Il comprenait totalement la manière de penser de Shaynar, et ne pouvait qu'être d'accord. Il ne s'en cachait même pas. En temps que garant de l'équilibre il ne se verrai jamais condamner une race ou une autre, et il admettait qu'il était un peu stupide de vouloir obtenir le pardon de l'empereur pour un dragon qui n'aurait pas dû en avoir besoin. Le problème était qu'ils ne pouvaient s'en passer. Les choses étant ce qu'elles étaient, ils devaient absolument obtenir une audience et convaincre le souverain humain n'oublier le casier long comme le bras que s'était acquis son compagnon écailleux sous les ordres de Lorenz. Ils ne pouvaient tout simplement continuer de haïr et d'avoir peur de Shaynar. Bien entendu, le simple pardon du roi ne serait pas suffisant pour ça, le dragon n'invitait pas à la douceur autant par son apparence que par son caractère et son ancienne allégeance, les humains étaient des créatures peureuses au naturelle et qui avaient tendances à juger rapidement... mais du moins, ce serait un premier va vers l'acceptation si leur souverain, sensé incarné sagesse et raison, acceptait d'oublier le passé du dragon dans le camp adverse. Il plaiderait de toutes ses forces si il le fallait, mais avait bon espoir que Gregorist entende raison sans cela, il était loin d'être un imbécile, et il verrait certainement le meilleur pour eux tous. Et puis... il ne ferait pas bon garder Shaynar comme un ennemi, surtout si celui-ci devait devenir le nouvel ancien de sa race en ces terres. Non, il ne pensait pas se tromper en insistant pour se rendre à Gloria. Et en plus, il s'y trouvait au moins deux, voir trois jeunes dragons, si ce qu'il vait put comprendre était correcte, et bien qu'ils ne soient pas ceux qui l'inquiétaient le plus, le noir voudrait sans doute les voir. Lui avait un mauvais pressentiment, au sujet des femelles restées dans le camp vampirique

< Je sais Shaynar, mais nous ne pouvons qu'espérer qu'ils écoutent.... >

Il se voyait moyennement devoir pacifier l'ensemble d'une ville d'un seul coup, même puissant, ce n'était pas à sa portée sans avoir, au moins, reçu la formation de gardien. Aussi, il espérait que la carrure imposante du dragon et cette arrivée subite les empêchent de trop en faire, curieux comme des singes, et intimidés, les humains seraient plus simples à manœuvrer. Encore qu'il leur fallut arriver jusqu'en bas en un seul morceau. Mais il faisait entièrement confiance à son compagnon. Jetant un coup d'oeil à Lyroë qui se trouvait derrière lui, puis à la ville en contre-bas, il s'accrocha plus fermement à la selle, serrant les jambes. Les figures acrobatiques et autres looping ne le dérangeaient pas vraiment, il adorait voler, avait toujours adoré ça, depuis la première fois qu'il était monté sur le dos du dragon noir dans les montagnes. C'était une sensation unique qu'il goûtait avec plaisir, qui lui donnait l'impression de voir le monde entier, de devenir un oiseau...

Il ne ferma pas un seul instant les yeux, le cœur battant à tout rompre sous la brusque poussée d'air qui balaya sa capuche et fit claquer sa cape autour de lui, un instant euphorique sous la sensation indescriptible qui l'envahissait. Mais le moment n'était pas à savourer ce petit tour, car Shaynar n'était pas en train de se tortiller en l'air pour des pâquerettes, mais pour éviter des flèches, et autres choses lancées vers lui pour le mettre bas. Ne comptant pas voir le dragon noir blessé, même si il évitait admirablement bien, il se mit à souffler les paroles du chant du vent, comme une demande aimante à l'élément qu'il charmait à son profit. Lentement, les souffles virent entourer le géant ailé sans pour autant perturber sa course, repoussant seulement les attaques qui risquaient de le toucher. Il fut cependant contraint de s'arrêter lorsque l'air fut expulser violemment de ses poumons à l'atterrissage et il se rattrapa sur un des piquants énormes histoire de ne pas être précipité en avant. Les oreilles sifflantes de la descente et la vision un instant brouillée, il se reprit cependant très vite et eut un sourire amusé.

