Le cheval henni doucement, ses sabots claquant doucement sur les pavés de la route tandis qu'il chevauchait à une allure de croisière vers un bosquet relativement accueillant, près des terres de Gloria. Le crépuscule jetait mille feu sauvages sur la route de campagne inutilisée qu'il empruntait. Avec les raids des vampires dans la région, les petits chemins dans ce genre là c'était fait très rares et c'était compréhensible, isolée comme elle l'était, cette route parlait pour tout les coupes gorges imaginables, et les bandits de grands chemins n'étaient qu'un problème de second ordre en comparaison de la menace que faisait peser l'armée vampirique sur ces terres, encore davantage depuis leur entrée dans le palais impérial quelques semaines plus tôt. Les humains avaient peur malgré la puissance de leurs troupes et leur supériorité numérique, et il y avait de quoi. Le nombre ne faisait pas la qualité, et ils avaient déjà eut l'occasion de constater le manque de force des mages de guerres dont ils se faisaient pourtant une fierté auparavant. Un cercle entier de mage mit au banc par sa seule présence, et dire que Lorenz était des dizaines de fois plus fort que lui, l'idée de les voirs se débattre contre lui faisait autant froid dans le dos qu'elle l'excitait au plus au point, d'une excitation sadique. Oui, voir les insectes humains se débattre dans la poigne de fer serait une vision savoureuse, et peut-être qu'ils comprendraient enfin. Si des mages tout puissants ne pouvaient rien face à eux, que pourraient de simples soldats ? Un retournement de situation tiendrait du miracle après tout, même si il était encore possible.

Il n'y accordait pas beaucoup d'importance sur l'instant. Pour une fois, son esprit le laissait en paix dans tout les sens du terme. Il n'avait pas ces chuchotis insidieux qui embrumaient sa raison pour lui faire dire et ressentir d'horrifiques choses, il n'avait pas l’inquiétude de devoir remplir ses devoirs ou de partir en mission, en s'était assuré que Silarae dispose de tout ce qu'elle pouvait désirer avant son départ. Etre seul sur ce chemin, en compagnie de sa monture et dans un silence complet le laissait reposé et frais. Il s'entendait de nouveau penser correctement et comptait bien profiter de cette sortie pour davantage que ce qui la motivait. N'ayant plus vraiment l'occasion de rester seul avec ses méditations, il ne pouvait qu'accueillir l'occasion en or avec joie. Les choses pourtant, s'étaient déroulés de telles sortes qu'il en restait perplexe. Il avait reçu, un beau soir, une capsule scellée par magie qui lui était destinée, et donc l'expéditeur lui était totalement inconnu. Lyroë Tuwiel ? Un nom bien elfique, comme sa porteuse, pourtant cela ne lui disait pas grand chose au premier abord. Pourtant, en lisant la missive, il se souvint du grand dragon blanc qui avait attaqué le camp, et de l'archère qui l'accompagnait. Il avait imaginé refuser cette demande de rencontre complètement folle mais s'était ravisée.

En temps que dragonnier il ne pouvait refuser à un pair qui le demandait le moindre échange, aussi avait il remplit la capsule de sa propre réponse et proposé un terrain neutre, ce bosquet, assez éloigné de la ville et du camp vampirique pour que personne ne vienne avoir l'idée de s'y perdre. Il ne manquerait certainement plus qu'on le suive de nouveau et il serait quitte pour s'énerver à nouveau, après tout.... il n'était pas au meilleur de sa forme de ce point de vue là. Entre sa tension nerveuse constante à devoir accomplir tout ses devoirs en un temps record, les recherches sur Dévoreuse, la maturité de Sila et à présent le contre coup de leur excursion dans la capitale humaine... oui cela faisait beaucoup, surtout avec les manquement commis par Kedrildan. Quelle idée de poignarder un dragonnier sous le nez de son lié ! Tenait-il si peu à l'existence qu'il veuille mourir encastré dans un bas relief mural ? Il n'avait pas encore eut l'occasion d'en discuter avec lui, mais le ferait quand il serait calmé. Pour l'instant il avait autre chose en tête... Le bosquet était en vue. Il caressa l'encolure ébène de son destrier qui supportait la demi lueur pour lui avec plus de bonne volonté que les chevaux mortels n'en avaient eut à le porter, lui et les autres, dans la capitale.

