Fraîche journée au royaume elfique. Fraîche journée que celle-ci, en effet. Dans plus d'un sens du terme, hélas. Le ciel semblait aller de paire avec l'humeur morose et lasse qui l'habitait dernièrement. Les nuages étaient lourds et bas, gonflés de centaines de larmes de pluie qui ne demandaient qu'à tomber en une averse salvatrice pour laver le cœur et l'âme. Mais elle ne tombait pas. Parvenue au point de rupture, rien ne s'échappait, ni de son cœur, ni des cieux orageux et ternes. L'air sec apportait la soif, autant que la tristesse appelait le réconfort, mais ni l'un ni l'autre n'était prodigué, à son grand désespoir. Un long frisson glacé parcourait les jardins silencieux du Tomingorllo, alors qu'il les traversaient à pied, tremblant quelque peu dans cet air d'automne tardif, ou d'hivers précoce, qui s’appesantissait sur les terres sylvaines depuis déjà quelques jours. Comme un pressentiment incarné... une sensation de destin imminent, qu'il redoutait... Il avait de quoi, évidement, à la vue de l'état de santé déclinant d'Eliow. Le voir éveillé ne lui causait que plus de souffrances encore, tant il semblait incapable de la moindre parole. Rien n'y faisait.. ni magie, ni baumes, ni soins, pas même au cœur du royaume elfique, où la science de guérison était pourtant la plus développée, il n'y avait aucun moyen d'aider le vampire, qui se mourrait à petit feu, le laissant lui-même agonisant de douleur et de peine. Encore une fois, il ne pouvait absolument rien faire.

Impuissant, il ne pouvait que rester près de lui pour alléger quelque peu son passage... un bien maigre réconfort, surtout quand il avait déjà juré une fois de parcourir les terres d'Armanda, et même au-delà, pour lui venir en aide. Cette fois pourtant, il le sentait, partir n'était pas la bonne décision... Son instinct lui interdisait de s'éloigner de trop, au cas où... quelque chose arriverait. Quel espoir leur restait-il ? Peut-être celui que portait un certain mage humain, parcourant le continent à la recherche des parchemins.... mais c'était tellement infime qu'il osait à peine s'y accrocher. Point qu'il douta de Klaus, bien au contraire. C'était du temps qu'il leur restait, qu'il doutait... et qu'il aurait tant voulut mettre à profit, pour offrir à l'homme qu'il aimait le plus possible, avant son départ définitif. Il ne pouvait pourtant se laisser aller à trop de cette faiblesse inhérente qui l'aurait caractérisé autrefois.

Il se devait de chercher une solution, encore, jusqu'au bout, de tenir sa promesse... Aussi, malgré le temps qu'il passait à veiller sur le vampire, il travaillait également au sortilège qui, si le Dracos le voulait, sauverait l'âme et le corps de l'être aimé. Il travaillait d'arrache pied à la confection d'une version adaptée du sortilège du Fondateur, une tâche bien plus prenante, et bien plus fatigante qu'il ne l'avait cru de premier abord. La tension nerveuse apportée par la transition des notes d'une gamme à l'autre, l'attention qu'il devait porter à chaque nuance afin de ne pas commettre une erreur irréparable qui achèverait Eliow sans sommation... mais également les sentiments liés au chant, qui venaient peser sur lui autant que les siens propres, formant une cangue de douleur qu'il avait de plus en plus de mal à supporter, mais qu'il ne rejetait nullement, pas même lorsque son ancien mentor lui proposa de prendre le relais, et de traduire le texte à sa place.

C'était son devoir, sa charge... Même si la chanteuse était un être qui lui tenait très à cœur, Eliow était sous sa garde, et il ne se pardonnerait jamais de le laisser à quelqu'un d'autre, il ne pourrait le supporter de toutes façons, même au bord de l'évanouissement, il devait continuer... Et il savait que Shaynar approuverait sans doute le choix de ne le confier à personne d'autre. Bien que le peuple elfique est accueillit le couple sombre, Eliow restait un vampire, et un être dont l'expérience auprès du beau peuple laissait à désirer. Merithyn ne leur faisait pas assez confiance pour leur laisser son compagnon, et ce même si sa vendetta à l'égard de l'impératrice s'était apaisée en grande partie. Même ses pairs de la Rhapsody avaient été refoulés, et pour de bonnes raisons... La gardienne n'aimait pas les vampires, et il ne voulait qu'aucun d'entre eux puissent interférer avant qu'il ne lui parle de vive voix, ce qui ne semblait pas être à l'ordre du jour, étant donné qu'elle séjournait, aussi étrange que cela paraisse, à Gloria à l'heure actuelle. Il n'en avait à vrais dire que faire, son avis était optionnel, Eliow non.

De plus.... de plus il préférait être seul, il ne savait absolument pas si il serait capable de contenir le flot de son désespoir sous les yeux d'un autre. Il n'avait cependant pas refusé de voir Klaus, le tueur de vampires qu'il avait rencontré en revenant au royaume Elfique, et qui lui prêtait assistance dans la recherche des parchemins, tandis que lui les travaillait. Ayant apprit que l'homme était de retour, il avait rassemblé autant sa force que sa courtoisie, et l'avait invité à le rencontrer, de la plus humble des façons.

Il savait lui devoir énormément, bien plus qu'à son peuple. L'humain, malgré la condition d'Eliow, avait accepté de l'aider, alors qu'ils se connaissaient à peine. Il avait sut voir et comprendre ce qu'il ressentait, et c'était avéré de très bon conseils.. autant de choses qui avaient raviver son amour des hommes. Pour l'occasion, et pour honorer cet étrange personnage qui ne le rebutait pas comme les autres, il lui avait ouvert les portes de la demeure de l'ordre Baptistral, et plus particulièrement de l'observatoire des étoiles, un lieu de magie ancienne et extrêmement puissante, mais d'une douceur sans égale...

Le bâtiment, niché dans l'angle le plus reculé et le moins fréquenté du Tomingorllo, l'observatoire était un bâtiment à l'architecture étrange, aux proportions venues d'une autre conception du monde, mais qui respirait néanmoins l'ordre et l'équilibre parfait... Se fondant dans le paysage moussu de l'extérieur, il était cependant lumineux de l'intérieur, baigné par la constante lumière d'étoiles depuis longtemps disparues, représentant les constellations comme elles apparaissaient dans le ciel d'Armanda, à l'arrivée des elfes. Des figures graciles, en perles ou en marbres, ornaient le vaste hall circulaire où l'on entrait, et observaient la progression vers le haut dôme et les fenêtres célestes permettant de voir le ciel nocturne... Sur le socle intermédiaire les bibliothèques et tables de travail en bois de pins argentés s'alignaient selon les ordres des constellations. C'était là que Merithyn avait élu domicile en attendant son invité, se gorgeant de l'atmosphère paisible et contemplative de ce sanctuaire inhabité.

Évidement, le seul chanteur des étoiles habitait Gloria, un fait qu'il ne comprenait absolument pas, au vu de la somme d'augustes connaissances, et de la paix qui régnait dans l'observatoire. Se tenir simplement sous la pâle lueur des étoiles anciennes lui ôtait une partie de ses soucis, et de sa peine, le paix du lieu l'envahissant. Aussi, lorsque la porte grinça doucement, il releva des yeux plus reposés sur les murs illuminés, s'avança jusqu'au balcon, et contempla d'en-bas l'humain, avant de sourire, las, et de descendre les marches pour venir à sa rencontre. S'arrêtant près de lui, il s’inclina avec respect, et l'observa un bref instant, soucieux de son bien être.

«  C'est un honneur pour moi de vous retrouver, Klaus. Et je suis heureux que vous ayez acceptez mon invitation. Comment allez-vous ?  » Il indiqua les escaliers «  Je vous en prie, soyez le bienvenu en ces lieux. J'ai pensé que vous apprécieriez cette incursion dans nôtre domaine, le bâtiment regorge d'histoire et de magie  »

Voilà déjà plusieurs mois que l'homme avait quitté ce Royaume où il avait vu le jour avec pour simple but une missions des plus inattendu. En quittant ces lieux pour autre chose qu'une traque il ne savait pas lui-même s'il aurait l'occasion de revenir ici un jour ou l'autre. Et pourtant, voilà qu'après un peu plus de six mois Klaus se trouvait enfin chez lui, une petite maison de fortune dans laquelle il vivait avec Solas auparavant. Il s'agissait là d'une construction faite dans la plus grande simplicité qui soit, quelques planches de bois, une végétation qui avec le temps n'avait pas eu l'occasion de se développer aux abords de la maison et cela malgré l'abondance de verdure environnante. Solas avait cependant belle et bien la main verte puisqu'il faisait parti du peuple Elfique, malheureusement depuis cette disparition inexplicable, il n'y avait plus personne pour entretenir cet amour de la nature, l'humain lui n'y avait jamais réellement prêté attention ce qui déjà à l'époque n'était pas aux goûts de son paternel qui en plus du savoir magique qu'il lui avait apporté avec l'aide de Faudar aurait aimé lui transmettre les choses de la vie qui étaient pour lui plus qu'essentielle. Il s'agit sans doute de la petite différence entre les humains et les elfes qui n'ont pas toujours les mêmes priorités. Mais soit ! Cette maison faisait partie de lui, il n'avait donc pas vraiment le choix de s'en occuper un minimum et encore moins lorsqu'il s'aperçut en passant le pas de la porte que tant bien que mal la végétation et quelques animaux avaient élu domicile à l'intérieur de celui-ci. Habituellement, il aurait poussé un simple râle de mécontentement et se serait empressé de chasser tout ce petit monde a grand coup de bâton, mais l'atmosphère qui planait en ce moment au sein du Royaume Elfique le poussait à se comporter de façon un peu plus respectueuse que d'habitude, du moins pour le moment. Son arrivée fut pour une fois la plus discrète qui soit, beaucoup le connaissait de vue et avait donc l'habitude de voir l'humain faire des va et viens au sein du domaine Sylvestre et pourtant, en cette journée, tout le monde avait pris soin de l'éviter comme pour éviter une confrontation directe avec lui.

Il n'avait pourtant rien à se reprocher, à moins que les quelques malencontreux incidents à Gloria n'aient été rapportés à leur oreilles pointues. Klaus n'était pas convaincu par cette idée, puis si tel était le cas, il n'aurait tout simplement pas pu passer la frontière aussi simplement. Et rapidement il put enfin comprendre le pourquoi de ce comportement inhabituel chez certains Elfes, un vampire... Mais pas n'importe lequel, il s'agissait après une courte déduction de celui dont lui avait parlé Merithyn lors de leur première rencontre qui avait engendré aussitôt un élan de générosité chez l'homme le poussant à venir en aide au Baptistrel. Cette simple nouvelle suffit à mettre le Chasseur de mauvaise humeur, lui qui envisageait un retour paisible et reposant, savoir que l'un des êtres qu'il a pour habitude de traquer se trouvait ici, mourant ou pas et ne pouvait pas s'en débarrasser laissait s'installer en lui un petit peu d'amertume. Mais passons, il n'était pas là pour ça et devrait faire avec, du moins jusqu'à ce qu'il change d'avis...

Malgré ces toutes nouvelles responsabilités dont il avait hérité plutôt miraculeusement dirons-nous, il n'avait pas prit la peine de se faire accompagner pour ce déplacement, préférant laisser Eliandre et Phantom s'occuper de la Guilde durant son absence, il aurait pu prendre l'initiative de se déplacer en petit groupe, mais le travail d'équipe ce n'est pas ce qui enchantait le mage, d'autant plus lorsqu'il ne connaît que très peu ses partenaires et cela aussi respectueux soient-ils envers la hiérarchie.... Quoi qu'il en soit, ce retour devait s'effectuer seul. D'autant qu'il se devait d'aller remettre le dernier morceau de chant qu'il avait trouvé au cours de ses mésaventures, en l'espace de quelques mois, il en avait déjà trouvé trois. Un qui avait été soigneusement dissimulé dans la bibliothèque Elfique, le second dans la bibliothèque royale de Gloria,quant au troisième... Vous n'aimeriez pas le savoir. Ces morceaux de parchemins formeraient un chant une fois toutes les parties retrouvées, mais Klaus ne savait pas vraiment de quoi il en retournerait une fois ces derniers trouvés, jusqu'à présent il ne s'en méfiait pas le moins du monde. Il était parti dans l'optique d'aider l'Elfe à soigner son « ami » et c'est ce qu'il ferait quoi qu'il lui en coûte, risquer sa vie n'était pour lui pas un problème et encore moins si cet acte peut aider l'une des rares personnes ici à lui avoir fait confiance. Merithyn pouvait-il être considérer comme un ami ? Probablement, mais le mot était peut-être encore un peu fort pour Klaus qui n'en avait pas vraiment parmi les siens et encore moins ici. Seul le temps pourrait venir affirmer ce sentiment aussi étrange soit-il qu'il éprouve pour celui qui avant cette rencontre soudaine était un parfait inconnu et n'en restait pas moins mystérieux.