< Superbe descente ! > Oui bon, c'était fort peu approprié, mais il s'était bien amusé au final, et c'était rare ces temps-ci où il parvenait à le faire pleinement. Et puis ça prouvait qu'il était en vie non ? En vie, il le sentait vraiment, tout son corps semblait plus léger, fébrile. Se décrochant de la selle, il se leva d'un bond et, devant le brouhaha qui régnait, grimaça.

« Ah silence ! » Le nom du silence vint faire taire l'assemblée des humains. Il sauta du haut du dos de Shaynar et se rattrapa d'une note, histoire de ne pas s'écraser lamentablement au sol sur des jambes tremblantes. Se plaçant devant le dragon, il regarda les hommes menaçants, mais tremblant visiblement aussi de leurs coté. Qu'est-ce qu'il devait dire exactement ? Il était sensé s'y prendre comment pour les calmer ? Ça ne l'inquiétait pas vraiment, c'était plus qu'il n'aimait pas se servir de ses pouvoirs sur des innocents, lorsque ce n'était pas nécessaire. Il avait déjà calmé deux jeunes dragons prêt à se battre, à l'époque, il pouvait bien réussir avec eux non ? S'armant de son ton si convainquant de chanteur de la Rhapsody, il prit calmement la parole.

« Nous ne venons pas pour vous faire du mal, ni pour attaquer qui que ce soit. Shaynar » Il le désigna « a été accepté comme allié par l'impératrice Evanealle, et nous venons humblement demander à sa majesté, l'empereur Kohan, son pardon pour les actions qu'il a commise durant son temps auprès des vampires. Je puis vous assurer que nous ne sommes pas là pour nous battre, je m'en porte garant, au nom de ma place de Baptistrel. Qui est votre capitaine ? » Il attendit de voir l'homme se désigner, malgré la méfiance encore palpable chez les soldats. Ils n'étaient pas assez fort pour même songer à contredire ses paroles. Bon. Il espérait juste que le roi ne le prenne pas mal.

« Si vous pouviez envoyer un message au palais, nous vous en serions infiniment reconnaissant Messir. Nous vous promettons de ne pas entrer en ville avant de recevoir confirmation que nous y sommes autorisés » Il soupira, força un peu, et le regarda s'en aller à cheval après que la porte se fut ré ouverte. Croisant les bras et soupirant en remarquant qu'ils étaient toujours entourés malgré son assurance, il se tourna vers ses deux compagnons.

« Ce n'est pas pire que ce à quoi je m'attendais. Il ne reste plus qu'à être patient » En sachant que ce n'était ni le fort de Shaynar, ni celui de Lyroë...il était bien entouré....

[hrp : j'espère que ça ira XD je me suis permis d'avancer ]

Le regard que lui décocha Shaynar faillit le faire sourire. Oh oui, la patience n'était pas son fort, c'était certain. Néanmoins, il patientait, et c'était le principal. Ils étaient presque au pied du mur, dans un moment ils parleraient devant l'empereur. Il ne redoutait pas la rencontre, ce qu'il redoutait avant tout, c'était tout les petits détails qui pourraient venir enrayer la roue de la rencontre et transformer ce qui devait être une entrevue paisible en moment de tension intense. Il avait beau se répéter qu'il avait déjà vu pire, ça restait inquiétant. Il avait discuté en tête à tête avec Lorenz Wintel sous sa tente, il avait calmé deux jeunes dragons en furie à Aldaria, il avait été menacé de mort par Shaynar... mais il ne pouvait complètement se sortir de l'esprit l'idée que tout pourrait partir à vau-l'eau au moindre mot de travers. Il avait beau ne pas parler en politicien, les choses restaient délicates. Il savait que la situation était vexante pour le dragon, que Lyroë la trouvait ubuesque, et que les conseillés du souverain risquaient de ne pas tous être d'accord, mais il fallait le faire. Il restait persuadé de cela, peu importe le résultat final.

