Rarement, dans la continuité de son existence, Verith n’avait ressenti un tel sentiment de plénitude, mêlé à un soulagement démesurément serein. Cette accumulation de sensations heureusement appréciables avait dissipée toute once de colère en son être, pour n’y laisser seulement quelques débris, de-ci de-là, de tension tapie. En d’autres termes, il se sentait étrangement léger, ou peut-être n’était-ce que l’air ambiant soulevant son corps écailleux et effleurant ses membres qui lui procurait une telle ivresse. Car effectivement, « ivresse » était le mot juste, planant et superflu. Il sentait son corps symbolisé par un lourd poids sur ses épaules, comme l’allégorie de nouveaux devoirs, de nouveaux objectifs sur cette terre. Il était conscient que retrouver Skade et Estelen ne serait pas son unique impératif, et que très prochainement, de nombreux chamboulements viendraient bouleverser le cours relativement paisible, bien qu’aventureux et belliqueux, de la vie de Verith. Le continent d’Armanda dissimulait encore à son museau curieux bien des méfaits et vices, il en était certain. Pour que les dragons, êtres si vénérables, aient quitté ces terres bien des siècles auparavant, une entité maléfique peuplait le cœur de ce lieu, implanté dans ses habitants, comme si cette sous-race avait depuis toujours été formatée à ce destin funèbre.

À une dizaine de mètres sous son corps écailleux et robuste, un cheval noir, à l’allure puissante et peut-être quelque peu sauvage, progressait, maintenant sur son dos le seul homme que Verith avait accepté d’écouter jusqu’ici. Klaus Fell, ce magicien arrogant et démesurément sûr de sa personne, évoquait en lui toujours autant de doutes et de questions, ainsi qu’une once de méfiance, il se l’avouait. Un humain tel que lui capable de l’aider jusqu’ici sans en tirer quelconque profit ne pouvait que recéler, tout comme ses congénères, des aveux fluctuants et peu fiables. Toutefois, cet homme peu nantis et son aide débonnaire avait suivi Verith de long en large sur Armanda, à la recherche de sa respectable mère, la dragonne Skade. Et quoi qu’il en coûte au dragon rouge de se l’avouer : ensemble, ils l’avaient retrouvée, saine et sauve, comme si aucune tempête n’avait séparé quelques jours plus tôt leurs chemins, comme si aucun continent ne s’était soudainement dressé entre leurs esprits jusqu’ici si complices. Bien que cette affirmation fut quelque peu naïve, elle résumait très bien l’avis de Verith sur cette situation : il venait de retrouver sa mère, rien ne s’était passé, tout rentrait dans l’ordre. Il avait conscience de la dangerosité d’un tel surplus d’ingénuité, mais ne pouvait s’empêcher, après tant d’heures de vol et d’angoisse, de se poser un peu sur ce soulagement mérité.

Lorsque Skade avisa enfin et reconnut son fils dans les cieux, elle battit des ailes, et son corps de mastodonte si puissant trancha l’air vif dans son ascension, laissant trembler les alentours sous la force de ses muscles et de ses ailes. Son être entier, dans toute son imposante carrure, s’éleva à la rencontre de Verith, et ce dernier ne put empêcher une pensée éparse de cueillir son esprit sur une note heureuse, lui d’aventure si pessimiste et impassible face aux joies d’une retrouvaille : il aimait sa mère, et il concevait ce jour-là qu’elle restait la seule et unique personne qu’il avait toujours respecté, et toujours affectionné avec cette tendresse enfantine qui avait été la sienne dans le passé. Malgré son masque à jamais impassible et ses principes refusant un tel regain d’espoir et peut-être même de joie, les émotions positives se bousculaient dans son esprit. Il se sentait méritant d’un pareil soulagement, et plus que jamais devant sa mère, il se sentait fort. Fort de sa race, fort de son « peuple », fort de son savoir inné, de sa complicité avec les fondations même du monde, fort de ses ambitions de monter à la tête d’Armanda les dragons. Il semblait qu’avec Skade retrouvée, tous ces espoirs insensés étaient possibles, et il en était fier.

°Mère, je suis soulagée de vous retrouver saine et sauve.° souffla Verith, laissant pointer sa quiétude. Mais il ne se formalisa pas plus et arbora de nouveau son air neutre.

Il prit soin de détailler méticuleusement Skade, répondant à son geste maternel en soufflant doucement par les narines, apaisé. La Mère des Tempêtes ne semblait pas blessée, ni même mal en point, et son corps respirait encore sa résistance et sa puissance de dragonne ancestrale. Toutefois, malgré cette allure rassurante, un voile couvrait son regard, qu’elle dissimulait tant bien que mal par son soulagement, mais qui restait irréversiblement présent dans ses yeux profonds. Elle semblait tracassée, mais Verith restait trop aveuglé par la prestance de cette retrouvaille pour s’attarder sur ce genre de « futiles » détails. Rien n’importait plus désormais que de savoir comment elle était sortie indemne de la violente tempête magique, et surtout par quels moyens elle s’était rendue ici après un tel effort dans les vents contradictoires qui les avaient balayé près de la côte. Le dragon rouge se remémora alors les précédents évènements, posant des réponses tacites sur les questions de sa mère, avant d’enfin lui répondre, exclusant définitivement Klaus de cette discussion télépathique propre à leur espèce :

°Les pics rocheux, près de la côte, mère. J’y ai été emporté, et les ai percutés lorsque la tempête magique se retira.° Il passa sous silence ses nombreuses blessures. °Après avoir repris conscience et mes forces, je me suis lancé à votre recherche.°

Avisant le regard méfiant que sa mère lança à Klaus, qui venait tout juste de les rejoindre, Verith s’empressa d’expliquer plus explicitement le pourquoi du comment cet être humaine, que Skade devait certainement sous-peser, se trouvait avec lui :

°Cet humain se nomme Klaus Fell, et il fut mon guide sur ces terres hostiles. Sa magie nous fut bien utile.° Bien entendu, il passa de nouveau sous silence pourquoi cette fameuse magie avait été utile, conscient que sa mère s’en doutait mais aussi que son propre orgueil en avait déjà pris un sacré coup, bien trop violent à son goût. Il balaya vélocement ces désagréments. °Mais vous mère, comment avez-vous échappé à cette tempête magique ? Comment vous en êtes-vous sortie indemne ?°