En parlant du Baptistrel, ce dernier ayant eu vent de l'arrivée du Grand Maître avait sollicité de la plus simple des manières la présence de l'homme par le biais d'une invitation qu'il avait bien entendu accepté sans rechigner. Il prit soin de faire ce qu'il avait à faire chez lui avant de se mettre en route, non pas qu'il avait une quantité de travail importante, mais il devait tout de même par respect envers la mémoire de Solas de s'occuper de la demeure l'ayant accueilli toutes ces années.
Pour l'occasion, le domaine Tomingorllo lui avait été ouvert, rare était les personnes qui avait pu y mettre les pieds sans faire partie de l'ordre Baptistral. Mais en ce moment la chance semblait sourire à Klaus qui se voyait accorder beaucoup de faveurs, l'homme n'était pas dupe, il savait que profiter de cette chance soudaine était la meilleure solution, car elle ne resterait pas bien longtemps et la roue finirait tôt ou tard par tourner le renvoyant sur la voie de monsieur tout le monde.

Après deux bonnes heures, il quitta enfin la demeure « familiale » laissant derrière lui un lieu de vie déjà beaucoup plus habitable et allez savoir pourquoi les quelques animaux présents n'avaient pas bougé. Klaus ne supportait pas tout ceci, l'atmosphère qui planait ici le rendait presque trop gentil. Il devait s'empresser de reprendre sa route et en finir avec cette histoire de parchemins.

« Tomingorllo hein... » Souffla l'homme avant de pénétrer dans le cœur du domaine.

Il ne savait pas vraiment où l'attendait Merithyn, puis il ne connaissait absolument pas ces lieux dont l'accès lui avaient été refusés bien des fois lorsque plus jeune il était poussé par sa curiosité naturelle et souhaitait en apprendre davantage sur cet endroit dont il ne connaissait rien. Comment se repérer dans un lieu dont on ne connaît absolument rien ? Klaus aurait aimé pouvoir suivre l'essence magique et cette fournaise qu'émettait l'Elfe, mais il ne perçut absolument rien, pas le moindre soupçon de magie comme si le Baptistrel n'était plus vivant. Pourtant, il avait belle et bien reçu une invitation de sa part, ce n'était pas un rêve, ces lieux dissimulaient-ils toutes traces de magie ? A première vue, non. Alors que se passait-il ? Loin d'être stupide, il ne fit pas tout de suite le rapprochement avec l'état de santé du vampire et l'état psychologique dans lequel devait se trouver Merithyn...

« Donc... Je dois trouver l'observatoire des étoiles jusque là, c'est assez simple. » Puis il marqua une courte pause avant de reprendre en baissant la tête : « Je ne sais même pas ce que c'est... » Pour finir, cette phrase vint se perdre dans un soupire avant de reprendre la route de la façon la plus hasardeuse qui soit. Après tout, il avait eu pas mal de chance ces derniers temps, il finirait donc par trouver.

Ce n'est qu'après une bonne demie-heure d'errance qu'il aperçut au loin une construction totalement différente de celles qui l'entourait, les elfes n'avaient pas pu bâtir un tel bâtiment... Mais qui l'aurait pu dans ce cas ? Cette bâtisse était plus reculée que les autres et comme pour toutes habitations Elfiques, elle était recouverte d'une importante couche de mousse. A partir de là, Klaus se montra hésitant semblant vouloir changer de direction et pourtant tout à fait indépendamment de sa volonté, il avançait vers le lieu dit. Sans même comprendre comment, il se trouvait déjà devant la porte. Relevant la tête pour soulever un peu sa capuche et observer la structure lui faisant face, il décida plus sur un coup de tête qu'autre chose de pousser la porte. Un long grincement se fit entendre, s'il voulait faire une entrée discrète c'était une idée à oublier. A peine la porte fut elle ouverte qu'il tira immédiatement sur sa capuche pour se couvrir les yeux pour dissiper cette lumière importante régnant à l'intérieur. Une fois que ces yeux furent accommodés à cette lumière, il releva lentement sa capuche pour la laisser retomber en arrière et dévoiler son épaisse chevelure et surtout son visage qu'il dissimulait constamment avec parcimonie sans véritable raison apparente. Du coin de l'oeil il aperçut sur le balcon un peu plus haut son hôte qui s'apprêtait à le rejoindre, mais pour le moment, Klaus semblait tout particulièrement intrigué par ce qui était vraisemblablement l'observatoire. Rapidement rappelé à l'ordre par l'arrivée du Baptistrel qui s'inclina pour le saluer, l'homme fit de même en essayant de faire preuve de tout autant de respect que lors de cette première rencontre.

« Baptistrel Merithyn... Tout l'honneur est pour moi. » Il s'arrêta un instant comme émerveillé par les constellations l'entourant et reprit cette fois sans regarder l'Elfe « Je... Je vais bien, du moins je crois. Puis-je me permettre de vous retourner la question ? »

A vrai dire, il connaissait déjà la réponse. Quand Merithyn arriva à sa hauteur, Klaus s'attendait à être de nouveau submergé par cette étouffante et angoissante chaleur qui l'avait fait tituber la première fois, mais il n'en fut rien. Certes le niveau magique de l'humain avait encore augmenté avec le temps, mais cela n'expliquait en rien le fait que cette chaleur est partiellement disparue. De plus, ici le sentiment d'aisance était plus fort que sur tout autre endroit qu'il avait pu visiter, pour décrire un peu cette sensation, le Grand Maître se sentait léger comme s'il avait pu flotter pour se déplacer jusqu'à l'Elfe.

« J'approuve cette initiative... Je n'avais encore rien ressenti de tel jusqu'à présent. » Se reprenant légèrement il porta de nouveau le regard sur celui qu'il venait de négliger un court instant « Pardonnez-moi, je m'égare. Je n'ai pas pour habitude de visiter ce type de lieu, ceux que je visite habituellement sont beaucoup... Plus sombres et insalubres dirons-nous. Vous ne cessez d'attiser ma curiosité chaque fois un peu plus... Quel est cet endroit exactement ? » Dit-il tout en prenant soin de suivre le Baptistrel en direction des escaliers.

« Puis-je me permettre une remarque ? » Patientant sagement en attendant son accord, il poursuivit une fois celui-ci donné : « Où est passé le Merithyn des bois sauvages ? »

Cette question était simple, Klaus n'était pas dupe et avait remarqué tout de suite que quelque chose n'allait pas et donc pourquoi passer par quatre chemins ? En chemin il avait déposé la rancune du dragon contre l'une des parois de l'Observatoire pour ne pas s'encombrer et bien entendu à l'intérieur de l'une de ses poches vibrait un peu plus en ce lieu le morceau du chant perdu réagissant à l'essence magique importante qui flottait dans l'air.

Quoi qu'il ai put se passer par ailleurs, il était heureux de revoir le mage, et surtout de le voir en bonne santé, quoi qu'il ai désormais de lourdes responsabilités. Il semblait curieux de ce lieu hautement magique, ou bien admiratif ? Néanmoins cela lui fit plaisir de savoir qu'il appréciait effectivement de pouvoir expérimenter de nouvelles locations telles que celle-ci. En cela, il avait réellement espéré lui faire plaisir, et si ça avait fonctionné c'était très bien. Il ne pouvait prétendre, après tout, connaître parfaitement celui qu'il considérait pourtant comme un ami. Avoir put saisir et décrypter son chant-nom n'était qu'une connaissance théorique et lointaine, qui ne se substituait pas à l'échange mutuel, qui pourtant leur faisait défaut, dans leurs chemins se croisant ainsi. Le fantôme de sourire qu'il avait arboré s'évapora pourtant rapidement à la question, attendue mais non moins redoutée. Il regarda lui aussi les constellations magnifiques des environs.

«  Non, je crains de ne pas aller très bien »

Il imaginait assez que cela avait dû se sentir au travers de son aura de feu, vacillante et mourante, autour de lui. Le spectre de ce qu'il était lors de leurs première rencontre. Il n'y aurait eut aucun mérite à mentir pour quelque chose de si apparent, si tant est qu'il ai put mentir ce qui n'était pas le cas. Cependant, la question avait le mérite d'être posée avec courtoisie, et, il s'imaginait, de l'intérêt, bien qu'il put se tromper. Mais vu la clarté de la réponse corporelle qu'il devait donner, si le mage avait voulut connaître la réponse sans intérêt il n'aurait pas eut besoin de la poser. Il en était donc reconnaissant. Le conduisant vers le balcon par l'escalier principal de l'observatoire, il répondit avec douceur à la question qu'on lui posait au sujet de l'édifice.

«  C'est l'un de nos cinq sanctuaire de magie. Dédié aux étoiles et à la vie, ainsi qu'à la mort, au temps et à toutes choses constituant le destin. Il est consacré par les chanteurs des étoiles et sert de coffre fort aux savoirs les plus anciens et secrets. Ici on peut observer les étoiles présentes, passées et futur, comme on le désir, et on peut méditer en paix, car seule la paix est acceptée par la magie de ces lieux. Le site était déjà extrêmement puissant avant que nous le trouvions, il est bâti sur un nœud tellurique et au centre d'un des nombreux réseaux magiques de la forêt. Nous n'avons pas construit le bâtiment cependant, il était déjà présent... nous l'avons seulement ravivé et préservé. Sous le regard des étoiles sans fin la magie s'est accumulée là jusqu'à saturer l'air, c'est, je pense, ce qui nous fait ressentir cet état étrange de flottement »

Il imaginait volontiers que le mage ressentait également cette sensation étrange d'éternité et de stabilité, qui les faisait ressembler à de simples morceaux d'étoiles dans l’immensité du ciel nocturne. Lui non plus n'avait jamais ressentit cela auparavant, il n'était même jamais entré en ces lieux avant cette journée, bien que s'étant montré très curieux auprès de la Gardienne elle ai daignée lui expliquer de quoi il en retournait. Il appréciait pleinement ce calme et cette légèreté en un instant pareil, car autrement, il aurait sans doute était bien pitoyable aux yeux de Klaus. Il devait déjà être assez agaçant comme cela, pas la peine d'en rajouter, l'humain était déjà d'une infinie bonté de l'aider, ça aurait été bien mal le remercier que de se servir de son épaule pour pleurer tout son saoule. Surtout qu'il en était toujours aussi incapable. Cependant, on le sollicitait de nouveau.

«  Oui bien entendu, je vous en prie » Que souhaitait-il lui faire donc remarquer?La réponse le fit s'arrêter, sur l'avant dernière marche, subitement. Il soupira doucement, lui jeta un coup d'oeil, puis termina son ascension pour se trouver sur le pallier supérieur et encombré de maintes bibliothèques. Où était-il en effet, c'était une très bonne question. Entendait-il par là sa magie, ou juste lui, sa détermination ou sa force de vie ? Peut-être était-ce plus simple et il s'imaginait trop de choses, il lui fallait pourtant répondre quelque chose, il ne pouvait décemment le laisser dans l'ignorance, ou le silence. Il s'assit à une table, et regarda les étoiles qui scintillait autour de lui, éclipsant sa beauté elfique de leurs présences froides.

