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| A trop vouloir déterrer les squelettes, on finit par tomber sur un os ... (pv Roëric) | |
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| Sujet: A trop vouloir déterrer les squelettes, on finit par tomber sur un os ... (pv Roëric) Ven 26 Nov 2010 - 23:24 | |
| Quelle idée de galoper en fermant les yeux durant des lieues en laissant flotter les rennes au cou de son cheval ? Yolen devait certainement avoir un problème quant à la notion de danger, mais cela n'était guère nouveau. Quelque chose ne tournait vraiment pas rond dans la caboche de l'humain. Comme cette obsession de vouloir toujours se rapprocher davantage du Lac Noir. Dans son village, le seul fait de prononcer le nom de l'endroit faisait naître l'effroi mais le berger s'en moquait. Plus on lui serinait qu'errer la nuit, déjà était une preuve d'inconscience, plus l'envie d'aller s'y promener prenait consistance dans son esprit. Enfin, ce soir, ce n'était pas préméditation mais contrariété qui avait présidé à sa dérive dans les terres maudites des buveurs de sang. Car, non content d'aller s'exposer à la lueur de l'astre nocturne, le jeune fou se plaisait à trainer son âme chagrine sur les terres avoisinant l'entrée du territoire des êtres de nuit. De galops en virées, ses explorations s'étaient faites plus hardies et profondes, de nuit en nuit , de mois en mois. L'heureuse destinée avait voulu jusque lors qu'aucunement il ne fut inquiété par les non -morts.
Ohh! Il avait bien perçu de temps à autre quelque étrange silence succéder à des bruits non moins étranges! Plus d'une fois, il s'était senti guetté, observé. Si prédateur, il y avait, il n'était point intéressé ou alors rassasié. C'était même à douter de toutes ces histoires faribolesques dont on tentait de l'abreuver à la taverne du village, quand d'aventure et lassé de sa solitude , il allait se rincer le gosier d'une pinte de pisse d'âne du cru. Des vampires ? Mais où donc m'sieurs dames ? C'était vraiment à se demander si l'empire n'entretenait pas cette légende pour s'assurer, par la peur qu'elle nourrissait, l'allégeance du petit peuple, la levée de troupes aisée chez les bouseux du coin comme parmi les fils de bonne famille. Venez tuer des vampires et les bouter hors d'Armanda et votre gloire s'élèvera ... Soit c'était légende à faire trembler les crétins dans leurs braies soit Yolen n'avait rien d'appétant pour la canine acérée des créatures de l'ombre.
Dommage ! Il eut aimé s'entretenir avec l'un d'eux, partageant le goût de la nuit et de la solitude avec ces polymorphes bipolaires. Faibles la journée comme des nourrissons, forts sitôt l'astre diurne disparus . Fascinant en vérité ... Enfin, pour un être aussi étrange que le berger. Car comment expliquer son envie douteuse de se promener en des contrées que toute forme de vie semblait avoir désertée, baignées en permanence par une brume souffretée qui nimbait toute chose et lui interdisait même de discerner les sabots de son cheval frappant un sol de cendres. Les lieux ne se prêtaient guère à la poésie qui sied aux jouvencelles et nul risque qu'il y trouvât quelque donzelle en mal d'inspiration romantique telles que les jeunes gens se plaisent à traquer dans les bois et bords de ruisseau alentours du village. Quel incongru spécimen humain venait trainer ses guêtres pour s'offrir en festin aux bannis de la terre des Dragons ? Un être en quête d'un fantôme, peut-être ? Celui d'une vague rencontre faite il y avait plus de sept ans, au détour d'une foire . De ce souvenir qui hantait encore de temps à autres ses pensées, on ne lui avait dis que l'origine qui était de ce côté. Alors , inlassablement, ses pas le portaient vers cette terre au paysage ravagé. Jamais, il ne l'avait croisée, ni elle, ni le moindre être vivant pouvant le renseigner pas plus que de vampires. Ce pays semblait peuplé de solitude mais l'attirait inexorablement par son vide.
Curieux chaque fois davantage, il poussait plus loin ses errances nocturnes mais ce soir il avait livré au hasard la destination de sa course effrénée et se retrouvait sur les rives d'un lac aux reflets moirés dont les eaux couleur de poix n'invitaient guère à la baignade. Puisqu'il n'était question de se rafraîchir, le fond de l'air n'étant, de plus pas franchement chaleureux, Yolen , après avoir sauté à bas de sa monture en sueur et l'avoir attachée par précaution à la branche d'un arbre noir et mort, s'assit sur la rive et, levant le nez vers les étoiles qui piquetaient le ciel d'encre, sortit son ocarina de sa poche et en tira quelques notes. Un léger souffle d'air, le piaffement apeuré de Ciboise, l'alertèrent qu'il n'était pas seul. Il tâta nonchalamment son coutelas dans sa botte avant de lancer dans la nuit éclairée par la seule lumière diaphane de la lune:
- Qui est là ? |
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| Sujet: Re: A trop vouloir déterrer les squelettes, on finit par tomber sur un os ... (pv Roëric) Sam 27 Nov 2010 - 21:55 | |
| Reprends-toi !
La voix avait claqué, sèche, puissante, forte et autoritaire. Un ordre plutôt qu’une demande, tout dû moins à première vue. Un spectateur attentif y aurait décelé une note de désespoir et de supplication. Ce qui était plutôt étonnant venant de l’immense vampire musclé, ressemblant plus à un ours qu’à une des ces éternelles sangsues rampant dans les ombres du Royaume Oublié. Triste à voir, peut-être, ou émouvant selon les points de vues : car c’était là un cri du cœur et de l’amitié.
Quel intérêt à présent, Donovan ?…
Le vampire qui s’adressait à l’ours nommé Donovan était un guerrier, même son état pitoyable ne pouvait le cacher. D’une musculature taillé pour la guerre et les carnages, allié à un regard somme toute très militaire, allant et venant à une allure folle, enregistrant tout ce qui lui passait sous les yeux. Mais en l’état actuel des choses, tout cela semblait superflue tant le mal être de Roëric Alokor, car tel était son nom, paraissait évident. L’immense vampire lui répondit d’une voix tonnante, tel un sergent sur le champ de bataille.
Oh ! Pitié ! Ne me fait pas le coup de la veuve éplorée ! Ça ne prend pas !
Les deux mort-vivant se trouvaient dans l’un des nombreux tunnels du plus accueillant des endroits du continent Armandéen. Celui aux cheveux d’argent, Roëric, était avachi à même le sol. D’un saleté repoussante, le corps et les vêtements plein de tâches de sang. Une poignée de cadavres de ses congénères l’entouraient : entiers ou pas, des morceaux éparpillés ça ou là. Debout, les bras croisés et le regard aussi incandescent que les tréfonds de la terre, Donovan le surplombait avec colère.
Vas-tu continuer longtemps à t’apitoyer sur ton sort ? Enchaînant les duels comme un humain alcoolique le ferait avec les bars ? Espérant secrètement que l’un d’entre eux serait assez compétent mais surtout assez fou pour mettre fin à tes tourments ? Tu es lamentable.
