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| Manu militari [Althaïa, Lorenz] [Terminé] | |
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| Sujet: Manu militari [Althaïa, Lorenz] [Terminé] Dim 4 Aoû 2013 - 22:00 | |
| Le crépuscule des alayiens Dracos que l'Armanda était changée. Les terres de l'Est étaient loin derrière eux désormais. Plus question de faire demi-tour. Parcourir les terres infestées d'Alayiens féroces créait un climat étrange dans la petite troupe. Du lever au coucher du soleil, ils se terraient dans les recoins sombres des vals, à l'ombre des promontoires ou dans les bosquets. Apercevoir une forêt équivalait à toucher terre après des années en haute mer. Il leur fallait toute leur ruse et toute leur énergie magique pour parvenir à esquiver les escadrons d'éclaireurs et les patrouilles qui battaient la campagne. Un soir, un bois épais et sombre fut repéré. Idéal pour établir le camp. Prompts et très organisés, les vampires montaient et démontaient leur camp avec facilité et en silence, ce qu'une armée humaine aurait été totalement incapable de faire. Althaïa n'avait emporté qu'une tente subsidiaire, laissant la sienne à la garde de Dinsheni, avec quelques bons verrous magiques. Elle ne s'embarrasserait pas de tout son matériel, inutile ici et fort encombrant. Seul le strict minimum avait été stocké dans les sacoches de la selle. Tianhanloth se montrait particulièrement docile. L'odeur des Alayiens et la vindicte de sa maîtresse l'avait dissuadée de foncer dans la bataille tête baissée, comme à son habitude lorsqu'un humain entrait dans son champ de vision étendu. La présence des autres destriers à ses côtés l'empêchait cependant de traverser les champs comme un mirage, et se sentir bridée de la sorte assombrissait son humeur. Ce qu'Althaïa comprenait. Ils progressaient trop lentement à son goût. Lorenz en tête avec Ethan, la cavalerie de cauchemar ne se déplaçait que la nuit, furtive comme un brouillard noir au travers des frondaisons. Une sécurité, salvatrice pour leurs forces, qui divisait par deux leur avancée. Un matin, le prince ordonna l'établissement du camp dans le sous-bois inextricable, à une vingtaine de mètres d'un sentier sylvestre. De là, ils pourraient voir sans être vus. En moins d'une heure, les tentes étaient montées et chacun vaquait à ses occupations. Les sentinelles désignées s'éparpillèrent aux alentours, prêtes à avertir la sinistre compagnie de la présence de l'ennemi aux premiers signaux. Dès la tombée de la nuit, ils reprendraient la route. Mais pour l'heure, il fallait attendre, récupérer, déterminer le prochain objectif, étudier le terrain et noter soigneusement les positions ennemies. Au moins, la quantité impressionnante de renseignements collectée lors de la traversée serait infiniment précieuse par la suite. Le temps perdu ne l'était pas vraiment. Renvoyant d'office le vampire qui s'avançait pour lui proposer de prendre son destrier, Althaïa déposa les sacoches dans sa tente et ressortit immédiatement. D'un regard circulaire rapide, elle s'enquit de la configuration du camp éphémère, puis remonta en selle, sous l’œil interrogateur du général Enaël à quelques mètres de là. La cavalière traversa la barrière d'arbre au petit trot. Elle ne s'éloignerait guère. Seulement, la solitude lui était indispensable. La promiscuité provoquait en elle l'éveil d'instincts étranges et sanguinaires qu'elle ne contrôlait que par la seule force de sa volonté implacable. La Soif n'était pas à l'origine de cela. Le seul remède était... la distance. Lorsqu'elle fut à un bon kilomètre, Althaïa mit pied à terre et attacha Tiahanloth au premier arbre devant elle. Lentement, elle déplia une à une ses articulations carapaçonnées, faisant jouer avec aisance toutes les pièces mobiles. Puis, la Dame s'éloigna de sa démarche souple, humant avec intérêt l'air aux alentours. Rien à signaler pour l'instant. Elle trouva un tronc tombé à terre à quelques pas de là. Althaïa en fit le tour, toute à ses pensées, les pâles rayons du soleil faisant luire le métal à travers le feuillage. Quand un bruit léger attira son attention. Indétectable pour une oreille humaine. Le galop silencieux et infiniment reconnaissable d'un destrier vampirique. Qui l'avait donc suivi dans son périple solitaire ? Et pour quelle raison ? Son regard capta la silhouette floue. Lorenz.N'était-il pas en train d'étudier les postes avancés des alayiens quelques instants plus tôt ? Pourquoi avait-il subitement quitté le camp ? Et surtout, en quoi pouvait-elle bien l'intéresser en un moment pareil ? Elle refoula aussitôt la myriade de calculs scénaristiques qui émergeaient dans son esprit. Elle le saurait bien assez tôt. Le voilà déjà. Le prince n'avait visiblement pas l’intention de descendre de sa monture. Il stoppa cette dernière à quelques mètres. Les iris d'acier rencontrèrent le regard blanc. Quelque chose dans l'éclat du regard anthracite indiquait la préoccupation. Cela n'avait rien d'extraordinaire. Qui ne l'était pas parmi eux en ce moment même ? Le danger était omniprésent. Althaïa s'inclina, le bras repliée contre elle. " Seigneur ?"
Dernière édition par Althaïa Actaaë le Ven 9 Aoû 2013 - 19:16, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: Manu militari [Althaïa, Lorenz] [Terminé] Lun 5 Aoû 2013 - 19:08 | |
| Etrange comme un corps mort et par définition incapable de dormir pouvait par moment ressentir la fatigue. Aussi impossible que ce soit elle aurait presque pu être confondu avec une véritable fatigue physique tant elle se faisait forte et violente par instant. En réalité il ne s'agissait là que de lassitude, avoir été tout près de renverser l'empire et se retrouver forcé à reculer jusqu'aux plaines sauvages puis à crapahuter plus ou moins joyeusement à travers tout l'empire dans l'espoir de rejoindre un groupe de chanteurs au tendre coeur cela ne pouvait qu'avoir des repercussions quelque peu négatives sur le moral. Et peut-être aussi sur le self-contrôle... Il avait beau être capable de se montrer plus patient qu'un fauve, Lorenz n'était pas décidé à en faire étalage à l'instant présent. Ses sourcils se fronçaient de plus en plus nettement à mesure que l'officier vampirique se perdait dans des explications tortueuses au sujet de la possible stratégie des troupes Alayiennes et de ce que les espions avaient pu en apprendre. La voix déjà peu assurée du vampire perdait peu à peu en intensité sous le regard glacial de son prince et au final sa conclusion se termina dans un balbutiement piteux. Mal à l'aise, il rectifia machinalement sa position tandis que l'ancestral se levait.
