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| Union et bonheur éternel (PV Fey, Meri et Grég) | |
| Auteur | Message |
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InvitéMon identité Mes compétences Invité
| Sujet: Union et bonheur éternel (PV Fey, Meri et Grég) Jeu 24 Mar 2011 - 17:10 | |
| (HRP: cela ce passe une semaine avant la 2e bataille de Aldaria)
La guerre faisait rage dans l'empire. Partout, des gens mouraient à cause des assauts des vampires qui se faisaient un malin plaisir a leur prendre un peu plus de territoire chaque nuit. Chaque soldat était sur le pied de guerre, prêt à agir au moindre ordre de leurs supérieurs.
Mais lui était la, devant cette immense glace lui montrant toute sa magnificence alors que son peuple mourrait. Ses habits d'apparats étaient d'un blanc étincelant parsemé de touches de bleu et de formes elfiques complexes cousues au fil d'or comme pour les contours. La longue cape attachée à la penderie était dans le même style. La couronne sur sa tête, il sortit de sa chambre et les derniers mois s'imposèrent à ses yeux.
Il l'avais laissé partir en mission seule pendant quelques temps, sa douce et belle fiancé, même si ce n'était pas encore le cas à l'époque. Sa douce Perle avait reçus des informations sur une de ses connaissances (il appris bien plus tard que cette connaissance était en fait son fiancé à ce moment la). Elle partie plusieurs semaines, mais Grégorist faisait ce qu'il avait à faire sans s'en soucier, car elle ne faisait que ce pour quoi elle était à son service, aider les gens. Lui aussi y employait tout son temps à cause des nouvelles de l'avancée des vampires. A ce moment la, Aldaria n'était pas encore tombé au mains de ces viles créatures. Il menait maintes batailles sur le front, dirigeant son armée et abattant moult monstres de la nuit. Il n'avais rapporter au château que quelques blessures mineurs et beaucoup de têtes. Les Jewels étaient toujours à ses cotées, aucune des trois ne manquait à l'appel, il ne manquait que Felicya à ses cotés.
Elle ne se fit pas prier pour rentrer mais ça ne fût pas vraiment le cas pour la voir. Elle passa plusieurs jours durant dans ses quartiers, refusant toutes visites et renvoyant les serviteurs qui lui amenait la nourriture et autres denrées. Grégorist ne fut mit au courant que lorsqu'il rentra de bataille, quelques jours plus tard. Il ne chercha pas à lui faire ouvrir la porte, il passa par les terrasses, sautant comme un félin entre chaque balcon, à une dizaine de mètre du sol pour rentrer par la serre qui était à la disposition de la guérisseuse impériale. Il s'approcha d'elle avec silence et s'assit sur le lit ou elle était allongée à ce moment la.
-Alors jeune demoiselle, que vous arrive-t-il?
Il la vouvoyait exprès, tentant de la faire réagir. Sans qu'il s'y attende, elle se jeta dans ses bras et lui déballa son épopée. Il l'écouta attentivement, tentant de recoller les morceaux un par un dans le cœur et l'esprit de la jeune femme. Ils passèrent une semaine entière seuls dans cette pièce, à parler de leurs expériences. Felicya retrouvait petit à petit le sourire et Grégorist sentait le poids de ses responsabilités s'envoler au fil des phrases qui sortait de la bouche de celle qui deviendrait plus tard le plus beau des joyaux de sa couronne. Mais plus il passait de temps avec elle, plus la chaleur se faisait sentir dans le fond de son cœur comme une petite étincelle qui finit par le consumer totalement. A la fin de la semaine, un page entra dans les appartement de Perle et annonça à l'empereur que les vampires prévoyaient une nouvelle offensive, sur Aldaria cette fois si. Quand il sortit, accompagnée par Felicya, il se retourna et déposa un baiser sur les lèvres de celle dont il était tombé amoureux
-Je reviendrait, je te le promet.