Pressant enfin l'allure, il le fit trotter jusque dans l'enclot des arbres et l'arrêta dans le cercle d'herbe douce qui tapissait le sol. Il mit pied à terre, desserra le harnais du cheval et le flatta de nouveau avant de parcourir l'endroit paisible de son regard luisant d'une brillance glaciale et prédatrice. C'était le point de non retour entre jour et nuit, dans lequel le prédateur en lui s'éveillait en prenant la place de l'être de raison qui défiait le soleil pourtant dangereux pour lui. Il ne se montrerait pourtant pas agressif avec la jeune fille qui venait lui parler avec tant d'aplomb, faisant fi de leurs camp respectifs et de la dangerosité de sa présence pour les vivants. Il sentait son cœur battre, attirante promesse de sang, qui pourtant ne devait surtout pas être écoutée. Le coin de ses lèvres s'ourlèrent en ce qui aurait put presque passer pour un sourire, et il laissa sa monture pour s'avancer vers celle qui lui avait demander de venir. Parvenu à son niveau, il la jaugea dans un silence courtois puis, délicatement, prit sa main dans la sienne et la porta à ses lèvres en s'inclinant devant elle, galant. Frôlant les digits d'une caresse délicate et froide, il ne lui infligea cependant pas son contact, qui devait, aussi courtois qu'il était, l'indisposer, trop longtemps. Se redressant, il cligna légèrement des yeux et brisa le silence.

« Bonsoir à vous, dame de bronze. J'espère ne pas être trop en retard, j'ai préféré faire un détour pour semer mes possibles suivant, je ne souhaite après-tout pas réitérer mes exploits en votre compagnie » Elle n'avait put manquer d'entendre parler du kidnapping imprévu de l'impératrice qu'elle servait. « Vous disiez vouloir me parler de pair à pair, je suis tout ouïe, de quoi s'agit-il ? »

Comme il avait dit qu'il le ferait, il écouta en silence ce qu'elle avait à lui dire. Évidement, elle avait déjà fait mention de ses intérêts à lui parler, et ils n'étaient pas elfique, un idiot l'aurait comprit, elle ne faisait pourtant aucun mal à le rappeler, si tant est que l'un d'eux l'ai oublié entre temps. Il hocha simplement la tête à cela, courtois comme toujours, et d'autant plus avec une de ses sœurs dragonnières. Le reste de son affirmation lui tira un long et doux soupire, qui collait bien mal avec son caractère de non mort, puisqu'il n'avait pas besoin d'air. Un bref moment, il resta silencieux, pesant ses paroles dans la balance de son expérience. Elle, il était évident qu'elle était la liée du blanc... celui que Lorenz avait tué. Plus que tout autre, elle devait saisir l'ampleur de la menace qui pesait sur eux tous. Il se détourna finalement. «  Je n'ai pas de prédécesseur Dame. Vous, vous avez perdu votre lié, votre déchirement vous pèse et vous mine, mais il vous rend également plus apte à comprendre de nombreuses choses. Peut-être comprendrez-vous alors les questions qui me troubles... ou peut-être pas » Regardant le ciel qui flamboyait encore, il reprit

«  Je suis vieux, dragonnière, plus vieux que le plus vieux des elfes. Ma vie a débuté dans une ère où les dragons parcouraient librement les cieux, et où les dragonniers, en nombre, se battaient en compagnie de leurs liés pour des causes ridicules, si ridicules me semble-elles, qu'elles font pâlir leurs contemporaines. Je suis mort et je suis revenu sous cette ère, j'ai vu les dragons quitter nos rivages, mon peuple être battu et repoussé loin sous la terre baignée de soleil, j'ai sentit la magie de notre monde péricliter, j'ai même vu la formation du désert d'Esfelia. Comme tout un chacun, j'ai rêvé d'être lié à un de ces seigneurs des cieux, mais jamais mon vœux ne fut exaucé. Je ne m'en vexait pas pour autant, bien rare sont ceux qui sont élus, et l'on peut toujours servir son peuple sans être l'un de ces fabuleux champions » Il se tourna de nouveau vers l'elfe, se demandant si la véritable teneur de ses mots porteraient.

