-A Gloria la Magnifique, le matin-
Elle se réveilla assise sur une chaise et courbaturée. Nalaïa avait veillé une bonne partie de la nuit sur le blessé, mais le sommeil avait fini par l'emporter. Elle se leva et s'avança jusqu'au lit où reposait le corps de l'inconnu. Sa respiration était encore difficile, sifflante. Cependant, les bandages qui recouvraient sa main n'étaient pas imbibés de trop de sang. La jeune Elfe se souvenait de l'état dans lequel elle l'avait trouvé la veille...

-Quelques par à l'ouest de Gloria, près d'un lac, au levé du soleil-
Ses recherches avaient été vaines à l'est. Elle les avait poussé jusqu'aux premiers marécages. L'éclaireuse sentait qu'elle avait manqué un indice important. Malgré tout, après trois jours, elle avait rebroussé chemin pour aller explorer l'ouest de Gloria. L'Elfe aux cheveux flamboyants n'était pas passée par la ville, préférant faire un détour. Une fois la capitale humaine dans son dos, elle poussa sa jument dans une course avec le loup blanc qui ne l'avait quittée un seul instant depuis sa rencontre avec Jeönyr Methus. Il était la dernière personne qu'elle ait côtoyé ces derniers jours. Mais cette solitude lui permettait de réfléchir à sa vie et à ses choix.

En approchant d'un lac, la guerrière rousse se redressa sur sa selle et Elwing ralentit. Il faisait plutôt chaud ce matin-là et ses flancs étaient couverts d'écume. Elle la guidait vers l'eau pour que la jument se désaltère quand elle le vit, forme inanimée sur fond écarlate. Sans se poser de question, elle était descendue de cheval et s'était précipité vers lui. Un guerrier en déduit-elle à son armure. Celle-ci était dans un sale état, enfoncée et couverte de sang. Mais bientôt, elle ne se soucia plus de son statut. Elle venait de comprendre que la mare de sang dans laquelle il était allongé était le sien. Elle chercha les plaies pour enrailler l'hémorragie. Elle n'en découvrit que deux, sur la main. C'était impossible que deux plaies si peu importantes aient fait couler tant de sang !

La jeune Elfe secoua la tête pour se ressaisir. Elle devait cesser de s'interroger et agir. D'abord, soigner les blessures les plus importantes. Ensuite, trouver un moyen de le déplacer sans aggraver les différentes lésions. Enfin, le ramener en ville pour finir de le soigner. Sa quête était oubliée pour l'instant, seul comptait la vie de cet homme qui je tenait qu'à un fil. En l'examinant, elle découvrit une côte fêlée et de nombreuses ecchymoses. Se concentrant, elle usa de tous les sorts de soin qu'elle connaissait. Les ecchymoses disparurent et la côte retrouva son intégrité. Les bords de l'entaille dans la main se rapprochèrent sans qu'elle parvienne à les lier à nouveau. Cependant, elle était plutôt satisfaite du résultat. Le sang ne coulait plus de la plaie, ce qui était déjà un bon point. Elle se releva. Ses vêtements étaient maculés de sang mais elle n'y accorda pas d'importance et marcha jusqu'à la jument palomino qui broutait non loin. D'une de ses sacoches, elle sortir une bande et revint vers le blessé. Avec délicatesse, l'éclaireuse enroula la bande autour de la main du blessé. Il était toujours inconscient, toutefois elle préféra utiliser le sort de sommeil réparateur. Elle ne pouvait rien faire de plus pour aider son "patient". Il avait perdu beaucoup de sang et il faudrait du temps à son organisme pour récupérer.

Nalaïa siffla doucement et Elwing leva la tête pour la regarder. Puis, l'animal à la robe soyeuse s'approcha. L'Elfe aux yeux verts murmura à l'oreille de la jument de se coucher pour lui permettre de hisser l'homme inanimé sur son dos. Après un bref hennissement d'acquiescement, elle s'exécuta. Alors, sa maîtresse porta, ou plutôt traina, le blessé pour le caler ensuite sur la selle. A l'aide d'une corde, elle l'attacha de telle sorte qu'il ne tombe pas mais aussi que son corps meurtri ne soit pas trop solliciter. Puis, Elwing se releva et Nalaïa saisit ses rênes.

Le soleil était déjà haut dans le ciel lorsqu'elle se remit en route vers Gloria, marchant à côté de sa jument. Utiliser sa magie l'avait fatiguée et la chaleur devint vite insupportable. Elle ne buvait pas, réservant l'eau de sa gourde pour rafraîchir son passager. Le soleil avait entamé sa descente vers l'ouest et les ombres s'étaient allongées quand la jeune Elfe était enfin entrée dans la capitale humaine. Instinctivement, elle s'était dirigée vers le lieu qu'elle connaissait le mieux dans cette cité : la caserne militaire. Elle croisa un garde qui la reconnut. Arrivée dans la cour, elle chercha des yeux son mentor. En la voyant, Fiztéring s'élança dans sa direction. Elle lui demanda s'il y avait une chambre libre en désignant le blessé. L'éclaireur acquiesça et, l'aidant à porter l'inconscient, il la conduisit à son ancienne chambre. Là, ils installèrent le corps meurtri du guerrier sur le lit et la jeune Elfe prit place sur la seule chaise que comportait la pièce. Son mentor la laissa seule à veiller son patient, comprenant qu'il n'était pas temps de discuter. Elle ne quitta pas la chaise du reste de la journée. Fiztéring lui apporta un maigre repas qu'elle engloutit sans cesser de fixer le blessé. Toutes les dix minutes, elle se levait pour s'assurer que son état n'empirait pas. Elle finit par s'endormir. Pour se réveiller quatre heures plus tard. Après un bref examen de l'homme toujours inconscient, elle retourna s'asseoir et attendit qu'il reprenne connaissance.

Le néant. Au départ, le néant. Une noirceur si opaque que même la plus grande des ombres ne pouvaient s'en séparer. Puis, lentement, à la vitesse que l'eau creuse la pierre, une lumière trancha les pénombres. Petite, faible, mais tenace. Une lumière déformant le réelle et le rêve. Un monstre, de la douleur, un froid intense, la peur. Ombre ne distinguait plus les faits. Torturé dans les ténèbres de ses cauchemars, seul l'immense silhouette de l'être hématophage se découpait du décors uniforme. Vil, terrifiant, l'incarnation même de ses plus grandes peur, puis encore, le néant...

Ses artères tarirent réclamait du sang, son corps espérait le soulagement du précieux fluide vitale. D'abords, un tic, au bout de ses doigts, puis, une agitation derrière ses paupières closes. Faible, il huma l'air, a la recherche d'une indice sur sa présente location. La poussière, le métal, une odeur de musc et... Une flagrance étrangement douce et délicate. Où était il? Était-il seulement encore vivant, ou les ténèbres environnante étaient la représentation de sa demeure éternelle? Il tenta de bouger ses mains et reçu en retour une douleur violente. Non, il vivant toujours...C'était impossible...

Il tenta d'ouvrir les yeux, mais l'effort était trop grand. Il tenta alors de parler, mais sa gorge rauque et sèche ne produisit comme son qu'un faible grognement. Il entendait des bruits indescriptibles autour de lui. Quelqu'un, ou quelque chose se tenait non loin de lui. Peut être un roturier venu puiser de l'eau? Ou des loups venu dévorer sa carcasse. C'était l'explication la plus logique à l'odeur de bête qui rodait dans l'air. Mais alors, d'où venait ce parfum si apaisant? Il tenta encore une fois d'ouvrir les yeux, sans succès.