Loin de là l’idée que Verith sous-estimait ainsi Skade, mais la brutalité de ces vents non-naturels près de la côte restait meurtrière. Même la Mère des Tempêtes avait dû frémir devant une telle force, et peut-être même davantage la haïr. Le dragon rouge jeta un rapide coup d’œil à Klaus, en contrebas, et se demanda une fois de plus pourquoi le Dracos Honoris avait pris la peine de faire se superposer leurs propres chemins, pourtant si divergents. Verith ne croyait pas au destin, bien qu’une entité telle que l’âme du Dracos Honoris forçait une certaine pris de position du côté des voies déjà toutes tracées. Il se promit de répondre à cette interrogation une fois les évènements davantage stabilisés, et surtout Estelen retrouvée elle aussi. Après quoi, il ne prendrait non pas le temps de se poser sur son soulagement béat, mais sur les nombreux doutes qui persistaient sur leur arrivée sur Armanda, à commencer par la tempête magique, qui semblait avoir été déclenchée expressément pour leur souhaiter avec sympathie la bienvenue. C’était, à bon entendeur, bien trop d’honneur.

Il n'y aurait qu'un moyen de décrire Klaus actuellement, épuisé. Tandis que son Destrier noir filait comme le vent pour ne pas faire perdre un temps précieux au Dragon le cavalier lui tentait de rester le plus éveillé qui soit, ses yeux mi-clos était un signe révélateur de son état de fatigue, pour tout dire, Klaus ne voyait pas défiler le paysage autour de lui du moins pas totalement il avait bien entendu quelque échantillon de ce dernier, mais sans plus et quand bien même il pourrait l'apercevoir complètement il n'y prêterait pas la moindre attention. A la nuit déjà sombre qu'il parcourait accompagné de Verith un peu plus haut s'ajoutait l'ombre imposante de la créature qui de temps à autre venait cacher la lune blanche étincelante dans le ciel extirpant au passage un grognement à l'homme qui n'y voyait pas grand-chose, sa vision pourtant presque parfaite de jour ne l'était pas du tout de nuit. Heureusement sa monture avait l'habitude de ce type de trajet, contournant les obstacles avec une aisance déconcertante, si ce n'est que certains arbres passaient beaucoup trop près d'eux aux goûts de Klaus. Sur la route et puisqu'il en avait largement le temps, il réfléchissait encore à comment aborder le sujet qui l'avait poussé à se joindre au Dragon pour retrouver sa mère, d'ailleurs pourquoi ne l'avait-il pas fait avec Verith ? Peut-être tout simplement parce que le Grand Maître était tout de même plus réfléchit qu'il n'y paraît, annoncer la mort de l'un des leurs à un être aussi fière et incontrôlable que ce Reptile serait purement et tout bonnement du suicide, il lui avait certes sauvé la vie, mais cela ne voudrait pas dire qu'il serait en mesure de rester en vie après une telle nouvelle.

Klaus espérait que la mère du Dragon, cette Skade soit en mesure de mieux interprété la chose et surtout capable de comprendre aussi qu'il y a un autre danger planant autour de leur race, cette dévoreuse pourrait être la cause de l'extinction de cette race légendaire qui maintient un équilibre magique sur Armanda, le Chasseur ne pouvait pas s'y résoudre, surtout depuis que le Dracos lui avait fait croisé la route du Dragon rouge. En chemin de nombreuses questions envahissaient son esprit, pourquoi lui ? Pourquoi avait-il été mis sur la route de cette créature ? Avait-il une mission ? Ou un destin déjà tout tracé ? Du haut de sa quarantaine d'années, il s'étonnait encore de voir toutes les surprises que ce monde lui réservait. En y repensant, la plus grande question du moment restait de savoir à quoi allait ressembler Skade et surtout s'il ne s'était pas trompé en prenant la direction d'Elena. Il aurait rapidement sa réponse, car après un nombre d'heure importante au loin se dessinait une silhouette immense, de son point de vue, cela ne ressemblait en rien à Elena et encore que la fatigue lui jouait probablement quelques tours, du moins c'est ce qu'il pensait jusqu'à ce que brusquement le battement d'ailes de Verith soulève sa capuche sous l'intensité lorsqu'il accéléra en abandonnant le cavalier sur le trajet.

« Et bien il semblerait que je ne me sois pas trompé cette fois... » Dit-il tout en tapotant l'encolure du Cheval indiquant par la même occasion à celui-ci de ralentir le rythme. Quoi qu'il en soit, la monture n'eut pas d'autre choix que de reprendre le trot, car ce qu'il avait aperçu un peu plus tôt comme étant l'ombre de la ville se mit soudainement à bouger, le sol se mit à vibrer de plus en plus fort pour enfin laisser l'air se faire fendre par un battement d'ailes d'une puissance inouïe. Aussitôt, le cheval se cabra en laissant tout juste le temps à son cavalier de s'agripper aux reines pour ne pas tomber de la selle. Ce tremblement fut suivit par l'élévation dans les airs d'une masse sombre gigantesque extirpant un regard surprit à l'homme qui ne put pas s'empêcher d'accompagner ce sentiment d'une simple réflexion : « Monstrueux... » le terme était juste, jusqu'à présent, il pensait que le dragon rouge était l'un des êtres les plus immenses qui soit ou qu'il n'ait jamais vu, mais en voyant cette chose s'élever dans la nuit, il s'aperçut rapidement qu'il y avait encore plus impressionnant et énorme que ce qu'il pensait. S'en suivit alors un échange maternelle logique, mais étonnant venant de la part d'un Reptile comme Verith. Reprenant la route lentement en direction des deux créatures, Klaus se doutait qu'ils devaient s'échanger quelques mots, négligeant par la même occasion la présence de celui qui avait tout de même prit la peine d'amener son fils à sa mère, la reconnaissance de la part des Dragons était-elle aussi légendaire ?

« Bien sûr je vous en pris, faites comme-ci je n'étais pas là... » Souffla-t-il sans plus de conviction en haussant les épaules.

