La ronce a des épines, mais s'en sert-elle ? [Pv Kedrildan, Elrond & Möebius]

[HRP/ Pardon du retard. Si la localisation spatiale du rp pose souci, mpez-moi rapidement que je la change. /HRP]

Le temps fuyait, proie écervelée jamais attrapée qui toujours courrait droit, en dépit des mains tendues, des yeux clos et des larmes retenues. Indifférente aux jours passées en cela qu'il n'avait pas fait d'elle l'égale de ses aïeules, Trissi rongeait son frein. Elle connaissait le moindre recoin de la tente qu'elle partageait avec Kedrildan, elle ânonnait quelques mots de langue commune et parvenait presque à s'exprimer de manière intelligible bien qu'avec maladresse, lorsque l'envie lui en prenait.

Elle avait acquis quelque agilité, se mouvant sans grâce mais avec fluidité, usant de ses griffes pour grimper et de ses ailes pour amortir ses bonds. Bien vite lassée des maigres jeux que recelait la tente, ennuyée de chasser des ombres et de piéger des insectes égarés, l'argentée préférait céder à la torpeur en l'absence de son lié. Et dans ses rêves à demi, elle affinait ses désirs comme d'autres aiguisent leurs lames.

° Kedrildan, je veux revoir les bois anciens. ° avait-elle dit.

L'argentée n'avait pas justifiée ce caprice, pas plus qu'elle ne s'encombrait d'excuse lorsqu'elle refusait telle ou telle proie apportée ou lorsqu'elle renonçait d'avance à quelque expédition proposée.

Dans ces souvenirs qui ne lui appartenaient pas, elle entendait le bruissement des arbres, respirait le parfum de l'humus, elle se glissait dans l'eau claire et délicieuse des ruisseaux, se vautrait dans les cascades, et abattait un cerf sur l'herbe tendre d'une clairière.

Les voix de ses aïeux l'avaient tant blessé, lui contant mille merveilles dont ce monde n'était qu'un pâle reflet. Les dragons ne fendaient plus le ciel de leur vol, ils étaient rares et pour la plupart, aux prémices de leur existence. A en croire ses souvenir, les vieux bois ne changeaient pas ou très peu, même de mémoire de dragon.

Si l'argentée voulait s'assurer que ses souvenirs recelassent autre chose qu'un tissu de menterie, elle devait s'y rendre par elle-même. Dans un instant de fureur, l'un de ses aïeux avait l'une des racines d'un arbre millénaire, imprimant sur l'écorce le tranchant de ses griffes. Si cela était vrai, elle donnerait foi au reste.

Seulement, son vampire de lié ne l'entendait pas de cette oreille. Elle avait beau insister, il esquivait sans cesse, usant de parades qu'elle ne comprenait pas. A l'entendre, un danger les guettait s'ils allaient dans cette direction, les bois qu'elle convoitait étaient devenus un territoire ennemi. Ridicule. Les dragons n'avaient pas d'ennemis. Mais les dragons volaient. Chassaient seuls. Elle lui montrerait.

La petite dragonne avait broyé du noir et ruminé de sombres pensées, deux disciplines où elle excellait sans nécessité d’entraînement, puis s'était réfugiée dans une douce mélancolie, infusée des rayons de lune qui remplaçaient son soleil. Morose, résignée dans l'attente, ses jeux se faisaient plus rares et mimaient plus souvent des assauts meurtriers, quelque plante infortunée ou quelque fragment d'un cadavre se faisant lacérer par les griffes de la dragonne.

Inquiété par l'attitude de l'argentée, ou sensible au fiel des banalités qu'elle lui servait en lieu et place du babillage inquisiteur auquel elle l'avait habitué, le vampire avait finalement cédé à l'idée d'un voyage. La dragonne avait prétendu n'en avoir cure, arguant du fait que la destination ne lui plairait pas. Il eut pu en être ainsi si Kedrildan ne l'avait pas si bien connu et utilisé contre elle l'un de ses travers et non des moindres : la curiosité. N'avait-elle pas exigé de lui un secret ? Comment ne pourrait-elle pas se montrer curieuse de voir les lieux qui l'avaient vu grandir, et de s'émouvoir de la faiblesse inévitable de la mémoire des humains ? De cela, elle ne devrait jamais savoir si elle le moquait ou l'enviait.

Pour autant, l'argentée ne se donna pas la peine de faire des préparatifs. Tout juste avait-elle laissée à son lié le soin de se préparer, d'emporter quelques provisions, et même de joindre à leur expédition le destrier vampirique. Aux premiers temps, l'argentée avait fait la fière, ouvrant la marche et progressant de sa démarche chaloupée, évoquant davantage le dandinement d'une oie que la majesté d'un dragon, mais bien vite, elle s'était réfugiée dans les bras de Kedrildan, ailes et cou repliés mais les yeux mi-clos. Au prétexte d'un instant de repos, elle avait ainsi passé l'essentiel du voyage, ne mettant pied à terre que lors des haltes qu'ils prenaient.

Au loin, elle reconnaissait parfois la silhouette familière d'un relief montagneux, le galbe d'une colline ou le cours capricieux d'un fleuve, ravivant sa soif de revoir les bois anciens. Sûrement n'y aurait-elle fait qu'une halte fugace, mais ils avaient pour elle l'attrait d'un fruit défendu, porteur d'un appel aussi meurtrier qu'irrésistible. Le voyage devint rapidement - pour l'impatiente dragonne – interminable.

Le vampire ne savait guère estimer la distance qu'il leur restait encore à parcourir. Il prenait soin d'éviter les routes principales et les bourgades trop importantes. Peut-être aurait-il pu se mêler sans trop de risque à la grande foule d'une ville, mais la discrétion n'était pas le fort de Trissi, qui ne faisait pas le moindre effort en la matière.

A la faveur de la nuit, ils avaient fait halte dans un village déserté. Un incendie avait emporté la plupart des bâtisses, et seuls subsistaient un puits solitaire et la devanture de pierre d'un ancien forgeron. Malgré les mises en garde de Kedrildan qui se serait volontiers écarté, l'Argentée avait cavalé sur la margelle du puits, guettant son reflet en son cœur pour n'apercevoir que celui d'une lune lointaine.

A force d'insistance (et de plus de patience que n'en avait Trissi), le vampire était parvenu à la ramener à l'écart du village pour trouver refuge dans l'ancien lavoir. Agitée, la petite dragonne n'avait pas cherché le sommeil, si tant est qu'elle jouait encore avec l'eau du ruisseau lorsque l'éclat du jour la para de reflets d'or.

° Nous aurions dû aller aux bois. Les elfes ont plus de mémoire que les humains, ils n'auraient pas attaqué un dragon.°

La petite dragonne avait répété cette litanie tout le chemin durant.

Elle aurait pu l'abandonner, fuir pour qu'il la rattrape encore, comme toujours. Elle ne pouvait souffrir que le vampire refusât de céder à ses envies sans avoir pour autant acquis l'envergure nécessaire pour assouvir seule ses désirs. Peut-être aurait-elle pu demander à Shaynar, mais c'était d'autres faveurs qu'elle espérait de lui, et l'heure n'était pas encore venue.

° Viens. Quelques pas tout au plus. Me refuserais-tu cela ?°

Il lui arrivait encore de le tester. Mais ce jour-là, c'était un jeu non dénué de malice. Trissi n'atttendit pas qu'il réponde pour retourner trottiner vers la place du village. Le soleil lui réchauffait les ailes d'agréable manière, doux réconfort après la fraîcheur des pierres du lavoir. Bondissant de nouveau sur le rebord du puits, elle avisa un motif en mosaïques sur le centre de la place qui lui avait échappé. Non que la nuit ait altéré sa vision, elle n'avait simplement pas prêté attention, trop occupée qu'elle était à scruter le fond du puits.

A bien y regarder, l'on y reconnaissait un dragon, mais la petite argentée avait beau tordre le cou, elle ne décelait pas le sens des lettres qui étaient inscrites autour. L'oeuvre datait-elle d'un temps ancien où ses pairs étaient encore maîtres du ciel, ou avait-elle été créée après, hommage silencieux à un peuple disparu ?

°Kedrildan,° avait-elle murmuré, comme si son nom seul recelait un enchantement.

° Qu'y a-t-il d'écrit ?°

Le regard opalescent de la petite dragonne allait de la mosaïque au vampire, comme si cette manoeuvre eut pu lui apporter quelque éclaircissement.

{hrp: désolée pour le retard, à Moë ou Elrond d'écrire après moi ^^'}

Depuis qu'elle avait éclot de son œuf, Trissi était tout simplement intenable. Et puis le temps passait et qu'elle grandissait peu à peu, plus son caractère devenait impossible. Madame n'était jamais contente de sa viande, madame voulait sortir, madame voulait rester au calme, etc... Et là, aujourd'hui, madame voulait aller explorer les lieux. Jamais Kedrildan n'aurait pensé que se lier à quelqu'un allait lui apprendre de façon aussi radicale la patience qui était selon les humains la vertu par excellence. C'était donc en essayant d'être ferme et intransigeant qu'il lui avait refusé l'accès à son désir et que c'était avec une satisfaction plutôt malicieuse et victorieuse qu'il la contempla en train de bouder. Par contre, une chose qui n'avait pas changé c'était tout simplement que, elle, elle n'avait pas apprit à attendre qu'une meilleure occasion se présenterait à elle, non : il fallait que tout arrive tout de suite. D'accord elle avait une mémoire ancestrale, les souvenirs de ses aïeux virevoltaient dans son esprit au point de faire germer puis fleurir son désir de voir le monde, de marcher dans les traces de ses ancêtres : elle voulait devenir adulte maintenant mais la nature faisant son travail, c'était tout simplement impossible et elle faisait sentir avec art à quel point ce constat ne lui plaisait donc pas. C'est donc en campant sur ses positons que le roux lui refusa cette envie mais c'était sans compter à quel point l'argenté était retorse puisque de son refus, elle fit naître en elle une tristesse et une noirceur, violente puis larvaire, un flegme qui ne lui ressemblait pas et qui angoissait peu à peu mais sûrement le vampire. Allait-elle faire une bêtise irréparable ? Il avait déjà vu des vampires sombrer dans cet état et tous ne survivaient pas bien longtemps... Grondant de frustration, Kedrildan finit par aller la voir et lui donna son accord du bout des lèvres, fulminant en silence de s'être fait avoir : il ne pouvait décidément rien refuser à Trissi.

Pourtant, loin de voir l'enthousiasme fleurir dans son cœur et pétiller dans son esprit, elle lui répondit d'une mollesse vexante qu'elle n'en ressentait plus le désir. Non mais elle se fichait de lui ? Oui il avait un amour incommensurable pour être raison mais en aucun cas ça ne l'avait privé de son amour-propre et de sa fierté ! Alors maintenant qu'il avait finit par lui dire oui, elle allait bougé son royal postérieur écailleux pour y aller si elle ne voulait pas manger du miteux ragondin pendant les trois semaines à venir nom d'un troll ! Sans compter qu'heureusement que sire Achroma l'aidait à devenir un peu plus intelligent et subtil puisque cela lui avait permit de titiller le point faible de sa compagne qui se révélait être une curiosité maladive. Bon, évidemment il ne lui ferait pas visiter les bois elfiques comme elle le souhaitait mais il pouvait toujours l'emmener voir un peu plus du monde humain après tout : ce royaume ne se résumait pas qu'au campement vampirique ou au bois où elle s'était fait attaquée.

- Viens, je vais te montrer l'endroit où j'ai grandit avant de devenir vampire : c'est un lieu sans danger pour toi d'accord ? Fit-il en jouant donc avec sa curiosité, harnachant sa monture qui gardait une profonde rancune envers la dragonne mais ne pouvait cependant pas se dérober aux demandes de son cavalier.

Les préparatifs terminés, ils quittèrent le campement discrètement et firent donc le chemin jusqu'au fameux village qu'il avait détruit joyeusement il y a plus de 400 ans, la route se faisant tranquillement et de nuit puisqu'il ne supportait pas le soleil à cause de son éclat bien trop agressif pour sa peau de vampire. Cependant, il y avait une petite touche qu'il avait précieux pendant le voyage : le fait qu'elle se sentait bien dans ses bras qu'elle n'avait pas quitté après deux-trois jours à se dandiner comme une grande sur le chemin. Il se sentait tellement bien et heureux quand son petite corps tout frémissant et frétillant était contre le sien : il se sentait surpuissant et protecteur, il se sentait complet.

Quand ils arrivèrent à un village déserté, Kedrildan le reconnut et il réussit à se repérer, faisant une halte pour reposer sa monture, avant de rentrer tout ce beau monde à l'abri dans le lavoir abandonné.

- Je reconnais cet endroit, nous sommes à environ 3-4 jours de mon ancien village, dit-il tranquillement avant de rouspéter en se rendant compte qu'elle s'était éclipsée vers le puit qui semblait la fasciner. Trissi ! Mais arrêtes toi 5 minutes à la fin ! Et reviens ici ou tu vas tomber dedans ! Gronda-t-il en allant vers elle, la soulevant pour la ramener menu militari jusqu'à leur abri de fortune. Tu dois être épuisée alors essais de te reposer un peu d'accord ? Ils nous restent encore quelques jours de voyage et je pense que je vais t'apprendre à chasser : il y a un bois pas très loin de mon ancien village et à l'époque ça grouillait de délicieux animaux, lui dit-il tranquillement en la reposant à terre.

Il ne savait pas si elle l'avait écouté ou non mais de toute évidence, elle paraissait beaucoup trop occupée à jouer et explorer un lieu plein de surprise et de mystère, différent du campement qu'elle avait sillonné en long, en large et en travers, un nombre incalculable de fois. Soupirant doucement, il la laissa faire et attendit patiemment qu'elle s'épuise pour la faire dormir dans le creux de sa cape, serrée contre lui, avant de déchanter en voyant que la nuit finit par s'évanouir sans avoir emporté la jeune dragonne au pays des rêves. C'était si rare pour Trissi de voir le soleil et la lumière du jour, et Kedrildan put voir son enthousiasme décupler comme une fleur : lui qui ne dormait pas avait fortement l'impression que par moment son énergie et ses caprices l'épuisait.