Une pensée le traversa soudainement. Le vampire en avait après Mélusine, ce qui signifiait que son frère était également en danger. Si ce monstre possédait la moindre capacité de traque, son sang avait dit lui être d'une utilité précieuse... Il haïssait les vampires à un point tel que sa rage lui fit crisper légèrement le visage. Il sentit le contacte familier du métal sur sa peau. Il portait toujours son masque, mais quand était il du reste? Il ne sentait plus le poids rassurant de son armure, ni la présence de Murmure dans son dos. Dans un ultime effort, ses paupières firent un écart très mince. Ombre ne pût voir que d'étranges formes flous, son corps étant trop faible pour lui permettre ne serait-ce que d'employer ses yeux normalement. Ces dernier se fermèrent presque aussitôt.

Dans l'incapacité totale de bouger, Ombre se résigna à rester calme. Rien ne pouvait arriver de pire, alors il n'avait pas lieu de paniquer. Seul la mort l'attendrait en temps voulu. Il se concentra plutôt sur la présence qu'il percevait. Était ce un passant? Un soldat? Ou...un autre vampire? Cette dernière pensée le fit frissonner de dégout, de rage et de peur. Non, il n'y avait ici aucun non mort, car aucune odeur le suggérait, et le nez d'Ombre ne se trompait que très rarement. Il balbutia une phrase incompréhensible en direction de la présence qu'il percevait. Ses lèvres s'entrouvrirent et un autre râle rauque en sortie. D'une voix plus que faible, il réussit a articulé:

- Po...ppppour....pourquoi?

Ce simple mot venait de l'exténuer complètement. Il détestait son état. Il était faible, sans défenses. Il ne voulait pas savoir où il était, il ne voulait pas savoir qui était cette présence. Tout ce qu'il voulait savoir, c'était pourquoi était-il toujours en vie? Comment avait-il survécu? Si c'était le cas, qui et comment l'avait-on trouvé? Jamais personne ne sauve personne par simple acte de bonté. Pour l'assassin, c'était impossible, inconcevable. Alors qu'est ce qu'il n'avait pas comprit? Qu'est ce que le grand Esprit de la Mort tentait de lui dire en lui refusant ainsi sa place en son royaume? Dans un pénible effort, il entrouvrit les yeux et réussit à les garder ouvert. Il distinguait encore la même silhouette de manière flou, dont la partie supérieur semblait cette fois auréolé de flamme. Un démon? Un mage? Il ne saurait dire, mais peu lui important son identité, car Ombre était à la merci de tous. Il était honteux d'avoir ainsi pratiquement vendu la vie de son jeune frère.

Comme une révélation, l'assassin sentit une éclaire briller dans son esprit. Avec un peu de chance, la personne qui se tenait près de lui était un membre de la Horde. Il était évident que si tel était le cas, il n'était pas pressé de s'éveiller, pour être aussitôt assommé par l'un de ces abruties de louveteau. Néanmoins, si c'était bel et bien le cas, il pourrait aller quérir son frère, ou même leur chef, et ainsi, Ombre pourrait leur livrer son message. Stimulé par sa nouvelle théorie, l'assassin canalisa toute son énergie afin d'être apte à articuler, plus d'un mots cette fois.

-Ho...Horde...Methus....Je....Jeön...nyr....La....Louve...Mélusine....Vam...vampire...vampire...vampire...

Le dernier mot fut répété encore et encore, de moins en moins fort jusqu'à ce qu'il ne devienne plus qu'un soupir. Il ne savait rien de rien sur rien, ce qui était un peu trop imprécis pour son esprit calculateur. Il détendit ses muscles et referma les yeux. Il ne pouvait rien faire, seulement attendre.

Un râle rauque. Elle vérifiait l'état de l'inconnu pour la vingtième fois depuis qu'elle s'était réveillée quand elle l'avait entendu. Il lui fallut un instant avant que la jeune Elfe ne comprenne qu'il provenait du blessé. Il reprenai avant connaissance. Le masque de métal qui recouvrait son visage empêcha Nalaïa de voir ses paupières s'entrouvrirent. Elle n'était pas parvenue à le lui retirer et s'était abstenue de forcer, de peur de causer plus de mal que de bien. Pour le rassurer, elle lui murmura des mots apaisants.

-Ça va aller, vous allez vous en sortir.

Elle s'était occupée seule du guerrier et avait refusé qu'on fasse appel aux guérisseurs du palais. Seul le temps pouvait être bénéfique à ce corps affaibli. Et il commençait à faire effet. Un nouveau son s'échappa de derrière le masque et l'éclaireuse approcha son oreille. Il parvint à prononcer un unique mot, une question. La première pensée du Chevalier des Larmes fut que le moment n'était pas idéal mais elle changea d'avis et parla d'une voix calme qu'elle voulut rassurante :

-Je vous ai trouvé mourant près d'un lac. J'ai entrepris de soigner vos blessures et de vous ramener à Gloria. Pourquoi? Parce que vous êtes un être humain et que personne ne mérite de mourir. Même le plus grand criminel.

Elle avait pesé chacun de ses mots et ils étaient l'exact reflet de sa pensée. Après un moment de silence, l'homme articula une suite de mots. Au premier, l'image de Jeönyr s'imposa à l'esprit de Nalaïa et elle sursauta en l'entendant dans la bouche de son "patient". Elle aurait voulu le questionner à ce sujet, savoir comment il connaissait le mercenaire. Mais il n'avait pas ci i et, de toute façon, il n'était pas en état de répondre. Pas encore. Alors, elle continua d'écouter.

Vampire. C'était donc un de ces êtres vils qui avait attaqué l'homme au masque. Pourquoio donc l'avait-il laissé en vie? Décidément, l'Elfe ne comprendrait jamais les représentants de cette race. Elle reporta son attention sur le blessé et remarqua que ses muscles s'étaient détendus.

-Bien. Reposez-vous, nous parlerons quand vous serez remis.

L'éclaireuse remonta la couverture jusqu'au menton de l'inconnu et continua de veiller sur lui. Au rythme le t et régulier de sa respiration, elle devina qu'il s'était rendormi. Il ne se réveillerait certainement pas tout de suite et elle était toujours courbaturée de sa nuit. Courir un peu lui ferait le plus grand bien. La jeune Elfe sortit donc dans la cour où elle trouva deux soldats à l'entraînement. Elle les salua et ils lui rendirent son salut d'un signe de tête. Elle trouva son mentor regardant la scène à l'ombre d'un mur. D'un pas rapide, elle se dirigea vers lui et lui demanda s'il pouvait surveiller son "patient". D'un hochement de tête, il lui signifia son acceptation. Quand elle tourna le dos, il posa sur elle un regard paternel qu'elle ne vit pas. Elle quitta la ville et s'élança dans la campagne. Après une heure et demie, elle retourna vers Gloria la Magnifique et retrouva son poste de surveillance auprès du guerrier encore endormi.