Tout cela, ces affrontements, ces remontrances, ses amis s’inquiétant pour lui… tout cela lui paraissaient tellement lointain et si peu digne de son intérêt. Quelle importance maintenant que son maître était partit la queue entre les jambes, filant dans la nuit noire comme si il avait le diable à ses trousses ? Ce qui considérant Lorenz Wintel n’était pas exagérer. Il avait perdu sa voie, non c’était en fait pire que ça : on l’avait vaincu et sans même l’affronter. Maintenant Kylian était là-bas, au-dehors et sans aucune protection. Ce sentiment l’emplit d’une colère aveugle, et galvanisé par les propos de Donovan, il se releva tout en affichant un regard dur, glacial et sans équivoque.
Ils m’avaient provoqués. Maintenant ils sont morts.
Sans même attendre une réponse de son vieil ami, une petite voix lui disant tout de même qu’il regretterait cela plus tard, Roëric quitta les lieux en vitesse et rejoignit sa propre caverne. Il ferait ses excuses à Donovan plus tard. Pour l’heure, il en avait assez d’être le jouet des évènements. Il devait reprendre le contrôle de la situation. Comment faire ? Très simplement : retrouver Kylian Wallam, lui botter les fesses pour être partit sans lui, puis le ramener fissa au Royaume Vampirique pour reprendre le pouvoir à l’autre dégénéré.
Excellent plan. En quelques minutes, il avait prit l’ensemble de ses affaires, dû moins les seules qui lui importait vraiment, puis se mit en route. Personne ne l’arrêta. A vrai dire, tout le monde se fichait pas mal des allées et venues d’autrui. On parlait de vampires là, et la liberté individuelle (poussée jusqu’auboutisme) primait sur tout le reste.
La nuit était fraiche mais agréable et les étoiles et la lune illuminaient son chemin, comme si elles approuvaient sa récente prise de décision. Satisfait de lui-même comme il ne l'avait jamais été depuis très longtemps, Roëric Alokor atteignit rapidement les rives du Lac Noir. Ce dernier était toujours aussi sinistre : à l’image d’un dieu endormi. Mais cette nuit dû moins, le vampire aux cheveux de glace ne se laissa pas impressionner. Il avait d’autres choses en tête que de s’incliner devant les superstitions de son peuple.
Ce fut d’abord un bruit qui réveilla son attention, lequel contrastait étrangement avec l'atmosphère des lieux. Des battements de cœur. N’importe quel vampire de seconde zone l’aurait aisément deviné, surtout dans un endroit aussi vide. Intrigué, il se dirigea vers le lieu d’où émettait précisément le bruit. N’y croyant à peine, il fut étonné de tomber sur un humain et son cheval. Deux battements finalement, son attirance naturelle pour les humains l’ayant à ce point déconcentré qu’il en avait oublié l’autre.
Est-ce courant chez les humains que de se jeter dans la gueule du loup ? Quoiqu’en enlevant le plaisir de la chasse, peut-être ôterez-vous au monstre l’envie de vous croquer. Enfin, ça reste une drôle de tactique.
En y regardant de plus près, le mortel semblait relativement jeune. Peut-être était-il de ces inconscients qui chassait le vampire pour devenir des héros. Cette pensée amusa un bref instant le guerrier, puis il redescendit sur terre.
Je suis Roëric Alokor, et toi ? |
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| Sujet: Re: A trop vouloir déterrer les squelettes, on finit par tomber sur un os ... (pv Roëric) Dim 28 Nov 2010 - 3:11 | |
| La réponse avait fusé, emplie de morgue mais teintée d'étonnement. Yolen avait cessé sa musique, laissant le silence reprendre ses droits, seulement troublé par le souffle du vent qui faisait voler ses cheveux. Une brise glacée lui soufflait dans la nuque comme si l'haleine de celui- qui lui parlait fût venue lui chatouiller l'échine. La question avait le mérite d'être directe et la voix qui la posait plus que troublante. Le berger résista à l'envie de se retourner comme à celle de dégainer son coutelas dont il sentait le contact contre son mollet . Il demeura pourtant impassible, son ocarina dans les mains. Ciboise hennit doucement et il perçut l'affolement dans la douceur du râle. Lentement, comme n'osant croire à la raison de la peur qui tenailllait son coursier, le jeune humain répondit:
- Monstre ? Prêtez-vous foi en ces légendes ? Je n'ai jamais croisé aucun monstre en ces contrées, sauf si vous rangez la solitude dans cette catégorie. Je sais n'être pas sur les terres des miens ... Mais je ne viens ici que pour trouver la tranquillité.
Un demi mensonge, en vérité, car Yolen poursuivait tout autant une sorte de recueillement en lui-même qu'une chimère d'amour qu'il savait inaccessible et surannée en son coeur. In consciemment , il cherchait plutôt à éprouver les limites de sa témérité mais cela, il ne l'avouerait jamais .
Il se tourna enfin vers son interlocuteur et réprima un frisson lorsqu'il le considéra. Un faciès des plus marquant. Les traits du visage s'étaient fixé en une apparence peu engageante encadrés par une chevelure blanche et indisciplinée. La carrure imposante, bien que sèche, dégageait une aura au fort potentiel destructeur. Il y avait de la colère dans le coeur - ou aurait-il mieux valu dire esprit- de cette créature. Ni elfe ni humain, pour sûr. Yolen eut un petit rictus désabusé. Mais alors, s'il n'était ni l'un ni l'autre, cet individu était donc ... un vampire . Il le regarda en lui adressant un sourire plus large. Etait-ce donc cela, un vampire, une entité s'exprimant d'une voix métallique, enveloppée de noir et posant un regard étonné sur un simple berger ?
Dire que l'humain n'était pas impressionné eut été faux mais il s'attendait à une attaque en règle assortie d'une tentative de lui sucer le sang jusqu'à la moelle. Enfin, il convenait de se méfier . On disait ces êtres parfois sournois, aimant jouer avec leurs proies comme un greffier d'une souris. Et si Yolen se trompait ? Si ce personnage n'était pas un vampire ?
* Arrête un peu tes délires! C'est évident qu'il en est un ! * se morigéna le berger en fixant de son regard d'émeraude dont la couleur était peu visible en cette obscurité, les yeux étrangement iridescents de son nouveau compagnon nocturne.
Il soupira doucement, masquant son excitation à la rencontre espérée et se gratta le menton de la pointe de son instrument de musique. Etrange ... Il devrait déjà être mort à l'heure qu'il était, vidé de son sang et dévoré, s'il en croyait la légende. Il tapota le sol à côté de lui, du plat de sa main qu'il avait éloigné bien inconsidérément de sa botte , comme pour inviter Roëric Alokor, ainsi qu'il s'annonça lui-même, à venir s'asseoir près de lui.
- Je suis un humain curieux , rien de plus . Je me nomme Yolen, Yolen Korr ... Que faites-vous à cette heure tardive en ce lieu si inhospitalier ? Reprit-il feignant de ne pas comprendre la nature de son interlocuteur. Il allait s'amuser un peu à jouer l'innocent, comme il savait si bien le faire.
- Aimez-vous la musique ? Murmura-t-il en reprenant la douce mélopée. |
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| Sujet: Re: A trop vouloir déterrer les squelettes, on finit par tomber sur un os ... (pv Roëric) Mar 30 Nov 2010 - 14:14 | |
| Impressionnant. Ce n’était qu’à présent qu’il remarquait l’ocarina qu’il se rendait compte que son repas était en train de jouer de la musique. Et il ne s’était aperçu de rien. Était-il donc à ce point affamé ? Certes, il était bien vrai que le Royaume des Morts n’était guère l’endroit approprié pour se nourrir, mais tout de même, que les battements de cœur l’ait à ce point obnubilé était inquiétant. Sa période de « dépression » (très différent des humains, on considérait qu’un vampire s’apitoyait sur son sort et était dans un état préoccupant lorsqu’il préférait une autre activité à la Soif) devait l’avoir vidé de ses maigres réserves.