- Il n'est pas question d'aller dans les bois elfiques et je t'ai déjà dit pourquoi mon cœur : en voyant un vampire entrer dans leur territoire, ils vont rapidement m'épingler et abréger mes souffrances, expliqua-t-il de nouveau. Et s'il voit que je suis dragonnier, ils vont te prendre à moi et m'emprisonner loin de toi ! Nous sommes des ennemis héréditaire Trissi alors essais de retenir cette simple notion basique, s'il te plaît, soupira-t-il en se frottant les tempes.

… Une minute là, elle va où comme ça ?! Ébahit, il finit par grogner de plus belle en la voyant retourner vers le puit : un de ces quatre, elle va finir par tomber dedans et il n'avait pas la moindre idée de comment faire pour la récupérer. Peut-être un sortilège... Hmm faut voir lequel quoi.

- Non Trissi, il y a du soleil et tu sais que ça affaiblit les vampires... Grimaça-t-il avant de soupirer et de s'emmitoufler dans sa cape, baissant le capuchon avant de s'avancer jusqu'à elle alors que quelque chose semblait l'avoir calmé en attisant furieusement sa curiosité. Qu'est-ce qu'il y a ma douce ? Demanda-t-il avec curiosité, s'accroupissant vers le sol.

C'était la gravure qui semblait la rendre perplexe. Décrassant au maximum qu'il pouvait, il admira le dessin avant d'essayer de déchiffrer les lettres comme Achroma lui avait apprit, se mordillant les lèvres avant de sourire doucement en regardant sa dragonne.

- Il s'agit là en fait d'un hommage à l'avènement d'un dragonnier humain : on raconte que l'un des œufs à choisit un petit garçon de ce village et les habitants ont décidé de graver cela dans l'histoire en créant cette place, lui raconta-t-il avant d'essayer de trouver une date pour fixer ce fait dans le temps. Hmmmm je crois que... Ah trouvé ! Wahou ! C'est extrêmement vieux dis donc, ça date du temps où il y avait beaucoup de dragon sur cette terre d'après ce qui est écrit ! S'exclama-t-il en se mettant debout, les mains sur ses hanches.

Peut-être que sire Achroma connaissait cette histoire : après tout c'était un ancien humain et il avait connu les derniers dragons. Hmmmoui c'était possible, il fallait qu'il lui demande pour ne pas oublier tiens. Alors qu'il contemplait en souriant la fascination de sa petite argenté, les sens du vampire se mirent en alerte et il dégaina rapidement ses dagues en regardant aux alentours. Saloperie d'os à moelle de troll ! Il savait qu'ils n'auraient pas dû quitter l'abri du lavoir ! Restant près de Trissi pour la protéger, Kedrildan regarda autour d'eux.

- Qui est là ? Montrez-vous ! S'exclama-t-il méchamment.

[Hrp: voilà! j'espère que ca vous conviendra, désoler d'avoir mis du temps mais j'ai choppé la crève >< alors ca n'aide pas.]

¤ Contacte comique, pour une des parties tout au plus ¤

Ils galopaient, majestueux, sauvages et indomptables. C'est créatures libres parcourant les terres de l'Empire comme si c'était leur territoire. Par troupeaux entiers, ils martelaient le sol de leurs sabots. La terre tremblait à leur approche, malmenée par leurs courses effrénées et dévastée par leur appétit vorace. Plaines fertiles à l'herbe verte et grasse, plier et arraché par leurs trains de vie. Ils faisaient rêver, rêver à la liberté sous sa forme la plus pure. Traqué et capturé par les hommes qui arrachaient ce sentiment de liberté. Avant de les dompter et de les monter pour les conduire droit à la mort, par le combat ou par le travail.

Marchant à travers la plaine, quelques collines s'étendaient au loin. Vêtu d'une cape rouge, un individu se dévoila. Cela fait maintenant un moment qu'il n'avait pas fouler les terres des humains à nouveau. Pas depuis cette bataille. Il n'en avait pas gardé de très bon souvenir et ne souhaitait pas se les rappeler. Le pire moment étant sans doute celui ou ses mains étaient recouvertes du sang du dragonnet doré Atalos. Il avait bien sûr réussit à le sauver de la mort, mais il s'en était fallut de peu. Pourquoi donc revenir sur cette terre qui raviverait de si sombres pensées ? Aucune idée précise, seulement une envie de voyager, de se balader. Faire découvrir un peu le monde à l'écailleux bleuté et se changer les idées. Le vent était fort, faisant soulever les vêtements du bonhomme aux oreilles pointus, ainsi que ses cheveux aux reflets ensoleillés qui virevoltaient dans tous les sens, tel une danse endiablée. Le ciel était dégagé, pas un nuage, à part peut-être un ou deux cumulus qui passaient au-dessus de leurs têtes de temps à autres.

Alors pourquoi ? Pourquoi ce bruit sourd qui s'entendait au loin ? Pourquoi une impression dérangeante, comme le calme avant la tempête. Des éclairs tambourinaient le sol et se rapprochaient rapidement, très rapidement, peut-être même trop. Au loin, une tache noir se forma et commença à se rapprocher de plus en plus des deux liés, si bien qu'elle devint distincte et que les formes qui la composaient étaient clairement visible pour les yeux de l'archer. Une centaine, sans doute un peu plus où moins. Un troupeau entier de ces magnifiques montures, libres et sauvages qui parcouraient la plaine et fonçaient droit sur eux. Était-ce un signe ? Un signe que marcher ne serait plus une obligation depuis qu'ils avaient quitté le Wylorel ? Ramenant son dragon vers lui, l'homme du beau peuple leva son bras, le tendit, paume ouverte, ciblant la tête de file. Il resta là un moment attendant que les équidés se soient rapprochés avant de refermer son poing. Le troupeau finit par s'arrêter non loin de lui. Elrond n'avait eu qu'à diriger l'étalon principal par l'esprit pour que la harde complète ne s'arrête. Regardant le bleu d'un œil entendu, le rouge vint prendre place sur le dos du mâle dominant saisissant son crin avant que le troupeau ne reparte, mais cette fois-ci dans la direction que désirait l'elfe.

La chevauchée dura deux jours avant que nos deux comparses ne quitte le groupe et que Elrond choisisse de les libérés. Le dragonnier c'était rapproché autant que possible d'un village, mais s'il s'avançait plus loin dans le royaume des humains en détournant un troupeau de chevaux, cela paraîtrait suspect. Même s'ils étaient passés proche d'un village, ce dernier semblait avoir été abandonné et sans âme qui vivent. Peut-être y ferait-il un détour sur le chemin du retour. Quoi qu'il en soit, le lendemain soir, c'est un second village abandonné qui se présenta à eux. Bizarre, un village vide peu passer, mais deux... Parcourant l'endroit, il en déduit que ces habitants avaient dû fuir suite aux récents mouvements des vampires qui avaient donné lieu à une bataille. Peut-être faudrait-il apprendre aux humains comment créer une barrière comme les elfes pour les protéger. Ils pourraient vivre en paix, même si à tous les coups, ces coquins de vampires trouveraient encore un moyen de leurs chercher des noises. Surtout quand ces derniers sont leur principale source de nourriture. Mh, ne pourraient-ils pas boire du sang d'animaux plutôt ? Le terme animaux dans le sens des elfes, pas de ces créatures de l'ombre pour qui l'être humain était un animal.

Décidant de se poser ici pour deux jours, l'elfe s'approcha du puits du village qui contenait une inscription, mais il n'y fit pas réellement attention, se contentant de prendre le seau, avant de le plonger dans le liquide et de l'emporter avec lui en allant à l'extérieur du village ou une dizaine d'arbres assez groupés sortaient de cette plaine immense et insipide. Descendant de quelques flèches les oiseaux qui serviraient de dîner au bleuté, en lui laissant également la liberté de se dégourdir les jambes pour essayer d'en chopper lui-même. Après un bon repas les deux liés partirent dans les bras de Morphée. La nuit fut très courte et le sommeille très revigorant. Se préparant pour l’encas du matin, l'elfe retourna au village armé du seau pour le remplir à nouveau. Accompagné du bleuté qui le suivait bon train ou ouvrant la marche par moment, semblant moins grognon que d'habitude. Sans doute parce que la journée s'annonçait belle, le blond et l'écailleux arrivèrent à nouveau au village. S’approchant du puits, ils passèrent non loin d’un lavoir ou une voix se fit entendre. Particulière et un tantinet plaisante aux oreilles du sylvain. Ne se laissant néanmoins pas distraire, l'Amarië prévint son dragonnet de rester discret. Lui aussi se rendait au village, tout en le suivant, Elrond écouta sa conversation. Il n’était pas seul.

Ce fut, presque sans surprise cette fois-ci, qu'il découvrit un autre dragon suivi de près par un être des ombres. Son regard se voila de méfiance, mais pas totalement, espérant au fond de lui que ce vampire-là serait comme celui qu'il avait rencontré au village de Feusacré, un traite à son peuple. Il demanda à Moebius de ne pas bouger, préférant l'observer avant de juger.

« « ... Et s'il voit que je suis dragonnier, ils vont te prendre à moi et m'emprisonner loin de toi ! ... » »

Hein ? Quoi ? Mais non, les elfes ne sont pas si stupide que ça, ils ne vont pas séparer deux liés sachant que cela amènerait à la mort du dragon, dragon qui est vital, même s'il est à l'ennemi. Non non, ils trouveraient une solution beaucoup plus respectable. Ils les enfermeraient tous les deux dans un trou sans lumière. Ainsi ils vivraient et le dragon ne représenterait aucune menace, car ainsi vivant dans une pièce sombre et étroite ce dernier finirait déformé, recroquevillé sur lui-même.

Cependant, avant d'en arriver à des solutions si drastique autant voir si un dialogue est possible, d'autant plus que ce rouquin ne semblait pas trop dangereux, pour le moment. Il reste néanmoins un vampire qui possède des crocs. Petit à petit ils arrivèrent au village, Elrond fit un détour passant derrière un bâtiment qui se révéla être une ancienne forge. Répétant sa mise en garde au bleuté, l’archer grimpa sur le toit de ce qui était une ancienne forge, se posant sur la cheminée et observant les deux autres liés. Peu de personnes lèvent la tête en générale, c'est bien pour ça que les elfes vivaient dans les hauteurs des arbres. Le seau toujours près de lui, le magicien le fit léviter, son arrogance laissant place à une espièglerie passagère. Lentement le sceau se positionna au-dessus du dragonnier emmitouflé dans sa cape pour se protéger du soleil. Ce dernier n'était pas très attentif à son environnement, dans d'autres circonstances et si ce n'avait pas été Elrond, le rouquin doré aurait déjà reçu une flèche entre les deux yeux. Retournant le seau, la poignée en tournant provoqua un bruit qui mit finalement en alerte les sens du sans-vie.

Farouche, sauvage et méchant, rien que par ces gestes et les paroles qu'il venait de cracher comme du venin le dragonnier vampirique montrait que ses dents n'étaient pas là uniquement pour la décoration. Mais il était trop tard, lâchant son emprise sur le seau, ce dernier vint tomber sur la tête du sans-vie hargneux, venant capturer la tête de celui-ci en sa cavité. Un éclat de rire s'en suivi avant que la voix claire de l'elfe toujours assis sur sa cheminée ne se fasse entendre.

« Que comptiez-vous faire avec ces couteaux à couper le beurre chère vampire ? Nous préparer une spécialité culinaire vampirique que le reste du monde ignore ? Allez-y je suis tout ouïe. »

Le rouge finit par se redresser et vint glisser sur le toit pour retomber au sol, atterrissant sur ses deux jambes à dix mètres du roux et de l'argenté. Avions-nous là un autre tour du Dracos ? Rouge et bleu, Argent et or, maintenant Cuivre et argent à peu de choses près. Elrond était impatient de voir comment étaient les autres couples. Mais revenons-en au sérieux, un sourire provocateur, empreint d'une arrogance déconcertante, muni d'une touche de malice. Le sylvain marcha lentement comme pour tourner autour de sa proie suivi de Möebius qui sortait de l'ombre du bâtiment de la forge.

« A mon humble avis, vous feriez mieux de ranger ces couteaux. Si ils coupent, vous pourriez vous blesser. »

Pas très correcte pour une approche qui se voulait, mh comment dire ? Amicale, en quelque sorte ? Mais Elrond savait ce qu'il faisait.

La nuit, le jour, l'un et l'autre se succédait sans cesse alors que le jeune dragon lui ne vieillissait pas, du moins pas aussi vite qu'il aurait aimé. Il est certain que depuis quelques jours après son retour du champ de bataille, où il avait aidé son dragonnier à sauver Atalos et à récupérer un grimoire très ancien pourvue d'une grande puissance, sa taille avait largement augmentée. Il n'était pas encore tout à fait de la taille d'un poulain, mais nul doute que d'ici quelques semaines ce serait le cas. Ses aptitudes pour la chasse avaient décuplée avec sa croissance. Sans oublier qu'il était maintenant capable de voler. Il ne pouvait s'envoler ni très haut, ni très loin, mais il en était capable. En revanche, un détail à noter qui avait paru étrange à Elrond, c'est que Möebius semblait incapable de souffler la moindre flamme. Normalement à son âge il aurait au moins dû être capable de faire quelques étincelles, mais ici rien, il semblait dépourvue du feu sacré que tous les dragons semblaient avoir. Mais ce n'était pas vraiment un soucis pour le jeune dragon, ses études sur la magie et l'histoire de la terre sur laquelle il se trouvait avait bien avancée. Il avait appris beaucoup de choses et le langage des hommes et des elfes n'avaient plus aucun secret pour lui. Cependant, il restait encore très silencieux vis-à-vis des autres. L'elfe avait tenté de lui forcer la main pour l'obliger à parler, mais cela s'était soldé par une morsure et une escapade solitaire du dragon. Néanmoins, sa soif de connaissance ne semblait pas connaître de limite, aussi eut-il l'envie de voir un peu plus la plaine qu'il avait traversée à la hâte la dernière fois pour fuir les armées vampiriques et humaines qui s'affrontaient.