Il se retourna et courut à la suite du page, sa longue cape volant derrière lui. Il n'avais jamais eu autant de mal à quitter le château. De plus, cette bataille fût un vrai fiasco, il récolta une balafre sur le torse et une sur la nuque. Il y perdit également la grande partie de son armée en une nuit. Mais il réussit à revenir, poussé par les ailes de cet amour qui l'attendait à Gloria. De nombreux soldats se sacrifièrent pour sauver son unique vie. Les jumelles étaient de se nombre, elle devaient même déjà se transformer en vampire à l'heure qu'il était.
Mais il revint au présent, se trouvant déjà devant le jardin intérieur de sa propriété. Même les elfes lui enviaient se petit carré de verdure; Enfin petit... tout était relatif vu que cela ressemblait fortement à une foret qui s'étendait sur un bon hectare de terre au milieu du palais. L'autel avait été placé dans le plus bel endroit, bien entendu, à coté de la petite mare d'eau pure et d'un bleu claire comme le ciel et comme les yeux de sa Perle. Au dessus de lui s'étendait le cerisier que ses ancêtres avaient planté en premier. Toutes ses branches étaient parées de milliers de fleurs roses. De doux chants d'oiseaux étaient aussi audibles sous le dôme de verre. Il devait y avoir des accès d'ouvert vu le courant d'air frais qui se faisait sentir sur sa peau. Très peu de monde était là, seulement le capitaine de sa garde, les quelques amis de Grégorist et de Felicya ainsi que le maître de cérémonie, un elfe, un baptistrel. Ils avaient déjà un baptistrel à la cour mais celui ci était un des meilleur et ils auraient besoin de sa puissante bénédiction dans cette période sombre. Il se plaça à coté de l'elfe et regarda la porte. Son doux amour rentra, vêtu de ses plus beaux atouts, brodés pour l'occasion. Son cœur se mit à battre la chamade en voyant cette beauté approcher. Il lui prit la main et se tourna vers le maître de cérémonie, gardant toujours un oeil sur elle tellement elle illuminait cette place à elle seule. Les pétales de fleurs de cerisiers commencèrent à tomber à ce moment la, le moment le plus important et le plus beau de sa vie. Il aurait aimer que cet instant dur à tout jamais mais il savait que le temps ne s'arrêterait pas pour lui alors il profita de chaque seconde comme si c'était la dernière ou comme si la suivante ne viendrait jamais. |
| | | InvitéMon identité Mes compétences Invité
| Sujet: Re: Union et bonheur éternel (PV Fey, Meri et Grég) Dim 3 Avr 2011 - 17:20 | |
| Un reflet dans une glace, des étoiles dans les yeux de celle qui ne se reconnaît pas. Souvenirs....
****** Perché sur la falaise, ses jambes balançant au-dessus du vide, un esprit de la mer chantait sa souffrance en silence, laissant le vent trouver les mots pour lui, s'abandonnant à son désespoir dont l'océan agité lui rendait le reflet. Mal, si mal. Personne ne pouvait comprendre, n'est-ce pas ? Une telle souffrance, un tel sentiment d'injustice... Le fardeau d'une âme sans corps, d'un corps sans nom, d'un nom sans visage... Oui, l'ombre n'avait pas de visage, un voile de brume recouvrait ses traits, lui collant à la peau comme la peine qui lui étreignait le cœur, l'étouffant peu à peu. Comme les vagues qui venaient heurter les rochers quelques mètres plus bas, le fantôme avait envi d'exprimer sa colère, cette rage incontrôlable qui succède à la peine, cet ouragan furieux qui bouillonnait en lui et faisait trembler ses mains. Une idée folle lui traversa l'esprit tandis qu'il observait le va-et-vient de l'eau noire dans sa colère. Et s'il se laissait tomber ? Et s'il mourrait ? Et si tout se terminait là ? Qui s'en inquièterait ? Il n'était qu'une plaie vivante qui agonisait peu à peu, consumé par un chagrin trop grand pour ses épaules trop frêles. La mort l'aiderait surement à se redresser, à voir plus haut, à oublier ce visage qui s'imposait en lui, ce sourire qui causait ses insomnies et ce souvenir d'un contact doux sur ses lèvres qui lui faisait regarder les rochers avec envie. Mourir. Mourir comme lui était mort. Le rejoindre... Il n'était peut-être pas si inaccessible que cela finalement. Pensait-il à ce pauvre être désemparé qui pleurait son cœur déchiré autant que ce dernier pensait à lui ? Le vent lui souffla que oui. Les vagues lui chantèrent que oui. Et les rochers lui montrèrent que oui...
