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| Petit tête à tête en amoureux {PV Trissi} [RP TERMINE] | |
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Kedrildan Maralawë Maitre de la Caste
| Sujet: Petit tête à tête en amoureux {PV Trissi} [RP TERMINE] Lun 28 Jan 2013 - 9:39 | |
| Quelques nuits venaient de se passer depuis l'épisode de la tente. Après que Lorenz ait exposé son point de vue sur le bazar qui régnait dans sa tente, les nouvelles perspectives de son statut de dragonnier et la présentation de la moitié d'âme de Kedrildan, ce dernier avait prit rapidement la fuite pour ne pas tenter davantage le seigneur des vampires à abréger au plus vite leur nouvelle relation. A l'abri dans sa tente, le roux partait régulièrement chasser pour nourrir la dragonne qui semblait avoir constamment faim, petite chatte à l'appétit démesurée, mais il ne pouvait s'empêcher d'être aussi prévenant. Elle régnait sur le vampire comme une petite Reine sur sa cour, exigeante et possessive, jalouse et capricieuse ; elle ressemblait à ses femelles sûr de leur beauté et jouant avec au détriment des cœurs en détresse qui soupiraient langoureusement à leurs pieds, minaudantes et folâtrantes dans leurs belles parures, cajolant tendrement puis se moquant mesquinement. Trissi était ainsi et pour le vampire roux, c'était la chose la plus merveilleuse qui venait de tomber dans sa vie, et il avait beau avoir prêté serment à son idole, il ne pouvait s'empêcher de croire que toute son essence ne pouvait appartenir qu'à un seul et même être, la saurienne argentée.
Alors qu'il venait de lui ramené une biche, il entreprit de découper des morceaux en laissant apparaître ses crocs sous l'odeur entêtante du sang et tendit les lanières de chairs encore sanguinolentes et chaudes à sa compagne, grondant sourdement de faim : cela faisait un petit moment qu'il n'avait pas été chassé pour se nourrir, il allait falloir y penser et très vite. Et puis, il allait falloir commencé aussi à montrer à Trissi que le monde ne se résumait pas qu'à l'intérieur de la tente et le matelas douillet qu'ils se partageaient, encore moins les ballots de vêtements et d'objets hétéroclites qui lui tenaient tant à cœur.
- Mange à ta faim ma douce puis je t'emmène faire une petite promenade pour te dégourdir un peu... Murmura-t-il tendrement en caressant la tête d'un argent poli par l'amour. De toute façon, il faut que j'aille manger moi aussi ou nous aurons quelques petits problèmes... Rajouta-t-il en léchant doucement ses crocs.
Très vite, Kedrildan finit de dépecer l'animal et se contenta de donner la viande à Trissi, l'observant avec amusement et fascination la manière dont ses crocs claquaient dans l'air pour ensuite se planter dans la viande tendre et juteuse, la façon dont elle avait de déglutir comme une gloutonne avant de fouetter l'air avec sa langue bifide comme si elle goûtait l'air afin de repérer le prochain morceau qui viendrait à disparaître sous ses crocs blanc comme l'ivoire et aussi tranchant qu'une lame aiguisé à la perfection. Au rythme où elle mangeait, elle finirait bien par avoir une sacrée taille à l'âge adulte... Dès qu'il pouvait, il faudra qu'il demande à Achroma des informations : avec son savoir, il devrait pouvoir les aider tous les deux, sans compter qu'il était aussi dragonnier apparemment. Ca devra attendre néanmoins sa prochaine permission étant donné qu'il devait aller exécuter une mission dans pas longtemps. N'empêche, laisser Trissi seule dans la tente en attendant son retour... Personnellement cela ne l'enchantait guère mais s'il voulait rester dans les petits papiers de Lorenz il n'avait pas le choix pour le coup...
Quand elle finit la carcasse, Kedrildan la laissa l'espace d'une pulsation de cœur de colibri, le temps de se débarrasser de la carcasse, et revint pour se nettoyer le visage et les mains, histoire de se débarrasser de cette odeur de sang qui commençait lentement mais sûrement à le rendre fou. Une fois chose faite, il changea de vêtement et mit un pantalon et ses bottes en cuir noir souple, enfilant une chemise à jabot noir et attrapant ses dagues qu'il coinça comme à l'accoutumé une dans la botte et la seconde dans sa ceinture. Une fois qu'il fut prêt et qu'il se tourna vers Trissi, il sourit tendrement et attrapa un linge humide pour essuyer ses belles écailles : il serait dommage qu'il tente de la tuer dans une crise de folie dû au manque de nourriture... Déglutissant, il vérifia que la nuit venait bien de tomber et l'attrapa pour quitter sa tente avant de faire sceller son destrier vampirique et de grimper dessus en veillant bien à ce qu'elle reste accrochée à lui, la maintenant et l'enroulant dans sa cape pour qu'elle ne prenne pas froid.
Dès qu'ils furent parés, Kedrildan abaissa la capuche sur ses boucles pour ne pas se faire remarquer et quitta le campement tranquillement, la monture trotta nerveusement en sentant le dragonnet sur son dos. Hunllef était encore jeune et cela ne faisait guère longtemps qu'il était au vampire, il n'était donc pas vraiment habitué au roux et encore moins à la dragonne qu'il sentait pour la première fois. Cependant, il sentit les rênes se faire plus impérieuse, de même que l'étreinte des talons de son cavalier contre ses flancs se fit plus autoritaire : le message était donné et il n'était pas question de ruer dans les brancards, aussi nerveux pouvait-il être. Docilement, le destrier les conduisit dans la campagne du Royaume Humain et Ked entrouvrit la cape pour que Trissi puisse mettre le museau au dehors et admirer les paysages, se gorgeant de la réalité afin de rafraîchir ses souvenirs bien poussiéreux de ses ancêtres et par les siècles.
- Alors ma belle, que penses-tu du monde hors de ta coquille ? Te plaît-il ? Aimerais-tu le conquérir ? Lui demanda-t-il avec fougue et passion, se laissant emporter par l'exaltation du moment.
Cela faisait du bien de se laisser aller à la liberté... Poussant davantage dans les terres en restant prudent, le roux finit par sentir un fumet qui lui régala les sens : l'heure de passer à table venait de sonner. Souriant d'un air sadique, il se dirigea dans les bois et attacha sa monture à une branche basse avant de fourrer la petite dragonne dans une de ses sacoches qui pendaient à sa selle : bientôt, elle serait trop grosse pour y rentrer mais il ne se lasserait jamais de la porter dans ses bras... Sauf le jour où elle commencera à faire la moitié de sa taille, là ce sera un peu plus compliqué.
- Ecoute Trissi, je vais me nourrir alors soit sage et ne bouge pas de là, je reviens vite... Murmura-t-il en lui faisant un clin d'oeil malicieux, frottant son nez contre les écailles de sa compagne avant de poser sa cape autour d'elle afin de la garder au chaud pour enfin s'esquiver grâce à sa vitesse vampirique : il était l'heure de casser une graine.
Furtif et veillant à ne pas alerter sa proie, Kedrildan se rapprocha tranquillement avant de surgir derrière elle et de lui briser la nuque d'un coup sec. Les crocs dévoilés, il s'agenouilla devant son repas et la tourna vers lui pour qu'il regarde qui c'était, repoussant le surplus de vêtements gênant : l'hiver avait tendance à emmitoufler les hommes dans un cocon de tissus absolument inutile selon son avis. En tout cas, cela ne sera plus nécessaire pour celui-là : c'était un jeune adolescent, brun, les yeux bleus, la peau tâchée de rousseur... Mouais, quelconque en somme. Haussant les épaules, le roux l'attrapa dans une étreinte de parodie amoureuse et plongea ses crocs dans sa gorge, frissonnant d'extase en se délectant du sang encore chaud et bouillonnant qui se déversa dans sa gorge, apaisant enfin le brasier qui couvait en lui sous l'assaut de la faim.
Que ça faisait du bien de manger ! Les sens en alerte, il se délecta tout de même de sa poche de sa poche de sang humaine.
Dernière édition par Kedrildan Maralawë le Lun 25 Fév 2013 - 13:42, édité 1 fois |
| | | InvitéMon identité Mes compétences Invité
| Sujet: Re: Petit tête à tête en amoureux {PV Trissi} [RP TERMINE] Lun 28 Jan 2013 - 22:07 | |
| Quelques jours à peine, et Trissi avait mûri. L'idée selon laquelle Kedrildan ne l'abandonnait pas lorsqu'il s'éclipsait pour chasser avait fait son chemin pour s'incruster fermement dans son esprit, bientôt rejointe par la certitude féroce que son absence ne pouvait le soustraire à sa volonté.