«  Servir mon peuple... a de tout temps été mon seul et unique but, Dame. Non pas servir le moindre maître, je suis un ancien, un millénaire, je n'ai pas de maître véritable... mais servir mon peuple, ma race, avec autant de clairvoyance que j'en possède, bien que je ne prétende point être une sommité. Bien peu des miens peuvent en dire autant, vous en conviendrez. Je crains qu'au cours du temps, notre race ne soit devenue exactement ce que la votre méprisait : des monstres sans intelligence et sans sensibilité. C'est là un bien triste constat, car nous n’étions pas ainsi, au crépuscule de la dernière grande guerre » Plongeant son regard dans le sien, il s'arrêta un bref instant, sans pour autant, silencieusement, la laisser prendre la parole, car il n'en avait pas finit. Il inspira doucement et reprit.

«  Je n'ai pas besoin que l'on me rappel le passé, la tragédie de vos ancêtres, de ceux des hommes... je l'ai vécu Dame, en personne, et je sais ce qu'il en est. Je sais également que vous avez raison, car sans les dragons qui nous sont liés la magie, et toute la vie qu'elle apporte, s'éteindra. Pourtant je me trouve devant un dilemme. Je ne puis prétendre être des vôtres, en temps que nouvelle génération. Vous, vous tous, les enfants dragonniers, vous voyez vos prédécesseurs comme des figures, à la fois respectable et honteuse, des héros qui n'ont pourtant pas gagné la bonne bataille, des chefs ayant fait beaucoup de bons choix, mais devant l'obstacle principal, ont prit la mauvaise route... Moi je les ai côtoyés, Dame, je combattais déjà à leurs cotés, je versais mon sang pour le leur, et je vivais avec eux... la femme qui m'a transformé était l'amante d'un dragonnier vampirique, son frère a volé un œuf à une dragonne sauvage. Cette histoire n'est pas pour moi une figure lointaine devant me servir d'exemple mais des souvenirs poignants d'hommes et de femmes, humains, elfes, vampires, à la valeur exceptionnelles malgré leur défaite finale. J'ai suivis les chemins de leurs choix, vu de mes propres yeux les raisons qui les poussait à se battre... et comment puis-je les méjuger alors ? Voilà une question qui me trouble depuis que ma dragonne a éclot. Comment suis-je sensé me positionner ? Dois-je rejeter ce que je sais afin de ne voir en mes amis que des destructeurs aveugles ? Ou au contraire, dois-je préserver leur histoire si exceptionnelle afin de s'en inspirer, non pas comme un chemin de honte, mais comme la preuve que le passé n'était pas aussi noir qu'on le disait ? Y as t-il un autre chemin qui ne m'est pas visible ? Peut-être...peut-être pas.... » Il secoua la tête, c'était tellement vrai, ses doutes, ses questions, personne ne semblait capable d'y répondre, de soulager sa conscience de ses maux terribles.

«  Je ne suis ni de l'ancienne génération, ni de la nouvelle, perdu entre les deux, avec des valeurs qui me sont chères, et pourtant contradictoires. Je me fais ennemi de mes pairs alors que mon désir serait de partager mes connaissances, mais qu'y puis-je ? Je dois servir mon peuple, si ce n'est moi, qui le fera ? Lorenz le fou ? Ethan l'impassible ? Vanael l'assoiffée de pouvoir ? Qui ? Je semble être le seul qui se soucis de l'intégrité de mon peuple, qui ne voit pas seulement cette guerre comme une vengeance pourtant méritée, mais comme une occasion de trouver une véritable place aux miens... L'armée vampirique se bat au nom du peuple, pourtant elle ne sert les buts que d'un seul être avide de pouvoir. Où est la dignité en cela ? Dois-je véritablement les abandonner, les laisser rester des chiens de guerres à la solde de ce prince dangereux, afin de me concentrer sur le plus grand bien de tous ? Mais pourtant si je ne suis capable d'aider les miens, je ne serais pas plus capable de venir en aide à notre caste décimée. L'on ne peut séparer totalement notre race de notre caste, nos raisons de nous battre nous appartiennes, et elles ne sont pas plus mauvaises les unes que les autres, pas même votre haine des vampires Dame, après ce que les miens ont fait, il est normal que votre peuple nous déteste... pour ce que nous avons fait, non pour être nés. La faute d'un seul n'est pas celle de tout un peuple, et si nous sommes maudits, la nature nous a permit de vivre avec elle, ainsi donc nous avons une place. Pourtant si nos raisons de combattre sont bonnes, nos raisons de nous unir le sont aussi » Il soupira de nouveau