"En somme nous ne savons rien du tout. Il faudra un jour qu'on me rappelle en quoi les éclaireurs et les espions nous sont utiles, à oublier trop souvent je pourrai finir par faire une bêtise... Dehors."
Peu désireux de méditer trop longtemps sur les implications de ce qu'il venait d'entendre, l'être de la nuit ne se fit pas prier pour filer et manqua arracher un pan de la tente dans sa hâte d'échapper au regard qui le suivait. Soupirant légèrement, l'ancestral reporta son attention sur les cartes mais sa concentration était décidément volage. Cela n'arrivait pas souvent mais il savait d'expérience que vouloir insister dans ces moments là ne le ménerait nul part, il avait tout simplement besoin de se changer les idées avant de replonger dans les méandres tortueux de la stratégie, de la diplomatie et de la gestion en elle-même de son peuple. L'arrivée des Alayiens avait à ce point tout chamboulé qu'il devait tout revoir à zéro, cela ne pourrait que lui prendre du temps et vouloir avancer alors qu'il n'avait pas les informations nécessaires pour poser des fondations solides à ses nouveaux projets ne serait pas prudent. Mieux valait patienter, et se vider la tête autant que possible avant d'arriver dans le sanctuaire des baptistrels, son petit doigt lui disait qu'une fois là bas il n'aurait plus d'autre choix que de consacrer cent pour cent de son temps à la défense des intérêts vampiriques, les elfes et les humains n'auraient sans doute rien de plus urgent à faire que de tenter de prendre le dessus sur leurs éternels adversaires, mais ils trouveraient à qui parler.
Les pâles rayons de ce soleil matinal lui firent cligner des paupières lorsqu'il sorti de la tente. Logiquement il aurait dû y rester comme il le faisait chaque jour en attendant que la nuit leur permette de reprendre leur route mais il n'en pouvait plus de ce petit espace, il avait besoin de prendre l'air et tant pis pour le regard étonné que lui décochèrent certains gardes. Il arrêta de la main ceux qui s'apprêtaient à lui emboiter le pas, il n'avait pas besoin d'escorte et d'ailleurs il n'irait sans doute pas bien loin, pas question de se faire repérer encore une fois et de devoir subir une nouvelle calvalcade interminable. Les forêts elfiques se rapprochaient, il pouvait bien supporter la promiscuité avec le reste de la délégation encore un peu. D'ailleurs il n'était pas spécialement dérangé par cela, au contraire d'autres vampires qui ne supportaient tout simplement pas cette situation, les plus anciens par exemple. Sans doute parce qu'ils étaient plus habitués à la vie de vampire solitaire. Il savait cela et ne fut donc pas étonné lorsqu'il s'aperçu qu'un des destriers manquaient alors que lui-même s'emparait de la bride du sien.
"Qui est parti ?"
"Althaïa mon Seigneur, elle n'a pas dit où elle allait"
Et nul doute qu'ils n'avaient pas dû oser lui demander... La mante religieuse inspirait la crainte ou au moins la méfiance à la grande majorité des vampires, s'en approcher n'était jamais très prudent et après tout c'était une ancienne et une conseillère, pas le genre d'être à contrarier donc. Un léger sourire étira les lèvres fines de l'ancestral lorsqu'il y songea, savoir se faire respecter n'était pas une mauvaise chose et elle avait toujours fait preuve de loyauté envers lui. Jusque là, il n'avait rien eu à lui reprocher. S'était-elle beaucoup éloigné ? Sans doute pas, elle savait qu'il ne fallait pas attirer l'attention et n'avait rien à gagner à le faire, sans doute avait-elle juste voulu s'isoler. Il hésita un instant en se hissant sur sa monture, ses prunelles d'acier se fixèrent un instant sur les empreintes que l'autre destrier avait laissé au sol puis il se décida enfin. D'un murmure elfique, il poussa son cheval sur les traces encore fraîches.
Les vampires n'étaient pas des êtres très bruyants, mais le silence total qui s'affirma de plus en plus à mesure qu'il s'éloignait du camp soulagea sa tête comme toujours douloureuse. Transmettre la douleur de la malédiction à Achroma sous entendait un effort conscient qu'il ne pouvait pas maintenir à tout instant, d'ailleurs le dragonnier pouvait bien se reposer un peu sachant ce qui l'attendait une fois qu'ils seraient arrivés... Ce pacte magique était décidément des plus pratiques et il avait bien l'intention de l'utiliser au maximum, le reste du temps il subissait en silence la moitié de malédiction qui lui revenait, ce n'était plus si cher payé lorsqu'on savait à quel point elle l'avait rendu fort. D'ailleurs un jour il s'en débarrasserait tout à fait, il suffisait pour cela qu'il mette la main sur Dévoreuse. La bague était toujours introuvable, entre les mains d'une vampiresse rebelle aux dernières nouvelles mais les derniers événéments ne lui avaient pas non plus permi de mettre toutes ses forces et ses possibilités au service des recherches concernant cette traitresse, lorsque ce serait le cas elle ne lui échapperait pas longtemps et alors la malédiction ne serait plus qu'un souvenir, ne lui resterait que la puissance. Bien sur Achroma deviendrait à ce moment là beaucoup moins utile mais il ne doutait pas de lui trouver d'autres occupations sans trop de problème, à moins qu'il ne s'en débarrasser avant que sa dragonne ne devienne un trop grand danger... Tout cela méritait réflexion, mais il n'avait pas envie de réfléchir à l'heure actuelle.
Il galopa un moment entre les arbres mais ceux-ci se ressèrent au point qu'il dû faire ralentir son destrier jusqu'à se retrouver au pas. Ses narines se dilatèrent tandis qu'il inspirait à pleins poumons l'air pur de cette matinée, des milliards d'odeurs vinrent le chatouiller mais il ne s'amusa pas à les analyser, une seule l'intéressait et elle était facile à identifier. Althaïa n'était pas loin, en fait...Elle était juste là... Leurs regards se croisèrent, il ne savait même pas trop ce qu'il venait chercher là, il était peut-être simplement curieux de voir ce qu'elle faisait ainsi seule. Il demeura droit sur sa monture tandis qu'elle s'inclinait, acceptant ce salut comme allant de soi et il fallu supporter quelques secondes de silence avant qu'il ne se décide à répondre à l'accent interrogatif qu'elle avait mit dans ses mots.
"Althaïa..."