Mais peu importe. Puisque qu’après tout, un humain était venu de lui-même pour lui servir de casse-croûte. Très agréable de sa part, soit dit en passant. Ce dernier semblait légèrement naïf sur les bords. Même le cheval avait compris le danger et puait la peur par tous les pores de sa peau. Son hennissement ne faisant que confirmer une crainte dûment fondée. Mais loin de s’en inquiéter, l’humain lui répondit, avec l’air de celui qui avait envie d’entamer une longue conversation nocturne.
Drôle d’hurluberlu.
Monsieur venait ici pour trouver la tranquillité… Roëric eu bien du mal à cacher un sourire ironique… Si ce n’était que cela, il allait être servit… et trouver ce qu’on faisait de mieux parmi les siens. Parce qu’après tout, les vampires s’y connaissaient plutôt bien en la matière. C’en était même devenu un sport national où les plus grands étaient révérés par les autres. Oui, si il y avait bien une chose en commun entre tous les sang froid, c’était leur envie chaque jour plus grandissante d’offrir la tranquillité éternelle aux humains…
Alors dis-moi pourquoi l’Empire des hommes ne s’étend pas jusqu’ici. Pour quel raison, votre cher Kohan ne revendiquerait pas ces terres isolées si elles n’étaient pas peuplées de créatures maudites ? Que tes voisins soient sujet aux superstitions est une chose, mais l’empereur ?
Cela faisait longtemps. Si longtemps. Mais il allait prendre le temps. Les seuls plaisirs comparable à celui de se nourrir n’étaient autre que la chasse… et le fait de jouer avec la nourriture. L’étrange inconnu se tourna vers lui et l’examina minutieusement. Avait-il compris ? Roëric semblait avoir vu quelque chose de troublé sur son visage. Mais cela avait tout de suite disparu. Ce n’était sûrement rien, et de toute façon, il ne pouvait plus s’échapper de son emprise. Plus maintenant. Et pas en ces lieux ni en cette période.
Il était les ténèbres et la nuit le nourrissait aussi certainement que le sang.
Très cavalièrement, ce qui au passage, n’était pas pour déplaire au vampire, l’humain l’invita à s’asseoir près de lui. Aucune hésitation dans les gestes du monstre nocturne qui ne se pria pas. Ses moindres mouvements étaient d’une assurance aussi terrifiante que mortelle, mais le bonhomme ne semblait guère inquiété par sa présence. Ou tout dû moins, il le cachait bien.
Enchanté Yolen.
Étant d’un autre temps, ce genre de « petites habitudes » comme il les appelaient, revenaient de temps à autre. Des manières et une courtoisie qu’il ne connaissait pas. Enfin croyait ne pas connaître. Mais qui aurait pu en jurer ? Aucun vampire en tout cas, car aucun d’entre eux ne se rappelaient sa vie avant la transformation. Ne subsistaient jamais que des brides, des impressions, des images…
Je préfère la nuit moi aussi. Elle m’est… agréable.
A contrario de la journée et de ce maudit soleil... Enfin, puisqu’on en était là. Autant jouer le jeu jusqu'au bout et voir ce qu’il en ressortirait.
Joues-moi un morceau.
Ce n’était pas un ordre. Mais il y avait pourtant cette nuance dans la voix, cette espèce d’intonation qui semblait traduire une menace voilée et pourtant à peine contrôlé. |
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| Sujet: Re: A trop vouloir déterrer les squelettes, on finit par tomber sur un os ... (pv Roëric) Dim 5 Déc 2010 - 17:33 | |
| Yolen sourit intérieurement au ton du vampire qui trahissait tout autant sa nature que pouvait le faire son apparence . Un être qui se voyait supérieur aux autres créatures de la nature, sans doute parce qu'il se considérait comme surnaturel. Depuis longtemps le berger avait compris l'échelle de valeur qui régissait les Terres d'Armanda et déchainait les fléaux contemporains et passés. Chacune des trois espèces douées d'une intelligence plus développée, pensait être supérieure aux autres et prétendait de façon plus ou moins avouée, dominer les deux autres ou les faire disparaître. Kohan, avec ses vues expansionnistes en faisait partie mais l'humble berger ne se sentait pas son sujet. Sans être traître à la race humaine, il ne cautionnait guère ses exactions sur les terres elfiques par le passé et l'oppression qu'elle essayait d'imposer aux vampires. Tandis que ses lèvres se baladaient sur l'ocarina, songeait que la Nature et sa force étaient bien au dessus de toutes ces considérations orgueilleuses. Elle régulait et équilibrait les choses dans une sorte de flux magique que peu d'êtres percevaient. Tout être vivant participait de cet équilibre et les vampires, même si de nature différente, étaient le fruit de sa volonté tout autant que les elfes et les humains. La musique cessa.
- Je me suis laissé dire que les cuisantes défaites subies par les vôtres vous avaient refoulés en ces terres inhospitalières. Il paraitrait qu'on vous y parquerait comme un troupeau de nuisibles . Effectivement, l'Empire n'a pas de vue précise sur ces terres mais sans doute pour deux raisons : d'une part, elles sont peu accueillantes, infertiles voire arides, d'autre part il leur a trouvé une utilité toute adaptée au lieu: une réserve de vampires ...
L'analyse était tombée, froide, sans agressivité émanant juste d'un esprit brillant et pragmatique. Yolen crut voir flamboyer les yeux de son compagnon d'un soir qui s'était assis avec une souplesse toute féline bien que déterminée, à ses côtés. Un frisson dû à la montée d'adrénaline parcourut l'échine du berger. Il allait payer cher, très cher sa franchise. Il se tourna vers la créature de la nuit et poursuivit dans un murmure, comme une confidence.
- Je n'approuve pas forcément cet état de fait. Je trouve qu'Armanda est assez vaste pour que nous puissions y vivre en harmonie... Bien sûr, il faudrait que vous et les vôtres trouviez un autre moyen de vous nourrir ... Les mages des trois factions devraient travailler ensemble à cela plutôt que d'employer leur talent à soutenir uniquement leur camp.