Aussi, quand le messager revint, plus rapidement que prévu avec ça, il sourit à l'homme et le remercia avec beaucoup de chaleur pour le service qu'il venait de rendre, espérant compenser un peu la pique de Lyroë par la même occasion. Suivant leur guide, il entra dans la ville en compagnie de Shaynar et de son amie d'enfance, regardant les alentours avec attention. Il connaissait bien et Gloria, et le palais, mais il se sentait réellement étranger cette fois. Les regard que l'on posaient sur eux étaient.. gênant. Ils avaient peur du grand noir, c'était évident et compréhensible, mais d'eux aussi, car ils marchaient avec la bête. Jamais encore il n'avait eut droit à de tels regards, et cela le peinait. Cela le peinait que de sentir leurs détresse, leurs peur...leurs haine parfois. Lui qui se sentait poussé à soulager tout ses sentiments chez les autres, à soigner et guérir même les pires des créatures, il devait se faire violence pour ne pas rester là, dans la ville, et tenter de faire disparaître leurs peurs. Hélas c'était impossible, aussi se contentait-il de marcher vers le palais au rythme de la troupe, une main sur les écailles noirs de Shaynar. Le dragon avait tout vu de ses souvenirs, mais, presque timidement, comme si ses pensées pouvaient être entendue dans le silence de la ville à leur passage, il superposa à ce qu'ils avaient tout deux sous les yeux, la vision de Gloria bourrée de monde et pleine de vie. Ce n'était après tout pas parce qu'on le traitait comme un feu de forêt sans contrôle qu'il ne pouvait pas au moins voir un peu de la véritable face de l'humanité, la face avenante.

«  Ils te craignent parce qu'ils ne voient que ta force, et la capacité que tu aurais à les tuer. Comme une proie devant un prédateur. Avec le temps si Dracos et toi le voulait, ils apprendront à voir autre chose en toi qu'un ennemi » Il parlait à voix haute afin que Lyroë le coupe si elle le voulait, et si l'un des gardes le regarda étrangement, il ne fit que lui sourire avant de poursuivre.

« Avant que la race dragonique n'éclaire de nouveau Armanda de sa présence, le danger avait reflué, les humains vivaient dans la sérénité, persuadés que la paix était acquise. A présent, leur ennemi se trouve dans leur royaume, infiltrant les campagnes, les poussant à abandonner la terre de leurs ancêtres, et la mort vient à nouveau des cieux. Les humains ont un grand potentiel d'adaptabilité, mais ils oublient aussi plus vite le passé. Beaucoup de paysans se sont réfugiés dans les grandes villes, et même cela ne les protégera pas indéfiniment si nous ne trouvons pas de solution contre la folie de Lorenz » Il n'accusait personne, ni humain, ni dragon, ne faisant que poser ce qu'il pensait être une vérité parmi d'autres. Pensif, il regarda les gardes. En désigna un.

« Il a survécu à une attaque à laquelle tu participais, son capitaine a pensé qu'il pourrait aider à défendre les remparts. Il n'a pas bien vu, mais il se souvient avec précision. Il t'as prit pour l'esprit de la mort ce jour là »