Ces mots prononcés, il se figea intérieurement en apercevant les yeux orages de Skade se poser sur lui avec un air des plus méfiant qui soit. Klaus aurait joué de ça avec Verith, mais pour l'occasion il n'en menait pas large face a cette immense Dragonne, comment la nature pouvait-elle concevoir de choses aussi démesuré. Préférant éviter de croiser encore un peu plus longtemps se regard pesant, le cavalier mis un pied à terre en quittant la selle de sa monture, l'arrivée sur le sol fut tout sauf légère, ses jambes montraient des signes de lourdeur du à la fatigue. Préférant faire abstraction de l'échange entre les deux dragons dont il était totalement exclus, l'homme ouvrit la besace qu'il y avait d'accroché à l'arrière de sa monture dans laquelle se trouvait un peu de nourriture, rien de bien exceptionnel mais cela serait suffisant pour qu'il reprenne quelques forces. Ce réveillé n'était plus nécessaire puisque le battement d'ailes de Skade avait suffit à lui seule pour réveillé toute la partie nord du continent. D'ailleurs intrigante question, mais comment faisait les habitants de cette citée pour ne pas craindre le courroux d'un Dragon avoisinant le double de sa taille ? Même si à première vue, cette Skade ne semblait rien avoir de malveillant, il valait mieux être méfiant. Puis il y pensa par la suite, mais les QG des larmes d'Alderick se trouvait dans cette ville, les Chevaliers ne tarderaient pas de venir à la rencontre de ses créatures, certains d'entre eux étaient beaucoup trop curieux et cela paraissait étonnant que l'antique dragonne ne soit pas à l'heure actuelle entouré par la garde pour plus de précaution. Avaient-ils peur à ce point d'une créature comme elle ? Après tout la réponse était plus que logique, qui aurait eu envie de s'en approcher pour la sonder sans même lui demander son avis ? Et bien Klaus.

« Bon, il est grand temps d'entrer en scène, je ne vais pas rester dans l'ombre plus longtemps. » Dit-il en clignant plusieurs fois des yeux pour prendre de la hauteur sur les constructions les plus imposantes de la ville disparaissait du champ de vision des deux Dragons. Après plusieurs secondes, il se retrouva sur le plus haut toit de la citée d'Elena pour observer d'un peu plus près l'imposante créature qui faisait face à Verith. Il aurait volontiers tenter un bond jusqu'à Skade, quitte à se retrouver dessus, mais prendre un tel risque serait du véritable suicide, Klaus était un peu fou, mais pas au point de mettre sa vie en jeu en sachant pertinemment qu'il n'avait pas la moindre chance. Son arrogance et sa fierté avaient tout de même des limites après tout. Oubliant les bonnes manières, il ne tenta même pas d'interrompre la conversation par des moyens conventionnels et préféra opter pour une solution qu'il affectionnait particulièrement, une boule de feu vint se loger au niveau de la tête du Dragon rouge.

« Désolé de couper court à votre discussion sûrement très intéressante, mais je crois qu'il serait préférable de s'éloigner un peu des environs d'Elena. » Dit-il en marquant une petite pause avant de reprendre : « Toutefois, si je suis de trop n'hésitez pas à m'en faire part de nouveau... J'apprécie énormément de tenir la chandelle. » Envoya-t-il sans mesurer ses propos comme à son habitude avant de s'éloigner de nouveau à l'aide de quelques bonds pour s'éloigner des alentours de la citée.

Une nouvelle fois, il ne machait pas vraiment ses mots et ne manquait pas d'envoyer quelques remarques désobligeantes, mais après tout on ne change pas la personnalité d'une personne lors d'une simple rencontre, le déclic il ne l'avait pas eu et ne l'aurait sûrement jamais à ce niveau il fallait donc faire avec, mais l'homme n'aimait pas tellement être mis en retrait par rapport à une situation qu'il venait de provoquer, d'autant plus qu'il n'en oubliait pas moins pourquoi il avait désiré accompagné Verith pour retrouver Skade. Mais cette Dragonne serait-elle suffisamment sage pour comprendre et accepter le message que l'homme souhaite lui faire passer ? D'ailleurs se pouvait-il qu'elle soit déjà au courant de cette affaire concernant la dévoreuse ? Il valait mieux prévenir que guérir après tout alors autant se lancer dans le vif du sujet quand cette dernière aura enfin fait un peu de place à l'homme au sein de cette discussion concernant certainement les banalités d'une retrouvailles entre une mère et son fils.

« Je suppose que les présentations ne sont plus à faire... Du moins j'ose espéré que Verith ait prit le temps de le faire... »

Klaus, comme à son habitude, s’imposa dans la conversation de façon relativement prompte, connotant ainsi de son impatience grandissante. De toute évidence, se laisser ainsi mettre de côté par la retrouvaille de deux dragons, qui plus est de la même famille, semblait lui faire défaut. Et pour sûr, Verith avait anticipé cette soudaine démonstration de présence, et ne prit alors même pas la peine de soupirer. Le magicien s’était élevé à leur hauteur, reculant quelque peu pour ne pas avoir à faire à Skade, mais cette dernière paraissait ignorer, ou du moins ne pas relever, l’audace de Klaus dans ses paroles. S’il s’était alors adressé à un vulgaire lézard, ces mots auraient été compréhensibles. Mais la Mère des tempêtes, tout comme Verith, ne restaient pas de simples reptiles banals et insignifiants. Quoiqu’il en soit, Skade ne broncha pas, et approuva la proposition du magicien, qui était de prendre un peu de recul vis-à-vis d’Elena la Robuste, sous peine d’attirer un peu trop l’attention sur leur dialogue et leur présence. Il était vrai que devoir supporter ou se départir de tout un cortège d’humains intrigués n’enchantaient pas le dragon rouge, qui aurait alors laissé libre cours à son appétit plus que grandissant.