Il se tut, songeant que de telles paroles, répétées en haut lieu pourraient lui valoir d'être poursuivi mais il n'en avait cure. Yolen avait ce franc parler sans détour, peu mis à mal par la fréquentation des bêtes à l'authenticité primaire. Les animaux exprimaient toujours librement leurs envies et leurs besoins, sans les masquer derrière des faux semblants. Vivre dans la peur et dans la haine ? A quoi bon ? La nature, mère de toute créature, pourvoirait bien au final, au contentement de tous ses enfants. Il suffisait de trouver le chemin de cette évidence, qui avait dû se perdre avec le départ des Dragons et de la magie. Jamais le Dracos Honoris, ni même celle qui les portait tous n'avaient pu souhaiter que les espèces s'entre déchirent et que l'une disparaisse. Les trois clans avaient dû se leurrer sur les intentions de leur créatrice et de leur protecteur. Si leur mère à tous avait voulu que débarquent successivement les hommes et les vampires sur la terre des Dragons, c'est qu'elle pensait que cet équilibre était viable. Les trois peuples avaient gâché cette chance inestimable en foulant le cadeau que leur mère leur avait fait. Les humains d'abord en détruisant une partie de la forêt, habitat et force vive des elfes, pour étendre leur pouvoir, les vampires ensuite en se nourrissant des deux autres peuples pour satisfaire leur plaisir grisant d'apprécier un sang plus goûteux et nourrissant. Les elfes quant à eux, avaient perdu le sens de leurs valeurs selon Yolen, en s'alliant aux humains pour chasser une autre espèce. N'étaient-ils pas les gardiens de la nature et de la vie, des êtres plus forts que les autres, tant physiquement que spirituellement. En s'alliant aux humains pour tuer, plutôt que pour trouver une solution pour neutraliser le côté prédateur des vampires, ils en avaient adopté les pires travers. Voilà ce que déplorait le berger depuis qu'il était en âge de comprendre ses congénères et les autres races peuplant Armanda. Chacun avait exacerbé les plus mauvais aspects des deux autres ou s'était approprié les caractéristiques les plus sombres de ses ennemis plutôt que d'essayer d'apprendre des autres en ne prenant que le meilleur. Il observait parfois les mêmes phénomènes à l'échelle de son village. Méfiance de la différence, mimétisme des défauts de l'autre ou de ses qualités mais dans le but de le surpasser, pas de s'améliorer mutuellement. C'était triste, très triste.
Il reprit sa musique douce et berçante. La mélancolique complainte s'éleva dans l'air brumeux de la nuit. Il songea à part lui que Roëric, tout vampire qu'il était , avait plus de manières que bien des humains qu'ils côtoyait quotidiennement. Il s'interrompit avec un étrange sourire.
- Voyez, nous aimons la nuit et la musique tous les deux, pourquoi devrions-nous être ennemis ? Je trouve que la nuit donne un aspect différent aux personnes et aux sentiments, les rend moins crus, moins abrupts , plus feutrés peut-être. Point d'éclat ou de grandiloquence comme à la lumière éclatante du jour ... Même la mort doit être plus ... intime , subrepticement donnée dans l'obscurité. L'agitation est étrangère à ces lieux, voudriez-vous me tuer ici que cela ne provoquerait pas plus de remous qu'il n'y a de rides à la surface de ce lac, mais tuez moi en plein jour au milieu de la place du marché, aussitôt, un branlebas de combat se mettrait en place, alors que les miens ne m'accordent pourtant aucune valeur. La nuit, finalement est propice au vrai ... à quoi bon déployer des artifices qui resteront invisibles ?
Il se tourna vers le vampire qui avait blêmi, peut-être l'importunait-il avec ses considérations philosophiques ? Peut-être était-il affamé ? Yolen eut peine pour lui car il avait expérimenté la faim, certaines années , dans son enfance, lorsque sa mère, trop malade pour travailler, n'avait plus de quoi acheter un quignon de pain. Il connaissait cette brûlure du ventre, ce râle de manque qui vous rendrait presque ivre de faiblesse.
- Vous avez faim ?
La question tomba, laconique tandis que le berger ôtait son foulard qui ne le quittait jamais, dévoilant un cou à la peau blanche et fine, à la veine étrangement palpitante. Roëric le prendrait très certainement pour un fou mais qu'importait. La curiosité était la plus forte et il avait envie de voir ce qui se passerait, de sentir ce que cela lui ferait ... La morsure ... Cette fameuse morsure dont on lui rebattait les oreilles de puis des années ...
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| Sujet: Re: A trop vouloir déterrer les squelettes, on finit par tomber sur un os ... (pv Roëric) Sam 11 Déc 2010 - 21:06 | |
| [HRP : je t'ai emprunté ton cheval, dis-moi si cela ne te convient pas :s]
Suite à l’analyse de son compagnon nocturne, un sourire désabusé se dessina sur le visage du vampire, d’ordinaire aussi ferme et figé tel que le marbre et la glace. Roëric aurait aimé pouvoir partager ce point de vue. Mais après avoir contempler au plus près la nature humaine, et ce pendant une bien trop longue existence : toutes ses illusions lui avaient été arrachées. Et les propos de l’humain, que l’on aurait pu considérés comme étant représentatifs d’une dure réalité, faisaient pourtant figure d’optimisme.
La vérité Yolen… Non, cette notion est bien trop subjective… disons plutôt les faits, sont bien malheureusement, beaucoup plus sombre. Il ne s’agit pas de réserve mais de refuge, car dans les profondes cavernes du monde souterrain, nul rayon de soleil ne peut nous atteindre. Ainsi, même dans le cas improbable où une entrée serait découverte, nous aurions l’avantage dans le conflit.
Pourquoi un refuge me demanderas-tu ? La raison en est aussi limpide que celle qui pousse nous détracteurs à nous traquer par monts et par vaux : ils ne recherchent qu’une seule et unique chose, eux tous, qu’ils soient humains ou elfes… notre extermination pur et simple.
Un rire aussi bref que mauvais lui échappa.
Et à la lumière des récents évènements : comment les en blâmer ? Notre cher prince -puissent ses tripes être le prochain repas d’une horde de dragons affamés, a décidé que nous devions régner sur les hommes et massacrer les elfes jusqu’au dernier. Il a déclaré la guerre et ravage à présent le monde connu.
Pourquoi se confiait-il à ce sinistre inconnu ? Le guerrier-mage n’en savait rien et n’en avait cure. Ce n’était qu’un rien du tout d‘humain, un simple repas qui passerait bientôt de vie à trépas. Pourquoi devrait-il s’inquiéter de quoique ce soit à son sujet ? Autant vider son sac puis s’assurer qu’il ne serait jamais compromis. En usant d’un moyen expéditif évidemment.
Nonchalamment il hocha la tête, approuvant la remarque du mortel. Se comportant comme si cette conversation était somme toute des plus banales.
Oui. La recherche d’un aliment qui pourrait remplacer le sang. Ou alors du sang créé. Il y aurait bien sûr quelques autres méthodes qui nous permettraient de vivre en coexistence avec les hommes…
Roëric ne s’étendit guère plus sur le sujet. D’une part, il avait peu de chance que cela pusse intéresser son interlocuteur, mais surtout ce n’étaient que de vaines illusions. Les vampires conservateurs refuseraient de tomber aussi bas, quand aux autres, ceux-là même qui suivaient les idées de son maître : ils trouveraient ça encore trop… sanguinaires.
Il n’y avait rien de plus triste comme spectacle que des monstres à l’âme pure.
Pendant un instant, le suceur de sang se contenta d’écouter cette complainte : une musique si mélancolique qu’elle semblait s’emparer de son esprit. Il ne redescendit sur terre qu’en entendant Yolen reprendre la parole…
… Lesquelles le firent blêmir, lui rappelant traitreusement non seulement à quel point il était affamé, mais surtout que cet humain si singulier ne verrait jamais d’autres lunes.
*Ne s’en doute-t-il pas ? Alors pourquoi parles-t-il d’amitié ? Pourquoi loues-t-il cette nuit si traître aux gens de son espèce, tant elle abrite, protège et nourrit les miens ? Il a sûrement comprit ce que je suis et dans quel position il se trouve…*
Comme de juste, le berger avait compris… et loin de s’inquiéter, il lui proposa son sang...
Tu ne sais pas ce que tu dis mortel. Ni ce que tu offres…
Mais qu’importait à présent. Le cou était là… et la veine palpitait. Trop tard, il était trop tard. En cet instant rien n’aurait pu empêcher Roëric de faire tomber le masque. Pas même son maître. Pas même la fin de toutes choses. Sa nature reprenait le dessus. Le démon refaisait surface. C’en était fini de l’être fier et noble, si semblable aux chevaliers de jadis. Adieu le guerrier et le philosophe. Ne subsistait que le monstre, l’abomination dormant au sein de son esprit. La malédiction venue d’un autre âge, qui réclamait encore et toujours plus de sang.