Après quelques discussions avec sa lumière, ils s'étaient mis d'accord sur le voyage. Elrond en avait lui aussi un peu marre de la verdure et de rester au même endroit trop longtemps. Seulement, au moment de leur décision, il était déjà bien tard et l'elfe décida d'aller se coucher pour partir le lendemain à la première heure. Möebius lui n'avait pas encore sommeil et son ventre lui rappela qu'il aurait besoin de se nourrir avant d'aller dormir. Sortant de la cabane elfique dont il se servait comme refuge, il huma l'air comme il avait pris l'habitude de faire lorsqu'il avait besoin de chasser. Il ne sentit pas de gibier à proximité, aussi commença-t-il sa marche silencieuse au travers de la forêt pour tenter de trouver une piste encore fraîche. Ses écailles bleuté semblaient recouverte d'un voile sombre à la lueur de la lune à demi caché derrière les nuages et le feuillage de la forêt. Ses yeux étaient à présent aussi bleue que les profondeurs des océans, alors que sa carrure restait assez fine et peu développée. L'empreinte de ses pas restaient marquées dans l'herbe, une forme assez longue mais peu large avec quelques traces de griffures aux extrémités. Sa queue battant derrière lui, le jeune dragon respirait aussi lentement qu'il lui était permis. Il devait garder son calme et rester concentré. Ce n'était pas vraiment son genre de s'agiter inutilement, mais pour cette chasse, il avait envie de faire les choses vite et bien. Ce n'est qu'après quelques minutes de traque olfactive qu'il repéra une odeur de lapin non loin.

Vérifiant que le vent ne portait pas son odeur en avant pour éviter de se faire surprendre par l'animal avant d'arriver, il s'approcha lentement, très lentement. Il se déplaçait si doucement qu'on avait l'impression qu'il se trouvait immobile. Puis, posant délicatement la patte avant gauche sur le sol pour ne pas produire le moindre son, il s'avança quelque peu. Il devait gérer précisément sa démarche, car sa proie ne resterait pas au même endroit indéfiniment. Ce n'est que lorsqu'il fut plus qu'à un bond de lui qu'il passa à l'action. Prenant appuie sur ses pattes arrières pour plonger sur le lapin, il déploya sa conscience soudainement dans l'esprit de sa proie pour la perturber encore plus. Ainsi, ne sachant dans quelle direction fuir il ne pu réagir à temps lorsque les griffes du dragon ainsi que sa mâchoire s'occupèrent de lui tordre le cou. Ce n'était pas un gros lapin, mais il serait suffisant pour lui remplir l'estomac et passer la nuit tranquille. Il pris le temps de ramener sa proie jusqu'à la cabane qu'il considérait comme sa tanière. Là devant le petit ruisseau qui s'écoulait paisiblement devant lui, Möebius dévora le fruit de sa chasse, il en savoura le goût et la chaleur qui se dégageait de l'animal mort encore récemment. Il avait une préférence pour les oiseaux, mais il ne faisait pas non plus son difficile. L'important étant de manger.

Après s'être repu, il monta sur le lit ou dormais son dragonnier. Il monta jusqu'au niveau de l'oreiller et poussa légèrement la tête de l'elfe pour prendre la place. Il avait tout le reste de lui pour lui, alors il n'aurait aucune raison de se plaindre. Son sommeil fut tranquille et il fut le premier à s'éveiller en ce jour qui marquerait le début d'un nouveau voyage. Malheureusement pour son dragonnier, le jeune dragon était pressé de partir à l'aventure et il ne cessa de titiller Elrond pour le sortir de son sommeil. Il lui mordillait les mains, lui faisait de petits grondements dans les oreilles pour le réveiller. Cela lui pris une bonne quinzaine de minutes avant que ce dernier ne s'éveille avec mécontentement. Puis après s'être préparé, ils se mirent en route vers les grandes plaines. Comme lors de leur dernier voyage, ils empruntèrent le même courant d'eau dans une barque similaire. Mais contrairement à la dernière fois, ils ne se dirigeaient pas vers la ville humaine. Une fois sortit du bois, tous deux allaient vers le nord dans la grande plaine. L'endroit était assez plat et pas forcément très intéressant géographiquement, mais il émanait du lieu une sensation de liberté qu'on ne retrouvait pas dans la forêt. Quelques jours de marche eurent vite raison des jambes de son elfe. Ce dernier céda à la facilité en voyant un groupe de cheval sauvage se diriger vers eux.

Le jeune dragon aurait bien tenté de continuer à patte, mais il devait bien admettre qu'il était moins rapide qu'un cheval et aussi moins endurant, aussi, lorsqu'il grimpa sur une monture, il pris soin de ne pas y planter ses griffes pour ne pas faire souffrir la bête inutilement. Mais voyager ainsi était éprouvant pour le dragon, son équilibre sur l'animal était précaire et il n'appréciait pas vraiment les remous que produisait le galop. Il fut bien soulagé que l'elfe décide de se reposer lorsqu'ils quittèrent le groupe chevalin. Son sommeil fut rapide et sombre, mais suffisant pour lui permettre de retrouver ses forces le lendemain. Il suivit Elrond qui se dirigeait vers un village aux allures déserte. Bien qu'après quelques déambulations sans importance l'elfe lui somma de rester ici et de ne pas faire le moindre bruit, Möebius ne l'entendais pas de cette oreille. Il déploya son esprit pour savoir ce que ce dernier avait perçut et il ne fut pas vraiment déçu du voyage. Un vampire avec un dragon. Ce n'était pas ceux qu'il avait rencontré lors de la bataille, ce dragon-ci dégageait une autre aura. Cela attisa un peu plus sa curiosité, mais l'elfe commençait déjà à faire son malin et à grimper sur le toit. S'il en avait la capacité, il aurait volé au-dessus de la forge, comme l'appelait Elrond, pour l'attraper et le faire redescendre. Seulement son esprit était plein de malice et il s'occupait déjà d'embêter le vampire qui avait plus que raison d'être sur ses gardes.

Lorsque sa lumière pris la peine de descendre pour faire plus ample connaissance, le dragon aux écailles bleuté sortit de l'ombre de la forge derrière laquelle il se trouvait. Il ne redoutait pas vraiment le vampire où le dragon, car Elrond et lui était plus expérimenté et plus fort, seulement, si ce dernier n'était pas seul et qu'il se mettait à appeler ses camarades pour venir l'aider, les deux liés seraient à nouveau dans de gros problèmes. Möebius pris la peine de s'asseoir pour observer la scène de là où il se trouvait. Il était curieux de connaître la relation entre les deux nouveaux liés qu'il voyait. Mais une chose le laissa songeur, il avait rencontré jusque là que des dragons et dragonnier ennemi. Seul Atalos et lui-même semblaient être ici pour défendre la vie. C'était inquiétant de voir le nombre d'ennemi grandir alors que les alliés ne cessaient de s'affaiblir. Même s'il devait bien avouer que les vampires dragonnier qu'il avait croisé n'étaient pas vraiment agressif envers eux, en dehors de celui qui semblait s'acharner à faire souffrir Elrond lors de la bataille. Il se souvenait également de cette aura noire et terrible qu'il avait ressentit plusieurs fois, un être qui avait commis l'irréparable et qui ne pouvait qu'inspirer l'antipathie et le dégoût. Bien que le dragon n'appréciait ni les humains, ni les elfes, en dehors d'Elrond, les vampires, eux, lui inspiraient plus de méfiance que de haine. Ces derniers étaient réputé pour détruire tout ce qu'ils touchaient, même pire, ils en arrivaient à corrompre les autres races pour qu'ils se battent à leurs côtés. Une idée effrayantes pour le bleuté, mais il doutait que l'elfe soit assez bête pour se faire avoir ainsi. Au pire, il serait là pour le protéger, comme toujours.

La distraction naturelle de l'Argentée découlait de la même veine que son immense fierté. Ce n'était pas qu'elle était sotte ou suffisamment obtuse face aux voix qui peuplaient sa mémoire au point de renoncer à toute forme de prudence, mais s'il avait fallu qu'elle se consacra à d'autres choses qu'à la satisfaction de sa curiosité première, sa grandeur en aurait pâti.

Sous la caresse de l'astre solaire, la mosaïque luisait et les pierres colorées se parant de reflets fabuleux, révélant la riche facture d'une œuvre qui, contrairement au reste du village, avait été créée pour défier les siècles. Aurait-elle eu conscience de ce qui l'entourait que la petite dragonne n'aurait certainement pas adressé un regard à l'elfe qui les lorgnait du haut de la forge, avant d'avoir aperçu le dragon qui l'accompagnait.

Pour l'heure, son attention se partageait toujours entre Kedrildan et la mystérieuse inscription. Aidée des indices donnés par son lié, la petite dragonne fouilla dans sa mémoire, cherchant si l'un de ses aïeux correspondaient à la description. Un enfant lié à un ou une dragonne rouge dans un village humain... L'histoire se répétait tant et tant que la tête de Trissi lui en tournait.

° Nous étions si nombreux alors... °

La petite dragonne n'eut pas l'occasion de poursuivre plus avant ses pérégrinations intérieures. Une tension inhabituelle de la part du vampire, tous sens en alerte, la mirent sur le qui-vive.

Le danger ne fut pas tel que l'avait attendu Trissi il y eut un choc sourd et la dragonne eut grand peine à identifier la nature du projectile jusqu'à comprendre que Kedrildan avait manqué de peu de se faire assommer... avec un seau.

Il ne fallut alors que peu de temps à l'Argentée pour aviser l'elfe goguenard qui descendait du toit de la forge. Trissi eut devant ce spectacle un sifflement désapprobateur.

Pathétique. A en croire ses ancêtres, les elfes ne vieillissaient pas à la manière des humains. Cela voulait-il dire qu'ils ne mûrissaient pas non plus ? L'Argentée enrageait de se voir prisonnière d'un corps frêle et juvénile là où d'autres qui eurent pu se targuer des atouts d'un corps fait se comportaient comme de pitoyables bougres.

° Prends garde, Kedrildan, maintenant qu'il n'a plus de seau, il pourrait te jeter des brindilles et des cailloux. ° railla la petite dragonne.

L'Argentée s'étira paresseusement, laissant au bon plaisir du soleil le soin de la sécher des quelques gouttes qu'elle avait reçu. Là où ses claires écailles demeuraient ternes, comme gardant de ses nuits premières le souvenir des ténèbres, la membrane intérieure de ses ailes affichait le rouge criant du sang versé.

Si les choses en étaient resté là, et même si les deux bipèdes en étaient venus aux mains, Trissi serait certainement restée à faire la sieste, lovée contre la fraîche margelle du puits.

Ce fut l'irruption du dragon bleu qui la tira de sa torpeur, bien plus que le venin de l'elfe boiteux qui éveillèrent sa curiosité. D'un bond elle délaissa le puits, ignora son lié autant que l'elfe pour se porter à la hauteur de Moëbius et le dévisager. Lorsqu'il parlait de jeunes dragons, Shaynar le Noir en référait-il à celui-là ?

L'intéressé faisait plus de deux fois sa taille et rien n'indiquait qu'il en resterait là. Cet état de fait, qu'elle eut jalousé d'une femelle, pourrait faire de ce nouveau venu un partenaire digne d'intérêt.

° Retiens ton bras, Kedrildan. Si l'Elfe n'est pas digne de ton attention, je ne voudrais pas que son trépas blesse l'un de mes pairs. °

Les beaux discours de Shaynar et de Silarae lui revinrent en mémoire. L'un et l'autre s'étaient dit à mourir pour leur moitié d'âme et Trissi les croyait tant résolus qu'elle se demandait parfois si Shaynar survivrait le temps qu'elle le mit au défi de la courtiser, ou si une folie de sa moitié d'âme les emporterait tous deux d'ici là.

L'Argentée eut un regard en coin pour Kedrildan. Et lui qu'en pensait-il ? La laisserait-il convoler avec qui lui plairait ? Non qu'elle cherchait son assentiment d'aucune manière, mais elle se plaisait à penser qu'elle était différente, que ses pairs se fourvoyaient dans leur ferveur à défendre leurs moitiés d'âme au mépris de la pérennité de leur espèce. Elle grandirait en taille, en force, en splendeur, et restait convaincue que Keldrildan aussi, en sortirait changé. A même de se défendre seul et de ne pas entraver les projets de l'Argentée, laquelle veillerait à donner à Armanda uen couvée mémorable, laquelle signerait le renouveau d'un peuple entier.

Et lui qu'en pensait-il ? Le dragon bleu avait des yeux troublants, aussi mystérieux qu'eau profonde, bien moins sournois que ceux de Trissi lesquels évoquaient davantage la morsure de la glace et la traîtrise d'une crevasse. Et la petite Argentée n'avait de goût pour les énigmes que le temps qu'elles se résolvent d'elle-même, aussi céda-t-elle à la tentation de saluer son pair, mais sûrement pas l'elfe qui l'accompagnait.

° Dis-moi que vos pas se sont croisés par hasard et je tâcherai de ne pas t'affliger pour ses manières futiles. °

Moqueuse, mais non moins contrariée, Trissi ne pouvait qu'espérer que le dragon bleu n'était pas aussi obstiné dans la protection de son lié que l'était Shaynar. Bizarrement, elle n'était pas prête à parier sur la longévité de qui ne pouvait pas croiser un vampire sans ressentir le besoin irrépressible de lui jeter un seau d'eau, là où le simple fait d'attirer son attention était déjà stupide en soi.