Se taisant finalement, il observa les portes du palais approcher lentement. L'intérieur était tel qu'il s'en souvenait, et il ralentit un peu le pas afin d'être certain de ne pas perdre un certain dragon noir dans les couloirs de l'édifice. Ce serait une bien mauvaise blague à faire à leurs hôte. Puis, finalement, la grande salle d'audience leur fut ouverte, et il pénétra le premier, suivit du dragon noir et de Lyroë. Même immense, la salle contenait à peine Shaynar, et il n'osait imaginer le résultat si le noir grandissait davantage... Ils n'y pouvaient rien encore une fois, à moins d'avoir les moyens et le culot de proposer de l'agrandir. A défaut d'aise pour son presque lié donc, il posa les yeux sur l’empereur, et eut tout le loisir de faire se télescoper diverses pensées. La première d'entre elle, c'était qu'ainsi vêtu, il aurait du mal à courir pour échapper à shaynar si celui-ci se mettait en colère. Quand on était habillé décemment c'était déjà difficile, mais avec toute cette pompe, ça devait impossible. La seconde pensée qui lui vint, c'était que le souverain n'avait guère changé, depuis sa dernière visite. Visage parmi d'autre dans la foule malgré son rang, il n'avait jamais été présenté directement à ce jeune homme qui portait le poids d'une nation sur ses épaules. Il se gardait bien de porter un jugement plus ample sur lui ou sur son règne, n'étant pas un de ses sujets, et n'ayant d'ailleurs ni raison de le faire ni l'expérience d'un gouvernement quelconque, quoi que ça risquait de changer... Mais on en était pas encore là. Dans le sillage de Gregorist se trouvait sa suite, conseillés, gardes... les gardes, il les respectait, les conseillés... il préférait ne pas y avoir affaire. Les politiciens n'allaient pas avec son ordre, des menteurs, des joueurs invétérés tordant la vérité et les situations à leurs profits, cherchant à en tirer le plus de profit possible. Évidement seul Rheryn lui agréait, mais ils étaient pairs dans l'ordre des chanteurs, et le jeune humain était une perle parmi les perles. Il lui adressa d'ailleurs un salut discret avant de reposer son attention sur le souverain. Le chant s'élevant du Kohan l'intrigua. Bien moins complexe et moins long que celui de Shaynar ou de Lorenz, le déchiffrer ne fut pas difficile, et il fut surpris de ce qu'il y trouva, très agréablement surpris, mais aussi amusé, et un peu peiné.

< Un homme d'acier craignant la rouille. Mais tu as raison, il ne faut pas le sous estimé, il pourrait bien être exactement ce qu'il faut à son peuple. Rien que pour son mépris contrôlé des traditions. Il a proposé que l'on mari sa sœur et un dragonnier elfique, voilà qui est aussi inconvenant que bien vu. Je me demande comment mon peuple réagira, certainement avec outrage comme d'habitude. Dommage > Il hocha la tête ensuite à ce que lui disait le dragon. Oui, c'était certain. Il saisissait parfaitement, et ne tenait pas franchement à voir Gregorist blessé ou quoi que ce soit d'autre. Posant une main sur les écailles de Shaynar un bref instant, pour reprendre ses esprits et se secouer un peu, regarda également Lyroë, puis s'avança face au souverain avant de s'incliner avec respect, un genoux à terre.

« Empereur Kohan, mes hommages » il attendit, suffisamment pour qu'on lui dise de se relever ou d'estimer que l’hommage était respecté, puis il se redressa. « Nous vous remercions infiniment pour cette audience, et nous vous prions de nous excuser pour notre arrivée si cavalière » Il ne comptait pas s’appesantir sur leur entrée. Il s'excusait, ce qui était naturel, cependant, si la raison n'était pas évidente, elle serait certainement demandée, auquel cas il se ferait un plaisir de la donner, dans le cas contraire elle n'avait d'importance que par le fait qu'elle existait. Ne pas la demander revenait simplement à estimer qu'elle était, si non raisonnable, du moins recevable. Une fois relevé, il croisa les mains, et se fit intérieurement le commentaire qu'il devait avoir l'air d'un diplomate comme le reste des politiciens. Horreur. Mais pas important.

« Votre altesse, je sais votre temps précieux aussi ne le dépenserais-je pas en frivolités. Vous le savez, nous somme ici afin de vous prier d'accorder votre pardon à Shaynar » Il se tut de nouveau, inspira doucement, et entama.

« Sous les ordres de Lorenz Wintel, Shaynar et son dragonnier ont commit des atrocités, chacun de nous en a conscience, et Shaynar plus que tout autre. Ces atrocités ne sont pas des faits que l'on peut oublier, et nous n'aurions jamais l'impudence de vous le demander, ni à vous ni à votre peuple. Des vies précieuses ont été perdues, des habitats ravagés... Shaynar ne peut vous les rendre hélas. Pardonner cela est difficile, certains diront que c'est impossible, ils n'auront guère tord. Cela nous le comprenons aussi. Pourtant nous nous présentons pourtant devant vous aujourd'hui dans l'espoir que, dans votre mansuétude, vous puissiez, peut-être, nous offrir ce présent si précieux et si important à nos yeux » Il fit une nouvelle pose.