Un morceau de terre tomba sous la pression de sa main qui s'était faite plus forte tandis que la silhouette se penchait en avant. Il était là! Elle le voyait, elle discernait son visage qui se muait sur la mer, son sourire apaisant. Elle articula deux syllabes « Reviens ». Oui, qu'il revienne vers elle, qu'il la prenne dans ses bras à nouveau, qu'il lui dise que tout cela n'était qu'un odieux mensonge, qu'il la laisse oublier sa peine contre son torse, sangloter sans larmes sur son épaules, tout abandonner pour lui... Mais il restait là, en bas, la regardant avec un grand sourire et pendant un instant, elle le vit même lui tendre les bras. Elle se pencha d'avantage en avant, les herbes grasses frémirent de frayeur. Elle était prête à le faire, elle allait tomber et elle l'aurait fait si... Elle hurla son nom. Elle ne pouvait le suivre, elle était trop faible, la mort lui faisait si peur, elle l'avait combattue pendant tant de temps, même le plus éperdu des amour ne pouvait la faire aller contre cette règle que lui avait toujours dicté la vie. L'esprit totem de la loutre en elle était de cet avis: elle ne devait pas, ne pouvait pas mourir. Mais son fiancé... La silhouette se redressa, se ravisa, sentit son cœur en miette saigner d'avantage en voyant le visage de celui qu'elle aimait prendre un air mélancolique. L'ombre secoua la tête en sentant sa lèvre inférieure se mettre à trembler. Il ne reviendrait pas n'es-ce pas ? Non, il ne reviendrait jamais. Il était mort, et elle était vivante... Ses mains se mirent à s'agiter de violents soubresauts et une crise incontrôlable agita tout son corps de spasmes, comme si elle essayait de se débarrasser de quelque chose, de vomir sa souffrance qui lui enserrait la gorge, comme si elle voulait purifier son corps de tout ce mal qui faisait d'elle la victime de la mort qui la narguait en agitant devant ses yeux hallucinés le reflet de celui qu'elle lui avait dérobé. Tellement cruelle, tellement injuste, tellement fourbe... Dans un dernier frisson, Perle s'évanouit.
* ~ * ~ ¤ ~ * ~ *
Mon corps s'embourbe dans une masse noirâtre, Je ne vois plus la lumière, les ténèbres m'encerclent et me poignardent. Souffrance s'approche de moi et m'arrache le cœur en riant. J'ai mal, tellement mal... Laissez-moi. Dans un ultime effort je parviens à tendre la main vers l'horizon que je ne vois pas. Je ne le vois pas mais je sais qu'il est là, quelque part, ceci ne peut être la fin, pas déjà... Rien ne se passe. Je ferme les yeux. J'espère, je prie, je jure même! Que quelqu'un m'aide... Pitié. Je le vois alors, Sa chevelure, Sa silhouette, Sa démarche dont j'ai tellement rêvé... Nashy. Il me tourne le dos. Je hurle. Il se retourne. Je m'immobilise. Non, ce n'est pas Nashy. Il me sourit, la lumière autour de lui devient éblouissante. Il s'approche. Je ne bouge pas. Il s'accroupit devant moi. Je ne bouge pas, je le regarde à travers mes larmes qui ne coulent pas. Il éclate de rire et ce rire fait tressaillir Souffrance qui laisse s'échapper mon cœur qui me reviens. Il me tend la main. Je m'en saisis. Il tire. Je suis libre à présent, et je ne le quitte pas des yeux. Je le connais, je sais que je le connais... Puis son nom me reviens tandis qu'il se recule. Son visage est grave à présent, impérial... Je me souviens. Grégorist. Je l'interroge. Pourquoi m'avoir sauvée ? Pourquoi être là ? A quoi bon... ? Il sourit à nouveau avant de murmurer: Je t'attend. Je baisse la tête. Je me souviens. Ma mission... L'empereur m'attend... Mon devoir. Grégorist disparaît et le noir de nouveau s'impose mais je n'y prête pas attention. Mon devoir et plus que mon devoir... Les larmes amères roulent sur mes joues tandis que la peur m'assaillit. Je suis seule... Aide-moi.