Il avait raison de se méfier de cette odeur et Trissi qui ne l'écoutait jamais... Un jour il l'a musellerait et l'attacherait pour être sûr qu'elle lui obéisse au doigt et à l'oeil le temps de sa croissance et ainsi leurs éviter à tous deux de tomber dans les pires ennuis. Grognant en tendant les oreilles et dégainant ses lames, il laissa ses crocs se dévoiler et ses yeux fureter dans les environs pour essayer de cibler le plus précisément le lieu où siégeait le danger. Cependant il ne s'attendait pas du tout à ce que le danger tombe du ciel et un sceau remplie d'eau lui tomba sur la tête, inondant ses vêtements et le métal l’assommant légèrement en faisant tinter un bruit de ferraille dans les oreilles. Émettant un léger gémissement, il repoussa brutalement l'objet et leva les yeux au ciel en les plissant à cause de la lumière, espérant attrapant ce petit malin d'elfe qui risquait de voir sa longue vie diminuer de façon extrêmement radicale.

- Ce que je compte faire avec mes couteaux à beurre ? Venez donc me rejoindre pour que je vous montre mon intention vis-à-vis de votre chaire rance et empoisonné... Siffla-t-il venimeusement avant de se mettre en garde en le voyant sauter du toit pour atterrir juste en face d'eux, les provoquant sans vergogne.

Ainsi donc c'était lui le sale petit morpion qui venait de ruiner ses vêtements et sa crinière de rêve ? Il allait lui trouver la peau avant de l'écorcher vif.... Quoi ? Non ! Par Dracos tout puissant ce n'était pas possible !!!! Cette saloperie de cafard était lié à un dragon, comme lui à sa chère Trissi ! Que devait-il faire ? Provoquer Dracos en tuant l'un de ses enfants pour se défendre ou les laisser en vie au risque de se retrouver dans quelques années et en pleine bataille à tenter de les tuer ou encore de s'en prendre à sa moitié. Dure dilemme... Ne le quittant pas un seul instant du regard, pas du tout amusé par son flegme apparent et sa provocation constante d'un vivant sachant ce qu'il faisait... Enfin croyant surtout : était-il assez stupide pour croire que Kedrildan allait ranger docilement ses lames, secouer la queue comme un bon chien et lui faire la fête, tout heureux de voir un autre dragonnier ? Il se fourrait la salade jusqu'à l'os !

- Vous savez quoi petit bouseux, je vais fourrer mes adorables petits poignards bien aiguisé avec amour dans votre chaire tendre et faire de votre corps un festin pour les corbeaux pendant que je tannerais votre cuir et peut-être même celle de votre petit pour mes futurs vêtements que vous venez de ruiner par votre bêtise plus que flagrante et surtout affligeante ! S'exclama-t-il froidement en le regardant droit dans les yeux, un sourire de fou furieux aux lèvres mais surtout les crocs plus qu'en évidence.

Et, alors qu'il s'élançait vers l'imprudent mangeur de fougère, Kedrildan se figea brusquement en se tournant vers Trissi, grognant en plissant les yeux, avant de se mettre à courir vers elle pour l'empêcher de s'approcher du bleu.

- Trissi ! Reviens ! Ce sont nos ennemis ! Lui dit-il.

Cette petite harpie n'en faisait vraiment qu'à sa tête et elle semblait adorer faire tourner en bourrique le vampire. Seulement, ce n'était vraiment pas le moment de faire son cinéma ni sa diva alors que des ennemis, des elfes qui plus est, se trouvait avec eux au même endroit ! Kedrildan avait peur que ça finisse comme la dernière et il savait parfaitement que malgré la souffrance de l'instant, cela n'arrêterait jamais l'argenté dans le futur, du moins tant qu'elle serait en vie... C'était une histoire de fou. Arrivant derrière sa dragonne, il se pencha et l'entoura de ses bras avant de la soulever, reculant de quelques pas en tendant sa lame vers le jeune bleu alors qu'il guettait l'elfe du regard, au cas où.

- Petite écervelée, si tu n'es pas davantage prudente dans un environnement ne serait-ce qu'étranger, sa jeune vie va se faire souffler comme on souffle aisément sur une flamme de bougie pour l'éteindre, la gronda-t-il en reculant, la gardant dans ses bras alors qu'il la sentait se tortiller pour descendre et rejoindre le bleu. Il faut que tu comprennes une chose Trissi : c'est peut-être un dragon mais c'est un ennemi qui au lieu de te choisir au moment décisif, il choisira son dragonnier et te déchirera le cœur jusqu'à ce que mort s'ensuive et je ne veux pas que cela arrive, tu comprends ? Siffla-t-il froidement en l'enfouissant dans les pans de sa cape pour la garder à l'abri. Restes sage et remontons à cheval, la lumière m'affaiblit alors je ne sais pas si j'arriverais à nous défendre tous deux contre ses ses deux là et son dragon est plus gros que toi, murmura-t-il d'un ton cinglant en faisant pas à pas retraite vers le lavoir pour prendre la fuite comme il se devait dans un geste de sauvegarde.

¤ Un duo bien étrange ¤

Haut dans le ciel, la vue dégagée, aucun cil cotonneux ne venant obstruer sa vision, le soleil inondait de sa lumière éclatante le continent d'Armanda. L'astre divin, spectateur de ce monde et acteur forcé des combats, gorgeait la terre de sa chaleur bienfaisante, nourrissant chaque être présent. Néanmoins, certaines fleurs plus délicates, fléchissaient sous les rayons du soleil, ne vivaient que la nuit. Selenicereus coniflorus, beauté de la nuit, roussit au soleil. La lumière de l'étoile en dévorait une en ce moment même. Bien que cacher sous ses tiges, elle faiblissait par manque d'obscurité, l'elfe n'aurait eu qu'à tendre la main pour prendre et la cueillir avant qu'elle ne se fane. Mais il n'en fit rien. La fleur buveuse de sang sous le soleil était bien imprudente, loin de son état naturel elle risquait de dépérir à tout instant. Protéger par les maigres épines qui lui servaient à se défendre, ces chances de survie étaient maigres face à un prédateur. La surplombant, la fleur de malvaviscus, toujours envelopper, la scrutait. Elever dans la lumière du jour et forte de son avantage, un peu odieuse pour les enfants de la lune, elle n'hésita pas à la provoquer.

Face à face, vampire et elfe, dragon et dragonne, dragonnier du mal contre dragonnier du bien. Provoquant le sans vie sans ménage, l'elfe trop sur de lui avait fait claquer sa langue pleine d'arrogance contre les oreilles du suceur de sang. Ce qui suscita rapidement la réaction du roux qui siffla son venin. Peu friand du sadisme du pâle, il laissa glisser sa main contre l'un des pommeaux d'une de ses lames elfiques quand son interlocuteur se mit en position d'attaque, ces dagues prêtent à agir conformément aux paroles de ce dernier. Bien qu'agressif, la liée du vampire était elle calme, surement empreinte de sagesse, d'intelligence. Ou alors d'une totale imprudence et stupidité. Laissant son esprit se mêler à celui de Möebius pour espionner leur conversation, le bleuté suscitant plus d'intérêt pour cette dernière que le rouge.

L'être des ombres bondit alors, droit sur le sylvain pour se venger de l'agression, si on pouvait qualifier cela ainsi. Les lèvres retroussées, montrant les crocs comme un animal, la fureur dans son regard, l'archer ne put que sourire devant une telle expression, se préparant à dégainer. L'animal fort impoli fonçait vers l'herbivore armes aux poings pour le taillader quand soudainement il changea à la trajectoire de sa course pour filer droit vers les dragons ? Comptait-il s'en prendre à Möebius, sans doute sa dragonne s'approchait vers lui et il lui pestait de reculer. Sans une ni deux il fila droit vers son propre lié. Pourtant, le visage du vampire était renfrogné par son mécontentement. Il avait souvent vu cette expression lorsqu'il avait vécu chez les humains, celle d'un parent mécontent, car son enfant avait fait une bêtise. Elle était pratiquement en tout point similaire, sauf qu'une pointe de peur filtrait dans ces yeux. Elrond doutait fortement qu'il n'aille mordre la jeune dragonne, mais plutôt la snober. Lorsqu'il comprit il ralentit le pas trottinant toujours. Le sans vie saisit sa liée avant de reculer et la rouspéter.

« Petite écervelée, si tu n'es pas davantage prudente dans un environnement ne serait-ce qu'étranger, ta jeune vie va se faire souffler comme on souffle aisément sur une flamme de bougie pour l'éteindre. Il faut que tu comprennes une chose Trissi : c'est peut-être un dragon mais c'est un ennemi qui au lieu de te choisir au moment décisif, il choisira son dragonnier et te déchirera le cœur jusqu'à ce que mort s'ensuive et je ne veux pas que cela arrive, tu comprends ? »

Elrond arriva à côté du bleuté tapant le plat de son épée elfique contre son épaule pouffant d’un rire moqueur avant de remettre sa lame dans son fourreau. Tournant la tête vers Möe pour lui demander s’il avait bien comprit ce qu’il avait entendu au sujet du choix pour la dragonne. Mais faisant ensuite mine d’ignorer ce sujet il jacta.

« Allons allons, pas la peine de gronder cette pauvre petite, ce n'est pas sa faute si son lié est un corniaud -pointant le vampire du doigt il continua- elle est venue sans crainte, car elle sait surement que nous les elfes sont intelligents et que nous ne turions pas un dragon alors que la simple existence de ce dernier permet notre survie. -Posant sa main anciennement levée contre sa hanche il continua- D'autant plus que, si j'avais été animé de mauvaises intentions, au lieu de venir te laver avec un seau pour faire fuir l'odeur de mort que tu trimballes, je t'aurais logé une flèche entre les deux yeux. -L'elfe marqua une pause avant de lâcher un soupire- Par le Dracos tu es le troisième dragonnier vampirique que je rencontre, mais tu es le moins éclairé. -Un sourire apparut ensuite sur les lèvres du jeune sylvain- En contrepartie tu es le moins lâche et c'est tout à ton crédit. »

Frappant finalement dans les mains il défia du regard le rouquin en le voyant reculer vers le lavoir.

« Je ne m'excuserai pas pour le seau, espérant que cela t'apprenne à ne pas t'aventurer dans des terres qui n'appartiennent pas aux tiens. Mais si tu tiens à partir sache que je ne t'en empêcherais pas. Bien que tu représentes un gibier de choix, je doute que tu aies bon gout pour mon partenaire, en même temps, une chose morte et exposé ainsi au soleil depuis longtemps ne peut être qu'avarié. »

Un sourire espiègle sur le visage il indiqua mentalement à Möebius de rester près de lui. Lentement l'elfe se rapprocha du seau un peu plus en retrait comme si de rien n'était et vint le remplir au puits qui était un peu plus proche du vampire. Toujours sur ses gardes prêts à le frapper à nouveau avec le seau s'il s'approchait trop. Elrond ne savait s'il allait fuir ou blesser dans sa fierté l'attaquer aussi bien physiquement qu'à l'aide son venin qui s'échappait à chaque parole.

Comme attendus de la part de son lié, celui-ci ne connaissait pas la notion de tact. Il n'était qu'arrogance et sourire mesquin. C'était exaspérant en soi que d'être lié à une telle personne, mais il devait bien avouerque sa lumière avait d'autre qualité, des petites lueures d'espoir qu'il cachait tout au fond de lui à l'insu de tous. Le genre de choses que l'on ne peut découvrir qu'après un certain temps passé avec lui. Mais ce n'était pas vraiment le sujet ici,car après avoir provoqué son homologue dragonnier, ce dernier avait répondu à la provocation par des menaces. Qui sème le vent récolte la tempête, d'autant plus qu'il est censé être l'ennemi d'Elrond, il aurait été improbable que de tel pique puisse passer. Il est toujours plus facile d'agacer que de se contrôler, une chose que son dragonnier ne savait pas, ou faisait mine de ne pas savoir. Il aurait facilement pu vérifier en mêlant son esprit au sien, mais il n'en voyait pas l'intérêt, parfois un peu de mystère était bien mieux. Bien que le vampire ai dégainé et soit prêt à se battre, le bleuté lui ne bougea pas d'un pouce. Il avait déjà vu son lié se servir de ce genre d'arme, il serait étrange qu'il ne puisse se défendre. Si jamais il venait à être blessé, nul doute qu'il viendrait s'interposer, mais ils n'en étaient pas encore à se battre, bien qu'il ne faudrait pas grand-chose de plus pour que cela arrive.

Quoi qu'il en soit, la jeune dragonne l'observait avec un air très interrogatif en s'approchant de lui. Visiblement, tout comme lui, voir un de ses semblables attisait sa curiosité. Malgré sa jeunesse, elle s'adressait à lui comme à un égal. Même si à dire vrai, il était plus âgé aussi lui devait-elle le respect, mais il était bien plus coulant vis-à-vis d'un autre dragon, aussi ne lui en tenait-il pas compte. Celle-ci s'était adressé à lui directement par le lien de l'esprit, en revanche, Elrond qui semblait s'ennuyer avec son opposant s'immisçait dans son esprit. En temps normal, il n'aurait rien contre ce genre d'intrusion, mais cette fois cela ne le concernait pas uniquement lui, l'autre dragonne avait besoin d'une intimité a laquelle Elrond ne pouvait avoir aucun droit. Il bloqua alors le contact avec son lié pour que ce dernier ne puisse écouter tout ce que sa jumelle avait à dire. Mais à peine allait-il entamer sa réponse que le vampire se saisit d'elle dans l'intention de l'éloigner du couple bleu et rouge. Jusque là, ni l'un ni l'autre n'avait manifesté d'intention meurtrière, voire même menaçante, en dehors de Elrond qui ne faisait que parler, il n'y avait aucune menace envers eux.