La voix de la jeune femme brisa le silence oppressant qui cernait l'esprit d'Ombre. Le calme qu'elle émanait suffit à le détendre et à appairer bon nombre de ses questionnements. Alors, il était a Gloria... Restait à savoir où. Comment cette femme avait-elle fait pour le retrouver? Son antre était méconnu de tous et peu de personne osait s'y approcher, faute a la réputation lugubre qu'Ombre s'exerçait de conserver depuis tant d'année. Étrangement, elle avait compris le sens de son questionnement. Il ne s'y attendait pas... Elle l'avait sauvé par pure bonté? L'assassin avait du mal à le croire. Le lieu ou il se trouvait, son apparence, le sang... Tout ce sang... Personne n'aurait oser l'approcher, encore moi l'aider. Cette personne brisait toute les suppositions d'Ombre, et il n'aimait pas ça. Calculateur, des faits inconnus étaient synonyme de danger pour lui, mais il ne pouvait que se résigner à croire en un supposer acte de bonté de la part d'une inconnue.

Elle lui dit de se reposer et qu'ils parleraient tout deux plus tard. Évidement... Ça ne changerait jamais. Un autre interrogatoire en bon et du forme. En une semaine, s'il n'avait pas dormit d'avantage, ce serait la troisième fois qu'il était a la merci de quelqu'un, contraint de s'expliquer. D'abord son nom, puis son métier, puis son lieu de résidence...Trois chose auxquelles il ne pouvait répondre sans s'exposer à de grave conséquences. Il soupira profondément et se détendit. Insidieusement, le sommeil vint le rafler.

Il ne sait pas combien de temps il dormit, mais lorsqu'il se réveilla, le soleil commençait a percer la nuit de sa lumière. Cette fois, son corps lui obéissait, lentement, faiblement, mais il lui obéissait. Il ouvrit les yeux. Elle était encore la, l'odeur était encore la, et cet étrange aura aussi... Était-ce... Ses cheveux? Il semblerait que oui... Il ouvrir sa mouche pour parler. Il la sentait pâteuse, la gorge sec, le souffle court.

-J'ai...soif...s'il vous plait...

Il prit le temps de déglutir entre chaque mots afin de bien articulé. D'avantage conscient de son état, il constata qu'il n'avait plus aucun vêtement, ni armure, ou encore d'arme. Légèrement intimidé par cette situation, il balaya rapidement la pièce, mais ne pût distinguer quoi que se soit des ombres de la chambre. Il ravala son peu de salive et s'adressa à sa salvatrice.

-Ou sont mes... Armes? Mon armure?Qui...Êtes vous?

Il se concentra d'avantage sur ses souvenir. S'ils étaient belle et bien à Gloria, peut-être qu'il pourrait reconnaitre le visage de cette femme. Ce dernier devenait de plus en plus clair avec les secondes qui passaient, alors qu'Ombre reprenait lentement le dessus. Il n'avait jamais oublié un visage, ni un nom d'ailleurs. De plus, il était rare de voir une femme aborder cette couleur de cheveux. Plus l'assassin remarquait de détail chez elle, plus ses probabilité de l'identifier grossissaient. Oui! Il l'avait déjà vu! Il la surveillait en fait...Mais pourquoi?....C'était...Elle est...une garde de Gloria...C'était ça! Il l'avait remarquer car il passait son temps a surveiller les gardes. Ses cheveux et sa grâce à cheval n'avait pas passer inaperçu au yeux du souffrant.

Je sais...Qui vous êtes...Vous êtes une garde de la ville...De Gloria... Je vous dois la vie... Ma demoiselle...

À ses mots, il hocha faiblement de la tête. Il en avait beaucoup lu -Et vu- au sujet de la bienséance. Il n'avait évidement jamais eu l'occasion d'utilisé ses connaissances, puisque ses peu de contactes intimes entre humains se résumaient à des contrats et des assassinats... Depuis le meurtre de son mentor, il y a maintenant douze ans de cela, il n'avait jamais parler respectueusement à qui que se soit. C'était pour Ombre une perte de temps incroyable, mais, sans qu'il ne sache pourquoi, il était incapable d'avoir une mauvaise pensée envers celle qui, après tout, lui avait sauver la vie. Lui mentait-elle? Lui mentirait-elle? Il ne saurait dire... Le mensonge était une danse à laquelle il avait trop de fois participé...

Le guerrier blessé se rendormît. Nalaïa en profita pour faire un petit combat amical avec son mentor. Puis, ils s'en allèrent courir dans la campagne de Gloria, profitant de la fraîcheur du crépuscule. Les deux silhouettes couraient cote à côté, même foulée longue et souple, même respiration profonde et paisible, même sourire heureux sur le visage. Le vent jouait avec les cheveux flamboyants de l'éclaireuse et caressait son visage fin. Et le maître couvait du regard son élève qui volait désormais de ses propres ailes.

Il était loin le jour où ils s'étaient rencontrés, ce jour où elle avait franchi les portes de la caserne militaire, déterminée à venger la mort de ses parents et de son frère. Mais lui, Fiztéring Jilanill était parvenu à lui faire oublier sa rancœur et l'avait guidée, lui apprenant tout ce qu'il savait. Il n'avait pas fallu à Nalaïa pour le surpasser. Ils s'arrêtèrent en approchant des portes de Gloria la Magnifique et rentrèrent à la caserne alors que la lune était déjà haute dans le ciel étoilé. Les deux compagnons se séparèrent pour la nuit.

Pendant cette course dans la campagne glorienne, la jeune Elfe avait presque oublié son blessé et la Dévoreuse, savourant ce moment de liberté pure. Elle retourna veiller le premier et réfléchir à la seconde.

Cette nuit-là, le Chevalier des Larmes ne dormit pas. Elle réfléchit au meilleur moyen de retrouver cette maudite chevalière et elle ne doutait pas que par la même, son chef réapparaitrait. Son problème ? Elle ignorait qui était en possession de la bague et par conséquent, elle n'avait par le plus petit début de piste sur l'endroit où chercher. Elle eut beau méditer a ce sujet durant tout le reste de la nuit, rien ne lui vint. Enfin, l'aube arriva et le mercenaire alité s'éveilla.

Au moment précis où il lui soufflait qu'il avait soif, l'Elfe lui tendit un verre d'eau. Elle attendit qu'il se soit désaltéré et qu'il ait repris la parole. Ses armes? Et son armure? Cette dernière était dans l'armoire unique de la chambre. Les premières, en lieu sûr, dans la salle d'arme de la caserne. Mais elle ne lui répondit pas tout de suite. Elle souhaitait en savoir plus sur ses mots de la veille, savoir si elle avait rêvé ou non. L'éclaireuse le regarda la détailler patiemment. Finalement, il parla. Et ce qu'il dit la surprit. Il disait savoir qui elle était et connaissait sa profession. Comment? Et surtout, pourquoi? Elle lui posa ses deux questions e poursuivit :

-D'abord, je dois vous dire que vous ne me devez rien. Je ne vous ai pas sauvé pour avoir quelque chose en retour. Ensuite, vous avez prononcé le nom de la Horde hier et de deux de ses membres. D'où les connaissez-vous? Que faites-vous? Sachez que si vous me mentez, je le saurai, je maîtrise un sort qui vous fera parler et que nous sommes dans la caserne militaire de Gloria. Je vous protège depuis que je vous ai ramené ici mais ces soldats ne sont pas des tendres et ils n'hésiteraient pas une seconde à vous torturer. Enfin, vos armes sont avec celles des autres guerriers de l'armée glorienne et votre armure dans ce meuble. Elles vous seront remises lorsque vous serez en mesure de partir. Et puis, voulez-vous bien retirer ce masque de fer?et me donner votre nom?