Ainsi, Klaus reprit les rennes de son cheval noir, et ils progressèrent tous trois vers les étendues sauvages. Maintenant que Skade était retrouvée, ils n’avaient plus raison de demeurer près des bipèdes et de leurs cités. Au contraire, même. Puis, stoppant enfin leur infime progression vers l’horizon, alors conscient d’être hors-portée de vue des Armandéens d’Elena la Robuste, Skade engagea brusquement le sujet le plus sensible de cette situation, soit celui que Verith avait consciemment laissé sous silence depuis déjà longtemps avec Klaus : la tempête magique. Magique et meurtrière, le préciser n’était pas un mal. La dragonne ancestrale, tout comme son fils, semblait sceptique vis-à-vis de cette entité supérieure qui peuplait les veines d’Armanda, et qui avait déchaîné sa colère dans le précédent orage. Son inquiétude était aussi due à son affection pour cette terre, ancien territoire de leur peuple, et le voir ainsi corrompu ne devait pas lui être agréable, loin de là. Verith écouta attentivement les paroles de sa mère, ayant conscience que ses instincts ancestraux lui en avait certainement avoué long sur la situation actuelle du continent. Guerres, vampires rebelles,… Que de nouvelles qui ne lui semblaient ni fâcheuses, ni urgentes par rapport aux maux profonds et bien plus maléfiques d’Armanda.

Une nouvelle fois, il se retrouvait dans la situation où l’aide de Klaus devenait pressante, ou du moins appréciable. Qu’attendait le mage pour demander son reste ? Jusqu’où restait-il prêt à leur venir en aide ? Il détestait cette dépendance vis-à-vis de la connaissance de Klaus sur Armanda, qui dépassait de loin celle de Verith, et approfondissait celle de Skade, ayant quitté le continent durant de longs siècles. Toutefois, ses paroles ne tenaient en rien à propos de quelconque remerciements pour cela –il ne fallait pas lui en demander autant et exagérer la chose- mais bien en questionnements adressés à sa mère, mais dont Klaus n’était pas exclu, cette fois-ci :

°Si la magie d’Armanda s’estompe peu à peu, comment une malveillance ou entité magique quelconque est-elle encore apte à proliférer son mal sur ces terres ?° Verith planta ses yeux d’or sur le magicien, d’adressant à lui à présent. °À moins qu’une telle teneur ne provienne d’une erreur humaine, elfique ou vampirique brute ?°

Sa voix ne portait aucun ton accusateur, ni même suspicieux, et restait davantage monocorde. Pour dire vrai, il s’inquiétait certainement bien moins que Skade vis-à-vis de cette menace ambiante et maléfique, et son orgueil démesuré l’assurait qu’un tel pouvoir ne viendrait jamais à bout de son être, si puissant fut-il, et sans aucun doute encore moins de celui de sa mère. Toutefois, il respectait l’inquiétude de cette dernière. Après tout, elle restait bien plus attachée à ces terres que ne le fut Verith, qui jusqu’à ce que les dragons soient à sa tête, ne l’apprécierait guère plus qu’un continent d’accueil provisoirement sous les mains de potentiels ennemis. Le dragon rouge assurait dans ses paroles, par ailleurs, son manque évident de confiance envers les peuples d’Armanda, certain que ces derniers seraient capables de s’autodétruire en créant eux-mêmes des mots et morphèmes plus puissants qu’eux. Ces êtres semblaient aptes à toutes les atrocités possibles et imaginables, de teneur magique ou non, et Klaus était certainement bien conscient de ces pensées si arriérées qui peuplaient l’esprit de Verith. Ce dernier poursuivit en amenant à la conversation une conséquence de ce maléfice relativement conséquente :

°Mère, si vous avez si puissamment conscience des maux qui peuplent Armanda, il devient d’autant plus primordial de retrouver Estelen, avant qu’une malencontreuse tempête magique ne se déclare de nouveau.°

Il avait conscience que sans les précieuses informations que Klaus leur légueraient peut-être, ils ne pourraient pas entamer les recherches pour retrouver sa sœur. Mais ainsi, et cela l’inquiétait bien plus que la cause de son empressement, il tentait d’accélérer le déroulement des choses, le dénouement de la situation. Bien qu’il croie en Estelen, en sa force et sa résistance, il ne pouvait ignorer les menaces que les inquiétudes de Skade abattaient sur la survie de la jeune dragonne. Verith commença à racler la terre d’une patte, en signe de suspicion. La tournure de cette arrivée sur Armanda prenait un cours des plus déplaisants qu’il soit, et qui, qu’ils le veuillent ou non, mettaient la vie de Skade et lui dans les griffes d’une entité supérieure et, comme tout maléfice si puissant, visiblement ligué contre eux.  

HRP : Si vous jugez préférable de ne pas aborder le sujet d’Estelen tout de suite, je modifierai mon post

Très bien ! Il avait au moins retenu l'attention de ses deux interlocuteurs qui régnaient en maître dans le ciel sombre d'Elena, il affichait une certaine lassitude vis-à-vis de cette conversation qui avait lieu entre eux deux, alors autant immiscer dedans et cela qu'il le veuille ou non. Toutefois, il ne prit pas la peine de s'imposer dans les pensées des deux Dragons afin d'éviter une mauvaise réaction de leur part, Verith semblait suffisamment impulsif et fière pour un peu que ça mère soit de même nature et le vieux Klaus aurait tout gagné. Une fois que la boule de feu fut lancée, elle se logea droit sur le Reptile au yeux dorés qui ne bougea pas d'un pouce, à croire qu'il avait déjà prit l'habitude de ce genre de manière venant du Magicien. Néanmoins, lorsque les yeux de l'Ancestrale se posèrent sur lui, l'homme se montra hésitant un instant avant de défier cette dernière du regard, une provocation après cette boule de feu serait probablement très mal venue. Après tout ! Il n'allait pas changer son caractère pour cette gigantesque dragonne et n'hésita pas à plonger son regard sombre dans le sien lorsque cette dernière vint allonger le cou jusqu'à lui pour venir le renifler, geste fort désagréable qu'il ne manquerait pas de commenter le moment venu, sentait-il mauvais ? S'assurant de ce léger détail il vint soulever un bras pour humer l'odeur qui s'en dégageait, laissant échapper une petite quinte de toux en réalisant qu'effectivement un bon bain ne lui ferait pas de mal.
Bon les présentations avaient donc été faites par Verith, ce qui n'était pas plus mal, il se voyait mal une nouvelle fois réitérer les courbettes et autres moqueries dont il a le secret. Klaus s'inclina tout de même légèrement en rétorquant :