«  Le Dracos a fait de nous des dragonniers, mais si il nous a choisit, c'est sur la base de notre être, sur ce que nous avons fait de nous-même, et donc sur notre passé. Si nous décidons d'oublier ce passé, de nous couper de lui, alors nous rejetons nos êtres même. C'est parce que nous avons un passé, des convictions et des ressentis, des idéaux, que nous formons les gardiens de l'espoir futur. Ces différences que vous souhaitez dépasser sont les trésors qui nous permette d'enrichir notre cause commune. Ne vous êtes vous jamais demandé : pourquoi moi ? Pourquoi le Dracos m'a choisit, et pas un autre, pour être dragonnière ? Moi cette question me tourmente, qu'est ce que les esprits ont vu en moi qui déterminerait que je sois si indispensable à la renaissance de ce monde. Lorsque ma Silarae est née... je voulais mourir, mon fils venait d'être tué de la main de Lorenz, j'avais tout perdu, plus rien n'avait d'importance. Moi, un vampire millénaire ayant vu la valeur de l'existence, j'étais sur le point de la rejeter comme un fou, et on m'a détrompé par son éclosion. Je n'ai toujours pas trouvé la réponse, mais peut-être la trouverais-je plus tard, je ne désespère pas.... Construire notre caste, et la détourner des guerres est un travail long et difficile, car il est à la fois somme de tout ce que nous somme, et entité distincte. Nous ne pouvons repousser ce que nous sommes, ni nos allégeances, ni nos idéaux... ni même nos haines. Le demander serait une erreur je pense. Le véritable but à mes yeux, le véritable défi.... est de pouvoir travailler ensemble malgré tout cela, en parvenant à servir nos peuples, mais pas leurs dirigeants. Que dites vous de tout cela, Dame de Bronze, parlez sans détoure, car si je vous l'expose, c'est que je pense que vous pouvez m'apporter une partie de mes réponses »

Pouvait-on réellement qualifier d'erreur l'amour d'un dragonnier pour sa cause et son peuple, ses serments auprès des siens, et sa volonté de se battre, et de mourir pour eux si il le fallait ? Il se souvenait de l'un d'eux, en particulier, un humain du nom d'Adreas qu'il avait rencontré lors d'un voyage vers le nord. Ils avaient eut la chance unique de discuter sans être dans le même camp... un peu comme en cet instant, et cet humain, quoi qu'humain au demeurant et donc nettement inférieur en terme naturel, avait forcé son admiration par bien des choses. Adres... et le rire qui l'accompagnait alors même qu'il se jetait, avec sa compagne ailés, au devant de l'arme vampirique et de ses dragonniers redoutables, cette lueur dans ses yeux, un éclat immortel qui n'avait rien d'une ambition de pouvoir ou d'une soif de sang, mais de l'immense honneur qui lui était fait de pouvoir défendre la cause qu'il avait choisit de défendre malgré ses défauts. Savait-il, alors, qu'il serait vu comme un homme ayant faillit, ayant prit la mauvaise route, ayant à son niveau, aidé à la perte de la magie ? Avait-il seulement ignoré ce qui se passerait lorsque lui et Firnes mourraient ? Et la dragonne, avait-elle comprit ? Il se doutait bien que oui, et malgré cela...ils avaient décidés de donner leur vie pour le peuple humain. Pouvait-on réellement condamner pareil sacrifice ? Ses doutes subsistaient.