Il n'ajouta rien tout de suite, ne détacha pas son regard du sien. Parfaitement immobile, il l'observait, une lueur énigmatique dans l'oeil. Ses mots étaient presque une salutation en eux-même, une reconnaissance de ce qu'elle était et de ce que lui même était. Souplement, il se laissa glisser sans un bruit à bas de son cheval et porta son attention autour d'eux, savourant avec lenteur le calme du lieu.
"Que viens-tu faire ici ?"
Une simple interrogation émise d'une voix neutre, il croyait le savoir mais cela ne l'empêchait pas de vouloir l'entendre de sa bouche. Quand à ce que lui venait faire en ce lieu, cela le concernait non ? |
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| Sujet: Re: Manu militari [Althaïa, Lorenz] [Terminé] Lun 5 Aoû 2013 - 21:49 | |
| Si les instants avaient pu avoir des odeurs et des couleurs... nul doute que celui-ci serait apparut fort singulier. Le tronc se paraît de reflets ocres et verts sous la caresse des rayons pâles, renvoyant une lumière blafarde sur les corps aux alentours.
« Que viens-tu faire ici ? »
Althaïa se redressa. Elle n'avait pas bougé, seule une ride s'était formée à la surface de sa mer intérieure. Ainsi, son intuition, une fois de plus, ne l'avait pas trompée. Une fois de plus, le destin jetait les lignes de temps les unes en travers des autres, en oubliant joyeusement d'en communiquer la raison aux heureux propriétaires. Le regard du prince laissa paraître la curiosité. Était-elle donc son centre d'intérêt en ce moment ? L'idée traversa sa conscience comme le souffle dans le feuillage. Faisons fi de cela. Les rumeurs sur son compte courraient depuis l'éternité comme le vent du nord dans le col des montagnes. Mais n'y avait-il jamais prêté attention ? Elle n'avait beau taire toute information sur la Faim, peut-être la peur atavique de certains vieux témoins trépassés les avaient incité à parler. Quelle importance... Un seigneur ne s'embarrasse pas de jacasseries, surtout quand elles ne le concernent pas. Mais sa nature solitaire, elle, n'était ni un mythe, ni un mystère. Et Lorenz Wintel le savait pertinemment. Accepter à ses côtés, nuits et jours, des semblables, était tolérable pour la majorité des vampires malgré leur tempérament taciturne. Pour Althaïa, il s'agissait en réalité d'un supplice particulièrement raffiné, dont aucun parmi eux n'avait connaissance. Un mécanisme d'une perversité absolue qu'elle s'était elle-même imposé le jour où elle avait accepté les pouvoirs qui allaient de pair. Entre sadisme et masochisme, il n'y a qu'un pas, d'autant plus aisé à franchir pour un vampire exempt de sentiment, y compris à son propre égard. Surtout à son égard. Lorsque son regard se posait sur le prince et son aura fulgurante, le paradoxe était à son paroxysme. En même temps que l'instinct animal s'élevait la contemplation de l'esprit. Le vampire... dans les veines duquel circulait toujours, dans un cycle infernal, le sang du dragon et son pouvoir. La fascination morbide qu'elle éprouvait à l'approche de la magie ancestrale la transformait. Ainsi, lui et lui seul serait digne de figurer à la tête de leur futur empire. Il l'avait maintes fois prouvé. Et le seul aussi, à lui permettre de reconnaître enfin ce nom qui était le sien, lié à une ville. Nul souvenir, seulement les mots écrits sur un parchemin dérobé fortuitement aux sang-chaud il y a des siècles. Un mystère qu'elle comptait bien résoudre une fois la guerre achevée... Une fois la victoire totale et définitive. Le prince avait finalement mis pied à terre et s'était approché.
Pourquoi poser une question dont il connaissait la réponse ? Plusieurs hypothèses. Mais aucune ne l'intéressait vraiment. C'était là un enseignement précieux que les ans lui avaient livré : savoir s'arrêter en temps et en heure. Passer outre une monstrueuse curiosité qui ne rapportait pas forcément grand chose. La Dame esquissa un ample mouvement du bras, comme pour désigner l'ensemble de l'espace dans lequel ils étaient contenus.
« La solitude... est seule compagne à mes yeux capable de contenir mon âme tout entière. En ce lieu, seigneur, voilà ce que je suis venu chercher. »
Elle détachait chaque syllabe délicatement pour enrayer l'horrible accent de sa voix désincarnée et sifflante. Qu'y avait-il d'autre à dire ? Rien pour l'instant. Les orateurs aiment user et abuser de mots, en croyant noyer leur interlocuteur et le laisser en proie au doute. Althaïa avait été une redoutable oratrice. Elle avait employé le silence. Et le silence avait vaincu la verbe fastueuse. Rien en trop, tout en quantité suffisante. Les mots sont au final semblables aux coups : portez-en des myriades, s'il vous sied, il suffira d'un seul pour tuer. Encore faudra-t-il le placer au bon endroit au bon moment.
Elle se dirigea vers le bois mort sans le quitter des yeux. La solitude ne pouvait pas se partager. Le calme, lui, si.
« Nul doute que ce calme ne vous indiffère. Il est un baume exquis sur les blessures de l'esprit quand celui-ci vient à nous faire défaut. »
Leurs ombres dansaient sur le sol tapissé. Bientôt, il serait midi. N'avaient-ils donc rien d'autre à faire de cette journée que de tourner autour de ce vestige de vie ? Au fond, n'était-ce pas là une triste métaphore de leur existence ? Non, ils n'avaient rien à faire. Tout simplement parce qu'il n'y avait rien à faire. Il n'y avait rien à faire et il ne se passait rien. Amer constat auquel ni l'un ni l'autre ne pouvait échapper. Eux qui étaient habitués à l'action depuis des lunes, les voilà statufiés au beau milieu des bois, à contempler leur propre état d'inactivité. Une situation inédite.
Althaïa s'était arrêtée à quelques centimètres de l'écorce, puis elle s'était de nouveau tournée vers lui. L'armure émit une série de cliquetis quand elle déroula son échine en lui faisant face. Le prince était de ces êtres froids et habiles qui savent à tout instant où poser leurs pieds. Et ses pieds se trouvaient en cet instant précis à un mètre cinquante des siens. La distance du dialogue. Il n'avait rien prononcé. Pourtant, elle attendait. Le temps est relatif, et cette relativité se montrait sous la forme d'un ralentissement soudain. Derrière le masque métallique, les iris d'ivoire tournèrent brièvement avant de s'amarrer de nouveau au regard gris. Fallait-il se prêter au jeu et s'avancer ? Si tel était son désir. Le murmure à l'écho dissonant s'éleva une dernière fois avant d'être happé par le silence de la forêt.