Les appétits de la dragonne allaient croissant, tout autant qu'ils s'affinaient : elle réclamait des morceaux de choix, s'en lassait dès lors que le sang figeait de trop à son goût, et n'acceptait qu'à regret qu'on cuisit la viande pour la moins gâter. Au vampire, elle laissait le soin de tirer les filets de viande, là où ses griffes et ses crocs eurent pu aisément achever l'ouvrage.
Reine incontestée d'un royaume de charognes, elle confortait le vampire dans son rôle de héraut, déroulant sous ses pattes un tapis rouge du sang des bêtes qu'il abattait pour elle. Elle se gorgeait de la monotonie des jours, consciente par devers elle que le monde du dehors n'était pas prêt à accepter sa souveraineté. Les intentions débordantes de Kedrildan à son égard, nourrissaient dans leur excès l'illusion qu'elle eut pu s'en passer, et Trissi savourait la sécurité précaire de ce cocon mensonger.
La dragonne se surprit à céder au caprice du vampire. Elle n'avait que peu de goût pour ces promenades qui lui rappelaient qu'elle n'était qu'un misérable vermisseau impropre à défier les cieux. Plus tard, peut-être invoquerait-elle quelque autorité cédée à son consort de lien, sur l'heure, elle percevait l'étrange agitation qui émanait de Kedrildan et, inquiète de n'en pas trouver la source, espérait y mettre fin par la manœuvre proposée.
° Le monde est trop vaste, Kedrildan. Là-bas, ce ne sera qu'un autre ici qui, dénué de ta marque, aura la saveur d'une fleur sans parfum. °
Les amas hétéroclites d'affaires entreposés par le vampire n'avaient que peu de significations aux yeux de la dragonne, mais là où la tente de Lorenz avait le timbre grinçant d'une geôle lugubre, le repaire de Kedrildan lui évoquait confort et réconfort, comme autant de brindilles dont elle eut fait son nid.
Son repas englouti, une chape de nuit pour tout bagage, Trissi se laissa emporter par son compagnon. Arrivée au destrier, elle sentit que celui-ci était des bêtes que le vampire n'abattait pas, bien que la nuance fut encore floue dans son esprit. Parfois, il lui semblait que Kedrildan était cerné d'interdits et de tabous, là où à ses yeux de dragons, le monde ne souffrait que peu de règles impérieuses. Pour peu qu'on respectât les mots et la parole donnée, l'existence d'un dragon relevait de la feuille portée par le vent, tout juste suffisait-il de se laisser flotter.
Les cahots du chemin agaçaient la dragonne. Lovée contre le vampire, elle avait peine à maintenir son équilibre et se voyait ballotée au gré des pas de leur monture. Une fois ou deux, elle écarta à demi les ailes, s'imaginant filer dans la nuit, survoler les bosquets noyés d'ombre et surprendre les oiseaux qui se croyaient à tort seuls prédateurs des lieux. Le jeu l'ennuya bien vite, elle préféra somnoler, sa tête dodelinant jusqu'à l'instant où Keldridan la tira de sa torpeur.
Son enthousiasme soudain la désarçonna. Elle pour qui la nuit était propice aux rêveries, elle qui n'avait jamais ressenti le besoin de se cacher, elle qui voyait l'avenir fiévreux dans le chatoiement des flammes, que pouvait-elle comprendre à la fougue d'un prince lunaire ?
° J'ai rêvé de nuits sans soleil, et je ne sais qu'en dire. C'est une vie d'orage qui nous attend, tissée d'ombres profondes, rehaussée d'éclats fugaces. Je t'ai attendu Kedrildan, je t'ai choisi, peut-être. Mais c'est toi qui nous a fait enfants du crépuscule. Si tu étais venu plus tôt, nous aurions rayonné de mille feux sous un ciel sans nuage. Au lieu de quoi, il nous faudra attendre, encore et toujours, noyés d'incertitude, que périsse le jour ou que s'effrite la nuit. °
Des mots qu'il lui adressa par la suite, elle saisit l'instinct et la faim, et le laissa s'éloigner. Mais elle n'était pas une créature aimante, de celles que l'on dompte d'une tendresse ou d'un regard. Dans le regard étincelant de l'Argentée, il y avait l'eau filante du ruisseau, dont le cours peut être retardé ou dévié mais arrêté, jamais.
° Ordonne, vampire, mais je n'obéirai pas. °
D'un bond malhabile, elle se glissa hors de la besace tandis que la cape s'effondrait dans un murmure de velours.
Ne bouge pas...
Foutaises ! Sa mémoire bourdonnait d'un essaim de dragons en vol. Elle savait comment orienter ses ailes pour les offrir au vent, elle savait comment produire l'impulsion qui l'arracherait au sol. Mais dans l'air parfumé du soir, ses ailes ne lui répondaient pas comme elles auraient du, se hisser sur ses membres lui coutaient, et elle avait grand peine à arracher son corps à l'emprise de la gravité.
Trissi demeurait bien trop têtue pour s'arrêter à cela. Lorsqu'elle s'élança, ce fut une chute vertigineuse qui n'avait rien du vol somptueux que dictait sa conscience tutélaire. A dessein, la dragonne s'était laissée choir, ralentissant sa course de ses griffes, traçant de profonds sillons sanglants dans la chair du destrier.
Fou de douleur, l'animal détala en poussant des cris effroyables, laissant Trissi s'affaler dans une brassée de fougères.
Plus près du sol, l'odeur de l'humus l'emportait sur celle, plus tenace du cheval. Elle incarnait la promesse d'étendues inconnues, les chuchotis d'eau lointaine, et l'écho feutré de milliers de pas. Le corps arqué, les ailes basses et le cou frôlant la terre, Trissi fouillait dans les taillis, se faufilant dans les entrailles d'un buisson aux baies aussi rouge que la membrane de ses ailes.
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| | | Kedrildan Maralawë Maitre de la Caste
| Sujet: Re: Petit tête à tête en amoureux {PV Trissi} [RP TERMINE] Mar 29 Jan 2013 - 20:16 | |
| La petite reine argentée grandissait sous les yeux attendris de Kedrildan qui ne pouvait que rire en s'inclinant aux caprices de sa compagne : à mesure qu'elle prenait ses marques dans la réalité, elle ne pouvait plus se contenter de la viande simple qu'il lui ramenait, non, il fallait toujours qu'elle discute ses choix, précisant la provenance de l'animale et tatillonne sur le goût en bouche. Elle profitait presqu'honteusement du fait que le vampire ne pouvait rien lui refuser, ou presque, et ce dernier le savait pertinemment mais cela l'amusait de la voir se pavaner avec majesté en faisant son exigeante qu'il obéissait avec diligence, un sourire malicieux aux lèvres.
Voir cette petite danseuse du vent se prendre pour une grande dame, les gestes gracieux et condescendants, était le plaisir du roux qui apprenait nuit après nuit quel était le caractère de sa nouvelle compagne, un amusement teinté par la tendresse des instants où elle se reposait. Dans ces moments de repos, Kedrildan pouvait l'observer retirer sa parure de garce suprême comme une femme retirant sa nuisette de satin avec une nonchalance désarmante pour le regarder avec affection, les trilles joyeuses qu'elle émettait en se pelotonnant sur le lit pour l'inviter à l'y rejoindre. Qu'elle soit horrible chipie ou alors adorable bébé, Trissi était tout simplement irrésistible et le roux succombait à son charme.
Il se doutait bien que cela n'était qu'une façade, que le vampire était scellé dans son cœur et qu'il lui était vital, combien de fois au commencement de leur cohabitation avait-il dû la rassurer et lui réexpliquer que s'il quittait le confort de la tente c'était seulement pour la nourrir. Ce fut long au début, elle n'arrivait pas à comprendre pourquoi ce qu'il essayait de lui dire impliquait forcément son absence, même la promesse de nourriture à la clé n'arrivait pas à la convaincre de se calmer et de l'attendre posément. Mais il y parvint : la patience et la persévérance n'étaient absolument pas son fort, cependant il ne pouvait pas hurler et projeter son impatience et sa colère contre elle pour qui c'était si nouveau encore. Alors il avait répété son discours en boucle en l'abreuvant de viande bien juteuse et goûteuse à son retour, ne lésinant pas sur les cajoleries et les tendresses pour l'amadouer, et cela avait payé puisqu'au final elle acceptait de le laisser partir de nouveau.