Néanmoins, il pouvait comprendre la peur du dragonnier à perdre son dragon, Lyroe lui avait appris cela, mais le bleuté resta là où il se trouvait secouant la tête à la vue des agissements du dragonnier qui agissait contre son dragon, c'est bien le genre de choses qu'il faut éviter, Elrond l'avait appris à ses dépends, ces créatures écailleuses n'étaient pas des enfants qu'on éduque comme un enfant humain ou elfe. Les deux devaient apprendre à se connaître et à se respecter pour que leur lien deviennent plus fort. Le fait de vouloir dominer l'autre en lui donnant des ordres ne pouvait rien donner de bon. Bien qu'il aurait pu expliquer cela au vampire, il n'en ferait rien. Möebius n'était pas un donneur de leçon. Si ces deux-là avaient un problème ils auraient à le régler eux-mêmes. Une intervention extérieure ne ferait qu'empirer la situation. Il secoua brièvement la tête à l'attention du vampire dragonnier. Il espérait que celui-ci comprendrait qu'ils n'étaient pas ennemi et que ce n'était que par un pur hasard qu'ils s'étaient croisés. En temps normal les vampires ne venaient pas aussi loin dans les terres humaines. Il est hautement improbable qu'ils aient choisi de venir ici en connaissant l'emplacement de l'ennemi.

Le monde l'attire, l'Argentée aux prémices de sa vie. Il tournoie autour d'elle, miroitant dans ses mirages, étouffant dans ses orages. Et le Bleu est tout cela, connu et inconnu, un dragon comme elle, mais tissé de mystère. Il est une lueur inespérée, et elle, ténèbres, malgré ses écailles d'argent, née d'une nuit dévorante, aussi douce qu'immuable. A tendre son esprit vers le sien, elle ne perçoit que trop tard l'étreinte matérielle de Kedrildan qui l'arrache au sol comme on rompt le fil d'un rêve.

S'il est sa moitié, ne peut-il comprendre sa soif de savoir, et plus dévorante encore sa soif d'être ? Il est un miroir dans lequel elle se contemple et se jauge tour à tour. Son évidence, son astre noir, sa raison d'être, peut-être. Ne peut-il lui faire confiance ? Accepter qu'elle ne peut être autre qu'elle n'est, qu'elle ne vit jamais plus qu'en souriant au danger ? Rester en deçà, se tenir coi, murmure et ombre dans le recoin feutré de la tente du vampire, ce n'est pas vivre que cela, et si elle affectionne leur intimité, elle n'en souffre pas de l'ombre accusatrice des barreaux de leur prison. Des pensées offusquées tourbillonnent dans le crâne de la dragonne.

° Cesse. Il n'y a de danger que celui que tu abreuves du poison de tes mots. Nos ennemis, dis-tu ? Je ne le crois pas. Ils le seront, certes, si tu le décides, mais je ne t'octroie pas le droit d'en décider pour moi. °

Trissi se remémorait les mots de Shaynar, mais même à y regarder à deux fois, elle ne se reconnaissait pas dans les discours grandiloquents du dragon noir. Ils avaient une vie à mener, tissée de son lot d'adversité, de menaces, de ruses et de mensonges, mais elle refusait de vendre ses droits à ce jeu-là.

° Ô Dracos, pourquoi doter ce monde d'êtres sans mémoire ? Tu n'es pas mon parent, Kedrildan, et ne peux user contre moi des prérogatives d'une mère. Tu prétends me protéger, mais c'est toi qui devrais grandir ! Tu laisses à d'autres le soin de dicter tes actes et tes alliances. Tu vaux mieux que cela, Kedrildan. °

Se dérobant à l'étreinte de son lié, lequel n'aurait pu retenir sa grêle silhouette sans la blesser en lieu et place de leurs "ennemis", la petite dragonne demeura en retrait, assise sur son séant à fixer le dragon bleu. La tentation de se porter à la hauteur de son pair la dévorait, mais elle eut la sagesse d'y résister : l'elfe semblait aussi peu fin que sa moitié d'âme dans certains domaines, et tout à fait disposé à une réaction stupide.

Que le bleu l'attaque, et elle se défendrait bec et griffes. Et peut-être n'aurait-elle que faire de périr, elle avait l'âge jeune où s'égrainent les folies les plus douces, et l'âme à se croire immortelle. Et quand bien même, elle préférerait périr de ses griffes que de l'étreinte étouffante des bras de Kedrildan.

° Ils décident pour toi comme ils décident pour moi et pour les autres. ° conclut tristement l'Argentée à l'attention du dragon bleu.

Est-ce ainsi qu'avait péri son peuple ? Sans plus de liberté qu'un oiseau aux ailes coupées, sans plus de jugeote que le rapace docile lâché sur sa proie ? A bien y regarder, il lui semblait que les dragons s'étaient égaré tout autant que leur dragonnier. L'elfe était un exemple criant de leur déchéance. Il n'avait que faire du sort des dragons, il se pavanait comme un roi, aussi provocateur qu'un jouvenceau à ses premières joutes. Peut-être avait-il d'autres talents que ses tours de passe-passe, mais rien qui pourrait émouvoir l'Argentée.

° Quand le ciel sera nôtre, rejoins-moi là où les rivières se croisent, au nord des bois anciens. °

Trissi ne défia pas davantage le dragon bleu. S'il se défilait, c'était qu'il n'était pas digne de son attention et elle en serait bien aise. Ce n'était pas comme s'il était le seul mâle du continent, ou même le plus prometteur - même s'il semblait bien plus équilibré que Shaynar pour ce qui était de sa survie, bien que mal assorti.

Dépitée, la petite dragonne daigna rejoindre son obstiné de vampire. Si elle l'ignorait plus longtemps, il n'aurait de cesse de ressasser leur mauvaise rencontre des bois qui, si elle irritait passablement l'Argentée, ne manquait pas de réveiller une douleur lancinante à la base de son aile. Elle était faible encore, qu'on se le dise, mais son heure viendrait.

{hrp: désolée pour le retard et la petite taille mais je ne savais pas quoi dire}

Elle était tellement insouciante, comment pouvait-elle targuer vouloir la pérennité de sa race si elle fonçait aussitôt la tête dans les ennuis ? Kedrildan fulminait, elle était tellement égoïste et exigeante ! Etait-il le seul dans ce couple à l'aimer d'un amour inconditionnel ? Etait-il le seul à se soucier d'elle, à veiller à ses besoins, à sa survie dans ce monde de fou ?! Heureusement qu'elle daigna rester non loin de lui, ne s'approchant plus de cet autre dragon appartenant à un elfe et quel elfe par Dracos... Il plaignait le dragon bleu d'avoir dû choisir un phénomène pareil : avec un compagnon aussi instable, il ne tiendrait pas très longtemps face au rigueur de la guerre qui s'annonçait. Sa Trissi, elle au moins, serait prête à se battre et à vivre, faisant des pieds de nez à l'existence et à la folie des bipèdes ! Trêves de pensées... Qu'est-ce qu'il allait bien pouvoir faire pour prendre la poudre d'escampette sans qu'ils ne décident de les suivre... Et Trissi qui déversait sa rancœur auprès de lui : de toute évidence, c'était un dragon donc forcément un ami.

- Excuses-moi de penser à ton bien-être... Persifla-t-il méchamment en la fusillant du regard : elle ne faisait même pas l'effort de comprendre sa façon d'agir, le pourquoi de ces réactions... Depuis la nuit des temps, les elfes et les vampires sont en guerre, crois-tu que parce que tu es un dragon ils te protégeront ? Ils seraient capable de te tuer pour être sûr que tu ne feras pas de mal à leur peuple ! Grogna-t-il en fusillant l'autre du regard, rêvant de plus en plus à enfoncer ses dagues dans cette chaire d’apparence moelleuse et qu'il souhaitait lacérer.

Vexé et frustré, obligé de ne pas faire de mal à un dragon tant qu'il n'y avait pas de signe ostentatoire d'agression à son encontre ou celle de sa compagne, Kedrildan bouillonnait sur place en fusillant le végétarien du regard. Lui qui était si pédant, si horripilant... Si moqueur et joueur, de quel droit avait-il de parler ainsi à un inconnu et à un ennemi ? Stupide laitue inconsciente, qu'il aimerait la mettre en charpie pour lui montrer à quoi menait l'inconscience.

- Le peuple elfique est peut-être intelligent mais vous, misérable spécimen sans valeur que vous êtes, vous semblez doté d'une bêtise sans égale ! Continues de m'asticoter ainsi et tu verras que dragonnier ou non, tu restes un elfe avec qui je prendrais un plaisir... Sans égale... Ronronna-t-il d'un ton menaçant, le regard se faisant gourmand et prédateur alors qu'il dévoilait ses crocs luisantes de salive. Tu sais ce qu'on dit des corniauds, ce sont ceux qui mordent le plus douloureusement... Alors vas-y, aguiches-moi, provoques-moi... Je me ferais un plaisir de m'occuper de toi... Susurra-t-il en plissant les yeux, délaissant le vouvoiement pour le tutoiement définitif.

Le croyait-il sans défense ? Le croyait-il incapable de s'élancer vers lui pour le combattre ? Qu'il continue de l'aguicher de cette manière et il serait ravis de lui montrer ses compétences...

- Nous ne sommes pas sur les terres des elfes que je sache, tu n'es pas non plus chez toi ici ! Clama-t-il en grognant sourdement. Les terres de ces repas sur pattes est désormais accessible aux non-vivants que cela te plaise ou non ! Alors continues de me chercher et je finirais par te le faire regretter, ce ne sont pas des paroles en l'air et j'attends qu'une chose, c'est de te montrer ce dont je suis capable avec des herbivores comme vous ! S'insurgea-t-il en se crispant.

Encore un peu, juste un tout petit peu, et il le jurait sur le Dracos tout puissant, il lui volerait dans les plumes pour lui apprendre où était sa place à ce maudit volatile...

[hrpg: je l'ai pas écris dans les meilleures conditions possible alors je ne promet rien, j'espère qu'il t'inspirera plus Ked, n'hésite pas a demande si ce n'est pas le cas je le réecrirais.]

¤ Hautaine et colère ¤

Jamais le lynx n’aura trouvé fouine aussi farouche que celle ci. Griffes et crocs dehors elle ressemblait à une créature acculée face à son prédateur qui essayait, de manière désespérer, vouloir le faire fuir en grognant plus fort que lui dans l’unique but de protéger non seulement sa vie, mais également celle de son petit. Fouine idiote, mais bagarreuse qui plaisait au lynx qui amuser par ses réactions avait voulu la rassurer n’ayant aucune envie d’en faire son repas, mais cette dernière énervée par son comportement n’en dérogeait pas, continuant de couiner ses menaces. Il faut avouer que le fauve ne s’y était pas pris de la meilleure manière, gardant sa fierté et sa supériorité sur l’autre. Sans doute était-ce la présence de sa petite qu’il pensait menacer qui le rendait ainsi. Cette dragonne au regard hautain et pétillant de malice et bêtise. Le gros chat ne la sentait pas, aller savoir pourquoi, pourtant elle semblait inoffensive. Sans doute était-ce son comportement hautain qui luisait dans ses yeux qui ne collait pas avec sa propre façon d’être. Il lui donnera bien un coup de patte pour lui rabaisser son caquet, mais aussi la décoincer. Ignorant cependant que le meilleur moyen de l’amadouer était d’user de la sagesse. Cela ne lui venait toutefois point à l’esprit. En même temps, comment aurait-il pu le savoir elle ne laissait filtrer aucune sorte d’intelligence, juste une aura hautaine qui faisait comprendre qu’elle ne se prenait pas pour de la merde et que tout autre lui était inférieure. Passons…

Un léger grondement résonna dans l’elfe lorsque son lié osa lui barrer la voie pour espionner leur conversation. Etait-il stupide, et si son dragonnier avait eu la même idée et attendait de voir la moindre inattention pour attaquer. Il se révéla par la suite que le sans vie n’avait pas un tel degré de réflexion ou tout simplement que l’argenté l’inquiétait trop pour penser à autre chose. Le pauvre il le comprenait, le sien était une tête de mule avec une grande fierté –un peu comme lui, à croire que ceux qui se ressemble s’assembler -.

¤ Möebius, reste près de moi, le vampire semble trop instable et répond bien plus que je ne le pensais à mes provocations. Ce genre d’individu est imprévisible reste sur tes gardes, il pourrait faire un acte insensé. Et laisse-moi entendre ce qu’elle te dit, elle peut très bien être fourbe comme un vampire. ¤

Face au puits, il regarda son reflet dans l’eau écoutant d’une oreille distraite les propos tremblants de colère, envie et haine du vampire qui semblait sur le point de craquer. Remplissant le seau d’eau il tourna la tête vers le rouquin qui lui demandait de le provoquer. On aurait dit une femme qui aguichait un homme dans le seul but d’avoir ce qu’elle voulait. Il le provoquait et c’est avec un immense plaisir qu’il y aurait répondu. Cependant, il n’était pas là pour se battre, si tel avait été le cas, il lui aurait décoché une flèche au lieu de lui jeter un seau. L’ignorant donc il remonta le seau avant de le porter à ses lèvres pour boire quelques gorgées d’eau fraiche.

« Tu devrais te calmer, une telle agressivité c’est mauvais pour les nerfs, le cœur, le corps et l’esprit. Même si tu es mort et que je ne connais pas parfaitement la morphologie des vampires cela doit avoir une quelconque incidence, non ? »

Buvant une nouvelle fois dans le seau avant de le poser et s’en éloigner.