* ~ * ~ ¤ ~ * ~ * Le grand jour était arrivé, ou était-ce une grande nuit ? Perle ne n'aurait su le dire. Elle ne voyais plus que l'obscurité où que son regard ne se pose. La guérisseuse avait passé un mois entier vêtue du noir qui faisait son deuil et à présent ses vêtements clairs lui brulaient les yeux, ravivaient la douleur de son coeur car ils lui rappelaient la « vie d'avant », comme si rien de tout ceci ne s'était passé, comme si Nashy n'avait jamais existé... une invitation à l'oublier. Mais Felicya ne voulait pas oublier, elle voulait sentir à jamais la blessure cuisante qui mettait son âme à vif, elle voulais continuer à souffrir éternellement. Elle se sentait coupable, tellement coupable. Elle n'avait pas été auprès de lui quand s'était arrivé. Elle n'avait pas tenté de lui envoyer une missive pour s'enquérir de sa santé... Mais comment aurait-elle pu ? Elle ne savait pas où il était allé! C'était lui qui aurait dû lui faire transmettre un message! Son fiancé était mort et ce n'était que maintenant qu'elle apprenait qu'il était dragonnier... Tous les mots étaient trop faibles pour exprimer l'amertume qu'elle ressentait en y pensant. Elle avait tout perdu. Nashy, un confident, un ami, un amour... Ne lui restait que ce bracelet de perle que le messager qui était venu la trouver pour lui apprendre la nouvelle lui avait rapporté... Le bracelet de sa mère qui était si beau et si pure avant d'être souillé par la mort de son fiancé. Il le portait quand il avait succombé, elle le savait. Ce bracelet était ses yeux, il l'avait vu mourir alors elle l'avait vu aussi et elle n'avait rien fait. Tellement coupable...
Tel un spectre, elle descendis de sa fidèle Brume qui renâcla doucement comme pour lui souffler le courage d'aller parler à l'empereur. Essayant sans succès d'esquisser un sourire, Perle appuya son front contre l'encolure de son amie et soupira douloureusement en passant une main distraite dans sa crinière argentée. La jument maternelle redressa la tête pour effleurer des naseaux la chevelure blonde de la jeune femme comme elle l'eut fait pour un poulain avant de la pousser doucement pour qu'elle s'écarte. Felicya recula d'un pas et acquiesça en silence avant de se détourner pour gravir les marches de marbre de palais.
Arrivée dans la salle du trône, Perle fut annoncée à l'empereur et c'est droite et impénétrable qu'elle fut son rapport avant de rejoindre ses appartements. Elle ne se souvenait même pas avoir vu le visage de Grégorist pendant toute la durée de l'entretien. Elle était entrée, les mots étaient sorti eux-même, porté par une voix rauque qui n'avait pas servi depuis un mois, puis elle s'était inclinée et était partie. L'avait-il autorisée à partir ? Elle n'en savait rien... Peu importait. Une fois dans ses quartiers, elle verrouilla la porte et mis un coffre en bois sombre et lourd au cas où quelqu'un voudrait pénétrer son sanctuaire par la force. Elle était fatiguée, si fatiguée... Dormir, se reposer, oublier tout ce qu'elle savait. Elle s'effondra sur le lit et perdit connaissance.