Nalaïa cessa de parler et plongea ses yeux couleur d'émeraude dans ceux d'Ombre. Elle avait parlé avec l'assurance de celui qui est en position de force et le sait. Sa voix avait été douce et ferme à la fois, ordonnant une réponse que la jeune Elfe attendit.

L'eau descendit dans sa gorge comme une cascade glacée abreuvant un désert. Il ne savait pas combien de jours il avait passé sans boire, mais le soulagement en était presque douloureux. Il soupira, puis fit une manœuvre pour se relever. Il souleva graduellement ses épaules et les adossa a la tête de lit. Il n'était pas tout à fait assit, mais sa position était plus enclin à une discussion. Il ne pouvait se relever complètement, car le simple effort qu'il venait de déployer l'avait vidé de ses peu de force. De plus, sa main droite était beaucoup trop douloureuse pour qu'il l'utilise. Il regarda cette dernière, curieux, mais aussi craintif de son état. Plus pâle qu'à son habitude, elle était zèbre de deux longue cicatrices dans sa paume et une autre longue cicatrice sur le dos de sa main. Une marque de brulure suivait l'une de ses deux entailles, un vestige de sa tentative ratée de se sauver la vie.

Il ouvrit la bouche pour parler, mais arrêta son geste. Quoi dire à celle qui lui à sauvé la vie? Lui mentir pour se préserver en priant qu'elle lui fasse confiance? Comment le pourrait-elle? Il était un parfait étranger, et la mention qu'il avait faite à propos de la Horde était plus que suspecte pour les oreilles d'un garde. Quel autre choix avait-il? Lui dire la vérité? Ce serait une pure folie. Lui avouer ses crimes, vendre son repère, la vérité lui vaudrait la pire des misères...Mais si ce n'était pas le cas? après tout, sans elle, il serait mort...Pendant des années, l'idées de mourir ne l'avait pas ne serais-ce qu'ébranlé, mais après l'intervention divine de la nuit où il frôla la mort, le doute avait germé en son esprit. Et si, pendant toutes ses années, le Grand Esprit de la Mort n'avait pas écouté ses prières, n'avait pas accepté ses offrandes...Et si...Il n'était qu'un homme? Un simple mercenaire trop arrogant pour remplir les contrats qu'il juge restrictif? Et si... tout ses morts n'avaient été que des actes futiles, corrompant peu à peu la pureté de son âme, la souillant de sang? Et si... Il n'était rien...

Cette pensée le fit frissonner jusqu'au plus profond de son être. Jamais, il n'avait vu le moindre signe divin, jamais il n'avait sentit son mentor le soutenir...Toutes ces années, il avait délaissé son Esprit Gardien et n'avait prier que l'Esprit souverain de l'ai delà. Il serra les poing. Il avait mal, son esprit se tordait...

-Je...je ne suis rien...je ne suis personne...Je suis...Je ne suis pas....

Il n'avait que murmuré ces paroles. Sa voix était plus claire, mais son esprit était plus sombre. Il ne savait que dire. De simple questions pour un être sain, mais une parfaite torture pour l'assassin blessé.

-Mon frère est un loup...Le vampire traque la Louve... Je n'étais qu'un indice... Je n'étais rien pour lui... rien..

Cela faisait déjà quelque jours qu'il récupérait, et il se sentait toujours aussi faible. En deux, trois, voir quatre jour, le vampire aurait-il eu le temps de trouver la Horde? Surement pas...Leur rencontre s'était déroulé trois jour après la découverte de la Horde par l'assassin, et à ce moment là, ils s'apprêtaient à se dissoudre temporairement et laissé retomber la poussière. Si le vampire avait eu besoin de son sang pour trouver Jeönyr, c'est qu'il n'était pas un bon chasseur, mais ses facultés vampiriques pourraient compenser. Trouver le campement des loups avait prit à peine une semaine à Ombre, mais il devait cet exploit à son grand talent de traqueur et de chasseur. Sa foi était peut-être ébranlée, mais son sens logique ne l'avait pas quitté. Il en devait une à cette femme, et c'était contre son code de malmené ou de mentir à une femme. Il n'avait pas d'autre choix, seulement celui de la folie.

-Je... Ces menaces ne sont pas nécessaires... Vous vous trompez...Je vous dois la vie, et pour cette raison, je serai honnête avec vous, entièrement honnête, je le jure sur le Grand...Je le jure sur ma tête et sur l'Esprit du loup, mes mots seront porteurs de vérité, uniquement.

Il soupira et inspira doucement. Il se mettait une corde au cou en faisant ce qu'il s'apprêtait à faire, mais il était un homme de parole.

-Je suis un mercenaire -Un assassin libre- pour être plus précis... Je n'ai pas de nom, et je dis la vérité, vous pouvez tenter n'importe quel sort sur moi, la réponse ne changera pas. J'ai porté un nom dans mon très jeune âge, mais ceux qui m'ont baptisé sont mort depuis longtemps. Quant à mon masque...

Il leva sa main valide et tira dans tout les sens sur le métal ceint à son visage, mais ce fut toute sa tête qui bougea.

-...Il ne peut être retiré sans une clé spéciale, et c'est voulu, c'est moi qui l'ai conçu, tout comme mon armure et mon arc que vous garder loin de moi...Cette clé est cachée chez moi.

Il soupira encore. Ce n'était plus uniquement son corps qui était à nu, mais son identité également.

-Je quitterai au plus tard dans deux jours, que mes jambes me portent ou non, je vous le jure, si bien évidement, vous me laissez repartir, chose que je doutes...

En effet, maintenant que la Garde connaissait son emploi, elle voudrait certainement l'enfermer, ou un quelconque acte du genre. Il inspira profondément et prit en même temps une grand bouffé de l'odeur de la jeune femme. Une chose était sûre, même au beau milieu de la forêt, Ombre saurait la retrouver. Rien ne se perdait dans sa mémoire, surtout pas l'identité de celle qui l'avait sauvé.

-Je m'excuse, demoiselle, si je ne suis pas le noble paladin a qui vous auriez aimé sauver la vie. Je suis de ceux que vous haïssez, un marginale de votre idéologie parfaite, une ombre à chassé du tableau...

L'assassin redescendit tranquillement son torse jusqu'à retrouver une position couché. Il fixa une fois encore les yeux vert de l'elfe.

-Voilà la vérité, la mienne. Vous en savez d'avantage sur moi que tout être vivant. À présent, si vous voulez me tuer, faite le. Je vous conseille de prendre mon poignard, je serai au moins sûr que votre arme est bien aiguisée...