«  Il a trop sur le cœur, je le crains mon ami » Il eut un pauvre sourire, comme si la fin du monde venait de le frôler avant de s'éclipser «  Eliow s'est réveillé, et il est venu ici, avec son lié. Ils... ils ont sauvés l'impératrice. Mais il est très faible, mourant, disent les guérisseurs. Je ne veux pas y croire bien entendu, je ne cesserais d'y croire qu'en le voyant mort... mais j'ai très peur, évidement. Le voir ainsi me désole, je pensais qu'en se réveillant il irait mieux, que ce coma n'était qu'un coma...magique certes, mais un coma, le mal semble pourtant bien plus profond. Je le veille presque chaque jour, je m'escrime à essayer de soulager sa douleur... sans résultat. On prétend que j'use mes forces pour rien. Je n'ai que faire de leurs avis... mais je crains beaucoup d'échouer » Il posa sur lui un regard las

«  Je n'ai pas eu de repos depuis quelques jours, ce qui explique sans doute en partie mon manque de vivacité. Je suis désolé de vous imposer ma compagnie en pareil instant évidement, mais j'ai préféré vous proposer de venir avant que vous obligations ne viennent m'en empêcher » Il n'avait guère autre chose à dire hélas, puisque c'était là toute la vérité. Sans véritablement changer de sujet, il fit pourtant un détoure sur quelque chose qu'il venait de se souvenir. «  J'ai vu que vous aviez participez à la guérison de Gloria, et que vous avez encore améliorés vos talents, félicitation  » Il l'invita à s'asseoir en sa compagnie si il le désirait, puis il se remit à contempler les étoiles tout autours d'eux.

«  Je dois...paraître quelque peu pitoyable en cet instant. Mais l'aide que vous m'avez apporté...est extrêmement précieuse, et je vous en suis infiniment reconnaissant. J'ai une lourde dette à votre égard Klaus, une dette dont je suis incapable d'évaluer le paiement. Si vous désirez quoi que ce soit de moi que je puisse vous offrir en compensation de votre temps et de votre énergie, je vous en prie, dites le moi et je m'efforcerais de le faire.  »

Voici donc Merithyn ou du moins ce qu'il en restait, car à première vue ce n'était plus du tout le même Elfe que l'homme avait connu, ce qui à première vue était une véritable déception pour Klaus qui préféra tenter d'en faire momentanément abstraction par pur respect envers l'Être lui ayant ouvert les portes d'un lieu aussi formidable que celui-ci. Une fois à l'intérieur le Chasseur redevint l'espace de quelques secondes un enfant, après tout, sage est celui qui a su garder son âme d'enfant n'est-ce pas ? Tout était sublime, du simple bibelot présent à l'ensemble de la construction, quant à cette atmosphère magique ? Merveilleux, il aurait pu rester ici des heures et des heures à contempler tout ce qui l'entoure afin de se retrouver avec lui-même au moins une fois dans sa vie. Malheureusement, ses priorités étaient toutes autres. Pour ce qui est du lieu, le Baptistrel avait visé plus que juste s'il pensait « toucher » son invité, quand à la personne, l'homme en éprouvait une infime déception. Un soupçon de dégoût pour celui qui lui apparaissait aussi indomptable qu'un puissant feu. Par principe, mais aussi parce qu'il éprouvait tout comme lui un certain intérêt à son bien être, il lui retourna simplement les banalités d'usages et sa réponse n'étonna pas le moins du monde l'homme qui tenta tant bien que mal de ne pas laisser échapper la moindre étincelle au fond de ses prunelles et réagir au quart de tour sur ces propos. Mais aussi intelligent soit-il, l'Elfe ne s'attarda pas de suite sur la question, il ne pouvait pas mentir, mais rien ne l'empêchait de se détourner du sujet abordé et c'est ce qu'il fit admirablement en conduisant Klaus vers l'escalier qu'il avait descendu un peu plus tôt menant au balcon où il avait attendu l'arrivée du Chasseur. A cet instant, il aurait volontiers repris la conversation pour en savoir encore et toujours un peu plus, mais Merithyn en vint à la description des lieux qui passionnait son interlocuteur tout autant que son état de santé.

« Mes connaissances en construction sont limitées, toutefois, il m'a parut comme une évidence que ces lieux ne pouvait pas être issu du peuple Sylvestre. Ce qui explique très probablement tout ce mystère planant autour de cet observatoire... »

Bien que sous le charme de l'endroit, il n'était pas de ceux à s'émerveiller durant des heures sur de simples étoiles. Et pour cause, il ne s'étala pas non plus sur le sujet préférant poursuivre sur d'autres conversations qui à ses yeux étaient pour le moment bien plus approprié que l'histoire pourtant intéressante de ce lieu mystérieux. Pour en revenir au principal, il était doué pour appuyer où il faut quand il faut et aussi tôt la remarque qu'il avait émise à l'encontre de l'Elfe fit mouche, à tel point qu'il se sentit obligé de s'arrêter en plus ascension, puis... Un soupire ? Un regard en coin ? Cela n'annonçait évidemment rien de bon. Néanmoins, il en reprit tout de même sa route pour atteindre l'étage où ils auraient l'occasion de discuter plus paisiblement et sans contrainte. De toute évidence, ici il n'y en avait pas de contrainte si ce n'est celle que pourrait imposer l'Elfe en ne voulant pas aborder tel ou tel sujet, mais cela n'arrêterait en rien le Grand maître toujours aussi avide de curiosité. Merithyn alla s'installer à une table sous le regard intrigué de Klaus qui avait pris pour habitude de ne jamais perdre de vue son interlocuteur, cela lui avait d'ailleurs causé quelques désagréments au sein de l'Empire Humain, visiblement, les hommes n'apprécient pas d'être constamment fixé lors d'une discussion, beaucoup voit ici une sorte de provocation, alors que pour lui il ne s'agit qu'une habitude et marque de respect, admirer les pieds de son interlocuteur durant une discussion n'aurait aucun sens...

Trop sur le cœur ? Était-ce là un prétexte comme un autre pour répondre qu'il n'en savait rien ? Peu importe, l'heure n'était pas à la réflexion puisqu'il poursuivit aussitôt sur les péripéties de son « ami » et de son lié ? Il s'agit donc d'un Dragonnier... Voilà un détail qu'il avait omis lors de cette première conversation, à moins que l'esprit de Klaus ne l'ait tout simplement entravé puisqu'il s'agissait d'un vampire, après tout dragonnier ou pas, femme ou enfant, pour lui, du moment qu'il s'agit d'un vampire il ne fait pas de quartier. Sauvé l'impératrice ? Se peut-il finalement que certains êtres de cette espèce répugnante ait hérité d'un cœur lors de cette seconde vie ? Admirable, mais cela ne suffit pourtant en rien à racheter des siècles de massacres. Quand il eut fini cette première explication, le regard qu'il posa sur Klaus l'obligea à détourner le regard. Il était hors de question de partager cet instant de peine qu'il ne pouvait comprendre, pourtant, contrairement à un vampire, lui était belle et bien vivant et avait un cœur, le temps lui avait-il fait oublier la manière de s'en servir ? Être désolé de lui imposer cette compagnie ? Il pouvait l'être, à vrai dire ce manque de vivacité comme il le soulignait avait plus le don d'agacé l'homme qu'autre chose et l'elfe ne tarderait pas à s'en rendre compte...

« Je n'en dirais pas autant de vous Baptistrel Merithyn » Répliqua-t-il en réponse à ce qui était pourtant des félicitations de sa part sur les progrès qu'il avait fait dans le domaine magique et pourquoi pas humanitaire.

« Vous l'êtes si c'est ce que vous souhaitez entendre. » Gronda Klaus en ne prenant pas la peine de s'asseoir en réponse à l'invitation de son interlocuteur. « Ce qui l'est encore plus est de vous voir dans votre suffisance en laissant vos sentiments vous porter comme bon leur semble. » Finissant sa phrase alors que sa voix sonnait un peu plus roque, la magie des lieux se mit à étinceler un peu plus autour du Mage humain.

« Je ne comprendrais certainement jamais le lien que vous partagez avec cet être dont je tairais les mérites pour des raisons bien plus qu'évidentes, mais je pense savoir qu'il n'aurait nullement apprécier que son état de santé aussi critique soit-il affecte votre état psychologique. D'un être que je respectais le plus intensément possible, vous n'êtes plus qu'un Elfe comme les autres finalement... »

Cette magie pure tournoyant et étincelant autour de l'homme fut alors propulsé droit sur Merithyn, non ce n'était pas une attaque... Mais il ne se voyait pas envoyer une déferlante sur l'Elfe dans un tel lieu ou nulle part d'ailleurs.

« Malheureusement, l'échec fait partie de la vie. Mais le craindre ne permet en aucun cas de passer outre. Alors à quoi bon tenter de fuir l'inévitable ? Est-il préférable de compter un échec que de ne pas en compter du tout ? C'est là une question que vous adepte de la méditation pourriez cogiter un moment. » Marquant une pause il se racla la gorge à l'idée de prononcer ce qui allait « Cet... Eliow... Aurait-il souhaité que vous abandonniez celui que vous étiez il y a peu ? Je vous ai connu combatif, rechercher sans relâche un moyen aussi impossible soit-il de le soigner et je vous retrouve comme un pauvre malheureux à perdre ces quelques instants de vie à vous morfondre sur ce qui semble être inévitable ? »

Finissant sur ces quelques mots il tourna les talons pour observer les constellations au mur représentant divers évènements historiques :

« Et si toutes ces personnes avaient cessé leur combat par peur de l'échec... Où en serions-nous... » Souffla-t-il sur un ton beaucoup plus calme et paisible que le précédent.

Ce discours avait-il vraiment un sens ? Il savait le vampire condamné quoi qu'il arrive, mais le but n'étant pas de faire espérer l'Elfe de quoi que ce soit, peut-être simplement tenter de lui faire reprendre conscience que certaines choses sont plus ou moins inévitables et qu'il faut tout de même continuer de se battre pour ce qui nous est chère et cela quelqu'en soit l'issue. Approchant les escaliers, Klaus ne semblait pas prêt à poursuivre ce discours plus longtemps...

« Je ne désire rien de vous, l'appât du gain ne m'a aucunement poussé à vous aider. Votre volonté en revanche elle... » Glissant la main dans sa poche tout en débutant la descente des marches il sortit ce qui semblait être un bout de papier « Je suppose donc que ceci ne vous intéresses plus... »

Les paroles du mage eurent certainement plus d'effet que le souffle de magie, qui pourtant vint raviver le feu mourant en lui avec brio. Il regarda l'homme avec douceur, pas le moins du monde outragé ou vexé, de l'entendre parler ainsi. Il était Baptistrel, garant de la vérité, et la vérité aussi dure soit-elle était ce qui comptait à ses yeux. Et alors qu'un autre se fut rengorgé, se serait attaqué sans aucun doute à ce mortel impudent, lui ne voyait là que ce qu'il y avait à voir : la vérité. Aussi, il contempla ses paroles avec l'attention qu'elles méritaient, et aussi douloureuses soient-elles, il ne pouvait que leurs donner raison. Était-il resté si longtemps en compagnie des siens qu'il ne soit plus capable de voir au delà de sa douleur ? Certainement semblait-il. Il avait changé disait Shaynar, mais en cet instant il agissait contre ce changement, tout autant que contre les désirs d'Eliow. Le vampire ne l'aurait jamais encouragé à se morfondre, quand au dragon... ah ! Sans doute lui aurait-il rugit dessus de toutes ses forces pour se montrer aussi stupide. Que devait-il faire ? Abandonner maintenant en faisant son deuil alors que le vampire n'était pas même mort, ou se secouer de nouveau pour vivre...

«  Klaus, arrêtez-vous  »

C'était d'une voix de commandement, ampli du pouvoir de son ordre, qu'il fit claquer ces quelques mots comme un roulement de tonnerre se répercutant, reprit par les milles voix de ses pairs jusque sous le dôme de l'observatoire. Comme Klaus était capable semblait-il, de faire appel à la magie antique présente en ces lieux sous une forme physique, lui était capable d'en tirer mille fois l'autorité de son ordre, pour porter cette unique volonté, au demeurant bien moins menaçante qu'elle n'en avait l'air. La décision était facile à prendre quand on venait de se voir éclairé aussi rudement, mais il n'aurait espéré différemment à son sujet. Se levant de nouveau, il s'approcha de l'homme qui s'était engagé dans l'escalier, et posa un bref moment la main sur son épaule. Le regardant dans les yeux, il ne dit rien sur l'instant, mais au fond de ses prunelles brûlait quelque chose. Non pas le feu flamboyant d'un brasier, mais une flamme reprenant doucement vie, grâce à une aide inespérée.

