voguer à l'instinct et à la luminosité différente des contours. Et bientôt, le feu de joie débuté par les envahisseurs se fit lointain, dans la fraîcheur d'une nuit qui s'annonçait....

Vampire....

La forêt, demeure des elfes. Voilà bien des siècles qu'elle n'y avait mis les pieds. Cela remontait si loin que cela n'évoquait que de vagues souvenirs, des songes noyés parmi d'autres pensées. De toute manière, elle n'avait jamais apprécié cet endroit, pour bien des raisons. Ces lieux étaient le symbole de la vie et de l'espoir alors qu'un vampire en était l'exact opposé. Ces territoires lui étaient hostiles et étrangers, mystiques et emplis de mystères dont elle ne désirait obtenir les réponses. Cependant, c'était autant la fascination que le besoin qui l'avaient poussée à accompagner l'expédition d'avant-garde. La curiosité était un vilain défaut dont elle s'épargnait parfois, mais tuer l'ennui était une toute autre nécessité. En apprendre plus sur le meneur était également une de ses motivations. Les éclaireurs s'étaient aventurés au devant du convoi, suffisamment pour se trouver à une distance respectable voir même dangereuse. S'il arrivait quelque chose d'imprévu, l'aide pourrait arriver trop tard. Avec un reniflement amusé, elle songea qu'elle ne risquait en définitive pas grand chose, car le plus grand des dangers que le monde possédait actuellement l'accompagnait.

Leur rythme avait été effréné, endiablé et sans la moindre interruption. Les montures renâclaient et étaient épuisées. Leurs bouches écumantes laissaient apparaître de petites bulles de sang, témoignage de la fatigue extrême des braves destriers. Celui de la vampire était le moins à plaindre, puisqu'il portait la plus légère du groupe. A ce stade, cela relevait toutefois du détail. L'ordre du prince claqua dans le silence, et tous mirent leurs montures au pas. Certaines d'entre-elles poussèrent de petits hennissements de soulagement. Ils étaient quasiment arrivés. Pourtant, tous savaient qu'a priori, le plus dangereux était encore à venir. Plus ils se rapprochaient du territoire elfique, et plus d'inattendus événements pouvaient survenir. Ce fut ce qui se passa.

Découvrir les Alayiens mettant le feu à la forêt elfique engendra de drôles de sentiments chez Cyrène. D'un certain côté, elle y prenait un plaisir malsain provoqué par son manque d'affection notoire pour les elfes, mais de l'autre, elle trouvait que massacrer de tels merveilles de la nature, ces arbres séculaires plus vieux qu'elles pour certains, était un blasphème. Quoi qu'il en soit, elle eut une pensée pour ces êtres courageux qui osaient s'en prendre aux forêts elfiques. En général le beau peuple se révélait très protecteur vis-à-vis de leurs domaines et en particulier de leurs arbres. Déjà les débuts de brasier teintèrent le ciel nocturnes de lueurs d'un orange sanglant et sinistre. Le silence disparut, supplanté par un ronronnement lointain, le ronflement étouffé des flammes affamées. Par endroit, des pans de forêt s'étaient embrasés à cause des torches lancées sans ménagement dans les feuillages vert émeraude.

Le détour que Lorenz ordonna pour contourner les pyromanes Alayiens les fit tomber nez-à-nez avec deux de leurs semblables. La détermination froide succéda à un court instant de surprise. Les gardent se lancèrent à leur trousse, avec des intentions des plus amicales. Si le premier fut abattu rapidement, un trio de flèches allant se ficher dans son dos avec précision, dans un écoeurant claquement. Il s'écroula sur sa selle puis tomba au sol, sur le dos, propulsant ainsi les flèches qui le traversèrent de part en part. Le second avait eu la chance inespérée d'échapper à la volée mais guère aux deux cavaliers qui s'étaient lancés à sa poursuite. Il fut abattu sans pitié, une lance l'atteignant au dos. Le massacre avait pris fin aussi rapidement qu'il avait débuté. Les deux Alayiens gisaient dans une marre de leur propre sang, n'ayant pu donner l'alarme ou contacter leurs camarades.

Cyrène était restée totalement immobile durant ce temps. Ce n'étaient pas les deux guignoles qui l'avaient intéressée. Depuis le début de la courte rencontre, une toute autre cible s'était mise à l'attirer comme un aimant. Cette présence était différente de celles, déplaisantes et maléfiques, des Alayiens. Elle était apparue au moment qu'ils entreprenaient le détour, mais déjà elle lui avait semblé bien plus intéressante.

"-...quelqu'un autre." Murmura Velours dans un souffle. "Je ne sais pas ce que c'est ou qui ça peut bien être...Il n'est pas loin, c'est tout ce que j'ai réussi à trouver pour le moment."

Elle s'interrompit, devinant que Lorenz cherchait lui aussi à en découvrir plus. Elle prit l'initiative. Celui-là devait être capturé vivant, elle le devinait plus intéressant que les deux clowns qu'ils avaient liquidé quelques minutes auparavant. Les cheveux de Cyrène se redressèrent, comme ondulant sous un vent de magie. Elle plissa les yeux. Velours leva les bras, les écartant de son corps mince. Les paumes tournées vers les cieux, elle murmura une courte phrase, provoquant une bourrasque de vent. Déjà de petites tornades de poussières s'élevaient en un cercle dont elle était le centre. Elle lança ses bras devant elle, dirigeant la petite tempête de poussière droit vers la présence qu'elle avait sentie auparavant.

"-Ca ne le bloquera pas longtemps, et il devinera qu'on sait où il se trouve, s'il n'est pas stupide. Au mieux cela nous fait gagner quelques minutes pour l'atteindre. Si besoin est, je peux augmenter l'intensité de la tempête, mais cela peut m'épuiser rapidement, et je préfère ne pas avoir à arriver à cette extrémité." Expliqua-t-elle à l'attention de Lorenz. "Mais maintenant, il faut aller le chercher."

Velours interrompit sa tempête pour ne pas drainer inutilement sa réserve d'énergie. Lorenz ferait sûrement le reste et le nécessaire par la suite, elle lui faisait confiance sur ce point. Tout en conservant une apparente sérénité, Cyrène ressentait en réalité une excitation intense.