Les jours passèrent. Allongée sur le lit, les bras en croix et le regard perdu dans le vague, Felicya semblait comme morte. Elle n'entendais pas les coups frappés à la porte. Elle ne voyais pas le jour qui succédait à la nuit qui elle-même succédait au jour. Elle ne sentait pas son corps appeler au secours. Elle était perdue dans ses pensées... Coquille vide, fragile coquille, coquille légère, légère, légère, tu dérivais sur l'Océan ou l'Océan dérivait autour de toi. Une vague et tu tremblais. Deux vague et tu luttais. Trois vague et tu sombrais. Les abysse t'appelaient, te caressaient et te repoussaient pour mieux t'accueillir en leur sein. *Comment t'appelles-tu petite coquille vide? * *Sais pas* *Où vas-tu fragile petite coquille?* *Sais pas* *Pourquoi vis-tu petite coquille si légère ? * * Sais plus* *Rappelles-toi... * *...*.
Comme dans un rêve, Perle se mit enfin en mouvement, faisant glisser sa main jusqu'à son cou autour duquel était accroché la petite fiole contenant le venin de serpent qu'elle avait récolté voilà deux années de cela, dans la forêt sauvage où elle avait rencontré Ryu. Ryukah... Qu'il la pardonne. Elle tira d'un coup sur le cordon qui céda en un claquement sec. De nouveau coups à la porte. Les serviteurs se faisaient du soucis... Grégorist devait être au courant maintenant. Qu'il la pardonne, dès qu'on retrouverait son corps, il serait trop tard. Elle ouvrit le bouchon et approcha la fiole de ses lèvres tremblantes. C'était la fin. Elle ferma les yeux et s'apprêta à verser le poison dans sa bouche. Elle n'en fit rien. Une image venait de se matérialiser dans son esprit, celle de l'être pour qui elle ne s'était pas suicidée sur la falaise... Grégorist. C'était pour lui qu'elle était rentrée à Gloria, pour lui qu'elle avait marché jusque là, qu'elle avait tenu ! Sa vie pendant un mois n'avait dépendu que de lui, de la mission qu'il lui avait attribué. Il lui avait donné une raison de vivre, il était devenu sa seule et unique raison de vivre! Elle était revenue pour lui... Mais lui, où était-il ? Ses doigts fins laissèrent échapper la fiole qui glissa sur les draps qu'elle tacha de poison. Où était-il ? Les traits glacés de Felicya se contractèrent et elle poussa un gémissement en cachant son visage dans ses mains et en se recroquevillant sur elle-même, ivre de sa souffrance. Elle appela. Personne ne lui répondit. Elle hurla mais de nouveau seul le silence semblait l'écouter, la comprendre. Quoi qu'elle fasse, quoi qu'elle dise, il était toujours là, lui frictionnant le dos de ses mains immatérielles, lui caressant les joues pour y cueillir des larmes qui ne coulaient pas, essayant de la maintenir en vie alors qu'elle refusait toute aide extérieure... Mais malgré ses efforts, Perle le haïssait. Elle voulait entendre une voix, une seule voix, une vraie voix. Une personne à ses côtés... Une seule personne.
-Alors jeune demoiselle, que vous arrive-t-il?