«  A l'aune des centaines d'années, c'est l'instant éphémère qui apprend la véritable sagesse, dirait-on  » S'était peut-être obscure, mais c'était là la vérité également. Les mots du mage n'étaient que trop exactes. Les elfes, anciens dans leur douleur s'y complaisait trop aisément, et il avait fait de même, en oubliant ce qu'il était au faut. Ils pleuraient longtemps, se mourraient de désespoir depuis trop longtemps, n'était-ce pas ce qu'il avait voulut fuir et changer, ce qu'il critiquait si ouvertement pourtant ? Si il tombait si rapidement dans ses travers, pouvait-il seulement prétendre se faire héraut du changement ?

«  Il semblerait que vous soyez le seul à avoir encore un peu de franchise ici, Klaus... vous avez raison. Peut-être n'ai-je tout simplement pas connu de véritables échec jusqu'ici et cela me rend-il incapable de jauger correctement ma situation, ou peut-être est-ce tout simplement l'elfe en moi. Peu importe. Si j'abandonne maintenant... ce serait un affront à Eliow  » Certes, il n'imaginait pas la déception du vampire devant son comportement, sans doute, ou bien se serait-il contenter de ne rien dire, sachant qu'il sentirait le mensonge, et le silence mentant bien mieux que lui, pour ne pas lui faire plus de peine. Trop d'hypothèses, pas assez de concret.

«  Et à vous également je pense. Vous avez donnez de votre temps et de votre énergie pour trouver ceci, si cela ne servait à rien, ou si j'abandonnais, je perdrais le peu de crédibilité que je possède encore. Voilà un bien mauvais remerciement  » Il releva la main posée sur son épaule, mais ne prit pas pour autant le parchemin.

«  Je ne puis prétendre que je vais me relever sur l'instant. Mais vos mots portent la sagesse et je serais stupide si non fou de ne pas vous écouter.... merci à vous, Klaus  » Ne dit-on pas que l'on reconnaît une véritable amitié quand en des moments tels que celui-ci, où le confort d'un être passe bien après ce qui doit être dit ? Sans aucun doute. Il aurait tout simplement put l'abandonner là sans rien lui dire, et il ne l'avait pas fait. Au dela de la déception, il lui accordait donc assez de crédit pour lui faire part de son avis. Si Klaus doutait du sens de son discourt, lui le voyait clairement. Il avait un don rare cet humain....

«  Vous avez beau être un chasseur de vampires, Klaus, je crois que vous êtes bien davantage. Et je suis heureux de vous appelez mon ami, si vous ne souhaitez plus le faire. Je ne suis pas un héro, je ne suis pas non plus un surhomme... Je suis ce que je suis, avec mes forces et mes faiblesses, mais pour tout ceux qui m'ont accordés quelques attentions, pensées, ou crédit, je ne peux pas cesser de me battre même si je ne cesserais de souffrir. La grandeur ne s'exprime pas toujours pas la force de combattre seul, mais par celle d'accepter l'aide d’autrui. Vos mots m'ont aidés Klaus, bien au delà de ce que vous pourriez penser, je crois, et bien plus que toute la compassion des miens. Vous m'avez offert votre aide de votre plein grès voilà des mois, et aujourd'hui encore vous m'aidez. Mais cette fois c'est moi qui vous le demande, humblement, aidez moi encore une fois, à finir ce que j'ai commencer, et si ce n'est une aide physique, n'hésitez pas à me remettre sur le droit chemin  » Plantant son regard avec plus de détermination dans le sien, il termina ainsi, une étincelle infime mais présente. Qui avait jamais dit que les elfes étaient plus sages que les humains se trompaient, c'était les êtres et non la race qu'il fallait juger.

Voilà, s'il avait quelque chose à ajouter ? Non pas vraiment, tout avait été dit. Et désormais peu importe les conséquences de ces mots, il avait dit ce qu'il avait à dire sans prendre la peine de mâcher ses mots comme à son habitude, la vérité était l'une de ses armes favorites quitte à blesser ses interlocuteurs il n'y voyait là aucun problème. Serait-ce le cas ici ? Il ne faudrait pas bien longtemps pour qu'une réaction se fasse sentir et d'ailleurs, la première marche franchit pour par la suite prendre la direction de la porte fut la seule sur laquelle son pied fut posé. Soudain, une voix forte, imposante, autoritaire vint retentir. Et à cet instant, tout comme Klaus auparavant avait usé de la magie des lieux, Merithyn avait fait usage de cette dernière avec toute fois un petit plus, celui de son Ordre qui avait un avantage plus que certains sur la magie utilisée par l'humain. Et pour cause, ce petit plus suffit à lui seul à venir paralyser l'homme, bien que paralyser n'était pas le bon terme, il avait été simplement stoppé dans son élan, immobile ne bougeant pas d'un pouce tel une statue. A vrai dire, lui-même ne savait pas vraiment comment réagir face à cette réaction plus qu'inattendue de la part de l'Elfe. Après quoi, des bruits de pas tout juste perceptible et léger vinrent troubler l'angoisse que ce silence avait instauré. Pour l'une des rares fois de son existence d'humain, une petite goutte de sueur avait perlé sur son front, en apparence il ne semblait pourtant pas inquiet, pas le moins du monde et pourtant toute son âme n'avait fait qu'un tour sous l'ordre prononcé de la façon la plus autoritaire qui soit.

Une fois le bruit de pas dissipé, la main gracieuse de l'Elfe vint se déposer sur l'épaule du Chasseur, ne laissant plus d'autre choix à Klaus que de lui faire face. Il ne redoutait aucunement l'affrontement physique et encore moins verbale avec lui, mais s'en passerait volontiers. Rapidement, il fut apaisé lorsque ses yeux sombres croisèrent ceux de l'Être Sylvestre, de nouveau, quelque chose semblait avoir été ranimé en lui, mais il était encore trop tôt pour en être sur, ce qui l'était déjà plus était le fait qu'il n'y aurait pas d'altercation entre eux. Ces premières paroles étaient... Incompréhensible pour Klaus, ce n'était pas une lumière et il ne s'en cachait pas, cependant il savait manier les mots pour atteindre son but. Ce mystère planant autour de cette phrase finirait tôt ou tard par disparaître. La franchise... Une des nombreuses qualités que lui avait inculqué Solas, s'il avait raison ça par contre c'était autre chose, seul Merithyn connaissait véritablement la réponse. Jusqu'à présent, il n'avait pas dit un seul mot probablement encore un peu troublé par cet ordre reçu un peu plus tôt, enfin, Merithyn vint retirer sa main de l'épaule de son interlocuteur, non pas qu'il n'était pas à l'aise face à cet élan... Affectif ? Mais... Il n'était pas à l'aise, à quoi bon mentir. D'ailleurs, il eut un petit mouvement d'épaule par la suite en esquissant ce qui ressemblait à l'ombre d'un sourire.

« Je ne suis pas dupe et si le Dracos m'avait offert le don de changer le cours des choses après de simples paroles, ça se serait. Pour ma part, du moment que mes mots ont trouvé une oreille attentive, j'estime avoir fait ce que j'avais à faire... » Toutefois, ces quelques mots sonnaient étrangement mal pour lui. En y repensant aurait-il pu écouter quelqu'un lui faire une leçon comme il venait de le faire avec Merithyn ? Aurait-il pu lui se retrouver confronter à une telle situation et s'en sortir ? Seul le Dracos sait, après tout... Il est souvent plus aisé de régler les problèmes des autres que les siens...

« C'est un honneur pour moi d'être considéré comme tel... » Pour le coup, après ce long discours les mots lui manquaient, n'étant pas le plus démonstratif qui soit à l'égard de ses sentiments il se garda bien de ne pas lui faire part de la réciprocité de cette amitié. De toute façon, avait-il vraiment besoin de lui dire qu'il considérait Merithyn comme son ami ? Il avait bien du le comprendre de lui-même, à moins d'être complètement aveugle et surtout sourd. Et alors qu'il pensait ce discours que tenait l'Elfe finit, ce dernier poursuivit sur quelques mots tout en prenant soin de plonger encore un peu plus son regard dans celui de l'homme qui esquissa cette fois-ci un sourire plus que visible et envoya le papier dans les airs pour le laisser planer jusqu'à ce que le Baptistrel récupère le morceau du chant.

« Je ne me souviens pas avoir évoqué le fait de renoncer à cette quête, après tout, je n'ai pas ramené tous les morceaux n'est-ce pas ? » Puis il contourna son hôte laissant le temps à ce dernier de récupérer le morceau du chant, tandis que lui se dirigeait vers le balcon pour y observer de nouveau les constellations, ce discours qu'il avait tenu pour tenter de le secouer l'avait usé, à moins que cela ne soit l'effet de cet ordre qui avait vraisemblablement perturbé l'homme qui avait besoin de se reprendre, le faussé entre l'ordre des Baptistrels et Klaus était plus qu'immense, d'ailleurs il ne put s'empêcher de se laisser tomber sur le sol pour s'asseoir.

« Si vous me le permettez je crois qu'une légère pause s'impose... Mon vieux corps n'est plus habitué a tant d'émotion et d'effort. Qui plus est, la magie ici m'est encore beaucoup trop intense... » Puis il eut un léger rictus « Moi qui chasse les vampires, accumule cicatrices sur cicatrices, je ne suis plus aussi capable qu'avant de tenir le choc face à tant d'émotion. »

Quel ironie... Habituellement confronté à des douleurs bien plus importante, il semblait comme déstabilisé par un petit on ne sait quoi. Du moins, Klaus ne savait pas ce dont il s'agissait, pourtant la réponse était plus qu'évidente, la dispute et la possibilité de perdre une personne proche est parfois bien plus déchirante que n'importe quelle souffrance physique existante, l'adrénaline et les tensions régnant dans une pièce peuvent être parfois plus violente qu'il n'y paraît. Durant quelques minutes, son regard parut vide, il s'était laissé emporté par un flux de pensées beaucoup trop important et lorsqu'il reprit ses esprits pour lui, seul quelques secondes s'étaient écoulées... D'un geste de la main il ramena son bâton qu'il avait laissé un peu plus tôt en bas afin de pouvoir se relever avec un petit coup de pouce.

« Avec toute cette histoire, j'en ai oublié le pourquoi de ma visite. Que nous reste il a faire d'ailleurs ? Car je suppose que vous avez eu vent des récents changements au sein de l'empire humain et des nouvelles responsabilités qui m'incombe, je ne pourrais pas assurez la recherche du Chant perdu totalement... »

Il se dirigea vers la table en titubant légèrement pour se poser sur la table le plus vite possible.

Il avait rarement était aussi secoué, ou aussi touché par des mots. Encore moins, il fallait l'avouer en toute franchise, par ceux d'un mortel, un humain, dont la majorité des pairs n'utilisaient les mots que pour de basses besogne, ou tout simplement, un profit aussi personnel qu'injuste. Klaus, si il ne savait ce qu'il pensait, avait pourtant à ses yeux eut une attention véritable à son égard et il lui en était grès, et plutôt deux fois qu'une. Oui, il se reposait trop sur ses lauriers, c'était évident. Un feu mourant. Mais la brise qu'avait fait soufflé le tueur de vampire n'était pas perdu. Certes, il n'avait absolument pas perçut le malaise qu'avait produit son ordre, mais en voyant l'ébauche d'un sourire dans la barbe de son ami, il rayonna presque comme un soleil. Secoué oui. Modeste ou simplement inconscient de la valeur de son intervention ? Peut-être un peu des deux. Néanmoins, il maintenait ce qu'il avait dit, fermement, son intervention était d'importance car elle n'était pas faite pour lui plaire, mai bien pour donner un avis, et pour lui faire réaliser quelque chose. Si ses mots avaient trouvés une oreille attentive ? Oui, certainement. Il prisait l'avis de l'humain car il était singulier, et franc, alors oui, il écoutait, et entendait, avec autant d'attention qu'il en possédait.