Il n'y avait pas que sa perception du caractère de sa compagne qui évoluait à mesure que le cycle lunaire, son lien avec cette dernière s'intensifiait de plus en plus alors qu'il passait leur temps ensemble. Désormais, Kedrildan réussissait à comprendre de plus en plus précisément les émotions qui roulaient dans le cœur de la dragonne, vague paresseuse de plénitude lorsqu'elle avait le ventre plein, tornade dévastatrice lorsque l'inquiétude affolait son petit cœur qui battait comme un oiseau paniqué dans sa cage d'os, orage piquant lorsqu'il ne réalisait pas assez vite son caprice. Il percevait même l'attachement derrière ses mots acérés et mesquins, moqueurs et hautains, elle l'adorait même si elle le rendait chèvre. C'était parce qu'il arrivait à comprendre de plus en plus cela que le roux lui permettait d'agir ainsi, ripostant à ses piques ou se laissant faire avec la docilité d'un mouton pour flatter l'égo de la saurienne.
Il comprenait aussi à quel point elle n'était pas rassuré de sortir de la tente parce qu'elle ne se sentait pas à l'aise dans ce monde qui était beaucoup trop immense comparé à sa petite taille. Mais Ked était confiant : elle sera assez grande pour le dominer plus vite qu'elle ne le pensait avec son petit air ronchon. Et puis il tenait vraiment à ce qu'elle commence à apprendre ce qui trouvait au-delà des pans de tissus protecteur pour ne pas être dépourvue et ignorante lorsque sera venu pour elle le moment de trôner fièrement dans le ciel.
Mais pour l'heure il devait manger et se rassasier avant de faire une quelconque bêtise et c'était une très belle occasion pour Trissi d'apprendre un peu plus de cette réalité pour mieux se l'approprier. Soulagé qu'elle ne fasse pas un caprice et accepte de l'accompagner, il sentit le malaise de sa compagne s'accentuer et fit de son mieux pour que le voyage lui parût quelque peu agréable malgré la faim pressante qui taraudait son cadavre. Arrivé à bon port, il prit soin de la garder au chaud et en sécurité dans la sacoche pour aller enfin s'abreuver sans faire plus attention aux rechignements de sa liée, gémissant de délice en se détendant, serrant presqu'amoureusement le cadavre du jeune garçon contre son corps. C'était si bon cette élixir si plein de vie et de chaleur... Cela pouvait lui arriver de tomber sur une proie dont le fluide vital était vicié par la maladie au point d'en tomber malade à son tour même si cela ne durait que le temps de l'ingestion. Mais ce soir-là semblait être un bon cru et il s'en délecta avec ferveur et gourmandise : cela faisait un moment qu'il n'avait pas prit le temps de se sustenter tranquillement tant son existence tournait autour des besoin de sa dragonne.
Alors qu'il buvait sans restriction jusqu'à vider cette outre qui était jadis pleine, Kedrildan finit par le laisser choir sur le tapis de feuille morte et de neige comme un mouchoir après usage, un détritus sans importance, l'oubliant et le rayant de sa mémoire comme s'il n'avait jamais existé. Retournant à l'endroit où il avait laissé sa monture et la saurienne, quelle ne fut pas la déplaisante surprise qui l'assaillit en voyant la branche arrachée où il avait entravé sa monture et le froufroutement des taillis qu'on dérangeait.
- Lui demander d'être sage le temps d'un instant semble impossible... Soupira-t-il en se léchant les doigts pleins de sang, le visage tâché par le liquide carmin encore frais. Où est-ce qu'elle est encore passée... Trissi ? Trissi !
L'appelant en essayant de se servir du lien pour la repérer, le roux finit par la pister et rebrousser chemin pour se retrouver devant le cadavre de l'adolescent qu'il venait de saigner sans l'once d'un remord. S'il était revenu sur ses pas c'était qu'elle l'avait suivit... Pourtant, il avait beau balayer l'étendu de ses yeux, il ne voyait pas sa petite sauvageonne argentée...
- TRISSI !!! s'exclama-t-il en tapant du pied, la colère et l'impatience plissant le marbre froid de son visage : à l'extérieur du camp il fallait se méfier et pour une fois, il aurait vraiment aimé qu'elle l'écoute. |
| | | InvitéMon identité Mes compétences Invité
| Sujet: Re: Petit tête à tête en amoureux {PV Trissi} [RP TERMINE] Ven 1 Fév 2013 - 19:30 | |
| Ayant pris congé de son seul courtisan, Trissi régnait désormais sur un royaume d'épines. Défenses grossières d'un buisson mesquin, celles-ci ne parvenaient pas à transpercer les écailles de la dragonne, mais elles entravaient ses mouvements, s'égarant dans les replis de ses ailes. Toutefois, les végétaux intéressaient bien peu l'argentée. Elle se méfiait de leurs baies qui attiraient l’œil comme des joyaux maudits, promettant mille prodiges mais n'offrant que la mort.
°Ton absence m'accompagne tout autant que ton absence, mais elle est une camériste funeste qui m'accable d'ennui et de mensonges cruels. °
L'argentée avait trop feint se désintéresser du monde pour ne pas succomber à ses charmes alors que Kedrildan ne pouvait la surprendre en proie à ce honteux revirement. Il y avait là le passage d'un lapin, là les traces d'un blaireau, là les ravages d'un sanglier sur l'écorce tendre d'un arbuste. Trop jeune pour espérer trouver là la promesse d'un repas justement acquis, la dragonne savourait l'illusion que cette chasse éphémère put avoir d'autre sens que d'assouvir sa curiosité.
D'une branche basse au feuillage dense, un bourgeon gouttait, gargouille végétale jouissant d'une pluie ancienne. La dragonne à l'affut, prit plaisir à bondir sur cette désarmée, happant au vol les larmes cristallines. Il s'en fallut de peu pour que Kedrildan la trouvât là, aux prises de ce jeu interminable. Mais les gouttes se faisaient rares et longues à venir, et la patience de la dragonne fut bientôt récompensée par l'apparition d'un mulot, hissant sa frimousse hors de sa cachette. La dragonne bondit dans un fracas de branches contrariées, ses ailes la gênant dans sa progression.
Dépitée par la fuite de sa proie, elle attaqua une feuille, lui préféra un grillon, débusqua un hérisson, cavala derrière une sauterelle, pour finalement s'arrêter devant un gros corbeau aux yeux sombres, perché sur un corps exsangue.
La dragonne ressentait un certain malaise devant ce cadavre délaissé. Il lui évoquait les corps sans vie recrachés par la mer aux matins des tempêtes. Une plaie infime marquait son corps, mais la vie s'en état allé, fuyant dans les limbes, embrassant une éternité d'oubli.
Il y eut un cri. Kedrildan, assurément, scandant ce qu'elle croyait être son nom. Dans un croassement de mauvais augure, le corbeau s'envola. Intriguée par ce qu'il laissait derrière lui, la dragonne approcha du museau le visage du jeune homme, dans un mouvement qui faillit lui être fatal.
Alors que Kedrildan l'appelait encore, Trissi eut le caprice de lui répondre. Se dressant sur ses pattes, tendant le cou vers la lune lointaine, elle lança une trille qui devint un glapissement étranglé. Une douleur fulgurante lui traversa l'épaule, écho du dard assassin qui lui avait transpercé l'aile avant de se ficher dans le sol.
Affolée, la dragonne ne prêta guère attention au juron cinglant lancé du fourrée. Elle se débattait, tournant autour de la flèche, couvrant sa hampe d'un sang poisseux, et n'obtint nul autre résultat que d'agrandir la brèche dans son aile.