Il y avait eu deux compagnons de nuit, discutant ensemble. Ne restait à présent qu’un prédateur et sa proie.
Et quel chasseur ! Seuls les majestueux dragons pouvaient prétendre la supériorité en ce domaine. Autant dire que l’humain n’avait pas la moindre chance. N’en avait jamais eu une seule.
Même physiquement, le changement était considérable. Non par l’aspect, mais par les émotions qu’il reflétait. Les yeux : miroir de l’âme, n’étaient plus que deux puits sans fond, deux abîmes de ténèbres et d’interdits. Le faciès était lui déchiré par une envie aussi pure qu’abominable, aussi innocente que malveillante. Tous les muscles noués, tendus comme des ressorts, Roëric maîtrisa sans mal sa proie, ne prêtant nul attention à la panique grandissante de l’animal à quatre pattes qui s’agitait non loin. Son sang étant -il le sentait de par tout ses sens, beaucoup moins bon.
Les crocs se plantèrent dans la chair nue et un frémissement de pur bonheur parcourut le vampire. La jouissance monta en pression, puis se libéra en véritable extase, ô combien plus forte et plus vraie que ces nuits trop longues aux cotés du sexe féminin.
L’interruption fut aussi brutale que douloureuse. Il aurait tué sa proie, il en était certain. D’ailleurs c’était sans aucun doute aussi l’avis du cheval, qui faisant preuve d’une vaillance rarissime accomplit une ruade. L’un de ses sabots touchant le front du sang froid, il l’envoya promené deux mètres plus loin. La nuit, le sang : ces éléments vitaux pour l’être nocturne lui épargnèrent une fin précoce, et il en fut quitte pour un mal de crâne qui acheva lui rendre la raison. Honteux de son comportement, il ne put que balbutier un lamentable :
Désolé… |
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| Sujet: Re: A trop vouloir déterrer les squelettes, on finit par tomber sur un os ... (pv Roëric) Dim 26 Déc 2010 - 23:40 | |
| Les propos amères de Roëric tournoyaient dans son esprit, cette résignation, ce fatalisme teinté de tristesse malgré des paroles sensées qui rejoignaient parfois celles de Yolen, tandis que l'être des ténèbres buvait son sang en gémissant presque d'un plaisir indécent. Le berger sentait sa vie lui échapper, fuir de ses veines, happée par la morsure de celui qui discutait encore avec lui quelques minutes auparavant. Une spirale d'étrange apathie, d'enivrante faiblesse s'emparait de son corps soudain gourd. Il se laissa aller dans les bras de son bourreau, vaincu par un baiser qui devenait mortifère. Une sorte de douce acceptation du fait qu'il allait certainement expirer si l'étau des dents pointues ne relâchait pas sa gorge fit place à un moment de courte panique. Un réflexe vital et bref et fugitif logiquement ressenti par un esprit qui aimait la vie et n'avait aucune tendance suicidaire mais plutôt une curiosité assez insolite et un goût prononcé pour les montées d'adrénaline. Il devait s'en délecter le vampire de ce sang chargé de la substance grisante qui jaillit lors d'un stress, d'une peur ou d'une excitation. La spirale noire qui se déroulait devant les yeux du jeune humain, le pétrifiait, le laissant exsangue et alangui, à la merci de l'autre.
Soudain l'étreinte se relâcha, l'arrachant au non-mort qui alla voler quelques mètres plus loin. Son cheval, affolé ou peut-être loyal, avait rué dans la tête du nosferatu , le projetant avec une violence qui aurait sans doute tué un simple humain. Roëric se releva lentement tandis que Yolen , à quatre pattes, rampait en tenant sa gorge marqué d'une brûlante morsure . Le feu se répandait insidieusement dans ses veines et se corps se révulsait comme s'il élevait un rempart de résistance au poison, ses entrailles semblaient en fusion et son coeur battait à tout rompre alors que quelques instants auparavant il avait ralenti au point de presque s'arrêter. Ses tempes pulsaient, enserrant sa tête dans un douloureux étau. Pantelant, il s'effondra sur le sol, les yeux face au ciel étoilé et articula des paroles muettes. Cherchant un second souffle qui ne venait pas, rompu de douleur, il implorait presque le retour du supplice qui l'avait plongé dans un état cotonneux. Un râle de souffrance s'exhala de ses lèvres alors que son sang rétif au mélange, se cabrait et cristallisait le poison pour l'évacuer. Il se contorsionna lorsque le vampire s'approcha de lui pour lâcher des excuses. Ahh! il était bien temps. Alors c'était ça , la morsure ? Cette sensation étrange de glisser, de partir puis ensuite cette atroce souffrance, ce rejet du corps. La morsure en elle-même était juste une douleur lancinante et profonde, une douce descente vers des abysses fascinantes mais c'était l'après qui faisait amèrement regretter d'avoir cédé ... "Cédé ? De toute façon, il m'aurait eu." songea l'humain en roulant sur le côté pour régurgiter une bile amère qui lui plia l'estomac.
- C'est ... C'est comme ça que vous faites crever vos proies ? J'espère que tu as apprécié ? Où peut-être le spectacle de ma souffrance est-il encore meilleur que le goût de mon sang ?
Yolen retomba sur le dos, cheveux épars , les yeux pleins de larmes et riant tout à la fois comme un dément .
- Et maintenant ? Pourquoi es-tu désolé ? Que vas-tu faire ? M'achever ? Tuer mon cheval ?
Il tourna la tête doucement et aperçut ce qu'il cherchait... Son ocarina qu'il avait lâché et qui avait roulé dans la poussière. Il ne semblait pas brisé. Il tendit la main pour la refermer avidement dessus et s'y cramponna comme un naufragé à un morceau d'épave. Puis au bout d'un moment lourd de silence , il le tendit à Roëric .
- Tu sais jouer ? Joue une complainte des morts de chez toi pendant que je finis de mourir...
En même temps, son autre main avait glissé vers sa botte et caressait le manche de son coutelas. S'il avait idée de l'achever, le vampire ne s'en tirerait pas sans être troué non plus. Yolen ne voulait pas prendre de vie ou blesser, mais il aimait trop la vie pour ne pas tenter de se défendre.Une souffrance pour une autre, une morsure contre une autre, il lui semblait qu'il pourrait, lui aussi plonger ses dents dans la chair immortelle. Etait ce le venin de la mort qui lui donnait ce sentiment ? Contemplant la fascinante créature de nuit, à la beauté brutale et sans âge qui se tenait penchée au dessus de lui, les yeux, puits sans fond, il demandait dans un souffle:
- Vais-je devenir comme toi ?
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| Sujet: Re: A trop vouloir déterrer les squelettes, on finit par tomber sur un os ... (pv Roëric) Lun 10 Jan 2011 - 19:01 | |
| Voilà bien longtemps que Roëric n’avait pu se contrôler. Il en était même venu à penser qu’il était dorénavant au dessus de ça, qu’il avait passé ce stade de sa non-vie… Ignorant ? Même pas, juste de la fierté mal placée, qu’on pourrait sans mal nommée arrogance. Et maintenant il en payait le prix fort. Tout dû moins c’aurait été le cas dans un monde où les concepts de justice, d’équité et d’une relative harmonie n’étaient pas obsolètes. Car dans le cas présent, un seul être payait le prix de sa stupidité : Yolen. Un humain naïf, trop peut-être. D’un certain point de vue, l’on pourrait aussi dire que tout fut de sa faute. Un sang-chaud se promenant la nuit près du royaume des Oubliés… Méritait-il son sort ?