« Le campement ne saurait se passer de votre personne si longtemps, prince. Lesquels de vos desseins requièrent à la fois ma présence et votre absence ? Ordonnez, votre volonté sera mienne dans leur accomplissement. »
Dernière édition par Althaïa Actaaë le Dim 17 Nov 2013 - 11:41, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: Manu militari [Althaïa, Lorenz] [Terminé] Mer 7 Aoû 2013 - 12:57 | |
| La pulsation qui s'acharnait dans sa tête se calmait peu à peu dans ce cadre tranquille. Elle ne disparaîtrait pas entièrement bien sur, elle ne disparaissait jamais entièrement, n'était-ce pas la base même de la malédiction ? Quelque part au fond de lui il pressentait que cette douleur lancinante et sans pitié avait plus de repercussions qu'il n'aurait voulu l'admettre sur sa santé mentale. C'était certainement le but final, rendre l'être maudit totalement fou et si possible avec lenteur. Bien sur il connaissait ce risque au moment où il avait porté la fiole à ses lèvres, il savait même que d'autres parts de lui auraient pu être touchées tel que son ouïe ou sa vue, aurait-ce été pire ? Peut-être pas. Il n'aimait rien moins que sentir son esprit lui échapper peu à peu et l'idée que ce changement pouvait se faire de façon trop lente pour qu'il puisse même s'en apercevoir lui déplaisait tout autant. Au moins était-il certain que cela ne l'empêcherait pas d'accomplir ses projets, son serment de vengeance était si profondément chevillé à son âme qu'il était absolument certain que rien au monde, pas même la folie furieuse, ne l'empêcherait de continuer à avancer dans ce sens. Mieux que cela, la rage sourde qu'il ressentait vis à vis de cette malédiction et de ceux qui la lui avaient infligé s'additionnait à sa fureur et à sa haine envers les elfes et à son mépris envers les hommes. Le sang de dragon ne le rendait pas seulement fort magiquement parlant, elle façonnait son esprit afin de le rendre plus dangereux encore. Peut-être même ne devait-il pas chercher à s'en défaire...
La réponse de la vampiresse ne lui arracha qu'un léger haussement de sourcil. Il voyait ce qu'elle voulait dire, mais lui n'était pas particulièrement attiré par la solitude bien qu'elle ne lui déplaise pas à certaines occasions. Après tout sa formation de base était celle d'un politicien, il était donc doué pour s'entourer des êtres les plus utiles et pour leur inspirer la loyauté d'une façon ou d'une autre. Quand aux incorruptible l'épée noire d'Ethan suffisait en général à régler la question, à moins que ce ne soit ses dagues à lui ou sa magie. Après tout désormais il n'avait plus besoin de cacher ses ambitions, et tant mieux d'ailleurs. Les paroles suivantes de son interlocutrice attirèrent son attention et il posa sur elle un regard pénétrant, presque méfiant. Pourquoi lui parlait-elle de l'esprit et du fait qu'il puisse leur faire défaut justement maintenant alors qu'il venait juste de réfléchir aux implications de la malédiction ? Il était à peu près certain que certains vampires et en particulier les plus anciens n'étaient pas dupes des changements qui s'opéraient dans l'existence et la façon d'être de leur prince mais jusqu'à quel point en étaient-ils conscient ? Et jusqu'à quel point cela pouvait-il s'avérer dangereux pour lui ? Paupières plissées, il répondit :
"Qu'est-ce qui te fait penser que j'ai possiblement besoin d'un baume à imprégner à mon esprit ?"
Il la fixait sans agressivité, curieux surtout de savoir ce qu'elle savait de lui et jusqu'à quel point elle le suivrait. De tous les anciens elle était sans doute l'un des êtres sur lequel il osait le plus se reposer, jusqu'à un certain point bien sur car il était bien placé pour savoir à quel point ce genre d'appui pouvait s'avérer mouvant, voir mortel. De nature prudente, il n'accordait pas sa confiance à mauvais escient et jamais entièrement. Quelles étaient les aspirations d'Althaïa ? Quel but poursuivait-elle exactement et jusqu'où leurs projets seraient-ils compatibles ? Elle était un atout de taille au sein du peuple vampirique et dans cette guerre qu'il menait, mais il y avait trop de zones d'ombres en elle. Un jour, peut-être qu'il s'apercevrait qu'elle représentait finalement un danger. En attendant il plongea les yeux dans les siens tandis qu'elle lui offrait son allégeance
"Le campement survivra, Ethan y veille. Quand à ce que je suis venu faire..."
Un craquement soudain vint le couper alors qu'il réfléchissait justement à ce uq'il venait faire là. Instinctive, sa magie se mua en un mur défensif mais depuis peu ce genre de protection ne pouvait plus vraiment suffire et la vision qui s'offrait à lui vint encore le lui prouver. Les Alayiens... Ils avaient cru pouvoir surprendre des vampires, c'était bien entendu raté mais la situation n'en était pas plus reluisante pour autant, combien étaient-ils à se cacher encore dans les bois ? Avaient-ils découvert le campement ? Si les choses tournaient mal le peuple vampirique se retrouverait sans aucun guide et privé de ses plus anciens et puissants vampires. Danger... Ses mains s'ouvrirent en un automatisme depuis longtemps intégré à son être et docilement, ses lames s'y matérialisèrent tandis qu'un rictus mauvais dévoilait ses crocs. .Si sa propre situation risquait de s'avérer difficile celle de ses ennemis tout autant, ils ne savaient pas encore sur qui ils venaient de tomber... |
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| Sujet: Re: Manu militari [Althaïa, Lorenz] [Terminé] Mer 7 Aoû 2013 - 16:16 | |
| " Qu'est-ce qui te fait penser que j'ai possiblement besoin d'un baume à imprégner à mon esprit ?" Le ton légèrement sarcastique du prince vampire attira son attention. Réponse à la fois fort simple... et éminemment complexe. Le masque imperméable du prince ne laissait paraître que les expressions qu'il souhaitait transmettre à son public. Mais l'instinct primaire d'un prédateur ne suffit pas à étudier un individu au delà de son apparence. Pour cela, l'intellect est de mise, et les observations ne s'arrête pas aux postures, aux regards ou aux mimiques. Les réactions, les actes, les chemins empruntés, la démarche, les choix et les décisions évoluaient avec la personne. Ces changements, Althaïa avait appris à les suivre, à les sentir comme le chasseur sent sa proie à travers les sentiers. Pour peu qu'elle s'y intéresse, son implacable machine mentale décortiquait dans l'ombre le microcosme dans lequel elle baignait depuis les débuts de la guerre. Et Lorenz Wintel avait changé. Le changement s'était accéléré avec leur départ. Ses réactions se faisaient plus