D'autant qu'il considérait Klaus comme son ami, véritablement et sans faux semblant. Un ami rare. L'un des seuls qu'il possédait véritablement. Non... le seul à vrais dire. Il y avait bien Lyroë, mais la vie avait creusé un gouffre entre eux, et puis ce n'était pas la même chose, le chemin n'était pas le même, les liens non plus. C'était lui qui faisait la leçon à l'archère, et Klaus qui le secouait lui. Oui, l'humain était son ami et il était certain que c'était réciproque malgré tout. Si non pourquoi avoir fait tout cela hein ? C'était tout de même une chose étrange que de se trouver si certain de quelque chose, encore plus concernant un autre être vivant. Et puis, il ne savait si c'était un honneur que d'être son ami, mais en tout cas, il savait qu'il serait toujours à disposition de Klaus si l'humain avait besoin de lui. Encore plus après tout ce qui venait de se dire. Et le voir sourire lui faisait également plaisir, aussi bête que ce soit. Il se fendit d'une démonstration égale, et attrapa au vol le morceau de parchemin qui contenait le chant du Fondateur.

«  Non c'est effectivement vrai. Il en manque un »

Un seul et ils en auraient finit, le chant serait complet, et finalement opérationnel, offrant sa puissance et sa magnificence à celui qui le chanterait. Lui, en l’occurrence. Lui donnant la force nécessaire pour soigner Eliow, et pas seulement lui, mais également tout ceux qui restaient hors de son atteinte à l'heure actuelle. Il serait le plus grand guérisseur du continent, apportant le soulagement dans les corps et les cœurs. Et quoi d'autre ? La question se posait encore, mais il le saurait en temps et en heure. Oh il le saurait et il en userait avec sagesse alors. La puissance était une chose dangereuse, qui devait être utilisée avec parcimonie et à bon escient, au risque de se voir corrompu par elle. Il devrait faire attention à ne pas tomber dans ce travers en effet, et plus encore à ne pas épuiser sa force de vie en usant de cette puissance énorme.

Si il se souvenait bien, le fondateur, dont le nom avait été oublié, avait trouvé la mort en utilisant toute sa force vitale dans son chant, dans un but inconnu de tous.... Il était mort dans les montagnes, loin d'eux tous, et sa dernière tâche était un mystère. Il n'avait pas dit à ses disciples la raison de son départ, et ils n'avaient apprit sa mort qu'au travers du lien singulier qu'ils partageaient avec lui. Mais aucun d'eux n'avait put découvrir la moindre piste sur ce qu'il y avait fait. Sans doute auraient-ils découvert la destinée du dernier morceau de chant si ils avaient connu toute l'histoire... cependant ce n'était pas le cas. L'elfe examina le parchemin, lisant les mots que la main posée et sûre du Fondateur avait tracés, comme les jalons d'une histoire oubliée de tous. Une triste histoire. Ce texte là était très simple, lui semblait-il, mais peut-être était ce dû au fait qu'il en savait à présent bien davantage sur les vampires que sur les autres peuples... Le morceau était plus simple, quoi qu'extrêmement douloureux. Mais ce n'était pas le moment de se plonger dans son étude approfondit, il devrait faire ça plus tard, seul dans le Tomingorllo.

Et puis Klaus méritait son attention, tout de même. Il le regarda, et cligna doucement des yeux. C'était vrai... il vieillissait, comme les humains, plus vite que sa race à lui, et alors qu'il approchait de ses cinq cent ans en restant en pleine forme, Klaus commençait certainement à fatiguer, et la vie de chasseur de vampires ne devait pas être particulièrement reposante pour ses vieux os. Curieux, il se fit attentif au chant de son corps, et nota en effet sa fatigue et cette petite chose, qui l'avait fait s'ébranler. Il se sentit un peu coupable de lui avoir imposé cela, après tout la tension nerveuse avait tout à fait put participer à le mettre dans cet état. Mais il se sentait également penaud car il n'avait pas prit gare à l'âge de son ami, alors qu'il aurait dû se montrer bien moins égoïste.

«  Oui. Je sais que vous êtes désormais maître des Larmes d'Alderick. Et je sais que cette responsabilité est très importante, c'est pourquoi j'ai pris le temps de mieux me renseigner au sujet de ce dernier morceau. Avec l'aide de tout les autres la localisation du dernier est aisée, d'autant que j'ai appris au travers des écrits quelques petites choses dont aucun de nous n'avait conscience, au sujet du Fondateur. Apparemment, le dernier morceau était en sa possession au moment de sa mort, hors nous savons qu'il est mort près de la cité de Glacern, dans les montagnes au nord du continent. D'après le chant, le Fondateur s'est rendu là-bas à la demande d'une dragonne. Pourquoi je ne sais pas cependant »

Il vint s'asseoir près de lui «  Si, au cours de vos recherches au sujet de la Dévoreuse vous vous rendiez dans les montagnes, alors vous pourriez peut-être passer par Glacern et demander là-bas. Connaissez-vous la cité , si ce n'est pas le cas je pourrais vous fournir la route, la cité est très isolée, et presque oubliée »

Il était déterminé sur un autre point, car il avait également trouvé comment remercier Klaus de tout ce travail qui lui tenait tant à cœur. Il avait eut pour projet de le forcer à accepter, mais peut-être qu'à présent, avec des arguments en plus il s’en sortirait mieux.

«  Vous savez, Klaus.... j'aurais vraiment aimé pouvoir vous rendre la pareille et vous aider à mon tour. Et je crois justement que j'ai trouvé une solution.... après tout, vous venez de me dire que votre corps commençait à fatiguer n'est-ce pas, vous vieillissez, et remplir vos obligations s’avérera d'autant plus dur. D'autant que le temps n'est guère clément, avec les voyageurs » A nouveau, il posa une main amicale sur son épaule «  Mes capacités de guérisons vont bien au delà de la simple guérison de plaies, ou de rendre un membre à un éclopé. Si vous acceptez, je pourrais vous rendre un peu de votre jeunesse, agir sur votre corps pour vous rajeunir un peu. Oh, pas de beaucoup, dix ans certainement, mais ce serait déjà quelque chose n'est-ce pas ? Et sera sera toujours utile pour vous de bénéficier d'une seconde jeunesse. Vous serez d'autant plus efficace »

Maître des larmes d'Alderick, il est vrai que récemment suite à ce qui avait été décidé ce rôle lui avait été attribué, certains y voyaient là un avantage tandis que lui plus une contrainte qu'autre chose, rechercher un objet aussi puissant que cette bague n'était pas vraiment la meilleure chose qui lui soit arrivé, d'autant plus qu'il bénéficiait de moyens plus que limités, l'Empereur était véritablement une vraie pince, tout comme les Elfes d'ailleurs puisqu'ils n'avaient pas prit la peine de lever le petit doigt pour prêter main forte à cette organisation, la seule chose qu'ils avaient fait de comme un accord n'était autre que la malédiction qu'ils avaient apposés sur un serment qu'avait dû réciter l'ensemble de la Guilde. En somme rien de bien extraordinaire d'après Klaus qui ne tarderait pas à mettre cartes sur table avec Gregorist. Soit ! Merithyn ne manqua pas de faire un nouveau détour concernant le Chant perdu des Baptistrel pour en revenir à un sujet plus intéressant que les nouvelles prérogatives du Chasseur, lui indiquant plus précisément que pour les précédents l'emplacement du dernier morceau et le nom de l'endroit que lui divulgua l'Elfe n'évoquait pas grand-chose à l'homme qui avait certes énormément voyagé sur ces terres, mais n'en connaissait pas tous les recoins. Il avait dit Glacern, ce nom ne disait absolument rien à Klaus qui pourtant avait une mémoire plus qu'impressionnante et remarquable, Solas aurait omis de lui dévoiler l'existence d'une citée perdue dans les montagne ? Étrange, il n'avait peut-être pas dans l'intention de tout dévoiler à son petit fils adoptif et préféré puisqu'il était le seul. Après tout, il se devait de se forger sa propre expérience et lui mâcher tout le travail n'aurait eu aucun sens. Tout en essayant de se creuser la cervelle en espérant vainement se rappeler de ce lieu, il observa du coin de l'oeil son interlocuteur approcher lentement près de lui pour s'installer à ses côtés.

« Il se peut que mes recherches me porte par de là les montagnes, voir même les espaces inexplorés de cette terre, je ne suis toutefois pas sûr de pouvoir m'y rendre au plus vite. Et cela malgré les circonstances actuelles, je ne pense pas être suffisamment apte à vous apportez l'aide tant désirée en un court laps de temps. » Dit-il avant de réfléchir une dernière fois à la question qui lui fut adresser et rétorquer : « Je n'ai pas connaissance d'une citée perdu dans les montagnes du nord nommé Glacern, puisqu'elle semble oubliée, que suis-je censé trouver là-bas ? Mise à part la route à suivre, serais-tu susceptible de me fournir un peu plus de détail sur cette dernière, il va de soit que je préfère éviter les mauvaises surprises en court de route, le dernier parchemin m'a lui demandé plus de courage que dans toute une vie... »

Il exagérait peut-être un peu sur ces derniers mots, mais il est vrai que de devoir entrer en territoire vampire pour retrouver un simplement parchemin était un peu l'équivalent d'une mission suicide, mais sans réellement savoir pourquoi il avait tout de même pris le risque. Peut-être la promesse qu'il avait fait auprès de Merithyn lors de leur première rencontre, avait été plus forte que l'appréhension qu'il aurait pu éprouver. Mais bref, comme à son habitude, il lui fallait tout de même plus d'information s'il souhaitait à l'occasion éventuellement effectuer un détour par-là bas, il ne pensait pas vraiment que sa quête de la dévoreuse le conduirait dans un tel lieu, mais après tout pourquoi pas, le Dracos seul sait où elle se trouve et donc tout est encore possible et envisageable. Mais visiblement, tout cela n'était aussi qu'un moyen d'aborder un autre sujet tenant vraisemblablement à cœur à Merithyn qui ne manqua pas de lui adresser le fait qu'il souhait vraiment lui rendre la pareille et donc l'aider à son tour par un moyen qui lui était propre. Effectivement, le temps n'était guère clément avec les voyageurs et encore moins avec Klaus qui en plus de ce soucis futile pourtant important était tout de même marqué par les combats menés aussi bien contre les vampires que les humains ayant aux premiers abords mal perçut la présence de l'homme au sein de Gloria la Magnifique, mais aussi les alentours. Quoi qu'il en soit, il s'avère que l'Elfe se disait en mesure de lui rendre une partie de sa jeunesse et ainsi agir sur ce corps marqué par les nombreux aléas de la vie, il faut dire que pour l'occasion Klaus laissa échapper un air plus que sceptique face à cette énonciation, mais s'il avançait ces faits après tout c'est qu'il en était capable non ? Sinon à quoi bon promettre monts et merveilles.

De dix ans ?! Pour le coup, il en vint rapidement à se demander s'il faisait si vieux que ça. Il n'avait pas souvent l'occasion de se regarder dans une glace à vrai dire et ce n'était peut-être pas plus mal, s'épargner quelques frayeurs ne faisait pas de mal même pour un homme avec le charisme du Grand Maître. D'un coup un peu plus incrédule que jamais, il marqua un long silence en prenant soin de bien choisir ses mots, mais cette annonce l'avait quelque peu surprise étant donné qu'il ne s'attendait pas du tout à une aide de cette sorte d'autant plus qu'il ne savait pas cela possible :

« Bénéficier d'une seconde jeunesse ? Est-ce vraiment une bonne chose... » Klaus se montrait quelque peu hésitant : « Ce ne sont pas des choses contre nature que de briser la boucle du temps ? Non pas que cette idée me déplais, mais il doit y avoir un coup à payer n'est-ce pas ? Je veux dire, rien n'est jamais gratuit après tout. » Dit-il en levant les yeux, plongeant sur les constellations du mur face à lui. D'ici quelques années, l'homme approcherait la cinquantaine et bien qu'il ne semblait pas effrayé par les affrontements vampiriques et autres aléas de la vie, le temps qui agissait sur lui restait toutefois l'une de ses plus grande préoccupation, la tentation d'accepter était trop grande, mais la raison elle prenait rapidement le dessus... D'un autre côté, il ne voulait pas finir comme Faudar, prêt à s'écrouler en un tas de poussière au moindre effort. Après mure réflexion, briser une fois de plus le déroulement naturel des choses ne changerait en rien son destin et après avoir reçu une réponse de l'Elfe il reporta son attention dessus :

« Très bien... Admettons que j'accepte... Que... Que dois-je faire ? »

Pour le coup, il apparaissait plus tendu qu'autre chose. Appréhendant un peu ce qui allait suivre, il essayait au fond de lui de faire entière confiance à Merithyn, mais la crainte de l'inconnu et d'un si grand changement le bouleversait plus qu'il ne voulait le laisser croire. Finalement, toute cette histoire allait le contraindre à poursuivre quoi qu'il arrive en priorité la recherche du Parchemin, il ne pouvait pas négliger cette histoire alors que l'Elfe allait lui rendre un service... Observant de ses yeux sombres sont interlocuteur, il cherchait tant bien que mal un moyen de se détendre et cacher sa nervosité.