Il avait vu juste. Vampires...son instinct de chasseur ne le tromperait jamais, ces bêtes sauvages étaient bien dans les parages, et avait repéré les deux crétins d'Alayiens qui lui servait d'escorte. Imbéciles, sombres imbéciles ! Ah ils étaient beaux les soldats du Néant ! Ces larves n'étaient pas même capables de noter la présence de vampires dans les parages... Que n'aurait-il donné en cet instant pour être flanqué de ses gardes loups. Eux aux moins faisaient leurs travail correctement. Quoi que si on accepta la possibilité que les étrangers étaient des épouvantails tout juste bon à servir de bouclier humain alors ils avaient accomplit leurs mission avec brio. Lui s'était écarté et avait quitté sa selle histoire de passer encore plus inaperçu. Les vampires pouvaient déjà sentir son odeur et entendre son cœur battre il n'allait pas non plus se promener avec une pancarte luminescente au cou, il voulait avoir au moins une chance de s'en tirer et de les attaquer. Bien entendu, n'importe quel humain sain d'esprit n'aurait pas essayé de se jeter sur une bande de vampires à cheval dans un moment pareil, mais il n'était pas sain d'esprit, Kedrildan y avait veillé.... Il était dément depuis bien longtemps, vivant et marchant chaque jour dans un cauchemar aussi noir que la poix, Il courtisait cette maîtresse drapée de mauve avec la constance et l'acharnement d'un prétendant à l'un de ces dames de haute noblesse, flirtant avec elle, sur le fil du rasoir.

Dément ? Il l'avait été, pendant un temps et il l'était sans doute toujours un brin, le claquement des mâchoires de bronze crissant à son oreille, et empoisonnant ses songes, la nuit... Il haïssait et attendait la nuit avec frénésie, redoutant toujours les cauchemars de sa propre mémoire mais se trouvant naturellement à l'aise dans cet environnement qui lui était devenu si familier. Son regard perçant les ombres ne faisait rien pour arranger sa tendance naturelle à veiller dans l'obscurité, tremblant et rendu hypersensible par les chuchotis de son propre subconscient qui venaient le tarauder. Oui, il avait couché avec la démence, mais lui avait heureusement échappé, du moins en partie. Ce n'était point elle toutefois qui le poussait à l'idée de se jeter sans réfléchir sur les vampires, cette impulsion là, en vérité, venait tout simplement de sa propension à la chasse.... Il avait beau être humain, il avait l'âme de son totem, et une envie permanente de faire couler le sang emprunté des vampires. Folie, ou simple besoin de voir l'hémoglobine couler, rouge, velouté... comme une ambroisie interdite aux mortels comme lui, et Dracos ! Il ne comptait nullement le boire, mais juste le regarder couler, lent et long, et jouir de cette vision comme de toutes celles du même genre. Jamais assez et trop tout à la fois.

C'était cependant une folie qu'il assumait car elle le poussait en avant. Sa vendetta, son talion à l'égard des sauvages vampires, c'était sa force, la raison de son entraînement et de sa détermination. Le jour où il avait endossé le rôle de chasseur de vampires, il avait dédié sa vie à la destruction de cette sinistre engeance.... tout en sachant qu'il serait incapable de les tuer tous. Il en resterait forcément un, toujours, dont il ne pourrait venir à bout même si il le voulait, ce qui était loin d'être le cas. Il y aurait toujours Roëric... et il n'oserait jamais s'ôter la seule personne le connaissant réellement, derrière le masque de glace qu'il portait. Le tuer serait se condamner lui-même en vérité... d'autant qu'il désirait le retrouver, au moins pour lui demander... pourquoi. Pourquoi était-il partit, l'avait abandonné. Oui pourquoi ? Mais cela viendrait en temps utiles. Pour l'instant, il avait une affaire à régler. Il ne pouvait rester les bras ballants en regardant cette bande de vampires. Et de toute façon, les cadavres ambulants semblaient également avoir décidés de bouger... Il avait été repéré, comment, allait savoir, probablement l'odeur, légèrement différente de celle des Alayiens, il le savait parfaitement bien, pour le sentir également.

Une tempête de poussière le frappa de plein fouet sans qu'il l'ai vu arrivé, sans doute trop plongé dans ses pensées, comme un bleu... Se campant fermement sur ses pieds, il cessa de respirer pour éviter d'avaler la poussière et de finir étouffé et bavant au sol. Tirant son épée pour bénéficier de sa zone de vide, il se tailla une route au travers de la poussière avec de grandes difficultés. Qu'est-ce que ça faisait là exactement ?! Quelle sorte de magie puante pouvait avoir un effet pareil ? Un effet aussi... contraignant et frustrant... Avec un grondement il se jeta dans l'ouverture subite qu'il voyait dans la tempête et disparut furtivement dans les fourrés. Diantre... son totem lui servait finalement. Il allait peut-être pouvoir les tromper encore quelques secondes mais guère plus. Ils arrivaient déjà près du lieu où la tempête de poussière s'était élevée. Il y avait des traces, évidemment, en les suivants ils tomberaient forcément sur lui. Si il attendait, il serait de toute façon condamné et sans même essayer de se battre, autant foncer... foncer et faire le plus de dégât possible. Les chevaux des sangs-froids arrivaient, il entendait les piaffements, le bruit des sabots....

Il vit le premier destrier, et bondit hors de son trou, lame vrillant l'air et le gelant sur place. Plutôt que d'essayer de toucher immédiatement le cavalier, il attaqua les pattes de l'animal, de manquant les lui couper en abattant Audhumla de toutes ses forces. Il bondit immédiatement sur le vampire, l'expédia à terre dans les mouvements désordonnés de sa monture souffrante en espérant que la bête l'écraserait quelques instants, lui sauta dessus et s'en servit d'appuis , puis se lança sur la plus visible du groupe, une vampiresse aux cheveux blancs qu'il tenta d'atteindre sans chercher à jauger des forces de son adversaire.  

HRP : Si vous désirez avancer le combat n'hésitez pas ^^

Les deux premiers guignols étaient morts, rapidement, efficacement exécutés par les sbires du Prince Lorenz. Malgré leur allégeance au néant, au chaos et au mal le plus absolu, ils étaient morts comme des humains, d'une manière aussi pathétique que peu glorieuse, comme les imbéciles qu'ils étaient. Cyrène n'avait que mépris pour eux. Même si en général elle se forçait à observer d'un oeil critique, elle ne pouvait guère les considérer comme autre chose que ce qu'ils étaient: des psychopathes avides de carnage et de domination. Cependant, elle en connaissait certains qui, inconsciemment, avaient développé de tels penchants également. Lorenz en particulier, tel qu'il lui apparaissait.