vives, sa patience s'amenuisait, le regard qu'il posait autour de lui se perdait parfois à la recherche de quelque chose dont lui seul semblait avoir connaissance. Et cet éclat de satisfaction sur les stries métalliques de ses iris, qui scintillait brièvement alors que ses épaules s'affaissaient de quelques millimètres à peine. Du soulagement. Nul n'ignorait la fonction du double royal dans les hautes sphères. Le regard de son maître apportait une interrogation très nette, une question non formulée, intraduisible avec des mots, mais qu'Althaïa résuma succinctement par la méfiance vis à vis des secrets de son apparent silence et leurs répercutions possibles sur sa loyauté à son égard. Interrogation que tout être de pouvoir était à même de se poser dès qu'il s'adressait à l'un de ses subalternes. Et c'est ce qu'elle était. Malgré son indépendance absolue et farouche, l'opacité de son être et son silence obstiné, elle avait accepté sa supériorité comme une chose naturelle, alors qu'il n'y avait rien de pire pour l'ultime prédateur que d'être pris pour une proie. Une décision qui avait surpris beaucoup de monde, mais sur laquelle elle n'était jamais revenue, et qu'elle n'avait jamais regretté. Althaïa Actaaë était un esprit absolu. Pas par choix, mais par nature : il n'y a pas de place pour le doute ou la crainte dans un cœur inexistant. La vision de Lorenz Wintel était tout aussi implacable, et tout comme elle, il ne reculait devant rien. Son chemin se traçait dans le sang et le feu. Viendrait peut-être un jour où ce ne serait plus le cas. Mais qui pouvait s'avancer à prédire quoi que ce soit ? Sa loyauté était liée à sa parole. Et sa parole la liait présentement à Lorenz Wintel. Le reste ne concernait qu'elle et les tréfonds de son âme détruite. Thème : Que la chasse commence.Mais à l'instant même où Lorenz répondait à sa question, sa conscience étendue pris le pas sur son raisonnement. Son attention changea de centre en un éclair, telle l'aiguille d'une boussole à proximité d'un aimant. Trois. À cinquante mètres. Armés. Deux autres. À Droite.Ses pupilles s'étaient soudainement rétrécies, jusqu'à disparaître. Un bruit. À côté d'elle, Lorenz avait dégainé ses dagues. Leurs pensées se télescopèrent. Alayiens Son totem s'éveilla, cristallisant tout son être, des extrémités de ses membres jusque dans les méandres de son esprit. En un instant, toute la mécanique de la chasse se mit en branle. Elle n'était plus que métal tranchant aiguisé à l'extrême. Prête à tuer. De l'extérieur, la Dame s'était figée, tous les sens en alerte. Des pas. Les Alyiens n'étaient pas bruyants. Du moins ils croyaient ne pas l'être. Leur démarche humaine était un vacarme assourdissant dans le silence presque total de la forêt qui les entouraient. L'ouïe sur-développée des vampires eut tôt fait de localiser l'emplacement exact des pieds responsables des bruits entendus. La flamme sauvage du regard de Lorenz était un bien mauvais présage pour les intrus... et une véritable incitation au meurtre pour Althaïa, qui n'avait plus chassé depuis bien longtemps maintenant... Les lames rétractiles des avant-bras se déployèrent à moitié. La vampire fit jouer chaque pièces de son corps métallique, franchissant en un instant la distance qui la séparait du premier arbre devant elle. Les pans métalliques ondulèrent lorsqu'elle se mit en position, les griffes mortelles vers l'avant, les tendons bandés comme les cordes d'arcs elfiques, la magie affluant docilement dans la totalité de son corps. Qu'ils approchent. Un pas de trop signerait leur perte. Les vampires n'étaient que deux présentement. Mais pas des moindres. Les autres avaient-ils eux aussi senti les effluves putrides émanant de ces chiens du Néant ? Malgré l'excitation à l'approche des proies, sa prudence lui intimait d'attendre. La présence du prince à sa gauche rendait sa détermination infaillible : aucune erreur permise, il ne devait en aucun cas empatir de ce combat. Non pas qu'il ait à craindre ces soldats pathétiques. Seules leurs armes présentaient un danger potentiel. Des armes dont le seul contact pouvait s'avérer fatal, pour lui comme pour elle. En quelques pas, les deux fantômes s'étaient fondus dans l'ombre des arbres. Déjà, le reflet d'une armure alayienne entrait dans leur champ de vision. |
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| Sujet: Re: Manu militari [Althaïa, Lorenz] [Terminé] Jeu 8 Aoû 2013 - 19:25 | |
| Cinq adversaires seulement étaient visibles, ce n'était donc sans doute qu'une patrouille et même si c'était le cas c'était bien peu. Les Alayiens avaient plutôt l'habitude de se déplacer par groupes d'une dizaine d'individus, où étaient les autres ? Si ils avaient eu le malheur de tomber sur le campement alors il ne restait sans doute pas grand chose d'eux à l'heure actuelle mais l'ancestral avait un autre pressentiment, un mauvais pressentiment. Et si ils avaient filé pour chercher du renfort ? Leur salut passerait dans la vitesse, si ces cinq là parvenaient à le retenir assez longtemps pour qu'un groupe plus conséquent leur tombe dessus alors les choses tourneraient mal pour eux. Mais ils ne les retiendraient pas, c'était une chose certaine.
Fluide, son mouvement passa presque inaperçu aux yeux de l'humain qui s'avançait vers lui à toute vitesse. Il cligna des paupières, abasourdi, en s'apercevant que sa cible s'était déplacée et qu'il lui offrait désormais une vue magnifique sur son flanc découvert. Comme tout Alayien celui là était sans doute un combattant expérimenté et entraîné puisque loin de perdre la tête il recula aussitôt d'un pas en levant son épée noire dans une adroite parade. Néanmoins il n'était pas préparé au style de combat particulier de son adversaire et si il bloqua bien la première dague il ne pu rien contre la seconde qui se planta sans pitié dans le point faible de son armure. Il vacilla, mais frappa tout de même dans l'espoir d'au moins effleurer la peau du vampire qui n'aurait pas survécu à la moindre éraflure. Sans succès, Lorenz était déjà loin. Quelques secondes à peine avaient vu se dérouler cette scène et déjà il pivotait pour éviter une seconde lame dans ce mouvement fuyant qui lui avait été enseigné il y avait de cela si longtemps. Jamais il n'avait été un combattant digne de ce nom, jamais... Jusqu'à ce qu'il trouve enfin sa technique de prédilection. Voraces, ses dagues chantèrent leur soif de sang et un homme s'écroula, vaincu, et il s'immobilisa sur une position défensive tout en tournant rapidement le regard sur la vampiresse qu'il avait complétement occulté jusque là.