Les Baptistrels étaient en général des puits de connaissances, ce qui expliquait certainement le fait que Merithyn, bien qu'un elfe n'étant presque jamais sortit de ses bois, en sachant davantage que Klaus sur Glacern. Cela dit, ses connaissances restaient très théorique, et il craignait tout de même un peu de ne pas pouvoir satisfaire la curiosité de l'humain au sujet de la citadelle de glace.

«  Glacern est une cité d'hommes, de tueurs de vampires. Depuis l'arrivée du peuple humain en Armanda, les seigneurs loups ont toujours visés le même but : la destruction des vampires. Ils se sont spécialisés là dedans, et leur domaine est régit avec beaucoup de rigueur afin de pallier la faiblesse relative de leur peuple. Ils vivent au fond de la vallée de Winterfell, un passage étroit, très facilement défendable mais un cauchemar stratégique pour qui veut l'attaquer. Ce sont de dignes personnes, un peu rustres mais très honnêtes et loyaux. Ils surveillent les montagnes dans leur ensemble, souvent sans qu'on ne les voit, et ils guident les voyageurs vers la cité afin qu'ils trouvent du repos en leur compagnie. Je sais également que la magie est proscrite dans l'enceinte de la cité, pour plus de sûreté. Elle est dirigée par la famille des Svenn, de très grands guerriers, mais qui ont été maudits par un dragon dans les temps anciens, depuis ce jour la magie est proscrite. Je pense que c'est également pour éviter que certains coupables ne puissent s'échapper par magie... de toute façon l'enceinte centrale de la ville est alourdie d'enchantements anti magie. Ce sera sans doute un peu coûteux, pour vous, mais le seigneur de la cité ne devrait pas refuser une demande telle que la vôtre. Se débarrasser d'un parchemin pareil, si effectivement ils le possèdent, serait une aubaine je pense  » Il réfléchit encore un peu, cherchant dans sa mémoire ce qu'il pourrait trouver d'intéressant à raconter sur la cité du nord. Il était curieux, de son coté, qu'est-ce qui avait tant coûté à Klaus pour ce dernier parchemin ? En vérité, il aurait put le savoir aisément, mais ne voulait vraiment pas jouer les voyeurs encore une fois, par respect pour lui. Peut-être qu'après tout il ne désirait pas en dire davantage là dessus non ? Et même si ce n'était pas le cas, observer quelqu'un avec autant d'indiscrétion relevait d'une insulte.... qu'il se permettait terriblement souvent avec le temps, puisque personne ne pouvait s’en rendre compte.

« Sur l'instant, il n'y a guère que cela qui me revienne. Ça et le fait qu'ils sont si isolés que les nouvelles qui leurs parviennent sont très sommaire en générale. Leurs armées ne sont pas encore mobilisées d'après ce que j'ai pu voir, seul un petit contingent a rejoint Gloria, avec l'un de leurs dignitaire  »

Mais au delà des informations sur Gloria, et éventuellement sur ce qui s'y trouvait, il y avait la proposition qu'il s'apprêtait à faire, et qui semblait accueillir avec scepticisme, mais il comprenait parfaitement que le mage humain ne puisse y croire de prime abord sans quelques méfiances. La méfiance faisait vivre pour un homme qui chassait les vampires, créatures nocturnes et trompeuses. En bon mage, il comprenait aisément qu'il y avait un prix à payer en contre partie de cette nouvelle jeunesse, un prix que d'aucun penserait lourd, et pourtant.... pour bénéficier de sa pleine vigueur à nouveau, peut-être était-ce un prix raisonnable, sachant que personne ne savait quand l'un mourrait. Il était plus simple, en temps de guerre, de périr d'un coup d'épée ou d'un sort, et non de vieillesse, encore davantage pour lui, ce traqueur des lieux les plus terribles....

«  Et bien, ce n'est pas réellement un effet sur le temps. Il s'agit plutôt de vous rendre votre force vitale pleine et entière, un effet sur le noyau de votre être.... il n'y aura guère de contrecoup sur votre organisme, à part un léger temps d'adaptation de vos facultés, lorsqu'elles auront retrouvées leurs pleine mesure. Mon intervention vous retirera également un an de votre longévité, deux, au maximum  »

La bénédiction du pouvoir d'un chanteur sacré, agir sur le corps sans enfreindre le cycle, et sans grand coût quel qu'il soit. Il pouvait soigner toutes les maladies, les blessures, les traumatismes, il pouvait même retirer le venin vampirique. Seule la mort lui résistait. En serait-il autrement, en possession du chant du Fondateur ? Serait-il en mesure de vaincre l'esprit de la mort ? De ramener à la vie ceux dont l'heure était venue ? Et surtout... oserait-il franchir ce tabous ultime ? Sans doute pas. Il n'était pas assez fou. Mais avant la mort il y avait bien des choses. Et il pouvait venir en aide à son ami sans être troublé. Il dépenserait beaucoup de son énergie, mais ce n'était pas cher payé. Il le ferait bien volontiers.

«  Et bien si vous acceptez, il vous faudra simplement vous détendre autant que possible et m'écouter chanter. Je n'en aurais pas pour longtemps et ce sera totalement indolore  »

Il comptait être le plus doux possible. En roucoulant la première note, il fit en sorte d'user au maximum de la magie dans l'air afin de lui procurer un intense sentiment de bien-être, et de détente... de paix. Alors, lentement, doucement, il commença à chanter le chant-nom de l'humain, une première fois afin d'éveiller son corps, puis, une seconde, en changeant les notes avec subtilité, retirant celles de la fatigue et du vieillissement, de l'âge mûre de l'homme sans pour autant lever le temps sur ses épaules. Il prenait soin de lui insuffler, à la place, vigueur et santé, force et endurance... les attribues d'une jeunesse durcie par l'âge adulte, mais pas encore ternie. Il faisait extrêmement attention à son ouvrage, alors que les notes s’imprégnaient de nouveau en lui, une seule fausse et il mourrait... oui mais voilà, il était très doué pour ça, et en faisant attention, rien ne pouvait arriver. Et enfin après une petite dizaines de minutes, il eut terminé, et souffla la dernière note avec douceur, tandis que la dernière ride quittait le visage de Klaus.

Il avait à présent l'air bien plus jeune, plus avenant, plus séduisant aussi. Un homme dans la force de l'âge, fringuant, et prêt à en découdre avec n'importe quel adversaire. L'elfe sourit, puis leva une main pour frôler son front de ses doigts brûlants, aspirant la légère chaleur qui s'était répendue à l'intérieur de l'humain comme une fièvre douce. Il prit une petite gourde d'eau et la lui tendit.

«  Buvez un peu, pour détendre votre gorge. Ensuite et bien... je pense qu'il nous faudra trouver un miroir, que vous puissiez constater le résultat  »

Il se leva, et se hâta d'aller en dénicher un sur l'une des bibliothèques. Le soulevant avec précaution, il le ramena vers l'humain et, restant debout, le tint à bonne hauteur afin qu'il puisse juger du résultat....

Glacern était donc une citée d'hommes luttant contre les vampires ? Tout comme Klaus en quelque sorte, à quelques détails près bien entendu, car d'après les dire de l'Elfe, la magie était une domaine proscrit en cette terre inconnue ce qui évidemment rendait les choses beaucoup plus compliquées que prévus. Seul point sur lequel ils semblaient se rapprocher, l'annihilation de la race vampirique, pour le reste il ne savait pas trop quoi penser de ces êtres un peu hors du commun, il aurait de toute façon l'occasion de se faire une idée plus que convenable de ces derniers. Point négatif de la chose, il faudrait se rendre dans un endroit encore plus dangereux que ceux qu'il avait parcouru auparavant, d'autant plus qu'il devait faire abominablement froid sur les hauteurs, mais soit ! Il serait prêt le moment venu. Un peu rustre et très honnête ? Ils se ressemblaient plus ou moins une nouvelle fois. Citée dirigée par la famille Svenn, famille dont il n'avait encore jamais entendu parler, d'ailleurs Klaus ne comprenait pas pour quoi Solas ne lui avait jamais évoqué l'existence d'une telle forteresse, probablement le fait de cette différence que l'homme ne semblait pas envisager, après tout si ces derniers vivaient reculer depuis si longtemps, c'est qu'il devait y avoir une raison et la présence d'un Grand Maître sur les lieux ne serait peut-être pas de bonne augure comme semblait le penser le Baptistrel qui plus est, il se retrouverait donc dépourvus de ses facultés magiques ? Comment pourrait-il se défendre en cas d'imprévus ? Si eux vivaient depuis de nombreuses années sans en faire usage, ils devaient posséder un physique conséquent pour combler se manque qu'ils arborent contraints et forcés par cette malédiction... Mais comme le soulignait son ami, encore fallait-il qu'ils soient en possession de ce morceau de parchemin tant convoité, dernier vestige de ce chant disparu de l'ordre Baptistral. Pouvait-il réellement prendre le risque de s'y aventurer seul pour revenir bredouille ? A vrai dire il n'avait pas le choix, mais le ferait-il rapidement ? C'était là une toute autre histoire.

« Je vois, je n'aurais donc pas d'autres choix que de m'y rendre par mes propres moyens et sans compter sur ces capacités qui me sont propres. Soit ! Je tâcherais me déplacer le moment venu et lorsque l'opportunité s'offrira à moi. Il va de soit que j'essayerais de le faire au plus vite, le temps passe et il est d'autant plus précieux si nous voulons sauver votre... Ami. » Dit-il en soupirant lentement. Il avait bien dit nous, Klaus sauver un vampire, cette scène était plus qu'inconcevable pour lui, mais l'amitié et le coup de main qu'il donnait à Merithyn semblait lui beaucoup plus fort que tout. « Et maintenant ? » S'interrogea l'homme en espérant avoir une réponse quelque peu rassurante concernant l'usage de cette magie sur son corps.

Comme il le pensait, il y avait tout de même un contrecoup à cet usage, mais au-delà de ça, un an ou deux ce n'était pas grand-chose pour lui qui risquait constamment sa vie pour de simples traques vampiriques. A vrai dire, il s'attendait à plus de contrecoup cela paraissait presque trop simple et pourtant, Merithyn semblait bien sûr de lui, en douter n'aurait donc pas de sens. Cela ne représentait donc pas tant que ça, si en échange il pouvait gagner suffisamment en vigueur et par la même occasion en apparence physique, il ne pouvait pas dire non, ce serait beaucoup trop stupide pour une offre aussi généreuse. Il suffisait tout simplement de l'écouter chanter et ce détendre ? C'était décidément de plus en plus facile, s'il avait su ça plus tôt, il aurait rendu plus rapidement service à l'Elfe pour gagner encore plus d'année en récupérant la force et l'assurance de ses 20 ans. Se détendre ! Il fallait se détendre ! Plus facile à dire qu'à faire, l'état de nervosité de l'homme était tel qu'il laissait à sa jambe le soin de vibrer de plus en plus sur le sol. Il fallait qu'il se calme, ce n'était pas dans ses habitudes et donc Klaus ne savait pas comment appréhender la chose. Après quelques minutes de stress pur et dur, il reprit son calme, du moins en partie et prit la parole pour donner son accord à l'Elfe :

« Et bien... Je pense que nous pouvons commencer... Soit le plus brève possible je te pris. » Cette dernière phrase suffisait à elle seule pour laisser apparaître le doute en lui ainsi que la crainte que quelque chose ne se déroule pas comme prévus.