Le Prince avait semblé surpris à l'activation des pouvoirs de son totem, le létal scorpion, se protégeant instinctivement contre ses effets. Il était prudent et elle l'apprécia. Même si ces tempêtes n'avait a priori aucune capacité pour blesser quiconque étant pris à l'intérieur, la méfiance de Lorenz la flatta. Presque. Le fait était qu'il n'avait pas confiance. L'attention de Velours se reporta sur sa cible, son instinct de prédateur reprenant le dessus sur ses considérations purement logiques et intellectuelles. Il ne devait pas leur échapper. En général, les êtres vivants ayant assisté à de telles tempêtes de sables ne s'en sortait pas vivant, elle y mettait un point d'honneur. Aussi se ferait-elle un devoir d'aller le chercher elle-même, s'il ne se montrait pas par lui-même.

Effort qu'elle n'eut pas besoin d'entreprendre, car elle eut en réalité à peine le temps de l'envisager que déjà leur "invité" répondait à la convocation de la millénaire. Les battements de coeurs s'étaient faits plus rapides, plus forts, et bien plus attirants. Sans le vouloir, Velours se sentait irrémédiablement attirée par ce rythme régulier, accélérant rapidement, qu'elle entendait. Déjà l'odeur de leur cible se glissait par ses narines, analysée par son odorat de chasseresse. La proie s'était tapie, comme un autre prédateur déterminé à vendre chèrement sa peau. C'était honorable, mais malheureusement bien niais. Lorenz était le Prince des vampires, et il les dirigeait d'une poigne de fer non sans raison, quand à Cyrène, elle était considérée comme l'une des plus grande guerrières de son peuple, et connue pour être l'une des meilleure bretteuses du dernier millénaire. Aussi doué soit-il, l'inconnu n'avait que peu de chances de sortir victorieux, ou même de s'en sortir tout court.

Lorenz avait embrassé les fourrés d'un simple regard, dans une démonstration de puissance et de maîtrise qui fit froid dans le dos de Velours. Ce vampire était terrifiant, par moments, son sourire carnassier et sans pitié épanoui sur son visage ténébreux. Il forçait l'inconnu à se dévoiler lui-même. Il le débusquait par le feu, comme l'on aurait fait avec un vulgaire animal. Après tout, il n'était qu'une proie, songea Cyrène. Cependant, il s'agissait là d'une grossière erreur, pleine d'arrogance. Quelque chose fusa, se portant au devant du Prince, abattant sa monture avec une facilité et une rapidité déconcertante. Le flamboyant souverain fut projeté au sol par la chute de sa monture prise par surprise autant que son cavalier. Une fois Lorenz à terre, l'autre se lança en direction de Velours, qui déjà anticipait le choc. Sa main se dirigea vers le pommeau d'Axis à une vitesse inhumaine, prête à dégainer dans un ample geste fluide. Le Prince avait été utilisé comme tremplin pour un saut dont l'arrêt était quelque part sur le torse de la millénaire.

Un claquement explosa le silence, perçant les tympans des vampires à l'ouïe si sensible. Velours grimaça autant à cause du son sec que de l'odeur atroce de chair calcinée qui suivit. Lorenz avait stoppé net l'assaillant, l'écrasant au sol à l'aide d'un fouet enflammé d'origine inconnue à Cyrène. L'humain se retrouvait à ses pieds, comme implorant son pardon, ce qu'il aurait dû faire s'il en avait eu la lucidité. C'était trop tard. L'échange éloquent de regard avec le Prince renseigna Cyrène sur ses intentions. Avec un sourire amusé, elle observa ce qu'elle put distinguer du séduisant visage plaqué au sol. Ses yeux ambrés prirent un éclat bien plus sinistre, dénué de tout sentiment humain. Elle ne fut plus que froideur et dureté, aussi hostile qu'elle le put.

" - Alors ? On a le courage de s'attaquer au prédateur ? C'est brave, j'en conviens, mais aussi stupide et insensé que si un lièvre s'en prenne à un loup." Susurra-t-elle à l'oreille de l'humain après s'être doucement penchée vers sa tête. "Enfin, c'est trop tard maintenant."

Son odeur était enivrante curieusement. Jamais elle n'avait ressenti une telle impression auparavant. Elle tenta de la balayer mais n'y parvint qu'avec beaucoup de difficultés. Quelque chose n'allait pas. Bien qu'elle fut parfaitement confiance vis-à-vis de ses propres qualités et celles terrifiantes de Lorenz, elle fut soudain effrayée que quelque chose ne se déroule comme prévu. Quand l'humain fit mine de repositionner ses bras afin de tenter de se relever, une pointe posée juste entre les omoplate l'en dissuada. Velours avait dégainé Axis avec une rapidité mortelle. Tant qu'elle ne l'activait pas, la lame ne sécréterait pas le moindre poison, mais cela pouvait changer en l'espace d'un battement de pupille.

" - Je n'y penserais même pas si j'étais toi. " Velours sourit à nouveau. " Reste au sol, ne bouge surtout pas, ou ta mort sera particulièrement douloureuse."

La menace était réelle. Elle ne ferait montre d'aucune pitié si elle décelait le moindre mouvement suspect, sa vie et celle du Prince étaient bien plus importantes. Surtout celle du Prince, car la douleur de chaque blessure qu'il recevait serait transmise à son cher fils Achroma. Bien qu'elle n'ait parfaitement saisi le concept du double royal, elle serait particulièrement prudent quant à la santé du souverain noir.

" - Que fait-on de ce bouffon ? " Demanda-t-elle à Lorenz.

Il voyait la scène avec une acuité phénoménale, les sens de son totem grand ouvert pour lui permettre de l’appréhender. Il voyait approcher la vampiresse rapidement, d'une seconde à l'autre se serait l'affrontement, et quelque chose lui disait qu'elle était un adversaire digne d'être combattu. Elle n'avait pas l'air d'une mage, et attirait donc naturellement son instinct de soldat. Depuis le temps qu'il cherchait un adversaire à sa mesure, ou mieux, capable de le vaincre, il n'avait absolument aucune envie de la laisser s'échapper, et ce n'était pas un mage ridicule qui allait se mettre entre lui et son souhait réalisé. Oh que non ! Il n'avait vraiment rien à faire d'un mage et encore moins dans un moment pareil... cette vampiresse était bien plus intéressante, bien plus importante. Il sentait là quelque chose qui lui donnait envie de croiser le fer pendant des jours. Mais voilà... il semblait que son tremplin d'occasion avait décidé qu'il était vexé de l'honneur qu'on lui faisait. Un claquement strident qui lui vrilla les oreilles douloureusement, puis la sensation d'une atroce brûlure à la cheville, sa chair mise au supplice de... il ne savait pas vraiment. L'éclat remonta jusque dans son cerveau et il s'écroula à terre, stoppé net dans son élan.