Aussi dangereuse que lui même bien dans une veine différente, elle semblait attendre un nouvel adversaire et c'est ensembles qu'ils plongèrent leurs regards dans les yeux des autres assaillants. Pas spécialement intimidé les Alayiens les fixaient avec haine et sans doute avec ce dégoût qu'il ressentait pour tout être lié à la magie. Méfiant, le regard de Lorenz se posa sur les armes noires qui pouvaient s'avérer si mortelles pour eux et qui avait été la cause des nombreuses défaites de son armée. L'occasion était trop belle...
"Althaïa..."
Sa voix était calme, plus calme encore que d'habitude car il s'agissait de cette froideur qu'il endossait lorsqu'il s'agissait de combattre et de défendre sa vie. Son ancien formateur avait été très clair à ce sujet, les sentiments n'avaient pas leur place dans un combat et signaient toujours la perte de celui qui se laissait prendre à leur piège. Il ne croyait pas si bien dire d'ailleurs... Les lames de son élève n'auraient sans doute pas pu lui transpercer la gorge si il était resté froid et lucide. Mais ce n'était pas le moment d'y penser. Ayant capté son attention il ordonna :
"J'en veux un vivant."
Un grondement de rage pure lui répondit, quoi ? Il les avaient vexé en prétendant les tuer tous sauf un alors qu'eux même étaient persuadés qu'ils pourraient les abattre ? Et bien ils allaient devoir s'y faire... Il tenait là une occasion en or de se saisir et d'interroger l'un de ces fanatiques, jusque là il avait uniquement tenté de s'emparer de leurs armes pour les étudier mais dès lors que celles-ci n'étaient plus entre les mains de leurs maîtres elles perdaient de leur pouvoir. Peut-être pourraient-ils en étudier une en gardant son propriétaire vivant ? Et même si ce n'était pas le cas ils apprendraient sans doute beaucoup de la part de ce prisonnier de premier choix... C'était décidé, il ne voulait un. Peu importait lequel, l'important était que les vampires aient levé le camp avant l'arrivée de possibles renforts et en emportant leur prise. |
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| Sujet: Re: Manu militari [Althaïa, Lorenz] [Terminé] Ven 9 Aoû 2013 - 0:01 | |
| « Là ! » Le cri avait fusé au moment où le premier soldat dégainait. Sa cible était Lorenz. Sans bouger d'un pouce, Althaïa enregistra la danse gracile des dagues à sa gauche. Dans le court laps de temps où ses prunelles avaient dévié, un autre Alayien avait dévié de son chemin initial pour se diriger droit sur elle. Aucun mouvement. Le soldat ralentit brièvement, le temps de localiser sa cible dissimulée dans l'ombre, et d'un mouvement à la technique irréprochable, fit tournoyer la lame en verre noir en exécutant une tranche ample. Un arrêt de mort en bon et due forme dans l'esprit du soldat, ce qui ne manqua pas de lui arracher l'ombre d'un sourire cruel. Ce que l'Alayien ne pouvait savoir, c'est qu'à l'instant même où la pointe de sa lame obscure avait dépassé la hauteur de son épaule, le pied gauche d'Althaïa s'était ouvert, son genoux abaissé de quelques centimètres dans son alignement. Le fil invisible qui s'étendait devant sa proie fut brisé. Le piège se déclencha sans plus de cérémonie. Si vite et si fort que la victime continua sa route comme si de rien n'était, droit devant, son hurlement de rage se muant progressivement en cri de douleur non contenu. La lame noire avait fendu l'air à quelques millimètres de son avant bras. À une telle distance, même l'épéiste d'exception qu'il semblait être ne pouvait plus arrêter son geste. Althaïa s'appuya sur son pied droit, pivotant de quelques degrés sur son talon gauche, les longues griffes réunies en une pointe serrée au bout de son poignet mobile. La fente entre la cuirasse et le heaume de l'Alayien était mince. Mais il était là. Le poignet bascula, son épaule se relâcha, communiquant toute sa puissance dans un mouvement fouetté, jusqu'aux ongles, qui s'enfoncèrent sans peine dans l'interstice, dans la chair... dans l'os ? Althaïa ne prit pas le temps de constater les dégâts. Elle avait visé l'artère principale, donc si l'humain n'était pas mort sur le coup, la seule dépression créée par l'hémorragie suffirait à le faire basculer dans l'inconscience. Il trépasserait de toute façon. "Althaïa..." Un autre soldat était entré dans son champ de vision. Elle n'avait toujours pas bougé de sa position. Son attention se porta sur la voix du prince. Ce n'était qu'un sursis supplémentaire pour ce fou furieux qui chargeait. "J'en veux un vivant." Changement de plan. Tuer était en réalité bien plus simple que de capturer. La déception s'évanouit devant la perspective toute neuve des tortures possibles sur de tels individus. Une pensée qui mit en ébullition sa machinerie mentale. Décidée, elle se tassa, puis bondit de toutes ses forces vers la droite. Un saut de deux mètres de haut et long de quatre qui la mit hors de portée de son adversaire. Ce dernier rugit en faisant précipitamment demi-tour, lance à la main. Ces précieuses secondes lui permirent de recalculer toutes les trajectoires et tous les scénarios possibles. Un seul passa la sélection finale, et lorsque le lancier parvint à sa hauteur, son sort était scellé. Opération délicate qui nécessitait sa participation... inconsciente, il va s'en dire. La Dame tendit les doigts vers la branche à moitié enfouie aux pieds de l'assaillant. L'Alayien enregistra son geste. Il en fit une mauvaise interprétation, comme elle l'espérait. Il avait stoppé brusquement son avance, peu sûr de la démarche à adopter. Ses deux secondes de perplexité virent la finalité du sort se révéler. À la manière d'un bras de catapulte, la branche se redressa, frappant l'Alayien en pleine tête. Il lâcha son arme sous le choc, titubant en arrière comme un homme ivre. Un autre adversaire entra dans la danse. Trahis par son ignoble odeur. La lame de verre siffla. Bien trop tard, hélas. D'un mouvement de hanche, Althaïa se projeta sur le côté sans bouger son talon gauche. Bras croisés devant elle. Un, deux. L'aisselle du soldat apparut au niveau de son épaule droite. Trois. Les lames de ses coudes trouèrent la fine côte de maille, sectionnant la moitié de l'articulation. Le bras retomba, tenant toujours la lame, mais avec un angle de rotation qui n'avait plus rien de naturel. L'Alayien assommé tentait vainement de rouler sur le côté en se tenant la tête à deux mains. Le semi-manchot avait récupéré quelque peu ses esprits, et déterminé à se battre jusqu'au bout, lui décocha un coup de pied retourné dans un grognement animal. Sa paume stoppa net le talon, les phalanges se refermèrent sur le renfort métallique. Demi-tour. Un claquement sec lui signala que les tendons venaient de larguer les amarres. Alayiens ou pas... vous n'êtes jamais que des humains. Stupides... et faibles. Le regard haineux du soldat perdit en intensité sous le coup de la douleur. On continue ? Vive comme l'éclair, elle plongea ses ongles en travers de la cheville. Manchot... et unijambiste. Ne t'en fais pas, petite âme. Tu serras bientôt libre. Encore quelques secondes. De l'autre côté d'un arbre, Lorenz achevait un nouvel ennemi. D'un regard il la somma d'en finir. Dommage. Fermant le poing, tenant toujours le moignon de l'autre main, Althaïa fit basculer le heaume d'un coup franc. Le visage de l'humain grimaçait, ses yeux sombres presque exorbités. La vampire avisa sa gorge découverte : quel goût pouvait donc avoir le sang alayien ? Sa raison engloutit aussitôt l'avidité : ce n'était ni le moment ni l'endroit. Les lames de l'avant-bras tranchèrent la tête du fanatique dans une courbe sanglante. Le prisonnier potentiel rampait à présent en direction de sa lance. Un rapide état des lieux lui indiqua qu'aucun assaut ne se déclencherait dans l'immédiat.