Il y avait bien Kedrildan non loin, et sa mémoire ancestrale qui lui dictait de fuir au plus vite, mais la petite argentée n'était définitivement pas en mesure de prendre une décision raisonnable. |
| | | Kedrildan Maralawë Maitre de la Caste
| Sujet: Re: Petit tête à tête en amoureux {PV Trissi} [RP TERMINE] Dim 3 Fév 2013 - 23:18 | |
| {hrp : je conseille cette musique pour lire ce rp → https://www.youtube.com/watch?v=Ra3hXsB9s1Y. Oh et j'espère que ma réponse va te plaire ma belle ^^' si quoique ce soit te choque ou te dérange, dis-moi et je changerais sans souci }--- Alors qu'il déchirait sa gorge morte par ses cris incessant, lame dans le vent portant le nom de sa compagne si douce et sauvage, Kedrildan commença à lancer des regards angoissés vers la reine de la nuit, la Lune, mère des vampires et protectrices de leur côté sombre. Pourquoi a-t-il fallu qu'elle s'éloigne alors que ce n'était pas le moment ? La guerre grondait dans les plaines et pour un non aguerri, les bois pouvaient s'avérer être mortel et dangereux, en particulier lorsque l'on était une petite dragonne à peine sortit de l'oeuf. Aussi improbable que cela pouvait être, le roux pouvait entendre son cœur mort battre d'un son fantôme la mesure de la peur et de la nervosité qui commença à monter et parcourir son cadavre, le rongeant comme autant de vers et d'insectes le ferait pour une viande faisandant sous le couvert de la terre. Où était-elle ? Que faisait-elle ? Pourquoi n'avait-elle écouté le vampire ? Le monde, lui qui tenait tant à ce qu'elle le découvre pour l'apprivoiser, le voilà servi à présent qu'elle venait de se faire avaler par lui, s'évaporant dans les ombres et le silence de la nuit, ses bruits sûrement mêlé à ceux des autres animaux qui faisaient profil bas en sentant le prédateur qu'il était se faufiler entre les fourrés pour débusquer sa compagne. Les serres acérés de la peur était cramponné sur le corps du vampire qui tressautait au moindre battement de cœur ou moindre mouvement ou son dans le vain espoir pour remettre la main dessus, ses mains cramponnant fermement les manches de ses dagues. Dracos tout puissant, cela faisait une éternité qu'il n'avait pas eu aussi peur dans sa non-vie ! Scandant sans fin le nom de sa moitié d'âme, il était incapable de la trouver (aller chercher à différencier un cœur d'un autre alors qu'ils étaient tous affolés et semblables!), il ne pouvait que juger de leur lien qui lui transmettait sa curiosité et son plaisir, son jeune esprit flirtant de découverte en découverte. Au moins était-elle en vie... Il continua de chercher et chercher encore, infatigable et toujours stressé, cramponné à leur lien comme un agonisant à la main du soigneur, ou un noyé à sa bouée pour ne pas mourir. Il devait la retrouver, maintenant. Soudain il se plia en deux et se laissa tomber à terre, son corps tremblant violemment alors qu'il rejeta la tête en arrière en hurlant sa douleur. Ses muscles morts depuis des siècles se crispaient violemment sous les vagues de souffrance et de peur alors que sa gorge desséchée se déchira de plus belle sous les cris de souffrance. Qui ?! Qui était le misérable qui était responsable de tout ça ?! Les paupières closent pour mieux admirer les étincelles écarlates qui dansaient, Kedrildan haletait en geignant et criant en se tenant le bras. - Quel maléfice est-ce cela ? TRISSI !!!!!!!!!!!!!! Hurla-t-il. Fou de rage et de douleur, il agrippa ses poignards et s'élança vers la source de sa haine, les sens aiguisé par l'intensité de ses émotions. Arrivant en trombe là où il avait laissé le cadavre de son repas tel le détritus sans importance que c'était, Ked sentit son cœur se briser en voyant la détresse de sa compagne, en voyant à quel point elle souffrait et à quel point son sang se répandait. Pour la première fois de son existence, le roux n'avait pas soif de sang en sentant la délicieuse odeur du liquide vital qui s'écoulait de la blessure de Trissi. Au contraire, il avait soif de vengeance... Repérant le fautif au son de son cœur battant la chamade sous la peur, le vampire dévoila ses crocs et gronda comme un chien enragé avant de profiter de sa vitesse vampirique pour lui sauter dessus. Il lui tomba dessus comme un poids lourd et en profita pour lui briser une jambe avant d'enfoncer Plaie jusqu'à la garde dans l'épaule qui avait tiré la flèche meurtrière pour rompre ses articulations et ses tendons. Les hurlements de souffrance et les supplications de la victime, ses pleurs et son sang, sa puanteur... Rien ne l'empêcherait de venger sa compagne. Avec un soin extrême qui trancha avec la violence qui faisait luire dangereusement ses orbes émeraudes, il prit soin de la garder envie pour faire durer le « plaisir » mais cela ne l'empêcha aucunement de faire passer l'envie à cette personne de recommencer un jour une chose pareille. Si elle réussissait à survivre bien entendu... Il brisa un à un les os de ses mains avant de lui arracher ongles et dents, frappant et lacérant la chaire tendre du jouvenceau en éclaboussant les alentours de son sang si riche et si jeune. Il prit un malin plaisir à lui éclater le nez et la mâchoire avant de briser quelques côtes. C'était violent et sauvage... La folie de Kedrildan avait pu enfin s'exprimer dans toute sa splendeur et il observa son « œuvre » avec une fascination morbide et une satisfaction profonde. - Je vais te faire regretter de ne pas avoir fait demi-tour lorsque j'ai prit grand plaisir à saigner ton ami comme on égorgerait un cochon... Persifla-t-il dans l'oreille du coupable qui ne put que trembler de plus belle en geignant, ses larmes se mêlant à son sang avant de s'évanouir. Tch... Il n'était même pas digne de se faire vider de son sang comme une outre mûre. Non. Il méritait d'être écorché vif et laissé à la volonté du soleil et des animaux comme la raclure sans état d'âme qu'il était. Les dragons étaient les enfants de Dracos Honoris tout puissant, peu importe leur camp : on devait protéger leur existence qui était des trésors de vie, joyaux précieux et inestimable. Se relevant, il empoigna les cheveux du corps évanouis et le traîna jusqu'à la dragonne qui ne cessait de hurler et pleurer sa douleur, folle de souffrance, la lueur de raison disparus au profit de la peur. Clouant les mains de l'humain dans la terre pour qu'il n'évite d'avoir l'idée de ramper hors de l'emprise de son bourreau lors de son réveil, Kedrildan attrapa Trissi et appuya de son poids sur elle en prenant soin de ne pas lui briser les os afin de l'immobiliser le plus complètement possible. - Je suis là ma chérie... Ma douce, ma tendre... Mon bébé... Je suis là, ne panique plus, je vais te protéger... Je vais lui faire regretter le plus amèrement possible d'avoir eu une idée aussi stupide... Répéta-t-il en boucle en plissant les yeux pour voir les dégâts de la plaie. Je t'aime Trissi, ma Trissi... Tout va bien se passer maintenant, je suis là... Je vais tout arranger... Calme-toi ma merveille, mon amour...Il sentait son cœur flétrit se contracter de douleur et de tristesse alors que la détresse de sa dragonne mettait à mal sa propre raison qui avait soif de vengeance. Il fallait qu'elle se détendre même si ça semblait peine perdue... Flattant l'aile sensible et blessée d'un doigté le plus délicat possible, Kedrildan se déplaça et s'assit à demi sur la peau : son poids plaquait idéalement le membre sur le sol, seul un frémissement trahissait l'état de Trissi qui ne cessait de hurler sa douleur et sa peur, ses cris strident montant jusqu'à la Lune pour y trouver ne serait-ce qu'un quelconque réconfort. - Tu ne dois pas savoir ce qui t'arrive ma pauvre chérie... Mords-moi, griffe-moi si cela peut te soulager... Je suis là à présent et je vais te soigner... Murmura-t-il en posant une mains sur l'abdomen de sa compagne et l'autre sur la flèche. Lui jetant un bref coup d'oeil, il se concentra sur sa cible et se força à ignorer la souffrance de Trissi avant de compter jusqu'à trois et de l'arracher d'un coup sec, hurlant en même temps que la dragonne, sa raison menaçant d'être noyé par la douleur aussi intense et brûlante que de la lave en fusion. Haletant et tremblant, il sentit avec un étonnement lointain un léger voile de transpiration le recouvrir et avait l'impression qu'il avait mourir une seconde fois. Le corps recouvert de violent spasme, il réussit tant bien que mal à souffler sur la blessure pour que le sort de Cicatrisation agisse et referme la plaie hideuse qui zébrait l'aile de sa compagne. Souriant pauvrement en voyant que cela avait tout de même marché, Kedrildan recula et la libéra de son étreinte pour se laisser tomber à terre, affamé et épuisé comme jamais, au bord de l'inconscience tant par ce qu'il venait de se passer que par le soulagement qu'il ressentait face à ce dénouement pour l'instant heureux. Péniblement, il attrapa sa pauvre Trissi qui ne semblait pas dans un meilleur état que lui et s'adossa à un arbre pour la blottir dans ses vêtements chauds et puant le sang, passant ses mains tremblantes sur son corps écailleux afin de la rassurer et de faire un écrin protecteur. Ils devaient se reposer mais quand ils se réveilleront, l'humain remarquera bien vite que ce qu'il venait de subir ne serait rien comparé à ce que le roux lui réservait... |
| | | InvitéMon identité Mes compétences Invité
| Sujet: Re: Petit tête à tête en amoureux {PV Trissi} [RP TERMINE] Lun 4 Fév 2013 - 22:56 | |
| Créature d'instinct, si prompte à clamer ses émotions vibrantes, la dragonne ne savait que faire de cette douleur qu'elle ne savait faire taire. Cette souffrance nouvelle attisait sa terreur, et bien qu'elle fit en se débattant plus de mal que de bien, elle ne pouvait se résoudre à l'inaction totale. C'était ainsi qu'elle était, plus encline à souffrir qu'à se reconnaître impuissante.