Si il n'avait pas été habitué à la souffrance, sans doute aurait-il réellement goûté sa saveur d'aloès en cet instant, alors qu'une horrible odeur de chair brûlée emplissait l'air. Oui mais voilà, il avait l'habitude, on l'avait bien préparé à cela, et il en fit rapidement abstraction, ne bronchant même plus. Son cerveau bloqua immédiatement la douleur loin de ses facultés de contrôle, et il resta hélas prisonnier de l'étreinte de la magie. Car c'était forcément de la magie, cette drogue absolument atroce qui infectait la plupart des êtres de ce monde. On ne dégainait pas simplement un lien sortit de nul part, à distance, et qui brûlait, le simple bon sens indiquait qu'il s'agissait d'un tour puant du mage vampirique qu'il avait piétiné. Et à cause de cette chose infâme, il se retrouvait cloué au sol, incapable de se battre contre la vampiresse qui l'intéressait... Frustrant au possible. Frustrant et outrageant. Il ne supportait pas qu'on use de magie contre lui, c'était l'une des rares choses qui le plongeait dans un état de rage implacable et complètement dément... état qu'il tentait de juguler, afin de rester maître de lui même.

La pointe de l'arme entre ses omoplates l'empêchait de se relever correctement, et venait tendre davantage ses muscles, faisant frémir sa silhouette comme un loup prêt à bondir sur sa proie à la moindre faille dans la garde. Si les deux vampires lui laissait la moindre chance il n'hésiterait pas et s'en saisirait, quitte à avoir une cheville en moins à la fin du combat. Il n'avait pas peur, loin de là, et malgré les paroles de la vampiresse. Oh non il n'avait pas peur. Si seulement elle savait... le nombre de vampires qui s'étaient gaussés, et étaient morts sous sa lame. Il n'avait pas peur, il n'y avait pas à avoir peur dans un moment pareil. Il était agacé, frustré, oui, mais pas effrayé.... Ce fut d'ailleurs en dépit de la menace de la vampiresse qu'il prit appuis sur ses mains pour se redresser, lentement, et presque nonchalamment, sans gestes brusques et se tourna légèrement sur le coté. Toujours à terre, il pouvait cependant voir d'un peu plus près la scène, le galbe des jambes de la bretteuse qui l'intéressait, et le visage du pyromaniaque. Son visage pâle affichait la plus impénétrable des neutralités, mais son regard clair était d'acier, froid et acéré, remplis d'un mélange de sauvagerie viscérale d'être ainsi réduit, et d'une lueur calculatrice cherchant la faille qui lui permettrait de s'échapper.

Il plongea tour à tour son regard dans celui de la vampiresse blanche, puis de sa contrepartie masculine, posé mais pas le moins du monde amical. Il ne pouvait pas faire grand chose dans un moment pareil, pour le moment, le sabre de la blanche était encore trop bien positionné, et le fouet d'énergie enroulé sur sa cheville l'handicapait, quand bien même il ne montrait aucun signe de douleur. Qu'allait-il se passer à présent ? Il se le demandait bien. La question de son destin lui semblait toutefois réglée, quoi qu'il n'en dise rien, muet comme à son habitude. Qu'ils le tue et qu'ils en finissent, au bout du compte qu'elle autre solution avaient-ils ? Au loin, une explosion retentit, un trébucher ayant lancé une boule incandescente sur la forêt, et il voyait les cavaliers qui se profilaient sur fond de flammes orangées...  

HRP : Voilou ! petite rep là, yé soui légèrement en train de faire le tapis de bain par terre mes possibilités étaient minimes XD. Si soucis je pourrais toujours éditer un peu

Cet homme était étrange, dans sa manière de se contrôler, mais également dans son attitude. Toutefois, cela le rendait particulièrement attirant aux yeux de Velours. Il était au sol, la menace de la pointe bien présente, réelle et aguisée, toujours présente entre ses omoplates. Et elle souriait. La tension de ces derniers jours de dissipait, car tomber sur un humain seul et sans défenses réelles était à chaque fois un ravissement. Pour la première fois depuis de longues semaines, elle oublia momentanément les nombreux autres problèmes qui ordinairement lui sillonnaient l'esprit. La millénaire dominait de toute sa taille son captif, qui, sagement ou prudemment, n'esquissa pas le moindre geste qui aurait pu être mal interprété par les deux prédateurs naturels. Malgré cela, Cyrène le trouvait bien trop docile, comme si leur nouveau prisonnier était en réalité bien heureux de se retrouver en une telle compagnie et bloqué dans une telle situation. Lorsque Velours prit conscience de cela, son attitude se fit plus prudente, mais également plus provocatrice. Dans un premier temps, elle souhaitait le faire parler, et elle se laisserait le choix de déterminer le sort de cet humain plus tard, à moins que Lorenz ne s'en charge. Elle tourna son attention vers le Prince, qui se déplaçait, se rapprochant d'elle, sa trajectoire décrivant un demi-cercle prudent autour de l'humain au sol. Peut-être que le souvenir du saut acrobatique et de l'attaque soudaine lui restaient encore en mémoire. Avec autorité, Cyrène s'adressa à l'homme.

" - Debout, tout de suite ! Et pas de gestes brusques !"

Même si elle n'ajouta rien de plus, son ton indiquait clairement néanmoins ce qui se passerait dans l'éventualité où leur proie ne respecte guère les ordres qui lui étaient lancés. Bien qu'il soit particulièrement bel homme, Velours n'aurait pas le moindre remords si elle était amenée à devoir l'abattre de sa lame enchantée. Attentivement, elle observa l'humain se redresser, sa musculature roulant virilement. Debout et immobile, il était un véritable colosse, dominant l'élancée Cyrène d'une bonne tête. Ses yeux, d'un bleu clair et étincelant, étaient le signe évident de ce qu'il était; un homme qui n'avait pas peur d'eux, pour quelque raison que ce la soit. Déterminée à le découvrir, Velours songea dans un premier temps à des fats bien plus banaux, mais également plus importants, en outre, elle se rappela de la dernière interrogation de Lorenz.