« Mais de rien, c'est un réel plaisir que de venir en aide à l'un des vôtres lorsque la demande est faite avec pleine de douceur... » Dit-il en jetant un rapide coup d'oeil à Verith avant de reporter son attention sur l'Ancestrale qui était encore dans les airs battant fièrement de ses immenses et sublimes ailes, s'il y avait bien quelque chose que ne pouvait pas nier l'humain, résidait belle et bien dans le fait que ces créatures dégagent tout de même une certaine tenue dans les airs. « Je préfère ma bonne vieille monture pour le moment si cela ne vous dérange pas, ma dernière mésaventure sur le dos de ce bon vieux Verith a refroidi mes ardeurs. »

Il faisait bien entendu référence à ce mal de l'air impressionnant qu'il a eu sur le dos du Reptile lorsqu'ils avaient tous deux quitté les Pics rocheux à la recherche de Skade. De nouveau il utilisa une série de bonds pour regagner la terre ferme et enjamber sa monture qui avait pour le moment besoin d'être rassurée avant de s'élancer pour suivre les deux masses volumineuses sombres qui parcouraient le ciel en direction des étendues sauvages, en chemin la Dragonne ne manqua pas d'interpeller une nouvelle fois les deux mâles présents dans les parages, Klaus apparut surpris de la voir aborder le sujet aussi directement, d'autant plus qu'il avait plus ou moins évité de le faire en présence de Verith probablement par peur de sa réaction, il ne voulait pas le conforter dans sa façon de percevoir les choses vis-à-vis des peuples d'Armanda. Concernant la tempête, le Grand Maître était déjà au courant puisqu'il se trouvait non loin d'elle lorsque l'arrivée fracassante de Verith se fit sentir sur les terres, comme il s'en doutait, la tempête n'avait rien de naturel, mais alors ? Quel pouvait être le lien avec ce phénomène ? Est-ce que la dévoreuse aurait perturbé le flux magique de ce partie des terres ? En effet, dire qu'ils étaient désormais tous les deux en sécurité serait bien entendu un trop grand mot et la guerre qui avait débuté quelques mois auparavant entre les vampires et les humains n'y était pour rien du moins en apparence puisqu'ils étaient tout simplement guidés sur la voie de cette chose abominable gisant sur ces terres. Alors qu'il s'apprêtait à répondre en réfléchissant à comment aborder le sujet, Verith le devança en questionnant Skade à propos de la magie d'Armanda, il se questionnait sur la magie de ce monde, mais après tout comprenait-il que les Dragons étaient l'essence même de cette magie et que leur arrivée n'était pas fortuite en ces terres ? Déjà Klaus pouvait ressentir une légère hausse magique dans le flux parcourant ce monde, probablement que de l'endroit d'où il venait les choses étaient différentes allez savoir... Après quoi ses yeux dorés vinrent se poser sur le Magicien qui ne manqua pas de rétorquer :

« Ou bien d'une erreur Draconique... Qui sait. » Puis il reprit aussitôt sur un sujet bien plus intéressant que celui d'envoyer de nouveau pic à Verith puisque ce n'était pas encore le but de cette conversation : « Je sais effectivement qu'un mal parcours ces terres, un mal dont la puissance semble démesurée et difficilement contrôlable par de simple mortel comme nous. J'ai ouïe dire que cette force cachée se nomme « Dévoreuse » il s'agit d'une bague aux pouvoirs plus qu'impressionnant, d'après la légende ou du moins les écrits, elle serait capable de tuer un Dragon aussi vieux et puissant soit-il aussi simplement qu'une lame transpercerait un vulgaire morceau de viande. Je crains fort que même vous, Skade, soyez en mesure de parer ce danger, du moins... seule. Bien heureusement vous ne l'êtes pas. Si cela peut vous rassurez bien que j'en doute encore plus aujourd'hui au vue de ce que j'ai pu cerner de votre ressentit vis-à-vis des peuples d'Armanda, mais de petit groupuscule se sont formés dans le but de rechercher cette dernière, je suis d'ailleurs à la tête d'une Guilde nommée « les larmes d'Alderick » notre but est simple, retrouver cette bague et écarter tous dangers possible. »

Bien entendu il évitait de parler ce serment qui le liait à sa guilde l'empêchant d'en faire usage comme bon lui semble, mais il se gardait bien de le dévoiler tout de suite préférant garder un argument dans l'éventualité où il devrait assurer la défense des siens verbalement. Une fois qu'ils arrivèrent au lieu dit plus calme et plus propice à la discussion Klaus quitta sa monture pour faire face de nouveau aux deux Dragons qui avaient regagné la terre ferme. Mais tout juste eut-il fini de parler de ce mal qui ne tarderait pas a frapper Armanda que Verith venait de surenchérir à propos d'une certaine Estelen. Klaus ne manqua pas de soupirer face à cette preuve d'inquiétude flagrante, mais préféra ne pas se prononcer tout de suite à ce sujet préférant laisser la parole à l'Ancestrale qui ne tarderait pas à donner quelques directives à son fils.

« Si je puis me permettre, je pense que cette tempête magique ne vous a pas amener innocemment, il me paraît donc bien étonnant qu'une seconde tempête ne se déclare sur ses terres, la découverte de ce mal grandissant et votre arrivée ne peut pas être une simple coïncidence, du moins j'ose espérer... » Dit-il en observant Verith gratter le sol de ses griffes tandis qu'il approchait de ce dernier pour tapoter sur l'une d'elle en souriant : « Où est donc passé le Verith du pic rocheux ? Ces retrouvailles auraient-elles fait naître en toi un peu plus de cœur que tu ne sembles posséder ? » Après quoi il se recula sans trop tarder sachant pertinemment qu'il ne manquerait pas de prendre une quelconque remontrance pour ces propos.