Klaus se racla la gorge lentement tout en observant le Baptistrel entamer un chant mélodieux et doux, si quelques minutes plus tôt il affichait un scepticisme apparent, lorsque la première note vint atteindre ses oreilles, le corps de l'homme sembla se détendre petit à petit, un sentiment de plénitude vint l'envahir comme lors de son entrée dans l'Observatoire, s'il avait pu se laisser porter pour flotter dans les airs, il l'aurait fait volontiers. S'en suivit une note évoquant le nom de l'humain qui venait vraisemblablement de s'évanouir dans ses pensées, était-ce le sort de l'Elfe ? Si oui, il en reprendrait volontiers, voilà des lustres qu'il ne s'était pas sentit aussi apaisé. Au fur et à mesure que les minutes s'écoulaient Klaus affichait un air de plus en plus niait, n'affichant pas vraiment l'envie de se soucier de ce qui lui arrivait en ce moment, rien ne l'inquiétait, pas même cette étrange montée de température qui venait de l'envahir lorsqu'il eut fini d'entendre le chant du Baptistrel. Quand il déposa ses doigts sur le front de l'humain, la fièvre tomba brusquement le tirant de sa torpeur aussi vite qu'il y était entré.

« Merci... » Envoya-t-il en prenant dans ses mains fébriles la gourde qu'il lui tendait afin de se requinquer. « Un miroir ? Pour ? » Puis il marqua une pause reprenant ses esprits : « Ah oui bien sûr... Où ai-je la tête. » Visiblement pas sur les épaules puisqu'il apparaissait un peu perturbé par tout ça, quand l'Elfe se leva, il tenta de le suivre du regard, mais sa vue se troubla un court instant. Fermant les yeux rapidement, il tenta de retrouver une visibilité correct et quand se fut le cas, il put enfin distinguer de nouveau la silhouette de Merithyn, celle-ci était différente de celle qu'il se faisait avant, pour faire simple, il voyait beaucoup mieux ce qui était un peu étrange pour lui qui avait déjà une excellente vue de part son totem, mais le sort magique que lui avait insufflé l'elfe n'avait pas eu qu'une incidence sur son apparence physique. Et enfin, quand il se pencha légèrement en avant pour voir de quoi il en retournait, l'homme fit un bond un arrière impressionnant. « Par le Dracos ! Qu'est-ce que ? » S'écria-t-il en déposant la main sur son cœur qui venait de s'emballer.

Essayant de se calmer au mieux une nouvelle fois, il approcha lentement le miroir qu'il prit délicatement des mains de Merithyn pour observer le travail effectué sur son corps. Stupéfaction quand il redécouvrit l'apparence qu'il avait arboré plusieurs années auparavant, ses traits de visage était plus fin, moins marqué, il tripota son visage d'un peu partout comme pour s'assurer qu'il s'agissait bien du sien, même ses mains avaient une toute autre allure, en somme tout son corps était nettement plus clinquant. Cette douloureuse sensation qu'il éprouvait dans le bas du dos s'était aussi estompée, la sensation d'appuis sur ses jambes était-elle aussi différente. Remarquable ce que pouvait réaliser les Baptistrels. Mais ce cadeau valait-il autant que le service rendu ? Klaus en était presque mal à l'aise.

« C'est impressionnant... Je n'ai jamais rien vue de tel. Si je m'attendais à tant d'efficacité. Je me retrouve dans l’embarras, je n'ai pas le sentiment que mes efforts aient mérité une telle récompense. » Puis en poursuivant son élan de remerciement, il entreprit un geste inhabituel chez les Elfes en venant réaliser une accolade avec Merithyn, les mots lui manquaient légèrement, alors il prit le risque d'offenser l'être Sylvestre avec un geste peu courant dans leur coutume. « Hum ! Enfin, euh oui... Merci tout simplement. »

Après quoi il ne put pas s'empêcher de s'assurer de sa nouvelle forme physique en parcourant l'observatoire de long en large, euphorique, il n'était pas décider à s'arrêter, cherchant probablement à repousser les nouvelles limites de son corps. Limites qui approchèrent d'ailleurs rapidement, puisque après tout juste quelques minutes, il tituba brusquement avant de s'écrouler sur le sol de l'Observatoire laissant sa tête retomber délicatement sur le sol pour se plonger dans cette sublime vue qui s'offrait à lui en oubliant presque qu'il était en compagnie de Merithyn. Il se redressa pour se mettre en tailleur et tourner la tête vers son interlocuteur : « Et bien ? Ne reste pas figé comme ça ! » Envoya-t-il avant de reprendre : « les obligations Baptistrals vous oblige-elle a ne pas vous promenez en dehors de votre « juridiction » ? Je veux dire, l'éventualité de rejoindre une guilde disons... Indépendante est envisageable ? »

Cette question était relativement sérieuse et le ton sur lequel il l'avait prononcé était là pour le démontrer, après tout il ne connaissait personne au sein du royaume humain et se retrouvait subitement à la tête d'une poignée d'hommes prêt à tout pour rechercher cette dévoreuse, il lui fallait une personne de confiance même en temps que consultant pour quoi pas, il ne l'obligeait en rien, mais qu'un compagnon comme-lui fasse une partie de route avec eux ou du moins lui, était une idée qui ne lui déplaisait guère, bien au contraire, il en sourit même finissant en plongeant son regard vers l'Elfe descendant les escaliers pour le rejoindre.

Il était bien naturel que l'humain se sente un peu désorienté et distrait, comme il l'avait prédit, ses sens et son esprit devait d'abord s'habituer à cette seconde jeunesse et ce qu'elle impliquait. Il n'était pas toujours aisé de s'y retrouver après pareille opération magique, et Klaus semblait admirablement s'en sortir. En moins de temps qu'il ne l'aurait cru, il semblait retrouver toutes ses facultés. Décidément, pour un mortel il était excessivement surprenant et endurant, c'était une grande qualité, et que l'elfe admirait sans discontinuer. Alors, quand il lui tendit le miroir, il s'attendait à demi à le voir rester stoïque face aux changements qui avaient opérés. De gros changements s'était vrai, cela se voyait... c'était même criant que l'homme n'était plus le même, mais dans un certain sens il l'était toujours. Le chanteur en était d'ailleurs intrigué, car il avait connu Klaus lorsque celui-ci était déjà buriné par le temps, mûrit par ses voyages, et que la nature avait apposé sa griffe sur lui. Hors à présent, toutes ces marques avaient disparues, remplacées par le grain parfait d'une jouvence sans défauts. Oh il avait bien travaillé c'était certain, il ne s'était pas même imaginé que son action entraînerait des changements si radicaux. Et ils n'étaient qu'extérieurs... alors qu'est ce que devaient être toutes les petites choses qui étaient internes à son organisme.

Il imaginait à peine les effets de ce point de vue là d'ailleurs, puisqu'il ne les subissait pas lui-même... il savait cependant qu'il viendrait un temps où il userait de ses pouvoirs sur lui-même, très certainement, l'ayant choisit depuis très longtemps. Les elfes ne vivaient guère plus de milles ans à présent, et si Eliow vivait, il était certain de périr avant lui... à moins de ralentir les effets du temps sur son organisme comme il venait de le faire pour Klaus. Il vivrait ainsi un peu plus longtemps, gagnerait quelques années en compagnie de son amour.... si tant est qu'il vive. Mais en attendant, il ne s'attendait pas à voir le tueur de vampires bondir soudain en arrière en jurant. Juron fort peu gracieux dans cette antre de délicatesse, mais enfin bon, on comprenait aisément qu'il puisse se trouver aussi surprit.... Un instant, Meri fut inquiet en le voyant porter la main à son cœur. Certes, celui-ci était désormais aussi vigoureux que le reste, mais ce serait dommage qu'il périsse d'une crise cardiaque alors qu'il venait de se trouver une seconde jeunesse tout de même, ce serait tristement ironique. Cruellement ironique même. Il lui laissa le miroir, l'observant toujours avec attention, prêt à intervenir si il éprouvait la moindre douleur, ou quoi que ce soit d'autre d'ailleurs... mais les mimiques et les gestes de l'humain finirent par le faire sourire, amusé qu'il était de le voir si incrédule devant sa propre personne.

Il était adorable, à s'émerveiller ainsi, et rien que pour cela, il estimait son travail largement dédommagé... aussi, quand il prit la parole, l'elfe l'assura qu'il méritait amplement ce présent. Et que ce n'était pas grand chose. Dix ans... qu'était-ce finalement, dix ans ? Il aurait put pousser jusqu'à vingt, mais les conséquences auraient été plus importantes, et surtout, il lui aurait alors retiré plus de cinq ans de vie sur la longueur.... c'était tout de même important. Il n'eut cependant pas le temps de dire quoi que ce soit qu'il se trouvait prit dans une embrassade. Ouvrant tout d'abord de grands yeux, ne s'attendant pas du tout à une réaction pareille de sa part, il sourit néanmoins après quelques instants et lui rendit doucement son accolade, absolument pas choqué ou offensé de ce geste peu courant parmi les siens, mais il était vrai qu'il vivait en général en désaccord avec ce genre de coutume conservatiste. Rayonnant littéralement, il sourit.

«  Mais de rien, voyons, je suis heureux que vous soyez satisfait du résultat !  »

ça aurait été dommage après tout qu'il ne soit pas content de son nouveau visage, il aurait été problématique d'avoir à le vieillir à nouveau, et plus lourd au niveau du coût. Le laissant aller et venir dans l'observatoire, il s'assit un bref instant, sentant la fatigue poindre le bout de son nez. Il avait usé de beaucoup de ses pouvoirs pour lui rendre sa jeunesse, et avait bien besoin d'un repos. Débouchant une fiole de sa sacoche médicinale, il en but le contenu, un flacon d'ambrosia, afin de se sustenter, puis se releva et descendit les marches afin de le retrouver, étendu par terre à contempler les étoiles. Il vint s'installer près de lui sans répondre immédiatement puis finit par se décider. Après tout, il n'avait guère de raison de dire non, mais c'était surtout qu'il ne désirait pas non plus trop s'éloigner d'Eliow pour le moment... ou même en suivant, et il y avait également Shaynar... D'un autre coté, il pouvait servir autrement.

«  Et bien plusieurs des miens sont également membres du dragon blanc. Tant que les objectifs de la guilde en question ne sont pas en désaccords avec nos vœux, il n'y a guère de soucis. Vous voudriez que je vous accompagne en temps que membre des Larmes ? Je le pourrais, oui bien sûr, cependant en combat je ne serais guère utile vous le savez bien. Je pourrais officier en temps que guérisseur cependant, et en temps qu'informateur. Après tout si je puis repérer les parchemins selon les dires d'autres objets je puis certainement aider à la recherche de la Dévoreuse selon les ondes du grimoire par exemple... et puis je pourrais vous aider à gérer vos hommes, et à vous mettre en relation avec mes contacts dans le monde humain... bref, je serais certainement davantage une aide logistique que manuelle, mais si vous m'acceptez, ce sera avec plaisir. Si je puis vous rendre service d'une quelconque manière, vous, mais aussi Armanda en aidant à mettre cette chose en lieu sûr, une fois découverte, alors je ne puis qu'accepter évidement !  » Il pourrait aussi sentir les mensonges, et apaiser les esprits des membres de la guilde....bref il était tout prêt à aider, tant que cela ne gênait pas son devoir auprès d'Eliow également, dans une certaine mesure. Mais il était vrai qu'il ne pouvait pas non plus attendre les bras ballant, autant faire quelque chose qui aiderait le reste de la communauté.