Sur la pointe des pieds, avec une délicatesse feinte mais pourtant non exagérée, Velours se déplaça autour de son prisonnier, le jaugeant d'un air aussi appréciateur qu'affamé. Il avait l'air réellement appétissant, et son odeur, enivrante, lui rappelait vaguement le parfum d'un endroit lointain auquel elle était incapable d'associer le moindre souvenir. La seule et unique chose qu'elle put affirmer avec une certitude des plus absolue était que cet homme, aussi courageux ou fou qu'il aurait pu l'être, ne semblant absolument pas les craindre. Cela était déroutant, car elle était accoutumée à la crainte, aux gémissements et aux faibles qui imploraient pitié. Celui-là était bien différent. Une fois dans son dos, elle le désarma totalement, toutes les lames qu'elle put trouver lui furent ôtées, et jetés au sol, à plusieurs pieds du captif. Cyrène n'était pas folle, laisser tomber l'épée aux pieds du captif, c'était une invitation à ce qu'il tente une quelconque évasion, ce que les deux, le Prince et lui, cherchaient exactement à éviter. Toute mauvaise surprise serait malvenue.Après que la dernière menace fut enlevée et jetée sans ménagement sur le sol, la millénaire alla se coller dans le dos de l'humain, humant son odeur avec une expression carnassière peinte sur son visage séculaire. Sa poitrine s'aplatit contre les muscles presque saillants de sa proie, et, ainsi contre lui, Velours parut bien menue.

Le visage dans son cou, à quelques centimètres de son oreille, elle lui dit:

" - Le Prince a demandé ton nom, humain ! La moindre politesse serait de le lui donner, tu ne crois pas ? "

Comme pour lui rappeler qui dominait et qui était en position de faiblesse, Cyrène enfonça très légèrement Axis dans le creux du dos de sa victime. La pression n'était ni suffisante pour blesser ni pour provoquer une quelconque douleur, toutefois, ce simple appui montrait clairement qui dominait. Velours se frotta discrètement contre lui, s'imprégnant de son odeur pour ne jamais l'oublier. Il était bien trop intéressant pour qu'elle le perde de vue. Il était unique. Avec un sourire victorieux, elle croisa le regard sombre de Lorenz, ce brasier bipède qui n'hésitait guère à carboniser tout obstacle.

" - Ce pitre muet était avec ces imbéciles d'Alayiens, je crois que nous devrions lui tirer les vers du nez sur tout ce qu'il sait, on improvisera de son sort en fonction de ce qu'il nous révélera. J'ai un bon moyen de le faire parler". Elle fit le tour du géant pour se poser face à lui. "J'aurai besoin que vous le surveilliez l'espace de temps nécessaire, mon Prince."

Les yeux de Cyrène virèrent au blanc total, en l'espace de quelques secondes. Axis fendit l'air, traçant d'une parabole parfaite une superficielle entaille sur le torse de l'humain. Velours s'écroula aussitôt, lâchant son arme et récupérant ses sens. Désorientée, elle se redressa puis ramassa son sabre qu'elle rengaina. La millénaire blanche secoua la tête pour récupérer ses esprits. Plongeant ses yeux d'ambres dans ceux de la tête d'un océan gelé de l'homme, elle lui annonça d'une voix égale.

" - Tu es empoisonné. Les toxines vont brûler la plaie, l'empêchant de cicatriser, le poison, quant à lui, te paralysera, et finira par te tuer, cela peut prendre un quart d'heure ou la nuit entière, mais saches qu'à l'aube, ton corps sans vie gisera sur le sol, sois en certain. Je suis désormais ta seule chance de survie."

Elle marqua une pause du plus bel effet.

" - Je te conseille donc de tout nous dire, et de ne rien omettre. Si je juge tes propos cohérents et vraisemblables tu seras sauvé. Si tu es parfaitement honnête, alors mériteras-tu peut-être une récompense. "

Une nouvelle interruption fut marquée, durant laquelle elle consulta Lorenz du regard, simplement pour y chercher son approbation afin de continuer. Elle avait beau ni l'apprécier ni réellement le respecter, il était le Prince, et l'homme était leur prisonnier commun. De plus, ce souverain fou était tout aussi bien capable de la réduire elle en cendres, ce qu'elle ne souhaitait évidemment pas.

" - Qui es-tu ? Que fais-tu ici ? Et surtout; pourquoi traînes-tu avec ces dégénérés d'Alayiens ? "

Le coeur battait tranquillement, attirant Cyrène par sa mélodie régulière, tranquille et apaisante. Elle cligna des yeux, tentant bien difficilement d'oublier cette tentation extrême de boire à son cou, ignorant toute prudence. Il était extraordinairement séduisant, avec son regard dur et son visage élégant, hautain. Ses cheveux noirs, par endroits décolorés en de longues mèches blanches lui donnaient un air mystérieux qui lui seyait à merveille. La dame blanche sentit sa détermination vaciller un peu. Qu'avait-elle donc ? Elle se le demandait bien.

Parce qu'il croyait sincèrement que son invisibilité était voulue ? Qu'il aille donc porter réclamation directement à son totem, ça lui rendrait service à lui aussi. L'on ne pouvait guère imaginer l'infortune que cela représentait, d'être contraint de disparaître aux yeux de tous chaque nuit, incapable d'apprécier correctement certaines choses pour la simple mais excellente raison que l'on était totalement incapable de deviner où exactement était son propre corps. Les quelques mois après le rituel avaient été compliqués à gérer pour lui, le temps de retrouver un certain équilibre et une appréciation des distances satisfaisante. Si ça n'avait tenu qu'à lui, il aurait adoré être la dernière vision de ces deux là, prunelles contre prunelles à l'instant où il ferait voler leurs têtes... Toutefois, il ne se fit pas prier pour se relever, époussetant au passage la poussière qui le souillait et retrouvant un peu de son drapé d'invisibilité. Dominant les deux autres sans même le vouloir, il continua de les observer, la blanche vampiresse en particulier qui semblait si prompte à ne lui tendre aucune perche dont il pourrait user pour retourner la situation. Cela ne le gênait pas davantage que la lame qu'elle avait maintenue sur son dos, bien on contraire car les premiers instants étaient toujours ceux où le dominant se faisait le plus attentif. Avec le temps la vigilance diminuait, lors même que le sentiment de sécurité et la satisfaction d'une absence de réaction violente amenait à une relaxe qui leurs coûterait cher. Lui ne la quittait pas un instant des yeux, ne cillant même plus tant le regard qu'il dardait sur la silhouette déliée et féline était intense.... La sentir passer dans son dos le tendit encore davantage et ses doigts se courbèrent légèrement tandis qu'il laissait sciemment aller ses armes. Le tintement de l'acier qui le quittait ne lui plaisait nullement, et lui arracha une grimace sauvage, dentition découverte à la façon du loup qu'il représentait. C'était qu'il n'avait pas qu'une arme hélas, Audhumla était une chose, et l'épée en tombant gela les alentours sans se faire prier, mais il s'agissait là des doubles lames qui formaient son organix, des couteaux et dagues innombrables, de son court arc de selle et du carquois qui allait avec... Une armurerie complète qui se répendait au sol sous les attentions de celle qui se disait sa geôlière du moment, mais qui ne cessait d'attirer autant sa curiosité que cette folle envie de l'affronter.