Les mots étaient un pouvoir subtile et délicat, et si elle se trompait de mot à ses yeux, condamnant ceux qu'elle n'avait vu, son cœur transparaissait pourtant au travers d'eux pour parler plus sûrement qu'elle. Avait-elle réellement prit une mauvaise route ? Il ne prétendait pas connaître son histoire et ses choix, mais à l'aune de tout les dragonniers qu'il avait vu, elle semblait la seule à tenter de concilier l'inconciliable. Qu'est-ce qu'ils en auraient pensés, ces héros des temps passés, de cette volonté d'unification ? Pour le coup il n'aurait sut répondre. Sans doute certains avaient-ils essayés, trop tard pour changer les choses, mais si c'était le cas, aucun de ceux qu'il avait vu n'étaient de ceux là. Trop différents, trop passionnés, des étoiles filants dans le ciel nocturne et partageant des pensées trop profondes pour les simples mortels. Avaient-ils usés de leur pouvoir à mauvais escient ? Non, il ne le jugerait pas ainsi, aucun d'eux n'avait faillit à sa tâche de champion, en fin de compte, ce n'étaient pas eux les responsables. Oui, sans doute n'auraient-ils pas désapprouvé.... Pourtant tout deux, vampire et elfe, semblaient posséder deux avis très différents sur la question, tout en voguant vers le même but final. C'était très intéressant, que de le constater, et encourageant. Il la laissa aller au bout de ses pensées sans l'interrompre.

Elle était là, sa lueur, son signe... lui qui sombrait dans le chaos jour après jour, voyait enfin apparaître ce qu'il avait attendu pendant tout ce temps. Une certitude qu'il n'était pas complètement fou de vouloir choisir la raison. Pourtant, bien vite, le poids revint sur ses épaules, de même qu'un rictus amer aux coins de ses lèvres délicates. Il comprenait, évidemment, qu'elle en veuille à Lorenz, il comprenait trop bien, mais elle se trompait... Lorenz n'était pas le seul responsable. N'était-ce pas lui-même qui lui avait permit de conserver ses forces durant l'éclipse en la lançant à ses cotés ? Qui s'était occupé du reste du camp pour lui permettre de se battre en se concentrant uniquement sur le dragon blanc ? N'était-il pas coupable, lui aussi, de cette terrible perte ?

«  Je pense qu'au contraire nous devons beaucoup de choses Dame. Répondre de nos actes devant un dirigeant n'est qu'une infime partie des obligations pouvant nous êtres assignés. On dit qu'être dragonnier est un honneur, je pense que c'est au contraire la plus lourde des tâches, plus lourde encore que celle de guider son peuple. Nous devons protection et soutient pour nos liés, nous devons nous préoccuper de nos peuples, du monde, de l'équilibre.... J'aurais aimé voir le plaisir de voler en compagnie de ma dragonne comme la liberté absolue, pourtant c'est avant tout le devoir qui nous pousse à agir » Il observa avec attention le beau visage de l'elfe

«  Notre caste est méconnue, de même que nos compagnons à écailles. Pendant des siècles on nous a utiliser comme armes. La magie est une autre arme, mais elle a simplement donnée les moyens à ce conflit d'éclater, il couvait depuis très longtemps. Ce que nous vivons hélas, n'est que la résurgence du passé. Tout ceci nous pouvons y mettre fin, je vous l'accorde, mais pas avant.... pas avant que le cœur de cette guerre ne soit vaincu. Et lorsque ce sera fait... il restera des querelles à discuter. Je n'ai de haine envers personne, si je combats, c'est par devoir avant tout. Pourtant le dragonnier que j'ai faillis tuer ne me le pardonnera jamais, et comment pourrais-je lui en vouloir pour cela ? C'est ainsi. Je ne demande pas que l'on m'apprécie Dame, ni qu'on me pardonne, je le sais difficile, peut-être même impossible. Le pardon... est la plus belle des choses, mais il est douloureux, la vengeance est bien plus satisfaisante aux yeux de celui que l'on a offensé et blessé. C'est ainsi que va le monde. Puis-je prétendre être certain que mes pairs m’accepteront ? Certainement pas. Je ne fuirais pas pour autant. Mais cela représente un futur encore lointain et incertain » Il s'approcha d'elle, vint se tenir là, tout près.