«  Il y a cependant.... et bien, si la Dévoreuse est retrouvée, elle devra probablement être portée et dissimulée par tous à tour de rôle et cela, je ne le puis, cette puissance est trop mauvaise, trop terrible, et conjointement avec mes pouvoirs ? Je n'ai pas envie de savoir ce que cela provoquerait. Je ne fuirait pas ce devoir si vraiment il le faut, mais je préfère ne pas le faire si d'autres peuvent la protéger mieux que moi  »

Une fois sa question posée et dans l'attente d'une éventuelle réponse, Klaus se laissa planer une nouvelle fois en laissant son esprit voguer au gré des constellations qu'arboraient les murs de l'Observatoire, il y avait là tant d'histoire qu'il était difficile de ne pas y prêter d'attention, beaucoup lui étaient inconnues, d'autres lui évoquaient quelques souvenirs, se souvenant avec un brin de nostalgie de ces moments ou Solas lui contait de nombreuses histoires toutes plus passionnantes les unes que les autres. Alors qu'il se perdait dans ses pensées puisque la réponse tardait à venir, l'homme en oublia presque la présence de l'Elfe, peut-être s'était-il endormi ? Il n'avait pas l'envie de détourner le regard des étoiles au plafond pour s'en assurer, Merithyn ne ronflant pas, il ne dormait donc pas ! Mais est-ce que tout le monde ronflait en dormant d'ailleurs ? Klaus n'en savait rien si ce n'est que lui était un fervent partisan de l'ordre des ronfleurs, mais ça ne le dérangeait pas vraiment, Solas lui par contre s'en plaignait régulièrement, lui qui aimait pouvoir se reposer et méditer en paix, il n'en avait que rarement l'occasion. Étrange situation que celle de se remémorer ces moments en ce lieu, l'influence et l'afflux magique qui y planait devait certainement y être pour quelque chose, heureusement pour lui que l'Elfe était là pour extirper le Magicien un peu perdu on ne sait trop où.

Si les objectifs de la guilde étaient en désaccords avec les vœux qu'ils avaient réalisé en tant que Baptistrel ? Il n'en savait pas grand-chose puisqu'il ne connaissait pas du tout ces dits vœux. Klaus esquissa un léger sourire, bien sûr qu'il serait utile, comme il le souligna un guérisseur était toujours le bienvenu dans une guilde aux responsabilités aussi importante que les larmes. En creusant un peu plus il y avait plusieurs choses que pourrait faire l'Elfe, il suffisait simplement que ce dernier en ait l'envie sinon à quoi bon. Aider à gérer ses hommes... C'était une bonne idée, surtout que les rapports de l'homme avec les siens sont assez compliqués et il se pourrait que ses méthodes soient un peu trop radicales pour certains ou certaines, Merithyn serait donc un atout majeur afin de concilier tout le monde en cas de conflit, ce qui éviterait aussi au Grand Maître de régler le soucis à coup de boule d'énergie. Après tout il serait dommage que pour un désaccord, l'homme en vienne à faire lui-même le ménage au sein des membres de la Guilde. Bien entendu, sa présence était surtout désirée par Klaus plus que par l'ensemble du groupe, mais il serait un allié de poids face aux éventuels imprévus auxquels il serait confronté, de plus, il disait avoir des contacts dans le monde humain, ce qui n'était pas du tout le cas du Chasseur plus habitué à se débrouiller par ses propres moyens, après tout on n'est jamais mieux servit que par soi-même. Néanmoins, il faut se rendre à l'évidence, une aide extérieur est toujours appréciable et souvent utile lorsque l'on s'y attend le moins.

« C'est avec joie que je vous accueillerais au sein de notre Guilde, vos services seront d'une grande utilité, aussi bien pour moi que pour l'ensemble des membres. D'autant plus que ce danger m'inquiète plus que je ne le laisse paraître, il y a bien un nombre incalculable de personnes pouvant mal tourner à la simple idée d'être en possession d'un tel pouvoir... Comme quoi, remettre un si grand pouvoir dans les mains d'une seule et même personne n'est pas toujours la meilleure chose à faire. » Dit-il en tournant lentement la tête vers l'Elfe qui ne manqua pas d'évoquer le sujet principal à savoir la Dévoreuse : « Bien entendu... C'est un risque que nous ne pourrions pas prendre et cela malgré toute la sympathie que j'éprouve à votre égard. C'est pour cela que je pense qu'il serait préférable de vous intégrer dans les larmes en tant que Consultant, cela ne devrait pas poser un réel problème, l'ensemble des membres déjà présents semble suffisamment ouvert pour comprendre qu'une aide extérieur serait la bienvenue. » Il marqua une courte pause : « Toutefois, il va de soit que lorsque les circonstances l'exigeront et que nous aurons enfin mis la main ou plutôt le doigt sur cette bague, votre présence auprès de celle-ci sera proscrite. » Plus sérieux que lorsqu'il s'était laissé emporté par les émotions à la découverte de son nouveau corps, il énonçait par là, qu'aucune personne ne serait autorisées à approcher la bague sans avoir prêter le serment mis au point pour l'occasion de comme un accord par les elfes et les humains.

Klaus se releva ensuite lentement en prenant soin de tendre la main en direction de Merithyn pour l'aider à se relever. Dans l'observatoire, il n'avait pas la notion du temps qui s'écoulait à l'extérieur de celui-ci, il ne savait donc pas combien de temps avait passé depuis son entrée ici et pour cause, le Maître des larmes se devait de ne pas tard. Il avait accepté l'invitation de l'Elfe, mais il n'avait pas pour autant tout le temps devant lui, d'autant plus en sachant qu'il venait perdre entre une à deux années de longévité. Sa main vint se tendre en direction de son bâton pour le récupérer, par la même occasion il put remarquer que l'actuelle tenue qu'il portait ne lui allait plus vraiment depuis se changement. « Et bien il semblerait qu'en plus de ce ravalement de façade je doive me rendre à l'évidence... Ses habits ne sont plus du tout fait pour moi. » lança-t-il en tirant sur le col de sa tenue qui laissait apparaître un espace important entre le tissu et la peau.

Puis ses yeux marrons se posèrent sur les portes de l'Observatoire :

« Que diriez-vous de terminer sur une petite marche, il y a dehors quelques bâtiments qui me sont encore inconnu, se serait là l'occasion de m'en apprendre encore un peu plus et pour tout te dire je n'aimerais pas me perdre à nouveau... Mais je ne souhaiterais pas te retenir plus longtemps, j'espère que la discussion précédente sur ton manque de réactivité aura véritablement porté ses fruits. » Dit Klaus tout en prenant soin de jeter un dernier coup d'oeil à l'observatoire « J'escompte avoir de nouveau la possibilité de me rendre en ce lieu formidable et fort en souvenir. »

A cette simple idée, il soumettait la possibilité de revenir se recueillir ici. Après quoi, l'homme prit les devants pour prendre la porte et l'ouvrir à l'Elfe afin de le laisser passer pour regagner la sortie et changer subitement d'atmosphère...

Profondément altruiste et bienveillant, Merithyn ne pouvait ignorer une opportunité de faire un peu de bien autours de lui quand il le pouvait. Et c'était après tout ce qu'était la perspective d'entrer au sein de la guilde des Larmes. Elle avait été créée dans le but de rechercher la dévoreuse, cet artefact terrible aux pouvoirs capables de tuer un dragon et d'apporter la désolation sur les terres d'Armanda alors que celles-ci se remettaient tout juste de mille ans de faible magie. Des hommes et des femmes admirables avaient choisit de tout abandonner pour partir en quête de cette chose et la mettre en lieu sûr, pour protéger le monde de ceux qui auraient la folie de se servir de la bague. Et il ne pouvait que les admirer. Alors si lui aussi pouvait les aider, ne serait-ce qu'un petit peu, il le ferait volontiers. Il était certainement dangereux qu'il s'approche trop de la bague, pour des tas de raisons, mais il avait d'autres qualités que la force, et celles—là pouvaient s'avérer êtres utiles. Il était tout près à accepter d'aider Klaus. Rendre service à tous, et à son ami en prime, c'était bien entendu quelque chose de très appréciable. Il hocha doucement la tête.

« Je comprend parfaitement, c'est une décision des plus sages, je pense. Il ne faut rien négliger, et je ne désire absolument pas perdre la tête à cause de pareille horreur  »

Il doutait à vrai dire, d'avoir assez de malfaisance en lui pour être réellement tenté par la bague. Quelque chose lui disait qu'il avait déjà vaincu ses propres ténèbres. Mais cela n'empêchait rien et il ne voulait pas tenter l'affaire. Être un simple consultant le laisserait libre d'aider, mais également libre des obligations inhérentes aux larmes. Klaus restait professionnel et c'était une autre des raisons pour lesquels il le respectait beaucoup. Pas du genre à prendre des risques, l'affaire était toute convenue pour lui. L'attrait maléfique... qu'est-ce qui pouvait pousser un être à faire usage de la bague, il se le demandait bien. Serait-il capable de résister ? Et la bague, pouvait-elle être détruite ? Parfois, il aurait aimé être le Fondateur. Et connaître davantage au sujet de Dévoreuse. Il aurait aimé être en possession des souvenirs des ancêtres de l'ordre, le jour où ils avaient retirés la bague à Alderick Kohan et avaient effacé la mémoire des races à son sujet. Il aurait aimé savoir.... mais devrait attendre, encore un peu, d'entrer en possession du dernier fragment de parchemin. Alors peut-être qu'il pourrait en dire davantage à Klaus au sujet de l'objet que sa guilde recherchait. Sortant de ses pensées, il prit la main qu'on lui tendait pour s'aider à se relever et épousseta sa tunique avant de reporter son attention vers le mage humain. Il sourit légèrement à la remarque. En effet, ses habits semblaient d'un seul coup ne plus lui aller totalement. Et sans doute que le reste de sa garde robe était dans le même état.... heureusement, les tisserands elfiques pouvaient sans soucis pallier ce petit problème.

« Aucun problème. Puisque la gardienne n'est pas là, j'assure l'intendance. Je peux vous remettre une copie de la clef du bâtiment pour que vous puissiez venir profiter de son calme et de sa magie quand bon vous semble. Quand à vous reconduire, ce sera avec plaisir, je vais également me rendre en ville. Quitte à braver les autres, j'ai besoin de quelques ouvrages médicinaux dont les copies du sanctuaire sont trop vieilles  »

Et des lumières de son premier professeur, Heiles. Il sortit, se glissant par l'entrebaillement de porte que tenait Klaus, et inspira longuement en revenant à l'air libre et plus terrestre de l'extérieur. Le soleil brillait haut et clair dans le ciel, et il semblait que les nuages se soient enfuit. Une odeur de pluie douce flottait. De toutes évidences, plusieurs heures avaient défilées à l'intérieur en ayant l'air de simples minutes. Faisant signe à Klaus, il récupéra sa monture et, une main sur son encolure, le guida, ainsi que l'humain, le long d'un sentier boisé et tendre que lui seul pouvait voir, pavé de notes de musiques chantantes. Ils passèrent ainsi près de la clairière de la grande mère, le sanctuaire de la terre, et du dolmen des vent, sanctuaire du vent, dont il parla quelques peu, expliquant qu'en ces lieux, l'élément était plus fort que dans tout le reste du continent, et que les chanteurs venaient s'y ressourcer, étudier ou s'entraîner. La magie condensé dans ses aimants à éléments rendait souvent les chanteurs tout puissants, mais les autres mages ayant une affinité pouvaient également en bénéficier. De plus, ces sanctuaires sacrés étaient des terres consacrées au bien, à la lumière et à la vie, et les êtres maléfiques se trouvaient diminués lorsqu'ils le foulait. Ces terres apportaient également une meilleur guérison à ceux qui y venaient blessés, et offraient la paix aux tourmentés. Ici, l'on était sous le regard des grands esprits. Au loin, au travers de la plaine, s'étendait le Tomingorllo, le château palais de l'ordre des Baptistrels où demeuraient les douze lorsqu'ils venaient travailler sur le domaine, ainsi que les invités des chanteurs. Puis, en s'enfonçant de nouveau dans la forêt l'on trouvait un passage simple et boisé vers le royaume elfique et le reste du peuple des bois.

Cheminant vers la ville en compagnie du mage, il prit congé une fois à destination, en s'inclinant profondément et en faisant vœux de l'aider dès que possible.