Il fut tout de même surpris de la voir se coller à lui, surpris mais pas assez stupide pour dédaigner une belle femme jouant les siamois dans son dos, à tel point d'ailleurs qu'il en sentait la courbe de sa poitrine plaquée contre ses muscles.  Il répondit pourtant, et d'une voix posée et dénuée de sentiments : « Je ne pense pas devoir la moindre politesse à qui se proclame prince sans l'avale des autres » Et il pressa son dos contre la pointe de la lame, en une réponse muette mais claire. De fer sombre et martelé par la vie, il briserait avant de ployer devant un individu qu'il n'estimait nullement. Ce vampire, quoi qu'il fut, qui qu'il fut, n'était pas son prince et il n'avait pour lui que mépris. Jamais ce vampire ne lui avait prouvé qu'il était un chef, et sans doute, jamais aucun vampire n'obtiendrait de lui plus que ce qu'il donna à Roëric, son titre de père. Quand à parler de quoi que ce soit... il se fichait éperdument de leurs apprendre quoi que ce soit. En vérité, seule cette vampiresse l'intéressait et il était fermement décidé à obtenir son duel avec elle...  Un bon moyen de le faire parler ? Il aimerait bien voir ça tient. Qu'allait-elle faire ? Le torturer ? Il avait l'habitude, et ce en toutes les sortes de tortures imaginables. Quoi d'autre alors ? Il allait bien voir... Et n'eut guère à attendre. Joli tour... mais ces quelques secondes auraient suffit à la faire tuer si il avait eut son arme. La blessure brûlait légèrement, les chairs ouvertes proprement roulant légèrement en une lèvre sacrificielle suintant d'un trait carmin. Cette douleur il ne la sentit pas, ou à peine, comparé à celle de sa cheville. Il plongea les yeux dans les siens, pas plus fébrile à l'idée d'un empoisonnement que de sa mort possible. « Pauvre argument que celui-ci, et outrageusement commun, vos appâts m'auraient bien davantage incité à parler, si vous aviez décidé de m'épargner ce bel effet pour rester près de moi. Je pourrais tout aussi bien rester muet et vous laissez me tuer, vu le peu de bonne foi des vampires, je ne perdrais rien et j'aurais au moins gagné la petite satisfaction de vous frustrer » D'ailleurs qu'est-ce qu'un vampire savait de l'honnêteté ? Autant leurs demander de décrire le désert en plein jour.

Il s'avança sans crainte, venant frôler la vampiresse, la vrillant de son regard clair. Racée, cette guerrière, tant qu'on la croirait née de la neige la plus pure, couronnant le haut mon Croc du dragon. Séduisante oui... mais vampire. L'ivoire de ses crocs était pour les siens plus terrible que sa lame. Plutôt la mort que la transformation, clamaient-ils. Lui ne craignait pas cette triste fin. Sa mort était certaine et il en remerciait la nature. Mais l'idée de la rejoindre pour une danse frénétique d'acier et de chair était.... tentante. « Puis ce que c'est demandé avec tant de courtoisie, et que je vous dois une fière chandelle, je daigne cependant vous répondre» Qu'ils prennent ça comme une insulte, ou comme toute autre chose pour le coup « Il serait difficile de résister à pareille lame.... Je me nomme Havard » Il ne devait pas donner son véritable nom, ça serait trop dangereux. Mais rien ne lui venait, alors qu'il s'offrait un léger silence, et prit d'un léger doute, il répondit finalement « Havard Alokor. Et si je suis ici c'est pour incendier cette forêt. Je doute qu'un vampire y voit le moindre inconvénient. Si je ' traîne ' avec ces Alayens, c'est dans l'espoir d'en apprendre plus sur eux, de les espionner, ce que je fais déjà depuis deux bonnes semaines, un travail absolument éclairant sur leurs méthodes. Quand à vous deux, vous venez de me sauver la mise.... cette attaque devait être mon avènement en temps que soldat alayien, j'y aurais tout perdu. Mais puisque désormais je suis perdu à leurs yeux, je vais pouvoir cesser de jouer la comédie » Il tourna son regard un bref instant vers le mage....

Ces humains n'avaient-ils donc aucune jugeote ? Telle fut la première question que Cyrène se posa. Dans les faits, elle savait que ces êtres abjectes étaient, pour la plupart, que de faibles choses qui craignaient la mort plus que tout au monde. Que cela était amusant. Craindre l'état définitif du trépas était une chose, imaginer le néant qui le suivait pouvait être, certes, dérangeant et terrifiant. Mais que dire alors de la non-mort, et des prédateurs qui en jouissaient ? Objectivement, Cyrène le savait, les vampires n'étaient que des monstres, des hérésies contre-nature qui hantaient les humains depuis trop longtemps, les tuant pour survivre. C'était là un cycle de chaîne alimentaire au sommet duquel trônaient ses semblables, mais ce cycle était contre-nature. Mais lui, cet humain, Havard Alokor de son nom, ne semblait ni craindre les vampires, ni la mort. Rien que cela le rendait exceptionnel aux yeux de Velours, car c'était la toute première fois qu'elle rencontrait un homme tel que lui. Silencieusement, elle admira son courage, stupide certes, mais respectable. Il était l'unique être humain, à sa connaissance, à ne pas l'avoir crainte, elle ou son espèce. A défaut de pitié, il gagna sa considération. Ce qui pouvait, d'une certaine manière, lui sauver la peau, car Lorenz n'en aurait pas la moindre. L'impulsif et cruel Prince, déjà, s'était lancé dans un début de torture et de violence dont il avait le secret. Son tempérament était tel le feu; ravageur si hors de contrôle. Cyrène devait le canaliser.