Dévoreuse ? Il s’agissait là d’un nom bien étrange. Certainement en avait-il déjà fait frissonné plus d’un sur ces terres. Il évoquait à la fois une puissance innée effrayante, et un mystère troublant. Verith avait du mal à concevoir qu’une piètre bague insufflait tant de crainte dans le cœur des Armandéens, et recelait une telle source de magie. L’apparence ne fait pas le moine, comme on dit. De plus, un simple orbe devait d’autant plus être difficile à dénicher, de par sa petite taille. Skade sembla tiquer à cette appellation, très discrètement, et le dragon rouge comprit ainsi qu’elle avait déjà eu à faire, ou du moins connaissait, cette entité maléfique. Verith ne prit pas attention aux conseils de Klaus, qui étalait ainsi les menaces de Dévoreuse sur les dragons. Ces dragons restaient les principaux touchés par ses maléfices, mais le dragon rouge, fidèle à son orgueil, ne voyait pas en quoi une bague dérisoire, aussi magique soit-elle, pourrait le repousser ou lui procurer un quelconque mal. Et si lui se sentait capable d’une telle résistance face à cette entité dite « supérieure » -hum…- il restait persuadé que Skade ne la craindrait pas non plus. Évidemment, il ne mesurait pas l’ampleur de la puissance de Dévoreuse. Mais quand bien même ce fut le cas, sa fierté n’aurait-elle pas une nouvelle fois pris le dessus sur une potentielle raison l’habitant ?

Klaus évoqua aussi les méfaits d’un dragon, et le « Dracos » que souffla Skade en disait long sur la teneur de ce mal. Ainsi donc un des leurs avait commis un tel affront ? Dans quel but ? Était-ce réellement contre Armanda ? Verith doutait que ce soit le cas, bien inconsciemment. Sur son continent natal, aucun mal ne semblait inspirer la crainte aux dragons, aucun maléfice ne peuplait les veines de la terre, s’insinuant dans les roches, et plus que tout : aucune pouvoir dit « supérieur » ne venait entraver leur suprématie. Et cet élément plus que tout autre avait conforté Verith dans son orgueil durant toute son enfance. Il peinait donc à mesurer l’ampleur de Dévoreuse par ce fait. Klaus avait aussi abordé le sujet d’une certaine guilde, dont il serait à la tête, et qui, par les bienfaits d’on ne sait quelle bonté extrême, tentait d’éradiquer la menace de cette bague maléfique en retrouvant cette dernière. Enfin, Klaus s’approcha de Verith et, dans la pure démonstration de toute son humilité, lui lança un pic en tapotant une griffe du dragon. Après quoi, il recula prudemment, faute de précautions en compagnie d’un reptile aussi impulsif que celui qu’il venait de narguer.

Verith grogna en son for intérieur, soit pas assez puissamment pour que ce grognement parcourt l’espace alentour, et, d’un geste des plus brusques, releva la patte tapotée par Klaus dans une vaine tentative d’atteindre ce dernier et de lui porter un coup. Il savait d’avance, et ce bien malheureusement, que sa portée ne lui permettrait pas de se délecter d’une vengeance physique, mais il démontra ainsi son agacement, bien que Klaus n’en ait certainement que faire. Il s’agissait là de la seconde provocation de la part du magicien, en l’espace de quelques minutes seulement. Il semblait « en forme » en cet instant… Verith se jura intérieurement de prendre une petite vengeance personnelle lorsque l’occasion se présenterait de lancer quelques pics, fidèle à sa rancune, mais ne lâcha seulement à l’égard de Klaus, comme seul et unique réponse à cette provocation, et ce d’une voix quelque peu froide mais impassible :

°Tant que ce n’est pas à l’égard des peuples Armandéens, je sais faire ce genre d’efforts, effectivement.°

Skade semblait d’accord avec Verith quant à l’urgence de retrouver Estelen, malgré les capacités non discutables de celle-ci, mais préférait avant tout en apprendre davantage sur Dévoreuse et les maux parcourant Armanda, ce qui restait parfaitement logique. Ils venaient à peine de se poser sur ces terres, un minimum de prise d’état des lieux s’avérait, de toute évidence, nécessaire. Verith l’écouta attentivement, sans davantage piper mot, puis les paroles de Klaus lui revinrent elles aussi. À vrai dire, jusqu’alors, il n’aurait jamais imaginé que le magicien pouvait posséder un tel rôle d’Armanda, avec cette lourde responsabilité qui était la sienne : déceler Dévoreuse et peut-être la maîtriser –n’est-ce pas ? Il ne semblait plus si inutile et insignifiant que cela désormais, et que des humains soient encore capables de protéger ces terres, dans les idées arriérées que Verith se faisait des Armandéens, paraissait alors pour le moins surprenant.

°Tu as insinué toi-même les dangers non négligeables de cette fameuse bague, reprit Verith, alors comment ta guilde compte maîtriser un tel pouvoir, si même un dragon n’est pas capable, et ce d’après toi, de faire le poids face à cette entité ? Est-il seulement possible de canaliser son maléfice ?°

Le dragon rouge s’adressait alors expressément à Klaus, entamant les questions qui le taraudaient le plus. Effectivement, le magicien avait en quelque sorte affirmé –vanté…- que sa guilde avait le moyen, ou du moins l’aurait le moment venu, de supprimer toute menace de Dévoreuse. Des explications paraissaient alors plus que nécessaire. Quels étaient les véritables pouvoirs de cette bague, si ce n’est « tuer » les dragons ? Sa guilde avait-elle seulement la moindre idée d’où cette entité se trouvait ce jour-là, ou les chasses restaient encore vaines et sans aucun indice ? Il s’agissait là de trop de questions, et de certainement trop peu de temps, voilà la raison pour laquelle Verith avait décidé de se rendre à l’essentiel : comment ? Y avait-il seulement un plan où les deux dragons allaient-ils devoir leur venir en aide, car cette terre restait évidemment aussi la leur, et que tenter de la protéger était une chose relativement logique, sans plus d’informations ?

°Mère, avez-vous déjà eu connaissance de cette Dévoreuse par le passé ?° demanda alors Verith, dans cette interrogation qui lui brûlait les babines depuis la réaction implicite de Skade en entendant de la bouche de Klaus le nom de cette entité.