La jeune Elfe le vit s'interroger. Elle se demanda quel combat intérieur il était entrain de mener mais n'osa pas rompre le silence qui l'aidait sûrement à réfléchir. Elle attendit donc que l'homme encore faible prenne la parole. Il se redressa, s'adossant à la tête de lit. Il frissonna et dit qu'il n'était rien, qu'il n'était personne. Nalaïa se demanda comment pouvait-on penser une telle chose de soi-même. Les autres passaient suffisamment de temps à nous rabaisser pour que nous n'ayons pas à le faire. L'éclaireuse voulut lui dire tout ça mais elle s'abstint, sentant que ce n'était pas encore le moment, que son patient avait d'autres choses à dire. Elle le laissa donc poursuivre. Elle avait eut raison, Jeönyr Methus était le frère de cet homme meurtri. Et il disait que la Louve était traquée par le Vampire. S'agissait-il de Mélusine? En arpentant les rues et les tavernes de Gloria, elle avait entendu parler de cette femme. Si elle était menacée, il fallait l'en avertir, surtout si celui qui la cherchait était à l'origine de l'état du blessé. La guerrière rousse ne tenait plus en place.

L'homme reprit la parole. Elle tressaillit en apprenant qu'il faisait le même métier que son frère. Pire, c'était un assassin. Elle avait sauvé un assassin! Cependant, si elle l'avait su à l'instant où le chant elfique s'était élevé de sa poitrine, son comportement aurait été identique. Une vie était une vie, que ce soit celle d'un rongeur, de l'Empereur en personne ou même d'un mercenaire. Chacun méritait de vivre et d'avoir sa chance avec la vie. Telles étaient les convictions de l'Elfe. Second soupir. Il était encore faible. La suite ne la choqua pas, sauf sa dernière phrase. Elle ne pût se retenir et, d'une voix calme mais où pointait un peu de colère, elle parla à son tour.

-Te tuer? Pourquoi?Ta vie est plus importante pour moi que tu ne sembles le penser. Tu n'es pas rien. Tu n'es peut-être pas bon, mais tu es un être vivant qui respire et dont le cœur bat dans sa poitrine...

*Contrairement aux Vampires* ne put-elle s'empêcher de penser avec un certain dégoût.

-... Je me fiche pas mal de ce que tu fais de cette vie qui t'a été offerte, cela ne me regarde en rien. Je ne t'ai pas sauvé parce que tu étais un preux chevalier, mais parce que je respecte chaque vie qui m'entoure, du lézard qui dort au soleil au guerrier qui combat en première ligne sur le champ de bataille ou même Gregorist Kohan. A mes yeux, toutes les vies ont la même valeur. Ce n'est pas comment on naît, mais ce que l'on fait de son existence qui compte. Si nous sommes heureux, alors c'est que nous avons profité de la vie sans excès et que nous en avons fait ce que nous souhaitions. Certes, j'ai été garde dans cette ville et la plupart de ceux-ci sont mes amis. Cependant, je ne vous dénoncerai pas. Cela ne m'apporterait rien et mon avenir est tourné vers une autre destination que celle des gardes. Pour aider, tu seras mon prisonnier le temps de ta convalescence. Quand tu seras remis, et seulement à ce moment, je te laisserais partir. Mais je ne te lâcherais pas tant que tu ne seras pas totalement rétabli. Je ne t'ai pas sauvé et je n'ai passé des jours à ton chevet pour te laisser te faire tuer en me quittant. Pour le problème de la Horde, je m'en occupe. J'ai deux ou trois amis qui sauront qui avertir... S'il n'est pas déjà trop tard. Repose-toi. Je vais envoyer un garde pour te veiller. Il ne faudrait pas qu'ils se méfient, conclut-elle avec un air complice avant de quitter la pièce.

Elle se glissa hors de la caserne militaire et marcha jusqu'à une taverne malfamée. La jeune Elfe y trouva son informateur assis au comptoir. Elle prit place à côté de l'homme blond et commanda une bière. Elle glissa quelques mots à son voisin et celui-ci s'en alla précipitamment. Puis elle retourna auprès de... Mince, elle n'avait pas insisté pour connaître son nom. Tant pis, ce serait l'inconnu.

Elle n'allait donc pas le tuer? Ni même le dénoncer? Cela était étrange, illogique... Ombre ne savait pas quoi penser de cette genre femme qui semblait vouloir tellement qu'il reste en vie. elle ne le connaissait pas, mais elle savait qu'il tuait et cela ne lui faisait rien...Du moins, elle ne semblait pas dérangé pour autant. Il déposa sa tête sur l'oreiller et succomba une fois encore à la puissance du sommeil. Il rêvait qu'il était fait de noirceur, de matière aussi obscure que la nuit elle même. Il se sentait tout puissant, discret comme le vent. D'un coup, une silhouette frappa cette masse qui était sienne et sa toute puissance s'évapora. Au pied de la silhouette, Ombre tremblait. Il avait dix ans, la créature était devant lui. Il avait peur...mais son petit frère était en danger. Il restait devant la silhouette et les ténèbres dévorèrent le jeune Saemon.

À nouveau, la lumière. Il a seize ans, en pleine forêt. Son cœur bat fort alors que ses larmes chaudes s'écrasent sur le visage sans vie de la jeune femme qu'il tient alors dans ses bras. Il a mal, il s'en veut... Qui est-il pour arraché ainsi la vie à un autre humain? Encore! Dans les ruelles de Gloria, il retire sa main de sur la garde du poignard, planté dans le torse de son père. Ce dernier s'écrase, agonisant, au pied de Saemon. Non...Il n'est pas un homme...Il a tué son propre père, Methus n'est plus son nom. Et Saemon alors? Plus personne pour l'appeler, plus personne qui pense à lui. Il est seul. Il n'existe plus...Il n'existe pou personne. Sa vie se résume au meurtre, au sang, au pleur et à la colère...Peut-être...Était-ce cela, sa vie? Il était peut-être l'élue de l'Esprit de la Mort, sa main en ce monde mortel?...

Terrassé par un damné, une offense même à son mentor spirituel... Pourquoi, après tant d'année à le vénérer, le faire souffrir ainsi, si c'était pour lui refuser le repos éternelle à ses cotés? L'esprit avait été le seul être d'importance dans la vie du jeune assassin...Peut-être avait-il commis une erreur...Peut-être devait-il vénérer la vie comme il vénère la mort? En l'accueillant chaque jour les bras ouvert, sans la craindre... La donner au autre sans rien leur demander... Exister, vivre, apprendre connaitre, aimer...Des choses qu'il devait faire pour les vivants, non pas pour les morts... Et cette femme, qui démontre à son égard un amour universel, qui pense de la vie comme Ombre pense à la mort. Ce n'était pas le hasard, c'était un signe, la mort qui venait de sauvé la vie...

Il ouvrit les yeux. À chaque battement de cil, une heure s'écoulait. De la lumière au ténèbres, de l'aube au crépuscule, le cerveau de l'assassin de cessa de fonctionner. Lorsque finalement sa salvatrice entra dans la pièce, Ombre se releva et repris la posture qu'il avait prit lors de leur dernière "discussion".

-J'ai beaucoup pensé à vous, à ce que vous m'aviez dit. Je...je ne dois pas gâcher ma vie...Pas plus que celle des autres. La mort n'est rien sans la vie... La rencontre avec mon frère, après douze ans sans nouvelles de lui, l'attaque du vampire...Et maintenant vous...Tout cela n'est très certainement pas dût au hasard...

Il caressa délicatement l'intérieur de sa main droite avec son pouce gauche, lui arrachant une petit grimace. Ca main était douloureuse, mais il ne la perdrait pas, ce qui était plus qu'une bonne nouvelle. Il passa sa main dans ses long cheveux noir avant de continuer.