° Kedrildan ! Kedrildan ! °
C'était son nom qu'elle criait en pensée, mais elle n'aurait su dire si elle l'appelait de ses voeux ou se contentait d'user de ce mot comme d'un talisman, comme si lui seul recelait une magie capable de la protéger.
Son agresseur, elle l'avait déjà oublié. Il appartenait à un univers bien trop tangible, à des lieues de la douleur qui irradiait son corps fragile. Si jeune, aurait-elle pu périr là, dans un linceul de fougère, sous l'oeil goguenard d'un corbeau. Il y avait tant à faire, trop de voix qui la portaient, tant d'espoirs placés en ce qu'elle deviendrait. La flèche n'avait pas percé d'organe vital, mais que serait un dragon sans aile sinon un avorton raté ?
° Je serai forte... Kedrildan, sauve-moi. Je serai la glace, les coups glisseront sur mes écailles, je serai la tempête qui précède le blizzard, et l'étau de la douleur ne me rattrapera pas, je serai la froideur de la nuit que nous partagerons tous deux... °
Ce que l'argentée ne disait pas, c'est qu'elle était encore l'hiver qui frémit aux prémices du printemps, la neige fondante sous la morsure du soleil, et la torpeur étouffante qui précède l'orage.
L'argentée avait senti Kedrildan approcher et son coeur avait manqué un battement en le voyant s'éloigner aussitôt.
° Kedrildan... Ne me laisse pas. °
Ô, combien cette supplique ne lui ressemblait pas ! A sa place, elle aurait souhaité passer son chemin, l'accablant de dédain. Quelle place réservait-elle aux faibles ? Et pourtant, elle aurait trouvé une excuse pour lui, pour dissimuler la piété, puiser orgueil malgré la miséricorde et lui porter secours. Cruel dilemme que de s'attacher, de s'accepter victime d'une nécessité inaliénable.
Assomée de douleur, la dragonne errait dans un délire fiévreux, où le vampire revenait et ne revenait pas, où des taches de lumière dansaient devant ses yeux, et où le corbeau maudit se moquait, toujours hors de la portée de ses griffes.
A son grand malheur, lorsque Kedrildan s'empara d'elle, l'extirpant de ce tourbillon de douleur où le monde n'avait plus, ni rime ni raison, ce fut pour l'y enfoncer plus encore. Ses mots d'apaisement n'y firent rien, ses caresses les plus tendres réveillaient le brasier qui lui rongeaient la chair. Eut-elle été adulte, qu'elle eut trouvé la force de lui laiser briser la flèche pour l'extraire plus facilement.
La flèche fut arrachée presque aussi vite qu'elle était venue, laissant la dragonne hagarde et tremblante, trop épuisée pour crier encore, n'émettant plus qu'un gémissement chevrottant. La tête lui tournait, hantée plus de souffrance que du sang qu'elle avait perdu. Titubant, elle se fraya un chemin jusqu'aux bras de Kedrildan. Sans comprendre par quel prodige, elle vit son aile se réparer au contact du vampire, pour ne garder comme souvenir du sinistre qu'un magma noirâtre de sang coagulé, et une vrille de douleur dès lors qu'elle songeait à sa blessure, tel un écho persistant du coup porté.
Immobile, lovée dans l'étreinte de Kedrildan, elle n'aspirait plus qu'à laisser filer les heures, attendant que son coeur affolé se cale sur la respiration illusoire du vampire.
° Kedrildan, tes frères sont sans mémoire. Ils ont oublié les dragons, ils ont oublié mes ancêtres, leurs ailes offertes au vent telles l'étendard inviolable de notre règne. Ils ont oublié les liens que nous tissions avec les leurs. En agissant de la sorte, ils valent moins que les bêtes que tu abats pour moi, et qui n'ont pas la folie de se croire autres que proies. °
Parfois, Trissi tremblait, le corps secoué par une vague de douleur, se recroquevillait plus encore, les ailes résolument repliées contre son corps d'argent.
° Kedrildan... Ce monde est mauvais. °
Chose encore rare, la petite dragonne avait saisi dans sa mémoire un mot du langage humain, ce qui d'aventure la plongeait dans une euphorie candide. Dans ses pensées ne perçait cette fois qu'une vague déception, trop meurtrie des événements de la nuit pour qu'ils n'aient pas écaillé par malchance, un peu de ce vernis d'innocence dont elle nappait le monde.
Le campement et la tente de Kedrildan lui paraissaient alors terriblement loin, non par la distance à parcourir, mais parce qu'elle craignait d'avoir laissé là-bas une partie d'elle-même qu'elle ne retrouverait jamais. |
| | | Kedrildan Maralawë Maitre de la Caste
| Sujet: Re: Petit tête à tête en amoureux {PV Trissi} [RP TERMINE] Ven 8 Fév 2013 - 0:14 | |
| {hrp: désolée pour le retard, j'espère que ma réponse te plaira au moins }La douleur et la tristesse obscurcissait son jugement mais il avait réussit à rester assez lucide pour torturer « agréablement » le coupable avant de s'occuper de sa dragonne qui tremblait de tout son être dans ses bras. Adossé à un arbre pour absorber la force de rester encore éveillé et fort, ses bras cajolant la saurienne et formant une barrière entre elle et le monde qui l'avait fait tant souffrir pour une première fois. La pauvre... Elle qui ne voulait pas sortir du refuge de la tente et qui finalement s'était laissée entraîner par la beauté de la nouveauté... Kedrildan aurait voulu lui épargner cela, surtout pour une première fois, surtout alors qu'elle était encore néophyte. Si jeune et déjà amère mais si influençable... Caressant le corps tremblant de Trissi, le roux la couva d'un œil fatigué et soulagé, ses oreilles aux aguets pour les défendre au cas où. Patiemment, il réussit à reprendre la maîtrise de son cadavre et caressa les écailles froides et douces, murmurant de tendre paroles. Elle semblait si malheureuse et si faible... Le roux craignait qu'elle ne passe pas la nuit après une perte de sang pareil, recroquevillée contre le ventre du vampire, cramponnée à son haut comme s'il lui transmettait la force de rester consciente. L'argentée se sentait tellement mal qu'au contraire ses pensées tournoyantes étaient aussi limpide que de l'eau clair et il comprenait très bien qu'elle ne comprenait pas pourquoi cela lui était arrivé alors qu'elle avait fortement conscience d'être un don précieux de Dracos. Lui non plus n'avait pas comprit pourquoi une telle horreur venait de se passer, en même temps les humains n'avaient pas une bonne vue lors de la nuit tombée au contraire des vampires... - Cette nuit tu as grandit ma douce... Tu as comprit que le monde est une vaste fumisterie où seul le plus fort survit... Dit-il doucement en effleurant le museau écailleux. Tu dois l'apprendre et l’apprivoiser pour en être la souveraine incontestable, murmura-t-il en frottant sa joue contre elle. Je vais t'aider à le découvrir et à le maîtriser, lorsque tu seras au sommet de ta puissance tu le domineras, lui jura-t-il avec une profonde sincérité. Tu mettras à terre ces larves insignifiantes qui ne sont bons qu'à nous nourrir, qui n'ont aucune valeur... Seul toi et moi, les dragons et leurs liés... Nous sommes les seuls à être digne de ce monde offert par Dracos ma petite Reine, les autres sont des rats, des êtres qui ne sont bons qu'à ramper à nos pieds, des esclaves qui vont satisfaire nos désirs... Ronronna-t-il tendrement en crissant doucement ses ongles sur ses écailles. Il avait eu la peur de sa non-vie. Si assuré par la sécurité de son nouveau statut et de la tente qui les protégeait, il n'avait jamais pu penser une seule seconde que ce genre de chose arriverait... Maintenant que c'était chose faite, Kedrildan avait peur, très peur. En faite, il crevait littéralement de trouille et ça s'en ressentait au niveau des spasmes fantomatiques qui continuaient de secouer son cadavre par moment, alors qu'il repensait à ce qu'il venait de se passer. Un gémissement le sortit de ses pensées et il releva ses yeux vers l'humain qui reprenait peu à peu sur terre, se recroquevillant sur lui-même en tirant vaguement pour libérer ses mains. Le roux pouvait voir chaque goutte de sang rouler sur les membres brisés et blessés, il pouvait même apercevoir la lueur de douleur surprise et perplexe comme si la souffrance avait anesthésié sa raison et qu'il s'étonnait d'avoir mal à ce point. C'était déroutant mais jouissif... Gardant sa Trissi dans ses bras, bien serrée contre son torse et son cœur, et rampa jusqu'à lui, un sourire sadique aux lèvres. Il allait lui faire payer maintenant qu'il était réveillé... - Regarde ma petite perle... Regarde-le, effrayé par sa propre bêtise et inquiet de savoir ce qu'il va se passer pour sa pauvre carcasse... Je lui ai fait payé ce qu'il t'avait fait ma Trissi mais là il doit payer les intérêts n'est-ce pas ma chérie ? Il va payer jusqu'à supplier qu'on l'achève et je ne l'achèverais pas, je le ferais souffrir encore plus... Regarde, admire et apprend ma douce... Murmura-t-il en caressant les écailles de sa moitié d'âme, la folie bouillonnant de nouveau dans son esprit et ses veines desséchées depuis une éternité, s'asseyant sur ses talons en grognant doucement avant de tirer les cheveux au point que la victime pousse un cri de douleur. Profitant que Kedrildan ait retiré le poignard pour recommencer le plan de torture en bonne et dû forme, l'humain eut un regain d'énergie et s'élança vers le vampire et la dragonne, lui collant une droite qui lui déboîta la mâchoire et lui fit cracher deux-trois dents avant donner un coup dans le vide pour tenter de toucher l'argentée puis de s'esquiver. C'était peu mais assez pour surprendre le vampire et essayer de ramper hors de son emprise, rampant sur le sol en geignant de douleur, perdant son fluide vital et ses larmes en essayant de fuir loin... Très loin de la mort aux cheveux rouge... |
| | | InvitéMon identité Mes compétences Invité
| Sujet: Re: Petit tête à tête en amoureux {PV Trissi} [RP TERMINE] Sam 9 Fév 2013 - 13:23 | |
| Le voile au travers duquel Trissi observait le monde jusqu'alors était partie en lambeaux. Perspicace en dépit de son âge, elle avait bien perçu le malaise, compris que son peuple se mourrait, que son lié était passé de vie à trépas bien alors qu'elle n'embrassait la nuit qu'à l'état de songe. De tout cela, elle s'était défiée, sûre que son vol embraserait le ciel, et que ces flammes rendrait à Kedrildan le souvenir de la lumière dont sa condition le privait.