Son intelligence faisait son orgueil, mais la course contre le temps avait commencée. D'un côté, un souverain dont la stabilité psychologique pouvait s'écrouler à tout moment et dont la colère pouvait entrer en éruption telle un gigantesque volcan. De l'autre, un être humain déjà méchamment amoché et qui, à plat ventre devant elle, avait été propulsé sans ménagement par le Prince vampirique. Déjà la Dame blanche se considéra comme son unique pierre de soutien, et son seul salut. Elle pourrait s'opposer à Lorenz, le tout était de savoir comment. Sauver l'homme était une chose, parvenir à ce qu'il garde la vie sauve sur le long terme en était une autre. Outre toutes les connaissances qu'il pourrait leur profiter, ses observations sur les alayiens entre autres, quelque chose fascinait Cyrène. Elle se sentait irrémédiablement et irrévocablement attirée par cet humain ténébreux. A la vue de son corps prostré sur le sol, son coeur se serra douloureusement. Non sans mal, elle se ressaisit, réorganisant ses pensées rapidement et se composant un masque neutre sur le visage. Elle espérait dissimuler ses sentiments à Lorenz, mais n'était certaine de pouvoir y parvenir. Surtout, si ce dernier s'accordait un caprice, elle ne donnerait plus très cher de la vie de l'humain.

Par chance, le Prince lui offrit une ouverture, l'opportunité de gérer elle-même cela. Velours dévisagea longuement le souverain, tentant de deviner ce qu'il pensait. Son regard de braise était terrifiant et déterminé. Ce visage qui, jamais devant Cyrène, n'avait arboré autre chose qu'un masque de domination sans partage, était fermé et inflexible. Elle tourna ses yeux de miel en direction de la silhouette au sol. Même dans une posture aussi peu avantageuse, il demeurait intéressant. Le réveiller ? Comment ? A priori, elle n'avait guère d'idées, mais cela lui laissait le temps d'y réfléchir. Quelque chose sonnait faux pourtant. Lorenz désirait tuer les Alokor, un nom familier aux oreilles de Cyrène, mais auquel elle ne toutefois put lier le moindre visage. Elle fronça les sourcils. S'il désirait les tuer, pourquoi se donner la peine de s'occuper de lui ? La réponse survint rapidement, mais n'était pas des plus logiques. On pouvait tout tirer d'un homme, du moment que l'on possédait les bons outils et les bonnes méthodes, ne le savait-il donc pas ?

" - Pour tirer le maximum de lui, le mieux serait de le laisser conscient et de ne point le violenter, mon cher Prince. Assommé ou grièvement blessé, il ne sera qu'un fardeau de plus. Il nous faute toute sa lucidité. " Cyrène avait, à escient, adopté un ton prudent et suggestif ne laissant en rien penser qu'elle réprimandait cet enfant gâté de souverain. " De plus, lui causer d'autres douleurs aussi superficielles mais néanmoins possiblement fatales annihilent largement l'efficacité du poison. Autant lui administrer une seule et unique douleur, mais s'arranger pour qu'elle soit l'unique chose qui lui soit familière dans un future proche. L'art de la torture est une chose délicate, et l'on ne joue point avec la nourriture..."

Elle s'interrompit. Elle s'était accroupie au-dessus du corps, et le retourna face au ciel nocturne. Que ce visage était beau. Elle en fut frappée. Velours inspecta la blessure d'Axis et constata que les toxines faisaient leur travail à un rythme normal. Avec un pincement au coeur, elle sut qu'à ce stade, l'homme conserverait sans doutes une cicatrice, si sa régénération était dans les normes humaines. De toute manière, elle ne pourrait faire plus que ce qu'elle était capable d'effectuer. Elle se releva, lui déposant doucement la tête sur le sol, puis alla vers les chevaux, farfouilla dans les quelques rares paquetages de sa selle, une outre à la main. Elle était heureuse d'avoir songé à avoir amené cela pour son cheval, dans le but initial de l'amadouer. Cette idiote de bête n'aurait pas d'eau, mais grand bien lui fasse. Elle en versa un peu sur le visage de l'homme. Elle avait posé sa tête sur ses cuisses après s'être agenouillée. Avec délicatesse, elle porta sa main sur sa joue, la tapotant doucement.

" - Allez mon brave, on reprend ses esprits...." Murmura-t-elle sur un ton d'encouragement. Elle désirait réellement revoir ces magnifiques yeux s'ouvrir à nouveau.

Cyrène tourna la tête vers le Prince.

" - Personnellement, j'aimerais qu'il éclaircisse cette histoire au sujet des Alayiens. Si effectivement il les a espionné comme il l'a affirmé, alors peut-être nous fournira-t-il des renseignements utiles. Deux semaines, cela paraît bien court, mais il avait l'air sûr de lui. En tout cas, nous l'avons sauvé de ces créatures, que ce soit bien ou mal, je ne saurais le dire."

Il semblait avoir perdu ses esprits, ce qui devenait ennuyeux, aussi lui vint-elle une idée.

" - Le mieux serait de le laisser se reposer non ? Je propose de m'occuper moi-même de lui, de l'interroger et de venir ensuite vous rendre des comptes...Cela vous convient-il ?" Elle marqua une pause. " De toute manière, je me suis laissé dire que pour interroger un homme, une femme et du poison faisaient une bonne combinaison. Je doute qu'il soit plus loquace qu'il ne l'a déjà été mais on n'y perd rien."

C'était là le maximum qu'elle pouvait espérer. Abattre ses cartes aussi rapidement la dépitait, mais son intérêt pour cet homme grandissait rapidement, et elle ne souhaitait guère voir ce boucher de Lorenz le massacrer sur un coup de tête. Il était bien trop tentant de découvrir tout ce que cet homme savait. Cela pourrait se révéler instructif, intéressant et séduisant. Cyrène chassa cette dernière pensée de sa tête. Sans regarder le souverain, elle ajouta:

" - Au pire, s'il ne nous apprend rien d'utile, mon poison finira de l'assaisonner pour un futur dîner..."

Le sort de cet homme lui était probablement passé entre ses mains désormais. De tout coeur, elle souhaitait pouvoir s'occuper de son interrogatoire. Déjà, elle ressentait une étrange chaleur, étrangère, qui s'empara d'elle. Elle pria pour que ce ne soit pas ce qu'elle devina déjà. La graine était semée, à elle de la combattre et de la cacher. Elle l'avait peut-être sauvé lui, mais les avait peut-être condamné tout deux. Elle versa le reste du contenu de la outre sur son visage, et découvrit avec un ravissement contenu et dissimulé les pupilles s'ouvrir. Les deux prunelles bleu azur étaient magnifiques. Cyrène croisa son regard de ses grands yeux d'ambres, scellant ainsi ce qu'elle sut être à la fois une malédiction et une bénédiction. Velours versa une unique larme, qu'elle écrasa rapidement sur sa joue couleur d'ivoire. A l'attention de Lorenz, elle déclara.