« Je n’ai aucune envie de me battre alors ne soit pas si belliqueux, range-moi ces vilains crocs on dirait une bête sauvage. Mes intentions à l’égard de ta liée n’ont pas changé, je ne vais pas lui faire de mal. Même si elle représente une menace potentielle pour plus tard, il me reste encore du temps pour essayer la convaincre de ne pas s’en prendre aux elfes avant d’envisager une solution plus drastique.»

Tient, Elrond usait de la diplomatie, ou du moins essayait. Le vampire avait-il empoisonné l’eau du puits ? Sortant sa pièce du passeur attacher par une ficelle à son coup il la vit briller faiblement, même elle ne prenait pas les menaces du vampire au sérieux. Il savait qu’il était dans une position fâcheuse et beuglait pour bluffer, décourager son adversaire. Un véritable animal. N’offrant pas au suceur de sang le plaisir d’une nouvelle provocation qui le ferait sortir de ses gonds. Le rouge essaya une nouvelle approche.

« Est-ce ta transformation qui t’a changé à ce point, t’as fait oublier que tu étais toi-même un de ce que tu qualifies de repas sur patte ? A moins que tu sois l’un des sujets de ce vampire nommer … Lo… Loranzin ? Non, Lo… - il se tourna vers son dragonnet puis se souvint- Lorenz ! Et que tu ais adhéré à sa doctrine pour te venger du monde qui t’a fait devenir ce que tu es, à moins qu’il ne t’ait lavé l’esprit ? »

Depuis la bataille et le nom de Lorenz que lui avait crié un des autres vampires dragonnier, l’elfe avait jeté un œil dans la bibliothèque des siens. Son nom ne lui était pas inconnu, mais n’y avait pas prêté plus d’attention jusqu’à présent. Cet homme était dangereux et plus sombre que n’importe quel autre sans vie. Un être prit de folie qui devrait être éliminé pour le bien du continent et des peuples.

« Ou alors tu es comme ce vampire, dont j’ignore le nom, traitre à son peuple et que ta colère viscérale est due à autre chose. Une enfance malheureuse en tant qu’humain ou un amour qui ne se serait pas bien terminé ? »

L’elfe fit un pas en direction du vampire avant de recommencer à marcher sur le côté continuant à vouloir essayer de cerner le vampire, qui contre toute attente commençait à l’intriguer et l’amuser à le voir ainsi répondre à ses
provocations. Oui il s’en amusait, mais pour autant ne souhaitait pas en arriver aux mains.

« Alors vampire ? »

Tandis que Trissi s'éloignait par l'action de son dragonnier, elle lui intimait qu'elle ne supportait l'idée de ne pouvoir être libre de ses actes et mouvements. Puis avant que le lien télépathique soit rompue, elle lui indiqua un lieu dans lequel ils pourraient se retrouver plus tard, en l'absence de leur dragonnier respectif qui visiblement ne pouvaient pas se voir. Mais une seconde après les deux dragonnier étaient déjà en train de s'envoyer des piques, l'un menaçant, l'autre ignorant celle-ci voir pire. Möebius ne comprenait pas véritablement ce vampire. Elrond et lui-même ne s'étaient pas montrés agressif, ni même menaçant, alors pourquoi une telle envie d'en découdre ? Simplement parce que son instinct lui dictait de tuer tous les elfes ? Il ne faisait que se cacher derrière ses propos pour soi-disant protéger sa dragonne, mais s'ils avaient voulu la tuer, ils l'auraient fait depuis longtemps et le sang auraient déjà commencé à couler. Mais au lieu de cela, il montrait qu'il voulait se battre, qu'il était supérieur à son dragonnier d'elfe, sans doute par complexe d'infériorité ? Quoi qu'il en soit, Möebius poussa un énième soupire mentale. S'il avait été plus grand, il aurait pris Elrond entre ses pattes et il s'en serait allé, mais il était encore trop jeune pour ça. Il ne voyait pas quel moyen utiliser pour arrêter ces deux-là. Son lié alla même jusqu'à l'avertir d'être prudent face au vampire, n'avait-il par remarquer que son dragon avait des yeux et des oreilles pour voir et entendre ? Bien-sûr qu'il était prudent, bien plus que son dragonnier qui n'avait de cesse d'asticoter son opposant. Si Elrond n'était pas son dragonnier, il serait bien parti, mais s'il s'en allait maintenant, il aurait plus de chance de mourir dans une plaisanterie que n'importe qui d'autre.

Cela se vérifia rapidement. Alors qu'il se retournait pour boire l'eau du puits et ainsi offrir son angle mort à son adversaire, Möebius restait prêt à bondir au moindre mouvement du vampire. Elrond avait-il la moindre idée que son dragon n'aimait pas se battre ? Ce dernier était forcé de protéger son lié contre sa propre bêtise et c'était loin d'être de tout repos. Elrond savait se battre à distance, il était redoutable avec un arc, mais pour le corps à corps ça laissait à désirer et il pouvait être soulagé de pouvoir compter sur son dragon de ce côté-là. Mais que ferait-il si son dragon venait à être blessé ? Cela le rendrait-il plus sage et prudent ? Et qu'en était-il du vampire ? Lui aussi se rendrait-il compte que faire couler le sang n'est pas toujours la meilleure option ? Trissi s'en était bien rendu compte, alors pourquoi pas lui ? Le bleuté avait confiance dans sa rapidité et ses réflexes, mais ce qui le faisait hésiter était qu'il ne voulait pas se battre, il ne ferait donc pas le premier mouvement, mais si l'un des deux sautait sur l'autre, il devait se tenir prêt. Avec sa taille, il pourrait facilement reverser le vampire, mais ce serait aussi se mettre à porté de ses attaques. Pourquoi ne pouvaient-ils pas partir comme ils étaient venus tous les quatre ? Cela aurait pu considérablement simplifier les choses.

En tant que dragonnier, leur priorité était en principe de s'assurer de la paix, mais visiblement, ce n'était pas d'actualité, les vampires et les elfes qui ne peuvent se supporter, avec cela les humains qui n'apprécient pas non plus de servir de repas aux vampires. La paix était encore un rêve lointain et il n'avait pas vraiment l'envie de se battre pour l'amener. Elrond lui avait expliqué cela un jour, que pour apporter la paix, il faut une guerre, une guerre à l'issue de la quelle un camp abandonne pour la victoire de l'autre. Mais le problème de ce genre de paix, c'est que bien souvent le camp vaincue finit par conspirer une rébellion et qu'une fois de plus tout recommence. Ce n'était qu'un cycle sans fin d'un peuple incapable d'apprendre de ses erreurs et de son passé. La preuve en était le grimoire qui avait été écrit par la main d'un allié du Dracos qui avait fini corrompu. Tout cela n'augurait rien de bon et il était hors de question pour lui de prendre part une nouvelle fois à une guerre. Si les humains et les vampires tenaient tant à se battre jusqu'à ce qu'il n'en reste plus qu'un, libre à eux. Les elfes l'avaient bien compris et étaient restés chez eux. Alors, pourquoi les autres ne pouvaient-ils le comprendre ?

° Kedrildan, ne me juge pas de la sorte. Mon pair ne saurait se montrer aussi sot que son lié d'elfe. Il est avare de ses mots et ne se perd ni en palabres, ni en vaines gesticulations. °

Trissi s'était redressée en usant de ses ailes, laissant leur membrane intérieure s'enflammer sous la caresse du soleil. De nuit, elle n'avait que l'éclat sournois du sang séché, de jour, elle irradiait d'un écarlate profond.

° T'a-t-il insulté pour attiser ta haine ? Alors laisse-le, c'est un faible qui n'a d'armes que ses crachats, moins encore qu'une proie honorable car son trépas peinerait l'un des miens. Si nous ne pouvons nous repaître de sa chair, alors partons. Il y a un village que je veux voir, et si la nuit à venir meure avant que nos pas l'atteignent, tu refuseras de me le montrer. °

Ce disant, et bien que son discours mental soit entièrement destiné à Kedrildan, elle lorgnait toujours le dragon bleu du coin de l'oeil. Il lui évoquait un lac paisible dans lequel les deux dragonniers lui interdisaient d'y plonger, de crever la surface et d'effleurer les mystères qu'il recelait.

Il ne se dégageait pas de lui l'enthousiasme effervescent des êtres qui s'éveillent à la vie, et pourtant il était de si peu son aîné que l'Argentée s'en montrait troublée. Son lié n'y était de toute évidence pour rien, son attitude puérile interdisait qu'il put amener son dragon à davantage de contenance que son strict naturel.

Qu'il fut avare de ses mots l'étonnait moins, elle-même n'était loquace qu'à l'égard de Kedrildan, mais n'étaient-ils pas les deux facettes d'une même pièce ? Le dragon bleu ne lui avait pas répondu. Ni refusé d'ailleurs, et l'Argentée se satisfaisait de ce silence. D'autant plus qu'il n'y avait que peu de réponses dont n'eut pas ri l'orgeuilleuse Trissi.

La dragonne n'écoutait que peu le discours belliqueux des deux dragonniers. Elle percevait mieux celui du vampire, déchiffrant plus facilement ses émotions, avec d'autant plus d'acuité qu'elle n'avait que faire de celles de l'elfe. Il était cette fois question de territoire. Broutille. Un dragon règne sur les cieux, lui appartiennent la proie qu'il dérobe au sol et la montagne sur laquelle il se perche, quelque soient les sottes intentions des bipèdes.

° Allons notre chemin. J'ai faim. °

Trissi était ainsi que la patience n'était pas son fort. Et tout débat qu'elle ne menait pas personnellement n'avait pour ainsi dire pas la moindre chance de captiver son intérêt. Elle s'en fichait comme de son dernier repas, lequel avait bien moins d'intérêt que le prochain. Les défis et les combats étaient affaires de mâles, chez ceux de son rang, et il eut été indigne d'une reine dragon d'y prendre part. Les dragonnes se partageaient le monde, et leur faible nombre ne pouvait que rendre la chose plus aisée encore.

Sa dragonne était tout simplement inconsciente : elle était tellement égocentrique et sûre d'elle, si hautaine et en avant de toute chose, qu'elle ne semblait pas comprendre que lui, pauvre rouquin éprouvé par cette tornade écailleuse, ne désirait simplement que prendre soin d'elle : il l'aimait tellement que seul son bien-être et sa protection comptait à ses yeux, même s'il grognait il se faisait un devoir de répondre à ses besoins juste pour sentir sa satisfaction et son contentement dans leur lien. Cela paraissait sûrement étrange pour elle de voir un prédateur aussi concerné sur autre chose que pour sa petite personne mais depuis qu'elle avait éclôt, il en était ainsi dans l'univers de Kedrildan et, par moment, il se sentait triste de ne pas sentir autant d'affection en elle, qu'elle ne se préoccupait de ses propres besoins à lui... Était-ce un lien à sens unique ? Il avait besoin de conseil et ce n'était pas cette petite impétueuse qui ferait en sorte qu'il comprenne un peu mieux ce qu'il se passait dans ce lien : il avait beau pris des leçons en la compagnie de son mentor Achroma, le roux avait l'impression qu'il lui manquait un complément de connaissance qui pourrait expliquer le vague à l'âme qui écorchait son cœur mort.

Secouant doucement la tête, le jeune vampire finit par reposer ses yeux sur le couple devant eux, se mettant à afficher un dédain hautain et méprisant à leur encontre. Tch, s'ils avaient remarqué qu'ils étaient là, pourquoi ne les avaient-il pas laissé en paix ? Ils ne voulaient pas d'ennuis et Kedrildan ne savait pas comment faire pour se dépêtrer de cette situation. Sa fierté vampirique ne lui permettait absolument pas de fuir la queue entre les jambes en prenant Trissi dans ses bras : ils étaient arrivés en premier, c'était aux deux autres de quitter les lieux ! Mais d'un autre côté, si les choses dégénéraient, il avait peur que sa compagne soit touchée... Se connaissant, et grâce à la maturité dû à son apprentissage, il savait que la perte de sa moitié d'âme le rendrait aussi sein d'esprit qu'un vampire de basse caste que l'on nourrissait à peine pour en faire un monstre sanguinaire sans raison ni état d'âme, un simple animal enchaîné qu'on ne libérerait que durant les combats pour infliger le plus possible de dommage au camp ennemis. Non, si son argenté mourrait, il ne serait guère mieux qu'eux... Cependant, alors que Trissi le poussait à quitter les lieux parce qu'elle avait soi-disant faim, il la connaissait assez pour savoir qu'elle était en train de faire sa diva pour fuir l'affrontement qui les guettait au loin, le végétarien se permit des réflexions qui crispèrent violemment le roux.

Ce stupide elfe sans cervelle, ce morpion sans intelligence ! Alors que le dilemme freinait Ked et l'empêchait de faire une connerie comme engager le combat qui serait douloureux pour les deux parties, v'là't'y pas que cet idiot gonflait sa crête en montant sur ses ergots, comme s'il se savait invincible et intouchable, et éructait des inepties aussi énorme que sa bêtise sans fond mais qui touchèrent droit au but la fierté tout aussi importante du jeune vampire qui s'arma aussitôt de ses dagues en s'enfonçant davantage dans les ténèbres de sa cape.

Qui s'y frotte s'y pique... Ce coq sans la moindre once de sagesse et de désir de survie allait très vite le regretter, foi de Kedrildan...

- Cette agressivité a effectivement un impact sur notre morphologie et tu vas vite l'apprendre à tes dépends sale petite blatte, raclure des marais putride de son royaume ! Persifla méchamment Kedrildan en s'avançant lentement mais volontairement vers l'elfe avant de se figer pour sortir sa seconde dague du fourreau, ignorant royalement sa dragonne et le lié de cet imbécile. Si tu avais ne serait-ce qu'une phalange d'intelligence dans la boîte crânienne censée renfermée la gélatine qui te sert de cervelle, tu saurais que tu me provoque pour me faire sortir de mes gonds et tu sais quoi mon petit sucre ? Je vais répondre à ton invitation et te rendre la pareille...