Non. Son maître ne lui aurait jamais permis de penser ainsi. Mais d’un autre coté, il était loin maintenant, beaucoup trop loin.
*Le Maître n’ayant nul besoin du Serviteur et le Serviteur ne pouvant vivre décemment sans son Maître… Drôle de monde.*
Ton agressif, tutoiement… Si ce n’était la souffrance palpable dans la voix de l’humain, Roëric Alokor lui aurait fait payer son arrogance… Ou peut-être pas, après tout, il s’était nourrit de lui et leurs vies étaient maintenant liés de manière tout ce qu’il y avait de plus intime. De tels liens pouvaient se passer de toute hypocrisie… de même que de la courtoisie la plus élémentaire.
Ton sang est épouvantable, mon ami. On aurait dit un elfe.
Grossière insulte venant d’un vampire. Mais il lui devait au moins la vérité.
Quant à ta souffrance, elle devrait rapidement cesser. Enfin, si je ne me trompe pas sur ton compte.
Il l’espérait plus qu’il ne le savait en fait. Ce n’était franchement pas le moment pour avoir un nourrisson sur les bras…
Le guerrier attendit un instant que son interlocuteur se calme un peu, puis il dit dans un souffle.
Tu ne savais pas ce que tu proposais… J’aurai dû me contrôler.
Pour se donner une contenance, le sang-froid se saisit de l’ocarina et entreprit d’examiner l’instrument. Il ne se rappelait pas en avoir jamais joué… et pourtant, quelque chose, quelqu’un, une voix venant du fin fond de son être lui soufflait de se lancer, d’essayer… de se retrouver. Les doigts s’activèrent d’eux-mêmes, le souffle du vampire donnant vie à une mélodie venant d’un autre âge, d’un autre temps, d’une autre existence.
L’odeur vint en premier, sang et urine, chair et feu. Puis vinrent les autres sens : le goût de l’alcool, la sensation de l’épée, le râle des agonisants, la vue d’un champ de cadavres s’étendant à perte de vue. Et au milieu, un homme à la crinière flamboyante, jouant de l’ocarina pour ses soldats, pour chacun de ses enfants tombés au combat. Un chant certes joyeux, car tous étaient morts le sourire aux lèvres, persuadés de défendre le plus beau des idéals, mais un chant aussi empli de respect, de courage, de camaraderie…
Un chant de guerrier.
La dernière note s’échappa, et le silence retomba sur les rives du lac Noir. Un temps passa, puis avec un sourire, Roëric dit simplement.
Tu vas vivre, Yolen.
Yeux dans les yeux, chacun observant l’âme de l’autre, le monstre écouta la question de sa proie.
Aimerais-tu ?
Le vampire se rapprocha de l’humain, jusqu’à n’être plus qu’à quelques centimètres de lui. Ceci fait, il murmura.
Un cadeau empoisonné s’il en est.
Un temps passa, puis il ajouta, sa bouche glacé au creux de l'oreille du berger.
Tu m’as offert quelque chose de précieux. Pas ton sang, qui si il est nourrissant, n’en est pas moins de mauvais goût, cela dit sans vouloir t’offenser… Mais un souvenir, lambeau de mon âme morcelée…
Roëric Alokor se redressa et contempla un instant le ciel qui s’offrait à lui. Avec mélancolie, il conclu.
Un souvenir à la fois très joyeux et très triste. Peut-on seulement trouver le lendemain d'un champ de bataille magnifique ? Il semblerait que même avant ma transformation, j'étais un drôle de personnage...
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| Sujet: Re: A trop vouloir déterrer les squelettes, on finit par tomber sur un os ... (pv Roëric) Dim 16 Jan 2011 - 18:05 | |
| Yolen avait observé la curieuse réaction de Roëric après qu'il l'eut agressé si brutalement. Persuadé qu'il aurait payé son offrande de sa vie sans l'intervention inopinée de son cheval, tant il avait senti l'ivresse s'emparer du vampire alors qu'il le vidait de sa vie, il constata pourtant comme un regret très fort chez l'être de la nuit. Il s'attendait à être achevé et à voir son cheval mis en pièce au terme d'une sorte de jeu pervers du chasseur avec sa proie. Au lieu de cela, l'impressionnant immortel semblait plongé dans une curieuse réflexion de laquelle il ne sortait que pour répondre à ses questions. Ainsi le berger apprit-il que son sang était "épouvantable". Lorsqu'il le compara à un elfe, Yolen eut presque envie de rire mais se contint pour ne pas le provoquer et aussi parce qu'il avait l'impression qu'un troupeau de buffles en furie lui était passé dessus. Il songea juste que ce n'était pas la première fois qu'on lui disait que sa personne avait quelque chose d'elfique. Pourtant, il se sentait totalement humain, terriblement même. En revanche, il était assez étonné de ressentir une sorte d'humanité dans les paroles de son bourreau. Les vampires pouvaient donc avoir des états d'âmes, des regrets et on les dépeignait comme des êtres dépourvus de sentiment... Quelle méconnaissance. Tous les conflits entre les êtres venaient de là : le jugement hâtif .
La douleur refluait peu à peu dans son corps et il retrouva un souffle presque normal comme le lui avait annoncé Roëric qui se mit à jouer sur l'ocarina d'abord avec une légère hésitation puis comme si d'anciens réflexes revenaient de loin, de très loin. La mélodie sombre et poignante prit de l'assurance et s'envola bientôt vers les cieux telle une prière magnifique. Le visage du non mort changea imperceptiblement d'expression, des sentiments mêlés s'y reflétant. Yolen lut la tristesse puis la joie, le recueillement, la fierté et la nostalgie. Durant ces quelques minutes, le musicien révélé parut étrangement humain au berger. Il ferma les yeux comme pour apprécier davantage la beauté de cette musique qui n'était pas familière mais pourtant faisait étrangement écho en son coeur. Lorsqu'elle cessa le charme se rompit mais pas tout à fait. Il se penchait au dessus de lui, un étrange sourire aux lèvres, lui promettant qu'il vivrait. Yolen ne cilla pas, même quand il s'approcha près, si près de lui pour lui demander s'il aimerait être un des siens puis lui murmurer à l'oreille une sorte de remerciement au sujet d'un cadeau inestimable qu'il lui aurait fait. Le berger ouvrit des yeux étonnés puis eut un petit sourire triste. Ainsi lui aussi avait un passé confus ... L'humain, lui ne se rappelait plus rien avant son arrivée dans cette contrée. Il faut dire qu'il était un tout jeune enfant alors. Il se rappelait vaguement y être arrivé avec sa mère et un homme à cheval. Lorsqu'il avait essayé de questionner la pauvre femme à ce sujet , elle s'était encore plus fermée et avait dit que pour sa sauvegarde, il valait mieux ne pas savoir... De ce passé, il ne lui restait qu'un vieux cheval...Et quelques rêves confus de batailles... Souvenirs qui ne pouvaient lui appartenir. Yolen n'avait jamais tenu une épée pas plus qu'un étendard de sa vie et pourtant, il se voyait sur des champs de bataille, dans les flammes, à la tête d'une horde de guerriers déferlant dune colline... Pourquoi ? Pourquoi ?