" - Il a repris connaissance..."

Si il avait su que le torchon brûlait entre ce vampire mage et Roëric, si il avait su que son père vampirique était un traître recherché et un dragonnier rebelle, et une tête mise à prix sans doute aurait-il donné son véritable nom, quitte à être reconnu comme un tueur de vampires notoire. Mais hélas il ne savait pas, et avait espéré passer inaperçu en donnant le nom de famille du Maître-Lame... une manœuvre qu'il allait certainement regretter rapidement au vu de la lueur dans les yeux du mage. Il ne revint pourtant pas sur son affirmation, c'était trop tard et autant ne pas aggraver son cas... Les premières paroles l'alarmèrent, son instinct bondit et il faillit, malgré le poison, sauter à la gorge du mage juste pour s'assurer qu'il n'y aurait pas de suite à cela et peut-être aurait-il dû... il n'en n'eut pas le temps hélas, le sortilège le frappa tout de suite, asphyxiant son corps de douleur. Mais ce n'était pas encore assez pour le faire plier, juste pour lui faire serrer les points et les dents tandis qu'il absorbait la souffrance en flot continu, ne se battant pas contre lui au risque de l'aggraver mais refusant de lui céder, le regard braqué dans celui, acier, de son tourmenteur.

Non il ne plierait pas pour si peu ! Certainement pas ! La douleur il connaissait, il en avait sentit la plus pure essence et il n'avait pas peur... il fallait y aller plus fort que cela. Et pourtant il enrageait... user de magie sur lui, il détestait naturellement la magie mais encore plus quand elle était dirigée contre lui. Il avait faillit démolir Eliowir pour l'avoir fait, mais là si seulement il avait put bouger, il aurait sans nul doute essayé de réduire le mage en charpie à main nue, oh que oui ! Quitte à passer pour une bête sauvage il n'aurait eut que l'envie de lui labourer le visage à coup de griffes et de lui ouvrir la gorge avec les dents. En cet instant précis, il ne rêvait plus que de cela, de la soif de sang, de l'envie de jouir de la chair déjà morte se brisant sous ses doigts... le transformer en petits morceaux encore palpitants de vie, quelques instants avant le trépas. Oui vraiment.... hélas on semblait décider à ne pas lui laisser cette opportunité.

Combien de temps l'impulsion avait-elle duré ? Il n'aurait su le dire... d'ailleurs pour le coup il n'était guère en état de dire quoi que ce soit. Son esprit avait faillit se fracturer sous l'impact, et sans doute n'avait-il dû son salut qu'à la rigueur de son mental sur entraîné à ce genre de choses... Ce qui ne l'empêcha nullement de manquer tomber dans les pommes, s'effondrant par terre. Il n'avait pas émit un bruit, se mordant la lèvre jusqu'au sang et ravageant la chair plutôt que de donner ce plaisir à son tortionnaire. Tout son être agonisait de souffrance, manquant le rendre fou, et pourtant une farouche part de lui-même s'accrochait à la réalité, combattant cette fois de toute sa sauvagerie le sortilège implacable qui le mettait au supplice et enflammait chaque nerf, muscle et sens... Avait-il même cesser de respirer ? Peut-être.
Ses doigts saignaient de s'être violemment enfoncés contre les roches du sol et une prise de rapace déterminée, ou d'un naufragé ayant trouvé une accroche. Oh il n'était pas tombé inconscient non, il était encore là, soudain épuisé, tremblant sourdement, pâteux et  engourdie de souffrance, oui.... mais conscient, éveillé. Les mots n'avaient aucun sens en cet instant, tant ses pensées s'entrechoquaient en un chaos inextricable et se laissa propulsé en arrière sans réagir. Malgré lui, son corps semblait totalement incapable de se remettre tout de suite d'une pareille attaque, et à vrai dire, le soulagement de la voir cesser le fit voguer quelques secondes aux portes de l'abysse, et il ferma les yeux. Il le fallait, prendre un peu de recul, remettre ses pensées droites... il fallait qu'il réagisse, qu'il revienne complètement à lui quitte à se faire violence pour cela ! Rester immobile était une mort en pareille compagnie....

Il se laissa manipuler, aveugle au monde alentour, prit dans sa transe de souffrance et ne su pas, alors, que les mains qui le touchaient étaient celles qui l'avait attiré, qu'il avait eut envie de voir manier son sabre. Il ne sut pas plus qu'elle fut confiée, un tant soit peu, au secret de ses blessures corporelles lorsqu'elle examina la plaie offerte par l'arme qu'elle maniait avec brio... et sans doute qu'il en aurait conçu une grande rage, que de voir son secret si crânement révélé et en pareilles circonstances. Ses blessures était un signe du passé, un signe de honte et de servitude et jamais il ne désirait les montrer. Il ne le faisait jamais, d'ailleurs, pas même sous la torture. Il ne savait pas de quel marchandage il était l'objet ou ce que tentait la vampiresse ivoirine pour le faire revenir à lui, sans doute aurait-elle agit autrement si elle avait sut qu'il n'était pas réellement inconscient mais simplement perdu dans les affres de la souffrance... Jusqu'à ce que, finalement, le voile humide de l'eau lui fasse ouvrir les yeux, les plongeant directement dans les gemmes couleur d'ambre. Il ne ressentait rien en cet instant précis, émergeant vaguement des brumes, enfonçant simplement son regard dans le sien, simple, déterminé, incroyablement clair malgré la douleur. Un regard d'une amertume sans fond...

Javelot hivernal contre dague de miel, et le silence entre eux. Il ne comptait pas se prononcer sur l'erreur qu'il avait commise... mais il s'en voulait, par sa faute Roëric était peut-être en danger. Il avait faillit à sa tâche autant qu'à son serment. Mais il pouvait encore mourir avec un semblant de dignité. Tout ce qu'il avait à faire c'était se taire, mourir dans le plus parfait silence. Rien de bien méchant... mais il semblait que le destin ai d'autres projets immédiats pour lui.  Loin sur la plaine, un appel de cor retentit tandis que les alayiens avançaient droit vers le lieu de son martyr. Torches et armes en verre noir en main, ils menaçaient directement les vampires, tout comme lui d'ailleurs. La seule solution restait alors la fuite... Où ? Pourquoi ? Et que deviendrait-il ? Il ne savait pas. Mais la réponse était peut-être contenue dans ces perles d'ambre. Ou bien dans les disques d'acier ?