D'abord déformer le nom de Lorenz, son seigneur tout puissant ! Que dis-je l'incarnation, l'essence !, de la beauté et de la force dans sa plus magnifique forme ! C'était déjà inconcevable mais alors quand il voulut s'épancher sur son passé, c'était la goutte d'eau qui faisait déborder le vase. Qui était cet incompétent, ce bouffon qui croyait tout savoir ! Qui était-il pour se permettre de le juger de façon aussi ironique et moqueuse ! Que savait-il de la souffrance ! Qui était-il pour se permettre de réduire ainsi la vie et la souffrance d'un être même mort comme si ce n'était que l'espace d'une seconde, un souvenir vaguement passable et sans intérêt ! Il ne s'en sortira pas et cela tiendrait du miracle si cette larve survive à sa colère... Grondant de rage, Kedrildan bondit sur l'elfe en projetant le seau d'eau au loin pour ne plus en faire les frais et, profitant de l'effet de surprise, lui donna un coup de dague qui déchira le vêtement et fit naître un coupure pas trop profonde mais non négligeable qui se mit vite à saigner, provoquant un frisson d'excitation et de satisfaction chez le jeune vampire.

Il n'était pas dit que le roux ne laverait pas son honneur ainsi bafoué dans le silence et la fuite ! Que le combat commence jeune idiot des bois, tu vas vite le regretter pensait de tout son être le vampire et ce n'était pas Trissi qui parviendrait à l'en empêcher, il était beaucoup trop remonter contre cette raclure des bois...

[hrpg: >< désoler pour cette longue attente vraiment désoler ><.]

¤ Hautaine et colère ¤

Face à lui, face à l’elfe se trouvait un vampire aux cheveux de feu. Mais pas seulement, à ses côtés se trouvait une jeune dragonne. L’elfe était peiné de voir une telle créature chez ces âmes damnées. Non pas que l’un d’entre eux n’était pas méritant ou digne d’être lier à un de ces êtres. Personne ne l’était selon lui. On devenait dragonnier uniquement par un concours de circonstances voulu par le Dracos et rien d’autre, plus tard en fonction des actions que l’on réalisait, il était possible de prétendre de le mériter ou d’en être digne. Le trouble de l’elfe était tout autre, les vampires créature agressive n’avaient qu’une ambition combattre pousser par leur instinct primaire qu’est la faim. Et comme ils venaient à menacer aussi bien les humains que les elfes, les repousser par les armes était une obligation. Mais parmi cette horde de démons se trouvait un dragonnier, un dragonnier tout aussi soumis à ce désir de sang et qui le pousserait à tout pour le combler. Et face à un dragon, la meilleure arme est un autre dragon. C’était un triste destin qu’être dragonnier, forcer à combattre pour le bien de son peuple pour toujours ou jusqu’à ce que l’esprit de la mort ne vous emporte. Oui le destin de dragonnier peut être comparé à une malédiction plus tôt qu’un bienfait. Et sous le poids de cette dernière même les plus forts courbent l’échine se convainquant que cela est une bénédiction. Elrond n’avait et n’arriverait sans doute jamais à considérer totalement cette tâche. Néanmoins il en comprenait déjà quelques facettes et le fait de se retrouver face à un dragonnier vampirique qui plus tard serait sur le champ de bataille en train de décimer des vies elfes alors que la simple existence de son lié permet la survie de l’espèce elfique présentait un lourd dilemme.

Se cachant derrière un masque d’arrogance, d’espièglerie, de provocation et de méchanceté, l’archer rouge tel un petit diable venait titiller le sans vie face à lui. Sans doute cherchait-il ce qui allait se produire, sans doute le désirait-il. Les tréfonds de l’âme du blondinet ressemblaient bien plus à un labyrinthe tortueux et compliquer qu’une vaste forêt verte et paisible. L’animal face à lui grondait de plus en plus, l’agacement et l’énervement grandissant en lui à chaque mot qui franchissaient les lèvres du sylvain. La dénommée Trissi, elle, préférait partir, espérons que le suceur de sang en fasse tout autant. Malheureusement il n’en fut point. Le rouquin lui bondit dessus toute griffe dehors avant de venir lacérer la chair du rouge d’un coup de dague. Pris de court l’elfe n’eut pas le temps d’esquiver l’acier d’une des dagues qui vint mordre son flanc droit au niveau des côtes. L’anneau du bannissement fut la seule échappatoire de l’homme du beau peuple, il ne lui fut cependant pas d’un grand secours, mais évita une blessure trop grave. Le sang de l’elfe gicla néanmoins, la blessure n’était pas profonde, mais assez longue ce qui ne la rendait pas bénigne. Serrant les dents sous la douleur un éclair bleu jaillit dans son esprit. Il y en avait un qui n’avait pas perdu de temps. Son dragon se jeta sur le vampire, le percutant de toute sa masse pour lui faire perdre l’équilibre et le mettre à terre. Lui venant en aide, le rouge donna un ample coup de main de gauche à droite, une force invisible venant enserrer les dagues du sans vie, les lui arracher avant de les faire valser plus loin, l’une au pied d’un mur, l’autre se plantant dans le sol plus loin. Enfin il se retourna vers le vampire levant une paume les doigts repliés une racine sortant du sol pour s’enrouler autour de l’une des chevilles du vampire, aidant ainsi Moebius à lui faire perdre son équilibre pour ensuite espérer le maintenir au sol.

Un éclair de douleur traversa l’elfe à cause de ses mouvements un peu trop brusque et rapide. La blessure n’appréciant guère cela. C’était sans doute bien fait pour lui, en même temps ne l’avait il pas cherché en provoquant le dragonnier vampirique. Sans doute aurait-il dû tenter une autre approche ? Sottise, dans tous les cas cet animal assoiffé de sang lui aurait sauté dessus.

Voilà, comme prévu les choses dérapaient. L'elfe provoquait, les autres répondaient. Et lui dans tout ça ? Il ne lui restait plus qu'à prendre son courage à deux pattes et à protéger son imbécile d'elfe qui ne demandait qu'à être confronté à un danger plus fort que le précédent. Mais pensait-il à son dragon ? Se rendait-il compte qu'en mettant sa propre vie en danger et menaçait également son dragon ? Visiblement, il n'était pas le seul à être agacé par cette situation, comme lui il n'y a pas si longtemps, la dénommée Trissi prenait le large sans se préoccuper de celui qui lui tenait lieu de dragonnier. Il ne comprenait que trop bien ce sentiment d'incompréhension et de déception, cela pouvait sûrement être mis sur le compte des modes de vie. Un dragon ne vit pas comme un bipède, leurs priorités leurs sensations et autres n'étaient pas ressenties de la même manière. Que se passerait-il si les rôles étaient inversés ? Si les bipèdes étaient les esclaves miniatures des dragons ? Nul doute qu'eux non plus n'aimeraient pas être ignoré de la sorte et surtout trimbalé comme une poupée qu'on exhibe devant les autres pour faire des jaloux. S'il avait été plus jeune, il aurait sûrement été le plus en danger dans cette situation, car il était plus faible qu'un humain, mais maintenant. Il était plus grand, il n'atteignait pas la taille d'un cheval, il en était encore un peu loin, mais sa carrure, sa force et son poids étaient nettement supérieur ce qui lui permettait forcément d'être une menace un peu plus sérieuse pour ses ennemis.

Et justement, un de ses ennemis venait de se dévoiler. Malgré toutes les mises en gardes, toutes les tentatives d'avorter ce combat inutile et perdu d'avance, le vampire s'était senti lésés et il réclamait sûrement des excuses qui ne viendraient jamais de la part d'Elrond, trop fier et imbu de lui-même pour ne serait-ce qu'essayer de se mettre à la place de son opposant. Il aurait sans doute agi de la même manière si on lui avait mis un sceau sur la tête avant de l'insulter. En réalité, les races les plus guerrières et destructrices étaient bien les hommes et les vampires. Jamais on aurait vu un clan de dragon en attaquer un autre jusqu'à la mort pour des idéaux. Les seules possibilitées de conflit serait les femelles et les territoires de chasses. Mais là encore, il était rare de voir un dragon se battre à la mort uniquement pour ça. Alors qu'ici, dans la dimension des bipèdes, le simple fait d'être née était visiblement une raison suffisante pour mériter la mort. Comment une race aussi stupide avait-elle pu survivre aussi longtemps ? C'était un mystère qu'il aurait plaisir d'explorer pour en connaître les tenants et aboutissant. Mais actuellement il n'avait pas le temps de penser à cela. Le vampire visiblement excédé par la présence de son opposant se jeta sur lui toutes lames dehors. Il ne faisait aucun cas du dragon bleu qui faisait une taille respectable. Non pour lui le plus important était bien de sauter à la gorge de l'elfe pour la trancher au mépris de son lié qui pourrait y passer dans le processus.

Pourtant, au tréfonds de lui, un mouvement lui coupa toutes pensées, il ferma son esprit dans le même instant et un accès d'adrénaline lui parcourant les veines. Une sensation de force l'envahie tandis que la fureur montait en lui. Le tout en l'espace d'un clignement d'oeil. Il n'aurait jamais du sous-estimer la puissance d'un dragon, d'autant plus lorsque l'on s'en prend au lié de celui-ci. Alors que la lame du vampire touchait le corps de l'elfe. Möebius plia ses pattes arrières comme lorsqu'il s'apprêtait à bondir sur sa proie et relâcha la tension d'un coup pour plonger sur le vampire avec toute la force dont il était capable. Arrivant de dos, il planta outrageusement ses griffes dans le dos du vampire et le plaqua à terre avec la force d'un rocher. Il n'était plus qu'une force de la nature, aussi brut et pure que la glace. Il n'y avait que le soleil, que sa lumière qui puisse faire fondre cette détermination qui se trouvait en lui à cet instant. Mais c'était loin d'être finis. Arrachant les tissus que portait sa proie, il plaça sa gueule ainsi que ses crocs aiguisés sur le cou du vampire. Il ne lui suffisait que d'un claquement de mâchoire pour le ramener de l'abysse dont il était sorti. Mais visiblement Elrond n'était pas resté inactif, ses sorts agissaient déjà, il enserrerait la jambe du vampire. Il ne remarquait pas que sa proie était désarmée, mais de toute façon ça n'avait aucune importance, la seule chose qui le retenait d'en finir avec cet être immonde était la dragonne qui l'accompagnait, sans cela il n'aurait pas hésité.

Si la petite dragonne n'avait eu le regard tourné dans leur direction elle aurait manqué l'affrontement des deux dragonniers. Bien que vive d'esprit, la dragonne n'affectionnait pas le langage des bipèdes, et en manquait la plus grande subtilité, aussi ne pouvait-elle saisir dans les mots fleuris que s'échangeaient le vampire et l'elfe, les amorces de ce duel futile.

Trissi ne doutait pas des capacités de combat de Kedrildan, il s'écoulerait encore des mois avant qu'elle devint meilleure chasseuse que lui - elle n'aurait pas démordu ne pouvoir le dépasser en ce domaine - mais le soleil étincelait au dessus de leurs têtes, poursuivant sa lente ascension du ciel, et émoussant de toute évidence les capacités de son lié d'âme. Peut-être également sa patience. Aspect que l'Argentée avait largement négligé.

Mais Elrond, aussi désespérant qu'il fut n'était pas une proie convenable. Sa disparition eut certainement peiné le dragon bleu, Trissi percevait dans le lien qui unissait l'elfe au dragon un écho des mots prononcés par Shaynar, bien qu'elle y eut cherché autre chose.

L'Argentée saisissait avec plus d'acuité la colère de Kedrildan que celle d'Elrond, du fait du lien qu'elle partageait avec le vampire, mais la distance et son incompréhension des mots ne suffisait à distiller le poison moqueur qui les enduisait. L'elfe lui évoquait ces grosses mouches colorées, au bourdonnement agaçant et à la piqûre douloureuse. Le genre d'insecte à rôder autour des charognes. Peut-être était-ce un autre lot de la non-vie de Kedrildan, songea froidement la petite dragonne.

La petite dragonne s'abîmait dans ces étranges considérations, tentant vainement d'écarter sa faim, quand son lié se rua sur l'elfe. De ces yeux acérés, elle vit l'entaille, piégea dans l'air la saveur métallique, et vit le dragon bleu fondre sur Kedrildan.

Pathétique. Que les bipèdes s'agitent dans des joutes inutiles, elle le concevait faute d'autre choix. Que l'un de ses pairs se confondent dans cette mascarade, cela frisait l'impensable. Trissi rugit, et si son corps juvénile rendait le son plus aigu qu'il ne serait à l'avenir, il ne prêtait pas à rire, pas plus que le feulement d'un fauve n'amuse dans ses modulations.

L'Argentée ne prit pas part à la mêlée. D'une part parce que l'équilibre des forces ne s'y prêtait pas, d'autre part parce qu'elle aurait presque préféré voir périr Kedrildan que de s'abaisser à cela. Presque. C'était l'esquisse d'un mensonge, peut-être voulait-elle simplement que le vampire crut les choses ainsi.

° Lâche-le ! Il est à moi ! ° vociféra la dragonne à l'encontre du dragon bleu.

Elle ne l'attaqua qu'en pensées, mais ces pensées-là avait la froideur de l'hiver et le tranchant de sa morsure.

° Et après cela ? Tu me tuerais ? Tu me laisserais partir et revenir, anéantir dans un futur trop proche ton insolent de lié et tous ceux auprès de qui il aura osé se fendre d'une attention complice ? °

Les dragons chassaient d'instinct, et puisaient dans leur conscience atavique les rudiments de leur survie. C'était là un fait indéniable, mais cela signifiait-il pour autant qu'ils doivent s'abstenir de penser ?