Misérable, tremblotante dans l'étreinte fiévreuse du vampire, elle n'en était plus certaine. Se fourvoyait-elle ? Risquait-elle vraiment de périr des mains d'un bipède avant d'avoir atteint l'âge adulte et prétendu à la grandeur de son sang ? Mourrait-elle avant d'avoir assuré la pérennité de son espèce ? De quel secours, raillait sa mémoire, pourrait-elle être, si elle ne parvenait pas même à veiller sur ses propres jours ? Et Kedrildan, que penserait-il d'elle si elle échouait ?
L'éternité et le monde, lui avait-elle promis, et un dragon ne revient pas sur la parole donnée, le fut-elle par orgueil. Au lieu de quoi, elle lui avait confié dans la terreur l'écho de sa douleur, le réduisant à n'être plus que l'ombre de ce qu'il était. Même diminué de la sorte, il gardait la vivacité féroce nécessaire pour abattre leurs ennemis, mais avec quel essor majestueux aurait-il pris sans l'emprise de sa douleur ? L'argentée se méprisait d'avoir été si faible, de n'avoir su conserver pour elle la douleur pernicieuse de la flèche. Et pourtant, elle demeurait résolument incapable de quitter ses bras. ° Je ne veux pas grandir, Kedrildan. Je ne veux pas me rapprocher du jour où il nous faudra dormir d'une seule et même nuit éternelle. °
Enfouissant son museau contre son torse, elle se laissait bercer par le mouvement délicat des doigts du vampire sur ses écailles. Le geste se fit plus rugueux, et elle sourit intérieurement, amusée de ces ongles au tranchant de griffes. Patience, lui intimait sa mémoire, réveillant le souvenir lointain de sa mère. La dragonne aux écailles de sang aurait rechigné à l'avouer, mais elle aussi été née en rampant, et cette nécessité s'imposait avant de gagner le ciel et d'y étaler sa puissance au grand jour. Patience... Une qualité qui manquait à la petite argentée, assurément.
° Il me répugne. Ce n'est pas lui que je hais, mais l'image qu'il nous renvoie. Nous vallons mieux que cela. Nous ne régnerons pas sur cette engeance-là. Tue-le. °
La dragonne n'avait pas le goût de son lié pour la torture, elle avait la cruauté indolore de qui se moque de la souffrance de ses proies et les abat sans remord. Elle ne voyait pas l'intérêt de jouer avec la nourriture, ni avec la vermine rampante qui se traînait dans l'herbe sanglante du fourré. Souffrir, c'était vivre, encore, et déjà plus qu'il ne méritait.
A la place de Kedrildan, elle aurait sûrement tué l'humain sans plus attendre... Au détail que la question ne se serait sûrement pas posé, l'argentée n'aurait pas eu la présence d'esprit de réfréner ses coups. L'humain ne l'eut pas non plus. Trop épuisée pour réagir, Trissi n'échappa au coup qui lui était destiné que par les réflexes du vampire, lequel n'eut pas cette chance et le paya de quelques dents dans une giclée de sang.
Furieuse, la dragonne prit son essor pour fondre sur leur agresseur, dégringolant en planant pis que mal pour atterrir dans un fracas de branches contrariées.
° Tue-le ! ° grogna Trissi, dépitée de devoir renoncer à accomplir leur vengeance elle-même.
Ce n'était plus l'un de ces caprices insidieux qu'elle énonçait, flegmatique, laissant à penser qu'elle se moquait presque qu'il y répondre, ne voulant pas souffrir s'il s'y refusait. C'était un ordre venimeux, un vœu pressant de mort pour lequel elle avait dérobé les mots meurtriers dans la mémoire de ses pairs.
La rage luisait dans ses yeux de glace, leur donnant l'éclat trompeur des lacs d'hiver. Que le Dracos l'entende, mais le prochain à lever la main sur Kedrildan aurait plus à craindre que les seuls foudres du vampire.
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| | | Kedrildan Maralawë Maitre de la Caste
| Sujet: Re: Petit tête à tête en amoureux {PV Trissi} [RP TERMINE] Jeu 14 Fév 2013 - 12:29 | |
| Aussi tremblotante que les cercles dans la mare à la suite d'un jet de pierre, petite créature à la fierté démesurée mais à la fragilité d'un nouveau-né... Kedrildan contempla l'orgueil de sa moitié piétiné par les affres de la peur et de la douleur, il mira sa présomption se faire lacérer par l'acide réalité du monde sans aucune considération pour la naïveté de Trissi. Il lui avait dit de faire attention, d'être sage, la voilà bien punie pour son insolence et, loin de ressentir de la satisfaction sadique, il la cajola avec douceur et tendresse pour apaiser les spasmes de la peur secouer son jeune corps. Il espérait qu'elle aura retenu la leçon parce qu'il n'avait aucunement l'intention de vivre une nouvelle fois une horreur pareille... Le goût âcre de l'angoisse douloureuse marquait encore de son souvenir son cadavre.
Bien qu'il y avait un point positif à cette tragédie : la douleur et la peur les avait rapprochés au point que le roux comprenait avec plus de limpidité les pensées de sa dragonne même si elles n'avaient rien de joyeux. Pour lui qui était déjà mort, elles n'avaient pas vraiment de sens bien qu'il savait que tôt ou tard, le plus tard possible d'ailleurs, Kedrildan devrait subir une seconde mort qui sera cette fois-ci éternelle. Il se souvenait de sa première mort, la lente et douloureuse agonie, ses hurlements muets qui écorchaient ses cordes vocales au point de les rompre, l'odeur ferré de son sang s'écoulant hors de son corps ou goulûment avalé par son assassin... Non il ne voulait pas revivre cette mort là, il avait été tellement seul et il avait tellement souffert... Il préférait une mort rapide et dans quelques siècles, le plus possible.
- Pour changer ce monde si abominable, il te faut sortir de cette gangue de l'enfant pour hérité de la gloire mature de tes ancêtres Trissi. Tu dois grandir pour être ce que tu dois être, qu'importe si nous devons mourir un jour parce que nous mourrons tous un jour, à nous de nous assurer que cela soit en marquant les esprits. Si la viande ne grandissait pas, je ne pourrais pas me nourrir, ni toi non plus, la vie est synonyme de changement ma douce alors il faut faire avec, dit-il doucement en la regardant s'emmitoufler de plus belle contre ses vêtements poisseux du sang de l'humain.