Yolen voulut se relever mais y renonça rapidement tant la tête lui tournait et ses jambes tremblaient. Il se rassit, aussi faible qu'un agneau venant de naître.
- Je ne sais pas si j'aimerai être des vôtres ... A voir ce que vous m'avez fait et à l'idée de ce que vous pourriez me faire ... Je ne pense pas vouloir vous ressembler mais je ... Je cherche moi-même les clefs de mes origines... Je fais des rêves ... étranges ... Peut-être leur explication viendra-t-elle si je deviens l'un d'entre vous ?
Yolen se tut, ressassant les dernières paroles de son nouvel "ami" qu'il s'était remis à vouvoyer comme si le tutoiement n'avait été qu'un égarement de la douleur, qu'il ne s'autorisait désormais plus sans permission. Roëric, cependant, continuait à le faire.
- La beauté d'un lendemain de bataille ... Je n'ai jamais goûté aux combats de grande envergure. A vrai dire, cela ne m'intéresse pas... Pourtant , je peux comprendre ce que vous voulez dire par là parce que ... parce que j'y ai déjà pris part ou peut-être y prendrai-je part ... je ne sais pas ...
Il compara sans le vouloir le corps bâti pour les combats de son compagnon et le sien tellement plus mince, musclé différemment, moins viril, diraient certains. La question lui vint naturellement .
- Le combat a fait et fera sans doute toujours partie de votre vie. Vous n'avez pas toujours été ce que vous êtes, n'est-ce pas ? Comment cela vous est-il arrivé ? Qui êtes-vous vraiment Roëric Alokor ?
Il se tut à nouveau craignant d'avoir été trop curieux et de briser cette sorte de trêve inespérée entre deux êtres que tout semblait séparer et qui pourtant avaient le goût de la nuit et un passé obscur en commun. Il songea à l'étrangeté de leur rencontre et ne put s'empêcher d'ajouter.
- Vous n'étiez pas sorti pour chasser, n'est-ce pas ? Ni pour vous nourrir sinon vous m'auriez achevé sans scrupule même si mon sang est infect . Et pourquoi le trouvez-vous infect d'ailleurs ? Je ne suis pas un elfe ... Après quoi courrez-vous ?
Vraiment, même s'il était curieux de nature, Yolen se trouvait pour le coup terriblement indiscret et savait qu'il jouait sans doute à un jeu dangereux mais il avait vraiment envie de savoir s'il allait devenir un de ces êtres de la nuit et aussi qui était celui qui l'avait épargné alors qu'il tenait sa vie entre ses crocs.
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| Sujet: Re: A trop vouloir déterrer les squelettes, on finit par tomber sur un os ... (pv Roëric) Lun 7 Fév 2011 - 10:09 | |
| hrp : vraiment navré pour le retard, c'était exceptionnel.
Une bouffée de… de quoi ? De culpabilité ? Non, tout de même… Il avait beau être un marginal parmi les siens, il n’en restait pas moins vampire. Qu’il pusse se sentir à tel point coupable d’un acte qui au final n’était que le sinistre reflet de sa nature ténébreuse…. C’en était risible. Et pathétique au possible. Mais peut-être que sa récente immersion dans sa vie humaine, dans sa précédente existence, l’avait affaibli ou disons plutôt suffisamment bouleversé, pour que de tels sentiments pussent naître ainsi en lui. Oui, c’était ça, c’était sûrement ça. Cela devait être ça…
Revenant des méandres de son esprit, il entendit la réponse de son interlocuteur et eut presque envie d’éclater de rire. Il se contint cependant -il n’aurait été guère courtois d’effrayer de nouveau l’humain, et se contenta d’afficher un sourire ironique. Expression faciale ô combien étrange, étant donné qu’elle contrastait méchamment avec ses yeux métalliques, dépourvus du moindre sentiment. Quoiqu’il en fut, l’ironie de la situation n’aurait échappé à aucun sang-froid. Un humain qui espérait retrouver son passé en… l’abandonnant. Drôle d’idée… Enfin, Yolen n’était, de toute évidence, pas au courant de réalité. Comme tout ses congénères en fait.
Des paroles sages, ami humain et d’autres qui le sont beaucoup moins. Si tu as bien raison de ne vouloir devenir comme moi. L’idée que cela puisse te permettre de faire la lumière sur ton passé est… plutôt amusante. Vois-tu, une fois la transformation effectuée, tous les nouveau-nés oublient leur passé. Totalement. Et si au fil des siècles, nous pouvons par hasard ou en cherchant bien, retrouver des lambeaux de ce que nous fûmes : c’est là un travail aussi long que fastidieux, bien que certes, gratifiant dans sa finalité.
Ayant noté avec un amusement certain le retour du berger au vouvoiement, il ajouta dans un souffle.
Tu peux me tutoyer si tu veux, je te suis redevable après tout.
La conversation se poursuivait. Et la réponse de son interlocuteur fut pour la moins ambiguë. Visiblement, il n’avait jamais guerroyer… Mais c’était pourtant retrouver sur des champs de bataille, ou s’y retrouverait. Sacré casse-tête… Une idée effleura alors le vampire. Il la repoussa d’abord, puis l’examina sous toutes ses coutures, avant de finalement répondre. Aurais-tu été l’un de…
Il se tut alors, peut-être n’était-ce pas une bonne idée après tout. Même si il avait raison, certaines vérités étaient faites pour être enterrées. Très profondément. Car si il y avait des gamins sur le champ de bataille, ils n’étaient pas franchement une preuve d’amour, mais, au contraire, les rejetons des prostitués qui suivaient toujours les armées en campagne. Et là était-ce encore le sort le plus enviable, car les rares autres enfants n’étaient que le fruit des femmes violés. Oh ! Il y avait bien sûr les aides, les serviteurs et les écuyers… Mais ils appartenaient à un autre monde, celui des riches et des nobles. Qu’un berger fusse de cette catégorie… eh bien disons que ce n’était guère envisageable. Rien de bien joyeux donc. Les aléas de la guerre…
J’aimerai pouvoir te répondre. Disons que je le puis que partiellement.
Sa mémoire d’humain étant des plus confuses… Et c’était là un doux euphémisme.
Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été guerrier. Même à travers mes souvenirs de ma vie d’homme, je me vois sur un champ de bataille, l’épée à la main… La seule exception serait mes débuts en tant que vampire, où je n’étais rien de moins qu’une bête assoiffée de sang.
Un temps passa. Roëric ne se demandait même pas pourquoi il répondait à ces questions pourtant si... déplacées. Cela lui venait naturellement.
Qui je suis ? Un être arpentant une voie : celle de la perfection. La quête perpétuelle du mouvement parfait. La recherche d’une stratégie toujours plus efficace. La construction d’une pensée. La voie d’un maître d’arme, d’un maître de guerre, d’un maître philosophe : la voie du guerrier véritable.
Avec un sourire de dérision, il haussa les épaules et conclu ainsi.
Il faut bien avoir un but.
La conversation dévia, et le monstre redevint impassible.
Tu as raison, je suis à la recherche de mon maître. Habituellement, je ne chasse que les déchets de l’humanité.
Avec une mauvaise foi tout à lui, il précisa.
Pas à cause des remords, non, mais plutôt parce cela fait partie de mon code de vie. Sans compter que vous autres, humains, ne cherchaient pas à savoir pourquoi tels ou tels brigands ont disparu, du moment qu’ils ne s’en prennent plus à vous.