« Shaynar a tué, détruit. C'est la vérité. Pourtant il a décidé, sachant qu'on lui reprocherait cela, de changer de camp. Son dragonnier, Eliow Wriendel, était un vampire, un être rejeté par nos peuples votre altesse, et tout deux ne pouvaient trouver une place ailleurs que dans la multitude vampirique. Une opportunité, pourtant, s'est présenté pour eux qui n'appréciaient pas Wintel. En effet voilà quelques mois l’impératrice Evanaelle a été capturée par les vampires, comme vous le savez certainement, Shaynar et son dragonnier l'ont délivré, et l'ont ramenée à son peuple. Reconnaissante, l’impératrice lui accorda sa protection, ainsi que l'amitié de notre peuple, tandis que Shaynar promettait de combattre de notre coté malgré la faiblesse de son lié. Le destin a cependant voulut que la faiblesse d'Eliow Wriendel le rende incapable et malade. Il a lentement périclité, pour notre malheur à tout deux, mais également au reste de mon peuple. Sa fin...est survenue il y a peu de temps. Nous l'avons enterré selon nos coutumes dans le jardin du souvenir, aux cotés de nos dirigeants, de nos dragonniers et de nos familles nobles. Un grand honneur offert par sa majesté Evanaelle, surtout pour un vampire, et un ancien ennemi. Je ne puis prétendre qu'aucun de nous est remit du chagrin, mais nos devoirs ne peuvent attendre davantage, alors que vos altesses voient peser sur leurs épaules tant d'attentes, prenant tant de décisions que l'on reproche et qui sont pourtant pleines de la lumière de la raison » Nouvelle pause, le temps que ses mots soient pesés sans aucune doute

« Aujourd'hui, Shaynar combat Lorenz Wintel, qui est une grande menace, autant pour nous que pour la race des dragons et la magie de tout Armanda. Il combat aux cotés des elfes, et il vient se présenter à vous en notre compagnie afin de sceller son combat aux cotés des hommes. Nos deux peuples sont alliés, il ne serait guère seyant ou vivable qu'une inimité perdure entre vous, et au travers de vous votre peuple excellence, et lui qui est premier de sa race, ouvrant la voie pour ses frères et sœurs d'écailles. Nous avons un ennemi commun, un combat commun, nous tous. Ne devrions-nous pas faire front commun, unis dans notre volonté de mettre bas Lorenz Wintel ? » Il s'inclina à nouveau, plus légèrement mais non moins franchement

« Mes mots sont bien humbles Votre altesse, de même que ma personne, et mon discourt a sans doute été long, peut-être le jugerait vous trop long d'ailleurs, mais il n'est le fruit d'aucune préparation, simplement de mon espoir de voir Shaynar, si non pardonné pour ce qu'il a fait, du moins offert une chance de prouver qu'il n'est pas votre ennemi. Je ne puis guère faire plus que plaider en sa faveur, car vous seul possédez le pouvoir de l'absoudre, sir. »