«  Et vous Dame ? Me pardonnerez vous mes fautes ? Pour le bien de cette cause que nous défendons, êtes vous prête à faire fi de mes actes ? J'étais là en cette journée terrible.... et c'est par ma faute que Lorenz Wintel est à présent invincible. Parce que je l'ai attaqué, parce que j'aurais put le tuer, je l'ai forcé à boire le sang de votre compagnon... La naissance de ce monstre est ma faute la plus lourde. Le suivre en est une moindre et pourtant... j'oscille sur le fil de l'épée, plongeant à demi dans les ténèbres qu'il m'impose, et m'en réjouissant alors que je devrais les rejeter. J'ai trop longtemps rejeté mes sentiments, ce qu'il restait de mon humanité, aujourd'hui elle pourrait causer ma perte si je ne me reprend pas. Il est pourtant bien dur de s'accrocher à l'espérance quand tout autour de vous n'est que ténèbres et souffrances. Je crains même de me rapproche de ma dragonne et de la faire souffrir. Vous m'apportez cependant une lueur d'espoir aussi ténue soit-elle...peut-être, oui peut-être vais-je m'en tirer. Nous sommes peut-être les seuls à voir un bel avenir pour ce monde Dame, l'on nous prendra pour des traîtres et des fous... mais je veux croire qu'une lumière existe encore quelque part. Nous n'avons pas la même philosophie, et pourtant notre idée finale est la même. Si d'autres peuvent la partager.... mais ne crions pas victoire trop vite. Je crains qu'il ne faille asseoir de solides arguments contre la loyauté du reste des nôtres.... »

Il avait mit le doigt sur le point faible, sur la douloureuse blessure.Sciemment. Et il avait pressé, lentement, légèrement, mais c'était suffisant pour qu'elle soit troublée, et c'était évident. Et personne ne pourrait l'en blâmer, comment pourrait-on, et comment pourrait-il entre tous, alors qu'il connaissait la peur de perdre sa liée, qu'il savait la sensation de vide qu'un bref instant sans elle provoquait, et qu'il imaginait parfaitement cette sensation, décuplée à l'infinie... comme un écho de souffrance atroce. Oui il imaginait, et oui, aussi étrange que cela paraisse, il compatissait à sa perte. Lui, dragonnier, était sans doute l'un des seuls à pouvoir véritablement se targuer de comprendre son deuil et sa peine. Il savait que, sans Silarae, le monde n'était que ténèbres, que douleur et pensées atroces, et il savait, oh oui, que sans elle il deviendrait fou, irrémédiablement fou. Mais il n'avait put manquer de presser ce point sensible, car on ne découvrait la véritable sagesse de l'individu qu'en face d'une épreuve comme celle-ci. La réponse n'avait que peu d'importance en elle-même. Que l'elfe le condamne et il s'en irait sans en éprouver davantage de peine qu'une pluie de printemps, qu'elle l'accepte et elle illustrerait ses propos par quelque chose de plus fort et de plus criant que de simples mots. La vengeance était un puissant moteur, certes, mais il était aussi un combustible trop rapide et destructeur, trop instable... agir par vengeance n'assurait pas le futur, bien loin de là. Si elle se battait avec la haine au fond du cœur, elle tuerait peut-être son adversaire, mais se perdrait elle-même, car elle perdrait ce qui méritait qu'elle se batte : son intégrité, et la confiance de son dragon en elle. Si la paix était concevable, était-elle aux dépends de la décence de tous, ou bien avaient-ils un espoir pour eux de conserver ce qui faisait d'eux des êtres honorables.

Pouvait-il réellement se dire honorable ? En toute bonne foi. La question demeurait, s'attardait. Qu'était vraiment l'honneur, et pouvait-il prétendre, lui, entre tous. Fut un temps où il aurait répondu, sans hésitation, oui. Oui il aurait alors put être honorable. Mais les temps avaient changés, et à présent il avait rompu son serment de tiers parti, de raison, il s'était fait guerrier et membre de cette mascarade que l'on appelait guerre des races. Il avait tué sans raison, il avait dû abandonner ses principes.... alors était-il encore honorable d'une quelconque manière ? Il en doutait fortement, mais si il pouvait changer cet état de fait, gagner de nouveau ce qu'il avait perdu. Un travail de longue haleine certes... le voulait-il, ou préférait-il abandonner, s'abandonner en vérité, à sa propre décadence, enfin, après tant d'années, céder à la tentation d'être.... un vampire, tout simplement, chose qu'il avait refusé pendant tout ce temps. Cruelle ironie de penser à cela maintenant, alors qu'on lui demandait justement de faire abstraction des travers de sa race.