Les changements, l'évolution... La plus grande peur des êtres vivants, Kedrildan ne comprenait pas vraiment ce point de vue là puisqu'il était figé dans le temps, il ne connaissait que le changement dans le goût du sang ou de l'odeur de la magie, ou encore le changement hiérarchique. Il fallait être patient, même si ce n'était pas du tout son fort, il arrivait à en avoir un peu malgré tout. En même temps, il lui en fallait bien puisqu'il était plutôt doué pour les attaques dans l'ombre et la discrétion, et puis s'il voulait survivre encore, il lui fallait bien être patient sinon c'était la mort assurée.
Alors qu'il rampait pour punir de plus belle l'humain, la viande sur patte, qui avait eu l'audace de faire cela à sa pauvre dragonne, ce dernier eut un sursaut de lucidité et d'énergie au point de viser de ses poings ensanglantés le vampire et sa liée. Crachant son sang et ses dents avant de repérer Trissi qui semblait indemne, Kedrildan hésita avant de lui obéir et de bondir sur la misérable loque pour lui broyer les vertèbres dans un craquement sonore et jouissif, les réduisant méticuleusement en miettes sous le dernier soupir et gargouillis de sa gorge en charpie par les bons soins du vampire. Se redressant avec dignité, il épousseta ses vêtements avant d'attraper la tête et de l'arracher violemment, s'en fichant comme de son premier repas de mettre toujours plus de sang autour d'eux. Le roux plissa le nez de dégoût en voyant le carnage avant de hausser les épaules et de lancer la tête vers sa dragonne, la regardant rebondir puis rouler jusqu'à ses serres, la fixant avec sauvagerie.
- Ton désir de vengeance est-il satisfait ma douce ? Dit-il doucement, les crocs à découvert alors qu'il se léchait les doigts des gouttes de sang, affamé. La vision de cet imprudent à tes pieds te ravit-elle ? Sa souffrance et sa tristesse, son sang et ses larmes qui gouttes alors que la mort l'a raccourcit d'une tête... Tes sens sont-ils comblés ? Persiffla-t-il alors que ses yeux fous la dévorait du regard.
D'avoir arraché la tête de l'humain comme d'autre faisait sauter des bouchons de champagne ravissait sa folie qui exultait en lui au point de faire fuir sa raison. Le cadavre à ses pieds lui donnait des envies de carnage... Peut-être sera-t-il commode de trouver une autre âme dans les bois et de la sucer jusqu'à la lie après lui avoir fait goûter aux affres délicieux de la souffrance la plus aiguë et acide... Ses yeux fous ne quittant pas Trissi qui avait aux pieds la tête de l'humain, il renifla d'une moue hautaine avant de ricaner.
- Je t'avais prévenue d'être sage pendant mon absence, j'ose espérer à présent que la leçon est retenue ma douce : dans ce monde, seule la loi du plus fort règne ici. Il faut que tu grandisses et apprennent que loin de ta coquille et des souvenirs imprécis de tes ancêtres, ce monde n'hésitera pas à te tuer, à te réduire en morceau pour te survivre, lui dit-il durement en plissant les yeux. Tu es une enfant de Dracos Honoris, tu as donc davantage de force que ce monde alors à toi d'aiguiser tes armes pour le soumettre et le dominer, asséna-t-il froidement avant de fermer les yeux et de se détendre, redevenant plus docile. Ma douce... Je serais là pour te protéger ne t'en fais pas, tu seras une dragonne merveilleuse quand tu grandiras, tu en as le pouvoir... Viens, continuons cette petite promenade, j'ai à nouveau faim maintenant... Dit-il d'un ton léger en s'approchant d'elle pour la porter jusqu'au cheval. |
| | | InvitéMon identité Mes compétences Invité
| Sujet: Re: Petit tête à tête en amoureux {PV Trissi} [RP TERMINE] Sam 16 Fév 2013 - 13:57 | |
| La colère de la petite dragonne s'était effacée, ses flammes figées dans une rage froide. Viendrait l'heure, et si elle bouillait dans l'attente, elle n'en arriverait pas moins à ses fins.
Patience, mon enfant...
N'avait-elle pas passé toute sa courte vie à attendre ? L'injonction maternelle perdait de sa puissance. A mesure que l'argentée la ressassait, elle y décelait une autre saveur, un parfum suave de connivence, duquel elle tirait une force nouvelle.
De patience, en vérité, Trissi n'avait point, elle était hâte et vif argent, avide de faire ses preuves, d'étinceler sous le regard de Kedrildan, de se révéler telle qu'elle s'imaginait par l’œil affûté de ses milles aïeux qui, sans cesse, se disputaient son attention.
L'aurait-elle pu, qu'elle se serait dérobée de l'étreinte du vampire pour s'envoler hors de sa portée, et lui montrer combien elle serait forte, et combien elle devait tenir à lui pour lui revenir malgré tout, pour le préférer au monde sans devenir jamais un rapace bien dressé.
° Je grandirai Kedrildan. Et nous irons où nous porterons mes ailes, rire de l'injustice amère de l'existence. Il n'y a pas de pitié pour les faibles, aussi resterons-nous pas à ramper dans la fange maussade d'un campement vampire. °
Cette dernière précision était une pique à demi-dissimulée dans son discours coulant comme l'eau d'un ruisseau chantant. Lorsque le vampire en revint à leur agresseur, l'argentée n'adressa pas au défunt archer le moindre regard. Elle mettait un point d'honneur à se désintéresser des proies qu'abattait le vampire pour son seul bénéfice, non qu'elle eut trouvé l'acte répréhensible d'une quelconque manière ou la viande immangeable, mais elle se refusait à devenir son commensal, à se fondre dans son ombre et à se rassasier des miettes de sa puissance. Cela lui coûtait, car la viande exsangue se gâtait moins, mais elle eut préféré disputer aux asticots et corbeaux un cadavre putréfié que de s'incliner devant Kedrildan.
° Non, je ne suis pas satisfaite. La vengeance est un leurre pour qui croit que les torts s'oublient. Qu'il s'en repente dans l'enfer de son choix, mais je n'oublierai pas son acte et les humains à présent porteront le fardeau de sa trahison à mon égard. Qu'ils se rachètent ou qu'ils meurent par milliers, je n'oublierai ni la douleur, ni l'affront, deux torts que le sang ne peut suffire à laver. °
Bien plus ivre de puissance que de la souffrance d'autrui, l'argentée ne se souciait pas assez de ses inférieurs pour s'inquiéter de leurs sentiments. Elle aspirait à une suprématie égoïste, où les humains devraient répondre des méfaits de leurs pairs à l'égard de son sang, mais où elle se moquerait éperdument de leur sort s'il n'était pas lié à l'un des siens, fussent-ils le peuple de naissance de Kedrildan, ava,t que la mort n'ait posé son baiser malicieux sur ses lèvres provocatrices.
Quant au sermon que lui fit Kedrildan, elle n'en fit que peu de cas, la remontrance glissant sur ses écailles lisses pour ne jamais effleurer son coeur de glace. Elle gardait de l'événement une plaie cuisante, mais le vampire se fourvoyait de penser qu'elle put davantage qu'en prendre ombrage et en désirer la prudence. Un loup mordu par un lièvre devait-il souper de carottes ?
Elle était restée cachée une éternité durant alors que s'éteignait sa race, et ce pour n'en garder en souvenir que le temps d'un soupir, elle ne laisserait pas filer le temps sans agir, prisonnière d'un mot du vampire et de la reconnaissance qu'il s'imaginait qu'elle lui devait.
Foutaises. Le monde l'appelait, et s'il devait paraître un autre ennemi, alors Kedrildan l'abattrait pour elle, et ce serait pour l'instant le seul pouvoir qu'elle put savourer.
Les premiers dragons s'étaient-ils liés pour cet éphémère privilège ? Non, répondaient ses ancêtres. La chose était rare, mais des dragons avaient imprégné des enfants marchant à peine et des vieillards aux bras faiblissants. Le lien transcendait cela, et il lui faudrait espérer plus de leur dualité que la chair d'un lapin et leur souffrance complice.
Mais cela demandait plus de maturité que l'argentée n'en avait, refusant celle de ses aïeux. Trissi rendit son regard à Kedrildan, une insolence maligne attisant les flammes glacées de ses yeux. S'il la souhaitait aussi forte qu'il le disait, il comprendrait qu'elle ne cède pas.
Lorsque son discours se fut plus mielleux, elle se laissa bercer tant par ses mots que par ses pas, somnolant à demi. Elle reconnut l'odeur du destrier et celle plus tenace de la peur. Les estafilades sanglantes sur la croupe de la bête avaient séchées en de longues traînées sanglantes, et si les plaies demeuraient superficielle, la défiance de l'animal à l'égard de Trissi restait palpable.