Felicya se figea. Cette voix... Très lentement, elle se redressa sur ses couvertures pour regarder celui qui avait parlé. Était-ce... possible ? Les yeux de la jeune femme allèrent de la porte coincée au visage de l'empereur. Elle l'avait appelé et il était là à présent, apparu comme un miracle dans sa chambre, comme s'il s'y était téléporté en entendant son chagrin... Après un instant de flottement, Perle se précipita contre son torse comme un enfant tombé dans les eaux tumultueuses se raccroche à une main tendue. Par le Dracos, il était là... La jeune guerrière ferma les yeux et respira son odeur qui lui rappelait des souvenirs plus heureux en un temps où ils parcouraient la ville ensemble... Inspirant profondément, Felicya sentit quelque chose céder en elle. Le barrage de la parole vola en éclat et les mots se répandirent comme rivière d'argent. Elle raconta tout. Sa mission à nouveau, le messager, Nashy, sa mort, la falaise, le bracelet de perle, sa souffrance... Elle parla pendant des heures, faisant par moment des pauses, sombrant parfois soudainement dans le sommeil, son corps ne tenant plus le manque de nourriture. Elle s'usait peu à peu mais tandis que sa faiblesse physique croissait, son esprit devenait plus fort. Son âme se déchargeait petit à petit, se purifiait du poison dont elle s'était nourri pendant tant de temps. Le verrou du silence avait cédé et plus rien ne semblait pouvoir l'arrêter désormais. Dès qu'elle racontait les passages les plus douloureux, il lui suffisait de croiser le regard le l'empereur pour reprendre de plus belle, puisant sa force dans ses pupilles qui la maintenaient en vie.
Grégorist aussi racontait ce qui lui était arrivé. Felicya l'écoutait en silence, buvant ses paroles avec avidité, ne l'interrompant jamais et attendant qu'il ait fini pour lui poser une ou deux questions. Petit à petit les sujets de conversations devinrent plus légers, ils en vinrent même à plaisanter comme avant son départ et tout fut alors comme si rien ne s'était passé, comme s'ils ne s'étaient jamais quittés. Ils parlaient de tout et de rien, Grégorist réussit même à tirer Perle du lit et ensemble ils marchaient dans la serre, la jeune femme s'occupant des plantes avec émerveillement comme si s'était la première fois qu'elle faisait une telle chose. Son savoir lui revenait peu à peu et elle expliquait certaines choses à Grégorist sans raison, luttant contre le silence qui l'effrayait. Le soir venu, elle s'endormait dans les bras de l'empereur, ne parvenant pas à trouver le sommeil dans la solitude. Elle avait besoin de lui, besoin de ses bras, besoin de ses mots. Il était sa drogue, son oxygène. Il lui avait tissé un monde au fil de ses mots et ce sanctuaire était devenu vital pour elle. Elle n'était personne et lui était tout, sa vie était à lui, qu'il soit fils de pêcheur, soldat ou empereur, rien n'y changeait, elle était une simple roturière et elle l'aimait...
Une semaine entière était passée quand un page entra dans les appartements pour apporter de bien terribles nouvelles. La guerre... Perle l'avait oubliée celle-la. Son regard terrifié plongea dans celui de Grégorist. Il allait la quitter, elle le savait et elle ne le voulait pas... Non, elle ne pouvait pas être séparé de lui! Pas encore! son monde, son univers, son étoile, son cœur, son âme, son calme, son Océan... elle avait besoin de lui! Tremblante, elle le suivit jusqu'à la porte où elle se figea, tâchant de cacher le tremblement de ses mains en les serrant l'une dans l'autre. Avant de partir, Grégorist se retourna soudain pour l'embrasser, la prenant au dépourvu et faisant voler en éclat la terreur qui menaçait de la submerger. Éperdue d'amour, elle lui rendit son baiser pour y puiser la force de ne pas s'effondrer puis l'écouta murmurer:
-Je reviendrait, je te le promet. ******