Il en avait mis le temps. Et Roëric pensa un instant que cela avait été calculé. Puis il abandonna cette idée, car même si il était vraie, il lui plaisait d’y répondre.
Les elfes sont immunisé contre le venin vampirique. Ils ne peuvent se transformer et leur sang, bien que nourrissant, possède un goût répugnant. Certains humains ont aussi développés cette défense et je crois bien que tu en fais partie.
Dû moins en avait-il l’intérêt. Tous les deux. Car dans le cas contraire, Yolen deviendrait un monstre et Roëric se retrouverait avec un problème de plus sur les bras… |
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| Sujet: Re: A trop vouloir déterrer les squelettes, on finit par tomber sur un os ... (pv Roëric) Mer 30 Mar 2011 - 17:27 | |
| Yolen hocha lentement la tête. Ainsi, devenir un être vampirique faisait perde tout souvenir de son passé. Il n'avait rien entendu de tel dans le village humain où il avait grandi. Les non morts lui avaient toujours été décris comme des démons privé de sens moral et de pitié, des montres assoiffés de sang et sans aucune considération pour la souffrance de leurs proies. Des êtres dotées d'une force supérieure, parfois envoûtant - ne disait-on pas qu'ils avaient de l'ascendant sur les êtres humains, les amenant à demander d'eux-même à être vampirisés, éveillant en eux une attraction animale qu'on disait teintée de convoitise charnelle- ? Tout cela dépassait le berger qui en était encore à se chercher sur le plan sentimental. Un vrai novice en rapports humains, alors avec les vampires... Tout ce qu'il savait c'est que depuis qu'il avait appris leur existence, il avait rêvé d'en croiser un malgré tous les récits horrifiants qu'on lui avait rapporté au sujet de leur comportement et de leurs moeurs.
Alors qu'il contemplait Roëric, il se demandait encore pourquoi ce qui était présenté comme l'incarnation du mal absolu parmi ses congénères le fascinait autant. Il avait beaucoup écouté sur la sagesses elfique aussi, et lu autant que sa culture assez légère de berger le lui permettait. Il trouvait le peuple elfe infiniment aimable et digne de respect dans sa philosophie et son rapport à la nature. Leur apparence physique était le plus souvent fort gracieuse et dotée d'une force et d'une aura bien plus magnifique que les simples humains. Pour autant, ils leur semblaient trop parfaits dans les descriptions qu'il en avait eu. Il y avait nécessairement du moins reluisant en certains elfes. Sinon, on les aurait érigés au rang de divinités. De même, et en toute logique, le jeune berger en était venu à penser que chez les vampires, tout n'était pas horrible, monstrueux et destructeur. La nature dans sa grande sagesse ne faisait rien de totalement nuisible ou bon. Elle disposait des créations les unes à côté des autres et c'était à ces créatures de faire le tri entre elles, suivant ce qu'elles recherchaient dans leur parcours. Lui, recherchait le bon et le beau en tout être, sans être naïf. Vivre dans un monde détruit et sanglant ne l'attirait pas, il n'aimait pas la violence. Son être tout entier tendait vers la paix mais pas à n'importe quel prix. Jamais il ne supporterait de soumettre son âme et sa vie à un autre. Libre de toute attache, il était né, puisque son géniteur l'avait voulu ainsi en disparaissant de sa vie. Libre, il mourrait. Il avait bien vécu jusqu'à présent même si la souffrance n'avait pas été absente de sa courte existence et la mort l'effrayait moins qu'une vie sous un joug non souhaité.
- Je ne sais pas ce que j'ai été avant d'arriver dans ce village où j'ai grandi. Je me souviens d'un guerrier à cheval qui nous accompagnait ma mère et moi.Je me souviens qu' une épée à lame rouge battait contre son flanc, c'est tout. Elle a pleuré lorsqu'il est parti, nous laissant seuls, puis sont coeur s'est fermé et lorsque je lui demandais de me parler de mon père - je suis certain que c'était cet homme- elle esquivait la question. Elle disait que pour ma sécurité, il valait mieux que je ne sache rien.
Un soupire de lassitude s'échappa de la bouche du jeune humain.
- Et puis un guerrier est venu qui portait une lame rouge lui aussi et m'a appris à monter à cheval et à me servir de cela... Dit-il en dégainant son coutelas. Il se nommait Sylther de Hyn... Un jour il a du partir... Il m'a promis qu'il reviendrait et que je devais apprendre à me défendre... J'ignore encore pourquoi et je ne l'ai jamais revu... Je n'ai jamais osé le questionner sur son étrange lame qui ressemblait tellement à celle de celui qui devait être mon ... géniteur... Il ne l'a dégainée qu'une seule fois en ma présence ... Je sais que je lui dois ce que je suis à présent, bien plus qu'à mon père Arthus Korr...
Il écouta Roëric parler de son passé , du peu dont il se souvenait, de son âme de guerrier, avec avidité. Cette même écoute attentive et fascinée qu'il avait accordé à Sylther. Il contemplait la surface sombre du lac d'un air songeur tout en entendant l'étrange confession philosophique du vampire.
- La voie de la Lame ... Murmura-t-il dans un souffle ... La voie de la Lame ... Roëric, pensez-vous qu'un choix de vie, qu'une allégeance puisse marquer un homme au point de transmettre ceux-ci à se descendance sans même la connaître et la côtoyer ?
Il trouva lui-même sa dernière question plus qu'étrange , de même que ces mots qu'il avait répété sans en comprendre le sens ni l'origine mais que les propos du vampire avaient exhumés de sa mémoire embrumée. Où les avait -il entendu et de la bouche de qui ? Il eut un geste impatient pour remettre une mèche de cheveux que le vent faisait danser devant ses yeux , un geste comme pour chasser des pensées importunes.
- Oui ... il faut bien avoir un but ... Le mien est ... terriblement terre à terre... Souffla-t-il dans un sourire. Elever des brebis ... Cela prête à sourire, non ? C'est un peu monotone ...
Oui, c'était tellement monotone, une succession de jours qui se ressemblaient tous. Pourtant, jusqu'à présent Yolen s'en était bien contenté. Alors pourquoi fallait-il que ce vampire éveille en lui une lueur étrange, une soif d'autres horizons, d'autres sensations. Pourquoi lui demanda-t-il sans même y réfléchir, après l'avoir écouté lui parler de la quête de son Maître:
- Puis-je vous suivre ? Je pourrais être votre écuyer ? Avez-vous un cheval ? J'en ai deux chez moi, à la ferme ...
Quelle folie prenait Yolen, simple berger d'avoir la prétention de suivre un vampire dans la recherche d'un autre vampire ? Il n'avait pas peur de finir comme repas entre les crocs des deux non morts, il ne craignait pas de voir Roëric lui briser le cou d'une seule main pour lui faire payer son effronterie. Non ! La seule chose qu'il redoutait c'est d'essuyer un refus ... Un refus qui le reverrait à sa bergerie et à sa vie tranquille. Vingt six ans de tranquillité lui suffisait... Il rêvait d'autre chose. Peut importe si cet autre chose rimait avec ennuis, gros ennuis ... Déjà, il était presque certain de ne pas risquer de devenir un être de ténèbres comme son nouvel "ami". Que pouvait-il lui arriver de plus terrible mis à part la mort elle-même ? C'était un risque à prendre ...
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