-J'aimerais connaitre le nom de celle à qui je dois la vie. Malheureusement, ce ne serait pas loyal pour vous, car je n'ai pas de nom à échanger avec vous. Je veux remédier à ce... problème... Puisque pendant si longtemps je me suis considéré ainsi, vous pourrez m'appeler... Ombre...

C'était un nom, une chose, le symbole le plus représentatif de sa personne. Quelque chose de silencieux, de subtil. En sortant de ce lit, il ne savait pas ce qu'il ferait, mais quelque chose devait changé, il ne restait qu'à savoir quoi.  Un bruit s'échappa de son ventre et il constata soudainement qu'il n'avait pas mangé depuis des jours.

-Je...sans vouloir être impolie...Pourrais-je avoir quelque chose à mangé? Je répondrai à vos question si vous en avez, mais je meurs de faim...

Une fois qu'elle eut mis au courant son informateur de la menace qui planait sur la Horde et surtout sur Mélusine, elle retourna tranquillement jusqu'à la caserne, s'accordant une halte dans sa taverne préférée. Quand la jeune Elfe de trouva dans la cour, elle croisa Fiztéring qui lui proposa un petit duel amical. Impossible de refuser. Elle se mît en garde et attendit que son mentor fasse de même avant d'entrer en action. Vive, on aurait dit un feu follet. Mais l'homme s'était habitué à sa façon de combattre et essayait de garder toujours un coup d'avance. Nalaia se laissa distraire un instant, étonnée de la résistance inhabituelle qu'elle rencontrait. Cela suffit à l'éclaireur pour feinter et lui faire un croche-pied qui la déséquilibra. Elle plongea dans la fontaine qui trônait près d'un mur. Son adversaire rit et la guerrière rousse de joignit à lui.

-Ça tombe bien, tu commençais à sentir mauvais, lui lança-t-il, riant toujours.

-Ça ne te ferait pas de mal non plus mon vieux Fiztéring, répliqua-t-elle joyeusement.

Son ancien maître lui tendit une main amicale et l'Elfe aux yeux verts s'en saisit. Une lueur espiègle brilla dans son regard mais l'homme blond n'eut pas le temps de se dégager que déjà elle l'entraînait dans l'eau froide avec elle. Ils rirent de plus belle et s'extirpèrent du bassin à grand peine. Elle quitta finalement son ami après avoir enfilé une tunique sèche.

Le Chevalier des Larmes retourna dans la chambre où se reposait le guerrier qu'elle avait secouru. Le soldat qui le surveillait pris congé et elle entra dans la pièce. Il se redressa sur son lit et tourna sa tête toujours recouverte du masque de fer vers elle. Ainsi, ses paroles l'avaient fait réfléchir. Là n'était pas leur but premier mais si elles lui avaient été utiles, c'était l'essentiel. Ombre. Elle le murmura doucement. Cela lui allait malheureusement bien. Et il voulait connaître son nom. Elle le lui offrit avec plaisir, sans réticence.

-Je me nomme Nalaïa Melanwan mais appelle-moi Nala. Et je vais de ce pas te chercher quelque chose à manger, conclut-elle suite à sa requête.

Elle quitta la pièce et se dirigea vers les cuisines. Enfin,cuisinés étaient un bien grand mot. Elle trouva néanmoins un morceau de pain et un de viande. Au passage, elle piqua aussi deux fruits. Elle ramena le tout à Ombre et les déposa près de lui. Garder un fruit à la main, une pomme, elle croqua dedans à pleine dent, savourant sa fraîcheur. Puis, elle reposa son regard émeraude sur l'homme alité. Elle avait une unique question mais hésitait à la poser car sa réponse pouvait s'avérer difficile. Finalement, elle se lança.

-Que... Qu'est-ce qui a fait que tu es devenu ce que tu es aujourd'hui?

Nalaïa Melanwan...Un nom plus qu'exotique, c'était le cas de le dire. Avec ses traits qui se voulaient trop délicat, sa voix trop douce et son parfum particulier, Ombre en conclue qu'il avait devant lui une elfe. N'importe qui aurait sauté à cette conclusion, mais l'assassin se voulait certain. Il n'en avait jamais vu d'aussi près, et n'avait jamais parlé avec l'un deux. Cependant, il comprenait pourquoi ses livres vantaient la beauté de cette race; la femme devant lui était magnifique, flamboyante. Il n'avait jamais connu quelqu'un d'aussi généreuse envers les autres particulièrement lui. Il remarqua que les cheveux de Nalaïa étaient mouillé, mais la seule pensée que cela lui évoqua était qu'il ne s'était pas laver depuis son agression...Vraiment, il était inconfortable avec de telles réflexion sen tête et préféra les chasser.

-Vous possédez un nom très mélodieux. Ce serait du gâchis de le diminuer ainsi...

Il mangea avec appétit ce que son hôte lui avait apporté. C'était un délice de seulement pouvoir se mettre quelque chose sous la dent. Il profita du fait qu'il avait la bouche pleine afin de réfléchir a son explication. Il ne s'était jamais vraiment posé la question. Il était ce qu'il était et faisait ce qu'il faisait, il n'avait jamais songé vraiment à une raison...

-Une ombre est une absence de lumière... ou plutôt la silhouette d'un corps bloquant la lumière. Je crois que...Que mon héritage a forgé mon avenir. Mon père était un imbécile et ma mère était la voix des Esprits eux-même... Alors je crois que j'ai tenté de devenir sage comme ma mère l'avait été et réfléchit comme mon père qui ne l'a jamais été... Je crois que j'ai tenté de devenir plus grand, afin de sortir de leur ombre et gouter à mon tour à la lumière...

Il soupira profondément. Ce qu'il venait de dire avait un certain sens, mais il se doutait qu'en cherchant ainsi, il de mentait à lui même.

-J'ai...tuer ma première victime accidentellement, et je m'en suis toujours voulu. Par contre, ma seconde victime était voulu, c'était mon père, ce salaud qui m'avait vendu e qui avait tait mon nom des oreilles de mon frère. Je ne suis dit que j'étais déjà un assassin, alors j'allais le rester. Et tant qu'à le rester, j'allais devenir le meilleur...J'avais seize ans...Ça doit être un âge ridicule pour quelqu'un comme...vous...

Il ne connaissait pas l'âge de son interlocutrice et d'une certaine façon, il ne voulait pas le savoir. Il s'était sentit si minable en face de de vampire, il ne voulait pas ressentir la même émotion a nouveau. Il préférait s'imaginé qu'elle avait vingt cinq ans, qu'elle était belle et gentille, c'est tout.

-Cela fera bientôt treize ans que je vis seul dans la mine qui ne sert de demeure. Sans amis, sans femmes, sans enfants et sans compagnies... Je crois que...je ne ne suis jamais pardonné d'avoir fauché la vie a cette jeune femme...

C'était peut-être cela qui nourrissait sa ferveur envers la mort; une peur refoulé que son esprit ne se réincarne jamais, qu'il soit condamné a pourrir pour l'éternité dans les limbes. L'intervention divine avait semé de sérieux doute dans son esprit. A qui appartenait la voix? Qui, ou quelle entité était responsable de sa blessure?