° Je suis lasse, Kedrildan. Nous devrions rentrer. °
Bien sûr, il aurait pu la laisser de nouveau et partir chasser mais l'argentée avait l'esprit aussi capricieux que le sommeil, et si le vampire l'abandonnait de nouveau, elle avait assez de perspicacité pour supposer que l'histoire se répéterait.
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| | | Kedrildan Maralawë Maitre de la Caste
| Sujet: Re: Petit tête à tête en amoureux {PV Trissi} [RP TERMINE] Jeu 21 Fév 2013 - 16:13 | |
| {hrp: désolée pour le retard, j'espère que ma réponse te plaira :S dis voir, je pense qu'on va pouvoir terminer ce rp non? Il faudrait qu'on discute par mp de la suite des évènements, ou pas skype suivant quand on arrivera à s'attraper mutuellement ^^}
Même dans la défaite, la petite dragonne réussissait à rester digne et hautaine. Kedrildan pouvait la voir avec amusement arrondir son encolure dans une courbe noble et plisser son regard écailleux avec perfidie et sadisme. Pauvre petit chose qui était humiliée de s'être bien fait avoir, humiliée de se faire rappeler à quel point elle n'était encore qu'un bébé bien loin du prestige glorieux et éblouissant de ses ancêtres. Le roux sentait ses pensées filer dans son petit esprit avec l'incision amer de la honte et de la froide colère, et il souriait malicieusement, amusé de voir les feulements de chat vexé qu'elle paraissait émettre.
Ainsi donc elle voyait au-delà de ce camp qui avait vu sa naissance ? Mais pourquoi quitter la sécurité et la victoire qu'il procurait vers l'incertain ? Certes, quand elle serait bien plus âgée, ils seront puissants, très puissants pour sa plus grande fierté et joie, mais en lui résidait une folie destructrice qui ne trouvait la paix que dans le sang et la souffrance de ses proie, dans le combat dans l'ombre et la mort en traître. Sa moitié d'âme, celle qui faisait qu'il se sentait comblé et complet comme jamais, il la suivrait partout sans hésiter même ne pas savoir ce qu'elle rêvait pour eux deux au-delà du berceau de leurs existences à tous les deux le rendait légèrement nerveux dans le fond.
- Tu es tellement fière petite dragonne... Penses à écouter de temps en temps ta raison et non tes désirs, dans le cas contraire tu risquerais de te retrouver mouchée une seconde fois... Ce qui me déplairait fortement je dois l'avouer, persifla-t-il d'un ton légèrement acide alors qu'il plissait son regard tourné vers elle alors qu'il savait pertinemment que l'impétuosité de sa compagne prédisait des ennuis.
Déjà qu'il avait peu de patience, si en plus elle l'émoussait insolemment et impunément, ils ne risquaient pas d'aller bien loin tous les deux... Quel triste dualité qu'il souhaitait pour elle ! Il souhaitait qu'elle grandisse en force et en puissance pour que ce qui s'était passé ne se reproduise jamais, mais d'un autre côté, il souhaitait aussi qu'elle est la patience et la jugeote nécessaire à leur survie dans cette longue existence qui serait sûrement la leur à la condition qu'ils vivent assez longtemps.
L'attrapant et la calant dans ses bras, il la caressa distraitement alors qu'il regagnait sa monture qui semblait avoir développer une furieuse inimité à l'encontre de la dragonne, la fixant avec méfiance et répulsion en frémissant alors que Kedrildan se mit à vérifier les plaies.
- Tu aurais pu quand même le ménager le pauvre... Je crois qu'il te déteste cordialement, fit-il négligemment avant de répéter le sort de soin qu'il avait fait sur l'aile de Trissi sur la croupe de sa monture pour le coup.
Ainsi donc elle voulait rentrer... Elle devait se sentir épuisée et le roux devait bien avouer qu'il ne se sentait pas très bien non plus. Seulement il était complètement affamé, cet excès de rage et de violence, de douleur et de folie avait consumé sa réserve d'énergie aussi rapidement qu'une course de comète dans la noirceur du ciel de la nuit. Et il se doutait bien que s'il la laissait de nouveau pour aller se sustenter, elle recommencerait ses bêtises pour le rendre complètement chèvre. Remarquez, il l'était déjà...
- Très bien, rentrons alors, fit-il en montant en selle, veillant à ce que tout soit parfait avant de faire un nid de sa cape pour enfouir Trissi au chaud dans ses vêtements poisseux.
La pressant contre lui, le vampire espéra que les cahots du trop n'indisposeraient trop la dragonne et claqua les rênes pour les mettre en marche, chevauchant tranquillement jusqu'au campement où rien ne s'était passé, comme si ce qui s'était produit dans les bois n'avait été qu'un rêve. Dans un sens, Ked aurait aimé que cela soit le cas, le souvenir de la douleur pesant encore sur son cadavre.
- Tout est si tranquille... Je tâcherais de trouver un peu de viande pour toi ma belle, j'irais chasser plus tard... Dit-il doucement avant de stopper sa monture devant la tente, l'y attachant et lui donnant de la nourriture avant de se faufiler sous sa propre tente et de s'avachir dans son lit, dans un grognement d'avachissement soulagé. Il faut aussi que je me douche aussi, je pue, je suis sale, mes habits sont bons à brûler... Grommela-t-il en observant sa tenue et ses boucles d'un air critique. |
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| Sujet: Re: Petit tête à tête en amoureux {PV Trissi} [RP TERMINE] Dim 24 Fév 2013 - 13:42 | |
| Trissi plongeait sans y prendre garde dans un songe paisible, berceau de ses illusions. Dans ses rêves, elle volait, méprisant fougères et taillis, s'élançant sans attache dans un ciel sans ombrage. Il n'y avait pas de place pour le vampire dans cette douce rêverie. Se lier c'était déjà trop, déjà renoncer à la folle liberté que clamait son sang. Altières, les reines dragons ne se donnaient que par choix, se vendant au plus offrant, ne désiraient qu'au gré de leur caprice.
Que savait Kedrildan de la raison d'un dragon, et des pulsions qui l'animaient ? Leur connivence d'esprit, si elle faisait d'eux des frères de coeur, ne pouvait suffire à abolir les barrières de leur race. Qu'il s'écoule un an ou mille, Kedrildan raisonnait encore comme un humain, avec le cynisme grinçant d'un buveur de sang. Et comment le lui reprocher, alors que le moindre de ses repas déposait l'un des siens sur les rives de la mort, lui rappelant la triste condition qui fut sienne ?
° Je ne te décevrai pas. ° avait rétorqué l'argentée.
Une pensée succincte qui ne lui ressemblait guère. Dans ses veines coulaient le venin de la défaite, tel un feu nourri incendiant chacune de ses pensées, étiolant la naïveté de ses sensations premières. Elle était née hier, elle mourrait demain. Mais de chaque instant dès à présent, elle tirerait l'étincelle du pouvoir, pour que rayonne de mille feux son unique existence, assez pour éclipser les souvenirs impétueux de ses aïeux.
Comprendrait-il un jour que pour chaque enfant qui s'éveillait au monde, l'ardoise était vierge, tout au plus salie des mauvaises actions de ses parents ? Alors qu'il lui fallait rivaliser avec la puissance d'un million d'âmes endormies qui n'attendaient rien moins que de se mesurer à elle, d'apparaître en filigrane de chacune de ses actions, pour la tirer au plus vite vers les sommets ou l'humilier dans sa faiblesse.
°Peu m'importe sa haine. Crois-tu que t'aimais ta proie du bosquet ou que me chérissent les lapins dont les os craquent entre mes mâchoires ?° fulmina Trissi.
Trop orgueilleuse pour l'évoquer de vive voix, elle voyait comme un affront que la monture du vampire bénéficiât des mêmes soins qu'elle. Etait-ce ainsi qu'il la percevait ? Une possession parmi d'autres, dont il pouvait disposer à souhait, confiner à l'étable et espérer qu'elle se verrait satisfaite d'eau et de foin ?
L'épuisement eut raison de ses foudres, étouffant sans pitié les braises d'une querelle naissante. Il était plus doux de succomber à la voix de Kedrildan, de saliver à l'idée de la viande qu'il ne manquerait pas de lui dénicher et de reporter à un autre jour l'heure de faire ses preuves sous le soleil cru d'une implacable réalité.
Ce soir-là, ses pensées rageuses la déserteraient jusqu'à ce que le vampire la délaisse au profit de sa toilette. Elle pourrait alors ruminer tout son saoul sur ce que l'avenir leur réservait jusqu'à ce que la submerge un sommeil sans rêve, à peine troublé par la conscience des anciens dragons.
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