Silarae avait besoin de lui certes, mais comme lui, elle avait attendu si longtemps, au travers même du flot du temps, pour le retrouver. Et elle avait comprit. Elle lui était si semblable, et dissemblable à la fois, contrairement à eux tous. Alors oui, il savait qu'elle l'attendrait.... ils se retrouveraient en temps et en heure, quand elle serait adulte, et alors ils seraient invincibles et inséparables. C'était une vérité qui ne changerait jamais, car ils la faisait vivre et perdurer. Mais l'elfe ne comprendrait peut-être pas son choix. Après tout, chaque couple était unique, et les considérations de l'un n'étaient pas celles de l'autre. Alors il tut ce qu'il pensait, ayant bien autre chose à dire que cela. «  Non. Elle n'avait pas éclot » Non, il avait aidé Lorenz en temps que simple vampire... simple... aîné...d'une race méprisée et rejetée ; et il n'avait rien voulut voir d'autre que cela : son peuple menacé, en proie à un prédateur venu des cieux et qui détruisait des existences qui auraient put fleurir. Alors il avait combattu sans remords. Cela, pouvait-elle également le comprendre ?

«  Le savez-vous vraiment ? Comprenez-vous même ce que je ressens, la raison de mes paroles ? Ce n'est point l'argument, mais ce qu'il porte qui m'est important. Alors oui, ça l'est. Pour moi. Très important même. Car c'est là à la fois la base d'une entente et d'une mésentente » Car il était bien aisé d'affirmer comprendre ce qu'il disait, et ressentait, il était moins facile cependant d'en tirer de bonnes conclusions. Il espérait cependant qu'elle comprenne, comme elle l'affirmait. Se battait-elle pour la paix en raison de la mort de son lié, ou aurait-elle ouvert les yeux sans cela ? La question se posait, et pourtant elle importait moins que la ténacité qu'elle montrait à tenter de philosopher en sa compagnie, alors même qu'il apprenait d'elle avec chaque mot prononcés, qu'il se faisait une idée de plus en plus précise de qui elle était. Non il ne parlait pas pour rien loin de là, et ce qu'il apprenait le laissait songeur. Il jaugea ses prunelles une nouvelle fois. Silencieux. Il entrevoyait un autre débat évidement. Cette fameuse caste, cet ordre... devait-il être bâti dans l'espoir de causer la perte de Lorenz ? Ou bien pour sauver le monde ? Dans le premier cas il ne vaudrait pas mieux qu'un guerrier hurlant pour sa vengeance.

«  L'utopie est une réalité en puissance. Cependant la création d'une ordre indépendant... car c'est bien ce que vous désirez... ne peut avoir la perte de Lorenz comme gage. Baser notre coopération sur la perte d'un seul ne nous apportera rien. Et même si il est une menace, l'avenir des nôtres ne lui est pas assujettit. Il nous faudra trouver d'autres fondations » Avait-il dit nous ? Oui il l'avait dit. Une réponse finale sans en être une. «  Mais il faudra cependant nous rendre auprès des autres. Me déplacer est un calvaire pour l'instant, aussi devrais-je établir avec vous un lieu de rendez-vous et un horaire. Il nous faudra également trouver un autre moyen de communiquer, les capsules vont se voir, à force » Il cligna des yeux «  Oui. Je peux vous soutenir, mais j'ai encore un devoir envers les miens, partir maintenant m'est impossible. Je dois d'abord ouvrir les yeux de mon élève, le second dragonnier vampirique. Lorsque ce sera fait, sans doute serais-je plus libre de vous accompagner. Vers qui vous tournerez vous en premier lieu Dame ? Je sais que l'un de nos pairs, Roeric Alokor, se trouve également dans les parages. Un vampire également, mais non loyal à Lorenz. Je devais le rencontrer.... nous pourrions y aller ensemble »