° Quand as-tu cessé d'être un dragon pour devenir l'esclave d'un elfe qui provoque par bêtise pour le seul plaisir de te voir accourir à son secours tel un chien savant ? Pour quoi pourraient-ils se battre qui est quelque valeur ? Ils ne chassent pas le même gibier, qu'il s'agisse de proie ou de compagne. °

La mémoire ancestrale de Trissi, intarissable de détails et de murmures sur de multiples sujets, relatait que les bipèdes s'unissaient parfois à d'autres desseins que la procréation, mais même s'il fallait s'abandonner dans le délice d'une nuit, Kedrildan était aux yeux des siens un être de goût, il choisirait mieux que ce cafard des bois. Même si Trissi eut apprécié de jouir de la compagnie du dragon bleu en d'autres circonstances.

° Kedrildan... Ne me laisse pas. °

Le monde était trop vaste voilà tout, même si ses ailes naissantes l'emportaient au delà des mers et des rivages lointains, où irait-elle sans que chaque écho n'évoque son rire et son timbre railleur, sans que chaque merveille lui rappelle les éloges enjoués qu'il faisait d'elle, sans que le silence à la nuit tombée n'évoque sa chasse solitaire qu'elle épiait en secret ?

L'Argentée avait trop bonne mémoire. Assez pour ne pas pouvoir le laisser partir. Assez pour comprendre que si elle intervenait, elle signerait leur arrêt de mort à tous deux. Kedrildan n'avait jamais laissé vivre l'humain qui l'avait blessée, même si la plaie n'était plus, sinon que souvenir.

Et voilà. Encore une fois il avait choisit le caprice de sa dragonne et encore une fois il tombait sur des ennuis en puissance. Bon, il devait avouer qu'il était quand même légèrement de mauvaise foi en pensant cela... Après tout, il avait été gentil au début, il avait prévenu que s'il continuait ses pitreries, le roux serait beaucoup moins sage. Bon, peut-être pas en des termes aussi dociles et avec moins de retenus mais l'idée générale était là : s'il gardait ces distances d'avec lui, il ne se passerait rien. L'avait-il seulement écouté ? Tch... Ce misérable cafard, ce sale bouffeur de salade ! Il n'était rien comparé à la magnificence de Lorenz ! Qui était-il pour écorcher ainsi son nom ?! Qui était-il pour s'amuser des vampires qui pour une fois ne demandaient rien à leurs pairs qui sillonnaient ce monde ?! Par Dracos tout puissant ! Il lui arracherait la langue pour la lui faire manger, ça lui apprendra à dire des sornettes sans réfléchir à sa survie en premier ! Et dire qu'il avait un dragon... Pauvre bête, être lié à une aberration de la logique, à un idiot sans jugeote... C'était encore pire que de se traîner un boulet à la griffe parce qu'il parlait donc en plus d'être inutile, voilà qu'il pouvait vous assommer durant plusieurs heures avec leurs bavardages intempestifs et leurs étourderies qui pouvaient les blesser tous deux.

Mais là, il ne laisserait pas passer... Il en avait souper de cet abruti congénital d'elfe et de ses conneries... Et là, puisque la manière 'douce' ne semblait pas fonctionner, Kedrildan allait de ce pas se servir de la méthode 'forte'.

Lui sautant à la gorge, dagues et crocs dégainés, le roux eut le temps de déchiqueter son flanc avec Plaie avant que le dragon de ce crétin de végétarien ne l’aplatisse à terre de tout son poids. Heureusement qu'il était mort sinon il serait mort d'asphyxie ou de perforation des poumons dû à l'éclatement de ses côtes. Mais il était cadavre alors ça l'arrangeait malgré le fait que ses os craquants et se cassants sous la tonne de viande était vraiment très inconfortable comme situation. Immobilisé à outrance et complètement désarmé, le vampire n'avait plus que pour satisfaction la douleur sur le visage de cet abruti et le savoir que plus ça irait, plus la plaie serait douloureuse et longue à guérir... Bien que le souffle chaud et putride de l'animal contre sa gorge n'était pas rassurante, d'un claquement de dent il pouvait le raccourcir d'une tête de façon radicale. Alors il serrait les fesses pour qu'il n'ait pas soudainement le hoquet où qu'il éternue sinon il était fichu...

Trissi... Elle devait souffrir de sentir son corps partir en morceau à l'intérieur à cause du poids du dragon... S'il en réchappe, il aura besoin de chasser pour avoir du sang et se reconstruire rapidement. Il pouvait entendre ses trilles de tristesse et d'angoisse dans son esprit, et cela le blessa : il devait retourner auprès d'elle pour la serrer contre lui et la rassurer, il ne la laissera jamais !

- Lâches-moi dragon ! De quel droit avais-tu de m'attaquer alors que je n'étais pas en tord ?! Apprends à ton dragonnier à réfléchir plus vite que sa verve s'il ne veut pas tomber sur bien plus fort et dangereux que moi parce que tôt ou tard il perdra la vie et c'est toi qui en pâtira ! Laisses-moi partir ! Hurla-t-il tout ce qu'il pouvait en essayant de s'échapper de l'emprise, cherchant presque désespérément à rejoindre sa liée.

Il devait la rassurer ! L'elfe, il l'avait presque oublié tant le plaisir de savoir qu'il devait souffrir le martyr l'avait comblé de joie ! Maintenant Kedrildan était passé à autre chose et cette chose était sa bien-aimée qui avait besoin de lui !

[hrpg: on va finir ici si cela vous dit ^^]

¤ Bye M.vampire ¤

La morsure de l’acier contre sa peau était une expérience fortement désagréable que l’elfe n’avait pas connue depuis longtemps. Il n’était pas pour autant de sucre, il ne tournerait pas de l’œil à la simple blessure. Bien qu’on ne puisse pas qualifier cette dernière de ‘simple’. Venant coller sa main contre sa blessure, appuyant, grimaçant au passage dû au surplus de douleur que cela engendrait. Son sang fuyait de son corps par cette unique blessure comme l’air d’un ballon au biais d’une fuite. Serrant les dents sous la douleur, d’entre ses lèvres sembla s’échapper quelque doux murmures, mélodie elfique à demi-mot, les saignements ralentir pour se stopper alors que la blessure lentement se refermait. L’elfe vidait sa magie dans la guérison de cette blessure. Rapidement il se rendit compte que le chant ne donnait pas les effets escomptés. Les saignements arrêtés, mais la blessure toujours présente. Quel maléfice entourait la lame qui l’avait blessé rendant sa blessure aussi docile que le vampire aux cheveux roux. Grognant il laissa sa main contre la blessure et stoppa le chant entendant les jérémiades du suceur de sang ainsi que du dragon. Ses mots résonants dans l’esprit de son lié qu’il partageait.

Les racines qui avait capturé la cheville du sans vie se remirent à bouger, deux autres sortant pour s’enrouler aux poignets de ce dernier et les plaquer au sol. Frappant le sol du pied et fusillant le démon des yeux il rugit.

« Et toi ! Comment oses-tu t’adresser à lui de la sorte ! Comprends donc ta place et remercie-le pour t’avoir épargné. Si ce n’était de ta dragonne, ta tête roulerait au sol. »

°Möebius ne le tue pas peut importe le venin qui s’échapperas de ses lèvres, je ne veux pas que tu te salisses pour mes provocations. °

Soupirant, il entendit, à nouveau les mots de la dragonne retentir dans l’esprit de son lié. Quelle petite idiote, ne comprenait donc t’elle pas la situation, ou en avait elle rien à faire de son dragonnier. Était-elle l’attardée de la génération ? Si ce n’était du vampire et de sa blessure Elrond prit plaisir à lui rabattre son clapet à celle-ci néanmoins il ce n’était pas à lui de faire, mais bien à Möebius de le faire aussi s’exprima-t’il à lui en image et en mot.

°Rappel lui donc sa place, ne te laisse pas marcher ainsi sur les pieds ni rabaisser au simple niveau d’animal de compagnie. Tu es une moitié de moi, un compagnon, un camarade, un frère un être fier. °

Entendant encore le vampire geindre il se retourna vers lui. S’il n’avait été un elfe, il l’aurait achevé pour qu’il apprenne de ses erreurs dans l’au-delà. Malheureusement il n’était ici le seul fautif. Peut-être Elrond n’aurait-il dû le provoquer ainsi. Néanmoins face à la rage du rouquin l’issue n’aurait pu être différente.

« Nous ne vous ferons rien du tout alors cessé de gémir. Je serais l’être que tu décris avant de tuer un frère dragonnier pour une simple égratignure. À présent retourne dans tes contrées vampires, votre peuple ne sait semer que discorde et destruction sur son passage. Vous êtes l’antipode des elfes. Le gout du sang rend-t-il si fou. »

Levant la main pour serrer les racines autour des poignets et chevilles du vampire il intima à Möebius de le lâcher, il était temps pour eux de partir pour panser ses blessures.

« Je fais sans doute erreur de ne pas profiter de l’occasion pour vous libérez de votre mal en vous ôtant la vie même au prix de celle d’un dragon. Je sais que je le regretterais plus tard au vu des morts que vous causerez. Néanmoins j’espère que vous repensez à cette clémence le jour au vous chevaucherez votre lié pour combattre. »

Faisant un signe de la main il continua.

« Les racines te libéreront lorsque je serai parti, libre à vous d’essayez de les forcer avant. »

¤ Möebius nous partons cette blessure n’est pas normal, je risque d’avoir besoin de temps pour la soigner. ¤

Jetant un dernier regard au vampire et à sa liée il ne put résister à une dernière provocation.

« Au fait si tu veux me faire la peau pour cet incident, n’hésite pas, avant te tuer tes victimes, à leurs demander s’ils ne connaissent pas un Elrond, peut être pourront ils t’aguiller afin que tu me retrouves. »

Comme attendu de la part de Trissi, l'attaque de son dragonnier ne l'avait pas laissée indifférente, malgré que son esprit se soit enfermé dans une carapace pour prévenir toute attaque possible, il percevait malgré tout les plaintes de la jeune dragonne aux abords de sa pensée. Il était toujours sur le dos du vampire qui malgré sa position et sa situation continuait de lui donner des ordres, l'un comme l'autre n'était pas digne d'être dragonnier, ce comportement montrait simplement leurs attitudes puéril. Néanmoins Möebius ne pouvait laisser Elrond se faire blesser inutilement, ils étaient lié, la souffrance de ce dernier était la sienne, le protéger revenait à se protéger soi-même. Que Trissi ignore cela montrait à quel point leur lien était encore jeune et faible. Malgré tout, l'elfe lui indiqua qu'il était temps pour eux de s'en aller, il était temps, s'ils restaient la situation pourrait encore dégénérer et cela finirait invariablement par la mort de l'un ou l'autre, mais plus probable que le vampire soit le premier à périr. Retirant sa mâchoire du cou de l'être pâle, il se retira également du dos de ce dernier. C'était bien la première fois qu'il laissait une proie filer, mais celle-ci n'était pas commune et sans doute de très mauvais goût. Son lié intervint ensuite pour se mêler de l'échange avec Trissi, mais cela ne le concernait pas le moins du monde, il n'avait aucun mot à dire à cette jeune femelle. Mais ses mots étaient déjà prononcé. Il déverrouilla son esprit après un moment pour communiquer avec sa cousine et lui faire partager son ressentit.

« Tu ne connais pas la douleur de perdre ton lié... »

Des mots amers qu'il tenait d'une elfe qui lui était très cher, mais dans ces mots résonnait la vérité. Trissi aurait du savoir quel danger il y avait à se lier avec quelqu'un, les implications d'une vie partagé. Même s'il ne parlait quasiment pas, sa voix était resté la même, d'un ton glacial et froid tel un bloc de glace impeccable et rigide. Il ne comptait pas tuer ce vampire lié à l'âme de Trissi, mais les choses tourne parfois d'une manière que parfois on ne peut plus avoir le choix. Plutôt que de lui en tenir rigueur, elle fera mieux de féliciter sa chance pour le fait que son aîné n'ai pas eut à commettre l'irréparable. C'est également une des raisons qui le poussait à ne pas vouloir prendre part à ces combats inutiles entre les humains et les vampires. Il y avait trop de dragon impliqué et la mort de certains pouvaient causer une perte irrémédiable. Retournant prêt de Elrond, il lui adressa un regard lourd de sous-entendu. Lui intimant de monter sur son dos pour qu'ils puisse repartir rapidement. Sa blessure n'était pas naturel et il devait trouver un endroit pour pouvoir se soigner en étant à l'abri. Retournant son visage vers Trissi, il acquiesça autant en signe de gratitude qu'en demande de pardon. Lui envoyant une image de l'endroit où ils avaient prévu de se revoir, il espérait que cet incident n'avait pas réduit tous les espoirs de la jeune dragonne.

Bondissant d'un coup pour disparaître de la vue des deux autres liés, il s'avança rapidement vers la plaine qu'ils avaient traversés pour atteindre ce petit village. Elrond était un peu lourd, mais il pouvait le porter pendant encore un long moment avant d'être trop fatigué. C'était peut-être la première fois qu'il le transportait ainsi, mais ça ne serait certainement pas la dernière. Après quelques minutes, il était parvenu au bosquet dans lequel ils avaient passé la nuit juste avant de venir au village. Les cendres du feu étaient encore présente, il déposa Elrond qui s'occupa de sa blessure comme il pouvait. Maintenant, même les terres des humains étaient dangereuses. Il devrait redoubler de prudence à la prochaine sortie. Une fois la nuit passée et l'elfe de nouveau capable d'être transporté, ils retournèrent dans leur forêt, après tout c'était là qu'était leur place, parmi les arbres et la végétation. Parmi les elfes et leurs protection, dans ce monde loin de la guerre et des massacres qui se passait au-delà. Peut-être qu'un jour ces combats arriverons jusqu'ici, mais à ce moment-là, lui et Elrond seront prêt à défendre cette place de toute leurs force.

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