N'en déplaise à l’empereur, il n'usait d'aucun soutient magique pour s'exprimer, n'ayant pas l'intention de forcer son accord, ou l'accord de qui que ce soit. Un pardon volé par malice, même pour une bonne cause, ne valait rien du tout. Et que cet homme puisse le croire assez déviant pour user d'un pareil artifice le vexait quelque peu, il se serait attendu à ce que Rheryn lui parle un peu plus d'eux. Cependant il ne s'attachait que très peu à ce genre de chose et ne s'appesantit pas là dessus. Eut-il usé de ses pouvoirs les choses auraient été simple, mais ce n'était pas ce qu'ils cherchaient, ni lui, ni Shaynar. Il ne cherchait pas plus à intervenir ni en politique ni en quoi que ce soit, il était là pour se faire la voix du dragon, pour présenter des faits et le point de vue d'une créature dont on se défiait. Si on y voyait autre chose, ou si on décidait d'en faire une bannière de fausseté à l'aune des idées de cette race mortelle, il n'y pouvait rien, absolument rien, ne pouvant interférer avec le destin de chaque race et de chaque gouvernement. Qu'ils s'aveuglent n'étaient pas son affaire, tant qu'un équilibre était respecté. Hors c'était bien ce que semblait offrir le souverain, et cela lui suffisait. Chacun pouvait voir quelque chose de différent dans cette situation, et il ne prétendait nullement saisir tout les tenant qui pouvaient pousser Gregorist à sa décision. Même si cela ne lui plaisait pas, il ne pouvait pas nier que c'était là un grand pas en avant et qu'il fallait remercier les esprits qu'il ne les rejeta pas en bloc.

Écoutant les pensées qui s'échangeaient, puisqu'il était lié à Shaynar et que le dragon ne les lui cachaient pas, et il n'en fit pas le moindre commentaire. Le dragon parlait justement, et son calme était un exemple à suivre. Lui qui était pourtant si caractériel paraissait prendre tout cela très bien, et le chanteur n'en demandait pas plus non plus, il s'était attendu à devoir jongler avec les caractères enflammés de ses compagnons qui ne lui auraient pas simplifié la tâche, mais il semblait qu'on se soit donné la consigne qu'en ce jour, les choses se passeraient sans accrocs. Ce qui était plus que louable. Un détail attira cependant son attention, alors que la scène continuait de dérouler son lent flot autour d'eux. Avait-il dit dragonnier ? Est-ce qu'il...parlait de lui ? Sans même en être certain, ou se dire qu'il s'agissait peut-être d'un lapsus il s'en sentit extrêmement touché et ne put empêcher, un bref instant, un clair sourire de rayonner sur son visage avant qu'il ne retrouve sa constance. Ce n'était ni le lieu ni le moment de faire montre de sensiblerie. Il allait se rendre ridicule. Et pourtant, être appelé comme cela, alors même qu'il n'était pas réellement dragonnier, fit gonfler son cœur, plein de chaleur. Heureusement qu'ils étaient en pleine journée, et que les torches et chandelles de la salle étaient éteint, dans le cas contraire il aurait été bien en peine de les empêcher de danser d'un bonheur un brin indécent.

Gêné, il se mordit l'intérieur de la joue, et observa Lyroë qui semblait tendue... évidement, c'était idiot de sa part, elle était forcément tendue. Ah, quoi qu'elle en dise, elle tenait parfois plus du dragon, et de l'humain, que de l'elfe. Pour sa part, il se contenta de hocher la tête pour montrer son accord. La parole étant d'argent, le silence était d'or, et il valait mieux parfois ne pas s'exprimer. Qu'aurait-il put dire de plus d'ailleurs ? Heureusement une entrée remarquée le dispensa d'une formalité d'usage. Qui était le nouveau venu ? Rien moins qu'un dragon. Jeune encore, mais quelle masse ! Il était déjà impressionnant alors qu'il était si jeune... sans aucun doute deviendrait-il encore plus impressionnant en grandissant. Les écailles dorés semblaient plus riches que le plus grand trésor au monde, et il avait l'air curieux... pas étonnant, quand on voyait la taille de Shaynar. Les yeux de la foule s'étaient tourné vers ce nouveau dragon, et il en profita pour se rapprocher de Lyroë.

« Son dragonnier n'est pas ici... » C'était pourtant vrai, il était seul, ce jeune dragon doré. Qu'étaient-ils exactement sensés faire à présent ? La raison de leur venue était passé, mais ils ne pouvaient priver l'écailleux noir d'une rencontre avec un de ses frères, et puis, ils voulaient discuter avec la nouvelle génération, alors que faire ? Pour une fois, le chanteur ne savait quoi dire. « Peut-être devrions-nous... les laisser s'entretenir en privé ? »