Puisqu'il était temps d'aborder le sujet de cette menace pesante sur Armanda et accessoirement sur les Dragons, Klaus ne manqua pas d'évoquer ce qu'il savait plus ou moins, négligeant tout volontairement quelques détails afin de ne pas non plus tout déballer lors d'une simple discussion comme celle-ci, d'autant qu'il était conscient du peu de ressentit qu'avait ces derniers vis-à-vis des peuples jonchant ces terre. Skade ne manqua pas de venir confirmer les dires du Grand Maître, elle comparait les hommes à des êtres assoiffés de sang ? Probablement faisait-elle allusion aux Vampires, du moins le Chasseur préféra s'en persuader plutôt que d'entrer dans un débat interminable avec elle. Visiblement plus sage que sa progéniture, elle arrivait tout de même à concevoir qu'en ce monde, une petite minorité se distinguait des autres ayant d'autres priorités et bien sur d'autres manières de concevoir les choses. Il était amusant de voir quel réaction pourrait avoir ces deux êtres en comprenant qu'ils ne pourraient pas être la solution à ce problème pour une fois, les êtres dit supérieur se voulait tout aussi égaux que les bipèdes eux-mêmes. Rapidement, l'intérêt de l'homme se tourna vers Verith, le fils de Skade, il voulait tenter de le remuer un peu, car vraisemblablement, il était un peu trop préoccupé par le cas de sa congénère pourtant dans la tête de Klaus cela ne faisait aucun doute que le Dracos ait probablement dressé quelqu'un sur la route de cette Estelen si lui avait été mis sur celle du Dragon lors de son accident contre les pics rocheux. Prévoyant comme toujours ou presque, il avait pris soin de s'écarter de ce dernier après l'avoir volontairement titiller comme il le fait si bien de temps à autre, laissant à Verith le soin d'exprimer son mécontentement en envoyant un coup de patte dans le vide manquant tout juste d'atteindre l'homme qui avait eu un peu de chance sur la distance de sécurité qu'il avait instauré.

« Et bien... C'était moins une. »

Klaus eut tout juste le temps de constater que la griffe du Dragon venait de passer non loin de lui que Skade vint appuyer le fait qu'il était aussi utile de retrouver cette Estelen, mais d'après elle, ne craignant plus une tempête tout comme le Grand Maître, elle ne semblait pas rongé par l'urgence et le besoin pressant de retrouver la dernière des siens ayant dérouté par la tempête. Mais qu'espérait-elle avec l'aide de Verith ? Retrouver la trace de cette dévoreuse ? Et quand bien même ils seraient en mesure de la trouver que feraient-ils ? D'après le Chasseur pas grand-chose et il ne manqua pas de secouer la tête en envisageant cette simple idée. Contre toute attente, Verith ne manqua pas de réagir sur les paroles que venait de prononcer l'humain ayant toutefois quelques difficultés à cerner ce qu'il venait de dire. Son regard vint rapidement s'assombrir tandis qu'il redressait la tête vers son interlocuteur, puis comme il le faisait régulièrement, il cligna des yeux pour bondir sur la tête du Dragon et se pencher légèrement en avant pour lui parler droit dans les yeux sans prendre la peine d’occulter Skade de la conversation.

« Tatatata... Je n'insinue absolument rien. J'affirme, rien de plus rien de moins. » Rétorqua Klaus en marquant une courte pause ne quittant pas le Dragon du regard avant de reprendre : « Crois-tu vraiment que toi et ton peuple soyez la réponse à tous les maux de cette terre ? Je n'ai jamais parlé de maîtriser un tel pouvoir, j'envisage plutôt et simplement de le contenir tant bien que mal lorsque nous aurons mis la main dessus. Et c'est justement parce que vous Dragon n'êtes pas en mesure de contenir ce mal que nous le serrons... Que tu le veuilles ou non. Contrairement à tous les a prioris que tu peux avoir sur nous, nous ne sommes pas si faible et frêle que nous en avons l'air, mais seul le temps pourra venir confirmer ce que j'avance après tout. »

Profitant d'un petit silence qui vint s'installer au cœur de la conversation, il reprit pour ne pas omettre une question que venait de lui adresser Verith :

« Quant à savoir s'il est possible de canaliser ce maléfice, je ne peux malheureusement pas m'avancer sur la question, ce pouvoir endormi et trop longtemps disparu reste en tout point dangereux... Peut-être que Skade aura une réponse à nous apporter sur ce dernier ? Mais aux vues de sa réaction, je doute qu'il soit possible d'évaluer le danger qui plane actuellement aussi bien sur votre peuple que sur le notre. »

Enfin, lorsqu'il eut fini de répondre aux interrogations de son partenaire, Klaus quitta le sommet de son crâne pour se laisser retomber sur le sol lourdement retombant tout de même sur ses deux jambes il se redressa en époussetant légèrement ses habits.

« Pour le moment, nos recherches n'ont absolument rien donné si c'est ce que tu désires savoir derrière ce flot de questions. Je n'éprouve personnellement pas le besoin de recevoir une aide extérieur, surtout venant de vous, je ne doute pas de votre « bienveillance » à l'égard non pas de nous, mais de cette terre, mais je ne prendrais pas l'initiative de mettre en danger l'un des vôtres en sachant pertinemment le danger qu'il encourt au contact de cette dernière. »

Klaus avançait ses propos avec la ferme intention de ne pas trop en divulguer, ce n'était pas dans ses habitudes de demander de l'aide et Merithyn s'il avait été là en ce moment aurait parfaitement pu confirmer cette évidence, en parlant de l'Elfe, ce dernier aurait été la bienvenue pour parlementer avec ces Créatures, il avait l'habitude contrairement à Klaus qui lui n'avait encore jamais été jusqu'à présent confronté à des Dragons Adultes, il connaissait uniquement de vue la petite Dragonne qui était aux côtés du Vampire Roëric lors du soin de la Horde de cette intenable et folle furieuse Mélusine... Enfin bon. Cette conversation tournait un peu en rond et le Grand Maître n'en voyait pas le bout, il pensait qu'en annonçant cette nouvelle à Skade, cette dernière serait en mesure de lui apporter tout de même un peu plus de réponses que ce qu'il avait actuellement, les choses étaient terriblement compliqué il faut dire, d'autant plus qu'il perdait du temps pour les recherches de cette Bague en parlant inlassablement de toute cette histoire.