Felicya rouvrit les yeux, une main sur le cœur et un sourire tendre flottant sur ses lèvres fines. Il était revenu et ils allaient se marier dans quelques heures à peine... Poussant un soupir, elle se contempla à nouveau dans le grand miroir qui lui renvoyait une image sortie tout droit d'un conte de fée. Une future impératrice se tenait devant elle, ses longs cheveux blond argenté tombant en une cascade de boucles gracieuses sur ses épaules dénudées. Perchées dans sa chevelure, une dizaine de petites roses blanches au parfum envoutant étaient dispersées ça et là, faisant ressortir la blancheur de son teint de porcelaine. Son visage fin avait été maquillé avec légèreté, un petit trait de crayon bleuté soulignant simplement son regard océan. Esquissant un sourire, Perle tourna sur elle-même et sa robe blanche parsemée de perles d'azur virevolta souplement comme une aile de cygne. La soie douce et légère avait été cousue d'une main experte pour un résultat tout simplement époustouflant. Le décolleté de la robe mettait en valeur la poitrine de la jeune femme et de gracieux plis débutaient au niveau des hanches sous un ruban de roses blanches en soie également, pour s'échouer souplement au sol, dissimulant ses chaussures à talons et s'étendant derrière en une longue traine. De plus, elle n'avait pas de bretelle mais de longues manches commençant à mi-épaule qui ruisselaient le longs de ses bras fins jusqu'au sol, devenant de plus en plus ample et découpées de telle façon qu'elles s'ouvraient au niveau des poignets pour lui laisser les mains libres et mettre en évidence son bracelet en perles d'huîtres parfaites que sa mère lui avait offert. Cette œuvre qui avait dû demander des jours et des jours d'ouvrage pour arriver à un tel résultat et Felicya était plus qu'émerveillée d'avoir l'honneur de la porter, elle, la petite villageoise venu du fin fond de l'empire, élevée à l'air froid et rude de l'océan. Elle n'avait pas l'étoffe d'une grande dame, elle n'avait pas de culture, pas de façons, elle était illettrée, n'avait reçu aucune éducation... Et pourtant c'était bien elle, la petite Fille-De-Personne qui allait devenir impératrice au côté de l'homme de sa vie qui n'était pas moins que l'empereur de l'empire humain, le dirigeant de la race humaine toute entière...
Un coup discret frappé à la porte fit se retourner Felicya. Un bouquet de fleurs avec des jambes entra dans la pièce accompagné d'une servante qui souriait largement. Les fleurs s'avançèrent et se soulevèrent jusqu'aux mains de Perle qui s'en empara pour découvrir en-dessous, le visage poupin d'une toute petite fille aux joues rosies qui la dévorait des yeux avec admiration. Felicya éclata de rire et lui embrassa le front pour la remercier avant de caler son bouquet sur l'un de ses bras. La gamine rejoignit sa mère qui la prit dans ses bras en demandant à la future mariée si elle était prête. Perle acquiesça et la suivit à l'extérieur, soudain prise d'appréhension. Elles traversèrent sans un mot les couloirs du palais désert, au son des talons de la mariée qui résonnait sur le carrelage. Arrivées devant les portes du jardin impérial où aurait lieu la cérémonie, Perle s'arrêta et respira profondément, le cœur battant la chamade. Elle savait que derrière cette porte se trouvait Grégorist, celui qui avait conquis son cœur, qui l'avait gardée en vie, celui à qui elle devait d'être là aujourd'hui... celui qu'elle aimait.
Les portes s'ouvrirent et guidée par le souffle chaud qui gonflait son cœur de bonheur, Felicya s'avança jusqu'à l'autel, savourant ce petit coin de paradis, ce sanctuaire verdoyant qui immortaliserait l'union de leur amour. D'une démarche lente et souple, la future mariée se plaça à côté de l'Empereur sans le quitter du regard, le dévorant des yeux dans ses beaux apparats, se délectant de ses traits félins et de son sourire charmeur ainsi que ses pupilles étincelantes qui la fascineraient toujours... Il était si beau, si élégant, si... impérial. Perle s'empourpra quand leurs regards se croisèrent et baissa les yeux, gênée d'être surprise en train de l'observer ainsi. Puis elle attendit, rayonnante de bonheur et d'un calme nouveau...
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