La Dame s'avança lentement vers la vermine à plat-ventre. Son pied armé écrasa les doigts de l'humain au moment où ils touchaient au but. Les kilos d'acier et de muscles broyèrent méticuleusement les larges métacarpiens du lancier qui serra les dents plus que raison. Courageux, avec ça. La poigne invisible se referma sur la gorge alayienne. Le sort demandait plus d'énergie que d'habitude... les soldats devaient posséder des protections. Pas suffisantes pour l'empêcher de suffoquer cependant. Quatre chaînes jaillirent de nulle part et transformèrent l'infirme en rouleau ficelé, prêt à être livré. Althaïa relâcha la pression sur la trachée lorsque sa victime sombra dans un sommeil sans rêve. D'un pas, elle franchit la distance qui la séparait de la lance et la fit venir à elle. Le regard brillant, elle examina de plus près son trophée.
Le destin se montrait particulièrement clément envers elle. L'occasion qu'elle attendait lui était offerte sur un plateau. Enfin, elle allait pouvoir envisager de percer les secrets du verre noir et de sa soit-disant bénédiction hérétique. La silhouette de Lorenz se détacha de l'ombre. Elle fit luire les arrêtes acérées de la pointe de lance sous la pâle lueur du soleil. Sa voix dissonante se teinta d'un vague amusement. « J'ai le prisonnier, seigneur. Ainsi que son... jouet favori. »
Mais se reposer sur ses lauriers était inutile et dangereux. Cinq soldat de seconde zone, c'était peu. Bien trop peu. Il avait conscience du piège. Mais la précipitation n'était pas non plus une solution.
Dernière édition par Althaïa Actaaë le Ven 9 Aoû 2013 - 17:16, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: Manu militari [Althaïa, Lorenz] [Terminé] Ven 9 Aoû 2013 - 16:00 | |
| HJ : ouala, est-ce que tu postes une petite conclusion ? Pas très très loin ce rp mais ça va mettre du piment dans les intrigues xD
C'était perturbant une telle résistance mise en oeuvre par des humains... Rien à voir avec leurs généraux bien sur, Lorenz avait apprit depuis peu que ces sales empêcheurs de tourner en rond possédaient les mêmes atouts que les vampires sur le plan physique, mais il fallait croire que le fanatisme des simples soldats leur permettait de se relever de blessures qui auraient laissé à terre n'importe quel impérial. Dubitatif, l'ancestral observa d'un oeil intéressé celui qu'il venait de planter et qui tentait de retenir le flot de sang qui s'échappait à gros bouillons de son corps tout en continuant d'avancer vers lui. Si la bêtise des impériaux l'avait toujours laissé pantois là il devait dire qu'ils avaient trouvé leurs maîtres ! Plus courageusement suicidaire, cela n'existait pas. Oscillant entre agacement et intérêt il porta son regard sur le deuxième homme qui avait apparemment décidé de le prendre à revers et se décida à l'accueillir d'un coup de coude fracassant en plein dans le cou qu'on lui offrait tout en échappant une fois encore à la lame qui entendait se planter dans sa poitrine. Hoquetant, l'Alayien ne demande pas son reste et s'écroula purement et simplement en portant les mains à sa trachée broyée. Hmm.. Il y avait été un peu fort là, ce n'était pas encore celui là qu'ils allaient pouvoir capturer ! De plus en plus agacé il le laissa agoniser sur place en se retournant dans la même seconde pour accueillir le blessé qui était bien trop affaibli par sa perte de sang pour résister à la violente parade que lui offrit le prince vampirique.
"Encore ?" plaisanta sombrement le vampire tandis que l'épée noire volait au loin
Dents serrées, l'autre ne daigna pas répondre et préféra tirer un poignard de sa manche. Voilà qui était dangereux... Et qui ne permettait aucun quartier. La seconde suivante, l'homme s'écroulait à son tour, la gorge tranchée. Bon.. Et bien il ne capturerait pas celui là non plus... De toutes façons ses blessures ne lui auraient sans doute pas permis de survivre au moindre interrogatoire. De toutes façons Althaïa avait très bien entendu son ordre et il l'avait vu la seconde d'avant fracasser le crâne d'un de ses adversaires, à moins qu'elle ne l'ai achevé depuis les vampires tenaient leur prisonnier. Un simple coup d'oeil de vérification lui fut suffisant pour en avoir la preuve, au milieu du sang et des morts se tenait la vampiresse fort occupée à observer de près une lance en verre noire qui devait certainement appartenir à la forme recroquevillée qui était immobilisée, et apparemment inconsciente, à ses pieds.
« J'ai le prisonnier, seigneur. Ainsi que son... jouet favori. »
Silencieux, il se rembrunit quelque peu en constatant que oui, l'homme était bel et bien inconscient. C'était fort dommage d'un côté car il aurait aimé l'interroger au sujet des possibles renforts qui risquaient de leur tomber dessus, mais pas tant que ça d'un autre car il ne serait pas trop difficile à transporter surtout qu'interrogatoire ou pas il était à peu près certain que toutes les troupes Alayiennes du coin se dirigeaient bel et bien vers eux. Ils étaient trop peu nombreux pour constituer une patrouille à eux seule et pour peu qu'ils l'aient reconnus, ce qui était très plausible, la zone allait devenir extrêmement dangereuse très bientôt. Décidément il était grand temps que leur voyage se termine :
"Retournons au campement, il faut se remettre en route en vitesse. Plus question de nous arrêter désormais, le moindre retard signera notre perte."