« J'espère avoir été suffisamment clair... » Dit-il en regardant à tour des rôles les deux Dragons, il était ferme et définitif, il évincerait sans problème les deux Dragons de cette recherche s'ils s'avéraient un peu trop curieux.

HRP : RP terminé pour moi aussi o/ Si la fin te gêne Skade, étant donné que je fais implicitement agir ton personnage, fais-moi signe. Merci de même :3

Verith pressentait, et ce bien consciemment, les doutes s’insinuer en sa mère et la fin du dialogue semblant bien proche. « bienveillance » affirmait Klaus ? Tiens donc. Ce dernier, tout comme sa fameuse guilde apparemment, ne paraissait que peu informé au sujet de Dévoreuse, du moins de ses faiblesses, ce qui, pour une entité maléfique, était logique. Verith n’avait pas l’intention de lui venir en aide dans cette affaire, qui l’importait bien moins qu’Estelen ou encore Cymbor pour l’instant, tout égoïste qu’il soit sur l’avenir de ce continent, mais doutait qu’un simple mage, doué fut-il, et sa petite guilde parviennent, sans plus de connaissance sur comment soumettre ce pouvoir maléfique, à maîtriser Dévoreuse. Oui, il sous-estimait grandement les moyens mis en œuvre par les Armandéens pour sauver leur propre terre natale, et aurait aisément pu s’en vanter ouvertement, sans aucune once de remords. De son point de vue, les peuples de ce continent ne pourraient pas vaincre ce mal seuls. Quoiqu’en dise Klaus, les dragons tiendraient une place capitale dans la sauvegarde de ce lieu, quel que soit la teneur des pouvoirs de Dévoreuse. Mais bon, comme affirmé précédemment, cet « inconvénient » n’atteignait en rien Verith pour l’instant.

Les menaces promulguées par le mage quant aux pouvoirs démesurés de Dévoreuse et sa puissance destructrices sur les dragons n’effrayaient en rien le dragon rouge, à qui la fierté faisait effectivement défaut. Skade, elle, concédait que cette « arme » maléfique avait, selon sa conscience ancestrale, décimé bon nombre d’entre les leurs bien des années auparavant. Le Dracos. Le Dracos Honoris. Verith aurait tout donné pour avoir lui aussi conscience de tels souvenirs lointains et confus, de partager quelques brides de passé avec cet être respecté des dragons –logique, il en fut un lui aussi. Pour l’instant, seule Skade semblait assez ancestrale, assez sage pour atteindre un tel summum de la mémoire, un tel apogée du souvenir brut et pur. Verith ne pesait pas les mots dans les paroles de sa mère, comme quoi Dévoreuse serait à l’origine de la transformation de Dracos en esprit. Il n’en pesait pas la profondeur, pas les conséquences, et surtout, pas le danger. Cette témérité accrue, ou plutôt cette inconscience développée, vis-à-vis de ce genre de périls finirait, un jour ou l’autre, par faire défaut au dragon rouge. Mais pour l’instant, il fallait l’avouer, toutes ses entreprises téméraires avaient été menées à bien. Mais les dangers de son continent natal n’avait-il pas un équivalent plus conséquent sur Armanda ?

Après les mots de Skade, Verith tenta de visualiser les pics rocheux une nouvelle fois, et concéda en effet que dans son champ de vision, alors qu’il s’y trouvait encore, apparaissait aussi un lointain et silencieux désert. Plat, aride, grisâtre sur quelques landes, ce lieu n’inspirait certes en rien la vie réputée fleurissante sur Armanda. Seulement alors, il commença –commença seulement- à remettre en considération la véritable puissance de Dévoreuse, sans pour autant en mesurer réellement l’ampleur. Une piètre bague capable de créer un désert tel que celui aperçu des pics rocheux pouvait en effet se vanter d’être crainte, sauf pour Verith. Skade, finalement, renonça elle aussi à venir en aide à Klaus, mais certainement avec bien plus de conscience que son fils, et exposa alors son point de vue de la situation, ainsi que son désir de retrouver une certaine vampiresse du nom d’Isillwyra. Le dragon rouge s’apprêtai à intervenir, ramenant au goût du jour la primordialité de partir aussi à la recherche d’Estelen, mais Skade anticipa ses dires en ajoutant cela à ses nobles paroles. Cet échange touchait alors à sa fin.

°En espérant que cet échange t’a apporté ce que tu attendais –ou espérais ?° conclu seulement Verith à l’intention de Klaus, toujours aussi sceptique quant aux aspirations du mage qui l’avaient guidé jusqu’à venir en aide au dragon rouge.

Les deux dragons quittèrent enfin l’humain et sa fière monture, s’élevant dans le ciel, Skade à la recherche de cette fameuse vampiresse, Isillwyra, et Verith, d’Estelen. Cette mission, ce devoir implicitement formulé par sa mère les concernait tous deux, et bientôt, après quelques temps de vol, les deux reptiles géants se quittèrent enfin, avec cette fois-ci la certitude de se retrouver, et chacun une quête bien précise à l’esprit, dont dépendrait certainement de nombreuses conséquences futures. Verith ignorait quels étaient les fins, désormais, de Klaus, si ce n’était trouver et maîtriser Dévoreuse. Peut-être ne désirait-il pas le savoir, finalement. Toutefois, le dragon rouge, durant ses longues heures de vol à se rendre au lieu où la famille avait été séparée par la tempête pour débuter de véritables recherches, eut bien du mal, malgré ses forts désirs, à laisser entièrement s’estomper le souvenir de cet homme dans son esprit. Il avait haï la reconnaissance qu’il devait au mage, et ce jour-là haïssait les brides de son aide encore ancrées dans son être. Bientôt, la certitude –et l’espoir, aussi- de retrouver Estelen en vie prit le dessus sur ces doutes. Le Dracos lui réservait toutefois encore bien des surprises vis-à-vis de Klaus.Enfin seul, il rugit.