-J'ai toujours obéis à un code très stricte que je m'imposait moi-même. Entre autre, je ne tue pas les femmes, c'est pour ca que malgré mon contrat sur la tête de la louve, cette dernière vit toujours. Je ne tue pas n'importe qui, car j'ob...je croyais obéir à une force supérieur...

Il leva sa main droite et exposa ses blessures. Ils avaient bien guéries, mais elles étaient toujours un peu douloureuses. La plus grande crainte concernait son arc. Il serait anéantie de ne plus pouvoir tirer à l'arc.

-La plus grosse plaie, c'est l'épée du vampire qui à transpercé ma main et qui l'a cloué au sol. La plus petite, c'est moi qui s'est taillé la main afin de lancé du sang au visage du vampire. Je me croyait condamné, alors je préférais le provoquer afin d'avoir une mort rapide...Malheureusement...Une quelconque force est intervenu. Le vent s'est levé, le sang coulait abondamment de ma plaie. Je l'ai cautérisé magiquement, mais le vampire à..."gâché" ma guérison.

Il ne lui parla pas de la voix, il avait peur d'avoir l'air fou devant elle, un autre sentiment qu'il n'avait jamais vraiment ressentit. "Le sang est la vie. A l'aube de centaines de massacres, une seule goutte est une richesse absolue. Maudit celui qui la verse pour l'orgueil évanescent ". C'était mot pour mot les paroles qu'il avait entendu de cette voix féminine. Que voulait-elle dire? Quelle était cette aube des massacres dont elle parlait?

-Je ne veux pas vous ennuyez avec mes réflexions, demoiselle Melanwan... Disons que ma rencontre avec le non mort m'a quelque peu ébranlé...

La guerrière rousse le regarda manger avec appétit. Elle continua à manger sa pomme, assise sur l'unique chaise de la pièce. Ombre lui répondit après quelques minutes de silence. Il évoqua ses parents et cela ramena l'Elfe quatre ans plus tôt, cette terrible nuit où elle avait perdu sa famille. Un instant, elle perdit le fil de la conversation mais elle se ressaisit vite. Ce fut avec un sang-froid qui l'étonnant qu'elle entendit la suite de la réponse de l'assassin. Ainsi, il avait d'abord tué par accident. Et puis cela avait été son père. Mais celui-ci n'avait pas été accidentel. Nalaïa se remémora le premier combat où elle avait pris une vie. Elle s'en était voulue au départ. Toutefois, son sentiment de culpabilité avait fini par disparaître, remplacé par la résignation. Se lamenter ne le ramerait pas et puis, il avait cherché à la tuer après tout. Elle reporta tout son attention sur l'homme.

Un code? Ne pas tuer de femmes était-il suffisant pour ne pas se sentir trop coupable de tous ses vies qu'on prend? La jeune Elfe en doutait fortement. Dans son existence, par quinze fois, elle avait donné la mort, en le regrettant chaque fois. De dire qu'elle avait tué l'ami, le compagnon, le père de quelqu'un la torturait. Elle qui avait dit respecter la vie et détester la mort se battait sans jamais retenir ses coups, cherchant à tuer plutôt qu'à simplement blesser. Les mœurs des soldats gloriens avaient-elles déteintes sur elle avec autant d'"efficacité"? Visiblement, oui. Elle tiqua quand il parla d'une force supérieure, sans pour autant l'interrompre. Quand il eut fini de parler, le Chevalier des Larmes lui dit, une voix toujours calme et posée mais où elle mît tout sa ferveur.

-Obéir à une force supérieure? Je ne crois qu'en deux choses, la vie et la mort. Et je pense qu'il faut faire notre possible pour être heureux pendant la première pour ne pas avoir de regrets quand la seconde survient. Ces deux mots régissent le cœur de la plupart des êtres vivants : l'amour pour la première e la peur de la seconde. Il faut chérir l'une et respecter l'autre car elles sont plus fortes que tout. Rien ne vaut plus qu'une vie pleinement vécue.

Elle s'arrêta un instant, pour le scruter de ses yeux verts. *Si seulement, il ne portait pas ce masque de fer, je pourrais voir son visage...* pensa-t-elle. Elle chassa cette idée de son esprit et reprit.

-Tu m'as offerte ton histoire, je vais t'offrir la mienne. Tout commence dans la joie d'une famille soudée. Et tout a basculé il y a de cela quatre années. Je semblais destinée à vivre une existence bien tranquille dans les forêts de mon royaume natal. Mais mon père avait décidé d'emmener toute la famille voir un ami humain qui vivait à Gloria. Nous voyagions à cheval. J'avais un frère avec qui je m'entendais à merveille. La dernière nuit de notre périple, il avait été décidé de ne pas s'arrêter car nous n'étions qu'à quelques kilomètres de la capitale. Nous... Nous sommes tombés dans une embuscade. J'ai réussi à me cacher et ainsi, j'ai survécu. Mais parfois, je me demande s'il n'aurait pas été mieux que je meurs aussi cette nuit-là. J'ai... J'ai vu mourir mes parents et mon frère. Cachée dans un fossé, j'ai tout vu. J'ai ensuite marché jusqu'à Gloria la Magnifique. J'étais déterminée à venger le meurtre de ma famille et c'est pour cela que je suis entrée dans l'armée. Moi qui avait toujours célébré la vie, je voulais maintenant tuer. L'innocence que les années n'avaient pas fait disparaître est morte avec eux. J'ai cherché ces brigands pendant trois ans. Puis, l'Empereur a créé les Larmes d'Alderick et j'ai prêté serment. J'avais fait mon deuil et je voulais être utile. Quand je t'ai vu mourant, mon amour pour la vie a ressurgi avec force et je n'ai pu que tenter de te sauver.

Elle se tut et essuya une larme qui coulait sur sa joue. L'éclaireuse n'avait pas pleuré depuis cette nuit-là. Une autre perla au coin de son oeil, mais elle renonça à la faire disparaître. Elle fixait pensivement le masque d'Ombre et se demandait à quoi pouvait bien ressembler le visage ainsi dissimulé. Elle demanda alors une faveur au mercenaire.

-Pourrais-tu retirer ton masque s'il te plaît? J'aimerai voir le visage de celui que j'ai sauvé. S'il le fait, j'irai chercher la clef dont tu as parlé tout à l'heure.

Oui, elle voulait voir son visage. Elle ignorait pour quelle raison exactement, mais elle le voulait.

Une histoire pour une histoire, un passé contre un passé. C'était équitable. Son expérience de vie ne le surprenait pas. Après tout, peu d'Armandiens pouvaient de vanter de ne jamais avoir fauché une vie, contraint ou pas. C'était arrivé dans son cas tout comme dans le cas de Nalaïa. Étonnement, bien que leur professions soient tout à fait opposé, leurs mentalités étaient assez similaires: une conduite stricte, un respect envers les être vivants, et une partie de leur vie
destiné à l'accomplissement d'une rédemption quelconque. Ombre ne connaissait pas l'ordre des Larmes, mais il comprit que cette femme faisait partie d'un groupe armé. Il l'écouta sans mot alors qu'elle terminait de réciter son histoire et vit une larme apparaitre dans l'oeil de son interlocutrice. Elle l'essuya. Puis une seconde, qui semblait pendre à ses cils depuis la nuit des temps.