Voilà qui annonçait une chevauchée pour le moins dantesque... Plus question de n'avancer que la nuit et de prendre les chemins détournés, la troupe vampirique ne descendrait plus de cheval avant d'être en sureté et Lorenz avait bien l'intention de ne laisser personne se mettre en travers de leur route, à présent seule la vitesse comptait. D'un geste impérieux, il désigna l'épave au sol :
"Tu es responsable de celui là, nous ne pourrons pas l'interroger avant d'être en sureté et il y a de fortes chances pour que les Baptistrels n'approuvent pas nos méthodes mais l'occasion est trop belle pour qu'on le laisse ici. Nous verrons bien ce qui adviendra."
Pour tout dire il n'avait aucune idée de la façon dont les autres peuples allaient réagir en voyant que les vampires débarquaient avec un prisonnier Alayien mais puisqu'il fallait improviser chacun devrait faire avec. Sans perdre de temps, il siffla son destrier qui ne s'était pas éloigné de beaucoup et sauta en selle dans la ferme intention de rejoindre le campement au grand galop. Au loin déjà, un cor sonnait de façon inquiétante : |
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| Sujet: Re: Manu militari [Althaïa, Lorenz] [Terminé] Ven 9 Aoû 2013 - 18:40 | |
| [H rp : Bien sûr, une scène de combat ne peut pas être très longue, à moins de raconter une bataille entière. ^^' Mais vivement les conséquences rocambolesques. =B ]
"Tu es responsable de celui là, nous ne pourrons pas l'interroger avant d'être en sûreté et il y a de fortes chances pour que les Baptistrels n'approuvent pas nos méthodes mais l'occasion est trop belle pour qu'on le laisse ici. Nous verrons bien ce qui adviendra."
Oh oui, l'occasion était bien trop belle. Déjà, armes et armures des morts se volatilisaient dans un léger craquement. Seule la lance entre ses griffes était restée intacte. L'enivrement passager provoqué par le massacre se dissipa. Althaïa appréhenda lentement toutes les conséquences de l'ordre qui venait de lui être donné. Le prince remonta en selle, la laissant en arrière avec l'Alayien prisonnier. Elle le suivit des yeux jusqu'à ce qu'il disparaisse sous les frondaisons. Tiahanloth fit son apparition peu après, renâclant bruyamment d'un air contrarié. « Non, trancha Althaïa, inflexible, celui-ci est à moi. Sers-toi parmi ceux qui restent. » Le destrier coucha les oreilles. Lorenz avait en tête la rapidité avec laquelle ils devaient désormais quitter les lieux. Elle, avait d'abord quelque chose de très important à faire. Lorsque le galop du destrier princier se tut au loin, la vampire s'approcha de l'un des cadavres. Sa silhouette longiligne se courba au-dessus de l'homme, les longs doigts acérés se glissèrent sous la nuque inerte. Dans un chuintement , la mâchoire inférieure du masque se scinda. Tiahanloth se redressa, les oreilles agitées reflétant son inquiétude quand à ce qui se déroulait sous ses yeux. Un large sourire carnassier s'ouvrir sur son visage, ses longues dents luisant dans la pénombre. Allons, ne faisons pas attendre.
Quelques minutes plus tard, la jument noire franchissait le sentier d'un bond, le brancard improvisé sur sa croupe contenant un corps soigneusement emmailloté et ligoté. Les vampires avaient bien avancé la levée du camp et la plupart des montures étaient prêtes. Tous les visages des soldats se tournèrent vers elle en un magnifique ballet parfaitement synchrone. La troupe s'écarta précipitamment, non sans se pencher d'un air intrigué vers l'énorme paquet qui bringuebalait sur les reins du destrier. Althaïa stoppa Tiahanloth devant un groupe de trois gardes et sauta à terre. D'un geste elle fit léviter son chargement jusqu'à eux. « Trouvez une place sur un cheval de bat pour ceci. Vous chevaucherez à ma suite. Ce prisonnier est de la plus haute importance. Le seigneur Lorenz le veut vivant. Il doit le rester. » Le teint pâle du premier vampire avait viré au crayeux à la vue de la lance que la Dame tenait toujours fermement. Tant que le corps vivant resterait à proximité, l'arme resterait intacte. Sa seule présence créait rapidement le vide dans son voisinage immédiat. La présence du verre noir suffit à nettoyer instantanément la place. Le froid qui émanait de la pointe n'avait rien de rassurant, même pour les créatures qu'ils étaient. Althaïa laissa son amertume de côté : une fois dans les bois elfique, elle aurait tout loisir d'étudier l'objet. En quelques instants, sa propre tente fut pliée et rangée. Le soir tombait. Affublée des trois soldats et de leur précieux chargement, elle attendit l'ordre de départ. Qui, à en croire l'apparition du prince entre les rangs, ne saurait tarder.
______________________________________Epilogue
Le reste de l'escadron franchit les derniers mètres au pas de course. Les ordres du lieutenant fusaient en tout sens. Les hommes s'écartèrent à égale distance, tous équipés de lourdes armures et d'armes de très bonne facture. Le ratissage put commencer. Les Alayiens battaient les bois sans prendre le soin de se cacher. Les cibles ne pouvaient pas être loin. Une exclamation les fit converger instantanément vers l'auteur du cri. Une jeune recrue effarouchée ? Avait-il repéré un mouvement ?
Les soldats découvrirent, perplexe, les lieux du combat. Le sol maculé de sang crissait sous leur pas. Des jurons, des invectives haineuses en découvrant les corps de leurs camarades tombés. « Pas de vampire chef. Il n'y a personne ici. » Le lieutenant renifla d'un air dédaigneux. Ce n'était que partie remise. Après un tel carnage, les auteurs de ce crime seraient châtiés avec un raffinement exceptionnel. Alors que ses hommes ramassaient les corps, un détail attira son attention. Trois ? Il recompta. L'avant-garde comptait pourtant cinq membres. Où étaient passé les deux autres ? « Je n'en sais rien, chef. Il n'y a plus aucune arme attestant la présence de survivant... » D'un geste, le supérieur renvoya le subalterne qui s'éloigna. Soudain, son pied fit craquer quelque chose de très dur. Il baissa les yeux. Plissant les yeux pour distinguer les formes dans l'obscurité, il grimaça devant sa macabre découverte. « Ne cherchez pas le quatrième. Je l'ai trouvé. Enfin... » Une vague de haine accompagna ses paroles. Puisse le Néant faire brûler vif de telles abominations !
Malgré tout, le cinquième soldat resta introuvable.
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