Le lien qu'il entretenait avec les siens était-il moins important, moins précieux, que celui d'un dragon et de sa dragonnière ? Tout dépendait de ce que valait la vie et la gloire, le devoir, pour chacun. Il considérait beaucoup de vampires comme ses enfants, les voir mourir sous ses yeux n'était pas pour lui plaire, et, en temps que protecteur, en temps que père, il ne pouvait laisser ses enfants être massacrer, même par une créature aussi mythique qu'un dragon. Celui qui n'a aucun respect pour la vie, même du plus insignifiant des êtres, ne mérite pas qu'on lui octroi le moindre respect. C'était aussi vrai que le reste, mais pas besoin de l'expliquer. Cela, Galadrielle l'avait comprit et même parfaitement, mais exprimer un sentiment aussi étrange que le devoir paternel, pour un individu sensé être incapable de procréer, était un peu étrange évidement... Mieux valait le taire, pour le moment. Mieux valait peut-être le taire définitivement. Si un jour l'elfe avait un enfant... alors peut-être comprendrait-elle ce qu'il ressentait en voyant les siens mourir. Après tout, il n'était question que de temps et d’apprentissage, chose naturelle à ceux qui vivaient... peut-être, dans un futur plus paisible, pourrait-il discuter de tout cela tranquillement en sa compagnie, échangeant des débats purement philosophiques, mais sur l'heure les choses avaient une autre tournure et une autre importance. Ce qui était important pour le moment, c'était de se mettre d'accord sur ce qu'il convenait de faire, et sur ce qu'ils diraient, lorsqu'il faudrait parler d'une même voix devant les autres.

Qu'ils fassent preuve d'un manque d'harmonie, même faible, dans le discourt officiel et dans les idées.... Ils devaient montrer qu'eux, elfe et vampire, ennemis des temps lointains, pouvaient sans problèmes travailler ensemble pour le bien le plus grand, pas le leur, mais celui de tout le continent, de tout ce monde qu'ils aimaient tout deux à leurs manières respectives, mais qu'ils aimaient réellement. Si eux pouvaient s'entendre alors.... tout le monde le pouvait non ? C'était peut-être pure idéal que de penser ainsi, mais l'utopie n'était pas un mal en soit. Ils portaient simplement là une lumière n'ayant rien de commun avec les autres. Et ils la transmettrait probablement à d'autres, si ils parvenaient à s'exprimer avec brio... et pourquoi pas après tout ? Ils en étaient capables non ? Bien entendu il devrait parler à Sila d'abord, mais cela pouvait se faire sans aucun problème, il n'y aurait pas grand chose à dire de plus que ce qui venait de se dire, et sa compagne était assez sage pour lui offrir une réponse qu'il saurait être la bonne marche à suivre.

« évidement. J'aurais aimé être en votre compagnie, mais je doute que mon entrée dans une ville humaine soit aisée de nos jours. Je risquerais plus de bloquer la conversation hélas... Mais soit, dans deux semaines, ici. Et d'ici là j'aurais retrouvé la trace d'Alokor et nous irons ensemble lui parler. J'ai moi-même beaucoup à lui dire....  »

Ah ça ! Depuis le temps qu'il devait lui parler ! Et lui remettre les idées en place au sujet de sa précieuse Isyndar. Pareil joyaux devait être protégé avec constance, pas abandonné au milieu d'un champ de bataille pour être tuer par le premier vampire venu. Et si elle était tombée sur Lorenz ? Hein ? Elle serait morte, la pauvre petite... et lui inconsolable.

« Nous propagerons nos idées, ceux qui désirent nous suivre viendront, les autres... comprendront, par la force des choses, et nous les accueilleront alors. Nous ne pouvons faire mieux. Hélas. Notre première réelle épreuve sera sans doute la rencontre de ce dragonnier vampirique. Je parle, évidement, d'une épreuve commune. Un premier test de notre capacité à agir ensemble. D'ici là je tenterais de vous apporter de nouvelles informations... si possible. Je parlerais également à ma dragonne. Mais en attendant la nuit s'avance, et il ne fait pas bon être dehors à cette heure ci pour vous, Dame. Les coupes gorge de Lorenz vont se répandre dans les parages malgré mon interdiction.... mieux vaux nous séparer maintenant, et trouver un nouveau moyen de communiquer, un oiseau peut-être, ou un sortilège... nous verrons  » Il s'inclina de nouveau, puis lui sourit

« Je suis heureux de vous avoir rencontré  »

[Hrp : Rp terminé il me semble ^^ je voyais pas trop quoi ajouter, sauf si tu as une idée]