Un bref tremblement à la main. Ombre ne savait pas trop quoi faire. Mal à l'aise, il ne savait pas comment réagir dans ce genre de situation. Concrètement, il n'avait jamais vu une personne non-mourante verser une larme. Puis, décidé, il tendit sa main et alla cueillir à bout de bras la larme à l'oeil de l'elfe. Il la ramena vers lui et l'observa quelque secondes, sans un mot. C'était étrange, cette ambiance, cette situation si peu familière pour le jeune homme. Une autre personne qui se confie à lui, se dévoilant partiellement du même coup. Pour sa part, il faut dire qu'Ombre était nu dans un lit, désarmé, et avais raconté une grande partie de son histoire par devoir, après tout, il serait mort sans cette femme. Par contre, elle ne lui devait rien, alors si elle lui racontait tout cela, c'était par envie...Et cette larme... Son passé devait vraiment la torturer pour qu'elle en souffre ainsi, mais les femmes n'étaient telles pas ainsi? Près du monde spirituel, à l'écoute de leur sentiment et de leur raison? Il prit a nouveau sa main valide et la déposa sur le genoux de l'elfe. Il se savait pas trop quoi lui dire, car question relation entre humain, il n'était même pas encore un débutant.

-Je...Je ne sais pas trop quoi vous dire... Je me sens mal que vous ayez perdu ta famille, car cela vous afflige...Mais...Je ne suis pas trop le genre de personne qui sait comment bien consoler... Je suis désolé... J'aimerais être réconfortant et tout, mais...

Il se tut. Il avait peur d'empirer la situation s'il tentait quoi que se soit. Il se sentait très loin de sa zone de confort et en plus, il était incapable de faire quoi que se soit pour améliorer sa situation.

-J'ai...je sais comment vous pouvez vous sentir...J'ai perdu ma mère à la naissance de mon frère...Je ne l'ai jamais oublier...Et je tiens encore la promesse que je lui ai fait sur son lit de mort, il y a vingt deux ans de cela... Si vous chérissez encore votre famille, rendez les fiers... Je me suis vengé, et voyez ce que j'y ai gagné. Rien...

Le regard vert de la femme semblait le traverser le par en par. Il le soutenait de ses yeux brun doré. Quelque chose se jouait derrière ce regard. Elle se posait des questions, c'était évident, mais lesquelles? Lui faisait-elle confiance? Craignait-elle qu'il pose un geste inconsidéré? Elle lui parla de son masque et Ombre frissonna bien malgré lui. Il...n'avait jamais posé pareil geste...JAMAIS. Personne de vivant n'avait vu son visage, même pas son frère...Même pas lui...Malgré son excellente mémoire...ses propres traits avaient quitter la persistance de sa mémoire. Il n'avait pu voir ses traits que par le visage de son cadet, et encore, il ne ressemblerait pas totalement à Jeönyr, ce dernier avait le visage d'un garçon de dix sept ans... Il en avait vingt deux, et Ombre, vingt huit.

-Je...je ne peux pas faire ca...Je m'excuse, mademoiselle... Même si je le voulais retirer ce masque, il me faut la clé, et jamais je ne vous enverrais vous faire tuer à mon repère... J'ai piégé la zone ainsi que l'entrée, si vous y alliez, vous en mourriez...Mais écouté moi...

Son corps était moins douloureux, sa main de même. Il se sentait d'avantage faible et fatigué, mais il pouvait faire avec. Il se redressa complètement et pivota dans le lit pour se retrouver en position assit en face de Nalaïa. Il était un peu étourdit par la manœuvre, mais il tenait à ce qu'il allait faire. Pour des raisons de respect, il garda la couverture ceint à sa taille, en plus de conserver ce qu'il lui restait d'intimité. Il se pencha et prit la main de l'elfe dans la sienne. Il campa son regard dans le sien.

-Je peux vous faire une promesse, si cela peut vous plaire. Un homme brisé et faible passera par ce portail, c'est un fait, mais je vous promets que le jour où vous me reverrez, je ne serai pas l'épave que vous avez devant les yeux. Et j'aurai la clé, car je vous dois cette faveur, aussi désagréable peut-elle paraitre. J'ai juré qu'en perdant mon nom, j'allais également perdre mon visage... Je ne suis personne, je n'existe pas pour qui que ce soit... mais puisque pour vous, je me suis nommé, vous serez la seul sur tout Armanda à avoir vu le visage d'une ombre...

Son geste la surprit. Quand la main d’Ombre s’avança pour cueillir la larme qui perlait à son œil, la jeune Elfe avait failli reculer. La ramenant près de lui, il observa la goutte salée un instant. Puis, après un moment de silence, l’homme vint poser sa main valide sur le genou de la Larme. A ce contact étrange et inattendu, un frisson lui parcourut l’échine, mais elle tacha de n’en rien laisser paraitre. Alors, il prit la parole. Elle comprenait qu’il ne trouve pas les mots. Lorsqu’il se tut, elle sentit son inconfort et trouva que cela le rendait encore plus humain. Cet homme, était-il vraiment capable de tuer de sang-froid ? Sa mère ? Il s’était vengé. Nalaïa aussi avait pendant longtemps cherché à se venger du meurtre de sa famille. Mais les multiples rencontres qu’elle avait faites, d’abord avec Fiztéring, puis ses compagnons des Larmes, lui avaient permis de tourner la page sans oublier pour autant. Aujourd’hui, elle allait vers l’avant, déterminée à survivre aux épreuves de la vie.

Le mercenaire reprit la parole. Il ne voulait pas l’envoyer dans son repère. Déçue, elle baissa la tête. Mais il lui demanda de l’écouter, alors elle se redressa et l’écouta. Encore faible, Ombre trouva toutefois la force de s’asseoir sur le bord du lit pour se retrouver face à l’Elfe rousse. La couverture lui permit de garder une certaine intimité et Nalaïa n’en fut pas mécontente. Il se pencha un peu en avant et sa main se saisit de celle de la guerrière aux yeux verts. Le calme s’empara d’elle, toute déception l’avait quittée. Regard brun et regard vert qui se mêlent. Elle prêta toute son attention aux mots de l’assassin. Une promesse. Insignifiante pour certain. Importante pour elle. Elle savait qu’il ne s’était jamais dévoilé ainsi et qu’il faisait cette promesse par devoir. Mais il l’avait faite et Nalaïa ne voulait retenir que cela. Pendant plusieurs minutes, elle chercha ses mots. Puis, elle se lança.

-Tu te trompes, maintenant tu existe pour moi. Tu m’as fait comprendre des choses et considère que tu ne me dois plus rien. Parler ainsi avec moi a suffi. Désormais, nous sommes quittes. Quand tu te sentiras prêt, tu seras libre de partir. Nos chemins se séparent mais je ne doute pas que nous nous reverrons et qu’alors tu honoreras ta promesse. Et sache que si je devais te sauver à nouveau, je le ferai. Personne ne mérite de mourir, pas même un assassin. Pas même une Ombre. Je ne regrette rien.

Elle se tut, songeuse, et le silence prit la place. Changerait-il ? Peut-être. La main de l’homme tenait toujours la sienne et elle la pressa doucement. Son regard émeraude scruta le masque de fer sans que la déception ne la gagne à nouveau. Une rencontre étonnante, mais enrichissante. Si elle avait pensé qu’un jour elle sauverait un assassin pour ne pas le regretter, elle se serait crue folle. Et pourtant…